Dictionnaire de théologie catholique/IMMACULÉE CONCEPTION II. Dans l'Eglise grecque après le concile d'Ephèse. II Du concile d'Ephèse à Michel Cérulaire

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Dictionnaire de théologie catholique
Letouzey et Ané (Tome 7.1 : HOBBES - IMMUNITÉSp. 459-475).

II. L’immaculée conception dans l’Église GRECQUE DU CONCILE D’ÉpHÈSE A. MiCHEL CÉRULAIRE.

Il est incontestable que le concile d’Éphèse eut sur le développement de la théologie mariale en Orient une influence considérable. En proclamant solennellement que la Vierge Marie était véritablement mère de Dieu, f)io-6y.rj ;, il attira l’attention des docteurs sur la dignité sublime exprimée par ce titre, et l’on vit bientôt éclore sur les lèvres des prédicateurs ces magnifiques éloges, ces gracieuses comparaisons, ces litanies interminables d’épithètes laudatives, où se complaît l’abondance byzantine. En même temps, le culte mariai progresse rapidement : les fêtes en l’honneur de la Vierge-mère se répandent de la Ville sainte dans tout le monde oriental. Celle qui semble avoir inauguré le cycle, la fête de l’Annonciation, est célébrée dès le ve siècle, à Jérusalem, à Constantinople et, sans doute, en d’autres endroits, bien que ce ne soit que vers le milieu du vie siècle, qu’elle reçoive sa date fixe du 25 mars. S. Vailhc, Origines de la fête de l’Annonciation, dans les Échos d’Orient, t. ix, p. 141 sq. Cf.

M. Jugie, Abraham d'Éphèse et ses écrits, dans la Byzanlinische Zeiischrijl, t. xxii, p. 41-45. On rencontre encore chez quelques Pères contemporains de la controverse nestorienne des affirmations sur la sainte Vierge qui étonnent notre pieté. La doctrine mariale contenue dans les écrits authentiques de saint Cyrille d’Alexandrie ne dépasse pas celle des Pères grecs du ive siècle. Saint Cyrille prête encore à Marie des doutes et des ignorances sur la résurrection de Jésus, lorsqu’elle le voit crucifié siirle Calvaire. InJoa., XIX. 20-27, P. G., t. Lxxiv, col. CG1-C65 ; Homilia in pccursiim Domini, P. G., t. lxxvii, col. ; In Lucam, P. G., t. Lxxii, col. 505. Voir col. 886 sq. Mais ce sont là des exceptions. Bientôt les docteurs sont unanimes à exalter la parfaite sainteté de la mère de Dieu et à éloigner d’elle toute souillure de l'âme et du corps. En agissant ainsi, du reste, ils n’innovent pas ; ils ne font que se conformer au sentimetit qui a été général dans l'Église dès l’origine et que les opinions particulières de quelques exégètes ne doivent pas obscurcir pour nous.

1 » Pères du Fe siècle. — Chose curieuse, l’adversaire du théolocos, Nestorius, semble soustraire Marie au péché originel. Il affirme d’abord que c’est par elle que la bénédiction et la justification sont arrivées au genre humain, comme c'était par Eve que la malédiction était venue : Diaboliis pcccatiim ex Adam ianqiiam chiroijraphum proferebat, ete divcrso Christus ex carne sine peccato debiti hujns evacuatione nitebatur. Ille condrmnntionem, quæ per Evam adversiis totam naturam procesxerat. relegebat ; Christus vero juslificationcm, quæ per bcalam Mariam generi obvenernt, refcrcbut. Loofs, Nestoriana, Halle. 1905, p. 349. Cette opposition entre Eve et Marie, cette naissance du Christ d’une chair sans péché, méritent déjà d’attirer l’attention. Nestorius continue le parallèle entre les deux mères de l’humanité. La première enfante dans la douleur. Ces douleurs de l’enfantement sont pour les femmes, filles d’Eve, une peine du péché d’origine : Multipliées gemitus in parluritione jeminarum pœna peccati est ; et parère quidem non est maledictum ; non enim benedictio in muledictum daretur ; in trislitia autem parère, hoc ex maledicto illo trahitar post peccatum… In mœrnribus paries plios ; huic sententiæ socium est quod nascitur et quod pcirit, unum corum in mœroribus paricns, alternm vero in mœroribus nascens. Loofs, op. cit., p. 324-325. A la seconde Dieu a préparé un enfantement sans douleur. Marie est la nouvelle mère, mais une mère vierue, que Dieu a donnée à la nature humaine. La condamnation prononcée contre Eve a été détruite par le salut de l’ange à Marie. A Eve les douleurs et les gémissements, fruits du péché ; à Marie la joie, fruit de la grâce dont elle est remplie. Eve enfante des pécheurs dans la tristesse ; le fruit du sein de Marie est béni : Miseralor Dominus non despexil illos fœtus eondemnniDs, scd feminæ in uterum adveniens, vertit in llla maire consueludinem pariendi et mutavit in illa parnium Ifqes (parturitioncs enim sanctæ Virgini immunes a mœroribus præparanerat) et naturo" humanx mnlnm donavit innuptom, non spernens jructus nuptiarnm neque despiciens. Respice omnium harum tristium senirniiarum a Christo praistitam resolutionem : {-.ô) multiplicans mullipticabo trisfitias tuas et gemitus tuos » per hoc solvit, ubi dictum est : Ave, grntia Dei pirna ; (to) in tristitia paries filios, » solvit per id quod scriptum est : Bcncdictus fructus ventris tui. » Ibid., p..326. Cf. M..Jugie. Nestorius, p. 285-286. Ainsi Nestorius exemple explicitement Marie de la peine du péché originel spéciale aux femmes ; d’après lui. Dieu avait préparé à la sainte Vierge un enfantement sans douleur, el c’est elle qu’il a donnée comme mère nouvelle à l’humanité. C’est du reste à Jésus que Marie doit d'échapper à la loi commune ; car c’est par lui qu’est

levée la sentence portée contre la femme : Respice harum tristium sententiarum a Christo præstitam resolutionem ; et c’est l’ange qui annonce à Marie son privilège, en lui disant : Ave, gratia plena. Tout cela n’est sans doute pas aussi clair que nous le désirerions ; mais cela est fort suggestif. Si l’on ne peut affirmer avec certitude que, pour Nestorius, exempter Marie des peines du péché originel équivalait à l’exempter du péché originel lui-même, je ne crois pas qu’on puisse avancer non plus que sûrement cette équivalence n’existait pas dans son esprit.

Nous trouvons quelque chose de plus explicite dans les écrits d’un des principaux membres du concile d'Éphèse, Théodote, évêque d’Ancj’re, en Galatie, qui, malgré son ancienne amitié pour Nestorius, embrassa résolument la cause de l’orthodoxie. On a de lui six homélies, traitant toutes du mystère de l’incarnation. La plus remarquable au point de vue de la doctrine mariologique est celle qui vient la dernière dans la Patrologie grecque de Migne, t. i.xxvii, col. 1418-1432. pnie fut éditée pour la première fois par Combefis dans le t. I de sa Bibliotheca concionatoria, p. 45, en traduction latine seulement. C’est cette édition que reproduit la P. G. de Migne. Nous avons pu consulter le texte grec, qui se trouve dans un manuscrit du xe siècle, le cod. 1171 du fonds grec de la Bibliothèque nationale de Paris, fol. 96 V-ll 7. L’orateur commence par rappeler le récit de la création de l’homme, décrit son état au paradis terrestre et fait un tableau éloquent des tristes suites du péché de nos premiers parents. Ce tableau est complet : perte de la justice originelle r.tTi ; h i ; j.af.T ; a ô sv o ; Latoajvi, ; perte de l’immortalité : -(Tir

v OavaTo) ô Èv àOava^ioc ; perte de l’impassibilité
-(Tj ;

£'/ çOocà ô £v açOapiia ;-oj ; èv a’vjva’j.ia o âv 0'j’j.Y15ta ; perte de la rectitude morale et sujétion à la concupiscence : -("> ; b/ Ln : /}.% ô Èv àzaI. : ï ; 7 : (ôç Èv à- : i ; j.îa ô Èv Tiar ;  ; t.m^ Èv-oÀlaoi ; ô Èv SLOriVrLol' ;  ;-to ; èv ::ovT]poïç Àoy.G^jioïç ô Èv àyaGoï ;).oy ! aij.or ;  ; ignorance : -ô)ç to oiV.TjTrip'.ov -<i~j S’oTo ; a-rp-aiov-jprr/VJ cy.oTaiaoCi ; servitude du démon, sur laquelle Théodote insiste particulièrement : -(Ôç Èv rupavvio ; o èv Sjva3T£ ; a : s’iyi-o-r, : y.7.(j' 1, 'j.i’yj-jcavviSo ; ô OîâjîoXoç. zaTSOoûXo-j -îaav i^'jyrîv, Ces maux n’ont pas seulement atteint Adam ; ils sont le lot commun de tous ses descendants ; son histoire est la nôtre : y.otvov to-illo ; Lxl zo ; vov-r,-ivOo ;. Théodote a une notion très nette de la déchéance de notre nature à cause du péché d’Adam. Cela ressort non seulement de ce qu’il dit dans cette homélie sixième, mais aussi d’autres passages. Cf. Homil., ], 1^, P. G., loc. cit., col. 13()8 ; Homil., u. 10, col. 1381.

C’est après avoir décrit ainsi l'état lamentable de l’homme déchu que notre orateur en vient à parler du redompteur et de sa mère, du nouvel Adam et de la nouvelle Eve : « Lorsqu’rst arrivée la plénitude des temps, quand a sonné l’heure des miséricordes divines, alors Celui qui est puissant a manifesté les moyens de salut. A la place du dragon infernal, auteur du mal, qui avait plongé le monde dans la tristesse, voici venir l’archange porteur d’un message de joie. Au lieu de celui qui, par une rapine sacrilège, prétendait devenir l'égal de Dieu, voici que Celui qui est Dieu par nature et le Seigneur de tout vient régénérer lui-même la nature qu’il avait créée. A la place de la vierge Eve, médiatrice de mort, une Vierge a été remplie de grâce pour nous donner la vie, 0 : 'j/ap ; T’oTo nasOivoç î'. ; X£i- : ojpY ; av IT’orl ;. ms. cité, fol. 103 ; une Vierge a été façonnée possédant la nature de la femme, mais sans la malice féminine, -^oity noi'^i-.o zapOsvo ; èvtoç yjvarLî : a ; çj7£' » ç Lj.' : èLtoç Y’jvaiy.cia ; '5xa'.ô"T, To ;  ; Vierge Innocente, sans tache, tout immaculée,-avî|j.'.)|j.o :, intègre, sans souillure, sainte d'âme et fie corps, ayant poussé comme un lis ou milieu des épines, ('> ; y.y.'/ov èv fj.£7(.) ày.avOi~)v [îLaîTrlîa^a ; qui n’a pas été Instruite des

vices d’Èvc, oj ; jLa[lï|- : £jO£ ; aa toï ; -.7, ; IvJ’a ; LaLo’.' ;. » Ibid., fol. 104 recto. Ces vices d’Eve, l’orateur les énumère ; il s’agit surtout de la vanité et de la coquetterie. Puis, il continue rélof, ’e de Marie : « Consacrée à Dieu avant sa naissance, et une fois née, offerte à Dieu en signe de reconnaissance pour être élevée dans le sanctuaire du temple, revêtue de la grâce divine comme d’un vêtement, r : c ;  : [jî|îAri ; j.£VT| O^iav -/io ; 7 ô)i Oipt^Tpov, l’âme remplie d’une divine sagesse, épouse de Dieu par le cœur…, elle a reçu Dieu dans son sein ; elle est véritablement Ihéotocos, et pour ainsi parler, elle est toute belle, comme un objet de complaisance, et toute agréable comme un sachet d’aromates, tïj ya^toi biooôyoç, Ttp ïpyo Œo-i-j’Lo ;, -Lau f !)ç ïr.oi ELTtsiv, oXy] xaXr], wç sjôoLîa, -Lal oX-q -ifiv.ci, (o ; à-o3 : c7rj, o ; àp’jvj.âT(i)v. C’est cette Vierge digne de Celui qui l’a créée, que la divine providence nous a donnée, pour nous communiquer le salut, - : tjtï|V y, ; xtv -tjv àÇîav TOj y.x’.iavxoi ri (iiia oîOfôpviTai -oovoia. »

L’éloge continue, toujours magnifique, toujours à la hauteur de celle qui en est l’objet. L’archange Gabriel admire sa vertu et sa sainteté et la déclare toute vénérable, toute bonne, toute glorieuse, toute noyée dans la lumière. C’est par elle que la tristesse d’Eve a cessé, par elle que la sentence de condamnation a été effacée, kç-r’i’Aur.x’x'. oià lou xk -rf, ; Lxxa.oiLi] ;  ; à cause d’elle qu’Eve a été rachetée, À^Xj-piotai EJ’a ôtà ai : « Car c’est un Fils saint qui est né de la sainte, le saint par excellence et le Seigneur de tous les saints, le Saint auteur de toute sainteté. L’Excellente a donné le jour à l’Excellent, l’Ineffable à rinetïable, la Très-Haute au Fils du Très-Haut. » De l’ensemble de ces expressions il ressort, à notre avis, que Théodote d’Ancyre croyait d’une foi explicite que Marie a été préservée de la faute originelle, et qu’elle a toujours été en grâce avec Dieu. Le passage principal où sa pensée se manifeste d’une manière suffisamment claire est celui-ci : « A la place de la Vierge Èvo, médiatrice de mort, une Vierge a été remplie de grâce, GtoyaptT’o-o, pour nous donner la vie ; une Vierge a été façonnée possédant la nature féminine, mais sans la déviation et la déformation de cette nature, ix.tci ; yuvaiL£Îa ; axaiox/i-o ; » Ces paroles indiquent une intervention spéciale de Dieu pour préparer à son Fils une mère digne de lui. Ce qui précède et surtout ce qui suit, montre suffisamment que, si Marie a été remplie de grâce, cela a été fait dès le premier instant de son existence, et que la déformation de la nature à laquelle elle a échappé doit s’entendre de la faute originelle, qui a faussé l’œuvre primitive du créateur.

Nous ne pouvons taire cependant qu’un passage de la quatrième homélie attribuée à Théodote paraît exprimer une doctrine différente de celle que nous venons de trouver dans la vt^ homélie. Ce passage est ainsi conçu : « Les adversaires de la maternité divine n’ont pas voulu comprendre l’enseignement des nôtres touchant la transformation de sainteté qu’éprouva la Vierge, xr^v eÎç âyiaaaov àXXdiwa’.v Tr, ; rrapOivou. Mais des comparaisons empruntées à des choses tangibles peuvent nous doruier une idée du mystère. Si un morceau de fer tout noir et chargé de scories se dépouille, dès qu’on le jette dans le feu, des corps étrangers, et prend, en un instant, la pureté de sa nature ; s’il acquiert la ressemblance de la flamme qui le purifie, devient inaccessible au toucher et consume toute matière qu’on en approche, quoi d’étonnant si la Vierge tout immaculée fut portée à une pureté parfaite par le contact du feu divin et immatériel ; si elle fut purifiée de tout ce qui était matériel et étranger à la nature, et constituée dans tout l’éclat de beauté de la nature, de manière à être désormais inaccessible et fermée et soustraite à tout abâtardissement charnel, 7.3.1 arsaurlyTi ij.£v T(3v jXrLtTy/ à-âvTf.ov Lai T(ov : Tapà oûaiv.

LaTî^tr, Oc O’.xjyw ; cv Lay.tô’r, ; oyaîuj ;, ( » ) ; E’.va ; ao’.~ov ào’.âjîaTov La ; aO’.LTOv y.ctl àrpô^^XErTOv xolç oxyLrL’r.i -%pi’/rpij’i.%z :. Et de même que celui qui se place sous une cascade est mouillé de la tête aux pieds, de même la Vierge mère de Dieu fut, c’est notre conviction, ointe entièrement de la sainteté du Saint-Esprit, qui descendit sur elle : puis elle reçut le Verbe de Dieu vivant dans la chambre toute I)arfumée de sou sein virginal. » HomiL, iv, m S. Dciparam c.[ Simeoncm, 6, P. G., t. Lxxvii, col. 1397. Si la seconde comparaison employée par Théodote s’entend facilement d’une augmentation de sainteté reçue par la Vierge au moment de l’incarnation du Verbe, la première, il faut le reconnaître, suggère, au premier abord, quelque chose de dinicilement conciliable avec la sainteté originelle de Marie Que peuvent bien être ces choses matérielles et étrangères à la nature considérée dans sa pureté idéale, dont fut purifiée la mère de Dieu ? Ne sont-ce pas comme des restes du péché originel ? Ou bien l’orateur aura-t-il été entraîné par sa comparaison du fer chargé de scories au delà de sa véritable pensée ? Ce qui est sûr, c’est que ce passage ne cadre pas, pris à la lettre, avec la doctrine de la vi « homélie. Il ne reste que deux hypothèses : ou la pensée de Théodote sur la sainteté de Marie a passé par une certaine évolution, ou l’auteur de la sixième homélie n’est pas le même que l’auteur de la quatrième. Ce n’est pas le lieu de chercher à éclaircir ici le problème littéraire.

