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Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 3/071-082

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Fascicules du tome 3
pages 61 à 70

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 3, pages 71 à 82

pages 83 à 90


vers, les encéphales, les pulmonaires, les hépatiques, les spléniques, les cardiaires, les péricardiaires, les sanguins, les vésiculaires, les héléophages, les cutanées, les ombilicaux & les vénériens.

CUTHÉEN, enne. s. m. & f. Quelques-uns écrivent Chutéen, mais premièrement il faudroit écrire Cuthéen. 2o. Les Bibles Latines écrivent Cutheus, & nos interprètes Cuthéen ; celui-ci est plus selon l’usage, & par conséquent il faut le suivre. Les Cuthéens étoient des peuples de l’Orient ainsi nommés de la contrée appelée Cutha, Province du Royaume d’Assyrie. Il y eut une colonie de Cuthéens transplantée à Samarie après la destruction de ce Royaume par Salmanasar. Tourmentés par des lions, ils crurent que pour s’en délivrer il falloit adorer le Dieu de ce pays. Ils obtinrent du Roi d’Assyrie un des Prêtres Israëlites emmenés captifs. Il leur apprit la loi de Moïse, & ils joignirent le culte du vrai Dieu à celui de leurs idoles. Ils adoroient une Idole que l’Ecriture nomme Nergel, 4. L. des Rois XVII, 28. & suivans. Voyez sur les Cuthéens le P. Souciet Jésuite, Dissert. sur les Médailles Hébraïques, p. 58.

CUTICULE. s. f. Terme de Médecine, qui se dit de la petite peau qui couvre la peau. C’est une membrane très-mince qui enveloppe extérieurement tous les corps. On l’appelle autrement Epiderme, & plus communément sur-peau. Cuticula. Riolan, & quelques autres après lui, ont dit que la cuticule des femmes n’avoit point de pores : Molinette soutient le contraire, par la raison qu’elles suent aussi bien que les hommes ; mais il remarque que cela est vrai des chiens & des chats, qui ne suent jamais, quelque fatigue qu’ils aient.

CUTZUBITE, ou CUZUBITE. s. m. & f. Nom de secte. Cutzubita, Cuzubita. On donna ce nom à Rome aux Donatistes, comme nous l’apprend S. Augustin dans sa lettre 175e. des anciennes éditions, T. II. p. 287. On croit que ce nom vient de Cuzuba, Cuzubica, & Cuzubita, nom du Monastère des Donatistes. Quoique plusieurs manuscrits écrivent Cutzupitæ dans S. Augustin, ce n’est point une preuve suffisante pour croire qu’il faut dire Cutzupite, plutôt que Cuzupite. Le son du z qui équivaut à ts ou tz, ds, ou dz, a pu faire ajouter ce t aux Copistes, sur-tout quand on leur dictoit ce qu’ils écrivoient.

CUV.

CUVAGE. s. m. Terme de pratique. Lieu où l’on met les cuves, ou les cuves mêmes dont un héritage doit être garni. Celui qui baille à terme un bien de campagne, doit fournir ce qui est porté par le bail, pour le ménagement des héritages, & pour la récolte des fruits, comme les granges, cuvages, pressoirs & autres choses, selon qu’il est convenu ou réglé par l’usage. Domat. Loix civiles.

CUVE. s. f. Grand vaisseau de bois, rond, composé de doëles, ou douvelles exactement appliquées l’une à l’autre, & entourées de cerceaux qui lient ces doëles, garni d’un fond seulement. On se sert des cuves pour mettre la vendange & fouler le raisin que l’on y laisse, plus ou moins, selon que l’on veut laisser prendre plus ou moins de couleur au vin. Lacus vinarius, cupa. On dit que la cuve de Clairvaux tient quatre cent muids. Abbreuver une cuve, c’est y mettre de l’eau pour la laver, la nettoyer, l’imbiber, & faire renfler le bois afin que les fentes que la sécheresse y a faites depuis qu’elle n’a servi, se bouchent, & que le vin ne s’écoule point.

Ce mot vient de cupa. Nicod. Mais Ménage, après Saumaise, observe que ce mot de cuve vient de cupa avec un simple p, mais quand il y a deux p, il signifie un vaisseau à boire, telle qu’est une coupe. D’autres le font venir du mot habel Allemand, signifiant la même chose. Dès le XIIe siècle ce mot étoit dans la langue, comme il paroît par les Actes de S. Outrille Archevêque de Bourges, écrits en ce siècle, C. 1. n. 8. Acta SS. Maii T. V. p. 250. * D. Mais ce mot cupa signifioit alors un tonneau, dans lequel on entonne, & l’on conserve le vin ; & non point le grand vase où l’on met la vendange avant que de la pressurer.

☞ On donne le même nom aux grands vaisseaux dans lesquels les Brasseurs font fermenter les grains avant que de les cuire dans les chaudières.

Cuve, se dit aussi des autres vaisseaux amples pour recevoir des liqueurs. Labrum. Une cuve pour se baigner, qu’on appelle autrement une baignoire, ou cuve de bain. On baptisoit autrefois dans une cuve.

Cuve chez les Teinturiers, est un grand vaisseau dont ils se servent pour teindre les étoiles.

Cuve, se dit aussi de la teinture même qui y est contenue. Une cuve de cochenille, une cuve de fleurée.

On appelle des fossés à fond de cuve, des fossés escarpés, & qui ont peu de talus, dont les deux côtés sont presqu’à plomb. Fossæ cujus latus paulùm declive est.

On dit proverbialement, Déjeuner à fond de cuve, pour dire, Déjeuner amplement.

CUVEAU. s. m. Petite cuve, Labellum. Un cuveau suffit pour ma vendange de cette année.

Cuveau, est aussi, selon Liger, un vaisseau de bois, entouré de cerceaux, mais beaucoup plus petit qu’une cuve, dont on se sert pour recevoir le vin qui coule de dessus le pressoir. Hâtez-vous de porter le vin du cuveau, autrement il sera trop plein. Liger.

CUVÉE. s. f. La quantité de vin qui se fait en une seule fois dans une cuve. Plenum vindemiâ labrum. Les Marchands distinguent leur vin par cuvées, car elles ne sont jamais également bonnes. Vin de la première, de la seconde cuvée. Je veux du vin de la même cuvée.

On dit figurément & familièrement de deux contes ou histoires qui sont presque d’un même genre, de même nature, ils sont tous deux de la même cuvée. Ex eodem fonte.

☞ On dit aussi en voici d’une autre cuvée, pour dire, voici une histoire, un conte qui ne vaut pas mieux que le premier.

☞ CUVER, v. n. demeurer dans la cuve. On le dit du vin qu’on laisse quelques jours dans la cuve avec la grappe. Ce vin n’a point cuvé. Fermentescere. Faire cuver du vin, c’est laisser fermenter dans la cuve le raisin avec le moût, pour faire le vin, & lui donner par-là le corps, la couleur & la qualité qu’il doit avoir.

Cuver son vin, se dit pour dormir après avoir bu avec excès. Dans ce cas il est actif. Vinum, crapulam edormire, exhalare, discutere, edormiscere, obdormiscere. Ne disputez point avec un homme ivre, laissez-lui cuver son vin.

On dit figurément & familièrement d’un homme qui est extrêmement en colère, qu’il faut lui laisser cuver son vin ; pour dire, qu’il lui faut laisser passer sa colère.

Cuvé, ée. Part. Le vin trop cuvé sent la grappe.

CUVETTE. s. f. Petit vaisseau en forme de cuve, fait de cuivre, d’argent, de marbre, &c. qu’on met dans les salles où l’on mange pour y jeter l’eau dont on s’est javé les mains, ou dont on a rincé les vers. labellum.

Cuvette ou Cunette, en termes de Fortification, est un petit fossé assez souvent plein d’eau, pratiqué dans un fossé qui est sec d’ailleurs. Il est d’ordinaire large de 17 à 20 pieds, & profond. Il sert pour empêcher l’ennemi de traverser si facilement le fossé. Fossula aquâ plena in aridâ fossâ majore cavata. Remarquez néanmoins que souvent ce fossé est sec, ou avec très-peu d’eau, & que celle qu’il a communément, n’est pour l’ordinaire qu’un amas fortuit.

Cuvette. Terme de Plombier. C’est dans les bâtimens un vaisseau de plomb qui reçoit l’eau des toits qui coule le long des cheneaux qui sont autour des couvertures, d’où elle descend par les tuyaux de plomb qui sont le long des murs. Compluvium.

Il y a des cuvettes en entonnoirs, il y en a en hottes.

Cuvette, en Jardinage, est un vaisseau de plomb ou de cuivre, qui reçoit l’eau d’une source pour la distribuer ensuite à différens endroits.

CUVIER, se dit aussi des vaisseaux semblables pour tirer les sels lexiviels des terres. Dans cette salpêtrière il y a tant de cuviers, où l’on fait couler continuellement le salpêtre. Les tripières, les poissonnières sont ordinairement assises dans des cuviers.

☞ CUZISTAN. Voyez Kousistan.

CY.

CY. Voyez CI.

CYA.

CYANÉES. Petites isles, ou plutôt rochers du Bosphore de Thrace. Cyaneæ insulæ. Les isles Cyanées étoient si proches l’une de l’autre, que les Poëtes ont dit qu’elles étoient mouvantes, & qu’elles s’approchoient l’une de l’autre, parce qu’en les regardant d’un côté, elles paroissoient séparées, & qu’en s’éloignant un peu de l’autre côté, elles sembloient s’approcher & se joindre. Valerius Flaccus, dans ses Argonautes, les appelle tantôt Cyanées & tantôt Symplégades. Au reste, ne vous étonnez point si je ne vous marque point ici les isles Cyanées. Busbequius ne fut pas plus heureux que moi à les rencontrer, & si vous portez assez de respect aux Poëtes pour croire que ce qu’ils en disent est véritable, vous excuserez bien ces vagabonds, qui étoient allés se promener ailleurs. Du Loir, p. 74.

☞ CYATHE. s. m. Mesure Romaine qui contenoit autant de vin qu’on en pouvoit boire d’un seul trait. Cyathus. C’étoit un petit vase avec lequel on puisoit le vin dans un autre plus grand.

CYB.

CYBAR. s. m. & nom propre d’homme. Eparchius. Eparchius, que nous appelons S. Cybar, fils de Felix d’Oriol & de Principe, naquit à Perigueux de l’une des meilleurs familles de la ville. Baillet. Il fut réclus à Angoulême, & mourut en 581. Ce mot s’est formé du Latin Eparchius, ou plutôt de Saint & d’Eparchius, Saint Epar, Saint Par, Sypar, Cybar, par une étrange corruption.

CYBÉBÉ. s. f. & nom de Divinité. Cybebe, Cybebia. La Déesse Cybébé étoit la même que Cybèle, appelée Cybébé, Κυϐήϐη, Κυϐήϐα, Κυϐήϐις, de Κυϐήϐειν, tourner, remuer violemment la tête, parce que les Prêtres Gaulois de cette Déesse, la remuoient, & la tournoient ainsi dans leurs enthousiasmes & leurs cérémonies. Voyez Vossius, De Idol. L. II. c. 52.

