Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/241-250

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Fascicules du tome 2
pages 231 à 240

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 241 à 250

pages 251 à 260


aux Cagots, mais que l’on nomme Caqueux. Voyez ce mot.

Capot. Terme du jeu de Piquet. ☞ Faire capot quelqu’un, c’est faire toutes les levées. Alors on gagne quarante points. Etre capot, c’est ne faire aucune main.

En Termes de Marine. On appelle faire capot, lorsque les navires, barques, pyrogues & canots se renversent sens dessus dessous. Tous ceux qui sont dans les petites nacelles, périssent ordinairement quand elles font capot. Je voulus gouverner, on m’en empêcha, & nous fîmes capot dans le moment. Chev. de Beauch. Il donnoit un repas à plusieurs Messieurs & Dames sur sa frégate ; le bâtiment fit capot à la vue de toute la ville, & tous les convives périrent. Idem. On voit par ces deux exemples qu’on dit faire capot, tant du navire que de ceux qui sont dedans.

☞ On dit familièrement & figurément, faire capot, rendre confus & interdit, déconcerter quelqu’un. Etre capot, Etre fait pic & capot.

Dame ignorance a fait enfin capot
Le bel esprit. Des H.

Philis, contre la mort vainement on chicane,
Tôt ou tard qui s’y joue, est fait pic & capot. Bens.

☞ On le dit de même d’une personne qui se voit frustrée de son espérance. Cette Dame a été bien capot, quand elle a vu que personne ne la faisoit danser.

☞ CAPOTAGE. s. m. Terme de Marine. On donne ce nom à cette partie de la science du Pilote qui consiste à connoître le chemin que le vaisseau fait sur la surface de la mer : connoissance nécessaire pour conduire sûrement un Vaisseau.

CAPOTE. s. f. C’est une mante que les femmes mettent par dessus leurs habits, quand elles sortent, & qui les couvre depuis la tête jusqu’aux pieds. Il y a des capotes de camelot, il y en a de taffetas.

☞ On donne aussi ce nom à la petite cape qui fait partie de l’habit de cérémonie des Chevaliers du St. Esprit. Voyez Capot.

CAPOUAN, ANE. s. m. & f. Qui est de Capoue, Citoyen de Capoue. Capuanus, a. L’an de Rome 432, sous le Consulat de C. Junius Bubulcus, & de Q. Emilius Barbula, les Capouans prirent les loix Romaines. Nos Auteurs du XVIe siecle & du commencement du XVIIe, se servent de ce mot Aujourd’hui habitant de Capoue, natif de Capoue, seroit mieux.

CAPOUDAN BACHA. s. m. Terme de Relation. Bacha de mer. Officier Turc, qui est pris de l’un des trois premiers Pages du Kgas Oda ou de la Chambre privée. Mari Præfectus, Archithalassius.

CAPOUE. Ville archiépiscopale du Royaume de Naples. Capua. Capoue est ancienne. Diodore dit qu’elle fut bâtie sous le Consulat de M. Genucius, & de Curtius Chilo, que les fastes de Pighius mettent à l’an de Rome 308 ; ceux d’Onuphrius à l’an 309, & la Chronologie imprimée à la fin de Diodore, l’an 310. On ne convient pas de son fondateur. Sempronius, en la division d’Italie, l’attribue aux Hétrusques, par qui elle fut appelée d’abord Osque, & puis Capoue. Caton dit la même chose. Diodore dit que ce furent les Osques qui la bâtirent. Virgile, Enéïde, L. X, v. 145. Suétone, in Jul.Cæs. c. 81. Pline, L. III, c. 5, & Silius Italicus, Lib. XI, disent qu’elle fut bâtie par Capys, compagnon d’Enée. Festus nous apprend que quelques-uns rapportoient ce nom à l’augure d’un faucon, dit en Grec Capys, parce qu’il a les pieds recourbés ; & d’autres aux plaines dont ce pays est rempli. Tite-Live écrit, Liv. IV, c. 37, qu’elle s’appeloit d’abord Vulturne, Vulturnus, du nom du fleuve sur lequel elle est située ; qu’ayant été prise par les Samnites sous le Consulat de C. Sempronius Atratinus, & de Q. Fabius Vibulanus, Capys, chef des Vainqueurs, la nomma Capoue de son nom ; ou, ce qui paroît plus probable à Tite-Live, parce qu’elle étoit dans une plaine. Strabon croit que ce nom lui fut donné parce qu’elle étoit Capitale des douze Villes de la Campanie, Caput Campaniæ. Capoue fut toujours une ville très-débauchée ; Tite-Live, L. XXIII, c. 4. Ciceron l’appelle le domicile de l’orgueil, & le siége de la débauche, Orat. 15, n. 96. Ce furent les délices de Capoue qui corrompirent Annibal & son armée, & qui sauvèrent les Romains. Jules César envoya une Colonie à Capoue quelque temps avant sa mort. Suétone le dit, C. 81. Vigenere traite exactement de cette Ville, dans son César & dans son Tite-Live. Capoue étoit une ville très-considérable, digne d’être comparée à Rome & à Carthage. Cicéron dit qu’autrefois elle passoit pour une seconde Rome. Aujourd’hui cette ancienne Capoue n’est plus qu’un village que les Italiens nomment S. Maria Magiore, ou delle Gratie, Sainte Marie Majeure, ou Sainte Marie des Grâces. On y voie de très-beaux restes de son ancienne splendeur.

La Nouvelle Capoue est encore la capitale de la Campanie, ou, comme on l’appelle maintenant, de la terre de Labour. Elle a un Archevêché qui fut érigé par Jean XIII en 968. Capoue a eu titre de Principauté, & l’on trouve des Princes de Capoue parmi les fils des Rois de Sicile. Capoue n’est pas aujourd’hui au lieu où étoit l’ancienne Capoue, mais à deux milles plus au Nord, à l’endroit où étoit autrefois Casilium. C’est le Comte Laudon, & l’Evêque Dandulphe qui l’y transportèrent. On peut consulter sur cette ville Cluvier, Ital. Ant. Lib. IV, p. 1174, & Leand. Descript. Ital. p. 164. Vigenere sur César & sur Tite-Live.

☞ CAPPA. Peuple de l’Amérique Septentrionale, dans la Louisiane, sur le bord occidental du fleuve Mississipi. On écrit aussi Kappa.

CAPPADOCE. Ancienne Province de l’Asie Mineure, qui a eu autrefois titre de Royaume. Cappadocia. La Cappadoce étoit bornée au nord par le Pont-Euxin, au levant par l’Arménie Mineure, & à l’Occident par la Galatie ; au midi le Mont Taurus la séparoit de la Cilicie. Pline, L. VI, c. 8. Strabon, L. XII. La Cappadoce avoit pris la Religion des Perses, auxquels elle avoit été soumise comme tout le reste de l’Asie Mineure. Tout y étoit plein de Mages, qu’on nommoit Pyrethes, c’est-à-dire, adorateurs du feu, des Pyrathées, qui étoient de grands espaces enfermés, au milieu desquels il y avoit un Autel, sur lequel les Mages conservoient le feu perpétuel, & le temple des Dieux de Perse, Strabon Liv. XV, & Vossius, De Idol. L. II, c. 9. Ils reçurent aussi des Perses le culte d’Anaitis ou Zaretis, qui étoit, selon quelques-uns, la Lune, & selon d’autres, Minerve ou Bellone. La Cappadoce nourrissoit beaucoup de chevaux, selon Solin, ch. 47, & de mulets, selon Homère ; & au rapport de Pline, Théophraste disoit que les mules étoient fécondes en Cappadoce, Strabon dit Livre XI, que les Cappadociens payoient tous les ans un tribut de quinze cens chevaux, & de deux mille mulets. Après la mort d’Alexandre, l’Asie Mineure & le Pont, obéirent à Antigonus. Ce Royaume périt avec Démétrius, fils d’Antigonus : quelques Provinces furent jointes aux États des Séleucides, les autres se firent des Rois. La Cappadoce fut de ces dernières, & ce Royaume subsista jusqu’au temps d’Auguste, que la Cappadoce fut réduite en Province Romaine. En 1204, Isaac Comnène, chassé de Constantinople par les François, établit là l’Empire de Trebizonde, qui a duré jusqu’en 1461, que David Calo-Jean, fut pris par Mahomet II.

Quelques Auteurs comprennent la petite Arménie dans la Cappadoce, & divisent tout ce pays en deux parties générales, l’Armenie Mineure & la Cappadoce propre. Celle-ci étoit encore divisée en deux grandes Provinces, la grande Cappadoce, qui étoit dans les terres ; & le Pont, qui comprenoit tout ce qui étoit le long du Pont Euxin.

Aujourd’hui tout ce pays est compris sous les noms d’Amasie, d’Anadole et de Bozoch. Les Turcs y ont quatre Beglierheglies, qui sont ceux de Sivas, de Trébizonde, de Marasch & de Congi, ou de Caramanie. Cependant une partie de celui de Trébizonde, du côte de l’orient, & de Cogni, du côté du couchant, sont hors des bornes de l’ancienne Cappadoce. Maty.

CAPPADOCIEN, ENNE. s. m. & f.Cappadox. Qui est de Cappadoce. Les Cappadociens ne pouvoient se gouverner eux-mêmes. Il leur falloit des maîtres, & les Romains leur ayant permis de se gouverner selon leurs Loix, ils les prièrent de ne leur point laisser cette liberté, disant qu’ils ne la pouvoient souffrir. C’est ce que Strabon, qui étoit Cappadocien, rapporte lui-même de ses compatriotes, L. XVI. S. Seleuque Cappadocien. Chastelain.

CAPRAIS. s. m. Caprasius. Nom d’homme. S. Caprais, que quelques-uns veulent appeler Capraise, pour le distinguer d’un autre Saint de même nom qui fut martyr à Agen, étoit Abbé de Lérins au V siècle.

☞ CAPRANICA. Petite ville de l’Etat Ecclésiastique en Italie, dans le patrimoine de S. Pierre.

