Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/821-830

La bibliothèque libre.
Fascicules du tome 1
pages 811 à 820

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 821 à 830

pages 831 à 840


jeux de hasard faire un beau coup, c’est : faire un coup heureux. De même dans les affaires. Il a fait un beau coup d’acheter cette terre. Dans les jeux d’adresse, il signifie adroit. Il a fait un beau coup à la paume.

Beau, dans la signification de grand. Voilà un beau feu. Laculentus caminus. C’est un beau diseur. Il fait une belle dépense. Il a une belle peur.

Beau, se dit aussi par exagération. Cela est beau à peindre. Les Poëtes se déchirent à belles dents. Mordicùs.

Beau, se dit aussi ironiquement. Lepidus. Vous êtes un bel homme, un beau discoureur, pour dire, vous ne dites rien qui vaille. C’est un beau maraut, un beau coquin. Dans ce dernier exemple il ne fait qu’augmenter l’énergie.

On appelle aussi beau monde les gens polis, qui ont de l’esprit, de la politesse, qu’on appelle aussi le grand monde. Politus, elegans, ingeniosus.

On appelle de belles eaux, non-seulement celles qui sont claires & nettes, mais celles que l’art a embellies par des jets, des cascades dans des grottes, des fontaines, &c. Egregius, admirabilis.

Bel âge, se dit non seulement du grand âge, & de la vieillesse, mais aussi de la jeunesse, & de la fleur de l’âge. Gratus, acceptus, jucundus.

Beau Chasseur. Terme de Chasse. C’est un chien qui crie bien dans la voie, & retourne volontiers toujours sa queue sur les reins. Saln.

Un Beau joueur est non-seulement celui qui joue beau jeu, grand jeu ; mais aussi celui qui joue & qui perd noblement & paisiblement. Pacificus, liberalis.

Beau dans les mœurs, dans les sentimens, dans les manières, dans les procédés. Terme relatif à honnête, décent, gracieux. Une belle ame, de beaux sentimens, de beaux procédés. Il désigne alors une entière conformité de cœur avec la règle qui doit dicter les jugemens que nous portons des objets considérés en eux-mêmes ; nos affections pour les autres hommes relativement aux différens dégrés de liaison que nous avons avec eux ; & nos devoirs extérieurs relativement au sang, à la condition, à la place des personnes avec qui nous avons à vivre ou à traiter dans le monde. Voyez ci-dessus beau dans les mœurs.

Beau, se dit encore en parlant de l’esprit & de ses productions. Un bel esprit. Un beau poème. Une belle harangue. Il y a de beaux endroits dans tel livre. Ce mot désigne alors dans les ouvrages d’esprit du vrai dans le sujet, de l’élévation dans les pensées, de la justesse dans les termes, de la noblesse dans l’expression, de la nouveauté dans le tour, & de la régularité dans la conduite. Voyez ci-dessus beau dans les ouvrages d’esprit.

Beau, se dit aussi substantivement. Pulchrum, eximium. Il y a du beau, du grand, dans cet ouvrage. Une femme emporte le plus beau. & le meilleur de la succession de son mari. Joindre ensemble le beau & l’effroyable. Voit. Le beau des images est de représenter la chose comme elle est. Boil. Le beau n’est point à souhaiter pour le sage. C’est une maxime de Confucius. P. Le Comte.

Que le bon soit toujours camarade du beau,
Dès demain j’épouserai femme. La Font.

Nous faisons cas du beau : nous méprisons l’utile. Id.

Le nom de belle pensée, si on prend le nom de beau dans sa propre signification, emporte grandeur, selon Aristote, qui a décidé que les petits hommes n’étoient point beaux, quelque bien faits qu’ils fussent, & qu’ils étoient seulement jolis. Nous appelons cependant quelquefois belle pensée ce qui n’est que joli & alors nous confondons le beau avec ce qui plaît, à l’exemple de Démétrius, qui donne le nom de beauté aux choses qui flattent les sens, ou touchent le cœur. Bouh. J. P. Crousaz, Professeur en Philosophie & en Mathématiques dans l’Académie de Lausanne, a fait un traité du beau. Il y dit que lorsqu’on dit, cela est beau, on exprime par ce terme un certain rapport d’un objet, ou avec des sentimens agréables, ou avec des idées d’approbation, & que dire cela est beau, c’est-à dire ; j’apperçois quelque chose que j’approuve ou quelque chose qui me fait plaisir ; par où, continue-t-il, on voit que l’idée que l’on donne au mot de beau est double, ce qui la rend équivoque ; & c’est la principale cause des contestations sur le beau. Il distingue donc comme en effet il faut les distinguer, les idées & les sentimens. Les idées occupent l’esprit, les sentimens intéressent le cœur. Quoiqu’on ne trouve rien dans un objet qui intéresse, on peut cependant découvrir dans l’idée qu’on en a quelque chose qui mérite notre approbation. Un tel objet plaît donc & ne plaît pas ; il plaît à l’idée, & ne plaît pas au sentiment. Au contraire il y a des objets dont l’idée n’offre rien de louable, lesquels ne laissent pas d’exciter des sentimens agréables. Il y a donc beauté & beauté ; il y a plaisir & plaisir. Après avoir démêlé ce qui plaît à l’esprit d’avec ce qui plaît au cœur, il vient aux caractères réels & naturels du beau, il montre que l’unité & la vérité en sont l’essentiel.

Bel-esprit, Voyez Esprit.

Belle, se dit aussi absolument des Dames bien faites. Elegans, formosa. Ce galant court de belle en belle. Il faut avoir toujours du respect pour les belles. Mais c’est particulièrement en Poësie qu’on s’en sert.

Une belle, lorsqu’elle est en pleurs,
En est plus belle de moitié. La Font.

Dans l’équipage d’une belle
Il faut bien par honneur un Amant maltraité. La Sabl.

Je ne suis point d’humeur
A pouvoir d’une belle essuyer la froideur. Mol.

Beau & Joli, dans une signification synonyme. Voyez Joli.

Belles réponses, reparties, Voyez ces mots.

Beau, se dit aussi adverbialement. Il fait beau, absolument ; ou, il fait beau chasser, se promener. Aptum tempus, sudum, commodum ad, &c.

Bien & Beau, façon de parler adverbiale & populaire, pour dire, tout-à-fait, entièrement. Il refusa bien et beau.

De plus Belle. Autre façon de parler adverbiale, & qui n’est que du style familier, pour dire tout de nouveau : quand tout le monde fut sorti de table, il se mit à boire encore de plus belle. Acad. Fr.

Beau. Quand ce mot est joint avec le verbe avoir, il signifie, quoique, encore que. Etsi, quamquàm. Vous avez beau parler, & me promettre, je n’en ferai rien. Vous avez beau faire, vous n’en viendrez pas à bout.

Nous avons beau nous ménager,
La mort n’est pas un mal que le prudent évite. Main.

Sa bouche a beau cent fois en faire le serment,
Il n’est point votre ami, tant qu’il est votre amant. Vill.

Ils ont beau vers le Ciel leurs murailles accroître. Malh.

J’ai beau voir ses défauts, & j’ai beau l’en blâmer.
En dépit qu’on en ait, elle se fait aimer. Mol.

Tout beau. Sorte d’interjection, qui signifie doucement, modérément. Bona verba, quæso. Tout beau, n’allez pas si vite. Tout beau, ne vous fâchez pas. Tout beau, ne parlez pas si haut. On le dit aussi aux chiens couchans, quand on les veut dresser, ou quand on a peur qu’ils poussent les perdrix qu’ils ont arrêtées. Tout beau, tout beau, crie-t-on de loin.

On dit aussi, qu’un Peintre fait ressembler en beau, pour dire, qu’il flatte la personne, qu’il lui donne des agrémens qu’elle n’a pas.

On dit d’un Général, & de tout autre Officier d’armée, qu’il a le commandement beau ; pour dire qu’il commande de bonne grâce.

On dit aussi, avoir les armes belles ; pour dire faire bien des armes.

On dit en termes de Manége, qu’un cheval a un beau partir de la main, quand on veut exprimer la vigueur avec laquelle un cheval part de la main sur une ligne droite, sans s’en écarter depuis son partir jusqu’à son arrêt. On dit encore d’un cheval, qu’il porte en beau lieu ; pour dire qu’il porte bien la tête.

On dit en termes de jeu de Paume, ou de jeu du Volant, donner beau ; pour dire, présenter une balle de manière qu’il soit aisé de la prendre. Et figurément, le donner beau à quelqu’un, c’est lui procurer une occasion favorable de dire, ou de faire ce qu’il désiroit. Ainsi on dit, vous l’avez beau.

☞ Donner beau jeu à quelqu’un, au jeu de cartes, c’est lui donner des cartes qui sont un jeu favorable. Au figuré, c’est la même chose que le donner beau.

Beau, & Belle, en termes de fleuriste, entre dans les noms de plusieurs fleurs. Ainsi le beau de nos jours, le beau roturier, la belle Déesse, la belle de jour, la belle Hortense, la belle Iris, sont des noms d’œillets violets. La belle Agnès est un ancien œillet marqué de peu de violet sur un blanc passable. Le beau roturiers est un violet sur un fin blanc, qui vient d’Amiens, la fleur est large & ses feuilles bien rangées ; sa plante est fort délicate, mais fort hâtive à porter fleur ; il est sujet au blanc & à la pourriture. Le beau cramoisi est un œillet cramoisi, dont le blanc le pourroit disputer avec la neige ; les panaches sont emportés, & extrêmement détachés, sans mouchetures, sa fleur très-large, garnie de très-grande quantité de feuilles ; sa plante est vigoureuse & d’un beau verd ; il vient de Lille ; il ne lui faut laisser que six boutons ; il ne graine point ; sa fleur n’est point hâtive. Le bel inconnu, est un œillet rouge clair sur un beau blanc ; sa plante est délicate, sujette aux taches grisâtres, & prend difficilement racine ; trois boutons suffisent pour son maître dard. Le beau trésor est un beau rouge sur un grand blanc ; sa fleur est ronde & large, ses panaches détachés ; il graine, ne crève point, se trouve à Lille, est hâtif, abondant en marcottes, sujet à dégénérer, & au blanc : quatre boutons lui suffisent ; il s’appelle autrement la belle Ecossoise. Le beau Daumont, autrement l’Incarnat Laubinoy, ou l’Epicier, est un très-bel œillet élevé à Paris : sa couleur est de feu assez vif, son blanc n’est pas des plus fins, mais un peu carné ; sa fleur est large, quoique plate ; il graine facilement, il a de gros panaches d’une couleur fort recherchée ; sa plante est délicate, sujette au blanc, & même à la pourriture ; quoiqu’il ne créve point d’ordinaire, il ne faut lui laisser que cinq boutons. La belle Douce est un œillet blanc, dont la fleur est grosse & large, garnie de beaucoup de feuilles, la plante forte & vigoureuse, & qui avec cinq ou six boutons ne créve point. Le beau piqueté est piqueté de pourpre clair, fort gros & large, mais sujet à créver si on ne lui laisse six ou sept boutons. Tout de même parmi les Tulipes les Fleuristes appellent la belle d’Anvers une tulipe qui est gris de lin, pourpre & blanc. La belle Hélène, rouge enfoncé, ou rouge de bœuf, & blanc d’entrée. La belle Morine, sang cramoisi, & beaucoup de blanc d’entrée. La belle la Barre, pourpre, rouge & blanc. La belle Perlée, incarnadin, éclatant & beaucoup de blanc d’entrée. Le beau Courroy est pourpre obscur, violet clair, & blanc terni. Le Beaupré, rouge & blanc. Il y a encore la belle mignone, la belle callite, la belle Tragède, la belle marinière. Cult. des Fl.