Un contemporain de Théodote d’Ancyre. saint Proclus, patriarche de Constautinople († 440), a laissé trois homélies mariâtes, doni deux sont unanimement reconnues comme autheuiiques. Dans la première, P. G-, t. Lxv, col. 679-6’.)2, il afHrme clairement l’existence du péché originel. « Par l’intermC’diaire d’Adam, dit-il, nous avons tous souscrit au péché et le diable nous retenait captifs… La nature humaine tout entière était asservie au néché. « Loc. cit., col. 686, 688. D’un passage de sa lettre aux Arméniens il ressort que pour lui la générati n humaine est le véhicule de la tare originelle, et il dit que la corruption, îO ; pâ, qu’il paraît entendre dans un sens particulièrement matériel, est le prélude de tout enfantement naturel. Epist., ii, ad Armenios, ibid, col. 868, H6<) Marie al-elle été soustraite à cette tare originelle ? Proclus parait l’enseigner dans tes deux homélies sûrement authetitiques. Il est préoccupé, comme tous les docteurs atitinestoriens de l’époque, de montrer qu’il n’a pas été indigne de Dieu de se faire homme dans le sein d’une Vierge et pour établir sa th>se, il déclare que Dieu lui-même a façonné sa future mère, mais sur le modèle primitif « Dieu, dit-il, n’a pas été souillé eu prenant rhair dans celle à laquelle il a donné la première forme sans contracter de tache, » àXX’r, v àva-XaTTfov ojx ÈaoX-jvOr). sv aÙTJj lapLfoSjL ; xa : i : ajTTj ; ysvvYjOsi ; ojx ÈfvtavÔTi. HomiL, ’, de laudibus S. Marias, P. G., L cil., col. 717. Le mot important dans ce texte est le verbe àvajiXâxt^)’/, qui signifie d’une manière générale : modeler, façonner de nouveau, restaurer, et qui est un des termes classiques de la théologie grecque pour exprimer la restauration de l’homme dans le Christ, le rétablissement de l’état primitif. Proclus veut dire que Dieu est intervenu d’une manière spéciale pour créer Marie, et qu’il a tait d’elle une créature nouvelle, semblable à Afinm avant sa chute. Que ce soit bien là le sens que notre orateur attribue à iva-XaTTwv, c’est ce qui ressort de ce qu’il dit dans d’autres passages. Après avoir parlé de la chair immaculée de la Vierge, rj xf, ; -apOÉvoj àu.dXjvxo ; lâp ?. il ajoute : « Le Verbe n’a pas été souillé en habitant le sein que lui-même a créé sans déshonneur… L’argile ne souille pas le potier lorsque celui-c’renouvelle le vase qu’il a

façonne. » ojI. i ; AOÀJvf(ï| otV./jiaç uriT^av, T, v~£p xjtos ivj^ptT- : ’r) ; ior, ; j.LO-jpyï, ’J£v…. ()’j’J. : x : n : 7 : y|Ao ; tov zHiaaia àvaLa’.vtT’jvTi or ; p ï-Àa^j rLjijOi. Homil., 1, de laadibui S. Mariée, ibi’d., col. 681, 68A Qu’on remirque de nouveau ici l’emploi du verbe àvay.a-.vtffo, un « îynonyme d’àv7.-ÀâTT’), pour exprimer le rétablissement de l’état primitif.

Ce qui n’est qu’insinué dans les deux homélies dont nous venons de parler reçoit une expression beaucoup plus claire dans une troisième homélie intitulée : De ! aiidibiis S. Marix, que plusieurs critiques, à la suite de Tillemont, Mémoires, Paris, 1709, t. xiv, p. 800-801, rejettent comme apocryphe. Les raisons qu’ils font valoir sont uniquement tirées de la critique interne. Après un examen attentif, aucune ne nous paraît décisive, et jusqu’à preuve jiositive du contraire, nous acecptoris l’authenticité de cette pièce, d’autant plus que la doctrine mariale qui y est contenue est en accord parfait avec celle que nous avons trouvée dans les deux autres homélies. En particulier, l’interventioti spéciale de Dieu pour former sa future mère y est bien mise en lumière. Qu’on en juge par les passages suivants : > Joseph ne se souvenait pas que celle qui avait été formée d’un limon pur, tj lI. to3 zaÛaioCi -£7 : Xa7v.ivT, nr.L’jj, devait devenir le temple de Dieu ; il ignorait que le second Adam devait de nouveau être façonné du paradis virginal, £I. toj -apOîv.xoj r.xpxoii’svj, par.es mains immaculées du Seigneur… Eh quoi I se disent les démons entre eux avons-nous affaire de noiivean h une seconde Eve ? Faut-il nous préparer au combat contre une femme exempte de la corruption ? -cj ; içOopov -[ynly.y. /, -7. ; 7.t-/ ;  : ç. Alloiis-nous être obligés d’adorer le second Adam ?.. La femme « le l’Adam terrestre aété facilement la victime de ses yeux, mais celle-ci, r.dam céleste l’a prise sous sa protection et l’entoure comme d’un rempart redoutable Marie est le sanctuaire sacré de l’impeccabitité, ye tempie sanctifié de Dieu…, l’arche dorée à l’intérieur et à l’extérieur, sanctifiée dans le corps et dans l’esprit, la génisse blonde dont la cendre, c’est-à-dire le corps du Seigneur pris d’elle, purifie ceux qui sont rendus impurs par la souillure du péché…, le champ de la béné<liction paternelle, ij-t, -f’c -aTp’.Lrj ; îùXoyia ; 6 lypo’;, dans lequel a été déposé le trésor de l’économie divine…, l’épouse toute belle des Cantiques, qui a déposé la vieille tunique, iJTï, r, La)./, t’^iv’..i|j.xffov i’yi.zi, 7, -.’Il ~%i.-x. : i)-i L-’o/ï a-oojaa ; j.£V71… Elle est le paradis verdoyant et incorruptible dans lequel rarbre de vie a été plante pour donner à tous le fruit de l’immoitalité. Elle est le globe céleste de la nouvelle création qui porte le soleil de justice, a-jiT) 7, iJfJaXr, ; Ls ; aoOaoTo ; -apao£ ; 70 ;, iv t) to xr, ; Ç’orj ; -Sk’i) çjtî’jOsv r.a.’ivt àL’oXJTwç -fpr^-fv. tr ; aOava-jia ; -.’fi i.i’jT.iVi..V’jtï) -ï^ ; 7.i’.vï ;  ; xt’SS’o ; tj ojcàvio ; Tsa’.'sa, TV T) <> av.sivTj ; -ïjç OîLa’.OTjvT ;  ; / ; X’. » ) ;. » De laudibus S. Maria ? . homil. vi P. G, ibid., col. 733, 752, 753, 756, 757. L’idée maîtresse qui se dégage de tous ces textes est que Marie a été soustraite à cette corruption, ^Ooçi, qui accompagne d’après Proclus, toute naissance humaiiie et qui est une conséquence du péché d’Adam. Par une intervention spéciale de Dieu, Marie a reçu une nature immaculée, sanctifiée, ne tombant pas sous (a malédiction originelle et faisant d’elle une créai nre régénérée, renouvelée, façonnée selon le modèle primitif. Les expressions : formée d’un limon pur, femme incorruptible, « sanctuaire sacré de l’impcccabilité ». t temple sanctifié de Dieu », sanctifiée dans le corps et dans l’esprit, « champ de la bénédiction paternelle », épouse toute belle dépouillée de la vieille tunique », « paradis exempt de comiption », glot)c céleste de la nouvelle création », ne signifient pas antre chose. D’après nou.i, Proclus a enseigné erplieilement la doctrine de l’immaculée conception.

Hésychius, prêtre de Jérusalem (t vers 450), dont nous avons cité plus haut, col. 903, un passage afflrmant si clairement l’existence de la tache originelle, pû-KOi, que chacun reçoit par la génération, parle de Marie en trois de ses discours. Il insiste surtout sur sa perpétuelle virginité, dont il trouve de nombreux et gracieux symboles dans l’Ancien Testament, mais il a aussi un long passage, qui suggère fortement l’idée de l’immaculée conception. Commentant le verset du ps cxxxi : Siirge, Domine, in requiem (uam, lu et arca sanctiftcationis (use, il s’adresse d’abord au Fils de Dieu : « Lève-toi, Seigneur, afin de relever ceux qui sont tombés, afin de redresser ceux qui se sont donné une entorse, afin de reppendre ton bien, que l’ennemi détient tjTanniquement jusqu’à ce jour. » Puis il continue : t Lève-toi, Seigneur, toi et l’arche de ta sainteté ; l’arche de ta sainteté, c’est-à-dire la Vierge, la théotocos. Si tu es une perle, elle en est l’écriu. Si tu es le soleil, on l’appellera ton ciel. Tu es une fleur qui ne se fane pas ; la’Vierge est donc une plante d’incorruptibilité, un paradis d’immortalité, i-rtio-i] li avOo ; T-jY/âv ;  ;  ; x’j.7.zy : i-.rrI. xzx / ; "itpOivo ; àsOapaîa ; Ç’jTOv. à’JavaTi’a ; na ; zo£ ; 70 ;. C’est d’elle qu’Isa’i’e a prononcé cet oracle : Voici, la Vierge concevra, etc. Voici la Vierge : laquelle ? La plus cxceUente des femmes, la iierle des vierges, l’ornement éclatant de notre nature, to 3£y.vov -f] ; 7|’Aî-£p7. ; ïj-js’i) ; lyLaXXfô-’.'jy.a, l’orgueil de notre limon, -i -’.j i, y.izz-.-, j -i^m-j Lxj/r’j.y.. C’est elle qui a délivré Eve de sa honte, Adam de la menace qui pesait sur lui ; elle qui a réprimé l’insolence du dragon. La fumée de la concupiscence ne ! ’a point atteinte et le ver de la volupté ne l’a point entamée, 7j 77, 7 r : aj ; iï|3tav à~o’: £’j.ojja to’j opâLovfj ;, ï| ; La— vo ;

r :  ; 0-j ; j. ; aç oj/ 7 ; ’iaro, ’lùoï -L’oXti ? aùtrjV ViOu-aOjta ;

ï, SXa’i£v… Elle a gardé incorruptible le temple [du Verbe] et son tabernacle exempt de toute souillure, TOV vaov àç’jasTov x.a ! tiriV (7Z7|vrjv iJnrj-j -t.’i-.’j ; iXeuGi ; ?./ £T7, ’pr, 7a ;. » Homil., V, rfe sancta Maria Dcipara, P. G. y t. XLin, col. 1464-1465. Incorruptibilité, immortalité, immunité de la concupiscence, impeccabilité, triomphe sur le démon, rôle de corédemptrice : tels sont les glorieux privilèges qu’Hésychius réunit ici en cquelques mots sur la tête de la’Vierge-mère et qui sont au privilège de l’immaculée conception ce que les efi’ets sont à la cause, ce que les parties sont au tout. On remarciuera surtout la gracieuse comparaison tirée de la fleur. Jésus est la rose qui ne se fane pas, la rose immortelle. Le rosier sur lequel s’épanouit cette rose participe à ses qualités. Lui aussi est à l’abri de la corruption et de la mort, et, donc, ne porte point dans sa racine le virus originel.

Dans un passage de son discours sur l’Hypapante, Hésychius paraît séparer Marie du reste de l’humanité. II déclare qu’elle n’était pas soumise à la loi de la purification mosaïque, parce que mère vierge, et il en conclut que l’offrande qui fut faite au temple € ne fut pas faite pour elle, mais pour tout le genre humain, ! oixca ojy’j~ïo a-JT^ : t ; -Goasocà, inz’sp ô’Xou to3 yivou ; £y£V£To : « car c’est à cause de nous que le Christ est circoncis, pour nous qu’il est baptisé, sur nous que s’accomplissent les purifications de la loi… ; lorsqu’il est couvert de crachats, c’est Adam qu’il délivre du crachat de la malédiction. » Homil., vi, ibid., col, 1469. Par contre, notre orateur, quand il parle du glaive qui transperça l’âme de la Vierge, a une exégèse voisine de celle des Pères du iVe siècle. Le glaive s’entend des pensées contradictoires qui agitent l’âme et la tiennent dans l’incertitude. Non seulement les disciples de Jésus, mais sa mère elle-même connurent ce » agitations intérieures au moment de la Passion, car bien que Marie fût vierge, elle était femme ; bien que mère de Dieu, elle était de notre masse. » Hésychius, cependant, ne dit pas que Marie a donté au iwint de

commettre une faute. Ses paroles peuvent s’entendre d’une sorte d’angoisse intérieure et de tentation, -avire ; iacviâvOYiiav v.x ! âaaXjjOïj’jav. Ibid., col. 1476.

Chrysippe, prêtre de Jérusalem († 479), dans un sermon sur l’Annonciation, , commente, comme Hésychius, les paroles du ps. cxxxi : Surge Domine, in requiem tuam, tu et arca sanctificadonis lux. Comme lui, il voit dans cette arche la Vierge Marie, mais ce qu’il en dit, loin de favoriser la doctrine de la conception immaculée, paraît, à première vue, en être la négation explicite. Voici le discours qu’il met sur les lèvres du psalmiste : « Levez-vous, Seigneur ; venez au lieu de votre repos. Le lieu de votre repos, c’est la Vierge, c’est son sein, qui deviendra votre lit et votre demeure. Levez-vous, Seigneur, dit le prophète, car si nous ne vous levez pas du sein de votre Père, notre race, qui est tombée autrefois, ne se relèvera pas, - : 7 ; twLciç r.ôXa’. to ysvoç t, ij.wv oùz àvaaTr[aETa[. Levez-vous, vous et l’arche de votre sainteté. Car c’est lorsque vous vous lèverez du sein paternel et que vous scellerez l’arche de votre sainteté, que l’arche, elle aussi, se relèvera avec tous les autres de la chute dans laquelle l’a établie, même elle, la parenté d’Eve, OTOiv yàc Œ’j èy.ïrOsv ÈÇavaCTxàç, -rjv to3 coîj âYiàa[xaTOç -Ltpwuov fftppaytŒr) ;, lôxe. zai f| xtjjwTOç [j.êTà -âvxtov ÈÇavaaTyjJETai âx toO -Ttoij-atoç, èv o) y.(x-i’3-f’ji L7.1 a’jTT]v r, xf^ EJ’a ; auyyÉvEia. » Bibliotheca veterum Patrum, édit. de Fronton le Duc, Paris, 1624. t. ii, p. 426. Chrysippe semble bien soumettre ici la sainte Vierge à la loi commune de la chute originelle. Ce qui est encore plus étonnant, c’est qu’il paraît retarder jusqu’au jour de l’annonciation, jusqu’au moment où le Verbe viendra sceller l’arche par sa présence, la justification de Marie. Mais avant de porter un jugement définitif, écoutons d’autres passages de la même homélie.

C’est encore David qui parle et s’adresse en ces termes à Marie, sa fille : « Écoute, ma fille, regarde et prête l’oreille ; oublie ton peuple et la maison de ton père, Ps. XLiv, 11 ; car un peuple méchant te déshonore par la proche parenté que tu as.avec lui, ::ovïioo ; yap ae îvao ; èvufiprCs’tfl ay/ ; ’tsîa xr, r.cLz, ’aùxoS, un peuple dépourvu de sens est apparenté à toi, qui es un rejeton irrépréhensible par nature ; et c’est un champ couvert d’épines qui produit ta rose, Àao ; àyvcôrj.ojv TTooTor/EtouTaî CTot Tôj à[A(j’)[j.( ;) (jÀaCTTrlu.axi çûasi, zat to aov ç’jsi po’Sov à/avOoodpfjv yetopyiov. » Op. cit., p. 427. Décidément, Chrysippe est déconcertant. Tout à l’heure, il nous a paru soumettre Marie au péché originel. Ici, il paraît liien l’en exempter, puisqu’il l’appelle a un rejeton irrépréhensil)Ie par nature », t une rose poussée dans un champ d’épines ». Un certain déshonneur rejaillit cependant pour elle du fait qu’elle est fille d’Adam pécheur. Cela fait penser à ce que les théologiens appcllent le debilum remotum ; en vertu de sa naissance par la voie naturelle, Marie devait contracter la faute originelle. Si elle l’a évitée, c’est par un privilège spécial de Dieu. Ce serait donc dans ce sens qu’il faudrait interpréter le premier passage. D’autres expressions de la même homélie nous inclinent à croire que cette interprétation a chance d’être la vraie.

L’orateur appelle, en effet, Marie la tige de Jessé toujours verdoyante, r, àsiôaXïj ; pdtfioo : ’IsaciaL le jardin du Père, la prairie de toute la bonne odeur de l’Esprit, ô Y.f^TZOç o toù natpoç, à XEtij.(I)V oXy) ; tf, ; EjwSîaç ToÙ nv6Ûp.aToç, l’arche dont Dieu a été l’architecte et l’habitant, le pilote et le passager, le compagnon et le conducteur, 7. ; [3tjDXoç rjç ipyttszxwv Lai Evoixo ;, xoflepvrîxT, ; za ! ’e’ij.ropoç, auvoootrôpoç xai ï, ys[j.tov ô Tr, ; xTÎuetDç (l’Kr^ ; Sïijx’.oupyô ;. Surtout, il met en relief la victoire de Marie sur le démon, son rôle de nouvelle Eve : « Comment se fait il, se dit le diable, que la femme qui, à "origine, avait été mon auxiliaire, soit maintenant devenue mon adversaire ? Une femme me prêta son concours pour soumettre le genre humain à ma tjTannie, et c’est une femme qui m’a fait perdre mon empire. L’Eve antique causa mon élévation ; l’Eve nouvelle m’a précipité dans la ruine, /, IvJ’a », -âÀa’.a as x’/j’^'oit y.r : ïi via Lv.-ifjo.’LvK » Op. cit., p. 428. Marie, ajoute Chrysippe, est la plus belle d’entre les femmes, comme Jésus est le plus beau des hommes, ^u-ôl T^ç tooix’.y. : 3v yjva’.çlv 6 wpaVoç zâLAE ! -apà to5 ; ui’j’jç Twv avOp’-ozo^v

Deux autres orateurs de la seconde moitié du ve siècle, Basile de Séleucie et Antipater de Bostra, se font de la sainteté de la Vierge-mère une idée très élevée. Basile appelle Marie la Vierge toute sainte., -avayîa rapOivo :, Homilia in Annunliationcm, 6, P. G., t. Lxxxv, col. 452 ; il l’exalte au-dessus des anges et des saints. Ibid., col. 420, 448. C’est dans son sein immaculé que le décret de condamnation porté à cause du péchéa été déchiré, év r, to -fj ; âu.apxiaç SiEppayr, -/c’pôypaiov (allusion au péché originel), col. 437. Elle est la médiatrice du salut, un temple digne de Dieu, vaoç û-ap/sc ; ovTf.j ; àÇidOsoç, col. 444. Elle est la Vierge enfantant sans malédiction, que Dieu oppose à Eve, àvti -f]ç EJ’a ;, -apQÉvov Popiç zaTapa : (ôSivoucrav. Orat., ni, in Adamum, loc. cit. col. 62.

Pour Antipater de Bostra, Marie est la sainte par excellence, », àyia. In Annuntiationem Deiparee, P. G., ibid., col. 1777, 1784. Marie était sainte au moment où l’ange vint la saluer. La descente du Saint-Esprit lui procura une augmentation de sainteté : ây : a asv ii-apys’. : oeï Se uè yEvÉcrOai àyttoTEpav. « Lorsqu’un menuisier prend un morceau de bois ou lorsqu’un forgeron prend du fer, il le travaille et le purifie encore, pour le rendre plus apte au but artistique qu’il se propose ; de même toi, tu es vierge, sans doute ; mais il faut que tu deviennes plus sainte pour concevoir le Saint. » Ibid., col. 1781. Comme Basile de Séleucie, Antipater met aussi en relief la coopération de Marie à l’œuvre du salut. Elle répare la faute d’Eve, napOs’vo ; — apôÉvo’j avaza).ou]j-£vr| to açaXua, col. 781. Dans son homélie sur saint Jean-Baptiste, il répète la même idée, à plusieurs reprises. Marie est bénie, parce qu’elle apporte la délivrance de la malédiction, EÙXûyr|[j.Évi, r, Tf, ç zatapa ; Tr, v).ja : v [îauTOcÇoucio. Ibid., col. 1776. Mais elle est bénie aussi, parce que son sein a été un temple saint, r, ç ÎEprJv otjtov CT : r, pçcv 7, yaa-rrjp. Ibid. Elle a trouvé la grâce que perdit la première femme, ydr^r/ s’Jpsç, î^v àjrioXsaEv vj zpuTd--XacTTo ; , ccl. 1773.

