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Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/781-790

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Fascicules du tome 2
pages 771 à 780

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 781 à 790

pages 791 à 800


monde moral, pour découvrir par toute la terre une étonnante inégalité dans les conditions humaines : les unes immédiatement ordonnées par la providence du Créateur ; des grands & des petits, des riches & des pauvres, tels uniquement par le sort de leur naissance : les autres établies par la prudence des Législateurs, pour maintenir chacune dans ses droits & dans ses devoirs : des Princes, des Magistrats, des Officiers de toutes espèces, préposés par les loix, ceux-ci pour veiller, ceux-là pour commander, d’autres pour exécuter. C’est ce que nous entendons par ordre civil & politique.

☞ Il n’est pas question de le justifier à ceux qui auroient le malheur d’être mécontens de leur partage. Il n’est jamais permis de demander à Dieu raison de ses Ordonnances, & il n’est plus temps de la demander aux hommes. L’ordre est établi, nous ne le changerons pas, & nous aurons plutôt fait de nous y soumettre que de nous en plaindre. Mais de plus, sans demander ni à Dieu ni aux hommes raison de leur conduite, n’est-il pas évident que dans l’état présent de la nature humaine, cette inégale distribution des biens & des rangs étoit absolument nécessaire, & que de-là même il résulte dans l’Univers une espèce de beauté qui compense peut-être avec usure le desordre apparent de l’inégalité des partages ?

☞ Que cette inégalité soit une suite nécessaire de l’état présent de la nature humaine, la preuve en saute aux yeux. Faites aujourd’hui entre les hommes le partage le plus égal & le plus géométrique des biens de la Terre, l’inégalité s’y remettra demain par la violence des uns, ou par la mauvaise économie des autres. Il faudroit ignorer trop parfaitement le monde pour en douter. De même que l’on mette aujourd’hui tous les hommes dans un parfait niveau pour les rangs ; ce niveau, dont la théorie paroit si agréable, se verra demain renversé dans la pratique par l’esprit de domination, qui saisira les plus forts, pour s’élever sur la tête des plus foibles, ou par l’esprit d’adulation, qui prosternera toujours les plus foibles aux piés des plus forts. En faut-il d’autres preuves que le malheur des Etats qui tombent dans l’anarchie par le mépris de l’ordre établi par les loix ! quelle confusion ! quelle tyrannie sous le nom de protection des peuples ! quelle servitude sous le nom de liberté ! L’égalité géométrique ne pouvant donc subsister entre les hommes, ni pour les biens, ni pour les rangs, la raison, notre propre intérêt, celui de nos Concitoyens que nous ne devons jamais séparer du nôtre, nous dicte que, pour nous rendre mutuellement heureux, il faut nous contenter de cette espèce d’égalité morale, qui consiste à maintenir chacun dans ses droits, dans son état héréditaire ou acquis, dans sa terre, dans sa maison, dans sa liberté naturelle ; mais aussi dans la subordination nécessaire pour y maintenir les autres. C’est ainsi que les loix égalent tout le monde. Pouvons-nous sagement souhaiter d’être plus égaux ?

☞ Or, voilà le chef-d’œuvre de l’ordre civil & politique. Il remplace par l’équité des loix l’égalité des conditions. Il n’étoit pas possible de les mettre de niveau. Il a trouvé une balance pour les mettre du moins dans une espèce d’équilibre ; & de-là tous les avantages, tous les agrémens, toutes les beautés que nous voyons naître dans la Société civile.

☞ Le mot de condition, considéré par rapport à la naissance, s’emploie d’ordinaire avec la particule de. Être de grande condition, de condition relevée, d’honnête condition, de basse condition, de condition servile.

☞ On dit absolument homme de condition ; pour dire, de naissance ; mais il faut remarquer qu’homme de condition dit moins qu’homme de qualité. Les personnes d’une haute naissance, ou celles qui s’en piquent, sentent mieux cela que les autres. Mais le mot de condition tout seul ne laisse pas de marquer une naissance distinguée.

☞ De condition, de qualité, dans une signification synonyme. La première de ces expressions, dit M. l’Abbé Girard, a beaucoup gagné sur l’autre ; mais, quoique souvent très-synonymes dans la bouche de ceux qui s’en servent, elles retiennent toujours dans leur propre signification le caractère qui les distingue, auquel on est obligé d’avoir égard en certaines occasions, pour s’exprimer d’une manière convenable. De qualité enchérit sur de condition : car on se sert de cette dernière expression dans l’ordre de la bourgeoisie, & l’on ne peut se servir de l’autre que dans l’ordre de la noblesse. Un homme né roturier ne fut jamais un homme de qualité ; un homme né dans la robe, quoique roturier, se dit homme de condition. Il semble que de tous les Citoyens partagés en deux portions, les gens de condition en fassent une, & le peuple l’autre, distinguées entr’elles par la nature des occupations civiles, les uns s’attachent aux emplois nobles, les autres aux emplois lucratifs ; & que parmi les personnes qui composent la première portion, celles qui sont illustrées par la naissance soient les gens de qualité. Les personnes de condition joignent à des mœurs cultivées des manières polies ; & les gens de qualité ont ordinairement des sentimens élevés.

☞ Il arrive souvent que les personnes nouvellement devenues de condition donnent dans la hauteur des manières, croyant en prendre de belles ; c’est par-là qu’elles se trahissent, & font sur l’esprit des autres un effet tout contraire à leur intention. Quelques gens de qualité confondent l’élévation des sentimens avec l’énormité des idées qu’ils se font sur le mérite de la naissance, affectant continuellement de s’en targuer, & de prodiguer les airs de mépris pour tout ce qui est bourgeoisie ; c’est un défaut qui leur fait beaucoup plus perdre que gagner dans l’estime des hommes, soit pour leur personne, soit pour leur famille.

☞ Malgré les nuances qui distinguent les deux mots de condition & d’état, le premier est souvent employé dans la signification du second, pour désigner le genre de vie, l’occupation dont on fait profession. La condition de Berger est la plus ancienne de toutes les conditions. Font. Le luxe & la vanité n’ont plus de bornes, & chacun se fait de ses propres vices des vertus de sa condition. Fléch. On entend conter avec plaisir le dégoût des autres conditions, pour s’applaudir d’avoir bien choisi. S. Evr. On ne choisit point une condition par rapport aux talens que l’on a, mais seulement par certaines loix que la vanité des hommes a établies, & selon lesquelles on croit que, parce qu’on est d’une telle naissance, il faut choisir un tel genre de vie. Nic.

Notre condition jamais ne nous contente,
La pire est toujours la présente. La Font.

☞ On dit qu’une personne n’est pas de pire condition qu’une autre ; pour dire, qu’elle a droit de prétendre aux mêmes avantages, qu’elle doit être traitée aussi favorablement.

☞ Le mot de condition sert souvent parmi-nous à exprimer la domesticité, l’état d’une personne qui est en service. Famulatio, famulatus, famulitium. Alors il s’emploie d’ordinaire absolument. Être en condition, hors de condition. Entrer en condition ; changer de condition ; trouver une bonne condition.

Condition se dit aussi des articles d’un Traité. Conditiones, leges, pacta. On a capitulé avec le Gouverneur de cette Place sous des conditions honorables. Voilà les articles, les conditions du Traité.

Presque au même sens, condition se dit des clauses, charges, ou obligations qu’on stipule en toutes sortes de contrats, & qu’on appose dans des donations, des legs & des testamens. Quand cet homme fait un marché, il fait toujours bien ses conditions. Ce don est fait sous des conditions onéreuses. Un légataire ne perd pas son legs, s’il est fait sous des conditions honteuses ou impossibles.

☞ Il y a autant d’espèces de conditions, qu’il y a de différentes clauses qu’on peut insérer dans les actes.

☞ On appelle condition de droit ou légale, celle que la loi impose à quelqu’un, & qui est toujours suppléée quand même elle ne seroit pas exprimée dans l’acte ; & condition de fait celle qui a pour objet des faits exprimés dans l’acte, comme de faire ou de ne pas faire telle chose, si tel événement a lieu ou n’a pas lieu.

Condition de futuro, qui se rapporte à un événement à venir, comme de délivrer un legs à quelqu’un quand il sera majeur. De præterito, celle qui a pour objet un événement passé, comme de donner une somme à celui qui auroit fait, exécuté la chose indiquée dans l’acte. De præsenti, qui se rapporte au temps présent.

Condition expresse, qui est exprimée dans l’acte ou dans la loi ; tacite, qui n’est point exprimée dans l’acte mais qui résulte tellement de la nature du contrat ou de la loi, qu’elle est toujours sous entendue. Telle est la condition qui est présumée apposée à une donation faite par une personne qui n’a point d’enfans, que la donation sera révoquée au cas qui survienne des enfans au donateur.

Condition résolutive. Celle qui par l’événement d’un cas prévu anéantit l’acte qui avoit déjà eu son exécution. Suspensive, qui suspend la convention jusqu’à ce que la condition soit arrivée.

Condition casuelle. Celle qui dépend uniquement du hazard. Potestative, qui dépend du fait & du pouvoir de celui auquel elle est imposée. Mixte, qui est casuelle & potestative tout ensemble.

☞ Il y a encore des conditions deshonnêtes, licites, impossibles, possibles, inutiles, utiles, désiroires, &c. dont on trouvera l’explication sous les articles particuliers.

On dit aussi en Philosophie, une condition sans laquelle, Conditio sine qua non, en parlant de quelque accident ou circonstance qui n’est pas de l’essence de la chose, mais qui est néanmoins nécessaire afin qu’elle soit produite : ainsi, quoique le feu considéré en lui-même puisse brûler, & que le bois puisse être brûlé, la présence du feu est une condition sans laquelle le bois ne sera point brûlé, de même que la présence de la lumière est une condition sans laquelle un homme, quoiqu’il ait de bons yeux, ne verra point les objets.