Beau, se dit proverbialement en ces phrases. Il lui fait beau beau ; pour dire, il fait semblant de l’aimer. La belle plume fait le bel oiseau ; pour dire que les beaux habits relevent la beauté. On dit aussi qu’un homme passe pour beau, quand il ne paye point dans les parties de divertissement. On dit aussi il fera beau temps quand je l’irai voir ; pour dire je n’y veux jamais aller. On dit aussi ironiquement, il vous fait beau voir ; pour dire, vous avez mauvaise grace de faire telle chose. On dit aussi il est rentré de plus belle ; pour dire, il a recommencé à parler de la même matière qu’il avoit quittée. On dit encore il nous la baille belle ; pour dire, il nous en fait bien accroire. On dit, voilà une belle équipée, lorsqu’on n’a pas réussi dans quelque entreprise. On dit encore des choses qu’on méprise, c’est un beau venez-y-voir. On dit aussi, à beau jeu beau retour, pour dire, que chacun à son tour trouve occasion de se venger. On dit aussi d’un débauché, qu’il se fait beau garçon, quand il ruine sa santé, ou sa fortune. On dit encore, qu’on donne beau jeu à quelqu’un, quand on lui donne quelque occasion de faire ce qu’il souhaite, soit en bien soit en mal. On dit aussi quand on refuse d’admettre quelques raisons, tout cela est bel & bon, mais je n’en veux rien faire. On dit encore, il a mis cela en beau jour, en beau début ; pour dire il l’a bien expliqué, ou il a fait voir une chose par son plus bel endroit. On dit, il n’y a point de belle, prison, ni de laids amours. Il l’a mis en beaux draps blancs ; pour dire, il en a parlé fort désavantageusement. On dit aussi, qu’on l’a échappé belle ; pour dire, qu’on a couru un grand danger. On le dit aussi d’un homme qui a épousé une laide femme. On dit aussi, il n’est ni beau ni bon ; il n’est point fardé.

BEAUBEC. Abbaye d’hommes de l’Ordre de Cîteaux, & de la filiation de Savigni, fondée en 1128, dans le pays de Brai, au Diocèse de Rouen. Descript. Géogr. & Hist. de la Haute-Norm. Tom. I. p. 152.

BEAUCAIRE. Ville de France, située dans le bas Languedoc sur le Rhône. Belloquadrum, Quelques Géographes la prennent pour l’ancien Uggernum. Maty. Beaucaire est célèbre pour la foire qui s’y tient toutes les années le 22 de Juillet, où il y a un grand concours de Marchands de toute l’Europe, & même d’Afrique & d’Asie. On dit qu’il y a de Beaucaire à Tarascon un chemin soûterrain qui passe sous le Rhône. Voyez Catel. Hist. de Lang. p. 343. Cette ville est à 22°, 8′, 3″ de longitude, & à 43°, 47′, 0″ de latitude. Acad. de Montpellier.

BEAUCE, ou BEAUSSE. Province de France que les Modernes appellent Belsia, & les Auteurs plus anciens Belsa. L’ancienne Beauce n’avoit pas les mêmes limites que la Beauce a présentement. Quelques uns la resserrent entre Etampes & l’Orléanois. D’autres la divisent en trois parties ; la Beauce Chartraine, Belsia Carnutensis ; la Beauce Dunoise, Belsia Dunensis ; la Beauce de Pluviers, ou Pithiviers, Belsia Pitivarensis. D’aures y comprennent le pays Chartrain, l’Orléanois, l’Anjou, le Maine & la Touraine ; c’est-à dire, tout ce qui est entre l’île de France, la Normandie, la Bretagne, & la rivière de Loire. Mérula la divise en trois. 1°. La Beauce supérieure, qui commence au bourg d’Ablys, & s’étend vers Chartres & au-delà. 2°. La Beauce moyenne s’étend à droite & à gauche de la Loire, depuis Remorentin jusqu’à Vendôme, & depuis Châteaudun jusqu’à la Touraine. 3°. La Beauce inférieure qui n’est qu’une grande & vaste plaine, occupe la partie orientale depuis Etampes jusqu’au Sénonois du côté de l’Orient, & du côté du Midi jusqu’à Orléans. Aujourd’hui la Beauce, en la prenant en général, comprend le pays Chartrain, le Dunois, le Vendômois, & la partie de l’Orléanois qui est au Nord de la Loire. Dans un sens plus particulier elle ne comprend que le pays Chartrain. Maty. La Beauce dans les Cartes de l’Académie des Sciences, a la figure d’un triangle, dont la base appuie sur la Loire, & dont la pointe aboutit entre le Perche & l’île de France, ayant le Gâtinois au Levant, la Sologne au Midi, une partie de la Touraine & du Maine avec le Perche au Couchant. La Beauce propre, ou particulière, est une petite Province dépendante du Gouvernement général d’Orléans ; elle est renfermée entre l’Orléanois propre, le Blaisois, le Perche & l’Île de France. Maty. Chartres en est la capitale. Quelques-uns y mettent même Etampes, & ils la confondent avec le pays Chartrain. Id. Ce mot est venu en usage dans la langue en ces proverbes. C’est un Gentilhomme de Beauce, qui se tient au lit quand on refait ses chausses ; pour marquer que la Noblesse de ce pays est fort pauvre. Des plaines de Beauce ; pour dire, fort étendues, à cause que ce pays est fort uni & sans arbres.

BEAUCOUP. ☞ Multùm. Adverbe relatif à la quantité des choses, soit qu’il s’agisse de calcul, de mesure ou d’estimation. Plusieurs n’est jamais employé que pour les choses qui se calculent. Il y a dans le monde beaucoup de fous qu’on estime, beaucoup de terrain qu’on néglige, & beaucoup de mérite qu’on ne connoît pas. Syn. Fr.

☞ L’opposé de beaucoup est peu. L’opposé de plusieurs est un, parce que plusieurs n’a rapport qu’à la quantité qui se compte.

☞ Pour qu’un état soit bien gouverné, il faut beaucoup de subalternes pour l’exécution, peu de chefs pour le commandement, plusieurs Ministres pour le détail, & un seul Prince pour le Général, Voyez Plusieurs.

☞ Quand beaucoup est employé pour signifier plusieurs, il faut ajouter personnes ou gens, ou quelque substantif. On diroit mal : il donnoit peu à beaucoup, il faut dire, à beaucoup de personnes ou de gens.

☞ On dit pourtant bien, nous sommes, ils sont beaucoup ; mais cela n’a lieu que dans les cas où le pronom personnel qui précède, fait voir que ce beaucoup qui suit, se rapporte au même pronom. De même quand on dit, il y en a beaucoup, cet en emporte avec soi la signification de gens, comme on le voit par cette phrase, il y en a, qui signifie, il y a des gens.

☞ Nous sommes beaucoup, & nous sommes plusieurs ne signifient pas précisément la même chose. Beaucoup désigne un plus grand nombre que plusieurs.

Beaucoup, sert aussi à marquer quelque chose d’avantageux, & alors il s’emploie comme un substantif. C’est beaucoup que de savoir commander. Acad. Fr.

Ménage dérive ce mot de beau & coup. D’autres le dérivent de bella copia. Ce mot ne vient pas de bella copia, qui n’est qu’une allusion, mais simplement de beau & de coup, en prenant coup pour fois, parce que ramasser en un seul coup une grande quantité de quelque chose qu’on souhaite, c’est un beau coup. Ainsi le pêcheur, qui du coup qu’il jette son filet, prend quantité de poissons, fait, dit-on, un beau coup de filet, ce qui a même passé en proverbe pour la capture qu’un Prévôt fait d’une compagnie de voleurs. A Dijon, en voici une bellefois, est la même chose qu’en voici beaucoup, ce qui ne sert pas peu à confirmer l’étymologie que j’ai donnée. Ménage qui l’avoit d’abord proposée dans la première édition de ses Origines Françoises, s’en est assez mal-à-propos rétracté dans la seconde, où il a mieux aimé dire qu’il ne savoit d’où venoit ce mot. Glossaire Bourguignon.

Beaucoup. Quand ce mot est mis après un comparatif, il veut être immédiatement précédé de la particule de. L’esprit de qui la promptitude est plus diligente de beaucoup que celle des autres. Vaug. Rem. ☞ Quand beaucoup est devant le comparatif, on peut mettre la particule de ou la supprimer. Gassendi & Descartes sont beaucoup, ou sont de beaucoup plus éclairés que les autres Philosophes. Il y a plusieurs autres façons de parler analogues à ces deux exemples, & qui suivent la même règle.

☞ On dit il s’en faut beaucoup, pour dire, qu’il y a une grande différence. Le cadet n’est pas si sage que l’aîné, il s’en faut beaucoup. Et on dit, il s’en faut de beaucoup, pour dire, que la quantité qui devroit y être, n’y est pas. Vous croyez m’avoir tout vendu, il s’en faut de beaucoup. Ac. Fr.

BEAU-FILS. s. m. Gendre, qui a épousé la fille d’un autre. Gener. Les beaux-fils & les belles-filles ne s’accordent pas long-temps avec les beaux-peres, & les belles-meres. Un beau-fils est considéré comme propre fils de celui dont il a épousé la fille ; c’est pour cela que les Lois l’ont obligé de nourrir son beau-pere en cas de nécessité : Quia sunt loco parentum. Louet, Arrest 29. Lettre F. Rochef.

On appelle aussi beau-fils, & belle-fille, des enfans qui sont nés d’un premier mariage à l’égard des mariés en secondes nôces. Privignus. Les enfans du mari sont beaux-fils, & belles-filles à l’égard de la seconde femme, & les enfans de la femme sont la même chose à l’égard du second mari.

