Dictionnaire de théologie catholique/3. VALENTIN, appolinariste

La bibliothèque libre.
Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant, Eugène Mangenot, Émile AmannLetouzey et Ané (Tome 15.2 : TRINITÉ - ZWINGLIANISMEp. 495).

3. VALENTIN, hérétique apollinariste à la fin du ive ou au début du ve siècle. — La vie de Valentin nous est complètement inconnue : nous ne savons ni son origine, ni la position qu’il a occupée dans l’Église, ni la date précise de son activité. Mais l’auteur de VAdversus fraudes Apollinaristarum a conservé sous son nom un important fragment « contre les doctrines enseignées d’une façon mauvaise et impie par Timothée et ses partisans et par leur maître, le très impie Polémius ». Ce fragment est présenté comme extrait d’une apologie Contre ceux qui prétendent que, d’après nous le corps (du Christ) est consubstaniiel n Dieu. L’auteur, Valentin, y parle à plusieurs reprises de " notre bienheureux père et maître Apollinaire », aux enseignements de qui il prétend rester fidèle. Par contre, il réserve toutes ses critiques à Timothée et à ses disciples. Timothée de Béryle qui souscrivit les canons du concile de Constantinople en 381 ne niait pas un certain dualisme dans le Cbrist ; il affirmait cependant la consubstantialité du corps du Sauveur avec Dieu ; c’est ce qui permet à Valentin d’en faire le disciple de Polémius (ou Polémon), bien qu’en réalité Polémius ait combattu vivement la doctrine de Timothée. Lui-même Valentin nie cette consubstantialité. Pour lui, le corps du Christ est de même nature que le nôtre : il ne saurait, dit-il, y avoir d’union des consubstantiels. Là où il y a consubstantialité, il n’y a pas union, car rien ne s’unit à soi-même… Le corps qu’a porté le Seigneur n’est pas devenu éternel ni incorporel par l’union ; par suite, il n’est pas consubstantiel à l’essence ineffable et incorporelle. Le Seigneur est éternel : avant l’union, il est consubstantiel au Père ; après s’être incarné, il reste consubstantiel au Père. La chair n’était pas consubstantielle à Dieu, elle était le vêtement, la robe, la couverture du mystère caché.

On voit ainsi que Valentin se rangeait à l’aile droite de l’apollinarisme. Par réaction contre les synousiastes, il lui arrivait d’employer quelques-unes des expressions caractéristiques de l’école d’Antioche ; et il s’efforçait d’atténuer les divergences entre l’enseignement d’Apollinaire et la doctrine catholique. Cela ne l’empêchait pas d’ailleurs de tenir pour l’absence d’une àme intelligente en Jésus-Christ et pour l’unité de nature. Peut-être d’ailleurs, l’unité de nature se ramenait-elle, pour lui, à l’unité de personne. Ce point reste assez obscur..

Le fragment conservé de Valentin signale, outre Timothée et Polémius, d’autres apollinaristes de la même école : Parégorius, Ouranius, Diodore, Jobius, Kataphronius. De ceux-ci, un seul, Jobius nous est connu par sa profession de foi.

Le texte des Kephalaia de Valentin est reproduit dans A. Lietzmann, Apollinaris non Laodicea und seine Schule. Texte und Untersuchungen, t. i, Tubingue, 1904, p. 287-291 ; G. Voisin, L’apollinarisme, étmle historique, littéraire et dogmatique sur le début des controverses christologiques au IV’siècle, Louvain, 1901 ; E. (’.. Heven, Apollinarianism, Cambridge, 1923 ; E. Weigl, Die Christologie vom Tode des Athanasius bis zum Ausbruch des nestorianischen Streites, Munich, 1925.

G. Bardy.