CAPRAROLA. s. m. Célèbre château d’Italie appartenant au Duc de Parme. Ce magnifique château fut bâti par le célèbre Vignole pour le Cardinal Alexandre Farnèze, & passe pour le chef-d’œuvre de ce grand Architecte. Il est bâti en pentagône avec cinq faces très-élevées & semblables, qui renferment une cour parfaitement ronde, ainsi que les corridors & les galeries ; & cependant les salles sont carrées & bien proportionnées. La principale est peinte de la main de Pietro Orbista, qui étoit en réputation sous Paul III. Il y a une des chambres où quatre personnes placées chacune dans un coin, s’entendent parler fort distinctement, quoiqu’elles parlent bas, & que ceux qui sont au milieu de la chambre n’en entendent rien. Tous les autres appartemens ont chacun leur beauté particulière. Les jardins, les fontaines, & tous les autres accompagnemens sont dignes de ce superbe Palais, que tous les voyageurs ne manquent pas d’aller voir, & d’admirer. Il est à vingt-cinq milles de Rome, dans le Patrimoine de Saint Pierre, au Comté de Boncigliani, près de Viterbe.

CÂPRE. s. f. C’est la baie ou le bouton à fleurs d’un arbrisseau appelé câprier, qu’on cueille avant qu’il soit épanoui. Capparis, cappari, cappar. Ces boutons sont petits & verts. Après les avoir cueillis, on les fait sécher dans un lieu sombre jusqu’à ce qu’ils se flétrissent : on les confit ensuite au vinaigre, & on les garde dans des barrils. Les câpres se mangent ordinairement en salade : on en met aussi dans plusieurs ragoûts. On emploie ordinairement ce mot au pluriel. On dit, les câpres seront chères cette année. La récolte des câpres n’a pas été bonne. Ces câpres sont grosses, elles sont vieilles &c. Flos non expansus Capparis.

☞ On appelle câpres capucines, celles qui sont moins grosses que les autres.

Capre. s. m. en termes de Marine, est le nom qu’on donne aux Armateurs & aux vaisseaux armés en guerre, qui vont en course. Pirata. ☞ On le dit ordinairement des vaisseaux que des Particuliers arment en course. Nous fûmes pris par un Capre Hollandois.

CAPRÉES. Capræ. Île de la Méditerranée sur les côtes du Royaume de Naples, à l’entrée du Golfe de Naples, vis-à-vis de Pouzzole, fameuse par la retraite & les débauches de Tibere. Caprées est une Île éloignée seulement d’une lieue du cap Sorrento dans la Campanie qu’Auguste avoit achetée des Napolitans. L’air y est doux, en hiver, & frais en été. On y a la vue d’un golfe & d’une côte qui étoit alors parfaitement belle. L’abord en étoit difficile, & on croit que c’est ce que Tibère en aimoit le plus. Il y passa les dix dernières années de sa vie. Tillem.

CAPRICE. s. m. Qualité opposée à la bonne société, qui fait qu’on s’écarte du goût des autres par inconstance ou changement subit de goût. Levitas, animi repentinus impetus. On le dit, quand au lieu de se conduire par la raison, on se laisse emporter à sa fantaisie, & à l’humeur dominante où l’on se trouve. Il faut laisser passer son caprice, sa fantaisie, sa mauvaise humeur. Je n’ai que faire d’essuyer tous ses caprices, ses fougues, ses boutades. Pour avoir toujours de l’espérance, il ne faut qu’avoir observé l’instabilité de la fortune, & le caprice des événemens, qui changent lorsqu’on y pense le moins. M. Scud. On me faisoit redouter les caprices de la multitude & de la légereté du public. La Bruy. Le caprice de notre humeur est encore plus bizarre que celui de la Fortune, Rochef. La prudence ne doit rien abandonner au caprice de la Fortune. Flech.

Je sais rendre aux Sultans de fidèles services ;
Mais je laisse au vulgaire adorer leurs caprices.

Racine.

Je veux bien que le sort ; par un heureux caprice,
Fasse de vos écrits prospérer la malice. Boil.


Que le peuple à son gré nous craigne, ou nous chérisse ;
Le sang nous met au trône, & non pas son caprice. Corn.

Le mot de caprice étoit nouveau du temps d’Henri Estienne, & lui sembloit fort étrange.

☞ Corneille a abusé de ce mot dans la Suite de son Menteur quand il a dit, je mis dans mon caprice. Cela ne peut signifier, dit Voltaire, je mis dans ma tête, dans ma fantaisie, dans mon imagination, dans mon esprit. On n’a point le caprice, comme on a une faculté de l’ame. On peut bien avoir un caprice dans son idée, mais on n’a point une idée dans son caprice.

Caprice se transporte élégamment par métaphore aux choses inanimées, & signifie irrégularité, variété, diversité dans les actions & les effets. Varietas, diversitas, abnormis ratio. En fait d’expériences, il ne faut pas se décourager aisément. Elles ont, pour ainsi dire, leurs caprices, que l’on surmonte avec le temps. Acad. des Sc. 1700. Hist. p. 136.

Caprice, fantaisie, se dit aussi par Métaphore, des pièces de Poësie, de Musique, d’Architecture & de Peinture, qui réussissent plutôt par la force du génie, que par l’observation des règles de l’art ; c’est pourquoi elles n’ont aucun nom certain. Subitus, fortuitus animi impetus. Ces sortes de compositions qui sortent des règles ordinaires, doivent être d’un goût singulier & nouveau. On les appelle fantaisies, caprices, parce que ceux qui les composent, se laissent aller à leur imagination. Saint Amant a intitulé quelques pièces Caprice. Les Caprices, ou postures de Calot Graveur. Caprices de Musique.

Caprice signifie quelquefois saillie d’esprit & d’imagination, & alors il se peut prendre en bonne part. Ce peintre, ce musicien a d’heureux caprices. Il y a des caprices si heureux, qu’ils valent mieux que le bon sens. S. Evr,

☞ Mais en général on entend par caprice, une composition bizarre, quoiqu’ingénieuse, qui est éloignée des préceptes de l’art.

CAPRICIEUSEMENT. adv. D’une manière capricieuse, par caprice. Se gouverner, se conduire capricieusement. Morosè, leviter.

CAPRICIEUX, EUSE. adj. Sujet à des caprices. Il se dit des hommes & des animaux. Morosus, inconstans, levis. Cet homme est capricieux. Cette mule est fantasque & capricieuse. Les personnes d’une humeur inégale, & un peu capricieuse, ont pour l’ordinaire beaucoup d’esprit. M. Scud. La Fortune est une aveugle, & personne ne doit être honteux de céder à tant de têtes communes, que cette capricieuse Divinité choisit pour les objets de ses faveurs. Charp.

☞ Ce mot que l’on fait souvent synonyme à bizarre, fantasque, quinteux & bouru, a pourtant son idée particulière qui se distingue, & signifie celui qui s’écarte du goût des autres, par inconstance ou changement subit de goût. Le capricieux dit proprement quelque chose d’arbitraire. Voyez aux autres mots leurs différences propres.

CAPRICORNE. s. m. C’est un des signes du Zodiaque, ou quand le soseil est arrivé, il est au Solstice d’hiver. Capricornus. Cette constellation est composée de 28 étoiles. Macrobe a cru que ce signe avoit été nommé Capricorne, parce qu’il imite en quelque sorte la nature des chèvres, qui en paissant grimpent toujours de bas en haut. De même le Soleil en entrant dans ce signe, commence à monter de bas en haut. C’étoit chez les Anciens le 10e signe du Zodiaque, & quand le soleil y arrivoit, il faisoit le solstice d’hiver, par rapport à notre hémisphère, & commençoit à retourner au tropique Méridional vers la ligne. Quelques-uns en parlent encore de même ; mais les Astres ayant avancé vers l’Orient d’un signe entier, le Capricorne n’est plus que l’onzième, & c’est à l’entrée du soleil dans le Sagittaire, & non plus dans le Capricorne, que se fait le solstice. Cependant on parle toujours de la même manière que les Anciens, quoique les choses aient changé ; & l’on appelle le Tropique du Capricorne, comme si ce signe touchoit encore au point du solstice. Ce signe est représenté ayant la partie supérieure d’un bouc, & la partie inférieure d’un poisson c’est-à-dire, en queue de poisson le plus souvent entortillée, & quelquefois droite : ces figures se trouvent sur plusieurs monumens antiques, sur des cachets, comme on le peut Voir dans Gorlæus, n. LXXXV & LXXXVII, sur plusieurs médailles, entr’autres sur quelques-unes d’Auguste. M. Patin en a fait graver quelques-unes dans son Suétone, pages 80 & 139. C’est la forme d’un Ægipan. Voyez ce mot ci-dessus. On peint aussi le Capricorne simplement sous la forme d’un bouc.

Suétone dit in Octavio, ch. 94, qu’Auguste fit graver la figure du Capricorne sur les médailles, parce qu’il étoit né sous ce signe, & en conséquence d’un horoscope avantageux que Théogene lui en avoit tiré, lorsqu’il étoit à Apollonie, quelque temps avant la mort de Jules. On n’accorde pas trop cela avec ce que dit le même Suétone, ibid. cap. 5, que ce Prince naquit le 9e jour avant les Kalendes d’Octobre, c’est-à-dire, comme Dion le témoigne aussi dans son 56e Livre, le 23e de Septembre, un peu avant le lever du soleil, dit encore Suétone. De plus, Auguste mourut le 14e des Kalendes de Septembre, ou le 19 d’Août. Suétone, ibid. cap. 100. Dion, Liv. LVI ; ayant, selon Suétone, 76 ans moins 55 jours, ou selon Dion, 75 ans, dix mois, 26 jours. Il faut donc qu’il fut né le 23e de Septembre. Cependant le 23e de Septembre, un peu avant le lever du soleil, le Capricorne étoit au méridien des Antipodes, comment donc Auguste étoit-il né sous ce ligne ? Scaliger, De emend. Temp, Lib. II, cap. 2, & le P. Petau, De Doct. Temp. Lib. X, cap. 64, & Lib. XI, cap. 6, disent que Suétone s’est trompé. M. Babelon, Auteur du Commentaire à la Dauphine sur Suétone, a trouvé un moyen très-naturel de concilier Suétone avec lui-même. Il dit que Théogene ne prit point le thème de la naissance, mais celui de la conception d’Auguste. Or ce Prince étant né le 23e Septembre, jour auquel le Soleil entroit dans le Capricorne, moment, dit Julius Firmicus, VIII Mathet. très-heureux dans un horoscope & qui ne promet pas moins que des Sceptres & des Empires.

