Aller au contenu

Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/171-180

La bibliothèque libre.
Fascicules du tome 2
pages 161 à 170

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 171 à 180

pages 181 à 190


pendant quinze ; qu’en mémoire de ce bienfait, ils obtinrent qu’on donneroit leur nom à autant de jours du mois, qu’il y en avoit pendant lesquels chacun d’eux avoit nourri le peuple. Cette table se trouve dans Tzetzez, Chil. II, Hist. VI, VII & VIII, & dans Balsamon, sur le 62e canon du VIe Concile. Il est étonnant que des Grecs ayent donné dans cette opinion ridicule ; car long-tems avant tous les Antonins le mot Calendæ étoit en usage, & ils auroient pu le voir dans Ciceron, dans Horace, dans Ovide, dans Tite-Live.

On dit proverbialement, renvoyer un homme aux Calendes grecques, pour dire, le remettre à un temps qui ne viendra point, parce que les Calendes n’étoient point en usage chez les Grecs.

Calendes se dit quelquefois dans l’Histoire-Ecclésiastique pour les conférences que les Curés & les Prêtres faisoient au commencement de chaque mois sur leurs devoirs. Collationes Calendis fieri folitœ a Clericis. Atton de Verceil fit un Capitulaire ou instruction générale à son Clergé & à son peuple, distribuée en cent articles, & tirée principalement du Capitulaire de Théodulphe, & des Conciles. Il y recommande les Calendes, c’est-à-dire, les conférences des Curés & des Clercs au commencement de chaque mois, pour s’instruire de leurs devoirs : ce qui semble n’avoir commencé qu’au siècle précédent, comme on voit par les Statuts Synodaux de Riculphe de Soissons. Fl. C’est-à-dire, au IXe siècle.

☞ Il y a eu aussi autrefois, principalement en Allemagne, des confréries, dont les membres s’appeloient frères des Calendes, parce qu’ils s’assembloient le premier jour de chaque mois, pour régler les différens actes de piété dont ils devoient s’occuper pendant le mois.

CALENDRE. s. f. Voyez Calandre. Petit oiseau du genre des alouettes.

CALENDRIER. s. m. Distribution du temps que les hommes ont ajustée à leurs usages ; table ou almanac qui contient l’ordre des jours, des semaines, des mois & des fêtes qui arrivent pendant l’année. Fasti, Calendarium. On se sert dans le Bréviaire du Calendrier Romain ou Grégorien. Le Pape Grégoire XIII a réformé le Calendrier la nuit du 4 d’Octobre ; & le lendemain, au lieu du 5, on compta le 15 du même mois de l’année 1582, en retranchant 13 jours qui s’étoient glissés de trop dans la supputation ordinaire, depuis le Concile de Nicée, tenu en 325. L’erreur venoit de ce que l’année solaire, ou Julienne, n’est pas de six heures entières au-delà des 365 jours. Il y a 11 minutes ; & ce qu’il y a de moins avoit produit un excès de 10 jours : en sorte que l’équinoxe de Mars, qui doit être au 21, étoit remonté jusqu’au onzième. Le Calendrier Romain doit sa première origine à Romulus. Il distribua le temps en certaines portions, pour l’usage du peuple qui s’étoit rassemblé sous sa conduite. Comme il connoissoit beaucoup mieux les affaires de la guerre, que les mouvemens astronomiques, il divisa l’année en dix mois, & la fit commencer au printemps, & au premier de Mars. Il s’imagina que le soleil parcouroit toutes les différentes saisons de l’année en 304 jours. Son Calendrier fut réformé sous le règne de Numa, lequel y ajouta deux autres mois, celui de Janvier & de Février, qu’il plaça avant le mois de Mars, ainsi son année étoit de 355 jours : & il la fit commencer au premier de Janvier. Cependant, à la manière des Grecs, il voulut encore faire une intercalation de 45 jours, qu’il partagea en deux, intercalant au bout de deux années un mois de 21 jours, & après deux autres années, un autre mois de 23 jours. On appela ce mois interposé, Mercedonius, ou Février intercalaire. Mais ces intercalations mal observées par les Pontifes, à qui Numa en avoit commis le soin, causèrent tant de désordre dans la constitution de l’année, que César, comme Souverain Pontife, travailla à y remédier. Il choisit Sofigenes, célèbre Astronome de son temps, lequel trouva que la dispensation des temps dans le Calendrier ne pouvoit jamais recevoir d’établissement certain & immuable, si l’on n’avoit égard au cours annuel du soleil. Ainsi comme la durée annuelle du cours du soleil est de 365 jours & 6 heures : il régla l’année à un pareil nombre de jours. Cette année de la correction du Calendrier fut une année de confusion, parce que pour absorber & consumer le grand nombre de jours (67) que l’on avoit ajoutés mal-à-propos, & qui apportoient de la confusion dans la supputation des temps, il fallut ajouter deux mois, outre le Mercedonius, qui se trouva par hazard dans la même année. Elle fut donc de 15 mois ou de 445 jours : cette réformation fut faite l’an de Rome 708 & 42 ou 43 ans avant la naissance de Jésus-Christ. Le Calendrier Romain, ou Julien, parce qu’il fut réformé par Jules César, est disposé par périodes quadriennales, dont les trois premières années, qu’il appeloit communes, sont de trois cens soixante-cinq jours ; & la quatrième bissextile de 366, à cause de 6 heures qui font un jour en 4 ans, ou un peu moins : car en 134 ans, il faut retrancher un jour intercalaire. C’est pourquoi le Pape Grégoire XIIIe ordonna que la 100e année de chaque siècle, seroit sans bissexte, excepté la 100e du IVe siècle, c’est-à-dire, qu’on fait un retranchement de trois jours bissextes dans l’espace de quatre siècles, à cause des onze minutes qui manquent aux six heures dont on compose la bissexte. M. Cassini démontre qu’au bout de 400 ans il y aura encore plus de deux jours de variation dans l’équinoxe. Les Grecs & les Protestans, excepté la Hollande, gardent encore l’ancien usage.

Outre le défaut du Calendrier Julien dont on a parlé, il y en avoit un autre dans le cycle-lunaire, en ce qu’il supposoit qu’au bout de dix-neuf ans, les lunaisons revenoient au même lieu, ce qui est faux : elles précédent d’une heure 27′ 31″ 55″′. Voyez Clarius.

M. Blondel a écrit l’Histoire du Calendrier Romain, son origine & ses changemens, & Clavius lui-même en a fait aussi un traité. Gassendi en a fait aussi un beau traité. On ne parle que de Clavius pour la réformation du Calendrier Romain. Cependant Ciaconius y travailla avec lui par l’ordre de Grégoire XIII. On a ouï dire à M. Huet que Scaliger ne se fit Huguenot que par chagrin de ce qu’on ne l’avoit pas employé à la réformation du Calendrier ; car il se trouva en ce temps-là à Rome, à la suite des jeunes Gentilshommes François, dont il avoit été Précepteur, & qui voyageoient pour lors. Tychobrahé a observé que si la réformation Grégorienne n’a pas été portée jusqu’à la dernière précision, c’est qu’il est impossible d’y arriver. On a donné le nom de Calendrier aux tables dressées pour marquer les jours de l’année, parce que le nom de Calendes se voyoit écrit en gros caractères à la tête de chaque mois. Le Calendrier Gélaléen, c’est la correction du Calendrier Persien, faite par ordre du Sultan Gélaleddin-Malekschah le Selgiucide, & ensuite par le Sultan Gélaleddin Mankbemi le Kovaresinien. D’Herbelot. Cette réforme fut faite l’an 467 de l’Egire 188 de Jesus— Christ. Voyez le même Auteur au mot Moctadi.

Calendrier. Catalogue, fastes où les Eglises écrivoient autrefois les noms des Saints qui étoient honorés par-tout, & les Saints particuliers qu’elles honoroient, c’est-à-dire, leurs saints Evêques, leurs saints Martyrs, &c. On trouve encore aujourd’hui un très-ancien Calendrier de l’Eglise de Rome. C’est le plus ancien de ces Calendriers que nous ayons. Il fut dressé vers le milieu du IVe siècle sous le Pape Libere, selon Baillet, & selon M. Chastelain, sous le Pape Jules en 336. Le P. Gilles Boucher, Jésuite d’Arras, le publia l’an 1634 à Anvers, dans ses Commentaires sur le cycle paschal. Il venoit de M. de Peiresc. Poléméus Sylvius en fit un à Rome en 448, qu’il adressa à S. Eucher, Evêque de Lyon. Il comprenoit les fête, des Gentils & des Chrétiens, qui étoient encore en très-petit nombre. Bollandus en a donné le commencement, & a promis le reste en sa préface, adressée à l’Abbé de Liessies. Le Calendrier de l’Eglise de Carthage, dressé vers l’an 483, a été découvert par le P. Mabillon, qui en trouva à Cluni une copie rongée des vers, collée autour de la couverture de bois d’un Commentaire de S. Jérôme sur Isaïe, écrite en caractères romains du VIIe siècle ; elle a été depuis envoyée à Paris, où elle se conserve dans l’Abbaye de S. Germain des Prés. Ce Calendrier commence au 19e d’Avril, & finit au 16ee de Février. Le P. Mabillon l’a fait imprimer dans les Analectes avec des notes, & Dom Thierry sans notes dans ses Acta Martyrum sincera.

Le Calendrier de l’Eglise d’Ethiopie, & celui des Cophtes, a été dressé après l’an 760. Il commence au 29e jour d’Août, selon notre manière de compter ; c’est le premier jour de leur mois Thoth, & de leur année. Il marque à chaque jour ce qu’il y a de commun à chacune de ces églises, & ce qu’il y a de particulier à l’une & à l’autre. Job Ludolph l’a publié. Le Calendrier des Syriens, imprimé par Génébrard, est si imparfait, qu’on n’en peut presque rien tirer de sûr. Le Calendrier des Moscovites, donné par le Père Papebrock dans son Propilœum du mois de Mai, est presque entièrement semblable à celui des Grecs, donné par Génébrard, par plusieurs autres, & par le P. Papebrock lui-même dans le même Propylæum en vers hexamètres Grecs.

