Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/311-320

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Fascicules du tome 2
pages 301 à 310

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 311 à 320

pages 321 à 330


quelquefois quatre ou cinq. ☞ Lorsqu’on n’en voit qu’un, on le nomme proprement helme : quand on en voit deux, Castor & Pollux, Voyez Feu s. elme.

En Astronomie on appelle le signe des Gémeaux Castor & Pollux. C’étoient deux frères jumeaux, fils de Jupiter transformé en cigne, & de Leda femme de Tyndare, & frere de la fameuse Hélène & de Clytemnestre. Ils naquirent de deux œufs, Pollux & Hélène enfans de Jupiter, dans un, Castor & Clytemnestre dans l’autre. Ils étoient de l’expédition de la Toison d’Or avec les autres Argonautes. On les appeloit aussi Tyndarides, c’est à-dire, fils de Tyndare ; & Dioscures, qui signifie fils de Jupiter. C’est le nom qu’avoit le vaisseau qui porta saint Paul de Malte à Syracuse, puisqu’il en avoit l’enseigne. Act. XXVIII, II. On les nommoit aussi les Castors au pluriel. Les Poëtes disent que Jupiter avoit donné l’immortalité & la divinité à Pollux son fils ; mais qu’il la partagea avec son frère Castor, en sorte qu’ils montoient au ciel, & descendoient aux enfers alternativement l’un après l’autre. Cela est fondé sur ce que les étoiles des Gémeaux ne se voient jamais toutes deux ensemble, & que, si l’on en croit Servius, sur Virgile, Enéïde, Liv. VI, v. 121, l’une se couche toujours lorsque l’autre se lève. Tacite, De moribus Germ. cap. 45, dit que les Naharvales, peuples de Germanie, adoroient Castor & Pollux. Voyez sur ces Dieux, Vossius, de Idolol. Lib. III, c. 10 & 19.

Les étoiles de Castor & de Pollux, avec ce mot Cum luce salutem, est une devise du Lucarini pour un Sénateur de Milan. A l’entrée du Cardinal Ferdinand d’Espagne à Milan, le P. Velli fit pour ce Cardinal & pour le Roi Philippe son frère cette devise ; les mêmes étoiles, avec ce mot de Claudien, Ipsis domantibus auras.

CASTOREUM. s. m. Terme de Pharmacie. C’est une matière enfermée dans les poches que le castor a vers ses aines, & qu’on a pris faussement pour ses testicules, comme on l’a dit ci-dessus au mot Castor. Elle s’épaissit & se dessèche, de sorte qu’on peut la réduire en poudre : elle est huileuse, d’une odeur forte désagréable, d’un goût piquant & amer. Le castoreum est propre pour fortifier la tête, & toutes les parties nerveuses : il excite les esprits languissans, résiste aux venins, & provoque les mois des femmes. On s’en sert dans la léthargie, apoplexie, vestige, tremblemens, suffocations des femmes, & dans plusieurs autres occasions. On dit que le castoreum a la propriété singulière & chimérique de pousser à fond quand il est répandu dans l’eau. Les pêcheurs de Danemark s’en servent pour écarter de leurs barques certaines baleines qui les incommodent ; ils le jettent dans la mer, dont il trouble l’eau en s’y mêlant. Bartholin rapporte qu’un fameux Plongeur qui étoit sur un vaisseau qui fit naufrage, fut le seul du vaisseau qui périt, quoiqu’il sût fort bien nager, & qu’il y a lieu de croire que le castoreum qu’il avoit sur lui, fut cause de sa mort. Le fait peut-être vrai, sans que le castoreum y soit pour quelque chose.

Le mot castoreum vient du mot castor, qui est le nom de l’animal qui le donne.

CASTOS. On nomme ainsi au Japon les droits d’entrée & de sortie, que l’on paye pour les marchandises qu’on y porte, ou qu’on en tire.

CASTRAMETATION. s. f. Art de bien placer un camp, l’art de marquer le camp & d’en déterminer toutes les différentes proportions. Castrametatio, Castrorum metatio. Un Maréchal de Camp doit bien savoir la castramétation. On ne se sert guere de ce mot pour les campemens modernes. Il est plutôt latin que françois. Castramétation des Grecs, des Romains.

CASTRATION. s. f. Terme de Chirurgie. Castratio. Action, opération par laquelle on châtre un homme ou un animal, & on le met hors d’état d’engendrer. La castration est fort en usage en Asie, & sur-tout chez les Turcs, qui la pratiquent pour empêcher leurs femmes d’avoir commerce avec les esclaves qui les gardent. Les Turcs, dans la castration, font une amputation générale des testicules & de la verge. Chez les Italiens, la castration est fort fréquente. Dionis. C’est l’amour de la Musique qui a introduit en Italie l’usage de la castration, afin de conserver par ce moyen la voix aux enfans qui ont de la disposition à bien chanter.

Nous appelons poulardes, des poulettes chatrées, qu’on engraisse avec du grain dans un lieu obscur. Il est à croire que les Anciens n’ont point connu cette castration : il est constant qu’ils n’ont point connu celle des poules d’Inde, que j’ai vu pratiquer dans l’Anjou par une Dindonniere du Maréchal de Brezé. Les Anciens ont pourtant connu la castration des femmes. Athénée, L. 12, c. 3, attribue cette invention à un Roi de Lydie, nomme Andramyte, ou, selon Casaubon, Adramyte. Ces femmes lui servoient d’Eunuques, & c’étoit afin qu’elles parussent toujours jeunes & fraîches à ses yeux, qu’il s’étoit avisé de cette castration, laquelle, si l’on en croit Daléchamp, ne consistoit qu’à boucler ces femmes. Ménagiana, T. 3, p. 174, 175, 176. L’Amant de la Rose nous dit, v, 22316, & nous devons l’en croire, que

Pour cinq cens fois cent mille livres,

il n’auroit pas voulu souffrir une opération semblable à celle que le Chanoine Fulbert fit éprouver au mari d’Eloïse. On trouve peu de personnes qui entendent raillerie sur cet article. Sup. au Gloss. du Rom. de la Rose, au mot Grant péchié, &c.

☞ CASTRATS. Castrati. s. m. Nom purement italien qu’on donne à ceux qu’on a faits Eunuques dans leur enfance pour leur procurer une voix plus nette & plus aiguë. Comment la castrasion produit-elle cet effet là ? Comment y trouve-t-on des hommes assez barbares pour faire subir cette cruelle opération à d’autres hommes uniquement pour la perfection d’un vain talent ?

CASTRENSE. adj. m. & f. Terme d’Antiquité. Castrensis, e. Qui a rapport à un camp d’armée. Ce terme ne se dit guère qu’en parlant de la couronne castrense. C’étoit celle que les anciens Romains donnoient à un soldat qui avoit le premier pénétré dans le camp de l’ennemi que l’on attaquoit. Corona castrensis. Elle étoit dans les commencemens, d’une branche d’arbre. Voy. Pline, Hist. Nat. L. XVI, c. 4. Ensuite elle fut d’or ; & pour la distinguer des autres couronnes, par exemple, de la murale, de l’obsidionale, &c. elle étoit bordée de figures de pieux, de palissades, qui faisoient comme autant de rayons. Lisez Aulu-Gelle, L. V, c. 6. Paschalius, dans son Traité des Couronnes, L. VII, c. 3.

☞ On appeloit aussi castrenfis triumphus, le triomphe accordé à celui qui enlevoit un camp ennemi, ou qui s’en rendoit le maître.

CASTRES. Ville du haut Languedoc en France, dans le petit pays nommé Albigeois ; d’où vient que, selon Du Chesne, dans ses Antiq. des Villes de Fr., Castres est surnommé d’Albigeois. Castrum, Castrum Albigentium. Castres est situé sur la rivière d’Agoût. Acutum. Castres fut érigé en Comté par le Roi Jean, & en Evêché en 1317, par Jean XXII, qui se fit suffragant de Bourges. Il l’est maintenant d’Alby. Voy. sur cette ville Catel, Hist. de Languedoc, Liv. II, c. 23.

Sa différence du méridien de Paris est 0h 0′ 23″, ou 0d 5′ 40″, occid. Sa longitude est 19d 45′ 40″. Sa latitude 45d 36′ 40″, Cassini.

Ce mot vient du latin Castra ou Castrum. Les Romains avoient coutume de fortifier des camps dans les Provinces dont ils devenoient les maîtres, & d’y avoir des corps d’armées pour tenir les peuples dans la soumission. Nous voyons plusieurs de ces camps sur les médailles, avec ces inscriptions, Providentia Aug. ou Augg. virtus Augg. virtus Militum, &c. Ces camps dans la suite sont devenus des villes, qui en ont gardé le nom, Castra, ou Castrum. C’est de là qu’est venu Castres. Plusieurs de nos villes de France ont commencé par-là ; & quoiqu’en françois elles ne portent plus ce nom depuis plusieurs siècles, elles l’ont néanmoins porté, & l’on trouve, par exemple, dans les anciens titres, Castrum Cabillonense, Castrum Matisconense, Châlons, Mâcon, Castrum Juliense, Friuli, Castrum Melodunense, Castrum Meroliacense, Cameracense, &c.

CASTREZ. Nom d’une petite contrée du Languedoc, qui ne se dit point sans l’article. Castrensis ager. Le Castrez est la partie méridionale de l’Albigeois, qui s’étend d’orient en occident entre l’Albigeois propre, le Rouergue, le Lauraguais & le bas Languedoc. Il prend son nom de Castres la capitale, & le seul lieu considérable qu’il renferme.

CASTRO. Nom de lieu purement italien & espagnol, qui signifie la même chose que Castres en françois, c’est-à-dire, ce que les Romains appeloient Castra, Camp. Nous nous en servons en françois pour les lieux d’Italie & d’Espagne qui le portent. Castro petit pays d’Italie, qui a titre de Duché. Castrensis Ducatus. Il est situé entre la mer de Toscane, le Siennois, l’Orviétan & le Patrimoine de S. Pierre. Castro, ville du Royaume de Naples sur la bouche du Golfe de Venise. Castrum, ou Templum Minervæ. Castro de Urdiales, petite ville d’Espagne, sur la côte de Biscaye.

Castro. Ville Espagnole de l’Ile de Chiloë. Castrum, urbs Castrensis. La ville de Castro est petite. Elle est dans la pointe septentrionale de l’Ile. Drack la détruisit vers l’an 1600. A peine y resta-t-il trente habitans. Elle est à deux cens cinquante lieues de S. Jacques, ou San Iago, capitale du Chili. Del Técho, Hist. Parag. L. III, c. 18 & 19.