Contre l’immaculée conception on pourrait objecter les deux passages suivants : o Qui dira que la condaninée est venue, portant le juge dans son sein ? Tiç XéÇct dti-Ep rj zaTtxzp’To ; âXrp.uŒv "e’vSov’s’yousa tov xpt’rjv. Ibid.. col. 1765. Salut, 6 toi qui as été la première et la seule à engendrer un enfant exempt de la malédiction, yaips, T ; -pwTr, xa ! ij.dvT| -xTOuaa ppÉço ; zatâpa ; ÈÀsûŒpov, col. 1772. Mais il ressort, d’après le Contexte, que la condamnée, r, zaTazptTo ;, dont 11 s’agit dans la première aflirmation, est la femme en général ou, si l’on veut, la fille d’Eve la condamnée. Quant à la seconde proposition, elle n’exclut pas, par elle-même, le privilège de Marie ; elle vise avant tout le fait de la conception virginale, qui ferme radicalement la voie au péché originel. Marie, elle, par le fait de sa naissance, reste toujours soumise au debitum remotum. Du reste, les propositions générales ne prouvent rien contre l’exception dont la mère de Dieu a été l’objet. On les trouve sous la plume d’écrivains qui ont explicitement enseigné le privilège mariai

Somme toute, si Basile de Séleucie et Antipater de Bostra ne parlent pas plus clairement de la sainteté

originelle de la mère de Dieu, ce n’est point parce qu’ils étaient opposés h cette doctrine ; ce n’est point parce qu’ils ignoraient l’existence du péché originel, dont ils font si souvent mention ; c’est parce que, pour eux, l’absolue sainteté de Marie allait de soi ; qu’elle s’imposait à leur esprit à l’égal d’un axiome. Il aurait fallu une controverse pour les amener à énoncer plus explicitement ce qu’ils supposaient comme une vérité incontestable. Ils ne sont pas les seuls à donner cette impression : c’est celle qui se dégage de toute la littérature mariologique des byzantins.

2° Pérès des ri’el VII'e siècles. — Le célèbre mélode saint Romanos, qui vivait sous le règne de Justinien, a laissé sur la naissance de Jésus-Christ un beau cantique, dans lequel nous relevons l’expression suivante : Le Christ a levé la malédiction par l’intermédiaire de la Vierge et a rétabli Adam dans son premier état, -’jv’Aoà’j. àvazaXsaa ;. Tipsv âpàv Sii vrapOsvou. Pitra, Anaieda sacra, Paris, ’1876, t. i, p. 226. Dans un autre cantique sur la naissance de Marie, que conserve encore la liturgie grecque, la Vierge est déclarée un temple saint dès sa naissance, Cràp/st ?. tî/Ôîïaa, vaoç iy.oç. « Ibid., p. 199. Les tribus d’Israël apprennent qu’Anne a enfanté l’Immaculée, 0-. : "É-HLsv "Avva -r, ’/ à/pav-iv. Ibid. « Dans ta sainte naissance, ô immaculée, Joachim et Anne ont été déUvrés de l’opprobre de la stérilité, et Adam et Eve de la corruption de la mort, Lai’.à ; j. La ! EJ’a Èx tt ; ç çôopàç Toù OavaTO’j fiÀsuOsocôGrpav, àyoav’s. èv Tr ; âyi’a yîvvr^aE’. co-j. » Ibid., p. 198. Pour saisir toute la portée de ces dernières paroles, il faut se rappeler qu’à l’époque de Romanos, on ne distinguait pas encore entre la fête de la ConcciUioii et la fête de la Nativité proprement dite. Celle-ci célébrait la venue au monde de la Vierge, aussi bien sa conccption d’une mère stérile que son enfantement et le terme de yivvï.c ;  : désigne ces deux moments. La venue au monde de la Vierge est sainte. Elle ne fait pas seulement cesser l’opprobre de Joachim et d’Anne ; elle délivre encore Adam et Eve, c’est-à-dire la nature humaine, de la corruption de la mort, c’est-à-dire de la tare originelle. Le premier sujet de cette délivrance n’est-il pas Marie elle-même au jour de sa sainte naissance (= conception et enfantement) ?

Saint Anastase I"’, patriarche d’Antioche († 599), dans son troisième discours dogmatique, écrit cette phrase : j Le Verbe, voulant se faire homme, parce que l’homme ne pouvait être sauvé autrement, descendit dans un sein virginal et exempt de toute corruption ; car Marie était une vierge chaste de corps et d’esprit. » Orat., iii, de incarnadone.Q, P. G., t. Lxxxix, col. 1338. On remarquera qu’Anastase ne parle pas seulement de la virginité corporelle, mais aussi de la virginité spirituelle, de la sainteté. L’exemption de toute corru’ttion s’applique donc et au corps el à l’âme, et c’est cette pureté totale qui a valu i Marie d’être choisie par le Verbe. Dans la première homélie sur l’Annonciation qui est attribuée au même auteur, nous lisons le passage suivant : Salut, pleine de grvce ; le Seigneur est avec toi, parce que tu es devenue pour nous la vole du salut, qui conduit au ciel… C’est pourquoi avec toutes les générations nous te proclamons bienheureuse seule parmi toutes les femmes, toi en qui le soleil n’a point allumé la flamme de la volupté et h qui la lune n’a point fait sentir, pendant la nuit, son Influence déprimante. Car tu n’as point laissé chanceler le pied de ton âme (Ps. cxx, 3), mais tu l’as posé sur le rocher, et tu es demeurée inébranlable. Et le Seigneur t’a gardée, r, v ojI. èçÉLau^Ev v.îoç, rfiovi, ; ÇAÔya JrayMv crJO : vjLto :.’jiXr]/r, pof.lOT, ; ï[ ; Xa’}£ 5ûvaij. ; ç. » iSerm., ii, in Annunt. Deiparæ, P. G., ibid., col. 1377. Dans un second discours pour la même fête, Anastase salue en Marie la « seule parmi les vier ges qui ait été remplie de grâce, » et l’appelle « la belle, l’immaculée, la sainte », tV// ; j.o’vT|V àv -apOivotç I. ; /apiTO)[j.£VTjV, TT|V zaÀrJv, TrjV aa ;  : iÀov, ’ï, v ayfav. Serm., iii, in Annunt., ibid., col. 1388. Si Marie a ignoré les suites du péché originel comme la concupiscence et certaines autres misères, si elle n’a point péché, si Dieu l’a gardée, si elle est l’immaculée, la sainte par excellence, si elle a été exempte de toute corruption, cela ne signifie-t-il point qu’elle a ignoré cette souillure de l’âme et du corps qui atteint tout homme venant en ce monde ?

Dans son homélie sur la fête de la Dormition, le patriarche de Jérusalem, saint Modeste († 634), proclame la Théotocos toute sainte, ravayîa, plus sainte et plus glorieuse que les chérubins et les séraphins, P. G., t. lxxxvt, col. 3280, et lui donne le second rang après Dieu. Ibid., col. 3281. Le Christ la choisit entre toutes les créatures raisonnables et spirituelles pour en faire sa mère toute sainte, et il la remplit de grâce au suprême degré, » èLÀ£Ça[j.svov ysvÉoOa-. zavaytav jXTiTipa aÙTOu La ! ’j-joTscav to3 -avxo ; /^^p’-TfôaavTa aùi : iv, col. 3284. Il la sanctifia pour qu’elle devînt son séjour, ày’.ac ; a ; aj-r, v sivat Osooo/ov ywpîov. Ibid. ; cf. col. 3280, ŒôOsv Tpa^uivï). Quand s’est produite cette sanctification, cette /apÎTfDi’.ç ? Modeste ne le dit pas expressément, mais il l’insinue suffisamment quand il dit que la Vierge est un propitiatoire construit par Dieu lui-même, iXaaTr ^lpiov GsoiocuTov, col. 3305. et qu’elle est la porte orientale dans laquelle le mensonge n’a jamais eu accès, Èv r, TO i^-êûôoç où 7 : pciac-£Àa3sv, col. 3301. Quant à la préservation du corps de Marie de la corruption du tombeau, le patriarche hiérosolymitain l’attribue directement à la toute-puissance du Sauveur, col. 3293. Ajoutons enfin que Modeste n’oublie pas de signaler le rôle de Marie dans la rédemption de l’humanité : « Ballottée sur l’océan de ce monde, l’humanité a été sauvée en toi, et par toi a recouvré les dons et les biens éternels, » r, àvOp(o7 : o’- : r| ; osaucTa ; Èv aot y.al O’.'x œo5 à’/rL-.rliix-o /apîajj.ata Y.a.1 at’tov.a àyaOa, Col. 3305.

Le successeur immédiat de saint Modeste sur le siège de Jérusalem, saint Sophrone († 638), célèbre en termes magnifiques la sainteté de la mère de Dieu tant dans sa Lettre synodique à Sergius que dans ses homélies, spécialement dans la longue homélie sur l’Annonciation. Notons tout d’abord que Sophrone affirme très souvent et d’une manière très explicite l’existence de la faute originelle et de ses suites pour tous les descendants d’Adam. Il parle de notre chute en Adam, de la condamnation de notre nature â cause de notre désobéissance en Adam. Encomium in S. Joanncm Bnpiistam, P. G., I. Lxxxvii, col. 3328. En faisant tomber Adam, le diable a rendu tous les honmies transgresscurs du divin commandement. Orat.w, in Anniintiationem, ibid.. col. 3244. « Nous tenons d’Adam un corps mortel [larcc que nous contractons la souillure du même Adam, notre premier père. » Orat, iii, de Hypapantc, ibid., col 3298-3299. Sur les suites du péché originel, voir l’homélie sur l’Annoncialion, col. 3229-3232. Voir aussi col. 3202-3203, 3736, 3160.

La lettre dopmatique envoyée par saint Sophrone à Sergius de Constantinople et aussi aux autres patriarches, après le synode de Jérusalem de 634. est un document Ihéologique de grande valeur tant purce qu’elle est rédigée sous la forme d’une profession de foi que parce qu’elle reçut l’approbation des Pères du Vl’concileœcuménique, à la XPsession. Mansl, C.oncH., t. XI. col. 461-508. La doctrine de la perpétuelle sainteté de la mère de Dieu y est clairement insinuée dans le passage suivant : Au sujet de l’incarnation, je crois que Dieu le Verbe, le Fils unique du Père…, pris

depitidpour notre nature déchue, toj kylir^utr.v/o-j Viaojv oX’.jOrJ’j.aTor, (le son libre mouvenænt, par la volonté de Dieu qui l’a engendré et avec le divin agrément de l’Esprit…, est descendu vers notre bassesse… et que, pénétrant dans le sein tout éclatant de virginale pureté de Marie, la sainte, la radieuse Vierge, pleine d’tine divine sagesse et exempte de toute souillure du corps, de l’âme et de l’esprit, Lai -ivto ; AvJtipoi :

j.oÀja ; j.aTo ; To-j t£ xiTa c7(j)|j.a La ; ’i’jy/, v zaî Z’.VKf.r-i,

il s’est incarné, lui l’incorporel… Il a voulu devenir homme pour purifier le semblable par le semblalile, le frère par le frère… Voilà pourquoi, oii -ryj-o, une Vierge sainte est choisie ; elle est sanctifiée dans son âme et dans son corps, La ! cjoi’j.i Lai’^j/r, / xytâÇsta’. ; et parce qu’elle est pure, chaste et immaculée, elle devient la coopératrice de l’iacamation du créateur, Lxl o-j-.ftz, -j-’yjo^fzï t^ nay/Mizi -rrj x-rî^avToç toç zaOapà Lai â-yn] xai àaoÀjvTo ;. » Epiât, synodica ad Sergium, P. G., ’t. cit., col. 3160-3161. Dans ce passage, saint Sophrone, qui, nous le savons, considérait ! e péché originel comme une souillure, ne se contente pas d’afBrmer que Marie a été exempte de toute souillure du corps, de l’âme et de l’esprit, ni de parler de l’action de Dieu, qui l’a sanctifiée dans son âme et dans son corps ; il indiqua aussi la raison profonde de cette pureté immaculée : Parce que le Verbe voulait purifier la nature humaine par cette nature même, il fallait de toute nécessité que l’instrument et l’auxiliaire de la purification fût lui-même indemne de toute tache. Voilà pourquoi une Vierge immaculée est choisie ; voilà pourquoi elle est sanctifiée. Ce que Sophrone ne dit pas explicitement, c’est le moment de cette sanctification. L’homélie sur l’Annonciation va nous donner de nouvelles précisions. Dans ce morceau aux belles envolées oratoires, Marie est d’abord déclarée sainte et immaculée avant la descente de l’Esprit-Saint, qui l’a rendue féconde : « L’Esprit-Saint va descendre sur toi, l’immaculée, lui dit l’ange, pour te rendre plus pure et te donner la vertu fécondante rivi’jij.x x-r.oy i-i cri, Tr]v àjJtôXuvTov, y.ixzi’Ji, x.aQapf^Tipav a3 7 : oit]JO|j. : vov. » Loc. cit., col. 3273. En expliquant la parole de l’ange : » Tu as trouvé grâce devant Dieu, » l’orateur fait allusion à une purification préalable, unique en son genre, dont la Vierge a été l’objet, purification qui n’est pas l’augmentation de sainteté reçue au jour de l’annonciation : « Tu as trouvé auprès de Dieu une grâce immortelle ; tu as trouvé auprès de Dieu une grâce d’un éclat souverain ; tu as trouvé auprès de Dieu une grâce immuable, une grâce éternelle. Beaucoup de saints ont paru avant toi, mais aucun n’a été rempli de grâce comme toi, oùSsi ; xa-à as x£-/apt’j)Ta !  ; aucun n’a été béatifié comme toi ; aucun n’a été pleinement sanctifié comme toi, oJOîi ; xaii a ; xaÔriyiajTa’. ; aucun n’a été exalté comme toi. Comme toi aucun n’a été purifié à l’avance, o’joî !  ; y.a-x i TrpoxsxaOaoxau.. Aucun n’a été aussi enrichi que toi des dons divins ; aucun n’a reçu la grâce dans la même mesure que toi… Les dons que Dieu a répartis à tous les hommes sont inférieurs à ce que tu as reçu. » Ibid., col. 3246-3247. Nous ne croyons pas fausser la penséedesaintSophrone en voyant dans la purification préalable, unique en son genre, qu’il attribue à Marie, l’équivalent exact de la préservation de la tache originelle dont parle la définition de Pie IX. Cette purification préalable elle-même a pour synonyme la pleine sanctification, xaOriytaa-a ;, également unique, dont la Vierge a été l’objet Sur la fin de son homélie, l’orateur, du reste, nous livre sa pensée d’une manière encore plus claire : « Le second Adam ayant pris la terre vierge et s’étant donné à lui-même une forme nouvelle à la ressemblance humaine, établit pour Ihumainté un second commencement, renouvelant la vétusté du premier, s’t ôî’jTôoo ?’Aoà ; j. -rviV T.xçJlvPrj yV’~po<iÀa, jô ; jL£vo ;, ava ; xoc.S61’ja ; iauTOV avOptD-ivto -t’o t/t, ’j.7.- :, ojuT-’cav àp/riv -r, àvOp’)7 : ô- : r|- : ’. -.’Mz-.x :. ïbid., col. 3285. Le premier Adam a été formé de la terre vierge, encore immaculée, encore non maudite. Le second Adam, qui établit pour l’humanité un nouveau commencement, est aussi formé de la terre vierge, t/, ’/ napOévov yr ; v, c’est-à-dire de la Vierge immaculée, restée étrangère à la vétusté de la première humanité. Tout doit être nouveau pour le nouveau commencement qu’inaugure le nouvel Adam.

Inutile, après cela, de relever dans l’homélie de notre orateur les nombreu.x passa.ges où il exalte la pureté et la sainteté de Marie au-dessus de la pureté de toute créature, ceux aussi où il montre son rôle de corédemptrice, déclarant que « par elle les hommes ont été délivrés de l’antique nialédictio :). » Cf. col. 3237, 3241.

L’idée transcendante qu’il se fait de la sainteté de la mère de Dieu se manifeste encore par l’interprétation qu’il donne de la prophétie du vieillard Sim ?on : Et tuam ipsius animam perlransibit gladius. Il l’entend d’une angoisse et d’une stupeur passagères qui envahirent l’âme de la Vierge au pied de la croix, mais qui n’arrivèrent pas à lui faire douter de la divinité de Jésus ni à lui faire oublier les merveilles de sa maternité divine : Non persistet, ncque omnino in le permanebil gladius itle pertransiens ; nunqaam enim, o Dci maier, in divini ex le conceplus mirœque ex le progenerationis obtivionem addacia jæris. De Hypapante, ibid., col. 3298. A la même époque, Léonce de Neapolis expliquait les paroles de Siraéon à peu près de la même manière : « A mon avis, dit-il. le glaive fait allusion à l’épreuve passagère qui survint à la sainte Vierge au pied de la croix par la tristesse qu’elle ressentit, n Tr|V £- ! -co^ aTa’jpo-j y ; vO[J.£vr|V -ri âyiz "ap-Oivto o : x xr]i Xj-r] ; ooxLua^iav. Sermo in Symeonem, P. G., t. xcni, col. 1580. C’était déjà l’exégèse d’Abraham d’Éphèse, au milieu du vie siècle. M. Jugie, Abraham dÉphèsc. et ses écrits, Sermon sur l’Hypapante, dans la Byzanlinische Zcitschrift, t. xxii, p. 58. Cf. aussi le pseudo-Cl^rysostome, P. G., t. l, col. 810-811. Timothée, prêtre de Jérusalem, voit dans le glaive qui transperça l’âme de Marie la doulenr qu’elle éprouva de la perte de Jésus arrivé à l’â.ge de douze ans. In Hypapanten, P. G., t. lxxxvi, coI.245. A l’époque où nous sommes arrivés, l’e.xégèse prigéniste prêtant à Marie des doutes positifs sur la divinité de Jésus est décidément écartée.

