Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 3/083-090

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Fascicules du tome 3
pages 71 à 82

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 3, pages 83 à 90

pages 91 à 100


D


D Substantif masculin & indéclinable, que nous prononçons , tant au pluriel qu’au singulier. Quatrième lettre de l’Alphabet, & la troisième des consonnes. M. l’Abbé de Dangeau appelle le d une lettre palatiale : les autres regardent communément cette lettre comme une lettre de la langue, c’est-à-dire dont la langue est le principal organe, ou à la prononciation de laquelle la langue concourt plus que les autres parties de la bouche ; car, pour prononcer cette lettre, il faut que le bout de la langue frappe contre le palais vers l’endroit où les dents d’en-haut sortent de la gencive.

Le d conserve sa prononciation dans la plupart des mots, lors même qu’il est devant une consonne ou un j & un v consonne, comme dans adjectif, admettre, adverbe, &c. Il faut pourtant excepter quelques mots de cette règle générale, comme advis, advocat, &c. mais aussi l’usage aujourd’hui retranche presque toujours dans l’orthographe le d, lorsqu’il est retranché d’ans la prononciation, & l’on écrit comme on prononce, avis, Avocat, &c.

Le d à la fin des mots ne se prononce pas quand il n’y a point d’autre mot qui suive, comme grand, second, fécond, fond, &c. excepté dans les mots des langues étrangères que la langue Françoise a adoptés sans y rien changer, comme iod, lamed, Galaad, Aod, David, &c. Le d final dans les mots François ne se fait point sentir, si le mot suivant commence par une consonne, comme grand bonheur, second chef, &c. mais, quand le mot qui suit le d final commence par une voyelle, le d se prononce comme un t ; exemple, grand esprit, prononcez grant esprit : il en est de même du d final devant un mot qui commence par une h qui n’est point aspirée, comme grand homme, on prononce grant homme ; quand l’h est aspirée le d se perd dans la prononciation, comme grand héros, prononcez gran héros. Le d final se perd aussi dans quelques monosyllabes devant un mot qui commence par une voyelle, comme dans les exemples suivans, sourd animal, fond inepuisable, on prononce sour & fond ; mais, dans cette phrase, de fond en comble, l’usage change le d en t & on prononce de font en comble ; on prononce aussi froid avec un t, froit épouvantable. Il faut encore remarquer que dans quelques mots, comme grand & fond, lorsqu’on retranche le d dans la prononciation, on allonge la syllabe, ce qui ne se fait pas dans les autres mots, comme second, fécond, sourd.

Dans les noms féminins l’e final se retranche dans la prononciation devant une voyelle, mais le d qui précède cet e conserve sa prononciation, & ne se change point en t. Il arrive alors que le d est prononcé dans le temps même que l’e muet va se perdre dans la voyelle qui suit. Ainsi l’on prononce Grand’ame, second’observation, & non pas Grande ame, seconde observation.

La raison qui fait qu’on change en certaines occasions dans la prononciation le d en t, est qu’en François il faut soutenir beaucoup plus les consonnes finales devant les voyelles qu’ailleurs. Voyez les remarques de Vaugelas, & les observations de M. Ménage sur la langue Françoise, la Grammaire de M. l’Abbé Régnier, & le discours de M. l’Abbé de Dangeau sur les consonnes.

Cette lettre d en Hébreu, en Chaldéen, en Samaritain, en Syriaque, en Grec & en Latin, est la quatrième de l’Alphabet. Dans les cinq premières langues elle a le même nom, énoncée cependant différemment, en Hébreu & en Chaldéet daleth : en Syriaque dolath, en Grec delta. Les Arabes ont trois d dans leur langue, le premier se nomme dal, c’est la huitième des vingt-huit lettres de leur Alphabet. La neuvième, qu’ils nomment dhfal, ne se distingue de la précédente pour la forme que par un point que l’on met dessus, mais quant au son, il est mêlé de celui du z. Le troisième d des Arabes qui tient la dix-septième place de leur Alphabet, se nomme da ; il a le son de notre d, mais la figure du Ta Arabe, dont il ne diffère que par un point que l’on met dessus.

La forme de notre D, est celle du D des Latins, comme il paroît par toutes les médailles & les inscriptions anciennes. Le D des Latins n’est autre chose que le Δ des Grecs arrondi, en le faisant plus vîte, & en deux traits seulement. Le Δ des Grecs est pris du daleth de l’ancien caractère Hébreu, tel qu’il se conserve encore sur les médailles Hébraïques, appelées communément médailles Samaritaines, comme on le peut voir dans la première des Dissertations du P. Soucier, Jésuite, qui est sur les médailles Samaritaines, & sur les premières lettres Hébraïques, p. 13. & p. 242. Seulement les Grecs en ont retranché une petite ligne, & l’ont penché. Il seroit aisé de montrer que le dolath Syriaque, & le dal Arabe viennent aussi de cet ancien Hébreu, comme le ד, daleth du nouvel Hébreu ou de l’Hébreu carré, c’est-à-dire du caractère Chaldéen ou Assyrien.

Quelques-uns néanmoins prétendent que le Δ, delta des Grecs, leur est venu des Egyptiens, qui marquoient cette lettre par trois étoiles mises en triangle ; hiéroglyphe qui chez eux désignoit Dieu, l’Etre Souverain, comme s’ils avoient connu la Trinité des personnes en Dieu, & qu’il l’eussent ainsi exprimée. Tout cela est sans apparence ; mais c’est le réfuter mal, que de dire que l’ancien Δ, delta Grec, étoit rond, & non pas en triangle : car comme on l’a dit ci-dessus, c’est le triangle du daleth de l’ancien caractère Hébreu. Les médailles, tous les plus anciens monumens, & en particulier les suscriptions tirées d’Athenes par les soins du Marquis de Nointel, Ambassadeur de France à la Porte, ont le Δ en triangle. Il est vrai que sur deux colonnes qui sont au Palais Farnese il est arrondi ; mais ces colonnes sont fort postérieures, faites à Rome & pour l’Italie, mises dans le chemin d’Appius, tout près de Rome. Ainsi il n’est par extraordinaire qu’il y ait un D Romain pour un Δ Grec, comme il y a beaucoup d’autres choses peu conformes à l’usage Grec. Vossius croit que ces colonnes n’ont été faites que sous Antonin Pie, ou Marc Aurèle, & le P. Montfaucon, tout au plus sous Trajan.

Le D & le T se changent souvent l’un en l’autre ; ce qu’il importe de remarquer pour les étymologies. Les Bretons les confondent aussi dans la prononciation, & n’y mettent presque point de différence.

☞ Le D est la foible du T, & le T est la forte du D ; ce qui fait que ces lettres se trouvent souvent l’une pour l’autre.

Le D mis seul en notre langue signifie Dom. Le Roi D. Pedre ; c’est-à-dire, le Roi Dom Pedre ; mis après un N, il veut dire Dame N. D. Notre-Dame ; c’est-à-dire la Sainte Vierge.

☞ Cette lettre avoir différentes significations dans les inscriptions. D. M. se prenoit pour Diis Manibus. D. pour Divus. D. N. pour Dominus Noster, en parlant des Empereurs Romains.

D, est aussi un caractère de chiffre Romain, qui signifie cinq cens : ce qui vient de ce que le D est la moitié d’une M en caractère Gothique, qui a signifié mille : sur quoi on a fait ce Vers.

Littera D velut A quingentos significabit.

Si on met au-dessus du D une barre, elle signifie cinq mille.

Le D majuscule dans les basses continues marque le dessus ou le bas-dessus. C’est un caractère de Musique en cette occasion.

D. C’est la quatrième lettre des sept Dominicales.

D. C’est par ce caractere qu’on distingue la monnoie de Lyon.

D, dans l’Alphabet Chimique, dénote le vitriol.

DA.

DA. On écrivoit autrefois Dea. Interjection qui sert à augmenter l’affirmation ou la négation ; c’est un terme familier. Planè, omninò. Oui-da, Nenni-da.

