Dictionnaire de théologie catholique/JÉSUS-CHRIST II. Jésus-Christ et les documents de l'âge apostolique 3. Manifestation messianique et divine de J-C

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Dictionnaire de théologie catholique
Letouzey et Ané (Tome 8.1 : ISAAC - JEUNEp. 595-632).

III. Manifestation messianique et divine de Jésus-Christ.

L’humanité du Christ, si parfaite au point de vue intellectuel et moral, est déjà par elle-même une manifestation vivante de la transcendance de sa personnalité. Et rien qu’en considérant La perfection des sentiments qui ont animé le Christ pendant sa vie et à l’heure de son sacrifice on souscrit volontiers à la profession de toi quelque peu emphatique du vicaire savoyard : i Si la vie et la mort de Socrate sont d’un sage, la vie et la mort de Jésus sont d’un Dieu. » Mais le théologien ne saurait se contenter de ce point de vue superficiel : il doit étudier, jusque dans ses nuances les plus délicates, la manifestation messianique et divine de Jésus.

I. CARACTÈRE « ÉCONOMIQUE » DE CETTE MANI-FESTATION. — 1° Les Pères de l’Église, notamment les Pères grecs, sont unanimes à remarquer le souci pédagogique de Notre-Seigneur Jésus-Christ dans la révélation de sa personnalité. Les auditeurs du Christ diffèrent profondément les uns des autres par leur préparation, leur acquit, leur valeur morale. « Le Seigneur tient le plus grand compte de ces dispositions et y adapte son enseignement : il se révèle plus explicitement aux disciples privilégiés dont il veut faire ses apôtres : il est plus réservé vis à-vis de la foule ; en face des pharisiens, qui n’ont pas l’excuse de la bonne foi et de l’ignorance, il garde moins de ménagements, et quand leurs attaques le provoquent à se découvrir, il ne s’y refuse pas toujours entièrement. Il faut remarquer, de plus, que la révélai ion du Fils de Dieu n’a jamais eu la forme d’un enseignement systématique ; elle s’est poursuivie au contact des mille rencontres que le hasard ou plutôt la Providence faisait naître. Les évangélistes ont été trop respectueux de ces réalités divines et aussi trop dominés par elles, pour les ramener à une forme schématique ; et, à travers ces épisodes, si chargés de vérité et de vie, mais si divers, il est impossible d’imaginer un projet rectiligne et d’en projeter ici le plan. »

i Cependant. si l’on ne prétend pas à trop de rigueur, on peut distinguer, dans l’enseignement du Christ, plusieurs phases successives qui initient progressivement ses disciples à la révélation du mystère. La prédication île Jésus, au début, a surtout le caractère d’un enseignement moral : mais, dès cet le période, le C.hrist apparaît au centre de celle religion qu’il prêche : comme Maître dès cette vie, comme Juge au dernier jour, il saisit les aines avec un Ici empire que l’on est amené à reconnaître en lui une autorité qui lui appartient personnellement et qui est vraiment divine. A côté de celle prédication morale, on peut relever, surtout dans les conversations privées avec des disciples ou des controverses avec les pharisiens, des déclaralions plus directes, ou Jésus, se présentant connue le

Fils de l’homme, tait entrevoir son rôle messianique ; .i pari ir de la scène de Césarée de Philippe, ces commu nical ions de iennent très fréquentes et très explicites :

elles prédisent clairement aux apôtres les souffrances et ii ;  ;  !

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JÉSUS-CHRIST. SA MAMl’l-SÏATION Dlll.

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l’avènement glorieux de leur Maître. Ces révélations ae sont pas le dernier mot de renseignement du Christ ; d’autres paroles nous font entrer plus avant dans le mystère : ce sont celles où Jésus se manifeste comme le Fils ou le Fils île Dieu : son rôle de médiateur entre son Père et les hommes, son union avec le Père, làhaut dans ce mystère inaccessible à toute autre intelligence, où ils se saisissent et se pénètrent totalement l’un l’autre : c’est là le grand secret de l’Évangile, la suprême révélation du l’ère céleste. Après avoir ainsi esquisse, à la suite des synoptiques, ce progrès de la révélation dans l’âme des disciples, nous parviendrons à la dernière semaine du ministère de Jésus : vis-à-vis de la foule encore indécise, vis-à-vis de ses adversaires acharnés, le Christ redouble d’efforts ; il se dévoile dans des paraboles transparentes, comme celle des vignerons, dans des controverses pressantes, comme au sujet du Fils de David, et surtout dans des tableaux d’une incomparable majesté où il décrit son avènement au dernier jour. Knlin il scelle toute cette révélation par le témoignage suprême rendu devant le grand prêtre et confirmé par sa mort. Et Dieu le Père à son tour, consacre le témoignage de son Fils : c’est la résurrection ; ce sont les apparitions glorieuses : c’est l’ascension. » J. Lebreton, Les origines du dogme de la Trinité, Paris, 1919, p. 251-25 ; >.

2° Parmi les dispositions des auditeurs de Jésus, il en est qui commandent cette « économie » progressive dans la révélation de la personnalité divine de Jésus, en raison des conditions intellectuelles, sociales, et politiques du milieu juif, dans lequel Jésus était appelé a se manifester comme le Messie et le Fils de Dieu. Nous avons esquissé plus haut ces conditions, voir col. 1126 sq. Le peuple juif attendait le Messie, homme et non pas Dieu. Avant de se manifester comme Dieu, Jésus devait donc au préalable faire la preuve de sa mission messianique. Mais ici encore, 1’ « économie » progressive s’imposait. Qu’on se rappelle l’attitude des zélotes, d’une part, des hérodiens, d’autre part, les premiers fanatiques et nationalistes, les seconds, opportunistes et timorés. « Une revendication messianique éclatante eut suscité des craintes et surrexcité des espoirs, amené des oppositions et répressions violentes que Jésus ne voulait pas déchaîner avant l’heure providentielle, et qu’il n’entrait pas dans sa mission de briser à coup de miracles. Même avec les tempéraments qu’il adopta, le Maître dut se soustraire plus d’une fois à l’enthousiasme indiscret des foules. Ne parlait-on pas de le prendre et de le proclamer roi ? Joa., vi, 15 ; cf. Marc, vii, 21 ; ix, 30 ; Luc, xiii, 31 sq. ; Joa., vii, 6 ; x, 23, 24. » L. de Grandmaison, Jésus-Christ, dans le Dictionnaire apologétique, t. ii, col. 1341. Un autre motif imposait encore à Jésus la prudente économie dont nous avons esquissé les grands traits. La théologie juive avait faussé et déformé le sens des prophéties messianiques. D’un royaume qui, à tout prendre, était d’abord intérieur et spirituel, elle avait fait un royaume temporel, où le Messie serait « Roi, 01s de David, lieutenant de Jahvé dans la lutte finale contre les Nations, nouveau Macchabée, nouvel Hyrcan, le Héros délivrerait Jérusalem et ferait de la ville sainte la capitale d’un monde régénéré, plantureuse à merveille, où les Juifs fidèles seraient servis à genoux par ces Gentils arrogants ! Id., ibid., Voir col. 1129. Rappelons-nous de plus qu’à cette conception de l’avènement messianique se mêlaient des rêveries eschatologiques, fondées sur Dan., vu. 13-14, dans lesquels le Messie, un être mystérieux, venu soudain on ne sait d’où, apparaissait sur les nuées du ciel, et préludait au jugement dernier par un acte qui annonce et préligure la restauration du royaume d’Israël. A ces conceptions erronées se mêlaient M.

traits justes et authentiques qui les rendaient d’autant

plus dangereuses, il fallait doue que le Christ, avant de proclamer ouvertement sa messianité, rappelât aux esprits non prévenus le sens véritable des prophéties concernant sou avènement. i Dans ces conditions. conclut avec raison le P. de Grandmaison, une reven dication immédiate et publique du titre de Messie (en plus des dangers qu’elle eût l’ait courir avant l’heure à la personne du Maître) aurait eu pour effet d’autoriser et de rendre indéracinable l’erreur commune sur la nature et les destinées du règne de Dieu. Chacun eût reporté sur ce Messie l’image qu’il s’en était forgée et l’eût contemplé à travers le prisme de ses espérances vaines. C’est pourquoi, fidèle sur cela même à la conception du royaume qu’il devait décrire dans les paraboles du levain et du grain de sénevé, Jésus adopte, dans l’exposition de son message, une sévère économie et une prudente lenteur. Il commence par inspirer aux hommes de bonne volonté, touchés déjà par la prédication du Baptiste, cette inquiétude, ce trouble fécond, cette componction, cette faim et cette soif de la justice qui devaient, selon les Écritures, marquer l’aurore et commencer les conquêtes du règne de Dieu. C’étaient là des conditions indispensables à l’intelligence, au goût, à l’acceptation de l’Évangile. Cependant, et dès le début de son ministère, le Maître pratique les œuvres fie bonté, de délivrance et de puissance prédites par les grands prophètes. En face de ces œuvres, les mots d’André à Pierre devaient spontanément monter aux lèvres de ceux qui attendaient, en droiture et simplicité, l’espérance d’Israël : « Nous avoas trouvé le Messie. » Joa., i, 41. Jésus laisse les faits parler pour lui ; il évite les promulgations prématurées, repousse l’hommage indigne des mauvais esprits, éprouve la foi naissante et mêlée de scories trop humaines, des disciples. » L. de Grandmaison, op. cit., col. 1312.

3° Ces observations si justes nous montrent combien hasardeuse est l’entreprise de l’exégèse libérale quand elle veut trouver dans cette économie de la révélation du Christ une manifestation de l’éveil, du progrès, de l’épanouissement de la conscience messianique et filiale de Jésus-Christ. Il y aurait toute une littérature à rappeler touchant les prétendues études psychologiques sur la « conscience de Jésus », depuis la Vie de Jésus de Renan jusqu’aux assertions audacieuses des tenants du radicalisme actuel. Nous aurons d’ailleurs l’occasion d’y revenir à la fin de cet article. Il suffit présentement de rappeler que cette prétention rationaliste d’établir l’enchaînement des idées et des expériences par lesquelles est passé Jésus pour en arriver à se considérer comme le Messie est une prétention imaginaire, aboutissant à faire de l’Évangile un roman et qu’elle est forcément en contradiction, en la plupart de ses assertions, avec les données de la Bible. L’ « économie » de la révélation, telle que la présente le dogme catholique, repose au contraire sur les données les plus positives. L’éveil de la foi messianique, son progrès, son épanouissement sont vrais chez les auditeurs de Jésus, et c’est à ce point de vue qu’il faut se placer pour bien comprendre les nuances des récits évangéîiques. Les Pères et saint Athanase, en particulier, De sententia Diontjsii, n.8 sq., P. G., t. xxv.col. 489 sq.. l’avaient admirablement compris et le terme olxovou.(a dont ils se servaient pour caractériser la manifestation progressive du mystère de l’incarnation dépeint parfaitement la position catholique. El c’est par degré cpie i et les disciples ont été amenés à

la foi dans les vérités que Jésus possédait pleinement des le premier instant de sou existence mais qu’il ne leur a dévoilées que progressivement : Dicendum quod in discipulis Christi notedur quidam ftdei prof ec tus, ut primo riim venerarentur <iimsi hominem sapientem et 1 1 75

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JÉSUS-CHRIST. LES RECITS DE L’ENFANCE

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magistrum, et poslea ei intendereni quasi Deo docenli. S. Thomas, De verilate, q. xi. a. 3, ad S » m.

Que Jésus, Fils de Dieu et Messie dès le premier Instant de son existence terrestre, ait eu en conséquence de l’union hypostatique, la conscience parfaite de sa filiation et de sa messianité, le théologien n’en doute pas. Mais il y a plus : malgré l’économie dont le Sauveur avait décidé d’entourer sa manifestation publique aux hommes, il a voulu que des preuves surnaturelles et convaincantes de sa filiation divine

el cle sa messianité fussent déjà données à quelques hommes privilégiés dès le moment où, Verbe de Dieu, il s’est lait chair dans le sein de la vierge Marie. Et, comme pour réduire à néant d’avance toutes les imaginations de la psychologie rationaliste et incroyante, Dieu a inspiré aux auteurs sacrés de relater, avant les enseignements et les prodiges de sa vie publique, les caractères transcendants et divins de sa première manifestation au monde, au moment de sa naissance et aux années de son enfance. L’évangile de l’enfance. rapporté par saint Matthieu et par saint Luc, est la source où le théologien doit puiser les premières preuves de la crédibilité qui s’attache à la personnalité divine de Jésus-Christ, dès le moment de sa conception virginale en Marie. C’est la raison pour laquelle la critique indépendante rejette l’authenticité de ces récils. Mais comme ce rejet est purement œuvre de préjugé, le théologien catholique garde tout droit d’utiliser tout d’abord les renseignements fournis par le premier et le troisième évangile.

II. MANIFESTATION MESSIANIQUE ET DIVINE HE JÉSUS DANS LEVA S Gl LE DE L’ENFANCE. - ° Les /(lits rapportés : leur valeur au point de vue messianique.

— Les laits sont rapportés par Mat th., i. 18-n, 23 et Luc, i, 5-n, 52. Chez saint Matthieu, un ange annonce a Joseph, Hancé de Marie, la conception miraculeuse du Messie, i, 18-19..Jésus naît a Bethléem, ii, 1 : des mages viennent l’adorer, ii, 1-12 ; puis Joseph et Marie fuient en Egypte avec l’enfant, ii, 13-15. rendant ce temps, llérode fait massacrer les petits enfants de Bethléem, n. 16-18, et. le danger passé, le sainte famille revient se fixer à Nazareth, n. 19-23. Chez saint Luc, nous trouvons plus de détails. L’ange Gabriel prédit à Zacharie la naissance prochaine du précurseur, i. 5-25, Il annonce a Marie qu’elle deviendra miraculeusement la mère du Messie, i. 26-38. La sainte Vierge, instruite par l’ange, visite sa cousine Elisabeth. i. 39 56. L’évangéliste rapporte ensuite la naissance, la circoncision du précurseur, sa vie au désert, i. 51-80. Jésus nail à Bethléem. ii, 1-7. Des bergers, avertis par les anges, viennent l’adorer, n. 8-20. Il est circoncis, n, 21 : et présenté au temple, eu même temps que Marie se soumet à la loi de la purification, n. 22-38. La sainte Famille retourne a Nazareth, il, 39-40. Ici, se place dans le récit évaugélique. L’épisode du recouvrement de Jésus dans le temple, n. 1 1-50, et L’affirmation

de sa croissance intellectuelle et morale. Notons que

Luc rapporte les cantiques de Marie, i. 46-55, de Zacharie, i. 68-79, et de Siméon. n. 29-32. En apparence les deux narrations ne sont entièrement d’accord que sur deux points : la naissance de Jésus à Bethléem et L’installation de la sainte Famille a Nazareth après les premiers épisodes de l’enfance du Sauveur. Mais, au tond, en les comparant de plus près, on aboutit à une pleine concordance sur cinq points différents : le caractère absolument surnaturel de la concept ion du Christ, Mail h. i, 18-25 ; l.uc, [, 34 35 ; le lieu de sa naissance. Mal I h. ii, I 8, 16 ; LUC, ii, 1 17 : l’époque de cet le naissance : le règne d’Hérode le Grand, Mail h., u. 1 : l.uc. r, 5, 26 ; ii, l ; le rôle de Messie attribué d’avance au Bis de

Marie. Mallh.. i.’21 23 ; Lue., i. 31 33 ; 76 79 ; la descendance royale et davidique de Jésus. Matth., i, l. 6, L7 ; Luc, i, 27 ; u. l : m..’il. Les divergences entre

les deux récits sont assez accentuées. Nous n’avons pas à parler ici des solutions diverses qui ont été proposées pour les réduire. Il est manifeste que ni Matthieu ni Luc n’avaient l’intention de tout dire. Ils ne relèvent, l’un et L’autre, avant comme après Noël, qu’un certain nombre de faits merveilleux, dans lesquels l’action divine s’est manifestée, pour préparer les voies au salul des hommes. Cependant, ce qu’ils ont dit suffit pour mettre en relief la valeur messianique des faits qu’ils rapportent. Bien que, dans les années de l’enfance, la manifestation du Messie, fils de Dieu incarné, ne soit pas publique et s’adresse simplement à quelques âmes privilégiées, cependant déjà les motifs de crédibilité ne manquent pas, qui témoignent que l’entant de Bethléem et de Nazareth est vraiment le Verbe fait chair, habitant parmi nous. Ce sont ces motifs de crédibilité qu’il faut brièvement signaler.

2° L’affirmation de la messianité et de la divinité du Christ dans lis faits de l’enfance. - - Cette affirmation exisle. dans la réalisation de certaines prophéties messianiques et dans les interventions miraculeuses du ciel attestant la messianité et la filiation divine de Jésus-Christ. 1. Réalisation de certaines prophéties messianiques. - Knumérons-les simplement : lieu de la naissance du Messie. Michéc. v, 2 : Matth., ii, 1-8 ; 16 ; Luc. n. 1-17 : époque de cette naissance, (.en., xux. 8-12 ; Matth.. ii, 1 ; Luc, i, 5, 26 ; ii, 1 ; race dont naîtra le Sauveur : race humaine, Gen., m. 16 ; de Sem, ix, 26 ; d’Abraham, xxii, 18 ; d’Isaac, xxvi. I ; de Jacob, xxviii, 14 ; de Juda. XXIX, 8-10 ; de David. II Reg., vu. 1-17 : cf. Ps., i.xxxviii (heb., i.xxxix), 1-38, Is.. îx. S ;.1er., xxx, il : Os., m.."> ; Ain., ix, 11 ; à rapprocher île Matth., i, 1, G, 17 ; Luc. i, 27 ; ii, 4 ; iii, 31 : conception miraculeuse d’une vierge, Is., vii, 14 ; à rapprocher de Matth.. i, 18-25 ; Luc, i. 27-34 ; le précurseur, Malach., iii, 1 ; iv, 5 : à rapprocher de Luc, i. 5-27 ; 57-80 ; la présence du Messie dans le temple de Zorobabel, Agg., n. 0, voir Luc. ii, 22 ; et, tout au moins dans un sens typique, le massacre îles Innocents, .1er., xxxi. L"). Voir Matth.. ii, 18. Pour plusieurs de ces prophéties, c’est l’événement qui en révèle le sens exact : elles n’en gardent pas moins leur valeur de motifs de crédibilité. - 2. Interventions miraculeuses attestant la messianité et la filiation divine de.Icsus-Çhrist. a) L’apparition de l’ange a Zacharie, Luc, i. 11. et le message île cet ange, qui, annonçant à Zacharie qu’il aura un tils, doué de qualités éminentes, prédit que ce fils sera le précurseur du Messie. 13-17. Ce message est une véritable prophétie et quant a la vie mortifiée et quant au rôle du précurseur. L’ange, d’ailleurs, emprunte eu grande partie à Malachie les formules qui tracent ce rôle. Muni de l’esprit et de la force d’IJie. Jean réussira a reconstruire l’unité morale entre les temps anciens et les nouveaux, v. 16-17, 60 régénérant par la pénitence ses contemporains dégénères el en préparant ainsi au Messie un peuple parfait. L’événement j us li liera plus tard l’exact i tuile de la prophétie et en fera donc ressortir la valeur comme motif de crédibilité. Mais il ne sera pas nécessaire d’al tendre jusque-là pour avoir un signe o de la vérité de la révélation laite par le ministère de l’ange. Le

n de l Gabriel que s’attribue le messager céleste,

étail déjà, a lui seul, un si^ne suffisant, car Gabriel qui se tient debout devant Dieu était l’un des sepl au^es supérieurs dont il est fait mention dans Tobie, xii, 15, el celui-là même qui paraît dans le livre de Daniel pour annoncer la dale de l’avènement

du rédempteur. Dan., viii, I6 ; ix, 20-27. Mais Zacharie

a cependant encore un moulent d’hésitation. Heureuse hésitai ion. qui nous vaut un si^ne nouveau, miraculeux et précis, confirmant la révélation faite par l’ange : Voici que tu seras muet et que tu ne pourras 11’rÉSUS-CHRIST. LES RECITS DE L’ENFANCE

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plus parler jusqu’au jour où ces choses arriveront, parce que tu n’as pas cru à mes paroles, qui s’accompliront en leur temps, s. 20. Les événements s’accomplissenl comme l’avait inédit l’ange, corroborant ainsi

l’autorité de sa parole et attestant la crédibilité de la mission du précurseur et de la dignité messianique de Celui qu’il venait annoncer.

b) Niais il y a plus ; une autre apparition du même ange Gabriel, à Marie, la fiancée de Joseph, nous ouvre des horizons nouveaux sur la dignité du Messie futur. Après une salutation des plus flatteuses pour Marie. Luc, i. 28-30, le messager divin, rappelant eu quelques mots plusieurs prophéties messianiques, eu annonce la réalisation dans le fils que concevra la Vierge : Voici, dit-il. que tu concevras dans ton sein, et tu enfanteras un tils. et tu lui donneras le nom de .lesus. Il sera grand, il sera appelé LE FILS DO TRÈS-HAVTeX le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père et il régnera éternellement sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de lin. ꝟ. 31-32. En ces quelques mots, nous trouvons d’abord l’annonce de la réalisation de la prophétie d’Isaïe, vii, 14, et l’affirmation de l’origine davidique du Messie. Mais il convient surtout de retenir la révélation authentiquement faite de la divinité du Messie. Jusqu’alors, en effet, la filiation divine du Messie futur avait été laissée dans l’ombre par les prophètes de l’Ancien Testament. Mais iei nous trouvons une affirmation directe, tombée du ciel, et attestant que celui qui doit naître sera le Fils de Dieu. La locution : i il sera appelé », xXr ( Orja£- : ai., revient à dire : non seulement il sera le fils du Très-Haut, mais il sera reconnu et traité comme tel. Le nom de Très-Haut i S^irroç, est l’équivalent de l’hébreu Êliyôn et apparaît assez fréquemment dans la Bible pour exprimer la grandeur de Dieu, Gen., xiv, 18 ; l’s., vii, 18 : Marc, v, 7 : Luc.vni, 28 ; Act., vii, 48 ; lleb.. vii, 1. etc. Une question posée à l’ange par Marie, désireuse de savoir comment sera sauvegardée sa virginité, appelle une réponse qui, éclaircissant le mystère, insiste davantage encore sur le sens absolument propre dans lequel il faut entendre que le Messie futur sera « fils de Dieu i

L’Esprit Saint surviendra en toi

et la vertu du Très-Haut te couvrira de son ombre ; C’est pourquoi le fruit saint qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu.

Le mode absolument surnaturel de la maternité de Marie exclut toute coopération humaine, et ce n’est pas en vain que l’ange représente la naissance du Messie comme un déploiement de la force du Très-Haut, car le mystère de l’incarnation, l’union du Verbe avec notre nature, est la manifestation d’une énergie absolument divine. Aussi, conçu par la vertu de Dieu, le fils de Marie sera une chose tout à fait sainte, ftyiov. De plus, il sera Dieu, lui aussi, et reconnu comme tel. Il ne s’agit plus ici d’entendre l’expression t Fils de Dieu. dans un sens large, comme lorsqu’elle s’appliquait, analogiquement à de simples humains qu’une grâce spéciale rapproche à un titre quelconque de Dieu, cf. Gen., vi. 2 : l’s., xxviii, 1 ; lxxxi, 6 ; Esttær, xvi, 16 ; Job, i, 6 ; Luc, xx, 35-36 ; Rom., iv, 1-2 : viii, 15-10 ; Gal., iii, 26 ; IV, G. 7 ; I Joa., iii, HO, etc. ; mais elle comporte un sens bien déterminé, dépassant en précision celui qu’avait pu entendre du ie futur le psalmiste lui-même. Ps., ii, 7 ; cf. col. 1118. Il s’agit ici d’une filiation proprement divine. Bien plus, malgré la particule oVj xa.1 qui semblerait indiquer que la filiation divine est une conséquence de la conception virginale, il faut entendre que celui que Marie doit concevoir et enfanter est déjà Dieu avant qu’il soit question de conception surnaturelle. Cf. Durand. L’enfance’/< Jésus-Christ, Paris, 1908,

p. 156. Le message de l’ange Gabriel à Marie constitue la première révélation positive et authentique de la divinité du Messie, révélation à laquelle se reportera d’instinct la foi des évangélistes et des premiers chrétiens. Cf. Mai’c.. i, 1. El ici encore, un signe apporte la crédibilité du mystère révèle : i Voici, dit l’ange à Marie. qu’Elisabeth ta parente, a conçu elle aussi, un tils dans sa vieillesse et ce mois est le sixième de celle qui est appelée stérile : car il n’y a rien d’impossible à Dieu, i Luc. i, 36-37. Saint Matthieu nous rapporte, eu termes moins expressifs, la même révélation de la divinité du Messie. Aussi nettement que Luc. il avait affirmé la conception virginale, i, 18 ; et, après avoir relaté le trouble de Joseph trouvant sa fiancée enceinte, il rappelle le signe divin qui ramena la paix dans le cœur du saint patriarche, l’apparition de l’ange, assurant à Joseph que ce qui a élé engendré en Marie est du Saint-Esprit. Puis, invoquant la prophétie dlsaïe il en montre l’accomplissement dans la naissance de l’Emmanuel. La scène de l’annonciation, chez, saint Luc. n’est pas seulement utile pour nous faire connaître la première révélation de l’origine divine du Messie : c’est tout le mystère de l’Hommc-Dicu qui nous y est présenté. Son rôle messianique de Sauveur de l’humanité est tout particulièrement précisé par l’ange dans le nom qu’il assigne au Messie et dans l’explication qu’il do ne de ce nom : « Tu concevras… et tu enfanteras un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. » Luc, i, 31. « Tu lui donneras le nom de Jésus, car il sauvera son peuple de ses péchés. » Matth., i, 27. Jésus signifie en effet « Jahvé sauve ». La forme hébraïque complète du mot est Jehôchouah, par abréviation, Jechouah, dont les Grecs ont fait’IyjooOç et les Latins Jésus. A lui seul, ce nom désignait donc en abrégé la grâce de salut dont le Messie était le porteur pour l’humanité tout entière. Ce n’était pas un nom nouveau : plusieurs personnages de l’antiquité israélite, Josué, l’auteur de l’Ecclésiastique, et d’autres, demeurés inconnus, l’avaient déjà porté. Cf. Luc, iii, 29 ; Col., iv, 11. Mais seul, le vrai Jésus, le vrai Sauveur, devait en réaliser pleinement la signification.

c) La Visitation de Marie à Elisabeth est encore l’occasion d’une double manifestation surnaturelle, l’esprit de prophétie s’emparant successivement d’Elisabeth et de la vierge Marie. A Elisabeth, dont l’enfant tressaille en son sein en présence de Marie, l’Esprit-Saint révèle soudain la faveur incomparable dont la mère de Jésus a été l’objet, et, sous le coup d’une violente émotion, l’épouse de Zacharie s’écrie :

Tu es bénie entre les femmes

et le fruit de ton sein est béni. [moi ?]

Et d’où me vient que lanière démon Seigneur vienne a

Car voici, dès que la voix de ta salutation a retent i a mon

l’enfant a tressailli de joie dans mon sein, [oreille],

Et bienheureuse celle qui a cru que s’accompliraient

les choses qui lui ont été dites de la part du Seigneur.

Luc., i, 12-45.

Le dernier verset fait une allusion évidente au mystère de l’annonciation qu’Elisabeth ne peut connaître que par voie de révélai ion : nouveau mol if de crédibilité de ce mystère et de toutes les vérités qu’il comporte, Mais le v. 13 est une nouvelle affirmation inspirée de la divinité du Messie : Elisabeth salue sa parente du titre de Mère de son Seigneur, iJ.ixtç ToGxuplou Marie (et non Elisabeth, comme l’affirment, à la suite d’une remarque d’Origène, mais à tort, nombre de critiques moderne, ; voir, sur ce point, Ladeuze, R d’histoire ecclésiastique, 1903, p. 623-644, et, dans Fillion, Vie de S. -S. Jésus-Christ, t. i, appendice xix, il i, un bon résumé et une bibliographie suffisante de la question), Marie répond aux louanges d’Elisabeth par le Magnificat, dans lequel, avec l’aveu des grandes J 1 79

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JÉSUS-CHRIST. LES RÉCITS DE L’ENFANCE

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choses qui ont été accomplies par Dieu en elle, la Vierge-Mère expose la part spéciale que le peuple juif allait avoir aux grâces de salut apportées par le Messie :

Il a relevé Israël, son serviteur se souvenant de sa miséricorde,

scion ce qu’il avait dit à nos pères à Abraham et à sa race, pour toujours. Luc, I, 54-55.

Celle dernière strophe est bien la prophétie de l’imminence de l’ère messianique.

</) La nativité deJean-Baptiste donne lieu derechef à une nouvelle manifestation de l’Esprit divin, manifestation prophétique relative au.Messie et à sa divinité. Après que la voix lui fût rendue miraculeusement. le père de Jean, rempli de l’Esprit-Saint », prononce l’hymne prophétique du Benedictus.

Dans la première partie, ꝟ. 68-79, qui abonde en réminiscences de l’Ancien Testament, cf. Plummer, Commentary on the Gospel according lo St. I.ukc, lit., Edimbourg, 1900, p. 39-40, Zacharie montre l’imminente réalisation des prophéties par l’avènement du Messie et par la concession au peuple juif des bienlaits promis à l’occasion de cet avènement. Une seconde partieꝟ. 76-79, expose le rôle auguste que le nouveau-né aura un jour l’honneur de remplir envers le Messie. On n’y trouve pas sans doute, au moins explicitement, l’affirmation de la divinité de Jésus, mais sa messianité est absolument reconnue.

Toutes les merveilles qui accompagnèrent la naissance et la circoncision de Jean, la protection divine manifestement accordée à l’enfance et à l’adolescence mortifiée du précurseur, ꝟ. 80, montrent bien la crédibilité qui s’attache à la mission de Jean-Baptiste et par concomitance, à celle de Jésus.

e) Mais, à la naissance de Jésus, d’autres prodiges éclatent, qui viennent confirmer la vérité des révélations qui s’y opèrent touchant la messianité et la filiation divine de l’enfant de Bethléem. Certains détails dont saint Luc entoure le récit de la naissance, n. 7, manifestent la pauvreté volontaire, l’humiliation dans lesquels le Fils de Dieu veut naître selon la chair. L’expression : < peperit filium suum primogenilum », ne doit pas nous étonner et faire difficulté relativement a la virginité de Marie post partum. Voir Marie. La naissance de Jésus eut lieu pendant la nuit. Luc, n, 8, 16. Des bergers, aux environs de Bethléem, gardaient leur troupeau. Tout à coup un ange leur apparut et la « clarté de Dieu », ꝟ. 10, les environna. Sur cette gloire du Seigneur, voir Gloire, t. vi, col. 1368-1392. L’ange rassure les bergers effrayés : Voici que je vous apporte la bonne nouvelle d’une grande joie pour tout le peuple ; c’est qu’il vous est né aujourd’hui dans la ville de David, ’A s I EUR, QUI I.E CHRIST SE1QNEVR, Oû>T^p, ôç èo-ri ^piaxôç

xôpioç, . i La qualité de Messie est nettement indiquée : la divinité du Messie, moins nettement exprimée par le terme xùpioç, dont les bergers ne comprirent peut-être pas le mus plein et parfait, y est cependant suflisamment indiquée. L’ange appelle Bethléem, < cité de David », par une allusion évidente à la race dont naît le rédempteur. Les bergers reçoivent un signe » :

Vous trouverez un petit enfant, enveloppé de langes et couché dans une crèche. fuis « une iroupe de la milice céleste —, c’est à-dire un groupe d’anges nombreux font retentir la doxologie de louanges et d’action races, qui résume si parfaitement le caractère, la ifleation, le but, les avantages de l’incarnation et de la naissance du Verbe : Gloire à Dieu dans les hauteurs, et sur la terre, paix et bienveillance aux hommes,

/ ; J.a présentation de Jésus au temple scia l’occasion d’une nouvelle révélation de la messianité du Sauveur.

Sans doute, Jésus, comme Verbe incarné, n’était pas soumis à la loi ; il voulut cependant s’y soumettre par obéissance et humilité, manifestant ainsi les admirables sentiments dont parle l’épître aux Hébreux, x, 5-6. « Il y avait alors à Jérusalem un homme appelé Siméon, et cet homme était juste et craignant Dieu ; il attendait la consolation d’Israël et l’Esprit-Saint était en lui. » Luc, ii, 25. Le terme o consolation d’Israël », désignant ici le Messie et les multiples grâces dont il est porteur, fait allusion aux prophéties messianiques qui avaient depuis longtemps annoncé ce consolateur. Quand Jésus fut présenté au temple, Siméon, illuminé intérieurement de l’esprit de Dieu et d’ailleurs assuré, par une révélation personnelle « qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ du Seigneur, » reconnaît en l’enfant le Sauveur des hommes et, dans un court, mais sublime cantique, demande à Dieu de le laisser aller en paix :

Puisque mes yeux ont vu le salut qui vient de vous

et que vous avez préparé à la face de tous les peuples :

lumière pour éclairer les nations,

et gloire d’Israël votre peuple. Luc, ii, 29-32.

Mais ce n’est pas seulement la messianité de Jésus que chante Siméon ; le saint vieillard entrevoit et prophétise la rédemption future, non seulement d’Israël, mais de tous les peuples. C’est un trait personnel qu’il ajoute à la figure de Celui qui vient au monde pour être la lumière qui éclairera les nations. Puis, approfondissant le mystère de la rédemption, il prophétise la contradiction dont Jésus sera le signe et le glaive de douleur qui transpercera le cœur de sa mère, ꝟ. 34-35. La prophétesse Anne, lille de Phanuel, proclame, elle aussi, la messianité du rédempteur futur, ꝟ. 36-38.

g) L’adoration des mages (laquelle, chronologiquement doit être postérieure à la Présentation ; voir l’art. Mage, dans le Dictionnaire de la Bible, t. iv, col. 549), rapportée par saint Matthieu, témoigne également de la messianité et peut-être même de la divinité du Christ. Nous laissons, dans l’histoire des mages, tout ce qui ne se rapporte pas directement a ces deux objets. On consultera, à leur sujet, l’article Mage, déjà cité cl, de plus, Palrizi, S..1.. De evangeliis libri 1res, Rome, 1852-1853, t. iv. p. 309-354 ; Dicterich. Die Weiscn ans dem Morgent and, dans la Zcitschrift fur die neutestamentliche Wissenschafl, 1902, n. 1. L’étoile dont parle les mages fut-elle d’un caractère surnaturel ou un phénomène naturel ? Le problème reste controversé, et il sullit donc de le signaler ici. Voir Fïllion, L’Évangile de S. Matthieu, Paris, 1898, p. 52 et P. X. Sleinmoizer, Die Geschichte der (ieburt und Kindheit Christi und ilir Verhâltnis zur babylonischen Mythe, Munster en W., 1910, p. 85. On constate, dans l’aine des mages, l’attente messianique, laquelle, avons nous dit, débordent à coup sûr les frontières du peuple juif, voir col. 1139. Ces personnages arrivent de l’Orient directement à Jérusalem, et demandent : i où est celui qui est né roi des Juifs ? car nous axons vu son étoile en Orient et nous sommes venus l’adorer, i La croyance des mages au caractère messianique de celui qui est né apparaît en ces mots : roi des Juifs ». L’expression « adorer », à la lettre : nous prosterner devant lui », n’implique ni n’exclut en Jésus la divinité : « Ile exprime l’hommage rendu aux rois et au grands personnages tout aussi bien qu’à la divinité. Le titre de « roi des Juifs », par lequel Hérode reconnaît facilement le Messie, a toutefois le don d’émouvoir et d’inquiéter le vieux despote, . M. Cet émoi qu’éprouva Hérode et « tout Jérusalem avec lui » montre bien de quelle prudente économie Jésus devra plus tard, au cours de sa vie publique, entourer la révélation du mystère de son être divin. Hérode toutefois

se ressaisit, et convoquant les princes des prêtres, les scribes du peuple c’est-à-dire, peut-être, le sanhédrin tout entier, demande à ce corps célèbre une réponse authentique à la question « où le Christ naîtrait Cette solennité elle-même témoigne en faveur de la crédibilité du mystère de Bethléem, qui, de l’aveu même des plus autorisés parmi les Juifs, répond exactement à la prophétie de Michée. (".’est donc à Bethléem que le Messie doit naître : la chose est indubitable, et Ilérode y envoie les mages avec une recommandation pleine d’hypocrisie. Dirigés par l’étoile, les mages arrivent dans la maison que vraisemblablement Joseph s’était procurée à Bethléem même, après la presse des premiers jours occasionnée par le recensement, et y trouvent l’enfant et sa mère -Marie ; puis, se prosternant, ils l’adorèrent, lui offrant en présent, de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Dans cette « adoration » des mages, précisée par le symbolisme de l’encens, peut-être faut-il voir davantage que l’hommage rendu à un roi ou à un grand de ce monde. C’est l’interprétation de toute la tradition chrétienne que le poète Juvencus a résumée en vers ;

Thus, aurum, myrrham, regique hominique Deoque Donaferwit.