3° Pères des VU", viii^ et IXe siècles. — A partir du vne siècle, les panégyristes de l’immaculée deviennent plus nombreux et plus explicites. Le premier que nous rencontrons est saint.

dré de Crète († 740). Les ou vrages qui nous restent de lui consistent presque uniquement en sermons et en poésies liturgiques. C’est dans ses huit homélies mariales (quatre sur la Nativité, une sur l’Annonciation, trois sur la Dormition) et dans ses deux canons pour la fête de la Conception d’Anne et pour la fête de la Nativité de Marie, que nous trouvons les multiples expressions de sa croyance à la perpétuelle sainteté de la mère de Dieu. Sa doctrine peut se résumer dans les propositions suivantes : 1. La conception et la naissance de Marie ont été saintes ; 2. elle est fille de Dieu, ^ ; 6-x ::, à un titre spécial, et Dieu est intervenu d’une manière particulière au moment de sa conception ; 3. elle est les prémices de l’humanité restaurée et reflète en sa personne la beauté primitive ; 4. sa mort a eu une autre cause que celle des autres hommes.

Saint André est le premier témoin irrécusable de l’existence de la fète de la Conception d’. ne dans

l’Église d’Orient. Dans le canon qu’il a composé pour cette solennité, il parle tour à tour de la conception

d’Anne et de la conception de Marie. Dans son esprit comme dans la réalité, ces deux termes sont corrélatifs ci il s’arrête tantôt à l’un, tantôt à l’autre. C’est ainsi qu’il dit à un endroit : « Dieu exauce la prière de Joachim et d’Anne et leur accorde celle qui est véritablement la porte de la vie. Honorons sa sainte conception, r ; ç -/, ’/ àyi’xv T’.'JLrJ^’oa : / s-jÀÀT|i ; v. P. G., t. xcvii, col. 1309. La même expression revient un peu plus loin, col. 1313. Si la conception de Marie est sainte, sa naissance doit l’être aussi. André le déclare positivement dans le canon pour la Nativité : « Votre naissance est immaculée, ô Vierge immaculée, » a/oavto ; aoj f, -fivvTiT’.ç. naiOiv : à/pr/TJ, col. 1316, 1321.’Les expressions : « conception sainte », « naissance immaculée », si elles étaient isolées, ne suffiraient pas à écarter tout doute sur la véritable pensée de notre auteur. La liturgie grecque appelle sainte, aussi, la conception de saint Jean-Baptiste. Mais sous la plume de saint André, les mots : conceplion sainte, ont bien toute leur valeur théologique. C’est ce qui ressort, tout d’abord, de l’appellation de « fdle de Dieu », G^o’-aiç, qu’il donne si souvent à Marie et que les prédicateurs byzantins vont répéter après lui à satiété. Marie est fille de Dieu, non seulement parce qu’elle est fille de la promesse, que sa naissance d’une mère stérile, annoncée à l’avance par un ange, est due à un miracle du Tout-Puissant, mais encore parce qu’elle est » une argile divinement façonnée par l’artiste divin, la matière parfaitement assortiede la divine incarnation, » /| -avap ; xov ; o ; -y, ; O^’.V.fj ; ’j'0’j.x- : ’-'>si’oi -jvtijÔ OiOTEAvi ; TOj navTOjpyoj Lxl xy.T-.T.iPio^j -rjLo’;, Homil., I, in Dormilinncm, ibid., col. 1068 ; « le levain saint pétri par Dieu, grâce auquel toute la masse du genre humain est entrée en fermentation, » ’1-J[j.ri ày’a Oio-ivr^ ;. Homil. in Annunl., col. 896. La conception d’Anne s’est produite par une intervention spéciale de Dieu, kL 0£oj, ou, suivant une variante, en Dieu, iv ©siô. Canon in B. Annæ conccplionem, col. 1312.

Dans une autre série de textes, .

dré nous présente

la mère de Dieu comme les prémices de l’humanité renouvelée et l’image parfaitement ressemblante de la beauté primitive. Voici ce que nous lisons dans la première homélie sur la Nativité de la Vierge : « Aujourd’hui .dam offre iNLuie à Dieu en notre nom comme les prémices de notre nature… Aujourd’hui, l’humanité. dans tout l’éclat de sa noblesse immaculée, reçoit le don de sa première formation par les mains divines €t retrouve son ancienne beauté, srja^pov’q xaClipi -ùyj ïvOs(i’)-’ov vjyi’/i : % Tïj ; -iii-ï) ; O^o-XaiTiaç à-oXa ; j., 31vs ! to yiy.i’i.’x za ; rpo ; ÉajTf, ’/ âvTîrâvî’.ji. Les hontes du péché avaient obscurci la splendeur et les charmes de la nature humaine ; mais lorsque naît la mère du Beau par excellence, cette nature recouvre en elle ses anciens privilèges et est façonnée suivant un modèle parfait et vraiment digne de Dieu. Et cette formation est une parfaite restauration, et cette restauration une divinisation ; et celle-ci une assimilation à l’élat primitif, La ! r^v à-ï) ; i.xjp’ij3£ -oy LiXXoj ; vj-pi-Kv.x’/ rj -r] ; xaI. ; a ; ’yjT^v/i : i, txjttjv fj çjt ;  ; ts/OsÎ^t) -f] MrjTpi TO’j fijpaiou -poiÉyojTa, -Àa7tv kp’.i-ri’i tî Lai Oîo-pî ::e3Ti-Tiv iini/izi :, Kzl fivi-x : xjpî’.) ; -Xiiiç ivaxXiriJtç, La ! i) avâLAir, 7 ;  ; Oi’i) j’.ç, /, o : -po ; To îp/7.'><v j ; o ; xo ; ’i)7’. ; … Et pourtoutdireenun mot, aujourd’hui la réformation de notre nature commence, et le monde vieilli, soumis h une transformation toute divine, reçoit les prémices de la seconde création, 17’, -xipov rj -/) ; sjjîh^ r) ; Pov « vi ; iop3’.)7 ;  ; ’iy/i-.i :, za ; o yripiia ; yÀTxo ; écŒtOîSTOtTr)’/ >> « ; A, 31v’i)v t : ’j : /v.>i : /, OîjTj’pi ; 0£o-Xa7T ; a ; -po’t-.’v.n. ?i/£Ti ;. > In NrtliDit. B. Mnriæ, i, col. 812. Même doctrine dans la première homélie sur la Dormition : « Le corps de la Vierge est une terre que Dieu a Iravaillée. les prémices de la masse adamique qui a été divinisée dans le Christ, l’image tout ; i fait res semblante de la beauté primitive…, l’argUe pétrie par les mains de l’artiste divin, » ï] Gîoyî’ôpyriTOç yf], ï] xr.xpyi^ Tûj ïv Xpt’JTiî) 6îtoOiVTo ; àoaa’.atou çypâaato ;, ~o -avo[j-O’.ov T^’j xpy.Lqç 6)poL : 6-T, - : r) ; i’voaXaa. Homil., i, in Dormitioncm B. Mariæ, col. 1068.

Et pourquoi ces attentions délicates de Dieu à l’égard de la Vierge ? « Pourquoi ces privilèges royaux, qui la rendent toute belle ? » Homil., iv, in Natio., col. 864. C’est parce qu’il fallait qu’un palais fût préparé au roi avant sa venue. Il fallait que les langes royaux fussent tissés à l’avance pour recevoir l’enfant ro^al à sa naissance. Il fallait enfin que l’argile reçût une préparation préalable avant l’arrivée du potier, -Iko ; ’vji : "pos’jpaOrjvat tov ;  : riXov, y.xl’d’i rrapîivai tov y.îpxfj-ix. Homil., III, in Nalio. B. Mariæ, col. 860. Le rédempteur du genre humain, voulant introduire une nouvelle naissance et réformation à la place de la première, choisit dans toute la nature cette Vierge pure et toute immaculée pour opérer sa propre incarnation, de même qu’il avait autrefois pris de l’argUe d’une terre vierge et intacte pour fornier le premier Adam. Marie est, en effet, la terre vraunont désirable, la terre vierge, rj -apOivoç y/, , d’où le potier a pris l’argile de notre terre pour remettre à neuf le vase brisé par le péché. Homil., i, in NntiDil., col. 813-814 ; Homil., ïv, in ATff/fy., col. 866-867 ; lIomiL, j, in Dormit., col. 1069.

Un lieu étroit unit les deux mystères de l’immaculée conception et de l’assomption. D’après le plan divin, si Adam était resté fidèle à Dieu, ni lui ni sa postérité n’auraient connu les alïres de l’agonie et la corruption du tombeau. La mort, la dissolution du corps est, après laprivation de la grâce déifiante, le grand châtiment du péché d’origine. Si Marie a été préservée de ce péché, il semble qu’elle aurait dû l’ôtre aussi de la mort. Mais on couçoil d’autres pensées. cquand, avant de considérer la mère, on jette les yeux sur le fils expirant sur la croix. Saint.Vndré de Crète a compris la nécessité de suivre cette méthode. Aussi avant de parler de la dormition de Marie, éprouve-t-il le besoin d’examiner les raisons pour lesquelles le Fils de Dieu est mort. Ces raisons sont au nombre de trois :

1. Jésus a voulu payera notre place la rançon du péché ;

2. il a voulu se rendre semblable à nous en tout, hormis le péché et établir la réalité de sa nature humaine ;

3. il fallait aussi que les arrêts de l’antique malédiction ne fussent pas complètement suspendus, o Car c’était la sentence de Dieu que ceux qui seraient tirés une fois de la terre devraient y retourner. » Homil., i, in Dormit., col. 1 048..près ces explications sur la mort du Fils, André se trouve à l’aise pour parler de la mort de la mère. D’après lui, Marie n’est pas morte, comme nous, à cause de l’antitjue sentence prononcée contre l’homme coupable. Elle a ignoré la corruption du tombeau. Sa courte dormition a eu pour cause des motifs analogues à ceux qui expliquent la mort de Jésus. Elle est morte pour ressembler ix son divin Fils, pour se soumettre comme lui aux décrets de la Providence, pour confirmer la foi en l’incarnation, pour montrer en sa personne comment l’on passe de la corruption à l’incorruptibilité, o Si, d’après l’Écriture, aucun homme ne doit échapper ù la mort et si celle que nous célébrons était véritablement homme et au-dessus des hommes, il est clair qu’elle aussi a dil passer par la même loi que nous, bien que, sans doute, non de la même manière que nous, mais d’une manière plus excellente, et pour un motif supérieur, bien différent de celui qui nous conduit à ce terme fatal, » il La’[j./) LaO’r||j.ïç Vi’i » ; aXX’'j~p ruii ; Lai ~r’i x’xixv, ’jizio r, ; -OJTO -ivT’o ; -x’Itv/ Èvayri|xîOa. Ibid., COI. 105.3.

Quelestccmotif supérieur ? André répond : « L’amère sentence de mort est abrogée et n’a plus d’effet. La puissance de la malédiction est détruite. Mais on ne

saurait outrepasser les règles établies autrefois par Dieu. Celui qui est Dieu par nature, qui change et modilie tout au gré de sa volonté miséricordieuse, s’y est soumis lui-même.. Il convient donc qu’il règle le sort de sa mère sur le sien propre. Il montrera ainsi non seulement que sa mère appartient véritablement à la nature humaine, mais encore il confirmera la réalité du mystère qui s’est accompli en elle, » -oi- ::S’av àpapÔT’j) ; aùtio za ! xà vOv è~t >-i~^'- "La'.voupyrjoai. Homil., II, in Dormit., col. 1081.

Après toutes ces expressions de la foi d’André de Crète à la perpétuelle sainteté de Marie, on comprendra toute la portée qu’ont sur ses lèvres des phrases comme celles-ci : « Marie est la seule sainte, la plus sainte de tous les saints. Elle est apparue toute pure à celui qui tout entier, corps et âme, a habité en elle. » Homil., II, in Naliv., col. 832. « Tu es toute belle, ô mon amie, tu es toute belle, et il n’y a rien à reprendre en toi, » Lal ij.ûi[j.oç oùI. ïax'.v èv cot. Homil., iv, in Nativ., col. 872. « Tu es véritablement celle qui est véritablement belle… Après Dieu, tu tiens le premier rang, » au yàp el àXr|Ûwç rj ovtwç -LCLXri, tj yojpi ; (ï)£oû |j.ovou, Ttavxcov avtDXÉpa ûjrapyojaa. Homil., lii, in Dormit., col. 1097, 1100.

La doctrine mariale de saint Germain, patriarche de Constantinople de 715 à 729, ressemble à celle du métropolite de Crète, son contemporain. On a parfois contesté l’authenticité de ses homélies sur les fêtes de la sainte Vierge : deux homélies pour la fête de la Présentation au temple, une sur l’Annonciation, trois sur la Dormition, une sur la ceinture de la Vierge et les langes de l’enfant Jésus. Cette authenticité est maintenant suffisamment établie. Cf. Ballerini, Sylloge monumentorum ad mysterium conceplionis immaculatæ Virginis Dciporæ illuslrandiim, Rome, 1855, 1. 1, p. 249-258 ; 1857, t. ii, p. 285-295 ; M. Jugie, Les tiomélies de saint Germain de Constantinople sur la dormition de la sainte Vierge, dans les Échos d’Orient, t. XVI, p. 219-221. Il est clair, tout d’abord, que, d’après saint Germain, la sainteté de Marie est antérieure au jour de l’annonciation, car l’ange la trouve, à ce moment, « tout entière et en tout pure et irréprochable, » oÀy ; 8t' oXou xaOapà y.a.l a ; j.£[j.7 : xoç xuy/c’vou’ja. Homil. tn Annuntialionem Deiparæ P. G., t. xcviii, col. 328. Cette sainteté existe au moment où la Vierge, âgée de trois ans, est conduite au temple par ses parents, car Anne l’offre au Seigneur « comme un don sanctifié et éclatant d’une beauté divine, » ooipov ÛEoy.aXXwxtaxov r, i’taŒ|j.Évûv. Homil., i, in Præscnt. Deiparæ, ibid., col. 297. Ce n’est pas le temple qui la sanctifie ; < c’est plutôt elle qui sanctifie le Saint des saints. » Ibid., col. 301. Klle est la colombe au plumage d’un jaune d’or, « brillant sous les reflets de l’Esprit-Saint, qui l’illumine. » Ibid., col. 308. Cette sainteté existe dès le premier moment de l’existence de Marie, car celle-ci est une créature nouvelle, réformée, àvd-/, aj ; ç yàp eT, Homil. in Dormit., ii, col. 357, et le ferment de la réformation d’Adam, et la délivrance des opprobres d’Eve, ' au £'. XYJç àva-Àoéast.) ; xoU 'ABàij. ï, rû|j.rj, au v. X'ôv ôvEtS'.ajj.ôJv -fiç EJ’a ; ï, ÈXejOîpa. Ibid., co. 349. Dieu est intervenu d’une manière spéciale au moment de sa conception ; car elle est la fille de Dieu par excellence, r, Gsdratç, In Præsent., i, col. 300, un dépôt divin reçu dans le sein d’Anne, xr.v £/ ©eoS 7 : apax.axa6rîLr, v jTTooEfaaÉvTi. In Præsent., ii, col. 313. Joachim et Anne disent au Seigneur : « Prends celle que tu nous a donnée… Reçois celle que tu as choisie, prédestinée et sanctifiée, celle que tu as triée comme un lis parmi les épines de notre indignité, » r^v fipsxîaco, y.ctl Trpowpt’aaç, y.ixl fjyidtaaç.., rjv (Îj ; y.pi’vov èE àzavflôjv x% rj[j.sxépa ; àvaÇio’xïixo ; èÇeXs'Çw. In PræsenL, i, col. 300.

Comme saint André de Crète, saint Germain attribue la mort de la Vierge non au péché originel, cause

de la dissolution du cadavre, mais à des raisons d’ordre supérieur : Comment la mort aurait-elle pu te réduire en cendres et en poussière, toi qui, par l’incarnation de ton Fils, as délivré l’homme de la corruption de la mort ? Tu as donc quitté la terre, afin (le confirmer la mystérieuse réalité de la redoutable incarnation. En te voyant émigrer de ce séjour de passage et soumise aux lois fixées par Dieu et la nature, on a été amené à croire que le Dieu que tu as enfanté est sorti de toi homme parfait. Fils véritable d’une mère véritable, possédant un corps comme le nôtre, et pour cela, n'échappant pas au sort commun. Ton Fils, lui aussi, a, de la même manière, goûté une mort semblable l)our le salut du genre humain. Mais il a entouré de la même gloire et son sépulcre vivifiant, et le tombeau, réceptacle de vie, de ta dormition. Vos deux corps ont été ensevelis, mais n’ont pas connu la corruption. » In Dormitionem, i, col. 345. " Loin de toi la dissolution, ô Théotocos ; car tu es une créature nouvelle et la reine de ceux qui, tirés d’un limon fangeux, sont soumis à la corruption, » Èppixoj /oZç kr.i loi, àvâ-Àaac ; yàp £l, ox ! xoïç Èv fXût -r|).oj oiaçôapsïa ! zE/prjp.âxixaç SÉa-oiva. In Dormit., ii, col. 357.

Comme saint André de Crète et saint Germain, Jean de Damas a vécu dans la première moitié du vme siècle. Se fondant sur deux passages de ses œuvres, plusieurs théologiens grecs dissidents des temps modernes ont prétendu qu’il avait nié l’immaculée conception. Le premier de ces passages est tiré du IIP livre de V Exposition de la foi orthodoxe : « Après le consentement de la sainte Vierge, suivant la parole du Seigneur dite par l’ange, le Saint-Esprit descendit sur elle pour la purifier, la rendre capable de recevoir la divinité du Verbe et lui donner la fécondité, » x.aOaïpov ajxrjv. De fide orlhodoxa, t. III, c. ii, P. G., t. xciv, col. 985. Le second se trouve dans la i'" homélie sur la Dormition et exprime les mêmes idées : « La puissance sanctificatrice de l’Esprit, survenant en elle, la purifia, la sanctifia et la rendit féconde », ÈxaÛripÉ te za ; T^y’otaE. Homil., i, in Dormit., P. G., t. xcvi, col. 704. Les grecs entendent la purification dont parle ici le Damascène de l’effacement de la faute originelle, qui serait restée en Marie jusqu’au jour de l’annonciation. Que ce ne soit pas là la véritable pensée du saint docteur, c’est ce qui ressort tout d’abord des autres données mariologiques, que renferme V Exposition de la loi orthodoxe. On y lit, en effet, que la sainte Vierge, à l'époque, oCi elle vivait dans le temple, était déjà toute sainte : « Plantée dans la maison de Dieu et engraissée par l’Esprit comme un olivier fertile, elle devint le séjour de toutes les vertus. Tenant son esprit éloigné de tout désir séculier et charnel, elle conserva la virginité de l'âme avec celle du corps, comme il convenait à celle qui devait recevoir Dieu en son sein. En poursuivant la sainteté, elle devint un temple saint, admirable et digne du Dieu Très-Haut. » De fide orthodoxa, t. IV, P. G., t. xciv, col. 1160. La purification du jour de l’annonciation ne peut donc s’interpréter, d’après les principes mêmes du Damascène, que d’une pureté plus parfaite, d’une sainteté plus grande, idée que nous avons déjà rencontrée chez plusieurs docteurs.