La dévote Caliste,
De son mari a fait un Jean :
Oui-dà, un Janseniste. Scar.

Oui-dà ; je ferai ce qu’il me plaira. Mol.

Ménage, après Bochart, dit que ce mot vient du Grec Δια, comme, par Jupiter. Borel le dérive de la particule Grecque δη, qui signifie profectò, & M. Huet du Chaldéen דא, hic, hæc, hoc.

DAA.

DAALDER. s. m. Monnoie d’argent qui se fabrique en Hollande, & qui a cours pour un florin & demi, c’est-à-dire pour environ 37. sols six deniers de France.

DAARIN, aine. adj. Vieux mot, qu’on trouve dans quelques Coutumes, il veut dire dernier. Sitôt comme la terre a sa daraine roie pour semer bled. De Beauman.

DAB.

☞ DABACH. Voyez Dabuh.

☞ DABARITH. Voyez Dabereth.

DABBASETH ou DABBASCHETH. Voyez Debaseth

DABBAT. s. f. Nom que les Musulmans donnent à la bête de l’Apocalypse, qu’ils croient devoir paroître avant le Jugement dernier, aussi bien que l’Antechrist, qu’ils appellent daggial. Ils appellent Dabbath al ardh ; c’est-à-dire Bête de la terre, la seconde bête de laquelle il est aussi fait mention dans l’Apocalypse.

Ce mot dabbat, signifie en Arabe bête ; d’où vient qu’ils appellent Dabbat al misk, la bête qui porte le musc ; Dabbat al Zabbad, la civette. Ils appellent par excellence la bête de l’Apocalypse, bête simplement.

DABERETH ou DABARITH. Ville de la Tribu d’Issachar sur les confins de la Tribu de Zabulon. Dabereth. Le torrent de Cisson l’arrose, & elle fut ville de Refuge & Lévitique. Voyez Josué XIX. 12. 20. XXI. 28. 7. Par. VI 72. Les Septante l’appellent Δαϐιρώθ, Dabiroth, Δεϐϐά, Debba, Δεϐερί, Deberi. Le P. Lubin croit que c’est la Rabboth dont il est parlé au chap. XIX. de Josué, v. 20. parce que les Septante appellent cette ville Δαϐερών, nom qui approche de Δαϐιρώθ, qu’ils donnent à celle-ci. Dabereth s’appelle aussi Dabareth. Josephe l’appelle Dabarith & Dasbath. Zieglerus croit que c’est Pahrath.

DABERT. s. m. & nom d’homme. Dagobertus. A Bourges, S. Dabert, Évêque, dont le corps repose à Saint Outrille du château. Chast. Martyr. T. I. p. 339. Quoique le nom de ce Saint Évêque de Bourges soit le même que Dagobert, il ne faut pas cependant l’appeler ainsi, mais Dabert, que l’usage a fait de Dagobert, par corruption & par syncope.

DABES. s. f. Terme de Relation. C’est le nom du sixième des dix mois dont l’année des habitans de l’Ile Formose est composée. voyez la Description de cette Ile, imprimée à Amsterdam en 1705.

DABIR ou DEBIR. Ville dans la Terre Sainte. Dabir, Débir. Il y en avoit deux de ce nom. L’une étoit dans la tribu de Juda. Jos. XII. 13. ç’avoit été une ville Royale sous les Chananéens : elle fut prise, & son Roi défait par Josué. Jos. X. 38. XII. 13. Elle fut donnée à la Tribu de Juda, comme il paroît par Josué XI. 21. XIII. 26. & XV. 7. Le P. Lubin prétend qu’elle passa ensuite à la Tribu de Siméon. Je ne sais sur quoi il se fonde. Quoi qu’il en soit, elle fut enfin Lévitique assignée aux enfans d’Aaron. Jos. XIII. 15. 1. Paral. VI. 58. Dabir eut encore deux autres noms, Carioth-Senna, Jos. XV. 49. & Cariath-Sepher, Jos. XV. 15. Jug. I. 11. Voyez ces mots. Dabir étoit dans les montagnes.

L’autre Dabir, que les Septante appellent Δαίϐῶν, Daibon, étoit à l’orient du Jourdain dans la Tribu de Gad, Jos. XIII. 26. Elle avoit été aux Amorrhéens d’au-delà du Jourdain, comme Adrichomius l’a remarqué.

Ce nom vient de l’Hébreu דבר, dabar, c’est-à-dire parler, & signifie parole, discours, oracle ; peut-être parce que, sous les Chananéens idolâtres, il y avoit des oracles dans ces villes.

DABO. Voyez Dachsbourg.

D’ABONDANT. adv. De plus, outre cela. Prætereà, insuper. Il vieillit ; & n’est plus en usage qu’en style de Bulles, d’Ordonnances, de Réglemens, &c.

☞ D’ABORD, & mieux dabord sans apostrophe, V. Abord.

D’ABORD-QUE. conjonct. Aussi-tôt que. Voyez Abord.

DABOUIS. s. m. Toile de coton qui se fabrique aux Indes Orientales.

DABOUL. Voyez Dabul.

DABUH ou DABACH. s. m. Sorte d’animal qui naît en Afrique, qui est de la grandeur d’un loup, & presque de la même forme ; mais il a des pieds & des mains comme un homme. Il tire les corps morts des sépulchres, & les mange. Il est si charmé du son des trompettes & des tymbales, que c’est en jouant de ces instrumens que les Chasseurs le prennent. Ablanc.

☞ Les Arabes le nomment Hyène, les Africains Tefif.

DABUL ou DABOUL. Ville de la presqu’Île de l’Inde deçà le Gange. Elle est dans le Royaume de Décan à l’embouchure de la rivière d’Halevrako. Dabul a un fort bon port ; elle est marchande & fortifiée. Maty. V. Mandeslo, Voyage des Indes. Lat. nord 18. d. selon Delisle.

DABUSIJAN ou DABUSCA. Ville de la grande Tartarie. Dabuscia. D’Herbelot dit qu’Abulfeda la place à 88. d. 55. min. de longitude, & 39. d. 40. ou 50. m. de latitude.

☞ DABUSIYAH ou ALDABUSIYAH. Ville de la petite Tartarie, dans la Transoxane, entre Bochara & Samarkande.

DAC.

DACA. s. f. Grande Ville des Indes sur le bord du Gange, Voyez Tavernier, Voyages des Indes, T. II. Liv. I. ch. 8.

D’ACCORD. Espèce d’adverbe. Terme de commerce & de compte. C’est une conformité & égalité dans le calcul que font deux marchands & Négocians. Un Marchand écrivant à son Correspondant, dit, qu’il a trouvé la facture de son ami d’accord, & que son compte à lui envoyé s’est trouvé d’accord, c’est-à-dire tout conforme au sien.

D’accord est aussi une expression adverbiale par laquelle on fait entendre qu’on approuve, que l’on ne conteste point ce qu’on dit. Voyez Accord.

DACE. s. f. Imposition ou taxe qui se met sur le peuple Tributum.

Nicod croit que ce mot vient de tributum indicere. Vossius croit qu’il vient du Latin datiæ, à dando, comme tributum à tribuendo ; parce qu’autrefois elles étoient gratuites, & se payoient volontairement aux Seigneurs. On l’a appelé aussi en Latin moderne data & datio.