Le Calendrier qui se trouve au Xe Tome du Spicilége de Dom d’Achery, sous le nom d’année solaire, n’est qu’un ancien Calendrier de l’Eglise d’Arras. Le Calendrier publié en 1687 à Augsbourg par Beckius, sous le nom de Martyrologe de l’Eglise Germanique, n’est apparemment que l’ancien Calendrier d’Augsbourg, ou plutôt de Strasbourg, qui n’a été dressé, ou pour le moins écrit, que tout à la fin du Xe siècle, ou plutôt, puisque S. Ulrich mort en 975, & canonisé en 995, y est de la première main. Le Calendrier Mozarabique, dont on se sert encore dans cinq Eglises à Tolède, & dans une chapelle de l’église métropolitaine de la même ville ; l’Ambrosien de Milan, ceux des Eglises d’Angleterre, avant le schisme, n’ont que ce qui se voit dans ceux des autres Eglises d’Occident ; savoir, les Saints honorés par-tout, & ceux qui sont particuliers aux lieux pour lesquels ont été dressés ces Calendriers. Il y en a aussi de Cluny, de Sens & de Lisieux, & un du Bréviaire d’Aquilée, dit le Patriarchin. Celui-ci a été en usage à Côme jusqu’à S. Charles. Ce que Léo Allarius & le P. Fronteau de Sainte Geneviéve ont donné sous le nom de Calendrier, n’est qu’un ancien recueil d’Evangiles de la Messe. M. Chastelain parle de ces Calendriers dans l’avertissement de son Martyrologe plus en détail, & beaucoup plus exactement que M. Baillet dans le discours préliminaire de ses Vies des Saints.

Il ne faut pas confondre ces anciens Calendriers avec les Martyrologes. Car chaque église avoit son Calendrier particulier, au lieu que les Martyrologes regardent toute l’Eglise en général, & qu’ils renferment les Martyrs & les Confesseurs de toutes les églises ; en sorte que de tous les Calendriers on en a formé un Martyrologe, & ainsi les Martyrologes sont postérieurs aux Calendriers. C’est pourquoi l’Eglise de Rome n’a pas eu, non plus que les autres églises, un Martyrologe particulier. Aussi Usuard n’en a-t-il fait aucune mention, quoiqu’il ait parlé de tous ceux qui avoient composé des Martyrologes avant lui. Consultez la Dissertation de Henri de Valois touchant le Martyrologe Romain ; elle a été imprimée à la fin de ses notes sur l’Histoire Ecclésiastique d’Eusèbe. Voyez aussi le P. Petau dans son savant ouvrage De Doctrina temporum, le Calendrier Romain par M. Blondel, &c.

On dit proverbialement, réformer le Calendrier, pour se moquer de ceux qui veulent trouver à redire à ce qui est bien fait.

CALENDULE. s. f. Terme de Botanique. Plante qu’on appelle autrement soucy, en latin calendula ou caltha. Voyez Soucy.

CALENGE. s. m. Vieux mot, & hors d’usage, qui est pourtant fort fréquent dans les Coutumes, qui signifie débat, contestation, & plainte criminelle en Justice, même la prise de corps qui se fait par un Sergent. Altercatio. Il s’est dit premièrement de la prise & accusation des bêtes trouvées en dommage. On a dit calenger ou calengier, chalenger & chalonger ; pour dire, faire dommage en l’héritage d’autrui, d’où on l’a étendu à l’accusation & dénonciation en Justice ; on l’a aussi dit pour blâmer, débattre, contredire. On a même dit calenger par un gage de bataille ; pour dire, faire un défi corps à corps entre deux champions. On a aussi appelé Calengé, un prisonnier. Il a signifié aussi quelquefois louer, &c en Normandie on s’en sert encore pour dire barguigner.

CALENTER. s. m. Terme de relation. Olearius dit, dans son Voyage de Perse, que les Perses appellent ainsi les Trésoriers & Receveurs des Finances d’une Province. Quæstor. Le Calenter a la direction du Domaine du Sophi ou roi de Perse, & fait la recette des deniers dont il rend compte au Conseil, ou, si le Sophi l’ordonne, au Gouverneur de la Province, qu’ils appellent Cham.

CALENTURE. s. f. Espèce de fièvre accompagnée d’un délire subit, commune à ceux qui font des voyages de long cours dans des climats chauds & sur-tout à ceux qui passent la ligne. Voyez le Dict. de James.

CALEPIN. s. m. Antoine Calepin, Religieux Augustin, ainsi nommé de Calepio, Bourg du Bergamasque, où il étoit né, a fait un Dictionnaire qu’il imprima en 1503, qu’on appelle de son nom, Calepin, un Calepin ; & qui fait qu’on dit quelquefois en général Calepin pour Dictionnaire. Lexicon, Dictionarium. Consultez votre Calepin. Il ne compose rien qu’il n’ait un Calepin devant les yeux.

Plusieurs Savans ont travaillé sur le Calepin, qui dans son origine étoit très-défectueux. Les plus considérables sont Jean Passerat, & Jean-Louis de la Cerda, Jésuite, qui l’ont mis en réputation, & l’ont rendu d’usage par leurs lumières. Danet, Préf. de son Dict. Latin & François. Quand le Cardinal de Pellevé eut fini sa Harangue, & qu’on eut crié Vivat par plusieurs fois, si fort que toute la Sale en retentissoit, le Prieur des Carmes se leva de sa place, & monta sur son banc, où il prononça tout haut de fort bonne grâce ce petit Quatrain, comme s’il l’eût composé sur le champ.

Son Eloquence il n’a pu faire voir,
Faute d’un Livre où est tout son savoir :
Seigneurs Etats, excusez ce bon homme ;
Il a laissé son Calepin à Rome.

Sat. Men. t. i, p. 64, & 201.

CALER. v. a. Terme de Marine. Baisser les voiles. Vela dimittere, contrahere. On dit plus ordinairement, amener les voiles, que caler les voiles.

Ménage dérive ce mot de chalare, qui a été fait du Grec χαλᾶν, qui signifie la même chose. Isidore le dérive aussi de calare; Du Cange de l’Italien calare.

Cale tout, est un commandement de laisser tomber tout d’un coup ce que l’on tient suspendu. Dimittere.

Caler, en termes d’Architecture, c’est pour arrêter la pose d’une pierre, mettre une cale de bois mince qui détermine la largeur du joint, pour la ficher avec facilité. Hypomochlion subjicere, summittere assulam. Les Menuisiers, & les autres artisans qui se servent de cale dans leurs ouvrages, disent aussi caler. Voyez Cale.

On dit fugurément, il faut caler la voile y pour dire, céder, se soumettre. Cedere alicui, se submittere. Il est familier. On le dit même absolument, il faut caler.

Caler, signifie aussi, ôter la première peau des noix vertes. Decorticare, corticem avellere.

On ne fait où Furetière a pris le mot de caler en ce sens. On dit bien écaler des noix ; mais pour caler, on ne le trouve nulle part.

Caler (se), s’est dit autrefois pour se taire.

Moi cependant de me caler ;
Car que sert prêcher & parler
A ventre qui n’a point d’oreilles.

☞ CALERE. Ville de l’Indoustan, à quarante mille pas de Mansura, selon le Géographe de Nubie.

CALESIAM. s. m. Grand arbre du Malabar. Son bois est d’une couleur purpurine, obscure, unie & flexible. Ses fleurs croissent en grappes à l’extrêmité de ses branches, & elles sont assez semblables aux fleurs de la vigne:à ces fleurs succèdent des baies en grappes. Ces baies sont d’une figure oblongue, ronde, plate, vertes, couvertes d’une écorce mince, pleines d’une pulpe succulente, & insipide, contenant un noyau verd, oblong, plat, au-dedans duquel il y a une amande blanche & presque insipide. Les habitans font de son bois des manches de couteau, & des poignées de sabre. Son écorce pulvérisée, & réduite en onguent avec le beurre, guérit le spasme cynique, & les convulsions causées par les grandes douleurs. Le suc de son écorce dissipe les aphthes, & pris intérieurement, il arrête la dyssenterie. Voyez-en les autres propriétés dans le Dict. de James.

CALFAS ou plutôt CALFAT. s. m. Terme de Marine. Radoub d’un navire dont on bouche les trous, & qu’on enduit de suif & de poix, ou de goudron, pour empêcher qu’il ne fasse eau. Navalis stipatio. On le dit aussi de l’étoupe faite de vieux cordages, & enduite de brai, qui est de la poix mêlée avec de l’huile de poisson, qu’on enfonce dans les joints du vaisseau.

Calfat. s. m. Calfateur ; celui qui calfate le vaisseau. Navalis munitor, stipator. ☞ Le maître Calfat est l’Officier marinier qui veille au Calfatage du vaisseau. Il est aussi chargé du détail & de l’entretien des pompes.

Calfat, c’est aussi l’instrument qui sert à calfater. Instrumentum stipandæ navi comparatum. Le calfat simple est un peu coupant, & tant soit peu large, pour pousser l’étoupe dans le fond de la couture. Le calfat double est rayé, & paroît double par le bout ; il sert à rabattre les coutures. Le calfat à fret est moins large que le premier. Le bout est à demi rond. On s’en sert pour sonder autour des têtes de cloux & des chevilles, & chercher s’il y a quelque ouverture, afin d’y pousser de l’étoupe.

CALFATAGE. s. m. se dit de l’étoupe qu’on a fourrée dans la couture du vaisseau. Navis stipatio. Voyez Calfat.

CALFATER. v. a. Radouber un navire. Munire, communire, juncturas navigii stipare. On radoube & on calfate un vaisseau, en rebouchant les voies d’eau avec des plaques de plomb ou de bois, & des étoupes que l’on force à coups de maillet & un fer à calfat. Calfater les sabords, c’est remplir d’étoupe le vide du tour des sabords, comme les coutures du vaisseau.

Du Cange dérive ce mot de calafatare, qu’on a dit dans la basse Latinité en la même signification. Il est dérivé de l’hébreu caphar, qui signifie enduire de bitume, d’où on a fait cafater, puis calfater.