On dit qu’un garçon fait le beau-fils ; pour dire, qu’il se pare, qu’il affecte de paroître beau, qu’il fait l’agréable. ☞ C’est un petit maître commencé. Politus, ad unguem factus.

Un de ce dernier ordre
Passoit dans la maison pour être des amis ;
Propre, toujours rusé, bien-disant, & beau-fils.

La Font.

Pasquier, Rech. Liv. VIII, ch. 50, croit que les mots de belle-mere, beau-fils, belle-fille, sont venus par erreur de ce que l’on disoit beau-pere, pour béat pere.

BEAUFORT. Nom de lieu. Bellofordia, ou Befordia. Il y a Beaufort, Petite ville d’Anjou. Beaufort, village & château en Champagne, qui a titre de Duché. Beaufort, petite ville, ou bourg du duché de Savoie. ☞ Il y a encore Beaufort, Baronie en Dauphiné, dans l’Embrunois.

BEAU-FRERE. s. m. Terme relatif entre deux personnes qui ont épousé le frère, ou la sœur l’une de l’autre. Mariti vel uxoris frater. Les Nations étrangères établissent une grande alliance entre les beaux-freres ; les Espagnols les appellent cunados, les Italiens cognati, les Gascons & les Languedociens Cognados, qui sont des mots qui équivalent aux premiers degrés de consanguinité. Rochef.

BEAUGE. s. f. Voyez Bauge.

☞ BEAUGENCI. Voyez Baugenci.

BEAUJEU. Bellojovium, Bellijovium. Petite ville de France, à huit lieues au Nord de Lyon. Beaujeu est situé sur l’Ardière, & fut autrefois capitale du Beaujolois, avant que Ville-franche fût bâtie. Pierre Maurice, dans une lettre, l’appelle Bellus jocus, & quelques Modernes Baujovium.

BEAUJOLOIS. Bellojoviensis, ou Bellojocensis ager. Quelques-uns disent aussi Baujoviensis, mais il n’est pas si bien. Le Beaujolois est une contrée de France comprise dans le gouvernement général de Lyon. Le Beaujolois est borné au Midi par le Lyonnois propre, au Couchant par le Forêt, au Nord par la Bourgogne, au Levant par la Principauté de Dombes. Il ne faut prononcer ni écrire Beaujeulois, comme quelques Auteurs, mais Beaujolois.

BEAULIEU. Nom de plusieurs lieux en France, ainsi nommés à cause de la beauté du pays dans lequel ils sont situés. Bellus locus.

Beaulieu. Petite ville & Abbaye de France, en Touraine, sur la rivière d’Indre. Agnès Sorel, maîtresse de Charles VII, étoit Dame de Beaulieu, qui est présentement une Baronnie. L’Abbaye est de l’ordre de S. Benoît, Congrégation de S. Maur.

Beaulieu. Autre ville & Abbaye de France, dans le Limosin, ou plutôt dans le Vicomté de Turenne, au diocèse de Tulles.

Beaulieu. Bourg de France, Dans le Gâtinois, Election de Gieu.

Beaulieu. Abbaye de France, en Champagne, diocèse de Châlons, de l’Ordre de S. Benoit, Congrégation de S. Vanne.

Beaulieu. Abbaye de France, en Champagne, diocèse de Troyes, Ordre de Prémontré.

Beaulieu. Abbaye de France, en Champagne, diocèse de Langres, Ordre de Cîteaux.

Beaulieu. Terme de manége. On dit qu’un cheval porte en beaulieu, lorsqu’il porte bien sa tête.

☞ BEAUMARCHEZ. Ville de France, en Gascogne, au confluent des rivières de Bouès & d’Arros.

☞ BEAUMARISH, BEAUMARICH, ou BEAUMAIS. Ville de l’Île d’Anglesey, sous la Couronne de la Grande Bretagne, & dans les annexes du pays de Galles, présentement capitale de l’Île.

☞ BEAUMESNIL. Bourg de France, dans la haute Normandie, diocèse d’Evreux, avec titre de Baronnie.

BEAUMONT. Nom de plusieurs lieux différens, ainsi nommés apparemment, ou parce qu’ils sont situés sur de belles montagnes, ou parce qu’ils en sont proche. Bellomontium, Bellus mons. Beaumont, village du pays de Vau en Suisse. Beaumont en Argone, petite ville de France, dans le petit pays d’Argone, en Champagne. Beaumont, petite ville de France, dans le Cotentin. Beaumont le Roger, Bellomontium Rogerii, dans le diocèse d’Evreux, en Normandie. C’est un comté qui a pris son nom de quelqu’un de ses Comtes nommés Roger, qui a fondé ou agrandi cette petite ville. Beaumont sur Oyse, dans l’île de France. Beaumont le Vicomte, petite ville dans le Maine, avec titre de Duché, Beaumontville, bourg de Normandie, proche de Beaumont le Roger, ☞ Il y a encore plusieurs lieux en France qui portent le nom de Beaumont.

BEAUNE. Ville de France dans la Bourgogne, sur une petite rivière nommée la Bourgeoise. Castrum Belnum, Belni ou Belna mais plus rarement ; Baelna d’où s’est formé Beaune. Beaune est fort connue par les bons vins que produit son terroir. Qui est de Beaune. Belnicus. Le vin de Beaune, vinum Belnicum, vina Belnica.

Il y a encore dans le Gâtinois un bourg nommé Beaune, Belna, à cinq lieues de Montargis au Couchant.

BEAU-PERE. s. m. Terme relatif à l’égard des enfans d’un premier lit. Il se dit d’un mari qui a épousé leur mère en seconde noces. Vitricus. Et belle-mere est la femme que leur père a épousée de la même manière. Comme un beau-pere n’est que l’ombre d’un vrai père, de même son affection n’est que l’ombre de la paternelle. Le Mait. Un beau-pere est un faux père. Id.

Beau-pere, se dit aussi pour le père du mari d’une femme, & pour le pere de la femme du mari. Socer. C’est mon beau-pere ; pour dire, c’est le père de ma femme, ou de mon mari. Porphyrion, sur l’Art Poëtique d’Horace, au vers Perfidus Ixion, dit qu’anciennement la coutume étoit que les gendres donnassent une dot à leur beau-pere, ce qu’il appelle dotem, ou nuptialia munera, c’est-à-dire, qu’on achetoit les femmes, comme on fait encore en quelques endroits des Indes.

Beau-pere, est un titre que l’on donnoit autrefois aux religieux, & qui se disoit encore du temps de Pasquier.

Mes Beaux-Peres Religieux,
Vous dînez pour un grand merci :
O Gens heureux ! ô Demi-Dieux !
Plût à Dieu que je fusse ainsi.


Disoit Victor de Brodeau en ce huictain qui fut tant solennisé sous le règne de François I. Pasq. Rech. III, 50.

Ce nom, selon Pasquier, vient de Béat Pere, qu’on donnoit aux Religieux, parce qu’ils ont épousé une vie sainte ; & aux peres, parce qu’en mariant leurs enfans ils semblent se procurer une vie immortelle. Rabelais, en son troisième Livre de Pentagruel, appelle Béats Peres, les Moines que nous appelons Beaux Peres. Pasq. Ménage prétend qu’on a dit beau-pere, comme on a dit Beau Sire, par une épithète d’honneur. Mais toutes ces qualités avoient autrefois leurs noms propres, & on appeloit parâtre, marâtre, filiâtre, les beau-pere, belle-mere, & beau-fils ; & 'serourge, ou sereur, celui qui avoit épousé notre sœur, dont les exemples sont fréquens dans les coutumes, & dans Boutiliers.

BEAUPRÉ. s. m. Terme de Marine. C’est le mat d’un vaisseau le plus avancé, qui est sur la proue, incliné ou couché sur la poulaine. Sa voile s’appelle sivadière. Le mât qu’on ente au-dessus s’appelle le tourmentin, ou le petit beaupré. On dit qu’un vaisseau est beaupré sur poupe ; pour dire, qu’il suit le plus près qu’il peut un autre vaisseau. Quand le mât de beaupré a douze toiles, cinq pieds de long, sa vergue à huit toises, deux pieds de long, & le mât de perroquet de beaupré a trois toises, un pied de long. Le mât de beaupré est enchâssé par le bout d’en bas sur le premier pont dans le mât d’avant, ou demi saine, & passe directement au-dessus de l’éperon : il est garni d’une hune, d’un mât de perroquet & de deux vergues, comme aussi de deux chouquets, qui servent à tenir ledit mât de perroquet & le bâton du pavillon. Le mât de beaupré doit avoir les deux tiers du grand mât, & sa grosseur doit être égale à celle du mât de misaine par le plus gros, & la moitié du diamètre par le bout. Caron. Mettre le beaupré en terre, c’est se mettre sans danger si près de terre, que le mât de beaupré qui est à l’avant du navire, y puisse toucher. Denys. P. I. C. 6.

☞ BEAUPORT. Abbaye de France, en Bretagne, diocèse de S. Brieu, Ordre de Prémontré.

☞ BEAUPREAU. Petite ville de France, en Anjou.

☞ BEAUPTEIS. Petite rivière de France, en Normandie, qui se perd dans la Doue.

BEAUQUENE. Bourg de France, en Picardie, au Doyenné de Dourlens, est à 19°, 54’, 7″ de longitude, & à 50°, 5’, 12″ de latitude. Cassini.

☞ BEAUREGARD. Petite ville de France, l’une des onze Châtellenies de la principauté de Dombes.

☞ BEAUREGARD. Bourg de France, en Auvergne.

☞ BEAU-REVOIR. Bourg de France en Picardie, à la source de Lescaut.

Beau-revoir, s. m. Terme de Chasse, qui se dit quand le limier bande fort sur la botte & sur le trait, étant sur les voies.

BEAU-SIRE-DIEU. s. m. Nom d’une cérémonie qui se pratique tous les Dimanches par les Dames Chanoinesses de Remiremont. Voyez Barbette.

☞ BEAUSSE. Voyez Beauce.