A Condition, ou sous condition, se disent quelque fois absolument. Sub conditione, conditionaliter. Je vous ai vendu cela à condition. Je vous l’ai donné sous condition. ☞ Vendre, donner sous condition, c’est garantir la chose, & s’engager à la reprendre si elle n’a pas la qualité qu’on demande.

☞ On dit baptiser sous condition, pour signifier la manière d’administrer le baptême à un enfant, lorsqu’on doute qu’il ait été baptisé, ou lorsque sa figure tient tellement du monstre, qu’on ne sait pas s’il est homme.

Condition se dit aussi très-souvent dans le discours ordinaire pour signifier le parti avantageux ou désavantageux que l’on fait à quelqu’un dans une affaire. Dans cette affaire ma condition est la plus mauvaise. Je vous offre des conditions très-avantageuses.

CONDITIONNÉ, ÉE. adj. Chargé de conditions. Quod habet adjunctam conditionem. Billet conditionné, qui n’est payable qu’en certain temps ; & en certain cas, dans ce sens il n’est pas d’usage.

Conditionné se dit mieux des choses qui ont toutes les qualités requises pour être bonnes. Probæ, probatæ merces. Ce Marchand m’a vendu du vin bien conditionné. Les livres de cette Bibliothèque sont bien conditionnés ; pour dire, de belle impression, de beau papier, bien reliés & bien complets. Des arbres bien taillés & bien conditionnés. Les branches d’un arbre les mieux placées & les mieux conditionnées. La Quint.

Conditionné, ée, adj. se dit des hommes qui ont, ou qui n’ont pas les vertus, les talens, les qualités, les conditions nécessaires pour quelque chose. Benè, ou malè comparatus. La revue qu’on faisoit des athlètes avant que de les admettre aux jeux, étoit un moyen assez sûr d’écarter des jeux les athlètes mal conditionnés, & il s’en trouvoit peu de cette espèce qui voulussent courir le risque d’un semblable examen. Bur. Acad. des Belles-Let. T. I. Mém. p. 243.

On dit familièrement qu’un homme est bien conditionné, quand il est plein de vin & de bonne chère. Nous bûmes à discrétion, & nous étions bien conditionnés les uns & les autres quand nous sortîmes. Gil-Blas.

Conditionné, ée, se dit en Géométrie d’une signe, d’une figure qui a toutes les conditions qu’on a demandées, formée en la manière & avec toutes les conditions qu’on a mises. Etant donné une cycloïde ordinaire, dont la base est égale à la circonférence du cercle générateur, les tangentes que l’on tirera à deux de ses points quelconques, prolongées jusqu’à ce qu’elles concourent, feront toujours un angle droit, pourvu qu’elles soient conditionnées d’une certaine manière que M. De la Hire prescrit. Acad. 1704, Hist. p. 46. Rien ne plaît davantage à l’esprit, en fait de Géométrie que de voir naître d’une même grandeur indifféremment conditionnée, différens ordres infinis de progressions également invariables dans toutes leurs parties, & qui ne se démentent jamais.

☞ CONDITIONNEL, ELLE. adj. Tout ce qui est ordonné ou convenu sous quelque condition, tout ce qui porte certaines clauses ou conditions, moyennant lesquelles une chose se doit faire. Conditionalis, cui adjuncta est conditio. Les promesses, les legs conditionnels ne sont dûs qu’après que les conditions sont remplies. Conditionnel est opposé à pur & simple, absolu. En Théologie, conditionnel signifie tout ce qui n’est point absolu, ce qui est sujet à des restrictions. S. Evr. Il y a des Théologiens qui prétendent que tous les décrets de Dieu, qui regardent le salut de l’homme, sont conditionnels, & il y en a d’autres qui prétendent qu’ils sont tous absolus.

On dit en Logique, que les propositions conditionnelles ou conditionales reçoivent toutes sortes de contradictions. Si mon mulet transalpin voloit, mon mulet transalpain auroit des aîles.

Conditionnel est aussi un terme de Grammaire. On appelle conjonctions conditionnelles, celles qui servent à faire des propositions conditionnelles, comme, si, à moins que, pourvu que. Si vous aimez Dieu, vous aimerez votre prochain en la manière qu’il l’ordonne. Ab. de la Tr.

☞ En grammaire, conditionnel présent, se dit substantivement d’un temps qui marque qu’une chose se feroit moyennant une condition. Nous nous amuserions mieux, si vous étiez de la partie. On dit même conditionnel passé, en parlant d’un temps qui exprime qu’une chose auroit été faite, si certaine condition avoit eu lieu. Si vous étiez venu plutôt, &c.

En Théologie, on appelle science des conditionnels, c’est-à-dire, des vérités conditionnelles, la connoissance que Dieu a des choses considérées non selon leur essence & leur nature, ni selon leur existence, car elles ne feront jamais, mais dans une certaine supposition qui emporte une condition. Scientia conditionalium. Ainsi quand David demanda à Dieu si les habitans de Ceïla le livreroient à ses ennemis, Dieu, qui connoissoit par la science des conditionnels ce qui arriveroit, si David restoit dans Ceïla, lui répondit qu’ils le livreroient. Quand Jesus-Christ disoit que s’il avoit fait à Tyr & à Sidon les miracles qu’il avoit faits à Bethsaïde & à Corozaïm, les Tyriens & les Sidoniens auroient fait pénitence, il connoissoit cette vérité par la science des conditionnels. La science des conditionnels est clairement marquée dans la sainte Ecriture. C’est une erreur de nier que Dieu ait la science des conditionnels. Les Thomistes disent que la science que Dieu a des conditionnels dépend d’un décret prédéterminant ; les autres Théologiens le nient. Les vérités qui composent la science des conditionnels étant très-différentes de celles qui composent la science de vision, & la science d’intelligence, il faut ajouter une troisième classe, & diviser la science de Dieu en trois espèces ; en science de vision, en science d’intelligence, & en science des conditionnels. P. Dan.

CONDITIONNELLEMENT. adv. Avec des conditions. Cum conditione, adjunctâ conditione, conditionaliter. On n’a traité avec lui que conditionnellement.

CONDITIONNER. v. a. Charger de clauses, de conditions. Conditionem adjungere. Les contrats que l’on conditionne le plus, sont ceux qui sont le plus sujets à engendrer des procès. Dans cette signification il n’est pas d’usage.

☞ Dans le Commerce, ce terme s’emploie pour exprimer l’action de donner à une marchandise toutes les façons nécessaires pour la rendre vénale, la rendre telle qu’elle doit être pour être de mise. Il est quelque fois synonyme à assortir. Encyc.

CONDOLÉANCE. s. f. Témoignage qu’on rend à quelqu’un du déplaisir qu’on a de la perte qu’il a faite. Doloris ex alterius dolore suscepti significatio. Le Roi envoie des Ambassadeurs faire des complimens de condoléance aux autres Rois sur la mort d’un fils, &c. Ce mot a paru étrange à Vaugelas ; il est certain pourtant qu’on s’en peut servir quelquefois ; ☞ mais dans ces phrases seulement, compliment de condoléance, lettre de condoléance.

CONDOM. Ville Episcopale de Gascogne, province de France. Condomium. Scaliger l’appelle Condomum inhospitum, parce qu’elle est peu peuplée. Condom est situé sur la Baise, & dépendoit autrefois de l’Évêché d’Agen ; mais en 1317, Jean XXII érigea l’Abbaye de S. Pierre de Condom en Evêché suffragant de Bourdeaux ; & en 1549 Jules III sécularisa le Chapitre. On a mis aussi un Présidial à Condom.

CONDOMOIS. Codomensis ager. Contrée de Gascogne, dont Condom est la Capitale. Le Condomois est entre l’Armagnac, la Gascogne propre, le Bazadois & les Landes. La Reine Marguerite, quand elle prenoit les plus beaux titres, se disoit Comtesse de Condomois.

CONDOMOIS, OISE. s. m. & f. Qui est de Condom. Codomensis. L’Historien Dupleix étoit Condomois. On dit plus ordinairement, & mieux, étoit de Condom.

CONDONAT. s. m. mot en usage autrefois dans la Congrégation fondée par le B. Raoul de la Futaye, dans laquelle les hommes étoient soumis aux filles, comme dans l’Ordre de Fontevraud. Condonatus. Les Condonats étoient les Religieux de cette Congrégation, qui demeuroient près des monastères de filles du même Ordre, pour leur administrer les Sacremens, ou qui administroient des Cures dépendantes de l’Abbaye où ils avoient fait profession. P. Hélyot, T. VI, c. 14.

CONDOR ou CONDUR. s. m. Voyez Cuntur.

☞ CONDORE, Province de Moscovie vers la Tartarie déserte ; Wergaturia est sa Capitale.

CONDORIN. s. m. Sorte de petit poids, dont les Chinois, particulièrement ceux de Canton, se servent pour peser & débiter l’argent dans le commerce ; il est estimé un sol de France.

CONDORMANS. Nom de Secte. Condormientes. Il y en a eu deux de ce nom. Les premiers Condormans sont du XIIIe siècle, qui n’infectèrent que l’Allemagne ; ils eurent pour Chef un homme de Tolède ; ils s’assembloient dans un lieu près de Cologne, & là, ils adoroient, dit-on, une image de Lucifer, & ils y recevoient ses réponses & ses oracles. Un Éclésiastique y ayant porté la sainte Eucharistie, l’idole se brisa en mille pièces. Leur Chef fit naufrage en passant en Angleterre, & périt. On les appela Condormans, parce qu’ils couchoient tous ensemble, hommes, femmes, jeunes & vieux, hommes faits & enfans.

Les autres sont du XVIe siècle. C’est une Secte d’Anabaptistes qui faisoient coucher dans une même chambre, plusieurs personnes de différens sexes, sous prétexte de charité Evangélique. Sander, héres. 199. Prateole, L. III, c. 28. Sponde à l’an 1233 de Jesus-Christ, & Gautier dans sa Chronologie, parlent des Condormans.

CONDORMITION. s. f. Conjugalis copulatio. On s’est servi de ce terme pour copulation, acte ou usage du mariage.