CALFATEUR. s. m. Celui qui donne le calfat à un vaisseau. Navalis munitor, stipator. Le Calfateur doit examiner soir & matin le vaisseau, pour voir s’il ne s’y fait point quelque voie d’eau, & l’arrêter.

CALFATIN. s. m. C’est le valet du Calfateur. Stipatoris nautici administer.

CALFEUTRAGE. s. m. L’action de calfeutrer, ou l’ouvrage de celui qui calfeutre. Travailler au calfeutrage d’une fenêtre,

CALFEUTRER, v. a. Boucher bien les fentes, les ouvertures d’une chambre, pour empêcher qu’il n’y vienne, du vent, & principalement par les portes & les fenêtres; ce qu’on fait souvent avec du feutre ou du drap. Stupâ rimas farcire, opplere.

On se garantit de la bize & des froids de l’hiver en se calfeutrant, & se munissant de chassis & de rideaux. Huet.

Ce mot aussi bien que Calfater, vient de l’Allemand calefaten, qui signifie hiantia committere & solidare.

CALFEUTRÉ, ÉE, part.

☞ CALFORDE. Voyez Calvorde.

☞ CALI. Lieu de la palestine. D. Calmer dit CALI ou CHALI. Ville de la tribu d’Afer. On n’en sait pas la situation.

Cali. Ville de l’Amérique Méridionale, dans le Royaume de Popayan, sur la rivière de Sainte-Marthe.

CALIBITE. Voyez Calybite.

CALIBRE. s. m. Ouverture d’une pièce d’artillerie, & de toute autre arme à feu, par où entre & sort la balle:c’est le diamètre de la bouche d’un canon, & de toutes sortes d’armes à feu. Oris ænei tormenti amplitudo, modus. Ces pièces de canon sont de même calibre. La règle du calibre est un instrument dont se servent tous les Ingénieurs à feu, qu’on appelle autrement verge sphéréométrique, qui leur sert à trouver & à prendre la mesure du diamètre, ou de l’ouverture du canon ou mortier proportionnée aux boulets dont ils les veulent charger. Voyez Casimir Polonois, qui en enseigne plusieurs méthodes curieuses, tant géométriques que méchaniques.

Calibre, se dit aussi de la grosseur du boulet, ou de la balle, Amplitudo, modus; & on les appelle de calibre, quand ils sont de même grosseur que le calibre de la pièce à laquelle ils sont destinés.

Ménage dérive ce mot de œquilibrium. On a dit autrefois qualibre. D’Herbelot le fait venir de l’Arabe calib, qui signifie moule.

Calibre, se dit figurément des choses, qui étant comparées les unes aux autres, se trouvent de même ou de différente valeur & proportion. Convenientia. Ces deux personnes sont de même profession, mais elles ne sont pas de même calibre.

Catulle, Tibulle & Properce,
Et gens de ce calibre là,
Sont tous d’un assez bon commerce ;
Comme quelquefois je les prends,
Quelquefois aussi je m’en passe ;
Mais en tous lieux, comme en tout temps,
Je veux toujours avoir Horace. P. Du Cerc.

Calibre, en Architecture, signifie volume, grosseur. Amplitudo, modus. Ces deux colonnes sont de même calibre ; pour dire, elles ont un même diamètre.

Calibre, en Architecture, est aussi un profil de bois, ou de cuivre chantourné en dedans, pour traîner les corniches, & les cadres de plâtre ou de stuc.

Calibre, chez les Artisans, est un ais qui a une entaille d’un angle rentrant, & qui est droit. Il sert aux Charpentiers, Menuisiers, Serruriers & autres, pour prendre des mesures. Asserculus in triangulum incisus.

Les Serruriers ont aussi un certain instrument de fer qu’ils nomment calibre. Ils s’en servent pour voir si les forêts vont droit quand ils forent les tiges des clefs, & pour les arrondir. Ils ont pareillement des calibres pour prendre la grosseur des verroux & des targettes.

Calibre, en termes de Marine, se dit du modèle qu’on fait pour la construction d’un vaisseau, sur lequel on prend sa longueur, sa largeur & ses proportions : c’est la même chose que gabarit. Exemplar.

Calibre, en termes d’Horloger, c’est l’espace qu’on ménage entre les deux platines d’une montre, qui en font la cage, afin d’y mettre les roues & les pièces en telle disposition, qu’elles ne se nuisent point, & qu’elles tiennent le moindre espace qu’il est possible.

Calibre. Ce mot dans la coupe des bois, signifie un modèle fait de planche contournée suivant une ligne courbe, qui doit déterminer le contour d’une surface qu’on se propose de faire. Frezier.

Calibre. C’est encore une sorte de grosse filière, dont on se sert pour tirer à l’argue.

CALIBRER. v. a. Terme d’Artillerie. C’est prendre la mesure du calibre, marquer le calibre d’un canon. Globorum æneorum modum, amplitudinem designare.

Non-seulement on dit calibrer le canon, mais encore calibrer les balles, leur donner le calibre, la grosseur nécessaire. Avant que de commencer à battre la place, un Commandant, doit visiter toutes les munitions, de quelque sorte que ce soit, faire calibrer toutes les balles, voir si la poudre est bonne & fine. De La Font. On calibre un boulet, ou l’on en détermine la grosseur par le moyen d’un compas recourbé ; on trouve aussi le diamètre par le moyen du poids. Un boulet d’une livre a 10 lignes 8 points de diamètre, & par conséquent un boulet de 20 lignes 16 points, c’est-à-dire, d’un diamètre double, sçavoir d’un pouce neuf lignes & un tiers, pèse huit livres ou huit fois autant que le premier, étant double en tout sens. Hanzelet enseigne le moyen de calibrer les canons, les balles, les cuillers, canades, & tampons propres pour chaque pièce.

Calibrer, terme d’Horlogerie, c’est mesurer avec un petit compas fait exprès les dents des roues & les ailes des pignons, pour voir si elles sont égales entr’elles.

☞ CALICA. Petite ville de Turquie, dans la Bulgarie, avec un port, sur la côte de la mer Noire.

CALICE. s. m. Vaisseau sacré qui a une petite coupe posée sur un pied assez haut, & allez large parle bas. Sacer calix. Il sert au sacrifice de la Messe ; c’est dans ce vase que se fait la consécration du vin. Les Calices doivent être d’or ou d’argent dans toutes les Eglises. On en trouve cependant quelques-uns d’étain, mais dont la coupe est dorée, au moins en dedans. Je doute qu’on le souffrit aujourd’hui. Les anciens calices avoient deux anses. Bede assure que le calice dont notre Seigneur le servit à la Cène avoit deux anses ; qu’il étoit d’argent, & de la capacité d’une chopine. Les calices des Apôtres & de leurs premiers successeurs étoient de bois. Le Pape Zéphyrin ordonna qu’on se servit de calices d’or & d’argent. D’autres disent que c’est Urbain I. au troisiéme siècle. Léon IV. a défendu ceux d’étain & de verre. On demanda à S. Boniface Martyr, s’il étoit permis de consacrer dans des calices de bois : il répondit qu’autrefois les Prêtres étoient d’or, & les calices de bois ; mais que depuis, les Prêtres étoient de bois, & consacroient dans des calices d’or. Walafridus Strabo. Il a été jugé qu’un Religieux peut donner, engager, ou vendre son calice, sans que l’Abbé qui succède à sa dépouille le puisse réclamer comme un bien sacré. Papon. Si celui qui brise le calice est impie, celui-là l’est bien davantage qui profane le sang de Jésus-Christ, disent les Pères du Concile d’Alexandrie en 340, En 787 le Concile de Calcuth en Angleterre défendit d’offrir le saint Sacrifice dans des calices, ou des patènes de corne. Du riche butin que l’armée Françoise fit dans le Languedoc, le Roi Childebert se réserva les dépouilles des Eglises Ariennes, qui consistoient en soixante calices, quinze patènes de pur or, & vingt Missels ou livres d’Evangile couverts de lames d’or, & ornés de pierres précieuses. P. Dan.

Les anciens calices étoient beaucoup plus grands que ceux d’aujourd’hui, parce que le peuple communioit alors sous les deux espèces, au lieu que le calice ne sert présentement qu’au Prêtre. Lindanus, qui en avoit vu quelques-uns dans des Eglises d’Allemagne, en fait la description au Liv. IVe de sa Panoplie, ch. 56. Ils avoient deux anses, que le Diacre tenoit lorsqu’il présentoit le calice au peuple pour le communier sous l’espèce du vin. De plus chaque calice avoit un chalumeau, ou tuyau qui y étoit attaché fort proprement, & ce tuyau étoit d’argent, ou de quelqu’autre métal, en sorte qu’on suçoit plutôt qu’on ne buvoit. C’est ce que nous apprenons de Lindanus & de Beatus Rhenanus sur Tertullien, qui avoient vu de ces anciens calices en plusieurs villes d’Allemagne.

Calice de Soupçon. Calix suspicionis, poculum suspicionis. Vansleb, dans son histoire de l’Eglise d’Alexandrie, rapporte qu’autrefois dans l’Egypte, quand les maris (il parle des Chrétiens) soupçonnoient leurs femmes d’infidélité, ils leur faisoient avaler de l’eau soufrée, dans laquelle ils mettoient de la poussière & de l’huile de la lampe de l’Eglise, prétendant que si elles étoient coupablés, ce breuvage leur feroit souffrir des douleurs insupportables, c’est ce qu’on appeloit le Calice de soupçon. Voyez cet Auteur. Ces Chrétiens d’Egypte avoient pris cette épreuve de l’Ecriture, Nomb. V. 14, où Dieu prescrit ce qu’un mari jaloux devoit faire pour connoître si sa femme étoit coupable ou non. Il l’amenoit au Prêtre, offroit pour elle la dixième partie d’un boisseau de farine d’orge. Il ne mettoit dessus ni huile ni encens, comme dans les autres sacrifices. Cette offrande s’appeloit le sacrifice de la zélotypie ou de la jalousie. Ensuite il prenoit de l’eau sainte dans un vase de terre, & jetoit dedans un peu de poussière qu’il prenoit sur le pavé du tabernacle ; & après quelques autres cérémonies & des exécrations, il lui faisoit boire des eaux très-amères, en lui disant que si elle étoit innocente, ces eaux ne lui nuiroient point ; mais que si elle ne l’étoit pas, son corps enfleroit & pourriroit, & l’effet suivoit infailliblement. Telle étoit, dit Moyse, la loi de la Zélotypie ou de la jaloufie. Les Egyptiens crurent que ce seroit la même chose dans le Christianisme, mais cette loi, comme toutes les autres loix cérémoniales, n’avoit été instituée que pour les Israëlites.