BEAUTÉ, s. f. Ce qui plaît à nos sens, & sur-tout à l’ame, en conséquence d’une certaine proportion agréable qui se trouve entre les parties du même tout. Qualité de ce qui est beau, résultant de la régularité, de la proportion de ses parties, & du mélange agréable des couleurs. Pulchritudo, species, decor, venustas, formositas. Socrate définissoit la beauté, une tyrannie de peu de temps ; Platon l’appeloit une principauté établie par la nature ; Carneades, un règne solitaire ; d’autres, un royaume sans armes & sans gardes. Quelqu’un dit que la beauté est le plus puissant & le plus foible ennemi de l’homme ; qu’il ne lui faut qu’un regard pour vaincre ; qu’il ne faut que ne la pas regarder pour triompher d’elle. Selon le P. Bouhours, c’est-là sophistiquer ses pensées. Il se dit principalement de l’agrément des femmes, soit dans le visage, soit dans la taille, soit dans leurs autres qualités naturelles. Il y a des beautés Grecques & des beautés Romaines. On appelle une beauté Romaine, celle dont l’air est grave & majestueux, & qui a de grands traits, un grand front, le nez un peu grand, la bouche médiocrement ouverte, les lèvres bien rebordées. Au contraire on appelle beauté Grecque, une personne qui a tous les traits petits & mignons, le nez un peu retroussé, & l’air badin, vif & enjoué. La beauté des femmes Tartares, c’est de n’avoir point de nez ; celle des Indiennes, d’avoir de longues mamelles & de longues oreilles ; & celle des Mores, d’être noires & camuses. La beauté a un droit naturel de commander aux hommes ; & la valeur n’a qu’un droit acquis par la force. Fonten. La jalousie de la beauté n’est pas moins violente que celle des amans. S. Evr. La beauté la plus rare est fragile & mortelle. Vili. Un peu de fierté sied bien à une femme qui est jeune & belle ; La jeunesse & la beauté donnent de grands privilèges. Bell. Lorsque l’âge ou quelque accident imprévu effacera votre beauté, dont vous êtes idolatre, vous avouerez que ce n’étoit que vanité. Flechier. Chez les Poëtes, Minerve est la prudence, Venus est la beauté. Boil. La plus grande partie des femmes doivent leur beauté à leurs ornemens. Rochef. La beauté est différente à raison des âges différens. La beauté d’un jeune homme est d’avoir le corps propre à toutes sortes d’exercices. Il faut encore qu’il soit agréable à voir. La beauté d’un homme fait, & qui est dans l’âge de vigueur, est de pouvoir supporter toutes les fatigues de la guerre, & d’avoir je ne sais quoi dans le visage qui le rende agréable à voir, & redoutable tout ensemble. Enfin, celle d’un vieillard consiste à pouvoir faire toutes les fonctions nécessaires, & cela sans se plaindre, comme ne sentant aucune des incommodités qui affligent d’ordinaire la vieillesse. Cas. Traduct. de la Rhét. d’Arist.

Hélas ! j’ai bien appris en vous voyant, Bélise,
Qu’il n’est point de bon sens contre tant de beauté, La Sabl.

Cette reine des cœurs qu’on nomme la beauté,
Aux plus libres esprits fait aimer son empire. God.

C’est un cavalier qui court après toutes les beautés. On s’en sert plus fréquemment en poësie qu’en prose.

Il ne faut point qu’une rare beauté
Ait trop d’amour ou trop de cruauté ;
L’une dégoûte, & l’autre désespère. Main.

C’est aux gens mal tournés, c’est aux amans vulgaires,
A brûler constamment pour des beautés sévères. Mol.

Un amant plus à lui qu’à la beauté qu’il aime,
Toujours dans son amour se recherche lui-même. Vill.

En Poësie on personnifie quelquefois la beauté. Anacréon a feint que les grâces avoient lié l’amour avec des chaînes de roses, & l’avoient vendu pour esclave à la beauté. M. Scud.

Beauté, se dit figurément des choses spirituelles & morales, & même de toutes les choses qui touchent agréablement les sens & l’esprit. La beauté de l’esprit, des sentimens, est plus estimable que celle du corps.Ingénii præstantia, vis. La véritable beauté de l’esprit est une beauté mâle, qui n’a rien de mou ni d’efféminé. Bouh. Le marquis Pignatelli a fait un Traité pour montrer que la beauté de l’esprit a beaucoup plus de force & de charme que celle du corps. Quanto più alletti la bellezza dell’ animo, che la bellezza del corpo. Il a été traduit en françois sous ce titre, de la beauté de l’esprit comparée à celle du corps. La beauté de l’éloquence consiste quelquefois autant dans un certain air facile & naturel, que dans la grandeur des pensées. Nicot. La beauté de l’ame. Pulchritudo. La beauté des pensées. Elegantia. La beauté de la vertu, & la laideur du vice ; la beauté du temps, la beauté de la campagne invite à la promenade ; la beauté du Ciel & de la terre ; la beauté des fleurs ; la beauté des eaux ; la beauté des arbres ; la beauté de la voix. Vocis suavitas. Voyez Beau.

Imitateur nouveau des beautés d’Euripide,
Je t’ai souvent promis des vers dont la grandeur
Peut-être inspirera la crainte & la terreur,
Punissant sur la scène un cruel parricide.

Tant de rares beautés, tant d’ouvrages divers
Te parlent de l’Auteur de ce grand Univers,
Et tu n’entends point leurs paroles ! L’Abbé Tétu.

Si ma muse s’est occupée
A chanter dans mes jeunes ans,
Des beautés sujettes au temps ;
C’est que mon ame s’est trompée. Id.

Beauté, se dit quelquefois en conversation, ou en style plaisant pour singularité, & pour exprimer quelque chose de surprenant, ou d’extraordinaire. Novitas'.

Je voudrois, m’en coûtât-t-il grand’chose,
Pour la beauté du fait avoir perdu ma cause. Mol.

Pro rei novitate. Beauté ne se trouve là que pour le vers.

Beauté triomphante. Terme de Fleuriste. C’est un œillet d’un rouge de sang sur un blanc de lait ; ses panaches sont petits aussi bien que sa fleur. Il est fin & sa plante vigoureuse. Il ne lui faut laisser que trois ou quatre boutons. Il se trouve à Lille. Cult. des Fleurs.

La beauté de Chartres est le nom d’une tulipe. Ib.

Beauté, Bellitas ad matronam. Ancienne maison royale de France, sur le bord de la marne, dans le voisinage du bois de Vincennes. Voyez Vincennes.

BEAUVAIS. Ville épiscopale de France, capitale du Beauvaisis. Bellovacum, Bellovaci, Cæsaromagus. L’Evêque de Beauvais tient le premier rang entre les Comtes Ecclésiastiques Pairs de France. Quelques Géographes croient que Beauvais est la ville que les Anciens nommoient Bratuspantium, que d’autres placent à Gratepance, & d’autres à Grandville, villages de Beauvaisis. Jean de Paris l’appelle Belvacum, d’où a pû se former Beauvais. La longitude de Beauvais est 20°, 6’, 33″ la latitude, 49°, 16’, 0″. Des Places. Mais dans le catalogue des longitudes & latitudes qu’il a donné depuis, il n’a point mis celle de Beauvais ; ce qui fait douter de celles-ci. Louvet a fait les antiquités de Beauvais en deux vol. in-12. 1635. à Beauvais.

Beauvais. Bourg de France, au Haut-Languedoc, sur le Tescou, à cinq lieues de Montauban.

BEAUVAISIN, INE, s. m. & f. qui est de Beauvais, ou plutôt de Beauvaisis. Bellovacus. Voyez M. de Valois, comme si l’on disoit Bellovacinus, ou Bellovacensis. Les Beauvaisins, très-puissans parmi les Belges, pouvoient armer jusqu’à cent mille hommes T. Cor. Les Beauvaisins, les meilleurs guerriers de tous les Gaulois & Belges, levoient des troupes sous la conduite de Corbeus & de Comius. Id. Nous avons déjà remarqué que plusieurs de nos bons Auteurs ne se servent point de noms récens & en usage aujourd’hui quand ils parlent des peuples anciens qui habitoient le même pays ; mais qu’ils donnent une forme françoise à l’ancien nom latin. Ainsi dans les exemples que nous venons de citer, j’aurois mieux aimé dire les Belovaces ou Bellovacieus, comme Cordemoi, que les Beauvaisins.

BEAUVAISIS, ou BEAUVOISIS. Bellovacensis ager. Contrée de France, qui faisoit autrefois partie de la Picardie, & qui est aujourd’hui de l’Île de France. Elle a pris son nom de Beauvais sa capitale. Le Beauvaisis est borné au couchant par les Elections de Compiègne & de Senlis, au midi par le vexin françois, au couchant par la Normandie, & au nord par la Picardie. Maty. Le Beauvaisis, autrefois Comté, fit partie de celui de Vermandois. Il passa aux Comtes de Troyes issu des Comtes de Blois : Eudes II Comte de Troyes, l’échangea en 996, pour Sancerre en Berri, avec son frère Roger, Evêque de Beauvais, qui donna ce Comté à son Eglise en 1016, du consentement du Roi Robert. Voyez du Chesne. Le P. Louvet a donné l’Histoire & les antiquités de Beauvaisis, à Beauvais in-4°. en 1631, & D. Simon un supplément à l’Histoire de Beauvaisis, in-4°. à Paris en 1704.

☞ BEAUVOIR sur mer. Ville maritime de France, en Poitou, Election des Sables d’Olonne, avec titre de Marquisat.

Beauvoir. Bourgade de France dans le Dauphiné, & non pas ville, comme le dit Corneille.

BEB.

☞ BEBLINGEN. Petite vile d’Allemagne, dans la Suabe, au Duché de Wittenberg.

☞ BEBRE (la) rivière de France, dans le Bourbonnois, qui prend sa source près de Monmorillon, & se décharge dans la Loire, vis-à-vis de Bourbon. On la nomme aussi la Chabre.

BEBY. s. m. Sortes de toiles de coton, qui se fabriquent à Alep, & aux environs.

☞ BEBZ. Ville de Pologne, dans la Russie propre, capitale d’un Palatinat de même nom.

BEC.

BEC. s. m. La partie dure & pointue de l’oiseau, qui lui tient lieu de dents & d’armes pour se défendre. Rostrum. Les oiseaux se défendent du bec, donnent des coups de bec. La colombe revint dans l’arche avec une branche d’olivier dans le bec. C’est par le bec que l’oiseau commence sa mue au renouveau. On dit en fauconnerie, un bec droit, rectum ; crochu, aduncum ; affilé, acutum ; rond, rotundum ; plat, depressum ; aquilin, aquilinum ; fendu, fissum ; emoussé, obtusum ; épointé, cassum acumine, endenté, ou en forme de scie, serratum.

