Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/321-330

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Fascicules du tome 2
pages 311 à 320

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 321 à 330

pages 331 à 340


ainsi appelés du mot grec ϰαθαροὶ (katharoi), qui signifie purs, parce qu’ils se croyoient plus purs que les autres Chrétiens. Eusèbe, Liv. 6 de son Hist. Eccles. c. 43, & S. Epiph. Hær. 59, font Novat le Père de la secte des Cathares. Voyez Novatiens. On a donné dans la suite le nom de Cathares à quelques autres hérétiques, qui ont voulu se distinguer par la pureté de leurs mœurs.

Les principales sectes qui ont pris ce nom fastueux, sont les Apotactiques, parce qu’ils faisoient profession de renoncer à tout ; plusieurs Montanistes, parce qu’ils ne reçevoient jamais parmi eux ceux qui avoient une fois renoncé la foi dans les tourmens. On a donné le même nom par antiphrase, ou par ironie, aux Parétans, ou Patarins, ou Patrins, aux Albigeois, & aux Cotereaux ; mais ceux que l’on appelle plus communément Cathares, & dans l’antiquité & en notre langue, ce sont les Novatiens. Les Calvinistes de la grande Bretagne, sur-tout ceux d’Ecosse, s’appellent Puritains, qui est le même nom en françois que celui de Cathares, en latin Cathari.

CATHARINA. s. f. C’est le nom de la treizième tache de la Lune, selon le catalogue qu’en a fait le P. Riccioli. Les Astronomes donnent encore le nom de Cyrillus & de Théophilus à la même tache.

CATHARISTE, s. m. & f. Nom que l’on donnoit parmi les Manichéens à quelques-uns de leur secte qui commettoient d’horribles infamies. Catharistœ.

Les Manichéens enorgueillis de l’abstinence de la viande, qu’ils croyoient immonde, se regardoient non-seulement comme Cathares, c’est-à-dire, purs, mais encore, dit S. Augustin, comme Catharistes ; c’est-à-dire, Purificateurs, à cause de la partie de la substance divine, mêlée dans les herbes avec la substance contraire, dont ils séparoient & purifioient cette substance divine en la mangeant, Bossuet. S. Augustin ne dit pas que les Manichéens en général s’appelassent Catharistes, mais qu’ils étoient divisés en trois sectes : Les Catharistes, Mundatores vel Purgatores, les Macariens & les Manichéens ; & que les Catharistes étoient ceux qui commettoient certaines abominations exécrables, que ce Saint rapporte sur le témoignage de quelques-uns d’eux qui s’étoient convertis.

Ce nom, Cathariste vient de ϰαθαρὸς (katharos), pur, & signifie Purificateur : S. Augustin parle des Catharistes, hær. 46, & S. Léon, ép. 8.

CATHARTIQUE. adj. Terme de Médecine, qui se dit tant des remèdes purgatifs, que des vomitifs ; mais plus proprement des purgatifs. Catharticus. Les Cathartiques pris en ce dernier sens sont de plusieurs sortes ; il y en a de benins, de médiocres & de violens. Les benins sont ceux qui purgent doucement ; tels sont la casse, la manne, les tamarins, la rhubarbe, le séné, &c. Les médiocres purgent plus fortement, comme le jalap & la scamonée. Les derniers vident avec beaucoup de violence & d’émotion, tels sont la coloquinte, l’ellébore, la laureole, &c. On les divise aussi en cholagogues, phlegmagogues, mélanagogues & hydragogues. Les cholagogues, à ce qu’on prétend, purgent la bile ; les phlegmagogues la pituite ; les mélanagogues, la mélancolie ; & les hydragogues, les sérosités.

Ce mot vient du grec ϰαθαίρω (kathairô), purgo.

CATHAUT. Voyez Catos.

CATHEDRA. (ex) Nous mettons ce mot, quoiqu’il soit purement latin, parce qu’on s’en sert en notre langue, & qu’en termes dogmatiques on dit souvent ex cathedra, quand on parle du Pape, ou de ses décrets. On dit que le Pape parle ex cathedra, ou ne parle pas ex cathedra.

Le Pape n’est censé parler ex cathedra, que lorsqu’il fait un décret public, comme chef de l’Église Universelle, & qu’il l’adresse à tous les Fidèles, pour être la règle de leur foi ou de leurs mœurs.

CATHÉDRALE, adj. f. Qui n’est d’usage que dans cette phrase. Eglise cathédrale, Eglise qui est le siége d’un Evêque ou d’un Archevêque, Ecclesia cathedralis ; Templum in quo sedes est Episcopi. C’est toujours la principale de la ville où elle est bâtie.

Il semble que le nom d’Eglise Cathédrale tire son origine de la manière de s’asseoir dans les premières Eglises ou assemblées des Chrétiens. Le Conseil de ces premières assemblées étoit appelé Presbyterium ; c’est-a-dire, conseil des Prêtres, ou Anciens. L’Evêque presidoit ; les Prêtres qui étoient à ses côtés, avoient chacun leur chaire, & c’est pour cela qu’ils sont nommés Assessores Episcoporum par les anciens Pères. L’Evêque étoit sur un siége plus élevé. La Juridiction Episcopale ne dépendoit point de l’Evêque seul, mais de tous les Prêtres, dont l’Evêque étoit le président. On observe encore présentement dans l’Eglise, les fêtes de la chaire de S. Pierre à Rome & à Antioche, qui sont les deux villes où ce saint Apôtre a présidé à un Consistoire fixe des Prêtres. Par le mot d’Eglise Cathédrale, on n’entendoit pas dans ces premiers temps des Cathédrales, comme elles sont aujourd’hui. Car les Chrétiens avant Constantin n’ont guères eu la liberté de bâtir des temples. Le mot d’Eglise ne signifioit autre chose dans son origine qu’une assemblée. C’est pourquoi il n’y a rien de si ridicule, que ce que nous disent quelques Ecrivains, sur-tout les Espagnols, de leurs Cathédrales, qu’ils prétendent avoir été bâties dès le temps des Apôtres, comme si une Eglise eût été autre chose en ce temps-là, que le siége d’un Evêque accompagné d’un certain nombre de Prêtres. On doit aussi mettre au nombre des fables, ce qu’on lit dans un nouveau Bréviaire des Carmes, qui n’a point été approuvé à Rome ; savoir, qu’il y avoit autrefois sur le Mont-Carmel une Eglise bâtie en l’honneur de la sainte Vierge par les Prophètes successeurs d’Elie, qui rendoient visite à la sainte Vierge.

☞ Le nom d’Eglise Cathédrale n’est pas fort ancien. On appeloit l’Eglise principale, celle où l’Evêque célébroit ordinairement, la grands Eglise, l’Eglise Episcopale, l’Eglise de la ville. Le nom de Cathédrale n’a été en usage dans l’Eglise latine que depuis le Xe siècle.

Ce mot vient du gtec ϰαθέδρα (kathedra), chaire, qui vient de καθίζομαι (kathizomai), sedeo.

Cathédrale, est aussi un s. f. On dit l’Eglise de Notre-Dame est la Cathédrale de Paris. Les Cathédrales de Bourges, d’Amiens & de Beauvais, sont, dit-on, les trois plus belles Eglises gothiques du monde.

CATHÉDRANT. s. m. Celui qui enseigne en chaire, en parlant d’un Théologien, ou d’un Philosophe. Cathedrarius.

Cathédrant signifie aussi celui qui préside à un acte de Théologie, ou de Philosophie, qu’on soutient publiquement, Præses.

CATHÉDRATIQUE. adj. Droit Cathédratique. C’est un droit que prenoient les Evêques en Espagne & en France, quand ils faisoient leur visite. Somme d’argent qu’ils exigeoient propter Cathedram episcopalem. Il en est parlé dans le Concile de Brague, tenu en 572, & qui dans la collection du P. Labbe est le troisième de Brague, mais le second seulement dans la collection des Conciles d’Espagne, faite par le Cardinal d’Aguire. Aucun Evêque, dit ce Concile, dans son IIe Canon, quand ils font la visite dans leurs Diocèses ne prendra rien, outre l’honneur de son siége, præter honorem cathedræ suæ ; c’est-à-dire, deux sols d’or. C’est ce que je trouve appelé en françois, droit cathédratique.

☞ Ce droit se nommoit encore synodastique, parce qu’on le payoit au synode.

☞ Depuis on a appelé droits cathédratiques, les droits affectés aux Archidiacres dans leurs visites.

Cathédratique. adj. m. Certain droit que les Evêques nouvellement mis en possession donnoient aux Evêques qui les avoient ordonnés, aux Notaires, à leurs Clercs, & autres Officiers. Ce droit est différent de celui que prenoient les Evêques d’Espagne dans leur visite.

Cathédratique. Docteur Cathédratique, Cathédrant, Docteur pourvu d’une chaire de Théologie dans une Université. Docteur enseignant. Docteur Régent. Doctor Theologiam docens, tradens. Doctor Cathedraticus. Ce mot est en usage en Espagne, & nous ne nous en servons dans notre langue qu’en parlant des Docteurs & des Universités d’Espagne. Docteur Cathédratique de Salamanque, d’Alcala, &c.

Ces mots viennent de ϰαθέδρα, cathedra, une chaire.

CATHÉDRER. v. n. Tenir la chaire, présider. Prœesse. Il y a quantité de Juridictions où il se trouve plusieurs Juges du même titre & de la même autorité, qui cathèdrent tour à tour. Il y a trois Lieutenans-Généraux dans ce Bailliage, qui cathèdrent chacun leur mois alternativement. C’est Monsieur N… qui cathèdre ce mois-ci. Un Juge en chef peut avoir ses Provisions, & ne pas encore cathédrer, parce qu’il n’a pas encore l’âge requis par les Ordonnances. ☞ Je ne scais si, ni où ce mot est en usage.

CATHÉRÉTIQUE, adj. Terme de Médecine & de Chirurgie. Ce mot veut dire, qui ôte, qui emporte. On appelle remèdes cathérétiques, ceux qui consument, qui rongent & emportent des carnotités, les chairs baveuses & fongueuses, qui viennent dans les plaies ; tels sont le précipité rouge, l’alun brûlé. Le Chirurgien préparera l’on remède cathérétique plus ou moins fort. Dionis.