La fausseté de l’exégèse schismatiquc éclate encore avec plus d'évidence à la lumière d’autres textes tirés des autres écrits authentiques du docteur de Damas, notamment de ses trois homélies sur la Dormition et de la I" homélie sur la Nativité de la Vierge éditée dans ses œuvres, la ii^ homélie sur le même sujet appartenant à saint Théodore Studite. Dans l’homélie sur la Nativité, nous lisons le passage suivant : « O Joachim et Anne, couple bienheureux 1 Toute la création vous est redevable ; car par vous elle a offert

au créateur le plus excellent de tous les dons, une mère vénérable, seule digne de celui qui l’a créée. O heureux lombes de Joachim, qui avez émis un germe tout immaculé ! O admirable sein d’Anne, où se développa petit à petit et se forma une enfant toute sainte, w ôaçù ; to3’UojlLv.’j. -au.y.aLâptaT£, âç v, ; zaTEoÀrJOri Tj^ip’^a. j : avâa(j)|j.ov tu a^lTca Trj ; "Awr, ; io ; 8tas, sv ^ xaï ? y.ixzx |jl ! Lgov sE axi--7]i -poaOriLat ; -t]ù^r’flr, L-xl O’.aaopçojOîv È-iy(>r^ ppiço ; -avâyiov… Aujourd’hui le flls du charpentier, le Verbe, artiste de l’univers, s’est préparé une échelle vivante dont la base s’appuie sur la terre, mais dont le sommet atteint le ciel. » Homil. in Nativ. Deiparæ, P. G., t. xcvi, col. 672. Comment ne pas voir dans ce passage l’idée de la sainteté initiale de Marie ? D’autres expressions de la même homélie confirment cette vue : « Joachim et Anne implorèrent le Seigneur, et il leur naquit une progéniture de sainteté, » yîvvriaa ovL-xiojûvri ; . Ibid., col. 673. « Marie est toute belle, toute proche de Dieu. Elle est uu lis qui a poussé au milieu des épines. Les traits enflammés de l’ennemi n’ont pu l’atteindre. Elle a vécu dans la chambre nuptiale de l’Esprit et a été gardée iinmaculée pour être à la fois épouse et mère de Dieu. » Ibid., col. 669, 672. Elle a ignoré les révoltes de la concupiscence : « Image vivante de la divinité, en laquelle le créateur se complaît, elle a l’esprit uniquement appliqué à Dieu et docile à sa direction. Tous ses désirs sont tendus vers l’unique désirable… Son cœur pur et immaculé n’a de regards et de soupirs que pour le Dieu immaculé. » Ibid., col. 676. « Elle a toujours été vierge d’esprit, d’âme et de corps, » vlô Lt.’: ’iu/rj zat a(jj ; j.aTt à ::--apOîvjJoj ^av, col. 668.

Parlant de la dormition de Marie, notre orateur s’étonne d’abord que Marie soit morte : « Comment, ô Immaculée, s’écrie-t-il, pourras-tu mourir ? » Laî ->ô ; ’)r/âToj’{rJzr^, ? ! àypavTo ;. Ilomil., ii, in Dormilionem, col. 733. La solution de l’énigme est facile à trouver. « Elle se soumet à la loi posée par son Fils, et comme fdle du vieil Adam, elle accepte de payer la dette paternelle, parce que son Fils, qui est la Vie même, ne s’y est pas soustrait non plus, » i-.d y.xi j TïjTr, ; j’o ; r, xj-’ZPir], taJta ; Ojz àr : r, vaTO. Ibid., col. 725. Cf. Homil, i, inDormil., col. 713. Mais comme son Fils aussi, elle ignorera la corruption du tombeau. Son corps virginal et tout immaculé n’a pas été abandonné dans la terre. Homil, i, in Dormit., col. 720. La mort des pécheurs est détestable. Mais pour celle en qui l’aiguillon de la mort, le péché, était mort, âv rj Ô£ To y.it-.’^'j’i Toi Oi/ocTo-j vsvix.p’oTo, que dirons-nous, sinon que la mort a été le principe d’une vie meilleure et éternelle ? Homil, ii, in Dormit., col. 728. Loin de mettre la mort de Marie en relation avec le péché originel, qui, d’après lui, nous rend sujets ù la mort. In Epist. ad Rom., P. G., t. xcv, col. 477, 481, saint Jean Damascène allirme expressément que l’aiguillon de la mort était mort en elle, et que c’est la raison pour laquelle son corps n’a pas connu la corruption. Il reste donc établi que le docteur de Damas professe une doctrine identique à celle de saint.Vndré et de saint Germain.

Dans son homélie pour la fête de la Conception de la mère de Dieu, Jean, évêque d’l-2ubée(t vers 7.50), parle en termes suffisamment clairs de la sainteté originelle de Marie. La Trinité sainte est intervenue d’une manière spéciale pour préparer au Verbe incarné un temple digne de lui. Elle a fait de la Vierge une créature nouvelle : « Nous devons, dit l’auteur, célébrer cette fête de la conception, dans laquelle le temple de Dieu a été bâti, mais non de main d’homme. C’est le jouroùla sainte mère Théolocos a étéconçuedansie seind’Anne. Avec le bon plaisir du Père et la coopération du Saint-Esprit vivifiant, le Christ, Fils de Dieu, la

pierre angulaire, s’est bâti lui-même ce temple, et lui-même y a établi sa demeure… Le créateur lui-même a fait avec la terre vieillie un ciel nouveau et un trône inaccessible aux flammes. Il a transformé le vieil homme pour préparer au Verbe un séjour tout céleste, aÙTo ; ô orjaio’jpyo ; iI. -rf ;  ; TraXa^’oOîtJTjç yf, ; è ;  : oiria ; v ojpavov y.aivov xai 6pcivov axaxoiçXsxxov, y.a.1 xov -aXa ; ojfJivxa yoïy.ôv bîç âjiojpâviov na^xâSoc [j.£X£|jaÀ£v. Chantez au Seigneur un cantique nouveau… Car voici que le diable, tyran de noire nature, a été vaincu Voici qu’un trône plus merveilleux que le trône chérubique est préparé sur la terre… Voici que le palais du roi céleste est bâti sans le secours des hommes…, palais plus élevé que les cieux, plus vaste que toute la créalion. » Homil in Concept. Deiparx, P. G., t. xcvi, col. 1500, 1485, 1488. « Heureux et trois fois heureux êtes-vous, Joachim et Anne, mais cent fois plus heureuse, la descendante de David, votre fille. Car vous autres, vous êtes terre, mais elle est un ciel, ja : î ; yàp yfj k^-.î, aùxr ; fÀ ojpavo’;. Vous êtes terrestres, tandis que c’est par elle que les fils de la terre deviennent habitants du ciel. » Ibid., col. 1477. Marie a sans doute été tirée de la terre vieillie, du vieux limon ; mais Dieu est intervenu pour en faire une créature nouvelle, un ciel nouveau ; c’est-à-dire qu’il l’a créée dans l’état de justice originelle.

Saint Taraise, patriarche de Constantinople( t806), a laissé une homélie sur la Présentation de la Vierge au temple, dans laquelle nous relevons le passage suivant : « Prédestinée dès la création du monde, choisie parmi toutes les générations pour être le séjour immaculé du Verbe, et offerte au Tout-Puissant dans le templesaint, la Vierge n’est-elle pas digned’honneur, pure et immaculée ? N’est-elle pas l’offrande immaculée de la nature humaine, oj/t -po^sopx aatoy-oç xri ; àvOpt.)-- ; vT, ; 9j : 7£f.)ç ? » P. G., t. xcviii, col. 1497. Cette pureté immaculée exclut bien, dans la pensée de l’orateur, la tache originelle, comme il ressort d’autres expressions de la même homélie où Marie est déclarée la < fille de Dieu par excellence », r, O^oni ;, col. 1481, 1485, 1488, r « immaculée par excellence », r, a ; j.f.)uo ;, col. 1485, « qui a délivré Adam de la malédiction et payé la dette d’Eve, » xou’Aoxa xrj ; /caxâpa ; r Ijg ::, xrj ; EJ’aç xov ôsÀr[ ; j.axoç f, z.’krc, M’zi, col. 1489.

C’est à saint Théodore Studite († 826) qu’il faut sûrement atlribucr une. homélie sur la Nativité de la Vierge que Le Quien a éditée sous le nom de saint Jean Damascène, P. G., t. xcvi, col. 679-698. La doctrine de la conception immaculée s’y trouve exprimée de diverses manières. D’après Théodore, Marie est le monde nouveau que Dieu a préparé pour recevoir le nouvel Adam. Avant de former le premier homme. Dieu lui avait élevé le magnifique palais de la création. Placé dans le paradis, l’homme s’en fit chasser par sa désobéissance, et il devint avec tous ses descendants la proie de la corruption. Mais celui qui est riche en miséricorde a eu pitié de l’œuvre de ses mains, et il a décidé de créer un nouveau ciel, une nouvelle terre, une nouvelle mer pour servir de séjour à l’Incompréhensible, désireux de réformer le genre humain, o ; ’ivi-La51v xoj yivoj ;. Quel est ce monde nouveau, cette création nouvelle, f, vEoçavi, ; Lx ; ’; '. ; ? » C’est la bienheureuse Vierge digne de toute louange, t Elle est le ciel qui montre le Soleil de justice, la terre qui produit répi de vie, la mer qui apporte la perle spirituelle… Que ce monde est magnifique ! Que cette création est admirable, avec sa belle végétation de vertus, avec les fleurs odorantes de la virginité I… Quoi de plus pur, quoi de plus irrépréhensible que la Vierge ? Dieu, lumière souveraine et tout immaculée, a trouvé en elle tant de charmes qu’il s’est uni à elle substantiellement, par la descente du Saint-Esprit… Marie est une terre sur laquelle l’épine du péché n’a

point poussé.jTout au contraire, elle a produit le rejeton par lequel le péché a été arraché jusqu’à la racine. C’est une terre qui n’a point été maudite comme la première, féconde en épines et en chardons, mais sur laquelle est descendue la bénédiction du Seigneur ; et son fruit est béni, comme dit l’oracle divin, » -’?, âativ, lo’TjV Tf]ç àij.apTt’aç ây.avOa ci’jx àvsTeiÀE. To’jvâvTiov cï |j.à).).ov O’.à toû Taû-ri ; È’pvouç -poppiÇoç ixTETiÀTa !. Ff, ÈaTiv, où"/ (’)Ç rj -prj-rspov LaTTipau.Ivrj… àÀX’iç’7, v sGÀoyi’a Kupiou. P. G., t. cit., col. C84-685. C’est bien de l’exemption du péché originel qu’il s’agit dans ces deux dernières phrases.

Plus loin, "Théodore compare Marie au buisson ardent absolument inaccessible au péché, f, Lt.-Ix o-pi^nv/ ix.’6a.-.(ji Tf ; âij.apT’s, col. 689, au bois incorruptible que le ver de la corruption peccamineuse n’a pas entamé, fuXov aiTiTCTûV, 7| çûopà ; à|j.2pTtzyj ; [j.r, T.r, <jQ-i-Lo.u.v/-i^ az(6ÀT, za, col. 693.

Marie est encore un paradis qui l’emporte sur l’antique Éden. « Elle est la nouvelle pâte de la divine réformation, les prémices toutes saintes du genre humain, la racine de la tige dont parle le prophète, » TO Vcov Ç’jpaiJ.a Tr, ; Oîtac avarcXaceco ; f, -avayia a~apyï, To3 -cévouç, ïj rJZa. -oXi OsoçpiaTou vXâ7j(ji, col. 685. Toutes ces métaphores excluent le péché originel et supposent la sainteté initiale. Nous les avons déjà rencontrées chez d’autres docteurs, et il est inutile de faire ressortir à nouveau le sens profond qu’elles recouvrent.

Épiphane, moine et prêtre du couvent de Kallistratos, à Constantinoplc, vivait à la fin du viii<e siècle et au commencement du ix®. Il a écrit une Vie de la sainte "Vierge qui résume assez bien les données historiques et légendaires familières aux byzantins. 11 affirme très clairement non seulement que Marie était « vraiment sainte » à l’époque où elle séjournait dans le temple, De vila B. Virginis, 6, P. G., t. cxx, col. 193, mais encore qu’elle était par nature, donc, dès sa conception et sa naissance, exempte de la concupiscence :

« Sa virginité et sa chasteté, dit-il, étaient

à l’abri des tentations et des luttes qu’éprouvent les femmes les plus vertueuses. Elle tenait ces vertus de la nature, par un privilège qui l’élève au-dessus de toutes les femmes et de la nature humaine elle-même, » au.’-atjtov T(i)V v’jva’.Lojv.

£z çuaEcijç, o ;  : 3p eotiv sçaipe

Lal i_ivo’j -ï, ; avOpto-îv/, : ç’jcïs ; » ;. Ibid., col. 197. Si Marie n’a pas été soumise à la concupiscence, à cette /oz des memfcrcs, qui est une des suites les plus humiliantes du péché d’origine et que certains Pères semblent presque confondre avec le péché originel lui-même, si cette immunité glorieuse découlait comme spontanément de sa nature, n’est-ce pas l’indice sûr que Dieu lui départit, dès sa conception, le don de la justice originelle ?


Des innombrables tropaires en l’honneur de la mère de Dieu ou iheotokia composés par saint Joseph rHyninographe(† 883) et actuellement encore dispersés dans les divers livres liturgiques des grecs, nous extrayons quelques passages, qui montrent bien que leur auteur se faisait de la sainteté de la Vierge la même idée que ses contomporains. L’ange dit à Anne : Tu concevras et tu enfanteras une fille sainte, éEe ;  ; èv vaaxpt zat t ::5 ; c y.o’pr|V àyiav. Pitra, Analecia sacra, Paris, 1876, 1. 1, p. 398. Le canon pour la vigile de la Nativité de la Vierge renlemie les passages suivants : « De la stérile naît celle qui frappe le péché de stériHté, Notre-Dame toute-sainte et tout-immaculée, » £I. axEt’pa ; -poaÉp/ETai Tyj : àuaprîaç r, GTî’.p’oo-’. ;, fi-âvavvo ; ŒCj-otva Lal -avâ[j.fo ! j.oç. P. G., t. cv, col. 984. Il Une fille qui est plus élevée que les anges est enfantée sur la terre, dans une sainteté et une pureté incomparables, » ï~ y^ç’Myi^ ~.y.~.i~j. :, Èv i.y’.'os’jV7| ojaa La. : -LaOstpejE ; àajyLpttoç. Ibid., col. 985. « 6 nature

humaine, privée des grâces précieuses du divin Esprit, réjouis-toi, stérile, en voyant naître la fille de Dieu, - : r, v’JEÔra’.oa… Aujourd’hui la terre exulte : elle a vu paraître le nouveau ciel de Dieu tout agréable, » tov liv) ojpavov (-)eoj xov TEpzvoTaTov. Ibid., co. 989. Notre hymnographe a encore d’autres manières d’exprimer sa foi à la sainteté originelle de Marie. Tantôt il déclare que la Vierge est toute sainte, toute pure, tantôt qu’elle est seule immaculée, seule belle parmi toutes les générations : « L’époux spirituel t’ayant découverte seule comme un lis très pur au milieu des épines, a fait en toi sa demeure, » as ; j.ûvy, v -Cyi àz ! ivOû.v

v |j.ECf ; > EGpau.Evoç zz xr, -/ à.[j.tj’i<j.-x ^-(j^j. Ibid., COl. 1080.

Parlant de la dormition de Marie, il écrit : « Les disciples du Verbe furent dans l’étonnement et la stupeur en te voyant dans le silence de la mort, 6 Immaculée. .. Toi qui, au jour de ton enfantement, avais ignoré les lois de la nature, tu meurs maintenant en vertu d’une loi qui n’est pas faite pour toi, 6 la seule pure, » vd[j.ûuç çûasw ; ÀaÙoùaa tî^ LuT^as ! ao’j, ’m àvo-’li’M vo’iit ;) OvriazEiç, [Aévi, iyvi, . Canon, iii, in pervigilio Dormitionis, ibid., col. 1000, 1001. Qu’on remarque l’énergie de l’expression grecque : -m àvo|x : [jLO) vrj ; j.(.)Ovr ; azï[ç.Laloidelamortestillégalepourla Vierge, parce qu’elle est exempte de tout péché, parce qu’elle est la seule pure, u.o’vi, àyvL

On possède de Photius trois homélies mariales, l’une pour la fête de la Nativité de la sainte Vierge, deux sur l’Annonciation. D’un long passage de la n « homélie sur l’Annonciation il ressort clairement que le père du schisme grec a enseigné que Marie avait été exempte de la faute originelle : « L’archange va vers Marie, la fleur odorante et immarcescible de la tribu de David, le grand et très beau chef-d’œuvre de la nature humaine, taillé par Dieu lui-même, -r, ç àv6pti)Ki’vi, ç çjaEci) ; TO 7 : Ep ; za)vÀÈ ; y.a.i [J-Éya zat <lio’Ldi_vj-o’/ ayaXjio. Cette Vierge cultive les vertus pour ainsi dire dès le berceau ; elles croissent avec elle ; sa vie sur la terre est digne des esprits immatériels… Aucun mouvement désordonné vers le plaisir, même par la seule pensée, dans cette bienheureuse Vierge. Elle était tout entière possédée du divin amour, /, ’/ oÀy, -roi (jv.o> -Li-oyoc ËpMT’.. Par cela et par tout le reste, elle annonçait et manifestait qu’elle avait été véritablement choisie pour épouse au créateur de toutes choses même avant sa naissance, si : v’jij.çY|V eTt, açtopt3(j.Evi, Lal — po ysvvr^cEtoç. La colère, ce monstre redoutable, elle l’enchaînait par les liens indissolubles du calme intérieur, et faisait de toute son âme le sanctuaire de la douceur. On ne la vit jamais relâcher les ressorts de sa mâle vertu et de son courage. Même durant la passion du Sauveur, dont elle fut témoin, elle ne laissa échapper aucune parole de malédiction et d’irritation, contrairement à ce que font les mères quand elles assistent au supplice de leurs enfants… C’est ainsi que la Vierge mena une vie surhumaine, montrant qu’elle était digne des noces de l’Époux céleste, et donnant l’éclat de sa propre beauté à notre nature informe, qu’avait souillée la tache originelle, y.al Xï|V f|UST£pav àaopçûv îocav, T|V 6 toiv npoyo’vtov 7.a-17.r}.i’jwçî p-j-o ; tm orI. :  ; ’o ÈvayLaVro’jCTjÇ. C’est à elle que Gabriel, ministre du mj’stère de l’avènement du Roi, tient ce noble langage : « Salut, pleine de grâce ; le Seigneur est avec toi, qui, par ton intermédiaire, va déhvrer tout le genre humain de l’antique tristesse et malédiction, » -àv -6 yivoç ô : à coi tf| ; rraXaià ; à-aXÀâcatov Àij ;  : r| ; y.al apàç. Homil., il, in Annunt. Dciparæ, dans S. Aristarchis, (otîou Xo’yoi Lal ij[j. : ’Aia :, Constantinople, 1901, t. ii, p. 372-374. Marie, ajoute l’orateur un peu plus loin, est la Vierge sans tache et toujours vierge, la fille immaculée de notre race, f, xo-or, |j.£T£po’jyÉvojg aatou.o ; Ûuyaxr[p, qui a été choisiepour épouse au Bol et Seigneur de l’univers parmi toutes les habitantes de la terre. Ibid., p. 376.