Castro, vient de Castrum, comme Castres.

☞ CASTROM, CASTROMAR ville de Russie, dans le Duché de Susdal, sur le Wolga.

CASTROMAIM. Petite ville de Portugal, à l’embouchure de la Guadiana.

CASTROMENA. Ville de la Turquie d’Asie, dans la Natolie, environ à dix lieues de Penderachi.

CASUALITÉ. s. m. Ce qui est fondé sur le cas fortuit, qui n’a rien de certain, ni d’assuré ; ou la qualité d’une telle chose. Cajus, fortuna. Tout le revenu de cette charge consiste en casualité. Casualité est un terme didactique.

☞ CASUEL, ELLE. adj. Epithète qui s’applique aux choses qui arrivent par cas fortuit, qui dépendent d’événemens incertains, qui peuvent arriver ou n’arriver pas. Fortuitus. Varron a dit casualis. Le gain qu’on fait dans des entreprises qui supposent des risques & du hasard, est casuel. Le profit qui vient d’un rapport habituel, soit du fonds, soit d’industrie, est plus sur & plus fixe. Tous les émolumens affectés aux charges & aux emplois, en tant que ce mot marque les revenans-bons, & non la finance réglée des appointemens, sont des émolumens casuels.

☞ On le dit en ce sens des revenus qui ne sont fondés que sur des cas fortuits, qui ne sont ni fixes ni réglés. Ce qu’on retire d’une terre, outre les revenus fixés par les baux, est casuel. Fortuitus, proventus, fructus. Les droits casuels sont certains profits de fief qui arrivent fortuitement, comme lods & ventes, quint & requint, déshérence, amendes, confiscations, &c.

Le Trésorier des parties casuelles reçoit la paulette, les prêts & les taxations au quatrième ou au huitième denier des Offices qui changent de titulaire. On appelle simplement Parties casuelles, les droits qui reviennent au Roi pour les charges de Judicature ou de Finance, quand elles changent de titulaire. On appelle encore Parties casuelles, le bureau établi pour le recouvrement de ces sortes de droits. Lever une charge aux Parties casuelles.

On dit qu’une charge vaque aux parties casuelles, pour dire qu’elle vaque au profit du Roi. Acad. Fr..

Casuel est aussi s. m. & en cette acception, il se dit du revenu des Curés, qui ne consiste ni en fords, ni en dîmes. Fortuitus. Ce Curé, outre sa portion congrue, a tout le casuel, le baise-main, le creux de l’Eglise.

☞ On le dit de même du revenu casuel d’une terre, des revenans-bon d’une charge, d’un emploi. Le casuel de cette sorte vaut mieux que le revenu fixe. Ce n’est pas toujours dans les places où il se trouve plus de casuel, que se trouve le plus d’honneur.

CASUEL, GASUEL, ou CASOAR. s. m. C’est le plus grand & le plus massif des oiseaux que l’on connoisse après l’autruche, qui n’est connu en Europe que depuis l’an 1597, où il fut apporté de Java par les Hollandois. On a fait à l’Académie des Sciences la dissection d’un Casuel, qui a été quatre ans à Versailles. En voici la description tirée des Mémoires de M. Perrault. Il avoit cinq pieds & demi de long depuis le bec jusqu’aux ongles ; la tête & le cou d’un pied & demi ; le plus grand des doigts de cinq pouces ; l’ongle seul du petit doigt de trois pouces & demi. Les plumes qui le couvroient ressembloient mieux au poil de l’ours ou du sanglier, qu’à des plumes ou à du duvet, tant les fibres en étoient grosses.

Ces plumes étoient toutes de même espèce. Il y en avoit de doubles, de longueur inégale, qui alloient jusqu’à quatorze pouces. Son cou étoit sans plumes comme celui d’un coq d’Inde. Ses aîles étoient si petites qu’elles ne paroissoient point, étant cachées sous les plumes du dos. Elles n’avoient pas trois pouces de long. Ses plumes jetoient chacune cinq gros tuyaux sans aucune barbe & croient de longueur différente comme des doigts. Le plus long avoit onze pouces, ayant trois lignes de diamètre vers la racine. L’autre extrémité, au lieu d’être pointue, paroissoit rompue ou rongée. Leur couleur étoit d’un noir fort luisant. Il n’avoit point de queue, mais un croupion extraordinairement gros, couvert de plumes comme le reste. Sa tête petite avoit une crête haute de trois pouces comme un casque, dont la circonférence croit formée en tranchant, luisante & polie comme de la corne. L’extrémité de son bec étoit fendue en trois comme le coq indien, marquetée de deux taches vertes, le reste étant gris brun. Il avoit une troisième paupière interne, & deux appendices charnues au bas du cou, semblables à ceux des poules. Ses jambes grosses, fortes & droites, avoient des écailles hexagones, pentagones & carrées. Ses ongles étoient noirs en dehors si blancs en dedans. Cet oiseau se nourrit de légumes & de pain, & il avale comme l’autruche tout ce qu’on lui présente, quoiqu’il n’ait point de gésier. Sa langue est dentelée, quoiqu’Aldrovandus dise qu’il n’a ni aîles ni langue. Ses aîles lui aident plutôt à fraper qu’à marcher, & Clusius dit qu’avec les pieds il brise des troncs d’arbres gros comme la cuisse. On l’appelle Ême dans les Indes.

CASUELLEMENT. adv. D’une manière casuelle, fortuite. Fortuitò. Il n’est guères d’usage.

☞ CASUISTE. s. m. Théologien, qui enseigne la Théologie morale & qui résout les cas de conscience. Moralis Theologus. Rien de plus important, rien de plus épineux que les fonctions d’un Casuiste. Le plus sûr de tous les Casuistes est la conscience d’un homme de bien. Un Casuiste a plus besoin de droiture & de bon sens, que de pénétration & de subtilité. S. Evr. M. le Févre appeloit Cicéron son Casuiste, par rapport aux Offices de Cicéron. Un Casuiste sévère, un Casuiste relâché, un Casuiste de morale sévère, de morale relâchée.

CAT.

☞ CAT ou CATH. Ville principale de la province de Khwarezm, dont elle étoit autrefois Capitale, sur le fleuve Oxus ou Gihon.

☞ CATABAPTISTE. Opposé au Baptême. On désigne généralement par ce mot ceux qui nient la necessité du baptême. Κατὰ (Kata), contre ; βαπτειν (baptein), baigner, laver.

☞ CATABIBAZON. Terme d’Astronomie. Voyez Queue du dragon.

☞ CATACAUSTIQUE. Terme de Géométrie. C’est la caustique formée par des rayons réfléchis. Voyez Caustique.

☞ CATACHRÈSE. s. f. Terme de Grammaire. Figure de mot, espèce de Métaphore, qui consiste dans l’abus d’un mot, dans l’emploi d’un mot impropre à la place d’un mot propre. Catachrèsis, abujus vocis. Toutes les fois que, faute d’un mot propre pour exprimer une idée particulière, on est obligé de se servir d’un mot qui est le signe d’une autre idée, mais qui a du rapport avec celle qu’on veut exprimer, c’est une catachrèse. On dit par exemple ferrer un cheval d’argent, quoique ferrer ne signifie proprement que clouer un fer sous le pied d’un cheval ; mais comme nous n’avons point de mot propre pour rendre cette idée quand l’armure de la sole est d’argent, nous disons fer d’argent, ferrer d’argent, plutôt que d’inventer un mot nouveau. C’est la même chose si on appelle parricide celui qui a tué sa mère, son frère, son maître, son Prince ; parce qu’au propre il ne signifie que le meurtrier d’un père. Aller à cheval sur un bâton, cette expression contient une catachrèse. Il y a des catachrèses dans tous les styles & dans tous les genres d’écrire ; c’est un mal sans doute, mais c’est un mal nécessaire.

Ce mot vient du grec ϰαταχρώομαι (katachrôomai), qui signifie abutor.

CATACOMBES. s. m. pl. Grottes, lieux souterrains pour la sépulture des morts. Catacumbæ. On appelle ainsi en Italie les sépultures des Martyrs qu’on va visiter par dévotion, & dont on tire les reliques qu’on envoie maintenant dans tous les pays Catholiques, après que le Pape les a reconnues sous le nom de quelque Saint. Ils font à trois lieues de Rome. C’étoient des grottes où se cachoient & s’assembloient les premiers Chrétiens, où ils enterroient ceux d’entre eux qui étoient martyrisés. Ces Catacombes sont de la largeur de deux à trois pieds, & de la hauteur de huit ou dix pour l’ordinaire, en forme de rues qui se communiquent, & qui souvent s’étendent jusqu’à une lieue de Rome. Il n’y a ni maçonnerie, ni voûte, la terre se soutenant d’elle-même. De temps en temps on rencontre de petites chambres pratiquées & faites comme le reste des Catacombes, sans jour & sans ouverture par en haut. Les deux côtés de ces rues, que l’on peut regarder comme les murailles, servoient de haut en bas pour mettre les corps des morts. On faisoit un trou de la longueur, de la largeur, & à peu-près de l’épaisseur du corps mort ; l’on y mettoit le corps sans cercueil, & en ligne parallèle à la rue. Ainsi toutes ces ouvertures étoient différentes selon la longueur & l’épaisseur des corps qu’on y enterroit. Comme les Catacombes n’ont guère que huit ou dix pieds de hauteur tout au plus, il n’y a presque par-tout que trois ou quatre rangs l’un sur l’autre de ces sortes de tombeaux. On les fermoit par des tuiles fort larges & fort épaisses, & quelquefois par des morceaux de marbre, cimentés d’une manière qu’on auroit peine à imiter de nos jours. Le nom du mort se trouve rarement sur ces tuiles. P. E. Chamillart. Les Catacombes sont dans le cimetière de Calliste sur la voie Appie.

Dans l’ancien usage, les catacombes n’étoient autre chose que le tombeau de saint Pierre & saint Paul. M. Chastelain, à la fin du premier tome de son Martyrologe, dans l’explication des mots, &c. au mot Catacombes, dit qu’il n’y a que les Étrangers qui donnent abusivement ce nom aux cimetières souterrains de Rome ; que les Romains habiles ne le donnent qu’à une chapelle souterraine du fond de l’aile à gauche de S. Sébastien, l'une des des sept Eglises stationales, où le plus ancien des Calendriers Romains marque qu’a été mis le corps de saint Pierre sous le Consulat de Tuscus & de Bassus, c’est-à-dire, l’an 258.