DACE. s. m. & f. Peuple qui habitoit la Dacie. Dacus. Les Daces étoient voisins du Danube & de la forêt Hercinie. On dit qu’ils se retirèrent dans la suite sur les côtes de Norwége. Dion, Strabon, & Appien, disent que les Daces étoient Gètes, que les Romains appeloient Daces les Gètes d’au-delà du Danube. Les Gètes croient Scythes, ainsi les Daces l’étoient aussi, comme dit Cluvier, Introd. Géoog. L. IV. c. 18. Strabon, dit qu’ils s’étoient appelés auparavant Daves, Davi ; que c’est pour cela que Dave chez les Athéniens, & dans les Comédies, est un nom d’esclave. Les Daces eurent leurs Rois jusqu’à la fin du premier siècle de l’Eglise. Le dernier fut Décébale, que Trajan vainquit. Cette victoire lui acquit le nom de Dacique, que nous lui voyons sur ses médailles la 7e. année de sa Puissance Tribunitienne l’année d’avant son Ve. Consulat. Imp. Cæs. Nerva Trajanus Aug. Germ. Dacicus p. m.) (Tr. p. vii. Imp. iiii. cos. iiii. des. v. p. p. dans Mezzabarba, p. 152. Alors la Dacie fut réduite en Province Romaine. Les Daces étoient brutaux & ’cruels. On dit qu’ils furent convertis par St. Nicétas. Ils s’imprimoient des marques sur le corps par la ponction, comme encore plusieurs Américains. Quelques-uns disent que les Daces étoient ceux que les Grecs ont appelés Δαοι, Dai ; Saumaise le nie. Pline, Liv. IV. c. 12. & XXII. c. 1. Ptolomée, Liv. III. c. 8. Dion, Liv. LXVIII. Cluvier, Germ. Ant. Saumaise sur Solin, p. 38. 39. 795. parlent des Daces.

DACE, ou DACIE. Ancien nom d’un pays de l’Europe. Dacia. La Dace étoit bornée au nord par le mont Darphate, & par une partie de la rivière de Tyras, ou Niester, qui la séparoient de la Sarmatie Européenne. Au couchant le Tibisque, ou la Teisse la séparoit des Jaziges Metanastes. Au midi le Danube la séparoit de la haute & basse Mésie : au levant cette même rivière avec l’Hiérassus, aujourd’hui le Pruth, la séparoit des Gètes. Ainsi l’ancienne Dacie renfermoit toute la partie de la haute Hongrie qui est à l’orient de la Teisse, avec la Transilvanie, la Valaquie, & la Moldavie. Maty. Trajan réduisit la Dacie en Province, & c’est en mémoire de cette expédition qu’on lui éleva la colonne Trajanne. Aurélien en tira une Colonie à laquelle il fit passer le Danube, & qu’il plaça entre les deux Mœsies. Il lui donna son nom, & pour la distinguer de l’ancienne Dace, il l’appela Dacie Aurélienne, Dacia Aureliana. La Capitale de l’ancienne Dacie, étoit Zarmisogétuse, que Trajan nomma Ulpia Trajana ; & que l’on a aussi appelée Varheli. La Dacie Aurélienne se divisoit en Alpestre, Alpestris & en Ci-Instrienne, Cis-instriensis, laquelle se divisoit en Ripense, Ripensis, ou Pannodacie, comme qui diroit Dacie Pannonienne & en Méditerrannée ou Gépide. Cluvier dans son Germania Antiqua, p. 14. croit que les Daces & les Gétes étoient le même peuple.

Hadrien, Antonin Pie & Trajan Dèce, ont au revers de quelques-unes de leurs médailles Dacia. Le type dans celle d’Hadrien est une figure virile sur des montagnes & des rochers, tenant de la main droite une aigle légionaire, & de la gauche une palme, ou quelque chose de semblable, & dans l’exergue Dacia. Voyez Patin, T. I. p. 191. 192. Mezabarba, p. 173. Sur celles d’Antonin, cette figure de soldat tient de la main droite un casque renversé, & de la gauche un labarum. Dans Trajan Dèce il y a Dacia, Dacia capta, Dacia felix.

Un des fleuves principaux qui arrosent la Dace, est le Marise, Marisus, que les Allemans appellent Marish, & les Hongrois Maros, ou Marons. Pline, L. IV. c. 12. Ptolomée, L. III. c 8. Strabon, L. VII. Cluvier, Introd. L. IV. c. 18 décrivent la Dacie. Méla n’en dit pas un mot.

DACE. s. m. Nom d’homme. Dacius. S. Dace, Evêque de Milan, mourut à Constantinople, où il étoit allé pour l’affaire des trois Chapitres. S. Grégoire parle de ce voyage, en ses Dialogues. C’est à lui que s’adresse la seconde lettre du XIe. Livre du Registre de ce même S. Pape. On garde à Milan une Chronique en manuscrit, qu’on nomme la Chronique de Saint Dace, & qui a été citée sous son nom par Possevin, par Aubert le Mire & par Ughel, quoiqu’elle ne soit pas de lui. On peut voir le jugement qu’en porte D. Mabillon au commencement du premier Tome de ses Annales. Cette Chronique est de trois Auteurs, un ancien Landulf, un Arnou & un autre Landulf ; ce qui a donné occasion de l’attribuer à S. Dace, c’est la conformité de son nom avec celui d’Idace, grand Chronologue, Evêque en Espagne. Chastelain Martyr. T. I. p. 245.

Il y a encore un autre S. Dace, Dacius, dans le Martyrologe Romain au vingt-septième de Janvier, mais c’est une faute de Galésinius, qui a lu Dacius pour Dativus, Datif. V. Chastelain.

DACHAW. Petite Ville d’Allemagne dans le Duché de Bavière, sur la rivière d’Amber ou Amper : à deux milles de Munich.

DACHSBOURG, ou DABO. Petite Ville de la haute Alsace. Dachspurgum, Dachsburgum. Cette place est située sur un rocher, & appartient au comte de Linage. Maty.

DACHSTEIN, ou DAGOBERSTEIN. Petite ville de la basse Alsace dans l’Evêché de Strasbourg. Dachsteinum ; Dagoberti Saxum. Cette ville, qui a pris son nom de Dagobert Roi de France, son Fondateur, avoit un bon château, que les François ont ruiné. Maty.

DACIE. adj. Voyez DACE.

DACIQUE. s. m. & f. Titre d’honneur accorde à un Général pour avoir vaincu les Daces. Vainqueur des Daces. Dacicus. Ce titre, comme nous l’avons dit, fut déféré à Trajan l’année VIIe. de sa puissance Tribunitienne. Juvénal parle de la guerre des Daces, Sat. IV. iii. & du titre de Dacique joint à celui de Germanique sur la monnoie. Sat. VI. 204.

Cum lance beatâ
Dacicus & scripto radiat Germanicus auro.

L’Auteur du Commentaire à la Dauphine prétend que cela marque une monnoie de Domitien, sur laquelle il avoit les titres de Dacique & de Germanique : c’est une erreur. Domitien a le titre de Germanique, mais jamais celui de Dacique ; Trajan est le premier qui l’ait porté : & ceci est une preuve que Juvénal non-seulement a vécu sous Trajan, mais que sa IVe. & sa VIe. satyre n’ont été faites qu’après l’année VIIe. de la puissance Tribunitienne de ce Prince. Quand dans un riche bassin on voit rayonner sur l’or ciselé l’image de Domitien Dacique & Germanique. De Marolles.

☞ DACOS. Voyez Dax.

DACROIDE. adj. Terme de Médecine, ou de Chirrurgie, qui se dit des ulcères qui jettent continuellement de la matière. Blanchard, Harris.

Ce mot vient du Grec δάκρυον, larme, & εἶδος forme. Ces ulcères pleurent une matière en forme de larmes.

DACTE. s. f. Voyez DATTE ; c’est la même chose.

DACRUE. Ville d’Afrique dans la Nubie.

DACTYLE. s. m. Nom que portoient les premiers Prêtres de la Déesse Cibèle. On les appeloit Dactyles Idéens, Dactyli Idei, comme on appeloit Cybèle Idéenne, Idæa, parce qu’elle étoit principalement honorée sur le mont Ida en Phrygie. On leur donna le nom de Dactyles, parce que, pour empêcher que Saturne n’entendît les cris de Jupiter que Cybèle leur avoit confié, ils chantoient je ne sais quels vers de leur invention, & dont les mesures inégales imitoient les temps du pied appelé Dactyle. C’est au moins ce qu’en dit le Grammairien Diomède. Un Sophocle cité par Strabon. L. X. prétendoit qu’on les appela Dactyles du mot Grec δάκτυλος, signifiant doigt, parce qu’ils étoient d’abord autant que l’homme a de doigts aux mains ; c’est à dire dix, cinq garçons & cinq filles. Il ajoutoit qu’on leur devoit l’invention du fer, & l’art de le fabriquer, & de plusieurs autres choses utiles à la vie. D’autres en mettoient plus ou moins de dix, & varioient sur leurs noms, comme sur le nombre de ces premiers adorateurs de Cybèle. Les uns les faisoient originaires de Phrygie au pied du mont Ida, d’autres disoient qu’ils y étoient venus d’ailleurs.