Dans ce passage, on le voit, Photius a condense toute la doctrine de l’immaculée conception. Marie a été l’objet d’une prédestination spéciale. Elle a été choisie avant sa naissance, parmi toutes les générations humaines, pour être l’épouse du créateur, la mère du Verbe. Loin d’avoir été souillée par la tache originelle, elle embellit de sa propre beauté la nature humaine, privée de sa forme divine et maculée par le péché de nos premiers parents. Elle est la fille immaculée de notre race, le chef-d’œuvre que Dieu a taillé de ses ]iropres mains. Elle a ignoré les mouvements désordonnés de la concupiscence, gui sont une suitedu péché originel. Tout entière possédée du divin amour, son âme avait sur elle-même et sur le corps cette maîtrise parfaite qui était un des privilèges de l’état d’innocence. Aussi n’a-t-elle jamais commis de péché actuel, et sa sainteté acquise est allée de progrès en progrès.

Les mêmes idées se retrouvent en maints autres endroits de cette ii^ homélie sur l’Annonciation, de la I" sur le même sujet, et de l’homélie sur la Nativité. Détachons de cette dernière pièce le passage suivant, qui souligne la raison profonde du privilège de la mère (le Dieu : « L’incarnation était, en effet, le seul moyen ]>our le Fils de Dieu de devenir fils de l’homme. Mais l’incarnation suppose la naissance ; la naissance est le terme de la conception et de la gestation. L’une et l’autre exigent une mère. C’est pourquoi il fallait que sur terre une mère fût préparée au créateur pour refaçonncr ce qui avait été brisé ; et cette mère devait être vierge, afin que, comme le premier homme avait été formé d’une terre vierge, de même un sein vierge fût l’instrument de la réformation, et que fût écartée de l’enfantement du créateur toute idée de plaisir, même de celui qui est légitime… Mais quelle femme était digne de devenir la mère de Dieu et de prêter une chair à celui qui enrichit l’univers ? Pas une autre que celle qui naît aujourd’hui miraculeusement de Joachim et d’Anne, j IbicL, p. 348.

Expliquant les paroles de l’ange à Marie : « Tu as trouvé grâce devant Diru, » Photius écrit : « La Vierge a trouvé grâce auprès de Dieu, parce qu’elle s’est rendue digne du créateur, parce qu’en ornant son âme de la beauté de la chasteté, elle a préparé au Verbe un séjour tout désirable. Elle a trouvé grâce auprès de Dieu, non seulement parce qu’elle a conservé une virginité immaculée, mais aussi parce (lu’elle a, en même temps, conservé sans tache sa xolonlé ; parcc que, dès saformation dans le sein maternel, clic fut pleinement sanctifiée pour être le temple vivant de Dieu, temple tout d’une pièce, construit pour le roi de gloire, » ’;  :  ; ’, J ; joyov ->, / -a^oŒviav ï/f.9[VT0v ôcETrlpriUcV, iLÀà’» y-cti "V’-foat’cc’S'.y àu.ôî.uv : ’, '/

jv£tt|j ; ï ; 5cV OTi ÈI. [îpjçf/j ; y.aÛT, Y’.â3(JTi (")s(o vaoç ï’j.’lfU’/n :

zai oÀâÇéuTOç, -m f ; o(3 ; I. ; ï -f, i So’Çt, ; o ; V.ooo|Ar/j|j.£vo ;. HomiL, I, in Anmwt., ibid., p. 230. On remarquera la gradation clabl’c par Pholius ; de la virpinilé du corps il passe à la virginité volontaire de l’âme, à la sainteté acquise ; de celle-ci il remonte ; i la sainteté passive, à la sanctification reçue par Marie

I. ]ioEXf, -j ;, c’est-à-dire dès sa formation dans le sein

maternel, dès sa conception. On sait, en effet, que le mot ^ç : ioç, dans son sens premier, désigne l’enfant dans le sein maternel.

La coopération de Marie à l’oeuvre de la rédemption est exprimée en termes particulièrement énergiques dans les homélies photiennes. Marie a frappé le péché de stérilité, -r, ; 7.-n.y.ii ; r, a-rEîO’ociç. In Nativil., ibtd., p. 334. Elle a réparé la défaite originelle, tt, ; jva^y.ctïç raça-t’ôi-’.iç àv ; /7/, : ’ifi) to T".r, ’17.. IlomH., , in Annunt., p. 244. Par elle le diable a été vaincu et foulé aux pieds, l’amère sentence portée contre le fienre humain a été levée : /iïçe, y.Ê/apiffujj.Evrj, ôt’r, ; t, -iKoà y.ai-’a. Toi vî’vr/j ; rr.ùzxi ::;  : <'> fKsr.ij.’}<j.i~t iSyv oûv,

EJay-j’jLifov à-aÀE : çîTa :. HomiL, il, in Annunl., p. 379.

Notons enfin que, dans une homélie sur l’Hypapante, Photius rejette expressément l’exégèse d’Origène et de ceux qui l’ont suivi, sur le glaive qui transperça l’âme de Marie au pied de la croix : ô lAÉvTot /, OYo ; Xiydjv ôoaçaîav cfj’f^i "cfjV t{PjyT ; v âE auoioSXtac S’.eXOcÏv, tiji arj-ooùx eIV] t)£oç ô aTaupoûu.£voç, E-’xot’! -rtc’.v ÈpoTiOri. àX), ’oùx oiv èiao ! ^Tf^ii-t. Aristarchis, op. cit., t. I, p. 185. Pour lui, il trouve également recevables et l’opinion de ceux qui entendent le glaive, de la douleur que ressentit Marie de la mort de son Fils, et celle de ceux qui y voient une allusion aux angoisses causées par la perte de Jésus enfant.

Georges, métropolite de Nicomédie, ami intime de Photius et chaud partisan de son schisme, fut un prédicateur particulièrement fécond. Cn possède de lui 170 homélies, dont une dizaine seulement ont étépubliées. Ces dernières, à l’exception d’une seule, célèbrent toutes la Vierge Marie. Les trois homélies sur la Présentation au temple sont particulièrement importantes pour le sujet qui nous occupe. L’orateur enseigne que non seulement Marie était pleine de grâce antérieurement à sa présentation au temple, HomiL, iii, in Præscniaiiomm, P. G., t. c, col. 1453, mais encore que cette sainteté fut aussi ancienne qu’elle-même : « Marie est, en effet, les prémices magnifiques que la nature humaine a offertes au créateur, prémices vraiment dignes de Dieu, plus saintes et plus pures que ce qu’il y a en nous de plus pur. Notre sainteté ne peut, en aucune manière, être comparée à sa sainteté ineffable et immaculée. » Ibid., col. 1444. La Vierge est la reine qui se tient à la dioite du roi. Elle est belle par nature ; point de tache en elle, v (osai’a TT ; ç’ja ;  ;, xa ; [j.ov/O’j à’/î-iovL-oç. Elle est la véritable fontaine scellée, dont les eaux très pures arrosent l : i terre. On n’a pu surprendre dans sa limpidité le moindre vestige du limon bourbeux. Elle donne naissance au fleuve des grâces qui fait le tour de la terre, Év T|’f, ; £7 :  ; 00Àrjûoï| ;  ! L’jrjç o-jy. ÈSf.ipaOr, Àstdavov. / ; t Prsesent., ii, col. 1425. Elle a été inaccessible à la concupiscence sous toutes ses formes ; elle a été absolument impeccable. L’aliment céleste qu’elle recevait dans le temple n’opérait pas pour elle la purification des péchés, car elle n’avait point de péchés ; elle était pure et indemne de toute souillure. xaOapà T.-’-jaa xai flùo ; ) ; i-aoY, ; àvEvÔ£T, ç. In Pra-scnt., ni, col. 1448, 1449. Cette absolue pureté de l’âme rejaillissait sur le corps lui-même. Marie a ignoré certaines misères physiologiques qui font rougir les filles d’Eve pécheresse, lorsqu’elles arrivent à l’âge adulte. Aussi les Juifs auraient-ils pu la laisser dans le temple, même après qu’elle eut atteint l’âge de puberté, et faire en sa faveur une exception à la loi. Ibid., col. 1452. C’est par elle, l’immaculée, que l’image de Dieu, qui avait été défigurée par le péché, a recouvré son ancienne beauté. Elle est la médiatrice <le notre régénération et la cause de notre réformation. In Prir^rnt., , co]. 141{i. Toutes ces expressions sufiisent à montrer que Georges de Nicomédie partageait la doctrine de son ami Photius sur la perpétuelle et parfaite sainteté de la niêre de Dieu.

Parmi les personnages c|in jouèrent un rôle important dans l’affaire de Pholius, se trouve le moine byzantin Théognoste, ami fidèle du patriarche Ignace et défenseur dévoué de sa cause. Les écrits qui nous restent de lui se réduisent â fort peu de chose. Parmi ceux-ci se trouve une homélie pour la fêle de la Dormition renfermée dans le cod. 763 du fonds grecde la Bibliothèque nationale de Paris, du’siècle, fol. 8-11. Cette pièce débute par im magnifique passage sur la perpétuelle sainteté de la mère de Dieu, demeuré jusqu’ici inaperçu. Après une phrase banale, disant que les discours les plus agréables à entendre sont

ceux qui traitent de choses où le surnaturel et le divin se mêlent à l’humain, l’orateur poursuit en ces termes : « Il convenait, oui, en vérité, il convenait que celle qui, dès le commencement, grâce à une prière sainte, avait été conçue saintement (ou plus exactement : par une action sanctificatrice) dans le sein d’une mère sainte, et qui, sainte qu’elle était, avait, après sa naissance, été nourrie dans le Saint des saints, qui, par le message d’un ange, avait reçu le privilège d’une conception sainte, et avait eu pareillement un enfantement saint, il convenait, dis-je, que celle-là obtînt une dormition sainte. Car celle dont le commencement est saint, de celle-là aussi le milieu (c’est-à-dire la suite de la vie) est saint, sainte la fin, et sainte toute l’existence, » ï-pe-jv yap, èxpETiEv ovTOi ; Tr, ’/ iç àp/, ^ ? 8t’sî>’/Jii ayîa ; si ; ij.rj-pav [j.rixpôç àyt’a ; ây.asTfLàiv £ij.Spu(oOô{iav, La ! aeTæ tôzov et ; âyt’cov âyia àyt’av êvTpaçsÏCTav, Si’ayysXou âyîav aûXXrj’jnv Xa|30uaav, x.ai trjv Ljr)atv ây’av ki/rf/Ma’/, Ôij.o ; oj ; za ! Trjv 7.oî ; i.ï)aiv àyt’a ; Loivi’aaaOa ;.’Hç yàp t] àpyj] àyîa, TauTTi ; xa ; xà [j.I’jol âyia, xaî to xsXoç à’y.ov, zaï rîaa r) Ivxs’jEiç àyîa. Cod. 763 du fonds grec de la Bibl. nal. de Paris, fol. 8 v ». De tous les témoignages que nous avons apportés jusqu’ici de la foi des Byzantins à la sainteté originelle de Marie, celui-ci est certainement le plus satisfaisant et le plus précis. On remarquera surtout l’expression du texte original, à peu près intraduisible en notre

langue

r/iv

P

ç oi.r, /T]i aytajTtxojç e[j.opufjJO£’.aav.

Im possible de mieux rendre l’idée de la sanctification in primo instanti. L’adverbe iyacriixo) ; indique une action sanctilicaLrice de la part de Dieu. Théognoste ajoute : o ; ’ij/f, ; àyia ;, « par l’intervention d’une prière sainte ». Cette prière des parents de Marie a été comme la cause instrumentale morale par laquelle Dieu a communiqué à sa future mère les dons de la grâce, dès le premier instant de son existence. L’intervention de Dieu dans la naissance de la Vierge n’a pas seulement consisté, en effet, à faire cesser la stérilité d’Anne. Il y a eu une action sanctificatrice directe, qui a fait que Marie a été vraiment Fille de Dieu, O16-y. : i, a.u point de vue surnaturel. Remarquons aussi que Théognoste suppose admis le privilège de la conception immaculée, et s’en sert comme d’une majeure pour conclure au privilège de l’assomption glorieuse. Il fait valoir, comme le fera plus tard Scot, la raison de convenance, k’jrpî-sv. Mais l’objet, comme le point de départ de la démonstration, n’est pas le même. Pour le théologien byzantin, la conception immaculée va de soi et n’a pas besoin d’être prouvée.

Plus pâles sont les expressions de la sainteté originelle de Marie que nous rencontrons dans le panégyrique de Joachiin et d’Anne, composé par Cosmas Vestitor, qu’on suppose avoir été un dignitaire de la cour de Léon le Sage. Dans ce morceau, Marie est appelée un paradis vivant, 7 : apâ8£t ! To ; ïivi>y^oi, un rameau sans défaut de la souclie humaine, xXâooç àviyxXfi-co ;, une perle immaculée, une colombe sans tache, la fille sanctifiée de Joachim et d’Anne, ï|y ; aa|j.ivfiv Ojyaxioa. Anne a conçu pure celle qui a été la mère virginale du Verbe, tVjV a7~dp’.o ; o ;  ; a|x=vïiV tov à/fôprjTOv.Vo’yov àyvrjv âv u-ïJTpa orjvÉXaS ; ?. Sermo in SS. Joachim el Annam, P. G., t. cvi, col. 1009. Cf. Canon in Concept. Deiparx, ibid., col. 1016.

Avant de clore ce paragraphe sur les docteurs des vii-ixe siècles, dont nous venons de constater l’entente parfaite sur la perpétuelle sainteté de la mère de Dieu, nous devons signaler une voix discordante, celle du théologien arabe Abou-Qourra, évêque de Haran, mort après 813. Il fut disciple de saint Jean Damascène, et écrivit à la fois en grec et en arabe. Ses opuscules grecs publiés dans la P. G. de Migne, t. xcvii, col. 1461-1602, loin de contenir quoi que ce soit de contraire au privilège mariai, paraissent plutôt

l’insinuer. Marie y est appelée la toute-sainte et tout immaculée fille de David, f, -avayia Lai -avâ|j.fjj ; j.oç oa-j : o : x>| vciv’. ;. P. G., t. cit., co. 1488. C’est de son sang immaculé que le Fils de Dieu s’est formé un corps pur et exempt de toute souillure du péché, jau-oj h. ~Cl)V ày pd^/ior/ aiaax’jiv -7, ; -avay’a ; -aoÛÉvou Mapîa ; O’.srXâjaxo zaOapciv xa ! -avTO : aj^oj ; à ; j.ap- :  ; aç iXî-j-Ospo’v. Ibid., col. 1520. La mort de Marie n’a pas été une vraie mort ; elle s’est endormie d’un sommeil extatique comme Adam pendant la création d’Eve, Tr]v’}'j/r ; v xr, ’/ zavayîav -ôi ^ziî>, wr iv’jTrvw ~%ci()i~ri, col. 1593. L’Abou-Qourra grec paraît donc marcher dans la voie de la véritable tradition byzantine et parler en fidèle disciple du docteur de Damas. Il n’en va pas de même de l’Abou-Qourra arabe, tel, du moins, qu’il se présente à nous dans l’édition de ses œuvres, faite par Constantin Bâcha, (Euires arabes de Théodore Àboucara, évêque de Haran, in-8°, Bej’routh, 200 pages. Dans le VI « traité ou mimar, qui parle de l’incarnation et de la rédemption, on lit : « Le corps du Verbe incarné ne fut pas pris de la Vierge Marie avant que le Saint-Esprit n’eût purifié celle-ci de toute tache du péché. Et le Fils éternel de Dieu a pris en elle ce corps de son sang pur, sans taclie, immaculé et approprié par la descente de la divinité. r> Georg Graf, Die arabischen Schriften des Ineudor Abû-Qurra, Bischofs von Harran, Paderborn, 1910, p. 182. Cf. C. Bâcha, Un traité des œuvres arabes de Théodore Abou-Qurra, évêque de Haran, Tripoli de Syrie, p. 10. Ce passage, où est niée si catégoriquement l’absolue sainteté de la mère de Dieu, est-il vraiment authentique ? Je me permets d’en douter. On nous affirme sans doute que l’Abou-Qourra qui a écrit en arabe est bien le même que celui qui a écrit en grec. Mais je remarque que C. Bâcha a tiré son texte arabe d’un manuscrit copié en 1735. C. Bâcha, Un traité des œuvres arabes, etc., p. 8. C’est une date bien tardive. A cette époque, l’opinion d’après laquelle la sainte Vierge aurait été purifiée du péché originel, au jour de l’annonciation, était courante chez les dissidents orientaux de rite byzantin. L’affirmation du copiste, déclarant qu’il transcrit un manuscrit plus ancien, ne suffit pas à faire disparaître tout soupçon légitime. Il y aurait lieu, à notre avis, d’examiner la question de plus près, avant de porter un jugement définitif.

4° Écrivains du X'e siècle et de la première moitié du x/ « .