La Fable dit que ce Capricorne est Pan, qui, à l’arrivée du Géant Typhon dans l’Egypte, fut saisi d’une telle crainte, qu’il se changea le haut en bouc, & le bas en poisson, & que Jupiter, surpris d’une pareille métamorphose, le transporta dans le Ciel. On peut voir sur cet Astre le CieL Astronomique de Cæsius, pag. 89, & Saumaise sur Solin. page 1237.

CAPRIER. s. m. Capparis. Arbrisseau dont les racines tracent & s’étendent beaucoup, d’où partent plusieurs jets ligneux, inclinés contre terre, armés d’épines crochues, & garnis de feuilles alternes, arrondies, d’un pouce de diamètre, vertes, charnues, d’un goût amer, & soutenues par des queues longues de demi-pouce. De leurs aisselles naissent des fleurs composées de quatre pétales, d’un pouce de diamètre environ, purpurines ou blanchâtres, soutenues par un calice à quatre feuilles vertes. Le milieu de ces fleurs est garni d’un nombre considérable d’étamines. Le pistil qui occupe leur centre, est terminé par un embryon qui dévient un fruit long d’un pouce & demi, un peu ovale, rougeâtre, charnu, & qui renferme plusieurs petites semences taillées en forme de rein, brunes & dures. Chaque fleur est portée par un pédicule long d’un pouce. Le bouton de cette fleur est ce qu’on nomme câpre. On confit les câpres en Provence, où les câpriers sont fort communs. On laisse ordinairement flétrir les câpres auparavant que de les jeter dans du vinaigre, & même on les change deux fois de vinaigre, afin qu’elles en soient plus pénétrées ; à la troisième fois qu’on les met dans de nouveau vinaigre, on ajoute du sel pour les mieux conserver, & amortir l’âpreté du vinaigre. On assaisonne le poisson, les légumes avec les câpres, pour en relever le goût. L’écorce des racines du câprier est très-apéritive ; on s’en sert pour cet usage en Médecine, & elle entre dans plusieurs compositions de Pharmacie. L’on provigne le câprier comme la vigne. Il y a quelques autres espèces de câpriers qui différent de celui-ci, ou par leurs feuilles, ou par leurs fruits.

CAPRIFICATION. s. f. Manière de rendre les figues sauvages bonnes à manger. Caprificatio. Les anciens avoient une manière d’apprêter les figues sauvages & de les rendre bonnes à manger, qu’on n’a pu attraper en Provence ni en Languedoc. ☞ Dans le levant on y réussit, mais ce n’est qu’après qu’elles ont été piquées d’une certaine mouche qu’on ne voit voltiger qu’autour des figuiers. Ceux qui cultivent ces arbres ne manquent pas de porter ces insectes sur leurs figuiers dans la saison convenable. Voyez les Mémoires de l’Académie sur la caprification des anciens, & le mot figuier. Ce mot vient de caprificus, qui signifie un figuier sauvage ; & celui de caprificus vient lui-même de ce que les chèvres broutent les feuilles & les fruits de ces sortes de figuiers.

CAPRIFICIEL. adj. m.Nom que l’on donnoit chez les anciens au jour auquel les peuples de l’Attique commençoient la récolte du miel. Ce jour étoit consacré à Vulcain, selon ce que dit Pline, Liv. XI, ch. 15.

☞ CAPRI-MONS ou CAPROMONS. Nom d’une ancienne maison royale de Lothaire, sur la Meuse, vers les confins du diocèse de Liège. Adrien Valois dit que le nom vulgaire est Chievremont ou Kevermont.

CAPRIOLE. Voyez Cabriole.

CAPRIOLER. v. n. Faire des caprioles. Agili, levi saltu se in sublime tollere. Voyez Cabrioler.

CAPRIPÈDE. s. m. Du latin capripes, capripedis. Qui a des pieds de chèvre, Chèvrepied, Saryre. Je fis signe au Comte de Fiesque de s’éloigner brusquement avec ses capripèdes… Vénus fut scandalisée de la grossièreté de ces capripèdes. Ab. de Chaul.

CAPRISANT ou CAPRIZANT. adj. m.Un pouls caprisant est un pouls toujours ému comme celui d’une chèvre, ou dont les pulsations en imitent le saut. ☞ C’est un pouls irrégulier & sautillant, dans lequel l’artère interrompt son mouvement ; en sorte que le battement qui vient après cette interruption, est plus prompt & plus fort que le premier : de même qu’il arrive aux chèvres qui bondissent & semblent faire un double mouvement en marchant. Il n’y a point d’état plus terrible que lorsque le pouls est formicant ou caprisant. M. Le Brethon. Thomas Diafoirus trouve le pouls du malade imaginaire, duriuscule, pour ne pas dire dur, repoussant & même un peu caprisant. Mol.

CAPRON. s. m. Les Jardiniers appellent les grosses fraises, des caprons. Fraga crassiora. Si elles sont plus belles que les autres, elles sont inférieures en bonté.

Capron, est aussi un terme de Capucin, qui signifie un morceau de drap fait en ovale que les Novices Capucins portent, & qui pend par derrière leur dos, & par devant leur estomac, environ un pied de long. Pannus antè retroque vesti adjectus.

CAPROTINE. adj. f. & épithète que les anciens Romains donnoient à Junon & aux Nones du mois de Juillet. Caprotina. Après l’invaison des Gaulois, les peuples voisins de Rome croyant que la République étant épuisée, ils pourroient aisément se rendre maîtres de la ville, vinrent l’attaquer sous la conduite de Lucius Dictateur des Fidénates. Il fit demander aux Romains leurs femmes & leurs filles. Les esclaves par le conseil d’une d’entrelles, nommée Philotis, prirent les habits & les ornemens de leurs maîtresses, & allèrent se présenter à l’ennemi, le Général les prenant pour les Romaines qu’il avoir demandées, les distribua aux Capitaines & aux Soldats. Elles feignirent de célébrer ce jour-là une fête, & les excitèrent à y prendre part, à se réjouir & à bien boire. Puis quand ils furent ensevelis dans le sommeil, elles donnèrent le signal à la ville de dessus un figuier sauvage, nommé en latin caprificus. Les Romains aussi-tôt fondirent sur leurs ennemis, remplirent le camp de carnage, récompensèrent le service de leurs esclaves en leur accordant la liberté, & une somme d’argent pour se marier, instituèrent une fête à Junon, qui, en mémoire du figuier sauvage du haut duquel le signal avoit été donné, fut surnommée Caprotine, & le jour que Rome fut ainsi délivrée, qui étoit les Nones de Juillet, fut appelé Nones caprotines, ou du figuier.

☞ CAPSCHAC. Pays de la Tartarie. Voyez Kapschac.

CAPSAIRE. s. m. Capsarius. On appeloit ainsi chez les Romains & chez les Grecs ceux qui gardoient dans les bains publics les habits de ceux qui prenoient le bain. On appeloit aussi capsaires certains domestiques qui accompagnoient les enfans lorsqu’ils alloient aux écoles publiques, & qui portoient leurs livres dans une boîte appelée capsa. Rémi, Evêque d’Auxerre, appelle les Juifs les capsaires des Chrétiens, parce qu’ils nous ont conservé les Livres Saints.

CAPSE. s. f. Terme usité en Sorbone. C’est une petite boîte de cuivre ou de fer blanc, où les Docteurs mettent leurs suffrages, afin de recevoir ou de refuser celui qui est examiné pour l’acte de tentative, ou pour la licence. Capsa, capsula. On se sert aussi de cette boîte dans la Faculté de Droit.

☞ On donne aussi le nom de capse à une espèce de chausse de velours dans laquelle on met les billets le jour de l’élection des Prévôt des Marchands & Echevins.

CAPSULAIRE. adj. Terme d’Anatomie, qu’on donne à l’artère qui porte la sang aux capsules atrabilaires. Capsarius. On le donne aussi à la veine qui rapporte le sang des mêmes capsules. ☞ C’est en général l’épithète des ligamens & des membranes qui forment avec les os auxquelles elles sont attachées, des espèces de capsules.

CAPSULE. s. f. Etui, fourreau, petite caisse. Capsula.

Capsule atrabilaire. s. f. Terme d’Anatomie, qui se dit de deux glandes qui sont situées proche les reins, ainsi appelées, parce que l’on trouve dans leur cavité une liqueur noire. On les appelle aussi reins succentoriaux, ou glandes rénales : elles sont de la grosseur d’une noix aplatie, ayant une cavité assez ample pour leur grosseur. On ne sait pas bien quel est leur usage. Il y a apparence qu’elles servent à séparer cette humeur noire qu’on trouve dans leur cavité, & qui est ensuite versée par leur veine dans l’émulgente, où elle est mêlée avec le sang, à qui elle sert de ferment.

La capsule de la veine-porte, est une membrane qui enveloppe le tronc de la veine-porte, lorsqu’elle entre dans le foie, & qui lui sert de gaine, se divisant en autant de ramaux qu’elle, & l’accompagnant jusque dans ses moindres ramifications. Cette capsule enferme aussi le conduit biliaire d’où vient qu’on l’appelle la capsule commune.

Capsule, se dit aussi chez les Botanistes, du lieu où la graine est enfermée, comme on voit dans les poires & les pommes, qui ont une petite enveloppe qui ressemble à une petite bourse où sont enfermés les pépins. On le dit aussi de l’enveloppe de certains fruits. Voyez Fruit.