Ce mot est ancien dans la langue, & on le dit encore dans le même sens & sans aucun changement parmi les Bas-Bretons, qu’on tient parler la langue celtique. Suétone dit à la fin de la vie de Vitellius, qu’Antoine surnomé Primus né à Toulouse, & qu’il appelle homo Gallicanus, avoit porté dans son enfance le surnom de Beccus, qui signifie, ajoute-t-il, le bec d’un coq : ainsi il est évident que c’est un nom celtique. C’est de-là qu’on a fait bécasse, becquée, becqueter, & que les Flamands disent bec dans le même sens que nous ; que les Italiens disent becco & beccare, pour bec & becqueter. Les Allemands & les Suisses becken ; les peuples du pays de Galles en Angleterre pic ; les Espagnols pico, & picar, becqueter ; & plusieurs Allemands, picken & pecken, dans la même signification, selon la remarque de Cluvier, Germ. Ant. L. I. p. 71.

Bec, se dit quelquefois de la bouche & la langue d’un homme. Os. Il ne faut pas s’aller coucher le morceau au bec, c’est-à-dire, au sortir de table. Voilà bien du gibier, mais cela nous passera bien loin du bec. Il fit sortir de son divin bec telles & semblables paroles. Scar. Quand ma muse est échauffée, elle n’a pas tant mauvais bec. S. Amand. Tout cela n’est bon que dans le style burlesque.

Bec. On se sert quelquefois de ce mot en termes de caresse, & en parlant à un enfant, à une maîtresse. Suavium, suaviolum. Mon pauvre petit bec, tu le peux si tu veux. Mol.

On dit d’un sot, que c’est un bec-cornu. Ineptus, stolidus. Que maudit soit le bec-cornu de Notaire. Mol. De l’Italien, becco cornuto. Mais becco en Italien, est proprement un bouc. En françois, on ne prononce pas le c de bec, & l’on dit bé-cornu.

On dit de ceux qui parlent tête-à-tête, ayant le visage près l’un de l’autre, qu’ils causent bec-à-bec. Os ad os. Et d’une femme qui fait la petite bouche, qu’elle fait le petit bec.

Tour de bec ; pour dire, un baiser. Osculum. Il la rencontra par hasard, & lui donna en passant un petit tour de bec. Toutes ces façons de parler sont basses & comiques.

On dit proverbialement, donner un coup de bec pour dire, donner en passant quelque trait satyrique à quelqu’un. On dit prendre une personne par le bec ; pour dire, la confondre par sa propre confession. On dit aussi, lui passer la plume par le bec ; pour dire, la frustrer de quelque avantage qu’elle avoit prétendu. Quelques-uns croient que ce proverbe vient des clercs & des écoliers niais, à qui leurs compagnons tirent une plume pleine d’encre qu’ils leur voient tenir à la bouche, afin de les barbouiller. Voyez Oison.

On dit aussi, avoir bec & ongles ; pour dire, qu’on se sait bien défendre. Ce proverbe est expliqué autrement dans les amusemens sérieux & comiques, où il est dit, tel Auteur en son vivant eut bec & ongles, c’est-à-dire, sut mordre & piller à toutes mains. L’autre sens est celui qu’on lui donne ordinairement. On dit aussi qu’on a bon bec ; pour dire, qu’on parle bien & beaucoup. On appelle dans les conciergeries, la porte de bon bec, celle par où on mène les prisonniers à la question. On dit aussi d’une grande causeuse, qu’elle a le bec bien affilé ; & d’une personne interdite qui ne dit mot, qu’elle a le bec gelé. Et on dit encore, faire le bec à quelqu’un ; pour dire, lui donner des instructions sur ce qu’il doit répondre aux demandes qu’on lui fera. On dit aussi, tenir le bec en l’eau ; pour dire, amuser quelqu’un de belles paroles, sans vouloir rien conclure. On dit encore qu’on lui fera voir son bec jaune ; pour dire, qu’on lui fera voir qu’il s’est trompé. Voyez Bé-jaune. On dit aussi, qu’il n’a plus que le bec à ourler pour faire une canne, quand on veut se moquer de ceux qui ont de l’impatience de voir la fin de quelque ouvrage.

Bec, se dit aussi de certains poissons, & signifie la partie qui se termine en pointe, & fait l’entrée de la bouche du poisson. Les saumons ont le bec plus pointu que les truites. Rond.

Bec, se dit aussi par métaphore de plusieurs choses pointues. Le bec d’un alambic, d’une plume, d’une aiguière. Une lampe à trois becs.

Bec, se dit aussi des pointes de terre qui se rencontrent aux lieux où les rivières s’assemblent. Lingula. Il y en a deux célèbres en France ; le Bec d’Ambez, où la Garonne se joint à la Dordogne ; le Bec d’Allier, l’Allier se joint à la Loire vers Moulins, & qui se prononce d’Allier.

Bec, se dit aussi sur la mer, des terres qui se jettent & avancent en mer, qui sont diversement nommées suivant les figures qu’elles représentent, becs, pointes, langues, encolures de terre.

On appelle aussi en Architecture becs, ces masses de pierre de taille disposées en angles saillans qui courent les piles d’un pont de pierre. On appelle avant-becs, ceux qui sont opposés au fil de l’eau ; & arrière-becs, ceux qui sont de l’autre côté.

Bec en termes de Blason, se dit des pendans du lambel, qui étoient faits autrefois en pointes ou râteaux, & ont maintenant la figure des gouttes qui sont au dessous des triglyphes en architecture.

Bec. Terme de Conchyliologie. C’est quelquefois l’extrémité de la queue qui est recourbée ; quelquefois c’est la coquille même recourbée dans l’un de ses bouts, ou vers la charnière. Rostrum.

Bec d’âne. Instrument de Menuisier. Espèce de gros ciseau carré, avec un manche de bois, dont le bout est abattu en chanfrein. Les Menuisiers, Charpentiers, & autres ouvriers en bois, s’en servent à évider les mortoises, après les avoir ébauchées avec le ciseau.

Bec de canne. Instrument de Chirurgie fait en forme de pincettes pour tirer des balles de dedans les plaies. Le bec de canne a son extrémité large, ronde & dentelée, pour mieux prendre la balle.

Les Serruriers ont aussi des crochets qu’ils appellent bec de canne.

Bec de canne. Sorte de grands cloux à crochet, qu’on nomme aussi cloux à pigeon. Ils servent à attacher dans les volets des paniers à pigeon.

Bec de cigne, est un instrument de Chirurgie, qui s’ouvre à vis, pour faire la dilatation de la plaie, tandis qu’on en tire quelques corps étrangers avec le bec de grue.

Bec de corbin, est le nom d’une Compagnie de cent Gentilshommes de la Maison du Roi, qui portoient autrefois une arme appelée du même nom, qui ressembloit à une hallebarde. Ils ne servent que dans les grandes cérémonies. Alors ils marchent deux à deux devant le Roi portant le bec de corbin, ou faucon à la main. On y a ajouté cent hommes, outre les cent de la première institution.

☞ Dans les Arts, ce nom se donne généralement à tout ce qui est recourbé & terminé en pointe, comme un bec de corbeau.

Les Maréchaux appellent aussi bec de corbin, une petite pièce de fer soudée en saillie à la pince du fer de cheval, qui l’oblige à marcher sur le talon, & empêche qu’il n’appuie sur la pince quand il est boiteux.

Bec de corbin, en termes de Marine, est un instrument de fer avec lequel un calfat tire la vieille étoupe d’une couture.

Bec de corbin, est aussi un instrument de Chirurgie fait en forme de pincettes, ou tenailles, qui servent à tirer des plaies les corps étrangers & nuisibles. Ils ont un long bec recourbé & arrondi en pointes pareilles à celles du bec des corbeaux, & ils sont plus ou moins larges, pour s’en servir selon l’ouverture des plaies.

Bec de corbin, se dit encore des pommes des cannes qui imitent le bec d’un corbeau, en ce qu’elles avancent, ou sont renversées en pointe, pour soutenir la main. On y met souvent des lorgnettes pour servir de lunettes d’approche ou d’opéra. Ces becs se faisoient autrefois de bois d’inde, ou de corne, d’ivoire, &c. On en fait à présent d’or, & c’est la mode parmi les gens riches.

On dit, une canne à bec de corbin. On appelle aussi bec de corbin la canne même toute montée, où il y a une pomme de cette espèce.

Bec de Corbin. Instrument dont on se sert dans les sucreries. Il est de cuivre avec une poignée, ou de même métal, ou de fer. Il sert à prendre le sucre au sortir des rafraîchissoirs pour le mettre dans les formes.

Bec de Corbin. Espèce de crochet de bois, qui fait partie de l’arçon des Chapeliers, & qui par un bout soutient la corde à boyau qui sert à faire voguer l’étoffe.

Bec de Corbin. Terme de jardinage. C’est une figure qui entre dans la composition des parterres de broderie.

Bec Courbé. s. m. C’est un oiseau qui n’est point connu en France, assez commun en Italie, surtout aux environs de Ferrare, & particulièrement vers le lac de Verbanne. Les Italiens l’appellent Arroseta, ou Becco storto. Il est aquatique, & a les pieds plats. Ses pieds sont d’une couleur bleuâtre, fort claire & lavée aussi bien que ses jambes, qui sont hautes. Ses doigts sont joints par des membrannes. Tout le dessous du corps est blanc : son bec est noir & élevé en haut, aigu à l’extrémité, & long de cinq doigts. Le devant de son corps est alternativement partagé de blanc & de noir. Sa tête est d’un brun tirant sur le noir. Il a une ligne blanche qui traverse les ailes, qui sont pareillement brunes. Tout son corps est à peu près de la longueur d’une colombe, excepté qu’il est plus menu.

Bec de Grue, ou de Cigogne. Geranium, de γέρανος, mot grec, qui signifie Grue. Plante ainsi appelée à cause que les fruits ont quelque ressemblance avec le bec d’une Grue. Ce genre de plante a un très-grand nombre d’espèces différentes. & l’Afrique paroît être plus féconde en Geranium que toutes les autres parties du monde. On en a apporté plusieurs espèces, dont quelques-unes croissent en arbrisseau. Parmi celles d’Europe, il y en a certaines dont les feuilles ont une odeur de musc ; & dans le nombre de celles des Indes, il s’en trouve certaines, dont les fleurs ne sentent presque rien pendant le jour, & répandent le soir & dans la nuit une odeur très-douce & très-suave. Plusieurs des unes & des autres ont leurs feuilles arrondies & déchiquetées ; le nombre de celles qui ont leurs feuilles entières est très-petit. A l’égard de leurs fleurs, elles sont constamment composées de plusieurs pétales disposés en lobes autour du pistil, qui devient un fruit en aiguille, dont le noyau est à cinq rainures dans sa longueur, dans chacune desquelles est assemblée une capsule oblongue, terminée par une longue queue, renfermant une semence, rarement deux. Ces capsules se détachent ordinairement de la base du fruit vers la pointe, & se roulent en demi cercle : la queue dans quelques espèces se tortille en tire-bourre, dans d’autres cette même queue est velue comme la barbe d’une plume.