Ce mot vient de cathereticus, qui est formé de ϰαθὰ (katha), & d’ἀιρέω (aireô), j’ôte, j’emporte. Quelques-uns appellent ces remèdes Sarcophages, c’est-à-dire, qui mangent les chairs.

CATHERINE, s. f. Nom de femme, prononcez Catrine. Catharina. Sainte Catherine, Vierge d’Alexandrie, martyre sous Maximin, étoit très-savante, si l’on en croit les actes de sa mort, qui sont fort suspects. Elle disputa contre cinquante Philosophes, & les vainquit par la force de ses raisonnemens. C’est pour cela que dans les Collèges les Etudians de Philosophie, prennent sainte Catherine pour leur Patrone. On n’a rien de certain touchant sainte Catherine. Les faits que l’on a de sa vie & de son martyre sont supposés. On n’a point parlé de cette Sainte avant la fin du VIIe siècle, ou au commencement du suivant. Sainte Catherine de Sienne, du tiers Ordre de S. Dominique vivoit au XIVe siècle. Catherine de Médicis, Reine de France, fille de Laurent de Médicis, femme de Henri II, mere de François II, Charles IX & Henri III, eut, pour le malheur de la France, trop d’ambition & trop peu de piété, ou peut-être de religion.

On prétend que ce nom a été fait en Occident par abréviation de celui que lui donnoient les Grecs Aicatharine.

On appelle la sainte Catherine, le jour de la fête de cette Sainte, le temps auquel elle vient.

Catherine (Ordre de sainte) du mont Sinaï. Equestris Ordo sanctœ Catharinœ. Après que le corps de sainte Catherine eut été trouvé sur le mont Sinaï, il s’y fit un fort grand concours de Pèlerins, que la dévotion y attiroit. Pour faciliter ce pèlerinage peu sûr parmi les Arabes, on établit en 1063 un ordre de Chevalerie à l’imitation de celui du S. Sépulcre ; il fut mis sous la règle de S. Basile, & sous la protection de sainte Catherine, qu’il prit pour Patrone. Les Chevaliers s’engageoient par vœu à suivre la règle de S. Basile, à garder le corps de sainte Catherine, à pourvoir à la sûreté des chemins en faveur des Pèlerins, à défendre l’Eglise Catholique, & à obéir au Grand-Maître de l’Ordre. Leurs constitutions furent tirées de celles de l’Ordre du saint Sépulchre. Ils portoient sur un habit blanc les instrumens du martyre de leur sainte Patrone ; c’est-à-dire, une demi-roue armée de pointes tranchantes Se traversée par une épée teinte de sang. Voyez la description des Ordres Militaires, imprimée à Paris en 1671, & l’Abbé Justiniani, Historia di tutti gl’Ord. Milit. Tom. I, c. 19. Cet Ordre est éteint, aussi bien que celui du saint Sépulchre. Comme les Cordeliers de Jérusalem se sont arrogé le droit de conférer celui-ci, les Moines Grecs Basiliens du mont Sinaï donnent celui-là. La bannière de l’Ordre représentoit d’un côté les armes dont nous avons parlé, & de l’autre le martyre de sainte Catherine, où cette sainte est entre deux roues, armées de pointes & de couteaux tranchans.

Les Auteurs ont donné dans deux erreurs au sujet de cet Ordre, qui ne fut institué que l’an 1067, selon quelques Auteurs, & en 1063, selon d’autres ou même dans le douzième siècle, comme le croit le P. Hélyot. La première erreur est de Forvyn, qui dit que les Chevaliers de sainte Catherine portoient par dessus la croix de Jérusalem les marques du martyre de cette Sainte ; savoir, une roue percée, à six raies de gueules clouées d’argent, comme il l’a fait graver dans son Théâtre d’honneur & de Chevalerie mais il n’a pas fait réflexion que M. Daubray, de qui il avoit emprunté la croix, étoit non-seulement Chevalier de sainte Catherine, mais encore du saint Sépulcre. La seconde erreur est de Schoombeck, qui prétend que les Religieux de S. François ont le pouvoir de faire des Chevaliers de sainte Catherine, ce qui est faux. Voyez le P. Hélyot, T. I, C. 35.

La Congrégation de sainte Catherine de Sienne est une Réforme de l’Ordre de S. Dominique, faite vers la fin du seizième siècle, par le P. Paulin, Bernardin de Luques, qui la commença dans le Royaume de Naples, sous le nom de Congrégation de l’Abruzze de sainte Catherine de Sienne. P. Hélyot., Tom. III, C. 26.

Catherine. (Sainte) Nom d’une espèce de bonnes prunes. Les Sainte Catherine sont du nombre de celles qui ont la chair fine, tendre & bien fondante, l’eau fort douce & fort sucrée, & le goût relevé. La Quint. Les Sainte Catherine sont longuettes, blanches, jaunâtres, assez grosses, & bonnes en pruneaux. Id. On voit que ce nom ne change point au pluriel. La prune de Sainte Catherine en espalier, bien exposé en bon fond, est un excellent fruit, pourvu qu’on lui donne le temps de mûrir, tellement qu’elle en devienne ridée autour de la queue.

CATHERINETTE. s. f. On donne ce nom dans quelques Collèges de Paris à des thèses que l’on fait soutenir vers la fête de sainte Catherine, Patrone des Ecoliers, & sur-tout des Philosophes.

☞ CATHETE. s. f. Terme d’Architecture. Cathetus. C’est une ligne perpendiculaire qu’on suppose traverser à plomb le milieu d’un corps cylindrique, comme une colonne, un balustre. On l’appelle aussi axe ou essieu.

☞ C’est encore la ligne perpendiculaire qui passe par lœil de la volute du chapiteau ionique.

Cathete se dit généralement en Géométrie d’une ligne qui tombe perpendiculairement sur une surface ou sur une autre ligne.

☞ On le dit particulièrement en Catoptrique de la ligne que décrit un rayon qui tombe perpendiculairement sur un autre corps. Cathetus. La cathete d’incidence, est une ligne droite tirée d’un point de l’objet perpendiculairement à la ligne réfléchissante. Il est évident que dans un miroir sphérique cette ligne passe par son centre ☞ en continuant mentalement la cathete d’incidence & le rayon réfléchi jusqu’à ce que ces deux lignes concourent au de-là du miroir, il se formera derrière le miroir un triangle idéal, égal au triangle qui se forme devant le même miroir, puisque ces deux triangles ont leurs angles égaux & un côté commun.

☞ L’Image d’un objet vu par le moyen d’un miroir, paroît toujours dans quelqu’un des points de la cathete d’incidence.

☞ L’Image d’un objet vû par le moyen d’un miroir, paroît toujours au point de concours de la cathete d’incidence & du rayon réfléchi.

☞ C’est pour cela que l’image d’un objet paroît toujours aussi enfoncée en de-là du miroir plan, que l’objet est lui-même éloigné du miroir. Ainsi lorsque nous avançons vers un miroir plan, notre image s’avance vers nous, & lors que nous nous en écartons, notre image s’enfonce.

☞ C’est pour cela aussi qu’un homme qui se trouve debout, & qui se regarde dans un miroir placé horizontalement à ses pieds, se voit dans une situation renversée ; parce que sa tête étant plus éloignée du miroir que ses pieds, l’image de sa tête doit être plus enfoncée en de-là du miroir, que celle de ses pieds. Aussi voyons-nous renversée l’image des arbres plantés au bord des rivières.

☞ Ce qui distingue les miroirs convexes des miroirs plans, c’est que deux rayons de lumière, après avoir été réfléchis par une surface convexe, sont plus divergens, c’est-à-dire, plus écartés l’un de l’autre, qu’après avoir été réfléchis par une surface plane.

☞ Cette propriété des miroirs convexes bien constatée, on comprend qu’ils doivent nous représenter l’image plus petite que son objet ; parce que les rayons partis des extrémités de l’objet, & devenus, après la réflexion, plus divergens qu’ils ne l’auroient été, s’ils avoient été réfléchis par un miroir plan, se réunissent plus tard, & nous représentent l’objet sous un angle plus petit.

Dans les miroirs concaves, non seulement les images des objets paroissent hors du miroir, mais encore elles paroissent renversées, parce que les rayons réfléchis ne concourent avec les cathetes d’incidence, qu’après s’être croisés au foyer. Si cependant l’on plaçoit l’objet plus bas que le foyer, l’image ne seroit pas renversée, & elle paroîtroit en dehors du miroir, parce que les rayons réfléchis n’ayant pu se croiser au foyer, concourroient avec les cathetes d’incidence en-delà du miroir. Voyez au mot Miroir, les autres propriétés de ces trois sortes de miroirs.

CATHÉTÈR. s. m. Terme de Chirurgie. C’est une sonde creuse & courbe, dont on se sert, tant pour tirer l’urine de la vessie, que pour reconnoître ses maladies, & celle de son canal. Cathéter.

Voyez-en la description dans le Dictionnaire de M. Col de Villars. Ce mot est grec, καθετὴρ, immistor, instrument avec lequel on introduit quelque chose, du verbe καθίεσται, immitto, infunio, j’introduis, j’injecte. L’accent grave sur la dernière est nécessaire, pour faire sentir la prononciation de la dernière syllabe qui n’a pas le même son que la terminaison des infinitifs. C’est pourquoi on doit écrire cathétèr.

CATHÉTÉRISME. s. m. Opération de Chirurgie, par le moyen de laquelle on tire l’urine qui est retenue ☞ dans la vessie, ou par laquelle on y fait des injections en y introduisant le cathétèr, Catheterismus. Elle est ainsi appelée à cause de l’instrument dont on se sert, qu’on nomme cathétèr, algalie ou sonde creuse. Cette opération n’a lieu que lorsque la suppression est à la vessie.

CATHIMIE s. f. Cathimia. Ce mot signifie en langage spagirique, 1°. une veine minérale souterraine, d’où l’on tire de l’or & de l’argent ; 2°. des concrétions qui se forment dans les fourneaux où l’on fond l’or & l’argent ; 3°. l’or ; 4°. les scories d’argent ; 5°. la suie qui s’attache aux murs des endroits où l’on prépare le cuivre. Ruland cité par James. Cathimie est aussi synonyme à Cadmie.

CATHIN. Voyez CATIN.