Quoi qu’il en soit, l’avertissement divin reçu en songe de ne pas retourner près d’Hérode, ajoute encore à la crédibilité qu’apporte au mystère de l’Homme-Dieu naissant la démarche, naturellement inexplicable, des mages d’Orient.

h) Le massacre des Innocents, Matth., ii, 13-23, n’apporte aucun élément nouveau à cette crédibilité. Il est cependant, pour l’évangéliste, l’occasion d’appliquer à l’histoire de Jésus, en un sens typique, deux passages de l’Ancien Testament, Os., xi, 1 et Jer., xxxi, 15 et d’expliquer comment, après la fuite en Egypte, le retour de la sainte famille à Nazareth vérifie la parole des prophètes : quoniam Xa : arxus vocabitur, et justifie le qualificatif de « nazaréen » si souvent donné par le Nouveau Testament à Jésus. Cf. Matth., xxi. Il : Marc, i, 24 ; x, 47 ; xiv, 67 ; xvi, 6 ; Luc, iv, 34 : xviii. 37 ; xxiv, 19 : Joa., i, 46-47 ; xviii, 5, 7 ; xix. 19 : Act., ii, 22 ; iii, 6 ; iv, 10 ; vi, 14 ; x, 38 ; xxii, 16 ; xxvi, 9.

i) Nous n’avons pas à nous arrêter aux prodiges, racontés par les apocryphes et qui auraient été accomplis par Jésus enfant. De tels prodiges sont invraisemblables, non seulement parce que, d’après les récits apocryphes eux-mêmes, ils apparaissent comme des miracles parfaitement inutiles et des fables choquantes mais encore et surtout parce que des miracles, s’ils eussent vraiment été accomplis par Jésus enfant, fussent allés contre toute l’économie de l’incarnation qui demandait que Jésus, jusqu’à son apparition solennelle sur la scène historique, demeurât humble et caché, inconnu des hommes. Il est vrai que les apocryphes placent ces prétendus miracles dans la période de l’enfance qui s’étend de la quatrième à la douzième année du Sauveur. L’évangile arabe de l’enfance dit même expressément, c uv, qu’à partir de sa douzième année, Jésus se mit à cacher ses miracles, ses secrets et ses mystères, jusqu’à ce qu’il eût accompli sa trentième année. Mais il est bien certain que les récits apocryphes sont, sur le point des miracles de .Jésus enfant, homme mûr de réflexion et qui n’a de l’enfance que la malice et les défauts, parfaitement controuvés : ils sont, en effet, nettement contredits, par l’histoire évangélique qui, d’un côté, affirme que Jésus accomplit son premier miracle au début de sa vie publique, Joa., ii, 11, et, d’un autre côté, nous montre ses compatriotes de Nazareth extrêmement surpris, lorsqu’ils le virent tout à coup sortir de son obscurité, parler comme un prophète et opérer des

prodiges. Marc i, 27 ; ii, 12 ; vi, 2-6. Toutefois cet entassement de merveilles inutiles, accomplies souvent sans but moral ou, ce qui est pis, dans un but parfaitement égoïste, exhibition perpétuelle, insensée, choquante par instants, d’une puissance surhumaine qui ne demande qu’à exciter l’étonnement, témoigne d’une préoccupation dogmatique des auteurs des apocryphes, et cette préoccupation doit être relatée ici comme manifestant, avec un monophysisme naïf, la croyance en la divinité de Jésus enfant : on voulait démontrer que, même petit enfant, le Sauveur était vraiment le Fils de Dieu. De toutes les élucubrations apocryphes sur les miracles de l’enfant Jésus, ne retenons que cette idée parfaitement juste : cet enfant est Dieu. Cf. Fillion, Les miracles de N.-S. Jésus-Christ, Paris, s. d. (1909), t. i, p. 158-163.

j)Lc seul fait remarquable relevé par saint Luc, ii, 41-51, l’enfant Jésus perdu et retrouvé dans le temple, n’est pas seulement intéressant par l’affirmation du progrès physique, intellectuel et moral de Jésus, voir col. 1148 sq., mais encore et surtout par le premier et formel enseignement de Jésus lui-même sur sa filiation divine. Quel que soit le sens à accorder aux mots sv toï : toG : 70<7p6ç (i.ou (les choses ou la maison de mon Père), ce sont les mots « mon Père » qui contiennent ici l’idée principale. « D’après l’interprétation constante des exégètes et des théologiens catholiques, qui est également celle de nombreux protestants orthodoxes, c’est dans le sens strict et littéral, dans un sens unique, que Jésus attribue ici à Dieu le titre de Père. Le fait est incontestable et on ne comprend pas pourquoi on ne donnerait pas à ce titre, dès cet endroit, la valeur qu’il a si souvent dans la suite des récits évangéliques. Dès cette première parole que nous connaissons de lui, Jésus se proclame donc « Fils de Dieu », comme il le fera fréquemment plus tard. » Fillion, Vie de N.-S. Jésus-Christ, t. i, p. 348-349. Ce sens ressort évidemment de l’opposition de la phrase prononcée par Marie : « Ton père et moi, nous te cherchions », v. 48, et de celle où Jésus, reprenant le mot de « père » l’applique à Dieu. A son père adoptif, Jésus oppose son Père naturel et rappelle à sa mère que les droits de Dieu, son Père, pouvaient parfois lui tracer un devoir suprême, exigeant de lui une certaine indépendance à l’égard même de ceux qui lui étaient le plus chers après son Père céleste. Les rationalistes contemporains ont faussé et dénaturé la réponse de Jésus à sa mère. Non seulement ils ont voulu y voir l’expression d’un sentiment de raideur ou d’insubordination à l’égard de ses parents, mais ils ont affirmé que le mot « père » n’a ici, sur les lèvres de Jésus, qu’une signification très vague et très générale. Cf. Dalman, J)ie Worle Jesu, t. i, p. 151-152 : B. Weiss, Das Leben Jesu, t. i, p. 269 ; V. Beyschlag, Leben Jesu, 4e édit., t. i, p. 14. Il exprimerait simplement le sentiment d’union intime tjui unissait déjà Jésus à Dieu. Une telle interprétation fait violence au sens naturel et obvie du récit.

/II. LES Tf : MOI GXAŒS PRÉPARATOIRES a I.APRÊDl (ATioy DU christ. — A l’âge de trente ans, le Christ se prépare à sa mission. Le rôle du précurseur va donc, lui aussi, commencer. De ce rôle, le théologien retiendra les actes et les paroles qui rendent témoignage à la messianité et à la divinité de Jésus-Christ. C’est bien parce que « la parole du Seigneur s’est faite entendre a Jean, fils de Zacharie, i Luc, iii, 2. que celui-ci. élevé dans le désert, continuera de vivre au désert, Marc, i, 4, c’est-à-dire dans le désert de la Judée, Matth., iii, 1, dans toute la région voisine du Jourdain, Luc, iii, 3, 61, non plus tant pour lui-même que pour le Messie et pour les anus. Jean nous est montré par les cv angélistes, comme l’austérité en personne, vêtu d’un tissu de poils de chameau, se nourrissant de sauterelles et de miel sauvage, Matth.. iii, 1 ; lis ;  ;

    1. JÉSUS-CHRIST##


JÉSUS-CHRIST. LE TÉMOIGNAGE DU PRÉCURSEl R

L184

iMaii.. i. 6 ; son rôle et tracé par ls.. xi., 3-5 : il est i la voix qui prépare dans le désert le chemin du Seigneur. El c’est pour préparer ce chemin du Seigneur qu’il commence sa prédication.

1 La prédication de Jean-Baptiste, relativement à Jésus-Christ, cirant le baptême de Jésus. 1. Cette

prédication porte d’abord sur l’imminence du royaume messianique : le royaume des cieux est proche. » Matth., m. 2. Ces expressions : i royaume de Dieu » (Marc et Luc), « royaume des cieux » (Matth.), « royaume du Christ ou simplement i royaume par excellence sont propres a la révélation chrétienne et sont prises indistinctement dans le même sens. Voir Dictionnaire de la Bible, art. Roi/aume de Dieu, t. v, col. 1237. Cependant l’expression : « royaume des cieux > était déjà employée par le précurseur pour annoncer l’avènement du Messie, et nous avons tout lieu de supposer, qu’elle était dès lors en usage pour désigner l’œuvre du Christ, c’est-à-dire le nouvel étal religieux et politique quon s’attendait à lui voir fonder. Elle constitue donc déjà, à elle seule, dans la bouche de Jean-Baptiste un véritable témoignage en laveur de la niessianité de Jésus. Mais le caractère inspiré de la prédication de Jean relativement à la proximité du royaume messianique, apparaît surtout (ii ce que le précurseur attribue déjà, en réaction contre les idées erronées de ses contemporains, au royaume futur les caractères que devra lui donner plus tard Jésus. I.a pénitence est la condition préalable, absolument nécessaire, pour entrer en ce royaume, Matth, ni, 2, et cette pénitence, transformation totale et intérieure de l’âme, [xeTocvota, Jean l’exprime symboliquement aux foules accourues pour l’entendre, par un rite symbolique et véritablement nouveau, le baptême. Ce concept de renouvellement intérieur et radical, est nettement exprimé dans la véhémente apostrophe que Jean-Baptiste adresse aux pharisiens orgueilleux et aux sadducéens matérialistes. Matth., n, 7-10 ; Luc, m. 7-9. I.a colère divine, le châtiment des coupables, prédits par Jean accompagnent, dans les visions prophétiques de l’Ancien Testament, l’installation du royaume des cieux par le Messie et font partie de son aspect eschatologique. Il ne servira de rien aux Juifs d’être fils d’Abraham, s’ils ne font pénitence, ils seront exclus du royaume. Bien plus tout cela est imminent, et c’est pourquoi la prédication de Jean est si instante : elle constitue une proclamation solennelle et officielle, Maie, i, I, 7 ; I.uc, iii, 3, une évangélisation, une exhortation pressante, Luc., iii, 8. Tous ces caractères de la prédication de Jean sont encore renforcés par la sagesse et la modération des conseils pratiques donnés par le précurseur, Luc, m, 10-1 1.

2. Jean affirme ensuite la transcendance et le rôle messianique du Christ : « Je vous baptise dans l’eau : mais viendra un plus puissant que moi, de la chaussure de qui je ne suis pas digne de délier [eu me baissant) la courroie, lui vous baptisera dans l’Esprit et le feu ; son van est en sa main et il nettoiera son aire, puis il rassemblera le froment dans son grenier et brûlera la paille dans un feu qui ne peut s’éteindre. > Luc., m. 15-18 ; Cf. Marc., i, 7. Dans ce texte, remarquons deux antithèses, relatives l’une, aux personnes, l’autre, aux baptêmes. Le Messie es ! représenté comme >< plus puissant i que Jean : Jean est l’inférieur, indigne de lui rendre, même eu se prosternant, les services les plus humbles. Pareillement, le baptême de Jean n’agit

qu’à la surlace : celui de Jésus, dont l’Espril Saint il le feu seront en quelque sorte les éléments, agil |U qu’au plus intime de lame et opère une régénérai ion

morale. Cf. Act., ii, 33 ; s, il. 17 ; m. 6, etc. Cf. Bapti mi pah i.i mi. t. n. col. 357. Cette double

antithèse OÙ la I lance de Jésus et de sa mission

est soulignée par rapport à Jean montre l’inanité de l’hypothèse émise par certains libéraux relativement à la formation de Jésus par Jean-Baptiste. De plus, la puissance judiciaire nettement attribuée à Celui qui doit venir, en marque le caractère et la mission messianique-.

2° Le baptême de Jésus par Jean. 1. Il lut la consécration officielle de la mission messianique du Sauveur. Joa., i, 31. Jean, pressentant en Jésus le Messie, refuse tout d’abord de le baptiser ; mais Jésus insiste. Matth. ni, 13-15. Sans doute, le Messie n’était pas obligé de recevoir le baptême de son inférieur : mais cette cérémonie était préparatoire à l’institution du royaume messianique et, à ce titre, entrait dans le plan divin. Luc, vii, 29-30. Le précurseur, si grand soit-il. ne fait que préparer le royaume et le plus petit, dans ce royaume, est ainsi plus grand que lui. Luc. vu. 28. Et donc, il était convenable que Jésus se prêtât à ce rite, quelque humiliant qu’il fût. C’est ce que le Sauveur fait comprendre à Jean par ces paroles : Laisse faire pour le moment, car c’est ainsi qu’il convient que nous accomplissions toute justice. Matth.. m. 15. L’extrême importance, au point de vue messianique, du baptême de Jésus est sans doute la raison qui détermine Dieu a dévoiler pleinement et miraculeusement la filiation divine du Messie. Les cieux se déclarèrent, Marc, i, 10, et Jean et Jésus (il n’y avait vraisemblablement pas d’autres témoins de la scène du baptême cf. Luc, iii, 21) virent le Saint-Esprit descendant sur Jésus en forme de colombe, Matth., ni, 15 ; Marc, i, 10 ; Luc, iii, 22, se reposant sur lui. Joa., i. 32. Cette manifestation divine était le promis à Jean par Dieu et qui devait lui permettre de reconnaître le Messie. Joa, i, 33. La descente du Saint-Esprit réalisa en effet la prophétie d’Isaïe : Le Messie est tel, — l’oint du Seigneur parce que l’Esprit de Dieu s’est reposé sur lui. ls., xi, 2 : i.xi, 1. Et la loi des premiers chrétiens reportera à ce moment la consécration messianique extérieure du Christ par l’Esprit ; ainsi en témoignent l’évangile apocryphe des Nazaréens, cité par saint Jérôme, In ls., XI, 2, P./… t. xxiv, COl. 148 ; et l’évangile des Cbionites (s’il diffère du précédent) cité par saint Epiphanc. Hier., xxx. 13, P. (’, .. t. xii, col. 428. La colombe, qui manifeste ici la mission invisible de l’Esprit en Jésus, est choisie par Dieu à cause de son symbolisme. La colombe, dans l’histoire du déluge est l’image de la fidélité et de la paix. (ieii.. viii, 11 : le Cantique voil eu elle la figure de l’innocence et de l’amour pur, i, 14 ; ii, 10, 12 ; iv. 1 : V, 2 ; vi, 8 ; Jésus vante sa candeur et sa simplicité. Matth., x, 16. - 2. Mais ce n’est pas seulement comme Messie que Jésus est révélé au baptême de Jean. 1 tieu le l’ère fait entendre sa voix pour le proclamer son h’ils bien-aimé. Matth., m. 17 ; Marc, i, U : Luc. iii, 22. Pour la comparaison des trois récits, voir le 1’. Lagrange, Évangile selon saint Marc. Paris. 1911, ]). 12. C’est une nouvelle révélation de la filiation naturelle du Verbe incarné. Il ne saurait, en effet, être question d’entendre ici l’expression « mon Fils » en un sens large, qui s’accommoderait d’une filiation de pure adoption. Le texte et le contexte exigent le sens de la filiation naturelle. Le texte d’abord : ’O ut6ç u, ou, 6 iyaTCTjTÔç ; la répétition de l’article rend singulièrement expressif le sens du mot a l-’ils ». Il faut observer que, dans les synoptiques, i-^x-r-oi est employé au même sens que [iovoyev^ç par saint Jean. Cl Marc. 1, 11 : et comparer Luc. m. 22 : Matth.. iii, 17 : Marc, ix. 7, avec Mal th.. xii. 5 ; Luc. ix..">.">. d’après la leçon des mss t c t). Voir également la même expression dans la II Pet., I, 17 ; clic/, saint Paul, Eph., i. 6 ; Col.. î, l.’i, et surtout Rom., nui 31 où l’apôtre cite Gen. xxii. 16 en substituant a -.<, > ci.-(y.-r-’i, oloû la formule ro > [Sîou uloû. Voir Resch, L18î

    1. JÉSUS-CHRIST##


JÉSUS-CHRIST. LE TÉMOIGNAGE DU PRÉCI RSEUR

Parallellexte, dans Texte und Untersuchungen, t. x, rase. 2, p. 24 ; J. Lebreton, Les origines du dogme de la Trinité, Paris. 1919, p. 308-309. Le contexte ensuite :

les récits antérieurs de.Matthieu et de Luc nous ont montré Jésus comme conçu du Saint-Esprit, et saint Mare, dans sa première ligne, résume tout son évangile en ees mots expressifs : « Commencement de l’évangile de Jésus-Christ, Fils de Dieu, D’ailleurs la même voix divine se fera entendre, deux l’ois encore : à la transfiguration, Matth., xvii, 5 ; Marc., ix, 6 ; Lue.. i. 35 ; cf. Il Pet., i. 17. et quelques jours avant la passion, Joa., xii, 28-30. A la transfiguration la filiation divine est encore nettement et directement révélée. Et quand, dans saint Jean, malgré son trouble, le Sauveur demande a Dieu : « Mon Père, glorifiez votre nom. une voix divine, sanctionnant implicitement cette appellation de Père », répond : i Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore. »

3 Les témoignages postérieurs un baplêm de Jésus.

— 1. Témoignages en fureur du Messie, rendus à la délégation du sanhédrin (Joa.. i, 19-28). — Saint Jean complète ici visiblement les synoptiques. La renommée de Jean-Baptiste croissant toujours, une députation de prêtres et de lévites lui est envoyée, pour porter un jugement sur l’œuvre, la prédication et le baptême de Jean. Successivement le précurseur affirme qu’il n’est ni le Messie, ni Élie en personne, ni le prophète prédit par Moïse. Sur l’attente d’Élie et du prophète, voir ei-dessus, col. 1126 sq.. Jean est simplement « la voix de celui qui crie dans le désert : Rendez droit le chemin du Seigneur. » r. 23. Il annonce simplement le Messie transcendant et dans sa personne et dans son baptême.. 26-27. — 2. Le Messie es ! Jésus, Fils de Dieu. Entouré de quelques-uns de ses disciples, Jean vit, le jour suivant, Jésus venant à lui et il rend aussitôt, saisi d’une intense émotion, hommage à sa mission messianique et à sa filiation divine : ci, dit-il, l’Agneau de Dieu, voici celui qui ôte le péché du monde. C’est celui de qui j’ai dit : après moi vient un homme qui a été fait avant moi, parce qu’il était avant moi : et moi je ne le connaissais pas ; mais c’est pour qu’il fût manifesté en Israël, que je suis venu baptisant dans l’eau… lit moi je ne le connaisas : mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et se reposer, c’est celui qui baptise dans l’Esprit-Saint. Et j’ai vii, et j’ai rendu témoignage que c’est lui qui est le Fils de Dieu, i Joa., i, 29-31, 33-34. Témoignage précieux entre tous ! Ne nous atteste-t-il pas la mission rédemptrice de Jésus, vainqueur du péché, et symbolisé par l’agneau pascal, qui, jadis, avait sauvé de la mort les premiers-nés des Hébreux ? Ex., xii, 3-18 ; . un, 7 : 1 Cor., v. 7 ; Joa., xix, 31. N’affirme-t-iî pas la préexistence éternelle du Messie, et par conséquent, sa divinité, connue du précurseur par une révélation spéciale ? Aussi, l’expression i Fils de Dieu i appliquée par Jean a Jésus doit elle être entendue dans son sens le plus strict. Ici encore le texte semble l’exiger, non moins que le contexte. Le témoignage de Jean, en effet, nous est conservé par l’auteur du quatrième évangile, qui, dans le prologue, vient précisément d’insister sur la préexistence éternelle et la divinité du Verbe : nul doute que le témoignage de Jean ne soit rapporté pour corroborer les affirmations du prologue. — 3. Dernier témoignage de Jean sur la messianité et la filiation divine de Jésus. — Jésus avait déjà commencé sa vie publique, et ses disciples conféraient déjà un baptême, analogue a celui de Jean, symbole de la conversion nécessaire pour entrer dans le royaume des cieux. Voir Baptême, t. if, col. 169, et Jean-Baptise (Baptême de) ci-dessus, col. 646 sq.’n sa renommée commençait a éclipser celle de Jean. Les disciples de ce dernier l’ayant fait remarquer a leur nier, de 7 moi. r : TiioL

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maître, ce fut, pour le précurseur, l’occasion d’un

nouveau et splendide témoignage rendu au Christ. Ce témoignage se compose de deux parties, la première

attestant la supériorité du Christ, dont Jean n’est que le précurseur, et qui doit croître, alors que le rôle de Jean est de diminuer et de disparaître ; la seconde. s’élevant à des hauteurs incomparables et à laquelle il convient de s’arrêter plus longtemps : « Celui qui vient d’en haut. dit Jean, est au-dessus de tous. Celui qui vient de la terre est de la terre et parle de la terre. Ainsi celui qui vient du eiel est au-dessus de tous.. Et il témoigne de ce qu’il a vu et entendu… Celui qui a reçu son témoignage a attesté que Dieu est véridique car celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu, parce que ce n’est pas avec mesure que Dieu [lui donne l’Esprit. Le Père aime le Fils et il a tout remis entre ses mains. Celui qui croit au Fils a la vie étemelle ; celui qui ne croit pas <iu Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. » Joa., iii, 3$1-$20. Toute la théologie johannique sur la divinité du Fils de Dieu incarné se retrouve en ce témoignage. Transcendance de l’Homme-Dieu, relation intime de dépendance vis ; ’t-ïs de Dieu et dans la vie divine elle-même ; plénitude de l’inhabitation de l’Esprit-Saint, c’est-à-dire de la divinité : amour du l’ère pour le Fils, affirmation de la nécessite de la foi en Jésus-Christ pour l’aire son salut : tout, dans les paroles de Jean atteste la divinité du Fils de Dieu qui est Jésus.

Après de tels témoignages en faveur du Messie, Fils de Dieu, comment un doute aurait-il pu subsister dans l’esprit de Jean ? Si donc, plus tard, avant appris dans sa prison les miracles accomplis par Jésus, il envoie deux de ses disciples demander a Jésus s’il est vraiment le Messie, Matth., xi, 2-3 ; cf. Lue., vii, 19. cette question ne marque pas un doute dans l’esprit de Jean et n’infirme en rien la valeur des témoignages par lui déjà rendus touchant la divinité de Jésus, mais, telle est du moins l’exégèse classique, elle est posée dans l’intérêt des disciples, afin de leur fournir une preuve convaincante de la vraie nature de Jésus et d’affermir leur foi, ébranlée sans doute par leurs rapports avec les pharisiens. Sur les diseussions soulevées par le message de Jean, voir D. Buzv, Saint Jean-Baplistc, Paris, 1923, p. 280-306.— Conclusion. — Ainsi donc la révélation de Jésus, Messie et Fils de Dieu, est déjà faite au début du ministère public du Sauveur. Mais ce n’est pas encore une révélation publique : seules, quelques âmes privilégiées eu ont été favorisées. La révélation publique, c’est Jésus qui la fera, durant les trois années de son ministère. Il la fera progressivement, de façon à ne pas compromettre sa mission et à ne pas favoriser les conceptions erronées des Juifs, ses contemporains, touchant le royaume messianique, la personne du Messie et ses attributs.

IV. MANIFESTATION PROGRESSIVE lu : L’UOMilE ntEUDANs les synoptiques. A partirdù baptême, le problème de la messianité et de la filiation divine de Jésus se pose pour les Juifs. Jésus s’appliquera a donner la solution de ce problème selon les lois de l’économie providentielle relative à la révélation du mystère de II lomme-Dieu. Les conditions intellectuelles, sociales et politiques du peuple juif au temps de Notre-Seigneur, exigeaient, avons-nous dit, une révélation progressive de la qualité dMe sic Semblablement, el même sans tenir compte de cette circonstance, la révélation de l’origine divine ne pouvait se produire d’une façon trop directe et, peut-0 i dire, trop brutale. « La raison en est. dit M. I.epin, dans la situation même, extraordinaire, inouïe, qui était cette du Sauveur. Mettons-nous bien, en effet, dans la réalité. Représentons-nous le Verbe, vrai Fils de Dieu

et vrai Dieu, quittant le sein de sou Père céleste, p

se faire homme comme les autres hommes et. au milieu

VIII. — 33 us ;

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JÉSUS-CHRIST. LE TEMOIGNAGE DES MIRACLES

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dis hommes, se consacrer à l'œuvre d’enseignement et de salut que nous savons. Quelle situation extraordinairement complexe et délicate I Pouvait-il raisonnablement découvrir, d’une manière trop explicite, son exacte identité? Pouvait-il déclarer, sans détour et sans voile : Je suis en apparence homme comme les autres hommes ; en réalité, je suis le Fils de Dieu, éternellement engendré de Dieu, je suis le créateur du et de la terre, je suis Dieu ? La situation, peut-on dire, eut été impossible, et, si nous trouvions dans les Évangiles de ces déclarations expresses, nous serions en droit d’en suspecter l’authenticité, tant elles auraient été intempestives et déplacées…. C’est indirectement et progressivement que Jésus a voulu révéler sa dignité messianique ; à plus forte raison a-t-il dû agir de la sorte pour ce qui est de sa divinité. Impossible de procéder avec plus de sagesse et plus d’opportunité. Il a insinué et suggéré cette réalité supérieure par toute sa vie : ses œuvres manifestaient une puissance divine ; ses discours étaient pleins d’allusions à la transcendance de ses privilèges et de ses pouvoirs, au caractère unique de sa qualité de Fils de Dieu. Pour n'être pas exprimée, en une formule dogmatique, à la manière d’une définit ion de foi. la divinité proprement dite de sa personne ne s’en laissait pas moins deviner à travers toutes ses déclarations ; « Ile s’en dégageait comme une conclusion théologique certaine et il devait être impossible à ses disciples, surtout après la résurrection et la Pentecôte, de se méprendre sur le véritable sens de sa manifestation. » Jésus, Messie et Fils de Dieu, Paris, 1910, p. 364-365. Ajoutons, avec le même auteur, que l’enseignement de Jésus touchant sa propre personne, et ses relations avec le Père céleste, sont les déclarations, non du Fils de Dieu uniquement considéré dans sa nature divine, mais du Fils de Dieu incarné. A proprement parler, renseignement de Jésus est l’expression humaine de sa pensée humaine et, à ce titre, il tient compte, même en témoignant de la préexistence éternelle et de la divinité du Fils, des conditions concrètes dans lesquelles ce Fils s’est manifesté aux hommes, homme comme eux, par l’incarnation. Ainsi donc, si l’on se rappelle que le Christ devait avoir en face de lui un peuple charnel et aveugle, que le nom de Messie en llammail, mais trompait, que le nom de Fils de Dieu ne pouvait que scandaliser, on comprendra les précautions, les lenteurs, les réserves de l’enseignement du Christ. Avant de montrer la lumière il doit désiller les yeux : avant d’enseigner, il doit convertir. « La prédication du Christ commencera donc par un enseignement moral : il ne propose pas d’abord les mystères du dogme chrétien, sa propre divinité, son unité substantielle avec le l'ère ; mais il prêche l’idéal de la vie chrétienne : l’humilité, la pauvreté, la douceur, le pardon des injures, la religion intérieure qui prie et agit dans le secret ; il presse ensuite ses disciples de mettre tout cela en pratique pour ne pas bâtir sur le sable et voir tout l'édifice s’effondrer. D’un mot, il faut faire la vérité pour venir a la lumière. ».1. I.ebreton. l.cs origines du dogme de lu Trir.ilc, Paris, 1919, p. 260. En réalité, la manifestation explicite et formelle de Il lonune-Dieu présuppose lé] à les illusions dissipées touchant le royaume de I tien et la personne du Messie. Et c’est seulement

lorsque Jésus aura tait comprendre de quelle nature

est le royaume qu’il vient fonder et quel est le vrai caractère de sa dignité messianique, qu’il pourra sagement se révéler comme le Fils de Dieu. Aussi, soit au désert lors de la tentation, soit dans les débuts de sa vie publique, lors des guérisons de possédés, jamais ne laissera au démon le droit de proclamer sa messianité et sa divinité que cependant l’esprit du mal connaissait ou tout au moins soupçonnait. Marc, i,

32-34. Cf. i. 23-21 ; iii, 11-12 : v. 11 : Matth., iv. 3, G ; vm. 29 ; Luc. iv. 3. 9, 33-34, 41 : vin. 28. Sur la valeur du témoignage des démons, voir S. Thomas, Sum. theol., I q. i.xiv. a. 1, ad 4° » >.

Sans doute, la prédication de.Jésus dans le début de son ministère est semblable à celle de Jean-Baptiste : « Le temps est accompli, et le royaume de Dieu est proche : convertissez-vous et croyez à l'Évangile. » Marc, i, 1."). Mais la conversion des âmes, Jésus la préparera tout d’abord par les bienfaits qu’il se plaira à répandre autour de lui : « il a passe, en faisant le bien, et en guérissant tous ceux qui étaient asservis par le diable. » Act., x, 38. Dès le début du ministère du Sauveur apparaît la vérité de la progression signalée au (. 1 des Actes des Apôtres : lacère et docere, faire le bien, d’abord ; enseigner, ensuite. C’est en guérissant les corps que Jésus atteint les aines et les purifie. Aussi estimons-nous que le théologien, étudiant la manifestation implicite de l’Homme-Dieu dans l'Évangile, doit le chercher tout d’abord dans les miracles du Sauveur, avant de la trouver dans son enseignement général.

Manifestation de V Homme-Dieu par les miracles.


Nous n’avons pas à nous appesantir sur la définition, la transcendance, la valeur démonstrative du miracle en faveur de la vérité révélée. Voir Miracle. Il reste entendu que pour les contemporains de Jésus comme pour les hommes de tous les temps, les miracles ont été « des signes très certains de la révélation, accommodés à l’intelligence de tous. » Conc Vatic, sess. iii, c. 1, Denzinger-Bannwart, n. 1793. Mais la plupart des miracles du Christ furent accomplis, moins pour corroborer une révélation déjà faite que nom préd sposer les esprits à la révélation à venir. Et c’est sous cet aspect que nous trouvons dans les miracles de Jésus une première manifestation, encore implicite, de son rôle messianique et de son origine divine. Aussi bien, en établissant la liste des miracles du Sauveur, on peut constater que si Jésus multiplie ses miracles pendant toutes les périodes de sa vie publique sans exception, ils furent toutefois plus nombreux pendant la première partie de son ministère public. !.. Cl. Fillion, Les miracles de.V.-.S. Jésus-Christ, Paris, s. d. (1909), t. i, p. 27. C’est là une première indication de la vérité de notre thèse, à savoir que les miracles préparèrent d’abord la révélation avant de l’authentiquer. Une autre indication de la même vérité, c’est que les prodiges de Notre-Seigneur ne furent jamais accomplis dans l’unique intention de jeter les hommes dans l’admiration et de faire éclater la puissance divine ; mais tous, à part une ou deux exceptions (la malédiction du figuier stérile, par exemple). Furent des œuvres de miséricorde, manifestations de la bonté et de l’amour du divin Maître, qui voulait, autant qu’il dépendait de lui. alléger les souffrances physiques et morales de l’humanité. I.a pitié est un sentiment habituel du cœur de Jésus ; voir COl. 11(12. Et c’est SOUS l’influence de ce sentiment que beaucoup de miracles furent accomplis. Matth., xiv, 14 ; cf. Marc, vi, 31 ; Matth., xv, 32 : cf. Marc, viii, 2 : Matth., xx, 34 ; Marc I, 41 ; Luc. vu. 13. etc. FI par ces œuvres de miséricorde, .lesus entendait s’attacher les cœurs et

les esprits.

1. Réalité des miracles du Christ. - Jésus devait opérer des miracles. Le Messie attendu des Juifs avec tant d’ardeur, devait être, d’après les prophéties elles-mêmes, un cire surhumain, possédant le pouvoir d’accomplir des merveilles éclatantes. Cf. Is., xxxv, "i il ; xi. m. 8, etc. Aucun juif n’aurait accepté un Messie qui n’eût pas été thaumaturge. Il fallait donc que silice point, Jésus réalisât les prédictions des prophètes et répondit aux légitimes attentes de ses compatriotes. Mais il devait a la vérité messianique de ne point L189

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JÉSUS-CHRIST. LE TÉMOIGNAGE DKS MIRACLES

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laisser s'égarer l’opinion dos Juifs, qui réclamaient

an Messie politique, conquérant, restaurateur du royaume temporel d’Israël. Les miracles de Jésus ne « levaient pas servir a entretenir le peuple juif dans les illusions et les erreurs qu’il nourrisait depuis longtemps sur le messianisme.

Que Jésus ail opéré île nombreux prodiges, le l’ait n’est pas douteux. Les récits évangéliques sont remplis des faits miraculeux attribués par leurs auteurs au Sauveur, et. d’une façon générale, ils en allument l’existence. Marc. i. 32-34 ; cf. Matth., vin. lf>-17 ; Luc. iv, 10-41 ; Matth.. îv. 20-24 : cf. Marc, ii, 7-12 ; Lui-., vi. 17-19 ; Luc. v, 15 ; vii, 21 ; viii, 2 ; cf. Matth., xi. 4-5 ; Marc. vi. 54-56 ; cf. Matth.. xix, 35-36 ; xv, 1 : cf. Marc. vu. 37 : Matth.. xix. 2 ; xxi. 1 1 ; Joa., il. 23 ; iv. 48 ; vu. 31 ; xi. 47 : xii. 37 : xx. 30, etc. Des formules générales contenues dans ces textes, il apparaît bien que les miracles s'échappaient en grand nombre des mains divines et bienfaisantes du Sauveur. De plus, les écrivains sacrés ont donné aux miracles de Jésus des noms qui marquent bien leur caractère surnaturel. Ce sont des prodiges. TsçotTa : encore que ce nom soit commun aux miracles de Jésus et aux prodiges des faux prophètes, Matth.. xxiv, 21 : Marc, xiii. 22, cependant, pour désigner spécialement les miracles du Sauveur, il est accompagné d’autres qualificatifs qui excluent l’idée d’un pur prodige, uniquement destiné à éblouir les foules. Matth., iv, 24 ; Marc. xui. 12 : cf. Joa.. iv, 48. Ce sont des faits merveilleux, Ozupôoia, Matth., xxi. 15 : des faits étranges, -.xzy.Ù', zy.. Luc. v. 26. Les miracles de Jésus reçoivent aussi le nom de $ovdc(ieiç, forces, parce qu’ils manifestent une puissance supérieure à celle des hommes. Matth.. xi. 2(i. 21. 23 ; xra, 54, 58 ; xiv, 2 : Marc, vi. _. 14 : ix, 39(Vulg., 38) : Luc. x, 13 : xix, 37. Ce sont aussi des signes, a7)|Aeï<x, à cause de leur relation avec la vocation messianique de Jésus, qui se trouve être par eux prouvée et comme contresignée. C’est surtout chez saint Jean qu’on trouve cette expression, ii, 11, 18, 23 ; m. 2 : iv. 48, 54 ; vi, 2, 14. 2tj, 30 ; vii, 31 ; ix, 16 ; x. 41 ; xi. 47 : xii. 18, 37 : xx, 30, bien qu’on la rencontre déjà assez fréquemment chez les synoptiques. t Matth., xii. 3.S. 39 : xvi, 1, 4 ; Marc, viii, 11, 12 ; xvi, 17. 2° ' : Luc. xi. 16. 29. 30 : xxui, 8. Saint Jean eriiploiera une autre expression, qui lui est favorite, spva. les œuvres, expression pleine de profondeur, car elle semble supposer qu’en Jésus-Christ le miracle est la forme naturelle de l’activité. Joa., v, 20, 36 ; vii, 3, 21 ; îx. 3, 4 : x. 25. 32, 37, 38 ; xi. 12 : xv. 24, etc.

Parmi les miracles opérés par Jésus en personne les évangélistes en ont relevé, en particulier, un certain nombre. M. T. IL Wright, dans Hastings, Dicdonary oj Christ and the Gospels, Londres, 1908, t. ii, p. 189, énumère, d’après les évangiles 41 miracles distincts ; M. Fillion, op. cit., p. 25-27, n’en compte que 39. Et la vérité historique de ces miracles apparaît démontrée avec la dernière évidence. — a) Tout d’abord, il ne saurait être question d’interpolation, à une date postérieure, des récits miraculeux dans les évangiles. Bien que l’authenticité de ces récits soit implicitement démontrée dans l’authenticité générale des évangiles, elle apparaît très certainement du fait que deux et même trois évangélistes ont rapporté simultanément les miracles les moins » acceptables » à la raison humaine : la résurrection de la Mlle de Jaïre, les deux multiplications des pains, la guérison des aveugles de Jéricho, par exemple. « La distribution de la matière miraculeuse, dit fort justement le 1*. de draiidniaison, n’est pas celle qu’on attendrait d’une interpolation postérieure. Dans cette hypothèse, en effet, le merveilleux devrait remplir les parties les moins atl< de l’histoire évangélique, introduit là tardivement, moyennant des traditions particulières, accueillies par

l’un ou l’autre des narrateurs. Dans le double et. à plus forte raison, le triple récit, ou ne devrait guère trouver que les miracles plus aisément t « acceptabl< guérisons de paralytiques, exorcismes, etc. Ces prévisions sont celles-là même (nous le verrons) qui guident nos adversaires dans leur étude de l'élément miraculeux impliqué par les documents chrétiens primitifs. Mais les faits déjouent ces calculs aprioristiques : au lieu d’affleurer çà et là. à la façon de blocs erratiques, déposés par une coulée géologique récente à la surface des récits, les prodiges les plus inouïs, les plus « impossibles », saturent également la double, la triple synopse. i Jésus-Christ, dans le Dictionnaire apologétique, t. n. col, LUS. - />) Ensuite, les récits miraculeux ne laissent rien à désirer au point de vue de la critique ; les néo-critiques ne trouvent aucun argument tiré de l’examen des textes pour nier la vérité historique des miracles du Sauveur : aucun désaccord dans lesmss. ; variantes textuelles insignifiantes ; clarté parfaite de la narration : ils son ! entièrement irréprochables. — c) La comparaison des miracles de Jésus dans les évangiles canoniques et des miracles attribués à Jésus par les apocryphes, est une nouvelle preuve de la vérité historique des premiers. Les apocryphes nous servent du brillant, du clinquant, du merveilleux pur et simple, parfois accompli contrairement aux règles de la convenance, de la justice et de la charité. Dans les miracles authentiques du Sauveur, il règne une convenance, une dignité parfaite : et tous servent à mettre en relief la mission de Jésus. Cette opposition fondamentale est une marque de la réalité et de la crédibilité des miracles évangéUques. Cf. Fillion, op. cit., c. ix, § 2. — d) Mais la preuve décisive, c’est qu’il est impossible d'écarter les récits miraculeux, sans mutiler les évangiles et.ans les transformer d’une manière essentielle. Ils sont inséparables de l’histoire de Jésus ; l’image de Jésus, telle que nous la dépeignent les évangélistes, est comme sa tunique sans couture : il faut la prendre telle qu’elle est, avec les miracles, ou la rejeter tout entière Les miracles sont supposés à chaque instant par les circonstances, les particularités, les enseignements les plus incontestables de l'évangile. C’est par les miracles que s’explique la foi qui entraîna les apôtres vers Jésus : saint Jean le fait remarquer à maintes reprises, ii, 11 : iii, 2 ; vii, 31 ; xii, 9-11 ; mais les synoptiques ont noté eux aussi cette impression « les prodiges de Jésus sur les Douze Marc, iv, 40 ; Matth., xiv, 33. C’est par les miracles que s’explique l’en thousiasme et l'émotion des foules qui suivent Jésus, ou le recherchent, avides d’entendre sa parole et de recevoir ses bienfaits ; voir quelques textes, Marc, i. 28, 45 ; vii, 36-37 ; Matth., ix, , S. 31. 33 ; xii, 23 ; xv, 31 ; Luc, iv, 37, 40, 42 ; v, 15 ; vii, 17 : viii, 39 : xi, 1 1, etc. C’est à cause îles miracles que les ennemis de Jésus sont piqués de curiosité, Matth., xii, 38 : xiv, 1-2, ou dévorés d’envie, Joa.. xi, 47, 48. Et eu liii, souvent Jésus donnait a ses disciples, ou aux foules, ou à ses adversaires, des leçons pratiques en prenant pour occasion quelque prodige qu’il venait d’accomplir. Personne ne révoque en doute la leçon ; pourquoi révoquer en doute le miracle qui en fut l’occasion'.' CI. Matth., xii. lli-l.'i : 22-2 1 ; x. 1-S : Joa.. vi, 26, ete. Le pouvoir de thaumaturge de Jésus' est reconnu formellement par les apôtres qui furent témoins de sa carrière et fait partie intégrante de la tradition chrétienne primitive ; cf. AcL, ii, 22, 23 ; x, 37-39 ; Joa., xxi, 25. Il faut donc conclure avec llarnæk, en étendant toutefois son assertion a Ions les miracles rapportés par l'évangile : i Les miracles ne se laissent pas éliminer des récits évangéliques, sans qu’on détruise ces récits jusqu'à la base. » l.rhrbuih det Dogmengest lue hlr, t. I, p. fi I.

La difliculté soulevée par certains néo-critiques, relativement à l’absence de tel récit miraculeux dans l’un ou l’autre évangile, n’est pas une difliculté sérieuse : aucun évangéllste n’a voulu être complet, et l’absence de tel récit chez l’un ou chez l’autre prouve au contraire l’indépendance, c’est-à-dire la véracité des auteurs inspirés. D’ailleurs sur 39 miracles, treize sont communs à trois évangélistes au moins (un est raconté par les quatre) ; vingt sont particuliers à l’un ou à l’autre et six sont rapportés par deux évangiles. Cette grande variété et ces accords fréquents marquent à la fois la véracité et l’indépendance des auteurs inspirés. Cf. Fillion, op. cit., p. 28-30.

Ajoutons enfin, en descendant dans le détail des miracles du Sauveur, que si, d’une part, le Sauveur s’est constamment refusé à faire des miracles de pure puissance, de ces prodiges qui manifestent une force inconsciente sans frein, ni règle, ni but, cf..Marc, vm. 12 : Joa., iv, -48, si. d’autre part, il a souvent refusé d’accomplir des miracles là où il était accueilli avec incrédulité, Marc, vi, 5, 6 ; Matth., xiii, 58, qu’enfin si Jésus a voulu fréquemment limiter la divulgation des faits merveilleux par lui accomplis, Marc. i. I 1 : v, 43, alin de garder à sa manifestation parmi les hommes la marche progressive et sagement réglée qu’il avait décidé de lui imposer, « cette discrétion, ces limitations, — - non imposées du dehors et aveu de faiblesse, mais imposées du dedans et marque de sagesse : les textes les plus clairs en témoignent : Matth., iv, 3 sq. ; xxvi, 53 confèrent aux miracles du Christ un caractère unique, et aux récits qui les relatent un cachet d’historicité hors ligne. C’est le propre en effet des embellissements postérieurs et des enthousiasmes irréfléchis d’ajouter en ce genre, de surenchérir, de chercher le frappant, l’extraordinaire l’inouï. Les miracles de Jésus, tels que nous les présentent les évangiles, sont au contraire tellement maîtrisés, tellement spirituels, tellement mortifiés, pour ainsi dire, qu’ils interprètent la vie et renseignement du Maître sans les tire ; pour autant île l’histoire, du réel, de tout ce que nous savons par ailleurs-du prédicateur et du saint de Dieu. » L. de Grandmaison, art. aie, col. 1456.