CONDOULOIR. (Se) v. n. Témoigner qu’on prend part à la douleur d’un autre. Alicujus casum cum aliquo dolore, suum de se aliquâ dolorem alicui testari. Il est de peu d’usage hors l’infinitif. Ceux qui parlent bien ne s’en servent plus. Vaug. Bouh.

Condouloir (se) avec quelqu’un de la mort d’une personne ou de quelqu’autre malheur, étoit autrefois une expression très-usitée pour exprimer cet office de charité ou de civilité, que la misere humaine rend si fréquent dans le monde. Ce verbe est aujourd’hui absolument hors d’usage. Mais on ne lui a substitué que des périphrases. Nous n’avons rien à perdre ; c’est appauvrir la langue, que de proscrire des mots sans les remplacer par d’autres.

☞ CONDOURSE. Petite ville de France dans le Dauphiné, à deux ou trois lieues de la ville de Nions.

☞ CONDOZ, ville d’Asie dans le Tocarestan, près de Kulm.

CONDRIEUX. Jolie petite ville de France dans le Lyonnois, remarquable par ses bons vins. Condriacum. Elle est au pié d’une colline proche du Rhône, à trois lieues de Vienne, à sept de Lyon. Vin de Condrieux ou absolument du Condrieux.

CONDRILLE. s. f. Quelques-uns écrivent Chondrille. Chondrilla. Nom de plante que les anciens Botanistes avoient attribué à plusieurs plantes de différens genres. M. Tournefort l’a conservé à un seul genre de plantes, qui ne diffère de la laitue que par son calice simple, cylindrique, découpé jusques vers sa base.

Condrille vient du mot Grec χόνδρος, qui signifie grumeau, parce que le lait que rendent quelques-unes de ces espèces, se grumèle après qu’il s’est excravasé.

☞ CONDROT. Petite Contrée d’Allemagne, au cercle de Westphalie, dans le pays de Liège. Huy en est la Capitale.

CONDUCTEUR. s. m. Ce mot se dit au simple & au figuré, celui qui conduit des gens, des affaires, un travail. Dux, Præfectus operis. Il ne faut plus appréhender pour la France, elle a un trop sage conducteur. Cet Ingénieur a été le conducteur du Canal de Languedoc pour la communication des mers. ☞ Moyse étoit le conducteur du peuple de Dieu, conducteur de la jeunesse, d’un troupeau.

Conducteur, terme de Guerre. Conductor. Les Sergens-Majors de l’Artillerie, autrement conducteurs, ont le soin de faire préparer les chemins, & d’avoir les choses nécessaires pour la conduite des pièces. De la Font. On a choisi un tel Commissaire des Guerres pour être le conducteur de ces troupes. Les Grecs du bas Empire appeloient un conducteur καμπιδουκωρ, campi-ductor, que les Grecs des siècles supérieurs appeloient ὁδηγός.

Conducteur. Conductor. Instrument de Chirurgie, dont on se sert dans l’opération de la taille pour conduire les tenettes dans la vessie, après l’incision du lithotome. On le fait ordinairement d’acier. Il y en a de deux sortes, le mâle & la femelle. Voy. le Dict. de M. Col de Villars.

Conducteur, terme nouveau, en matière d’électricité. On appelle ainsi un corps isolé, soûtenu sur des cordons de soie, sur du verre, & qui reçoit la vertu électrique par communication, & la transmet à un ou plusieurs corps.

Conducteur, en termes de coutume, est synonyme à Fermier.

CONDUCTRICE. s. f. Celle qui conduit. Dux. Danet, en se servant de ce terme, avertit qu’il est nouveau. Virgile a dit Dux femina facti ; pour dire, qu’une femme avoit conduit l’entreprise, qu’elle en avoit été la conductrice.

C’est l’exemple de cette Conductrice que vous voyez à votre tête, & qui, d’un pas si assûré & avec tant de résolution, sçut fournir toute la carrière qu’elle vous a ouverte. Bourdal. Exh. T. I, p. 321.

☞ CONDUIRE. v. a. C’est indiquer le chemin en accompagnant sur la route. Ducere. Il se dit dans le sens propre & le sens figuré. Les mots conduire, guider, mener, sont souvent très-synonymes dans la bouche de ceux qui s’en servent ; mais conduire & guider, supposent dans leur propre valeur, une supériorité de lumières que le dernier n’exprime pas ; le mot mener enferme une idée de crédit & d’ascendant tout-à-fait étrangère aux deux autres. On conduit & l’on guide ceux qui ne sçavent pas les chemins ; on mène ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas aller seuls. Dans le sens littéral, c’est proprement la tête qui conduit, l’œil qui guide, & la main qui mène. On conduit un procès ; on guide un voyageur ; on mèe un enfant ; on nous conduit dans les démarches, afin que nous fassions précisement ce qu’il convient de faire. On nous guide dans les routes pour nous empêcher de nous égarer. On nous mène chez les gens pour nous en procurer la connoissance. M. l’Abbé Girard.

☞ L’acception primitive du mot conduire a été détournée d’une infinité de manières différentes.

Conduire se dit des animaux. Conduire des chevaux, conduire des mulets, conduire un troupeau.

Conduire se dit des choses inanimées. Conduire des vivres, conduire du vin, conduire une voiture.

☞ On dit aussi conduire l’eau ; c’est la faire aller d’un endroit à un autre par des rigoles, par des canaux.

Conduire signifie aussi avoir inspection sur un ouvrage, en avoir la direction ; & en ce sens, il se dit des ouvrages matériels. Un tel est celui qui conduit le bâtiment du Louvre. C’est lui qui conduit la Pompe du Pont-neuf, l’horloge du Palais.

☞ Il se dit aussi des travaux à la guerre. Cet Ingénieur a conduit une mine jusque sous le Bastion, une tranchée jusque sur la Contrescarpe.

Conduire se dit aussi des choses morales & des ouvrages d’esprit. Conduire un dessein, une entreprise, une intrigue. Il a bien conduit cette affaire ; il a bien conduit cette pièce, ce Poëme, cette Comédie.

On dit conduire un ouvrage à sa perfection, c’est-à-dire, le rendre parfait, y mettre la dernière main.

Conduire signifie aussi servir de Chef, régir, gouverner. Ducere. Conduire une armée, une flotte, un vaisseau, une barque.

☞ On dit proverbialement qu’un homme conduit bien sa barque, lors qu’il se maintient bien dans sa fortune, qu’il se conduit bien dans ses affaires, qu’il y réussit.

Conduire est aussi réciproque, se conduire, & il signifie se comporter. Il se conduit bien ; il se conduit mal.

☞ On dit qu’un homme ne voit pas à se conduire, gressum regere ; pour dire, qu’il est presque aveugle, ou qu’il fait une très-grande obscurité. On dit aussi qu’un homme en a conduit un autre des yeux ; pour dire, qu’il a observé ses pas, qu’il a vu tout ce qu’il a fait. Observare. On dit aussi qu’on a donné à quelqu’un de quoi se conduire ; pour dire, qu’on lui a donné les choses nécessaires pour son voyage. Viaticum suppeditare.

Conduire se dit aussi, en parlant de la raison, des passions, &c. personnifiées. La débauche conduit les hommes au tombeau. Qu’importe, que l’esperance nous trompe, pourvu qu’elle nous conduise à la fin de la vie, par un chemin agréable. S. Evr.

Que la raison conduise, & le savoir éclaire. Rac.

Conduire signifie aussi accompagner quelqu’un par honneur, par civilité, par occasion, ou pour sûreté. Ducere, prosequi, comitari. On a conduit cet Ambassadeur à l’audience avec de grandes cérémonies. J’ai affaire en ces quartiers-là, je vous y conduirai. Acad. Fr. On a commandé tant de Mousquetaires pour conduire le prisonnier, pour conduire & escorter ce convoi.

Conduire, s’emploie aussi en parlant des arts. Ducere, regere. Cet Ecrivain conduit bien sa main ; pour dire, il l’a ferme & légere : il conduit bien la main de ses écoliers ; pour dire, qu’il leur mène la main. On dit aussi en Géométrie, qu’on peut conduire une ligne circulaire par 3 points donnés, pourvu qu’ils ne soient pas en droite ligne, comme enseigne Euclide en son quatrième livre des Elemens. Conduire une ligne, synonyme de tirer.

Conduire, en termes de Peinture, signifie diriger, ménager, distribuer. Ce Peintre conduit bien son pinceau ; pour dire, ménage bien ses traits, ses couleurs.

Conduire l’étoffe bois à bois. C’est, en fait d’aunage, la mener doucement le long de l’aune, sans la tirer pour l’alonger.

On dit, en termes de Fauconnerie, conduire un oiseau, pour soigner, élever, panser. Il faut conduire sagement un oiseau, jusqu’à ce qu’il soit bien enoiselé ; saupoudrer sa gorge de cannelle & sucre candi, le mettant sur la chair de l’oiseau qu’il a pris, car cela lui fera aimer son gibier.

☞ On dit, en termes de Manège, conduire son cheval étroit ou large. Le conduire étroit, c’est le mener en s’approchant du centre du manège. Le conduire large, le mener en s’approchant des murailles du manège.

Conduire se dit encore en parlant de la culture des arbres fruitiers. Curare, disponere, tractare. Conduire un arbre, c’est le tailler, l’ébourgeonner, l’émonder, suivant son espèce. Il faut être bon jardinier pour bien conduire les arbres. Ce n’est pas assez de planter les arbres pour avoir des fruits, il faut encore sçavoir les conduire. Voyez les différens articles relatifs à la culture des arbres, palisser, nettoyer, ébourgeonner, tailler, &c.

☞ CONDUISEUR. s. m. terme de marchands de bois. C’est un Commis proposé par le marchand de bois, pour tenir un état des bois qu’on enlève des ventes. Le registre du conduiseur fait foi en justice. Duh.