Du reste tous les Auteurs que Strabon avoit vus convenoient 1o. Qu’ils avoient les premiers travaillé en fer près du mont Ida ; que c’étoient des imposteurs, qu’ils avoient été Ministres de la mere des Dieux, ou de Cybèle, qu’ils demeuroient au pied du mont Ida en Phrygie, en comprenant la Troade dans la Phrygie, ils conjecturoient aussi, non pas comme on le dit communément, que les Curètes & les Corybantes étoient les mêmes que les Dactyles Idéens, quoique cela puisse aussi avoir un bon sens ; mais que les Curètes & les Corybantes étoient leur postérité ; que d’abord cent hommes nés en Crète furent appelés Dactyles Idéens, que ceux-ci eurent neuf enfans qui furent les Curètes & que chacun des Curètes eut deux fils, qui furent aussi appelés Dactyles Idéens. Strabon ne rapporte les noms que de quatre, qui sont Salaminus, Dammance, Hercule, & Acmon. Je ne sais encore où l’on prend les autres. M. Beger fait les Dactyles inventeurs de l’art de lancer des flèches.

Dactyle. s. m. Terme de Prosodie Grecque & Latine. Pied ou mesure de vers, composée d’une syllabe longue suivie de deux brèves. Dactylus. Les vers hexamètres doivent finir par un Dactyle & un spondée. Le Dactyle étoit, dit-on, une invention de Denys, qui rendoit des oracles à Delphes avant Apollon, en vers de cette mesure.

Dactyle, étoit encore chez les Grecs une sorte de danse, que dansoient sur-tout les Athlètes, dit Hésychius.

Dactyle, est aussi le fruit du palmier. On l’appelle plus communément datte. Dactylus. Voyez Datte.

DACTYLE. s. f. Coquillage. Voyez Manche de couteau.

DACTYLIOMANCE ou DACTYLIOMANTIE. s. f. Sorte de Divination qui se fait par les anneaux fondus durant le temps de certaines constellations, ou auxquels quelques pactes, ou quelques charmes sont attachés. Dactyliamantia. La Dactyliomantie consistoit essentiellement à tenir un anneau suspendu par un fil délié au-dessus d’une table ronde, sur laquelle il y avoit différentes marques & les 24. lettres de l’alphabet peintes sur le bord de la table. On faisoit sauter l’anneau, qui venoit enfin s’arrêter sur quelqu’une des lettres, & ces lettres assemblées composoient la réponse que l’on demandoit. Cela étoit précédé & accompagné de plusieurs cérémonies superstitieuses. L’anneau étoit consacré auparavant avec bien des mystères & beaucoup d’art ; celui qui le tenoit, n’étoit vêtu que d’habits de linge ; sa chaussure étoit de toile ; il avoit la tête rasée tout-autour, il portoit en main des verveines. Il appaisoit le Dieu par des formules de prières faites exprès. Ammien Marcellin décrit ces superstitions dans son XXIXe. Livre, en parlant du successeur de Valens, & il en parle encore dans son XXXIe. Livre.

☞ On rapporte à la Dactyliomantie tout ce que l’on dit du fameux anneau de Gygès, par le moyen duquel il se rendoit invisible, en tournant le chaton.

☞ DACTYLIOMANCIEN, ou DACTYLIOMANTIEN. adj. Celui qui se vante de deviner par le moyen des anneaux.

Ce mot Grec, est composé de δακτύλιος, anneau, qui vient de δάκτυλος, doigt, & de μαντεία, divination, dérivé de μάντις, devin.

DACTYLIQUE. adj. Qui appartient au dactyle, qui a rapport au dactyle, qui est composé de dactyles. Dactylicus. Il y avoit autrefois des flûtes dactyliques, comme il y en avoit de spondaïques. Les flûtes dactyliques avoient des intervalles inégaux, comme le pied nommé dactyle a des temps inégaux ; & c’étoit là ce qui leur avoit fait donner le nom de Tibiæ dactylicæ, flûtes dactyliques. Voyez Scaliger, Poëtic. L. I. c. 20. On pourroit appeler dactyliques les vers hexamêtres qui finissent par un dactyle au lieu d’un spondée, comme on appelle spondaïques ceux qui ont un spondée au cinquième pied, au lieu d’un dactyle qu’ils devroient avoir, Enéïde VI. 33.

Bis patriæ cecidere manus : quin protinus omnia
Perlegerent oculis.


Est un vers dactylique.

DACTYLOMANCE. Voyez DACTYLIOMANCE.

DACTYLONOMIE. s. f. Science de compter par les doigts. Dactylonomia. On donne 1, au pouce de la main gauche ; 2, à l’index, & ainsi de suite jusqu’au pouce de la main droite qui est le dixième, & qui a par conséquent le zéro 0. Manière de compter fort incommode. Ce mot est formé de deux mots Grecs δάκτυλος, doigt, & νομός, loi.

DAD.

DADA. s. m. Terme enfantin, qui signifie un cheval, & le plus souvent un cheval de carte. Equus. On a mis cet enfant à dada, pour dire, à cheval. Voiture l’a employé quand il a dit :

..... son dada
Demeura court à Lérida,

☞ Ducerceau a aussi employé ce mot dans le style badin.

Voilà déjà mon volontaire,
Suivi de son papa mignon,
A dada sur un grand bâton.

DADAIS. s. m. On appelle ainsi un niais, un nigaud, un homme décontenancé. C’est un dadais, ce n’est qu’un grand dadais. Il est du style familier. Laissons-là le pauvre Jupiter, c’est bien le plus sot dadais de tous les Dieux qu’on introduit dans la Comédie de Momus Fabuliste. Merc. de Janv. 1720.

DADES. s. pl. ou Dædis. Δαῖδις . Fête célébrée tous les ans durant trois jours avec des torches allumées appelées en Grec δᾳδίς, d’où elle a pris son nom. (Lucian. in Pseudomante.) Le premier jour étoit consacré à faire mémoire des douleurs de Latone dans son enfantement, & de la naissance d’Apollon & de Diane. Le second on célébroit la naissance de Glycon & des Dieux ; le troisième étoit destiné à honorer le mariage d’Odalire, fils d’Esculape, & d’Olympias, mere d’Alexandre. Potterus, Archælog. Græc. L. 2. c. 20.

DADON. s. m. Dado, ou AUDEON. Audoënus. S. Dadon, natif de Sens, fils de S. Autaire, & de Ste. Aige, & compagnon de S. Eloi, fut considéré à la Cour de Dagobert I. & élu Archevêque de Rouen en 646. Il assista en 650. au Concile de Châlons, & en 662. à celui de Clichi-la-Garonne. C’est lui qui est Auteur de la vie de S. Eloi, son ami, rapportée par Surius : & à ce que l’on dit, d’une de S. Remi, qui est dans l’Abbaye de S. Gal en Suisse. S. Dadon mourut le 24. Août 677.

Apparemment de S. Audeon on a fait successivement Saint Audon, Sain-Taudon, Sain-Tadon, Sain-Dadon, Saint-Dadon.

☞ DADON, ou Dedon. Ville d’un Pays de l’Afrique intérieure, que les Arabes appellent Vaconack.