Capsule. Terme de Chimie. C’est un vaisseau de terre fait en forme de terrine échancrée, où l’on met des matières sur lesquelles on fait des opérations violentes par le feu,

CAPTAL. s. m. Mot gascon qui signifie Chef & Seigneur, qui n’est en usage qu’en cette phrase, Captal de Buch, qui est un titre de M. le Duc d’Epernon, qui possédoit cette Seigneurie. Caput. Borel dit que Captal de Buch, ou de Buts, s’est dit pour caput bugii ; c’est à-dire, Chef des habitans. On trouve quelquefois captau dans le sens de captal. Captau de Buch. Voyez Alain Chartier, Chronique de Charles VII.

CAPTATEUR. s. m. Terme de Jurisprudence Romaine, se dit de celui qui par flaterie, & par artifice, cherche à surprendre des testamens, des donations. Captator. Il n’est en usage qu’au Palais.

CAPTATION. s. f. Il se dit au Palais des ruses & des artifices dont quelqu’un s’est servi pour se faire mettre dans un Testament. Captatio Testamenti.

☞ CAPTATOIRE. Terme de Jurisprudence qui s’applique à toutes sortes de dispositions de dernière volonté provoquées, soit institution d’héritiers, soit legs.

☞ Ces sortes de dispositions sont réprouvées, parce qu’elles ne se font pas, tant pour exercer la libéralité envers celui que l’on institue son héritier, ou à qui on laisse quelque chose à titre de legs, que pour captiver & gagner ses bonnes grâces, à l’effet de l’exciter & le provoquer à faire en notre faveur, ou en faveur de quelqu’autre personne, les mêmes dispositions que nous déclarons avoir été faites par nous en sa faveur.

CAPTEIN. s. m. Terme de Coutumes. Capteinium ; captennium. C’est la protection, la défense que le Seigneur accorde à ses vassaux. Captein est aussi le droit que les vassaux payent au Seigneur pour la protection qu’ils en reçoivent.

☞ CAPTER. v. a. C’est, en général, employer adroitement tous les moyens de parvenir à quelque chose ; chercher à obtenir, par voie d’insinuation. Captare. Capter les suffrages, la bienveillance de quelqu’un. Ce mot qui est tout latin, n’est que du discours familier. Les Vocabulistes l’ont pourtant pris sous leur protection : « la vérité est, disent-ils, que ce verbe est un mot aussi françois que tout autre. » Je désire fort qu’il fasse fortune avec de tels protecteurs.

CAPTIEUSEMENT. adv. D’une manière captieuse. Captiosè. Cet argument conclut captieusement. Cet homme agit toujours captieusement.

CAPTIEUX, EUSE. adj. Qui tend à induire en erreur, & à surprendre par une belle apparence. Captiosus, fallax, Il se dit particulièrement des raisonnemens, qui en apparence sont véritables, & qui se trouvent faux, étant bien examinés. Les Hérétiques se servent de raisonnemens captieux, & sophistiques. Clause captieuse dans un contrat. Tour captieux.

On qualifie souvent une proposition de captieuse, on la condamne comme captieuse. Or une proposition captieuse est une proposition qui sous un bon sens qu’elle pourroit avoir, en cache un mauvais, qu’elle a effectivement, & auquel elle conduit. On le dit quelquefois des personnes. Il faut se défier de ce chicaneur, c’est un homme captieux, & sujet à surprendre les gens.

☞ CAPTIF, IVE. adj. souvent employé substantivement. Esclave fait à la guerre. Captivus. On ne le dit guère qu’en parlant des guerres anciennes. Les Grecs ayant pris la ville, passèrent les hommes au fil de l’épée, & emmenèrent les femmes captives. Echanger les captifs. Les captifs étoient amenés en triomphe à Rome, & suivoient le char du vainqueur.

☞ On le dit en particulier des esclaves faits par un Pirate ou Corsaire, & plus particulièrement des esclaves Chrétiens que les Corsaires de Barbarie font dans leurs courses. Les Religieux Mathurins & ceux de la Merci sont établis pour la rédemption des captifs.

☞ Dans le style soutenu, on le dit de toutes sortes de prisonniers, tant des héros captifs, que figurément de ceux qui se sont laissé asservir sous le joug de quelque dangereuse passion. Ame captive. Cœur captif. La longue vie est le supplice d’une femme qui a mis tout son bonheur à traîner après elle une foule de captifs. Voit. Cette beauté a fait bien des captifs. Un captif mal gardé est pour nous une honte. Mol.

☞ Tenir quelqu’un captif, c’est le tenir dans une extrême sujétion. Ce mari tient sa femme captive.

☞ CAPTIVER. v. a. Rendre captif, ne se dit point au propre, mais il est employé dans le sens figuré, pour marquer le pouvoir qu’a sur le cœur la beauté & tout ce qui plaît. Ses apas, ses charmes captivent tous les cœurs, pour dire, qu’il n’y a personne qui puisse s’en défendre, y résister.

Loin ce bizarre amour, dont l’ardeur violente,
D’un plaisir criminel inspirant le poison,
En captivant le cœur, aveugle la raison. Vill.

On dit, captiver la bienveillance de quelqu’un, pour dire, la gagner, s’en rendre maître, en être assuré. Il est du style familier. Acad. Fr. 1740.

Captiver, dans la signification d’assujettir. Captiver l’esprit, l’humeur d’un jeune homme. Il y a des hommes qu’on ne sauroit captiver.

☞ Dans le style de l’écriture, captiver son esprit, son entendement sous le joug de la foi. Animum summittere ad ea quæ divinitùs credenda proponuntur ; captivare intellectum in obsequium fidei. Style de bible.

Captiver (Se). v. récip. Se contraindre, s’assujettir. Adstringere se. Ce Marchand ne fera jamais fortune ; il ne sauroit se captiver. Il faut se captiver auprès des grands.

Captivé, ée. part.

CAPTIVERIE. s. f. On nomme ainsi dans le Commerce des Nègres, qui se fait par les François au Sénégal, de grands lieux destinés à renfermer les captifs que l’on traite, & dans lesquels on les tient jusqu’à ce qu’ils soient en assez grand nombre pour être transportés aux vaisseaux, & envoyés aux îles.

CAPTIVITÉ. s. f. Esclavage, privation de la liberté. Captivitas. Il y a bien des pauvres Chrétiens qui languissent en captivité chez les Infidèles. Il a été plusieurs années prisonnier, & sa captivité ne lui a point abattu le courage. Les Israëlites furent longtemps en captivité. La captivité de Babylone.

Ton Dieu n’est plus irrité :
Réjouis-toi, Sion, & sors de la poussière ;
Quitte les vêtemens de ta captivité,
Et reprens ta splendeur première. Racine.

On appelle captivité des Juifs, le temps que les Juifs passèrent à Babylone, où Nabuchodonosor, après avoir pris la ville de Jérusalem, les fit conduire avec Joachim ou Joakin leur Roi, le souverain Pontife, les Prophètes Ezéchiel & Daniel, &c. Ils y restèrent jusqu’à ce qu’ils furent délivrés par Cyrus. La durée de cette captivité n’est pas douteuse, puisque l’écriture la fixe à soixante-dix ans ; mais les Auteurs ne conviennent pas du temps qu’elle commença. Le P. Pétau prétend que ce sur la première année du règne de Nabuchodonosor & la quatrième de Joakin. Ussérius la fait commencer une année plus tard. Tirin & quelques autres la font commencer vers l’an 13 de Josias. Cajetan, Génébrard & autres, mettent son commencement en la neuvième année du règne de Nabuchodonosor, & le P. Labbe prétend prouver qu’elle commença la dernière année du règne de Sédécias, lorsque le Temple fut brûlé mais son sentiment n’a pas prévalu sur ceux de Pétau & d’Ussérius, qu’on regarde comme les plus vraisemblables. Quoi qu’il en soit, ce fut le grand Cyrus qui mit fin à cette captivité prédite par Jérémie, en permettant aux Juifs dispersés de retourner à Jérusalem, & d’y rétablir le Temple de Dieu sous là conduite de Zorobabel.

Captivité, signifie figurément grande sujétion, empire tyrannique, ou rude. Servitus. Les Princes d’Orient tiennent leurs sujets en captivité. Ce maître tient ses valets en captivité.

Captivité, se dit aussi figurément des attachemens volontaires qu’on se fait pour contenter ses passions, & particulièrement son ambition & son amour. Un bon courtisan est dans une perpétuelle captivité auprès de son Prince. Un Amant languit dans une agréable captivité auprès de sa Maîtresse, On le dit aussi dans les matières de piété, pour marquer un dévouement entier au service de Dieu.

Un cœur qui vous possède, a tout ce qu’il desire,
Il règne, il est heureux dans sa captivité.

L’Ab. Tetu.

☞ CAPTUNACUM ou CAPTONACUM, & OPATINACUM. Nom d’une ancienne Maison Royale de France, dans la Neustrie. C’est presque tout ce qu’on en sait.

CAPTURE. s. f. Prise au corps de quelque débiteur, ou criminel, par des Archers ou Sergens, pour le mener en prison. Comprehensio. Ce Prévôt a pris un chef de bandit, c’est une belle capture. On a envoyé des Exemts & des Officiers pour faire la capture de ce rebelle, de ce banqueroutier. Par l’Ordonnance de 1670, les Prévôts des Maréchaux sont tenus, lors de la capture, de laisser copie de l’inventaire des meubles, hardes & autres choses dont les accusés sont saisis.

Capture, se dit aussi du butin que l’on prend sur l’ennemi. Præda. Ils ont fait là une bonne capture Dans cette acception, il est familier.

On appelle encore capture, la saisie des marchandises prohibées, faites par les Gardes des Fermes du Roi.

CAPUANUS. s. m. C’est le nom d’une des taches de la lune. C’est la treizième du catalogue du P. Riccioli, qu’il a plû aux Astronomes de nommer Capuanus.

CAPUCE. s. m. Morceau d’étoffe qui couvre la tête des Augustins déchaussés, & de la plupart des Religieux de S. François, & qui d’ordinaire est fait en pointe. Cucullus. C’est la même chose que capuchon.

