Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DEGRÉ

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 179-182).
DÉGRÉER  ►

DEGRÉ. s. m. Terme d’Architecture, synonyme d’escalier, partie d’un bâtiment qui sert à monter & à descendre. Scalæ. Le grand degré du Palais. Un petit degré. Un degré dérobé, de dégagement. Ce terme est devenu bourgeois. On dit aujourd’hui escalier.

Degré, est aussi chaque marche d’un escalier. Gradus. Il lui a fait sauter les degrés quatre à quatre. Les Anciens donnoient à leurs degrés neuf à dix pouces de hauteur de leur pié, qu’on appelle pié Romain antique, ce qui revient à neuf, ou un peu moins de notre pié de Roi ? ils donnoient de giron à leurs degrés les trois quarts de leur hauteur, c’est-à-dire, un de nos piés de Roi, plus ou moins, ce qui faisoit des degrés trop hauts & pas assez larges. Aujourd’hui l’on donne aux degrés cinq ou six pouces de hauteur, & treize ou quatorze de giron dans les grands escaliers, ce qui rend nos degrés beaucoup plus commodes que ceux des Anciens. Les siéges des théâtres des Anciens étoient en façon de degrés, & chaque degré servant de siège avoit deux fois la hauteur des degrés qui servoient à monter & à descendre. Voyez les notes de M. Perrault sur Vitruve, l. 3 & 5. Daviler, Cours d’Architecture.

☞ Ce mot se prend au figuré à-peu-près dans le même sens qu’au propre : c’est ainsi qu’en Grammaire on dit degré de comparaison ou de signification en parlant des adjectifs qui, par leur différente terminaison, ou par des particules prépositives servent à relever ou à rabaisser la signification de l’adjectif, c’est-à-dire, à marquer un rapport de plus ou un rapport de moins dans la qualité de deux ou de plusieurs choses comparées, ou cette même qualité portée au suprême degré de plus ou de moins. Voy. Positif, comparatif & superlatif.

Degré, se dit encore dans un sens métaphorique 1o. de la différence interne qui se trouve entre les mêmes qualités, lesquelles ne peuvent être distinguées que par le plus ou le moins de force qu’elles ont dans plusieurs sujets, ou successivement dans le même sujet. 2. Des différentes choses, des emplois, des dignités qui servent de moyens pour s’élever à de plus grandes, & généralement des choses qui sont susceptibles de plus ou de moins. Degrés de mouvement, degrés de chaleur. Gradus. De ce degré d’ambition qui fait les Héros, il y a peu de distance à celui qui fait des Usurpateurs & des Tyrans. P. Dan. Un Ministre d’Etat, pour laisser à ses créatures l’idée de la bassesse d’où il les tire, ne les fait monter que par degrés. S. Evr. Parvenir des emplois les plus bas aux plus élevés, c’est monter par degrés.

Ainsi que la vertu le crime a ses degrés. Racine.

Il faut aller de degré en degré. Gradatim. Pour venir au dernier degré de perfection, au plus haut degré d’honneur, de gloire, de vertu, de réputation. A quel haut degré de perfection l’éloquence de la Chaire n’a-t-elle point été portée de nos jours ? M. Dacier.

Mais dans l’art dangereux de rimer & d’écrire,
Il n’est point de degrés du médiocre au pire. Boil.

Il y a plusieurs degrés de gloire dans le Paradis, plusieurs degrés de peine dans l’Enfer. Le zèle se mesure par les degrés d’empressement que l’on a pour ramener les Hérétiques dans le sein de l’Eglise. On ne demande pas le degré le plus éminent d’évidence pour la révélation. Chacun raisonne selon le degré de compréhension & de capacité qu’il a reçu de Dieu. Id. Les vertus chrétiennes sont autant de degrés pour monter au ciel.

DEGRES MÉTAPHYSIQUES. Terme de Philosophie. On entend par-là les différentes propriétés ou perfections d’une même chose, & on les appelle degrés, parce que l’on monte de la plus simple & la plus générale, à la plus parfaite & la plus composée, qui renferme toutes les précédentes. Par exemple, Etre, substance, vivant, animalité, rationabilité. Gradus Metaphysici. On demande en Philosophie quelle distinction il faut admetre entre les degrés Métaphisiques. Les Scotistes répondent qu’il y a entre ces perfections une distinction formelle. Les Thomistes prétendent qu’elles ne sont distinguées que virtuellement, & les Nominaux qu’elles ne le sont que mentalement & par la raison. Question frivole, abandonnée aujourd’hui aux Irlandois.