DADUQUE ou DADOUQUE. s. m. Terme de Mythologie. Prêtre de Cérès. Daduchus. Cérès, ayant perdu sa fille Proserpine, se mit à la chercher au commencement de la nuit, disent les fables. Pour le faire dans les ténèbres, elle alluma une torche, & commença ainsi ses courses par le monde. C’est pour cela qu’on la représentoit toujours un flambeau à la main. C’est aussi pour cela, & en mémoire de ce prétendu fait, que dans les sacrifices & dans les fêtes de cette Déesse, ses Prêtres couroient dans son temple une torche à la main en cette manière. L’un d’eux prenoit sur l’Autel une torche allumée, & la tenant à la main, il couroit jusqu’à un certain endroit du Temple, où il la donnoit à un autre, en lui disant : Tibi aado. Celui-ci couroit de même & la donnoit à un troisième, & ainsi des autres. Cette cérémonie fit donner à ces Prêtres le nom de Daduques, qui signifie porte-flambeau, porte-torche. Au reste, les Daduques étoient des gens honorables & distingués, & il ne faut pas les confondre avec d’autres Ministres de la même Divinité appelés Métragyrtes, qui étoient vils & méprisés.

Ce mot est Grec, formé de δᾶς, qui signifie proprement un bois onctueux & résineux, tel que le picea, le pin, & les autres dont les anciens faisoient leurs torches, & de-là il se prend pour une torche & un flambeau ; & de ἔχω ; J’ai, je tiens, je porte ; δαδούχος, Daduque Porte-flambeau.

DADUQUE, étoit aussi, selon Alex. ab Alex. II. C. 8. le Grand Prêtre d’Hercule chez les Athéniens.

C’étoit la coutume de porter des flambeaux, non-seulement dans les sacrifices de Cérès, mais encore dans les Panathénées, les fêtes de Vulcain, & celles de Prométhée. Ce fut même dans celles de Vulcain que cette cérémonie fut d’abord pratiquée, parce qu’on le regardoit comme l’inventeur & le Dieu du feu. Mais je ne trouve point que les ministres de ces fêtes aient été appelés Daduques.

DAËZAJIE. s. f. Monnoie d’argent, qui a cours en Perse. Elle vaut cinq mamoudis.

DAFAR. Daphar. C’étoit la capitale des Homérites, peuples de l’Arabie heureuse, aujourd’hui l’Yémen, situés sur la côte orientale de cette contrée, au-delà du détroit du Golfe Arabique, aujourd’hui détroit de Babel-Mandel, ou de la Mecque. Le Prince des Homérites fit bâtir trois Eglises, l’une dans la ville capitale de toute la nation, nommée Dafar, ou Tafar. Fleury.

DAG.

DAGGIAL, ou DEGGIAL. s. m. C’est le nom que les Mahométans donnent à l’Antechrist, qu’ils appellent ou simplement Daggial, c’est-à-dire menteur, imposteur ou almassi al Diaggial, c’est à-dire faux Messie. Les Mahométans croient que Daggial doit venir à la fin du monde, & que Jesus-Christ, qui n’est pas mort, selon eux, viendra le combattre dans son second avènement ; qu’après l’avoir vaincu, il mourra effectivement. Voyez Issa. D’Herbelot.

Ce mot vient de l’Arabe דגל, dagiala, qui signifie proprement, enduire quelque chose de poix, & par métaphore, couvrir quelque chose sous de fausses apparences, mentir, tromper. Texit falsa specie, decepit, mentitus est. Les Arabes écrivent ce nom דגאל ; Daggial. Il signifie aussi un homme qui n’a qu’un œil, & qu’un sourcil, un Cyclope, & les Mahométans s’imaginent en effet que l’Antechrist sera tel.

DAGHESTAN. Province d’Asie entre la mer Caspienne qu’elle a à l’Orient, & le mont Caucase, qui la borne à l’Occident. Elle a au Septentrion les Circasses, & au midi le Schirwan, Province de Perse. Les habitans de ce pays se nomment Dagestan Tatar, Tartares de Daghestan, ou Tartares montagnards. Les Perses les appellent Lesgi. Taïku est la ville principale du Daghestan.

DAGHO, ou DAGO, Île de la mer Baltique, sur les côtes de la Livonie, dont elle dépend. Daghoa.

DAGIE, ou THAGIE. Ville d’Afrique, dans la Province de Tremecen, au Royaume de Fèz.

DAGNO, ou TERMIDAVA. Petite ville de Turquie en Europe, Dagea, Termidava. Elle est dans l’Albanie.

DAGOBERT. s. m. & nom propre d’homme. Dagobertus. Il y a deux de nos Rois qui ont porté le nom de Dagobert. Dagobert I. régna 14. ans, selon quelques-uns, & 16. selon d’autres. Il commença en 632. selon la Chronique de Du Tillet. Sous Dagobert I. qui avoit cinq femmes à la fois, & un Serrail de concubines, on se plongea dans la débauche. Le Gendre. Dagobert aimoit les lettres. Id. Dagobert II. commença à régner en 716. Du Tillet. On appelle Dabert un Saint Evêque de Bourges, nomme Dagobert. Voyez Dabert.

Pour marquer qu’une chose est fort vieille, antique, usée, on dit proverbialement & populairement qu’elle est du temps de Dagobert.

DAGON. s. m. Faux Dieu des Philistins. Dagon. Ce Dieu étoit honoré sur tout à Azot, où il avoit un temple, comme il paroît par le Ch. V. du I. L. des Rois. C’est-là que l’Arche de Dieu fut amenée & placée, après que les Philistins l’eurent prise, sous le Grand-Prêtre Héli, Juge du peuple d’Israël. Les Philistins ayant donc pris l’Arche de Dieu, l’emmenèrent de la Pierre du secours à Azot. Ils mirent l’Arche de Dieu qu’ils avaient prise dans le Temple de Dagon, & la placèrent auprès de Dagon. Le lendemain ceux d’Azot s’étant levés dès le point du jour, trouverent Dagon qui étoit tombé le visage contre terre devant l’Arche du Seigneur, ils le relevèrent & le remirent à sa place. Le jour suivant s’étant encore levés de bon matin, ils trouvèrent Dagon couché par terre sur le visage devant l’Arche du Seigneur ; mais la tête & les deux mains en ayant été coupées, étoient sur le seuil de la porte, & le tronc seul de Dagon étoit demeuré en sa place. C’est pour cette raison que les Prêtres de Dagon, & tous ceux qui entrèrent dans son temple dans Azot, ne marchent point sur le seuil de la porte. Sacy. 1. des Rois 4. V. 2. 3. 4. 5.

On prétend, après les Rabbins, que ce Dieu étoit représenté comme on représente les Tritons : c’est-à-dire sous la forme d’homme depuis la tête jusqu’à la ceinture, & le reste en forme de poisson. Cela est fondé sur la signification de ce mot, qui en Hébreu veut dire poisson. Au Ch. V. du I. L. des Rois, v. 4. où nous traduisons, & le tronc seul de Dagon étoit demeuré en sa place, il y a dans l’Hébreu רק דגון נשאר עליו, seulement Dagon étoit demeuré sur lui. R. David Kimhhi veut qu’on traduise ; seulement la forme de poisson étoit restée en lui, c’est-à-dire qu’il n’étoit resté à sa place que la partie d’en-bas, semblable à un poisson.

Le mot Dagon est masculin en Hébreu ; ainsi Dagon étoit un Dieu. Les Septante & la Vulgate suivent ce sentiment, aussi-bien que Philon de Biblos qui interprète Dagon, blé, froment, Δαγὼ ο Ζιτω, & qui veut qu’il fût fils du Ciel, & qu’il eût été ainsi appelé, parce qu’il étoit l’inventeur du blé. Car דגן, dagan, en Hébreu, signifie blé, froment. C’est ainsi, & pour la même raison, que ceux de Syracuse appeloient, Cerès Σιτὼ. Le même Philon dit que Dagon passoit aussi pour être l’inventeur de la charrue, & que pour cette raison on le nommoit Ζώς ἀρότριος. C’est une erreur de Philon de dériver Dagon de דגן, dagan, blé, froment, il vient de דג, dag, ou דגח, dagah, poisson.