2. La valeur des miracles de Jésus, comme signes de sa mission messianique. - Que les miracles de Jésus aient servi à prédisposer les cu’lirs et les esprits de ses

contemporains à accepter la personne et les enseignements du Sauveur, ou bien, en modifiant quelque peu la formule, qu’ils demeurent aujourd’hui encore de solides et convaincants motifs de crédibilité en faveur de la révélation inaugurée par Jésus. - - ils ont dû. en toute hypothèse, être accomplis en une connexion manifeste, implicite ou explicite’avec la personne. l’enseignement, la mission du Verbe incarné. Implicitement, ici te connexion existe chaque fois que le

miracle’sert à glorifier Jésus (par exemple : la voix du ciel entendue au baptême et a la transfiguration, et surtout, la résurrection), ou encore chaque fois quele miracle est la récompense accordée a la foi ou la confiance en Jésus (par exemple, la guérison du serviteur du centurion, Mat th., viii, "> sep ; la guérison des aveugles de Jéricho, Matth., xx, 29 ; la guérison de la i hananéenne, Matth., xv, 22 sq ; cf. Matth., vii, 2 : vm. 2.". : ix. 18 ; 27 : xiv. 28 ; xx. 30 ; Marc, u. 25 28 ; ix. 16-23 ; Luc, iv, 38 ; Joa., ii, 3 ; i. 16 54). Explicitement, (elle connexion, est proe’laniée par Jésus lui ii, t me : la gu risem élu paralytique est accordée pour confirmer l’existence en Jésus du pouvoir de

ii nu Itu les péchés. Mare’., ii, 9 10 ; les messagiTs de

Jean-Baptiste sont instruits de la mission messianique iiu Sau i m par l’accomplissement de’s prodiges opérés

pai JéSUS, I ne. ii, 18-24 ; Jésus obtient de Dieu la i i ion m I a/aie t alin. dit il. qu’ils croient que

vous m’avez envoyé. » Joa., xi, 11-43. Ht cette dernière formule revient à plusieurs reprises sous la plume du quatrième évangéliste. Joa.. v, 3(î ; x, 25 ; xiv. 12 : xv, 21 : xx. 30. En réalité tous les contemporains de Jésus, amis ou ennemis, sont d’accord sur le fait ele cette connexion : voir les textes. Matth., xii. 13 : xxiv. 54 ; Joa.. m. 2 : iv. 43 : vi. Il ; vu. 31 : ix. 16 33 ; xi. 15 ; xii. 11, etc.

Mais ces prodiges attestent-ils vraiment l’intervention ele la puissance divine’Sont-ils vraiment des prodiges tels que Dieu seul les puisse accomplir ? Et Jésus se montra-t-il, soit comme objet, soit comme instrument, eligne de cette intervention de Dieu ? Les contemporains du Messie ne se sont peut-être pas posés, sous nue forme aussi précise, cette double question, dont la solution achève ele déterminer la valeur des miracles de Jésus comme signes de sa mission. Ils ont simplement subi l’attrait produit sur leur cœur et leur intelligence par les multiples bienfaits du Maître, sans apercevoir tout d’abord clairement le terme auquel Jésus les voulait amener. Voilà pourquoi le théologien qui cherche avant tout à retrouver dans l’Évangile la figure historique du Christ, doit logiquement situer les miracles accomplis par ce dernier — du moins ceux qui ont précédé sa passion — dans le cadre de la manifestation progressive et pleine et’ « économie » ele la mission messianique et de la filiation divine. Toutefois, si nous voulons, avec l’apologiste des temps postérieurs à Jésus-Christ, analyser jusque élans ses derniers éléments cette force attractive, inhérente aux miracles de Jésus, et dont les con temporains de Jésus ont subi l’influence, il nous faut arriver à cette double constatation : que les miracles opérés par Jésus sont tels, que Dieu seul les pouvait accomplir : et épie Jésus, dans l’accomplissement de sa mission, s’est montré constamment digne eh’l’intervention divine dont il était d’ailleurs lui-même le eligne instrument.

a) Circonstances où se produisent les miracles. — Malgré les sages limitations que Jésus apporta dans l’accomplissement ele ses miracles, il y a, parmi les « œuvres » du Sauveur une variété considérable, élans laquelle nous devons admirer les effets de la toute-puissance divine. Quelle que soit la formule eh’elassitication adoptée pour les miracles du Sauveur, il est hors ele doute, que les miracles de création, tels que le changement de l’eau en vin et la multiplication des pains, les miracles de suspension eles lois de la nature, tels que la pêche miraculeuse, l’apaisement soudain de’la tempête, la marche de Jésus sur les eaux. et. à plus forte raison, les miracles de résurrection de morts, niellent en évidence l’intervention de la puissance divine. Le se’iis obvie élu texte, pas plus que le caractère du Sauveur ne supporteraient une’explication tirée’del’emploi de’la supercherie. L’illusion n’est

pas plus admissible, lorsqu’il s’agit de phénomènes naturels incontestables et vus par de nombreux témoins. Voilà, en bref, ce que suggère la lecture impartiale des textes. Nous verrons à la fin ele l’article que’les néo-crit ique’s ont voulu y trouver tout autre

chose. Leurs négations sont plus vives encore, lorsqu’il s’agit des miracles de guéri sons, guérisons psychiques : expulsion des dénions : guérisons corporelles : santé rendue aux malades, tous miracles qu’ils prétendent expliquer par le seul jeu eles forces naturelles. L’apologétique catholique démontre le caractère’vraiment surnaturel des guérisons psychiques et corporelles accomplies par.lesns, sans toutefois se prononcer d’une façon catégorique et absolue’sur la nature de chacun des cas (’nonces, dans l’évangile, comme appartenant

à la catégorie des possessions diaboliques. Le but de

cet article l héologicpie n’est point d’entrer dans le détail de ces discussions et de cette démonstration.

On se reportera, sur ce point, aux ouvrages spéciaux. .T. Smit. De dtemoniacis in historia evangelica, Rome, 1913, p. 146-172 ; de Grandmaison, art. cité, col. 14571400 : L. Cl. l’illion. Les miracles de N.-S. Jésus-Christ, t. ii, en entier. Notons simplement quelques conclusions indiscutables.

a. En ce qui concerne les expulsions de démons, il faut reconnaître que les quatre cas de possession nommément désignés dans l’Évangile. Marc., i, 23-28 ; cf. Luc. iv. 33-37 : Matth.. vin. 20-34 : cf. Marc.. 1-20. et Luc vrn, 26-39 ; Matth.. xv. 21-28 ; cf. Marc, vu. 24-30 ; Matth.. xvii. 1 1-21 : cf. Marc, ix, 18-29 et Luc. ix. 37-42, supposent la réalité de l’expulsion du démon. D’ailleurs Jésus délègue le pouvoir de guérir et d’exorciser. Marc. m. 15 ; vi, 7 : et lui-même est venu sur terre détruire les œuvres du diable, I. Joa., m, 9. La lutte entre Jésus et le démon, symbolisée par l’antagonisme de la lumière et des ténèbres, du royaume de Dieu et du royaume du prince de ce monde, des serviteurs du roi (messianique) et des serviteurs de ce monde, ne s’explique que par l’existence très réelle et très personnelle d’esprits, malins ou impurs, exerçant leur activité visible dans le corps et par la voix de certains hommes. Que toutes sortes de maladies psychiques aient pu être, au temps du Christ, rangées parmi les possessions diaboliques, la chose n’est pas impossible. Sous l’influence des superstitions étrangères, les Juifs ont pu exagérer singulièrement l’étendue de ce mal et le nombre des cas qui en relèvent. Toutefois, ce n’est pas une raison pommer a priori les guérisons de possédés. Les exorcismes des démons, à l’aide de procédés superstitieux ou magiques, existaient à coup sûr et Jésus y fait allusion. Matth., xii, 27. Et l’hypothèse d’un démonisme purement apparent est la plupart du temps exclue par les formules employées dans les récits évangéliques, par l’attitude et le langage même du Sauveur. Les unes et les autres ne sauraient se comprendre sans l’action ou la présence des esprits malins et impurs. De plus la simplicité, la rapidité, la stabilité, la durée de ces guérisons psychiques, non moins que leur portée spirituelle et religieuse en démontrent le caractère miraculeux et surnaturel. L. Cl. Fillion, op. cit., t. ii, p. 240-201 : IL Lesêtre, art. Démoniaques, dans le Dictionnaire de la Bible, t. ii, col. 1374 sq. ; L. de Grandmaison, art. cité, col. 1460-1464.

b. En ce qui concerne les guérisons corporelles, plusieurs constatations s’imposent à la seule lecture des textes sacrés. — C’est d’abord la multiplicité des guérisons de ce genre, Matth., iv. 23-24 ; viii, 16-17 ; xiv. 35 ; xv, 30-31 ; xxi, 14 ; Marc, i, 32-34 ; v, 10 ; vi, 54-50 ; Luc, iv, 40 ; v, 17 ; ix, 11 ; Joa., vi, 2, etc. C’est ensuite la variété des maladies guéries : les vingt cas spéciaux rapportés par les évangélistes comprennent des infirmités multiples, fièvre, lèpre, paralysie totale et partielle, hémorragie d’un genre particulier, cécité, surdité, mutisme, hydropisie, blessures, etc., quelques-unes réputées incurables ou très difficilement guérissables ou même mettant le patient en péril imminent de mort. — Notons de plus que les procédés employés par Notre-Seigneur pour guérir les malades n’avaient aucune relation directe, aucune analogie naturelle avec les résultats produits. « Souvent, il se contentait d’une parole, qui exprimait son intention d’accomplir la guérison. Matth., viii, 13 ; xii, 13 ; Marc, ii, 11 ; Joa., v, 8, etc. Fréquemment aussi, il imposait les mains aux infirmes, Marc, vi, 5 ; vii, 32 ; Luc, iv, 40 ; xiii, 13 ; ou bien, il les touchait doucement, prenant parfois l’organe malade comme objet de ce contact salutaire. Matth., viii, ’.', . 14, 15 ; i.x, 29 ; xx, 34 ; Marc, i, 41 ; Luc, xiv, 4 ; xxii. 51. Il lui arrivait parfois de lever les yeux au ciel, en signe de prière. Marc, vii, 34. En deux circonstances, il mit un peu de

salive sur la langue d’un muet, Marc, viii, 23, et sur les yeux d’un aveugle. Joa., ix. 0. Kit tous ces procédés, point de remèdes proprement dits. L’onction d’huile, par laquelle les apôtres, au nom du Christ, guérissaient les malades, Marc, vi, 13, n’était pas davantage un remède Tous ces procédés sont des symboles, et rien de plus, physiquement incapables, par eux-mêmes, de produire la saute’-. Ainsi l’imposition des mains, dont usa si souvent le Sauveur, ne faisait qmmanifester la communication du bienfait surnaturel accordé par Jésus aux malades. CI. Marc, v, 23 ; vi. 5 ; vii, 32 ; viii, 22 ; Luc, iv, 30. Le contact de Jésus n’était qu’un symbole de la « vertu » qui s’échappait de lui, Luc, vi, 19 ; viii, 46 ; Marc, v, 30, et les malades y recouraient fréquemment. Marc, iii, 10 ; vi, 56 ; Matth., xiv. 30. Cette vertu, 8’jvx ; i.t, < ;,

force i, n’est pas autre chose que le pouvoir d’opérer des guérisons miraculeuses ; saint Luc, d’ailleurs, emploie volontiers le substantif Hjj%a.iç en ce sens. Luc, v, 17 ; vi, 19 ; viii, 46 ; ix, 1 ; Act., iii, 12 ; iv, 7 ; vi, 8. — Soulignons ensuite le caractère instantané et, en même temps, complet de ces guérisons. Instantanéité. Marc, i, 31, 42 ; Luc, viii, 44 ; xiii, 13 ; Matth., viii, 13 ; Joa., iv, 50-53 ; v, 0 ; ix, 0. « D’une manière régulière, les évangiles représentent comme immédiat, comme réel et point illusoire, l’effet de la parole ou de l’attouchement » de Jésus. Keim, Geschichle Jesu von Nazara, Zurich, 1872, t. ii, p. 153-154. Une seule exception, celle de l’aveugle de Bethsaïda, Marc, viii, 22-26 ; la lenteur et les progrès de cette guérison devant aider au développement de la foi chez ce malade. — Il est inutile d’insister sur le caractère intégral de ces guérisons, qui sont complètes et sans retour de la maladie.

— Rappelons enfin que ces faits sont attestés de manière à satisfa’re toute critique. La simplicité des récits non moins que la publicité des miracles (lesquels eurent tous lieu devant plusieurs témoins et quelquefois devant les foules nombreuses, Matth., iv, 24-25 ; vm, 16-17 ; Marc, ii, 2-4 ; iii, 3 ; ix, 10 ; Luc, v, 18-19 ; vi, 19, etc.) témoignent de leur vérité historique. Et puisque d’autre part, ils nous apparaissent comme humainement inexplicables, il faut en conclure que Jésus les accomplissait par la force de la puissance divine.

c. Les miracles et la foi. — La foi joue un certain rôle dans les guérisons opérées par Jésus-Christ : il importe de préciser, à l’aide du texte évangélique.le sens et la portée de ce rôle, que nous trouverons très dénaturé par les rationalistes et les néo-critiques. Souvent Jésus exige des malades la foi, comme une condition préalable nécessaire à leur guérison, Matth., ix, 28-29 ; ’Marc, v, 30 ; ix, 22 ; Luc, viii, 50 ; Joa., v, 0, ou tout au moins il se propose, en les guérissant, de faire naître la foi dans leur âme. Marc, vii, 32-35 ; vm, 22-26 ; Joa., ix, 5-7. La foi anime les malades ou les personnes qui les amènent a Jésus : le paralytique de Capharnaum, Matth., i, 2 ; Marc, ii, 3-5 ; Luc, v, 18-19 ; le centurion, Matth., viii, 5-10 ; Luc, vii, 1-9 ; l’hémorrhoïssc, Marc, v, 28 ; la Chananéenne, Matth., xv, 22-28 ; Marc, vii, 25-29 ; les foules elles-mêmes qui’i jettent aux pieds » du Sauveur leurs malades. Cf. Matth., iv, 28 ; xv, 30 ; Marc, iii, 10 ; Luc, vi, 18, etc. Et Jésus loue la foi qui les anime. Matth., ix, 22-23 ; cf. Marc, v, 31 ; Luc. viii, 18 ; xvii, 10 ; xviii. 11-42. Réciproquement, l’absence de foi attriste l’âme de Jésus, Matth., xvii, 10-17 ; cf..Marc, ix, 18 et Luc, ix, 41 ; Luc, viii, 25, cf. Matth., viii, 20 et Marc, iv, lu ; Matth., xiv, 31 : Joa., iv, is. ci, précisément, parce que les habitants de Nazareth se montrèrent particulièrement incrédules vis a vis de Jéius, i il ne fit pas là beaucoup de miracles à cause de leur incrédulité. » Matth., xiii, 58, cf. Marc, vi, 5-6. Il n’apparaît nullement par là que la foi des malades ou de leurs réponii ! i :

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JÉSUS-CHRIST. LE TÉMOIGNAGE >E> MIRACLES

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dants était une cause de la puissancejmlraculeuse de Jésus : les pouvoirs de Jésus étaient partout les mêmes. car ce sont des pouvoirs divins, totalement indépendants des volontés et des circonstances humaines. Mais les guérisons étant des actes moraux, Jésus exige dans les malades des dispositions morales. Si. par les prodiges, il ne pouvait atteindre le but spirituel et moi al qu’il se proposait, il se refusait à les accomplir. La foi des malades n’est donc pas la cause de leur guérison par Jésus, mais une simple condition morale dont la haute convenance ne saurait échapper à quiconque prend l’Évangile tel qu’il nous est présenté, c’est-à-dire « a considérant Jésus-Christ comme le vrai Fils de Dieu auquel il faut croire pour être sauvé. La cause efficiente des guérisons reste la puissance communiquée par Dieu au Sauveur.

b) Le thaumaturge considéré en lui-même. Dans l’accomplissement de sa mission, Jésus s’est constamment montré digne de l’intervention divine dont il était le digne instrument. a. Jésus est l’instrument de Dieu.c’est lui-même qui l’affirme, en réfutant l’invraisemblable allégation des pharisiens mettant au compte de Beelzebub et des esprits malins certains miracles du Sauveur. Matth., xii, 21 sq. ; cf. Marc, iii, 21 sq. ; LUC, XI, 15 sq. : Joa.. viii. IX. Jésus est l’ennemi né du démon : tout ce qu’il fait est pour l’honneur et la gloire de Dieu, son Père. La théologie aura à préciser la nature des relations qui unissent Jésus à Dieu dans la manifestation extérieure de sa puissance Ihaumaturgique. Nous n’avons ici qu’à relever les traits que nous fournissent les évangiles. Deux séries parallèles de textes s’offrent à nous, ceux où il apparaît que Jésus opère des miracles de sa propre autorité : c’est sa volonté qui est la cause efficiente du prodige. Matth., vm. 2-3 : Marc, i, 40-41 ; Luc, v, 12-13 ; cf. Luc, vu. 11. Les démons comprenaient bien que Jésus agissait d’autorité : les paroles de la tentation le supposent expressément ; Matth., iv, 3, 6 ; Luc, iv. 3, ! » ; et la foule, témoin de guérisons et délivrances merveilleuses ne l’entendait pas autrement : « Quelle parole est celle-ci ? Car il commande avec autorité et avec puissance aux esprits impurs, et ils s’en vont. » Luc, iv, 3(5. Cependant une autre série de textes nous laisse voir que Jésus chassait les démons i par l’esprit », « par le doigt de Dieu, Matth.. xii, 28 ; Luc. xi. 20 ; il lève les veux au ciel avant de rendre l’ouïe et la vue à un sourd-muet, Marc, vii, 34 ; avant de multiplier les pains et le poisson, Matth.. xiv. 19 ; Marc, vi. Il : Luc. ix. l(> : ou bien, avant de ressusciter Lazare, il remercie Dieu d’avoir exaucé la prière qu’il lui avait adressée au sujet de son ami. Joa., xi, 41. Et, suivant l’impulsion donnée par le Sauveur, les foules rendent parfois grâces à Dieu, à l’occasion des miracles accomplis par Jésus. Matth.. XV, .’il : Luc. xviii. 43, etc. Ces deux points de vue ne sont pas contradictoires : le dogme de l’union hypostatique en résout facilement l’antinomie apparente, en distinguant en Jésus la di nilé et l’humanité, la divinité agissant comme cause principale, l’humanité agissant comme instrument. Lorsque Jésus permet que les miracles s’accomplissent au contact de son humanité (imposition des mains. Marc. VI, "> : Luc. xiii. 13 : toucher, Matth.. m. 15 ; ix, 29 ; xiv, 36 ; Marc, iii, ni ; Luc. i. 19, etc. ; simple frôlement du corps. Matth., i. 20-21 ; Marc. v. 27-30 ; Luc, viii, 15-46), c’est pour affirmer ce caractère Instrumental de son humanité dans l’accomplis Sèment « les miracles. Et la foule reconnaissait qu’il sortait de lui une vertu qui guérissait » les malades. Luc. vi. 19.

b. L’action thaumaturgique, telle qu’elle apparaît en Notre-Seigneur, est tout a lait digne de Dieu, soit qu’on la rapporte directement a Dieu, soit qu’on l’attribue à rinstrument qu’était l’humanité du Sauveur.

A plusieurs reprises déjà nous avons eu l’occasion de signaler le caractère « spirituel » et « moral » des miracles du Maître : nul désir d’ostentation, nulle manifestation d’égoïsme n’y apparaît. Dans la presque totalité de ces miracles, la haute sainteté de Jésus resplendit par le but moral et spirituel qui est nettement poursuivi par lui. A peine pourrait-on citer un ou deux ras d’apparence contraire : d’apparence, disons-nous, car, en réalité, le but moral existe. La perte, pour leurs propriétaires, des pourceaux dans le corps desquels s’étaient enfuis les démons expulsés par Jésus, ne soulève pas. au point de vue de la justice, une difficulté telle, qu’on ne puisse y trouver d’excellentes et plausibles solutions. < Il est des cas. dit le protestant Godet, où le pouvoir, par sa nature même, garantit le droit. ► F. Godet. Commentaire sur l’évangile de saint Luc, Xeuchâtel. 1872. 2° édit., t. 1. p. 183. Quant à la prétendue colère de Jésus, inspiratrice du miracle du figuier desséché, Marc, xi, 13 sq. (outre que ce sentiment passionnel a pu exister légitimement en Jésus. voir col. 1330) elle n’enlève rien de la portée morale de l’acte du Sauveur, portée mise en vif relief par Bossuet, Méditations sur l’Évangile, dernière semaine, 20e jour. Lu réalité, les miracles de Jésus sont un enseignement comme sa prédication orale : habent enim (miracula), si intelligantur, linguam suam. Sam quia ipse Christus Verbum Dei est, etiam faclum Ycrbi verbum md>is est. S. Augustin, Tract, in Joannem, tract. XXIV. c. ii, V. /… t.xxxv, col. 1593. I enseignement . contenu dans les faits miraculeux, saint Jean saura le dégager parfois dans son évangile spirituel : la guérison de l’aveugle-né nous fait mieux connaître Jésus, lumière du monde ; la résurrection de Lazare nous montre en Jésus, la résurrection et la vie. Très rarement celle interprétation existe chez les synoptiques, quoiqu’on la puisse déjà trouver dans Luc, . lo. à propos de la pêche miraculeuse : < Désormais lu seras pêcheur d’hommes. » Puissances, 8uvàtxsi.ç, parce qu’ils ne peuvent être accomplis que par Dieu ou au nom de Dieu, les miracles de Jésus sont donc encore signes, ar^zlr., de réalités plus hautes, de vérités plus sublimes, se rattachant à la prédication du Messie. Ils sont le symbole de l’œuvre spirituelle de Jésus ; ils sont déjà le « royaume de Dieu 1 en actes. Cf. L. de Grandinaison, op. cit., col. 1469-1470.

3. Influence des miracles sur ceux qui en lurent témoins, relativement à la révélation du Messie, Fils de Dieu. — Cette analyse nous fait conclure avec Bossuet : « Tout se tient en la personne de Jésus-Christ, sa vie, sa doctrine, ses miracles. La même vérité y reluit partout : tout concourt à y faire voir le Maître du genre humain et le modèle de la perfection. » Discours sur l’histoire universelle, part. 11, c. xix. En soulageant les misères du corps, Not re-Seignenr se propose un but plus élevé, spirituel. Et l’étude de La pensée du Christ dans l’Évangile nous amène à conclure, avec saint Thomas d’Aquin, que Le Verbe incarné est venu 1 afin de faire des miracles, pour l’utilité des hommes, principalement en ce qui regarde le salut des aines. 1 Snm. Iheol., IIP. q. XXXV, a. 1. ad ! ’"". Mais pour découvrir Ici pleinement la pensée du Maître, il nous faudra recourir tout aussi bien au quatrième e angile qu’aux synoptiques,

i l Le but que se propose Jésus est défini à plusieurs reprises. Les. œuvres l que je fais rendent de moi le témoignage cpie c’est le Père qui m’a envoyé. » Joa., v. 36. Le Messie, dans l’idée que s’en faisait les.luils. devait prouver sa mission par des prodiges. Joa.. vii, 31. Jésus se | ropose donc, avant tout, de révéler par ses 1 œuvres » la légitimité de sa mission, c’est-à-dire de se révéler lui-même Comme le Messie. C’est ainsi, nous l’avons déjà vu. cf. col. I 18(>, qu’il se révèle aux disciples de Jean hésitants, et envoyés vers lui par le no :

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JÉSUS-CHRIST. LE TÉMOIGNAGE DE LA PRÉDICATION

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précurseur, comme le Messie réalisant par ses miracles les prophéties d’Isale. Luc. mi. 18-22 ; Matth.. xi. 2 8 ; cf. ls., xxxv, ! -."> : li. 1-2. S’il chasse les démons c’est que le royaume de Dieu est déjà venu. Matth.. xii. 28 ; Luc, xi. 20. Aux Juifs qui lui demandent de déclarer nettement s’il est le Christ, .lésus répond par le témoignage de ses œuvres. Joa., x. 24-25 ; cꝟ. 37-38 et v. 36. l.a résurrection de Lazare a pour but île faire glorifier le Fils de Dieu. Joa.. xi. 4. et de provoquer la foi en Jésus, v. 15. 41-42. Les apôtres sont repris par le Maître de ne pas assez croire en lui, malgré les miracles dont ils ont été les témoins. Matth.. xvi, 6-12 : Mare., viii. 11-21. et les Juifs sont sans excuses de leur péché d’incrédulité et de haine, à cause des œuvres accomplies par Jésus. « œuvres que nul autre n’a faites, i Joa.. xv. 22 21.

b) L’effet produit dans les foules et sur les disciples. c’est la foi. c’est-à-dire la confiance en sa personne, sinon la croyance en sa messianité et sa divine filiation. On trouvera les différentes nuances de cette « foi » encore mal définie, dans les textes de l’évangile : Ses disciples crurent en lui. Joa.. n. Il ; < beaucoup crurent en son nom, » ii, 23 ; l’officier royal, après la guérison de son fils. « crut en (Jésus), lui et toute sa famille. iv. 53. Xicodème dit expressément à Jésus : « Maître, nous savons que vous e’tes venu de la part de Dieu comme docteur : car personne ne peut faire les miracles que vous faites, si Dieu n’est pas avec lui. Joa., iii, 2 : cf. Act.. x. 38. A la suite des miracles, les apôtres et les foules estiment qu’il existe entre Dieu et Jésus des relations étroites qui élèvent Jésus à un rang bien supérieur à celui des hommes : c’est un

grand prophète >. un i saint personnage », le « Messie lui-même ». cf. Matth.. iv, 21 ; xiv, 33 : xxvii, 40, 42 ; Marc, i, 28, 40 ; ii, 12 ; Luc, vii, 16 : c’est « le Fils de David >. Matth., xii, 13. Hérode Antipas, apprenant les miracles de Jésus, pense que Jean Baptiste est ressuscité. Marc, vi. 14. Les miracles sont pour le peuple la pierre de touche de la sainteté de Jésus : « Si cet homme ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire. » Toutes ces remarques des évangélistes nous montrent quelle excellente préparation à la révélation de l’Homme-Dieu furent les miracles du Sauveur.

I ne admiration sincère, mélangée de frayeur à cause de la puissance inconnue qui se manifestait en Jésus, mais irrésistible, entraînait les foules vers Jésus. Cf. Marc. i. 27-28 ; v. 42 : Matth., ix, 8, 26 ; Luc, iv, 36, 37 : vu. 16. 17 : viii, 56 ; ix, 44 ; xi, 14 ; xviii, 43 ; Joa., xii, 17-18.

c) Mais bien plus, les miracles sont déjà, implicitement, la révélation du mystère de l’incarnation, car leur accomplissement, aux esprits non prévenus et réfléchis, devait démontrer en fin de compte la divinité agissant dans et par l’humanité de Jésus dans l’unité d’une seule personne. Cette conclusion sera celle de l’apologétique, qui s’attache a démontrer, par une étude rétrospective, la valeur probante des miracles de Jésus. fin soi, les miracles ne démontrent pas la divinité du thaumaturge ; et i Notre Seigneur n’opère de miracles que pour prouver la divinité de sa mission.

II n’entend pas prouver directement sa divinité personnelle. Sans doute, agissant de sa propre initiative et par sa propre puissance, il pouvait prouver par là qu’il est Dieu. Mais cette initiative et cette puissance indépendante se supposent plus aisément qu’elles ne se démontrent, tant qu’elles restent isolées de l’affirmation du Sauveur sur sa nature divine. Logiquement, le miracle prouve donc seulement que N’otre-Seigneur est l’envoyé de Dieu et que sa parole est digne de foi. La valeur de cette parole une fois établie par le miracle, il ne reste plus qu’à l’écouter et à la croire. > H. Lesétre, art. Miracle, dans le Diction naire de la Bible, t. iv, col. 1121. Indirectement, et a

titre de signes de crédibilité, les miracles on général amènent donc un esprit non prévenu à donner son assentiment a la divinité du Christ. Mais directement quoique implicitement, plusieurs des miracles du Christ aboutissent à ce résultat. Chaque l’ois que Jésus accomplit des prodiges, en son nom propre, de son propre gré. manifestant une volonté toute-puissante (cf. Matth., viii. 5. 7 : Luc. vu. Il : viii. 46) ; ou lorsqu’il communique à ses apôtres le pouvoir de faire des miracles qu’ils doivent exercer en son nom (cf. Luc. x. 17 : Act.. m. 6 : ix. 31 : xvi. 18, etc.), il y a manifestement en ces actes la preuve que Jésus possède la puissance divine dans sa plénitude. De plus, certains miracles sont expressément accomplis par Jésus en signe de sa divinité, affirmée implicitement ou expli cilement par lui. Jésus remet les péchés du paralytique de Capharnaum, et pour montrer qu’il a le pouvoir de remettre les péchés, il guérit le paralytique. Matth.. ix, 1-8 : Marc, ii, 1-12 : Luc, v, 17-26. Noir, d’autres passages plus expressifs encore, dans saint Jean, v, 16-21 : x. 22-38 ; xiv, 11-12. Il ne faut pas nier a priori que quelques esprits, même avant la résurrection du Sauveur, aient pu pénétrer jusqu’à cette extrême logique la valeur probante des miracles du Sauveur. Tout au moins, ils avaient déjà entrevu, dans les miracles accomplis, la manifestation de l’Homme-Dieu ceux qui démons ou hommes, proclamaient Jésus « Fils de Dieu ». Cf. Matth.. iv. 3, 6 ; Luc, iv, 3, 9 ; Matth., viii, 29, et Marc, v, 7 ; Luc, viii, 28 ; Matth., xiv, 33 : xxvii. 54 ; Marc, xv, 39 ; Joa., i, 49.

2° Manifestation de V Homme-Dieu dans la prédication générale du Christ. — 1. Préparation à la révélation du Fils de Dieu fait homme : l’enseignement de Jésus touchant le « Père céleste ». Cf. Lebreton, Les origines du dogme de la Trinité, 4° édit., p. 243249. — La doctrine du Fils incarné est corrélative à la notion du « Père céleste ». La prédication de Jésus dans les synoptiques a, peut-on dire, pour objet principal la foi au Père. La paternité de Dieu n’était pas ignorée dans l’Ancien Testament, Cf. Lagrange, La paternité de Dieu dans l’Ancien Testament, Revue biblique, 1908, p. 481-489 ; Dalman, Die Worte Jcsu, t. i, p. 150-152. Dieu est comme un père, Ps., ciii, 13-14, vis à-vis des justes, il est le père d’Israël, ls., lxiv, 7 sq. ; Israël est son fils premier-né, Ex., iv, 22 ; cf. Deut., xiv, 1 ; xxxii, 5-6 ; ls., i, 4 ; xxx, 9 ; xlv, 11 ; lxiii, 16 ; Os., ii, 1 ; xi, 1 : Jer., iii, 4, 14, 19. 22 ; xxxi, 8, 20 ; Mal., ii, 10. Cette notion de paternité qui rapproche Dieu des hommes s’effacera quelque peu dans le judaïsme palestinien ; les traducteurs des targurfis s’efforcent d’en diminuer l’affirmation, afin d’accentuer davantage la transcendance de Dieu. Cf. Dalman, Die Worte Jesu, p. 156, 157. Cette tendance, existante au temps de Nôtre-Seigneur, montre combien le divin Maître agit sagement, afin de préparer la révélation de l’Emmanuel, en prêchant à nouveau la paternité divine, à laquelle il accorde un sens plus profond que ne l’avaient fait les livres de l’Ancien Testament, (.elle paternité divine suppose en Dieu une sollicitude providentielle de tout instant. Cf. Matth., vi, 25-32 ; Luc. xii. 22-32. Chez Matthieu, le mot « Père » est plus fréquemmeni que chez

Luc, ou Marc, qui y substituent volontiers le mot » Dieu ». Matth., vi-26, cf. Luc, mi, 21 ; Matth., . 2’.). cf. Luc, xii. 6 ; Matth., x, 20, cf. Marc, m. Il et Luc, xii, 11 ; Matth.. xii. 50. cf. Marc, m. 35 et Luc. vm, 21 : Matth., x, 32, cf. Luc. xii, 6. Voir Hainack, Sprilche im<l Reden Jesu, p. 61. Mais Le sens demeure le même. Elle apparaît surtout dans le pardon des fautes, cf. Matth., iii, 14-15 ; Marc, xi. 25, et Jésus par ses actes comme dans ses paraboles, i prêché constamment cette doctrine du pardon. Cf. Matth.. i, 2, Fi : v, 7 : vii, 2 : Luc, vii, 18 ; i, 9 ; et surtoul xv. 1-32

Du côté de l’homme, la paternité divine appelle la ] confiance filiale, Matth., vi, 2.">- : 12 el la prière, Matth., |

vi. 7-’. » : cf. Luc, xi. 2 : mais, alors que dans l’Ancien Testament, si uls les justes pouvaient se glorifier d’avoir Dieu pour père, Sap., ii, 16,.Jésus nous enseigne que le pécheur lui-même, s’il veut se convertir, a Dieu pour père : les publicains, les femmes de mauvaise les Samaritains eux-mêmes ont droit, à notre assistance el à noire amour parce que, s’ils expient eurs fautes, ils ont droit à notre pardon et à celui de Dieu. Lue., xviii. 10-14 ; Matth., xxi. 31-32 ; Luc., xvii, 16 ; Joa., iv. 39. Cet enseignement nous ouvre des perspectives encore inconnues sur l’orientation nouvelle, intérieure et spirituelle, de la vie religieuse nécessaire pour faire partie du royaume de Dieu. La filiation spirituelle des chrétiens par rapport à Dieu, une lois comprise, mène plus facilement à l’intelligence de la filiation divine <le Jésus-Christ dont, en réalité, elle doit dériver. < Tout d’abord, le lien clés deux doctrines est voilé, et la filiation naturelle du Christ reste dans l’ombre : aussi bien les Juifs étaient-ils très mal préparés à l’entendre, tandis qu’ils près ^entaient déjà ce dogme de la paternité divine, et que par lui ils entraient sans résistance dans l’Évangile. Par degrés, le Christ va se révéler à eux. ou plutôt, pour parler le langage de l’Évangile, le Père céleste, dont ils sont devenus les cillants, va leur révéler son Fils..T. Lebreton, op. cit., p. 249.

2. Révélation implicite de V Homme-Dieu. - a).Jésus

vient accomplir les prophéties touchant le Messie et le

urne messianique. - Préparés par le message du

précurseur, les Juifs étaient plus disposés à recevoir,

fésus lui-même, l’affirmation qu’il était le Messie et venait instaurer le royaume messianique. La prédication de Jésus débute comme celle de Jean : < Faites pénitence, car le royaume des cieux approche. » Matth.. îv. 17. Et bientôt, le Sauveur saisira l’occasion d’affirmer, aux disciples mêmes de Jean envoyés vers lui pour l’interroger, qu’il est vraiment celui qu’on attend, el non pas un autre : Allez, leur dit-il, rapportez à Jean ce que vous avez entendu et VU : des

ugles voient, des boiteux marchent, des lépreux sont guéris, îles sourds entendent, des morts ressuscitent, des pauvres sont évangélisés. » C’était la réalisation des prophéties d’K. xxxv, r> sep : i.xi, 1 sq.. concernant le Messie. Un autre jour, discutant dans la synagogue de Nazareth de la prophétie d’K, lxi, 1 sq., il déclare ouvertement : C’est aujourd’hui que cette Écriture que vous venez d’entendre est accomplie. Si Jésus chasse les démons, c’est que le règne de Dieu csi venu parmi les Juifs. Luc, xi, 20 ; cf. Matth..

. 2.x. Ce règne est commencé, il progresse dans la mesure OÙ ses ennemis battent en retraite. Cf. Luc, x, 9, 18. Très clairement encore, il annonce que i la loi et les prophètes <>ni duré jusqu’à Jean, depuis, le royaume des cieux est annoncé, et chacun fait effort pour > entrer. » Luc, xvi. 16 ; cf. Matth., xi, 12-13. Jean appartient à la préparation du royaume dont le membre le plus petit lui est supérieur : l’.lie, que les Juifs at tendaient avant que le Christ paraisse,

déjà venu : Jean est lui-même Elle qui doit venir. Matth., xi, 11-14. Le royaume des cieux, c’est Jésus qui le fonde : i heureux vos yeux, parce qu’ils voient e1 vos oreilles, parce qu’elles entendent. Car. en vérité.

je vous dis que beaucoup de prophètes et de justes

0n1 désiré’voir ce que vous voyez et ne l’ont pas vii,

entendre ce que vous entendez et ne l’ont pas enten du. i Matth., mu, Ki-17. Les pharisiens se demandent quand le royaume viendra et déjà il est au milieu d’eux, èVroç û(x<ôv èoriv. Luc, xvii, 20-21. Sur la réa ition effective du royaume par Jésus-Christ, voir d’au ! res textes, Marc, xii, 34 ; Luc, xii, 31 32 ; Matth., xxi.31-32, 13.