CAPUCE. (Freres du) Nom d’une Réforme de l’Ordre de S. François, établie en Espagne par le B. Jean de Guadaloupe, sous le Pontificat d’Alexandre VI. Outre beaucoup d’austérités qu’il ordonna, il fit quelque changement dans l’habit, car outre qu’il en prit un fort étroit & rapiécé, il accommoda le capuce à la façon de celui que S. François avoit porté, lui donnant une forme carrée, & le rendant pointu ; ce qui fit donner aux Religieux de sa Réforme, le nom de Freres du Capuce, ou du S. Evangile. On les nomma ensuite Déchaussés, parce qu’ils quittèrent les toques ou sandales, pour marcher pieds nus. Alexandre VI, sous lequel cette Réforme s’établit, l’approuva. Voyez le P. Hélyot, T. VII, c. 17. Léon X, ayant convoqué à Rome un Chapitre généralissime, ordonna la réunion de toutes les Réformes, qu’elles quitteroient toutes leurs noms particuliers, pour prendre celui de Freres Mineurs de l’Observance régulière : les Freres du Capuce furent par ce moyen incorporés dans l’Observance, & prirent le nom de Réformés. Id.

CAPUCHON. s. m. Pièce d’étoffe taillée pour couvrir la tête, dont se servent les Moines. Les uns le portent en pointe, les autres arrondi. Quelques-uns l’appellent capuce. Cucullus. ☞ Il y eut autrefois une fameuse dispute entre les Cordeliers, au sujet du capuchon. Il étoit question de savoir si on le porteroit étroit ou large. Il fallut près d’un siècle, & l’autorité de quatre Papes, pour terminer une dispute de cette importance. En général capuchon est la partie de l’habit d’un Moine ou d’un Religieux qui lui couvre la tête ; mais cet habillement n’est pas tellement propre aux Moines, qu’il ne soit aussi celui de tous les Ecclésiastiques en général : le camail des Evêques, & celui que portent en hiver les Ecclésiastiques séculiers & les Chanoines, sont de véritables capuchons. Par le second Chapitre d’un Concile de Paris tenu en 1346, il est réglé que les aumusses des Clercs ne seront point doublées d’étoffes de soie ou de velours, qu’ils n’affecteront point de porter ni des capuchons courts & terminés en pointe sur le front, ni des manches longues, &c. L’assemblée d’Aix-la-Chapelle de l’an 817, 10 de Juillet, ordonna que le capuchon ou la cuculle de chaque Moine, seroit de la longueur du moins de deux coudées. Chor. Hist. de Dauph. L. X, p. 662.

Capuchon. Terme d’Anatomie. C’est un muscle qui sert au mouvement de l’épaule. On lui donne ce nom à cause qu’il ressemble à cette partie de l’habillement d’un Moine. On le nomme autrement trapèze.

CAPUCHONNÉ. adj. Qui porte un capuchon. M. Des Forges Maillart, sous le nom de Mlle de Malcrais de la Vigne, dans son Epitaphe du Frère Hilarion, Capucin, dit de ce fameux Quêteur :

Sans impudence, il fut badin ;
Sans être cafard, il fut sage :
Mérite assurément divin
Chez le capuchonné lignage.

CAPUCIAT, ATE. s. m. & f. Nom de Secte. Capuciatus. Ce nom signifie, enveloppé dans un capuchon, enfroqué, encapuchonné. On le donna dans le XIVe siècle en Anglettere à des disciples de Wiclef, qui en 1387, commencèrent à paroître, & furent ainsi nommés, parce qu’ils ne se découvroient point devant le S. Sacrement, & en approchoient sans quitter, comme les Catholiques, le chaperon, ou capuce, que l’on portoit alors. Sponde parle de ces Capuciates à l’an 1487.

CAPUCIN. s. m. Religieux de l’ordre de S. François de la plus étroite observance. Capucinus. Ils portent des capuchons pointus, & sont vêtus de brun ou de gris. Ils vont toujours nus pieds, & ne rasent jamais leur barbe. C’est une réforme de l’Ordre des Mineurs, dit communément Cordeliers. Elle fut faite au XVIe siècle, par Matthieu Baschi, Religieux Observantin du Couvent de Montefalconi, qui, averti plusieurs fois d’une manière miraculeuse de pratiquer la Règle de S. François à la lettre, & une pauvreté plus étroite, alla en 1525 à Rome ; c’étoit l’année du Jubilé. Clément VII l’y reçut bien, lui donna la permission de se retirer dans des solitudes, & non-seulement à lui, mais à tous ceux qui voudroient embrasser l’étroite Observance. Quelques-uns l’embrassèrent en effet. En 1528, ils obtinrent du Pape une Bulle : ils s’établirent d’abord à Camerino, où le Duc, & sur-tout la Duchesse Catherine Cibo les favorisoient ; & c’est cette année 1528, qu’ils regardent comme la première de leur Ordre. Louis de Fossombrone, qui s’étoit joint à Matthieu, fut celui qui contribua le plus à la réforme : il fallut le chasser ensuite à cause de son ambition. En 1529, l’Ordre prit une forme parfaite ; Matthieu fut élu Général, & le Chapitre fit des Constitutions. En 1536, Paul III confirma cette Congrégation nouvelle, & tous les privilèges des Capucins par une Bulle du 25 d’Août. Les Capucins furent reçus en France sous Charles IX, qui écrivit à Grégoire XIII, pour avoir des Capucins. C’est pourquoi ce Pape par une Bulle du 3e de Juin 1575, leva la défense que Paul III leur avoit faite de s’étendre hors d’Italie, & leur permit de s’établir par-tout. Ainsi c’est à la France qu’ils doivent en quelque sorte toutes les maisons qu’ils ont hors d’Italie. Le Cardinal de Lorraine les plaça à Meudon, où il leur bâtit un Couvent ; Henri III, leur fit construire celui de la rue S. Honoré à Paris. Ils ont dans le Royaume neuf Provinces, sans compter celles de Lorraine. Le P. Zacharie de Boverio, a écrit en Latin les Annales des Capucins en trois volumes in-fol. depuis 1524, jusqu’en 1634.

Ce nom leur a été donné à cause de leur grand capuchon ou capuce. Matthieu Baschi, Religieux de l’Ordre de S. François, d’une vertu fort austère, établit dans cet Ordre une réforme, & assembla des compagnons qui l’embrassèrent : on les appela Capucins, à cause du grand capuce ou capuchon qu’ils portent. Cette réforme fut approuvée par Clément VII en 1528. Matthieu Baschi, qui étoit auteur de la réforme des Capucins, mourut dans un Couvent des Observantins. Le premier Couvent que les Capucins aient eu, fut établi dans une petite Chapelle dédiée à S. Christophe. Le Pape ôta la prédication aux Capucins en 1543 ; mais elle leur sur rendue avec éloge en 1545. En 1578, il y avoit déjà eu dix-sept Chapitres généraux dans l’Ordre des Capucins. Voyez les Annales des Capucins. La vie de Henri, Comte du Bouchage, Duc de Joyeuse, Capucin, est renfermée en abrégé dans ces deux vers du quatrième chant de la Henriade.

Vicieux, Pénitent, Courtisan, Solitaire, Il prit, quitta, reprit la cuirasse & la haire.

On ne peut pas exprimer plus de choses en moins de paroles.

Capucin. Terme d’Anatomie. Muscle des yeux appelé autrement Humble, ou Abaisseur. Voyez ces mots.

CAPUCINADE. s. f. Sermon de Capucin. Pièce peu éloquente. L’Homélie de l’Archevêque de Grenade étoit un discours diffus, une rhétorique de Régent usé, une capucinade. Hist. de Gil-Blas. La règle n’est pas si générale, qu’elle n’ait ses exceptions. Témoin ce Capucin, dont parle Balzac, qui avant prêché un jour Rome, de l’obligation de la Résidcnce, fit tant de peur à trente ou quarante Evêques qui l’écoutoient, qu’ils s’enfuirent tous dès le lendemain en leurs Diocèses : une auste fois la conversion de toute une ville fut le succès d’un de ses Carêmes ; on crioit miséricorde par les rues à la sortie de l’Eglise ; & il fut compté la Semaine Sainte, qu’il s’étoit vendu pour deux mille cens de cordes à faire des disciplines.

CAPUCINE. s. f. Nom de Religieuse. Capucina Monialis. Les Capucines s’appellent Filles de la Passion. Les Capucines sont des Religieuses du second Ordre de S. François, qui suivent encore aujourd’hui à la lettre la Règle de Ste Claire, bien plus austère que celle des Capucins. Ce fut à Naples que se fit le premier établissement des Capucines, l’an. 1538, par la vénérable mere Marie Laurence Longa, d’une famille noble de Catalogne, & veuve d’un Seigneur Napolitain, conseiller du Conseil collatéral. Cette Dame embrassa d’abord la troisième règle de S. François, avec dix-neuf filles qu’elle assembla. Les Théatins eurent d’abord la direction de ces Religieuses ; mais en 1538, le Pape la donna aux Capucins par un Bref. Ce fut alors que ces Religieuses, à la persuasion de leur Fondatrice, quittèrent la troisième Règle de S. François, pour embrasser la première & la plus rigoureuse Règle de Ste Claire, dont l’austérité leur fit donner le nom de Filles de la Passion, & celui de Capucines, par rapport à l’habit qu’elles portent, qui étoit celui des Capucins. En France on ne les connoît que sous le nom de Capucines. Elles y furent établies en 1606, par la Duchesse de Mercœur, qui en cela ne fit qu’exécuter la volonté du Prince Philippe Emmanuel de Lorraine, Duc de Mercœur, que la mort empêcha de l’exécuter lui-même, ou plutôt la volonté de la Reine Louise de Lorraine, veuve d’Henri III, qui en avoit eu le dessein, qui en avoit écrit à Clément VIII, & qui mourant en 1601, ordonna au Duc de Mercœur son frère, d’achever cet établissement. Il fut consommé en 1606, par le Provincial des Capucins, & le P. Ange de Joyeuse alors Gardien. P. Hélyot, T. VII, c. 27.