Ce mot vient du Grec κύλιξ, qui signifie la même chose.

Calice, en termes de l’Ecriture & de spiritualité, signifie tristesse, affiction, douleur accablante. Cette signification est tirée de l’Ecriture, où Jésus-Christ demande à son Père de ne pas boire le calice de sa passion, & de plusieurs autres endroits. Le calice des Saints se boit avec amertume, il afflige, il révolte la nature. L. d’Abelard. On lui a fait boire le calice jusqu’à la lie. C’est-à-dire, on l’a mortifié Jusqu’à l’excès. Et cela se dit même en matière profane.

On dit proverbialement, qu’il faudra boire, avaler le calice ; pour dire, qu’il faudra souffrir constamment, ou faire quelque chose pour laquelle on a grande répugnance.

On dit aussi des gens dont les habits sont chargés de galons d’or, qu’ils sont dorés comme des calices.

Calice se prend en Botanique pour cette partie extérieure qui enveloppe la fleur lorsqu’elle est en bouton, & qui est différente du pédicule. Calix. On emploie encore le mot de Calice pour exprimer la partie qui soutient & enveloppe tout à la fois quelques autres fleurs, comme dans la rose : ainsi l’on dit qu’un calice devient fruit, abit in fructum, lorsque ce fruit naît de cette partie extérieure qui couvre ou qui soutient simplement la fleur, ou la couvre & la soutient tout à la fois. La couleur verte n’est pas essentielle au calice, puisqu’il y a certaines fleurs dont les calices sont colorés, & quelquefois plus vivement que les pétales mêmes des fleurs qu’elles soutiennent, comme dans l’ellébore. On observe que le calice de plusieurs fleurs tombe presque aussi-tôt qu’elles s’épanouissent, calix deciduus, pendant que d’autres calices subsistent long-temps après la chute des parties de leurs fleurs, calix subsistens. Dans d’autres fleurs le calice est uni si étroitement aux parties de la fleur, qu’elle ne sauroit s’en séparer ; & enfin il y a des fruits auxquels la fleur sert de calice, comme dans le blé noir, & auxquels la fleur est étroitement collée, comme dans la plante appelée cabaret. Certaines espèces de mauves ont double calice, les plantes ombellifères n’ont que quelques dentelures pour calice, & la partie postérieure de ce calice est le jeune fruit. Dans la plûpart des plantes bulbeuses, le calice est une membrane très-fine qui enveloppe toute la fleur, & qui se déchire et se dessêche lorsque la fleur grossit, comme dans les Narcisses. On dit un calice commun à plusieurs fleurs : un calice propre à chaque fleur, lorsqu’un calice renferme plusieurs fleurs qui ont chacune leur calice particulier ; tels sont les calices de toutes les plantes à fleurons, comme le chardon, l’ambrette, &c. Les enveloppes de fruits ne sont pas appelées calices, il n’y en a que certaines qui aient pris ce nom en François, à cause de leur figure : tel est le fruit du chêne, qui est compose d’une calotte qu’on nomme communément calice, en Latin cupula, & d’un gland qui n’y est renfermé qu’en partie dans sa maturité, au lieu qu’il y est entièrement contenu dans le temps qu’il n’est qu’embryon. L’usage du calice est de garantir des injures de l’air les parties les plus délicates de toute la plante, & la plus nécessaire pour la multiplication de l’espèce. La nature est industrieuse dans les divers moyens dont elle se sert pour n’exposer de jeunes embryons, que lorsqu’ils sont en partie en état de résister aux impressions fâcheuses des saisons. Rien n’est plus beau que l’examen de toutes ces précautions, & rien ne prouve davantage que tout cet appareil de pièces d’écailles & de feuillages dont sont garnies les fleurs & les fruits, n’est pas inutile, & que le nombre de tant de parties n’est pas multiplié sans nécessité. Le safran n’a point de calice, & sa fleur sort même de la terre avant les feuilles.

☞ La forme des calices varie beaucoup : les uns sont orbiculaires, d’autres cylindriques, & pour en donner une expression abrégée, on les compare à une calotte, à un godet, à une soucoupe, & il y en a de lisses, de velus, de raboteux, d’écailleux, dont les échancrures sont cannelées ou dentelées, ou laciniées ; ce qu’on exprime par ces termes, orbiculatus, globosus, cylindricus, squammosus, striatus, simbriatus, crenatus, dematus, laciniatus &c.

☞ Linnæus en distingue sept espèces.

☞ 1°. Perianthium, le calice proprement dit, ou l’espèce la plus commune de calice. Il est souvent composé de plusieurs pièces ; ou s’il est d’une seule pièce, il se divise en plusieurs découpures, & il n’enveloppe pas toujours la fleur toute entière.

2°. Involucrum, l’enveloppe qui est un calice commun à plusieurs fleurs, lesquelles ont quelquefois de plus leur calice ou perianthium particulier. Cette enveloppe est composée de plusieurs pièces disposées en rayons, & quelquefois colorées : ceci convient aux fleurs à fleurons, demi-fleurons & radiées.

☞ Linnæus en distingue deux sortes ; involucrum universale, c’est-à-dire, le calice commun qui se trouve à la base des premiers rayons ombellifères ; & involucrum partiale, qui se trouve au bas des ombels particuliers.

☞ 3°. Spata. Le voile. Il enveloppe une ou plusieurs fleurs qui sont ordinairement dépourvues de calice ou perianthium propre. Le voile qui s’observe principalement sur plusieurs liliacées, consiste en une ou deux membranes attachées à la tige. Il y en a de différente figure & consistance.

☞ 4°. Gluma. La balle. Ce terme est consacré à la famille des graminées, & cette espèce de calice est composée de deux ou trois écailles qui font creusées en cuilleron, & membraneuses, de sorte qu’elles sont transparentes, sur-tout à leurs bords.

☞ 5°. Amentum ou julus, le chaton qui est ordinairement formé d’écailles attachées à un filet commun ; & ces écailles servent de calice à des fleurs mâles & à des fleurs femelles.

☞ 6°. Calyptra, la coiffe. C’est une enveloppe membraneuse, souvent conique, qui couvre les parties de fructification. Elle se trouve ordinairement aux sommités de plusieurs mousses. Tournefort emploie ce terme dans une signification plus étendue que Linnæus.

☞ 7°. Volva, la bourse. C’est une enveloppe épaisse, qui d’abord renferme certaines plantes de la famille des champignons. Elle s’ouvre ensuite par le haut pour laisser sortir le corps de la plante.

☞ Les Jardiniers appliquent quelquefois aux pétales le nom de calice, comme quand ils disent qu’une tulipe a un beau calice, c’est-à-dire, que les pétales forment comme la coupe d’un calice.

☞ Linnæus nomme calix auctus, celui que Vaillant a nommé caliculatus ; c’est-à-dire celui où la partie extérieure du calice est entourée de feuilles, comme au Bidens. Du Hamel.

☞ CALICUT ou CALECUT. Ville & Royaume sur la côte de Malabar, dans la presqu’ile de l’Inde, au deçà du Golfe de Bengale. Cette ville étoit autrefois le séjour du Zamorin, ou Roi de Calicut ; mais il n’y demeure plus, & il y a mis un Rajador ou Gouverneur, qui loge dans le palais.

☞ CALIDUCS. s. m. pl. Canaux dont se servoient les anciens pour porter de la chaleur aux parties de leurs maisons les plus éloignées. Ils étoient disposés le long des murailles, & partoient d’un foyer ou fourneau commun qui leur fournissoit de la chaleur. Calidus, chaud ; duco, je conduis.

CALIETTE. s. f. Champignon jaune qui vient au pied du genièvre. Calieta, Paracelse cité par Jomes.

CALIFAT. s. m. Dignité de Calife chez les Sarrasins. Il n’y avoit d’abord qu’un seul Calife successeur de Mahomet ; mais le Califat fut bientôt divisé. Il s’éleva des Califes en Perse, en Egypte & en Afrique, qui s’emparèrent de l’autorité souveraine. D’Herbelot.

CALIFE, CALIPHE & KALIFE. s. m. La première dignité Ecclésiastique chez les Sarrasins. C’est le nom d’une dignité souveraine parmi les Mahométans, qui comprend un pouvoir absolu, & une autorité indépendante sur tout ce qui regarde la Religion & le gouvernement politique. D’Herbelot. Calipha, Caliphas, Cairi Princeps. Ce mot est Arabe, & signifie successeur & héritier ; car, en effet, Abubeker étoit successeur de Mahomet, & cette dignité étoit héréditaire. Ainsi le nom de Calife étoit affecté aux successeurs de Mahomet qui s’appeloient Califes de Syrie. Mais depuis il s’éleva divers Califes qui usurpèrent l’autorité souveraine en Perse, en Egypte & en Afrique. Pisafire, qui régnoit en 958, fut le dernier Calife de Syrie. Les Turcs s’en rendirent les maîtres, en sorte que le Calife n’étoit plus que souverain Pontife. La même chose est arrivée en Egypte, où l’on n’a laissé aux Califes que le titre de Grands Prêtres de Mahomet. Vatier dit qu’ils s’appeloient Vicaires de Dieu, & que les Soudans & les Rois Mahométans se prosternoient à leurs pieds pour les baiser ; d’où vieat que Vincent de Beauvais les appelle leurs Papes. Quoique le Calife de Bagdet ne le soit plus que de nom, il retient néanmoins le droit ancien d’adopter & de confirmer les Rois d’Arabie, d’Assyrie & autres : ce qui fut cause que Soiman même, en passant par Babylone, voulut pour la forme prendre les marques de l’Empire de sa main. Selon Nicot les Seigneurs & les Dominateurs du Grand Caire portoient autrefois le nom de Califes.