CYBÈLE. s. f. Nom propre d’une Déesse Phrygienne. Cybèle. On l’appeloit encore la Grande Mere, Magna Mater, la Mere des Dieux, Mater Deorum ; Ops, Ops, Rhée, Rhea ; Vesta, Vesta ; la Mère Idéene, Idæa mater ; Dindymène, Dindimène, & Bérécynthe, Berecynthia. Cybèle étoit fille du Ciel & de la Terre, & femme de Saturne. On l’appela Cybèle, d’une montagne de Phrygie du même nom, Cybelus mons, au sentiment d’Hesychius ; & c’est, dit-on, parce qu’elle fut exposée sur cette montagne, & nourrie par des bêtes. Festus croit que ce mot vient de Κυϐιστεῖν τὴν κεφαλήν, ce qui signifie danser sur la tête ; en effet les Prêtres Gaulois de cette Déesse, faisoient de ces sortes de danses. D’autres disent que ce nom vient de Κύϐος, un cube, qu’il fut donné à Cybèle, parce que Cybèle étoit la Terre. Cependant elle étoit fille de la Terre ; mais il se pourroit faire que dans la fable on les eût souvent confondues ensemble, comme bien d’autres Divinités ; & certainement on les confondoit, puisqu’on l’appelle Ops ; car Ops étoit la Terre, dit Ciceron. On lui attribuoit l’invention du tambour, de la flûte & de la cymbale. Le Pin lui étoit consacré, parce que le jeune Athys qu’elle aimoit, fut métamorphosé sous cet arbre, ou qu’il se punit lui-même sous cet arbre de son infidélité à l’égard de cette déesse. C’est pour cela que dans les sacrifices qu’on lui faisoit tous les ans, & dont Prudence, dans l’hymne de S. Romain v. 196, & Firmicus, De errore prof. Relig. parlent, on coupoit un Pin, & on lioit au milieu la figure d’un jeune homme. Vers l’an 550. de Rome, sur un mot que l’on trouva dans les Sybilles, en y cherchant autre chose, & sur une réponse de l’Oracle de Delphe, les Romains demandoient au Roi Attalus la Mere Idéenne. Ce Prince leur fit donner une pierre que l’on conservoit à Pessinunte en Phrygie, & que les habitans disoient être la Mere des Dieux, on l’apporta a Rome avec beaucoup de cérémonie, & on la plaça dans le Temple de la Victoire qui étoit sur le mont Palatin. Tite Live raconte cet événement. L. XXIX. C. 10. 11. 14. Silius Italicus le décrit en vers dans son XVIIe. Livre. Strabon L. X. & Suétone dans Tibère, C. 2. en parlent aussi. Tous les ans les Préteurs lui faisoient un sacrifice d’une truie. Un Prêtre & une Prêtresse Phrygienne en étoient les Ministres. Habillés d’une robe de différentes couleurs à la manière de leur pays, ils portoient la statue de la Déesse en Procession dans les rues de Rome, frappant leur poitrine, jouant du tambour de basque, & demandant l’aumône à tous ceux qu’ils rencontroient. Voyez Rosin, Antiq. Rom. L. II. C. 4. & les augmentations de Dempster. Voss. De Idol. L. I. C. 20. L. II, C. 52. 53. 54. Les Prêtres de Cybèle s’appeloient Galles, Galli, leur Chef Archigalle, Archigallus. On lui consacroit le cœur des animaux, pour montrer qu’elle étoit la cause de leur génération, dit Phurnutus, ou parce que c’est le principe de la vie ou, comme dit Vossius, pour marquer qu’on se dévouoit à elle de tout son cœur.

Servius a cru que Cybèle avoir été appelée ainsi ἀπὸ Κυϐιστᾶν τὴν κεφαλήν, de ce que les Prêtres tournoient & agitoient violemment la tête dans ses sacrifices ; mais Strabon, dont Vossius préfère en cela l’autorité à celle de Servius, dit que ce nom lui fut donné de la montagne Cybelus en Phrygie. Etienne de Byzance, Festus, Suidas, & l’Etymologiste, sont du même sentiment.

CYBENDIS. Voyez Calcis.

CYBERNÉSIES. s. f. pl. Fêtes que Thésée institua en l’honneur de Nausithée & Pheax, qui faisoient l’office de Pilotes en son expédition de Crète. Du Grec κυβερνάω, je gouverne.

CYC.

CYCÉON. s. m. Κυκεών, de κυκάω, mêler. Les Latins rendent ce mot par cinnum. Le sentiment le plus commun est que le cycéon des Grecs étoit une composition faite de vin, de miel, de fine fleur de farine d’orge, d’eau, de fromage, & de la consistance de la bouillie. Il paroît qu’il y en avoit de deux espèces : l’une grossière, faite d’eau & de farine, l’autre plus fine & plus délicate, faite de vin, & de différentes espèces de farine, de fromage & quelquefois de miel. Les Grecs entendoient aussi par ce mot, toute boisson ou mélange composé d’ingrédiens de différente nature, selon le genre de la maladie & l’intention du Médecin. Voyez le Dict. de James.

☞ CYCINNIS. s. f. Nom d’une danse des Grecs, moitié grave, moitié gaie.

CYCLADES. C’est le nom ancien d’une des îles de l’Archipel, qui font une espèce de cercle au tour de Delos, ce qui leur fit donner ce nom. Κύκλος en Grec signifie cercle, & de là κυκλάς, κυκλάδος, cyclas, cycladis, un amas de plusieurs choses disposées en rond, en cercle. Bochard va plus loin, & veut que ce nom leur ait été donné par les Phéniciens, & qu’il vienne du Phénicien ; car, dit-il, Chanaan L. I. c. 14. גיגלא, Gigla, pour כלגא, signifie en Phénicien un cercle. Les principales Cyclades étoient Andro, Andros ; Zéa, Cea ; Sdille, Delos ; Micoli, Micone ; Naxia ou Naxi, Naxud ; Quinanco, Oliaros ; Pario, Paros ; Morgo, ou Rhenia ; Zorphanto, Seripius ; Ciphano, Siphuus ; Siro, Siros ; Thine, Thinos. Elles sont aujourd’hui sous la domination du Turc, peuplées de Chrétiens qui suivent le rit Grec, & dont plusieurs sont Schismatiques, & d’autres Catholiques. Il y a aussi des Eglises du rit Latin.

CYCLAMEN. s. m. Voyez Pain de pourceau. Cyclaminum. C’est la même plante.

Ce mot vient de κύκλος, cercle ; & l’on a donné ce nom à ces sortes de plantes à cause de la figure de leurs feuilles & de leur racine.

CYCLAMOR. s. m. Terme de Blason, qui se dit d’une manière de bordure que quelques-uns nomment Orlerond. Limbus. La Maison de Barbaro à Venise porte d’argent à un cercle, ou cyclamor de gueules.

Ce mot vient de ce qu’il représente la bordure d’or d’une robe qui s’appeloit cyclas chez les Grecs & les Latins, à cause de sa figure ronde, comme qui diroit cycle en or ; & on appeloit aussi autrefois une robe cyclée, pour dire, bordée.

CYCLE. s. m. Est une période, une révolution d’un certain nombre d’années ; après lesquelles le soleil & la lune sont censés revenus au même point du ciel d’où ils étoient partis. Les Juifs ont un cycle de 84. ans, ou une ogdoécontatessaraétéride, comme S. Epiphane nous l’apprend dans l’hérésie LI. qui est celle des Alogiens. Le P. Petau & le P. Boucher ont donné des traités sur le cycle des Juifs, ou l’ogdoécontatessaraétéride. Il y a maintenant trois cycles principaux. Le cycle solaire ou des lettres Dominicales, le cycle lunaire & le cycle de l’indiction.

CYCLE SOLAIRE. Terme du comput Ecclésiastique. Cyclus solaris. Par le mot cycle, on entend une suite de certains nombres qui vont successivement, & sans interruption l’un après l’autre dans leur ordre, depuis le premier jusqu’au dernier, d’où retournant immédiatement au premier, il se fait une espèce de circulation perpétuelle. Ainsi le cycle solaire, c’est la révolution de 28. ans qui commence toujours par 1. & finit par 28. après laquelle toutes les lettres qui marquent le Dimanche & les autres Fériés, reviennent dans le même ordre où elles étoient. La réformation du Calendrier par le Pape Grégoire XIII. apporta un grand changement dans le cycle solaire. Il est ainsi appelé, non pas à cause du cours du soleil, qui ne contribue rien à cette supposition, mais parce que le Dimanche est appelé par les Astronomes, le jour du soleil, & que la lettre Dominicale est celle qu’on cherche principalement dans cette révolution. Les lettres Dominicales qui sont les sept premières lettres de l’Alphabeth, ont été substituées en la place de huit lettres Nundinales des Romains. Voyez Dominicale.

Le cycle solaire ou des lettres Dominicales est de 28. ans, parce qu’après 28. ans les lettres Dominicales recommencent à se trouver aux mêmes jours de l’année qu’elles étoient la première année de ces 28 ans, & qu’elles ont été pendant tout le cycle, en sorte que si la première des 28. années étoit bissextile, & qu’elle eût pour lettre Dominicale GF l’année suivante E, & ainsi des autres, après 28. ans ou la 29e année suivante aura encore GF, la suivante, E, &c.

Pour trouver le cycle solaire en telle année qu’on voudra, il faut ajouter 9. à l’année proposée, & diviser le tout par 28. & le reste sera le nombre des années du cycle solaire, & le quotient sera le nombre des révolutions depuis Jesus-Christ. S’il ne reste rien à la division, on sera à la 28. & dernière année du cycle solaire. Par exemple à 1740. ajoutez 9, la somme est 1749 ; divisez 1749 par 28, vous aurez 13 de reste après la division. Ainsi 13 est le cycle solaire de l’année 1740 de J. C. Voici deux vers techniques qui peuvent servir à retenir cette méthode.

Junge annis Domini ter ternos, perque viginti
Octo seca summam, cyclus solaris natetur.

Voilà pour les années depuis J. C. Pour celles qui précèdent la naissance de J. C. prenez l’année de la période Julienne, qui répond à l’année avant Jesus-Christ proposée. Divisez cette année de la période Julienne par 28, le restant après la division faite est le cycle solaire de cette année-là. Cette règle peut encore servir pour les années après J. C. & généralement pour trouver le cycle solaire de quelque année que ce soit avant ou après J. C. Voyez quelle est cette année-là dans la période Julienne, & divisez cette année de la période Julienne par 28, le restant après la division est le cycle solaire. Pour savoir quelle est une année quelconque dans la période Julienne, il n’y a qu’à se souvenir que la première année de J. C. est l’année 4714 de la période Julienne. Ainsi de 4714 retranchez l’année avant J. C. proposée, & ajoutez, à 4713 l’année après J. C. proposée, & vous aurez l’année de la période Julienne qui y répond.