CONDUIT, UITE. Il a les significations du verbe. Voilà un buisson, un espalier conduit avec beaucoup d’art. La Quintinie se sert aussi très-souvent de ce mot. L’attachement du peuple à l’erreur n’est qu’un amour de la vérité mal conduit. Bayl. Une femme se décrie plus par des apparences mal ménagées, que par une intrigue conduite prudemment. S. Evr.

Conduit, en termes de peinture, signifie dirigé, ménagé, distribué. Des jours & des ombres conduits judicieusement. Félibien a dit : un tableau bien conduit de couleurs, c’est-à-dire, où les couleurs sont ménagées & distribuées avec art.

Conduit. s. m. Canal ou tuyau par où coulent les eaux ou autres choses fluides. Meatus, aquæ ductus. La terre a plusieurs conduits souterrains, par où passent les vapeurs qui forment les métaux & les minéraux. Les conduits artificiels, pour conduire les eaux, sont de pierre, de plomb, de fer fondu, d’aune, de poterie, &c. On dit qu’en la province de Mexique, il y a un conduit souterrain en forme de grotte qui dure 200 lieues.

Conduits à vent, terme d’Architecture. Soupiraux ou lieux souterrains, dans lesquels les vents se conservent frais, & sont communiqués par des tuyaux dans les appartemens d’une maison, pour les rafraîchir dans les grandes chaleurs.

Ce mot conduit vient de conduire, parce qu’un canal conduit les eaux, ou les autres choses fluides, dans le lieu où l’on veut qu’elles se rendent. On trouve conductus au même sens dans la plus basse latinité, comme dans la vie de sainte Françoise. Act. Sanct. Mart. T. II, p. 104. A.

En termes de Médecine, on appelle conduits, les veines, artères, & autres vaisseaux par où les humeurs, les esprits, &c. se communiquent dans le corps. La gravelle bouche les conduits de l’urine. On a découvert les conduits salivaires. L’esquinancie bouche les conduits de la respiration. Les maladies viennent souvent d’obstruction, parce que les conduits sont bouchés. On découvre toujours en anatomie de nouveaux conduits. Les conduits biliaires qui sont en fort grand nombre dans le foie & servent à porter la bile dans le vésicule du fiel, ou dans le duodenum. M. Anel a fait une description nouvelle & très-exacte du conduit lacrimal dans son étendue, depuis les points lacrimaux jusques dans le lieu où il s’ouvre dans l’intérieur du nez.

Conduit (Le) de Pecquet, qu’on appelle aussi canal thorachique, est une nouvelle découverte qui a été faite en l’année 1651, par Jean Pecquet, Médecin de Dieppe. C’est un canal de la grosseur d’une petite plume d’oie, qui commence au réservoir du chile, situé sous le diaphragme, entre les muscles psoas. Il monte le long des vertèbres du dos, entre les côtes & la plèvre, & va aboutir à la veine souclavière gauche. Cette belle découverte renverse le sentiment des anciens, qui croyoient que le chile étoit porté par les veines mésaraïques au foie pour y être converti en sang. On fait voir clairement, & personne n’en doute aujourd’hui, que le chile est porté par le moyen du conduit de Pécquet dans la veine souclavière gauche, où il se mêle avec le sang, & de-la dans le ventricule droit du cœur par la veine cave descendante. Canalis Pecqueti ou Peccetti.

Conduit de la pudeur. C’est le nom que les Médecins donnent au cou de la matrice de la femme. Il s’appelle autrement vagin. M. Venette se sert toujours du terme de conduit de la pudeur, & notamment au chap. 3, art. 2 du premier livre de son Tableau de l’amour conjugal, où il dit que la nature toujours admirable dans ce qu’elle fait, a composé de membranes charnues le conduit de la pudeur.

Conduit. Vieux mot. Conduite. Ductus.

Son cri fini, se fit mener par l’air
Dedans son char avec ses graces belles
Sous le conduit de douze colombelles. Marot.

☞ CONDUITE. s. f. Ce mot a plusieurs acceptions différentes dans notre langue, dont plusieurs sont relatives aux verbes conduire, diriger. Il a toutes les significations de son verbe, en latin comme en françois. On dit la conduite d’un voyageur d’un état, d’une famille, d’un vaisseau, d’une entreprise, d’un dessein, d’une affaire, d’une intrigue, d’un bâtiment, d’un jeune homme, d’un arbre. Il s’emploie principalement dans un sens moral. Rectio, administratio, gubernatio, curatio, prudentia, consilium.

Conduite. Action de conduire quelqu’un. On dit qu’un tel est chargé de la conduite d’un Ambassadeur, quand il est chargé de l’aller recevoir sur la frontière, ou de l’y reconduire, en lui faisant fournir sur la route les voitures & les vivres nécessaires.

Conduite. Ordre que l’on met dans ses actions, relatif au but que l’on se propose. Si les actions sont conséquentes, la conduite est bonne ; si elles ne le sont pas, la conduite est mauvaise. Agendi radio. Une conduite ouverte & familière fait plus de progrès sur l’esprit des enfans, qu’une éducation sévère. Fenel.

☞ Les moins sages sont d’ordinaire très-satisfaits de leur conduite, parce que leur raison & leur conduite sont d’accord. Nicot. Ce qu’on veut faire passer pour une conduite prudente, & proportionnée à la foiblesse humaine, n’est quelquefois qu’un relâchement politique & flatteur. Rien n’est plus estimable qu’une conduite sage & judicieuse, & qui est l’ouvrage de la raison. Fonten. On juge d’ordinaire par le succès, & la bonne conduite ne se justifie qu’auprès de fort peu de gens, quand l’événement n’est pas heureux. S. Evr.

Conduite, régle, direction, administration. Rectio. Dieu a le soin, la conduite de tout l’Univers. Etre chargé de la conduite d’un Etat, d’une armée, d’un régiment, d’un diocèse, d’une paroisse. La conduite, considérée sous ce point de vue, désigne quelque sagesse & quelque habileté à l’égard des choses, & une subordination à l’égard des personnes. Voyez au mot Administration les idées particulières qui distinguent tous ces mots.

Conduite se dit aussi de l’inspection qu’on a sur les mœurs, sur les actions, sur les démarches de quelqu’un, afin qu’il ne fasse précisément que ce qu’il convient de faire. Etre chargé de la conduite d’un jeune Prince, d’un jeune Seigneur.

Conduite signifie aussi l’intrigue & la composition d’une pièce de théâtre, l’œconomie d’un ouvrage, tragœdia, comœdiæ œconomia. Les Anciens se sont plus attachés à la conduite de leurs pièces, que la plûpart des Modernes, qui se sont imaginés que la beauté de quelque ouvrage que ce fût, consistoit seulement dans les pensées. Il faut autant de génie pour la conduite & l’œconomie d’un ouvrage, que pour bien penser. Claud.

Conduite d’eau, en termes de Méchanique, est une suite de tuyaux pour conduire l’eau d’un lieu à un autre, & qui prend son nom de sa grosseur, ou de son diamètre. On dit une conduite de dix ou de douze pouces. On dit encore, une conduite de plomb, de fer, de terre ou de bois, selon que les tuyaux qui portent l’eau sont de l’une de ces matières différentes. Aquæ ductus.

Conduite, terme de peinture, action de diriger, ménager, distribuer. Il y a beaucoup de conduite dans les compositions du Poussin, c’est-à-dire beaucoup d’entente & d’ordonnance.

Conduite, terme de Musique. Deductio. C’est la suite des notes, quand elles vont en montant Ut, re, mi, fa, sol, la. On appelle cette suite du nom de conduite, parce que la voix est conduite par les notes, comme par autant de degrés.

Conduite de cadran. Tringles de fer qui portent des molettes, & qui engrènent les unes dans les autres à angle droit, ou obtus, pour faire marquer l’heure au cadran éloigné de l’horloge. Il y a des conduites faites avec des genoux, elles sont meilleures quand les tringles sont placées à angle obtus.

Conduite, terme de Jardinage. Art, soin, manière de gouverner des arbres, de les élever, tailler, &c. Ratio tractandarum arborum. La conduite de toutes sortes d’arbres, est un des chef-d’œuvres du Jardinage.

CONDURI, en Malais, ou Laga, en langage de Java. Espèce de fève d’un beau rouge, avec une petite plaque noire sur le côté, qui croît dans quelques endroits des Indes Orientales. Les Javans & les Malais s’en servent comme de poids, pour peser l’or & l’argent.

CONDYLE, n m. terme d’anatomie. C’est le nom que les anatomistes donnent à une petite éminence ronde de l’os, comme est celle de la mâchoire inférieure, qui entre dans les cavités de l’os pétreux. Condylus. Quand l’éminence est grosse, on l’appelle tête. Condyle désigne en général toutes les éminences des articulations.

CONDYLOIDE. adj. m. & f. terme d’anatomie. Qui a la forme, la figure d’un condyle. Plusieurs aujourd’hui écrivent condile, & condyloïde, mais contre l’étymologie. Condyloïdes. La mâchoire se meut sur les apophyses condyloïdes qui sont reçues dans les cavités glénoïdes des temporaux. Demours, Acad. d’Ed. T. I, p. 147. Il y en a qui ont dit que les apophyses condyloïdes se mouvoient sur la racine de l’apophyse zigomatique. Id. ibid.

Ce mot vient du Grec κόνδυλος, condyle, & εἶδος, forme, figure.

CONDYLOIDIEN, ENNE. adj. qui a rapport aux condyles.

CONDYLOME. s. m. terme de Chirurgie. Rugosité ou excroissance de chair qui vient aux muscles du siège, ou au cou de la matrice, qui forme plusieurs replis serrés les uns contre les autres, sur tout lorsqu’il est enflammé & endurci. Condyloma. Le condylome ressemble à une mure. Les condylomes viennent à plusieurs parties du corps ; Ceux qui viennent aux parties générales, à l’anus, au périnée, sont ordinairement des symptomes de la vérole.

Ce mot est Grec, & vient de κόνδυλος, article, jointure : parce que dans le condylome il y a des rides ou plis semblables à ceux des jointures.