Mais le règne de Dieu, annoncé par les prophètes, réalisé par Jésus-Christ, n’est pas un i avènement qui vient tout d’une pièce, comme un décor de féerie. » Lagrange, dans Revue biblique. 1900, p. 477. Le règne, réalisé par Jésus-Christ se prolonge jusque dans l’audelà, en passant par la phase caractéristique du dernier avènement du Messie, le jugement du monde. Le règne de Dieu, dont nous devons chaque jour demander « qu’il arrive », Matth.. vi. 10 ; Luc. xi, 2. doit se développer en ce monde. (Test ce qu’explique Jésus dans toutes Us paraboles oîi l’idée du royaume appelle l’idée de l’Église : parabole du semeur. Matth.. xiii,

1 sq. ; parabole du bon grain et de l’ivraie, id.. xiii,

2 1-30 : parabole du grain de sénevé, id., xiii, 31-32 ; parabole du levain, id., xiii, 33 ; parabole du filet rempli de poissons, id., xiii. 17-50. Mais ce règne terrestre n’est pas encore le règne définitif : le royaume de Dieu ne doit pleinement se réaliser que dans l’autre Vie. Il s’inaugure pour les individus par la mort et le jugement : Jésus le promet au bon larron, Luc, xxiii, 42-43 ; il est promis aux pauvres en esprit, à ceux qui souffrent persécution pour la justice, Matth.. v, 3, 10, à ceux qui font la volonté du l’ère, Matth., vii, 21, aux enfants et à leurs semblables. Mail h., xix. Il ; xviii, 2-3. Il est la « terre » que les doux recevront en héritage. Matth.. v, 1 ; la * joie du Seigneur » dans laquelle entrent les bons serviteurs, qui ont fait valoir les talents, Matth., xxv, 21. 2.’?. Pour la société humaine, le royaume de Dieu s’inaugurera par la parousie du Fils de l’homme et par le jugement général. Matth.. xxiv. 30 ; xxv. 31-46 ; Marc, xiii, 20 ; Luc, xxi. 27. Mais ces perspectives de développement terrestre et de consommation eschatologique n’empêchent pas que le royaume est toujours réalisé par Jésus-Christ. Jésus n’est le précurseur d’aucun autre roi messianique : du royaume-église, du royaume eschatologique, c’est toujours Jésus qui est le roi. La prédication de Jésus peut avoir pour objet l’établissement d’un royaume qui n’est pas encore complètement réalisé : mais c’est Jésus lui-même cpii inaugurera ce royaume futur. Toujours, et quel que soit l’aspect du royaume annoncé, c’est Jésus qui apparaît connue le roi, oint par le Seigneur. Sur le royaume de Dieu et ses divers aspects dans l’enseignement du Christ, voir J.-B. Frey, Royaume de Dieu, dans le Dictionnaire de la Bible, de M. Vigouroux, t. v, col. 1237 sq.

b) L’autorité des paroles et de lu prédication du Christ décèlent un Dieu. — Les paroles et la doctrine du Christ apparaissaient à tous remplies d’une autorité personnelle qui ne pouvait convenir qu’à Dieu. Marc le note expressément : « Ils (ses premiers disciples) s’étonnaient de sa doctrine, car il les enseignait comme ayant autorité el non comme les scribes, i i. 22. Cf. Matth., vn, 29 ; Luc, iv, 32. Nous avons déjà vu les docteurs admirer dans le temple la sagesse des réponses de l’enfant Jésus, voir col. 1 182 ; mais ici, les synoptiques énoncent le motif de l’admiration causée par l’enseignement de Jésus : c’était un enseignement d’autorité. Celle autorité s’affirmait devant les Juifs, comme celle du Maître souverain interprétant et complétant la Loi par sa propre doctrine. Toutes les promulgations, contenues dans le c v de l’évangile de saint Matthieu, sont empreintes de celle autorité souveraine : i Je ne suis pas venu abolir la loi et les prophètes, mais les accomplir… Si votre justice n’est pas plus abondante que celle des scribes et des pharisiens,

vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. Vous

avez entendu qu’il a élé dit aux anciens : Tu ne tueras pas… : mais moi, je vous dis que quiconque, etc. Six lois (le suite, Noire-Seigneur reprend cette formule, où éclate, dans sa plénitude, l’autorité souveraine avec laquelle il enseigne et Impose aux consciences de graves obligations. Les anciens prophètes ne part’201

    1. JÉSUS-CHRIST##


JÉSUS-CHRIST. LE TITRE DE

FILS DE I.IIOMM1- :

1202

(aient jamais ainsi : loinformule était : Hæc dieil

Dominas. Suint [renée fait observer cette différence de langage entre les prophètes et le Christ : Filius quidem quasi a Paire renias principali auctorïtate dicebai : Ego autan dieo robis… Servi autan quasi a Domino serriliter : el propter hoc dicebani : Hæc dieit Dominas. Cont. llar.. I. IV. e. xxxvi.n. 1. P. G., t. vu. col. 1090. D’ailleurs, si le Christ parle avec l’autorité du maître et du Seigneur, c’est qu’en effet il est Mailre et Seigneur i. Malih… 24-25 ; XXVI, 18 ; Luc. m. 10 ; xxii, 11 : cf. Joa., m. 13. Jésus se montre le niait re de la loi du jeune dont il dispense ses disciples. Mare., u. 18-20 ; Matth.. i. 1 1-17 ; Lue., v, 33-35. A ee propos, Jésus, reprenant une image employée par Jean-Baptiste, Joa., m. 29, s’attribue le titre d’époux, qui exprime l’attachement et l’amour qu’il a vis-à-vis des siens. Il ajoute : » Des jours viendront où l’époux leur sera enlevé, et alors ils jeûneront, o Il y a là’me allusion à i mort violente qui l’arrachera aux siens : ce qui démontre que, dès les premiers jours de son ministère, il était pleinement conscient de sa nature, de sa mission et aussi de la mort sanglante qui devait la couronner. Voir plus loin Jésus-Christ et la critique, col. 1388 sq. Jésus se montre le maître du sabbat c’est l’épisode des épis froissés par les apôtres. Marc. n. 23-28 ; Matth., xiii, 1-8 ; Luc, vi, 1-5 ; c’est iaguérison de l’homme à la main desséchée. Marc, iii, 1-0 ; Matth., xii, 9-14 ; Luc. m. 6-11 ; c’est la guérison de la femme courbée Luc. xin. 10-17 ; c’est la guérison de l’hydropique. Luc. xiv, 1-ti. L’évangile de saint Jean complète ces données des synoptiques : à Jérusalem, Jésus guérit un malade le jour du sabbat et lui ordonne d’emporter son grabat. Joa.. v, 8-10, 16. Et à cette occasion, à une double reprise, Joa., v, 17 et vii, 21-24, Jésus explique pourquoi la justice est avec lui : d’ailleurs, il agit en maître : Mon père agit jusqu’à présent et moi aussi j’agis. » Le Fils de l’homme est maître du sabbat. Marc. n. 28 ; Matth., xii, 8 ; Luc, vi, 5. Cette autorité et cette domination du Christ sur les hommes et les institutions ne sont pas l’autorité despotique et la domination matérielle que les Juifs imaginaient devoir appartenir au Christ. Nous verrons tout à l’heure comment le Christ entend fonder un royaume spirituel et surnaturel et « être chez lui dans l’intérieur des autres, i Rousselot. La religion dire-Henné, dans Christus, 2e édit., p. 989. Il nous sullit ici de rappeler les paroles du Maître, qui expliquent si parfaitement quel genre d’autorité et de domination il entend exercer : Venez à moi, vous tous qui prenez de la peine et qui êtes chargés, et je vous soulagerai. Prenez mon joug sur vous et venez à mon école, parce que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez du repos pour vos âmes. Car mon joug est doux et mon fardeau léger. Matth.. xi, 28-30.

c) Jésus corrige les idées fausses et les illusions des Juifs louchant le royaume messianique. — La révélation progressive de Il lomme-Dieu comportait néces ii renient cette correction. La charte du < royaume des cieux » est promulguée dans le discours sur la montagne. Matth.. v, 1 sq. ; et les autres enseignements du Maître ne sont que le commentaire ou l’écho de cet admirable sermon. Or. la prédication de Jésus était telle, qu’elle devrait en lin de compte corriger les illusions et les erreurs de ses contemporains sur le règne messianique. Les Juifs avaient rêvé d’un royaume temporel. Jésus leur fait comprendre que ce royaume sera avant tout spirituel ; c’est un don divin, qui exige de la part de l’homme une’/encreuse coopération. Les Juifs avaient rêvé d’une restauration d’Israël et de rétablissement de sa domination sur les autres peuples du monde. Jésus leur fait comprendre que, si les Juifs ont certains droits de primauté dans le

royaume, ce royaume doit être cependant accessible a toute l’humanité, sans autre obligation que celle d’observer la loi divine, amenée par le Christ à sa perfection. Sur ces points, dont le développement débor derait le cadre de cet article, voir Royaume de Dieu. dans le Dictionnaire de la Bible, l. v, col. 1217 1251. Remarquons ici simplement que, promulguant les béatitudes. Jésus annonce aux membres du royaume les persécutions : « Vous êtes heureux, lorsque les hommes vous maudissent et vous persécutent, et disent faussement du mal de vous à cause de moi. Matth.. v. 11, et qu’il promet le royaume « aux pauvres en esprit, t. 3.

Jésus doit également corriger les erreurs des Juifs touchant le royaume considéré sous son aspect eschatologique. Par le l’ait qu’il s’attribue le jugement, Jésus se manifeste comme Dieu, voir plus loin, col. 1209 ; mais le jugement des peuples que les Juifs réservait au roi messianique n’est pas celui que Jésus annonce. Le jugement portera sur le bien accompli ou sur le péché commis : « Beaucoup iie diront en ce jour : Seigneur, Seigneur, n’est-ce pas en ton nom que nous avons prophétisé, et en ton nom que nous avons chassé les démons et en ton nom que nous avons fait beaucoup de miracles ? Ht alors, je leur déclarerai : Je ne vous ai jamais connus ; retirez-vous de moi, artisans d’iniquité. > Matth., vii, 22-23. Cet enseignement .se retrouve dans tout l’Évangile et notamment dans les paraboles du règne de Dieu expliquées par Jésus à ses apôtres : c’est le Fils de l’homme qui sème le bon grain ; c’est lui qui, au dernier jour, présidera la moisson ; il enverra ses anges ramasser de son royaume tous les scandales et ceux qui commettent l’ini mité, et ils les jetteront dans la fournaise du feu. Matth., iii, 37-12. Cf. Marc, iv, 26-29. La soudaineté avec laquelle devait apparaître le Messie-juge, Jésus l’explique de sa venue inopinée au jour du jugement de chacun des membres de son royaume. Marc, xiii, 34-37 ; cf. Luc, xii, 36-38 ; Matth., xxiv, 48-51 ; cf. Luc, xir. 45-48 ; xxi, 34-36, etc.

d) Le. Fils de l’homme. — Il ne suffit pas à Jésus de révéler le royaume ; il faut qu’il révèle le roi. Mais, dans cette révélation de soi-même, avec quelle prudence et quelle circonspection n’est-il pas obligé de procéder ! A cet effet, il se servira fréquemment de l’expression : Fils de l’homme. On la trouve 14 fois dans Marc, 9 fois dans Matthieu, 8 fois dans Luc, 12 fois dans Jean, 8 fois dans les Logia. Nous avons vu plus haut la signification messianique de cette expression chez Daniel, voir col. 1123, et dans le livre des Paraboles d’Hénoch, col. 1128. Mais à l’époque du Sauveur, elle n’a plus, pour la plupart des Juifs, qu’un sens imprécis, et c’est la prédication de Jésus qui. progressivement, sous cette expression, proposera la révélation du roi messianique. Voir J. Lebreton, Les origines du dogme de la Trinité. 4e édit., p. 277-286. D’après saint Jean c’est dès le début de sa vie publique que Jésus se révèle comme le Messie annoncé par Daniel : Vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu montant et descendant au-dessus du Fils de l’homme. Joa., i, 51. On trouve, avec les mêmes souvenirs et les mêmes images, la même révélai ion dans l’entretien avec Nicodème. /L. iii, 12-15. C’est d’ailleurs le Messie céleste de Daniel qu’on aperçoit dans les autre textes johanniques ; cf. VI, 27, 53, til-62 ; et moins clairement, viii. 28 ; i. 35 ; xii, 23, 34 ; xiii, .’il. Mais ce ne sont encore que des entretiens privés, et le Sauveur ne revendique le titre messianique de Fils de l’homme que pies de CeUX qui sont préparés à l’entendre. Il le revendiquera dans la première partie de son apostolat rarement et avec réserve dans quelques discussions arec les pharisiens, à propos du paralytique de Capharnaûm, Mare, ii, 10 ; cf. 1203

    1. JÉSUS-CHRIST##


JÉSUS-CHRIST. LE TITRE DE « FILS DE L’IIOMMI

L204

Matth., ix. 6 ; Luc, v, 24, et à propos du sabbat.

Marc. il. 28 ; cf. Matth.. xii. S ; Luc, vi. 5. puis, plus tard, dans une conversation avec un scribe, Matth. vin. 20 ; Luc, ix, 58, et encore, disputant avec les pharisiens à propos du péché contre le Saint-Esprit et du péché contre le Fils de l’homme. Matth., xii, 32 ; Luc. xii, 10 ; cf. Marc. m. 28-29, et encore, instruisant ses disciples. Matth., xiii. 37. -11 : Luc. vi. 22 ; cf. Matth.. v. Il (moi, au lieu de : Fils de l’homme). Tous ces interlocuteurs étaient capables d’entendre le sens de l’expression : Fils de l’homme, bien que ce sens ne soit pas encore aussi plein et aussi ferme qu’il le sera plus tard. Uhe fois seulement, dans les textes qui appartiennent sûrement à la première période de la I rédication de Jésus, le Sauveur parle à la foule du Fils de [’homme, Matth., xi. 18-19 ; Luc, vii, 33-34, mais c’est à la foule déjà instruite par Jean, dont le nom sur les lèvres de Jésus, appelle nécessairement le nom du Messie D’autres textes. Matth., xii. 40. (f. Luc, xi, 30 ; Luc, xii, 8 et Matth., x, 32, n’appartiennent pas certainement à cette époque. C’est a Césarée de Philippe que le Fils de l’homme commence à paraître en pleine clarté : i Qui dit-on qu’est le Fils de l’homme’, demande Jésus à ses disciples. Depuis longtemps, Jésus est avec eux ; il a multiplié devant eux ses enseignements et ses miracles ; ils ont été témoins des enthousiasmes et des hésitations de la foule, non moins que de l’opposition acharnée des pharisiens. Les disciples ont assez de lumière pour prendre parti ; ils doivent le faire. Aussi, après avoir rappelé les différentes opinions du peuple touchant la personnalité de Jésus, Simon Pierre, répondant au nom des apôtres, confesse que Jésus < est le Christ », Marc, viii, 29 ; t le Christ de Dieu ►, Luc. ix. 20 ; < le Christ, le Fïls du Dieu vivant. » Matth., xvi, 16. Quelle que soit la portée exacte de la confession de Pierre, cf. plus loin, col. 1200. un sens général se dégage manifestement : Pierre reconnaît, au nom des apôtres, le caractère de Messie en Jésus. (Test l’affirmation qu’ont retenue Marc et Luc, et que Jésus, dans Matthieu, souligne en recommandant i aux disciples de ne djre à personne qu’il est le Christ. » Or, le Christ ici, c’est le Fils de l’homme, expressément désigné par Jésus dans la question posée, Matthieu, xvi, 13, ou dans les prédictions qui suivent, Marc. vin. 31 : Luc. ix, 22, et c’est par conséquent Jésus, qui, devant les Juifs, s’était approprié la désignation : Fils del’hoinme. sans en préciser encore le sens. Le sens messianique de cette appellation une lois précisée devant les apôtres, Jésus s’empresse d’ajouter à cette première détermination les prédictions de ce que le i Fils de l’homme > devra souffrir : Il commença en même temps à leur enseigner qu’il fallait que le Fils de l’homme souffrit beaucoup ; qu’il fût rejeté par les anciens, les princes des prêtres et les scribes, qu’il fût mis à mort, et qu’après trois jours il ressuscitât. l’A il en parlait ouvertement. Marc, viii. 31-32. 1 tes lors, Jésus, en parlant du Fils de l’homme attache a cette appellation la signification de Messie souillant, mis à mort et ressuscitant, ou encore la signification de Messie céleste, revenant juger les hommes au Jour de sa parousie. Première signification : Matth., xvii, 12 et Luc, ix. 12 ; Matth., xvii, 21-22. Marc. ix. 3 Ici LUC, ix. Il : Matth.. xx. 18-19, Marc.. 33 et I.uc. wni, 31 ; Matth., xx, 28, Marc.. 15 et I.uc. xxii, 27 ; Matth., XXVI, 2, Marc, xi. 1 et I.uc. xii. 22 : Matth., xwi, 45 et Marc. i. Il : LUC, xxii. 18 ; Luc, xxiv, 7. Deuxième signification, Matth.. wi. 27-28 et Marc, viii, 38 ; Matth.. xvii, 9 et Marc.ix. X ; Matth.. xix, 28 et I.uc. xx in. 29 ; Matth.. xxiv. 27 et Luc, xvii. 21 : Matth.. xi. 30, Marc xiii. 26 et Luc, XXI, 27 et 30 ; Matth.. XXTV, 37-39 et I.uc, XVH, 26 30 J I.uc. n ni. 8 ; Matth.. xxi. 1 I et I.uc. xii. 10 J Matth.,

xxv, 31 ; Matth., xxvi, 63-64, Marc, xiv, 02 et Luc. xxii, 09. Il n’existe qu’un ou deux textes ne rappelant pas les souvenirs de souffrance ou de gloire du « Fils de l’homme : I.uc. xvii, 22 : xix. lu. En réalité les deux aspects des destinées du Fïls de l’homme se complétaient, non seulement parce que ces destinées appartenaient a la même personnalité, celle de Jésuv mais encore parce qu’ « il fallait que le Christ souffrit et entrât ainsi dans sa gloire. » Le Messie céleste, juge de l’univers, est préparé par le Messie souffrant. Luc. xxiv, 26, 16.

Ce développement progressif de la révélation du Fils de l’homme nous permet de mieux comprendre pourquoi Jésus a choisi cette expression pour se désigner lui-même. « Employée une fois ou deux pour représenter le Messie, cette formule pouvait évoquer dans l’esprit des Juifs le souvenir des anciennes prophéties. Ces réminiscences d’ailleurs étaient très faibles et sans doute à demi effacées pur l’usage populaire, qui tendait à faire de l’expression i le Fil l’homme » un simple équivalent de « l’homme » ; elle se prêtait donc à la révélation si discrète, si lentement progressive, que Jésus voulait faire de sa nature et de son rôle. Remarquons enfin qu’elle n’éveillait pas, comme le titre de i Fils de David. les aspirations nationales à l’indépendance et à la domination politique : elle détachait le messianisme du cadre étroit du judaïsme et lui assurait une portée largement, universellement humaine, telle qu’il l’avait chez Daniel. Elle pouvait aussi éveiller dans l’esprit le souvenir d’autres textes bibliques qui, sans avoir un rapport direct au Messie, décrivaient l’humilité et la grandeur de l’homme, du lils de l’homme, par exemple ce Psaume vu que Jésus lui-même aime à citer : « Seigneur, qu’est-ce que l’homme, pour que tu te souviennes de lui ? et le fils de l’homme, pour que tu le visites’» On peut donc conclure avec Sanday, dans le Diclionary <>f llw Bible de Hastings, t. u. p. 623 : « Ce titre, d’une signification étendue et profonde, éveillait d’un côté l’attente messianique et eschatologique à cause de l’emploi qui en avait été fait dans certains milieux juifs (le Livre d’Hcnoch). A l’autre extrémité. il s’appuyait largement sur un sens infini de fraternité avec l’humanité travaillante et souffrante, et nul ne pouvait mieux revendiquer ce sentiment que celui qui avait si pleinement accepté ces conditions de vie. Comme Fils de Dieu, Jésus regardait en haut, vers son Père : comme Fils de l’homme, il regardait autour de lui. vers ses frères, les brebis qui n’avaient pas de pasteur. » J. Lebreton, op. cit., p. 284-285.

La signification de i Fils de l’homme » ne rejoint-elle pas par quelque CÔté celle dee Fils de Dieu » ? Appliquées au même sujet, Jésus, elles peuvent ih. revêtues des mêmes attributs. Ft. de fait, parfois, ï côté des perspectives de la passion et de la parou sic. l’expression < Fils de l’homme » laisse entrevoir OU révèle expressément la préexistence du Fils de l’homme au ciel. Saint Jean marque nettement cette préexistence qui se confond avec la préexistence éternelle du Verbe. Joa., m. 13 ; VI, ."’2. Plus obscurément elle se t rouve affirmée chez les synopt iques en quelques

textes discrètement révélateurs c’esl lorsqu’ils

affirment que le Fils de l’homme « est venu » servir, donner sa vie, chercher et sauver, appeler les pé (heurs, etc. Matth., xx, 28 (9jX9e) ; I.uc. xix. 10 id. M ; nc, n. 17 J)X80v ; cf. Matth.. ix. 13 îjXOov et Luc, . 32 zt.i) : My. De même, dans I.uc.iv. 13, Jésus dit qu’il ta été envoyé », à7reo"ràXT)v (comparer le passage parallèle dans Marc. ï, 38, ou Jésus dit seulement : i.le suis sorti », âÇsX^XuOa) expression qui nous fait songer a celles employées par saint Jean, XVI, 27. 28. La « mission dont parle Jésus, ne peut se rapporter qu’à sa mission divine : il est plus probable que Jésus L205

    1. JÉSUS-CHRIST##


JÉSUS-CHRIST. LA RÉVÉLATION DU « FILS DE 1)11. 1

fait ici allusion à sa propre préexistence. Sur ces textes, voir les commentateurs et spécialement le P. Lagrange, sur Mare., i. 38 ; Svrete, sur Mare., 1, 38 ; Ptnmmer, sur Lue., iv, 13, etc.

Sur le Fils do l’homme : Lesêtre, Dictionnaire <I. la Bibk. art. Fils de f homme, t. n. col. 2258-2259 ; J. Lébreton. Les origines du dogme de la Trinité, p. 27 l-i>Stî ; Ami du Clergé il.. Pirot), 1922, p. 390-391 ; Rose. Érude sur les Évangiles, Paris, 1905, p. 157 sq.j Lepin, Jésus. Messie. et Fils de Dieu. Paris. 1910, p. loi sq. : KrawutLcky. dans Theologisehe Quartaisthrift, Tubingùe, 1869, p. 600 sep ; y.eilsehrijt fur kalholisehe Théologie, 1892, p. 567 sq., et surtout l’ouvrage classique de Fritz Tillmaun, J)er Mensehensohn, Jesu Selbstzeugnis fur seine messianische Wûrde, Fribourg-en-B.. 1907. <>n consultera aussi les commentaires catholiques des évangiles. I.e P. Lagrange, est revenu maintes fois sur la question ; voir Revue Biblique : Les prophéties messianiques de Daniel, octobre 1904, p. 494-520 ; recensions de divers ouvrages, avril 1908, p. 280-293.

Friedrich Bard, Der Sohn des Menschen, Wismar, 1908 ; Driver, art. Son <>/ Malt, dans le Dictionarg of the Bible d’Hastings. Edimbourg, 1902 ; t. iv, p. 579-580 ; H. 11. Charles, The book of Enoeh. Oxford, 1893, appendice B ; Lietzmann, Der Menschensohn, Beitrdge : ur neutestamenttiehe Théologie, Fribourg-en-B., 189(i ; Wellhausen. Der Menschensohn, dans les Skizzen und Vorarbeiten, Berlin, t. iii, p. 187-315, et dans ses brefs commentaires sur les Synoptiques. Berlin, 1903-1905 ; Fiebig, Der Menschensohn, Jesu Selbstbezeichnung, Tubingùe, 1901 ; Edwin A. Abbot, The Son of Mon, Contributions to the Sludy of the Thought of Jésus, Londres, 1912 ; H. J. Holtzmann, Lehrbuch der neutestamentlichen Théologie, Tubingùe, 1897, t. i, p. 313335.

3. Révélation explicite de l’Homme-Dieu.

a) Jésus, Fils de Dieu. — Dans l’évangile de l’enfance, Jésus déjà avait reçu ou s’était donné le titre de Fils de Dieu. Voir col. 1176, 1182. Au début de sa vie publique, l’attestation solennelle de la filiation divine avait été donnée au baptême, voir col. 1184. Les tentations du démon au désert partent de cette attestation : « Si tu est le Fils de Dieu ! » Mais ni les suggestions du démon au désert, Matth.. iv, 3, 6 ; Luc., iv, 3, 9 ni les protestations des possédés concernant la filiation divine de Jésus, Matth., viii, 29, cf. Marc, v. Il et Luc, viii, 28 : Marc, iii, 11-12 ; cf. Luc.iv, 41 : etc. ne sont recevables comme révélation du mystère de l’Homme-Dieu. Des témoignages plus authentiques nous sont fournis par les apôtres d’abord, et par Jésus ensuite.

u. Le témoignage des apôtres. — Peu à peu, Jésus s’est manifesté à ses apôtres, et en même temps que l’action intime de la grâce les touche, le Père leur révèle son Fils et les attire à lui. Après la pêche miraculeuse, Luc, v, 4-11, Simon Pierre sent davantage la distance qui le sépare de Jésus : Retirez-vous de moi, Seigneur, parce que je suis un homme pécheur. » Pierre sera à même bientôt de mesurer cette distance. Marchant sur les eaux, à l’appel de Jésus, il se laisse relever par celui-ci, au moment où il commençait à enfoncer, et les témoins du miracle se prosternèrent devant le Maître en disant : - Tu es vraiment fils de Dieu. » Matth., xiv, 33. C’est vers le même temps que Pierre rend au Christ un autre témoignage, rapporté par le quatrième évangile. Joa., vi, 67-69. Jésus s’est présenté aux Juifs comme le pain de vie descendu du ciel : beaucoup de disciples se scandalisent et s’éloignent. Jésus se tourne alors vers ceux qui restent et leur flemande tristement : « Voulez-vous partir, vous aussi.’» Et Pierre, au nom de tous, lui répond : i Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as des paroles de vie éternelle ; pour nous, nous avons cru et nous avons connu que tu es le saint de Dieu. (La Vulgate dit : le Christ, Fils de Dieu. La leçon primitive est difficile à établir ;. Fuis vient, dans l’ordre chronologique la confession plus solennelle faite au nom de tous par Pierre, à Césarée de Philippe, et Jésus en consacre,

dans sa réponse, l’origine divine : « Qui, dit-on que Je suis, moi, le Fils de l’homme ? Ceux ci [les disciples | répondirent : i Les uns, Jean-1 laptiste ; d’autres Élie ; d’autres. Jérémie ou quelqu’un des prophètes. » Jésus leur demanda : i Mais vous, qui dites-vous que je suis.’i Prenant la parole. Simon Pierre dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant, i Et Jésus répondant lui dii : Tu es heureux. Simon, fils de Jean. -car ni la chair ni le sang ne t’ont révélé ceci, mais mon l’ère qui est dans les eieux. t Mat th., xvi. 13-17. Ici l’expression Fils de Dieu, qu’on ne rencontre pas dans les textes parallèles de Maie. viii. 29 i lu es le Christ. ►) et de Luc, ix, 20 ( le Christ de Dieu » ) dépasse certainement la dignité messianique île Jésus, qui seule cependant est directement en cause dans la confession de Pierre. Ou plus exactement c’est la dignité messianique qui est élevée à un degré supérieur à celui que lui accordait l’attente juive ; c’est un messianisme divin que veut proclamer Pierre et, en rendant la pensée du prince des apôtres par l’exclamation « Fils de Dieu », saint Matthieu a retenu le sens véritable, sinon la formule exacte, de la confession de Pierre. Voir Lebreton, op. cit., p. 300 ; Lepin, Jésus, Messie et Fils de Dieu, p. 282-285. Mgr Batifïol, L’Église naissante et le catholicisme, p. 99-113. La meilleure preuve qu’on puisse apporter de la vérité de cette interprétation, c’est la façon dont les trois synoptiques rattachent la scène de Césarée au récit de la transfiguration, Matth., xvii, 1-8 ; Marc, ix, 1-7 ; Luc, ix, 28-36, cù un nouveau témoignage en faveur de la filiation divine du Christ est apporté par la voix du Père lui-même : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis mes complaisances, écoutez-le. » Matth., xvii, ô : Marc, viii, 6 ; Luc, ix, 35. L’expression « Fils bienaimé » commune aux trois évangiles est significative de la filiation naturelle. Voir plus haut, col. 1184. Est-il besoin de faire remarquer comment, dans les récits de cette double scène, c’est toute la personnalité de Jésus, Fils de Dieu, fait homme pour notre salut, qui est manifestée. Après la confession de Pierre à Césarée, Jésus explique la mission du Christ souffrant ; la transfiguration nous dévoile le Christ glorieux ; l’une et l’autre scène, eu ce Christ souffrant ou glorieux, nous montre le Fils de Dieu et le Christ glorieux ne sera tel qu’après avoir et pour avoir souffert, i mort et ressuscité. Cf. Matth., xvii, 9. On comprend mieux que saint Pierre ait pu, en toute vérité, écrire plus tard : « Ce n’est pas en nous attachant à d’ingénieuses fictions, que nous vous avons l’ait connaître la puissance et l’avènement de Noire-Seigneur Jésus-Christ ; mais c’est après avoir élé les spectateurs de sa majesté. Car il reçut de Dieu le Père, honneur et gloire, lorsque, descendant de la gloire magnifique, vint à lui cette voix : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis mes complaisances : écoulez-le. Il Pet., t, 16-17. b. Le témoignage de Jésus. - De multiples témoignages, implicites ou explicites de la filiation divine de Jésus pourraient être recueillis des lèvres mêmes du Sauveur dans les synoptiques. Voir. Fils de Du j. t. v, col. 2391-2392. Nous préférons n’eu retenir ici qu’un, le plus solennel de tous, celui que Jésus rendit,

déjà captif de ses ennemis, eu lace du grand prêtre Caïphe. Matthieu, xxvi, 63-64, et Marc, xiv, > 1-62,

mélangent une double affirmât ion tombée de la bouche du Sauveur, celle de sa messianité et celle de sa libation divine. Luc distingue plus nettement deux questions posées à Jésus amenant les deux réponses faites par Jésus : Les anciens du peuple, les princes des

pleins ci le-, scribes s’assemblèrent, et le firent venir

dans leur conseil, disant : i Si lu es le Christ, dis-le-nous. . Il leur répondit : « Si je vous le dis, vous ne me croirez pas ; et si je vous Interroge, vous ne me répondrez pas, ni ne nurenverrez. Mais désormais le L207

    1. JÉSUS-CHRIST##


JÉSUS-CHRIST. LA REVELATION DU a FILS DE DIEU »

1208

Fils de l’homme sera assis à la droite de Dieu. » Alors ils dirent tous : « Tu es donc le Fils de Dieu’El Jésus répondit : Vous le dites, je le suis. » Et eux repartirent : Qu’avons-nous besoin d’autre témoignage ?

Car nous-mêmes nous l’avons entendu de sa propre bouche. » Matthieu et Marc se contentent de la question posée par Calpbe : i Es-tu le Christ, le Fils du (Dieu | béni ? i Marc, xvi, 61. « Je t’adjure par le Dieu vivant de nous dire si tu es le Christ, le Fils de Dieu, m Mat th., xxvi, 63. Sans prétendre préciser la pensée de Caïphe et des Juifs au sujet du sens de ce titre : Fils de Dieu », — lequel, nous l’avons vii, col. 1177, ne relève pas de la tradition juive, niais de la prédication du Nouveau Testament, c’est-à-dire de Jésus, — il apparaît clairement que les ennemis de Jésus y attachaient l’expression d’une relation si intime, si transcendante avec la divinité, qu’un homme ne pouvait y prétendre sans blasphémer. Ce n’est donc pas pour se présenter comme le Messie que Jésus était accusé de blasphème : les Juifs attendaient le Messie, et Jésus, s’aflirmant le Christ, n’avait qu’à prouver sa messianité. Mais Jésus était accusé de blasphème pour s’être fait Fils de Dieu. C’est exactement ce même sentiment quon retrouve chez Jean, plus nettement exprimé : Jésus ayant affirmé son unité avec le Père, les Juifs voulurent le lapider à cause du blasphème, parce que, disaient ils. toi, étant homme, tu te fais Dieu. » Joa., x, 33. lit, devant Pilate, ils accusent derechef : « Nous, nous avons une loi. et selon cette loi, il doit mourir, parce qu’il s’est fait Fils de Dieu. » xiv. 7. La signification attachée par les Juifs et par Caïphe au titre de Fils de Dieu, que s’était attribué Jésus, est donc déjà, à elle seule, une indication précieuse louchant la filiation divine de Jésus. Cf. E. Mangenot, Les évangiles synoptiques, Paris, 1911, vne conférence, p. 270-299 ; M. Lepin, op. cit., p. 282290 ; A. Steitz, Das Evangelium von Gollessohn, Fribourg-en-Brisgau, 1908, p. 287-295. Mais il nous reste a déterminer le sens de cette expression, dans la prédication même de Jésus.

b) Signification précise du titre i Fils de Dira dans la prédication de Jésus. — On ne relient ici de la prédication de Jésus que ce qui est rapporté dans les synoptiques. Et nous disons que bien qu’aucune affirmation explicite de Jésus n’ait tranché la question des rapports métaphysiques du Fils et du l’ère, il ressort cependant avec suffisamment de clarté, pour éloigner tout doute contraire, que le titre de Fils de Dieu, dans les synoptiques, suppose en Jésus, par rapport à 1 lieu le l’ère, une filiation propre et naturelle. Ici, le Fils de Dieu est le Fils propre et naturel de

I >ieu, par opposition aux fils de simple adoption.

a. Rapports de dépendance, d’infériorité, d’adoration du l’ils vis-à-vis du l’ère : de médiation entre le l’ère et les hommes : explication de ces rapports. — Il convient de commencer par l’affirmation de ces rapports, qui, dans la personne de celui qui se dit le Fils de Dieu, posent un problème en apparence difficile à résoudre. La parole du Dculérononic, vi, 13, qui a servi à Jésus pour repousser la tentation du démon. Mallh., iv, 10, domine toute sa conduite, au cours de sa vie publique.

II formule sa propre règle de vie en rappelant le précepte de l’adoration (le 1 >ieu. Marc, xii, 29 : cf. Mat th., mi, .’.7 : lue, x, 27. il prie et passe les nuits en prière.

Luc, vi, 12. La prière le soutient au moment d’accepter le calice de la passion. Marc, xiv, 36 ; cf. Mallh.. .xxvi, 39 ; Luc. u. 12. Sur la croix, il répète les paroles du I’s. xxi, 1..Marc, xv, 34 ; Matth., xxvii. Mi. Au moment de mourir, Jésus prie encore son l’en de pardonner à ses bourreaux et de recevoir son âme.

Luc, x.xiu. 34, 16. Lon nombre de paroles sont proférées par Jésus, qui semblent le placer en un rang d’infériorité vis-à-vis du Père : « Pourquoi m’appelles

tu bon ? Personne n’est bon, si ce n’est Dieu seul. » Marc, x. 18. Et encore : « N’appelez personne ici-’as père. car vous n’avez qu’un Père, c’est Dieu.. ; et ne vous faites pas appeler « maîtres t, car vous n’avez qu’un maître, c’est le Christ, i Matth., xxiii. 9-10. Et encore, aux deux lils de Zébédée, qui lui demandent de siéger dans son royaume aux deux premières places, Jésus répond : « … D’être assis à ma droite ou à ma gauche, il ne m’appartient pas de vous l’accorder à vous, mais à ceux à qui mon Père l’a préparé, i Matth.. xx. 23. C’est le Père seul qui a l’initiative des faveurs à accorder. De même c’est le l’ère seul qui connaît le jour du jugement. Le Fils est nommément exclu : i Pour ce qui est du jour et de l’heure nul ne le sait, ni les anges du ciel, ni le Fils, mais le Père seul. Marc. xiii. 32. Chez saint Jean, Jésus dira expressément : i Le Père est plus grand que moi. » xiv, 28. D’autre part, Jésus nous apparaît comme le médiateur qui aide les disciples à franchir la distance qui les sépare du Père : il est, pour ainsi dire, l’intermédiaire entre son Père et les hommes : « Qui vous reçoit, me revoit : et qui me reçoit, reçoit Celui qui m’a envoyé. » Matth., x, 40. « Qui vous méprise, me méprise ; et qui nie méprise, méprise Celui qui m’a envoyé. Luc, x, 16. « Je dispose en votre faveur du royaume, comme mon Père en a disposé en ma laveur. » Luc, xxii, 29. On trouvera le même parallélisme chez saint Jean, vi, 57 ; x, 14-15 ; xv, 9-10 ; xvii, 28, et surtout xx, 21 : i De même que le Père m’a envoyé, ainsi moi je vous envoie ; » et chez saint Paul, voir plus loin, col. 1226 sq.

Il serait trop simple d’expliquer ces relations, de dépendance, de prière, d’adoration du Fils par rapport au Père par l’incarnation, la nature humaine du Fils étant par elle-même, dans la personnalité de Jésus, la raison de ces relations d’inférieur à supérieur. Sans doute, comme homme Jésus devait à Dieu l’adoration et la prière. Voir plus loin. Mais ici, nous le verrons bientôt, les textes évangéliques établissent entre le Fils incarné et le Père une communauté de nature et d’attributs qui nous obligent à chercher en la vie divine elle-même la raison dernière des sentiments de dépendance qui animent le Fils par rapport au Père. Et par là nous touchons à l’intime même du mystère de la Trinité : t Les paroles du Seigneur ne sont pas pour nous des objections à écarter : elles sont la lumière qui nous guide, et celles-ci sont des plus précieuses, en nous introduisant au cœur même du mystère chrétien, en nous faisant pénétrer l’humilité du Fils de Dieu incarné. Dès qu’on ouvre l’Évangile, on est frappé par ces sentiments d’humilité, si nouveaux dans le judaïsme, et si puissants chez tous ceux qui approchent le Christ et qui sont conduits par son esprit, … le Précurseur, … la vierge Marie… Mais, si l’on contemple le Christ lui-même, ou aperçoit en lui, vis-à-vis de son l’ère, une dépendance, un anéantissement, dont rien ici-bas ne peut donner l’idée : ni sa doctrine n’est de lui, ni ses aimes, ni sa vie ; le Père lui montre ce qu’il doit dire et faire et, les veux sur cette règle souveraine et très aimée. Jésus-Christ parle, agit et meurt. Cet le dépendance naturelle s’accompagne chez le

Fils d’une infinie complaisance ; de même que le Père s’épanche en lui avec un amour indicible, de même le b’ils prend son bonheur à recevoir et à dépendre. C’est là ce qu’il a de plus intime en Noire-Seigneur ; et plus on pénètre le secret de cette vie. mieux on comprend ces paroles d’humble dépendance qui Invitent les disciples à remonter jusqu’à la source de la vie. de la bonté, de la science. Dieu le l’ère… C’est donc que ce t rail [l’insondable dépendance du l’ils vis-à-vis du l’ère) loin de compromettre la filiation divine, en est au contraire, un élément essentiel : il ne doit point la voiler a nos yeux, mais, au contraire, la révéler. »

J. Lebreton. Les origines du dogme de la Trinité. p. 297-298.

b. En revendiquant pour lui les attributs divins, Jésus, marque qu’il est Dieu comme le Pure. — a) Jésus en premier lieu, s’arroge /<’pouvoir divin de remettre les pèches. Deux fois au moins, explicitement, il absout les pécheurs, le paralytique de Capharnaûm, Matth., i. 2-8 ; Mare., u..">. I2j Lue., v. 20-26 ; la pécheresse publique chez Simon te pharisien. Luc, vii, 36-50. Dans le second cas, le sens du texte sacré est peut-être un peu plus expressif pour marquer que Jésus remet, par un pouvoir qui lui est propre, les péchés. Les scribes, toutefois, ne s’étaient pas trompés sur la portée des paroles de Jésus au paralytique : « Celui-là blasphème ; qui peut remettre les péchés, sinon Dieu seul ? » Marc. u. 7. Il est vrai que dans la Bible, la rémission des péchés est toujours regardée comme une prérogative divine. Cf. Is.. xuu. 25 ; xuv, 22. etc. Aucune formule d’absolution n’existe dans le judaïsme, qui ne reconnaît à aucun homme, si saint et si grand soit-il, le pouvoir de purifier les âmes coupables. Et Jésus, pour prouver qu’il ne s’arrogeait pas mensongèrement le pouvoir sur les péchés, accomplit un miracle de guérison qui marque la véracité de son affirmation.

P) En second lieu, Xotre-Seigneur, qui parle en maître sur la Loi et sur le sabbat, voir col. 1201, à certains moments accentue cette autorité au point de se substituer à Dieu, comme fin dernière et raison suprême de lu moralité humaine. « Chez lui. dans l’intérieur des autres, il réclame tout pour lui, sachant que tout lui est dû : i Quiconque aime son père et sa mère plus que moi, n’est pas digne de moi. » Matth., x, 37. C’est Jésus qui, au jour du jugement, ne connaît pas ceux qui font l’iniquité. Matth., vii, 23. Cette « substitution s de Jésus à Dieu dans l’ordre de la moralité apparaît surtout dans la scène du pardon accordé à la pécheresse. Luc, vii, 3.’-.")0. Dans le texte évangélique, cette pécheresse, parce qu’elle a péché, se trouve être la débitrice de Jésus et son amour pour lui est le motif et à la fois l’effet de son pardon. Or le péché est essentiellement une dette envers Dieu : les pécheurs sont les débiteurs de Dieu, Matth., vi, 12 ; Luc, xiii, 4, qui n’obtiendront miséricorde que dans la mesure où ils pardonneront eux-mêmes. Matth., xviii, 23-35. Ces habitudes de parole et de pensée rendent plus manifeste le rôle que le Christ prend ici : c’est bien celui que, dans tout l’Évangile, il donne à Dieu : en péchant, on s’est rendu son débiteur ; mais aussi, en l’aimant, on attire son pardon. On reconnaît, dans ce dernier trait, une conception fondamentale de l’Évangile, et qui éclaire puissamment le problème du Christ : C’est de ses relations avec le Christ que dépend la valeur religieuse de tout homme ; c’est par elles que la pécheresse est sauvée ; c’est sur elles…. que tous les hommes seront jugés au dernier jour : « Venez, les bénis de mon Père, … car j’avais faim et vous m’avez donné à manger, i Matth., xviii, 23-35. Les considérants de la sentence de damnation sont exactement parallèles ; de part et d’autre, une seule question est posée : Qu’est-ce que l’homme a fait pour le Christ ? Comme la pécheresse, il était son débiteur ; l’a-t-il aimé comme la pécheresse. » J. Lebreton, op. cit., p. 270. Remarquons le, il n’y a pas ici une simplerègle abstraite de morale comme l’affirment certains exégètes libéraux. Cf. IL J. Iloltzmann, l.ehrbuch der neutestamentlichen Théologie, t. i, p. 320. Ce qui, dans l’enseignement de Jésus, fait l’objet de la vie chrétienne, ce n’est pas i l’idée pure du bien >, c’est sa personne même que l’on doit suivre et servir.

y) fin troisième lieu, Jésus s’attribue la qualité de juge du monde à la fin des temps. Or, ce jugement, dans toute la tradition juive, es1 réservé à Dieu seul. Mais le Christ, dans les évangiles synoptiques, affirme

explicitement qu’il exercera ce jugement, non pas

parce qu’il sera témoin au jugement de Dieu, mais parce qu’il rendra lui-même la sentence en qualité de juge. Marc, xiii, 34-37 ; Matth.. xiii, 37-42 ; xxiv. 18-51 ; Luc, xii, 36-38 ; 45-48 ; xxi. 31-30 et surtout Matth.. vu. 22-23 ; xvi.27 ; XXTV, 30-31, el XXV, 31-46. Cf. C. V. Wotaw, art. Sermon on the Mount, dans le Dictionanj of the Bible de I Listings, t. v, p. 436, n. 3, contre les exégètes qui, s’appuyant sur Marc, viii, 3s. veulent faire de Jésus un simple témoin privilégié. Holtzmann, op. cit., t. i. p. 319 et Das messianische Bewusstsein Jesu, i. 84-85 ; Loisy, Les Évangiles synoptiques, 1. 1, p. 890 ; t. u. p. 26.