Cycle Lunaire, autrement appelé le Nombre d’or, ou Ecclésiastique. Cyclus Lunaris. C’est une période de la révolution de 19 années lunaires, & de 7 mois embolismiques, ou intercalés, qui reviennent à 19 années solaires, laquelle fut inventée par Méthon Athénien, lequel observa qu’au bout de ce tems la lune recommençoit à faire les mêmes lunaisons. Avec le tems il s’est trouvé un peu d’erreur dans cette observation, car les nouvelles lunes retournoient bien au même jour après le cours de ces 19 années ; mais près d’une heure & demie plutôt. Ce cycle est de 19 nombres, qui se suivent successivement, sans interruption dans leur ordre naturel, depuis le 1 jusqu’au 19 l’on continue la même circulation jusqu’à l’infini. Chacun de cas nombres répond à une année du cycle de 19 ans. Il fut reçu par les premiers Chrétiens pour déterminer par un ordre certain les jours des nouvelles lunes Paschales dans le cours des années. Ceux qui ont travaillé au Calendrier de l’Eglise ont arrangé les nombres du cycle lunaire, en supposant que les nouvelles lunes devoient précisément retourner au même point & à la même heure, de 19 ans en 19 ans & cela à perpétuité. L’usage de ces nombres étoit tel, que chacun d’eux enseignoit les nouvelles lunes au jour où il se trouvoit, & dans les années dont il étoit le nombre d’or. Comme les Orientaux commencèrent à se servir du nombre d’or au tems du Concile de Nicée, ils prirent pour la première année du cycle la nouvelle lune Paschale qui se rencontra au 13 de Mars, & ils donnèrent à ce jour-là le nombre d’or 1. Or en supputant sur ce pied-là, le cycle lunaire 3 tombe au 1 de Janvier de la 3e. année. Au contraire les Chrétiens d’Occident apposerent le nombre 1 au 1 de Janvier, & cette différence en apportoit beaucoup dans le tems de la célébration de la Pâque. C’est pourquoi Denys le Petit, en dressant une nouvelle forme de Calendrier, persuada aux Chrétiens d’Occident, pour faire cesser cette diversité, de le conformer à l’usage de ceux d’Alexandrie, ou d’Orient, en plaçant le cycle 3 au 1 de Janvier. D’où s’ensuit que le nombre 3 se trouvant à la 1 année du cycle, celui de la 19 est nécessairement le 2 d’où l’on retourne à la première année du cycle suivant, marqué par le nombre 3 en conservant le même ordre par une circulation perpétuelle. Blondel. Observez que, dans la distribution du cycle lunaire dans chaque mois du Calendrier, chaque nombre précède de onze jours celui qui est moindre que lui d’une unité. Ainsi en mettant le nombre 12 au 12 de Janvier, le nombre 1 qui est moindre d’une unité ne se trouvera qu’au 23 de Janvier ; c’est-à-dire, onze jours après. Id. Le cycle lunaire, dans l’ancien Calendrier, montroit le jour des nouvelles lunes de chaque année ; mais il ne sert dans le nouveau qu’à trouver les épactes, lesquelles font voir dans chaque Calendrier que les nouvelles lunes arrivent tous les ans onze jours plus tard. Le cycle lunaire a été appelé ennéadécaétéride, ou la période de Méthon. Le nombre d’or, ou cycle lunaire servoit à marquer les nouvelles lunes, & à fixer la célébration de la Pâque dans l’ancien Calendrier ; mais il est inutile dans le nouveau. On y a substitué les épactes.

Cycle de l’Indiction, est une révolution de trois lustres, ou de 15 années, après lesquelles on recommence à compter, par une révolution continuelle, comme dans tous les autres cycles. Cyclus indictionis. Ce nouveau cycle fut établi par le Grand Constantin, qui voulut que l’on comptât à l’avenir par Indictions, & non plus par Olympiades. Voyez sur les cycles le P. Petau, de Doct. temp. L. VII. C. 3, & Ration. Temp. L. I. C. 3. Dodwel imprima en 1701 à Londres un in 4o. De veteribus Græcorum Romanorumque cyclis, obiterque de cyclo Judæorum ætate Christi.

Cycle, se dit non seulement en général de tous les nombres qui le composent, mais aussi en particulier de chacun de ces nombres. Ainsi on compte que la première année de notre époque commune & ordinaire depuis la naissance de Jesus-Christ, avoit le cycle lunaire 1, le cycle solaire 10 avec la lettre dominicale B, & le cycle de l’indiction 4. La première année de Denys le Petit avoit le cycle lunaire 1 & 9 du cycle solaire, &c.

Cycle lunisolaire. Voyez Lunisolaire. C’est un cycle conciliant les mouvemens de la lune & du soleil, en sorte qu’à la fin de ce cycle ils se trouvent tous les deux au même point du ciel d’où ils étoient partis au commencement du cycle.

CYCLÉE. s. m. Terme de Mythologie. Cycleus. Habitant de Platée dans la Béotie, que ses compatriotes honorèrent comme un Dieu : Ce fut la Prêtresse d’Apollon Pythien qui le leur ordonna pendant la guerre contre les Médes. Vossius, Idolatria, L. 1, c. 13.

CYCLIQUE. adj. de t. g. Qui appartient aux cycles, ce qui les regarde & les concerne. Le Journal des Savans du 15 Mai 1679 ; dit, en parlant de la nouvelle méthode pour tracer des cadrans solaires sur toutes sortes de surfaces planes, que ce qu’il y a de plus particulier dans cet ouvrage, est la manière de construire un cadran cyclique fort curieux.

Cyclique. C’est le nom que l’on donne également à certains Poëtes & à de certains Poëmes. Un Poëte Cyclique est celui qui fait des Vaudevilles & autres vers qui se débitent & se chantent au coin des rues, & les Poëmes cycliques sont les Vaudevilles mêmes. Horace appelle Scriptor cyclicus, un auteur qui va lire ses ouvrages dans les compagnies, dans les cercles. L’exemple d’Ovide que Giraldi allègue en sa faveur & celui des autres Poëtes cycliques, qu’il pouvoit aussi alléguer, ne le justifient pas. Huet.

Les parties qui composent les Poëmes cycliques étant toutes des actions détachées. Id.

CYCLOÏDAL, ALE. adj. Terme de Géométrie. Qui appartient à la Cycloïde. Cycloïdalis, e. M. Bernoulli, Professeur à Groningue, a donné des segmens & des secteurs cycloïdaux quarrables, au mois de Juillet des actes de Leipsik de 1699. Ac. d. S. 1781. Mesurer l’espace cycloïdal. L’espace cycloïdal est triple de son cercle générateur. Carré, Ac. des Sc. 1701 Mém. pag. 164. &c.

CYCLOÏDE. s. f. Terme de Géométrie. C’est une ligne courbe qui est décrite par l’extrémité supérieure du diamètre d’un cercle, lorsqu’il se meut perpendiculairement sur une ligne droite : ou pour parler populairement : ce n’est autre chose que la ligne courbe qu’un clou fiché dans le haut d’une roue trace dans l’air, lorsque la roue se meut. M. Huygens a démontré que, de quelque point qu’un corps pesant puisse commencer à descendre, tandis qu’il se meut dans une cycloïde, les temps de la descente sont égaux entr’eux. Cyclois. C’est sur le fondement de cette ligne qu’on a trouvé le moyen de faire une horloge à pendule, dont le même Mr. Huygens a fait un grand volume intitulé Horologium Oscillatorium. Philippe de la Hire, & le Pere de la Loire, Jésuite, ont fait chacun un Traité de la Cycloïde. Quand les plus grands Géomètres du XVIIe siècle se mirent à étudier une nouvelle courbe qu’ils appelèrent la Cycloïde, ce ne fut qu’une pure spéculation, où ils s’engagèrent par la seule vanité de découvrir à l’envie les uns des autres des théorêmes difficiles. Ils ne prétendoient pas eux-mêmes travailler pour le bien public ; cependant il s’est trouvé en approfondissant la nature de la Cycloïde, qu’elle étoit destinée à donner aux pendules toute la perfection possible ; & à porter la mesure du temps jusqu’à sa dernière précision. Fonten. Hist. de l’Acad. Préf.

Ce mot vient du Grec κύκλος, circulus. On l’appelle aussi roulette. On en attribue l’invention au P. Mersenne.

☞ CYCLOMÉTRIE. s. f. L’Art de mesurer des cercles & des cycles.

CYCLOPE. s. m. C’est un nom que les Poëtes ont donné à des habitans de Sicile, qu’ils ont feint être des ouvriers qui travailloient sous Vulcain pour forger les foudres de Jupiter, & qui avoient fait les armes d’Achille & d’Enée. Cyclops. Ils ont été ainsi nommés, parce qu’ils n’avoient qu’un œil rond au milieu du front. Ulysse fut longtemps engagé dans la caverne du Cyclope Poliphême. Selon Théophraste les Cyclopes étoient des peuples de Phénicie qui avoient appris à employer le fer à différens usages, & c’est ce qui a donné occasion à la fable des Poëtes. Les Cyclopes, disent les fables, étoient fils de Neptune & d’Amphitrite ; Hésiode, Théog. v. 199. dit de la Terre & du Ciel. Les principaux & les seuls dont la fable fasse mention sont Brontès, Stéropès & Argès dans Hésiode, Theog. v. 140. Au lieu d’Argès, Virgile, Eneide, L. VIII. v. 425. & Claudien, de Tert. Honorii consulatu, v. 195. mettent Pyracmon, & Ovide, L. IV. des Fastes, v. 287. Acmonides. Polyphême est encore fameux dans Homère, L. IX. de l’Odyssée, dans Virgile, En. L. III. v. 118. dans Apollonius, Argon. L. I. On dit qu’ils étoient cent en tout.

Les Cyclopes sont les premiers habitans de Sicile. Leur taille gigantesque, leur barbarie, leur brigandage & leur voisinage du Mont Etna donnèrent lieu aux fables. Ceux qui veulent que la Physique soit cachée sous les fables, disent qu’on a signifié par là les vapeurs qui produisent les foudres, le tonnerre & les éclairs, comme on peut le voir dans les notes de Barlé sur l’endroit d’Hésiode que j’ai cité. Thucidide, L. I. Justin, L. IV, c. 1. Leander Alberti, dans sa description d’Italie, & Natalis Comes, L. IX. c. 8. de sa Mythologie, parlent aussi des Cyclopes.

Ce mot vient de κύκλος, circulus, & de ὤψ, oculus. Quelques-uns croient que ce mot est formé de κύκλος, cercle, qui au troisième cas, κύκλω, signifie tout-au-tour, à la ronde, & de ὄπτομαι, je vois, d’où se forme ὤψ, ou ὄψ ; de sorte que Cyclope signifie un homme qui est toujours aux aguets, qui jette toujours l’œil çà & là, & que ce nom fut donné aux premiers habitans de Sicile, grands pirates, parce qu’ils étoient toujours sur la côte à considérer s’il ne passoit point quelqu’un à la ronde, pour le voler.

En 1712. On dit qu’il naquit à Coppenhague un Cyclope, c’est-à-dire un enfant qui n’avoit qu’un œil au milieu du front.

On appelle un borgne, en raillant, un Cyclope. Ah le vilain Cyclope !

CYD.

CYDIPPE. s. f. Prêtresse de Junon, mère de Clébis & de Biton.

Cydippe. Une des Nymphes compagnes de Cyrêne, mere d’Aristée.

Cydippe, Nymphe de l’Ile de Délos.

CYDONITE. s. f. Pierre blanche & friable, qui a l’odeur du coignassier.

CYG.

CYGNE. s. m. Gros oiseau aquatique, agréable à voir, qui a le cou long & fort droit, & qui est fort blanc, excepté quand il est jeune. Cygnus. Son cou est long, & composé de 28 vertèbres. Ses jambes, ses pieds & son bec sont noirs ; son bec approche de celui de l’oie ; mais il est un peu plus rond, & un peu crochu en bas par le bout, & a sur le sommet une bosse noire proche de la tête. Les deux côtés du dessous de ses yeux sont noirs & éclatans comme de l’ébene. Cet oiseau étend ses ailes à la manière des voiles, afin que le vent le pousse quand il est dans l’eau. Le cygne n’a que l’aigle pour ennemi, mais l’on assure qu’il en est toujours vainqueur. Michel Glica dit qu’il mange des grenouilles pour se garantir d’une maladie qui le tourmente quelquefois. Il s’apparie au printems, & fait plusieurs petits. Il vit d’herbes à la manière des oies, & de quelques grains, & se plaît dans les lacs, dans les étangs fangeux, & dans les lieux écartés & solitaires, plus que dans les rivières. Les cygnes vont en troupe peur l’ordinaire. Willoughby, dans son Ornithologie, parle d’un cygne qu’on dit avoir vécu 300 ans.

Il y a une espèce de cygne qui a le pied droit comme les serres d’un oiseau de proie. Il en prend & arrête sa proie en plongeant. Son pied gauche est comme celui des autres cygnes, & il ne lui sert qu’à nager. Il y en a beaucoup de cette espèce en Amérique. On en tua un en 1654 dans l’étang de l’Abbaye de Sully près de Dammartin. Cette espèce ne se plaît que dans l’eau, & ne peut être apprivoisée.

