Dictionnaire de théologie catholique/JÉSUS-CHRIST III. Jésus-Christ et le dogme catholique 1. Dans les deux premiers siècles

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Dictionnaire de théologie catholique
Letouzey et Ané (Tome 8.1 : ISAAC - JEUNEp. 632-635).

III. JÉSUS-CHRIST ET LE DOGME.

Les derniers textes que nous venons de citer vies épîtres I johanniques, surtout I Joa., i, 1, attestent avec une évidence complète que le Christ de la foi est bien celui qui a vécu et s’est manifesté historiquement aux hommes comn12 le Verbe de vie. Paul et Jean ont cer tainemsnt ajouté quelques traits ou du moins accen1 tué certaines lignes de la figure auguste du Sauveur : mais le portrait tracé par les synoptiques n’a pas été modifié. Voici maintenant que le Christ des livres inspirés du Nouveau Testament est livré à la tradition vivante de l’Église. Cette tradition, on le sait, n’est autre que le magistère infaillible : elle gardera donc jalousement dans toute sa pureté le divin portrait. La foi des fidèles, guidée par l’enseignement officiel, se fixera en des formules qui, elles aussi, pour ont acquérir précision et clarté, mais jamais ne se contrediront l’une l’autre. Ces formules traduisent extérieurement le dogme, dont le sens, exprimant l’objet matériel de notre foi, ne saurait varier tout en progressant. Étudier ici la vie du dogme de Jésus Christ serait impossible ; d’une part, on ne saurait la circonscrire dans les limites, — si extensibles soient-elles — d’un article de dictionnaire ; d’autre part on serait obligé de lomqer dans mille redites inutiles. Cette vie, en effet, a déjà été ou sera étudiée d’une , façon fragmentaire sans doute, mais plus immédiatement utilisable, dans les articles concernant les hérésies christologiques ou les conciles ayant trait au dogme de l’incarnation. Nous nous contenterons donc ici de brèves indications, utiles à la fois pour synthétiser l’histoire de ce dogme et pour diriger le lecteur dans se recherches. Nous établirons surtout le progrès des formules qui traduisent le dogme catholique, l. Les deux premiers siècles — II. Le troisième siècle (col. 1251). — III. Le quatrième siècle (col. 1257). — IV. Progrès dogmatiques postérieurs (col. 1266).

I. Le dogme de Jésus-Christ dans lks deux PBJ MlEliS SIÈCLES. — I. LES PREMIÈRES FORMULES DE la FOI. — - 1° La catéchèse primitive. L’existence

d’une catéchèse primitive, contenue dans un forum laire oral rédigé par les apôtres, ne semble pas pouvoir être révoquée en doute. Elle est supp » sée par Luc, i,

Act.. xviii, 25 ; I Cor., iv, 17 ; xiv, 19 ; xv, 1-11 :

Gal., vi. (i ; Rom., vi, 17 : lleb., vi, 1-2 et sans doute I Thess.. iv, 1 ; Il Thess., ii, 15 ; iii, 6 : Rom., xvi, 17 : Act., xviii. 2°). Cl. Prat, L" théologie de suint Paul, t. u. Noie li. 1. Sur le contenu de cette catéchèse, au point de vue historique et dogmatique, voir Prat, ibid., 2. Au point de vue historique, elle devait renfermer îles développements assez considérables touchant la vie de Jésus, ses actions, ses discours. C’étaient les-rà reepl’Iijooû de Act., xviii, 25.

Au point de vue dogmatique, Seeberg a essayé d’en déterminer les éléments constitutifs, d’après saint Paul, I Cor., xv. 3 sq., complété par quelques autres passages de ses épîtres d Tim., iii, 13 ; II l’im.. n.2, 8 ; iv, I.