Il n’est pas difficile, d’ailleurs, de démontrer que, selon la théologie juive au temps de Notre-Seigueur, le jugement du monde est réservé à Dieu seul. Assumplio Moi/sis, x, 7 : » Il se lève le Dieu suprême, seul éternel, et il se manifestera pour punir les nations. > Cf. Testamentum Levi, v, 2 ; Testamentum Juda, xxii, 2 : Henoch slav., xxxiii, 1 ; lviii, 1. Le jugement est « le jour du Seigneur », dans Baruch sur., XLvm, 17 : « le jour du Tout-Puissant », id., LV, 6 ; « le grand jour du Seigneur », Henoch slav., xviii, 0 ; « le jour de la Visitation du Seigneur », Testamentum Ascr, vii, 3 : Ps. Sal., x, 5 ; xv, 13-11. Dieu se réserve le droit de juger. De même que toutes choses ont été faites par moi et non par un autre : ainsi la fin de toutes choses sera par moi et non par un autre, » IV Esdras, v, 56 ; vi, G ; cf. ix, 2 ; v, 40 ; vii, 33 ; Ps. Sal., xv, 9, 13-14 ; Henoch, i, 3-9 ; xlviii, 3 ; xc, 20 sq. ; xcr, 15 ; c, 4 ; Or. Sibijl., iii, 91 ; iv, 40 sq. ; Baruch stjr., xx, 2-4 ; Lxxxiu, 2 ; Assumptio Moi/sis, x, 7 ; Jubil., v, 13 ; Testamentum Levi, iii, 2 ; iv, 2. Le Messie n’apparaît jamais comme juge, sauf dans le livre des Paraboles d’Henoch, lxi, 5, où encore il n’a pas à exercer seul le jugement universel. Cf. P. Volz, Judische Eschatologie von Daniel bis Akiba, Tubingue, 1903, p. 259, En regard de ces textes qui établissent solidement la vérité de notre première assertion, les textes du Nouveau Testament montrent non moins clairement que le jour du jugement sera le jour du Christ, et que le jugement est réservé à Jésus. Jugement et parousie (advenlus), sont absolument synonymes dans le Nouveau Testament. Cf. I Cor., iv, 3. Or, la parousie est l’avènement du Fils de l’Homme, c’est-à-dire du Christ, Matth., xxiv, 27, 37, 39 ; elle est « le jour du Christ », Luc, xvii, 24 ; le « jour où le Fils de l’Homme sera révélé. » Luc, xvii, 30. On trouve plus fréquemment encore chez saint Paul l’expression jour du Christ : IThess., v, 2 ; II Thés., ii, 2 ; I Cor., i, 8 ; v, 5 ; II Cor., i, 14 ; Phil., i, 6, 10 ; cꝟ. 1 1 Pet., iii, 10 ; ou encore l’expression paroui if (adventus) de Notre-Seigneur Jésus-Christ, I Thess., iii, 13 ; iv, 15 ; v, 23 ; II Thess., ii, 1, 8 ; I Cor., xv, 23 ; cf. Jac, v, 7 ; II Pet., ni, 4. Quelques textes cependant, dans le Nouveau Testament, attribuent la jugement à Dieu, soit que Dieu le Père dans le jugement, joue le rôle de rémunérateur ou de vengeur, Matth., vi, 4, G, 14, 15, 18 ; x, 28-33 ; xviii, 35 Luc, xii, 8-9, tout en laissant au Fils le rôle de juge, cf. Luc, xii, 15-48 ; xxi, 34-36, et rapprocher Joa., v, 22-27 ; soit que Dieu joue lui-même le r /le de juge, Apoc, xx, 11-15, et que le jugement soit le « jour du Seigneur —, dies Domini, sans autre spécification. Apoc, vi, 17 ; XVI, 1 1 ; I Pet., u, 12 ; il Pc t., iii, 13 ; Kom., ii, 5. Mais ces affirmations ne font que corr bôrer notre raisonnement. Dieu est le juge ; mais il a donné au Fils le pouvoir de juger. Joa., v, 26. Et cela, précisément parce que le Fils est Dieu et lient ce pouvoir divin en vertu même di relation d’origine vis-à-vis du l’ère. « Ainsi, pouvons-nous conclure avec le I’. Lebreton, dans la doc t ri ne des fins dernières ou, pour parler plUS exactement, dans loul(s les doctrines du salut.

le Christ a tout transformé, <" revendiquant pour lui12 11

    1. JÉSUS-CHRIST##


JÉSUS-CHRIST. LA RÉVÉLATION DU FILS DE DILU »

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même un rôle jusque-là réservé (’/ Dieu -. le péché, la pénitence, la charité, le pardon, le jugement, ces relations morales les plus profondes qui puissent exister entre l’homme il Dieu, apparaissent maintenant comme établies entre l’homme et Jésus-Christ. » Histoire du dogme de la Trinité, p. 27 1.

c. Jésus enfin nous dévoile directement le mystère de sa filiation divine et explique ainsi le sens profond et transcendant du titre de o Fils de Dieu » revendiqué par lui au tribunal de Caîphe. — I)éjà dans le célèbre texte relatif au jour du jugement : Nul ne le sait, ni les anges du ciel, ni le Fils, mais le l’ère seul ►, il apparaît que le fils se place bien au-dessus des anges et que, par conséquent, il ne peut être que le Fils naturel et propre du Père, Dieu comme le l’ère. L’ignorance du Christ est ici toute économique et ne comporte aucune infériorité dans le Fils par rapport au Père. Cf. Lagrange, Évangile de S. Mure, p, : î27 et Science » r Christ. Mais cette transcendance infinie et divine du Fils nous est encore enseignée par Jésus, dans certaines comparaisons où apparaît toute l’infinité de sa nature : il y a ici plus que Jouas : … il v a ici plus que Salomon, » Matth., xii. 41. -12 : cf. I.uc.xi. 32, 31 ; « < il y a ici quelqu’un de plus grand que le temple. Matth.. xii. 6. De telles façons de parler sont déjà, surtout pour les Juifs, significatives. Mais Jésus se sert, pour démontrer sa divinité, d’un argument bien plus pressant. Il fait appel au prophète David : ’Les pharisiens étant assembles, Jésus les interrogea, disant : Que vous semble du Christ ? de qui est-il fils ? Ils lui répondirent :

De David. Il leur répliqua : « Comment donc David l’appellc-t-il dans l’Esprit, son Seigneur, disant : « Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Asseyez-vous à ma droite. » Si donc David l’appelle son « Seigneur », comment est-il son fils ? i a al th.. wii. 11-15 ; cf. Marc, xii. 35-37 ; Luc, xx, 41-44. Jésus n’entend pas ici repousser la libation davidique, mais il veut faire reconnaître en même icmps une filiation plus haute, celle qui convient au » Fils » appelé par David inspiré son <> Seigneur ».

Jésus n’en est pas resté là. dans son enseignement public, touchant la révélation du mystère de l’I loimue-Dieu. Il a fait comprendre clairement que cette filiation, transcendante et distincte de la filiation davidique. n’est pas une simple libation adoptive. si élevée soit-elle en dignité par-dessus les anges et les hommes. Il a prêché maintes fois la paternité de Dieu par rapport aux justes : mais Dieu n’est pas son Père comme il est le père des hommes : Il apprend à ses disciples à dire : < Notre Père t ; mais lui-même ne parle pas ainsi : il dit : « Votre » Père et « Mon i Père. Même lorsqu’il s’adresse à eux, il observe cette distinction :

h vous prépare le royaume, comme mon Père me l’a préparé. » Luc. xxii, 29 Et moi, je vais vous envoyer le don promis de mon l’ère. » xxiv, 49. D’autre part, ne dit-il pas : Votre Père qui est au ciel…. votre Père

céleste. » Matth., vu. il ; m. 32, etc. si précieuse toutefois que soit l’indication contenue en ces formules, elle est encore inférieure à l’enseignement que Jésus formule, quelques jours axant sa mort, dans plusieurs paraboles où sont expliquées les relations du Fils au Père. Il est temps d’ailleurs que Jésus se révèle pleinement. Cf. Cramer, S. Marc, p. 389. La parabole du banquet, Luc, xiv, 16-24, apparaît chez Matthieu XXH, 1-1, avec des traits plus accentués. L’invitation est lancée par un roi à l’occasion des noces de son fils ; le crime des invités paraît plus grand, car non seulement ils se dérobent, mais ils mettent à mort les envoyés du roi. La parabole des vignerons homicides. Marc’., mi. 1’.< : cf. Matth., xxi. 33-41 ; Luc, XX, 9-16, est plus significative encore : c’est le lils bien-aimé.

c’est I’I héritier. c’csl-a-dirc le lils unique, propre, naturel. Saint Marc écrit’: etl vi-j. el/evjîôv àyotrrr.Tov. Jésus est ce lils ; le l’ère est l’homme qui plante la

vigne, le fils sera mis à mort : c’est la passion prédite. (Et ce détail milite en faveur de l’authenticité de La p rabole : cf. F. C. Burkitt, The parable o the wicked

husbandmen, dans Transactions of the third international congress og the history of religions, Oxford, 1908, t. ii, p. 321 sq. ; Van Combrughe, T>c sotcriologiæ christianæ primis foniibus, Louvain, 1905, p. 32-42). Sur la signification de i^-y-r-ôz. cf. col. 1 184, Le mot xXi)pov6(x, o< ;, héritier, n’a pas besoin d’explication : le lils est l’héritier naturel de son père. Jésus est l’héritier naturel du Père : nous sommes, en lui et par lui, des co-héritiers. et à ce titre seulement, des héritiers. Cf. Rom., viii, 17.

Il nous faut, enfui, insister sur un texte commun à Matthieu, xi, 2 ; >-27 et à Luc, x, 21-22 et qui. par les lumières qu’il projette sur les relations intimes du Père et du Fils, est tout à fait digne de la théologie johannique Saint Luc marque expressément que ces paroles de Jésus ont été prononcées sous l’influence de l’Esprit Saint : Jésus dit : Mon Père, Seigneur du ciel et de la terre, je vous rends gloire de ce que vous avez caché ces choses aux sages et aux prudents et que vous les avez révélées aux petits. Oui. mon Père, parce qu’il vous a plu ainsi. Toutes choses m’ont été données par mon Père. Et nul ne connaît le Fils, si ce n’est le Père, et nul ne connaît le l’ère, si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils aura voulu le révéler. » Sur l’authenticité de ce texte, attaquée’, dans son ensemble, par A. Loisy, dans un détail par Ilarnack. dans l’originalité de s.i forme, par Ed. Norden, on consultera J. Lebreton, Les Origines du dogme de la Trinité. l l édit., note D, ]i. 545-552 ; H. Schumacher, Die Selbsloffenbarung Jesu bei Mat.. XI, -27 (Luc, . 22), Fribourg-en-Brisgau, 1912 et L. Kopler. Die « johanneische » Stelle bei den Synoplikern, série d’articles dans la Theol.-praktische Quarlalschrift de Linz, 1913-1914. Dans ce texte, le Lils, c’est Jésus-Christ ; mais c’est la libation divine qui est mise uniquement en relief. Cette filiation divine est un mystère inconnu des hommes, connu du Père et du Fils seuls et de ceux à qui il plaît au Fils <r révéler. On ne trouve pas dans saint Jean de texte plus profond et plus Significatif. - Quelques paroles du Seigneur, rappelées ci-dessus pouvaient faire pressentir aux Juifs la préexistence du lils de l’homme près de son Père ; d’autres, plus explicites, le taisaient apparaître dans cette gloire céleste, a la fin des temps : ici. dans la simplicité transparente de cette sentence, c’est l’éternité tout entière qui se révèle et le mystère de la vie divine, où le Père et le 1 ils. insondable à toute créature, se pénètrent totalement l’un l’autre. A cette lumière. 1 Évangile tout entier s’éclaire :

d mires fois le Christ sitait présents lui même, i

mois couverts, comme le terme vers lequel tout Israël tendait : « Beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez et ne l’ont pas vii, » Mal th., xiii, 17 : dans cet te circonstance même, il vient de montrer à ses disciples comment la loi et les prophètes n’étaient que la préparation du ministère de Jean-Baptiste, et Jean lui-même, moindre que le plus petit dans le royaume des deux. Matth., xi. 11-15. On comprend désormais ce qui fail la grandeur incomparable de cet ordre nouveau ; c’est que le mystère de Dieu, jusqu’ici inaccessible, est révélé, et par celui-là qui seul pouvait nous y introduire, par le Fils ; c’est ce que saint Jean redira au début de son évangile : Personne n’a jamais vu Dieu ; le Lils unique, qui est dans le Sein du l’ère. celui-là nous l’a fait connaître. » i, 18. Cette parole suffirait, à elle seule, à déterminer le dogme chrétien, à faire reconnaître dans le Lils de I lieu non point un être intermédiaire, tel que ceux qu’avait conçus l’hilon, mais le Lils égal et coiisubstantiel à son Père. Saint Paul et saint Jean compléteront par d’autres traits cette révélation du Christ ;

ils ne la dépasseront pas. >J. Lebreton, op.. eit, p. 292 Bibliographic.

Noir lus de Dieu, col. 2395.

V. LE COURONSBMBST DE 1. I VENT DE

s dajts i viiuBvas. Cette

question peut être envisagée sous plusieurs aspects. L’apologiste, se souvenant de I Cor., xv, 1 1, trouve dans la résurrection du Sauveur le signe évident de la crédibilité de tout l’enseignement de Jésus. L’exégète et l’historien ont surtout à prouver l’historicité des récits et la réalité de la résurrection du Sauveur. Le théologien sans négliger l’un et l’autre de ces deux aspects, et accueillant avant tout les résultats positifs de l’exégèse et de l’histoire doit montrer dans le Christ glorieusement ressuscité la même personnalité que dans le Christ vivant de la vie commune des hommes ou soulïrant les tourments de sa passion. C’est le même Christ, qui s’est humilié jusqu’à revêtir la forme d’esclave, que Dieu a glorifié en le ressuscitant d’entre les morts. Le Christ ressuscité n’est pas une création de la conscience chrétienne à un âge postérieur ; il répond à une réalité certaine qui, prenant corps dans les récits sacrés, y achève la révélation de l’Homme-Dieu. Mais cette réalité manifeste dans le Christ une vie toute nouvelle, très dissemblable de celle que Jésus qui avait pris tout l’extérieur de la vie et de la croissance humaine, habilu invenlus ut homo, menait sur terre avant sa mort ; une vie désormais conforme aux exigences créées dans la nature humaine du Christ par l’union hypostatique.

1° Le Christ ressuscité continue historiquement le Christ qui s’est révélé, dans les synoptiques, homme et Dieu. — 1. Le Christ des synoptiques a eu la connaissance certaine de sa résurrection future. Quatre fois Jésus fait une allusion explicite à sa résurrection après trois jours. Marc, viir. 31. Matth., XVI, 21 et L <c ix, 22 ; — Marc, ix, 8-0. Matth.. xvii, 9 ; -Marc, ix, 30, Matth., xvii. 23 ; — Marc, x. 31. Matth.. xx. 19 et Luc., xviii, 33. Nous savons que ces paroles de Jésus ne furent pas immédiatement comprises de ceux qui les entendirent : ces prédictions ne s’illuminèrent qu’aux clartés de la résurrection. Toutefois, les Juifs s’en souvinrent au moment de la mise au sépulcre. Matth., xxvii, 63-66. En dehors de ces quatre prophéties explicites, on doit également relever deux paroles de Jésus qui désignent d’une façon figurée la résurrection future. La première est relative au si^ne de Jonas i. Matth., xii. 38-42 ; cf. xvi, 1-1 ; Marc, viii, 12-13 ; Luc, xi, 29-33. Les exégètes sont assez incertains du sens exact qu’il faut attribuer au signe de Jonas. La majorité des exégètes libéraux et nombre de catholiques font porter l’application du signe, d’abord sur la prédication, et indirectement sur toute la carrière publique du Maître, miracles et résurrection y compris. Cf. A. Durand, Pourquoi Jésus a parlé en paraboles, dans les Études, 20 juin 1906, p. 764 et note ; A. van Hoonacker, Les douze petits Prophètes, Paris, 1008, p. 320 Mais le texte de Matth., xii, 10, devient bien difficilement explicable en cette hypothèse. Jésus, en eflet, y déclare expressément : « Car tout a’nsi que Jonas fut dans le ventre du poisson, trois jours et trois nuits, ainsi le Fils de l’homme sera dans le sein de la terre, trois jours et trois nuits.. La comparaison entre Jonas et Jésus porte sur l’ensemble de la mission de Jonas, histoire et message. Mais le signe » c’est l’épisode miraculeux des trois jours et trois nuits passés dans l’abîme, et la dramatique survie qui en fut la suite, image de la mort et de l’ensevelissement de Jésus, suivis de sa résurrection glorieuse. La différence sera tout entière entre l’attitude des Nfinivite convertissant à la prédication de Jonas, et celle des Juifs que la prédication du Christ aura laissés incré dules., . Tout le passage est donc prophétique et le second Jonas, c’est Jésus ressuscité. > I. de (irandmaison. Jésus Christ, col. 1510. Cf..1. Knabenbauer, Commentarius in Malthssum, 1892, t. i. Taris, p. 501 ; Théodor Zah i, Dos Evangelium îles Mattheeus ausgelegt, 3 r édit., Leipzig*, 1910, p. 173. Les exégètes radicaux rejettent purement et Simplement, a titre d’interpolations, les textes relatifs au signe de Jonas, A. I.oisy Les Évangiles synoptiques, t. i, p. OUI. Vu signe de Jonas. il faut ajouter le signe du « temple réédifié. » Jésus, au cours de ses prédications, avait donné comme signe de la vérité de son enseignement la possibilité de détruire le temple de Dieu et de le réédifier après trois jours. Matth., xxvi, 61, Marc, xiv, 07-59 ; cf. Matth.. xxvii, 39-40, Marc, xv, 30-31 ; Act., vi, 13, il. Mais c’est l’évangile de Jean qui nous rapporte le plus fidèlement (parce qu’il rapporte les paroles du Maître et non celles de ses accusateurs) la prédiction faite par Jésus et le sens qu’il y attachait : « Les Juifs prenant la parole lui dirent : « Par quel signe nous montres-tu que tu peux faire ces choses ? » Jésus répondit et leur dit : « Détruisez ce temple et je le relèverai en trois jours. » Mais les Juifs repartirent : « On a mis quarante-six ans à bâtir ce temple, et toi tu le relèveras en trois jours ? » Mais Jésus parlait du temple de son corps. Lors donc qu’il fut ressuscité d’entre les morts, ses disciples se ressouvinrent qu’il avait dit cela et ils crurent à l’Écriture et à la parole qu’avait dite Jésus. » ii, 18-23. La prophétie, obscure au moment où le Christ la formule, s’éclaire par les événements. Elle montre du moins que Jésus, connaissait d’avance le fait de sa résurrection future. Cf. J. Knabenbauer, Commentarius in Johanncm, Paris, 1898, p. 132 sq. ; J. E. RJser, Das Epannclium des heil. Joannes, Fribourg-en-Brisgau, 1905, p. 85 sq. ; Th. Zahn, Das Evangelium des Joannes ausgelegt, Leipzig, 1908, p. 170.

2. La résurrection de Jésus-Christ est un fait historique certain. — La croyance à la résurrection du Christ, au témoignage de saint Paul, I Cor., xv, 1-20, est un fait notoire dans l’Église de Corinthe, et saint Paul en fait le point de départ de son argumentation pour prouver la résurrection des morts en général. Mais cette croyance, fondamentale dans l’Église, dès l’époque où Paul y fut accueilli (ne dit-il pas qu’il l’a reçue « par tradition » ) repose sur des faits historiques absolument certains. Ces faits, ce sont les apparitions de Jésus ressuscité. Les témoins de ces apparitions sont encore, pour la plupart, vivants au jour où Paul écrit. C’est Pierre, que saint Paul met à part, au premier rang, et dont il fait ainsi ressortir l’autorité. C’est aussi e collège des Douze ; c’est la foule des cinq cents disciples, presque tous encore vivants ; c’est Jacques, dont le témoignage pouvait avoir tant d’importance pour les chrétiens judaïsants ; ce sont enfin, d’une manière générale « tous les apôtres ». Saint Paul, à ces apparitions du Christ ressuscité, joint l’apparition dont il fut personnellement favorisé sur la roule de Damas. L’évidence du fait dont il s’agit de témoigner y fut si grande, que cette apparition, sur ce point, peut être pleinement assimilée aux apparitions antérieures à l’Ascension : ClyJ)r l K7J<pqc… 089O/ ; ’Ixxo)6w… ït/v.-’j’j 8k 7TivTO)v wT-îpîl tm èxTp(à(jta*n &ç6t] xau.ol. Cf. Act., ix, 1-20 ; xxii, 4 17 ; xxvi, 9 19. La liste des témoins dressée par saint Paul n’est pas exhaustive. Les récits évangéliques, qui ignorent l’apparition à Jacques, laquelle est mentionnée dans l’ÉV mgile selon les i [ébreux, cité par saint Jérôme, l> oiris illustribus, c ii, ne foui qu’une allusion rapide a l’apparition a Pierre, Luc, xxiv, 31, mais complètent la liste des témoignages apportés par Paul, par plusieurs récits circonstanciés d’apparitions. C’est tout d’abord, l’apparition de l’ange aux saintes femmes, Matth., J16

xxviii, ."> 7. cf. Marc-., xvi, 5-7 ; Luc. wi. 3 8 ; et, pendant leur fuite vers les apôtres, l’apparition de

Jésus lui-même à ces femmes, Matth., xxviii, ’.), 10 ; c’est l’apparition de Jésus à Marie île Magdala, racontée avec des détails par Joa.. xx, 11-18 et à laquelle se réfère le sec résumé qui constitue la finale deutérocan nique de Marc, xvi, 9 : c’est l’apparition aux deux disciple-, d’Emmaûs, narrée avec une précieuse abondance de faits, de discours et de gestes, par Luc, xxiv, 13’'’). cl. Marc, xvi, 12-13 ; c’est l’apparition aux apôtres, en l’absence de Thomas, Joa., xx, 19-25 ; cf. Luc, xiv, 36-49 et la nouvelle apparition, en pré sence de Thomas, Joa., xx, 26 29 ; c’est l’apparition du Christ aux sept disciples, près de la mer de Tibériade. Joa., xxi, 1 -23 ; c’est, enfin, l’apparition en Galilée, rapportée par saint Matthieu, xxviii, 10-20 ; cf. Marc, xvi, 15-18 ; puis le récit de l’ascension, Luc, xxiv, 50-53, dont on trouve un écho dans la finale de Marc, xvi, 19-20, peut être résumée des Actes, i, 1-9. Parmi les évangiles non canoniques, Y Évangile des Hébreux raconte l’apparition de Jésus à Jacques ; un fragment copte du iie siècle décrit l’apparition aux saintes femmes près du sépulcre ; enfin, l’Évangile de Pierre, v. 29 00 après le fait même de la résurrec tion, narr avec une singulière gaucherie, rapporte, l’apparition à Marie Madeleine et aux saintes femmes. Voir les textes dans E. Preusschen, Antilegomena, 2e édit., Giessen, 1905, p. 7-8 ; 83-84 ; 16-20.

Les narrations évangéliques sont-elles suffisantes pour démontrer historiquement le fait de la résurrection ? Nous ne ferons qu’indiquer brièvement les points qui semblent acquis, de l’inspection et de la discussion des textes sacrés. Pour les détails critiques, on p uira se reporter à l’étude de E. Mangenot, La Résurrection de Jésus. Paris, 1910.

a) Il faut reconnaître qu’e égard à l’importance de la résurrection relativement à la foi et aux espérances chrétiennes que ce miracle contresigne, les récits des apparitions, sauf Luc. xxiv, LÎ-36 et Joa., xx, 19-29 apparaissent assez vagues et dépourvus des précisions historiques qu’on aurait aimé à trouver en une matière aussi fondamentale. Os ne renferment aucune indication sur le point capital de la résurrection elle-même dejnt ils n’offrent aucune description. Cette indigence relative cle nos récits s’explique d’ailleurs naturellement par une double cause : d’une part, la possession tranquille et incontestée de la substance de l’événement, et d’autre part la difficulté d’exprimer nettement les conditions de la nouvelle vie de Jésus, si différentes des conditions habituelles de la vie humaine. Loin toutefois d’exclure la vérité historique du fait de la résurrection, ces constatations semblent la confirmer, car elles dénotent, chez les ailleurs sacrés, l’absence totale de préoccupations qui n’eussent pas manqué d’exister chez des ailleurs désireux d’ajouter, en marge de l’histoire, des récits pleins d’allrails pour la curiosité et la foi des premières général ions chrétiennes. « Rien n’est plus instructif, dit le P. de Grandmaison, que de comparer aux récits les intentions prêtées aux narrateurs par M. Arnold Mcycr, par exemple : Die Auferslehung Christi, Tubingue, 1905, p. 14, sq. D’après ce critique, l’évangile de la résurrection étant le principal, le plus sujet à contestation

ei à fausse Interprétation, il fallut beaucoup ajouter aux traditions primitives, préciser des traits, harmoniser, prévenir des difficultés. Pour satisfaire des

néophytes avides de merveilleux… il fallut… faire une part a la chair du Christ, aux miracles, aux repas

sacrés. De la.de nouvelles additions. Enfin, la tendance apologétique et evhémérlste de la communauté doit entrer en ligne de compte, comme aussi la nécessité

de montrer des prophéties accomplies. On se demande

alors comrrtent tant d’intentions, tant de nécessités,

tant de motifs pour étendre, interpoler, multiplier la matière primitive, ont abouti à nos maigres, brefs el fragmentaires récits. » Jésus-Christ, col. 1488-1489, note. b) Il faut reconnaître, en outre, que les récits évangéliques de la résurrection sont en désaccord, au moins apparent, surtout pour ce qui concerne les apparitions du Sauveur. Celles-ci ne se sont produites, selon les différents récits, ni au même temps, ni au même lieu, ni pour les mêmes personnes, ni dans les mêmes circonstances. Les récits s’inspirent, dit n. de deux traditions différentes, la galiléenne, la hiérosoli/initaine, selon qu’ils rapportent les apparitions de Jésus exclusivement en Galilée ou a Jérusalem. Saint Marc, sauf la finale deutérocanonique, xvi, 9-20 et saint Matthieu, sauf xxviii, 9-10, comme l’Évangile de Pierre, ne parlent que d’apparitions ayant eu lieu en Galilée ; saint Luc, saint Jean, sauf l’appendice du chapitre xxi, ne relatent que celles qui se sont produites ù Jérusalem. L’évangile de saint Luc nous laisse’. même l’impression que ces apparitions se termine-’raient le soir même de la résurrection. Jean xxi et j Marc, xvi, 9-20 combinent les deux traditions. Il | est difficile de dire si Paul s’en tient exclusivement à la tradition galiléenne. ou s’il ne combine pas les i deux prétendues traditions.

Quoi qu’il en soit des objections que ces données I ont fournies à la critique non catholique contre la

résurrection, et à nous c n tenir purement et shn| plement aux textes des évangiles, il faut affirmer

I avec netteté que si nos évangélistes rapportent deux traditions différentes, ils considèrent ces | traditions comme complémentaires et non omme i exclusives. Matth., xxviii, 9-10, rapporte l’appa-I rition aux saintes femmes, apparition judéenne à coup I sûr. La finale de Marc, xvi, 9-20, quelle que soit la i solution apportée au problème de son authenticité (sur ce problème voir E. Mangenot, Marc {Évangile de saint) dans le Dictionnaire de la Bible, t. iv, col. 72 I735, avec la bibliographie ; Belser, Einleilung in das Neue Testament, Fribourg-en-B., 1901, p. 93-103 ; Van Kasteren. Renie Biblique. 1902, p. 240-255 ; Lagrange, Évangile de saint Mare. 1911. p. 126-439), est certainement canonique. Cf. P. Prat, t. a Question synoptique, dans les Études, 5 décembre 1912. p. 598-615. Or, cette finale juxtapose les apparitions t judéennes » à la tradition galiléenne. De même Joa., xxi, cpii a toutes chances d’être du même auteur que le reste de l’évangile, raconte des apparitions d’une tradition différente de celle qui est consignée au c xx, de tradition hiérosolymitaine. Reste saint Luc qui ne parle que des apparitions judéennes. Il est probable que l’auteur du troisième évangile, suit une source spéciale d’origine palestinienne, vraisemblablement aussi ancienne que l’évangile de saint Marc Ladeuze, L" résurrection du Christ (Collection Science et foi, n. 1) Bruxelles, s. d. ( 1908), p. 11. Mais rapproché des Actes, i, 3, le texte de saint Luc (dire un cadre assez étendu pour qu’on y puisse taire rentrer les apparitions galiléennes. Sur les essais de conciliation des deux traditions, voir E. Mangenot, op. cit., p. 263-275 dont voici la conclusion : « Si nous essayons un classe nient des apparitions de Notre-Seigneur ressuscité, raconté dans les Évangiles canoniques, nous aurons un premier groupe, formé des premières apparitions judéennes. Le jour même de Pâques, Jésus au malin se montra d’abord à Marie-Madeleine, puis aux autres femmes (si ces deux apparitions ne sont pas toutefois la même), ensuite, dans la journée, à Pierre, puis le soir, aux disciples d’Lniinaus et enfui aux Onze (sans Thomas). Huit jours plus tard, a Jérusalem encore, il apparut aux Onze (avec Thomas). Pu second groupe comprend toutes les apparitions de Galilée : au sept disciples sur le lac de Tihériade et aux Onze 1217

    1. JÉSUS-CHRIST##


JÉSUS-CHRIST. LA RÉSURRECTION

L2 A

sur une montagne galiléenne. La dernière apparition qui procéda l’ascension eut lieu, quarante jours après l’àques, sur le mont des Oliviers, devant tous les apôtres assemblés, i <>/>. cîf., p. 275-276. Cf. Lesêtre,

Jésus-Christ, dans le Dictionnaire de la Jiible de Vigouroux, t. iii, col. 1478-1489 ; Godet. Commen tain’sur V Évangile de saint Jean, 4e édit., Paris. -. d.. t. n. p. 505 ; I.oofs, Die Auferstehungsberichie und ihr Wert, Tubingue, 1908, p. 38-39.

c) La tradition hiérosolvmitaine est intimement liée à l’histoire de la mise au tombeau de Notre-Seigneur après sa mort. La vérité historique du fait de la résurrection se trouve ainsi mise en un nouveau relief par la vérité historique du fait de la sépulture et du tombeau trouvé vide. La sépulture en un tombeau neuf, taillé dans le roc est affirmée par le récit unanime des évangélistes, Matth., xxvii, 57-61 ; Marc. w. 12-17 : Luc. xxiii, 50-56 ; Joa., xix, 38-42, et ce récit présente toutes les garanties de vérité historique. Cf. Th. Korfï, Die Aujerstehung und Himmelfahrt misères llerrn Jesu Christi, Halle, 1897, p. 166177 ; 1. Orr, The resurreelion of Jésus, Londres, 1908, p. 92-99. La garde du tombeau par les soldats, Matth., xxvii. o2-t>('> : xxviii. 11-15, en est une première confirmation. Le témoignage de saint Paul, ICor., xv, 1-4, en est une autre. Voir le développement de cette confirmation en faveur de la réalité de la sépulture de Jésus, dans Mangenot, i p. cit., p. 35-38, avec la bibliographie, p. 38. note 1. Une troisième confirmation est tirée du livre des Actes, qui nous renseigne sur la sépulture de Jésus dans un tombeau, indirectement dans le discours du saint Pierre, n. 24-32, plus explicitement dans le discours prononcé par saint Paul à la synagogue d’Antioche de Pisidie. Act., xii, 27-3d. Voir Slangenot, op. cit., p. 197-201. Le fait du tombeau trouvé vide ne saurait lui non plus être raisonnablement contesté. Les galiléennes avaient, durant le ministère de Jésus en Galilée, suivi et servi le Maître, Marc, xv, 41 ; rien d’étonnant donc qu’elles aient voulu rendre à Jésus mort un dernier service, celui de lui donner un ensevelissement convenable, à l’aide de parfums et d’aromates. Le corps de Jésus, en effet, n’avait été qu’enveloppé en un linceul neuf, Marc, xv, 46 ; dès le vendredi, les saintes femmes avaient préparé aromates et parfums, Luc. xxiii. 56 ; mais le sabbat leur avait imposé une trêve forcée, id. Elles viennent le dimanche matin, craignant de ne pouvoir entrer dans le tombeau dont la pierre était fort grande, Marc, xv, 46 ; xvi, 5 ; mais le tombeau est ouvert et vide. Un jeune homme vêtu de blanc (un ange) leur annonce que Jésus est ressuscité et que son corps n’est plus là. Entre Marc et Matthieu, pas de différences substantielles : celui-ci ajoute simplement des détails bien propres à confirmer la vérité historique du fait rapporté, notamment le détail de la garde du tombeau par les soldats. Luc et Jean ne font que confirmer le récit de Marc La calomnie des Juifs relativement à l’enlèvement du corps par les apôtres et réfutée par saint Matthieu, xxviu, 11-15, ajoute encore à la démonstration du fait historique de la découverte du tombeau vide deux jours après la passion. D’ailleurs l’hypothèse de l’enlèvement du corps, soit par les apôtres, soit par Joseph d’Arimatbie, soit par les Juifs eux-mêmes ne peut msoutenir. L’hypothèse d’une mort apparente de Jésus est plus invraisemblable encore. La découverte du tombeau vide est donc un fait historique, au sens scientifique du mot, puisqu’il a été constaté et que cette constatation est attestée par documents dignes de foi. Il reste donc - une preuve indirecte il est vrai, mais solide et inattaquable de la résurrection. Le corps, disparu du tombeau, est sorti vivant, puisque les disciples l’ont vu et qu’il s’est

DICT. DE THEOL. CATIIOl..

montré à eux. I.es apparitions de Jésus ressuscité prouvent directement la réalité de la résurrection corporelle, i.Mangenot, op. cit., p. 239. On ne saurait d’ailleurs objecter contre la tradition hiérosolvmitaine le silence de saint Paul relativement au tombeau du Sauveur. Si dans I Cor., xv, I, saint Paul emploie, pour exprimer le fait de la résurrection, le verbe ÈysipsaOoct., l’étroit rapprochement que ce verbe a ici avec z-x^i « a été enseveli > exige le sens que celui qui a été déposé au sépulcre est ressuscité en sortant du tombeau pour revenir à la vie. Saint Paul suppose donc connue de tous la mise au tombeau.

3. Le corps de Jésus ressuscité est bien celui qu’il avait en sa pic terrestre. - Le l’ait historique du tombeau vide démontre la réalité de la résurrection, par là même qu’aucune hypothèse, imaginée en dehors de la résurrection, ne parvient à l’expliquer. Si la résurrection de Jésus a été réelle, le corps ressuscité est donc bien le même corps qui avait été crucifié et enseveli dans le tombeau de Joseph d’Arimathie. Les apparitions aux disciples ne l’ont que confirmer cette vérité. Les textes, en effet, ne supposent, de la part des multiples témoins des apparitions, aucune hallucination. Ils disent bien plutôt tout le contraire : « les’doutes des premiers jours ont été enlevés par les apparitions et ont disparu devant la preuve évidente de la résurrection du Sauveur. Les Onze, qui n’avaient pas cru au témoignage des femmes, ni à celui des disciples d’Emmaùs, Marc, xvi, 11, 13 ; Luc, xxiv, 11, en reçurent des reproches de Jésus leur apparaissant, Marc, xvi, 14 ; leur incrédulité disparaît à la vue du Mailre ressuscité. Si quelques-uns, en face de Jésus, continuent à douter, Matth., xxviii, 18, c’est par suite d’un saisissement bien naturel, produit par la première apparition, et, selon saint Luc, xxiv, 41, en conséquence de l’étonnement que leur procurait la joie de voir Jésus vivant. L’incrédulité de Thomas, Joa., xx, 24-25, est vaincue par la vue de Jésus, sans qu’il soit nécessaire de réaliser les conditions que cet apôtre incrédule avait posées à sa foi, 27-29. Les doutes primitifs n’ont pas survécu à la conviction acquise par le moyen des apparitions réelles et objectives. Celles-ci n’étaient donc pas de pures hallucinations, produits d’une foi préexistante… En demeurant sur notre terrain, nous constatons que les écrits évangéliques attestent la réalité corporelle de la résurrection de Notre-Seigneur, les disciples ayant vu leur Maître dans son corps spiritualisé, l’ayant touché de leurs mains, l’ayant entendu de leurs oreilles. Cette réalité du corps transformé et spiritualisé de Jésus ressuscité est admise sur le témoignage historique de témoins dignes de foi… et aucune théorie de visions purement subjectives ou subjectivo-objectives ne suffit à expliquer les récits évangéliques… Les récits de l’Évangile rapportent que Jésus apparaissait avec ses plaies, se taisant toucher par ses disciples et mangeait avec eux. Ils ne peuvent s’expliquer par des visions intérieures… ; ils parlent si clairement de corps réel, de contact sensible, de paroles dites et entendues, que le fait d’un retour de Jésus à la vie corporelle est à prendre ou a laisser… Mangenot, <>p. cit., p. 291-296. Cf. Stende, Die Aujerstehung Jesu Christi, Gutersloh, 1899, p. 97-112 ; Ed. Riggenbach, Die Aujerstehung Jesu, I ici liii, 19U5, p. 553-554 ; P. Ladeuze, op. cit.. >. 31. Sur les objections tirées de ce cpie Marie-Madeleine et les disciples d’Emmaùs, ne reconnaissent pas Jésus, voir Mangenot, op. cit. p. 330-3U2.