M. Rédi, Médecin de Florence & Académicien de la Crusca, sur ce qu’Horace appelle les cygnes qui traînent le char de Vénus, Purpurei, observe qu’il y a véritablement une race de cygnes dont personne n’a encore parlé, & qu’il a souvent vue dans les Chasses de M. le Grand-Duc, lesquels ont toutes les plumes de la tête, & du cou & de la poitrine, marquées à l’extrémité d’une pointe jaune comme de l’or, tirant sur le rouge.

On dit que les cygnes ne chantent que quand ils sont prêts de mourir, & qu’alors ils chantent fort mélodieusement. C’est une erreur populaire. Le cygne étoit consacré à Apollon, comme au Dieu de la Musique, par la raison de l’opinion, ou du conte dont ont vient de parler.

Ce mot vient du Grec κύκνος, cygnus : Cygnus, un cygne, est pris du Celtique Cyn, ou cin. Pezron.

On appelle figurément les Poëtes, les cygnes du Parnasse. On appelle chant du cygne, les derniers vers qu’un Poëte a faits peu de tems avant sa mort.

On dit d’un homme fort vieux, qu’il est blanc comme un cygne, quand il a les cheveux blancs, & la barbe blanche.

Un de nos Poëtes a pris ce nom dans le même sens que nous prenons oison, pour dire un homme sans esprit, une bête.

Orcan prête au Génois des oreilles avides ;
Car malgré le bonheur qui le mit sur les rangs,
C’étoit un cygne des plus francs,
Qui fût jamais sorti des Palus Méotides.

Nouv. choix de Vers.

On dit proverbialement, faire un cygne d’un oison, c’est-à-dire, louer quelque chose excessivement.

Un Cygne, avec ce mot cutis nigerrima subter, seroit une bonne devise pour un hypocrite.

CYGNE. Ordre de Chevalerie institué, dit-on, au VIIIe siècle dans les Etats de Clèves. Beatrix, fille unique de Thierry, Duc de Clèves, qui lui avoit laissé ses Etats en mourant, injustement persécutée par ses voisins, qui vouloient la dépouiller de les biens, se retira dans le Château de Nieubourg, où elle fut défendue par un Chevalier nommé Elie, qu’elle épousa. Les armes de ce Chevalier étoient un Cygne peint sur son bouclier. C’est de là que fut pris le nom de l’Ordre dont nous parlons, & qui fut alors institué par Beatrix & par Elie. Favyn, Théat. d’hon. & de Chev. T. I. L. I. p. 1373. Ménénius, Jos dei Michieli, & J. L. Godefroi, dans son Archontol. Cosmica, écrivent que cet Ordre fut institué par Salvius Brabon, qu’ils appellent aussi Charles, Duc de Brabant, & qui, selon eux, donna son nom à cette Province, qu’il gouvernoit 50 ans avant Jesus-Christ, selon la Chronologie du P. Riccioli. Voyez l’Abbé Justiniani, Hist. de tutti gli Ord. milit. C. 7. T. 1 p. 86 & suiv. Cette opinion est fondée sur les Antiquités de Flandre de Vassembourg. Voyez encore Michieli, Thesoro Milit. fol. 62. Caramuel, Théolog. Regul. Cette antiquité de cet Ordre est fabuleuse.

Cygne, ou la poule, est un nom que les Astronomes donnent à l’une des 21 constellations septentrionales. Les étoiles des ailes du cygne, celle de sa queue, & la petite rougeâtre de son bec, font une espèce de grande croix.

CYL.

CYLINDRE. s. m. Terme de Géométrie. Corps solide terminé par trois surfaces, étendu en une longueur également ronde, & dont les extrémités sont des cercles égaux : ou bien c’est un corps décrit par une ligne qui parcourt de telle sorte la circonférence de deux cercles égaux & parallèles, qu’elle soit toujours parallèle à celle qui est tirée du centre de ces cercles à l’autre, c’est-à-dire, à l’essieu, lequel passe par les centres des deux cercles qui lui servent de bases. En style vulgaire, c’est un corps d’une figure ronde & longue, & d’égale grosseur par-tout. Cylindrus. Il y avoit au dessus du tombeau d’Archimede une petite colonne avec la figure d’une sphere & d’un cylindre, pour marquer qu’il avoit été l’inventeur de ces deux instrumens. Felib. Archimede a fait un excellent livre de la sphere & du cylindre. Les tours des machines, du cabestan, de la calendre, des presses, sont des cylindres. Lorsque le parallélogramme, par la circonvolution duquel autour de l’un de ses côtés se fait le cylindre, est restangle, le solide qui est décrit par son mouvement, se nomme cylindre droit parce que son axe est perpendiculaire à ses deux bases ; mais quand du même parallélogramme les angles sont obliques, le cylindre que sa circonvolution produit, s’appelle cylindre oblique. On dit que deux cylindres sont semblablement inclinés, lorsque leurs axes font avec leurs bases des angles égaux ; & que deux cylindres sont semblables quand ils sont semblablement inclinés, lorsque leurs axes font avec leurs bases des angles égaux ; & que deux cylindres sont semblables, quand ils sont semblablement inclinés, & que leurs axes sont proportionnels aux diamètres de leurs bases. On appelle cylindre cube, celui dont la hauteur est égale au diamètre de sa base. Le Sieur Petit a fait un traité du cylindre Arithmétique, qu’il appelle Rabdologie, qui sont des bandes de cartons arrangées sur un cylindre qu’on a seulement la peine de tourner. Cette invention vient de Néper, Ecossois.

Cylindre, est aussi un gros rouleau de bois mobile sur deux pivots, qu’un homme ou un cheval tirent, & font passer par dessus un champ labouré, pour casser les mottes, par dessus les avoines, pour les douçoyer, par dessus les allées d’un jardin, pour les unir ou applanir.

☞ Cylindre. Terme de Conchiliologie. Nom d’une classe de coquillage, qu’on nomme aussi rouleau. V. ce mot.

CYLINDRIQUE. adj. Qui a la figure d’un cylindre. Cylindraceus, cylindricus. On fait des miroirs & cadrans cylindriques.

On appelle aussi colonne cylindrique, celle qui n’a ni renflement ni diminution, comme les piliers Gothiques.

CYLINDROÏDE. s. m. Terme de Géométrie. C’est proprement ce qui a la figure d’un cylindre. Cylindroïdes. C’est une figure solide avec des bases elliptiques, parallèles, & situées également. Harris.

Ce mot est composé de κύλινδρος, cylindre, εἶδος, forme.

CYLLÈNE. Nom de lieu. Cyllene. 1o. Cyllène fut autrefois le nom d’un quartier de l’Élide, Province du Péloponnese. 2o. Cyllène fut une ville & un port de mer de cette contrée, & qui lui donna son nom. Méla prétend, L. II. C. 3. que c’est cette ville qui a donné le jour à Mercure. 3o. Cyllène étoit une montagne d’Arcadie qui prit son nom de Cyllène, fille d’Élatus, Roi d’Arcadie. D’autres au contraire, veulent que ce fut de la montagne Cyllène que cette Princesse, qui fut un prodige d’esprit & de beauté, prit son nom. Quoi qu’il en soit, cette montagne est fameuse chez les Poëtes, parce que ce fut là que Mercure fut conçu de Jupiter & de Maïa. C’est pour cela qu’ils l’appellent si souvent Cyllénien, Cyllenius. G. Hornius, Hist. Philol. L. I. C. 7. ne croit pas cependant que cette épithète de Mercure vienne de là. Il la dérive de l’Hébreu כלל, chelil, qui signifie parfait.

CYLLÉNIEN. adj. Epithète de Mercure. Voyez Cyllène.

CYM.

CYMAISE. s. f. Terme d’Architecture. Moulure ondée par son profil. C’est la partie la plus haute de la corniche & qui la termine, qu’on appelle autrement gorge ou gueule droite, ou doucine, & gueule renversée, ou talon. Cymatium. La première de ses parties est convexe, & l’autre concave ; ce qui la rend d’une figure ondoyante. La Cymaise Toscane est un ove, ou quart de rond. La Cymaise Dorique est un cavet, ou moulure en creux, opposée au quart de rond. La cymaise Lesbienne, se prend pour un talon, c’est-à-dire, que la partie d’en haut est convexe, & celle d’en bas concave. Quelques-uns prétendent qu’elle a pris son nom de κυμάτιον, Grec, qui signifie, petite onde : ou plutôt on l’appelle cymaise, parce que c’est la dernière moulure, & qu’elle est comme à la cime de la corniche.

CYMBALARIA. s. f. Plante qui est une espèce de linaire, & qui croît sur les murailles & sur les masures. Elle pousse une infinité de petites tiges menues, pendantes, souples & fort tendres, en forme de cheveux, de la longueur d’un pied, ou d’un pied & demi. Il sort de ces tiges des feuilles semblables à celles du lierre, découpées, molles, lisses, attachées à des queues longues & menues. Ses fleurs sont de couleur de pourpre, attachées aussi à des queues fort menues. Cette plante est fort bonne dans le flux blanc des femmes, si elles en mangent en salade, à ce que Matthiole assure. Voyez Linaire.

CYMBALE. s. f. L’instrument que les Anciens appeloient cymbale, en Latin cymbalum, & en Grec κύμϐαλον, étoit d’airain comme nos tymbales ; Josephe le dit expressément, & souvent les Poëtes l’insinuent, mais il n’étoit pas si grand : il en avoit la forme. C’est pour cela que Cassiodore & Isidore les appellent acétabules, c’est-à-dire, l’emboîture d’un os, la cavité ou la sinuosité d’un os dans laquelle un autre os s’emboîte, parce qu’elle ressembloit à cette sinuosité. C’est encore pour cela que Properce les appelle des instrumens d’airain qui sont ronds, & que Xénophon les compare à la corne d’un cheval, qui est creuse. Cela paroît encore, parce que cymbale s’est pris, non-seulement pour un instrument de malique, mais encore pour un bassin, un chaudron, un gobelet, un casque, & même pour un sabot, tels que ceux qu’Empédocle portoit, & qui étoient de cuivre. Du reste ils ne ressembloient point à nos tymbales, & l’usage en étoit tout différent. Les cymbales avoient un manche attaché à la cavité extérieure : ce qui fait que Pline les compare au haut de la cuisse, coxendicibus, & Raban à des phioles. On les frappoit l’une contre l’autre en cadence, & elles faisoient un son très-aigu. Selon les Payens, c’étoit une invention de Cybèle. De-là vient qu’on en jouoit dans ses sacrifices & dans ses fêtes : hors de-là il n’y avoit que des gens mous & efféminés qui jouassent de cet instrument. V. Ciceron, Or. in Pison. n. 20. & 22.

M. Lampe en attribue l’invention aux habitans du mont Ida dans l’Île de Crète. Les Corybantes, milice qui formoit la Garde des Rois de Crète, les Curètes, peuple de Crète, les Telchiniens, peuple de Rhodes, & les Samothraces, ont été célèbres par le fréquent usage qu’ils faisoient de cet instrument, & leur habileté à en jouer.

Raban décrit les cymbales dans son commentaire sur Judith, Laurent Pignorius, dans ses commentaires, de Servis. Le P. Abraham, Jésuite, en traite dans ses Notes sur l’endroit de Ciceron, dont j’ai parlé. M. Lampe donna en 1703. à Maestricht un Traité sur cette matière, en trois livres, qu’il acheva à l’âge de 17. ans & qu’il imprima à 19. Frederici- Adolphi Lampe de cymbalis veterum libri tres. V. encore Turnebe, Advers. L. XXVI. c. 33. & la 29e note du P. Goar, sur le Ve C. de Codin, où ils marquent une plante dont les feuilles représentent la figure de la cymbale. C’est le nombril de Vénus. Cotylédon.