CATHOLICISME. s. m. Catholicismus. Mot nouvellement employé pour distinguer la Religion Catholique. On entend par le mot catholicisme, la Religion Catholique-Romaine, ses articles de foi, ses dogmes, ses maximes. Le Catholicisme est la plus raisonnable de toutes les Religions, la plus favorable aux Puissances souveraines & aux peuples. Toutes les Sectes d’Angleterre sont toujours réunies contre le Catholicisme leur ennemi commun. Voltaire.

CATHOLICISSIME. adj. Très-Catholique. Nicolas Rapin, Auteur de la Harangue du Recteur Rose, le fait ainsi argumenter contre le Duc de Mayenne : « Quiconque fait pendre les Catholiques zélés, est tyran & fauteur d’Hérétiques : atqui Monsieur le Lieutenant a fait pendre Louchard & consors catholicissimes & zélatissimes ; ergo Monsieur le Lieutenant est tyran & fauteur d’Hérétiques, pire que Henri de Valois qui avoit pardonné à Louchard, d’Haste, & la Morlière, dignes du gibet plus de trois ans devant les barricades… » Sat. Menip. in 8°. pag. 83. Ce mot ne doit être employé que dans le style badin.

CATHOLICITÉ. s. f. La véritable Eglise. L’Eglise Catholique : Les pays, l’assemblée des Fidèles Catholiques. Ecclesia Catholica. Dans la Catholicité on ne voit point ce libertinage étonnant de sentimens, ces opinions extravagantes, si fréquentes dans les pays hérétiques, ces changemens perpétuels, ces doutes, ces irrésolutions, qui aboutissent si souvent à l’irréligion & à l’athéisme, ou pour le moins au Déisme. On y est au contraire constant & tranquille, parce qu’on a une règle sûre de sa croyance.

Catholicité de l’Eglise, c’est-à-dire, son universalité à tous les temps, à tous les lieux, & à toutes sortes de personnes. Ce caractère de la vraie Eglise ne convient qu’à l’Eglise Romaine.

Catholicité se prend aussi quelquefois pour tous les Pays Catholiques. C’est un usage reçu dans toute la Catholicité.

Catholicité se dit encore de la doctrine Catholique & de l’attachement d’une personne à cette doctrine. Catholicité d’une proposition. Donner des preuves de Catholicité.

CATHOLICON. s. m. Terme de Pharmacie. C’est un électuaire mou, ainsi appelé comme qui diroit universel, où purgeant toutes les humeurs. Catholicum medicamentum. On en trouve chez les Auteurs différentes descriptions. Le catholicon qu’on appelle ordinairement de Nicolas est le plus en usage : il est composé de seize ingrédiens dont les principaux sont les tamarins, la casse, le sené & la rhubarbe. Ce catholicon est appelé double, lorsqu’on y met double poids de sené & de rhubarbe. On lui donne aussi le nom de catholicon fin, parce qu’on y met du sucre blanc & de la meilleure rhubarbe. Le catholicon pour les clystères ne diffère du précédent qu’en ce qu’il n’y entre point de rhubarbe, & qu’au lieu de sucre on y met du miel.

Catholicon : est aussi le nom d’une Satyre ingénieuse faite du temps de la Ligue ; intitulée Satyre Menippée de la vertu du Catholicon d’Espagne, & de la tenue des Etats de Paris. On y montre que les intérêts des Chefs de la Ligue étoient tout autres que ceux de la Religion. Le Catholicon d’Espagne n’est pas l’ouvrage d’un seul homme. M. Le Roi, Aumônier du jeune Cardinal de Bourbon, & depuis Chanoine de l’Eglise de Rouen, composa & mit au jour en 1593 la vertu du Catholicon d’Espagne. Cet écrit étoit fort court, & fut distribué cette année-là en feuilles brochées. Dès qu’il parut chacun en fut charmé, & les beaux-esprits de ce temps-là se piquèrent d’y mettre la main & de l’augmenter, ou plutôt d’y joindre une féconde pièce, sous le titre d’Abrégé des Etats de la Ligue convoquée au dixième février. Passérat & Rapin, deux Poètes fameux en composèrent les vers. M. Gillot Conseiller-Clerc au Parlement de Paris, & Chanoine de la Sainte Chapelle, fit la harangue du Cardinal Légat. Florent Chrétien composa celle du Cardinal Pellevé. On est redevable au savant Pierre Pithou, de la harangue de M. d’Aubray, qui est la meilleure de toutes. L’on doit encore à Rapin la harangue de l’Archevêque de Lyon, & celle du Docteur Rose. C’est ce même Nicolas Rapin qui prit le soin de recueillir toutes ces harangues, & d’en composer un corps qu’il joignit Catholicon d’Espagne ; sur ce fondement plusieurs lui ont attribué le Catholicon tout entier. Cette féconde partie du Catholicon ne fut imprimée qu’en 1594, après le retour du Parlement, qui avoit été transféré de Paris à Tours. La première édition du Catholicon d’Espagne par M. Le Roi en 1593, ayant été bientôt distribuée, on ne l’imprima plus qu’avec la tenue des Etats en 1694 ; mais le Libraire mit la date du Catholicon seul 1693 ; au lieu de 1694, qui est la véritable date de la Satyre Ménippée. La meilleure édition est celle de Ratisbonne chez Matthias Kerner 1694, in 16. Les Notes qui s’y trouvent sont tirées d’un Manuscrit de M. Dupui, Garde de la Bibliothèque du Roi. Vigneul Marv. tom. II, p. 208 & suiv.

J’ai encore ouï appeler Catholicon d’Espagne une estampe qui fut faite dans le même temps, & qui représente l’armée ou les troupes de la Ligue, composée non-seulement de Soldats & de Bourgeois, mais encore de toutes sortes de Prêtres, d’Ecclésiastiques, de Religieux & de Moines, la cuirasse sur le dos, le casque en tête avec le froc, & armés d’épées, de pertuisanes, de mousquets, &c.

Catholicon. s. m. C’est en termes de Layetier, en général, une Boîte de 15 pouces de long, 10 de large, & 8 à 9 de haut. Encyc.

CATHOLICOS. s. m. Terme de Relation. C’est le nom du Chef du Clergé de Mingrelie, des Abcas du Guriel, du mont Caucase & d’Imirette.

☞ CATHOLIQUE, adj. de tout genre. Selon la force du terme, c’est la même chose qu’Universel. Catholicus. C’est un titre que l’on donne a la vraie Eglise, & qui est un de ses caractères essentiels & distinctifs. Ce nom de catholique marque la diffusion de l’Eglise par toutes les nations de la Terre. Les Docteurs de l’Eglise qui au IVe siècle attaquèrent l’erreur des Donatistes, S. Augustin, S. Optat, &c. s’attachoient principalement à ce principe comme incontestable & universellement reconnu, que leur Secte ne pouvoit pas être la véritable Eglise, par la seule raison qu’étant confinée dans un coin de l’Afrique, elle ne pouvoit pas être catholique. Aujourd’hui la dénomination d’Eglise catholique désigne l’Eglise Romaine, toute la communion Romaine, la collection des Eglises qui reconnoissent le Pape pour Chef. Un Concile général représente l’Eglise catholique. Il n’y a point de Salut hors de l’Eglise catholique.

De-là on a dit la Religion catholique, la Foi catholique, la Doctrine catholique, pour dire la foi de l’Eglise catholique, les vérités de l’Eglise catholique, dogme catholique, vérité catholique, proposition catholique, pour dire conforme à la foi que professe l’Eglise catholique.

Catholique. s. m. & f. Celui ou celle qui est membre de l’Eglise catholique, qui professe la foi catholique. Cette dénomination désigne ceux qui reconnoissent le Pape pour Chef de l’Eglise, & qui lui sont unis de communion. On dit quelquefois Catholiques Romains.

On a donné au Roi d’Espagne le titre de Roi Catholique, qui est devenu héréditaire depuis Ferdinand & Isabelle. La Colombiere dit que c’est pour avoir chassé les Mores d’Espagne. Les Bollandistes prétendent que les Visigoths d’Espagne portèrent autrefois communément le titre de Catholique, & qu’Alexandre VI ne fit que le renouveller pour Ferdinand & Isabelle. Philippe de Valois, après sa mort, fut par les Ecclésiastiques surnommé Catholique, parce qu’il avoit favorisé leurs droits. Dans plusieurs Epîtres des Papes, ce nom est donné aux Rois de France & aux Rois de Jérusalem. On l’a donné aussi à plusieurs Patriarches, comme à ceux des Jacobites, des Egyptiens, des Arméniens, & à des Primats qui avoient une fort ample juridiction, & qui pouvoient consacrer des Archevêques. Du Cange. En Allemagne, il y a des Princes Protestans & des Princes Catholiques.

On appelle Cantons Catholiques, les Cantons Suisses qui font profession de la Religion catholique ; Et Pays-Bas catholiques, les provinces des Pays-Bas où la Religion catholique est demeurée la Religion dominante.

Ce mot vient du grec καθόλου, qui signifie universellement, d’où vient καθολικὸς, universel.

En termes de Chimie, on appelle un fourneau catholique, ou universel, un petit fourneau tellement disposé, qu’on y peut faire toutes les opérations de Chimie, même celles qui se font avec le feu le plus violent.

On le dit aussi en Gnomonique des cadrans universels qui sont tellement construits, qu’ils peuvent faire connoître l’heure en divers pays, & sous quelqu’élévation du pôle que ce soit.

On appelle proverbialement un Catholique à gros grains, un homme peu scrupuleux à l’égard des choses défendues par la Religion.

Catholique. s. m. Nom de dignité dans l’Eglise Grecque. Ce titre répond à celui de Primat en usage dans l’Eglise Latine, & à celui de Patriarche dans l’Eglise Grecque. En Orient Norsetis étoit Catholique des Arméniens, c’est-à-dire, leur Patriarche ou Primat. Fleury. Catholicus. Grégoire Abulsarage étoit Catholique d’Orient. On trouve dans l’Antiquité le Catholique des Perses, le Catholique des Arméniens, le Catholique de Séleucie. Les Catholiques furent d’abord des Prélats du Patriarchat d’Antioche, & ils furent appelés Catholiques parce qu’ils avoient une province plus grande sous leur juridiction. Il n’y eut d’abord qu’un Catholique sous le Patriarche d’Antioche : ensuite on en créa deux : celui qu’on appeloit Aniensis ou Annensis, & celui de Bagdat, qu’on nommoit aussi le Catholique d’Irénopolis. Le P. Combesis, dans l’Histoire des Monothélites, a donné une liste des Catholiques d’Arménie. Cette dignité s’est étendue dans la suite à bien d’autres Diocèses, & l’on trouve le Catholique d’Ethiopie dans le Patriarchat d’Alexandrie ; le Catholique d’Albanie, &c.