Selden, De Diis Syr. Syntag. II C. 3, où il traite de ce Dieu, croit que l’Oannis des Babyloniens, dont Bérose, Apollodore & Polyhistor faisoient mention, est la même chose que Dagon. Il prétend encore que Dagon est la même chose que Atergatis, Adardaga & Derceto, noms que les Européens ont fait, selon lui, par corruption de Adir-Dagan, c’est-à-dire, le grand, le magnifique Dagon ; qu’il n’étoit point extraordinaire que la même Divinité fût Dieu en un endroit & Déesse en un autre, ou Dieu en un tems & Déesse en un autre. Mais Bochart & d’autres Auteurs croient que Dagon & Atergatis sont deux Divinités fort différentes ; que dans Philon de Biblos, Dagon est frere de Saturne, Atergate est sa femme. Au sentiment de Vossius, ce Dieu contenoit le Dieu Lunus, ou la Lune, comme principe actif, & la Mer comme, principe passif. A raison de l’un il étoit mâle, & c’étoit un Dieu ; à raison de l’autre, il étoit femelle & Déesse. Saumaise croit que Dagon est la même chose que Κητώ, qui étoit une espèce de grand poisson, Cete, & que le Dagon d’Azor, le Céto de Joppé, & le Derceto des Ascalonites, n’étoit qu’une même Divinité. Voyez Bochart, Chan. L. II. C. 2. Selden, De Diis Syr. Synt. II. C. 3. Vossius de Idol. L. I. C. 22. L. II. C. 76. L. IX. C. 10. Saumaise sur Solin, p. 574. & ci-dessus au mot Atergatis. Drusius croit que le château que l’Auteur du premier Livre des Machabées, XVI. 15. appelle Doch, ou Δώκ, est le même que Josephe nomme Dagon, Antiq. Jud. L. XIII. C. 15. Ainsi Doch & Dagon seroient le même nom, ou deux noms du même Dieu ; mais voyez Doc.

Le Temple de Dagon s’appeloit Beth Dagon, nom purement Hébreu, qui signifie Maison de Dagon, il étoit à Azor, & il en est parlé au I. Livre des Machabées X. 83. & au I. Livre des Rois C. 5. ci-dessus. Les Philistins faisoient des Fêtes en l’honneur de ce Dieu : elles consistoient en sacrifices & en festins, comme il est marqué Jug. XVI. 23.

DAGORNE. s. f. Une vache a qui on a rompu une corne. Vacca cornu altero mutilata.

Dagorne, est aussi un terme populaire & injurieux qu’on dit à une femme vieille, laide & de mauvaise humeur ce qui vient d’un vieux mot Lorrain, qui signifie une couenne de lard, à cause que les vieilles ont d’ordinaire la peau fort vilaine. Anus morosa.

M. Huet prétend qu’on a dit dagorne pour dragone.

☞ DAGOUTHAH. Ville d’Afrique, la dernière de ces Pays, & la plus proche de l’embouchure du grand fleuve nommé Niger, aujourd’hui Senega. Elle est à 30 milles de l’Île de Comor.

DAGUE. s. f. Gros poignard dont on se servoit autrefois dans les combats singuliers. Sica, Pugio. Il lui donna plusieurs coups de dague. Il rapporta qu’il avoir trouvé force traits, force dagues, & force épées émoulues. Taleman.

Dague à rouelle. s. m. C’étoit un ancien poignard assez long, qui étoit monté d’une rouelle fort large, qui lui servoit de garde. Il fut introduit par Louis XI. Il étoit aboli du temps de Marot, & passoit déjà pour un antiquaille ; & c’est en ce sens que ce Poëte l’applique à une vieille médisante. Notes sur Cl. Marot.

Ce mot selon Ménage, vient de l’Allemand daghe & daggen ; qui signifie la même chose. La basse Latinité s’est servie aussi du mot de daga, dagger, daggerius, dagardum. D’autres disent qu’il vient de taga, quòd sit ad tangendum paratior, ou de dagua, quòd acuta sit. Du Cange dit que ce mot vient du Bas-Breton dager, & qu’on l’appeloit en vieux François Badelaire, en Latin pugio. D’autres le dérivent à Dacis, parce que c’étoit leur arme ordinaire ; d’autres de l’Hébreu dacach, qui signifie acuere ; d’autres enfin, comme Guichart, de dacar, qui signifie consodere.

Dague, en termes de Vénerie, est le premier bois que porte le cerf de deux ans, & où commence les perches qui sont sans cors ni chevillures. Ferula. On les appelle ainsi, parce qu’elles sont pointues comme des dagues.

Dagues, en termes de chasse, est un nom qu’on donne quelquefois aux défenses du sanglier. Apri dentes falcati.

Dague, en termes de Marine, est un bout de corde dont le Prévôt donne des coups aux Matelots qui ont fait des fautes.

Dague. Terme de Relieur. Demi-espadon emmanché par les deux bouts d’une poignée de bois, dont on se sert pour racler les veaux & en enlever ce que le Tanneur y a laissé d’ordure. On dit une dague à ratisser. Encyc.

On dit proverbialement d’un homme grossier qui sait faire le fin, qu’il est fin comme une dague de plomb.

Daguer. v. a. Frapper avec une dague. Aliquem sicâ, pugione configere. Ce mot est vieux & hors d’usage.

Daguer. v. n. Terme de Fauconnerie, se dit de l’oiseau qui va à tire d’aile, qui vole de toute sa force, & travaille diligemment des pointes des ailes. Pernicissimis alis deserti.

Daguer. v. n. Terme de Vénerie. C’est le terme dont on se sert pour exprimer l’action du cerf lorsqu’il s’accouple avec la biche pour la génération. Le cerf est si chaud, qu’un Piqueur assura le Roi Louis XIV. qu’il en avoit vu un daguer quatorze fois dans une nuit. Ce mot, selon Ménage (Dict. Etym.) est tiré de la ressemblance du membre du cerf à une dague. C’est peut-être de ce mot qu’on appelle un cerf d’un an Daguet.

Daguet. Terme de Vénerie. Jeune cerf qui est à sa première tête, qui pousse son premier bois. Cervus bimus, fubulo.

D’aguet. adv. Sourdement, en cachette. Clam, furtim, occultè. Il s’en est allé, il a tiré ses chausses d’aguet.

Il n’est point d’usage.

DAI.

DAIBUTH, ou DAIBOTH. s. m. Si l’on en croit les Auteurs du Moréri, c’est un faux Dieu des Japonois, qui est honoré principalement à Méaco, où il a un temple ; mais si l’on consulte les Historiens du Japon, Daibuth signifie un Temple dans lequel il y a une Idole ; & ce prétendu Dieu honoré principalement à Méaco, étoit un temple que Taïcosama bâtit à Méaco, & qui brûla. Voyez Bartoli, Dell. Hist. della Comp. di Giesu Asia P. II. p. 501.

DAIGNER. v. n. Avoir la bonté, vouloir bien faire une chose en faveur de quelqu’un, s’abaisser jusqu’à vouloir bien la faire. Dignari. Il se dit d’un supérieur à un inférieur. Je ne mérite pas que vous entriez chez moi, mais, Seigneur, daignez dire une parole, & ma fille sera guérie, disoit le Centurion, en Saint Mathieu. Ce que je vous demande est si peu de chose, que je ne daigne pas vous en prier. Daigneriez-vous bien vous abaisser jusqu’à moi ?

Daignerez-vous compter les jours de mon absence, Rac.

Avec deux mots que vous daignâtes dire,
Vous sûtes arrêter mes peines pour jamais. Voit.

DAIL. s. m. Terme de Conchiliologie. C’est le nom d’un coquillage dont il est parlé dans l’histoire de l’Académie des Scienc. de 1710. p. 14. d’après M. de Reaumur. Le dail ne se trouve jamais qu’enfoncé dans la glaise, ou dans la banche qui n’est, selon M. de Reaumur, que de la glaise durcie. La figure du dail & de son trou est à peu-près celle d’un cône tronqué, dont la petite base est toujours en haut, & par conséquent il ne sort jamais de son trou, il l’augmente par le bas à proportion qu’il croît, par le moyen d’une espèce de pied fait en losange qu’il fait sortir par le bas de sa coquille. M. de Reaumur conjecture que les dails vivent longtems, & juge de la profondeur ou ils se tiennent par la longueur des tuyaux dont ils se servent pour rejeter l’eau, ainsi que font le coutelier, le sourdon, le lavignon, & autres coquillages.