CONE. s. m. terme de Géométrie. Corps solide composé de différens cercles placés les uns sur les autres & par conséquent parallèles entr’eux, qui vont toujours en diminuant depuis la base jusqu’à la pointe du Cône. Un pain de sucre régulier représente un cône. Conus. L’ombre de la terre forme un cône, aboutit en cône. Le cône se décrit par le mouvement d’une ligne droite, qui se meut à l’entour d’un point immobile, appelé pointe, le long de la circonférence d’un plan appelé base. La ligne droite tirée de la pointe du cône par le centre de sa base, s’appelle axe du cône. Ainsi un cône droit, est celui dont l’axe est perpendiculaire à la base. Un cône Scalène, est celui dont l’axe est incliné à sa base. Un cône tronqué, est une partie d’un cône coupé par un plan parallèle à sa base. La base d’un cône est un cercle. Il y a aussi des cônes obtusangles & acutangles.

☞ En Botanique, on emprunte quelquefois ce terme de Géométrie pour définir les parties qui ont la figure d’un cône ; mais ce mot est particulièrement consacré aux fruits des pins, des sapins, des Mélèses, & on les nomme arbres conifères. Arbores coniferæ. Voyez ce mot.

CONE, terme de Métallurgie. On donne ce nom à un moule de fer fondu, de forme conique, dans lequel on verse les métaux fondus, pour séparer la partie métallique des scories.

CONE. Ville. Voyez Cosne.

CONESSI. s. m. Espèce d’écorce. Voyez-en la description dans le Dict. de James.

CONFABULATEUR. s. m. Qui s’entretient familièrement, diseur de contes. M. de Claville entend parler d’un mauvais Prédicateur, lorsqu’il dit : si le hazard m’expose à l’ignorance effrontée d’un ennuyeux confabulateur, j’ai recours à mon Evangile. Traité du Vrai Mérite. Ce mot n’a pas réussi.

CONFABULATION. s. f. Entretien familier. Familiare colloquium, confabulatio. Ce mot est peu d’usage dans le sérieux, aussi bien que le suivant.

CONFABULER. v. n. S’entretenir familièrement avec quelqu’un. Confabulari. Ce mot ne le dit qu’en plaisantant.

CONFAITEMENT. adv. vieux mot. Parfaitement, sérieusement, comment, de quelle façon. Gloss. des Poës. du Roi de Nav.

CONFALON. s. m. Confrérie établie par quelques Citoyens Romains, ou selon d’autres, par Clément IV en 1264, ou 1267. Confalo, Confalonis Societas. Le dessein principal de cette sainte association fut de délivrer les Chrétiens captifs chez les Sarazins. Elle prit son nom du mot italien Confalone, qui signifie un étendart, une bannière, à cause de la bannière qu’elle avoit, & où étoit représentée la sainte Vierge, sous la protection de laquelle cette Confrérie se mit. Saint Bonaventure régla les prières que les Confrères devoient réciter. Grégoire XIII la confirma en 1576, lui donna beaucoup de privilèges, & l’érigea en Archiconfrérie l’an 1583, & Sixte V fixa un revenu pour le rachat des captifs. Il y a aussi à Lyon une Confrérie de Pénitens du Confalon, associée à celle de Rome. De Rubis allure qu’elle étoit établie dès l’an 1418. D’autres prétendent qu’elle le fut par Maurice de Peirat, Chevalier de S. Michel. Quelques-uns disent Gonfalon, & d’autres Confanon, ou Gonfanon. Confalon est mieux. Sponde aux années 1274, 1576, 1583, parle de la Confrérie du Confalon.

CONFANON. s. m. Ce mot n’est plus en usage. Voyez Pavot rouge, c’est la même chose.

CONFARRÉATION. s. f. Ablancourt s’en est servi, & on s’en peut servir comme lui, lorsqu’on aura à parler d’une certaine cérémonie Romaine, qui consistoit à faire manger dans les mariages, d’un même pain au mari & à la femme qui destinoient leurs enfans à l’honneur du Sacerdoce. Car c’est cette cérémonie que les Romains appeloient Confarréation. Confarreatio. La Confarréation étoit la plus sacrée des trois manières de contracter le mariage usité chez les anciens Romains. Elle consistoit en ce que le Grand Pontife, & le Flamen Dialis unissoient, joignoient, marioient l’homme & la femme, avec du froment & un gâteau salé. C’est ce qu’en dit Servius sur le premier Livre des Georgiques. Ulpien Cap. 9. Init. nous apprend qu’on y offroit un pain de pur froment, & que l’on prononçoit une certaine Formule, en présence de dix témoins. Denis d’Halicarnasse ajoûte que le mari & la femme mangeoient du même pain de froment, qu’on en jetoit sur les victimes. Voyez Vigenere, Tite-Live, T. I, p. 968.

☞ Quand le mariage contracté par confarréation se rompoit, on appeloit cela diffarréation. Ce nom vient du gâteau salé, à farre & molâ falsâ.

CONFECTEUR. s. m. Gladiateur ; qui combattoit contre les bêtes ; bestiaire, homme qui se louoit pour combattre les bêtes dans l’Amphithéâtre. Confector. Les Confecteurs étoient ainsi appelés à conficiendis bestiis, parce qu’ils tuoient les bêtes. Voyez Bestiaire. Les Grecs les appeloient Παραϐολοι, c’est-à-dire, hardis, désespérés, téméraires, qui s’exposent, qui se jettent dans le péril. De-là les Latins avoient fait les mots Parabolani, & Parabolari, qu’on leur donnoit aussi. Le premier passa dans l’Eglise, où l’on appela Parabolani, les valets qui se consacroient aux services des Hôpitaux, & s’exposoient ainsi aux périls de toutes les maladies qu’on y peut prendre. Outre ces mots empruntés du grec, les Latins appeloient encore les Confecteurs en leur Langue, audaces, hardis, téméraires, & copiatæ ; du Grec Κοπιαται. Voyez Saumaise sur Tribellius Pollion, dans la vie de Gallien, C. 12. p. 285. C. de l’Hist. Aug. de l’édition de Paris 1620. fol. Casaubon sur le même endroit de Trebellius Pollion, Béroald sur Suétone, C. 43. d’Auguste, p. 230. C. 21, de Claude, p. 588. & 644. & 892. de l’édition de Paris, fol. 1610. C. 29. de Néron, p. 684. &c. Saumaise, de modo usur. C. 5, p. 198. Godefroy sur le Code Théodosien, L. 42 de Episc. & Cler. Perpétue tomba entre les mains d’un Gladiateur mal-adroit, qui la piqua entre les os & la fit crier : car ces exécutions des bestiaires demi-morts, étoient l’apprentissage des nouveaux Gladiateurs, pour les accoutumer sans péril au sang, & on les nommoit Confecteurs. Fleury, Hist. Eccl. L. V, p. 44, 45. Il semble qu’on veuille dire, 1o. Que les Confecteurs étoient distingués des bestiaires. 2o. Que ce n’étoient que les nouveaux, & les apprentifs Gladiateurs, qui s’appeloient Confecteurs. 3o. Qu’ils étoient ainsi nommés à conficiendis bestiariis, parce que les exécutions des bestiaires demi-morts étoient leur apprentissage. Si cela est, on s’est trompé. A la vérité les Confecteurs n’étoient pas bestiaires Chrétiens ; mais ils étoient bestiaires. Voyez au mot Bestiaire les différentes espèces de Bestiaires. 2o. Ce n’étoit pas les nouveaux Gladiateurs seulement qu’on nommoit Confecteurs. Voyez les Auteurs cités ci-dessus. 3o. Ils n’étoient point appelés, Confecteurs, à conficiendis bestiariis ; mais à conficiendis bestis. Voyez les mêmes Auteurs, & surtout Suétone dans Auguste, C. 43.

CONFECTION. s. f. Action par laquelle on fait quelque chose. Confectio. Il se dit en termes du Palais. Il faut des lettres du Prince pour la confection d’un papier terrier. La confection d’inventaire & sa clôture sont nécessaires pour dissoudre une communauté. Confection d’une enquête. Il n’a guère d’autre usage.

Confection, terme de Pharmacie, est un remède qui est de consistance d’électuaire liquide, ou mou, composé de plusieurs drogues. Medica compositio. La principale est la confection d’alkermès, où entrent les perles, la pierre d’azur, le musc, l’ambre-gris, l’or en feuille, & sur-tout le suc du grain de kermès qui lui donne son nom, (c’est l’écarlate) le tour mêlé avec sucre, cannelle, santal, &c.

Confection anacardine. Elle se compose principalement avec des Anacardes, qui lui ont donné le nom : les autres drogues sont le poivre long, le poivre noir, presque toutes les sortes de myrobolans, le castoreum, le cyperus, le costus blanc, le burungi, les baies de laurier, & le beurre de vache. Cette confection purge le sang, & est propre aux maladies froides.

Confection, (La) Hamech est un remède plus commun, composé de plusieurs simples purgatifs, polypode, prunes, myrobolans, agaric, séné, absinthe, roses rouges, casse, tamarins, manne, &c. le tout réduit en forme d’électuaire mou. Elle a pris son nom de son Auteur, Hamech, Médecin Arabe fort ancien.

Confection (La) d’hyacinthe est faîte de saphirs, hyacinthes, émeraudes, topases, de perles, corail rouge, feuilles d’or, os du cœur de cerf, &c. le tout mêlé avec le syrop d’œillet ou de limons.

CONFÉDÉRATION. s. f. Alliance entre des Princes, ou des Etats. Fœdus, societas, confirmata fœdere societas. Il y a ligue offensive & défensive, confédération ancienne entre la France & les Suisses. On a fait plusieurs Traités de confédération qui n’ont pas été de longue durée. Cette confédération n’est faite que depuis notre Traité. Patru. La désunion & l’ambition des Chefs entraînent inévitablement la ruine des confédérations. P. le Boss.

Il se dit aussi des ligues que font entr’eux dans quelques Etats, les Sujets mécontens.