Catholique étoit aussi autrefois dans l’Empire Grec le nom d’un Office séculier & de finances. Les Catholiques étoient en Afrique ceux qui levoient les deniers du fisc, & comme on disoit autrefois en France les Généraux des finances. Catholicus fisci Procurator. Voyez Cujas, sur la loi 3e du Code, De Jure fisci. Les Officiers des Catholiques s’appeloient Catholiciens. Catholiciani.

Catholique, s m. Terme d’Antiquité. Ce nom se donnoit autrefois dans l’Empire Romain au Trésorier général, ou, comme nous disons aujourd’hui en France, au Contrôleur général des Finances. Catholicus. Celui qui se distingua le plus, fut un certain Adaucus, d’une noblesse considérable, qui avoit passé par toutes les charges, même par celle de Catholique, ou Tresorier général. Fleury.

Catholique. (Nouveaux) Maison établie en quelques endroits de France, pour y recevoir, & y instruire les Hérétiques qui veulent se convertir, & retourner à l’Eglise Catholique. Il y a un Directeur Prêtre pour les instruire, qui a quelquefois un ou deux Ecclésiastiques avec lui. On les appelle aussi Nouveaux Convertis.

Catholiques. (Nouvelles) Ce sont des Communautés de Filles établies en France, pour instruire des vérités de la Religion les personnes de leur sexe, qui ont été élevées dans l’hérésie. On les y entretient jusqu’à ce qu’elles aient fait leur abjuration, & qu’elles soient bien affermies dans la foi. Elles y peuvent être reçues au nombre des Sœurs de ces Communautés ; dans quelques-unes desquelles on fait les vœux simples de pauvreté, de chasteté, d’obéissance, & de s’employer à l’instruction des Nouvelles Converties. Dans d’autres, on ne fait vœu que de stabilité, & dans quelques autres une association par contrat. Chacune de ces Communautés a des Règlemens particuliers, qui leur ont été donnés par les Ordinaires des lieux où elles sont établies. La Communauté de Paris est sous le nom de Nouvelles Converties Celles de Sedan, & quelques autres sous celui de la Propagation de la Foi. P. Hélyot, Tom. VIII, c. 12.

Catholique. (Pauvre) Nom de Religieux. Pauper Catholicus. Une partie des Pauvres de Lyon ou Vaudois ayant renoncé aux erreurs de ces Hérétiques, formèrent sous deux chefs différens une Congrégation qui fut approuvée, & que l’on nomma les Pauvres Catholiques, par opposition aux Vaudois Hérétiques, qu’on appeloit Pauvres de Lyon. Leur chef fut Durand de Huesca en Arragon d’un côté, & de l’autre Bernard Prime & Guillaume Arnaud. Cela arriva aux années 1207, 1208 & suivantes. En 1256, ils se réunirent à l’ordre des Ermites de saint Augustin. P. Hélyot. T. III, c. 4.

CATHOLIQUEMENT. adv. D’une manière catholique, conformément à la foi de l’Egliee Catholique. Catholicè. On vit dans cette famille fort catholiquement.

☞ CATHUR. s. m. (marine) Voyez Catur.

CATI. s. m. C’est une monnoie de compte, dont on se sert à Java, & dans quelques autres Îles voisines. Il revient environ à dix-neuf florins, monnoie de Hollande… Les Maures ont emporté au Roi de Siam plus de vingt mille catis, chaque cati valant 50 écus. Voyage de Siam.

Cati ou Catti. s. m. Poids de la Chine. Il revient à une livre quatre onces, poids de marc.

Cati, chez les Lapidaires d’Orient. Petit poids de trois grains, dont ils se servent pour peser les émeraudes.

Cati. C’est une forte d’apprêt qui se donne aux étoffes de laine par le moyen de la presse, pour les rendre plus fermes, plus lustrées, & d’un plus bel œil.

Cati. part, du v. Catir. Poli, uni, & luisant, Voyez Catir.

CATIANG. s. m. Espèce de légume, ou petit pois qui croît en quelques lieux des Indes Orientales, particulièrement sur les côtes de Malabar.

☞ CATIBA. s. m. Nom de dignité parmi les Prêtres de l’Île de Madagascar. C’est à peu près la même chose qu’Evêque parmi nous.

CATICHE. s. f. Terme de chasse, qui se dit des trous où se cachent les loutres & les autres animaux amphibies dans les eaux ou aux bords des rivières & des étangs, quand ils sont chassés. Cuniculus, laticulum. Voyez Crones.

CATILINAIRE. s. f. Oraison contre Catilina. Cicéron a fait quatre Catilinaires, qui ont été élégamment traduites par M. d’Oliver, avec de savantes remarques de M. le Président Bouhier sur le texte. Cette Traduction est précédée de celle de la première & de la seconde Philippique de Démosthène par le même Abbé.

☞ CATILINETTE. s. f. Voyez Marguerite d’espagne.

CATILLAC. Pêche de Catillac, Pavie de Catillac. Grosses pavies rouges de Catillac. Espèce de pêches qui viennent au mois d’Octobre.

Il y a aussi une poire de Catillac qui se mange en Octobre & en Novembre, & que la Quintinie range parmi les mauvaises poires. Elle n’est bonne qu’à cuire.

CATILLER. v. a.

CATILLEMENT. s. m.

CATILLEUX. adj. Vieux mots qui viennent de Catullaire, qu’on a dit par métaplasme pour Catullire. Les Normands & les Picards disent encore catouiller. Nous disions anciennement catiller, & catillement. L’ancien Dictionnaire Latin-François du P. Labbe : Titillatio. Catillement. Titillare. Catiller. Ce passage ne permet pas de douter de cette étymologie. Julien Taboët dans son Livre de Republica & Lingua Francica, l’a aussi dérivé de Catullire. Ménage.

Les Champenois ont conservé les mots catiller, catillement, catilleux pour chatouiller, chatouillement, chatouilleux.

CATIMARON. Voyez Cantimaron.

CATIMINI, adv. Secrètement. Secreto, clam. Il est allé en catimini faire une telle visite ; pour dire, en cachette & tout doucement, comme vont les chats pour attraper les souris. Il est familier & ne se peut dire qu’en riant. Je la viens de surprendre qui lisoit un livre d’amour en catimini. Mlle l’Héritier.

CATIN. s. f. Nom de femme. Diminutif de Catherine. Catharina. Il se donne aux filles qui se nomment Catherine, mais ce n’est que parmi le peuple.

Catin. Mot enfantin que les petites filles en plusieurs endroits donnent à leurs poupées, & qui se dit pour poupée. Achetez-moi une catin, c’est-à-dire, une poupée. J’ai une belle catin. Je vais habiller ma catin, c’est-à-dire, ma poupée.

On se sert encore du mot de catin, pour signifier une femme, ou une fille de mauvaise vie. C’est une franche catin. Il est familier.

Catin. s. m. Vieux mot. Plat, du latin catinus, qui veut dire la même chose.

Catin. s. m. Bassin dans lequel un métal fondu est reçu. Acad. Fr. Il y a le grand catin & le petit catin.

CATIR. v. a. Terme de Bonnetier & de Dégraisseur. Presser le drap, pour lui donner du lustre, pour le rendre poli, uni & luisant. Premere. On le dit aussi de toute sorte de laine ainsi préparée. On ne sauroit bien voir la finesse d’un bas d’estame quand il est cati. On catit à froid & à chaud.

Catir, chez les Doreurs, c’est appliquer l’or sur les filets comme ailleurs, au moyen du catissoir qu’on appuie sur du coton ou du linge très-fin. Encyc.

CATISSEUR. s. m. C’est cet ouvrier qui dans les Manufactures de lainage, travaille à presser les étoffes pour leur donner le cati. Cet ouvrier se nomme aussi Presseur, quoique ce soit souvent des Fouleurs qui fassent cet ouvrage.

☞ CATISSOIR. s. f. Chez les Doreurs, petit couteau sans tranchant, qui sert à enfoncer l’or dans les filets avec du coton ou du linge très-fin.

CATISSOIRE. s. f. Petite poële à mettre du feu à l’usage des Bonnetiers & autres Ouvriers en laine. Encycl.

CATIUS ou CAUTUS. s. m. Terme de Mythologie. Nom d’un Dieu, adoré chez les Romains. Catius. C’étoit le Dieu de la ruse & de la finesse, qui rendoit les gens fins & adroits. Si la vertu ne pouvoit venir qu’à ceux qui ont de l’esprit, dit S. Augustin, De la Cité de Dieu, Liv. IV, ch. 21, qu’avoit-on besoin d’un Dieu Catius pour rendre les gens fins & adroits.

CATOCHÉ. Terme de Médecine. C’est la même chose que Catalepsie. Voyez ce mot. Le nom de catoché vient du grec κάτοχος.

CATOCHITE. s. f. Pierre qu’on trouve dans l’Île de Corse, & qu’on dit attirer & retenir la main quand on l’applique dessus, par une espèce de colle visqueuse qui lui est naturelle. Catochites, de κατίχα, je retiens, Pline, Libro XXXVII, cap. 10.

CATODON. s. m. Nom que l’on donne à une espèce de baleine, parce qu’elle n’a des dents qu’à la mâchoire inférieure. De κάτω, en-bas, ὀδούς, dent. Dict. de James.

☞ CATOLICA. (la) Nom d’une ville & d’une Principauté d’Italie, en Sicile, dans la vallée de Mazara, près de Siciliano.