Quelques-uns dérivent ce mot de l’abord & de la retraite des navires, que les Grecs & les Latins modernes ont appelés combes. D’autres disent qu’on disoit autrefois cata pour ad ; & que Catacumbas signifoit ad tumbas. Et Dadin de Hauteserre, dans ses notes sur les vies des Papes, par Anastase, Bibliothécaire, p 12 & 13, montre que l’on a dit autrefois catatumbas, & non pas catacumbas, & qu'il faut corriger le texte d’Anastase dans la vie du Pape Corneille, où on lit catacumbas. Et en effet, on a donné ce nom à plusieurs cimetières. Du Cange. En vieux françois on appelloit combes, une vallée environnée de tous côtes de montagnes qu’on appelle encore comb en anglois. D’autres dérivent catacumbes du grec ϰατὰ (kata), & ϰόμϐος (kombos), cavus, recessus ; c’est-à-dire, un lieu souterrain : & on l’a appliqué aux tombeaux, ou au lieu où étoient les tombeaux, comme en françois cave & caveau, où étoient les corps de S. Pierre & de S. Paul. Catacumbe. Voyez sur les Catacombes, Aringus Romœ subterranæ, L. III, cap. 12.

☞ Le nom de catacombes signifie en général toutes sortes de lieux souterrains. On l’appliquoit autrefois particulièrement à la cave où avoient été mis les corps de S Pierre & de S. Paul, comme il paroît par la 30e Lettre de S. Grég. L. III. En ce temps, la, on appeloit encore criptes ou cimetières, criptæ & cœmeteria, les lieux où l’on enterroit les morts ; mais depuis on donna le nom de catacombes aux lieux souterrains qui servoient de tombeaux & que l’on prétend avoir été particuliers aux Chrétiens. Il n’est pas néanmoins certain qu’on n’y ait pas aussi enterré des Païens ; & il est évident que tous ceux qui y sont enterrés ne sont pas des saints & des martyrs, quand même c’eût été le cimetière commun des Chrétiens seulement, puisque tous les Chrétiens ne sont pas des saints ou des martyrs. Les signes dont on se sert pour distinguer les corps de ceux-ci, sont assez équivoques : la croix, la palme le monogramme de J. C., les figures d’un bon pasteur ou d’un agneau, que l’on trouve gravées sur les pierres du tombeau, prouvent bien qu’elles ont servi à des Chrétiens, mais non pas que ces Chrétiens soient saints ou martyrs. Les palmes ne sont pas toujours un signe certain de la couronne du martyre & les phioles teintes de rouge ne prouvent pas qu’elles aient été teintes du sang plutôt que d’une autre liqueur. On trouve quelquefois sur une même pierre des inscriptions payennes, comme M. D. Diis Manibus, d’un côté, & d’un autre des signes du christianisme : ce qui fait voir qu’elles ont servi à des Païens ou à des Chrétiens. On ne doute point que dans le commencement du Christianisme il n’y ait eu quantité de martyrs enterrés dans les cimetières des Chrétiens, comme l’assurent S. Jérôme & Prudence. Cependant du temps du Pape Grégoire III, il y en avoit très-peu de connus, puisque ce Pape écrivant à Otgar, Archevêque de Mayence, qui lui demandoit un corps saint, lui fit réponse qu’il n’en avoit point à lui envoyer, parce que ses prédécesseurs & lui avoient placé les corps des saints dans les Eglises nouvellement dédiées ; & qu’il en avoit cherché, sans en pouvoir trouver, & qu’il prioit Otgar de lui donner du temps pour en faire une plus grande perquisition. D. Mabillon, Itinerar. Ital. Eusebi ; Rom. Epistola ad Théoph. Gall.

☞ CATACOUSTIQUE. s. f. ou CALAPHANINIQUE.

Science qui considère les propriétés des sons réfléchis, c’est-à-dire, qui ne viennent pas directement du corps sonore à l’oreille, mais qui la frappent après avoir été renvoyés par quelqu’autre corps. Voyez Echo & Catoptrique.

CATADIOPTRIQUE. adj. de t. g. Terme d’optique, qui se dit de ce qui appartient tout-à-la fois à la catoptrique & à la dioptrique. Catadioptricus. Télescope catadioptrique, lunette qui réfléchit & rompt en même temps les rayons.

CATADOUPE ou CATADUPE. s. f. Qui signifie la même chose que cataracte ; c’est-à-dire, la chute d’un fleuve, qui d’un lieu haut tombe dans un plus bas. Catadupa. On parle des catadoupes du Boristene. Il y a les catadupes du Danube & du Rhin, qui sont les endroits où ces fleuves se précipitent des rochers. Les plus fameuses catadoupes sont celles du Nil.

Puis roulant leurs eaux entre des rochers, formoient un gasouillement à-peu-près semblable à celui des Catadupes du Nil. La Fontaine. Le fleuve de S. Laurent en Canada a aussi des catadoupes qui ne cèdent guère à celles du Nil, si l’on en croit des François qui les ont vues. Voyez Cataracte.

Ce mot vient du grec κατάδουπα (katadoupa), nom pluriel, qui vient de καταδουπέω (katadoupeô), composé de κατὰ (kata), préposition, qui dans la composition signifie tendance, inclination vers le bas, situation basse ; & de δουπέω (doupeô), qui signifie faire du bruit : de sorte que καταδουπέω (katadoupeô), est la même chose que faire du bruit en tombant ; de-là se forme κατάδουπος (katadoupos), le bruit que fait un fleuve en tombant, & τα κατάδουπα (ta katadoupa), les chûtes d’un fleuve, ainsi appelées, parce que les eaux font un bruit en tombant. Windelin, de admirand. Nili, c. 5, & Paul Lucas, dans son premier voyage, décrivent les catadupes du Nil.

CATADUPE. s. m. Catadupus. Les anciens donnoient ce nom aux peuples qui habitoient proche des catadupes ou cataractes du Nil. Les anciens croyoient que les Catadupes étoient sourds, à cause du fracas que font continuellement les eaux en tombant. Cicéron, dans le Songe de Scipion, c. 5. Ammien Marcellin, Liv. XXII, c. 34 & 36. Pline, Liv. V, c. 9. Vitruve, L. VIII, c. 2 parlent aussi des Catadupes. Les catadupes font censés dans l’antiquité des peuples de l’Ethiopie. Séneq. Nat. quœst. L. IV, c. 2.

CATAFALQUE, s. m. Echafaud, ou élévation : c’est une décoration d’architecture, de Peinture & de Sculpture, établie sur un bâti de charpente pour l’appareil & pour la représentation d’un tombeau, qu’on éleve pour les pompes funèbres des Princes ou des Rois. Tabulatum ad reprœsentandum tumuli pompam extructum.

Quelques-uns écrivent cadafalque, mais très-mal. Daviler & les Maîtres de l’art écrivent catafalque, & les Italiens de qui nous avons pris ce mot, disent catafalco, un échafaud, & non pas Cadafalco.

CATAGLOTTISME. s. m. H. Etienne appelle ainsi le baiser que pratiquent les Italiens, en mettant la langue dans la bouche. Γλώσσα, γλοττα (Glossa, glotta), langue.

CATAGMATIQUES. adj. souvent employé substantivement. Terme de Médecine, qui se dit des médicamens propres à souder les os cassés, & à faire plus promptement le calus. Medicamentum fracturis ossium apparatum. Ces médicamens sont le bol d’Arménie, la gomme tragacanthe, l’osteocolle, les noix de cyprès, l’encens, la farine folle, l’aloës & l’accacia.

Ce mot vient du grec κάταγμα (katagma), fracture.

CATAIRE, s. f. Voyez Herbe aux chats.

CATALAN, ANE. adj. & s. qui a rapport à la Catalogne, qui est de Catalogne. Catalonius Gothalanius. Les Catalans aiment mieux la guerre que le travail, & font faire presque tous les ouvrages de la campagne par des François qui y vont des provinces voisines. Maty.

CATALECTE, ou plutôt CATALECTIQUE, adj. Terme de Poësie. Catalecticum carmen. Les anciens appeloient vers catalectes ou catalectiques, ceux auxquels il ne manquoit qu’une syllabe : car lorsqu’il y manquoit un pied tout entier, on les nommoit Brachycatalectes ; & Acatalectiques, les vers parfaits, auxquels il ne manque rien.

Ce mot vient du grec ϰαταλεϰτιϰός, ϰατὰ (katalektikos, kata), contrà ; & λέγω (legô), defino, je finis. C’est-à-dire, ce qui n’est pas fini dans les règles.

Catalecte. s. m. & adj. Les Savans se servent de ce mot pour exprimer certains ouvrages des anciens, qui ne sont que des fragmens, ou de petites pièces qui leur font échapées. Scaliger est, je crois, le premier qui se soit servi de ce terme en ce sens. Il a tiré ce nom des vers catalectes des anciens, qui étoient des vers auxquels il manquoit quelque pied ou quelque syllabe, & le donna au recueil qu’il publia de toutes les pièces, sous le titre de Catalectes des anciens Poëtes. Les quatorze petites pièces attribuées à Virgile ont été traduites par l’Abbé de Marolles, sous le nom général de Catalectes. Depuis il traduisit toutes les petites pièces des anciens Auteurs, que Scaliger avoit rassemblées sous le nom de Catalectes : ensorte qu’aujourd’hui on donne le nom de Catalectes à toutes ces anciennes petites pièces, soit qu’elles soient feintes, ou qu’elles ne soient que des fragmens.

CATALEPSIE, s. f. Terme de Médecine. C’est une espèce d’apoplexie ou d’assoupissement, qui laisse la respiration libre. Catalepsis. Le cataleptique demeure les yeux ouverts & dans la même posture où la maladie l’a surpris, & sans sentir, sans voir, sans entendre. Il demeure comme pétrifié, & comme s’il avoir vu la tête de Méduse. ☞ Si on leve un bras du malade, il demeure immobile à l’endroit où on l’a mis. Si on élève une paupière, elle ne s’abaisse point d’elle-même ; si on lui fait fléchir un doigt ou plusieurs, ils restent fléchis jusqu’à ce qu’on les étende. Cette maladie est fort rare. Il est même difficile d’en assigner la cause. Il y a de l’apparence que c’est le plus souvent une extrême mélancolie, par le moyen de laquelle les malades font si fortement attachés à quelque objet qui les occupe, qu’ils ne pensent en aucune manière à ce qui se passe hors d’eux-mêmes. ☞ Les affections vives & subites de l’ame, des méditations profondes & saisies, un travail forcé dans le cabinet peuvent être autant de causes de cette maladie.