Il y a eu aussi des Califes à Carvan dans le Royaume de Tunis, &c à Fez. Le Calife d’Espagne prit aussi le titre de Roi. Les Califes de Syrie se divisent en trois branches. La première ne contient que les trois premiers Califes, successeurs de Mahomet qui ont régné depuis l’an 651 de Jésus-Christ jusqu’en 655. La seconde sont les Ommiades, qui ont gouverné depuis 655 jusqu’en 749. Les troisièmes s’appellent les Abbassides, dont le gouvernement a duré depuis 749, jusqu’en 941. Après quoi l’Empire des Musulmans se divisa en plusieurs Royaumes qui s’établirent en Perse, en Syrie, en Arabie, en Afrique, &c. & qui firent tomber toute l’autorité du Calife, qui n’eut plus que l’honneur de porter ce titre.

Le mot Calife est Arabe, il vient de חלף, Hhalapha, c’est-à-dire, succéder, être à la place d’un autre ; & il signifie non-seulement successeur, héritier, comme on l’a dit ci-dessus, mais encore Vicaire, qui tient la place d’un autre, & Mahomet s’en sert dans l’Alcoran en ce sens, pour dire que Jésus-Christ est Vicaire de Dieu. C’est dans ce sens, selon quelques-uns, comme Erpénius, que ce nom a été donné aux Califes ; c’est à-dire, aux Empereurs, & souverains Pontifes des Mahométans, comme étant les Vicaires & les Lieutenans de Dieu ; d’autres disent que c’est dans le sens d’héritiers, & comme successeurs de Mahomet, qu’on les appelle Califes. Au reste, il faut écrire Califes, & non point Calyphes. On ne voit point ce que fait là cet y, si ce n’est pour exprimer que le mot Arabe n’a pas un Kefra simple, mais un Kefra sous un je, chose peu nécessaire à marquer dans le mot François. D’Herbelot écrit Khalie, que quelques-uns écrivent Caliphe, & d’autres Chaliphe. Aujourd’hui tout le monde écrit Calife.

L’origine de ce nom vient de ce qu’Abubcker, après la mort de Mahomet, ayant été élu par les Musulmans pour remplir sa place, il ne voulut pas prendre d’autre titre que celui de Khalifah Resoul allah ; c’est-à-dire, Vicaire du Prophète ou de l’Envoyé de Dieu. Mais Omar ayant succédé à Abubeker, il représenta aux principaux Chefs du Musulmanisme que s’il prenoit la qualité de successeur d’Abubeker successeur du Prophète, la chose par la suite des temps iroit à l’infini : il fut résolu qu’il prendroit le titre d’Elmir Almoumenin, c’est-à-dire, Commandant des Fidèles. Les successeurs de Mahomet n’ont pas laissé de prendre aussi celui de Khalifes sans rien ajouter. D’Herbelot. Voyez cet Auteur au mot Kalifach.

CALIFORNIE. Nom de lieu. California. Jusqu’en 1705, on avoit cru que la Californie étoit une île, ou pour le moins on avoit douté si c’étoit une île ou une presqu’île comme l’Italie : la chose n’est plus douteuse. Le cinquième Recueil des Lettres édifiantes & curieuses écrites par les Missionnaires Jésuites, imprimé en 1705, nous apprend que c’est une presqu’île, qui tient à la terre ferme de l’Amérique ; & que le P. Kino, Jésuite Allemand, y passa en 1701, du Royaume du Sumatra sans traverser la mer, & n’ayant rencontré en son chemin que la rivière bleue, ou d’azur, appelée par les Espagnols Rio Azul, & le Colorado, dans le quel le Rio Azul, se jette. Il est étonnant qu’après la Relation de ce voyage, imprimée dans le Recueil que j’ai cité, Maty & M. Corneille disent encore que la Californie est une Ile. La Californie fut découverte en 1535, par Ferdinand Cortez.

CALIFOURCHON (à) façon de parler adverbiale dont on se sert dans le discours familier pour exprimer la façon dont on est assis sur quelque chose jambe deçà, jambe delà, comme quand on est à cheval. Etre, aller, se mettre à Califourchon. Les enfans vont à califourchon sur un bâton, Equitant in in arundine longa.

On met un soldat qui a fait quelque faute à califourchon sur un cheval de bois, dont le dos est fort aigu, & on lui attache des boulets aux pieds pour lui en faire sentir davantage l’incommodité.

CALIGINEUX, EUSE. adi. Ce mot se trouve dans Pomey & Danet, pour signifier obscur : mais il est vieux & hors d’usage, à moins qu’on ne s’en serve en riant. Caliginosus.

CALIGULA. s. m. Nom d’homme. Caligula. C’est le surnom de Caïus César, fils de Germanicus & d’Agrippine, & IVe Empereur Romain. Ce nom est latin & féminin dans sa première signification : c’est un diminutif de caliga, qui étoit le nom de la chaussure que portoient les soldats Romains, les laboureurs & le bas peuple. Elle différoit de la chaussure ordinaire en ce que par-dessous elle croit garnie de cloux tout autour. Caïus avoit été élevé dans l’armée Romaine d’Allemagne que son père commandoit, & dès son enfance il portoit l’habit des soldats, & de petites chaussures semblables aux leurs. C’est ce qui lui fit donner le nom de Caligula, ainsi que Dion le dit dans son LVIIe Livre, & Suétone, ch. 9. C’est celui que nous lui donnons communément en François.

CALIN. C’est une espèce de métal, alliage de plomb & d’étain, que les Chinois préparent, & dont ils font plusieurs ustensiles au Japon & à Siam. Ils en couvrent même leurs maisons. On en apporte aussi des cafetières…

CALIN, INE. s. m. & f. Mot bas & populaire, niais, indolent, fainéant. Deses, desidiosus.

CALINER, SE CALINER. v. récip. Prendre ses aises, demeurer dans l’inaction, dans l’indolence. Un petit maître qui se câline dans un fauteuil. Il est familier.

CALINGUE ou CONTREQUILLE. s. f. La pièce de bois qui s’étend sur toute la longueur de la quille, sur laquelle sont assemblées toutes les côtes du navire, & qui sert à les serrer & presser contre elle. Trabes ou trabs. Le pied du mât s’enchâsse dans un trou carré de la calingue, qui lui sert comme de base. On l’appelle aussi carlingue ou escarlingue.

CALIORNE ou CAYORNE. s. f. Terme de Marine. C’est un gros cordage passé dans deux mouffles à trois poulies, qui sert à guinder & lever les fardeaux qu’on attache à différens endroits du vaisseau. Il est ordinairement amarré sous les hunes du grand mât de bourcet, où il y a une grande poulie par où il passe. Funis nauticus tractilis.

☞ CALIPO ou GARYPO. Petite ville de Turquie en Asie, dans la Natolie, à l’embouchure de la rivière de Lali dans la mer Noire.

CALIPPIQUE. adj. fem. Terme de Chronologie, qui se dit d’une période de soixante & seize ans, inventée par Calippe, célèbre Mathématicien de Cyzique. Calippicus, a, um. La période Calippique est composée de quatre périodes de Méthon, qui étoient de dix-neuf ans chacune ; après lesquelles les nouvelles & pleines lunes moyennes revenoient au même jour de l’année Solaire. La période Calippique commence l’an 4384, de la période Julienne, 330, avant Jésus-Christ. La première période Calippique est l’espace de temps qui s’est écoulé depuis l’an 4584 de la période Julienne, 330 avant J. C. jusqu’à l’an 4309 de la période Julienne, 255 avant J. C. inclusivement. La seconde période Calippique font les soixante & seize suivantes, & ainsi des autres.

☞ Cette période n’étoit pas exacte, parce que Calippe donnant à l’année Solaire 365 jours, 6 heures, qui contient 11 minutes de moins, les nouvelles & pleines lunes devoient retarder sensiblement au bout d’un certain temps.

CALISBURANO. Lieu du Diocèse de Crémone en Lombardie. Calisturnum. En 1458, la Congrégation de Lombardie du tiers Ordre de saint François, tint un Chapitre général à Calisburano. P. Hélyot, T. VII, p. 337,

CALISTE, CALIXTE, ou CALLISTE. s. m. Nom d’homme. Calistus, Calixtus. Calliste, ou Callixte, est le nom de trois Papes, l’un du troisième siècle, & l’autre du douzième. Celui-ci étoit François, Archevêque de Vienne en Dauphiné, & l’un des plus grands Papes que l’Eglise ait eus. Calixte III fut Pape au milieu du quinzième siècle. Il y a aussi deux Callistes, Patriarches de Constantinople.

Caliste est aussi féminin, & on donne ce nom à des femmes. Calixta.

Ce mot est Grec ; il vient de κάλλιστος, superlatif de καλὸς, qui signifie très-beau ou très-bon.

Ainsi il semble qu’il faudroit dire Calliste ; mais on écrit indifféremment Caliste ou Calixte. Cependant on voit bien que Calliste vaut mieux.

CALIXTIN. C’est le nom qu’on donne à ceux d’entre les Luthériens qui suivent les sentimens de George Calixte, célèbre Professeur en Théologie parmi eux. Calixtini. Il a publié un grand nombre de Livres, tant sur l’Ecriture, que sur des matières qui regardent la Théologie. Dans la plupart il se montre fort contraire aux opinions de S. Augustin sur la prédestination, sur la grâce, & sur le libre-arbitre ; en sorte que les Calixtins passent pour demi-Pélagiens : & c’est ce qui a fait dire à M. Bossuet Evêque de Meaux, dans son Histoire des Variations, que les Luthériens sont devenus véritablement demi-Pélagiens. Il rapporte là-dessus une Epitre de Calixte, où ce fameux Sectaire dit, qu’il reste dans tous les hommes quelques forces de l’entendement, de la volonté & des connoissances naturelles ; & que s’ils en font un bon usage en travaillant autant qu’ils peuvent à leur salut, Dieu leur donnera tous les moyens nécessaires pour arriver à la perfection où la révélation nous conduit. Il ne faut pas néanmoins confondre tout le parti Luthérien avec les Calixtins, qui ont formé une Secte particulière dans ce parti.