CATON. s. m. Cato. nom propre. Caton d’Utique, Caton, le Censeur. Tertullien adressant la parole aux Païens à la fin du XIe chapitre de son Apologétique, leur dit : Qui d’entre vos Dieux a été plus grave & plus sage que Caton ? Quis ex illis Diis vestris gravior & sapientior Catone ? C’est la vingt-septiéme façon de parler proverbiale, au-devant des Œuvres de Tertullien. On y cite un passage du Livre de Cicéron, de l’amitié, n. 9, dans lequel Lælius parle ainsi à Fannius. Ou il n’y a Jamais eu d’homme sage, ou, s’il y en a eu quelqu’un, ç’a été Caton. Aut nemo, aut si quisquam, ille sapiens suit. Mais dans l’usage, c’est un nom qu’on donne à un homme sage, sevère, modeste, retenu. Faire le Caton, affecter d’être sage. Il étoit surpris de le voir si sage & si modeste à la Cour ; parce que l’ayant vû, il y avoit quelque temps en Province, il ne lui avoit pas paru si Caton. Mlle l’Héritier.

Caton le Censeur & Caton d’Utique étoient fort renommés dans l’Histoire pour leur intégrité. Ce qui a fait dite à Juvénal, Sat. 2, v. 39.

Habeat jam Roma pudorem :
Tertius è Cœlo cecidit
Cato.

« Les Romains vont être sages : voici un troisième Caton qui leur est tombé du Ciel. » Martignac. J’enrage quand je vois des jeunes gens comme cela faire les Catons devant des barbons comme nous. On appelle cela justement : Apprendre à son père à faire des enfans, & : gros Jean qui remontre à son Curé. Poisson sous le nom de Crispin, Sc. 8, p. 15, du Prologue du Coquet trompé, Comédie de Baron.

CATOPLEBE ou CATOPLÉBAS. s. m. C’est un animal, qui, au rapport de Pline, c. 21, liv. 8, tue tous ceux qui le regardent entre deux yeux.

CATOPTRIQUE. s. f. Seconde partie de la science qui explique la vision : science qui enseigne comment les objets peuvent être vus par la réflexion qui se fait sur les miroirs. Catoptrica. Voyez au mot Cathète les principes généraux de la catoptrique.

Catoptrique, est aussi quelquefois adjectif & signifie ce qui a rapport à la catoptrique, ou ce qui s’exécute par des rayons réfléchis. On appelle un cadran catoptrique, celui qui marque les heures par un rayon réfléchi, soit dans une chambre, soit ailleurs. Catoptricus.

☞ On appelle aussi caisse ou boîte catoptrique, une machine dans laquelle on voit plusieurs phénomènes amusans, par le moyen de plusieurs miroirs disposés dans une espèce de caisse, suivant les règles de la catoptrique.

Ce mot vient du verbe grec Κάτοπτρομαι.

CATOPTROMANCIE. s, f. Espèce de divination. Catoptromantia. On emploie un miroir pour cette espèce de divination : & c’est ce qui lui a fait donner le nom de catoptromancie, du grec Κάτοπτρον, miroir, & μαντέια, divination. On dit aussî cristallomantie. Pausanias rapporte que cette espèce de divination étoit en usage à Patras en Achaïe, où ceux qui étoient malades & en danger de mort faisoient descendre un miroir attaché à un filet dans une fontaine qui étoit devant le temple de Cérès ; puis ils se regardoient dans ce miroir, & s’ils voyoient un visage hâve & défiguré, ils prenoienr cela pour un signe de mort ; si leur visage paroissoit vif & sain, c’étoit un signe de vie. ☞ Juger de l’état d’un malade par les couleurs de son visage, je ne vois rien de si naturel : mais descendre un miroir dans une fontaine devant un Temple, le tenir suspendu à un fil, en sorte qu’il ne touche que par sa base la surface de l’eau, & croire que l’idole qu’on adore dans ce temple donne les connoissances que l’on cherche, c’est le comble de la folie & de l’extravagance. Il y avoit plusieurs espèces de catoptromancie. Voyez encore Gastromancie.

CATORCHITE. s. m. Espèce de vin, dont on trouve la préparation dans Dioscoride, Lib. V, cap. 41. Il se faisoit en Chypre à peu près de la même manière que le vin du Palmier. Κατορχιτης. On se sert de cette liqueur comme du vinaigre ; ses parties sont très-subtiles ; elle donne des vents, elle est malfaisante à l’estomac, & elle fait perdre l’appétit ; mais elle est bonne pour le ventre, elle provoque les urines & les règles, & elle fait venir le lait. Dict. de James.

CATOS, ou CATOT, ou CATAUT, ou CATHAUT. s. f. dans lequel la dernière syllabe est longue, & où la lettre finale ne se fait jamais sentir. C’est un diminutif de Catherine, qui se donne chez les Bourgeois aux jeunes filles qui s’appellent Catherine. Catharina.

☞ CATTARO. Cathara. Ville de Dalmatie, près des frontières de l’Albanie, sur un golfe ou canal auquel elle donne son nom.

CATTEQUI. s. m. Toile de coton bleue qu’on tire des Indes orientales, particulièrement de Surate.

☞ CATTEROLE. s. f. Terme de chasse. Trous, espèces de terriers que les femelles des lapins creusent, & où elles font leurs petits. Cuniculus.

CATTU-SCHIRAGAM. s. m. Arbrisseau de hauteur d’homme, qui croît au Malabar dans les lieux brûlés du soleil. Voyez-en la description dans le Dictionnaire de James. Cette plante broyée & bouillie dans l’huile est fort bonne en fomentation pour les pustules. Si on en exprime le suc, & qu’on en frotte la tête d’une personne attaquée d’une fièvre causée par la bile, elle en sera soulagée. La graine réduite en poudre, & prise dans de l’eau chaude, guérit la toux, chasse les vents, & tue les vers dans les enfans. Elle calme aussi les douleurs de ventre, provoque les urines ; & si on la mêle avec de l’eau chaude, on en frotera avec succès les membres affectés de goutte ou de douleurs causées par le froid. Ray. Hist. Plant.

CATULLE, s. m. Nom d’homme. Catullus. C. ou Q. Valerius Catullus, que nous nommons en françois Catulle, étoit de Vérone : il naquit sous le septième consulat de Marius, & le second de Cornélius Cinna, l’an 667, de Rome. Catulle est enjoué & délicat ; mais il est trop libre & plein d’ordures.

CATULOTIQUES. adj. s. m. pl. Κατουλωτικὰ (Katoulôtika), de οὐλὴ (oulê), cicatrice. Galien, de Dynamidiis. Voyez Catalotique.

CATULUS. s. m. Surnom latin de la famille des Lutatiens. On le retient toujours dans fa forme latine, & l’on ne dit point Catulle, apparemment pour éviter l’équivoque qu’il feroit avec le nom du Poëte dont on vient de parler, & que nous nommons toujours Catulle.

Ce nom vient de catus, fin, rusé, avisé ; ou de catulus, qui selon Varron, est la même chose que catellus, petit chien. Rien n’étoit plus ordinaire chez les Romains que des noms de bêtes pour surnom ou sobriquet ; témoins Asina, Portius, Bestia, Asellus, Corvus, Mus, Noctua, Canina, Vitulus, Buteo, Gallus, Graccus, Lupus, &c.

CATUR ou CATURE. s. m. Terme de Relation. Les caturs sont des vaisseaux de guerre de Bantam qui sont courbés & aigus par les bouts, & qui portent une voile tissue d’herbes & de feuilles d’arbres. Mélo donna le catur à André Toscan. Une barque assez bonne de celles qu’on nomme catur. Bouhours, Vie de S. Xav. L. III.

CATUS. s. m. Cas, histoire, aventure qui ne fait pas d’honneur. Quand on dit : Il y a là du câtus, cela signifie, Il y a là quelque vilain cas. Il est populaire.

Ayant sur soi ce nouveau couvre-chef,
Et s’étant fait raconter de rechef
Tout le câtus, elle dit irritée :
Voyez un peu la petite effrontée. La Font.

☞ CATZENELLEBOGEN, Catti Meliboci, ou Cattimelibocensis Comitatus. Comté d’Allemagne dans la Hesse, ainsi appelé d’un Château qui est sur les frontières du Comté de Nassau. C’étoit une partie de la contrée occupée par les anciens Cattes.

CAV.

CAVA. Petite ville du Royaume de Naples, dans la Principauté citérieure, avec un Evêché suffragant de Salerne.

☞ CAVACHI. Province du Japon, dans l’Île de Niphon, au pays de Jersengen, qui a pour capitale une ville de même nom, au midi de celle de Méaco, près la côte.

CAVADAS, qu’on nomme ausi CAVADO. s, m. Mesure dont on se sert en Portugal, pour les huiles.

CAVAGE. s. m. Terme en usage à Amsterdam, qui signifie tantôt i’action de mettre des marchandises en cave, tantôt le salaire qui est dû aux travailleurs qui les descendent de les placent dans une cave, & tantôt encore le loyer d’une cave.

CAVAGNOLE. s. m. Jeu de hasard, sorte de biribi, où tous les joueurs ont des tableaux, & tirent les boules à leur tour.

CAVAILLON. Caballio, Cabellio, Cabellio, Cavarum, Cabellicum, Urbs Cabellicorum. Ville Episcopale de France, dans le Comtat Venaissin en Provence, sur la Durance. Cavaillon est ancien. Strab. L. IV. Ptolomée, L. III, c. 4, en parlent ; mais on prétend que la ville d’abord fut placée par les Cavares sur le haut de la montagne qui la domine aujourd’hui, & sur laquelle on dit que l’on voit encore quelques restes des bâtimens. Ptolémée & des anciens marbres la nomment Colonie. L’Evêché de Cavaillon est ancien, & S. Véran, Patron de la ville, en étoit Evêque au VIe siècle. Du Chesne dit, dans ses Antiquités des Villes de France, L. V, c. 10, que les habitans de Cavaillon jetèrent les premiers fondemens de Grenoble. Voyez aussi Bouche, dans son Histoire de Provence.

CAVALAGE. s. m. C’est le nom qu’on donne à deux tortues accouplées par la génération. Les Pêcheurs apperçoivent facilement les cavalages pendant la nuit, parce que l’écaille qui est hors de l’eau, reçoit toujours quelque lumière, soit d’un reste de jour, soit de la lune ou des étoiles, ce qui la fait reluire.