☞ On le dit en Pologne des associations que font entr’eux les Nobles & les Grands, sans l’aveu du Roi, souvent contre ses vues, pour maintenir la constitution de la République.

CONFÉDÉRER se dit avec le pronom personnel, se confédérer, v. récip. Se liguer ensemble. Fœdus facere, jungere. Les armées de Pologne, & les Princes d’Allemagne se confédèrent souvent. Ce verbe n’est pas beaucoup usité.

CONFÉDÉRÉ, ÉE. adj. qui se dit des Princes ou Etats qui sont unis, alliés, ligués ensemble pour leur défense commune, pour attaquer l’ennemi commun. Socii, fœderati, amicitiâ & fœdere conjuncti. La paix seroit faite, sans les intérêts des Princes & Etats confédérés qu’on veut y comprendre. Les Villes Hanséatiques sont confédérées depuis long temps.

Ce mot se prend aussi substantivement, & signifie Allié. Les Confédérés furent taillés en pièces. Abl. Il fit tête à l’armée des Confédérés. Eloge hist. de Louis XIV.

☞ CONFÉRENCE. s. f. Action par laquelle on rapproche, on compare deux choses, pour voir le rapport qu’elles ont ensemble, en quoi elles conviennent, en quoi elles diffèrent. Comparatio, collatio. Il se dit particulièrement en matière de littérature. La conférence des coutumes de France, faite par Guenois, est un travail fort beau & fort utile. La conférence des Ordonnances a été rédigée & commentée par le même Auteur. Les Critiques du siècle passé, ont fait plusieurs conférences d’éditions, de manuscrits, de copies aux originaux, de passages d’Auteurs, qui ont bien éclairci des difficultés.

Conférence se dit aussi des entretiens qu’ont ensemble des Ministres de Princes, des Ambassadeurs, pour négocier des affaires d’Etat. Congressus, colloquium, collocutio. Le mariage du Roi & la paix se firent en 1659, dans l’île de la Conférence, qui est sur la rivière de Bidassoa, qui sépare la France de l’Espagne. Il y avoit à Paris une porte qu’on appeloit de la Conférence.

Conférence se dit aussi des entretiens de quelques particuliers assemblés pour parler d’affaires ou d’études. Si on pouvoit nouer une conférence entre ces parties, leurs procès seroient bientôt accommodés. Nous avons eu de longues conférences ensemble. Tenir conférence. Etre en conférence. Se trouver, se rendre à la conférence. Ils entrent en conférence dès le moment qu’ils sont assemblés. C’est une chose très-utile de convertir les conversations en conférences d’érudition.

☞ On le dit aussi des assemblées qui se tiennent à certains jours marqués à la bibliothèque des Avocats du Parlement de Paris, en présence d’un des Messieurs du Parquet. Plusieurs Avocats nommés pour discuter une question proposée dans une assemblée précédente, en font le rapport ; & les autres qui en ont eu Communication, opinent. On rédige par écrit les avis des opinans, & pour la solution, on suit le plus grand nombre.

Conférence Ecclésiastique, assemblée de Curés, instituée pour y traiter des matières ecclésiastiques, & sur-tout de la Théologie morale & des cas de conscience. Collatio. En plusieurs diocèses il y a des Conférences établies pour l’instruction des Curés & des Ecclésiastiques. Souvent il y a une personne préposée pour expliquer dans ces assemblées les matières qu’on y traite. On appelle quelquefois cette personne le Conférencier.

On appelle dans plusieurs communautés Conférences spirituelles, des assemblées des personnes de la communauté, dans lesquelles on traite de matières spirituelles, ou dans lesquelles on se rappelle, & l’on répète ce qui a été dit dans les discours & dans les exhortations spirituelles du Supérieur. Collatio de rebus spiritualibus. Au séminaire de S. Sulpice, tous les samedis & la veille de presque toutes les fêtes, il y a des Conférences spirituelles.

On appelle encore Conférence, la répétition d’étude qui se fait en commun dans les communautés, ou entre plusieurs personnes qui étudient les mêmes choses, comme font en Sorbonne, plusieurs Bacheliers. Enfin l’on appelle Conférence des thèses qu’un écolier soûtient en particulier chez lui, pour se préparer à une thèse publique, & auxquelles il n’invite que quelques amis & des Répétiteurs, pour argumenter contre lui. Cet écolier fait toutes les semaines une Conférence de deux heures, pour se disposer à sa thèse.

Conférence se dit aussi d’un Livre. Ce mot se donne pour titre à un livre qui contient l’extrait ou le résultat des Conférences faites sur quelques matières. Collatio. Plusieurs Evêques ont établi dans leur diocèse que les Curés & autres Ecclésiastiques s’assemblent dans chaque Doyenné, pour conférer ensemble, & traiter des choses qu’il convient de savoir dans leur état, sur des cas de conscience. On a recueilli en quelques diocèses ce qui s’étoit décidé dans les assemblées, & on l’a imprimé sous le titre de Conférences de Paris, Conférences de Grenoble, Conférences de Luçon, Conférences d’Angers. C’est dans ce sens que Cassien a fait les Conférences des Pères du désert.

Conférence, vieux mot, comparaison. Comparatio, collatio.

CONFÉRENCIER. s. m. Celui qui préside à une Conférence, qui propose les matières & les explique, & qui répond aux difficultés que les Assistans proposent.

CONFÉRER. v. a. Donner, octroyer. Conferre. Dieu nous confère ses graces par le moyen des Sacremens. Le Roi de Pologne confère toutes les graces, & n’a point la haine des châtimens. Les Princes confèrent les honneurs, les dignités. Les Prélats confèrent les Ordres.

Conférer se dit particulièrement des bénéfices. Conférer un bénéfice, pourvoir à un bénéfice vacant, en donner les provisions. C’est le Roi qui nomme aux Prélatures, le Pape confère. Le Pape peut, du jour de la vacance, conférer tous les bénéfice, par prévention, même les électifs collatifs, si le Chapitre ne le prévient par l’élection. Mais il ne peut conférer les bénéfices consistoriaux que sur la nomination du Roi, ni les bénéfices en patronage laïque, que sur la présentation des Patrons. Le Roi confère de plein droit les bénéfices dépendans de l’Evêché, vacans en régale. Le Roi peut aussi conférer de plein droit, vice Ordinarii & vice Papæ, tous les bénéfices dont il est Collateur absolu, à cause de l’onction, & parce qu’il y a une espèce de sacerdoce annexé à la royauté. Les autres Patrons laïques n’ont en effet que la simple présentation, sans pouvoir conférer. On a même jugé que le Roi peut admettre en résignation par permutation du bénéfice électif confirmatif, & le conférer lorsqu’il en est le Collateur ordinaire. Aucun Supérieur ne peut conférer au mépris d’un Patron laïque.

Conférer signifie aussi comparer, mettre deux choses l’une en présence de l’autre, pour voir le rapport qu’elles ont ensemble. Comparare, conferre. Plusieurs Auteurs ont conféré le Droit François & le Droit Romain. Conférer les éditions, les manuscrits d’un même Auteur. On confère les diverses traductions à l’original. Quand on confère ces deux tableaux, il y en a un qui efface l’autre. Ce qui paroît beau & délicat dans la copie, est froid & languissant lorsqu’il est conféré avec l’original. Ablanc.

Conférer, v. n. signifie parler ensemble, raisonner de quel qu’affaire, de quelque point de doctrine. Il faut faire conférer ensemble ces parties & leur conseil pour les accommoder. On a ordonné que le Rapporteur conféreroit de cette affaire avec les Commissaires que le Roi a nommés. Ces Docteurs ont long temps conféré sur les questions qui leur ont été proposées. Après que les Généraux eurent longtemps conféré ensemble, il répondit. Ablanc. Pour vivre en homme, il faut conférer avec les hommes. S. Evr.

☞ Montagne s’est servi de ce mot comme synonime à contribuer, être cause. Pourquoi crains-tu ton dernier jour, il ne confère non plus à la mort qu’aucun des autres ? On ne le dit plus.

CONFÉRÉ, ÉE. part. Il a deux significations de son verbe, en latin comme en françois.

☞ CONFERVA, terme de Botanique, sorte de plante, espèce de matière cotonneuse, commune dans les eaux dormantes, & dont les filets sont trop fragiles pour être employés à aucune sorte de manufacture. Mem. de l’Acad. des Sc. 1741.

CONFÈS. adj. vieux mot, confessé.

Il voudroit moult être confès.
Il est un Chapelain ci-après.

On a dit aussi déconfès, en parlant d’un homme qui mouroit sans confession.

A CONFESSE. Locution adverbiale qui signifie confession, & se met sans régime. Ire ad confessionem, aller à confesse. Rediit de Confessione Sacrâ. Il est revenu de confesse.

☞ CONFESSER, v. a. Déclarer ce qu’on a eu tort de faire. Confiteri. On avoue la faute qu’on a faite. On confesse le péché dans lequel on est tombé. La question fait avouer le crime, la repentance le fait confesser.

Confesser Jesus-Christ, confesser la foi ; c’est faire une profession publique de la foi de J. C. Confiteri, profiteri. Confesser de cœur & de bouche.

Oui, malgré les obscurités
Qui nous cachent tes vérités,
Mon cœur n’en doute point, ma bouche les confesse.

Confesser signifie quelquefois reconnoître une vérité particulière, demeurer d’accord. Confessez ce qui en est. Un brave se confesse vaincu, quand il demande la vie. Les promesses & quittances commencent ainsi : Je soussigné, reconnois & confesse avoir reçu, devoir, ou promets payer, &c. Confessez ingénument, avouez que vous avez tort. On dit en style populaire qu’un homme confesse la dette quand il reconnoît qu’il a tort.

Confesser signifie aussi déclarer ses péchés, soit à un Prêtre dans le Sacrement de Pénitence, soit à Dieu seul, dans une prière particulière. Sacerdoti sua peccata aperire, peccata Sacerdoti, Deo confiteri. On confesse à un Prêtre les péchés dans lesquels on est tombé. En ce sens, il est aussi réciproque. Il faut se confesser premièrement à Dieu. C’est un des Commandemens de l’Eglise, de se confesser à Pâques.