On appelle aussi degrés de Jurisdiction, les Tribunaux dont on peut appeler à un autre. Jurisdictionis gradus. Il y a trois degrés de jurisdiction Seigneuriale, la basse, la moyenne & la haute justice. Voyez JUSTICE.

☞ On n’appelle point de la basse justice à la moyenne, on va droit à la haute ; ce qui est une exception de la règle qui veut que tout appel soit porté gradatim, au Juge supérieur non omisso medio.

☞ A l’égard des appellations interjettées des sentences du moyen justicier, elles vont conformément à la règle ordinaire, à la haute justice.

☞ Ainsi pour parvenir au Juge Royal, il ne peut y avoir que deux degrés de jurisdiction au plus.

☞ Il y a aussi trois degrés de jurisdiction Royale : savoir

☞ Celui des Châtelains, Prévôts Royaux ou Viguiers.

☞ Celui des Baillifs, Sénéchaux ou Présidiaux

☞ Et celui des Parlemens qui jugent souverainement & en dernier ressort les appellations desdits Baillifs & Sénéchaux-

☞ Il y a quatre degrés de jurisdiction Ecclésiastique ; celui de l’Evêque, celui de l’Archevêque, celui du Primat & celui du Pape.

☞ Il faut nécessairement passer d’un degré au suivant, gradatim & non omisso medio : de l’Official de l’Evêque à celui de l’Archevêque, de celui-ci au Primat, & du Primat au Pape ; excepté quand l’appel est interjeté comme d’abus : car il arrive directement, & sans moyen, au Parlement. Voy. appel comme d’abus. Il y a encore des cas particuliers où l’on n’est pas obligé de passer par ces quatre degrés de jurisdiction Ecclésiastique, par exemple lorsque les Evêques ou Archevêques sont immédiatement soumis au Pape.

☞ De plus on ne va pas toujours depuis l’Evêque jusqu’au Pape : car, quand il y a trois sentences définitives, qui sont conformes en jurisdiction Ecclésiastique, on n’en peut plus appeler.

Degré, se dit aussi, dans les Universités, des Lettres qu’on donne à quelqu’un pour lui permettre d’enseigner, après qu’il en a été jugé capable, ou plutôt, du pouvoir & du rang qui lui est conféré par ces lettres. Le degré de Maître ès Arts, de Bachelier, de Licentié, ou de Docteur ; ces trois derniers se donnent en Théologie, en Droit Civil & Canon, & en Médecine, qui sont les Facultés supérieures. Pour le degré de Maître ès Arts il faut avoir étudié deux ans en Philosophie. Pour le degré de Bachelier en Droit Civil, ou en Droit Canon, cinq ans. Pour celui de simple Bachelier en Théologie, six ans. Pour le degré de Docteur, ou de Licentié en Droit Civil, en Droit Canon ou en Médecine, sept ans ; & pour le degré de Docteur, ou de Licentié en Théologie, dix ans. Celui qui a acquis l’un de ces degrés doit obtenir des Lettres de l’Université où il les a pris.

☞ On confond assez souvent deux expressions qui signifient pourtant des choses bien différentes, avoir des grades, & avoir des degrés. Avoir des grades, c’est en France, avoir droit à certains Bénéfices en vertu du temps des études faites dans une Université, où l’on a reçu le titre de Maître ès Arts & avoir des degrés, c’est être de plus Bachelier, Licentié, ou Docteur.