Ce mot cymbale vient du Latin cymbalum, qui venoit du Grec κύμϐαλον, que l’Étymologiste de Sylburgius tire de trois racines différentes. Car 1o. il dit qu’il est dérivé de κυφίς, courbe. 2o. De κύπελλον, une tasse, un gobelet ; car il faut remarquer avec Saumaise, Reinesius & M. Lampe, que souvent les Grecs ajoutoient ou retranchoient le μ devant le β, ou les lettres qui y répondent, comme le π. Témoin κύμϐη & κύϐη, la tête ; κακαμϐη & κακαϐος, qui se trouvent dans Paul d’Egine pour signifier un plat, un bassin ; dans Homère & dans Catulle, τύπανον, pour τύμπανον, & cent autres. Ainsi de κύπελλον s’est pu faire, selon l’Etimologiste, κύπαλον, κυϐαλον, κύμϐαλον. 3o. Il le tire de φωνή, voix, parce qu’une cymbale résonne. Isidore, L. III. c. 21. tire cymbalum de cum, avec, & ballematica, danse immodeste, qui se dansoit en jouant de cet instrument. La véritable étymologie de ce mot est κύμϐος, cavité.

Dans les siècles postérieurs de la basse Latinité, & chez les Auteurs Chrétiens, cymbale, cymbalum, ne signifie souvent que cloche, & la cloche de l’Eglise & celle du réfectoire y sont appelées cymbales. On en trouvera des exemples dans le Glossaire de Mr Du Cange.

Les Juifs avoient aussi des cymbales qu’ils appeloient צלצלים ou מצלתים, ou du moins un instrument que les anciens Interprêtes Grecs & Latins nomment cymbales, Ps. CL. 5. Et quoique, selon la remarque de De Muis sur cet endroit, il soit impossible au juste de savoir ce que c’étoit que cet instrument, il semble néanmoins qu’il étoit plus approchant des nôtres, que ceux des Grecs & des Romains. Car De Muis lui-même, & tous les Commentateurs conviennent qu’il faisoit beaucoup de bruit, & que c’est le sens de l’épithète que David leur donne à l’endroit que j’ai cité, ou il les appelle צלצלי שמג, tseltseli schemag, des cymbales, qui se font entendre & font beaucoup de bruit ; aussi-bien que celui de l’Apôtre qui l’appelle tinniens, ce que l’on croit revenir à l’Hébreu צלצל תרוע, tsaltsal thervaa, qui signifie une cymbale qui fait un bruit éclatant, un grand bruit. Au reste, si les מצלתים, Metsilthaim, dont il est parlé 1. Paral. XV. 19. étoient, comme on le veut communément & avec beaucoup de raison, le même instrument, ils n’étoient point d’airain chez les Hébreux, mais de fer ou d’acier, נהשת, comme ajoute l’Auteur sacré : mais on jouoit avec deux ensemble, comme on le fait encore à présent. Ce duel מצלתים semble ne pouvoir pas en laisser douter.


En vain je parlerois le langage des Anges ;
En vain, mon Dieu, de tes louanges
Je remplirais tout l’Univers :
Sans amour ma gloire n’égale
Que la gloire de la
cymbale
Qui d’un vain bruit frappe les airs.

Nouv. ch. de vers.

La cymbale moderne est un instrument dont les gueux accompagnent le son de la vielle. Cymbalum. C’est un fil d’acier de figure triangulaire, dans lequel sont passés cinq anneaux, qu’on touche, & qu’on promene dans ce triangle avec une verge de fer, dont on frappe de cadence les côtés de ce triangle.

Cymbale, se dit aussi de deux jeux de l’orgue. La grosse cymbale a trois tuyaux sur marche, dont le premier est ouvert, & long d’un pied, le second de huit pouces & demi, & le troisieme de demi-pied.

Il y a une seconde Cymbale, qui a deux tuyaux sur marche, dont le premier est ouvert, long de deux pieds, & le second de quatre pouces. Durandus dit que les Moines ont aussi appelé cymbale, le timbre qui est suspendu dans le Cloître pour les appeler au réfectoire.

CYMBALER. Vieux v. n. Faire du bruit comme celui d’une cymbale ou d’un tambour.

Fuyez l’infâme, inhumaine personne,
De qui le nom si mal cymbale & sonne,
Qu’abhorré est de toute oreille sainte. Marot.

CYMBALIUM. s. m. Plante qu’on appelle autrement cotylédon, ou nombril de Venus. Umbilicus Veneris. Voyez Cotylédon.

CYME. s. f. Tige des plantes & des herbes. Ce mot vient du Grec κύμα, que les Latins ont imité en écrivant cyma, comme on peut le voir dans Charlos Etienne, Budée & tous les bons Auteurs. Il signifie le germe, la pousse ; & comme cette signification est bien différente du mot cime, cacumen, Danet & le P. Monet ont cru devoir les différencier dans l’orthographe, en écrivant cyme, tige, & cime, sommet.

CYMETTES. Nicod appelle cymettes, & Pomey cymes, ce que les Italiens appellent brocolis, c’est-à-dire, des rejetons que les troncs du chou poussent au printemps. Cyma, cauliculus. Un tendron de chou.

CYMENDIS. Voyez CALCIS.

CYMODOCE. s. f. Nymphe de la mer, fille de Nérée & de Doris.

CYN.

CYNANCHIQUES. adj. & s. m. pl. Cynanchica medicamenta. Remèdes qui conviennent dans cette espèce terrible d’esquinancie, qui est accompagnée d’inflammation à la gorge, d’une difficulté excessive de respirer, & qu’on appelle cynanche, des mots Grecs κύων, chien, & ἄγχω, suffoquer, parce que lorsqu’un chien est pendu, comme son corps ne suffit pas ordinairement pour tendre la corde assez fortement, & intercepter subitement la respiration, il lutte pendant un temps considérable contre la mort. Ses yeux & sa langue se gonflent, ils sont plombés ; la langue lui sort de la gueule, qu’il a ouverte & écumante ; il grince les dents : or l’espèce d’esquinancie en question étant accompagnée de symptômes assez semblables à ceux-là, on lui a donné le nom de cynanche. Voyez le Dict. de James. Voyez aussi Angine dans le Supplément.

CYNANTHROPIE. s. f. Cynanthropia. Délire dans lequel les malades se croient changés en chiens, & en imitent les actions. C’est un symptôme de la mélancholie hypocondriaque & de la rage. Ce mot est Grec, formé de κυνανθρωπία, formé de κύων, chien ; & de ἄνθρωπος , homme. Col de Villars.

CYNÉGÉTIQUE. adj. Qui concerne la chasse. Ménage se sert de ce terme pour exprimer les Poëmes de Gratius & Nemesianus sur la chasse, intitulés Cynegeticum ou Cynegeticon. Ménage auroit pu joindre à ces deux Poëtes Calpurnius & Oppien, qui sont deux Auteurs anciens qui ont fait aussi des Poëmes cynégétiques. Pierre Angeli dans le XVIe siècle composa des cynégétiques. Le livre que le Fouilloux a fait en François est un ouvrage cynégétique. Lorsqu’on dit simplement les cynégétiques d’Oppien, le cynégétique de Gratius, &c. ce mot est pour lors substantif, mais il devient adjectif, quand on dit des ouvrages ou des Poëmes cynégétiques.

CYNIQUES. s. m. pl. On désigne par ce nom une secte de Philosophes, à qui l’on reprochoit d’este mordans & sans pudeur, comme les chiens.

Cette secte méprisoit toutes choses, & sur-tout les grandeurs & les richesses, les arts & les sciences, à la réserve de la morale. Elle avoit pour chef Antisthéne. Cynicus. De cette Secte étoit le fameux Diogène qu’on appelle le Cynique. Leurs leçons de sagesse tenoient plus de l’insulte que de la remontrance ; & pour décrier le vice, ils le reprochoient avec scandale. S. Evr. Voudroit-on pour rétablir l’Ordre des Cyniques, cette Philosophie médisante, cette profession publique de japper, de mordre, & de déchirer, & cette métamorphose d’hommes en chiens ? Balz. Ce n’est pas la pauvreté qui nous rend sages : les haillons des Cyniques ne contribuent ni à la tranquillité, ni à la modestie. S. Evr. On a ainsi nommé ces Philosophes, à cause qu’ils étoient mordans, & parce qu’ils aboyoient après tout le monde, comme des chiens. D’autres disent que ce nom leur fut donné à cause de Cynosarges, fauxbourg d’Athênes où ils se retirèrent en quittant le Pyrée. D’autres encore, parce que ces Philosophes n’avoient honte de rien, & qu’ils tenoient qu’il étoit permis de tout faire, sans pudeur & sans retenue, à la vue de tout le monde sans excepter même les actes du mariage.

Dans ce sens, on dit d’un homme sans pudeur, c’est un cynique, un vrai cynique.

☞ Il est aussi adj. Diogène, étoit un Philosophe cynique.

☞ Les manières effrontées des Cyniques ont fait donner l’épithète de cynique aux expressions trop hardies, qui blessent la pudeur : discours cynique, vers cyniques.

Regnier du son hardi de ses rimes cyniques,
Allarme trop souvent les oreilles pudiques. Boil.

Cynique. adj. m. & f. Terme de médecine. On appelle spasme ou convulsion cynique, une convulsion particulière des muscles maxillaires qui tirent de côté la bouche, le nez & l’œil, & par conséquent la moitié du visage. On la nomme aussi contorsion de bouche. Κυνικός canin. Il vient de κύων, chien ; parce que cette convulsion imite la contorsion de gueule que les chiens font quand ils sont irrités. Col de Villars.

CYNITE. s. f. Pierre figurée réprésentant un chien.

CYNOCÉPHALE. s. m. Animal fabuleux qu’on a feint avoir une tête de chien, que les Egyptiens ont eu en grande vénétation & qu’ils révéroient comme un Dieu. Cynocephalus. Ils l’appeloient autrement Anubis, comme témoigne Plutarque. Tertullien, Apolog. C. 6. & S. Augustin de la cité de Dieu, L. II. C. 13. témoignent que les Egyptiens ont adoré ce Dieu ; & Pietro Della Valle, T. IV. du que les habitans de la Zone Torride l’honorent encore. On doute si le Cynocéphale est Anubis, ou Mercure, ou un symbole de l’un ou de l’autre. Ceux qui prétendent que c’est Anubis, disent qu’on le représentoit avec une tête de chien, & que c’est pour cela que Virgile, Enéide, L. VIII. v. 698. l’appelle latrator, aboyeur. Ceux qui veulent que ce soit Mercure, disent que le chien lui étoit consacré, que Strabon dit que le Dieu Cynocéphale étoit adoré chez les Hermapolitains. Ce qu’il y a de certain, c’est que l’Anubis des Egyptiens étoit le Mercure des Grecs & des Romains. Voyez ANUBIS ci-dessus, & Vossius, De Idolol. L. I. C. 27.

L’animal Cynocéphale étoit une espèce de singe, mais plus grand & plus farouche que les singes ordinaires, & qui a la tête plus approchante du chien, comme Aristote le dit au L. II. de l’Hist. des Anim. C. 8. c’est celui que les Italiens appellent Babuino ; les François Babouin, & les Flamands Bavinen. Un Cynocéphale assis étoit chez les Egyptiens l’hiéroglyphe des deux Equinoxes. Voyez sur cet animal Vossius, De Idolol. L. III. c. 74. Saumaise sur Solin, p. 644. & suiv. On a dit de cet animal qu’il rendoit son urine douze fois la nuit par intervalles égaux, & que c’est ce qui a donné lieu à la division des heures.

Cynocéphale, a aussi été un nom de peuples fabuleux de l’Inde, dans Pline L. VII. c. 2. dans Aulu-Gelle L. IX. c. 4. dans Solin, c. 52. qui disent d’après Mégasthène, que dans plusieurs montagnes de l’Inde & de l’Ethiopie, il y a des nations qui ont la tête d’un chien ; S. Augustin le dit aussi. Ils ajoutoient qu’ils aboyoient comme des chiens, qu’ils étoient farouches, & que leur morsure étoit dangereuse, mais les Relations de tous les modernes n’en font aucune mention. C’étoient des peuples qui ne vivoient que de la chasse : voilà ce qui donna occasion à cette fable.