CAVALCADE, s. f. Marche de gens à cheval, qui se fait avec pompe & cérémonie. Solemnis & ad pompam instituta equitatio. Il se fît une belle cavalcade à la majorité du Roi depuis le Palais Royal jusqu’au Parlement. Ayant été conduit par tout le sacré Collège en cavalcade à la porte du peuple, suivant la coutume. L’Abbé Rignier Desm. Ce mot est italien.

Cavalcade, se dit aussi d’une promenade ou d’un petit voyage que font des gens à cheval, pour se divertir. Instituta ad oblectationem equitatio. Nous avons fait une petite cavalcade dans la forêt de Fontainebleau.

CAVALCADEUR, ou CAVALCADOUR. s. m. Ecuyer qui enseigne à monter à cheval. Equitandi magister. Il n’est plus en usage en ce sens ; mais il y a encore des charges chez les Rois & les Princes d’Ecuyers cavalcadeurs. Ce sont ceux qui commandent l’écurie des chevaux de la personne du Roi, de la Reine, de M. &c. Ménage, & l’Auteur de l’Etat de la France écrivent cavalcadour, de l’espagnol Cavalgador ; & c’est le meilleur, & le seul en usage.

CAVALCATE. s. f. C’est la même chose que cavalcade ; mais il n’est pas usité. L’Abbé Régnier Desm. s’en est servi.

CAVALE, s. f. Jument, la femelle du cheval. Equa. Les anciens ont feint que les cavales de Portugal concevoient par le moyen du vent, à cause que les chevaux de cette contrée étoient fort vîtes. On fait saillir les cavales aux étalons dans les haras. Voyez Jument.

CAVALERIE. s. f. Corps de gens de guerre qui combattent à cheval. Equitatus. La Cavalerie françoise est distinguée en compagnies d’Ordonnances, Comme Gardes-du-Corps, Gendarmes, Chevaux-Légers, &c. & en régimens qui sont commandés par des Mestres-de-Camp ; & ce sont ces régimens seuls qu’on appeloit autrefois cavalerie-légère. Aujourd’hui on dit simplement cavalerie. Mestre-de-Camp d’un régiment de cavalerie. Les corps de cavalerie rangés en bataille s’appellent escadrons.

☞ Le Colonel-Général de la cavalerie est le premier Officier de la cavalerie qui la commande partout.

☞ Le Mestre-de-Camp Général a la même autorité pendant l’absence du Colonel-Général. Un Mestre-de-Camp de cavalerie, c’est celui qui commande un régiment de cavalerie.

Les Romains, dans leurs premières guerres, ignoroient l’usage de la cavalerie : ils faisoient consister toutes leurs forces dans l’infanterie : en sorte même que dans le combat ils ordonnoient à la cavalerie de mettre pied à terre, & ils ne reprenoient leurs chevaux que pour mieux suivre les ennemis quand ils etoient en déroute. La cavalerie de Pyrrhus les fit changer de sentiment, & surtout celle d’Annibal leur donna depuis de si grandes frayeurs, que ces invincibles légions romaines n’osoient descendre dans la plaine.

C’étoit la coutume de la cavalerie françoise (sous la Ie race, sitôt que l’armée étoit campée, d’abandonner les chevaux, & de les laisser aller paître dans les prairies, dans les campagnes & dans les bois d’alentour du camp, en leur attachant à chacun une sonnette au cou pour les retrouver plus aisément en cas qu’ils s’écartassent. P. Daniel, T. I, pag. 272. Depuis que dans la décadence de la maison Carlovingienne les fiefs furent devenus héréditaires dans les familles, les armées de la nation, quelque nombreuqss qu’elles fussent, n’étoient presque que de cavalerie. Un jour de bataille on ne comptoit que sur les Cavaliers. Leurs armes offensives étoient la lance & le sabre : pour armes défensives, au-lieu de jaques de mailles, dont on s’étoit servi long-temps, ils prirent vers l’an 1300 une cuirasse, des brassars, des cuissars, des jambières & des gantelets. Non-seulement les Cavaliers étoient armés de toutes pièces, mais leurs chevaux étoient bardés, c’est-à-dire, couverts d’une armure, de sorte que ces escadrons paroissoient être tout de fer. Le Gendre. On disoit autrefois, par manière de proverbe, cavalerie françoise, infanterie espagnole : aujourd’hui la cavalerie & l’infanterie françoise ont une égale réputation de bravoure.

On appelle art de cavalerie, l’art du Manège, ou l’art de dresser les chevaux, & d’instruire les Académistes à les monter. Avant Antoine Pluvinel, on ne connoissoit point l’art de la cavalerie en France. Ce fut ce fameux élève de Jean-Baptiste Pignatelli qui en ouvrit le premier pleine Académie fous le règne de Henri IV, après avoir été Ecuyer de Henri III. La Brue, fon contemporain & élève du même Maître, est le premier qui ait écrit en françois de l’art de la cavalerie. M. de la Guérinière a fait un bel ouvrage sur cette matière, qu’il a intitulé Ecole de cavalerie. Avant lui, M. de Soleisel, Auteur du Parfait Maréchal, avoit fait un Dictionnaire de tous les termes de la cavalerie. L’art de la cavalerie n’est pas ancien. Il doit son origine à la ville de Naples, d’où étoit Frédéric Grison, le premier qui ait écrit sur cette matière au commencement du seizième siècle.

CAVALERISSE. s m. Vieux mot tiré de l’italien, qui signifioit autrefois un Ecuyer, un maître de manège, celui qui étoit savant dans l’art de dresser & de gouverner les chevaux. Equitandi magister.

Cavalerisse. s. m. C’est dans l’Ordre de Malte le grand Ecuyer. Magnus stabuli Magister Melitensis.

Cavalerisse. Scuderi s’est servi de ce mot pour signifier une cavalière, une femme à cheval. Femina equitans. Personne ne l’a dit après lui.

CAVALET. s. m. Terme de Verrerie. C’est de qui couvre la lunelle, & qui fait baisser la flamme pour échauffer l’arche du four.

CAVALIER. s. m. Soldat qui sert & qui combat à cheval. Eques. Il est encore distingué du fantassin, en ce qu’on l’appelle maître. Une telle compagnie étoit de 40 Maîtres ou Cavaliers.

On trouve Caballarius & Cavallarius dans la basse latinité, & Καϐαλάριος en grec. Voyez Acta SS. Januar. T. II, p. 433. D. April. T. III, p. 160. B., &c. Ces mots viennent de Caballus, cheval. Le P. Poustine, Jésuite, dans son Gloss. sur Pachymère au mot Καϐαλλάριος, remarque que dès le temps de cet Historien, c’est-à-dire, au XIIIe siècle, ce mot signifioit dans l’Empire Grec non pas simplement un homme de cheval, mais un Gentilhomme qui a sous soi d’autres Cavaliers à sa solde & à ses ordres.

Cavalier se dit en général de tout homme qui est à cheval. Il avoit autour de son carrosse une demi-douzaine de Cavaliers.

Je vois d’illustres Cavaliers,
Avec Laquais, carosse & pages :
Mais ils doivent leurs équipages,
Et je ne dois pas mes souliers. De Lignieres.

Cavalier se dit d’un gentilhomme qui fait profession des armes. C’est un Cavalier accompli.

☞ On le dit aussi d’un jeune Gentilhomme destiné à porter les armes. Voilà un jeune Cavalier qui promet beaucoup.

Les Cavaliers sont communs en Italie, à cause qu’il y a plusieurs Ordres de Chevalerie. Il semble qu’en parlant des Chevaliers d’Italie, l’on ne devroit point leur donner la qualité de Cavalier, qui à la rigueur ne signifie en françois, qu’un homme d’épée, & ne suppose point un ordre de Chevalerie. Cependant l’usage est pour Cavalier, à l’égard même des Chevaliers Italiens. M. Taleman, qui a traduit l’Histoire de Venise de Nani, Chevalier & Procurateur de S. Marc, l’appelle le Cavalier Nani. On dit, le Cavalier Besain a été un grand Architecte & Sculpteur : le Cavalier Marin un grand Poëte.

Cavalier, en termes de manège, se dit ausi d’un homme qui est bien à cheval, qui manie bien un cheval. Equitandi peritus. C’est un fort bon Cavalier, il manie bien un cheval. En ce sens on le dit aussi au féminin. Cette Dame est une fort bonne Cavalière.

On dit qu’un homme est un beau Cavalier, pour dire qu’il a bonne grâce à cheval. Acad. Fr.

Cavalier se dit aussi de celui qui accompagne une Dame, qui lui donne la main à la promenade ; à ce bal, chaque Dame avoit son Cavalier.

Cavalier, iére s’emploie aussi adjectivement & adverbialement, & il signifie, libre, aisé, dégagé. Liberior, solutior. Cet homme a la mine cavalière. On dit aussi une éloquence cavalière, un style cavalier, pour dire libre, qui n’a rien de pédant, ni de trop assujetti aux règles. Il avoit pris à merveille les airs cavaliers, mais non pas les extravagans. Mlle l’Héritier.

Cavalier, iére, se dit aussi pour ce qui est trop libre, & qui approche de la mal-honnêteté. Illiberalis, inurbanus. Il l’a traité d’une manière cavalière, c’est-à-dire, peu civile. Les braves de votre voisinage m’ont offert de me venger ; mais j’ai pensé que ce procédé étoit un peu trop cavalier pour un homme de bréviaire. Cost. Cela est bien cavalier.

Cavalière. (À la) Façon de parler adverbiale, qui signifie en cavalier. Il est vêtu à la cavalière. Danser à la cavalière.

Cavalier. C’est ainsi qu’on appelle une pièce du jeu des échecs qui saute par-dessus les autres dans sa marche, & va toujours de blanc en noir ou de noir en blanc. L’échec du cavalier ne se peut couvrir. Si on ne peut le prendre, il faut que le roi remue. Le mot de chevalier, pour désigner cette pièce, ne se dit que dans quelques provinces. On trouve pourtant chevalier dans le Dict. de l’Acad. Fr.

Cavalier, Monnoie d’argent de Flandres, où il s’en fabrique quelques-uns, mais peu. ☞ Le cavalier vaut argent de France, une livre sept sols deux deniers.