Degré, en termes de Jurisprudence, se dit de la distance entre parens, ou des générations suivant lesquelles on compte la proximité, ou l’éloignement des parentés & alliances. Cognationis gradus. Grégoire le Grand fut le premier qui défendit les mariages jusqu’au septième degré. Les Canonistes ont long-temps maintenu cet usage. Le II. Concile de Latran sous Innocent III. a restraint la prohibition des mariages au quatrième degré inclusivement. L’ordonnance a permis les récusations & les évocations jusqu’au quatrième degré de parenté & d’alliance inclusivement, c’est-à-dire, jusqu’aux enfans des cousins issus de germains, & en matière criminelle, jusqu’au cinquième degré. Un père & son fils sont parens au premier degré. On se règle par la supputation Canonique pour les mariages & pour les récusations. Le Droit Civil compte les degrés de parenté autrement que le Droit Canon. Le Droit Civil compte les degrés par le nombre des personnes qui sont sorties d’une même souche, ensorte que chaque personne qui en est issue fait un degré : mais avec cette différence, qu’en ligne directe l’ordre commence par le premier degré, ainsi le père & le fils sont parens au premier degré ; mais en ligne collatérale l’on ne compte point de premier degré. Deux frères ne sont parens qu’au second degré, parce que le père, qui est la tige commune, fait le premier degré. Le Droit Canonique garde la même règle en ligne directe ; mais en ligne collatérale une génération ne fait qu’un degré. C’est le Pape Grégoire le Grand qui commença à compter les degrés autrement que le Droit Civil. Les frères sont au premier degré, & les cousins germains au second ; au lieu que le Droit Civil met les frères au second, & les cousins germains au troisième ; par conséquent deux degrés du Droit Civil n’en font qu’un selon le Droit Canonique. On suppute même entre deux personnes qui ne sont pas dans une égale distance, par celle qui est la plus proche ; comme entre l’oncle & la nièce, quand il s’agit d’un mariage. Ils sont du premier au second degré. Sous le premier degré est compris le second, & le troisième sous le second, ensorte que, ne pouvant épouser la mère, on ne peut épouser la fille. Le premier degré imprimant cette répugnance au second, c’est comme si ces degrés rentroient les uns dans les autres. On dit absolument, au Palais, il y a des parens au degré, pour dire, il ne peut être jugé.

Degré, se dit des différentes espèces de parenté, ou d’affinité, & de l’éloignement qu’elles ont d’une souche commune. Il y a des degrés de consanguinité ou de parenté, & des degrés d’affinité. Les degrés d’affinité sont les mêmes que les degrés de parenté. Il y a des degrés de parenté en ligne directe, & d’autres en ligne collatérale. Il y a, en l’une & l’autre ligne, des degrés ascendans & des degrés descendans. En ligne directe, les degrés ascendans sont, le premier père & mère, le second aïeul & aïeule, le troisième bisaïeul & bisaïeule, le quatrième trisaïeul & trisaïeule. Les degrés descendans sont, le premier fils & fille, le second petit-fils & petite-fille, le troisième arrière-petit-fils & arrière-petite-fille, le quatrième fils de l’arrière-petit-fils, fille de l’arrière-petit-fils.

En ligne collatérale les degrés ascendans, 1o. père & mère ; 2o. oncle paternel & tante paternelle, oncle maternel & tante maternelle ; 3o. grand-oncle paternel, grand’tante paternelle ; grand-oncle maternel, grand’tante maternelle, 4o. pere du grand oncle ou de la grand’tante paternels ; pere du grand-oncle ou de la grand’tante maternels.

Dans la même ligne les degrés descendans sont, 1o. le frère & la sœur ; 2o. les fils ou les filles du frère & de la sœur, que nous appelons cousins germains & cousines germaines ; 3o. les cousins & cousines issus de germains, c’est-à-dire, les petits-fils ou petites-filles du frère ou de la sœur ; 4o. les fils ou filles de ceux-ci.

On dit, ils sont parens au premier degré, au second, au troisième & quatrième. Les noces étoient autrefois défendues jusqu’au septième degré, elles ne le sont plus que jusqu’au quatrième. Ces nouveaux mariés ont eu besoin de dispense, à raison de leur parenté ; mais ils n’ont pas eu de peine à l’obtenir, parce qu’ils ne sont parens qu’au quatrième degré.

Degré de Noblesse, c’est la distance qu’il y a d’une génération à l’autre, depuis le premier qui a été annobli. Celui qui est annobli fait dans sa ligne le premier degré ; les enfans font le second, les petits-enfans le troisième, &c.

Degré, en termes de Fauconnerie, se dit de l’endroit où l’oiseau durant sa montée ou élévation en l’air tourne la tête, & prend une nouvelle carrière, qu’on appelle second ou troisième degré, jusqu’à ce qu’il se perde de vue au quatrième.

Degré, signifie encore, comme nous l’avons déjà dit, une certaine extension des qualités élémentaires, ou la différence de plus & de moins que les philosophes supposent dans chacune des quatre premières qualités. Ainsi l’on dit que le feu est chaud au huitième degré ; que le poivre est chaud, qu’une plante est chaude au deuxième, au troisième degré.

En termes de physique ancienne, les mêmes qualités sont divisées en huit. Le dernier ou souverain degré d’intension s’appelle dans l’Ecole, ut octo. Le feu est chaud au huitième degré, & sec au quatrième.