Ce mot vient du grec ϰατάλεψις (katalepsis) qui signifie détention, dérivé du verbe ϰαταλαμϐάνω (katalambanô), detineo, j’arrête, je retiens. Cette maladie s’appelle autrement catoche ou congélation. Κατοχὴ (katochê) vient de ϰατέχω (katechô), j’arrête, je retiens.

Dégori dit catalepsis au lieu de catalepsie, & il fait catalepsis du genre masculin. Voyez cet Auteur sur la catalepsie.

CATALEPTIQUE, adj. quelquefois employé substantivement. Qui est attaqué de catalepsie. Catalepticus.

CATALOGNE. Province d’Espagne, qui a titre de Principauté. Catalaunia, ou plutôt Catalonia. La Catalogne est bornée au nord par les Pyrénées qui la séparent de la France. La Méditerranée la baigne au levant, & au midi ; elle a l’Arragon & une partie du Royaume de Valence au couchant. La capitale de la Catalogne est Barcelone. Sur la fin du VIIe siècle Bernard fut fait Comte de Barcelone, & gouverna la Catalogne pour les François. En 854, le Comté fut donné en propriété par Charles le Gros à Geofroy le Velu, pour lui & pour ses descendans. En 1137, Raymond Bérenger, Comte de Barcelone, ayant épousé Pétronille, héritière d’Arragon, unit pour toujours la Catalogne à l’Arragon.

Ce mot, Catalogne, s’est formé de Gothalania, Gothalanie, terre ou pays des Goths, parce que les Goths s’établirent autrefois dans cette partie d’Espagne.

CATALOGUE, s. m. Liste, dénombrement de personnes ou d’autres choses, disposées selon un certain nombre. Index, catalogus, album. Le bienheureux François de Sales a été mis au catalogue des Saints. Un Régent a le catalogue de ses écoliers. Le catalogue d’une bibliothèque se dispose par l’ordre des matières. Les Jésuites d’Anvers ont donné un catalogue des Papes, avec de savantes dissertations. C’est ce qu’ils appellent Propylœum ad acta Sanctorum Mali. Il y a en particulier un prologue sur les anciens catalogues des souverains Pontifes.

Du Cange dérive ce mot de catalogo, qu’on a dit dans la basse latinité pour signifier collectio, du grec ϰατάλογος (katalogos), de ϰαταλέγω (katalegô), recenseo.

CATALOTIQUE. adj. souvent employé substantivement. Terme de Médecine, qui se dit des remèdes propres à dissiper les marques des cicatrices qui paroissent sur la peau. Cataloticus. Le précipité rouge, l’alun brûlé font des remèdes catalotiques, de bons catalotiques.

Ce mot vient du verbe ϰαταλοάω (kataloaô) ; comminuo, je broie, j’écrase, je diminue.

CATAMARCA. Vallée de la Tucumanie, dans l’Amérique septentrionale. Catamartana vallis. Les Famatines & les Sanagastanés habitoient la Vallée de Catamarca. De. Techo, Hist., Parag. L. I, C. 20.

CATANANCE. s. f. Plante commune en Languedoc, en Provence & en Dauphiné. Sa racine est branchue, fibreuse, rougeâtre en dehors, & elle pousse plusieurs feuilles velues, blanchâtres, semblables à celles de la corne de cerf. Du milieu de ses feuilles s’élèvent une ou quelques tiges, arrondies, menues, branchues, hautes de deux piés environ, & garnies de quelques feuilles plus petites & plus étroites que celles du buis. Les fleurs qui terminent les branches sont composées de demi-fleurons bleus portés chacun sur un embryon, qui devient une semence garnie d’un chapiteau à cinq feuilles. Les demi fleurons & ces semences sont soutenues par un calice composé de plusieurs écailles transparentes, blanchâtres, & comme divisées en deux par une raie roussâtre, qui parcourt toute la longueur. Toute la plante donne un peu de lait lorsqu’on la coupe. Catananca Dalechampii, flore Cyani, folio Coronopi. J. B. Il y en a une autre espèce plus rare qui vient en Sicile, & qui a ses demi fleurons jaunâtres.

☞ CATANE ou CATANÉE. Catana ou Catina. Ville de l’Île de Sicile, sur un golfe auquel elle donne son nom, avec un Evêché suffragant de Montréal.

☞ CATANZARO, Ville d’Italie, au Royaume de Naples, dans la Calabre ultérieure, avec un Evêché suffragant de Reggio.

☞ CATAPACTAYNE. Fête des habitans du Pérou, qu’ils célèbrent avec solemnité au mois de Décembre, qu’ils appellent bayme, & qui est le commencement de leur année. Cette fête est consacrée aux trois statues du Soleil, nommées Apointi, Churtunti, & Intiaquacqui ; c’est-à-dire, au Soleil père, au Soleil fils, au Soleil frère. Jean-Hugues Linschonac. Hist. Ind. occid. cité par Mor.

CATAPAN. s. m. Nom de charge. Gubernator, Rector, Prœfectus. C’est le nom que les Grecs ont donné dans les derniers temps, c’est-à-dire, au Xe & XIe siècles, au Gouverneur de ce qu’ils possédoient encore en Italie. L’Empereur Basile avoit ordonné au Catapan d’exiger le tribut qu’il prétendoit lui être dû ; & en exécution de cet ordre le Catapan avoit subjugué une partie de la Province de Bénévent. Fleury. Guillaume de la Pouille, dans son Poëme, De Gestis Normannorum, Lib. I. dit :

Qui Catapa fuerat Grœcorum missus ab urbe,
Cui Constantinus nomen dedit.

Quelques-uns disent aussi Catipan, Catipanus ; & dans Leo Ostiensis, L. II, c. 68 ; Lupus Protospathaire, l’Auteur anonyme de Barri, qui a écrit la vie de S. Vital de Sicile, & Ughellus, Ital. sacr. T. IV, c’est la même chose que Capitaneus, comme si ce n’étoit qu’une métathèse ou transposition. Guillaume de la Pouille, dans son IIe Livre, le tire de ϰατά (kata), juxtà, & ϖᾶν (pan), omne ; de sorte que Catapan signifie un Gouverneur général, un Officier, un Magistrat proposé généralement sur tout, qui a la direction de tout.

Quod Catapan Grœci, nos juxtà dicimus omne,
Quisquis apud Danaos vice fungitur hujus honoris,
Dispositor populi, parat omne, quod expedit illi ;
Et juxta quod cuique dar decet, omne ministrat.

Et quoi qu’en dise M. Du Gange dans ses Notes sur l’Alexiade, cette étymologie n’est peut-être pas si mauvaise. D’autres prétendent que ce mot vient de παντοϰράτορα (Pantocratora), c’est-à-dire, après l’Empereur. C’est ce sentiment de la vie de Saint Lietbert de Cambray ch. 41, qui dans ce sens appelle le Catapan, un second maître, ou second Seigneur, secundus Dominus. Voyez d’Acheri, Spicileg. T. IX. M. Du Cange, à l’endroit cité p. 275, veut qu’il vienne de ϰατεϖαύω (katepauô) que les Grecs ont dit de tout Capitan, ou Gouverneur, & même de tout homme de condition. Le même Auteur a donné dans son Glossaire une liste chronologique de tous les Catapans, depuis le IXe siècle jusqu’à la fin du XIe. Il y en a soixante-un. Lupus Protospathaire parle souvent dans sa Chronique des Catapans & du Proto-Catapan. Bollandistes, Acta SS. Mart. T. II, p. * 29 E.

Catapan, signifie le Magistrat de Police à Naples.

☞ Aujourd’hui on donne encore le nom de Catapan au Magistrat de la police à Naples.

CATAPASME. s. m. Terme de Pharmacie. Mélange de poudres, ou odorantes, dont on parfume les habits ou les cheveux, ou fortifiantes qu’on applique sur l’estomac, sur le cœur, sur la tête ; ou escarotiques & propres pour consumer les chairs mortes. Catapasme vient du mot grec ϰαταπάσσειν (katapassein), arroser.

CATAPELTE. s. f. Nom d’un instrument de supplice dont on se servoit autrefois. Catapelia. Le Gouverneur avoir fait mettre à terre d’un côté l’image de Jésus-Christ en Croix, & de l’autre l'instrument de supplice que l’on nomme Catapeste. Alors il lui dit : Tu as à choisir des deux, ou de marcher sur l’image, ou d’aller au supplice. Fleury. Le Gouverneur en colère le fit dépouiller & étendre sur la catapeste, où les bourreaux l’ayant ferré entre deux ais, depuis le cou jusqu’aux talons, & attaché par tous les membres avec des cloux de fer le pendirent la tête en bas, & allumèrent autour un grand feu, dont il fut consumé. Idem. On voit par cet exemple que la catapeste étoit une espèce de pressoir, ou de presse composée de planches, entre lesquelles on mettoit & on pressoit le patient.

☞ Le P. Montfaucon conjecture que la Catapeste étoit une espèce de chevalet. Equuleus.

CATAPHORE. Maladie soporeuse. Voyez Coma. Ce mot vient du grec ϰαταφορὰ (kataphora), gravis somnolentia, sommeil profond.

☞ CATAPHRACTE. s. m. Cataphractus. Cavalier dans les armées Romaines, armé de toutes pièces. Ils étoient couverts de fer eux & leurs chevaux. Voyez Clibanaire.

☞ Les Grecs & les Romains donnoient aussi le nom de Cataphractes à des vaisseaux de guerre longs & qui avoient des ponts. Constratœ naves. Ils appeloient aphractes les vaisseaux sans ponts.

Cataphracte. s. m. Terme de Chirurgie. Espèce de bandage dont on se sert pour les luxations ou les fractures des côtes, des vertèbres, des clavicules, du sternum. Galien le décrit dans son Livre des Bandages, ch. 851. Ce bandage représente une cuirasse, appelée en grec ϰατάφραϰτος (kataphraktos), d’où lui vient son nom. On le nomme aussi Quadriga, char ou carrosse à quatre chevaux, parce que les tours de bande se croisent comme les brides de ces chevaux. Voyez le Dictionnaire de M. Col de Villars.