☞ D’AILLEURS est quelquefois adverbe de lieu, & signifie d’un autre côté, d’un autre endroit. Je ferai venir d’ailleurs ce que vous demandez.

☞ Quelquefois il signifie la même chose que d’une autre cause, d’un autre principe. Vous avez tort d’attribuer votre disgrace aux propos qu’il a tenus ; elle procède d’ailleurs.

Quelquefois ce mot est synonyme à de plus & outre cela. Ils signifient tous trois surcroît ou augmentation, avec cette différence, dit M. l’Abbé Girard, que de plus s’emploie fort à propos lorsqu’il est question d’ajouter encore une raison à celles qu’on a déjà dites. Il sert précisément à multiplier, & n’a rapport qu’au nombre. D’ailleurs est à sa place, lorsqu’il s’agit de joindre une autre raison de différente espèce à celles qu’on vient de rapporter. Il sert proprement à rassembler, & a un rapport particulier à la diversité. Outre cela il est d’un usage très-convenable, lorsqu’on veut augmenter par une nouvelle raison la force de celles qui suffisoient par elles seules. Il sert principalement à renchérir, & a un rapport spécial à l’abondance.

☞ Il y aura toujours des guerres entre les hommes parce qu’ils sont ambitieux, que l’intérêt les gouverne, & que d’ailleurs le zèle de la religion les rend cruels.

DAILLOTS ou ANDAILLOTS. s. m. pl. Terme de Marine. Ce sont des anneaux qui servent à amarrer la voile, qu’on met de beau tems sur le grand étai, & qui font le même effet que les garcettes sur la vergue. Annuli.

DAIM. s. m. Bête fauve & sauvage, de grandeur moyenne, entre le cerf & le chevreuil, portant cornes tournées en avant, mais dont les perches & chevillures sont larges & plattes & non pas rondes. Le daim est de pelage plus blanc que le cerf, il porte plus de cors sur sa tête, qui est ordinairement paumée, & sa venaison est plus friande quand il est jeune, tendre, gras & bien nourri ; mais quand il est vieux, sa chair est difficile à digérer. Il y a des daims mâles & des daims femelles. Dama mas, dama fæmina. On fait des gants de daim. Le daim est naturellement fort timide & fort peureux, agile & léger à la course. On tient que sa chair est nourrissante, qu’elle fait un bon suc, qu’elle est propre pour la paralysie, & pour appaiser les douleurs de la colique. Son sang bu aussi-tôt qu’il est tiré, appaise les vertiges. Son fiel est détersif, & propre à emporter les cacaractes, & à dissiper les nuages des yeux. Son foie arrête le cours de ventre. Voyez M. Lémery, Traité des alimens.

On dit en proverbe, vîte comme un daim. Il faute comme un daim.

DAINE. s. f. La femelle d’un daim. Salnove.

DAINTER. s. m. Terme de Vénerie, qui se dit des testicules des cerfs. Cervinus testiculus. On dit aussi Dintier.

DAIRE. s. f. Nom propre d’une Nymphe. Daira. Elle étoit fille de l’Océan : elle eut de Mercure un fils, nommé Eleusis. Pausanias en parle in Atticis.

DAÏRE ou DAÏRO. s. m. C’est le nom de l’Empereur Souverain du Japon. Daïr, Daïrus. Il s’appelle autrement Vô ou Teio, Maff. Hist. Ind. L. XII. C’est le titre de la Souveraine Puissance ; ainsi l’assure Maffé, à l’endroit que je viens de citer ; le P. Sacchin, Jésuite, dans le II. Tome de l’Hist. de la Compagnie de Jesus. L. IV. n. 282. Le P. Bartoli, dans son Histoire Italienne du même Ordre, T. I. de l’Asie, L. III. p. 191. Hornius, Orbis Imp. & après lui Hoffman. Je ne sais où les Auteurs du Moréri ont pris que Daïre est le Souverain Pontife des Japonois. D’abord, le Japon fut gouverné par des Rois qu’ils appeloient Micoti c’est-à-dire, hauts, sublimes. Il y a douze de ces Rois qu’ils honorent encore sous le nom de Camis. Ils croient qu’ils étoient la postérité du soleil. De ces Camis étoient descendus les Princes qui régnèrent ensuite dans le Japon. Le premier vivoit 660. ans avant la naissance de J. C. Cent onze Princes tous de la même race ont gouverné le Japon après lui, avec le titre de Teio ou Vô, Daïre. Ils étoient Empereurs Souverains de tout le Japon, & tous les autres Rois leur obéissoient. Leur famille subsiste encore au Japon, mais elle ne tient plus le même rang. Il y a deux cents & quelques années, & selon Bartoli, 360. & plus, & près de quatre cents ans, comme dit Sacchin, que sous un Daïre fainéant & indolent, le Cubosama, c’est à-dire, le Connétable, ou Commandant Général des armées, s’empara de toute l’autorité, & les Rois soumis au Daïre, à l’exemple du Cubosama, se révoltèrent, & se mirent en liberté. Jusqu’au commencement du XVIe siècle, les Cubosama reconnurent cependant & conserverent la puissance & la dignité du Daïre, ne gouvernant en apparence que sous son nom & son autorité ; mais l’an 1600. le Daïre ayant donné sa démission, Taicosama fut déclaré Empereur du Japon, & commença une nouvelle forme de Gouvernement. Ainsi le Daïre, aussi-bien que le Cubo, sont deux dignités séculières, pour parler avec Bartoli. Il est vrai que les Japonois ont aussi leur Souverain Pontife, mais ils le nomment Zazzo, & non pas Daïre. Au reste, en changeant la forme de l’Empire, ils n’ont point changé les noms de Daïre & de Cubosama ; de sorte qu’aujourd’hui l’Empereur du Japon ne porte plus le titre de Daïre, mais celui de Cubosama, qui n’étoit que celui d’un grand Officier de l’Empire Japonois sous les anciens Daïres.

Le mot de Daïro est Japonois, & signifie, dit Bartoli, la Cour. Aula.

DAIS. s. m. Meuble précieux qui sert de parade & de titre d’honneur chez les Princes & les Ducs. C’est une espèce de poële fait en forme de ciel de lit, avec un dossier pendant. Umbella, umbraculum. Il n’y a des dais que chez les Rois, chez les Princes, les Ducs, & les Ambassadeurs.

Le dais se met auprès de la cheminée dans les chambres de parade. On tend un dais dans la grand’Chambre quand le Roi y tient son lit de Justice.

Dais, se prend encore pour un ouvrage d’Architecture & de Sculpture, qui est un ornement de bois, de bronze, de fer, qui sert à couvrir, à couronner un autel, un trône, un tribunal, une chaire de Prédicateur, une œuvre d’Eglise, &c. Ces sortes de dais sont faits en forme de pavillon, de couronne fermée, de consoles adossées. Voyez encore Baldaquin.

Il y a aussi des dais portatifs sur quatre colonnes, sous lesquelles on porte le S. Sacrement. On les appelle aussi le ciel. Les plus notables bourgeois portent le ciel ou le dais à la Procession de la Fête-Dieu. On présente aussi un dais aux Rois, aux Reines & aux Légats qui font leur entrée en cérémonie en quelque ville. Les Echevins ont présenté, ont porté le dais, &c.

Haut dais, est un trône ou un lieu élevé où le Rois donnent leurs audiences, & où ils se tiennent dans les cérémonies publiques, soit qu’il y ait un dais dessus soit qu’il n’y en ait point.