En termes de Chimie, on appelle, donner le feu par degrés, lorsqu’on ouvre, ou qu’on ferme les registres, ou trous, qu’on fait exprès dans les fourneaux pour augmenter ou diminuer la violence du feu. Les Chimistes distinguent quatre degrés de feu, ou de chaleur. Le premier degré est celui que font seulement deux ou trois charbons. Le second est celui que font quatre ou cinq charbons, ou bien autant de feu qu’il en faut pour échauffer sensiblement un vase, en sorte néanmoins que l’on puisse tenir la main dessus pendant quelque-tems. Le troisième degré est lorsqu’il y a un feu capable de faire bouillir un pot plein de 5 ou 6 pintes d’eau. Le quatrième degré est quand le feu est assez grand pour faire une fournaise. Au reste tous ces degrés se varient différemment selon les différentes circonstances des opérations, la différence des fourneaux, des vaisseaux, de la matière, &c. Harris.

☞ On dit de même en physique, degrés de masses, de vîtesse, de mouvement ou de force. On entend par masse, le poids, la quantité de matière d’un corps. La vîtesse est un terme relatif à l’espace parcouru & au temps employé à le parcourir : plus l’espace parcouru par un corps est grand, & le temps qu’il a employé à le parcourir, court ; plus la vîtesse est grande. La force est le produit de la masse multipliant la vîtesse. Ainsi la force d’un corps qui a 10 de masse & 20 de vîtesse, ou 20 de masse & 10 de vîtesse, est 200, parce qu’en multipliant 10 par 20, ou 20 par 10, le produit est 200. La masse, la vîtesse, la force d’un corps sont susceptibles de plus ou de moins ; & c’est pour marquer les différens rapports de plus ou de moins des corps comparés ensemble, que les Physiciens se servent du mot degré. Ainsi l’on dit que si le corps A par exemple a 10 degrés de masse, avec 10 degrés de vîtesse, & que le corps B n’ait que 5 degrés de masse avec 5 degrés de vîtesse, le premier aura 100 degrés de force, pendant que le second n’en aura que 25. Si un cheval qui a 100 de force, tire une pierre qui en a 50, il est évident que ce cheval ne tirera pas la pierre avec 100, mais seulement avec 50 degrés de force, parce que la réaction ou la résistance étant égale ou contraire à l’action ou à la compression, les forces égales & contraires se détruisent. Ainsi les 50 de force ou de résistance qui sont dans la pierre détruisent 50 degrés de la force ou de l’action du cheval qui la tire.

Degré, se dit aussi des différentes parties dans lesquelles plusieurs instrumens de mathématique, comme l’arbalête ou bâton de Jacob sont divisés. Les divisions qui sont aux Baromètres & aux Thermomètres servent à marquer dans le premier la pesanteur actuelle de l’air, & dans le second le plus ou le moins de chaud. Le Baromètre est descendu à 27 degrés. Le Thermomètre est monté à 30 degrés. Voyez Baromètre, Thermomètre.

Degré, en termes de Géométrie & d’Astronomie, est la division qu’on fait sur les cercles pour servir de mesures. Tout cercle se divise en 360. degrés, & chaque degré en 60. parties égales, qui sont les minutes. Quand on veut déterminer la grandeur d’un angle, on compte les degrés. Par exemple, quand on dit un angle de 90. degrés, on entend un angle droit, parce qu’il comprend la quatrième partie de la circonférence d’un cercle. Cet astre est élevé de tant de degrés sur l’horison, il décline de l’Equateur de tant de degrés. Cette ville a tant de degrés de longitude & de latitude. Un signe a 30 degrés. Ptolomée a observé qu’un degré sur la terre valoit 68. milles & deux tiers : mais les Arabes n’ont trouvé que 56. milles, quand ils l’ont observé exactement dans les plaines de Seniar par l’ordre d’Almomoum. Ptolomée comptoit sur le pied de 500. stades pour un degré. Le mille Arabique étoit égal à sept stades & demi. Mais voici des observations plus modernes & plus certaines. Fernel a observé qu’un degré d’un grand cercle de la terre contenoit 68096. pas géométriques, qui valent 5646. toises quatre pieds de Paris. Snellius a observé que ce degré étoit de 28500. perches du Rhin ; qui font 55021. toises de Paris. Riccioli a fait le degré de 64363. pas de Boulogne, qui font 62900. de nos toises. Mais M. Picard, de l’Académie des Sciences, l’ayant mesuré par ordre du Roi avec toute l’exactitude possible, a trouvé qu’il étoit de 57060 toises suivant l’étalon de Paris, lesquelles étant réduites à la mesure universelle ou invariable qu’il établit sur la pendule, qui a sa proportion avec la toise de Paris, comme de 881. à 864. le degré se trouve de 55559. toises de la mesure universelle, & en multipliant 57060. toises par 360. on aura 20541600. toises pour la circonférence entière du grand cercle, c’est-à-dire, pour le tour de la terre, & par une suite nécessaire le rayon de la terre sera de 3267982. toises. Voici la réduction juste des degrés de diverses mesures.