Cynocéphale est encore une ville des Locriens & un château des Thébains : & Cynocéphales au pluriel, Cynocephalæ, des montagnes de Thessalie.

CYNOCRAMBE. s. m. Plante qui est une espèce de Mercuriale, & que quelques-uns appellent mercuriale sauvage, ou choux-de-chien. Elle a beaucoup de petites racines fibreuses, d’un goût désagréable, & qui rampent par terre. Il en sort plusieurs tiges longues d’un pied, rondes & nouées. Ses feuilles naissent de les nœuds deux à deux par intervalles : elles sont cotonnées, plus longues que celles de la mercuriale commune, pointues au bout, découpées par les bords, & d’un goût qui fait soulever le cœur. Ses fleurs sont de couleur d’herbe, composées de trois petites feuilles. Le Cynocrambe, se divise en mâle & en femelle. Il a les mêmes qualités que la mercuriale. Il purge doucement les sérosités. On en use par la bouche, le faisant cuire de même que les herbes potagères. On en met aussi dans les lavemens, pour les rendre purgatifs. Voyez MERCURIALE.

Ce mot vient des mots Grecs κυνός, génitif de κύων, chien, & κράμϐη, chou, comme qui diroit chou de chien. Quelques Botanistes donnent ce nom à une autre plante qui est autrement appelée apocynum folio subrotundo.

CYNOGLOSSE. s. m. Plante qu’on appelle autrement langue de chien. Cynoglossus, cynoglossum. Voyez Langue-de-chien.

Ce mot vient des mots Grecs κυνός, génitif de κύων, chien, & γλῶσσα, langue, comme qui diroit langue-de-chien. Voyez Langue-de-chien.

CYNOPHONTIS. s. f. Fête qu’on célébroit à Argos aux jours caniculaires, durant laquelle on tuoit tous les chiens qu’on rencontroit. De κύων, κυνός, chien.

CYNORRHODON. s. m. Espèce de rose sauvage, qu’on appelle aussi rose-de-chien. Cynorrhodon. Le fruit du Cynorrhodon, est un bouton qu’on ramasse en automne, quand il est bien rouge. On l’emploie dans les tisannes apéritives, on en fait aussi de la conserve, qui est bonne pour la gravelle, pour les crachemens de sang, & pour fortifier l’estomac. Voy. Rose.

Ce mot vient de deux mots Grecs, κυνός, génitif de κύων, chien & ῥόδον, rose.

CYNOSARGE. s. m. Gymnase dans l’Attique, où Anthistène, Chef de la secte Cynique, donnoit ses leçons. Ce mot signifie chien blanc, à cause qu’un chien de cette couleur emporta dans cet endroit une victime immolée à Hercule, κύων, chien, ἀργός, blanc.

CYNOSARGÈS. s. m. Surnom donné à Hercule à cette occasion. Un citoyen d’Athènes, nommé Didymus, voulant offrir un sacrifice à Hercule, un chien blanc saisit la victime & l’emporta. Didymus ne savoit qu’en penser, lorsqu’il entendit une voix qui lui ordonnoit d’élever un autel dans l’endroit où le chien s’étoit arrêté ; ce qu’il exécuta, & donna à Hercule le nom de Cynosargès, qui vient de κύων, chien, ἀργός, blanc.

CYNOSORCHIS. s. m. Plante dont il y a plusieurs espèces. Cynosorchis. Celle que C. Bauhin appelle cynosorchis latifolia, hiante cucullo major, a ses feuilles grasses, larges, presque semblables à celles des lis ; la tige de la hauteur d’un pied, ou davantage, & anguleuse, garnie de beaucoup de fleurs disposées en forme d’épi de couleur de pourpre clair, semblables à un capuchon, ou à un morion ouvert, desquelles il sort par le bas quelque chose de frangé qui semble de peau de chien, ou de quelque autre bête à quatre pieds, qui est aussi de couleur de pourpre clair, mais il est marqueté de points plus purpurins. Ses racines sont deux bulles qui ressemblent à deux testicules un peu longs, dont l’un est bien nourri, & l’autre tout ridé. Voy. Orchis.

Ce mot vient de κυνός, génitif de κύων, chien, & ὄρχις, testicule, comme qui diroit testicule de chien.

CYNOSURE. s. m. Terme d’Astronomie. C’est un nom que les Grecs ont donné à la petite ourse. Il signifie queue de chien. Cynosura. C’est une constellation la plus voisine de notre Pôle, qui a sept étoiles, dont quatre sont disposées en carré comme les quatre roues d’un charriot, & les trois autres en long, qui représentent un timon : ce qui fait que les Paysans appellent ces étoiles le charriot ; & c’est du nom de ces sept étoiles qu’on a appelé le Pôle Septentrional, & toute la partie du Ciel qui s’étend jusqu’à la Ligne, septem triones.

CYNTHIEN & CYNTHIENNE. Cymhius & Cynthia. Surnoms d’Apollon & de Diane, ainsi appelés du mont Cynthus, dans l’isle de Délos, où ils avoient été élevés, & où le premier avoit un Temple.

CYP.

CYPARISSE. s. m. Jeune homme de l’île de Cos, favori d’Apollon, qui fut changé en cyprès.

CYPÉRUS LONG, ou SOUCHET LONG, qu’on nomme aussi Galanga sauvage. s. m. Espèce de petite racine, dont l’usage le plus ordinaire est pour la Médecine. Il y a un Cypérus rond, ou souchet qui est pareillement une racine médecinale.

CYPHI. Mot Arabe, qui signifie une espèce de parfum fortifiant. Cyphi. Mithridate donna ce nom à des trochisques dont les Prêtres d’Egypte parfumoient anciennement leurs dieux pour en obtenir ce qu’ils leur demandoient. Il les fit aussi entrer dans la composition du Mithridat, parce qu’ils sont excellens contre les venins, contre la peste, contre les maladies froides du cerveau, & contre les fluxions sur la poitrine. Ils sont composés de raisins secs, de térébenthine, de myrrhe, de scœnanthe, de cannelle, de canne adorante, de bdellium, de spic-nard, de cassia lignea, de souchet, de grains de genièvre, d’aspalath & de safran ; à quoi on ajoûte du miel & un peu de vin pour en former une masse.

CYPHOME. s. m. & CYPHOSE. s. f. Terme d’Anatomie. Courbure de l’épine du dos, dans laquelle les vertèbres s’inclinent contre nature, & prominent en dehors. Κύφωσις, & κύφωμα, de κύφω, je courbe. Dict. de James.

CYPHONISME. s. m. Cyphonismus. est le nom d’un supplice autrefois en usage. On ne sait point quel il étoit. Quelques-uns croient, dit Rosweid dans son Onomasticon, que c’est celui dont parle S. Jérôme dans la vie de S. Paul, Hermite, C. II. & qui consistoit à frotter de miel le corps du patient, & à l’exposer à un soleil ardent les mains liées derrière le dos, afin que les mouches le piquassent sans qu’il pût les chasser. Voyez Galonius., De Tormentis, C. I.

CYPPUS. s. m. Capitaine Romain, qui se retira de Rome, parce que les Devins lui avoient prédit que s’il rentroit dans cette ville, il seroit déclaré Roi. Le Sénat, pour récompenser sa générosité, lui décerna des terres hors de Rome, & fit élever un monument en son honneur.

CYPRE, ou CHYPRE. Voyez ce mot.

Il y a une Poire que la Quintinie appelle la poire de Cypre, & qu’il met au rang des mauvaises.

CYPRÈS, s. m. Cupressus. Arbre toujours vert, & qu’on distingue en deux espèces, qui ne différent que par la direction de leurs branches. L’une par la direction de ses rameaux prend & conserve une forme Pyramidale ; & c’est le cyprès femelle des Botanistes. Cupressus fastigiata sive femina. C’est ordinairement cette espèce que l’on éleve dans les jardins, soit pour des palissades, soit pour former des pyramides. L’autre espèce prend une forme toute opposée, & étend ses branches de côté. Cupressus fusa, fivè mas. Mais comme chacun de ces arbres porte des fleurs & des fruits, il est en même tems mâle & femelle, & la distinction des Botanistes est chimérique.

Cet arbre est plus ou moins haut, suivant son âge. Le grand hiver de 1709. fit périr tous les cyprès du Royaume. Il arriva à peu près la même chose en 1683. mais heureusement cet arbre leve fort bien de graine, & il croît assez vite. Son bois est dur, un peu rougeâtre, pâle cependant, veiné, d’une odeur douce & d’un goût un peu aromatique. Ses feuilles couvrent presque toutes les branches, qui sont divisées en une infinité de petites ramifications. Ces feuilles sont dans les jeunes branches de petites écailles vertes & pointues ; mais dans les vieilles ces mêmes écailles sont collées les unes sur les autres, & sont plus obtuses. L’extrémité de quelques-unes de ces ramifications est terminée par de petits chatons roussâtres, qui n’ont pas quatre lignes de longueur, sur une ligne & demi de largeur ; ils sont formés par des écailles qui sont chargées de sommets dont la poussière est jaune. Les fruits naissent dans des endroits séparés ; ils sont ronds & gros comme des noix dans leur maturité, couleur d’olive.

Les Latins l’appellent conus, à cause de sa figure ; ils s’ouvrent de la circonférence au centre en quelques pièces coniques semblables à des écailles : elles cachent dans leurs fentes de petites semences aplaties & anguleuses. On appelle ces fruits des noix. On s’en sert dans les décoctions astringentes pour les hernies, les cours de ventre, pour arrêter les hémorrhoïdes ; ces mêmes noix prises intérieurement guérissent quelquefois des fièvres, comme font la plupart des astringens.

Cyprès, se dit du bois de l’arbre de cyprès. Cupressus se dit de même en Latin. Le bois de cyprès est fort massif & de bonne odeur, quasi comme le santal. Il n’est jamais pourri, ni vermoulu, non plus que celui du cèdre, de l’ébène, de l’if, du buis, de l’olivier & du lotus sauvage. C’est pour cette raison que les Anciens en faisoient des statues, comme celle de Jupiter au Capitole. En Candie & au mont Ida le cyprès vient si naturellement qu’en quelque lieu qu’on remue la terre, il y vient des cyprès sans semer, quoiqu’ailleurs on ait grande peine à les élever. Les cyprès haïssent le fumier, qui les fait mourir, aussi-bien que les lieux aquatiques. Mathiole.

Petit Cyprès, est une plante aromatique. Voyez Garde-robe.

☞ Le Cyprès étoit consacré à Pluton. On le plantoit autour des tombeaux. A Rome on mettoit des rameaux de cyprès devant les maisons des morts : c’est pourquoi il est appelé funeste, & en Poësie Cyprès se prend quelquefois pour le symbole de la mort. Les funestes cyprès.

Et de cette maison, de ce bois agréable,
Que les siècles firent exprès,
Tu n’en remporteras, possesseur peu durable,
Qu’un funeste cyprès.

Nouv. ch. de Vers.

☞ CYPRINÆ. Voyez Cyprès.

CYPRIOT, OTTE. s. m. & f. Qui est de l’île de Chypre, ou Cypre, Cyprius, a. Quoiqu’on dise Chypre, on ne dit point Chypriot, mais Cypriot. On a dit autrefois Cypriens, comme on le voit dans Paradin, Annales de Bourgogne, p. 233.

CYPRIS, ou CYPRINE. Surnom donné à Vénus, ainsi appelée de l’Ile de Cypre qui lui étoit consacrée.

CYR.