Confesser se dit aussi du Prêtre qui entend la déclaration que fait un pénitent de ses péchés. Ce Curé confesse presque toute sa paroisse tout seul. Audire confitentem peccata. Audire confessionem alicujus.

☞ Le Prêtre confesse le pénitent, mais il ne confesse point les péchés du pénitent, c’est-à-dire, qu’on ne peut pas dire qu’un Confesseur a confessé les péchés d’un homme, pour signifier qu’il les a entendus à confesse. Ainsi un de nos Poëtes s’est trompé, & a parlé contre l’usage, quand il a dit :

D’un jeune gars contrit à deux genoux,
Frere Rémi confessoit les péchés.

Il n’y a de droit que le Pape qui puisse confesser dans toute l’Eglise, l’Evêque dans tout son diocèse, & les Curés chacun dans leurs paroisses ; mais d’autres peuvent confesser par permission, & ce n’est qu’au Pape & aux Evêques à donner cette permission. Il n’y a que les Prélats & les Curés qui puissent confesser, ou ceux qui en ont d’eux la permission.

Il ne suit pas cependant que les Curés puissent aussi bien approuver un Prêtre pour confesser que les Evêques ; & que l’approbation de l’Evêque diocésain ne suffise pas, si elle n’est confirmée par le Curé ; car il est constant qu’un Evêque peut confesser lui-même & approuver quel Prêtre il voudra pour confesser dans la paroisse d’un de ses Curés, non-seulement à son insu, mais même malgré lui.

On dit proverbialement : C’est le diable à confesser pour dire, que ce qui reste à faire d’une chose, est le plus difficile, ou que c’est le hic ou le nœud de l’affaire. ☞ On dit aussi qu’un homme se confesse au renard, quand il fait confidence d’une chose à quelqu’un qui a intérêt de s’opposer au succès.

CONFESSÉ, ÉE part : On dit au Palais que des faits sont tenus pour confessés & avérés, lorsqu’un homme a refusé de répondre sur des faits & articles qu’on lui a fait signifier pour le faire interroger, & qu’il a été suffisamment contumacé. Ces jugemens ne sont pourtant la plûpart du temps que comminatoires. Confès s’est dit autrefois pour confessé.

On dit aussi dans les Bulles apostoliques, qu’elle accorde indulgence à tous Fidèles dévotement confessés & communiés, &c.

CONFESSEUR. s. m. dans l’usage de la primitive Eglise, Chrétien qui a professé hautement & publiquement la foi de Jesus-Christ, qui a enduré des tourmens pour la défendre, & qui est prêt de souffrir le martyre pour la soûtenir. Fidei Christianæ defensor, propugnator. Un Saint s’appelle Confesseur, Confessor, pour le distinguer des Apôtres, Evangélistes, Martyrs, Prélats, Docteurs ou Vierges. Il y a un Office commun des Confesseurs dans le bréviaire. Dans l’Histoire Ecclésiastique, on a appelé premièrement Confesseurs, les Martyrs qui avoient souffert la mort en confessant Jesus-Christ. Ensuite on a donné ce nom à ceux qui, après avoir été tourmentés par des tyrans, ont vécu & sont morts en paix. On les honoroit aussi du titre de Martyrs. Enfin on a appelé Confesseurs, ceux qui, après avoir bien vécu, sont morts en opinion de sainteté. Baronius, au second de Janvier, & Bollandus après lui, Tome I. Janv. p. 84, remarquent que les Anciens ne donnoient le nom de Confesseurs, qu’à ceux qui, interrogés par les ennemis du Christianisme, avoient devant eux confessé leur foi ; que s’ils avoient souffert quelques tourmens pour cela, on les appeloit Martyrs, & quelquefois aussi Confesseurs ; & que, quoique ces deux mots, à proprement parler, signifient la même chose, on les distinguoit cependant ainsi dans l’usage, comme il paroît par Tertulien, S. Cyprien, &c. Les épitres 7, 9, 10, 15, 30, 35, 52 & 81 de S. Cyprien en font foi ; & Pamelius fait la même remarque sur l’épitre 9e de ce Saint. Celui qui se présentoit au martyre de lui-même & sans être cité, on ne l’appeloit point Confesseur, selon S. Cyprien, mais Professeur, Professor. Si quelqu’un, par la crainte de manquer de courage & de nier la foi, abandonnoit son bien, son pays, &c. & s’exiloit lui-même volontairement, on l’appeloit Extorris, exilé. Dans la suite l’usage a donné le nom de Confesseur, & on le donne encore à tous ceux qui ayant mené une vie sainte & chrétienne, meurent comme ils ont vécu ; & on le leur donne, parce que c’est là confesser Jesus-Christ par ses œuvres & par ses actions.

Quelques Conciles ont aussi appelé Confesseurs, les Chantres & Psalmistes des Eglises, parce qu’en langage de l’Ecriture, confiteri, c’est chanter les louanges de Dieu.

Confesseur est aussi un Prêtre séculier ou religieux, qui a pouvoir d’ouir les Chrétiens dans le Sacrement de Pénitence, & de leur donner l’absolution. Sacerdos qui confitentes audit, confessiones excipit ; Sacramenti Pœnitentiæ administer, l’Eglise l’appelle en latin Confessarius, pour le distinguer de Confessor, qui est un nom consacré aux Saints. Un Confesseur doux, commode, indulgent. Un Confesseur rude, sévère, rigide, habile, prudent.

☞ CONFESSION. s. f. Confessio. Déclaration que l’on fait de quelque chose. Déclaration que l’on fait de la vérité. La Confession tient un peu de l’accusation. On confesse ce qu’on a eu tort de faire. La repentance le fait confesser. Une Confession qui n’est pas accompagnée de repentir, n’est qu’une indiscrétion insultante. M. l’Abbé Girard. Syn. Voyez Aveu.

☞ On dit, en termes de Droit, diviser la Confession ; pour dire, prendre une partie de ce qu’un homme confesse & rejeter l’autre. Ac. Fr. C’est une maxime qu’en matière civile on ne doit pas diviser la Confession, il la faut prendre toute entiere.

Confession est aussi une déclaration qu’on fait à un Prêtre de tous ses péchés, pour en recevoir l’absolution. Peccatorum Sacerdoti facta confessio : conscientiæ per sacram confessionem perpurgatio. La Confession des péchés est une des parties du Sacrement de Pénitence. Tout le séjour de Saint Paul à Ephèse, fut d’environ trois ans : Plusieurs des Fidèles venoient confesser leurs péchés : exemple remarquable de Confession après le Baptême. Fleuri. La Confession des seuls péchés publics & très-griefs se faisoit autrefois publiquement ; maintenant elle est auriculaire. Il faut que toutes les grandeurs s’humilient devant le tribunal de la Confession. Les Confessions doivent être ensevelies dans un éternel silence, sous peine du dernier supplice contre qui sera convaincu de les avoir révélées. Ne cherche-t’on pas quelquefois dans ces Confessions froides & historiques, le soulagement de la conscience, plûtot que l’amendement de la vie. Fléch. Dans vos Confessions précipitées vous n’examinez que la surface de l’ame. Id. Le sceau de la Confession doit être inviolable. L’Abbé Boileau a fait en latin l’histoire de la Confession auriculaire. Les Théologiens Catholiques & les Controversistes, comme Bellarmin, Valentia, &c. ont démontré la nécessité & l’usage de la Confession auriculaire & détaillée des péchés, depuis les premiers siècles. Le Pere Mabillon réfute Daillé sur cela, Acta SS. Bened. Sæc. III, P. I, p. lx, &c. où l’on trouvera beaucoup de choses utiles sur cette matière. S. Eloi étant venu en âge mûr, & voulant mettre sa conscience en repos, confessa devant un Prêtre tout ce qu’il avoit fait depuis sa jeunesse. C’est le premier exemple que je sache de Confession générale. Fleury. Hildebold, Evêque de Soissons, se trouvant dangereusement malade envoya sa Confession par écrit à Hincmar son Métropolitain, lui demandant des lettres d’absolution ; Hincmar les lui envoya, mais en l’avertissant, qu’outre cette Confession générale, il devoit, comme il ne doutoit point qu’il n’eût déjà fait, se confesser en détail à Dieu & à un Prêtre, de tous les péchés qu’il avoit commis depuis le commencement de sa vie. Par où l’on voit qu’outre la Confession générale, c’est-à-dire, faite en général, & sans spécifier aucun péché, telle qu’étoit celle d’Hildebold, il est nécessaire d’en faire une particulière, détaillée, & de tous ses péchés, à un Prêtre. Hincmar appelle aussi Confession générale, une Confession faite en général, & sans spécifier aucun péché, telle qu’est celle que l’on fait à la Messe & dans l’Office Divin, en récitant le confiteor. Plusieurs Théologiens ont traité du secret de la Confession. Lanfranc, Archevêque de Cantorbery, de celanda Confessione. Dominique Soto, dans un Traité du secret. Malderus, de Sigillo Confessionis sacramentalis, en 1626 à Anvers. Lochon en 1708 en François, Langlet en 1715. Traité Historique & dogmatique du secret inviolable de la Confession.

C’étoit une ancienne coutume en quelques endroits de la France, & en particulier à Paris, de ne point donner de Confesseur à ceux qu’on conduisoit au supplice ; de même qu’aujourd’hui encore on ne leur accorde point la Communion. Le Concile de Vienne condamna cet usage ; & le Pape Grégoire XI écrivit à Charles V pour le faire abolir ; mais inutilement. Le Seigneur de Craon sollicita la chose si fortement, qu’il l’obtint de Charles VI, & l’on en publia l’ordonnance : mais de plus il fit élever auprès du gibet de Paris un crucifix de pierre avec ses armes, & c’étoit au pié de cette Croix que long tems depuis les criminels avoient coutume de se confesser avant de subir la mort. Il donna un fonds aux Cordeliers de Paris en les chargeant à perpétuité de cette œuvre de miséricorde. Cet usage avoit cependant encore subsisté en quelques endroits, & l’on en trouve des exemples jusqu’à la fin du XVIe siècle.