Capucine : (A la) phrase adv. à la manière des Capucins. Cette expression entre souvent dans le discours familier. On dit, il prêche à la Capucine, il chante à la Capucine. On dit aussi d’une chambre mal meublée, qui n’a qu’un mauvais lit, une table & deux chaises de paille, qu’elle est meublée à la Capucine.

Capucine. s. f. Cardamindum, Nasturtium Indicum. Plante qui nous a été apportée des Indes, & qu’on a nommée en François capucine, à cause que le calice de sa fleur est terminé à sa partie postérieure par un éperon creux, qui a la figure d’un capuchon. Sa racine est fibreuse, chevelue, rampante, oblique, épaisse de quelques lignes ; d’où partent plusieurs tiges minces qui grimpent & s’entortillent aux arbres & aux plantes qui les environnent. On leur met pour cela des échalas pour les soutenir. Elles sont garnies de feuilles alternes, arrondies d’un vert clair en dessus, & lisses, plus pâles en dessous, un peu velues, & chargées de quelques nervures qui naissent de la queue, placées presque au centre de cette feuille, & forment autant de rayons, qui vont se terminer jusqu’à leur marge ; les queues sont longues de plusieurs pouces, entortillées de même que les tiges. Des mêmes nœuds que partent les feuilles, sortent aussi des pédicules qui soutiennent des fleurs composées de cinq pétales arrondies, jaunes & rouges à leur naissance en dedans, étroites d’abord, & barbues en cet endroit, & disposées dans les échancrures d’un calice d’un jaune verdâtre, découpé en cinq parties oblongues, étroites, & terminées à leur partie postérieure d’un éperon creux, long de deux tiers d’un pouce, jaune & rayé de quelques lignes de pourpre. Quelques étamines rougeâtres, & chargées de sommets de même couleur, naissent du centre de la fleur, & environnent un pistil dont la base devient un fruit à trois semences, couvertes d’une écorce verte & ridée ; on confit les boutons des fleurs de la capucine dans du vinaigre, & on les mange en salade. La capucine est piquante au goût comme le cresson ; aussi ses feuilles & ses fleurs sont recommandées pour le scorbut. On cultive encore dans les jardins une espèce de capucine qui est plus grande que celle-ci, dans toutes ses parties, & on la nomme grande Capucine, Cardamindum majus.

Capucine se prend quelquefois pour le bouton de la fleur. On dit, confire des capucines.

CAPUDANREIS. s. m. Terme de Relation. Pilote Royal chez les Turcs. Regius navis gubernator.

☞ CAPUK ou CAPAS-PUSSAR. Arbre des Indes Orientales, espèce de Cocotier. Le fruit est une gousse fort épaisse, de la longueur de la main, de laquelle les Indiens tirent le Capuk ou capoc, ce qui est une espèce de coton, dont on garnit les oreillers & les matelats des lits, au lieu de plumes.

☞ CAPULE. s. m. Capulus. C’étoit chez les Romains une bière à porter en terre les corps des defunts : c’est delà qu’on appelle les vieillards qui sont sur le bord de leur fosse, capulares senes, & capulares rei, des criminels condamnés à mort. Antiq. Rom.

☞ CAPUT MORTUUM. Terme de Chimie. Voyez Tête morte, Résidu.

CAPUUPEBA. s. m. C’est une sorte de gazon qui vient dans le Brésil, à la hauteur de deux ou trois pieds, qui consiste en une tige ronde & polie, qui a des nœuds de place en place, à chacun desquels s’élève une feuille de plus d’un demi pied de long. La tige à sa sommité se partage en vingt ou vingt-quatre, & quelquefois trente branches plus petites, dont chacune à sa sommité est terminée en ombelle couleur d’argent, large de trois ou quatre doigts, contenant la semence. Les tiges sont d’une belle couleur rougeâtre. Les naturels dû pays en boivent la racine dans quelque liqueur convenable, comme un préservatif ou remède contre le poison. Ray, cité par James.

CAQ.

CAQUAGE, mieux que CACAGE. s. m. Façon que l’on donne au hareng en vracq, lorsqu’on veut le saler. Le caquage se fait ordinairement la nuit.

CAQUE. s. f. Petit baril qui tient le quart d’un muid, où particulièrement l’on enferme du hareng lorsqu’il a été aprèté & salé. Doliolum, cadus. On dit aussi à la guerre des caques de poudre ; pour dire de petits barils où l’on enferme la poudre à canon. Quelques-uns disent que caque est masculin, & ; que ceux qui parlent bien le font toujours de ce genre : ainsi selon eux on doit dire un caque qui n’est pas bien lié. Dans l’usage il est féminin.

Les Anglois disent cade pour caque, du Latin cadus. Et c’est chez eux une mesure de certaines espèces de poisson sec ou salé, qui en comprend une certaine quantité déterminée. Le cade, ou la caque de hareng, en contient 500, & le cade ou la caque de sardines, en contient 1000. Harris.

On dit proverbialement, la caque sent toujours le hareng ; pour dire, qu’on se sent toujours de la bassesse de sa naissance, quelque fortune qu’on ait faite. On le dit aussi pour exprimer, qu’on ne sauroit se défaire des mauvaises impressions qu’on nous a données dans la jeunesse par une mauvaise éducation. On dit des gens qui sont placés en quelque lieu fort étroit, ou qui sont incommodés par la foule, qu’ils font pressés comme des harengs dans une caque.

On nomme aussi caque, en termes de Cirier, le fourneau sur lequel on place la bassine ou poële lorsqu’on veut travailler à la cuiller. Ce fourneau est de tôle fortifié de bandes de fer.

CAQUER. v. ad. Terme de Commerce de saline. Mettre le hareng en caque. Haleces evisceratas doliolo ingerere.

CAQUEROLE, ou CAQUEROLLIER. s. f. Petit pot de cuivre à trois pieds, qui a une longue queue pour l’approcher du feu, & pour secouer les fricassées, ou autres mets qu’on y fait cuire ordinairement. Cacabus ex ære Cyprio depressior & manubriolo instructus. On dit aussi casserolle.

CAQUEROLLE. Écaille. Caquerolle de limaçon. Rabelais.

CAQUESANGUE. s. f. Terme bas, Voyez Gaguessangue, qui signifie la même chose.

CAQUET. s. m. Abondance de paroles inutiles, qui n’ont point de solidité. Loquacitas, garrulitas. Les femmes n’ont que du caquet ; elles ne parlent que de bagatelles. Cet Avocat n’a que du caquet. Cela n’est bon que dans le comique & le familier.

A tous les sots caquets n’ayons jamais d’égard. Mol

☞ Le grand caquet vient nécessairement, ou de la prétention à l’esprit, ou du prix qu’on donne à des bagatelles, dont on croit fortement que les autres font autant de cas que nous. Celui qui connoît assez de choses, pour donner à toutes leur véritable prix, ne parle jamais trop ; car il sait apprécier aussi l’attention qu’on lui donne, & l’intérêt qu’on peut prendre à ses discours. Généralement les gens qui savent peu, parlent beaucoup ; & les gens qui savent beaucoup, parlent peu. Il est simple qu’un ignorant trouve important tout ce qu’il fait, & le dise à tout le monde. Mais un homme instruit n’ouvre pas aisément son répertoir ; il auroit trop à dire, & il voit encore plus à dire après lui, il se tait. R.

Caquet, se dit aussi des oiseaux qui parlent. Ce perroquet, cette pie, nous étourdissent avec leur caquet.

J’éveillerai la pie en son caquet. Marot.

On dit proverbialement & figurément, rabattre le caquet de quelqu’un ; pour dire, rabattre son orgueil, lui fermer la bouche, ☞ le confondre par ses raisons, ou faire taire par autorité celui qui parle mal-à-propos, ou insolemment. On appelle le caquet de l’accouchée, cet entretien de bagatelles qu’ont plusieurs femmes assemblées, comme il s’en rencontre chez les femmes en couche. On dit aussi, qu’une femme est dans le caquet, quand par sa mauvaise conduite elle donne occasion aux autres de médire d’elle,

CAQUETER. v. n. Babiller, parler beaucoup sans dire rien de solide. Garrire, nugari. On le dit aussi des petits enfans quand ils commencent à parler, & des pies & des perroquets. À quelque prix que ce fût, il falloit que du matin au soir elle écoutât, ou caquetât. Mlle l’Herit.

Du moment qu’elle crut pouvoir être entendue
Elle se mit à caqueter
Pour lui donner lieu d’écouter. Mlle l’Héritier.

On dit aussi à la chasse, qu’un chien caquette, quand il crie & abboie mal-à-propos & hors des voies, ou sans sujet,

☞ Ce verbe se conjugue comme le verbe cacheter, en ajoutant un t à toutes les personnes du présent au singulier, & à la troisième personne du pluriel de l’indicatif, impératif, optatif & subjonctif. Caqueter, je caquette, tu caquettes, il caquette : nous caquetons, vous caquetez, ils caquettent, de même dans les autres modes ou mœufs. Voyez le Dict. des rimes, tirées de Dubartas.

CAQUETEUR, EUSE. adj. Qui caquette, qui babille beaucoup. C’est un grand Caqueteur. Une Caqueteuse. Loquax, garrulus.

CAQUETOIRE. s. f. Chaise basse qui a le dos fort haut & qui n’a point de bras, où l’on babille à l’aise auprès du feu. Cathedra ad confabulandum apta, commoda.

Caquetoire. Terme de Laboureur. Bâton qui est au milieu des mancherons de la charrue, sur lequel le Laboureur s’assied lorsqu’il cause avec quelqu’un. Cette caquetoire s’appelle aussi babilloire.

CAQUETTE. s. f. Manière de petit baquet où l’on met du poisson, sur-tout des carpes. Petite Caque. C’est un diminutif de ce nom.

CAQUETTERIE ou CAQUETERIE. s. f. Action de caqueter, babil. Ah ! finissons cette caquetterie, interrompit-elle, ou ne me parlez plus sur ce ton, ou soyez du moins d’accord avec vous-même. Crebillon, fils.