Cataphracte. s. m. Poisson de mer, dont parle Lémery après Jonston & Schwenkfeldius, Cataphractus. Il est long d’environ demi pied. Sa tête est large de deux doigts, anguleuse, & presque triangulaire. Son museau est camus & barbu par-dessous. Il n’a point de dents, mais à leur défaut, il a les lèvres rudes & le palais parsemé de petits os piquans. Son corps, du côté de la tête, est de figure octogone, & du côté de la queue, il ne paroît qu’hexagone. Il est couvert par-tout d’écaillés osseuses, au milieu desquelles est une éminence ou bossette dure. Sa queue est petite, ronde, noire. On le trouve vers l’Ile de Nortslande, où il se nourrit de petits poissons. Il est excellent à manger, pectoral & apéritif. Il n’a point d’autre nom que celui de Cataphracte, qui vient de κατάφρακτος (kataphraktos) qui signifie clos & couvert de toutes parts.

CATAPHRYGIENS. Nom d’anciens Hérétiques qui ont été ainsi appelés, parce qu’ils étoient Phrygiens. Cataphryges. Ils avoient, dit S. Epiphane, les mêmes sentimens que les Catholiques sur le mystère de la Trinité. Ils parloient du Père, du Fils & du S. Esprit, de la même manière que l’Eglise ; mais ils l’avoient abandonnée en reconnoissant Montan pour Prophète, & Priscilla & Maximilla pour de véritables Prophétesses, qu’il falloit consulter sur tout ce qui regardoit la Religion, comme si le S. Esprit avoit abandonné l’Eglise, & qu’elle n’eût plus aucuns dons célestes. Saint Epiphane a parlé fort au long des Cataphrygiens, hær. 48, où il rapporte en même temps quelques extraits des livres de Montan & de Maximilla. Il explique aussi en quoi consiste la véritable prophétie, & en quoi elle diffère de l’enthousiasme des visionnaires ou fanatiques. Eusèbe, L. IV de son Hist. Eccl. c. 27, fait aussi mention des Cataphrygiens, & des Livres qu’Apollinaire Evêque de Hiérapolis écrivoit contre eux. Godeau dit & écrit Cataphryges.

CATAPLASME, s. m. Terme de Pharmacie. Les uns prononcent l’s, les autres ne la prononcent pas, & quelques-uns ne l’écrivent pas ; mais il faut l’écrire & la prononcer. Cataplasma. C’est un médicament externe en forme de bouillie, de consistance molle, à peu-près semblable à celle des onguents, ou des cérats, recevant dans sa composition diverses liqueurs & différentes parties de plantes, d’animaux & de minéraux, les unes molles & les autres sèches, & même bien souvent des huiles, des onguents & d’autres compositions externes & internes, le tout suivant la diversité des maux, & les intentions particulières pour lesquelles on prépare cette sorte de remède. Les principaux effets des cataplasmes sont d’appaiser les douleurs, de ramollir, de résoudre, dissiper, ou mènera suppuration les matières amassées aux parties extérieures du corps. Le cataplasme le plus commun & le plus employé pour appaiser les douleurs, & pour résoudre & dissiper les tumeurs nouvelles, se fait avec la mie de pain blanc, le lait, quelques jaunes d’œufs, le safran & l’huile rosat.

On dit cataplasme émollient, digérant, fortifiant, suppuratif, &c.

On appelle populairement, cataplasme de Venise, un soufflet, un coup appliqué du plat ou du revers de la main sur le visage de quelqu’un, Alapa. Retire-toi d’ici, je te donnerai un cataplasme. Ce mot vient du grec ϰαταπλάσσω, c’est-à-dire, illino, oblino, j’enduis, j’applique par-dessus.

CATAPLEXIE. s. f. Terme de Médecine, qui signifie un engourdissement subit, ou une privation de sentiment dans quelqu’un des membres ou organes du corps ϰατάπλεξις, de πλάσσω, je rape. Dict. de James.

CATAPUCE. s. m. Nom qu’on donne à deux plantes bien différentes l’une de l’autre. Il y a la grande & la petite catapuce. La grande catapuce est appelée autrement ricin commun, ou palma Christi, ricinus vulgaris. Voyez Ricin, la catapuce est une espèce de Tithymale, qui a une tige haute d’une coudée & demie, ronde, solide, & de la grosseur du pouce, garnie de quantité de feuilles. Ces feuilles sont longues de trois doigts, semblables à celles du saule, d’une couleur bleue tirant sur le vert, & disposées en forme de croix. Sa fleur est composée de quatre petites feuilles. Son fruit est relevé de trois coins, & divisé en trois cellules remplies chacune d’une semence oblongue. On se sert de la semence qui purge violemment par haut & par bas. Tithymalus latifolius catapucia dictus. On l’appelle aussi en françois epurge, ab expurgandi facultate.

CATAPULTE, s. f. Machine de guerre dont se servoient les anciens pour lancer de grosses pierres & quelque fois des traits ou javelots longs de douze & quinze pieds sur les ennemis. Catapulta. On en voit la description dans Vegece, Juste Lipse, & autres. On croit que l’invention de la catapulte vient des Syriens. Voyez M. Perrault sur le premier livre de Vitruve. Quand les Romains prirent la nouvelle Carthage, aujourd’hui Carthagène, ils y trouvèrent un merveilleux attirail de guerre, environ six-vingts des plus grosses catapultes, deux cens quatre-vingt des moyennes, &c. Vigenere, Trad. de Tite-Live, L. XXVI. Marcellus fit porter à son Ovation les catapultes, les balistes, & tous les autres instrumens de guerre. Ibid.

Ce mot vient du grec ϰαταπέλτης (katapeltês).

CATARACTAIRE. s. m. Cataractarius. Terme d’histoire ancienne. Dans le martyre de sainte Félicité, c. 5, il est dit que les douleurs de l’enfantement lui ayant pris dans la prison, comme elle se plaignoit, un valet des cataractaires lui dit : Si tu souffres maintenant, que feras-tu quand tu seras exposée aux bêtes ? Sur quoi les Bollandistes remarquent que les cataractaires étoient les Géoliers, les Gardes des portes. En effet, Tite-Live prend cataracte pour ce que nous appelons une herse aux portes des villes de guerre, & dans les siècles postérieurs, on le trouve pour des barreaux de fer qui ferment une entrée, comme on le peut voir dans Du Cange & dans Hoffman.

CATARACTE, s. f. Terme de Médecine & de Chirurgie. Une taie ou petite peau, qui nage dans l’humeur aqueuse, & qui se mettant au-devant de la prunelle de l’œil, empêche que la lumière y puisse entrer. Oculi suffusio. Elle se forme par la condensation des parties les plus visqueuses de l’humeur aqueuse, entre la tunique uvée & le cristallin. Quelques-uns croient que cette pellicule se détache du cristallin qui n’est qu’un composé de plusieurs petites pellicules appliquées les unes sur les autres.

Il y a deux sortes de cataractes, la véritable, & la fausse : la véritable vient d’une humeur amassée dans l’œil, coagulée & fixée dans cette partie dont elle ôte l’usage ; la fausse vient des vapeurs qui sont portées aux yeux par quelque accident, comme par une fièvre. La véritable cataracte a différens noms. Dans le commencement les malades voient comme des nuages, des poils d’étoffe, de petits points répandus sur les objets qu’ils regardent : la cataracte en cet état s’appelle imaginaire, parce qu’on ne l’apperçoit point encore dans les yeux de ceux à qui elle vient. Quand la suffusion augmente, la prunelle paroît de couleur de vert de mer, ou de vert sale, ou comme l’air rempli de nuages : alors la cataracte s’appelle eau, ou descente d’eau. Quand le mal est arrivé à son plus haut période, & que la matière est suffisamment coagulée, le malade ne voit plus, la prunelle n’est plus transparente, mais blanche, ou de quelqu’autre couleur ; & c’est ce qu’on appelle proprement cataracte. Voyez Degori, Trésor de la Pratique de Médecine.

Pour la cure de la cataracte, on a recours à l’opération, qui se fait en perçant avec une aiguille emmanchée, la conjonctive & la cornée : on pousse ensuite cette aiguille au-dessus de la cataracte, & on tâche de l’abaisser doucement, la tenant un peu de temps sujette. Willougby observe dans son Ornithologie que le fiel de perdrix est bon pour les cataractes.

☞ Contre cette théorie commune, M. Heister & plusieurs autres Savans Médecins & Chirurgiens prétendent que la cataracte n’est autre chose que le cristallin épaissi, & qui ayant perdu sa transparence, refuse le passage aux rayons, & les empêche de passer jusqu’à la rétine ; qu’ainsi quand on croit abaisser une petite membrane, c’est le cristallin même que l’on abaisse. La plus forte raison sur laquelle ils appuient cette hypothèse, c’est qu’après l’opération de la cataracte, on ne voit point sans loupe. Or, disent-ils, si l’on n’avoit abattu qu’une membrane étendue devant le cristallin, la loupe ne seroit pas plus nécessaire qu’auparavant ; au contraire, si l’on a abattu le cristallin il est évident qu’il faut une loupe à sa place pour donner aux rayons la direction qu’ils doivent avoir avant que d’arriver à la rétine.

☞ Mais M. Geisler fit voir dans un œil où l’on avoit fait l’opération de la cataracte, le cristallin sans aucune altération & dans sa place naturelle, & l’on trouva une membrane épaisse dans l’endroit où l’aiguille l’avoit poussée. On a vu plusieurs fois la même chose. La cataracte est dans une membrane distinguée du cristallin.

☞ D’ailleurs, il s’est trouvé des personnes qui, après l’opération de la cataracte, ont vu sans loupe ; &, si pour l’ordinaire, on en a besoin, c’est que, quoique la cataracte soit abattue, le vice qui l’a produite est encore dans l’humeur aqueuse : elle est toujours trop épaisse & trop trouble, & par conséquent elle ne laisse pas passer de rayons en allez grande quantité.

☞ Il arrive quelquefois qu’une personne qui a vu immédiatement après l’opération, est entièrement privée de la vue au bout de quelque temps, parce que la pointe de l’aiguille aura entamé la surface antérieure du cristallin, & aura ouvert la membrane dont il est enveloppé. Cette membrane ouverte, le cristallin se plisse & se ride, quoique cela n’arrive pas dans l’instant de la blessure où le cristallin, humecté par l’humeur aqueuse dans sa partie blessée, doit être quelque temps sans perdre sa configuration, du moins sensiblement.