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    1. JÉSUS-CHRIST##


JÉSUS-CHRIST. LE DOGME AUX 1er ET lie SIÈCLES

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0eôç ô Çûv, ô x.TÎaaç -rà rrav-ra, àrrÉaTô’.} s tov ulôv aÙToû’Ir ( co’~v XpiaTÔv tôv yev6|iEW>v ex. (î-£p[i.iToç Aa’jsià. 6ç à-É0av£v Û7rèp tô>v àu-ypTitôv ? ; p : wv x.aTà Taç vpaoàç xai ÈTaçr, Ô ; Y | - ; jpOr l Tjj r ( uipa T}j Tpi—r, x.aTa Ta ; YpaÇ&ç xai éo’yO/ ; K ? ( ça xai toîç ScôSexa, Ôç £xâ-O’. tev sv Se^iqi toû 0£'>'"j èv toîç oùpavoïç’J^oTx-ewwv KOT<j> Traaûv tôv àpycov xai i£ououi>v xai Suvàfiecav xai epxeraièTtl tcov veçeXôjv toû o&pavoû (jLeràSuvafJLexûçxal S6£l)ç ttôXXTjÇ. />r Kateehismus der Urcliristentieit, Leipzig, 1903, p. 85. Cf. Das Evangelium Christi, Leipzig, 1905. On peut accorder à Seeberg que ce credo embryonnaire faisait partie de la catéchèse primitive ; mais on doit affirmer que ce credo ne se présentait pas sous une forme invariable et n’était pas limitatif. En ce qui concerne le Christ, il faut admettre que l’article du jugement final par Jésus-Christ devait exister. Cf. Rom., 11, 16 ; XIV, 10 ; II Tim., iv, 1 ; Act., x, 12 ; xvii, 31 ; Heb., vi, 2 ; I Pet., iv, 5 Voir Catéchèse, t. ii, col. 1X79-1880.

Le symbole primitif.

1. En Orient. — Y eut-il

un symbole unique, dès lene siècle, pour les églises orientales ? On a pensé retrouver les traces du symbole des apôtres dans les professions de foi qu’on peut former des textes de plusieurs Pères des 11e et 111e siècles et qui, en ce qui concerne l’incarnation, rappellent en les groupant, les vérités relatives au Fils de Dieu fait homme, né de la vierge Marie, mort sur la croix, ressuscité le troisième jour et monté aux deux.

D’autres pensent que ces formules s’expliquent naturellement et suffisamment par le contenu du Nouveau Testament. Voir Apôtres (Symbole des), t.i, col. 1009-1670. Il s’agit principalement des formules données par Origène, le presbytérium de Smyrne, Aristide, saint Ignace d’Antioche. Cf. Hahn, Bibliotek der Symbole und Glaubensregeln der alten Kirche, Breslau, 1897, §1, 2, 4, 8. La seule formule baptismale dont nous ayons trace certaine, dans la xixe catéchèse de saint < vrille de Jérusalem, peut se ramener aux termes suivants : 1 [loteOcù £i ; … TcxTÉpa. x.v.i si : rôvol6v, xai zlz T0 7rv£ r (i.a tô àyiov, xai EÎç (îârcT’.cjjta uxTavotaç Miv aji.apri.wv.

2. En Occident, la formule baptismale existe très

certainement ; c’est le symbole dit des apôtres. Sur l’histoire et les variations du texte du symbole des apôtres, voir t. 1, col. 1660 sq. Au irsiècle la formule primitive devait être celle-ci, très explicite en ce qui concerne le dogme de l’Ilomme-Dieu : ILoteûm sic É’va 6e6v7tarépa itavTOxpàTa)pa, xal si : ’l7)c>oûvXpiaTOv TÔV olôV -i’jZ’j j tov XOplOV j)U, ÛV, TOV £vv.’OÉvr’/ èx I lap-Oévou, ~.’<ï>zQovriou HiXàTOu erraupcoOévia, ttj Tptffj Tjjjtépa àvaoràvra èx vexpûv", àvoq3àvra si : roùç oopavouç, Ka9^(iEvov èv Seçtqt toû I Ia-rpôç 60ev Ep/sTatzp’ïvai Cùvraçxalvsxpooç xaletçxo rcve ; a-/ ay.ov.I.emot ëw. effacé depuis, est primitif ; il a dû disparaître lorsque se produisit l’hérésie monarchienne qu’il paraissait favoriser. Quant à rocrépa, il faut probablement le considérer comme primitif ainsi que Êva, et affirmant l’universelle paternité de Dieu créateur. Cf. Tixeront, Histoire des Dogmes, 1915, 1. 1, 1°. 168. 3° Les formules de foi chez les Pères Apostoliques. —