Chaque degré du grand Cercle contient,
Toises du Châtelet de Paris, 57060
Pas de Boulogne, 58481
Verges du Rhin de douze pieds, 29556
Lieues Parisiennes de 2000. toises, 28¼
Lieues communes de France de 2200. toises. 25
Lieues de Marine de 2853. toises. 20
Milles d’Angleterre de 5000. pieds,
Milles de Florence de 3000. brasses,

Dans cette supputation on ne donne que 57060. toises à un degré. Cependant M. Cassini donne à la mesure moyenne d’un degré de la circonférence de la terre 57100. toises, & cette mesure a été établie par ses observations faites le long de la méridienne de Paris, depuis l’Observatoire de cette Capitale jusqu’à la montagne de Canigou dans les Pyrénées, comme l’a remarqué le P. Laval Jésuite, dans les Mémoires de Trévoux 1713. pag. 1465. En Hollande on ne donne que 15. lieues à chaque degré du grand cercle ; les Espagnols en donnent 17½. & les Italiens partagent un degré du grand cercle en 60 milles.

Quatre secondes d’un degré céleste rapportées sur la terre, valent plus de 66 toises. Ac. des Sc. 1700. Hist. pag. 120. & par conséquent une seconde du ciel est sur terre 16¾. toises, & à peu-près 17 toises, & une minute 990 toises, & le degré 59400 toises & plus. Cependant, au même endroit, on dit qu’un degré céleste répond sur la terre à une étendue de 57060 toises, ce qui ne donne à la minute sur terre que 951 toises, & à la seconde . toises. C’est évidemment une faute d’impression, & au lieu de 66, il faut lire 60.

Selon le calcul de M. Cassini que l’on vient de rapporter, la minute d’un degré de la terre est de 951. toises, . & la seconde est de 15. toises .

Degré de latitude, est l’espace de 57100. toises renfermé entre deux parallèles. Gradus latitudinis.

Degré de longitude, est l’espace renfermé entre deux méridiens.

Ces expressions sont venues des Anciens, qui connoissoient une étendue de la terre fort longue d’orient en occident, & une étendue beaucoup plus petite du midi au nord. Voyez longitude & latitude.

Degré, en termes d’Algèbre, est la même chose que puissance, Voyez Puissance.

Degré, en termes de Musique, c’est l’intervalle des sons. On marque aujourd’hui la distance des degrés par des lignes qui forment de petites bandes sur le papier ; autrefois on les marquoit par des nombres : cette ancienne méthode a été renouvellée au siècle passé par le P. Souhaity, Récollet. M. Lancelot joint ensemble les deux méthodes, l’ancienne & la nouvelle. Voyez ces Auteurs, dans les traités qu’ils ont faits sur l’art de chanter. Dans la voix il y a trois choses à considérer, son étendue, son degré d’aigu ou de grave, & sa partie. Sauv. Le degré selon M. Sauveur, dont on vient de citer les paroles, prises de ses Principes d’Acoustique, est le medium, ou son moyen d’une voix ; ainsi, quand une voix monte autant au-dessus d’une note qu’elle descend au-dessous, cette note est le degré de cette voix. Voyez l’Auteur cité, p. 64. 65.

On dit degrés conjoints, de deux notes qui se suivent immédiatement ; degrés disjoints, de deux notes qui ne se suivent pas immédiatement. C’est-à-dire, qu’on appelle degrés conjoints, quand on va de suite d’une ligne à un espace, & d’un espace à une ligne ; & degrés disjoints lorsqu’on va d’un espace à un espace, ou d’une ligne à une ligne, ce qui se fait par intervalle, en sautant une ligne ou un espace.