CYR. s. m. Et nom propre d’homme. Cyriacus.

Cyr. Se dit aussi pour Cyrique, Cyricus, autre nom d’homme. Sainte Julitte, issue du sang des anciens Rois d’Asie, si l’on en croit ceux qui se vantoient d’être de la race au tems de l’Empereur Justinien, avoit un fils nommé Cyric, appelé parmi nous S. Cyr.

Ce mot vient de κύρικος, dominicus, de κύριος, dominus, qui vient de κῦρος, auctoritas. Baillet le tire de κῆρυξ, præco ; d’où il prétend que l’on a fait Quiricus, Cirgues, Ciergues, Circ, &c.

Saint CYR. Lieu célèbre situé dans le parc de Versailles. Louis le Grand y a fait construire une belle maison pour y élever de pauvres Demoiselles sous la conduite de Religieuses. Ces Religieuses s’appellent les Dames de Saint Cyr, & les filles nobles qu’on y élève les Demoiselles de Saint Cyr. Les Lettres patentes pour l’érection de cette maison sont du mois de Juillet 1686, & en forme d’Edit. Le Roi y ordonne que les Dames de S. Cyr seront au nombre de trente-six, & que ce nombre ne pourra être augmenté ; que les Demoiselles seront au nombre de deux cens cinquante, que quand il viendra à vaquer une place des Dames, elle ne pourra être remplie que par une des Demoiselles qui sera choisie par la Communauté à la pluralité des suffrages, & âgée au moins de 18 ans accomplis pour être reçue au Noviciat, & le tems du Noviciat passé, à la Profession. Que ces Dames feront les vœux simples ordinaires de pauvreté, chasteté & obéissance ; & un vœu particulier de consacrer leur vie à l’éducation & à l’instruction des Demoiselles. L’Evêque de Chartres nomme un Supérieur Ecclésiastique, qui doit être agréable au Roi. Sa Majesté se réserve & aux Rois ses successeurs la nomination & entière disposition par simple brevet des deux cens cinquante places des demoiselles, qui ne sauroient être admises qu’elles n’aient fait preuve de noblesse de quatre degrés du côté paternel, à compter le pere.

Elles ne peuvent être reçues avant sept ans, ni au dessus de douze, & ne peuvent demeurer dans la maison après vingt ans accomplis. Il y a 24 sœurs converses, qui font les mêmes vœux que les Dames. Les unes & les autres, aussi bien que les Demoiselles, sont entretenues des revenus de la Maison à laquelle le Roi attribue la Maison de S. Cyr, & tous les meubles dont il l’avoit pourvue, la Terre & Seigneurie de S. Cyr, cinquante mille livres de rente en fonds de terre, & la mense abbatiale de l’Abbaye de S. Denys. En 1694 le Roi permit à la Communauté d’augmenter les Dames & les Converses jusqu’au nombre de quatre vingts, & que si quelquefois il ne se trouvoit point parmi les Demoiselles de fille qui eût les qualités nécessaires pour remplir une place de Dames vacante, la Communauté pourroit en choisir ailleurs. Innocent XII. donna le 23 Janvier 1692 une bulle d’approbation & de confirmation de l’institut & Communauté de S. Louis de S. Cyr, & pour l’union de la mense abbatiale de l’Abbaye de S. Denys. Par Lettres patentes de Mars & Juillet 1698, le Roi a assigné un fonds pour doter les Demoiselles qui sortiront de cette maison, & qui auront contenté la Communauté.

Jusqu’en 1692 les Dames & les Converses ne firent que des vœux simples. Elles supplierent le Roi de vouloir bien consentir à ce qu’elles poursuivissent en Cour de Rome un bref, pour changer leur état séculier en réulier, sous la Règle de S. Augustin ; le Roi y consentit. Innocent XII. leur accorda leur demande par un bref du 30 Septembre 1692. Et quoique le Pape eût consenti qu’elles conservassent leur habit séculier, elles le changèrent en habit régulier l’an 1707 le jour de l’Assomption. Voyez le P. Hélyot, T. IV. C. 56. Cette Maison s’appelle la Royale Maison de S. Louis de S. Cyr, & plus communément S. Cyr. La maison de S. Cyr. Dans tous les actes publics les Religieuse sont nommées Dames, mais entre elles elles se nomment ma sœur, avec leur nom de famille, & la Supérieure ma mere, & les sœurs converses, sœurs avec leur nom de baptême.

CYRAN. Voyez Siran.

CYRBASIE. s. f. Cyrbasia. Bonnet pointu, en usage chez les anciens Perses, qui le portoient penché, le droit de porter la Cyrbasie toute droite étant réservé au Roi. Hésichius.

CYRBES & AXONES. s. m. pl. Termes de l’Histoire ancienne d’Athênes. C’est le nom que l’on donna aux loix que fit Solon, comme les Lacédémoniens donnèrent celui de Rhetra à celles que leur donna Lycurgue. Les Cyrbes contenoient ce qui regardoit le culte des Dieux, & les Axones renfermoient toutes les autres loix civiles & politiques. Ces loix étoient déposées en original dans l’Acropolis qui étoit une Forteresse, & l’on avoit seulement des copies au Prytanée. Ces loix étoient écrites sur des tables de bois, & d’une manière bustrophe, c’est à-dire, qu’au lieu que chacune de nos lignes commencent à la main gauche & finit à la main droite, leur première ligne se recourboit & revenoit de la droite à la gauche, puis se recourboit de même pour retourner de la gauche à la droite, & ainsi de suite jusqu’à la fin, par une seule ligne continuée, comme on fait les sillons du labourage. Plutarque dit que de son tems on voyoit encore des restes de ces tables.

CYRÉNAÏQUE. Nom d’une ancienne province de la Lybie propre, ainsi nommée, parce que Cyrène en étoit la capitale. Cyrenaïca. La Cyrénaïque avoit la Marmatique au levant, la Lybie intérieure au midi, la province Tripolitaine avec la grande Syrte au couchant, & la mer Méditerranée au nord. Vossius, dans ses Notes sur Mela, L. I. C. 8, remarque que les Anciens ne donnent pas tous les mêmes bornes à la Cyrénaïque ; que ce nom se prend même tantôt pour la contrée appelée Pentapole, & quelquefois qu’il s’étend beaucoup plus loin ; que ceux qui lui donnent plus d’étendue la continuent depuis la grande Syrte jusqu’à l’Egypte.

Cyrénaïque. n m. Nom d’une secte d’anciens Philosophes, Cyrenaïcus. Le Chef des Cyrénaïques fut Aristippe de Cyrène, disciple de Socrate. C’est de-là qu’ils furent appelés Cyrénaïques. Aristippe qui vivoit en la 96 Olympiade, c’est-à-dire près de 400 ans avant J. C. Aristippe, dis-je, & ses disciples, faisoient consister la fin de l’homme & sa félicité dans le plaisir ; & ils n’estimoient la vertu louable qu’autant qu’elle pouvoit servir à la volupté, comme on n’estime une médecine, qu’autant qu’elle est utile à la santé. C’étoit-là leur comparaison ordinaire. Ils entendoient par plaisir, ou volupté, non pas seulement la privation de la douleur & la tranquillité de l’ame ; mais l’assemblage de toutes les voluptés particulières, tant de l’ame que des sens, & sur-tout celle-ci. Trois disciples d’Aristippe diviserent dans la suite sa secte en trois branches, qui convinrent cependant toutes trois de ce principe. L’une fut appelée Hégésiaque, Hegesiaca, l’autre Annicérie, & la troisième Théodorie, du nom de leurs Auteurs. Cicéron parle souvent de l’Ecole d’Aristippe, & dit qu’il en sortoit des débauchés.

CYRÈNE. Quelques-uns écrivent CIRÈNE. Ville d’Afrique, l’une des cinq, dont la petite contrée, nommée Pentapolis avoit reçu son nom Cyrcenæ. Postel a cru que c’étoit Carvan, ou Cairoan ; mais cette ville est plus moderne, plus à l’ouest, & plus avant dans la terre terme. Elle étoit entre la grande Syrte, ou le grand banc des côtes d’Egypte, & le Palus Matéotide, mais dans les terres & non sur la côte. Cyrène fut la patrie de plusieurs grands hommes, Aristippe, Callimaque, Eratostène, Carnéade, Synesius, &c. On croit que cette ville fut bâtie par Arcésilas, second Roi d’une Colonie de Grecs qui s’étoit établie proche de la fontaine du soleil, & y bâtit d’abord la ville de Zoa sous Battus son premier Roi. Cyrène fut bâtie par Battus & les Théséens, selon Hérodote, L. IV. Callimaque, L. XVI. Strabon, & Pausanias dans ses Laconiques, l’an 90 de la fondation de Rome, si nous nous en voulons rapporter à Eusèbe ; mais Pline, qui est plus sûr en cet endroit, L. IX. c. 3. le met en l’an 144. Vigenere.

Cyrène. s. f. Terme de Mythologie. Nymphe de Thrace, fut aimée du Dieu Mars, qui la rendit mere du fameux Diomède, Roi de Thrace.

Cyrène, maîtresse d’Apollon & mère d’Aristée.

CYRÉNÉEN, éenne. adj. Qui est de Cyrène. Cyrenæus. Comme Simon le Cyrenéen soulageoit J. C. en apparence, parce qu’il avoit une force divine qui ne laissoit affoiblir son corps qu’autant qu’il vouloit, ainsi c’est nous qui paroissons porter la croix que Dieu nous impose ; mais si nous souffrons par l’esprit de J. C. c’est lui en effet qui la porte, & qui nous empêche d’y succomber en la proportionnant à notre foiblesse. Royaum. On diroit que tous nos nouveaux Traducteurs du N. T. aient évité ce mot. Ils ont toujours dit un homme de Cyrène, ceux de Cyrène. Cependant Cyrenéen, sur-tout en parlant de Simon qui aida J. C. à porter sa croix, est fort en usage. Les Cyrénéens étoient très-voluptueux. Les Cyrénéens excelloient dans l’art de dresser les chevaux, & de conduire un char dans la lice.

CYRIAQUE. s. m. Voyez Quiriace.

CYRIC, ou CYRIQUE. Car c’est ainsi qu’il faut écrire, & non pas Cyric, comme fait Baillet. Voyez Cyr.

CYRNUS. Ancien nom de l’Ile de Corse. Cyrnus. Lors qu’Harpagus vint assiéger Phocée, une partie des Phocéens se retirèrent à Alalie, qu’ils avoient bâtie 20 ans auparavant dans Cyrnus, qui est l’Ile de Corse : mais y étant inquiétés par les Carthaginois & les Tyrrhéniens, ils furent contraints 5 ans après de chercher des lieux de repos, qu’ils trouvèrent le long des côtes d’Italie & de France, où ils bâtirent Marseille. Du Loir, p. 11.

CYRRHE. Nom de deux villes, l’une en Syrie, capitale de la Cyrrestique ; & l’autre dans la Phocide, Cyrrhus. La première s’appelle aujourd’hui Quars, ou selon d’autres Carin ; & la seconde Kôrr.

CYRRHESTIQUE. Cyrrestica. Contrée de Syrie, qui prenoit prenoit son nom de sa capitale appelée Cyrrus, ou Cyrus, aujourd’hui Quars ou Carin.