1. L< ; Didaché. Sur l’incarnation et Jésus-Christ, voir Apôtres (Doctrine des douze), t. 1, col. 1684.

2. Saint Clément (1"’épître ad Corinlliios). Sur

Christ, voir Clément l, r de Rome, l. m. col. 52.

'.. Saint Ignace d’Antioche. — Sur l’ensemble de

sa christologie, voir Ignace d’Antioche (s<iint). t. vii,

col. 703-704. Nous croyons devoir ici insister sur un

point de vue spécial a saint Ignace, et qui marque

bien comment s’effectue, dans un dogme de croyance

explicite, le passage de la lui simplement exprimée, .1 la ici plus parfaitement expliquée. Pour Ignace, la manifestation humaine de Dieu, 0eo i iv6ptù7ttvoiç çavs i.Xz / ; < : /, - ! -I. constitue l’olxovopia. Eph., xix.

3, xviii. 2 ; xx, 1. Cette « économie » est ruinée par le docétisme qui nie la réalité de l’humanité du Sauveur, sa descendance davidique et la vraie maternité île Marie. Déjà saint Clément avait insisté sur le fait que Jésus-Christ descend d’Abraham xxrà aâpxa. xxii, 2. Saint Ignace appuie davantage encore sur la vérité de la nature humaine du Christ. Son réalisme continue celui de saint Jean : Jésus est de notre race, de descendance davidique, Rom., vii, 3 ; Eph., xix. 3 ; xx, 2. Il est né de Marie et non par Marie, Eph.. vu. 2. et Marie, lui donnant le jour, est restée vierge, Eph., vii, 2 ; xviii. 2. Mais c’est surtout dans l’épître aux Smyrniotes, i-iv, qu’Ignace prêche la réalité de la nature humaine en Jésus. — 4. L’épître de liarnabé, tout en professant la foi en l’incarnation, v, 11, du Fils de Dieu, v, ’.'. NotreSeigneur, v. 1.."> : vu. 2. insiste plus particulièrement sur l’obéissance du Rédempteur, xiv, 6, qui a résolu de souffrir pour nous sur le bois, v, 13. — 5. Lu II* ud Corinlliios faussement attribuée à saint Clément, professe la préexistence du Christ « esprit d’abord, et qui s’est fait chair ►, ix. 5 ; Dieu, 1. 1 ; îx, 7 ; xvii, 7 ; Seigneur, iv. 1 : v. 2 ; vi. 1 ; ix, 5, 11 ; maître du monde, xvii, 5 ; envoyé au monde par le Dieu invisible comme notre sauveur, xx, 5 ; qui a souffert pour nous, 1, 2 : nous a procuré l’immortalité, xx, .">, et est juge des vivants et des morts. 1, 1. Voir t. iii, col. 56. — 6. L’épître de suint Polycarpe confesse que Jésus-Christ est Fils de Dieu, xii, 2. Notre-Seigneur. vi. 2. Mais il est homme aussi : « celui qui ne confesse pas que Jésus-Christ est venu dans la chair est l’antéchrist. » vu. 2. Cf. I Joa., IV, 2-3. Ii est mort pour nos péchés, 1, 2 ; a été exalté à la droite de Dieu et jugera tous les hommes, les vivants et les morts. 11, 1. — 7. Le martyre de saint Polycarpe, met dans la bouche du martyr une profession de foi en Jésus-Christ, bien-aimé et béni du Père, xiv, 1 (qu’elle proclame elle-même fils unique, xx, 2). pontife céleste, 3, glorifié maintenant avec lcPèreet l’Esprit Saint. Id.