2° Toutefois la vie du corps ressuscite, désormais conforme aux exigences du nouvel état du Sauveur, manifeste en Jésus plus clairement le mystère de l’Homme Dieu. Le retour du corps de Jésus à la vie. n’est pas un retour a la vie terrestre ordinaire, comme

VIII — 39

il en avait été de la Bile de Jalre, <lu fils de la veuv< (h Naïm, de Lazare et peut-être des morts t]ui sorti di’s tombeaux an moment où Jésus rendit l’âme sur la croix. Matth., xxvii, ô’2. 53. Cf. J, Knabenbauer,

Ttentarius in Evangelium secundum Mattheeum, Paris, 1893, t. ii, p. 537-539. Tons ces ressuscites n’étaient rendus à la vie mortelle que pour un temps et devaient subir de nouveau la loi commune de la Jésus, vainqueur de la mort, ne devait plus mourir. Rom., vi. 9. Sa résurrection est parfaite et définitive. Cf. S. Thomas, Sum. theol.. Ml, q. un, a. 3,

nique pour l’humanité du Sauveur le commencement de la vie immortelle. La résurrection de Jésus esi. par identité, son entrée dans la vie glorieuse. Et saint Paul souligne cette vérité, en marquant que la

rrection de Jésus est le premier exemple, l’archétype. 1< s pi ém ces de notre ré urrection. Soulignant l’identité persistante du glorifié, il écrit : i II faut que celle chose corruptible revête l’incorruptible ; cette chose mortelle, l’immortalité. » 1 Cor., xv. 53. D’ailleurs saint Paul applique expressément a la résurrection l’oracle du l’s. n. 7 : i Nous vous annonçons

la promesse qui a été l’aile à nos pères, Dieu l’a tenue a nous leurs fils, ressuscitant Jésus, comme il est écrit dans le psaume deuxième : Tu es mon fils, je ta ! engendré aujourd’hui. » Ad., xiii, 32-33. C’est comme une nouvelle naissance à la vie éternelle, accordée à Jésus. Voir un magnifique développement de cette pensée par Bossuet, dans son Panégyrique de l’apôtre saint.Iran. Œuvres oratoires de Bossuet, Paris, 1914,

t. I !. p.."il.").

1. Doctrine des évangiles.

Des récits évahgéliques,

où la vérité de la résurrection se révèle dans des apparitions intermittentes, on est en droit de déduire avec saint Thomas, Sum. theol.. IIP, q. i.v, a. 1- : i, que le Christ ressuscité n’appartient plus normalement à l’ordre de l’expérience terrestre. Son corps, quoique réel, ne tombe plus s (, us [es sens et n’est plus dans I phénoménal comme avant sa mort : il n’est plus régulièrement objet de perception sensible. Pour qu’il soil perçu par les sens, il faut qu’il apparaisse, se lasse voir et entendre, se rendre visible et palpable. L’étal glorieux est donc manifesté par l’intermittence même des apparitions. Il se manifeste également par les présences subites de Jésus au milieu de ses apôtres, la pénétration de Jésus dans un lieu dont les portes sont closes. Joa., xx, lit. Toutefois ce corps glorieux. spiritualisé, n’est ni un esprit, rtveûu.a, connue le croyaient les apôtres épouvantés, Luc. xxiv. 37. ni un fantôme, çdcVTW p.a, connue ils l’avaient cru un jour OÙ, pendant sa vie mortelle. Jésus marchait sur les eaux du lac de Tibériadc. Matth., xiv, 26. Jésus, en effet, donne (les preuves de la réalité de son corps : il mange, Luc, xxiv, 36 13 ; il offre ses plaies au toucher. Joa.. xx, 24-25, 2(i-27. (.elle démonstration « le

la réalité d’un corps glorieux par un acte relevant de la vie terrestre et physiologique, le manger, ou par le toucher, des plaies de la passion, ne laisse pas toutefois

d’offrir quelques difficultés.

En ce qui concerne la première démonstration paile lait de manger, formulée par l.uc, rien ne sert d’objectei que cet auteur semble matérialiser une donnée

traditionnelle, selon laquelle Jésus aurait distribué, servi et mange lui-même, du pain et du poisson à ses disciples. Joa.. xxi, 5. 13. Nous n’avons aucune raison de révoquer en doute la véracité de Luc., xxiv. 36-43. Toute la question est de savoir si nu corps glorifié,

<’est à-dire n’étant plus a l’état naturel et physiologique, peut en ore recevoir et s’assimiler des aliments,

haut il concéder que Jésus : i pu Simplement paraître manger et boire pour affirmer a Ions les yeux l’objcc tivité de son corps ressuscité ? Cf. Dubois, Revue du

< lergé français, 1905, t. xxiv, p. 629-630. La tradition

catholique admet que Jésus ressuscité a réellement

mange et par là. sans créer aucune illusion aux assistants, leur a donné une preuve de la réalité de son corps, i Néanmoins, ce fait ne prouve rien conln l’état glorieux du corps du Sauveur, s’il a mangi Jésus ressuscité ne l’a pas lait par besoin d’alimentation, car la nécessité de se soutenir par la nourriture prouverait qu’il n’est pas glorifié. Il a mangé réellement, parce qu’il en était capable. Ressuscité a l’état glorieux, il axait cependant un corps réel, un corps humain, un corps en chair et en os. possédant pai conséquent les organes de l’alimentation et de la digestion, et ces opérations physiologiques pouvaient se produire en lui naturellement. Il a donc mange, paue qu il en avait la capaciU et et l’a 1 lit, non pu nécessité, pour se sustenter, mais pour donner à ses apôtres une preuve de la réalité de sou corps ressuscité, cette réalité était conciliable avec son étal glorieux. » ! ’.. Mangenot, op. eit., p. 309-310. Il n’y a pas contradiction entre la notion du corps spiritualisé et glorifie et l’acte passager d’alimentation, produit rarement pour affermir la foi des apôtres en la résurrection corporelle de leur Maître. Saint Lierre affirme, lui aussi, que les apôtres ont mangé et bu avec Jésus ressuscil Acl., x. 11. et. si cette phrase du discours de Pierre est. par impossible, du rédacteur des actes, elle témoigne du moins de la croyance primitive. Sur la solution de celle difficulté, voir S. Thomas, Sum. theol., III », q. i.iv. a. 3, ad 3 Bm, qui se réfère lui-même à saint Augustin, De eivitate Dei. 1. XIII. c. xxii, P. L. t. xi.i. col. 395, et à Lîède le Vénérable, In Lucas vvni, gelium expositio, t. VI, c. xxiv. P. L.. t. xcii, col. 031. Cf. S. Jérôme. Liber contra Joannem Ilierosolymîtanum, n. 17, P. /… t. xxut. col. : ilt ; n. 37. col. 587 : Epist., cviii, ad Euslochium, n.’l’A. PL., t. xxii, col. 901. Parmi les protestants, M. Godet accepte l’explication de la tradition catholique : « On s’est heurté à ce fait que le Seigneur a mangé. On aurait raison, s il avai : mange par faim, mais cet acte n’était pas le résultad’un besoin, il voulait montrer qu’il pouvait manger, c’est-à-dire que son corps était réel, qu’il n’était pas un pur esprit ou un fantôme ». Commentaire sur V Évangile de saint Jean, Neuchâtel. p. 513. M. Dubois reconnaît que notre expérience n’embrasse pas toutes les virtualités de la matière et par là, sans s’y rallier laisse encore la porte ouverte à l’explication traditionnelle. Hernie du Clergé Français, 1905. t. xi.iv. p. 631.

L’autre preuve de la réalité du corps de Jésus, la présentation des marques de la crucifixion n’est pas non plus incompatible avec l’état du corps glorifié. La transformation subie par le corps de Jésus au sortir du tombeau exigeait-elle la disparition des cicatrices de la passion ? En devenant immortel le corps glorifié ne pouvail-il pas porter encore des traces visibles de sa mort alité ? Les considérations a priori sont ici hors de mise : les récits nous disenl ce qui a existé en fait, ce que les premiers chrétiens oui cru réel et véritable. Or. les rédacteurs des livres inspires n’ont pas n d’incompatibilité à la permanence des cicatrices de la passion dans le corps glorifié de Jésus, et Us théologiens en ont donné des raisons de convenances forl admissibles : la confirmation de la réalité de la résurrection, la puissance des supplications de Jésus par la voix de ses plaies ont paru a saint Thomas d’Aquin suffire a l’explication

de cette permanence. Cf. Sum. theol., III, q. i.iv, a. I.

Si Jésus refuse, a peine ressuscité, de se laisser toucher par Marie-Madeleine, Joa.. XX, 17. ce n’est ni parce que le corps ressuscité n’est pas sensible, ni parce qu’il n’est pas encore glorifié. Jésus n’étant pas remonté vers son l’ère ; Jean établit lui-même une équivalence entre la résurrection, ii, 22 et la glori 222

Bcation de Jésus, vu. 39 ; mi. ll>. Cf. Lopin. La valeur historique du quatrième évangile, t. i. p. 599-600. D’autre part. les sainte-- onmirs ne touchaient-elles pas les pieds de Jésus ? Matth., xxviii, 9. La raison

de la défense faite par Jésus à Madeleine est tonte différente et d’ordre moral et mystique. Jésus voulait vraisemblablement lui signifier que les anciennes

relations ont cessé avec la mort et que de nouvelles, tontes spirituelles doivent exister désormais après la résurrection.

2. Doctrine de saint Paul. - La doctrine de saint Paul dans I Cor., xv. confirme renseignement des évangiles sur l’état du corps ressuscité de Jésus. Pour saint Paul la résurrection de Jésus est non seulement le gage, mais encore l’exemplaire et le modèle de la nôtre. Cf. F. Pral. La Théologie de saint Paul, Paris. 1908, 1. 1. p. 186 ; F. Tillmann, Die Wiederkunft Christi nach den paulinischen Prie/en. dans les Biblischc Sludien. Fribourg-en-B., 1909. t. xiv, fasc. 1 et 2. p. 172. 178. Ce que dit saint Paul des corps gloriliés. I Cor., xv. 35-58. peut donc s’appliquer, en quelque mesure, au corps ressuscité de Jésus. « Si la résurrection répond à nos aspirations les plus intimes, le mode dont elle s’accomplira déconcerte notre imagination. Nous n’avons aucune idée d’un corps organique éternellement incorruptible. Nous ne concevons pas la vie sensible sans changement, ni le changement sans altération. Quand la mort a semé aux quatre vents du ciel cette poignée de poussière qui fut notre corps, où retrouver ces atomes épars engagés en mille combinaisons nouvelles et comment les empêcher i e se disperser encore ? Telle est l’objection que Paul prévoit et résout d’avance : « Comment les morts ressuscitent-ils, et dans quel corps viennent-ils ? » I Cor., xv, 35. Il est évident que notre corps doit subir une transformation profonde, il doit revêtir la forme du Christ qui « transfigurera le corps de notre humiliation », notre corps dans l’état de misère et d’épreuve, « pour le rendre conforme au corps de sa gloire ►, Phil., iii, 21, c’est-à-dire à so’n corps glorifié, transfiguration, si l’on considère que la personnalité sera élevée et ennoblie sans être détruite, transformation, eu égard à la nouvelle forme surnaturelle du corps ressuscité. L’Apôtre explique cette transformation ou cette transfiguration par l’exemple du germe. » F. Prat., op. cit., p. 191. Le grain jeté en terre ne pourrit pas et ne se dissout pas tout entier ; de sa dissolution même sort un germe vivant qui, produisant un organisme nouveau, continuera en quelque sorte l’être individuel dont il est issu. Il n’y a pas à proprement parler de création nouvelle dans la résurrection : il y a analogie avec la loi de la reproduction que Dieu a établie pour les plantes au moment de la création. Il y aura identité essentielle entre le corps mis en terre et le corps ressuscité, bien que l’état du corps ressuscité soit nouveau. Cette diversité des états successifs du même corps n’est pas un obstacle a la résurrection ni une difficulté à la toute-puissance divine. Saint Paul, pour le démontrer, indiqueles diversités des organismes qui peuplent l’univers, la terre et le ciel. v. 39-41. Dieu a donc des ressources infinies pour ressusciter les hommes dans un état différent de leur corps terrestre. Le corps semé a l’état de corruption, de déshonneur et de faiblesse, ressuscite incorruptible, glorieux et plein de force, i 42-43. Le corps semé, « ’est le corps non pas mis au tombeau, mais venu en cette vie, et ce corps est corruptible, déshonoré, c’est-à-dire sujet aux misères de la vie, infirme et animal. Cf. Tobac. I problème de la justification dans saint Paul, Louvain, . p. 83. Le corps ressuscité jouira de l’incorruptibilité, de la gloire, de la force. Ces différences des deux corps proviennent d’une première et radicale

différence sur laquelle il faut insister : le corps mortel est Ç’v.’- v psychique : le corps ressuscité est itveu{jumx6v, spirituel. pneumatique ». Le corps. matière organisée, durant cette vie mortelle est psychique, c’est-à-dire i formé par et pour une âme. destine a servir d’organe à ce souffle de vie a pelé V’j/r, qui a préside a son développement. F. Godet, Commentaire sur la première épître aux Corinthiens Neuchâtel, 1887, t. ii, p. 108..Mais, une fois ressuscité, le corps deviendra spirituel t non pas aérien ou éthéré, d’après le sens étymologique d’esprit, ni même sem blable aux esprits célestes dans sa manière d’être et d’agir, … niais dominé par l’Esprit de Dieu qui l’informe dans sa vie surnaturelle, comme l’âme le meut et le pénètre dans sa vie sensible. > F. Prat. op. cit.. p. 1’.1$1-$293.

Toutefois, l’Esprit de Dieu qui anime le corps ressuscite doit être conçu non comme étant Dieu directement, mais comme un élément supérieur émané de Dieu et agissant en vertu de l’Esprit divin. Il y a deux espèces de corps, le psychique et. le pneumatique, tout comme il y a deux Adams (de qui nous tenons la vie). Le premier nomme, Adam, est devenu une âme vivante, Gen., ii, 7, parce qu’il a été créé psychique, animal ; niais le second Adam, Jésus, chef de l’huma nité régénérée est devenu esprit vivifiant, soit à son incarnation, soit plus probablement à sa résurrection. En vertu de la génération naturelle nous tenons du premier Adam un corps terrestre, /oïx.ôv, psychique, qui appesantit l’âme et l’entrave dans ses opérations ; en vertu de la descendance naturelle, nous recevrons du second Adam un corps céleste, sTtoupxviov, spirituel, pareil au sien. I. Cor., xv, 45-49.

Ces allirmations nous permettent de conclure qu’à la résurrection, le corps de Jésus a subi, non pas seulement un réveil ou une réanimation, mais une véritable transformation, la mort n’ayant d’ailleurs accompli en lui aucune œuvre de dissolution. Mais la pensée de saint Paul l’éclairé d’un jour nouveau dans la deuxième épître aux Corinthiens. Il déclare nettement, v. 1-4, que le corps glorifié est une maison nouvelle destinée à remplacer notre maison terrestre, une maison éternelle déjà construite par Dieu et qui existe dans le ciel. Nous la revêtirons comme un vêtement nouveau qui n’est que le corps céleste, préexistant auprès de Dieu et que notre âme nue revêtira au jour de la parousie. Cf. A. Lemonnyer, Les Épîtres de saint Paul. Paris. I" partie, p. 201-203. Notons les deux idées : maison et vêtement. Le terme maison est employé pour marquer la permanence éternelle d’un état qui durera toujours par opposition à la situation transitoire et provisoire d’ici-bas : le terme vêtement sert à caractériser la transformation du corps à la résurrection. Cf. Le Camus. L’Œuvre des apôtres, t. iii, p. 258, note 1. Cette transformation n’est autre que la réception d’une qualité nouvelle, du vêtement de gloire que nous prendrons à la, résurrection générale. Cette interprétation est confirmée par Phil., ni, 20-21, où saint Paul écrit que Jésus reformera le corps de notre humiliation cou formément à son corps de gloire ; le corps de gloire du Christ, n’est pas autre que son corps mortel glorifié. Le corps glorifié manifeste IT’.spnt qui est en Jésus-Christ, qui est Jésus-Christ. II Cor., iii, 17 : qui est en Jésus-Christ comme principe vivifiant el animant, principe d’une vie nouvelle et transcendante, d’une nouvelle Vie déjà réalisée dans les âmes et qui doit s’étendre plus tard a toute la nature La coin munication de l’espril « lu Christ commence au bap

tême, qui résurrection avec le chrisi Rom.

vm. 9-13.

Nous pouvons conclure que la pensée de l’apôtre

sur la nature du corps glorieux de Jésus ressuscité, 1223

    1. JÉSUS-CHRIST##


JÉSUS-CHRIST. LA FOI DE L’EGLISE NAISSANTE

s.ms avoir la précision qu’exigeraient nos habitudes d’esprit…, est suffisamment claire. Ce corps n’est pas le simple cadavre réanimé du Sauveur, tout en demeurant identiquement le même corps, il a subi une transformation qui l’a rendu apte à la nouvelle situation du Sauveur, glorifié au ciel et agissant spirituellement dans l’Église… le corps glorieux de Jésus ressuscité était un corps terrestre vivant, spiritualisé, transie i me et vivifiant ». Mangenot, op. cit., p. 173.

3. Conclusion. — Des évangiles et des épîtres de saint Paul nous devons donc retenir la foi des apôtres en la résurrection corporelle de Jésus. Il est manifeste de plus que cette foi n’est pas le produit de leur activité personnelle : elle repose sur des faits, et des témoignages avérés. Elle suppose le miracle sans doute ; mais le miracle n’est-il pas à la hase même du christianisme ? C’est’le Christ tout entier, corps et âme, qui est revenu à la vie. L’humanité glorifiée du Sauveur <-st toujours son humanité. Mais le revêtement de gloire dont elle jouit après Pâques ne fait que mieux manifester l’esprit divin qui ranime. Cet esprit divin, nous en aurons nous-mêmes une émanation jour de la résurrection. Que dis-je ? dès le baptême nous y participons. Mais cet esprit en Jésus, c’est lui-même, car lui-même est Dieu. Les synoptiques en nous montrant le Christ humain et vivant de notre vie terrestre, nous ont laissé entrevoir sa divinité et nous ont révélé le mystère de l’IIoinmc-Dieu. Ce mystère nous est apparu plus clairement dans le fait de la résurrection. Et l’Église naissante y attachera sa foi ; mais Paul nous ramenant plus particulièrement au Christ glorieux, sans négliger la réalité de la chair de Jésus nous le manifestera plus expressément encore comme le Fils de Dieu, chef de l’Église et Notre-Seigneur.

sur la résurrection : V. Rose, Études sur les Evangiles, Paris, 1902, < via, p. 271-324 ; Mgr Chauvin, Jésus-Christ est-il ressuscité ? (Coll. Science et Religion), Paris, moi ; A. Cellini, Gli ultimi capi del teiramorfo c lu criticu razionalistica cioé l’Armonia dei quattro Evangeli nei racconti délia i>esurrezione, délie apparizioni c deW ascensione di.Y..s. Gesù Crisi ». Rome, 1906 ; J.-B. Ditteldorf, Die Auferstehung Jesu Christi (extrait dû Festschrlft zum Bischof-Jubilaum), Trêves, 1 906, p. 499-592 ; 1 1. Lesëtre, Jésus ressuscité, dans la Revue du Clergé français ; I907, t. iii, p. 241-263 ; P. Ladeuze, La résurrection de Jésus-Christ devant la critique contemporaine (Collection Science et Foi, n. I), Bruxelles, 1908 : E. Dentier,

nie Auferstehung Jesu Christi nach den lierielilen des Neuen

testaments (Biblische Zeitfragen, l" série, fasc. 6), Munster, 1908 ; E. A. Fabozzi, Lu resurrezione di Gesù Cristorivendicata délia critica <li Harnacke di Loisg, Naples, 1908 ; E. Roupain, La résurrection de Jésus-Christ, dans la liante des sciences i < -I le^iusii<iuis et la Science catholique, janvier 1909 ; Case, s..1., The résurrection faith « f ilie first disciples, dans The merican Journal o/ theology, 1909, t. iii, p. 169-192 ; i. Mac Rory, Some théories <>/ our Lord’s résurrection, dans rhe Irish theological Quarterhj, 1909, t. iv, p. 200-215 et surti ut E. Mangenot, .La résurrection de Jésus, Paris, 1910 ; iL. Pirot i. I -n résurection de Jésus-Christ et la critique contemporaine, dans l.’Ami du Clergé, t9211, 6 sept., 1 nov., 6déc. Parmi les protestants qui s’efforcent encore de maintenir la vérité de la résurrection : W. Beysch1ag, .Dfe Auferstehung Jesu Christi und ihre neueste Beslrettuna durch Slraus’s Leben Jesu, Berlin, 1863 ; 11. Gebhardt, Die Auferstehung (Jirisii iiiui ihre neuesten Gegner, Gotha, 1864 ; E. Gtlder, Du Thatsuchlicbkeil <ler Auferstehung Christi und deren Bestreitung, Berne, i.s<ii> ; trad. tr., Toulouse, 1866 ; W. Krûger, Die Auferstehung Jesu in ihrer Bedeutung fur den christlichen Glauben, Brème, 1867 ; F.-L. Steinmeyer, Apologelische Beitràge. III, Auferslehungsgeschichte dis Jlerrn. Berlin, isT.’i ; B.-F. Westrott, The Gospel of Oie résurrection, dans Introduction to Study <>/ Gospels, 1881, p.’.v.i’.141. (.. Schlottmann, Die Osterbotschaft und die Visionsypothese, Halle, ih.si ; -. w. MUllgan, The résurrection u/ ur Lord, Londres, 4e édit., 1894 ; J.-O. wiiiie, The appareances <>/ // » rfsen Lord ta Indlvlduals, dans Exposttor, , B99, i. if. p 69-7 l : Th. Koi il. Hie Auferstehung und Himmeljidiri unseres Hern Jesu Christi unier diiu Gesichtspunkte

einer genuuen Unterscheidung der in Betrachl kommenden ùbersinnltchen Gluubens und empirischen Geschichlstatsachen, Hauptoerhandlung, Halle, 1897 ; Id., même titre, 'ort>crhandlung. Unmittelbar in dus himmlische Parodies. Neulestameniliche Untersuchung ûberden Aufenthaltsori der Gerechlen ulsbald nach dem Tode, Halle, 1897 ; Id., Die Auferstehung Cliristi und die radikale Théologie. Die Feststellung und Deutung der gesehichtlichen Tutsuclwn der Auferstehung des Jlerrn durcit die /ortgeseltrittenc moderne Théologie (Arnold Met/er und II. Iloltzmunn) in krilischer Beleuchluntj, Halle, 1908 ; L. I.oofs, Die Auferstchungsberichle und ihr Wert (lleftc zur Christlichen Welt, n. : i : si, : i i édit., Tubingue, 1908 ; F. Hartlit, Die Iluujprobleine des J.ebens Jesu, 3’édit., GUtersloh, 1907.

Les discussions de ces ouvrages se rapportent en partie aux conclusions de la critique contemporaine, conclusions qu’on ne trouvera signalées qu’à la dernière partie de cet article : mais il fallait les marquer ici, àcausedes explications scripturaires qu’ils renferment se rapportant à la doctrine qui vient d’être étudiée.

17. L’HOMMB-DIEV ET LA FOI DE L’ÉGLISE NAIS-SANTE. — 1° Questions préalables. — l.Les trois aspects de la peYsonnalité du Christ. — Le Christ une fois remonté au ciel, la révélation de sa personnalité est complète : saint Paul et saint Jean n’y ajouteront que des traits secondaires ou relatifs au rôle que Jésus est appelé à jouer en tant que médiateur entre Dieu et les hommes ou fondateur du royaume de Dieu sur (erre. Mais les traits essentiels de Jésus, Messie et Fils de Dieu, glorieusement régnant à la droite du l’ère, sont fixés pour la foi chrétienne. Ces trois aspects de sa personnalité sont marqués et distincts. La foi de l’Église s’attachera désormais de préférence au Christ glorieux, vainqueur de la mort, remonté au ciel pour y gouverner l’Église par l’intermédiaire de l’Esprit Saint ; mais elle sait aussi que ce Christ, de toute éternité a préexisté en Dieu. Fils éternel du Père éternel, et elle n’oublie point que le Fils s’est lait homme et a vécu parmi les hommes sur la terre, qu’il a souffert, qu’il est mort sur la croix, avant de ressusciter glorieux et de remonter au ciel. Au mystère de la filial ion divine qu’on adore déjà dans le Christ préexistant, s’ajoute le mystère de l’incarnation, manifesté dans le Christ terrestre et consommé dans le Christ glorieux. VA. parce que le Fils de Dieu, en s’incarnant n’a pas acquis une personnalité nouvelle, mais s’est simplement uni substantiellement une nature humaine ; parce que son entrée dans le ciel n’a nullement modifié l’individualité du Christ, mais n’a fait que donner à cette individualité un nouvel état, celui dans lequel s’opère suivant la loi commune aux bienheureux, le rejaillissement de la gloire de l’âme sur le corps, instinctivement la loi des premiers chrétiens, en vertu de la loi si naturelle de la communication des idiomes, voir 1. vu. col. 595, attribuera au Christ préexistant les qualités ou les actions du Christ terrestre ou du Christ glorieux e réciproquement au. Christ terrestre ou glorieux celles du Christ préexistant, En cela, la foi n’est pas en défaut : elle rend simplement témoignage à la vérité de l’union hypostatique et de l’unique personnalité du Sauveur. Elle ne créé rien ; elle n’élève pas le Christ terrestre, celui qu’une certaine école appelle le i Christ historique » à un degré de perfection qu’il ne devrait pas avoir. Cf. Décret Lamenlabili, prop. 29, Dciizinger-liannwarl, n. 2029. Tout en attribuant légitimement les propriétés divines au Christ-I lominc, la foi de la primitive Église sait distinguer en Jésus l’humanité et la divinité ; mais elle les unit aussi dans l’unité de la personne même du Fils éternel de Dieu. 2. ha t<>i en Jésus-Christ, sous ce triple aspect. En’ait. la distinction entre le « Christ historique » et le i Christ de la foi » ne repose sur aucun fondement vrai et solide..lésus-ChrisI a toujours été. même pendant sa Vie terrestre, un objet de foi. Nous l’avons cou

staté plus haut, voir col. 1194, Jésus, en accomplissant dos miracles, se proposait d’exciter la fui de ses auditeurs, d’abord on sa mission messianique, ensuite on sa propre personne. Bien que les miracles ne prouvent pas directement la divinité du Sauveur, ils conduisent nécessaire nent à la croyance on cette divinité et c’est la que Jésus voulait amener finalement ses auditeurs. col. 1196. Il n’est pas inutile toutefois do préciser ici comment le Jésus de l’Évangile a pu être tout ensemble, pour ses contemporains, objet de connaissance directe ej sensible et objet de foi. L’objet de la connaissance directe et sensible était, en Jésus-Christ, l’humanité visible, palpable, vivante, susceptible de progrès, telle que nous l’avons décrite plus haut. Mais par de la cette humanité existait, dans le même Christ terrestre, l’objet île la foi chrétienne. Cet objet, c’est le mystère, révélé aux hommes par l’enseignement, les paroles et les actes île Jésus, enseignement qu’appuyaient, pour déterminer la volonté des contemporains de Jésus à l’acte de foi. les miracles, les « signes » accomplis par le Sauveur. Le mystère de Jésus est triple, correspondant aux trois aspects de sa personnalité. C’est d’abord, le mystère du Christ préexistant de toute éternité, et que Jésus a plusieurs fois révélé dans l’évangile : Anlcquam Ahraham /ieret, ego sum. Joa., viii, 58 : mystère que saint Paul et saint Jean mettront en un relief saisissant. C’est ensuite le mystère de l’incarnation du Fils de Dieu en Jésus-Christ avec les conséquences dogmatiques qu’il comporte, principalement l’union hypostatique. C’est enfin le mystère du Christ glorieux, ressuscité d’entre les morts : la vision du Christ ressuscité ne pouvait, même chez ceux qui eurent le bonheur d’être témoins des apparitions, être incompatible avec la foi au mystère du Christ glorieux : les témoins de la résurrection, en effet, n’ont jamais pleinement vu et compris l’état dans lequel Jésus se trouvait après sa mort et celui qu’il revêtit en entrant dans la vie glorieuse. Cf. S. Thomas. Sum. theol, III », q. lv, a. 2, ad 2um. Nonobstant la vision du Christ terrestre, il y eut toujours chez les contemporains de Jésus, place pour la foi « en JésusChrist. Fils unique de Dieu, Notre-Seigneur, qui a été conçu de l’Esprit-Saint, est né de la Vierge Marie, a souffert sous Ponce-Pilate, a été crucifié, est mort et est descendu aux enfers, est ressuscité des morts le troisième jour et est monté aux cieux ». Même les événements les mieux caractérisés au point de vue historique, comme la naissance, les souffrances, la crucifixion, la mort sont objets de foi, parce que l’aspect visible qu’ils prennent en l’humanité du Sauveur n’épuise pas leur réalité, attendu qu’ils sont la naissance, les souffrances, la crucifixion, la mort non d’un homme ordinaire, mais d’un Homme-Dieu. Et par là est rendue manifeste l’inanité et la fausseté de la distinction introduite entre le Christ historique et le i Christ de la foi », distinction qui n’a de valeur que dans la mesure ou le Christ dit historique ne serait pas Dieu incarné. C’est donc, pour ainsi dire, de plain pied que nous passons de l’histoire du Christ dans l’Évangile à la foi au Christ dans la primitive église aussitôt après l’ascension.

3. Le sens général de la prédication apostolique dans les Actes des Apôtres ou les épltres, autres que celles de Paul et de Jean. - Nous u-streignons à ces documents l’expression de la foi de la primitive église, parce que c’est là qu’elle se manifeste dans sa plus grande simplicité et qu’elle apparaît courue la continuation même de la foi qui s’exhale des récita dos synoptiques. Toutefois, cette croyance de l’Église primitive revêt deux formes assez différentes l’une extérieure, apologétique dans la prédication des apôtres et notamment dans les discours do Pierre, do Paul ot

d’Etienne, l’autre, plus intime et [tour ainsi dire cultuelle, exprimant cett croyance d’une manière plus simple et plus directe La prédication, on effet, ne pouvait, s’adressant à dos gens à convertir, que proposer la vérité d’une façon prudente et réservée : i tout orateur soucieux do convertir ne conduit cpte pai degré les âmes à la vérité ; il ne les jolie pas d’emblée dans l’inconnu et ne leur révèle que les mystères qui leur sont accessibles »..1. Lebrcton, Les Origines du dogme de la Trinité, p. 324.

2° La croyance de l’Église naissante en Jésus-Christ. Fils de Dieu. — Voir Fils de Dieu, t. v. col. 23972399.

3° La croyance de l’Église naissante en Jésus-Christ, homme, est mise en relief par la prédication apologétique de la mîssianité du Sauveur. Aussi bien, le Christ venait à peine de disparaître pour remonter au ciel, et nombreux étaient les témoins qui l’avaient vu ot avaient conversé avec lui. Il suffisait donc, pour affirmer l’humanité du Verbe incarné, de rappeler « le temps où le Seigneur Jésus a vécu parmi nous, à commencer du baptême de Jean jusqu’au jour où il a été enlevé d’au milieu de nous. » Act., i, 21-22. Ce temps est celui de la « manifestation » du Christ, I Pet., i, 20, de Jésus de Nazareth « qui a passé en faisant le bien et guérissant tous ceux qui étaient opprimés par le diable. » Act., x, 38. Saint Pierre, Act, il, 30 ; saint Paul, Act., xiii, 23, rappellent la filiation davidique de Jésus. Mais ils reportent surtout la pensée de leurs auditeurs à la passion du Sauveur, prédite par les prophètes, Act., iii, 18 ; xvii, 3 ; xxvi, 23 ; aux souffrances qu’il a endurées pour nous, nous laissant un exemple, I Pet., n 21 ; iv, 1, 13 ; v, 1 ; à la crucifixion, Act., ii, 36 ; iv, 10 ; x, 40 ; à la mort sur le bois de la croix, Act., v, 30 ; x, 39 ; xiii, 28-29, cf. Jac, iv, 11, à cette mort qu’a absorbée le Christ, I Pet., iii, 21, pour nos péchés, qu’il a chargés sur son propre corps, ii, 24. Les Juifs ont tué Jésus, Act., ii, 23 ; iii, 15 ; vii, 52, et son corps fut mis au sépulcre, xiii, 29. Nous sommes arrosés du sang, I Pet. i„ 2, du sang précieux, i, 19, de Jésus, notre Seigneur et Sauveur. II Pet., i, 11 ; iii, 2, 18. Mais Dieu l’a ressuscité d’entre les morts. Act., ii, 24, 31, 32 ; iii, 15, 26 ; iv, 10 ; v, 30 ; x, 40 (discours de saint Pierre) ; xui, 30 sq. (de saint Paul) ; cf. iv, 33 ; xvii, 3, xxvi, 23 ; I Pet., i, 21 ; iii, 18, 21. L’insistance des apôtres à souligner la résurrection de Jésus-Christ, outre le but apologétique qu’elle poursuit, marque bien la foi de l’Église naissante au Christ glorifié. Le livre des Actes ne débute-t-il pas d’ailleurs par l’histoire de la glorification du Sauveur dans l’ascension ? i, 9-11. Saint Pierre qui avait été témoin de la gloire de la transformation, II Pet., i, 17 ; revient à plusieurs reprises sur la révélation de la gloire du Sauveur, I Pet., iv, 13 ; v, 2, modèle et cause de notre gloire, v, 10 ; cf. i, 19 ; assis à la droite du Père, Act., ii, 33 ; v, 31 ; I Pet., iii, 22, Jésus voit les puissances et les vertus se soumettre à lui. I Pet., iii, 22. M*is le corps glorifié de Jésus est bien son corps : il a été vu après la résurrection, Act., xiii, 30 ; car Dieu a donné à Jésus ressuscité « de se manifester… aux témoins préordonnés… à nous, qui avons mangé et bu avec lui, après qu’il fut ressuscité des morts, t Act., x, 41.

L’Église naissante connaît aussi la perfection Intérieure, morale et surnaturelle, do cette humanité du Christ Jésus. C’est un homme juste et saint, iii, 14 (discours do Pierre) ; vu. 52 (d’Etienne) ; iii, 30 sq. (de Paul) ; cf. I, Pet. m. 15, véritable agneau sans tache et sans souillure, id., i. 19 ; homme que Dion a autorisé par les miracles et les merveilles accomplies par lui au nom do Dieu. Aol., ii, 22. Il a été « oint par Dieu d’Esprit Saint et do puissance. » x, 38 II a passé’lisant le bien, x, 38. Pierre parie de sa « longanimité.. 1 227

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JÉSUS-CHRIST. LA THEOLOGIE PAULINIENNE

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Il Pet., m. 15. Mais précisément parce qu’il est parfait, il nous faut pratiquer toutes les vertus pour entrer dans la connaissance du Christ. Il Pet., i. 8. lui réalité, connaître le Christ, c’est vivre « le la vie de la grâce, Il Pot., iii, 18, c’est posséder le remède contre les souillures du monde, n. 20.

On le voit, la prédication de l’Église naissante touchant l’humanité du Sauveur, sanctifiée par le contact de la divinité, montre tout le profit que nous-mêmes, suivant les exemples de Jésus, pouvons en retirer. Mais il y a plus, notre sainteté dépend de la sainteté de Jésus, parce que Jésus, pierre angulaire du nouvel ordre de choses, Act., iv, 11. est le médiateur et le sauveur universel, iv, 12 :, 43 (S. Pierre), mu. 39 (S. Paul), l’auteur de la vie. iii, 1 j ; ci. Joa., i. I. Par ses apparitions, Jésus montre qu’il gouverne vraiment les hommes : apparitions a Ananie, Act. ix, 10 sq., à Pierre, x. 9 ; xi, 5 ; à Paul, xxii, 6-18 ; et les fidèles se tournent vers lui instinctivement comme vers leur maître et Seigneur. Cl. vii, 55. 58, 59. Nous louchons de bien près a la théologie paiilinienne.

Voir Fils de Dieu, col. 2399.

Vil. LA THEOLOGIE l’A UUNIESSE DE JÉSUS-CBRIST SOTRE-SEIGNEUR. t° Le cadre de la théologie

paulinienne. — Elle se concentre sur le Christ ; tous les problèmes religieux sont étudiés en fonction de Jésus-Christ. Le Christ est le principe, le milieu et le terme de tout. Le nom de Christ (Xpurrôç avec ou sans l’article) paraît seul 203 fois dans les épîtres, l’épttre aux Hébreux mise à part : le Christ Jésus. 92 lois ; Jésus-Christ, Si lois : le Seigneur (Kupioç avec ou sans l’article) paraît seul 157 lois ; le Seigneur Jésus, 24 fois ; le Seigneur Jésus-Christ, (il fois ; Jésus seul, 10 fois. Cf. Prat, La théologie de suint Paul, t. ii, p. 40. « La doctrine de Paul n’est pas anthropocentrique et n’est point un simple corollaire de sa conception de l’homme ; elle n’est pas davantage théocentrique en ce sens que sa christologie et sa solériologie dériveraient de sa théodicée : elle a pour foyer de convergence le médiateur unique entre Dieu et les hommes, elle esi christocentrique. /<L, p. 18. La thèse de la justification est inspirée chez Paul par la controverse des judaïsants ; mais elle n’est qu’accès soire dans la doctrine de l’apôtre. Ce n’est pas encore comprendre toute la profondeur de cette doctrine que de s’arrêter à la personne de Jésus-Christ au moment de sa mort sur la croix, comme l’ont fait Sabatier. L’Apôtre l’uni. Paris, 1881, p. 233 ; Beyschlag, Neutestamenttiche Théologie, Halle, 1890, 1.11, p. 13-1 ; l’indlay, dans Dictionarg of the Bible, d Ha tings, Cm, p. 723. Sans doute, saint Paul a mis en relief le mystère de la croix. Gal., iii, 1 : I Cor., xv. 3 ; ii, 2 ; mais la mort du Christ en croix n’a de valeur que par la rédemption, laquelle suppose que Jésus a offert son sacrifice pour nous, son Père l’acceptant et nous en bénéli clant. La théologie de Paul, c ! est donc en réalité le Christ, mais le Christ souffrant, mourant, ressuscitant, vivant dans le ciel pour nous qu’il appelle par notre union a ses souffrances et à sa mort, au partage de sa résurrection et de sa vie glorieuse. En étudiant le Christ chez saint Paul, on ne peut donc, en réalité, le séparer de ceux qu’il esi venu rache r et faire ses cohéritiers. Cf. Prat. "P. ut., p. 50-56. Dieu nous a élus et prédestinés dans le Christ ; dans le Christ, il s’est réconcilié le monde, dans le Christ, nous naissons à la grflee ; dans le Christ aussi, nous serons vivifiés, ressuscites et glorifiés. Ce cadre très

spécial dans lequel évolue loule la théologie paulinienne n’apportera en réalité aucun élément étranger i la loi au Chrisi. telle que la professait la primitive Église nous l’avons brièvement constaté tout a l’heure à propos de la prière de saint Etienne ; mais

il servira puissamment à mettre en relief les fonctions, médiatrices et souveraines à la fois, qu’exerce le Christ glorifié par rapport aux membres de son corps mystique. C’est de la doctrine de la mort et de la résurrection en Jésus par le baptême. Col., ii, 12 ; m, I : Il Cor., v, 11-17 : Eph., i. 5-8, doctrine dont l’expression la plus complète est la doctrine du coprs de l’Église, dont les fidèles sont les membres et Jésus le chef. Eph., iv, 4, 11-16 : I Cor., vi. 15 ; xii. 27 ; Col., i, 18 : iii, 15, que l’on part très légitimement, en étudiant la théologie de saint Paul, pour aboutir à la filiation divine de Jésus, principe et modèle de noire filiation adoptive. Cal., iv, 4. Tout l’ordre surnaturel, dont le Chrisi est le centre, se résume pour Paul en quelques mots : « Tout est à vous, vous au Christ. le Christ à Dieu. » I Cor., iii, 222-23. Sur ce développement, voir I. Lebreton, Les origines du dogme de la Trinité, p. 352 sq.

lui demeurant dans ce cadre et en suivant la pensée de l’apôtre, nous voyons tout d’abord que Dieu a prédestiné et élu ceux à qui il lait miséricorde, de toute éternité et dans le Christ. Eph., i, 3-14. Si le péché est entré dans le monde, et par le péché, la mort, en raison de la désobéissance du premier Adam, la réparation ne pourra venir que du nouvel Adam Jésus-Christ, Rom., v, 12-21 ; I Tim., ii, 5, etc., par qui nous vient toute justice. C’est ce nouvel Adam, Jésus-Christ, chef de l’humanité régénérée, en qui et par qui les pécheurs retrouvent la justice, que nous devons étudier à la suite de Paul, non seulement dans sa personne et sa double nature divine et humaine, mais encore dans ses fonctions de « médiateur ». 1 Tim.. ii, 5, et de i chef ». Eph., i, 22.