☞ D’après toutes ces observations, il paroît vraisemblable de dire que ce qu’on appelle cataracte, est quelquefois une véritable membrane formée par les parties hétérogènes introduites dans l’humeur aqueuse, & quelquefois le glaucome, ou le cristallin obscurci qu’on abat quelquefois l’un & quelquefois l’autre. Car après l’opération on voit quelquefois sans loupe, comme auparavant. Verroit-on de la sorte, si le cristallin, qui rapproche les rayons, étoit déplacé ? Souvent après l’opération, on ne voit que de gros caractères, & avec une forte loupe. Si l’on n’avoit tiré qu’un rideau de devant le cristallin, & s’il étoit demeuré à sa place, sans être obscurci, ne verroit-on pas mieux ?

La cataracte s’appeloit autrefois coulisse ; & quand elle venoit à s’endurcir, maille ou bourgeon ; si elle n’arrivoit qu’à un des yeux, vairon ou bigarré : mais tous ces termes ne sont plus en usage. En grec ὑπόχυμα (hupochuma).

Cataractes, au pluriel, se dit d’une chute d’eau, qui tombe naturellement, d’une pluie extrêmement abondante. Cataracta, cataractes. Dieu ouvrit les cataractes des cieux, quand il envoya le déluge.

Ce mot de cataractes, vient du grec καταράσσω (katarassô), cum impetu decido. Le mot cataracte se trouve, en ce sens, dans le procès de la vie de saint Thomas d’Aquin, fait en 1319, ch. 2 ; & Act. SS. Mart. Tom. II, 97, A. & 244, F. &c.

On appelle aussi cataractes du Nil, deux lieux où le Nil fait des chûtes, & tombe sur des rochers escarpés. Ptolémée, Strabon & Pline en font mention. Voyez Nil. Les cataractes du Nil se nommoient autrefois catadupes dans la basse latinité. ☞ On appelle généralement cataracte, la chûte, le saut d’une rivière qui se précipite de haut en bas. Strabon appelle cataracte, ce qu’on appelle aujourd’hui la cascade de Tivoli. Catadupe, signifie la même chose que cataracte.

La cataracte du Parana, est la plus belle & la plus surprenante qui soit au monde. Nous en parlerons au mot Parana.

Jean Herbinius a fait des Dissertations sur les cataractes du monde. Dissertationes de admirandis mundi cataractis supra & subterraneis, Amstel. 1684 ou 85, & il entend par cataractes, les mouvemens violens des élémens. C’est donner à ce nom une signification bien étendue & bien nouvelle.

On appelle cataractes, les portes grillées & treillissées, & même les herses ou sarrasines qu’on fait tomber par des coulisses, en cas de besoin. Porta cataracta. On l’a dit aussi des guichets & portes treilliifées des prisons, qui ont fait appeler un Geolier Cataractarius. Voyez Cataractaire.

Cataracte, s. f. Oiseau marin, si semblable au mouchet, qu’à peine l’en peut-on distinguer. Cataractes, Oppien l’a décrit d’une manière fort détaillée. Ses ailes & son dos sont diversifiés de tanné, de blanc & de jaune, mêlés ensemble. La cataracte est toute blanche par-dessous, avec des taches brunes ; elle donne sur sa proie comme l’épervier, & pour la prendre, elle se sert de son bec, qui est long & gros à proportion de son corps, robuste, pointu & un peu courbé. La couleur en est noire ; son cou est longuet ; sa tête médiocrement grosse. Ses ailes finissent à l’extrémité de sa queue, qui est noire & longue d’environ trois pouces. Ses cuisses sont couvertes de plumes jusques sur les jambes, qui sont, ainsi que les pieds & leurs membranes, de couleur cendrée. Ses ongles sont noirs, crochus & petits. Cet oiseau ne se plaît que dans les lieux maritimes. Oppien rapporte des choses fort singulières de sa manière de faire son nid, & de faire éclorre ses petits, &c. mais apparemment fabuleuses. La chair de la cataracte est d’un très mauvais goût, parce qu’elle sent fort la sauvagine.

CATARACTER. (Se) Terme d’Oculiste, qui se dit des yeux auxquels il se forme une cataracte, Suffundi. On remarque un nuage au cristallin, quand il commence à se cataracter. Demours.

CATARACTÉ, ÉE. part. Terme d’Oculiste, qui se dit de l’œil, affecté d’une cataracte. Cataracta ou suffusione vitiatus, a, um. Faire l’ouverture d’un œil cataracté. Journ. des Sav. 1716, p. 385. Cet homme a les deux yeux cataractés. C’étoit le cristallin déjà cataracté. Demours.

☞ CATARRE ou CATARRHE, & non pas CATERRE. s. m. Catarrhus. Fluxion qui tombe sur la tête, sur la bouche, sur la gorge ou sur la poitrine ; rhume de cerveau, esquinancie catarreuse, toux catarreuse. Voyez ces mots.

Les catarres proviennent ordinairement de chaleur ou de froideur excessives, ou de la réplétion du cerveau & de la débilité de la partie recevante. Les catarres ne proviennent pas de la tête seulement, comme on le suppose d’ordinaire. Ils viennent aussi de toutes les autres parties ; parce que les vaisseaux lymphatiques qui portent les sérosités, se distribuent par tout le corps, & que les glandes qui les préparent sont répandues presque par tout. Ainsi les rhumes arrivent, lorsque les vaisseaux lymphatiques dégorgent leurs sérosités & leur lymphe sur la gorge & sur la poitrine. Le froid empêchant la transpiration & l’évaporation de la lymphe, est la cause la plus fréquente des catarres. La sérosité étant extravasée, s’aigrit, & c’est ce qui cause des douleurs en diverses parties. C’est par cette raison, que pour guérir les catarres, il faut adoucir, & faire transpirer les sérosités, par le moyen des diaphorétiques, & par des remèdes somnifères & diurétiques. Van-Hel. Κατάρρος (Katarros) vient du grec, καταράσσω (katarassô), qui signifie defluo. Nicol.

☞ Il y a une espèce de catarrhe, qu’on appelle suffoquant, parce que la maladie se jette sur le larynx & l’épiglotte, & que ces parties sont dans un si grand resserrement, que l’air ne peut entrer & sortir que très-difficilement ; d’où il arrive que le malade est en danger de suffoquer, si par la saignée on ne procuroit quelque relâchement, & si l’on ne détournoit l’humeur par les lavemens, les vésicatoires & les autres remèdes indiqués en pareil cas.

CATARREUX, EUSE, adj. Qui est sujet aux catarres, Catarrhis, Epiphoris obnoxius, ou qui a rapport aux catarres. Vieillard catarreux, tempérament catarreux, humeur catarreuse.

☞ CATARTHIQUE. Voyez Cathartique.

CATASTASE. s. f. Catastasis. Terme de Poësie : c’est la troisième partie des tragédies anciennes, dans laquelle les intrigues qui se sont nouées dans l’épirase se soutiennent, continuent & augmentent jusqu’au dénouement, qui se fait dans la catastrophe. Voyez la Poëtique de Scaliger.

Catastase. En général, constitution, habitude, état, condition. Hippocrate emploie souvent ce mot pour marquer la constitution de l’air ou des saisons, ou la nature d’une maladie. Galien rend κατάστασις (katastasis), par καθέδουσις (kathedousis), d’où il paroît qu’il le prend aussi pour la réduction, le remplacement d’une chose dans son lieu propre. Ce mot vient de καθίστημη (kathistêmê), constituer.

CATASTROPHE. s. f. Terme de Poësie. C’est le changement, & la révolution qui se fait dans un Poëme dramatique, & qui le termine ; catastrophe, tristis fabulæ, exitus. La plupart des pièces tragiques d’Euripide ont une catastrophe malheureuse & funeste. Dac. Aristote préfère une fin triste, une catastrophe malheureuse, pour la Tragédie, parce qu’elle est plus propre à exciter la terreur & la pitié, qui sont les deux fins de la Tragédie. P. Le Boss. La catastrophe est la quatrième & la dernière partie des tragédies anciennes.

☞ Il seroit fort à désirer pour les bonnes mœurs que la catastrophe tournât toujours à l’avantage de la vertu, qu’à la fin de la pièce le crime fût puni & la vertu récompensée.

Ce mot vient du grec καταστροφὴ (katastrophê), subversio, renversement, boulversement, l’issue d’une affaire.

Catastrophe se dit figurément d’une fin funeste & malheureuse, parce que d’ordinaire les actions qu’on représente dans les Poèmes dramatiques sérieux, sont sanglantes. Il n’y a guère de catastrophe plus étonnante que celle de Charles le Gros ou le Gras, qui d’un prodigieux accroissement de grandeur, fut tout d’un coup précipité dans un abyme de misère. Maim. La vie de ce grand homme se termina par une étrange catastrophe. Dans les Etats populaires de la Grèce, où la Monarchie croit odieuse, l’on écoutoit avec avidité la funeste catastrophe des Rois. Le P. Boss. C’étoit une catastrophe des plus surprenantes, que celle du Duc de Joyeuse, qui de Maréchal de France, se fit Capucin & Prédicateur, sous le nom de P. Ange. De Vill.

CATAUT. Diminutif de Catherine.

CATAY, qu’on écrit aussi CATHAY, & quelques-uns KATHAY ou KITHAY. Cathaia. Sanson, dans ses petites cartes, met le Catay dans la grande Tartarie, au nord de la Chine ; mais le P. d’Avril assure dans ses voyages, que le Kathay ou Kithay, se prend en deux sens. Dans un sens général, il signifie toute la grande Tartarie ; & dans un sens particulier c’est la partie septentrionale de la Chine, Maty. Quelques Auteurs ont cru que le Cathay est la Cathée, Cathœa de Strabon, L. XV, qu’Etienne de Byzance appelle Cathœna, dont ils font une région de l’Inde. D’autres croient que les peuples du Cathay sont ceux que les anciens appeloient Seres.