— Au seuil du xe siècle, nous rencontrons, parmi les panégyristes de l’immaculée, Nicétas David, dit le Paphlagonien, parce qu’il fut évêque de Dabybra, en Paphlagonie, Parmi les discours édités sous son nom se trouve une homélie sur la Nativité de la sainte Vierge, qui est curieuse à plus d’un titre. Nicétas unit, en effet, dans son discours, le souvenir de la naissance terrestre de Marie à sa naissance glorieuse, au ciel, le jour de son assoinption. Certains théologiens n’y ont pas prêté attention, et ont invoqué en faveur de la conception immaculée le passage suivant : « Honorons en ce jour la naissance de la Théotocos, non pas seulement sa descendance charnelle d’une mère stérile, mais beaucoup plus encore sa naissance spirituelle de la grâce d’en haut, TtoXXôi 3= u.iXXov xrjv kx xf, ? àv^oÔ^v yâpixo ; xïxà -vsjua yivvi, a’.v aJxfj ;. » In diem natalem S. Mariæ, P. G., t. cv, col. 28. Or, cette naissance selon l’esprit produite par la grâce d’en haut est celle par laquelle « la Toute Sainte, affranchie complètement de la vie terrestre, est allée trouver le céleste Époux. » Ibid., col. 28.

L’orateur soutient une autre théorie non moins surprenante pour nous : conformément à la doctrine de certains Pères grecs, entre autres de saint Cyrille d’Alexandrie, il enseigne que Marie, tout comme les apôtres, n’a reçu la donation personnelle de l’Esprit-Saint que le jour de la Pentecôte. Avant cette date,

elle n’avait que la sainteté imparfaite des justes de l’ancienne loi, sainteté qui excluait, du reste, la persistance du péché originel. Que, dès sa conception, la future mère deDieu ait été exempte dece péché, c’est ce qui ressort assez clairement du passage suivant :

« Anne, c’est la grâce non pas seulement de nom, mais

surtout de fait. Elle est le trésor de toutes les grâces divines, en tant qu’elle a donné naissance à la source des grâces, tV, '/ -t^fr, '/ -oiv /apÎTfov, et qu’elle a arrêté en elle-même les torrents de l’iniquité, et déversé sur le monde des fleuves de parfums, » xa : /îiaascouç a : /

v xù'f^ T'^î y.aL'.'x : àvaiTi'.Àaaaaa, cÙmo ; x ; 5 : -OTajJ-ojç

i-i zacav ::Xïi ; j. ; j.jpo3c ; a tï, '/ yt, I. Ibid., col. 21. Que peuvent bien signifier ces torrents de l’iniquité, auxquels Anne a opposé une digue « en elle-même » en devenant mère de celle qui est la source de toutes les grâces ? N’est-ce point là un langage imagé pour (lire que la fdle d’Anne a été préservée, dés sa conceplion dans le sein maternel, de la corruption originelle'? Cette interprétation nous paraît la seule acceptable. Elle est, d’ailleurs, suggérée par plusieurs autres expressions du même discours. Marie est appelée la fille de Dieu, Oso-a'. :, à plusieurs reprises. Elle a été conçue dans un sein stérile plus par la force de la promesse de Dieu que par l’action de la nature, -m j-r/iT.- : -TiÇ £-ayy ; À ; a ; toj Oîoîi aàÀLov r| Tto Ào’yio "fj ; « ûjzt : £v -ff cT= ; p)- :  ; 7.^ a’jXXrjçOîïia x.a ; Ljoçocï|Oi'.cra yaaTo ;. Ibid., coi. 24. Elle est un don parfait et tout aimable, qui vient du Père des lumières et qui manifeste déjà quelfpic chose de sa gloire future, col. 2.5 Sa conception revêt, dès le début, un caractère extraordinaire et son entrée dans la vie est nouvelle, f, aJÀÀr|'} ; ç êùOJ ; ÇivT) y.7.1 il ~fo : "ov |3ov a.ù-f] ; Et’aooo ; xaivo-oî-rir, col. 17. Elle est l’enfant toute belle, la beauté de Jacob que Dieu a chérie, le trésor très saint du Saint-Esprit, le remède qui a chassé la tristesse originelle. La malédiction de nos premiers parents, sous laquelle tombait tout le genre humain, c’est elle qui l’a fait disparaître, -o -/]? àp/sydvoj Àj-v, ; àvaipjtîzov çâiaay.ov ÈÇXa’iTriJSv ko-r OTt -f, : -poyov ! L?, ; àoà ;, r, -iv T’j Jîpo’Tj'.ov j-r)-i~-iyLz'. yivoç f, àçâviai ; -âoî^t !, col. 17. Comment, dès lors, admettre que cette malédiction l’ait atteinte elle-même'? Si Nicétas n’apparaissait pas au n)ilieu de contemporains qui ont parlé plus clairement que lui, sa véritable pensée pourrait rester douteuse pour)ious ; mais comme il est entouré de toute part de partisans avérés du privilège de Marie, il nous est permis de donner à ses expressions un peu vagues une signification en harmonie avec le contexte du niilieu historique où il vivait.

Parmi les conlemporains de Nicétas se trouve l’empereur Léon le Sage († 911), dont nous jiossédons quatre homélies mariales pour les fêtes de la Nativité, de la Présentation, de r.Vnnonciation et de la Dormition. Dans l’homélie sur la Présentation nous lisons le passage suivant : « Quelle est celle, s'écrie l’impérial orateur, qui s'élève comme un Us au milieu des épines de l’humaine malice"? Quelles sont ces prémices insolites, ces prémices de toutes les plus précieuses'? Voici que notre terre, qui ne produisait que des épines à cause de la malédiction, devient maintenant fructifère. A celui qui la rend fertile elle présente avec actions de grâces, comme prémices d’un grand prix, un fruit qui n’a pohit l’amcrtumecoutumière, mais les saveurs de la bénédiction. C.v fruit, c’est Marie ; c’est elle qui a été choisie))our l'épouse magnifique du Monogène, -i ; l’j'.i^ f, àvaTcXXo-jaa lo ; y.p ; vov iv 'J-iit'} oixavOiôv -r^^ 'i’A)^ji'>~vir^i Jv zazia lî'jy/ûsa’oç… '.pT ! yip f, otàxaTâsav izavOoso’pfj ;. rpo ; T<i£jçopciv u. : Ta|5a>, oC(7a xï' ! v.iz, T.r)'i biv^v.pii% oj Y.r-.y. tt-, v ouvrîOr, z'-zp-'av, àXXi y).'jr.a7[ji(>v eùXoyîa ; vj.^%V)WXj., ô> ; "£vt'. ; j.ov irapyr, '/ vr/rpiaïoC ^a T » îî xapTTooôtt) çipst. In B. Mariæ Præsenin DicT. ni : Tiif ; oi, . cathoi, .

lioncm, P. G., t. cvii, col. 12. Ce passage peut sa passer de commentaire.il dit clairement que Marie n’est point tombée sous la malédiction primitive, qu’elle a été un fruit de bénédiction plein de suavité, où l’on ne trouve rien de l’amertume du péché et qui méritait bien d'être offert à Dieu comme prémices de notre nature. C’est aussi une fleur. C’est le lis au milieu des épines, dont nous ont déjà parlé plusieurs écrivains byzantins.

Dans une homélie pour la Noël, Léon affirme que la Vierge est la seule bénie parmi toutes les femmes, que par elle nous avons été délivrés du triste héritage de nos premiers parents, et qu’elle nous a laissé un héritage de bénédiction, fj aôvri âv yuvaiEtv c’JXoyTi(i.£vr ;. In Christi natalem, ibid., col. 40. Enfin l’homélie sur la Dormition achève de nous révéler la pensée du basileus. Il se demande avec étonnement pourquoi celle qui a arraché le genre humain à la mort a voulu « entrer en relation » avec elle, et il n’en trouve pas d’autre raison que celle-ci : « Il ne fallait pas que tout en celle qui est la cause de notre restauration fût innovation, de peur que son origine humaine ne devînt une énigme, » iva ixr) to "âvta xaivoTOUîïv t^iV ipûatv -^5 Tjyyîvîiaç y "ly.'^-r -. : I. :. In B. Muriæ Assumptionem, col. 160.

Saint Euthymc, patriarche de Constantinople († 917), est l’auteur de deux homélies mariales, dont la i'" fut composée pour la fête de la Conception d’Anne et se trouve dans le Cod. laudianus 69 de la Bodléicnne, fol. 122-126, qui est du xie siècle, et la 11'^ est consacrée à la fête de la ceinture de la Vierge et des langes du Seigneur. De cette dernière Lipomaïuis fit paraître une traduction latine dans le t. vi de son De vitis sanctorum, p. 217-219. reproduite dans P. G., t. cxxxi, col. 12431250, en la mettant sous le nom d’Euthyme Zigabène. Nous en avons trouvé le texte original dans le cod. Vatic. gnvciis 1671, qui est du x*e siècle, contemporain, par conséquent, de l’auteur de l’homélie. A l’exemple de Jean d’Eubée, Euthyme parle d’une intervention spéciale des trois personnes divines pour préparer au Fils de Dieu une mère digne de lui. Au jour de la conception d’Anne, le Père, par le concours de Joachim et d’Anne, façonne pour son Fils unique une mère sur la terre. Le Verbe se prépare une demeure, un trône, un lit de repos, une chair pure et immaculée, /z ! Txpza zaOaçxv za ; àaôXjv-ov. Au même jour, le Saint-Esprit fait briller sa lumière aux yeux de l’humanité, à laquelle il redonne la vie, qu’il délivre de la grande infection (du péché, évidemment), et qu’il remplit d’une joie immense et du parfum de la grâce, za ! aîyia- : /, : 0'jj(i)ô ; ï ; iXrjOspwaav. L’orateur parle ensuite de la chute de nos » remiers parents, qui a entraîné celle de leur descendance. Il nous fait assister au conseil divin qui décrète l’incarnation du Verbe ; mais avant de réaliser ce dessein, avant de descendre sur la terre pour relever sa créature déchue, le Fils de Dieu commence par se préparer une demeure toute brillante, un palais magnifique, un tabernacle très pur et très saint d’un.sang pur, immaculé et illustre : « Ce taliernacle c’est aujourd’hui, ô mystère ! qu’il le construit, le façonne, le sanctifie pleinement et le confie à la race élue entre toutes les générations, aux descendants de David et de Jcssé, à Joachim et Anne, couple illustre et rempli de piété, » L%' : toÛTo arijj.spov, [JaÇa ; tciu ; j.u3TT|P'>j’j, -XaiT’i’jpy ;  ! xai SiaTiXâTTEi Y.nÀ LaOayiirîi zat r.i’ji/zx xr, iLX£Xiy|j. : vr| iI. ra-ïtôv yivEwv sjXt ;. Nous avons bien là l’anirmation de la iileine sanctification <le Marie / ; i primo inslnnli ronccplionis,

La même <loclrine se retrouve, mais avec moins de relief, dans l’homélie sur la ceinture de la Vierge. La sainte Théolocos est élevée au-dessus de toute créature visible et invisible ; elle est la pure, l’immaculée, l’innocente, la toute irréprochable et toute belle

VIL — 30

Épouse (lu l’ère iiiconipix-)ieiisible. Mlle est.glorieuse et gloriliée eu tout, au-dessus de toute bénédiction, la toutc-iniinaculée, f, y.a-i -.<> -âv o£0’4ai ; j.ivï| za ; jrôpîuÀoYTî’^Aivri, f, -avâ/pavToç.

Comme saint Euthynie, dont il fui le couteiiiporain, Pierre, évef)iie d’Ar^os (f après’.120), a laisse un discours pour la tête de la (^onceplioii d’Anne. Coninie lui, il enseigne claircinent la saintelé orij^inelle de la mère de Dieu : < Voici que nos premiers parents tressaillent en apprenant que va paraîtrc la rose toute parfumée, plantée dans une terre stérile qui doit remplir l’univers de sa bonne odeur et chasser la puanteur de leur transgression. Aujourd’hui sont posés les l’ondements du palais resplendissant de pureté qui doit recevoir le Christ, le roi des rois… Aujourd’lmi le paradis divin est planté dans un sein desséché… Je vous rends grâces. Seigneur, s’écrie la nature humaine, de ce que vous avez commencé à arracher les cpines de ma condamnation et m’avez préparée par Joachim et Anne à porter des fruits…’Voici que maintenant naît de moi dans le sein d’Anne cette rose qui s’appelle Marie, elle me délivre de la puanteur qui me venait de la corruption, et sa bonne odeur me remplit d’allégresse. Une femme jusqu’ici avait fait mon malheur, une femme maintenant me rend heureuse, vù’v âÇ iaou pôôov "poœavîv rj Mapiàa iv v/jOjï tf ;  ; "Awr, ;, TV)V ïv. çOopà ; IJ.OJ ô’j^fDOÎav iv. |j, icxo-j TJy.il, Li). Tr, ’/ sau"^ ? eù’oSïav 5t30uaa 0 ; ’! a ; iyaÀX’.aŒîfj) ; ij.£’: aôiôroa ;. » In Conceptioiicm S. Annæ, P. G., t. civ, col. 1352, 1360. Voici donc que la nature humaine est délivrée de l’infection du péché originel en la personne de la Vierge, et cela dès sa conception dans le sein d’Anne, âv vriojï -crj ; "Avvri ;. C’est bien, en efïet, le péché original qui est désigné par le mot « corruption », tpOopâ, car l’orateur a dit, quelques lignes plus haut, que le genre humain avait été condamné, à cause du péché, à la mort et à la corruption, ocà t>, v âjj.ap- : iav Oavàtf’i y.a-cazp’.OivTî ; y.xl t ?j sOopa. Ibid., col. 1360. L’idée de la conception immaculée est encore insinuée par l’appellation de « fleur du genre humain » donnée à Marie, -.6 tciO yivoj ; avOo ;, col. 1361, et surtout par le passage suivant : « Réjouissons-nous tous en voyant commencer à être planté dans le sein d’Anne le rejeton de la noblesse originelle de notre nature, » ôpoiv- ;  ; tr ; ’/ tY| ; qa3- : pa ; î’jyivsiav çjiifj) ; àoyo ; j. ; vï|V jv tt ; yacJTpt Tr, ç "Avvr| ; Ç’jTîyjaOat. Ibid., col. 1353. Saint André de Crète avait salué la Vierge comme l’image tout à tait ressemblante de la beauté primitive. C’est une pensée identique qu’exprime ici Pierre d’Argos, mais en la mettant expressément en relation avec le début de l’existence de Marie dans le sein de sa mère.

La vie de Jean le Géomètre est encore une énigme pour l’histoire. On le fait vivre habituellement dans la seconde moitié du xe siècle, mais c’est plutôt une conjecture qu’une certitude. Son discours sur l’Annonciation et cinq hymnes en l’honneur de la Vierge permettent de le ranger parmi les docteurs du privilège mariai. Jean établit d’abord le parallèle classique entre Marie et Eve : « De même que la malédiction et la tristesse ont été transmises au genre humain par un seul homme et une seule femme, c’est de même par un seul homme et une seule femme que nous arrivent la bénédiction et la joie. » In Dciparx Annunliationem, P. G., t. cvi, col. 820. La bénédiction, la joie sont pour notre orateur synonymes de grâce sanctifiante, de vie divine, et s’opposent à la malédiction et à la tristesse, termes qui désignent le péché originel. Or, voici qu’il alTirme expressément que Marie a été conçue dans la joie : « Salut, ô toi, qui as été conçue dans la joie, qui as été portée in utero dans la joie, qui es née dans la joie, /aïps yoLoi [j. ; v cuÀXïioOîïca, yapà oï y.-j-fficl’^y., yapà oï -v/iiiiiy., et qui.

a ton tour, as conçu dans la joie, as porté et enfanté dans la joie ((ni dépasse toute parole et tout sentiment. Tu es la commune joie du ciel et de la terre, l’orgueil de notre race, rembellisscment des cieux, l’ornement des deu.x mondes. » Ibid., col. 845. Aussi, lorsque l’ange vient saluer la Vierge et lui faire les propositions du divin Époux, elle a sa dot toute prête. (^elte dot, c’est la plénitude de la grâce, qu’elle a reçue (le l’Esprit-Saint et quil’a rendue digne de ces noces célestes. Ibid., col. 817 ; cf. col. 820. Sans doute, le Saint-Esprit va descendre de nouveau en elle pour préparer la voie au Fils et rendre la chambre nuptiale brillante de pureté, -poLaOaïpov tov OâÀa ; j/jv. Mais cette purification ne saurait être considérée que comme un décor de luxe qui vient s’ajouter à un embellissement déjà ancien, ; j.iL/, ov oï -poaLa/, Ào>-.Z’i-i ; car bien avant le salut de l’ange, dès sa conception, Marie a élé purifiée et embellie, il -La : ~[jtyLiy.â-Oip-ra ; Lt.’: -yiLiL-j’iM’T. : ’j--J.’.. Ibid., col. 825.

Dans ses hymnes mariales, Jean le Géomètre exprime sa foi à la conception immaculée de deux autres manières. Il parle d’abord d’une intervention spéciale de Dieu, qui a eu pour résultat d’écarter d’elle toute atteinte du péché : « Salut, ô corps virginal formé par les mains divines. Salut, ô Vierge, en qui rien n’a passé du péché des mortels. Salut, ô corps tout immaculé, qui réunis en toi la beauté céleste et la beauté terrestre, » /aïps, 8 :  ; j.a ; -ayàv’j']/6-Ojv a’.yÀiqivTo ; ’C)ÀÛ(jl~ou, f, a£p ; ï| ; zaziT, ; û-jo ; v açïÀy.oaivi, . Ilgmnus, iii, ibid., col. 861. Il déclare ensuite que la Vierge est venue au monde dans l’état de justice originelle. Parmi les épithètes qu’il lui donne dans la cinquième hymne, se trouvent celles de vjo’Loaaoç et de v : o-Xâ3Tr, ç, « monde nouveau », « créature nouvelle ». La deuxième hymne renferme le salut suivant : « Salut, rejeton de la vieillesse, planté dès le début dans le jardin verdoyant et délicieux du paradis. » Ibid., col. 857. Et dans la troisième, Marie est saluée comme l’orgueil de notre nature, le chef-d’œuvre de l’artiste divin, qui a mis tout son art à la façonner, la beauté idéale personnifiée, ornée, dès sa naissance sainte, des quatre vertus cardinales, /X’.^i, y.6c, r^, çûac’i) ; a’J'/T, ; j.a, àyaÀj.a -XaaTo’v, Ô£Eâ|j. ; vov -iyvi^v -àaav àptŒtOTîy voj’y aîps, za ; ir. -iti-jptov -ocyÈv

z yjvjTr] ; àyvrjçyTCij, apysyiivrov apsxdiv £a~voov

aJTÔLaÀrjv. Ibid., col. 861. Notre poète met le comble à ces magnifiques éloges en appelant Marie la seconde après Dieu, la seconde après la Trinité, Ô£j- : ipa -f, : Tp’.âôo ;. Hymnus, i, col. 857.