— 8. L’épître àDiognète, voir t. iv, col. 1366, témoigne aussi de la nécessité de la foi en l’incarnation, c. vii, vin. ix : pour sauver les hommes, Dieu lui-même est venu sur terre, c’est-à-dire le propre fils de Dieu, prix de notre rachat. 9. Sur la christologie, obscure pour ne pas dire plus, du Pasteur d’Hermas, voir Hermas, t. vi, col. 2278-2281.

II. LES PREMIÈRES HÉRÉSIES CONTRE LE DOQÎIE

de jêsus-cbrist. i" La gnose judalsante se manifeste déjà au temps des apôtres. Saint Paul avait déjà dû combattre ceux qui égaraient les fidèles par la philosophie et par une vaine tromperie. s’appuyant sur la tradition des hommes, sur les rudiments du monde et non sur le Christ », Col., II, 8 ; il s’agissait sans doute, de rabaisser le Christ et de lui préférer les anges. De là. l’insistance de Paul à promulguer la primauté de Jésus Christ. Col. 1, 1517 ; 18-20 ; ii, 9-10 ; Eph., i, 12. Voir col. 1233, .Unie, de son côté, condamne « ceux qui renient notre seul maître et seigneur, Jésus-Christ », Jud., I ; ceux qui méprisent l’autorité, v :) ?.o~r~y., 8. c’est à-dire vraisemblablement le Seigneur 1, cf. II Pet., ii, lu. Pareillement sont rejetés ceux qui nient le jugement et l’avènement du Seigneur. Il Pet., m. 3-7. Les épîtres johanniques discernent déjà un double courant d’erreurs christologiques, celles qui nient que Jésus le Christ, soit le Fils, I Joa.. 11, 22. 23 ; IV, 3, 15 ; celles qui nient qu’il soit venu en chair, c’est-à-dire, se soit réellement incarne. I Joa.. iv, 2. 3 ; II Joa., 7. Voir GNOSTiaSME, t. VI, COl. 1 138-1439. Ces deux courants sont a la source des premières hérésies de l’ébionisme, t. vi, col. 1990, de Cérinthe, voir ce mot, t. 11. col. 2153-2154 ou bien encore du docétisme, voir ce mol. t. i, col. 1 ISI 1501. Sur l’ébionisme naissant se greffa l’elkésaïsme ou elcésalsme, qui nie. en ce qui 1249

5US-CHRIST. II. DOGME MX 1° ET 1 1 « * SIÈCLES

liât)

concerne Jésus-Christ, la divinité du Christ, mais avec cette particularité que la naissance de.Jésus n’aurait été qu’une renaissance, le Sauveur ayant passé auparavant et successivement par plusieurs corps et vécu sous d’autres noms. Voir Elcésait] s. t. iv, col. 2236.

