Dictionnaire de théologie catholique/ANGE CARLETTI DE CHIVASSO (Bienheureux)
2. ANGE CARLETTI DE CHIVASSO (Bienheureux) (en latin de Clavasio), franciscain de la stricte observance, né à Chivasso (Piémont) d’une noble et riche famille, théologien et jurisconsulte, fut plusieurs fois élu vicaire général de son ordre en Italie, et reçut des souverains pontifes Sixte IV et Innocent VIII le titre de légat avec mission de recueillir des subsides pour la croisade contre les Turcs. Il mourut au monastère de Sainte-Marie-des-Anges, à Coni, le 12 avril 1495, en grande réputation de science et de sainteté. Il est honoré comme bienheureux dans l’ordre de saint François ; son culte a été approuvé par le pape Benoit XIII (1724-1730), et sa fête est fixée au 12 avril. — Le bienheureux Ange de Chivasso est connu comme théologien par une « Somme des cas de conscience » dans laquelle les matières sont disposées selon l’ordre alphabétique. Cet ouvrage, très estimé et très en vogue autrefois, est généralement désigné dans la bibliographie théologique sous le titre de Summa angelica, du nom de l’auteur. Voici le titre exact et complet, tel qu’on le lit dans la première édition publiée à Venise, en 1486 : Summa casuum conscientiæ compilata per sanctæ theologiæ et juris pontificii doctorem fratrem Angelum de Clavasio ordinis minorum impressa Venetiis per Christophorum Arnoldum, MCCCCLXXXVI. Le succès de cet ouvrage fut très grand, en raison de sa doctrine exacte, de sa clarté, de sa brièveté et de son usage facile, toutes qualités qui en faisaient un manuel très pratique de théologie morale et de droit canonique. Hain, Repertorium bibliographicum, t. ii, p. 157-160, compte jusqu’à 20 éditions de la Summa angelica qui se succédèrent dans le court intervalle de 1486 à 1500, entre autres celles de Venise, 1487, 1490, 1491, 1492, 1495, 1499 ; de Nuremberg, 1488, 1492, 1498 ; de Strasbourg, 1489, 1491, 1495, 1498 ; d’Alost, 1490, 1496. D’autres éditions parurent, nombreuses encore, dans le cours du xvie siècle. On cite parmi les meilleures et les plus connues, celles de Lyon, 1513, de Venise 1569, de Nuremberg, 1588. Luther n’aimait point l’œuvre du moine franciscain : il l’appelait « diabolique » ; et quand cet hérésiarque brûla, en place publique de Wittenberg (10 déc. 1520), la bulle d’excommunication portée contre lui, la collection des décrétales et la Somme théologique de saint Thomas d’Aquin, il jeta dans le même bûcher la Somme des cas de conscience du bienheureux Ange de Chivasso. — Les bibliographes citent encore, comme ouvrages du bienheureux, deux traités intitulés, l’un Arca fidei, l’autre De restitutionibus, qui furent publiés ensemble longtemps après la mort de l’auteur, Alcala, 1562, in-4o.
Bellarmin, De scriptoribus ecclesiasticis, Louvain, 1678, p. 302 ; Wharton, Appendix ad historiam litterariam Guilielmi Cave, Genève, 1705, p. 127 ; Fabricius, Bibliotheca latina mediæ et infimæ ætatis, Padoue, 1754, t. i, p. 100 ; Hain, Repertorium bibliographicum, Stuttgart, 1827, t. ii, p. 157-160 ; Hurter, Nomenclator literarius recentioris theologiæ catholicæ, Inspruck, 1899, t. iv, col. 897.