Les Indiens ont aussi chez eux une espéce de Confession & de Pénitence publique. Voyez Tavernier. Les Juifs ont aussi une espèce de Confession dont ils ont dressé des formules pour ceux qui ne sont pas capables de faire le détail de leurs péchés. Ils en ont d’ordinaire un composé selon l’ordre de l’alphabet : chaque lettre renferme un Péché capital, qui se commet le plus fréquemment. Ils font cette Confession ordinairement le lundi & le jeudi, & tous les jours de jeûne. Ils la répètent plusieurs fois, en particulier au jeûne des pardons ; de plus, lorsqu’ils sont malades, ou en péril évident : quelques-uns la disent tous les soirs avant de se coucher, & tous les matins quand ils se lèvent. Lorsque quelqu’un d’eux se voit près de la mort, il mande dix personnes, plus ou moins, selon sa volonté, dont il faut qu’il y en ait un qui soit Rabin ; & en leur présence ils récitent la Confession dont on vient de parler. Voyez Léon de Modene, Part. 5. des cérém. des Juifs, Chap. 5 & 6. Ceux que Saint Jean baptisoit confessoient leurs péchés, comme il est marqué expressément au chap. 3 de S. Matth. v. 6, & au chap. 1. de S. Marc, v. 5.

Comme la Confession est une partie de la Pénitence, le nom Confession s’est dit autrefois pour Pénitence ; & parce que l’habit & la profession monastique sont un état de pénitence, on a pris aussi Confession dans ce sens ; & un Auteur de l’Histoire Ecclésiastique l’y a pris de même depuis peu en notre langue, mais en l’expliquant : car ce mot n’a point ce sens aujourd’hui en France. Ramit II à la fin de sa vie, par les instantes prières des Evêques & des Abbés, reçut la Confession, c’est-à-dire, l’habit monastique, & mourut après avoir régné dix-huit ans. Fleury. Voyez Du. Gange au mot Confession.

Confession, terme de liturgie & d’Histoire Ecclésiastique. Confession étoit un lieu dans les Eglises lequel étoit ordinairement sous le grand autel, & où reposoient les corps des Saints Martyrs. C’est la notion qu’en donne le Cérémonial des Evêques, L. I, c. 12. Confessio. Théodoret l’appelle κατάβασις, descente, parce qu’on y descendoit par quelques degrés. Telle est à Sainte Genevieve à Paris la Chapelle qui se voit sous le grand autel, & à laquelle on descend par quelques degrés. S. Etienne de Bourges, Notre-Dame de-Chartres, & plusieurs autres Cathédrales, ont encore de ces Chapelles souterraines, que l’on nommoit autrefois Confession. On appelle encore la confession des SS. Apôtres, le lieu où reposent à Rome les corps de S. Pierre & de S. Paul. Godeau dit Confessionnal au lieu de Confession. Le Pape Anastase dit le Confessionnal de S. Laurent Martyr, d’argent massif, pesant 80 ou 100 livres. Godeau. Ce n’est point l’usage. M. Châtelain dit que la Confession est un lieu enrichi devant ou derrière l’autel, d’où l’on voit au dessous la place où est la sépulture d’un Saint ou d’une Sainte.

On prend encore Confession, dans les Auteurs Ecclésiastiques, pour ornement de ce lieu ou reposoient les reliques des Saints ; pour un oratoire ; pour le siége où un Confesseur entend les Confessions, que nous nommons Confessionnal, & pour la pénitence qu’il impose. Voyez Baronius sur le Martyrologe au 6e de Juillet ; du Cange, les Macri, Hoffman. Acta. SS. Januar. T. II, p. 276. Febr. T. II, p. 330.

CONFESSION, en termes de Liturgie, signifie aussi la prière du confiteor que le Prêtre dit debout & courbé au pié de l’Autel, au commencement de la Messe, ou dans l’Office, & que celui qui sert la messe, ou ceux qui récitent l’Office, répètent ensuite au nom du peuple qui y assiste. On appelle encore Confession la récitation de cette prière. Voyez le Card. Bona. Rerum Lit. L. II. C. 2. n. 5. Item le lieu où le Prêtre réciroit cette prière avant de commencer la Messe. Consultez Du Cantre, les Macri, Hoffman, &c.

CONFESSION de foi, est une liste, ou dénombrement & déclaration des articles de la Foi de l’Eglise. C’est aussi la déclaration faite de bouche, ou par écrit, de la Foi qu’on professe. Fidei professio, confessio. Tous ceux qui demandent des Provisions pour les Prélatures, sont obligés de faire une Confession de foi, de jurer leur confession de Foi. Au Concile de Rimini, les Evêques Catholiques blâmoient les dates dans une Confession de foi, & marquoient que l’Eglise ne les datoit point. Voyez Date. Les Hérétiques en ont aussi fait dans chacune de leurs Eglises. La Confession d’Ausbourg, est celle des Luthériens, présentée à Charles-Quint en 1530. La Confession Belgique, &c. S. Jérôme appelle aussi Confession, toutes les louanges qu’on donne au Seigneur, & les actions de grâces qu’on lui rend.

CONFESSIONNAL, ou CONFESSIONNAIRE. s. m. Petit banc ou clôture où le Confesseur se tient dans l’Eglise pour entendre en confession les pénitens. Confessarii sedes, sacrum Pœnitentiæ Tribunal, Confessionale. Aujourd’hui un Confessionnal est un ouvrage de menuiserie composé d’un siége qui sert de Tribunal, & d’un prie-Dieu de chaque côté : quelquefois le Confessionnal est élevé sur un marchepié, couvert d’un dôme, orne de sculpture, &c. L’usage n’est point de dire Confessionaire.

CONFESSIONNAL, Voyez Confession. Terme d’Histoire Ecclésiastique.

CONFESSIONISTE. s. m. & f. C’est le nom que l’on donne à ceux des Luthériens qui suivent la Confession d’Ausbourg. Confessionista.

☞ CONFESSOIRE, (l’action) terme de pratique, se dit quand un voisin prétend un droit de servitude sur son voisin.

☞ CONFIANCE signifie en général la bonne opinion qu’on a de soi-même, ou des autres, ou de quelque chose sur laquelle on s’assure, on se fie, ou plûtôt l’effet de la connoissance & de la bonne opinion qu’on a des bonnes qualités d’un être en général, relatives à nos intérêts, qui fait que nous nous reposons entièrement sur lui. Fiducia, firma animi confisio.

Confiance, dans un sens moins étendu, signifie quelquefois la même chose qu’espérance ferme en quelqu’un, en quelque chose. J’ai grande confiance en vous, en votre secours. Mettre sa confiance dans les richesses. Il ne faut point mettre sa confiance aux choses du monde. Il est difficile de distinguer l’assûrance solide qui produit la vérité, de la confiance téméraire qui naît de l’erreur. L’Homme en sa propre force a mis sa confiance. Fiducia.

Confiance signifie aussi l’assûrance que l’on a de la probité & de la discrétion de quelqu’un, qui fait qu’on s’ouvre & qu’on se livre à lui sans réserve. C’est dans ce sens qu’on dit, prendre confiance, mettre sa confiance en quelqu’un ; qu’un homme a la confiance du Prince ; faire agir une personne de confiance, &c. La confiance nous flatte, parce que c’est une marque qu’on nous croit prudens. Nicol, Ce Prince a une entiere confiance en ses Ministres, il se repose sur eux des affaires les plus importantes.

La Confiance des autres ne nous plaît, que parce qu’on la regarde comme une preuve qu’on nous trouve du mérite. Esp. La trop grande confiance nous abandonne à la discrétion des méchans. Cail.

Confiance se prend aussi quelquefois pour une liberté honnête qu’on prend en certaines occasions ; aborder quelqu’un avec confiance ; quelque fois pour sécurité, hardiesse. Confidentia, fiducia. Parler avec confiance, aller au combat avec confiance. La confiance avec laquelle parle un bel esprit, lui donne tout l’avantage dans la conversation. Val. Il avoit de la confiance sans présomption, & de la crainte sans foiblesse. Fléch. La confiance sert plus à la conversation que l’esprit. S. Evr.

☞ Dans l’usage ordinaire, ce mot se prend quelquefois en mauvaise part comme synonyme à présomption, confidentia ; mais alors, il est souvent déterminé à cette signification par l’épithète qui y est jointe. C’est ainsi que l’on dit qu’un homme a des airs de confiance, qu’il est plein de confiance. La confiance de plaire est souvent un moyen de déplaire infailliblement. La Roch. Les uns ont une confiance sans crainte, & ce sont les présomptueux ; les autres une crainte sans confiance, & ce sont les foibles. Fléch. Le faux respect de nos amis nous endort, & nous jette dans une fausse confiance. Maleb. Une timidité scrupuleuse est peut-être plus sûre qu’une confiance décisive qui ne s’épouvante de rien.

☞ CONFIANT, ANTE. adj. Ce mot dans l’usage ordinaire paroît synonyme de présomptueux, hardi à entreprendre, qui s’imagine pouvoir venir à bout de tout. Confidens. C’est un homme confiant.

M. Fléchier, écrivant à M. Huet, lui dit : vous voyez, Monsieur, que je ne suis pas si modeste que vous eussiez pensé, & que vous avez affaire à un homme hardi & confiant, qui prend déja des titres d’amitié.

Confiant, ante. part. act. Qui se confie à la fidélité de quelqu’un. Plein de confiance. Fidens.

......Votre tendre amitié
Est confiante, & vous serez trahie. Voltaire.

CONFICT, CTE. vieux adj. Absorbé, rempli.

CONFIDEMMENT. adv. avec confiance. Prononcez confidamment. Cum fiducia. Il y a de la honte