Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ALARME

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 207).
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ALARME. s. f. Signal qu’on donne par des cris, ou par des instrumens de guerre, pour faire prendre les armes dans l’arrivée imprévue d’un ennemi. Conclamatio ad arma.

☞ On dit sonner, donner l’alarme. A l’approche, ou sur le bruit de l’approche de l’ennemi, on crioit autrefois à l’arme , à l’arme, au lieu de crier aux armes : & c’est de-là sans doute que s’est formé le mot d’alarme.

Alarme, se dit encore d’une émotion causée dans le camp, ou dans une ville assiégée à l’approche des ennemis. Pavor, trepidatio. On dit que l’alarme est au camp, que les ennemis donnent de fréquentes alarmes.

☞ Poste d’alarme. C’est un espace de terrain que le Quartier-Mestre général, ou le maréchal général des logis assigne à un régiment, pour y marcher en cas d’alarme. Dans une garnison, c’est le lieu où chaque régiment a ordre de venir se rendre dans des occasions ordinaires.

☞ Pièces d’alarme. C’est ordinairement quelques pièces de canon placées à la tête du camp, toujours prêtes à être tirées au premier commandement.

☞ Au figuré, ce mot désigne une frayeur subite. On prend souvent l’alarme bien légérement. Une alarme chaude. Une fausse alarme, sans sujet, sans fondement. Quelquefois il signifie inquiétude. Alors on l’emploie d’ordinaire au pluriel. Il étoit dans de continuelles alarmes de la perte de son procès. Cette femme étoit toujours en alarme pour son mari qui étoit à la guerre. Vous avez pris l’alarme bien légérement. Nous voyons finir nos alarmes. Mol. Tenir la pudeur en alarme. Id.

l’Alarme est un mouvement de l’ame occasionné par l’approche inattendue d’un danger apparent ou réel qu’on croyoit d’abord éloigné. L’effroi naît de ce qu’on voit ; la terreur, de ce qu’on imagine ; l’alarme, de ce qu’on apprend ; la crainte, de ce qu’on fait ; l’épouvante de ce qu’on présume ; la peur, de l’opinion qu’on a ; & l’appréhension, de ce qu’on attend. Voyez sous ces articles, les différences particulières de tous ces synonymes.

l’Alarme suppose une vue du danger : elle fait courir à la défense. La vue de l’ennemi nous alarme. On porte l’alarme au cœur.

☞ Corneille, dans sa tragédie de Rodogune, n’a pas fait attention à l’idée que présente ce mot, en disant, sur nos fiers ennemis, rejetons nos alarmes.

☞ L’expression est impropre, dit Voltaire. On ne rejette point des alarmes sur un autre, comme on rejette une faute, un soupçon, &c. Les alarmes sont dans les hommes, parmi les hommes, & non sur les hommes. La propriété des termes est toujours fondée en raison.

Alarme. Marot a fait ce nom masculin.

Ainsi tu scez combien par faux alarmes,
La mort a fait, pour toy, jeter des larmes.

Pour fausses alarmes.