Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AVENIR

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 631).
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AVENIR. v. n. Arriver vaut mieux : se dit de l’événement des choses ; de ce qui en peut arriver. Evenire, contigere. Je veux pousser cette affaire, quoiqu’il en puisse avenir. S’il vous avient jamais de retomber en faute, vous en serez châtié. Il est avenu tout le contraire de ce qu’on lui avoit prédit. S’il avient que je meure, ce sera d’amour. Gom. Il ne se conjugue que dans les troisièmes personnes.

AVENU, UE. part. Quod evenit, contigit. Il faut attendre que le cas soit avenu, avant que de faire cette demande. On dit au Palais, il faut regarder cette procédure comme non fait, & non avenue.

AVENIR. s. m. Temps futur, qui n’est pas encore présent. Futurum. Dieu, à qui l’avenir est présent, voyoit, &c. Peliss. Il seroit indigne de dieu, de se servir de signes aussi vagues, & aussi obscurs que le sont ceux que l’on débite pour des présages de l’avenir. Bayl. Comme le souvenir du passé donne du plaisir, l’espérance de l’avenir en donne aussi. M. Scud. C’est un effet de la Providence de dieu, de nous avoir caché nos maux, & de nous développer notre pénitence peine à peine, de peur que nous soyons rebutés. Il ménage nos craintes, & il épargne à notre foiblesse la connoissance importune d’un fâcheux avenir. Flech. La connoissance de l’avenir est réservée à Dieu. Les sciences qui prédisent l’avenir, sont toutes vaines & sans fondemens. Les Lois n’ont de force que pour l’avenir, & non point pour le passé. Dans le sombre avenir je ne vois pas trop clair. Bens. Nous ne nous tenons jamais au présent : nous anticipons l’avenir, comme trop lent, & pour le hâter ; & nous rappelons le passé pour l’arrêter comme trop prompt. Pasc. La curiosité insatiable de savoir l’avenir, a fait inventer une infinité de manières de divination toutes chimériques, dont les hommes n’ont pas laissé de se payer. Bayl. Pourquoi fouiller dans l’avenir pour se rendre malheureux. Port-R. Il y a de l’imprudence à hasarder l’avenir pour le présent. S. Evr. L’idée de la mort l’afflige d’autant plus, qu’elle ne lui laisse voir qu’un long avenir derrière un rideau, qui redouble ses inquiétudes. Abad. Le passé est un abîme qui engloutit toutes choses, & l’avenir est un autre abîme impénétrable. L’avenir s’écoule dan le passé. Nicol.

Le regret du passé, la peur de l’avenir,
Le chagrin du présent, penser qu’il faut finir ;
Ce sont les beaux présens que nous fait la raison.

S. Evr.
.

Vaines réflexions ! inutiles discours !
L’homme malgré votre secours,
Du frivole aveir sera toujours la dupe.

Des-Houl
.

Avenir, se dit quelquefois des personnes avenir, les hommes des siècles futurs, la postérité. Ainsi dans un sonnet aux officiers François qui servoient un Prince étranger, on a dit :

L’incrédule avenir refusera de croire
Qu’après avoir servi sous le plus grand des Rois,
Vous ayez lâchement abandonné ses lois,
Pour suivre des drapeaux qu’abhorre la victoire.

Oui, du malheur public s’en prenant à ton nom,
Le sévère avenir demandera raison.

Le P. Chomel. J.

Tout l’avenir dira, regrettant le repos
Que viendra lui ravir la fureur des Héros ;
Louis toujours vainqueur pendant dix ans de guerre,
Fit bien plus en calmant, qu’en soumettant la terre.

Avenir. Terme de Palais, assignation, ou acte qu’on signifie à une Procurent de partie adverse, pour se trouver à l’audience pour venir plaider. In jus vocation denuntiatio vadimonii. Il y a avenir précis à ce jour pour plaider. Donner, faire signifier un avenir.

A l’Avenir. Façon de parler adverbiale, qui signifie, désormais. Vous en userez à l’avenir comme il vous plaira. Ne faites plus cela à l’avenir. Acad. Fr.