Ce mot vient de ce qu’anciennement on les faisoit comme un couvercle d’ais ou de Menuiserie, qu’on revêtoit de riches étoffes. On a prononcé autrefois ders. Nicod.

Ménage dit qu’il vient de dossium fait de dorsum, d’où l’on a fait dois & dais. On dit aussi qu’on a appelé dois une table entourée de bancs à dos, & couverte par en haut pour garantir de la poudre du plancher : il étoit en usage dès le tems des Romains. On trouve dans la basse latinité, dagus, qu’un vieux glossaire explique par ἐπίσελλιον, la garniture d’une chaise, d’un fauteuil, le tapis que l’on met dessus. Meursius prétend que dagus est le mot François dais : car un dais n’est pas ce qui se met sur un siége pour le couvrir, mais ce qui s’étend au-dessus de la tête de celui qui est assis. Au reste, dais n’est pas un mot nouveau dans la langue ; Matthieu Paris le rapporte dans les vies des Abbés de S. Alban, pag. 92.

L’origine & le premier usage des dais vient de ce qu’on exposoit les corps des Princes après leur mort sur des lits ou des dais magnifiques & de parade, comme on fait encore à présent. Ainsi Constantin fut exposé durant plusieurs jours, & servi avec les mêmes cérémonies que s’il eut été vivant. Les Payens exposoient aussi sur des lits ou des dais les images de leurs Dieux, on leur faisoit de magnifiques festins ; & les Prêtres qui présidoient à ces festins, qui en avoient l’intendance, étoient appelés Epulones. Voyez ce mot.

DAISCHOU ou DAISSAT. Terme de Relation. Nom de la douzième partie des vingt-quatre, dans lesquelles l’année des Cathaïens est divisée. Chaque partie est de quinze jours, & tient lieu à ces peuples de semaine, de sorte que leur année est de 360. jours.

DAISSAT. Voyez le mot précédent.

DAKON. s. m. Pierre bleue semblable à du corail, que les femmes de Guinée portent dans les cheveux, pour servir d’ornement.

DAL.

DALANGUER (Montagnes de). Grande chaîne de montagnes dans les Etats du Mogol. Dalangeræ montes. On les appelle aussi montagnes de Naugracut, parce qu’elles environnent cette Province du côté du nord, & en partie du côté du couchant. Naugracutii montes.

DALÉBOURG. Petite ville de la Dalie, Province de Suède Daleburgum. Maty.

DALÉCARLIE. Province de la Suède propre. Dalecarlia. La Dalécarlie est bornée au couchant & au nord par les montagnes de Norwège, au levant par l’Helsigie & la Gestricie, au midi par la Westmanie & la Wermelande. La Dalécarlie est très-vaste, mais toute couverte de hautes montagnes, & n’a que des bourgs & des villages, dont Idra est le principal. On y trouve quantité de mines de fer & de cuivre, dont quelques-unes sont d’une prodigieuse profondeur. Ses habitans sont rudes, belliqueux, robustes, & on remarque que les grandes révolutions arrivées en Suède, ont presque toujours commencé & fini par cette Province.

DALEM. Petite ville des Pays-Bas dans le Limbourg Hollandois. Dalemum. Elle est capitale d’un Comté qui a eu autrefois ses Comtes particuliers ; c’est pour cela que les Flamands la nomment encore Gravendale, c’est-à-dire, la Dalem, ou la vallée des Comtes. Maty.

DALEPON. Terme de Fleuriste. Tulipe couleur de brique, le fond noir. Morin.

DALIE. Province de Suède dans la Westrogothie, c’est à-dire, dans la partie occidentale de la Gothie. Dalia. Elle s’étendoit autrefois jusqu’en Norwège. Elle a aujourd’hui des bornes plus étroites. Hoffman, Maty.

DALKETH. Petite ville de l’Ecosse méridionale dans la Lokiane, sur la rivière d’Esk. Dalketum.

DALLE ou DARNE. s. f. Tranche ou morceau de Poisson, entr’autres du Saumon & de l’Alose.

Ménage après Bochart, dérive ce mot de l’Anglois deal, qui signifie portion. En quelques lieux on dit une darne de Saumon, & l’Académie le préfere à dalle. Borel dit qu’en Normandie on dit dale, ou dele, pour signifier une tranche, & qu’il vient du Latin taleola. Du Cange dit que darn est un mot Bas-Breton, qui signifie une partie, & ainsi il faut dire, darne de Saumon, & non pas dalle, comme on dit abusivement à Paris. En Auvergne on dit dearne. Offa, offella. Mr. Huet dit que ce mot vient de l’Anglois deal, qui signifie portion ; & deal, du mot Allemand theil, qui signifie partie.

Dalle. Terme de Marine. Petite auge qui sert dans un brûlot à conduire la poudre aux choses combustibles. Vas, vasculum. On appelle aussi dalle, un petit canal qu’on met sur le pont d’un vaisseau pour recevoir l’eau.

Dalle, est encore une grande pierre de liais, telles que sont celles qui sont élevées dans les cuisines, qui servent à laver. Lapis ad expurganda vasa coquinaria.

Dalle se dit plus généralement des pierres dures débitées par tranches de peu d’épaisseur, dont on couvre les toits des bâtimens, les terrasses, les balcons, & d’où l’eau s’écoule par les têtes de lion, & par les gargouilles & gouttières taillées sur la plus haute cymaise de la corniche des murs, Stillicidia lapidea. On fait aussi du carreau de dalles. On appelle dalles à joints recouverts, celles qui étant feuillées avec une moulure dessus en manière d’ourlet en recouvrement, servent de couverture.

Dalle, est aussi une pierre dure qui sert à aiguiser les faulx à faucher, dont on fait grand trafic en Lyonnois, en Auvergne, & ailleurs. Cos.

Dalle a encore en Normandie la signification d’évier, égoût, trou par où les eaux s’écoulent.

Dalle en ce sens pourroit venir de l’Anglois dalle, vallée. Huet.

Dalle. Monnoie de compte, dont on se sert dans plusieurs villes d’Allemagne, pour tenir les livres de commerce & de banque. La dalle vaut trente-deux sous lubs, ce qui revient à quarante sous de France, le sou lub valant un peu plus que le sou tournois. Dict. de Commerce. On exaltoit le labeur de M. de Lyon, qui forgeoit une loi fondamentale par laquelle il seroit porté que quiconque parleroit de paix de vingt ans, ou demanderoit le commerce libre, & regretteroit le bon tems passé, seroit envoyé en exil à Soissons, comme hérétique & malheutre, ou paieroit à la bourse de l’Union certaine quantité de Dalles, pour l’entretenement des Docteurs. Sat. Mén. t. 1. p. 198.

Dalle & Dallée. Dans quelques Coutumes ces mots signifient fosse, en Latin fossa.

DALLER, qu’on appelle aussi Dallet ou Tallet. s. m. Monnoie d’argent à-peu-près de la valeur de l’écu de France de 60 sous. Les dallers se fabriquent en plusieurs états de la haute & basse Allemagne.

☞ DALLON. Voyez Dalot.

DALMACE. Nom d’homme. Dalmatius. Constantius Chlorus avoit eu Jules Constantius d’une autre mere que Constantin le Grand, c’est-à-dire de Théodore ; & de la même femme Constantius Chlorus avoit un autre fils Dalmace, surnommé Hannibalien, que Constantin son frere fit Censeur. Celui-ci avoit laissé deux fils, Jules Dalmace & Claude Hannibalien. Constantin avoit donné à Dalmace le titre de César avec la Thrace, la Macédoine & l’Achaïe. Fleury. Les Antiquaires disent toujours Dalmatius, & point Dalmace. Il y a aussi un Saint Dalmace ou Dalmatius, Abbé.

DALMANUTHA. Lieu ou petite contrée située entre le lac de Génésareth & la Décapole. Dalmanutha. Le P. Lubin croit que ce pouvoit être une ville. Communément on prend Dalmanutha pour un petit pays. Quoi qu’il en soit, Dalmanutha étoit dans la demi-Tribu de Manassé, au-delà du Jourdain. Dans