Ce que nous nommons Herbe à Robert, herba Roberti, Geranium Robertianum, est une espèce de bec de Grue fort commune à la campagne : elle naît auprès des masures & dans les bois. Sa racine est menue, de couleur de buis, & donne quelques feuilles approchantes en quelque façon de celles de la matricaire, mais plus velues, plus menues, plus petites, & d’une odeur de panais, & portées sur des queues assez longues. D’entre les feuilles s’élève une tige noueuse, velue, branchue, haute d’un pied ou d’un pied & demi, & garnie de feuilles pareilles aux premières. Ses fleurs sont à cinq pétales, purpurines, rayées, petites, soutenues par un calice à cinq découpures. Les sommets des étamines de ses fleurs sont jaunes de safran. Ses fleurs sont portées sur des pédicules longs de plus d’un pouce. Le fruit est en aiguille, de même que dans les autres espèces. L’herbe à Robert est quelquefois toute verte, quelquefois entièrement lavée de pourpre. Elle est vulnéraire, un peu astringente. Elle arrête les flux de sang, elle soulage les goutteux : appliquée extérieurement elle est recommandée pour les cancers, & pour les autres maladies des mamelles. On en fait cas pour les écrouelles.

Le Bec de Grue ordinaire, Geranium folio Malvæ rotundo. C. B. est une plante assez basse, dont les racines sont menues, blanchâtres, & qui donne des feuilles velues arrondies, semblables à celles de la mauve, plus petites & découpées en plusieurs lobes. Ses tiges sont branchues, & poussent quelques pédicules qui soutiennent de petites fleurs purpurines, au nombre de deux sur le même pédicule, & auxquelles succèdent de petits fruits oblongs, en manière de bec de grue.

Bec de Grue courbé, est aussi un instrument de Chirurgie fait en forme de pincettes courbées, & dentelées par le bout, pour tirer des esquilles d’os fracturés, des balles, &c.

Gros bec d’Inde hupé. Coccetraustes Indicus cristanus. Cet oiseau imite parfaitement bien la voix des autres oiseaux, principalement du rossignol. Il mange du millet, du pignon, & d’autres espèces de fruits semblables. Lorsqu’il se voit dans un miroir, il semble par les mouvemens qu’il se donne & par les cris qu’il fait, qu’il se désespère, abattant sa crête, dressant sa queue comme les paons, battant des ailes, & donnant de grands coups de bec contre le miroir. Il est d’un tempérament très-chaud : c’est pourquoi il se baigne souvent. Il a sur la tête une huppe de figure triangulaire, de couleur d’écarlate. Son cou, sa poitrine & son ventre sont éclatans : les extrémités de ses ailes ne sont pas d’une couleur de pourpre si éclatante, non plus que la queue, qui est fort longue à proportion du corps. Ses jambes sont courtes & blanchâtres ; ses ongles robustes, & un peu courbés. La longueur de tout l’oiseau est de deux palmes.

☞ On voit aussi en Italie, en France & en Allemagne un oiseau nommé gros-bec, à cause de la grosseur de son bec relativement à celle du corps. Ces oiseaux restent en été dans les bois & sur les montagnes : en hiver ils descendent dans les plaines. Ils vivent pour l’ordinaire de semence de chénevi. Ils mangent aussi les boutons des arbres.

Bec de Lézard, est une espèce de tire-balles, qui sont des pincettes aplaties.

Bec de Lièvre, s. m. Terme de Chirurgie. Labii superioris fissura. Labium leporinum. On appelle bec de lièvre une difformité, ou une plaie, où la lèvre supérieure est fendue comme celle des lièvres. Le bec de lièvre vient ou naturellement, lorsqu’on apporte cette difformité en naissant, ou par accident, comme par un coup, par une chute. On ne guérit les plaies aux lèvres, qu’on appelle bec de lièvre, que par la suture, à cause du mouvement que les lèvres font nécessairement quand on parle, ou qu’on prend de la nourriture. Ce mot se dit & de cette maladie ou indisposition, & de celui qui a la lèvre d’en haut ainsi fendue.

Bec de Perroquet, est une tenaille qui ressemble au bec d’un Perroquet, dont on se sert dans les fractures du crâne pour tirer quelque pièce d’os qui presse ou qui pique les membranes du cerveau.

Toutes ces expressions qui sont fondées sur le rapport & la ressemblance qu’ont les différens instrumens dont nous avons parlé avec le bec d’un oiseau, doivent se rendre en latin par l’adjectif Rostratus, qu’il faut joindre avec les substantifs auxquels ils se rapportent.

Quelques lieux particuliers ont pris le nom de bec, comme Caudebec, Bolbec dans le pays de Caux. Et ordinairement en ces lieux-là, il y a une jonction de deux rivières ou ruisseaux ; ce qu’on appelle confluent ; ou du moins quelque ruisseau, ou torrent. C’est de-là que sont venus les noms de l’Abbaye du Bec, de Caudebec, d’Orbec, de Robec, selon Icquez, qui remarque que les Normands, ou peuple du Nord, ont porté en Neustrie chez les François le mot bek, qui veut dire, ruisseau, torrent. Les Islandois & les Norvégiens ont le même mot, auquel ils ajoutent la terminaison propre de leur langue beckur qui veut dire la même chose que bek. Sur la célèbre Abbaye du Bec, Voyez la Descript. Géogr. & Hist. de la Haute-Norm. tom. 2, p. 277, & suiv.

BECABUNCA. s. m. Voyez Beccabunga.

BÉCAFIGUE. s. m. Becfigue est plus doux & plus usité. On dit aussi Beccafi par apocope, ou par abréviation, & au pluriel Beccafis. Petit oiseau très-délicat, & commun en Provence & en Syrie. Ficedula. Il se nourrit de figues & de raisins, ce qui a donné lieu à ces vers de Martial.

Cùm me ficus alat, cùm pascar dulcibus uvis,
Cur potiùs nomen non dedit uva mihi ?

Il est fort gras, & sa graisse est dedans, dehors & dans la substance même de sa chair. Il est d’une seule couleur, gris-clair. Il vit neuf à dix ans. On l’appelle à Marseille tête-noire. Ils viennent en Septembre dans les lieux où il y a des figues & des raisins, & s’en vont en Novembre, tant en Syrie qu’en Provence, où ils sont très-communs. Il y en a une si grande quantité dans l’île de Chypre, qu’on les marine au vinaigre dans des barils, & l’on en fait commerce. Il s’en débite beaucoup à Venise. C’est-là le beccafi commun.

Toutes les viandes sont à grand prix à Smyrne & très-bonnes, & sur-tout les bécafigues, qui, comme je crois, sont les véritables ortolans. Il y en a une si grande quantité, qu’en une après-dinée aux environs de la ville j’en ai tué deux douzaines sur les térébinthes dont ils aiment particulièrement le fruit, du Loir, p. 16.

Il y a encore un autre beccafi, ou beccafigue, qui est un oiseau parfait, rare, & peu connu en France. Boccaticus canepinus, ou Ficedula canepina. Il siffle fort bien, & contrefait le chant de plusieurs oiseaux, & entre autres de la fauvette & du rossignol. Il y en a par-tout, quoique nous n’en nourrissions point en France. Mais en Lombardie on a trouvé le moyen d’en élever & d’en tenir en cage. Son pennage est un peu plus rougeâtre que celui du beccafi commun. Il fait son nid dans les buissons, ou arbrisseaux, ou bien dans quelque épine bien épaisse, avec des écorces de vigne & des racines d’herbes. Il fait jusqu’à cinq petits, mais communément quatre. On le nourrit comme le rossignol ; il vit jusqu’à dix ans. Cet oiseau est semblable par tout le corps aux fauvettes. Il est presque par-tout d’une couleur cendrée, tirant sur le brun, principalement par le dos, & par les parties de dessus. Sa poitrine est jaunâtre, & ses pieds noirs. Voyez Olina dans son Traité des oiseaux qui chantent.

D’autres croient avec Aristote, Hist. des Anim. L. IX, c. 49, que c’est le même oiseau qui change de chant & de nom, & même, selon Pline, de forme & de plumage deux fois l’année ; qu’en Autonne, au temps des figues, les Grecs le nommoient Συκελὶς, & les latins Ficedula ; qu’après l’Autonne son plumage change, & brunit sur la tête ; les Grecs le nommoient Μελαγκορυφός, & les Romains Atricapilla. Cet oiseau a aussi deux noms en France. On le nomme en Autonne becfigue ; dans les autres saisons, pivoine : les Italiens de même le nomment beccafico en Autonne, quand les figues sont mûres, & qu’il en mange & le reste de l’année caponero. D’autres en mettent encore une troisième espèce qui a le dessus de la tête roux-obscur, & qu’on appelle tête-rousse.

Turnerus rapporte qu’en Angleterre il n’y a point de beccafis. Aristote dit que le beccafi fait son nid dans les arbres, & il ajoute, aussi-bien que Pline, que cet oiseau est extrêmement fécond, & qu’il fait plus de vingt œufs. Ils entendent parler du beccafi commun. Voyez encore au mot Pivoine quelques autres espèces de beccafigues.

Les Anciens faisoient grand cas des becfigues, comme on le peut voir dans Athénée, L. II, & L. IV, & dans Aulugelle, L. XV, c. 8. Voyez encore Pline, L. X, c. 29. Bruyerin. Compeg. L. IX, c. 44. Aldrov. L. XXVII, ch. 36. Voss, De Idolol. L. III, c. 92. Bochart, Hieroz. P. II, L. I, c. 16. Saumaize sur Solin, p. 238.

☞ BECAR. Province de l’Indoustan. La même que Bacar. Voyez ce mot.

BECARD. s. m. Quelques-uns disent que c’est la femelle du saumon, qui a le bec plus crochu que le mâle. Sulmo fœmina. D’autres disent que ce sont les saumons du Printemps, qui deviennent becards au mois d’Août & de Septembre, auquel temps ils sont les moins bons de l’année.

BÉCARRE. s. m. Terme de musique Voyez B quarre. ☞ L’Académie écrit Becarre.

BÉCASSE, s. m. Oiseau de passage, qui est très-bon à manger. Scolopax, Gallinago. La bécasse est environ de la grosseur de la perdrix. Elle est diversifiée de couleurs & de taches ; savoir, de roux, ou de couleur de terre cuite, de couleur blanchâtre, de noirâtre, & de quelques autres couleurs. Son bec est long de six doigts, ou environ, un peu noirâtre par le bout, rude, & foible : la partie de dessus passe celle de dessous : sa langue est menue, longue & nerveuse : les jambes sont longues & déliées. L’on voit des bécasses en toutes sortes de pays, particulièrement en hiver. Cet oiseau change de pays suivant les saisons : elles le tiennent en été dans les hautes montagnes des Alpes, des Pyrénées, de Suisse, de Savoie & d’Auvergne. Elles viennent en France à la fin du mois d’Octobre, & cherchent les lieux où il y a des taillis, des forêts humides, des ruisseaux & des haies. ☞ Au Printemps cet oiseau quitte notre pays. Mais il s’accouple auparavant. Le mâle & la femelle se suivent par-tout.