CATE. s. f. Espèce de trochisque ou tablette que les Indiens composent avec l’extrait des rameaux d’un arbre épineux, qu’ils nomment Tracchie, dont le bois est dur & pesant, portant des feuilles semblables à celles de la bruyère. Ils mêlent cet extrait avec de la farine de Nachani, qui a le goût de seigle, & la raclure d’un autre bois noir. Ils en font des tablettes qu’ils font sécher à l’ombre. Elles sont amères & astringentes. Ils s’en servent pour affermir les gencives, pour le flux de ventre, & pour la douleur des yeux.

CATEAU. Château. Castrum. C’est le mot château prononcé à la manière picarde & artésienne que nous avons adoptée en un seul mot, qui est celui de Cateau Cambresis, Castrum Cameracense, petite ville du Cambrésis, située sur la Selle, renommée par le traité de paix qui y fut conclu au mois de Février de l’année 1559, entre le Roi Henri II & Philippe II, Roi d’Espagne. M. Corneille veut qu’on puisse également dire Câteau ou Château Cambrésis, & Maty préfère même Château à Câteau, dans cette phrase. Cependant il semble que l’usage soit ordinaire de dire Câteau-Cambrésis, comme Catelet. La paix du Câteau-Cambrésis.

CATÉCHESE. Terme d’Histoire - Ecclésiastique. Explication de la Doctrine-Chrétienne, laquelle se fait de vive voix. Instruction pour ceux qui veulent se faire Chrétiens. C’est la même chose que catéchisme. Fidei Christianæ institutio, Chritianæ legis capitum explicatio. S. Cyrille a composé de savantes Catécheses. Ce mot vient du grec κατηϰήσις (katêkêsis), instruction de vive voix.

Les Catéchèses ne se faisoient pas publiquement dans les Eglises ; mais dans les lieux particuliers, comme on le prouve par l’exemple d’Origène, qui a été Catéchiste d’Alexandrie. Démétrius, Evêque de cette grande ville, se plaignit écrivant à Alexandre, Evêque de Jérusalem, & à Théoriste, Evêque de Césarée, de ce qu’ils avoient permis à Origène de prêcher publiquement dans l’Eglise. Les Catéchèses ne se faisoient donc point dans l’Eglise, mais hors de l’Eglise dans le Baptistère, ou dans quelqu’autre lieu destiné à cela, & qui étoit hors de l’Eglise.

CATÉCHISER, v. a. Enseigner les principaux points de la Religion Chrétienne & les mystères de la foi. Pueros aut ignaros Christianæ Religionis mysteriis erudire. Les Missionnaires vont catéchiser les paysans dans les villages.

☞ On le dit figurément & familièrement pour tâcher de persuader quelqu’un en lui disant toutes les raisons qui peuvent le déterminer à faire quelque chose. Je l’ai bien catéchisé sans pouvoir rien obtenir, rien gagner sur son esprit.

Catéchisé, ée, part.

CATÉCHISME, s. m. Instruction sur les principes & les mystères de la foi. Catechismus, Catéchisme, se dit également & du livre & de l’instruction. Le Concile de Trente ordonne aux Curés de faire tous les Dimanches des catéchismes dans leurs Paroisses.

Le catéchisme de Bellarmin, de Canilius. S. Augustin a fait un traité du catéchisme à la prière de Deogratias, Diacre de Carthage, qui étoit chargé de cette fonction. Il lui marque comment il s’en doit acquitter. Si la substance des choses qu’il faut dire aux Catéchumènes.

Catéchisme du Concile de Trente. Ce Catéchisme, qui est le plus estimé de tous, n’a pas été composé par les Evêques du Concile dont il porte le nom ; mais seulement par leur ordre. Ce sont des Théologiens particuliers qui l’ont composé, & comme la plûpart étoient Dominicains, ils y ont répandu la doctrine de S. Thomas. Le P. Alby, Jésuite, assure dans la vie du Cardinal Sirlet, que ce Cardinal est l’Auteur du Catéchisme du Concile de Trente. Antoine Fabrice de Liège, dans une préface qu’il a mise à la tête de ce Catéchisme, prétend que le Cardinal Sirlet n’est pas le seul qui y ait mis la main, mais qu’il a été aidé par plusieurs autres Théologiens. L’Auteur d’un écrit imprimé en 1607 & en 1647, & qui a pour titre, Quæstio Theologica, &c. De mente Concilii Tridentini, circa gratiam efficacem & scientiam mediam, dit que les principaux de ces Théologiens sont Léonard Marin, Archevêque de Lanciano, Dominicain ; Gilles Fuscarario, Evêque de Modène, & François Forerius, du même Ordre ; ce qui confirme ce que l’on a dit d’abord. Quand ces Théologiens & les autres nommés par le Pape eurent composé tout le corps du Catéchisme, on choisit trois excellens hommes pour l’écrire en latin d’un style pur, élégant & intelligible. Ce fut Paul Manuce, Julius Poggianus, & Cornélius Amalthée, Médecin de profession ; de sorte que ce Catéchisme n’est pas seulement instructif par rapport à la Religion, mais il est encore un livre agréable à lire pour le style.

L’ouvrage fut ensuite revu & perfectionné, recensitum & perfectum ab illustrissimo Sirleto, qui Tridentino Concilio interfuerat unà cum Cardinale Sanctœ Crucis, cujus tunc erat domesticus, & Silvio Antonio Cardinale.

Le seul défaut est, qu’il y ait, comme on l’a dit, quelques sentimens d’une école particulière dans un livre, qui ne devoit précisement contenir que le dogme & la doctrine de l’Eglise. Voyez les Auteurs cités, & Vigneuil-Marville, T. I, p. 349.

Ce Catéchisme a été imprimé par ordre de S. Pie, Pape, & approuvé par un bref de Grégoire XIII en 1583 ; par S. Charles Borromée, dans cinq Synodes différens qu’il a tenus à Milan en 1565, 1569, 1576, 1577 & 1579 ; par le Clergé de France assemblé à Melun en 1579 ; par les Conciles de Rouen en 1581 ; de Bordeaux, en 1581, de Tours en 1585 ; de Toulouse, en 1590 ; & par sept autres Conciles Provinciaux, tenus chez les nations étrangères.

L’édition la plus recherchée de ce catéchisme est celle de Paul Manuce, in-fol. 1566.

Ce mot vient du grec ϰατήχησις, institutio, instructio. Au reste, il faut dans sa pronociation faire sonner l’s, & dire catéchisme, comme fait le peuple.

Catéchisme. Ce mot se prend quelquefois abusivement pour toutes sortes d’instructions & de préceptes, même profanes.

Abbé, c’est-là le catéchisme
Que les Muses m’ont enseigné,
Et voilà le vrai quiétisme
Que Rome n’a point condamné. R.

☞ CATÉCHISTE, s. m. Officier Ecclésiastique dont la fonction étoit d’enseigner aux Catéchumènes les premiers élémens de la Religion. Voyez Catéchèse. C’étoit une fonction très importante. Eusèbe, L. VI, C. 3, rapporte que Démetrius, Evêque d’Alexandrie avoir nommé Origène pour cette fonction, de laquelle Pantanus 6c Clément s’étoient acquittés avant lui.

☞ On appelle encore aujourd’hui Catéchiste celui qui enseigne le catéchisme aux enfans dans une Paroisse. Jean-Jerson, Chancelier de l’Université de Paris, se faisoit gloire, au milieu de ses grandes occupations, d’instruire les enfans & de les catéchiser, & répondoit à ceux qui lui confessoient de s’appliquer à des emplois considérables, qu’il ne croyoir pas qu’il y en eût de plus nécessaire & de plus glorieux que celui-là.

CATÉCHISTIQUE. adj. m. & f. Qui est par demandes & par réponses, en forme de catéchisme. Cette forme catéchistique ne laisse pas d’avoir son mérite & fon utilité. Desfontaines

CATÉCHUMÉNAT. s. m. État de Catéchumène, c’est-à-dire, d’un homme qui se fait instruire pour embrasser la Religion Chrétienne, & se disposer au baptême. Catechumenorum ordo, Catechumenatus, ûs. Victorin reçut les cérémonies du Catéchuménat, & donna son nom peu après pour être baptisé, au grand étonnement de Rome, & au grand dépit des Païens. Fleury. Le temps du catéchuménat n’étoit pas réglé ; il étoit plus ou moins long, selon les dispositions du Catéchumène. Quelquefois même on prolongeoit le Catéchuménat, après l’avoir fixé. Le Catéchuménat étoit comme le noviciat du Baptême, & de la profession qu’on faisoit en entrant dans la Religion Chrétienne. M. du Gué. Maxim, pour la Pénit. art. 16, pag. 26.

CATÉCHUMÈNE, s. m. L’h ne se prononce pas. Celui qui souhaite le baptême, & qui se prépare à le recevoir, en se faisant instruire des mystères de la foi, & des principaux préceptes de la Religion. Qui Christianœ fidei mysteriis imbuitur, eruditur. Catechumenus. Dans le Concile d’Elvire l’an 305. Can. 39 & 45, les Catéchumènes sont appelés Chrétiens.

Plusieurs distinguent trois sortes de Catéchumènes ; sçavoir, ceux qui étoient seulement auditeurs, qu’on nommoit Audientes ; ceux qui fléchissoient les genoux, Genuflectentes ; & ceux qui étoient assez instruits pour recevoir le Baptême, Competentes ; mais ceux qui étoient appelés Genuflectentes, ne faisoient point une classe distinguée de celle des Competentes, qui étoient aussi nommés Genuflectentes, parce qu’ils fléchissoient les genoux, lorsqu’on prononçoit les prières sur eux. Le Scholiaste Grec sur Harménopule ne reconnoît que deux ordres de Catéchumènes ; le premier qui est le plus parfait, est celui de ceux qui fléchissoient les genoux. Le second, qui est celui des Auditeurs, est le degré des imparfaits qui étoient seulement dans le rang des écoutans. Aristenus & Blastarès ne distinguent aussi que ces deux espèces de Catéchumènes. On appeloit imparfaits & ecoutans, ceux d’entre les Gentils qui se présentoient pour embrasser le Christianisme. On donnoit le nom de parfaits à ceux qui avoient été suffisamment instruits. Quelques-uns ajoutent une autre sorte de Catéchumènes, qu’on nommoit les Elus, parce qu’ils avoient été choisis & nommés pour recevoir le baptême. D’autres appellent ces trois Ordres les ecoutans ou les auditeurs, qui n’étoient encore admis qu’à entendre les catéchèses, ou instructions & explications de la doctrine chrétienne ; les élus ou choisis, qui avoient été suffisamment instruits, & qui étoient choisis & admis pour recevoir le Baptême, & les Compétens, qui étoient en état, & entièrement disposés à recevoir le baptême.