CAQUEUR. s. m. Terme de pèche. On appelle Caqueurs les Matelots qui caquent le hareng. Quelques uns disent Eccaqueur au lieu de caqueur.

CAQUEUX. s. m. plur. Il y a en Bretagne une certaine espèce de gens que le reste du peuple a toujours regardés avec une extrême aversion, prétendant que c’est un reste des Juifs, & qu’ils sont tous infectés de lèpre de père en fils. On les nomme Caqueux, Cacosus, & ils exercent ordinairement le métier de Cordier. Hevin, savant Jurisconsulte, a fait voir de nos jours, que cette aversîon étoit mal fondée, & a obtenu un Arrêt du Parlement en leur faveur ; mais il est difficile d’ôter cette prévention de l’esprit de la plupart des Bretons, Il y a même plus de 250 ans que les Evêques, dans la même prévention, ont ordonné que les Caqueux se tiendroient au bas des Eglises ; qu’ils ne baiseroient la paix qu’après tous les autres ; & leur ont défendu, sous peine de cent sols d’amende, de toucher aux vases de l’autel. Lobineau. Voyez Capot, & Cagot, & comparez ce que nous y avons dit avec ce que nous venons de rapporter des Caqueux. Voyez l’Hist. de Bret. tome I, p. 847. & tome II, p. 1610. Dans les Registres de la Chancellerie de Bretagne de 1475, il y a un mandement contre hommes & femmes nommés Caqueux, auxquels il est fait défense de voyager dans le Duché sans avoir une pièce de drap rouge sur leur robe, pour éviter le danger que pourroient encourir ceux qui auroient communication avec eux, pour ne les pas connoître. De plus, il leur est fait défense de se mêler d’aucun commerce que de fil & de chanvre, & d’exercer aucun métier que celui de cordier, & aucun labourage que de leurs jardins seulement, à peine de confiscation ; défense à tous sujets de leur vendre autre marchandise que fil & chanvre, & de leur affermer aucun de leurs héritages, à peine de confiscation & autres rigueurs. Lobineau. Tome II, p. 1350. Cette dernière défense est modérée pour les Caqueux de l’Evêché de Saint Malo, par une Ordonnance de 1477.

CAR.

CAR. Conjonction causative qui rend raison de ce qui a été avancé dans la proposition précédente. Nam, enim, etenim. Ne faites pas cela, car Dieu le défend. Ses synonymes sont parce que, pour ce que, d’autant que, vû que, &c. Toutes les Lettres de Chancellerie se terminent ainsi ; Car tel est notre plaisir. Le mot de car ne se doit employer que de loin à loin. Voit. Qu’elle persécution le car n’a-t-il pas essuyée ! &, s’il n’eût trouvé de la protection parmi les gens polis, il étoit banni honteusement d’une langue à qui il a rendu de si longs services, sans qu’on sût quel mot lui substituer. La Bruy.

Car se prend substantivement en ces phrases familières. Ce Prédicateur fait retentir les voûtes des car & des mais. Ne me parlez jamais d’un si, d’un car, ni d’un mais. Cet homme barguigne trop ; il met trop de si & de car, trop de conditions en ce contrat.

Ce mot vient du Grec γάρ signifiant la même chose, comme disent Nicot & Henri Estienne. Mais Ménage le dérive avec plus d’apparence de quare, parce qu’on a écrit autrefois quar, & on dit encore cancan, au lieu de quamquam.

CARABÉ ou KARABÉ. Voyez Ambre jaune. C’est la même chose. Ce mot vient de Caraban, nom que les Arabes donnent à l’ambre, Caraban vient du persien Cah Rubak, qui signifie ce qui dérobe ou enleve la paille. D’Herb.

CARABIN. s. m. Cavalier armé d’une carabine. Eques sclopetarius. Ces cavaliers, qui faisoient autrefois des compagnies séparées, & quelquefois des régimens, servoient à la garde des Officiers Généraux, à se saisir des passages, à charger les premières troupes que l’ennemi faisoit avancer, & à les harceler dans leurs postes : souvent aussi ils ne faisoient que lâcher leur coup, & ils se retiroient. Lorsque l’on donnoit quelque bataille, ils combattoient sur les aîles de la première ligne, sur le front des Dragons & des Cravates. Il n’y a plus aujourd’hui de Carabin, si ce n’est dans les compagnies de Chevaux-Légers, où il y en a seulement deux, qui sont des cavaliers armés chacun d’une carabine, & qui suivent les Brigadiers de la compagnie. Gaja, dans son Traité des Armes, croit que le mot Carabins vient du mot espagnol cara, & du mot latin binus, qui signifie double, comme qui diroit gens à deux visages, à cause de leur manière de combattre tantôt en fuyant, & tantôt en faisant volte face. Ces Carabins servoient du temps de Henri IV, & de Louis XIII. Ils portoient une cuirasse échancrée à l’épaule, afin de mieux coucher en joue, un gantelet à coude pour la main de la bride, un cabasset en tête, une longue épée, & une carabine à l’arçon de la selle.

On appelle figurément un Carabin, celui qui se contente de hasarder quelque chose au jeu, sans s’y arrêter long-temps, qui ne fait que risquer un coup, & s’en va. C’est un vrai Carabin au jeu. On le dit de même d’un homme qui dans une conversation, dans une dispute, ne fait que jeter quelques mots vifs, se tait & s’en va.

Carabin de S. Côme. Terme populaire, qui signifie un frater, un serviteur Chirurgien. Carabin.

On donne en quelques endroits ce nom au blé noir, ou blé Sarazin. Les carabins n’ont pas réussi cette année. Le carabin est fort bon pour nourrir les volailles.

CARABINADE. s. f. Action, tour de Carabin, qu’un homme fait en quelque compagnie d’où il se retire aussi-tôt. Il a fait une carabinade, & s’en est allé. Il est familier.

CARABINE. s. f. Arme à feu, petite arquebuse à rouet que portoient les Carabins. Sclopeti genus quod Carabinam vocant. Cette arme n’est plus en usage à l’armée, à cause du temps qu’on perd à bander le ressort. On se sert pourtant encore de carabines rayées par le dedans de l’ame, qui portent la balle très-loin, parce que la balle étant arrêtée par les rayures du canon, la poudre a le temps de s’enflâmer entièrement avant que de pouvoir la faire sortir, & la chasse ainsi avec bien plus de force.

CARABINER. v. n. Se battre à la manière des Carabins, décharger son coup, & se retirer. Sclopetariorum equitum more pugnare.Ces cavaliers sortirent de leurs rangs pour carabiner.

Carabiner se dit figurément, en parlant de ceux qui entrent en quelque compagnie, & qui s’en retirent aussi tôt : ce qui se dit sur-tout des joueurs de dez, de la bassette, de lansquenet, qui viennent jouer deux ou trois coups, & qui s’en vont aussi-tôt sans vouloir tenir jeu aux autres ; ou bien, c’est mettre à la réjouissance, & prendre des cartes entre les joueurs sans être coupeur, ni tenir la carte. Sistere se præsentem ad breve tempus & statim ausugere.

☞ CARABINER. v. a. C’est tracer en dedans d’un Canon des rayures circulairement ou en spirale, depuis la culasse jusqu’à l’autre bout, telles qu’il y en a dans les Carabines. Striare. Carabiner un fusil.

Carabiné, ée. Part.

CARABINIER. s. m. Cavalier armé de carabine. ☞ Espèce de Chevau-Légers qui portent des carabines plus longues que les autres & qui servent quelquefois à pied. Une Compagnie de Carabiniers, Capitaine de Carabiniers.

CARABOURON. s. m. Qui veut dire pointe noire. C’est un cap de l’Archipel. Le cap Carabouron, que les Anciens appeloient Argenon. Du Loir, p. 9. Argennum promontorium ; quelques-uns disent Arcennum. Il étoit entre Clazomène & Erythrée. Je ne sais si du Loir ne se trompe point ; mais Berthelot, Michelot & Thérin l’appellent Calaberno dans leurs Cartes Marines de la Méditerranée.

☞ CARACA. Ville de l’Amérique méridionale, au pays des Caracas, vers la côte du Nord.

CARACALLE, plus ordinairement CARACALLA. s. m. Surnom de Marc-Aurèle Antonin Bassien, Empereur Romain. Caracalla. Caracalle naquit à Lyon, & y fut proclamé Empereur près de Vimi l’an 213, selon Baronius, mais plutôt 211, selon le P. Petau : sonn Empire dura six ans, & en 217, il fut tué par ordre de Macrin, qui lui succéda. Caracalle fut un monstre couvert de toutes sortes de crimes. Voyez Spartien, Aurélius Victor, Dion, Hérodien, qui ont écrit sa vie. Le P. Pagi ne fait pas commencer l’Empire de Caracalle, comme les autres, à la mort de Severe, l’an 211, mais l’an 198, après l’entière défaite de la faction d’Albin. Antonin Caracalla aima Appollone de Tyanes, l’honora, & lui bâtit même un temple. Tillem.

Caracalle. s. f. Caracalla. Espèce de vêtement que portoient également & les hommes & les femmes Romaines, & autres. Les hommes, comme il paroît par Béde, De Gest. Angl. L.I, c. 7. Les femmes, Palladius, c. 117. La caracalle avoit un capuchon, Eucherius de Vest. & elle alloit jusqu’aux talons, Spartion, dans Caracalle, c. 9. Spartien & Xiphilin disent que l’Empereur Caracalle en fut l’inventeur, la donna au peuple, ordonna que les soldats en portassent, & que ce fut pour cela qu’on lui donna le nom de Caracalle. D’autres entendent seulement qu’il l’apporta des Gaules. Voyez Rosweid, Onomast. Saumaise sur Spartien, Scaliger, Baradin, Hist. de Lyon, L. I, c. 34, & après eux Du Cange, croient que c’est de-là qu’est venu le mot casaque, qui s’est dit pour Caraque. Quoi qu’il en soit, cet habit devint un vêtement des Ecclésiastiques en retranchant le capuchon, comme il paroît par S. Jérôme de Vest. Sacerdot. par Eucherius cité ci-dessus, & par les Acta Sanct. Jun. tome IV, p. 148, Le peuple appeloit cet habit une antonienne, à cause que le Prince qui l’avoit donné, avoit pris le nom d’Antonin. On marque qu’il étoit fait de plusieurs pièces coupées, & cousues ensemble, & alloit jusqu’aux talons, de sorte qu’il avoit quelque rapport à nos soutanes. On prétend néanmoins qu’il y en avoit aussi de plus courts, & sur-tout hors de Rome ; & je ne sais comment des soldats, en auroient porté de longs. Tillem. Chorier prétend que nous conservons encore dans nos casaques le nom & l’usage des caracalles mais que la politesse des derniers siècles leur a oté ce qui les pouvoit rendre autrefois moins propres & moins commodes.