La bécasse est pesante, & vole difficilement ; mais elle court fort vite. L’on prétend que c’est le Σκολόπαξ d’Aristote, à cause de son bec qui ressemble à un pieu, qui s’appelle en grec σκολόψ, & le Rusticula, ou Gallinago, ou Perdrix rustica des Latins, dont Martial a parlé, L. XIII, épître 75, mais que d’autres prennent pour la perdrix grise.

Aldrovand parle d’une espèce de bécasse, qu’il nomme bécasse de bois, & en latin rusticula. Il dit qu’elle est plus grande que celle dont nous venons de parler, de même couleur, mais plus couverte & plus semée ; que ses jambes sont cendrées, son ventre blanchâtre, & son bec un peu plus court. Je crois que toute la différence qu’il y a, n’est que du sexe ; parce que nous voyons que parmi les oiseaux, les mâles ont leurs couleurs plus vives ou plus couvertes que les femelles ; & d’ailleurs tous les Auteurs ne parlent que d’une espèce de bécasse ; car la bécassine est toute autre chose.

☞ On prend les bécasses aux lacets dans les bois, ou le long des ruisseaux. La façon la meilleure & la plus usitée, est d’avoir un filet que l’on appelle passée, ou grand rets, que l’on tend dans les lieux où l’on a découvert qu’elles vont & viennent le soit & le matin. Le rets doit être de grande étendue ; on le tend entre deux grands arbres ; les plus hauts sont les plus propres pour cela. Quand ils ne sont pas assez hauts, l’on y met des perches, & à l’un des arbres on met une poulie ; c’est à celui du côté duquel on veut lâcher le rets. La principale adresse est de le lâcher bien à propos, lorsque l’on voit que la bécasse donne dedans ; & afin de faire descendre le rets avec plus de rapidité, il faut mettre aux deux bouts d’en haut du filet, du plomb, ou quelque pierre. Cette chasse ne se fait que le soir après le Soleil couché, & le matin à la pointe du jour. Il y a bien des pays où elle est en usage.

La bécasse a un goût différent de la perdrix, mais elle n’est pas moins bonne. La chair de bécasse est noire, & sent un peu le marécage : elle fortifie, elle restaure & nourrit beaucoup ; mais il faut les choisir jeunes & grasses, autrement leur chair est dure & difficile à digérer. Elles n’ont point de fiel, tout en est bon. On les fait rôtir sans les vider. De la Marre. Voyez Aristote, Hist. des An. I. IX, c. 26. Belon, L. IX, c. 36. Bruyerin Campeg. L. IX, c. 36. Aldrovand. C XX, c 51. Non. De re cibaria, L. II, c. 28. On grille les têtes de bécasse à la chandelle pour les manger. On mange la merde de bécasse, ou plutôt ce qu’elle a dans le corps. Les Normands l’appellent vit de coq, par corruption du mot Anglois woodcock, qui signifie coq de bois. Autrefois on l’appeloit acée du mot latin acceia, qui étoit formé de acus, aiguille, à cause de son long bec.

On dit proverbialement ; aile de perdrix & cuisse de bécasse ; pour dire que ce sont les meilleurs morceaux de ces oiseaux. On dit aussi, brider la Bécasse : pour dire, tromper, surprendre, attaquer quelqu’un ; ce qui se dit figurément, à cause d’une chasse que les paysans font aux bécasses avec des lacets & colets qu’ils tendent, où elles le brident elles-mêmes. Ma foi, Monsieur, la bécasse est bridée. Mol.

Il y a aussi une bécasse de mer, qui est un oiseau plus gros qu’un canard. Elle a le bec long de quatre doigts, la tête, le cou, le dessus de l’estomac, & le bout de la queue, noires, le dessus du corps & des ailes, de couleur de fumée ; & les côtés avec le milieu des ailes & de la queue, blancs ; les jambes grosses & rougeâtres, & trois doigts à chaque pied, Voyez Pie de Mer.

Il y a aussi un poisson de mer qui s’appelle bécasse. Il a le bec pointu & fait en aiguille ; & sans avoir de dents, il a des mâchoires qui coupent comme une scie. Rondelet. C’est une sorte de Bécune que nos François des Îles de l’Amérique ont nommée bécasse de mer, à cause de la figure de son bec, qui est presque pareil à celui d’une bécasse, excepté que la partie d’en haut est plus longue de beaucoup que celle d’en-bas, & que ce poisson remue l’une & l’autre mâchoire avec une égale facilité. On en voit qui ont quatre bons pieds entre queue & tête, & 12 pouces de largeur. Sa tête a presque la forme de celle d’un pourceau, mais elle est éclairée de deux gros yeux qui sont extrêmement luisans. Il a la queue divisée en deux, des nageoires aux côtés & au dessous du ventre, & une empennure haute & relevée par degrés comme une crête qui commence au sommet de la tête, & s’étend tout le long du dos jusque près de la queue. Outre le bec, dont nous avons parlé, il a encore deux espèces de cornes dures, noires, & longues d’un pied & demi, qui pendent au-dessous de son gosier ; il les peut cacher aisément dans une enfonçure qui est sous son ventre, & qui leur sert de gaine. Il n’a point d’écailles ; mais il est couvert d’une peau rude, noirâtre sur le dos, grise aux côtés, & blanche sous le ventre. On en peut manger sans danger, quoique sa chair ne soit pas aussi délicate que celle de plusieurs autres poissons. Lonvill, Hist. nat. des Ant. Liv. I, c. 17, art. 9.

Bécasse. Terme de Conchyliologie. Nom d’une espèce de coquillage de mer, du genre des pourpres. Rusticula concha. Une petite bécasse épineuse. Gersaint. Elle est ainsi nommée parce qu’elle ressemble au long bec de la bécasse. La coquille en est belle.

Bécasse est aussi un terme de Vanier. C’est un outil de fer en forme de cou & de bec de bécasse, duquel on se sert pour enverger les hottes & les vans.

BÉCASSEAU. s. m. C’est le petit de la bécasse. Rusticula minor. C’est aussi une des trois espèces de bécassines. Voyez ce mot.

BÉCASSINE. s. f. Autre oiseau plus petit que la bécasse, & qui a le bec long & noir au bout. On compte ordinairement trois espèces de bécassines, qui sont différentes pour le goût. La première, que l’on nomme aussi bécasseau, a le plumage du dos à peu près semblable à celui de la caille, les ailes plus noires, & le ventre plus blanc. Elle a une tache blanche à l’extrémité de l’aile ; son bec a quatre doigts de long, le bout en est noir & cannelé, taché de différentes couleurs, & gros à l’extrémité. Elles se tiennent dans les prairies & les lieux découverts, pendant l’hiver, & se retirent au printemps comme les bécasses. Les bécassines de la seconde espèce sont de même grosseur que celles de la première. Leur bec est plus pointu, uni & tout noir. Leur plumage, à la tête & sur le dos, est brun, ou cendré-obscur ; le dessous de la gorge & la poitrine moucheté de blanc. Le ventre, les cuisses & le dessous de la queue d’un très-beau blanc ; les grosses plumes de la queue mouchetées de noir. Elles aiment les lieux aquatiques. On ne sait si les anciens ont connu cet oiseau. Belon, Liv. IV, ch. 2, croit que c’est celui qu’Aristote nomme Cinclus, Κίγκλος. Les bécassines de la troisième espèce sont plus petites que les autres, & plus semblables à la première espèce qu’à la seconde. Seulement leurs plumes sur le dos sont de couleurs changeantes, à peu près comme celles de l’Etourneau. Les bécassines au reste, de quelque espèce qu’elles soient, sont plus tendres & plus délicates que les bécasses. C’est un des plus excellents mets, & l’aliment le plus capable d’exciter & de réveiller l’appétit. La seconde espèce est pourtant plus estimée.

Il y a encore une quatrième espèce de bécassine, appelée en latin Tringa. Cet oiseau est de la grandeur d’une grive ; son bec est noir & long de deux doigts, un peu courbé à l’extrémité, la langue bien aiguë, qui est de la longueur de celle de la Mésange, & qui se cache de même. Le haut de sa tête, de son cou, de son dos & de ses ailes, est brun, tirant un peu sur le châtain ; mais en toutes les parties, & principalement aux ailes on voit quelque blancheur aux plumes, autour des yeux, au menton, à la poitrine, au ventre &c au croupion : elles sont pareillement blanchâtres. Les douze plumes dont la queue est composée, sont traversées de lignes blanches & noires. Ses jambes sont longues de cinq doigts, & sont d’une couleur composée de brun & de vert. Ses trois doigts de devant s’étendent quasi d’une demi-paume : celui de derrière est très-court. On dit proverbialement tirer la bécassine ; pour dire tromper au jeu, en cachant son habileté & sa force. Ac. Fr.

BECCABUNGA, ou Becabunga. s. m. Plante aquatique, qui est une espèce de Véronique. Elle pousse des tiges rondes, grosses, rameuses, rougeâtres, inclinées vers la terre. Ses feuilles sont assez larges, épaisses, arrondies, crénelées, d’un vert tirant sur le noir. Ses fleurs sont en forme d’épis, de couleur bleue, & disposées en rosettes à quatre quartiers. Son fruit renferme des semences fort menues. Cette plante fleurit au mois de Mai & de Juin. Elle contient beaucoup de sel essentiel, d’huile, & de flegme. Elle est détersive, vulnéraire, apéritive, propre contre le scorbut, les rétentions d’urine & des menstrues ; contre la gravelle, & pour faciliter l’accouchement. On prend le beccabunga en décoction, ou on le mange comme le cresson d’eau ; mais on ne l’ordonne qu’aux personnes d’un tempérament sec & chaud.

BEC-FIGUE. Voy. Becafigue. Bec-figue est plus usité.

BECHA. s. f. Nom que l’on donnoit autrefois dans l’Ordre de S. François à l’habit des Religieux de cet Ordre. Becha. Une partie des Clarentins ne pouvant souffrir que leurs confrères eussent abandonné leurs observances, & quitté leur habit qu’ils appeloient Bêcha, ne voulurent plus avoir de communication avec eux. P. Hélyot, t. 8, p. 63.