La doctrine des Calixtins consistoit d’abord en quatre articles. Le premier concernoit la coupe. Les trois autres regardoient la correction des péchés, tant publics que particuliers, qu’ils portoient à certains excès ; la libre prédication de la parole de Dieu, qu’ils ne vouloient pas qu’on pût défendre à personne ; & les biens de l’Eglise. Bossuet. Il y avoit là quelque mélange des erreurs des Vaudois. Ces quatre articles furent réglés dans le Concile de Bâle, d’une manière que les Calixtins furent d’accord, & la coupe leur fut accordée à certaines conditions, dont ils convinrent. Cet accord s’appela Compactatum, nom célèbre dans l’histoire de Bohème. Id.

On appelle aussi Calixtins les peuples de Bohême, qui vouloient communier sous les deux espèces, & qui croyoient que le calice étoit nécessaire à tous les fidèles. Cette Secte s’éleva au XVe siècle. Elle eut pour Auteur un nommé Jacobel, auquel succcda Roquesane son disciple, homme ambitieux, qui n’ayant point obtenu l’Archevêché de Prague qu’il demandoit, empêcha la réunion des Calixtins à l’Eglise Catholique. Selon Raynald Hist. Eccl. l’an 1524, ils n’étoient point hérétiques, mais seulement schismatiques.

On dit qu’il y a encore des Calixtins en Pologne.

Ce mot vient du latin calix, calice ; & je ne sais pourquoi quelques Auteurs François écrivent Callistins ; Calixtins paroît mieux. En latin je ne trouve point autrement que Calixtini, dans Sponde à l’an 1422, & dans Raynaldus que j’ai cité. Tout au plus si l’on adoucit la prononciation de l’x, il faut dire Calistins, & non point Callistins. Voyez M. Bossuet. Hist. des Variat. L. XI.

☞ CALKA. Royaume d’Asie dans la Tartarie, qui fait partie du Mongul, qui est l’ancienne patrie des Tartares Mogols, qui ont fondé dans l’Indoustan l’Empire qui porte leur nom.

CALLADARIS. s. m. Toile de coton rayée ou de rouge ou de noir, qu’on apporte des Indes Orientales, particulièrement de Bengale, dont la pièce ordinaire a huit aunes de long, sur sept ou huit de large.

CALLAF. s. m. Espèce d’arbrisseau fort bas, dont le bois est uni, & les feuilles à peu près semblables à celles du cerisier, dentelées par les bords, & croissant à l’extrémité des branches, qui sont droites sans jointure, flexibles & de couleur jaunâtre. Les fleurs sont des espèces de petites balles oblongues & cotoneuses, d’un jaune blanchâtre ou d’un vrai jaune, & d’une odeur agréable. On prépare avec ces fleurs une eau excellente, sur-tout à Damas. Je ne connois aucune eau qu’on puisse lui comparer, pour la vertu de fortifier. Les Maures s’en servent tant intérieurement qu’extérieurement, dans les fièvres ardentes & pestilentielles ; elle humecte & rafraîchit. On tire aussi des fleurs une huile qu’on emploie à beaucoup d’usages. Dict. de James.

CALLAIS. s. m. C’est une pierre adhérente aux rochers inaccessibles & glacés, laquelle ressemble à un œil. Elle imite le saphir, mais sa couleur est plus claire.

☞ CALLAO ou CATTAG DE LIMA. Callaum. Ville de l’Amérique méridionale, sur la côte du Pérou, vis-à-vis la ville de Lima.

☞ CALLA-SUSUNG ou CALASUSUNG, ville d’Asie, dans l’île de Bouton, dont elle est capitale.

CALLEBRANCHE. s. f. Terme de Fleuriste. C’est une anémone, dont la peluche est incarnat.

CALLÉE. (Cuirs de Callée) sont des cuirs de Barbarie, qui s’achètent à Bonne.

CALLEMANDRE. Voyez Calmande.

☞ CALLEN. Ville d’Irlande dans le Leinster, au Comté de Kilkenni. Elle envoie des Députés au Parlement.

CALLEVILLE ou CALEVILLE. s. m. Sorte de pomme assez grosse. Malum calvirium. Il y en a de rouges & de blancs. Les plus estimés sont ceux dont la chair est tachetée de rouge en dedans. De beau calleville.

CALLEUX, EUSE. adj. Où il y a des cals, ou qui est dur comme un cal. Callosus. Tachard.

☞ Ce mot s’applique en général à toutes sortes de duretés de la peau, de la chair & des os ; mais on le dit en particulier des bords durs d’une plaie & d’un ulcère.

☞ En anatomie on appelle corps calleux la partie qui couvre les deux ventricules du cerveau.

☞ CALLIANS. Petite ville de France, en Provence, à quarre lieues de Braguignan.

☞ CALLIAR. Petite ville des Indes, au Royaume de Visapour, à sept lieues d’Isselampour.

CALLIBLÉPHARON. s. m. Remède pour les paupières. Marcellus, l’interprète de Dioscoride, dit que les Grecs comprenoient sous le nom commun de calliblépharon tous les remèdes préparés, tant pour les maladies que pour la beauté des paupières. Les calliblépharons de Pline sont composés de feuilles de roses brûlées, de cendres de noyaux, de dattes brûlés, mêlées avec le spicnard, la moëlle de l’os de la jambe du bœuf broyée avec de la suie & de la terre ampélite. Ce mot vient de κάλλος, beauté, & de βλέφαρον, paupière. Dict. de James.

CALLIÉHORE. C’étoit un lieu peu éloigné d’Eleusine dans l’Attique, ainsi nommé à cause des danses sacrées qu’y faisoient les femmes en l’honneur de Cérès.

CALLIG. s. m. Terme de Relation. C’est un canal artificiel qui porte l’eau du Nil depuis le vieux Caire jusqu’à Damiette. Canalis arte factus, canaliculus. Il a 90 milles ou 50 lieues de long, & quatre cannes de large. Les Baffas le font garder par des Soldats, de peur que l’eau n’en soit divertie. Ils sont obligés de l’entretenir & de le nettoyer. Il y a au Caire une grande colonne de marbre, où l’on va observer la croissance des eaux du Nil, & quand elles montent à 23 pieds, c’est une grande réjouissance, car alors toutes les terres sont inondées. Mais elles ne montent pour l’ordinaire qu’à 19 : c’est cinq ou six toises de France. L’ouverture s’en fait tous les ans par le Baffa, avec grande cérémonie & magnificence.

Ce mot est arabe, הלוג, Halig, que Raphélange traduit amnis, une rivière, & d’autres un bras de mer, & le bras d’un fleuve, & un canal, un ruisseau. Il vient de הלג, Hhalaga, qui signifie, movit, agitavit, traxit, abstraxit, arripuit.

CALLIGRAPHE. s. m. Ecrivain, Copiste, qui mettoit autrefois au net ce qui avoit été écrit en notes par les Notaires. Ce qui revient à peu près à ce que nous exprimerions maintenant ainsi, celui qui fait la grosse d’une minute. Calligraphus. Autrefois on écrivoit la minute d’un acte, le brouillon ou le premier exemplaire d’un ouvrage, en notes ; c’est-à-dire, en abréviations, qui étoient une espèce de chiffre ; telles sont les notes de Tiron, qui sont dans le second Tome de Gruter. Cela se faisoit pour écrire plus vite, & pouvoir suivre celui qui dictoit. Ceux qui écrivoient ainsi en notes s’appeloient en latin Notaires, & en grec Σημειογράφοι & Ταχυγράφοι ; c’est-à-dire, Ecrivains en notes, & gens qui écrivent vite. Mais parce que peu de gens connoissoient ces notes, ou ces abréviations, que d’ailleurs ces premiers exemplaires ne pouvoient être assez nets ni assez propres ; d’autres Ecrivains qui avoient la main bonne, & qui écrivoient bien &c proprement, les copioient pour ceux qui en avoient besoin, ou pour les vendre ; & ceux-ci s’appeloient Calligraphes, nom qui est ancien, puisqu’Eusèbe, au Ch. 17, du VIe livre de l’Histoire Ecclésiastique, & S. Grégoire de Nazianze le leur donnent. Il est aussi parlé dans quelques Conciles de ces Notaires &c de des Calligraphes, comme dans le IIe. de Nicée. Néophyte & Théopempte sont d’anciens Calligraphes du Xe & XIe siècles. Le P. Montfaucon a donné un catalogue alphabétique de tous les Calligraphes connus. C’est dans sa Palæographie, L. I, c. 8.

Ce mot Calligraphe, est grec, composé de κάλλος, beauté, & de Γράφω j’écris ; & signifie εἰς κάλλος γράφω, Qui écrit pour la beauté, pour l’ornement, selon que l’interprète Théophilacte Simocatta, Historiar. L. VIII, c. 13, ainsi que l’a remarqué Fabrot, & après lui le P. Montfaucon. Voyez, sur les Calligraphes les Glossaires de Fabrot sur Téophilacte Simocatta, & sur Cedrenus, & le P. Montfaucon, Palæogr. L. I, c. 5, 6, 7, 8.

CALLIMAQUE. s. m. Nom d’homme. Callimachus. Callimaque commandoît l’Armée des Athéniens à la bataille de Marathon, après laquelle on dit qu’il fut trouvé debout, quoique tout percé de flèches. Callimaque, Poëte Grec. Madame Dacier a fait une édition des épigrammes & des hymnes de Callimaque, auxquelles elle a joint de savantes notes.

Ce mot vient du grec, qui signifie beau Combattant, ou bon Combattant, καλὸς, beau, bon, & μάχομαι, je combats.

CALLINIQUE. s. m. Nom propre d’homme. Callinicus. C’est aussi le surnom de Seleucus II, Roi de Syrie.

Ce nom est grec & signifie beau, ou bon vainqueur, de καλός, & νικάω.