Les Catéchumènes n’étoient pas seulement distingués par le nom, ils l’étoient aussi par le lieu. Ils se plaçoient avec les pénitens dans le portique, qui étoit l’extrémité opposée au chœur ou au Sanctuaire. On ne leur permettoit pas non plus d’assister à la célébration de l’Eucharistie, après les prières & le sermon, un Diacre les faisoit retirer, en leur disant, ite, Catechumeni, Missa est. Allez Catéchumènes, c’est fait. On leur cachoit les sacrés mystères, parce qu’ils n’étoient pas capables de les comprendre, & qu’on les y vouloit conduire par degrés. On faisoit seulement part du pain consacré aux Catéchumènes, afin qu’ils eussent une espèce de communion avec les fidèles. Voyez sur les Catéchumènes le Thesaur. Eccl. de Suicer.

Ce mot Catéchumène est grec, Κατηχούμηνος, de Κατηχέομαι, Je suis instruit, de Κατηχέω, j’instruis de vive voix, de ϰατά, & ἦχος, voix, Ainsi Catéchumène est proprement celui qui est instruit de vive voix. Quelques-uns, comme M. Fleury, écrivent Catécumène sans h, contre l’origine de ce nom.

Catéchumène, s. f. Sorte de galerie. Voyez Catéchuménie.

CATÉCHUMÉNIE. s. f. Catechumenum ou Catechumemenium, Superior Templi ou Ecclesiœ porticus, Domus Catechumenis docendis destinata. Il y a deux sentimens sur les catéchuménies. Les uns, comme Baronius, Volsius & Meursius, disent que l’on appeloit catéchuménies, les galeries hautes des Églises, parce que c’étoit le lieu ou les Catéchumènes se tenoient, ou parce que c’étoit là qu’on les instruisoit. Du Cange au contraire croit qu’elles s’appeloient ainsi, parce que c’étoit dans ces galeries que les femmes assistoient aux divins offices. Domin. Macri dit qu’on appeloit aussi catéchuménie, la maison qui étoit destinée à assembler les Catéchumènes, pour entendre les catéchèses, ou recevoir les instructions des Catéchistes.

Ce mot a la même origine que catéchèse & catéchumène. On trouve en grec Κατηχούμενον, Κατηχούμενα (Katêchoumenon, Katêchoumena), & Κατηχουμένια (Katêchoumenia) ; & dans Codin Κατηχουμένεια (Katêchoumeneia)

CATÉGORÉMATIQUE. adj. & s. Terme de Dialectique ou de Logique. Categorematicus, a, um. Il se dit de l’infini, qui est actuellement infini. Un catégorématique contient actuellement une infinité de parties. En général, on peut appeler catégorèmatique, toute chose qui est actuellement telle que son nom l’énonce.

CATÉGORIE, s. f. Terme de Logique. C’est une division de tous les êtres & de tous les objets de nos pensées, que l’on a réduits & rangés par ordre en diverses classes, afin d’en avoir une connoissance moins confuse. Categoria. Les anciens Philosophes ont la plupart établi dix catégories après Archytas de Tarente. Jafury, Racc. d’op. XII, page 367 & suivantes. Toutes les substances sont comprises sous la première ; & tous les accidens sous les neuf autres ; la quantité, la qualité, la relation, l’action, la passion, le temps, le lieu, la situation, l’habitude ou la disposition. D’autres n’en ont admis que deux, la substance & l’accident. A dire le vrai, ces dix catégories d’Aristote, dont on fait tant de mystère, font très-peu utiles, d’autant plus que c’est une chose absolument arbitraire, & qui n’a d’autre fondement que l’imagination d’un homme, qui n’a eu aucune autorité de prescrire la loi aux autres, qui ont autant de droit que lui d’arranger d’une autre manière les objets de leur pensée. En effet, d’autres Philosophes ont cru qu’on pouvoir rendre raison de toute la nature, en y considérant ces sept choses : l’esprit, la matière, la quantité, la situation, la figure, le mouvement & le repos. Port-R.

Il n’est pas vrai que l’arrangement des idées soit une chose purement arbitraire ; on doit les ranger dans un ordre naturel, & l’ordre le plus naturel est celui qui est le plus conforme à la nature des choses ; & 2°. le plus propre à nous faire acquérir aisément une connoissance claire & certaine des choses. Il est aussi nécessaire de ranger nos idées dans un certain ordre, que les proportions d’un traité de géométrie ; & puisque la connoissance des Sciences & des Arts n’est autre chose qu’un amas de propositions sur un certain sujet, il est visible qu’on les apprend bien mieux quand les idées sont rangées dans un certain ordre, que si elles ne l’étoient pas.

Ce mot vient du grec ϰατηγορία (katêgoria), qui signifie prædicamentum, chose, objet dont on peut parler.

Catégorie, se dit figurément des choses de même nature, de même rang & de même qualité. Orde, natura, species, indoles. Ces deux hommes ne sont pas de même catégorie. Ces deux choses ne s’accordent pas ensemble, ne sont pas de même catégorie.

☞ Quand ce mot s’applique aux personnes qui ont le même caractère, les mêmes mœurs, il se prend ordinairement en mauvaise part. Ces gens-là sont de même catégorie.

CATÉGORIQUE, adj. m. & f. Qui est rangé sous une catégorie. Categoricus. L’ordre catégorique veut que la substance aille avant l’accident.

En Logique, un terme catégorique est celui qui signifie seul & sans adjoint, comme homme, pierre cheval, &c. Quelques uns écrivent cathégorie, cathégorique : c’est une ignorance. Ce mot vient du Grec ϰατηγορέω (katêgoreô), & non pas ϰαθηγορέω (kathêgoreô), puisque ἄγορα (agora), sa racine, a un esprit doux.

Catégorique se dit figurément de ce qui est dans l’ordre à propos, selon la raison. Consentaneus. Cette réponse n’est pas catégorique, cela n’est pas catégorique.

On appelle des réponses catégoriques, les réponses pertinentes & précises, qu’on fait sur les faits ou objections qu’on nous propose. Toutes les réponses de cet accusé font ambiguës : il n’en fait point de catégoriques.

Je crus pieusement sa petite fille, quoique sa réponse ne fût pas catégorique. Le Sage.

Audition catégorique. Terme de Palais. C’est quand on dit à sa Partie : n’est-il pas vrai que vous avez fait ceci & cela ? &c. Voyez Audition Catégorique.

CATÉGORIQUEMENT. adv. D’une manière catégorique & precise. Categorice. On a ordonné que le défendeur répondroit catégoriquement, par oui, ou par non, sur les faits qui lui ont été signifiés. Tous ces termes figurés ne sont bons que dans le style simple & familier.

☞ CATEIA. Espèce de trait ou javelot fort pesant, dont les anciens Gaulois & Germains se servoient à la guerre. Quelques-uns le regardent comme une espèce de coin missil. Cateia. C’étoit aussi une machine à lancer des pierres.

CATEL ou CATEUX, adj. C’est un terme de plusieurs coutumes, qu’on devroit mettre en usage dans le discours ordinaire, parce qu’on n’a point le mot propre pour exprimer ce qu’il signifie. C’est une chose qui tient le milieu entre les immeubles & les meubles, qui de sa nature est immeuble, & qui néanmoins, réputée meuble, se partage de même : comme en Picardie, au rapport de Bouteillier, des moulins, des navires, des fruits pendans par les racines après la mi-Mai, & avant le pied-coupé, parce qu’après la cueillette ils sont réputés meubles. Mancipium, res movens, moventia, castellum. Biens catels ou cateux.

Droit de meilleur catel, est un droit que plusieurs Seigneurs ont dans différentes Provinces des Pays-Bas & qui est de prendre, après le décès de leurs hoirs ou vassaux, le meilleur meuble qui se trouve en la succession, lit, tapisserie, bague, cheval, vaisselle d’argent, &c.

CATELAN, ANE. s. m. & f. Qui est de Catalogne. Catalanus, a. Quelques-uns disent Catalan au lieu de Catelan, qui est plus ordinaire. Les Catelans croient en défiance qu’on ne les voulût ou laisser perdre ou abandonner, pour conclure plus facilement notre paix avec l’Espagnol. Mascur.

CATELET. Le Câtelet. Petite ville de France dans le Vermandois en Picardie, aux confins du Cambresis & du Hainaut, sur l’Escaut. Les Espagnols prirent le Câtelet en 1557. Ils le rendirent en 1559, par la paix de Château-Cambresis. L’ayant encore pris dans le dernier siècle, ils le rendirent en 1659, par la paix des Pyrénées ; les fortifications du Câtelet furent rasées en 1674.

Ce mot vient du latin Castelletum petit château, & c’est le nom françois Châtelet, prononcé à la manière du pays, qu’il faut retenir dans ce nom, parce que c’est l’usage. Jamais on n’appelle cette ville Châtelet pour Câtelet.

CATENE. s. f. C’est ce qu’on appelle communément chaîne ou enchaînure de remarques abrégées sur les livres de l’Ecriture. M. Huet, dans son Traité de la situation du Paradis terrestre, p. 25, dit : On cite encore une catene grecque, pour la défense de cette explication. Catena. Voyez Chaîne.

CATERGI. s. m. C’est le nom que l’on donne aux Voituriers dans les Etats du Grand Seigneur.

☞ CATERLAGH, CATHERLAGH ou CATERLOGH. Petite ville d’Irlande, dans la Province de Leinster, capitale d’un Comté auquel elle donne son nom. Ce Comté est borné par les Contrées de Wicklow, Wexford, Kilkenni & Kildare.

CATERNISTE. s. m. C’est le nom que l’on donnoit autrefois à Mrs de la congrégation de S. Joseph. Ce nom venoit de celui de leur fondateur, qui se nommoit Caternai, Les Caternistes ont un Séminaire à Lyon.

CATERRE. Voyez Catarre.

CATERREUX. Voyez Catarreux.

CATHAIEN ou CATAYEN, ENNE. f. m. & f. Qui est du Catay ou Cathay. Cathaiensis. Ca est la première partie d’un Tchag ou cycle de dix années, que les Cataïens font rouler avec un autre cycle de douze, pour composer une période de 60 ans, qui sert à marquer les caractères de leurs années & de leurs époques, D’Her.

CATHARES. Nom d’anciens hérétiques, qui ont été