Cavalier, en termes de fortification, est une terrasse ou plate forme qui commande autour d’elle, & qui est élevée de 18 ou 20 pieds sur le rempart pour y mettre du canon, & battre dans la campagne. Agger editior. On l’appelle ainsi, à cause qu’il est autant élevé sur les autres ouvrages, qu’un homme à cheval l’est sur un homme de pied. On en fait quelquefois dans la campagne pour battre dans la ville. Ils sont tantôt ronds, tantôt carrés ; & ils ont leur parapet pour couvrir le canon. Leur largeur dépend du nombre des pièces qu’on y veut loger. On observe pour cela de donner 10 ou 12 pieds de distance entre chaque, afin que ceux qui servent le canon aient plus de commodité à le charger & à le tirer.

Le cavalier chez les anciens, étoit une terrasse qu’on élevoit avec du bois & de la terre contre les murailles, pour lancer des traits dans la place.

Cavalier. Terme de Conchyliologie. Nom d’un coquillage de mer. Voyez Coquillage.

CAVALIEREMENT. adv. D’une manière cavalière. Il signifie quelquefois, agréablement, de bonne grâce, & se prend en bonne part, comme, il écrit cavalièrement. Comiler, liberaliter. Il se prend plus souvent en mauvaise part, & signifie incivilement, d’une manière brusque, comme : il a traité cette Dame un peu cavalièrement, sans respect. On dit aussi, il a parlé de la Religion un peu cavalièrement, pour dire d’une manière un peu trop libre, un peu libertine. Illiberaliter, petulanter.

CAVALLE. Voyez Cavale.

☞ CAVALLE (la) ou CAVALLA. Ville de la Turquie en Europe, dans la Macédoine, aux confins de la Romanie. Elle a porté autrefois le nom de Bucephala, & l'on croit que c’est une de celles qu’Alexandre le Grand fit bâtir en l’honneur de son cheval Bucéphale.

CAVALOT. s. m. Monnoie fabriquée sous Louis XII, valant 6 deniers de loi. On l’appelle cavalot, parce que S. Second y est représenté à cheval.

Cavalot. s. m. Terme d’Artillerie. Pièce à cavalot. Espèce de canon du troisième genre, faite de fer battu, pesant depuis quarante-six jusqu’à soixante livres, laquelle tire une livre, une demi-livre, & un quart de balles de plomb, avec égale pesanteur de poudre de mousquets, ou une demi-pesanteur de poudre fine, & portant de 1000 à 1100 pieds de point en blanc, & entre 12 & 1400 pieds en la plus longue arcure & distance. Ces canons sont longs de 7 a 10 pieds : on en fait aussi qui se chargent par la culasse avec cartouches, pour plus grande facilité. Avec une de ces pièces on peut tirer 12 & 13 coups par heure continuellement, qui sont en 24 heures 288 coups. Ces sortes de pièces sont meilleures que nulle autre, tant pour la forteresse que pour la campagne. De la Fontaine.

CAVALOT ou CAVARLOT. s. m. Terme bas & populaire. Petit cheval, bidet. Mannus. Les Gascons vantent fort leurs cavarlots.

CAVALQUET. Terme de guerre, est une manière de sonner de la trompette, dont on se sert lorsque l’armée approche des villes, ou lorsqu’elle passe par dedans. Buccinæ sonus. Il y a aussi un double cavalquet.

CAVAN. s. m. Mesure dont on se sert dans quelques-unes des Iles Philippines, pour mesurer les grains & les légumes.

CAVAN ou CAVON. Contrée d’Irlande, avec titre de Comté, dans la Province d’Ulster. La capitale porte le même nom.

CAUCALIS. s. m. Plante agreste dont plusieurs Romains font la description. Ses feuilles ressemblent à celles du panais sauvage, mais elles sont découpées plus menu. Sa tige croît à la hauteur d’environ un pied : elle est rameuse & velue ainsi que la feuille, & porte des ombelles au sommet qui soutiennent de petites fleurs blanches, odorantes, composées de cinq feuilles inégales, disposées en fleurs-de-lis. Les vertus de cette plante sont considérables. Elle est, dit-on, apéritive, propre pour provoquer les règles des femmes, pour aiguiser la vûe, & raréfier les humeurs crasses.

CAUCASE. Nom de montagne. Caucasus, On dit, le Caucase, & le mont Caucase. Ce sont des montagnes de l’Asie septentrionale, qui, selon la Géographie ancienne, divisoient l’Inde de la Scythie. Le Caucase est une branche du mont Taurus, qui s’étend dans toute la Géorgie, & dans la Circassie ; & souvent il a été confondu avec le mont Taurus. Ces montagnes sont extrêmement hautes, escarpées, & toujours couvertes de neiges : ce qui n’empêche pas que les vallées ne soient très-cultivées & fertiles même en bons vins. Les Poëtes disent que c’est sur le mont Caucase que Prométhée fut lié pour avoir le foie déchiré par un aigle ou par un vautour.

Le mont Caucase a différens noms. On le nomme mont d’Elbours ou de Circassie ; Thevet, Adazar : d’autres Albsor. L’Arménien Hayton dit qu’il s’appelle Cocas ou Cocheas ; d’où apparemment s’est formé Caucasus, Caucase. Bochart le tire de la première langue, c’est-à-dire, de l’hébreu, Phaleg. L. III, C. 13. Selon lui, la terre de Gog & Magog étoit une partie de la Scythie le long du mont Caucase, que les habitans de là Colchide & les Arméniens, dont, le Dialecte étoit un demi-Chaldéen, appeloient גוג חסן, Gog hasan, c’est-à-dire, Gogi munimentum, fort ou fortification de Gog ; de-là les Grecs, adoucissant la prononciation, firent Καύϰασος (Kaukasos). Pline, L. VI, C. 17, prétend que Caucasus, s’est dit pour Crocasus ou Crocasis, qui est le nom que les Scythes donnoient à cette montagne toujours couverte de neige, parce que ce nom dans leur langue signifie blanc de neige ; & pour confirmer cette étymologie, Hoffman remarque qu’encore aujourd’hui les Allemands, qui sont Scythes d’origine, disent grau pour signifier blanc.

Aristote, Meteor, L. H. C. 61, dit que l’on voit le Caucase du lieu appelé Profunda maris, qui, selon Ptolémée, est sous le même parallèle que le Caucase, & en est éloigné en longitude de 11 degrés. La latitude de l’un & de l’autre est à peu près 87° d′. Le lieu appelé Profunda ponti ou maris est la partie du Pont-Euxin qui touche au Bosphore Cimmérien. De-là, M. Scarfo, Serm. Géogr. I, conclut que le mont Caucase est plus haut que le Pont-Euxin de 65000 pas.

Saumaise sur Solin, p. 788 & suiv. traite fort au long de cette montagne, & distingue deux Caucases ; l’un dans la Colchide, & l’autre dans l’Inde ; mais je ne vois pas que ce sentiment ait été suivi. Le Chevalier Chardin, dans son Voyage de Perse, parle aussi du mont Caucase & de ses habitans, qui sont Chrétiens du rit géorgien. Il dit que le mont Caucase est la cime la plus élevée du mont Taurus, & le décrit, p. 18 & suiv.

☞ CAUCAUBARDITES. Voyez Contobardites.

CAUCHEMAR. s. m. Il y en a qui écrivent canchemare, d’autres chaussemare, d’autres cochemar, & d’autres cochemare. Tout cela est, je crois, fort indifférent, si ce n’est que chaussemare est le moins bon, cochemar ou cauchemar le meilleur. ☞ Nom qu’on donne à une certaine maladie qui attaque ordinairement les personnes qui sont couchées sur le dos, qui ont l’estomac chargé d’alimens lourds & difficiles à digérer. C’est une espèce d’oppression qui survient pendant le sommeil ; en sorte qu’on croit avoir l’estomac chargé d’un poids considérable dont on est délivré, quand on est éveillé. Ephialtes, incubus. Cette maladie ne vient pas, comme on le prétendoit autrefois, de vapeurs grossières qui remplissent les ventricules du cerveau : il y a plus d’apparence qu’elle est causée par une trop grande réplétion de l’estomac, qui empêche le mouvement du diaphragme, & par conséquent, la dilatation de la poitrine ; & c’est pour cette raison aussi qu’on y est plus sujet, après qu’on a trop mangé, & qu’on est couché sur le dos. Plusieurs croient avec fondement qu’elle est encore produite par la convulsion des muscles de la respiration. On l’appelle en grec, ἐφιάλτης (ephialtês), chez les Latins, incubus.

On dit d’un homme ennuyeux & incommode, que c’est un homme qui donne le cauchemar. Acad. Fr.

CAUCHOIS, OISE. s. m. & f. Qui est du pays de Caux. Caletensis, Caletus. On disoit anciennement Caucheis, ou Chauceis ; & il n’y a pas encore longtemps qu’on disoit aussi Caillot & Caillette. Voyez la Descrip. Geogr. & Hist. de la Haute Norm. T. I, p. 2. On appelle à Rouen la porte Cauchoise, celle par où l’on sort pour aller au pays de Caux ; & à Paris des moutons Cauchois, ceux qui viennent de Normandie, du pays de Caux. Le breuvage des Cauchois est le cidre, & en quelques lieux la bière ; leur trafic est le lin, le fil, la toile, les blés & les cidres. Du Moulin, Hist. de Norm.

Cauchois, (pigeons) ce sont de gros pigeons, ainsi nommés des pigeons de Caux en Normandie, qui sont plus gros que ceux des autres lieux. Voyez Pigeon.

CAUCIAGE. s. m. Vieux terme de Coutumes. C’est un droit seigneurial, qui est dû pour les chaussées.

CAUCOBARTITE. Voyez Contobartite.

CAUDATAIRE. s. m. Celui qui porte la queue de la robe du Pape, d’un Cardinal, d’un Prélat. Syrmatis, gerulus, minister ab trabeæ caudâ.

CAUDE, EE. adj. Terme de Blâson, qui se dit des comètes & des étoiles qui ont une queue. Caudatus. Il porte d’azur à une étoile caudée d’or.

CAUDEBEC. Ville de France en Normandie sur la Seine à sept lieues au-dessous de Rouen. Calidobeccum. Caudebec est capitale du pays de Caux. Caudebec a été célèbre par ses manufactures de chapeaux ; aujourd’hui elles sont tombées.