CALLIONYME. s. m. Poisson que l’on appelle entore Uranoscopus, c’est-à-dire Astronome. On le trouve fréquemment dans la mer Méditerranée. On dit qu’on en peut tirer un fort bon remède pour la cataracte. Hippocrate en fait mention, & il le met au nombre des poissons les plus dessicatifs : c’est pourquoi il la recommande comme un aliment convenable dans la leucophlegmatie, dans les indispositions de la rate, & dans une certaine maladie causée par un amas de phlegmes blancs dans le ventre, après une longue fièvre, ÓΚαλλιωνυμος. Ce mot vient de καλός, beau, & de ὄνομα, noix. Dict. de James.

CALLIOPE. s. f. Nom d’une Muse qui préside à l’éloquence, ou à la Rhétorique & à la Poësie héroïque. Calliopa, Calliopea. Calliope est un nom grec, qui signifie belle voix, ou bonne voix, qui a une belle ou une bonne voix, de καλός, bon, ou beau, & φόνη, voix. Les Poètes disent que Calliope étoit mère d’Orphée.

CALLIPÉDIE. s. f. Callipædia. C’est le titre que Claude Quillet, natif de Chinon en Touraine, a donné à son poëme latin, des moyens d’avoir de beaux enfans. Ce titre est formé des deux mots grecs, καλός, beau, & παῖς, enfant. Il est bon de remarquer, après M. de la Monnoye, dans ses notes sur les jugemens des Savans de Baillet, T. V, p. 285, que Quillet n’étoit ni bénéficier, ni engagé dans aucun ordre sacré, lorsqu’il fit sa Callipédie, Il s’y déguisa fous le nom de Calvidii Leti, qui est l’anagramme de Claudii Quileti, en supprimant le Q. Le Cardinal Mazarin, contre qui il l’avoit lancé plusieurs traits satyriques, lui donna une Abbaye, qui lui fit retrancher tout ce qui étoit contre cette Eminence, à qui la seconde édition fut dédiée. Cela ne servit qu’à rendre la première plus rare.

CALLIRHOÉ. s. f. Terme de Mythologie. C’est un nom propre de femme & de fontaine. Callirhoe, Callirhoé, fille de Scamandre, & femme de Tros, troisième Roi de Dardanie, fut mère d’Ilus, de Ganymède & d’Assaraque. Callirhoé de Calydon, qui se tua pour avoir causé la mort à son amant Coresus, a fourni à nos Poëtes un sujet de Tragédie. La fontaine de l’Attique proche de laquelle elle se tua, porta son nom. Il y en avoit aussi une de ce nom, à l’Orient du Jourdain, où Hérodes I, alla prendre les eaux peu de temps avant sa mort. Dans ce mot l’é est fermé, & ne peut terminer qu’un vers masculin.

Callirhoé, fille d’Achéloüs, que l’on nomme quelquefois Arsinoé, fut épousée par Alcméon à la place d’Alphésibée, qu’il venoit de répudier ; ce qui fut cause de la mort d’Alcméon. Les enfans de Callirhoé vengèrent cette mort dès leur plus tendre enfance.

Callirhoé, fille de l’Océan, selon Hésiode, épousa Chrysaor, & en eut Géryon, ce fameux Géant à trois têtes, & un autre monstre nommé Echidna.

CALLISTAGORAS. s. m. fut honoré comme un Dieu à Teno. Clem. Alexand. Admon. ad Gent. Vossius de Idolol. L. I, C. 13.

CALLISTE. Voyez Caliste, ou Calixte.

CALLISTES. s. f. pl. Fêtes en l’honneur de Vénus, qui étoient particulières à l’Îsle de Lesbos, & dans lesquelles les femmes se disputoient le prix de la beauté.

CALLISTHÈNE. s. m. Nom d’homme. Callisthenes, καλός, & σθένω, valeo, possum ; σθένος, vis, robur.

CALLISTIN. Voyez Calixtin.

CALLISTRATE. s. m. Nom d’homme. Callistratus. Il signifie proprement, bon homme de guerre, de καλός, bon, & στρατός, armée.

CALLIXÈNE. s. m. Nom d’homme, Callixenus, qui vient de καλός, bon, & ξένος, étranger, hôte.

CALLOSITÉ. s. f. Callus, callum. Chair blanche, solide, sèche, & sans douleur, qui est engendrée par congestion d’un excrément pituiteux desséché ; ou mélancolie aduste, qui couvre la circonférence de l’ulcère, & occupe le lieu sur lequel se devroit engendrer la bonne chair. Le Chirurgien doit tâcher que les ulcères se referment sans callosités.

Callosité, en termes de Jardinage, se dit d’une matière calleuse qui se forme à la jointure ou à la reprise des pousses d’une jeune branche chaque année, ou aux insertions des racines. Encyc.

CALLOT. s. m. On nomme ainsi une masse de pierre que l’on tire brute des ardoisières, pour la fendre & tailler en ardoises.

☞ CALMANDE. s. f. Etoffe de laine lustrée d’un côté, comme le Satin. Il y a des Calmandes rayées ou unies, & des Calmandes à fleurs. On fait entrer dans ces dernières, de la soie ou du poil de çhèvre.

CALMANT. s. & adj. Terme de Médecine. Mitigans, sedans. ☞ On appelle calmans en Médecine les remèdes narcotiques ou soporatifs, tels que le laudanum.

☞ On le dit en général de tous les remèdes qui adoucissent les douleurs causées par des humeurs acres, ou par distention trop violente des parties, &c. Il faut donner des calmans à ce malade : il est substantif dans cette phrase. La jusquiame est un remède calmant ; le voici adjectif. M. Hecquet a fait un Livre intitulé : Réflexions sur l’usage de l’opium, des calmans, &c. des narcotiques pour la guérison des maladies. Les calmans sont les syrops de pavot blanc, de pavot rouge, le laudanum sec ou liquide, le philonium magnum, &c. Bouillet.

☞ CALMAR. Ville de Suède, dans la Province de Smaland, avec un Port de mer, sur la côte de la mer Baltique. Elle fut brûlée en 1647. On l’a depuis considérablement augmentée. Elle donne son nom, au détroit de Calmarsund, qui est entre cette Ville & l’île de Gotland.

Calmar. (Quelques-uns écrivent Calemar.) s. m. Étui, canon d’une écritoire portative, qui sert d’étui pour y mettre des plumes & un canif. Calamorumtheca. Ce mot n’est guère en usage qu’au Collège. Il vient de calamus, plume ; ou de calamarium, qui signifioit écritoire.

☞ Les Encyclopédistes définissent le Calmar, un vase de plomb ou de verre plein d’encre qu’on a placé au milieu d’une éponge mouillée, dans un plateau de fayance ou de bois. On donne encore, disent-ils, le nom de Calmar à un vaisseau de cristal, à peu près de la forme d’un alambic, excepté que le bec de celui-ci tend en bas, & celui-là en haut. On l’appelle communément cornet à lampe. Il semble pourtant que Calmar est un vieux mot qui a toujours signifié un étui où l’on met des plumes à écrire, & non un vase où l’on met l’encre.

CALMARE ou CORNET. s. m. Loligo, Poisson qui ressemble à la Sêçhe, ou qui en est une espèce, mais dont la chair est plus molle. Il a dans le ventre deux réservoirs ou canaux remplis d’une liqueur fort noire, dont on pourroit se servir au lieu d’encre. Ce Poisson se trouve ordinairement en pleine mer. Il vit de petits poissons, d’écrevisses, de langoustes de mer. Il est bon à manger. Il est stomacal, & propre à chasser les vents. Il répand autour de lui une liqueur si noire, qu’elle trouble toute l’eau, & qu’il se dérobe aux pêcheurs, ce qui lui a fait donner le nom Latin de Loligo, du Grec ὀλὸς, noir. On nomme encore ce poisson Tante.

☞ On distingue deux sortes de Calmars, le grand & le petit, qui est appelé Casseron. Il diffère de l’autre, en ce qu’il est plus petit, & que l’extrémité de son corp est plus pointue,

CALME. s. m. Cessation entière du vent, bonace. Tranquillitas maris. Ce que les Mariniers craignent le plus en pleine mer, c’est d’être pris du calme. Ils appellent calme, quand il n’y a point du tout de vent ; quand on ne sent pas la moindre haleine de vent ; en sorte que le vaisseau ne va plus qu’au gré de la mer. Malacia. Le calme est avantageux aux galères, & dangereux aux vaisseaux voiliers, Être pris du calme, c’est demeurer sans aucun vent, en sorte qu’on ne va plus qu’au gré du courant de la mer. Tomber dans le calme, c’est la même chose. Le calme succède à l’orage.

Ce mot selon Covarruvias, vient du grec, καῦμα, calor, chaleur. Quand il ne souffle point de vent, la chaleur est beaucoup plus grande.

Calme, pris dans un sens figuré & appliqué à l’ame, à l’Etat ou à quelque Société particulière, exprime une situation exempte de trouble & d’agitation, qui succède à une situation agitée, ou qui la précède.

☞ Le naot tranquillité, dit M, l’Abbé Girard, ne regarde précisément que la situation en elle-même, & dans le temps présent, indépendamment de toute relation : celui de paix regarde cette situation, par rapport aux dehors & aux ennemis qui pourroient y causer de l’altération : celui de calme la regarde, par rapport à l’événement, soit passé, soit futur.

☞ On a la tranquillité en soi-même, la paix avec les autres ; & le calme après l’agitation.

☞ Les gens inquiets n’ont point de tranquillité dans leur Domestique. Les Querelleurs ne sont guère en paix avec leurs voisins. Plus la passion a été orageuse, plus on goûte le calme. Le calme règne dans un esprit qui a une fois dompté les passions. La modération des personnes heureuses vient du calme que la bonne fortune a donné à leur humeur. Rochef. Un Solitaire qui ne connoît d’autres vicissitudes que le changement des saisons, jouit d’un calme profond que rien ne sauroit troubler. M. Scud. La vigueur de l’esprit se relâche, si la vertu s’endort dans le calme. Flech.

Peut-on s’accoutumer à ne sentir plus rien ?
Et pour les cœurs enfin le calme est-il un bien ?

Des Houl.

La discorde à l’aspect d’un çalme qui l’offense,
Fait sifler les serpens. Boil.

Sous un calme trompeur le monde a mille écueils. Théop.