5° Témoignages d’auteurs inconnus ou anonymes.- — Nous n’avons cité jusqu’ici que des textes empruntes à des écrivains sur lesquels l’histoire fournit des données plus ou moins détaillées. En dehors de cette littérature authentique et suffisamment située dans le temps, il y a la littérature apocryphe mise sous le nom de quelque écrivain illustre, et la littérature atlril )uée à des auteurs dont le nom seul est connu, sans qu’il soit possible de dire à quelle époque ils ont vécu. Les écrits de l’une et l’autre espèce sont assez nombreux. Essayons d’y glaner quelques témoignages plus ou moins explicites de la croyance des byzantins à la perpétuelle sainteté de la mère de Dieu.

Interrogeons d’abord la littérature apocryphe ou anonyme. Il existe trois homélies sur l’Annonciation faussement attribuées à saint Grégoire leThaumaturge. P. G., t. iii, col. 1145-1178. Elles paraissent avoir le même auteur, et sont sans doute postérieures au concile de Chalcédoine. Cf. O. Bardenhewer, Geschiehte der altkirchlichen Literatur, Fribourg-en-Brisgau, 1903, 1. 1, p. 288. On y trouve des passages dignes d’attention : < C’est à bon droit, lisons-nous dans la F", que Marie, la première entre toutes les femmes, a reçu ce salut de l’ange : Ave gratta plena. Car tout le

trésor de la grâce était en elle. Seule parmi toutes les générations, elle a été vierge de corps et d’esprit, » iv. -aaûJv yàp yîvsôjv, a.>- aôvri -apÛivoç àyia q"')[j.%-'. Lxl -vijaaTt yiyoviv. P. G., t. cit., col. 1149. « Avec la Belle est le plus beau des enfants des hommes ; avec l’Immaculée celui qui sanctifie tout, » ; x£- : à -f, ; copa’a ; ô (opaïo ; y.xXXv. r-xfo. Toùç ufo-jç tÙiv ivOp(')-'ov, asTi Tvj ; à'jitivTOj ô âyLalT’ov TÎ TjanavTa. Ibid., col. 1152. Marie est encore appelée la seule sainte, ; j.ovr|V t/-, -/ iyîav, col. 1152, la seule en qui la chute d’Eve a été réparée, iv ;.iôv7] : / ; àyia naoOivc) to ixîîvi, ; -Tavo ; j.a ivasi^'ojTai, col. 1148.

La 11'= homélie exalte la sainteté acquise de la Vierge. Elle a mené dans une chair mortelle une vie digne d’un être incorruptible. Elle a été engendrée plus sainte et plus pure que toute autre créature humaine, possédant une àine plus blanche que la neige et un corps plus épuré que l’or le plus net, col. 1157. ("est le paradis toujours erdo>ant de l’incorruptibilité dans lequel l’arbre de vie a été planté pour offrir à tous le fruit de l’immortalité. Grâce à elle, les héritiers d’Eve ne craignent plus l’antique malédiction, et elle a été pour les filles d’Eve le principe de la réformation, ij aJTaï ; ip'/'l '^'î ; àva-Àâsî") ; yiyovaç… oùy.h : oi L/, T|00v()ao ; trj ; EJ’a ; çooouvTa ; tt, v ap/aïav LaTapav, col.'llS ?, 1160, 1165.

Dans la ni'= homélie, le passage suivant est surtout remarquable : « Gabriel fut envoyé pour préparer à l'Époux sans tache sa chambre nuptiale. L’n serviteur incorporel fut envoyé vers une vierge immaculée. Celui qui était exempt de péché fut envoj-é vers celle qui est à l’abri de la corruption, » ànîSTâXr, ô àaapTia ; îÀîJOxcoç ~o’ji T7, v çOopà ; àv ; 7 :  ; oîy.tov, col. 1172. L’usage des Pères grecs comme aussi le contexte indiquent assez que le mot çOopâ désigne la tare originelle. Marie ressemble à l’ange par sa pureté et son inipeccabilité. L’ange est incorporel ; c’est pourquoi il est e.xempt de péché. Bien que revêtue d’une chair, la Vierge n’a contracté aucune souillure.

La lettre des prêtres et des diacres d’Acluiïc sur le martyre de saint André n’est pas antérieure au v siècle. Écrite probablement en latin, elle fut de bonne heure traduite en grec et mérite, à ce titre, que nous nous en occupions. Cf. Bardenhewer, op. cit., 1. 1, p. 435, et Bonnet, La passion de l’apôtre André. En quelle langue a-t-elle été écrite ? dans la Bijzanlinische Zeitschrift, t. iii, p. 458-469. On cite habituellement comme exprimant la doctrine de l’immaculée eonception le passage suivant : « Puisque le premier honune, qui a introduit la mort dans le monde par la transgression du bois, avait été formé d’une terre sans tache, il était nécessaire que le Fils de Dieu naquît homme parfait d’une vierge immaculée pour renouveler la vie éternelle aux hommes qui l’avaient perdue par la faute d’Adam, » i-iioï, 1I. tt, ; à ; j.'o ; j.r[- : oj yr, ; £y=yôvî ! O -pfoTO ; àvOp")noi, ôSià "/", ; TOjÇJXoj-apaSâTJ’oç Tov OivaTov = ;  ; tov wz’x’ri ïioayaytijv, avay/a^ov 0-/|pysv Tva £I. îf, ; à|A’i) ; j.rJ- : o’j -apOivoj o toj Wîoj Vio ; TiÀsio ; avOpr.iro ; yîwrJOr), za ; T’or, '/ ai'(ôv ; ov, T]vr : p à'oX’iiXcZj'.oav, otà Toi ', r/a|j. aJTo ; avaLi : vojpyrJ3r ;. P. G., t. il, col. 1225. Ce texte est certainement très suggestif. Si Marie avait contracté la souillure originelle, elle M aurait pu fournir au Verbe une chair immaculée destinée à purifier et à racheter la cliair pécheresse ; le nouvel Adam n’aurait pas été absolument semblable à l’ancien, formé d’un limon immaculé. La Vierge aurait pu, sans doute, être purifiée avant l’incarnation, mai.s cette purification, supposant une souillure antécédente, l’aurait mise en état d’infériorité vIs-à-vis de la matière toute neuve et tout immaculée dont Dieu avait pétri le corps du premier homme, et cette infériorité aurait passé au nouvel Adam en regard de l’ancien. Une chair puri fiée n’est pas une chair immaculée. C’est pourquoi " il était nécessaire que le Fils de Dieu naquît d’une vierge immaculée. »

Parmi les homélies faussement mises sous le nom l’e saint Athanase, celle qui est intitulée : In occursum Domini, dit de Marie qu’elle est un paradis planté par Dieu, -apa’oiiio ; Ozozi-j-.z-j-oç. P. G., t. xxviii, col. 993. Cette expression mérite d'être notée.

De l’homélie De laadibus sanctæ. Mariæ Dcipuræ, attribuée à saint Épiphane, signalons les expressions suivantes : Aune enfanta la sainte fille Marie, ciel et temple du Verbe, épouse de la Trinité, plus belle que les chérubins et les séraphins, brebis sans tache, lis immaculé, tenant le second rang après Dieu. Sa grâce n’a point de bornes, y api ; -i^ i-ipavToç tt ;  ; ây ; aç rrapOivou. C’est elle qui a relevé Eve de sa chute et ouvert à Adam le paradis fermé. P. G., t. xliii, col. 488, 489, 492, 493, 496, 501. Nous n’avons trouvé aucun texte intéressant dans les autres homélies apocryphes attribuées aux Pères des quatre premiers siècles.

La Chronique d’IIippolyte de Thèbes, qui a dû être écrite entre 650 et 750, est mélangée de beaucoup d’interpolations. Le texte xix dans l'édition de F. Diekamp, Hippolytosvon Theben, Munster, 1898, p. 51, est ainsi conçu : « Après sa conception en vertu de la promesse et sa naissance d’un sein stérile, obtenue par la foi, la prière et la demande de ses parents, ceux-ci amènent au temple de Dieu, pour l’offrir comme un don au Dieu de toutes choses, la Vierge qui leur avait été donnée par faveur de la part du Dieu Très-Haut comme un don de sainteté, « w ; owpov xj-rr. ; ày.aajjLaTo ; npo ; (")£ûj "oi 'j' ! jio~rrj ooftspiv iv yâpirt. L’expression ôfopov %yi’ju.y.-.ri : semble bien faire allusion à la sanctification initiale dont Marie a été l’objet tiès sa conception.

Dans un sermon d’un anonyme du x'ï-xi'e siècle sur l’image miraculeuse de la Vierge dite Romaia, l*f.)v.a ; a, Texte und Untersuchungen, 3 « série, t. iii, p. 258-259'**, se trouve un long passage, qui développe l’idée simplement indiquée dans la lettre des clercs d’Achai’e sur le martyre de saint André, et d’où ressort, par voie de conclusion directe, que Marie a été exempte du péché originel : " Grande, dit l’orateur, est la gloire de la Théotocos, et non seulement les hommes, mais les anges eux-mêmes doivent la magnifier. Les hommes le doivent, » arce que, si ce sanctuaire pur et tout immaculé de la divinité du Verbe ne se filt rencontré, aucune chair n’eût été sauvée, 'fous les autres hommes, en effet, étaient doublement pécheurs, et par leur volonté, et par le péché d’origine. Ayant glissé dans la corruption, le chef du genre humain, ô yî/apyr, ;, devint lui-même pécheur, misérable et mortel, et le genre humain lui aussi tout entier, en tant c|u’il est conçu, porté flans le sein et enfanté du même père pécheur, mortel et corruptible, devint aussitôt pécheur, mortel et corruptible, iyivîTo ; j.' : v xj-oç x<xoizT’oXoç /ai TaXa'-'opo ; La ; Ihy, / ;, iyÉvîto o : to ysvoj tiTjv avOpfo-)v oXov, (oç ir. toû tj-'i’j â'/apTroXoS xat Lj'.3L0|/ivov y.at yîvv(')|j.îvov, ajjiipT’oXov aJT’La zai f)vr|TOv y.xl s’iapTÔv. Et comme ce premier jière aait paru à l’existence sine semine, ïvrj s-'r.xz, Dieu le façonna, en elTet, d’une poussière prise d’une terre encore toute pure et sans souillure, i-o LaOap'.iTJT/, ; ï- : yr ; ? xar i ; ji ! ocv : ou, voilà pourquoi pour la réformation, -p6 ; àva-ai'.v, du chef et de toute sa race, la Vierge pure et sans tache engendra virginalement, av : j iropà ;. Dieu, qui pénétra dans son sein tout immaculé, fut conçu, porté et enfanté homme parfait et Dieu parfait. Dès lors quelles dignes actions de grâces pourra rendre à la mère de Dievi la nature humaine, qui a été sauvée de cette manière. Mais quplle ne fut pas la pureté, quelle ne fut pas la beauté et l'éclat de l'âme 'IMMACULEE CONCEPTION

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au-dessus de toute pureté de celle qui a contenu en elle ritilini et l’Incompréhensible ! » A lire attentivement ce passatie, on voit clairement que l’orateur suppose que Marie a été exempte non seulement de toute faute personnelle, mais aussi de la faute originelle, dont il parle d’une manière si expresse. La Vierge est séparée de la masse des descendants péclieurs d’Adam pécheur. Si ce sanctuaire pur et immaculé de la divinité du Verbe ne se fût rencontré, nulle chair n’eût été sauvée. Et puis, il fallait que Marie jouât pour le second Adam le rôle de la terre toute pure et sans tache d’où le premier Adam avait été tiré.

Parmi les écrivains dont l’histoire ne connaît que le nom, signalons d’abord ce mélode Georges dont le cardinal l’ilra transcrit une poésie liturgique dans ses Analccta sacra, t. i, p. 27C. D’après cette pièce, Marie est seule immaculée, f, a/pavroç ij.’ivï, , et l’emporte en pureté sur toute créature. Elle est le temple sanctifié de Dieu, une terre sainte, la toison qui n’a point été imbibée par la corruption, -o’Lov 3cv ; Lij.ov çOopà :. On sait que le terme de çOopâ est un de ceux qu’emploient couramment les byzantins pour désigner le péché originel.

Pitra donne également, ibid., p. 528, un poème d’un autremélodedu nom de Cosmas, différent, semblet-il, du célèbre Cosmas de Majuma. Dans la 7°= strophe il est dit que Marie ne doit pas subir la corruption ignominieuse de la tombe, parce que Dieu, en vertu d’une prédilection, a fait d’elle une créature nouvelle à l’avance, c’est-à-dire avant le moment fixé ordinairement pour recevoir la grâce de la régénération, ô Weoç -poavirXaa : y.a.-’âLXoyriv. Cette àvâ-Xai ;  ; préalable et privilégiée, qui soustrait la Vierge à la corruption, paraît bien s’identifier avec ce que nous appelons la conception immaculée.

A. Ballerini a publié sous le nom de Théodore l’ermite, Sijlloge monumeniorum, t. ii, p. 210-240, une homélie sur l’annonciation, dans laquelle Marie est appelée l’arche vivante et toute sainte de Dieu, qui n’a pas connu le déluge, le prix de rachat de nos fautes, àvTÎXutpov Tojv - : ata[j.â- : o)v, la Beauté de notre nature, celle par laquelle nous avons obtenu de participer à la nature divine, nous que la désobéissance originelle avait rendus difformes, t/|V copa ; o-Y, Ta rjaôjv xfj ; c&’jejEfoç, 5’.' r, ; oi y.aLô’J.rjpirj ; t^ rapazo/j, Oiia ; àÇi(i)Or, a : v yîviaOa ; çûas’oç. « Célébrons, dit l’orateur, nous, les terrestres, en notre titre de frères, celle qui est notre grand sujet de gloire auprès de Dieu, celle qui est l’ornement tout aimable de toute la création et qui s’est élevée de notre nature pécheresse, to s/, -r, ; àu.apffoÀoû f, aôjv àvaôXacjiTÎJav T.in-pi Tr, ; /Tt’dEfi) ; îtoXuTToOTiTov cxioa5 ; j.a. Ne sais-tu pas, disent les hommes à l’ange Gabriel, que notre race possède en elle le seul contrepoids à sa chute ? o-i (j.dvi, v aÙTT|V TO yivej ; àvT’.aTripiyaa : / ;  ; zaTa-TtôjE’i) ; ixTr|aato. Ensevelis dans les ténèbres de nos péchés, nous n’avons pas d’autre œil lucide qu’elle seule pour contempler la Lumière sans déclin. » Il est clair que Théodore l’ermite sépare Marie de tout le reste du genre humain et suppose qu’elle a été exempte de la tare originelle.

Conclusion sur cette première période.

De. la

longue série des textes que nous avons mis sous les yCu.x du lecteur il ressort, si nous ne nous abusons, que les byzantins, à partir du concile d’Éphèse, n’ont pas seulement formulé d’une manière implicite le dogme catholique de l’immaculée conception, mais qu’ils l’ont cru d’une foi explicite, et nous ont laissé de cette foi explicite des expressions suffisamment claires. Sans doute, très souvent, ils ont donné de cette vérité une formule positive. Au lieu de dire : « Marie a été préservée de la souillure originelle, » ils ont dit : « Marie a été pleine de grâce, pleinement

sanctifiée dés son apparition dans le sein maternel. Elle est une créature nouvelle, créée à la ressemblance d’Adam innocent, sur le modèle primitif. » Mais très souvent aussi, nous l’avons vii, ils ont employé l’expression négative. Le tout est de remarquer celle-ci, en se souvenant, d’une part, que le dogme de la chute originelle est constannnent rappelé dans les écrits mariologiques des théologiens bzantins, et en faisant attention, d’autre part, à la terminologie particulière dont ces théologiens font usage pour désigner ce que nous appelons le péché originel.

Quant aux objections qu’on a fait valoir communément jusqu’ici pour faire disparaître ou du moins alïaiblir la force probante des témoignages byzantins en faveur du dogme défini par Pie IX, elles ne tiennent pas debout, à la lumière des textes que nous avons produits. L’objection fondamentale, celle qui a trait à la prétendue ignorance du dogme de la chute originelle dans l’Église grecque, est une erreur historique de premier ordre, dont la persistance étonne. La purification dont Marie fut l’objet, d’après certains anciens Pères, le jour de l’annonciation, nous a été expliquée communément par les docteurs de l’époque que nous venons d’étudier, non de l’ellaccment d’une souillure quelconque, mais d’une augmentation de sainteté. C’est à peine si deux ou trois textes, celui de Théodole d’Ancyre, celui de Chrysippe de Jérusalem et celui de Théodore Aboucara présentent quelque difficulté : et encore avons-nous vu que, pour les deux premiers, on trouvait le pour et le contre. Il n’y a de vraiment hostile à la parfaite sainteté de la mère de Dieu que le texte arabe de Théodore Aboucara. C’est le cas de dire qu’une hirondelle ne fait pas le printemps.

Quant au glaive de la prophétie du vieillard Siméon, nous avons constaté également que l’exégèse origéniste, prêtant à Marie au pied de la croix un doute positif sur la divinité de Jésus, était définitivement écartée. Si quelques auteurs s’en inspirent encore, c’est pour transformer le doute positif en une sorte de tentation fugitive, qui n’a pas laissé d’impression dans l’âme de la Toute-Sainte. L’interprétation qui a cours maintenant est celle qui voit dans le glaive la douleur de la mère assistant et compatissant aux douleurs et à la mort de son Fils.

Il ne reste plus que les affirmations générales sur l’universalité du péché originel, ou les propositions qui disent que Dieu seul est saint et pur. Que ces sortes d’affirmations ne puissent être invoquées contre le privilège de la sainteté initiale de Marie, tant que ceux qui les profèrent n’en font point l’application expresse à celle-ci, c’est, je crois, ce qui n’a pas besoin d’être démontré autrement que par l’usage courant de l’Écriture, des Pères et des théologiens tant modernes qu’anciens : de formuler souvent la loi générale sans toujours signaler l’exception unique : d’autant plus que Marie n’a pas été précisément placée en dehors de la loi, mais soustraite à l’application de la loi.

Une fois que son attention a été attirée d’une manière spéciale sur la personne auguste de la Théotocos, la pensée grecque s’est élevée très vite à la contemplation de la pureté immaculée de la Toute-Sainte, saluée par l’ange pleine de grâce et bénie entre toutes les femmes. Si parfois cette pensée nous paraît si peu explicite, si elle s’exprime souvent par simples allusions, cela vient non de son imprécision foncière, mais de la possession pacifique où elle est d’une vérité qui pour elle va de soi, et que personne ne songe à contester. Il est presque à regretter qu’une petite controverse ne soit survenue pour obliger ces byzantins à nous parler plus clairement et à contenter ceux qui veulent toujours de l’explicite verbal et les termes mêmes de la définition ex catlicdra.