BECHARU. s. m. C’est le nom qu’on donne en France à un oiseau que les Latins nomment Phœniscopterus, & les Grecs Φοινικόπτέρος. Cet oiseau a le plumage rouge, & est fort beau ; c’est de-là qu’il tire son nom, comme le dit Martial, Lib. 13, epig. 71. Dat mihi penna rubens nomen. C’est un oiseau aquatique & de passage ; il barbote dans l’eau comme le Cygne. Il a la voix si forte, qu’on la prend pour le son d’une trompette. Voyez ce qu’en disent Dampier, le P. du Tertre & Rochefort dans leurs Voyages ; l’Histoire naturelle qu’en a faite M. Douglas, & l’Histoire de l’Académie des Sciences, où l’on en trouve une description fort exacte. Le Becharu étoit fort estimé chez les Romains, principalement la langue qu’ils regardoient comme un mets délicieux.

BÊCHE. s. f. Terme d’agriculture, & plus particulièrement de jardinage. Ligo, marra. C’est un outil de fer, qui est plat, large à peu près de 8 à 9 pouces, & long d’environ un pied, assez mince par en-bas, & un peu plus épais en haut, sur-tout au milieu, où le fer est tourné en manche rond d’environ trois pouces, & long de trois à quatre, par lequel ce fer est encore emmanché d’un manche de bois de près de trois pouces de tour, & de trois pieds de long. On se sert de cet instrument ainsi emmanché pour couper la terre, la remuer, labourer un jardin ; ce qui se fait en tenant le manche des deux mains, & enfonçant le fer de sa hauteur, c’est à-dire, d’environ un pied dans la terre, appuyant, s’il est besoin, le pied sur ce fer, pour couper ainsi la terre, la renverser sens dessus dessous, & par ce moyen déraciner & faire mourir les méchantes herbes, & disposer la terre à recevoir une nouvelle semence, ou un nouveau plant. La Quint. & Lig. La terre qui a été labourée avec la bêche est toujours bien façonnée.

Nicot dérive ce mot de bec. D’autres le dérivent par métathèse de l’hébreu scheber, qui signifie fraction, parce qu’elle sert à couper la terre. D’autres le dérivent de becca, besca, & bessa, mots de la basse latinité signifiant la même chose, eo quod becci seu rostri formam referat. Du Cange le dérive de vanga, mot de la basse latinité dont se servent les Italiens en la même signification.

BÈCHE. s. f. Petit animal. Insecte. La bèche est une espèce de petit scarabée, moins gros qu’un moucheron ordinaire, revêtu d’une écaille verte, qui est relevée d’un bout à l’autre par l’or le plus éclatant. Il a au lieu de tête une espèce de trompe dure, fort longue, armée de plusieurs scies, avec lesquelles il fait beaucoup de tort aux raisins. Il n’en fait pas moins aux feuilles encore tendres, qu’il roule autour de lui comme un cornet, & qu’il tapisse d’une sorte de toile ou de duvet pour y déposer ses œufs. En hiver il se retire sous terre ou dans les fumiers, où il demeure endormi. On s’applique à rechercher les cornets qui renferment les œufs, & on les brûle au pied de la vigne. Spect. de la Nat. Ces petits insectes ont beaucoup d’autres noms qui sont dans les Dictionnaires, par exemple, Coupe-bourgeon, Liset ou Lisette, Vercoquin, Urebec, en latin Convolvulus & Volucra.

BECHEBOIS. s. m. C’est un des noms que Cosgrave donne à l’épéque & dont il a fait un article particulier.

BÉCHÉE, ou BECQUÉE, s. f. Ce qu’on donne à un petit oiseau pour le nourrir ; ou ce qu’un grand oiseau porte à ses petits, & qu’il tient au bec. Esca. A Paris on dit becquée.

BECHEN, ou BÉEN. s. m. Racines qu’on apporte du Mont-Liban. Il y en a de blanc & de rouge. L’un & l’autre, mais sur-tout le blanc, fortifie, tue les vers, augmente la sémence, résiste au venin, apaise les convulsions, & entre dans les compositions alexitères.

BÊCHER. v. a. Labourer la terre avec une bêche. Ligone, marrâ terram fodere. Bêcher la terre. Voyez Bêche. On dit proverbialement de celui qu’on occupe à un travail trop pénible, qu’il aimeroit mieux bêcher la terre.

BÊCHÉ, ÉE. part.

BECHET. s. m. C’est le nom qu’on donne à une espèce de chameaux : ils ont deux bosses sur le dos, & sont plus propres à monter que les autres.

☞ BECHIN, BECHINI, WECHIN. Bechinum. Petite ville de Bohème, dans le cercle auquel elle donne son nom.

BÉCHIQUE, adj. m. & f. souvent employé substantivement. C’est un remède propre pour les incommodités du poumon & de la poitrine. On l’appelle aussi pectoral. Béchique est aussi un terme de Médecine, qui signifie ce qui a rapport à la toux. Un remède béchique est un remède bon pour guérir de la toux. On appelle simplement des béchiques, des tablettes qu’on fait pour guérir de la toux. Il y a des plantes béchiques ou expectorantes.

Ce mot est grec, & vient de βήξ, βηχός, tussis, la toux.

BÉCHOTER. v. a. Terme de Jardinier. Labourer légèrement avec la bêche. Voyez Bequiller.

☞ BECK. Poids dont on se sert en Angleterre pour peser des marchandises sèches.

☞ BECKEM, ou BECKEN. Petite ville d’Allemagne, en Westphalie, dans l’Evêché de Munster.

☞ BECKLE,ou BECOLES. Petite ville d’Angleterre, au Comté de Suffolk.

☞ BECLAS. Nom forgé, dit-on, à plaisir par le célèbre Photius, qui fut chassé par Basile du siège de Constantinople où cet Empereur l’avoit placé. Pour entrer dans les bonnes grâces de l’Empereur, il imagina une histoire qu’il composa comme il voulut. Elle étoit écrite en anciens caractères d’Alexandrie, où il faisoit un détail de la noblesse & de la famille de Basile. Parmi les endroits fabuleux de cette histoire, il y en avoit un où il donnoit à l’Empereur le nom de ΒΕΚΛΑΣ, Beclas, & par le moyen d’un certain Théophanes, qui lui étoit affidé, il fit mettre ce volume dans la Bibliothèque du Prince. Quelque temps après, Theophanes fort entendu à jouer son rôle, vint trouver l’Empereur pour lui dire qu’en fouillant dans la Bibliothèque, il étoit tombé par hasard sur un ancien livre écrit en caractères inconnus. Basile, curieux de savoir ce qui y étoit contenu, fit plusieurs questions à Théophanes qui lui dit qu’il n’y comprenoit rien, & qu’il n’y avoit que Photius seul qui pût déchiffrer ces sortes d’écritures. Aussitôt Photius, rappelé de son exil par l’ordre de l’Empereur, commença par expliquer le Beclas, mot mystérieux, en faisant signifier un nom propre à chaque lettre. B, Basile, l’Empereur même ; E, Eudoxie, nom de l’Impératrice la femme ; C, Constantin ; A, Alexandre ; S, Stephanus, Etienne, tous trois fils de l’empereur, auxquels il interprétoit tout à leur avantage. Par cette ruse Photius rentra dans la faveur du Prince, & s’y insinua si bien, qu’après la mort du Patriarche Ignace, il fut remis sur le siège de Constantinople d’où il avoit été honteusement chassé quelques années auparavant. Nicetas est le seul Auteur qui rapporte ce fait, qui a bien l’air d’une fable.

BECNAUDE. s. f. Mot injurieux qui est en usage dans quelques Provinces de France, & sur-tout à Meaux, pour signifier une femme criarde, ou qui a mauvaise langue. L’histoire fabuleuse de S. Faron & de S. Fiacre fait mention d’une Becnaude, dont on peut voir un trait dans l’Histoire de l’Eglise de Meaux, Tom. I, p. 55.

BECQUÉ, ÉE. adj. Terme de Blason qui se dit d’un oiseau qui a le bec d’un autre émail que le reste du corps. Rostratus, rostro instructus. Un aigle de fable becqué & membre de gueules.

☞ BECQUÉE. Voyez Bêchée.

BECQUER, BECQUETER ou BECHER, v. a. qui se dit en Fauconnerie d’un oiseau qui prend la becquée tant qu’il en peut attraper d’un coup de bec. L’Académie n’adopte que becqueter. Il signifie aussi donner des coups de bec. Rostro appetere, impetere. Les poires deviennent pierreuses aux endrois où les oiseaux les ont becqueté. Un Peintre ayant si bien peint un raisin, que les oiseaux le venoient becqueter, son camarade s’avisa de peindre un rideau avec tant d’artifice, que l’autre ordonna de le tirer pour voir ce qu’il cachoit. Ablanc.

Se Becqueter, signifie, se battre à coups de bec ; comme sont les coqs ou se caresser avec le bec comme font les pigeons. Acad. Fr.

☞ BECQUETÉ, ÉE. part.

☞ BECQUERELLE. s. f. Vieux mot. Brocard.

☞ BECQUILLON. Fauconnerie. Voyez Bequillon.

☞ BECSANGIL. Province de la Turquie asiatique, & partie de la Natolie.

BECTASCHITE. s. m. Espèce de Religieux Turc. Les Bectaschites sont ainsi nommés du nom de Bectasch leur Instituteur, fameux par de prétendus miracles & des prophéties.

☞ BECTASCHITES. Autre secte de Mahométans qui est suivie par quelques Janissaires. Ils se nomment autrement Zeratites, & le vulgaire les appelle Mun-Sconduren, c’est-à-dire, ceux qui éteignent la chandelle, des mots, mun, chandelle, & scanduren, qui éteint, à cause des excès auxquels ils le livrent dans leurs assemblées à la faveur de l’obscurité. Ceux qui font profession de cette secte ne croient pas qu’il soit permis de donner des attributs à Dieu, parce qu’il est un être très-simple, & que nos conceptions ne peuvent approcher de la perfection de son essence. Ils n’ont aucun égard à la proximité du sang, ni au degré de parenté, & commettent, sans scrupule, toutes sortes d’incestes, même les pères avec leurs filles, & les mères avec leurs fils. Depuis la mort de Bectas Aga, Général des Janissaires, leur protecteur, ils ont eu peu de crédit. Ricaut, de l’Empire Ottoman, cité par Mor.

BECUIBA. s. f. Espèce de noix brune, fort commune au Brésil. Elle est de la grosseur d’une noix muscade : elle est composée d’une amande huileuse renfermée dans une coquille ligneuse. On met cette amande au rang des balsamiques, & on l’emploie dans les paralysies & les rhumatismes. Dict. de James. Nux becuiba.