☞ CARACAS. Pays de l’Amérique méridionale, qui comprend les trois Provinces de Paria, de la nouvelle Andalousie & de Venezuela. Il porte le nom de la principale nation qui l’habite. Les François l’appellent les Caraques.

☞ CARACATAY, grand pays de l’Asie septentrionale qui s’étend du midi au septentrion depuis la muraille de la Chine jusqu’à l’ancien Mogolistan.

CARACHE, ou CARAG. s. m. Tribut que les Chrétiens & les Juifs payent au Grand Seigneur. Tributum à Christianis Turcarum Imperatori pendi solitum.

CARACOL. s. m. En termes d’Architecture, est un escalier fait en hélice, ou en rond, dont toutes les marches sont gironnées. Helix. Escalier en caracol, pour dire en limaçon.

☞ CARACOLE. s. f. Terme de Manége. Mouvement que fait le Cavalier en demi-rond ou demi-tour, à gauche ou à droite, en changeant quelques fois de main. Equi in gyrum circumactio, circum actus. Il fit plusieurs caracoles. Equum in gyros circum agere.

☞ On le dit aussi, en termes de guerre, du mouvement de tous les Cavaliers d’un escadron qui tournent en même temps sur la droite ou sur la gauche. Equestris in gyrum procursio.

☞ Ce mouvement diffère de la conversion, en ce que celle-ci se fait par rang, & que la caracole se fait par file.

☞ C’est aussi le demi-tour que fait le Cavalier quand il a fait sa décharge pour passer de la tête de l’escadron à la queue.

Quelques-uns disent aussi Caracol au masculin, comme Vaugelas dans l’exemple suivant : Les Thessaliens faisant promptement le caracol, revinrent à la charge. Vaug. Il n’a pas été suivi en cela ; tout le monde fait Caracole féminin.

On le dit aussi des mouvemens qu’on fait dans les montres, quand on fait le demi-tour pour défiler ou pour se faire voir plusieurs fois aux Princes, ou aux Officiers.

Ce mot est pris de l’arabe, & l’arabe de l’hébreu carac, qui signifie involvere. Mén. Mais il nous vient immédiatement de l’espagnol, où il signifie au propre un limaçon ; & au figuré, les mouvemens militaires qui viennent d’être expliqués.

CARACOLER, v. n. Faire des caracoles, ou des demi-tours en marchant. Equos in gyrum, in orbem agere. Dans un combat singulier à cheval, on a un grand avantage de se battre en caracolant. Les Cavaliers caracolaient autour, des carrosses des Dames.

CARACOLI. s. m. Métal qui vient de la terre-ferme, & dont les Indiens se font de certains ornemens qui portent le même nom. On prétend que ce métal est un composé d’or, d’argent & de cuivre, & que les Indiens ayant ces métaux très-purs, le mélange qui en résulte, est si parfait, que quelque long temps qu’il demeure dans la mer ou dans la terre, la couleur ne s’en ternit jamais. Le P. Labat n’est pas de ce sentiment : il croit que c’est un métal simple. Il dit qu’il est aigre, gréneux & cassant, & que ceux qui veulent l’employer, sont obligés de le mélanger avec un peu d’or, pour le rendre plus doux & plus traitable. Les Orfèvres François & Anglois qui sont aux îles, ont fait un grand nombre d’expériences pour imiter ce métal ; mais ils n’ont jamais pu atteindre à ce degré de beauté & de perfection. C’est presque la même chose que le tombac. Voyez Tombac.

Caracoli. s. m. Ornement que portent les Insulaires, principalement les Caraïbes. Il est fait comme un croissant qui a les pointes en haut, & porte le nom du métal dont il est composé. Les caracolis sont de différentes grandeurs, selon le lieu où ils doivent servir ; car ils en portent aux oreilles, au nez & à la lèvre inférieure ; mais le plus grand de tous, qui a six à sept pouces d’ouverture, leur pend sur l’estomac. Voyez le second tome des Voyages du P. Labat.

CARACOLLE. s. f. Plante légumineuse, étrangère, qui a pris son nom des entortillemens de sa tige & de ses branches, ou de sa fleur, qui est tournée en spirale comme un limaçon. On la met au nombre des phaséoles : elle est vivace, & on la nomme Phaseolus Indicus, Cochleato flore. Sa racine est charnue, assez grosse, en navet, & qui donne plusieurs tubercules charnus. Elle est blanchâtre au-dedans, d’un goût d’herbe, & pousse plusieurs tiges ou sarmens fouples, verdâtres, de la grosseur du doigt lorsqu’elle est vieille, & qui grimpent & s’attachent aux corps voisins. Ces tiges donnent plusieurs branches qui s’entortillent pareillement, & poussent d’espace en espace des feuilles qui sont au nombre de trois, portées à l’extrémité d’une queue verdâtre. Elles sont d’un vert foncé, plus petites que celles de nos haricots, mais à peu-près de la même figure & dans le même ordre. Ses fleurs sont légumineuses, en grappe, & beaucoup plus grandes que celles de nos phaséoles ; elles sont blanches d’abord, purpurines dans leur centre, & d’une odeur douce & fort agréable. Leur pistil devient, après que les fleurs sont passées, une gousse longue de deux pouces, arrondie, & qui renferme des semences taillées en rein. Cette plante craint l’hiver, & ne fleurit en France que sur la fin de l’été. Elle est vivace, & se peut multiplier par ses sarmens.

☞ CARACORAM. Ville d’Asie, bâtie dans le Catay par Octay-Kan, fils de Gengis Kan, après qu’il s’en fût rendu maître. Quelques-uns la prennent pour la Combala de Marco paolo, qui est Peking.

CARACORE. s. f. Galère qui est en usage dans les Iles des Moluques : elle est fort étroite par rapport à sa longueur ; & vogue avec beaucoup de vitesse. Triremis angustior. Les caracores baissent à l’avant & à l’arrière : lorsqu’il y a du vent, on y met des voiles de cuir : il y a autour du bâtiment un pont de roseaux, par le moyen duquel il flotte & vogue sur l’eau. C’est sur l’élancement de ce pont que les rameurs sont placés, comme sur une galerie ; sans ce pont, un vaisseau qui est fort étroit & aigu ne manqueroit pas de se renverser. Le navire qui portoit le Pere Xavier, étoit un de ces vaisseaux qu’on appelle dans le pays Caracores, longs & étroits comme des galères, & qui se conduisent à voiles & à rames. Bouh. Xav. L. III. La Caracore de Xavier, après avoir été sur le point d’être submergée plusieurs fois, se sauva enfin, & gagna le port de Ternate par une espèce de miracle. Id.

CARACOULER. v. n. Terme d’oiselerie, dont on se sert pour exprimer la manière de crier du pigeon. La colombe roucoule, & le mâle caracoule. Faultrier.

CARACTÈRE. s. m. Certaine figure qu’on trace sur le papier, sur l’airain, sur le marbre, ou sur d’autres matières avec la plume, le burin, le ciseau, ou autres instrumens, pour signifier ou marquer quelque chose. Caracter, nota, signum.

Caractère. Lettre de l’alphabet. Littera. Les lettres sont des caractères qui servent à marquer nos pensées. Les Egyptiens avoient des caractères hiéroglyphiques. Les Chinois ont quatre-vingt mille caractères différens. Le caractère hébreu n’a subsisté dans l’usage ordinaire, que jusqu’à la captivité de Babylone. Après le retour de la captivité, le peuple n’écrivit plus que le caractère assyrien, dont l’usage s’étoit introduit pendant la captivité. C’est l’hébreu carré, dont on se sert encore aujourd’hui. L’ancien caractère hébreu est celui qui se voit sur les médailles hébraïques, appelées communément médailles samaritaines. Plusieurs Protestans ne sauroient souffrir ce changement de caractère dans l’écriture, malgré le témoignage de toute l’antiquité ; mais ils ne disent rien de solide pour le réfuter. Voyez la Dissertation du P. E. Souciet, sur les médailles hébraïques, &c. Le caractère dont on se sert aujourd’hui communément en Europe, est le caractère latin des Anciens. Le caractère latin venoit du grec ; le grec s’étoit formé du phénicien, que Cadmus apporta en Grèce. Le phénicien étoit le même que l’ancien & le vrai caractère hébreu. Le caractère chaldéen, le syriaque & l’arabe, ont aussi été formés de l’hébreu, comme plusieurs Savans l’ont démontré, & entr’autres Postel dans son Alphabet de douze langues, & Bibliander, De Ratione Cornmuni Ling. &c. mais on peut le prouver encore mieux qu’ils n’ont fait. Grégoire de Tours, Hist. Franc. L. V. c. 44. écrit que Chilperic Roi de Soissons ajouta quatre caractères à l’alphabet françois, Ο, ψ, Ζ & Π. Les François furent les premiers qui, avec le chant Romain & l’Office Latin de S. Grégoire, reçurent la forme des caractères latins. Favyn. L’an 1091 dans un Concile provincial tenu en la ville de Léon, où présida Régnier, Moine de Cluni, Prêtre Cardinal, & Légat du Pape Urbain II en Espagne, l’usage des caractères gothiques inventés par Ulfilas fut aboli, avec défenses aux Notaires d’en user à l’avenir dans leurs écritures & actes publics ; & il fut ordonné qu’on écriroit en caractères françois. Voyez Rodrigue