Du Chesne & M. Corneille disent que cette ville prend le nom du pays de Caux ; cependant comme les noms latins sont fort différens ; que le pays de Caux s’appelle Caletensis ager, & Caudebec, Calidobeccum ; que Caux peut très-bien s’être formé de Calidus ; que dans le nord de la France on dit caud pour chaud, Calidus, il semble qu’il ne faut point recourir au nom du pays ; que Caudebec est la même chose que Calidobeccum ou calidum beccum, qui est la même chose que calidus rivus ; car bec en gaulois, comme bach en allemand, signifie rivière ; & qu’ainsi Cau dans Caudebec ne vient point de Caletensis, & n’est point le nom du pays de Caux. Sur cette ville, & sur l’origine de son nom, Voyez la Description Géogr. & Hist. de la Haute Norm. T. I, p. 8.

Caudebec. s. m. signifioit autrefois un chapeau fabriqué à Caudebec, & en ce sens il a un pluriel. Petasus Calidobecci stipatus. Pileus Calidobeccensis. Les Caudebecs font fort estimés, parce qu’ils résistent à la pluie. Corn. Aujourd’ui Caudebec ne se dit plus que d’un chapeau de feutre.

☞ CAUDESCOTES. Petite ville de France, dans l’Armagnac, deux lieues au dessus d’Agen.

CAUDICAIRE. s. m. Caudicarius. On appeloit à Rome Caudicaires, les Batteliers, les Nautonniers, du nom de certains bâtimens qu’on appeloit caudicariæ naves. Quelques-uns écrivent codicariæ ; suivant cette ortographe, il faudra écrire codicarius & codicaire. Voyez Festus Pomp. Non. Marcell. Varron, de la vie du peuple Rom. L. III ; Séneque, de la brièveté de la vie.

☞ CAUDIEZ. Petite ville de France, dans le haut Languedoc, au pié des Pyrénées, à sept lieues d’Alet.

CAUDIOT. s. m. Le peuple de basse-Normandie, appelle ainsi un feu de joie. Il vient d’ignis de gaudio, feu de joie. M. Huet.

☞ CAUDROT ou COUDROT. Petite ville de France, en Guienne, dans le Bazadois, entre la Réole & Saint-Macaire.

CAVE. s. f. Lieu voûté, ou partie d’un bâtiment qui est au-dessous du rez-de-chaussée. Cavus, cavum, subterraneus cavus. Il y a plusieurs Eglises où il y a des chapelles basses, comme à Notre-Dame de Chartres, à Sainte Geneviève, à Saint Victor : on les appelle la cave.

On appelle aussi cave dans les Eglises, certains lieux voûtés, ou l’on enterre les morts. Crypta excipiendis mortuorum corporibus. Une telle famille a sa cave dans une telle Paroisse.

Cave se dit dans les maisons particulières du lieu souterrain & voûté, où l’on met le bois, le vin & les autres provisions. Cella vinaria. Ce Cabaretier a 200 pièces de vin dans la cave. On met rafraîchir l’eau dans la cave. ☞ Les Ordonnances de police enjoignent de faire la vidange de l’eau des caves, où il en est entré par les inondations. De la Marre, Traité de la Pol. t. I, p. 538.

Ce mot vient du latin cavea. Dans la règle du Monastère de Sainte Césaire, Vierge, écrite au VIe siècle par Saint Césaire, Evêque, son frère, & imprimée par Bollandus, Januar. T.I, p. 730 & suiv. on trouve cavena, § 5, pour signifier la cave ou le cellier, & la Cellérière est appelée cavenaria.

☞ On dit figurément en style familier ; qu’un homme va du grenier à la cave, & de la cave au grenier ; quand il y a du haut & du bas dans son style ; quand il va haut & bas, sans garder ni mesure ni règle : qu’il est chû du grenier à la cave ; quand il a eu un grand revers de fortune.

On appelle Rats de cave, les Commis qui vont dans les caves marquer le vin que les Cabaretiers débitent.

On appelle du sable de cave, le sable fossile qu’on tire de la terre, par les puits ou ouvertures qu’on y fait.

Cave se dit aussi d’un coffre séparé en plusieurs petits carrés, qu’on prépare ainsi pour mettre des bouteilles. Capsula dimensionibus ou loculis, loculamentis distincta. Une cave d’armée, dans laquelle on transporte des liqueurs. Une cave de toilette, où l’on met des essences, des pommades.

☞ On le dit chez les Confiseurs, d’une caisse de fer blanc, avec un certain nombre de petits pots de même métal qui y sont emboîtés, dont on se sert pour glacer des crèmes, &c.

Cave, chez les Joueurs, signifie un fonds d’argent qu’ils mettent devant eux pour tenir bon aux autres, comme au breland, à la grand’prime. La première, la seconde cave.

Cave. adj. m. & f. Ce qui est creusé, qui a été cavé. Cavus, cavatus, excavatus. Il est moins en usage au simple, qu’à son composé concave.

Cave, en termes de Médecine, se dit de la plus grosse de toutes les veines, qui va se terminer au ventricule droit du cœur, où elle s’ouvre par une large embouchure, pour y verser le sang qui lui est apporté de toutes les parties du corps par les rameaux des veines. Vena cava. A son entrée dans le ventricule droit, il y a trois valvules membraneuses, qu’on appelle triglochines ou tricuspides, à cause de leur figure triangulaire : elles sont disposées de manière qu’elles permettent l’entrée du sang de la veine cave dans le cœur, & en empêchent le retour dans la veine cave. Cette veine se divise en ascendante & descendante. La veine cave ascendante est celle qui vient des parties inférieures : elle est ainsi nommée, parce que le sang, qui revient au cœur par cette veine, monte. La veine cave descendante vient des parties supérieures : elle est ainsi appelée, parce que le sang, qu’elle rapporte du cerveau & des autres parties supérieures au cœur, descend.

Cave, adj. est aussi un terme d’Astronomie & de Chronologie, qui est opposé à plein. Le mois lunaire-synodique est de 29 jours, 12 heures, 44 minutes. Pour ôter cette fraction, on fait ce mois-là alternativement de 29 jours & de trente, moyennant quoi les 12 heures qu’on ôte à l’un, on les donne à l’autre, & il y a égalité, supposé que l’on ne compte pour rien les 44 minutes. Ce mois de 29 jours est appelé cave, c’est-à-dire, creux, diminué ; & celui de trente s’appelle plein. Il en est de même des années, dont quelques-unes par des raisons semblables sont plus longues que d’autres, ce qui fait que les unes sont pleines, les autres caves. L’année lunaire commune est quelquefois de 553 jours, & ordinairement de 354.

Cave. s. f. Nom d’un lieu du territoire de Salerne, au Royaume de Naples, entre Nocera & Salerne. Cava. Il a été ainsi appelé à cause d’une carrière ou cavée qui est en ce lieu ; & il est célèbre pour avoir donné son nom à une Abbaye & Congrégation de Bénédictins.

L’Abbaye de Cave, la Congrégation de Cave, en latin Cavensis Abbatia, Cavense Monasterium, congrégatio Cavensis. Saint Alfere ou Adelfere de Salerne & de la maison des Pappa Carbons, qui, à ce que l’on prétend, descendoit des Rois de Lombardie, ayant reçu à Cluni l’habit monastique des mains de S. Odilon, revint à Salerne, & bâtit une Eglise & un Monastère au lieu appelé Cava, vers le commencement du XIe siècle. Ce Monastère prit le nom du lieu où il étoit bâti, auprès de la carrière, dont nous avons parlé. Après la mort de S. Alfréde, il se rendit à Cave une si grande multitude de gens qui demandèrent l’habit, que l’on fut obligé de bâtir plusieurs autres Monastères aux environs de celui de Cave. En 1066, Alexandre II, permit à l’Abbé de Cave de se servir d’habits pontificaux. Grégoire VII, n’étant encore qu’Archidiacre de Rome, accorda beaucoup de privilèges à ce Monastère. Urbain II les confirma en 1092. Alexandre III, en 1168, le mit sous la protection du S. Siège, accorda aux Religieux le droit d’élire un Abbé, & confirma tous les privilèges qui avoient été accordés par ses prédécesseurs, Alexandre II, Grégoire VII, Urbain II, Paschal II, Calixte II, Innocent II & Eugène III.

Ce Monastère avoit 530 Eglises de sa dépendance, qui se disoient toutes de la Congrégation de Cave : six-vingts étoient des Monastères ; savoir, vingt-neuf Abbayes & 91 Prieurés ; les autres étoient des Paroisses desservies par des Religieux de cette Congrégation. Elle passa en Sicile, & y posséda surtout le Monastère de Montréal. Celui de Saint Laurent in panis perna, étoit aussi de cette Congrégation. Voyez le P. Mabillon, Acta SS. Bened. Sæc. VI & Annales Bene., T. IV, & le P. Hélyot, T. VI, c. 26.

CAVEAU. s. m. Petite cave où l’on enterre les morts dans l’Eglise, & où l’on met du vin dans des maisons. Crypta, du mot grec ϰρὕπτα, abscondo, je cache.

☞ CAVEÇON. Voyez Cavesson.

CAVÉE. s. f. Chemin creux. Via cava. Longue cavée. Grande cavée.

CAVEHANE. s. f. Mot qui vient des Turcs, & qui signifie un lieu où l’on vend & prend du café. Le maître de la cavéhane gage des violons pour jouer & chanter pendant qu’on prend du café. Thévenot.

CAVELIN. s. m. Terme de Commerce. Le cavelin est un poids ou une mesure dont on se sert à Amsterdam pour vendre & acheter le vin. Le cavelin contient deux bariques, ou huit tonneaux, ou huit poinçons, ou quatre piques ou bottes ; car toutes ces mesures différentes font la même quantité.

CAVER. v. a. Creuser petit-à-petit. Cavare, excavare. L’eau de la gouttière a cavé les fondemens de cette maison. La petite vérole cave & marque le visage.

☞ On dit proverbialement que l’eau qui tombe goutte à goutte, cave la pierre, pour dire, que par un travail, quelque petit qu’il soit, pourvû qu’il soit suivi, on vient à bout de ce qui paroît fort long & difficile à faire.

Gutta cavat lapidem, non vi, sed sæpè cadendo.

Ovid.

L’eau qui tombe goutte-à-goutte
Perce le plus dur rocher.