Calme, est aussi adjectif, & a les mêmes significations au propre & au figuré. La mer est calme, quand il ne souffle aucun vent. L’été est une saison plus calme que l’automne. L’esprit est calme, quand il est dans une situation exempte de trouble & d’agitation, qu’aucun événement n’altère. La sédition est appaisée, tout est calme dans l’Etat. On dit dans le même sens, qu’un malade est calme ; pour dire, qu’il est sans agitation, sans douleur, après une crise, un accès de fièvre,

CALMER. v. a. Rendre calme, appaiser, modérer. Sedare, placare, tranquillare. Il se dit tant au propre qu’au figuré. Neptune calma les flots. Le Prince a calmé son Etat, il en a appaisé tous les troubles, il a trouvé le moyen de calmer les esprits. Ce Prince étoit en colère, mais il s’est calmé à la fin.

La haine entre les grands se calme rarement. Corn.

On dit neutralement sur la mer, il calme, pour exprimer que le vent s’abbaisse. Tranquillari, sedari, placari.

CALMÉ, ÉE. part.

CALMI. s. m. Sorte de toile peinte, qui se fabrique dans les Etats du Grand Mogol ; le négoce en est interdit en France.

CALMOUCKS ou CALMOUCS. Nom de peuple. Les Calmoucs sont des Tartares qui occupent le pays qui est entre le Mongul & le Volga jusqu’à Àstracan. Les Calmoucs n’ont point de villes ni d’habitations fixes ; ils ont des tentes de feutre fort propres & fort commodes, & sont toujours en course. Ils sont divisés en une infinité de hordes, qui ont chacune leur Kam particulier. Le P. Avril Jésuite en parle au IIIe Liv. de son Voyage de la Chine. On joint souvent le mot Tartare à celui de Calmouc, & l’on dit les Tartares Calmoucs, au lieu de dire les Calmoucs tout court. Les Calmoucs sont des monstres de nature. Quand on les regarde en face, on ne sait de quelle couleur est leur visage, ni où sont leurs yeux & leur nez. Mém. des Miss. du Lev. où l’on écrit une fois Kalmoucs, & plusieurs fois Kalmoues. Les Calmoucs sont robustes, bons soldats, mais les hommes les plus laids & les plus difformes qui doient sous le ciel : ils ont le visage plat & large, les yeux fort éloignés l’un de l’autre ; le peu qu’ils ont de nez est si écrasé, qu’on n’y voit que deux petits trous au lieu de narines. Tavernier, Tome premier.

☞ CALNIDE. Petite ville de France, sur la Dordogne, en Périgord, à cinq ou six lieues de Périgueux.

CALOBRE. s. f. Espèce de vêtement long, & qu’on mettoit ordinairement par-dessus un habit pour le conserver.

CALOCER. s. m. Nom d’homme. Calocerus. S. Calocer est un des onze premiers Evêques de Ravenne, que l’on y nomme de la Colombe. Il y a encore un saint Calocer de Rome, dont Bède parle. Voyez Chastelain, Marlyrol. 11e Fev. p. 616, 617.

Ce nom vient du Latin Calocerus, qui s’est dit pour Calogerus, qui signifie Caloyer.

CALOCHIERNI. s. m. Il paroît que ce n’est autre chose qu’une grande espèce d’Atractilys commune en Grèce & en Crête. On l’a appelée atractilis, de ἄτρακτος, fuseau, parce que les femmes s’en servoient jadis en fuseau. Nous lisons même dans Lovell que les femmes Grecques l’emploient encore aujourd’hui au même usage aux environs de Constantinople ; car dans cette contrée cette plante s’élève à la hauteur d’un homme ; & lorsqu’elle est parvenue à sa maturité, ses feuilles tombent, & sa tige demeure sèche & roide. Diction. de James.

CALOGER. Voyez Caloyer.

CALOMNIATEUR, lATRlCE. s. m. & f. Qui accuse faussement quelqu’un, qui lui impute des défauts ou des vices qu’il n’a pas. Calumniator, Calumniatrix. On peut avancer une calomnie sans être calomniateur ; la bonne foi exténue le mal. Arn. Anciennement les calomniateurs subissoient la peine du talion ; c’est-à-dire, la même peine que l’accusé eût soufferte, s’il eût été convaincu du crime qu’on lui imposoit. Dans la suite, on leur imprima sur le front la lettre K avec un fer chaud : usage qui subsista jusqu’à Constantin. Aujourd’hui cette exacte justice n’est pas observée. On modère la peine par rapport aux personnes, & à la nature de la calomnie. C. B. Le nom que les Grecs ont donné au Diable, est celui de Calomniateur.

CALOMNIE. s. f. Fausse accusation d’un crime, imputation atroce & mal fondée, contre l’honneur & la réputation d’autrui. Calumnia, falsa criminatio. Il n’y a rien de plus ordinaire & qu’on punisse moins que la calomnie. La calomnie est un crime d’autant plus détestable, qu’on ne peut jamais réparer le mal qu’elle fait. On ne doit point hasarder légèrement une calomnie capitale. Arn. Il n’y a point d’excuse pour un calomniateur qui produit sa calomnie avec méditation & avec réflexion. Toute la puissance de la calomnie qui avoit triomphé de Socrate, ne fut que foiblesse contre la pureté des mœurs de Caton. Le Mait. Les plus gens de bien se laissent quelquefois tromper par l’artifice de la calomnie. Maimb. La calomnie se glisse où n’entreroit pas le calomniateur : la louange marche en tortue, & la calomnie a des aîles : elle peut en un moment voler du grenier d’un Ecrivain envieux, jusqu’aux palais des Princes. Fuselier. Dans les Coutumes & vieux Titres on appeloit calomnie, l’action ou demande par laquelle on mettoit quelqu’un en Justice, soit au civil, soit au criminel ; & il se disoit même d’une légitime accusation. On l’a dit aussi de la peine, ou amende imposée pour une action mal intentée & sans fondement.

Ce mot est tiré du verbe calvo, qui signifie tromper, frustrer quelqu’un.

Les Athéniens avoient fait une Divinité de la calomnie. Apelles en fit un tableau. Sur la droite du tableau paroissoit la crédulité, qui avoit de longues oreilles. Elle tendoit de loin la main à la calomnie qui s’avançoit. Elle avoit près d’elle l’ignorance, sous la figure d’une femme aveugle, & de l’autre côté le soupçon représenté par un homme agité d’une inquiétude secrette. Vis-à-vis étoit la calomnie, représentée sous la figure d’une belle femme, & ornée de beaux atours, mais dont le visage étoit enflammé & sembloit respirer la colère & la rage. Elle tenoit un flambeau allumé de la main gauche, & de la droite elle traînoit par les cheveux un jeune homme, qui levoit les mains au ciel, & sembloit prendre le ciel à témoin. Elle étoit précédée d’un homme pâle, maigre, d’un visage hâve, d’un regard fixe, & semblable à un homme qui sort d’une longue maladie. Il représentoit l’envie. Derrière étoient deux femmes qui conduisoient la calomnie, & qui ajustoient ses ornemens. L’une étoit l’Embûche, & l’autre la Tromperie. Derrière suivoit le repentir vêtu d’habits noirs & déchirés, & qui tournant la tête en arrière, avec des yeux tout baignés de larmes, & un visage couvert de honte, sembloit recevoir la Vérité qui s’avançoit. ☞ Apelles fit présent de ce tableau à Ptolémée, Capitaine d’Alexandre, pour se venger de la calomnie d’un autre Peintre qui l’avoit accusé d’avoir eu part à la conspiration faite contre ce prince.

CALOMNIER. v. a. Accuser faussement, ☞ imputer à quelqu’un des vices ou des défauts qu’il n’a pas. Attaquer, blesser l’honneur & la réputation de quelqu’un par des imputations fausses. Calumniari aliquem. Les plus grands Saints ont été sujets à être calomniés. Calomnier une alliance : c’est, selon Patru, la blâmer faussement, & mal-à-propos.

CALOMNIÉ, ÉE. part.

CALOMNIEUSEMENT. adv. D’une manière calomnieuse. Per calumniam, calumniose. Il a obtenu un Arrêt qui l’a déclaré faussement & calomnieusement accusé.

CALOMNIEUX, EUSE. adj. Qui contient des calomnies. Calumniosus. Ces écritures sont pleines de faits injurieux & calomnieux.

☞ CALONE, rivière de France en Normandie, qui a sa source à Dures-en-fontaines, passe à Bailleul, à Asnières & à Conneilles, & se perd dans la rivière de Touques à Pont-l’Evêque.

CALONNIERE. s. f. Terme populaire. On dit canonnière.

CALOT. s. m. nom d’un Graveur fameux, qui ne gravoit que dans le grotesque : d’où l’on a dit, figure à Calot ; pour dire, figure extraordinaire & risible. Voyez Grotesque.

Calot. s. m. Morceau de bois pour caler une pièce de charpente, & la mettre droit sur son chantier. Dict. des Arts 1751. C’est ce que Richelet & d’autres appellent cale.

Calot, chez les faiseurs de dragées au moule, est une calotte de chapeau dans laquelle ils mettent les dragées après qu’elles sont séparées des branches.

Calot. s. m. C’est le nom d’une espèce de poire qui est bonne à cuire, qui se conserve jusqu’au mois de Mai, & qui se nomme encore Donville.

CALOTTE. s. f. Petite coiffe, espèce de petit bonnet de cuir, de satin, ou d’autre étoffe, qui couvre le haut de la tête. Pileolus, galericulus. La calotte rouge est une marque de dignité, car il n’y a que les Cardinaux qui la portent.

On dit que le Pape a donné la calotte à quelqu’un, pour dire, qu’il l’a élevé à la dignité de Cardinal. Acad. Fr.

On appelle calotte à oreilles, une grande calotte qui couvre les oreilles. Les vieillards en portent.

La calotte, qui a été introduite d’abord par nécessité, est devenue depuis un ornement pour les Ecclésiastiques ; & comme les nouveautés trouvent de l’opposition, par un statut de la faculté de Théologie de Paris du premier Juillet 1561, il fut défendu aux Bacheliers de soutenir ou de disputer en calotte. M. le Cardinal de Richelieu est le premier Ecclesiastique qui ait porté la calotte