2° L’/ personne de Jésus-Christ. — 1. Bien que le regard de saint Paul s’attache surtout au Christ glorifié, la préexistence éternelle du Fils est soulignée à plus d’un endroit : I Tim., I, 15 ; iii, 10 ; II Cor., vin. 9 ; Rom., vin. 3 ; Gal., iv, 4 ; Col., i, 12, le premierné de loule créature signifiant « né avant toute créai me, toutes choses ayant élé créées par lui et pour lui », . 10-17. Elle est explicitement enseignée dans Phil., ii, 0. Cette préexistence du Christ n’est pas la préexistence d’un homme, comme le vomirait

I loltLmann, Xeuteslarnenlliche Théologie, t. ii, p. S2, cf. I.agrange, Revue biblique, 1897, p. 168-474, nonobstant I Cor., xv, 47, ce dernier texte (homo… cœlestis) marquant l’origine céleste et éternelle du Christ, Homme-Dieu, en raison de sa nature divine, de sa personnalité et du droit qu’elle lui donne de posséder la plénitud de l’Esprit Saint pour lui et pour ceux qui lui sont unis. F. Prat, op. cit., t. ii, p. 251. Ce n’est pas non plus la préexistence idéale dans l’intelligence de Dieu, avant la créai ion du monde, comme l’insinuaient les rabbins ; cf. Weber, Judische Théologie, Leipzig, 1897, p. 198, 348, 354, cl supra, col. 1127. C’est la préexistence éternelle du Fils de Dieu. Voir ce mot, col. 2400-2402.

2. Saint Paul n’ignore pas non plus le Christ terrestre.

II nous faut ici insister davantage, car. venu après les autres apodes à la foi au Christ, il n’a vu celui-ci que dans une révélation particulière sur le chemin de Damas. Il n’a pas connu sa figure historique. Les rationalistes n’ont pas manqué de faire ressortir celle Infériorité de Paul. Renan, Saint Paul, Paris, 1869, p. 503. La thèse de Renan n’est d’ailleurs plus admise aujourd’hui : beaucoup de critiques, avec A. Sabatier, L’apôtre Paul, Paris, 1890, p. 01-02, admettent que la « révélation intérieure, In éclairant l’âme de Paul, illumina en même temps la vie historique du crucifié ».

on démontre d’ailleurs facilement quc le texte de

Il Cor., v, 10, derrière lequel se retranchent les derniers partisans de la thèse de Renan, ne prouve rien Contre la connaissance de la figure historique du 122 ! »

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JÉSUS-CHRIST. LA THEOLOGIE PAULINIENNE

Christ par saint Paul : la connaissance du Messie < selon la chair. dont parie id l’apôtre, est la connaissance qu’il a pu en avoir, avec les illusions grossières

et charnelles propres an peuple juif, comme si le Christ attendu eût <lù être un libérateur temporel. Cette connaissance-là. il ne l’a plus. Cf. F. Prat, op. /L. t. u. p. 237, note. Il n’est pas d’ailleurs nécessaire « le recourir à l’explication de Sabatier pour [der à saint Paul unv vraie connaissance de la e historique du Christ : l’apôtre des nations a M connaître par les témoins de la vie de Jésus (tradition qui devait être plus tard fixée dans les synoptiques) les faits importants île l’existence du Sauveur. Cf. V. Rose, Études sur lu théologie de saint l’aul. dans Revue biblique. 1902, p. 321-346 ; l""i. p. 340-342. Et la théologie de saint l’aul touchant l’homme qu’était Jésus-Christ, accuse nettement cette connaissance.

u) Jésus-Christ, hmnme. — L’expression est de saint l’aul. I Tim.. ii, 5 : JtvOptorcoç Kpurroç’IifjaoQç. : elle est formulée à propos de la médiation du Christ et, dans la pensée de l’aul. cette médiation est principalement rédemptrice. C’est qu’en effet, pour nous racheter, il faut que Jésus soit homme : Par un homme. iî’.' xvfioûicou, est venue la mort et par un homme la résurrection des morts. * I Cor., xv, 21 : cf. Rom., v. 15 ; vin. 3. La netteté de ces expressions nous oblige à donner à d’autres expressions moins précises le sens d’une humanité parfaite et entière, consubstantielle à la notre. En parlant d" homme céleste.

I Cor., xv. -17. Paul fait allusion à l’origine éternelle de la personne du Christ ; voir ci-dessus ; il oppose

is a Adam, formé de la terre, et incapable de -mettre à ses descendants une vie autre que la vie « psychique >. En affirmant que celui qui « était dans la forme de Dieu a pris i la forme d’esclave, ivant été fait semblable aux hommes et reconnu pour homme par les dehors >, Phil.. n. C>. saint Paul ne nie pas la réalité de la nature humaine, car si le Christ a été reconnu pour homme, c’est que l’expérience de sa vie entière l’a manifesté i tel. Enfin, si Dieu a envoyé son Fils dans i la ressemblance d’une chair de péché —, le terme ressemblance, similitudo, affecte le péché dont Jésus n’a pas connu la souillure, mais non la chair qui, par sa réalité, était identique à la nôtre : Jésus n’est-il pas venu « condamner le péché dans la chair ? » Rom., viii, 3. Cf. Prat, op. cit., t. ii, p.227228 et 260. Donc, en raison de sa mission parmi nous, il faut que le Christ soit homme, comme nous : il est le nouvel Adam, Rom., xii, 15 : I Cor., xv, 22. 45 ; le premier-né d’entre les morts. Col., i, 18 ; le premierné d’entre les frères. Rom., viii, 29 : le pontife, Heb., ii, 17 : iv. Il : v, 1-10 : toutes ces prérogatives supposent, en effet, que le Christ a une nature absolument identique à la nôtre : il devait venant nous racheter du péché, apparaître dans la chair. I Tim.. m. 1 6, emprunter sa chair à la masse pécheresse, revêtir dans la chair la ressemblance du péché afin de condamner le péché dans la chair. Rom., viii. 3. Sur la signification dn mot chair, voir Incarnation, t. vu. col. 1446-1 150.

II est né (fait) de la femme, Gal., iv, 4, Yevôpxvov ht

L-, -.. de la race d’Abraham, Cal.. iii, 10 ; Rom., ix. 5 ; 4e la descendance de David. Rom., 1, 3 ; II Tim., ii, s. H a un véritable corps de chair. Col., i, 22 ; Eph., n. Il ; Rom., viii, 3. Il a des parents ; des frères, 1 Coi.., ix, 5 : Jacques est son frère, (.al., i, 19. La vie historique de Jésus est aussi connue que sa personne :

lUVem* est apparu comme un esclave. Il Cor.. vin, « J ; Phil., ii, 7 ; s est soumis a la loi de Moïse, Cal., iv, 4 ; a obéi à la volonté de i Heu, son Père jusqu’à la mort sur la croix. Phil., ; i, 8. S’il a été le serviteur des circoncis > (c’est-à-dire s’ji j limité son ministère aux seuls Juifs), c’est qu’il voulait i prouver la véra cité de Dieu en confirmant les promesses faites aux pères, i Rom., xv..S ; cf. i.. !  ; Il Cor., i, 19. Il fut rempli du Saint-Esprit. Rom., i. I. cf. Il Cor., m. 17. Saint Paul connaît et rapporte plusieurs de ses paroles, I Thess.. iv, 15 ; I Cor., vu. 10-25 ; ix. Il ; il connaît les apôtres, 1 Cor., ix.."> ; xv, 5, 7, au collège desquels

il a été agrégé, malgré son indignité, par Jésus lui-même. 1 Cor., xv, 8-10 ; mais dont Pierre ou Cépha ; .si le cheꝟ. 1 Cor., i. 12 : m. 22 ; i, ."> : (lai., 5, 13 ; ii, 7-8. l’aul a connu également les miracles du Sauveur ; il les sous-entend lorsqu’il parle des « signes (le l’apôtre », qu’il a donnés comme les autres, signes accomplis au nom de Jésus et qui sont la continuation et la répétition des siens. Cal., ni, I ; II Cor., xii. 12. i Rose, Revue biblique, 1903, p. 340-341. Cf. Rom., xv. 16 sq. Pourquoi ne trouve-t-on pas dans saint Paul plus d’allusions a la vie historique île Jésus-Christ’.' C’est très vraisemblablement, pour ne pas dire à coup sûr, parce que l’enseignement propre à saint Paul se superpose à une catéchèse apostolique faite aux néophytes, uniformément et obligatoirement, avant la collation du baptême. Cette catéchèse, à la fois historique, dogmatique et liturgique, instruisait les néophytes de ce qui concernait Jésus, ~x r.z-A’Irjpo j. Act-, xviii. 25 ; Cf. xxviii. 31 ; Col., iv., S ; Eph., VI, 22 ; Phil.. n. 19-20 ; F. Prat., op. cit., t. ii, note B, p. 61-66. El c’est sans doute en puisant dans le contenu de cette catéchèse que saint Paul, occasionnellement, rappelle aux Corinthiens la résurrection de Jésus : Irtulitli enira vobis… quod et accepi ; I Cor., xv, 3-8 ; et l’institution de l’eucharistie, xi, 23-26.

Le récit de l’institution de l’eucharistie appartient « l’ailleurs à un ordre de faits sur lesquels saint Paul, en raison d’un intérêt dogmatique visible, devait insister davantage : il s’agit des faits relatifs à la mort du Sauveur, c’est-à-dire à notre rédemption. Saint Paul rapporte la trahison de Judas, I Cor., xi, 23 ; les outrages infligés à Jésus, Rom. xv, 3 ; les souffrances par lui endurées. II Cor., i, 6 ; Phil., iii, 10 : l’amour qui pousse le Sauveur à la mort. Gal., ii, 20 ; Rom., viii, 37, et à la mort de la croix, Gal., iii, 13 : Col., ii, 14 ; mort subie sous le gouvernement de Poncel’ilate. I Tim., vi, 13. Nous avons déjà vu plus haut comment saint Paul ne l’ait que répéter l’histoire evangélique en ce qui concerne la sépulture, la résurrection et la glorification du corps du Sauveur. Voir col. 1214. Maintenant Jésus est monté au ciel où il trône à la droite de Dieu, Rom., viii, 31 ; Eph., I, 20 : on l’attend pour juger les vivants et les morts, IThess., i, 10 ; iv, 16 ; IIThess., 1, 7 ; Phil., ni. 20. Mais, il faut le reconnaître, le Ghrist de l’histoire n’a pas retenu l’attention de saint Paul et ce n’est pas vers lui qu’il va diriger l’humanité, i Il avait contemplé le Christ ressuscité, il l’avait fixé dans son éclat de Fils cle Dieu, il reçut de cette vision une empreinte définitive. Il rejoint le Christ la. où il le trouve et il s’attache à lui non pas dans le moment historique — déjà évanoui — (le son court apostolat, mais dans le moment éternel et supraterrestre où, source de salut et de vie divine, il exerce pleinement son action messianique, où toute puissance lui a clé donnée au ciel, sur la terre et aux enfers. Etre l en Christ-JésUG », c’est adhérer au Christ dans son étal glorieux ; c’est, pour reprendre une comparaison connue, s’envelopper

dans cette atmosphère divine, la seule qui soit, déformait «  « naturelle au chrétien, i V, Pose, Revue hiii, i /-, I’mi :  ;. p. 342.

mu la connaissance qu’a eue Paul de la personne bistoiqne de Jésus, outre les articles de n. Rose, dans la Bévue HWque, citons Prat, La théologie de S. Paul, t. a, p. 239 sq., Mgr Battflol, Orpheus etTÉoanglle, Paris 1910, p. 85-113,

t parmi les protestants, d’après Prat, l’aret, PDaflH uiul

/sus ÇEtntge Bemakungea uIht <in VertotMiiin des Apoaleh

Paulus und seiner Lehre zii der Person, dem Leben und der Lehre des geschichtlichen Christus), dans Jahrbiicher fur ileutsche Théologie, t. iii, p. l-8."> ; Schmoller. Die qeschichtliche Person Jesu nacii den pcuilinischen Sehriften, dans Studieii und Kritik, t. xi.vii (1894), p. 636-705 ; Noesgen, Die apostolische Verkùndiguna und die Gesehiehte Jesu, dans Nette Jahrbûcher fur deutsche Théologie, t. IV, p. 46-94 ; KnowHng, The lestimony of SI Paul to Christ, 1905 ; G. Malheson. The historieal Christ of St Paul d’après les quatre grandes épttres, onze articles parus dans l’Expositor, II* série, 1. 1 et u (18811882) ; Sanday, St PauVs Knowledge o/ Christ, dans Dictioiitinj o/ Christ and the Gospels de Haslings, t. ii, p. 888-889 ; Drescher, Dos Leben Jesu bei ! Paulus, Giesscn. 1900 ; R. Martin Pope, St Paul and the historié Jésus, dans The London quarterlg review, juillet 1920 ; F. Prat, Saint Paul et le IHiulinisme, dans le Dictionnaire apologétique de lu Foi catholique, t. iii, col. 1631-1634 ; L. de Grandmaison, l.c Clirist de l’histoire dans l’œuvre île saint l’uni, dans Recherches </<-.’, Sciences religieuses, décembre 1923.

b) Jésus-Christ Dieu. — Saint Paul ne sépare pas, en Jésus, Dieu de l’homme. Sur la divinité de Jésus-Christ, la nature et la personnalité divines du Fils de Dieu, voir ce mot, col. 2400-2402.

c) l’iiion de Dieu et de l’homme en Jésus-Christ. — Elle est enseignée par saint Paul surtout dans Col., ii, 9 et Phil., ii, 2-6. Sur le sens et la portée de ces textes, voir Hypostatique (Union), t. vii, col. 447-449. L’union des deux natures en une personne est également supposée par la communication des idiomes, dont saint Paul a fait un si fréquent usage. Ibid., col., 445-446.

3. Saint Paul étudie surtout le Christ glorieux, parce (|iie le Christ, remonté à la droite de Dieu son Père. est le principe de notre vie surnaturelle et de notre gloire future. Voir ci-dessus, col. 1221 sq. L’entrée du Christ dans la gloire par la résurrection est comme une naissance véritable, Act., xiii, 33 ; mais nous avons déjà VU que saint Paul, d’accord avec la tradition qui sera fixée par les évangéhstes, professe l’identité du corps historique et de la personne historique du Sauveur avec le corps glorieux et la personnalité transcendante et divine que la foi confesse en Jésus ; voir col. 1222. Si la théologie paulinienne s’attache <le préférence au Christ glorieux, ce n’est donc pas pour marquer une différence ontologique entre le « Christ de l’histoire » et le « Clirist de la foi », c’est pour déterminer plus explicitement les relations que Jésus, en sa qualité d’envoyé de Dieu et de Sauveur des hommes, a acquises vis-à-vis de nous. Si saint Paul rapporte ces relations au Christ glorieux c’est que c’est du haut du ciel où il siège à la droite de Dieu le Père que Jésus-Christ exerce son influence siliceux qu’il a rachetés jadis sur la croix et que sa gloire

— la gloire qu’il a niérite pour lui-même par son sacrifice — est l’exemplair et la source de celle qu’il nous a méritée à nous-mêmes. Évidemment, ces relations du Christ avec les hommes supposent le mystère de la rédemption ; mais elles présentent des aspects si entièrement unis à la personne même du Christ qu’on ne saurait les en séparer et que la Christologie les réclame connue une matière propre.

u) Jésus, envoyé de Dieu : le médiateur. Le but de la mission rédemptrice <le Jésus est marqué dans Gal., IV, 4 : « racheter ceux qui étaient sous la loi. pour que nous lussions adoptés comme enfants. Avant d’étendre à tous les hommes le privilège de la filiation adoptive, il fallait tout d’abord délivrer les Juifs et les débarrasser de leurs privilèges onéreux, c’est également ce qu’exprime, sous une autre forme, Rom., vin. 3-4 : le Christ vient condamner le péché dans la chair afin de nous donner la justice qu’exigeait la Loi sans la pouvoir conférer. Sur ces deux textes, voir F. Prat. op. cit., f. u. note L, p. 257-261. Celle mission constitue Jésus-Christ mandataire de I >icu et représentant des hommes, c’est-à-dire « média teur ». Le mot médiateur appliqué par saint Paul à Jésus-Christ n’existe que dans I Tim.. n.."> : mais l’idée exprimée par ce mot se retrouve sous plusieurs formules de l’apôtre. Toutefois la médiation qui, onlologiquement. est déjà vérifiée dans les deux natures du Sauveur, unies hypostatiquement dans la personne du Verbe, qui, psychologiquement, se trouve réalisée dans l’état propre au Christ, état intermédiaire entre la voie et le terme, est étudiée par saint Paul surtout au point de vue de notre vie surnaturelle, en tant que le Christ est dispensateur à notre endroit des bienfaits divins dont il est l’unique dépositaire : « Le Christ de saint Paul n’est pas un simple médiateur naturel, comme le Logos de Philon ; c’est un médiateur de grâce et de salut. Par lui, en effet, nous avons la grâce, Rom., i, 5 ; v, 21 ; par lui. le salut, commencé ici-bas, consommé dans le ciel, I Thess., v, 9 ; II Tim., iii, 15 ; par lui la justice et le fruit de la justice, Rom., iii, 27 ; Phil.. 1, 11 ; par lui, la justification, Rom., v, 18 ; Gal., ii, 16 ; par lui. la rédemption, Rom., ni, 24 : Eph., i, 7 ; par lui, la réconciliation, Rom., v, 10-11 ; II Cor., v, 18 ; Eph., ii, 16 ; Col., i, 20-22 ; par lui, la paix, Rom., v, 1 et la pacification générale. Col., i. 20 : par lui, le libre accès auprès de Dieu, Rom., v. 2 : Eph., ii, 18 : par lui un refuge assuré contre la colère divine. Rom., v, 9 ; par lui, la consolation spirituelle. II Cor., i, 5 et la confiance que rien ne trouble, II Cor., iii, 1 ; par lui, le don du Saint-Esprit, Tit., iii, 6 et le filiation adoptive. Eph., i, 5 : par lui, la victoire sur tous nos ennemis et en particulier sur la mort. Rom., viii, 37 ; I Cor., xv, 57 ; par lui. le règne sans fin. Rom., v, 17. C’est par lui seul que nous pouvons nous glorifier en Dieu, Rom., v, Il et que nous devons adresser à Dieu nos actions de grâces, Rom., i, 8 ; vii, 25 ; xvi, 27 ; car, comme toutes les promesses divines ont eu en lui leur oui, c’est-à-dire leur accomplissement, par lui aussi les fidèles prononcent leur amen, dans un acte de foi sincère et reconnaissante, pour faire remonter vers Dieu tout honneur e’. toute gloire. II Cor., i, 20. En un mot, dans l’ordre de la grâce encore plus que dans l’ordre de la nature « tout est par lui (ou pour lui) et nous sommes pour lui ». I Cor., viii, 6 Si’ou : (variante : Si’Ôv) Ta rcâvra xai Y) ! i.eïç Si’aÙToû. F. Prat, op. cit., t. ii, p. 248-249. En toutes ces affirmations se trouve analysé le sens de l’expression si fréquente, chez saint Paul, in Christo Jesu. Cf. Lebreton, Les origines du dogme de la Trinité, p. 355 sq. Voir plus loin.

Pourquoi le mot de médiateur est-il si rarement employé par saint Paul ? 1 Tim.. ii, 5 ; cf. Heb., vur, 6 ; ix, 15 ; xii, 24. Dans le sens usuel du mot. fait remarque] le P. Prat, p. 219, o le médiateur est étranger aux deux parties qu’il met en rapport. » Or Jésus n’est pas un médiateur ordinaire : en lui habite corporellenient la plénitude de la divinité, Col., ii, 9, et il est réellement homme comme nous. Aussi saint Paul l’appclle-t-il plus volontiers le < nouvel Adam ». Sur Adam, figure île Jésus-Christ, voir 1. 1, col. 384-386. Le premier Adam, par suite de sa condition naturelle et de sa faute, ne peut transmettre à ses descendants qu’un corps psychique et mortel. « Terrestre », il ne donne naissance qu’à des hommes terrestres. Jésus, le nouvel Adam. est, a tous les titres. < céleste », et par sa préexistence, et par sa gloire présente, et par l’influence vivifiante qu’il exerce sur les hommes. Par sa résurrection glorieuse, en effet, il est devenu esprit vivifiant, capable de communiquer la vie spirituelle dont il est doué. On comprend ainsi la place qu’occupe le nouvel Adam par rapport au premier. Cꝟ. 1 Cor., xv. 21-22 ; Rom., xil, 11-11, 15, 16, 17. 18. 19. 20 21. Sur l’origine du nom : o nouvel Adam », voir F. Prat op. cit., t. ii, Note M, p. 26 1-201. La bibliographie SUT la conception de l’homme céleste opposé à.l’homme terrestre, dans Prat, ibid., 123 :

    1. JÉSUS-CHRIST##


JÉSUS-CHRIST. LA THÉOLOGIE PAULINIENNE

L234

p. 169-171 ; et Koltzmann, N. T. Théologie, t. ii, p. 55.

b) Jésus, chef des hommes et des anges : sa primauté sur toutes choses. a. Parce qu’il est le nouvel Adam. Jésus-Christ est le cliej des hommes, à qui il communique la vie de la grâce. Cette nouvelle donnée de la christologie paulinienne se rapporte au Christ mystique, qui ajoute au Christ naturel. Verbe Incarné, prêtre-victime du Calvaire, le corps mystique de l’Église « complétant son chef et complétée par lui ». Sur la dénomination du Christ, étendue au corps mystique, cf. Gal., m. 1 iï : I Cor., xii. 12. Dans cette qualité de chef du corps mystique. Paul n’attribue pas seulement à Jésus-Christ une prééminence quelconque sur les hommes. Col. n. 10 : si Jésus est la tête du corps, de l’Église ►, Col., i. 18, c’est parce que l’Église, formée des chrétiens, trouve en lui non seulement prééminence et supériorité, mais i influx vital et communauté de nature, principe d’unité et mesure de perfection. » F. Prat. La théologie de S. Paul, t. i, p. 121. C’est le sens exprès qu’on trouve dans Eph., î. 22-23 ; v, 23 éclairés par Col., ii, 19, et Eph., iv, 15-16. Cf. Abbott, Epistles to the Ephesians and to the Colossians. Edimbourg, 1897. p. 271-272 : 123-128. La tête est. aux yeux de Paul, le centre de la personnalité, le lien de l’organisme et le foyer de tout influx vital. Ce rôle de chef ou de tête dans le corps mystique des chrétiens fait mieux comprendre certaines formules pauliniennes : revêtir le Christ, Gal., iii, 27 ; être greffé dans le Christ, Rom., xi, 24 ; être créé dans le Christ, Eph.. n. 10 ; être en participation du Christ, I Cor., i. 9. etc., et plus simplement, être de Jésus-Christ ou dans Jésus-Christ. Sur l’emploi de cette formule, voir Deissmann. Die neutestamentliche Formel < in Christo Jesu », Marbourg, 1892 ; et sur sa signification, voir E. Prat, op. cit., t. i, p. 424-426 ; NoteT, 434-436 ; t. ii, p. 422-424 ; Lebreton, Origines du dogme de la Trinité, p. 355-356. Sur l’enseignement général de saint Paul, touchant l’Église, corps du Christ, voir Église, t. iv, col. 2150-2151.

Précisons cependant avec le P. Lebreton, op. cit., p. 358 que « Jésus n’est pas seulement ni surtout (pour saint Paul) l’homme idéal qu’il s’efforce d’imiter, ni l’ami qu’il est impatient de rejoindre ; c’est la source de vie, c’est le chef dont il est membre. Mais, d’autre part, il faut bien le remarquer, la personne historique de Jésus ne s’évanouit pas dans cette doctrine : pour être « esprit vivifiant » et principe de toute vie, le Christ n’a pas dépouillé sa réalité concrète et n’a pas été réduit à un symbole mystique. Les textes… le disent assez : c’est dans la mort de Jésus que le chrétien a été baptisé, Rom., xiv, 7-9 : et c’est dans sa résurrection qu’il ressuscite, II Cor., v, 14-15. L’épître aux Romains insiste plus encore sur cette vérité et fait mieux entendre la continuité de la vie du Christ sur terre et de sa vie dans les fidèles : tout le genre humain apparaît comme concentré en deux hommes réels, Adam et Jésus-Christ. Il n’y a point seulement en ce monde deux forces abstraites, chair et esprit, mort et vie, mais il y a avant tout deux hommes, deux chefs de l’humanité : de l’un vient la mort, de l’autre la grâce et la justice ; et la source de cette action mortelle et vivifiante, c’est la désobéissance de l’un et l’obéissance de l’autre. - Rom., v, 12-21. Cf. ci-dessus, col. 1228.

b. Le rôle de chef de l’humanité se complète, pour saint Paul, par celui de soutien du monde : l’action du Christ s’étend à toutes créatures. S’il est vrai que le monde a été créé pour l’homme, il n’est pas difficile de concevoir que, du fait de la chute de l’homme, il a été dévié de sa fin et asservi à la vanité et que seul le relèvement de l’homme peut l’en affranchir. J. Lebreton, op. cit., p...71. L’œuvre du Christ incarné

sera donc la restauration et en même temps la consommation de l’œuvre du Christ préexistant : « Tout a été créé par lui et pour lui. » Col., i, 16. Il faut donc absolument allirmer que le Christ possède la primauté sur toutes choses. Eph., i. 21-23 ; Col., i, 18. Ce n’est pas seulement comme Dieu que le Christ possède cette primauté, c’est aussi comme homme, et saint Paul affirme en un parallélisme saisissant la primauté du Christ sous ces deux aspects, l.e P. Prat, op. cit., t. ii, p. 215-216, a bien mis en relief le parallèle intentionnellement sans doute institué par saint Paul :

Primauté du C.hkist selon Primauté ou Cniusr selon

LA NATURE DIVINE DANS LA NATURE HUMAINE DANS

LA CRÉATION : L’ÉGLISE :

-voTOTrjy.o ; rrâo-r, ; xTt<x£i ; npiottStoxo ; ex t<5v vexpûv’tCol., 1, 15). Christ premier- (Col., i, 18), né.

iv a-J : (i> ixTÎ<r8Y) ?à îrdtv7a.., 71 âv’> ; y ; 0|Aev 7r, v àitoX’JTpcoo’tv TcivTa èv aJToi auvéffTïixev (Eph., 1, 7). (Col., r, 16, 17). Ordre de la

cause formelle ou exem plaire.

cà itàvra Si’aûtoû sVccarai ôi’a-Jto-j àitoxaTa).).x : a : (Col., 1, 16). (Col., i, 20).

5 ; ’o-j -i Ttàvxa (I Cor., viii,

6). Ordre de la cause effi ciente.

tx TtàvTOt… eîç aJTÔv sxTitTTat tx-xvtx ï !  ; aOrdv (Col., 1, 20). (Col., i, 16). Ordre de la

cause finale.

D’ailleurs tout en distinguant, et d’après la pensée de saint Paul lui-même, les relations qui conviennent au Christ, comme Dieu, dans sa préexistence, et comme homme ou Verbe incarné, dans sa vie humaine, terrestre et glorieuse, nous savons que la communication des idiomes permet de transférer au Christ-Dieu les rôles et attributions du Christ-homme et réciproquement ; d’ailleurs toutes les relations du Christ sont coordonnées entre elles et orientées vers une même foi, et par suite de cette unité, la primauté du Christ s’affirme purement et simplement ; un mot la résume : Kûpioç’Iy)o-o>jç, Jésus est Seigneur. Act., xvi, 29 ; Rom., x, 9 ; I Cor., xii, 3, etc.

Cette « seigneurie » que l’Église naissante confessait déjà en Jésus-Christ, voir Fils de Dieu, col. 23982399, exprime bien la primauté sur toutes choses du Christ, Dieu sans doute, mais homme aussi. Le Christ est Seigneur, parce qu’il est d’avance le juge de tout et de tous ; il « éclairera ce que les ténèbres cachent et manifestera les secrets des cœurs. » I Cor., iv, 5. Le < jour du Seigneur », I Cor., iv, 5 ; v, 5 ; II Cor., i, 14, I Thess., v, 2 ; II Thess., ii, 2 : la < parousie du Seigneur », I Thess., ii, 19 ; iii, 13 ; v, 23 ; II Thess., ii, 1 ; 1’ « épiphanie du Seigneur ». I Tim., vi, 14 ; cf. II Thess., i, 7, désignent le jour du jugement, qui est aussi le « jour du Christ Jésus », Phil., i, 6, 10 ; ii, 16 ; le « jour de N’otrc-Seigneur Jésus-Christ ». I Cor., i, 8 ; II Cor, I, 14. Mais dès maintenant, le Seigneur est le maître de tout et de tous, « des morts et des vivants ». Rom., xiv, 7-9. Son domaine est absolu : les siens sont ses esclaves. Rom., i, 1 ; I Cor., vii, 22 ; Gal., i, 10 ; Eph., vi, 6 ; Phil., i, 1 ; Col. iv, 12. Les autres ont pour « seigneur » le péché, Rom., vi, 14, 17, 20 ; la mort, Rom.. v, 14 ; 17 ; vi, 9 ; la loi, Rom., vi, 1 ; Gal., iv, 5 ; iii, 23 ; mais de cette servitude le Christ nous a rachetés, comme par un affranchissement sacré, pour nous faire siens. Gal., iv, 4-5 ; cf. iii, 13 : I Cor., vi, 19-20 ; vii, 23. Sur l’expression àrfoppav tiutjç de ces deux derniers textes, voir A. Deissmann, Lichl vom Oslen, Tubingue, 1908 p. 240 sq. L’esclavage du Seigneur est en réalité la liberté ; liberté qu’il ne faut plus perdre pour redevenir les esclaves des hommes. I Cor., vii, 22-21 ; cf. Gal., ii, 4. Tous les chrétiens ont l<- même maître, Rom., x, 12 : Eph., vi, 9 ; Col., iv, 1, et c’est à lui seul 123 :

    1. JÉSUS-CHRIST##


JÉSUS-CHRIST. LA THÉOLOGIE PAULINIENNE

1230

qu’ils doivent obéissance. Eph., v, 22 ; i. 7-8 ; Col., m, 23-24. i Le chef de tout homme est le Christ.’I Cor., xi. 3.

c. Mais saint Paul, insistant sur la primauté absolue <lu Christ, déclare Jésus chef des anges. A force de compter sur la médiation des anges, les Colossiens risquaient de méconnaître le grand médiateur, Jésus-Christ. Tout en recommandant le respect « les anges, saint Paul ne veut pas que le culte rendu à ces puissances tourne au détriment de celui qui est dû au Christ. Le Christ est supérieur aux anges, Col., i. 16 ; cf. Eph.. i. 21, soit comme Dieu, parce qu’il est leur créateur, soit même comme homme, parce que Dieu l’a fait asseoir à sa droite, au-dessus de toute principauté, et puissance, et vertu, et domination, et de tout (autre) nom prononcé non seulement dans ce siècle, mais dans le siècle à venir, i Eph., i. 21. Comme homme, Jésus-Christ est le chef des anges : è<rov ô xcçocXt] "irr/ç ipy/7, ; xod èÇooaiaç, Col., ii, 10. Par là, Paul veut-il affirmer que la ^ràce des anges dérive du Christ’.' Nous ne le pensons pas. l.a pacification universelle. Col., I, 20, n’implique pas que le Christ, par le sang de la croix, ait racheté les anges ; mais il a réconcilié l’homme à Dieu et par là fait la paix aux cieux et sur la terre. Les anges, soumis à la volonté divine, concourent à l’exécution de la rédemption et par là, le Christ-homme devient en quelque sorte leur chef. Pour plus de développements, voir Lncarna noN, t.

. col. 1 187-1488 ; 1504-15U5.

c) Conséquence : lu plénitude de grâce dans l’âme du Christ. — Le Christ, venu sur terre pour réparer le péché ne pouvait avoir le péché. Lui-même le proclame dans l’Évangile, .loa., viii, 29, 46. Cf. I Pet., i. 1 ! » : n. 22 ; 1 Joa, iii, ."> ; Heb., iv 13 ; vir, 26. Saint Pau] l’affirme expressément : i Celui qui ne connaissait pas le péché. Dieu l’a fait péché pour nous, afin qu’en lui nous devinssions justice de Dieu. » II Cor., v, 21. L’aflirmation de l’absence du péché en Jésus implique celle de sa justice et de sa sainteté : pour l’auteur de l’épître aux Hébreux le pontife « sans tâche et séparé des pécheurs > doit être « saint, innocent », vii, 26 ; pour saint Pierre, le Christ « qui n’a pas commis de pèche, I Pet., ii, 22, est mort pour nos péchés, i le juste pour 1er injustes », iii, 18. Saint Paul rattache la perfection morale et surnaturelle du Christ à son rôle de médiateur ou, plus exactement, de chef des hommes. C’est

i cause de la solidarité qui nous unit au Christ rédempteur que Dieu a fait celui-ci « péché. non pas à notre place, mais pour nous, ’, -’zz Jjuûv, a fin que nous devenions justice i, en lui, èvaùrô. II Cor., v, 21. Sur ce texte, voir Prat, op. cit., t. ii, p. 2(1 1-295..Jésus ne peut vaincre le péché dans la chair que s’il l’a déjà vaincu en lui-même par sa justice. L’influx vivi liant qu’il exerce à l’endroit des hommes, ses membres, suppose en lui, qui est la tête, la plénitude de la grâce, principe de notre justification et des grâces diverses que nous recevons de son Esprit. Rom., v. 1Ô-I7 : xii, I ; I Cor., x, 16 sq. ; xii, Il sq. ; xv, 21 ; Eph., i, 20 sq. ; iv. I sq. ; Col., i. 18 ; n. 10, etc. l.a « plénitude de la divinité dont il est question dans ce dernier texte doit s’entendre, avant tout, du mystère de l’union hypos tatique ; mais c’est aussi la plénitude de grâces qui est la conséquence de l’union hypostatlque en Jésus

et le principe vivifiant de tous ceux qui ont Jésus pour chef. Cf. Col., i, 19 et le commentaire de saint Thomas sur ce dernier texte. Colossiens (Épttre aux), I. iii, col. 384.

C’est surtout à l’occasion de son sacrifice que les vertus et la "race dont était ornée l’âme de Notre Seigneursonl rappelées par saint Paul. Nous pourrions

relever maints traits expressifs : Le Christ nous a aimés et il s’est donné pour nous comme oblation et comme victime à Dieu en odeur de suavité. Eph., v, 2 ;

Il s’humilia en se faisant obéissant usqu’à a mort. et Jusqu’à la mort de la croix. Phil., a, 8 ; cꝟ. 5 : « Par {’obéissance d’un seul la multitude des hommes seront constitués justes ». Rom., v. 19. Mais c’est l’amour le plus ardent qui a pousse Jésus a se livrer à la mort pour nous. Eph., v, 2. 25 ; Cal., n. 20 ; 1, 4 ; 1 Tim., ii, 0 ; lit., n. Ci. Le Christ n’est-il pas par excellence le Fils de l’amour ? Col., i, Ci. Toutefois l’obéissance du Christ à Dieu son Père pour accepter la mort en vue de notre salut. Rom., viii. 32 ; v. S ; cl. Joa., iii, 16 ; x, 1 7 - 1 <s ; xiv, 31 ; I Joa.. iv. 9, pose la question de sa liberté dans l’obéissance, et. par voie de conséquence, la question du mérite du Christ, nettement affirmée dans Phil.. ii, i). Ces questions seront’débattues par les scolastiques. Cf. De Bæts, De libéra Christi obe dientia, Couvain. 1905.

D’autre part, les vertus que L’apôtre exige des chrétiens pour qu’ils vivent et grandissent in Christo Jesu, marquent, elles aussi, la perfection du modèle qu’ils doivent imiter. « Si quelqu’un n’a pas l’esprit du Christ, celui-là n’est point à lui. » Rom., viii, ’.). C’est cet esprit qui « rend témoignage que nous sommes enfants de Dieu. » id., 16. Cet esprit, c’est essentiellement l’amour de Dieu, qui est dans le Christ Jésus Notre-Seigneùr. i id., 39 ; cf. Gal., v, ii. Tout ce que comporte l’esprit du Christ, constitue la pratique des vertus de la vie chrétienne : eu lire rénumération dans Rom., xii. 9-21 : cf. xiu. 10 ; xv 1-17 : II Cor., m. 1-7 : Cal., v, 22 sq. ; Eph., IV, 1 sq. : Col., m. 12-17 ; I Tim.. vi, 11-12 ; II Tim., iii, 10-12. I.e péché ne peut s’accorder avec l’Esprit. I Cor., m. 18-19. Lu un mot, de même que la justice du Christ est le principe de la nôtre, de même notre vertu ne sera vraie que dans la mesure où elle reproduira celle du Christ. Cf. Phil., in, 7-21 ; Eph., iv, 7, 13, 16.

Voir Fils de Dieu, col. 2101. Y ajout t : J. Labourt, Notes d’exégèse sur Phil., ii, ô- 11. dans Revue biblique. 1898, p. 402-115 ; 553-563 ; C. Van Crombryghe, De soteriologiæ christitmæ primis font i bu s, 1.ou va in. 1905 ; A. Koyet, Étude sur la christologie des Hpilres de saint Paul, l.yon, l’.)07 ; et, parmi les protestants, Ftobiger, De christologiu PauZina, Leipzig, 1852 ; H. Schini<lt, /)ie paulinische Christologie in titrent Zusammenhange mit der Heiliiehre des Apostels, Goettingue, 1870 ; A. Dietzseh, Adam und Chris lus, Rom., I, 12-21, liimu. 1871 ; W. Wciffcubarh, Zur

Auslegung der Stetle Phil., II, 5-lUZugleich etn Beitrag zur paulinischen Christologie, Leipzig, 1884 ; E. II. Ciifford. rhe Incarnation, a Studg o/ l’hit., ii, 5-11, New-York, 1897 ; I>. Sommerville, Saint Paul’s conception « I Cbrist or tbe doctrine of the second Adam, Edimbourg, 18’.). ; M. Uru ckner, DU Entstehung der paulinischen Christologie, Stras bourg, 1903 ; A. A mal, La personne du Cbrist et le rationalisme allemand contemporain, Paris, 1904 ; (anonyme The fi/th Gospel, being the Pauline interprétation o/ the cbrist, Londres, 1007 ;.1. Koegel, Christus der Iterr. Erlàuterungen tu Phil., 11.. ; - ; /, Caterstoh. puis : v. oischewski, Die Wurzeln der paulinischen Christologie, Kœnigsberg, 1909.

La christologie de l’Épitre aux Hébreux.

On

peu ! grouper sous trois chefs principaux la christologie

de l’épître aux Hébreux : la personne du Christ (c. 1-IV), le sacerdoce du Christ (c. v-vin), le sacrifice du Christ (c. viu-xiu). Voir Prat, l.a théologie de saint l’uni, t. i. t. VI, |). 510 ; HÉBREUX (Épttre aux), t. VI, col. 2103-2105. I.e sacrifice du Christ sera étudié à r.i.m MPTION ; on en a déjà noté les idées maitresses à HÉBREUX (L’/' Ire aux), col. 2106.

I La personne du Christ. - I. auteur de l’épître aux Hébreux, reconnaît très certainement les (rois aspects de la vie du Christ, le Christ préexistant, le Christ historique, le Christ glorifié. En vertu de la communication des idiomes, les divers attributs qui

conviennent a Jésus-Christ sous ce triple mode d’existence sont souvent réunis dans la même phrase 123Î

    1. JÉSUS-CHRIST##


JÉSUS-CHRIST. LA THÉOLOGIE PAULINIENNE

i j :  ; s

et énumérés s.i>is changement « le sujet. Ainsi, c. i, v.2 :

Dieu BOUS a parlé par te Fils

(existence historique)

Qu’il a établi héritier en toutes choses (existence glorifiée)

l’ai cpii il a (ait même les siècles

(préexistence)

Ainsi encore, eu observant l’ordre chronologique, ci, . 3.

Étant la splendeur de sa gloire et [’em prei n te de sa

substance, et soutenant toutes choses par la puissance de sa parole (préexistence di me).