CYRTIEN, enne. s. Nom de Secte. Cyrtianus, a. Les Cyrtiens étoient une branche d’Ariens, à laquelle un certain Cyrtius leur chef donna son nom. L’an 395 de J. C les Ariens de Constantinople éleverent une question qui causa bien des troubles & des divisions parmi eux. Il s’agissoit de savoir si Dieu le pere pouvoit être appelé pere avant la production de son fils. Les uns tenoient pour la négative, les autres pour l’affirmative. Ils se séparerent à ce sujet les uns des autres, & firent chacun bande à part. La division passa de Constantinople dans d’autres Eglises, & principalement à Antioche, où ils furent appelés Psathyriens. Vingt-cinq ans après, l’an 419 sous le Consulat de Monaxius & de Plintha, & sous l’empire de Théodose le jeune les divisions cesserent en partie. Les Psathyriens convaincus par les raisons de leurs adversaires, se réunirent à eux ; il y en eut cependant qui se séparerent d’eux avec un certain Cyrtius, petit homme fort contrefait qui leur donna son nom. Voyez Theodoret, Hæret. Fabul. L. IV. C. 4. C’est le seul Ancien que je sache qui parle des Cyrtiens. Quelques-uns, comme M. Fleury, L. XIX. n. 35. écrivent Curtiens. Comment diroient-ils, si ce petit bossu s’étoit appelé Κούρτιος, & non pas Κύρτιος, comme le nomme Théodoret, qui dit aussi Κυρτιανοί, & non pas Κουρτιανοί.

CYS.

CYSTHÉPATIQUE. adj. de tout genre. Conduit cysthépatique. Cysthepaticus ductus. C’est-à-dire, qui porte la bile du foie dans la vésicule du fiel. Dict. de James. Ce canal est si petit qu’il est imperceptible, dans presque tous les animaux, en sorte qu’on l’a long-tems cherché en vain ; mais enfin M. Perrault, le Médecin, persuadé que ce conduit existoit nécessairement, & que pour l’appercevoir il falloit le chercher dans les bœufs, l’y chercha en effet, & l’y trouva en 1680. Il est vrai que l’on ne l’apperçoit pas indistinctement dans tous les bœufs ; mais une disposition schirreuse avoit tellement endurci & élargi tous les conduits biliaires de celui-ci, que ce canal y était très-visible. Il entroit par un bout dans l’hépathique, sans être bouché d’aucune valvule ; mais l’autre extrémité qui entroit dans la vésicule étoit fermée d’une valvule. C’est à ce canal qu’on a donné le nom de cysthépatique. Ce mot vient de κύστις, vessie, & ἡπατικός, qui concerne le foie.

CYSTHEOLITHRE. s. m. Espèce de pierre marine qu’on trouve dans les grosses éponges.

CYSTIQUE. adj. de tout genre. Terme d’Anatomie, qui vient de κύστις, vessie. Cysticus, Kysticus, a, um. Les Médecins distinguent la bile hépatique & la bile cystique, c’est-à-dire, la bile qui est dans le foie, & qui est fort douce, & ne contient qu’une petite portion des véritables parties bilieuses, & celle qui est dans la vésicule du foie. Il n’y a point d’observations ou d’expériences qui prouvent que la jaunisse soit produite sans le concours de la bile cystique. Demours, Acad. d’Ed. T. I. p. 375. Si une petite pierre tombe dans le canal cystique, il ne laisse pas de passer toujours une grande portion de bile. Id. pag. 381. Le canal cystique est le canal de la vessie du foie par lequel la bile se décharge dans l’intestin.

Cystiques. s. f. pl. pris adjectivement. On donne ce nom à des artères qui viennent de l’hépatique, & vont à la vésicule du fiel.

CYT.

CYTHARE. s. f. Ancien nom d’un Instrument de Musique. Cythara. La cythare étoit un instrument triangulaire, en forme de Delta Grec Les Poëtes disent qu’Apollon en fut l’inventeur.

CYTHERE. s. f. Cythera, orum. C’étoit autrefois le nom d’une Île du Péloponèse, vis-à-vis de Crète. On la nomme aujourd’hui Cérigo, Sophiano. Hésiode dit que Vénus, ayant été produite de l’écume de la mer, fut portée d’abord à cette Île sur une conque marine. C’est de-là qu’elle est si souvent appelée Cythérée, Cythéréenne, par les Poëtes Grecs & Latins, & par les nôtres la Déesse de Cythere.

Ainsi souvent les ris ennuyés à Cythère,
Pour la suivre en ces lieux abandonnent leur mere.

Nouv. Ch. de Vers.

Bien étonné fut l’enfant de Cythère. Ibid.

Bochart, L. I. c. 22. prétend que ce mot vient du Phénicien קתרי, Cethri, qui signifioit pierre, rocher, comme il paroît par le Chaldéen. Cette île étoit toute entourée de rochers.

CYTHÉRÉE. adj. m. & f. ou CYTHERÉEN, éenne. adj. Epithète qui se donne à Vénus, pour la raison que nous avons dite au mot Cythère ; & à Cupidon, à cause de Vénus sa mere.

Cythérée, se prend aussi substantivement pour Vénus.

Au fond du Temple est un réduit,
Où la Déesse retirée
Jugeoit des époux divisés :
Voilà, dit-elle, Cythérée,
Les querelles que vous causez. De la Fuseliere.

CYTHÉRIADES. s. f. plur. Surnom des Graces qui accompagnent Vénus. Elles étoient honorées à Cythère.

CYTHERON. s. m. Mont qui sépare la Béotie de l’Attique, consacré à Bacchus & aux Muses. C’est sur ce mont que les Poëtes ont mis la fable d’Actéon, les Orgies de Bacchus, Amphion jouant de sa lyre, le Sphinx d’Œdipe.

CYTINUS ou CYTINE. s. m. Terme de Pharmacie que Dioscoride donne à la fleur du grenadier domestique, comme il donne celui de balaustium, à la fleur du grenadier sauvage. Cytinus. Les Apothicaires appellent balaustes, les fleurs de l’un & de l’autre grenadiers indifféremment. Pline dit que ces fleurs sont bonnes pour teindre en cette sorte de couleur rouge qu’on appelle en Latin puniceus, de punica, qui signifie grenadier. Le cytinus répercute & restreint ; il est propre pour arrêter le sang & toutes sortes de fluxions, & pour cicatriser les plaies. Il est aussi stomachique.

CYTISUS. s. m. Plante. Voyez Citise.

CYURAN. Nom d’homme fait par corruption de celui de Cyprien. Cyprianus. Il y a eu aux environs de Poitiers un Monastère de la Congrégation de Tiron, sous le nom de S. Cyprien, dit vulgairement S. Cyuran. P. Hélyot, Tome VI. c. 15.

CYZ.

CYZICÈNES. s. m. pl. C’étoient chez les Grecs les plus magnifiques salles à manger. Cœnacula, cyzicena.

Ce mot vient de Cyzique, ville d’Asie, célèbre par la magnificence des bâtimens.

Cyzicènes, est encore une espèce de médaille, ou de monnoie valant deux drachmes, fort estimée autrefois pour la beauté de son coin. Elle représentoit d’un côté la Déesse Cybèle, & de l’autre un lion. Cyziceni stateres.

CYZIQUE. Ville ancienne de Mysie sur la Propontide. Cyzicus. Cyzique fut bâtie par les Milésiens, l’an troisième de la septieme Olympiade, selon quelques-uns, & selon d’autres, la seconde année de la XXIVe. Olympiade. Elle prit, dit-on, son nom du Roi Cyzique, que Jason tua imprudemment. C’étoit une des plus belles & des plus grandes villes d’Asie. Cyzique a frappé plusieurs médailles sur lesquelles on voit KYZ. Les habitans de Cyzique passoient pour être mous & lâches. Voyez Casaubon sur le douzième Livre de Strabon, & Grelot dans son Voyage de Constantinople. Hoffman donne à Cyzique 54. degrés 50 min. de long. & 42. d. 15. m. de latitude.

La Divinité prétendue Tutelaire de Cyzique étoit sans doute Hercule : car il étoit leur fondateur, comme ils le déclarent eux-mêmes sur une médaille de Domitien où Hercule est au revers, avec cette inscription, τον Κτις την Κυζικηνων. P. Hard. Mém. de Trév. 1713. p. 1439.

CZA.

CZAR. s. m. Roi. C’est un nom ou titre d’honneur que prend le Grand Duc de Moscovie. En son pays on prononce TZar, ou Zaar, & cela est corrompu de Cæsar, ou Empereur. Car il prétend descendre d’Auguste. Il réside à Moskou sa ville capitale. Le premier qui a pris le titre de Czar a été Balise, fils de Jean Basilide : c’est lui qui vers l’an 1470, commença à faire parler de la puissance des Moscovites. Les grands Ducs de Moscovie ont aussi pris l’aigle, pour marque de l’empire. Ce fut vers la fin du XVe siècle que le Duc Jean secoua le joug des Tartares, dont les Princes de Russie, jusques là, avoient été tributaires, & donna à cet Empire la forme que nous lui voyons. Ces Princes, dit M. Sperlingius, dans une Dissertation sur la majesté du nom Konning, Roi, ces Princes n’ont porté le nom de Czar que depuis que les Russiens, ou Moscovites, ont embrassé la Religion des Grecs. Il prétend qu’auparavant ils s’appeloient Konger, Roi.

Les Mémoires de Trévoux écrivent depuis quelques années Tzar, au lieu de Czar. Il paroît néanmoins que ce n’est point encore l’usage, sinon dans le Nord. Nos gazettes & tous nos autres livres disent Czar.

CZARAFIS, ou CZAROWITZ. Nom qui signifie Prince, ou fils de Czar, chez tous les Tartares, comme en Moscovie, car le mot de Czar vouloit dire Roi chez les anciens Scythes, dont tous ces peuples sont descendus ; & ne vient point des Césars de Rome, si long-temps inconnus à ces barbares. M. de Voltaire, Hist. de Charles XII. Roi de Suède. Je ne vous disputerai point l’étymologie du mot Czar, ou de Czarafis : je me contente de dire que je n’ai jamais entendu appeler Czar que le Souverain de Moscovie, dont le fils ainé est toujours appelé Czarowitz. M. de la Mocraye à M. de Voltaire. Voyez Czarowitz.

CZARÉE. adj. f. Majesté Czarée. M. Potenkin, Ambassadeur de Moscovie, demanda en 1681. que Louis XIV. traitât le Czar de Majesté Czarée. Le Czar prenoit lui-même cette qualité dans la lettre de créance de son Ambassadeur. Le Roi ne voulut point lui accorder sa demande.

CZARIEN, ENNE. adj. Qui appartient au Czar. Cæsarianus. Les Auteurs des Mémoires de Trévoux disent Tzarien, selon l’usage du Nord. Il est sorti de l’Imprimerie Tzarienne une Géographie universelle. Mém. de Tr. La Princesse Czarienne, c’est-à-dire la fille du Czar, épouse le Duc d’Holstein. Sa Majesté Czarienne, c’est le Czar. Leurs Majestés Czariennes, en parlant du Czar, & de la Czarine.

CZARINE. s. f. Titre qu’on donne à l’épouse du Souverain de Russie, ou à la Princesse qui en est souveraine de son chef. Regina, ou Magna Ducissa Moscoviæ. Eckard a recherché les anciennes alliances de la Maison de Brunswick avec les Czars. Il en a trouvé deux. La première vient de Marie, femme de l’Empereur Andronic : elle étoit fille d’Anne de Brabant, & petite fille de Frédéric Barberousse : d’elle sont descendus les derniers Empereurs Paléologues, & Sophie Paléologue Czarine de Moscovie femme de Jean Basilowitz, surnommé le Grand. L’autre alliance vient d’Hélène de Danemarck mère d’Othon, premier Duc de Brunswick. Mém. de Tr.

CZAROWITZ. s. m. Fils du Czar, & héritier présomptif de sa Couronne Cæsaris Moscovitici filius. Le Czar Pierre Alexiowitz, mécontent du Czarowitz son fils, le Prince Alexandre Petrowitz, le fit condamner à mort en 1718. par tous les Ordres de la Monarchie assemblés pour le juger. Il fit aussi punir de mort différentes personnes, qui avoient donné au Czarowitz des conseils de désobéissance. Ce nom signifie Prince Royal.