Après avoir opéré la purification des péchés

(existence historique)

(II) est assis à la droite de la Majesté, au plus haut

[des eieux, etc.]

(existence glorifiée).

a) La préexistence divine du Christ. — Elle est marquée par sa filiation divine. Le Christ est le Fils de Dieu. iv. Il : vi. 0 ; vii, 3 : x. 29. Dieu lui dit : mon Fils. i.."> ; v. 5 ; il est le Fils, i, 8 ; il est Fils (sans article) î, 2 (iv uUo, opposé aux prophètes) ; i, 5 (îî ; uîôv, opposé aux anges) ; iii, li (ô> ; oldç, opposé à Moïse) ; v, 8 et vii, 28 (y.y.i~ sp côv uioç et uliç £’. ; tov aîtovx t£T£aî’( vxs-jov coiiuiu’pontife, antitype de Melchisédecli, avec opposition tacite au grand prêtre Aaron). Cette filiation divine est marquée par deux autres expressions : le rayonnement de la gloire du Pèreet l’empreinte de sa substance. Voir, pour l’explication de ces termes, Fils de Dieu, col. 2403. Fils, rayonnement, empreinte, … ces titres sont relatifs, mais d’une relation int ri OSèque, nécessaire, indépendante de l’existence des créatures. Au contraire ceux de créateur et de conservateur. .. sont conditionnés par l’existence des êtres finis. » F. Prat, op. cit., p. 522. Jésus-Christ reçoit ces deux titres dans Heb., i, 2, cꝟ. 10-12 eti, 3 ; « par lui (Dieu) a fait les siècles > c’est-à-dire le monde visible. Cf. xi, 3 : Sap., xiii, 9 : xiv. 0 ; xviii, 4. « Il soutient toutes choses par la puissance de sa parole. Cf. Col., i. 17. Ces deux fonctions supposent que le Christ est Dieu. Plusieurs Pères en ont voulu trouver l’aflirmation dans Heb., iii, 4 ; mais il semble cjue le mot Dieu, ici, ne signifie pas nécessairement le Christ. On le trouve, d’ailleurs, appliqué au Christ, i, 8-9 ; et l’adoration que doivent au Christ les anges eux-mêmes marque bien sa divinité, 1, 6.

b) Jésus-Christ homme. — « Pour être Dieu, Jésus-Christ n’en est pas moins homme. Encore au sein du Père, le Fils demande qu’un corps lui soit préparé, x, 5-9. Il veut participer à la chair et au sang comme les fils adoptifs, ii, 14, et leur devenir semblable en toutes choses hormis le péché, iv, 15 ; v, 7-8. Ainsi l’exige son rôle de prêtre, ii, 17. Il se soumettra donc à l’épreuve et en sortira vainqueur, ii, 18 ; iv, 15. Il possédera au suprême degré toutes les vertus : la confiance en Dieu, ii, 13, la fidélité, ii, 17 ; iii, 2, la miséricorde, iv, 15 surtout l’obéissance qu’il apprendra à l’école de la douleur, vii, 7-8. A part les Kvangiles, aucun écrit inspiré ne prodigue davantage les allusions à la vie mortelle de Jésus : descendance de la tribu de Juda, vii, 11 ; progrès en grâce et en sagesse, u, 10 ; v, 9 ; vii, 28 ; signes et prodiges attestant sa mission divine, ii, 1 ; tribulations et persécutions, agonie et prière au jardin des Oliviers, ii, 4 ; mort volontaire, xii, 2 ; crucifiement hors des portes de la ville, xiii, 12. Peut-être le nom de Jésus est-il choisi de préférence a celui de Christ pour mieux inculquer la vérité de la nature humaine (Jésus seul : 10 fois ; Christ : 9 fois ; Jésus-Christ : 3 fois ; le Christ Jésus, jamais ; dans saint Paul, au ontraire, Jésus seul est rare et le Christ-Jésus très fréquent). Mais nulle part la communication des idiomes n’est plus parfaite ; et le

participaoit earni et sanguini, rapproché de corpus

aplasti mihi. u. 1 1 et x. 5, ne vaut-il pas, comme formule théologique de l’incarnation, le Ycrhuni earo faclum est de saint Jean ou le In ipso inhabital omnis plenitudo dioinitatis corporaliter de l’Épttre auxColossiens.’1-’. Prat, np. cil.. 1. 1. p. 524-525.

c) Jésus-Christ glorifié. — Le mérite du Christ par rapport à sa gloire est à plusieurs reprises affirmé dans l’épître aux Hébreux. C’est parce qu’il a volontairement souffert sur la croix, que Jésus devient à un titre nouveau maître du monde et qu’il acquiert le droit de nous associer comme ses cohéritiers. Jésus s’asseoit à la droite de l’ère parce qu’il a souffert, I, 3 ; viii, 1 ; x, 12 ; xii, 2 ; et il nous associe à sa gloire, comme cohéritiers. iv. 16 ; vi, 20 ; vii, 26 ; i.x, 11, 12. 21. I.e passage de Jésus à la gloire par la résurrection n’es ! mentionné qu’une Fois, xiii, 20. De plus, dans l’épître aux Hébreux, c’est surtout en qualité de prêtre, non de roi ou de juge, que Jésus prend place à la droite de Dieu le Père et y continue son ollice de médiateur.

2. Le sacerdoce du Christ.

La médiation des prophètes, i, 1, des anges, i. 1-0 ; ii, 7-9, de Moïse, iii, 2-3, 5, n’est proposée dans l’épître aux Hébreux qu pour mieux faire comprendre l’excellence et la supériorité de la médiation du i grand pontife qui a pénétré dans les deux, » iv, 14. Jésus prêtre selon l’ordre de Melchisédecb et pontife, comme antitype d’Aaron qu’il supplante : voilà le thème sur lequel l’auteur de l’épître nous parle du sacerdoce du Christ. Jésus est appelé prêtre (Ispe’j ;) selon l’ordre de Melchisédech dans les citations du Ps. cix, 1, Heb., vii, 17, 21 ; cf. vu, 15 ; il est ispî’j ; [i-sya ; ettî tôv oïxov toù 6esû. x, 21. Ailleurs, il est àp/tspôj ; avec divers qualificatifs : pontife miséricordieux et fidèle, ii, 17 ; pontife de notre confession, iii, 1 ; grand pontife, iv, 14 ; pontife pouvant compatir à nos infirmités, etc., iv, 15 ; pontife selon l’ordre de Melchisédech, v, 15 ; cf. vi, 20 ; pontife, saint, innocent, sans tache, séparé des pécheurs et devenu plus élevé que les cicux, vii, 20 ; pontife des biens futurs, ix, 11. Il est aussi appelé « le ministre du sanctuaire et du vrai tabernacle », viii, 2. La définition du pontife hébreu pris parmi les hommes, constitué représentant des hommes, appelé de Dieu comme Aaron pour offrir les sacrifices du péché, cf. v, 1-4, quoique ne convenant au Christ que par analogie, exprime bien cependant les quatre caractères essentiels du prêtre.

a) Prêtre médiateur. — Il est « établi pour les hommes dans les choses qui regardent [le culte de] Dieu. » v, 1. Il s’agit du culte social, dû à Dieu dans l’état actuel de la nature déchue et pécheresse. Et Jésus est le médiateur du Nouveau Testament, de l’Alliance plus parfaite, ix, 15 ; viii, 0, précisément parce que, les hommes ayant péché, il leur a acquis par le sacrifice de lui-même, dans son propre sang, une éternelle rédemption, ix, 12, cꝟ. 14, 26, 28 ; ii, 10, 17-18 ; v, 3 ; vu, 2 : x, 5-10, 12-14 ; ’est pourquoi nous pouvons recourir à lui avec confiance, iv, 10 ; il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause de leur salut éternel, v, 9. Il est entré dans le ciel, vii, 20, comme un précurseur, pour nous, vi, 20 ; où il peut sauver perpétuellement ceux qui, par son entremise, s’approchent de I lieu, étant toujours vivant, afin d’intercéder pour nous, vu. 25. C’est parce que le sacerdoce aaronique est insuffisant pour obtenir la rémission des péchés des hommes, viii, 7 ; cf. vii, 1 1, 15 sq., que Jésus est venu offrir son sacrifice ; mais une seule oblation a suffi pour accomplir celle rémission, i, 12, 26, 28 ; x, 10.

b) Prêtre, de même nature que nous. Mandataire des hommes, Jésus doit posséder la nature humaine :

Celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés sont tous d’un seul [père] (il évo :)… Comme donc les

enfants ont participé à la chair et au sang, il y a lui-même également participé… Nulle part il ne vient au secours des anges, mais c’est la race d’Abraham qu’il vient secourir. D’où il a dû être en tout semblable à ses frères, afin de devenir auprès de Dieu un pontife miséricordieux et fidèle, pour expier les péchés du peuple, il, 11. 1 I, lti-17 : c f. v. 7 : | our devenir médiateur, il a fallu que Jésus s’incarnât : entendons cette nécessité d’une nécessité hypothétique, en raison du plan divin de la rédemption, (".’est pourquoi le Christ, bien qu’élevé au-dessus des anges en raison de la nature divine, i, 13, cꝟ. 7-8, subit, dans sa nature humaine, une phase d’humiliation qui le place au-dessous des anges, ii, 7.

Il faut également insister sur l’expression : « semblable en tout à ses frères i. Cette affirmation est précisée par iv, 15. Au c. ii, v. 10, l’auteur de l’épître avait énonce la convenance des souffrances du Christ : « Il convenait à Celui pour qui et par qui sont toutes choses, et qui conduisait plusieurs enfants à la gloire, de consommer par les souffrances l’auteur de leur salut. » C’est pour nous délivrer de la crainte servile de la mort que Jésus subit librement la mort, ii, 14 : < lui prenant nos misères et nos infirmités, il se met en état de mieux connaître nos besoins et nos faiblesses, de mieux comprendre nos tentations et nos défaillances, d’y compatir enfin dans ce tempérament achevé qui sait éviter à la fois l’excès d’indulgence et l’excès de rigueur (jxsTpi.o7Ta0s : v). » Prat, op. cit., t. i, p. 529.Cf. ii, 18 ; iv, 15 ; v, 2. Une limitation cependant s’impose à cette ressemblance, dont la convenance s’imposait ; le Christ n’a pu, en compatissant à nos infirmités et en éprouvant comme nous toutes sortes de tentations, connaître la souillure du péché, iv, 15. Le pontife ne saurait avoir de péché, lui qui doit Offrir le sacrifice pour les péchés des autres : autrement il aurait besoin, lui aussi, d’autres prêtres pour suppléer à son insuflisance. vii, 26.

c) Prêtre, appelé par Dieu. — Pour supplanter Aaron et sa descendance, régulièrement investi par Dieu du sacerdoce, il fallait un appel spécial de Dieu. Tel fut le cas de Jésus-Christ, v, 4-0 : « Ce n’est pas le Christ qui s’est glorifié lui-même pour devenir pontife, mais c’est celui qui lui a dit : Tu es mon Fils, je t’ai engendré aujourd’hui. » Cf. Ps. cix, 3. Par cet appel. Dieu lui a conféré le sacerdoce suprême. Le Fils est Fils de toute éternité ; mais les paroles du psalmiste se rapportent au moment où il prend la nature humaine. Donc, en se faisant homme, il est par le fait même consacré prêtre. Les théologiens traduiront plus tard cette vérité en affirmant que le Christ a reçu l’onction sacerdotale par le fait même de la grâce de l’union hypostatique, par lequel il acquiert toute puissance relativement aux fonctions sacerdotales. Dieu lui-même a sanctionné par un serment le sacerdoce du Christ, ce qu’il n’avait point fait pour les prêtres de l’ancienne loi, vii, 17-22. Ce serment, emprunté au Ps. cix, 4, marque le transfert du sacerdoce aaronique en Jésus-Christ ; mais ce n’est pas une simple substitution de personnes ; il y a vraiment changement du sacerdoce lui-même, vii, 11-12 ; 20-22 ; viii, 0-7 ; 13. J.e nouveau sacerdoce est < selon l’ordre de Melchisédech ».

d) Prêtre i selon l’ordre de Melchisédech ». — Melchisédech est la figure du Christ-prêtre. L’expression

prêtre selon l’ordre de.Melchisédech », appliquée au Messie futur est tirée du Ps. ux, I. On la retrouve dans Heb., , 6, lo ; m. 10 ; vii, il. 17. Sur Melchisédech, figure de Jésus-Christ, voir Hébreux (Épttre aux), I VI, col. 2105-2100. Trois circonstances ont été mises en relie ! par l’auteur de l’épttre : l’élyinologie des noms, la conduite d’Abraham à l’égard du prêtre-roi de Salem et le silence de l’Écriture relativement a son origine, ". Melchisédech signilie < roi de justice » et

roi de Salem, i roi de paix ». Le règne du Messie doit être le règne de la paix et de la justice. Melchisédech est prêtre-roi ; prêtre et roi sera le Christ, dont l’auteur de l’épître associe presque toujours la royauté et le sacerdoce (àpy.spe’jç), cf. col. 1117. — b. Melchisédech bénit Abraham, Gen., xiv, 18-19, et Abraham lui pair la dîme. v. 20. Cf. Heb., vii, 1-2. La bénédiction est accordée par le supérieur, vii, 7 ; le paiement de la dîme est un indice de sujétion. Par le double geste de Melchisédech et d’Abraham s’affirme donc la supériorité île Melchisédech, et, à plus forte raison de celui dont il est le type. Heb., vii, 4-11. — c. Le silence de l’Écriture touchant Melchisédech, qui est « sans père, san^ mère, sans généalogie ; n’ayant ni commencement de jours, ni fin de vie, » Heb., vii, 3, est encore plus significatif. Il marque que le sacerdoce de Jésus est possédé à titre personnel et non par voie d’héritage, et que. par conséquent, sa descendance du sang de Juda ne pourra mettre obstacle à ce sacerdoce, ’toutefois, il faut que la prérogative du sacerdoce aaronique soit abolie pour qu’existe le nouveau sacerdoce, vii, 11-12. JésusChrist est donc exclusivement prêtre selon l’ordre de Melchisédech : S’il était sur la terre (c’est-à-dire s’il était de l’ordre d’Aaron), il ne serait pas même prêtre, d’autres étant déjà chargés d’offrir les dons selon la loi, » viii, 4. Melchisédech est aussi le type du Christ-prêtre par l’éternité du sacerdoce, éternité figurée par l’absence de généalogie dans des jours sans lin ni commencement, qui est un des traits de la figure du roi-prêtre de Salem. Le Christ est prêtre in utcrimm. v, 6 ; vi, 20 ; vii, 17, 21 ; in perpeluum, mi. : î : cf. vii, 25. Entendons toutefois que ce sacerdoce, qui a commencé en Jésus-Christ avec l’incarnat ion, serae éternel » comme l’union hypostatique elle-même, c’est-à-dire ne finira jamais ; et cela, parce que Jésus le possède < non selon la disposition d’une loi charnelle, mais selon la puissance d’une indissoluble vie, » vii, 10. La loi charnelle fait prêtres ceux qui naissent du sang d’Aa ron ; l’union hypostatique indissoluble fait le sacerdoce sans terme de Jésus. Les prêtres selon l’ordre d’Aaron disparaissent, i empêchés qu’ils sont par la mort ; mais [Jésus ] détient un sacerdoce inamovible, pane qu’il demeure à jamais… toujours vivant afin d’interpeller pour nous, » vii, 23-25. Jésus n’a exerce par lui-même qu’une fois son sacerdoce, en s’immolant d’une immolation surabondante pour la rémission des péchés ; mais il est prêtre et demeure prêtre dans l’éternité. Sur l’éternité du sacerdoce du Christ, on trouvera plus loin, col. 1338, les explications des théologiens. Jésus fut prêtre dès le premier instant de sa vie mortelle, bien qu’il n’ait exercé son sacerdoce qu’à la croix. Cette dernière remarque suffit a montrer qu’en représentant Melchisédech comme le type de Jésus-Chr.st, l’auteur de l’épître aux I [ébreux ne pouvait s’arrêter à l’offrande’du pain et du vin. Gen., iv. 18, ( omme type de l’Eucharistie. Il n’exclut pas sans doute l’Eucharistie, a laquelle il fait probablement allusion, xiii, 10, mais, « tout occupé qu’il est à démontrer que le Christ consomme à jamais les élus par un seul sacrifice, que l’offrande pour le péché devient inutile dès que le péché est surabondamment expié, que l’insul Qsance des anciens sacrifices ressort Justement de leur

répétition, il ne pouvait mettre eu relief l’oblalion qui se répèle et la victime qui s’Immole périodiquement sur l’autel, sans s’obliger à expliquer comment le sacrifice eucharistique reproduit, commémore et ne multiplie pas le sacrifice sanglant du Calvaire. » F. Prat, a/), cit., p. 531.

Sur la cbrlstologie de l’Épi tre aux Hébreux, voir Lebreton, Le » origines du Dot/me de la Trinité, Paris, 1919, i>. 109 s(|. : el note G., p. 570 sq. ; F. Prat, La théologie de saint Paul, Paris, 1908, 1. 1, p. 197-550 ; V. Thalhofer, Die Opferlehre des Hebràerbrtefs, Dllltngen, is.")0 ; J. Cor

luy, Spicilegium dagmaitco-biblicum, G and, 1884, t. i. Voir aussi 1 1 1 BRI i v (Épttit aux), roi. 2109-2110.

17II. LA THÊOLOaiB JOHASSIQVB DV « VERRE ISCARSÊ ». - 1° Les buts de celle théologie. — En employant le mot théologie. nous n’entendons nullement affirmer que saint Jean, dans ses écrits, ait proposé une christologie particulière du Christ, modifiant les données préalablement reçues dans la révélation. A plusieurs reprises déjà, voir col. 1 151 sq., nous avons trouvé saint Jean pleinement d’accord avec les synoptiques pour nous retracer la physionomie humaine de Jésus. Et ici nous n’insisterons pas sur cette parfaite concordance du quatrième évangile avec les trois premiers. Mais saint Jean, le dernier des apôtres qui ait écrit sous l’inspiration de l’Esprit Saint, a vu la foi primitive de l’Église aux prises déjà avec les erreurs naissantes. Écrivant son évangile, il a un but plus précis que les synoptiques, but nettement dogmatique et surtout christologique : « Jésus a fait encore en présence de ses disciples beaucoup d’autres miracles cpii ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ceux-ci oui été écrits afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, ô Xpio-àç, ô uîoç toB 0EOÛ, et afin cpie, croyant, vous ayez la vie en son nom. Joa., xx, 30-31. C’est pourquoi, bien que toutes les idées renfermées dans les écrits johanniques. appartiennent au dépôt de la révélation, le but recherché et la méthode employée par l’apôtre accusent nettement un procédé théologique. Plus encore que saint Paul, saint Jean doit être dit « théologien > et la tradition l’a, d’ailleurs, consacré tel. Théologien du Verbe incarné, saint Jean se propose non seulement de compléter les trois évangiles antérieurs, mais encore de réfuter les premières erreurs naissantes. Deux hérésies principalement, à la fin du Ie e siècle déjà, commençaient à se manifester, le gnosticisme et le docétisme. Sur la première de ces hérésies au temps de saint Jean, voir t. vi, col. 1440 et CÉRiNTin, t. îi. col. 2151-2156 ; sur la seconde, voir t. iv, col. 1488. Cérinthe niait la divinité de Jésus, fils de Joseph et de Marie, homme plus parfait que les autres hommes, mais simplement homme comme les autres, sur lequel, au baptême, se reposa l’Esprit saint le consacrant ainsi Fils de Dieu. A l’opposé, les docètes ne regardaient l’incarnation du Verbe que comme une simple apparence sans réalité externe. Le théologien du Christ sera donc, à l’égard de ces hérétiques le théologien du « Verbe incarné. C’est sous cet aspect que le Christ nous est très fidèlement rappelé par saint Jean, soit que l’auteur du quatrième évangile ait choisi parmi les discours de Jésus ceux qui se rapportaient le plus directement au but dogmatique qu’il poursuivait, soit qu’il ait recueilli 1 - récits les plus propres à démontrer sa thèse. Nonobstant ce but dogmatique, le quatrième évangile garde toute son historicité. Voir Jean (Évangile de suint), col. 539, et M. Lepin, Lu valeur historique <lu quatrième évangile, Paris, 1910.

Avant toutefois d’exposer la doctrine du quatrième évangile touchant le Verbe incarné, il est nécessaire de rappeler brièvement la doctrine touchant le Chris ! exposée dans l’Apocalypse.

2’La christologie de l’Apocalypse.— L’Apocalypse, voir t. i, col. 1 177, s’attache au Christ glorieux principalement. Sans doute, on y retrouve plus d’un t rai t messianique : Apoc, ii, 27 : xii, 5 ; xix, 5, comparer l’s., ii, !) et Ps. Sol.,

. 21 : Apoc. i. 1 li : ii, 1 2. 1 6 : xix, 15, comparer Is., xi, l ; xux, 2 ; Sap., xviii, 15 ; — mi ri ou t Apoc, i. 13sq., XIV, l (.comparer Dan., vii, 13 ; X, 5. Mais, prophète chrétien, l’auteur envisage sur tout le Christ triomphateur ; voir surtout Apoc, i, 12-16 ; xiv, M ; xix, lt-16 Ce triomphe du Christ

est le prélude et le gage du triomphe des chrétiens, v, 10 ; vii, 17 ; xiv. I. l ; xix, 9, 1 I. Aussi Jésus est-il appelé Apoc., I, 5, 6 7rpcûTÔTOX0Ç tmv vsxptov, comme dans saint Paul. Col., i, 18. Ce triomphe est à la lois, l’apanage de la nature divine du Christ, voir Fils de Dieu, t. v, col. 2101, et le prix des souffrances du Christ, considéré dans sa nature humaine, m. 21 : v, il ; cf. i, 7 ; i, 18 : de là le nom si fréquemment employé dans l’apocalypse d’Agneau (immolé) qui rappelle les souffrances endurées par Jésushomme avant d’entrer dans sa gloire, v, 12, etc. Dans le Nouveau Testament, l’Apocalypse est le seul livre où ce nom, tÔ àpvîov, soit appliqué au ChiisL (29 fois). Cf. Joa., i, 29, 36 (deu-vôç) ; Act., viii, 32 ;

I Pet., i, 19 (M.). Les noms de Jésus, Apoc, i, 9 ; xii, 17 ; xiv, 12 ; xvii, 6 ; xix, 10 ; xx, 4 ; xxii, 16, de Jésus-Christ, i, 1, 2, 5 ; de Christ, xi, 15 ; xii, 10 ; xx, 4, 6, marquent également l’existence effective de l’humanité en celui qui, par ailleurs, est le Verbe de Dieu, xix, 13, et qui, symboliquement, est appelé le lion de Juda, v, 5, ou la racine de David, ibid., xxii, 16, en souvenir de son origine. L’Apocalypse confesse la résurrection, i, 5, 18 ; ii, 8 et l’ascension, m, 21 : vii, 17. Sur l’œuvre de Jésus Christ dans l’Apocalypse, voir 1. 1, col. 1477.

3’Le Verbe Incarné dans le Prologue (Joa., i, 1-18).

— Au point de vue de la constitution intime de la personne du Verbe incarné, nous n’avons rien à ajouter ici à ce qui a été dit à Fils de Dieu, col. 2105-2106, et Hypostatique (Union), col. 446-447. Mais deux remarques nécessaires sont à ajouter ici.

Le Verbe incarné du prologue, c’est bien Jésus-Christ qui s’est manifesté aux hommes, après avoir été prédit par les Prophètes et annoncé par Jean-Baptiste. Le Verbe de la théologie johannique est le Christ de l’histoire. Tout d’abord le Christ, éternellement préexistant, est nettement désigné dans les premiers versets, i, 1-5. Verbe divin, Dieu lui-même, il a fait toutes choses ; il était vie et lumière, c’est-à-dire puissance d’expansion et de rayonnement. Ainsi nous ne sommes pas étonnés que ce Verbe, vie et lumière, se manifeste aux hommes. Jean-Baptiste est le témoin de cette manifestation : il vint « pour rendre témoignage à la lumière ». Jean n’était que témoin ; Jésus-Christ,

— car c’est de lui qu’a rendu témoignage le Baptiste, cf. i, 15-18 — était la lumière qui éclaire tout homme Bien avant qu’il se manifestât par l’incarnation, le Verbe était dans le monde, i, 10. Le inonde est son œuvre ; il y était habituellement présent, sv t<o x.onito vjv, et malgré cette présence dans son œuvre, « le monde ne l’a pas connu ». Ce que saint Paul, après l’auteur de la Sagesse, cf. Act., xiv, 15-17 ; xvii, 30 ; Bom., i, 18-22 ; Sap., xui, 1 sq., explique de Dieu, saint Jean l’applique au Verbe. Saint Jean fait ensuite allusion aux théophanies de l’Ancien Testament (qui, ailleurs, sont rappelées comme des manifestations du Verbe, xii, 41 ; cf. viii, 56) : il vint chez les : siens et les siens ne l’ont pas reçu, v. 11, tout en visant cependant la manifestation suprême de l’incarnation. Ceux qui toutefois l’ont reçu ont déjà été favorisés du bienfait de la libation adoptive, ꝟ. 12-13. Et enfin l’incarnation a été réalisée : Et Vcrbum caro faclum est.ꝟ. 14. Ce Verbe fait chair, c’est Jésus-Christ, qui i a habité parmi nous », y 14, et dont Jean a rendu témoignage, v. 15.

II y a, dans le prologue, « fusion intime de la théologie du Verbe et de l’histoire « lu Christ. Lebreton, op. cit., p. 162.

tue seconde remarque s’impose, qui témoigne de l’unité de doctrine du prologue et du reste de l’évangile. Dans l’évangile, le nom du Verbe n’est plus prononcé. Mais les concepts île vie, de lumière et d vérité sur lesquels saint Jean insiste dans le prologue, la vit la lumière, la vérité, s’identilianl avec le Verbe, se 1243

    1. JÉSUS-CHRIST##


JÉSUS-CHRIST. LA THÉOLOGIE PAULINIENNE

IL ! ï I

retrouveront sans cesse dans l’évangile ou la I ri épître ; ils marquent les rapports du Verbe fait chair avec les hommes, rapports qui précisément se sont manifestés par l’incarnation. Jésus est la vie, Joa., xi. 25 ; xiv. 6 ; cꝟ. 1 Joa., i. l. Mais : la vie était la lumière des hommes. Joa., i, 4, et encore Joa., viii, 12 : Je suis la lumière du monde : qui me suit… aura la lumière de vie. Cf. ix. 5 : xii. 46 ; et mi. 35, 36 ; I Joa., ii. 10. I. évangile proclamera aussi que le Christ est vérité, Joa., m. 21 ; xiv. 6 ; cf. I Joa.. i. 8 ; ii, 1 : < lumière véritable, Joa. i. 9 ; « vrai pain », vi, 32 : Mail’vigne. v. 1. C’est parce qu’il est la vérité substantielle que Jésus-Christ est vrai Dieu : « Nous savons que le Ris de Dieu est venu et nous a donné l’intelligence pour connaître le Véritable ; et nous sommes dans le Véritable en son tils Jésus-Christ. »

I Joa., v, 20. Cf. Fils de Dieu, col. 2395.

4° Le Verbe incarné dans le corps de l’Évangile. — Sur’a christologie de saint Jean dans le qua dit me évangile, voir Jean (saint) col. 565-570. 1. Le Verbe incarné, vie des hommes. Dans son enseignement, fidèlement rapporté par saint Jean. Notre-Seigneur Jésus-Christ affirme sa divinité. Il est le Messie préexistant et transcendant ; il est le Fils de Dieu, procédant du l’ère par voie d origine, de gêné ration. Sur la divinitéet les relal ions de Jésus à son l’ère. voir Jean (suint), col. 565 sq. Mais les concepts de vie. de lumière, de vérité qui paraissent nous amener tout droit à la transcendance divine et, par conséquent, à la foi en la divinité de Jésus, ne sont pas, en réalité, immédiatement divins. Ils expriment des rapports mystérieux, mais très réels, de Jésus-Christ vis-avis des hommes. Il est la vie : il est notre vie ; il est la lumière, il est notre lumière : il est la vérité, il est notre vérité. Il est notre vie, car il est le Sauveur, m. 17 : il est la source d’eau jaillissante jusque dans la vie éternelle, iv. 14 ; il est le bon I’asteur qui donne sa vie pour ses brebis., m sq. « Je suis la résurrection et la vie (dil Jésus) : quiconque croit en moi, même s’il est mort, vivra.ct quiconque vil et croit en moi, ne mourra pas éternellement, x. 25-20. i Le 1-ils vivifie qui il veut. v, 21. Si l’on considère la source de vie, au point de vue eschatologique. < est par lui que nous vivons. Joa.. iv, 9. Chez saint Jean, Jésus apparaît comme possédant la plénitude : c’est lui qui ressuscitera les hommes au dernier jour, vi, 39, 40, 44, 5-1 : dans les autres livres du Nouveau Testament, cf. Luc, xx, 38, et chez saint I’aul notamment. Rom., m

II ; II Cor., ï. 9 : iv, 14 ; Heb., xi, 19, les chrétiens seront ressuscites dans l.i Christ, mais par le l’ère ; bien plus, chez saint Jean. Jésus s’est ressuscité lui-même d’entre les morts, u. 19, tandis que dans les textes plus anciens c’est le l’ère qui l’a ressuscité. Act.. iii, 15. 26 : iv. 10 : v, 30 : x, 40 ; xiii. 30 sq., Rom., iv, 24 : viii. Il : x, 9 ; 1 Cor., vi. 14 ; xv. 15 : Il Cor., iv, 11 : Cal., i, 1 : I pli.. ï. 20 : Col., u. 12 ; [ Thes., i, 10 : I Pet., i, 21. Ces deux conceptions ne sont pas contradictoires. car la plénitude de la vie, en Jésus, lui est communiquée par le Père, el dans son épître aux Smyrniens. saint Ignace écrit, ii, àvéa~/)a£v èa’jT.v, el vu. 1, r, v (aâpva’]7)aoû) Tyj ypraTÔT^Ti ô narjjp ifreif ev. Si l’on considère la source de vie au point de vue de la vie présente, la doctrine de saint Jean concorde pleinenu ni, quoique sous des formules différentes, avec celle de saint l’aul déclarant le Christ * chef de l’Église Cf. col. 123.’!. L’allégorie de la vigne, Joa., xv, l sq. a la même signification que l’image paulinienne <u corps humain : le cep et les sarments sont unis comme le chef et les membres. Il y a communication réelle, physique, de la vie iu chef dans les membres, du cep dans les sarments. I. union du chrétien au Christ, condition de la communication de la vie, est marquée pai ces mots : 1 Restez en moi et moi en

vous. » Cf. vi. ôti : xv, 4, 5 : I Joa.. m. 24 : s’il pouvait encore y avoir quelque doute sur la réalité physique de cette communication, la doctrine de la vivifieation par la chair du Christ, Joa., vi, 51-58, suffirait à le démontrer. Il s’agit d’une union si intime que Jésus n’hésite pas a dire : <> De même que je vis par le Père. ainsi celui qui me mange vivra par moi, » vi, 58 : l’union qui est ici décrite est i une véritable union physique, impliquant le mélange des deux vies, ou plutôt la participation du chrétien à la vie même du Christ. 1 Lebreton, op. cit., p. 479. Mais de plus, la perspective eschatologique et la réalité de la vie présente se rejoignent ici : < Quiconque mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, el je le ressusciterai un dernier jour. 1 vi, 55. Cette action vivifiante de la chair même du Christ nous amène nécessairement à la double conclusion qu’envisage avant tout saint Jean et qui explique le mystère du Verbe incarné : d’une part l’humanité réelle et intégrale du Christ, toute pénétrée de son esprit vivi liant, et d’autre part, cet esprit vivifiant lui-même, qui n’est autre que la nature divine.

2. Le Verbe incarné, lumière des hommes. — Nous pouvons faire le même raisonnement sur le concept de lumière, appliqué au Verbe. I.e Verbe est la lumière : car la lumière est l’attribut de la divinité. l’s.. xxxvi, 10 ; Ex., xix. lt> : xiii, 21 ; cf. ls.. xi.ix. 6 : Sap.. vu. 26 ; Luc, n. 32 : Malth.. xvii, 2 : Apoc, 1. 16 ; xxi. 23. Mais il est notre lumière. Tout comme saint l’aul. cf. I-.ph.. v, 8 : I Thess.. v. 5. saint Jean nous rappelle que le Christ est < venu dans le monde comme lumière. xii, 46. « Dès lors, dès sa vie sur terre, il éclaire les hommes bons et mauvais : ceux qui croient a la lumière deviennent enfants de lumière, xii, 36 ; ils ne sont plus dans les ténèbres, ils marchent en toute assurance, sans cr 1 ndre de trébuche] sur la roule, xii. 16 ; xi, 9, 10 ; viii, 12. Jadis l’Israélit. disait à Jahvé : l’a loi est une lumière sur mon chemin. » Ps., cxviii, 105 : le Christ est plus encore pour le chrétiens : c’est une lumière intime qui les environne et les pénètre ; ils marchent dans la lumière et L lumière est en eux. xii, 35 ; I Joa.. 1. 7 : u. 10. Le v méchants, eux aussi, sont atteints par cette lumière : elle les discerne et les juge : < et voici ce jugement : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont plus aimé les ténèbres que la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises, un, 19-21. 1 Lebreton, op cit., 472-473. Par la lumière du Verbe, les mauvais

sont déjà jugés, iii, 18.

La lumière du Verbe, c’est son enseignement : lés hommes sont dans la lumière, s’ils sont les disciple : du Christ. 1. 8. n. 3. et c’est en les confrontant ave< cet enseignement, que les œuvres des hommes appfl laîtiont bonnes ou mauvaises, m. 20-21. Ce Christ est notre Maître, xiii, 13 : et c’est lui qui, avant reçu par nature le dépôt des secrets divins est chargé de nous les faire connaître. Joa., I, 18 ; ni. 12 ; vii, 28-29 vm. 38 : xiv. 7 : cf.Maltli.. xi. 27. voir col. 1212. Mais la manifestation des secrets divins aux hommes pai le Verbe suppose, de sa part, une communication orale : cette communication, c’est le témoignage que Jésus est venu apporter à Dieu son l’ère. Joa., v. 36, 38 : manifestant son nom aux hommes, xxii. 0, 2(3 ; enseignant en public dans la synagogue ou dans le

temple, xviii, 20. De la vérité de cet enseignement, Jésus a qui le l’ère rend cependant témoignage, se

porte lui-même garant, viii, 11. 18 ; et ses œuvres témoignent de sa véracité x. 25 : xiv. 12. Ici encore renseignement de Jésus manifeste son humanité el l’autorité de cet enseignement décelé sa divinité.

3. Le Verbe incarné, vérité du monde. Lumière des hommes, le Christ est venu rendre témoignage à la Vérité, xviii, 37, a celle vérité qu’il est lui-même. La 1245

JÉS1 S-CH U [ST ET LE DOGME

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N’éritô. ce n’est pas seulement, chez saint Jean, la véracité de l’enseignement, wi. 7 : xvii, 17. mais c’est encore et surtout la réalité divine. Avant Jésus, tout était ombre ; en lui est apparu la réalité. Mais cette réalité s’étend a ceux qui acceptent son enseignement et quittent les ténèbres pour venir à la lumière. Dr même que Jésus est la lumière vraie », ses disciples seront de i vrais adorateurs », iv, 23 : ils connaîtront la vérité et la vérité les délivrera, un, 32. Us accomplissent la vérité, m. 21 : I Joa., i. G ; ils viennent de la vérité et lui appartiennent, xvin. 37 ; 1 Ioa., ii, 21 : ni, 1*1. Cette réalite divine, possédée par les hommes, commence par la loi. par laquelle nous connaissons la vérité qui conduit à la vie éternelle, iii, 18. 36 : v, 2-4 : vu. 38 ; x, 25-28 ; et. vi, 69-70 ; xvii, 3 ; c’est là vraiment l’œuvre de Dieu. vi. 29 : mais elle suppose aussi, dans les œuvres et dans l’âme du disciple du Christ, la charité, xv. 7-10, 12. et surtout I Joa., iv. 12 : v. 2t. C’est une pénétration totale de l’âme par Dieu. Cf. Joa.. XTV, 23. Demeurer dans la vérité. demeurer dan » le Christ, demeurer dans la charité. c’est tout un. « Quiconque confesse que Jésus est le Fils de Dieu. Dieu demeure en lui et lui en Dieu. Quant à nous, nous avons connu la charité que Dieu a pour nous, et nous y avons cru… Qui demeure dans la charité demeure en Dieu et Dieu en lui. I Joa, iv, 15-16 ; cf. Jca., xv, 7-10. Or, la vérité comme la charité se sont manifestées dans l’incarnation, et Jésus lui-même, pour affirmer la réalité de son incarnation est venu sur terre avec l’eau et le sang, I Joa., v. 6. l’eau de son baptême, le sang de sa passion, et, en même temps, l’effusion de l’eau et du sang, sortant du côté du Christ mort en croix. Et le triple témoignage de l’Esprit, de l’eau et du sang, atteste l’incarnation du Fils de Dieu. v. 8.

4 Conclusion : le rédlisme de saint Jean. — La doctrine, spir tuelle entre toutes, de la vie, de la lumière, de la vérité, aboutissant à la réalité de l’incarnation nous amène à constater dans l’évangile « spirituel » un réalisme intransigeant relativement à la christologie. Dès le prologue, le Verbe qui est en D eu, qui est Dieu, en qui se trouve la lumière et la vie, ce Verbe s’est fait chair (le mot chair marquant ce qu’il y a de plus matériel dans l’humanité) et a habité parmi nous. Dans la promesse de l’Eucharistie, c’est le mépris de la chair et l’estime exclusive de l’esprit qui s’afiirme. « C’est l’esprit qui vivifie, la chair ne sert de ri en. vi, 04 : mais en même temps, Jésus, au scandale des Juifs incrédules et des disciples hésitants, déclare péremptoirement : Si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme et si vous ne buvez son sang, vous n’avez pas la vie en vous, i vi. 54 ; cꝟ. 55, 56, 57, 59. C’est encore le ouci d’affirmer la réalité de la chair et de la mort du Sauveur qui fait relater à saint Jean la soif ressentie par le Sauveur en croix et le coup de lance du soldat, entrouvrant le côté du Christ et faisant jaillir de la plaie le sang et l’eau, xix, 28-29, 34. Le même souci, dans les récits de la résurrection, oii Jésus apparaît comme dégagé des lois de la matière, xx. 19, pousse l’apôtre Jean à spécifier qu’il montra a ses apôtres ses mains et son côté. » Ce réalisme ne s’explique que par le mystère du Verbe incarné. Jésus unissant en lui la nature divine et la nature humaine, et les unissant dans une seule personne, eu vertu de l’union hypostatique : le première épître johannique contient les plus belles manifestations de la foi primitive en l’incarnation. N’oublions pas que « est un témoin de la vie historique de Jésus qui écril ceci : « Ce qui élait fies le principe, ce que nous avons en tendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce q le nos mains ont touché du Verbe de Vie car la Vie s’est manifestée ti nous avons vu et nous attestons et nous vous annonçons

la vie éternelle, qui était pics du Père et nous est ap|ui rue, ce que nous avons vu et en endu, nous mi l’annonçons ». Il s’agit doue, si l’on veut rester dan la foi véritable qu’insp re l’esprit de Dieu, de ne p détruire ou diviser Jésus-Christ.’Tout esprit qui cou fesse que Jésus-Christ est venu dans la chair est d Dieu, el tout esprit qui divise Jésus | qui ne confesst pas que Jésus est venu dans la chair | n’est point de Dieu, et celui-là est l’Antéchrist, t iv, 3. Et déjà, malheureusement, dès le ie siècle i beaucoup d’imposteurs se sont introduits dans le monde, lesquels ne confessent pas que Jésus-Christ est venu dans la chair ; ceux-là sont des imposteurs et des antéchrists. II Joa., 7.

Voir Fils de Dieu, i. v, col. 2397, 2406.