2° Le gnosticisme. avec ses théories nébuleuses sur les éons. devait altérer le dogme de Jésus-Christ. Ris de Dieu et homme, I.’eon Christ ou Jésus est une émanation de la divinité qui descendra sur l’Hommerédempteur pour opérer en lui et par lui la rédemption. Cf. S. [renée, Cont. hær., t. I, c. ii, n. 5, P. G., t. vii, col. 461. Sur le système gnostique en général, voir Gnosticisme, t. vi. col. 1434 sq. « Sur la personne de Jésus-Christ, les systèmes gnostiques présentent trois conceptions distinctes, mais dont deux au moins ne s’excluent pas ou même se rencontrent dans les mêmes auteurs. Carpocrate, t. ii, col. 1800, t. vi, col. 1447 et Justin le gnostique regardent le Sauveur comme un pur homme, supérieur aux autres seulement en justice et en sainteté. Leur sentiment forme exception. Le dualisme constitue l’expression la plus ordinaire et, l’on peut dire, caractéristique de la christologie gnostique. M. Harnack a très bien observé que ce qui caractérise la christologie gnostique ce n’est pas le docétisme, comme on le croit souvent, mais bien le dualisme, c’est-à-dire la distinction énergique de deux natures ou mieux de deux personnes en Jésus-Christ. Lehrbuch der Dogmengeschichte, 1. 1, 4° édit., Fribourgen-Brisgau. 1909. p. 286. note 1. Le Sauveur est composé de deux êtres, l’un terrestre, l’autre divin, céleste, qui s’unit accidentellement au premier pour opérer en lui et squs son couvert la Rédemption. Tel est l’enseignement de l’école valentinienne en général, voir t. vi, col. 1447-1453. A ce dualisme vient s’ajouter souvent le docétisme. Des deux éléments qui composent Jésus-Christ l’élément humain n’est qu’apparent. On trouve là une conséquence de l’opposition entre l’esprit et la matière, du caractère essentiellement mauvais de celle-ci. Puisqu’elle est mauvaise en soi et incapable de salut, la matière ne saurait entrer comme partie intégrante du Rédempteur ni concourir à son œuvre. Le Christ céleste n’en prend que l’apparence, apparence même qu’il abandonne quand il remonte au lieu d’où il est venu. Souvent ce docétisme est absolu comme dans Simon, t. vi, col. 1440-1442, Saturnin, col. 1443-1444, les basilidiens de saint Irénée, t. ii, col. 465-475, t. vi, col. 1444-1447 : d’autres fois, il est partiel seulement et ne nie que l’origine terrestre du corps de Jésus. Ce corps n’a pas été pris de la matière ordinaire, il descend du ciel et n’a fait que passer par Marie, Stà Mocptaç : c’est le système de Marinus et d’Apelles. » Tixeront, op. cit., p. 200-201.

Lemarcionisme.

Le système de Marcion n’offre

rien des spéculations et des rêveries des gnostiques : aussi quels que soient ses points d’attache avec le gnosticisme. voir t. vi, col. 1453-1455. mérite-t-il d’être traité à part. Il y a deux dieux, en relation avec les deux Testaments. L’un, le Dieu de l’Ancien Testament, est créateur du monde, rigoureux, connaissant uniquement la justice et la force, de qui viennent toutes les souffrances humaines ; l’autre, le Dieu du Nouveau Testament, supérieur au premier, bon, miséricordieux, plein de douceur. Cf. S. Irénée, Cont hær. I. I. c. xxvii, n. 2, P. G., t. vii, col. 688 ; Tertullien Adv. Mnrcionem, t. I, c. vi, t. II, c. xx-xxv, P. L. t. ii, col. 253 ; 308-316 ; Adamantius, t. I, c. x-xx., P. G., t. xi, col. 1717 sq. Jésus révèle le Dieu bon et miséricordieux, et, bien que le monde ne regardât pas ce Dieu, il a voulu néanmoins par pitié, le secourir. Le Dieu suprême se manifeste donc en Jésus et par Jésus. Jésus est spirilus sulularis. Tertullien, op. cit.. t. I, c. xix, P. L., t. il. col. 267. Quel est le rapport -us et de Dieu ? Il est difficile de l’établir. Sou Mr.T. DE TRÉOL CATHOL.

vent Marcion identifie l’un et l’autre, cf. Tertullien, op. cit., I. I, C. XI, xiv ; 1. [I, c, wmi ; I. [II, c. IX ; 1. IV. c. vii, col. 258. 262. 317. 333, 369-372, Jésus n’a rien des traits du.Messie donnés par l’Ancien Testament. Tertullien, op. cit., t. III, c. xii-xxiii, col. 336355. Son corps n’a été qu’apparent. Marcion enseigne un strict docétisme, id, . ibid., t. III, c. viii-xi, col. 331336. Le Christ n’a pas même passé par Marie : l’incarnation n’existe pas. Il est apparu brusquement en Judée, la quinzième année du règne de Tibère, sans avoir semblé naître et grandir. Cf. S. Irénée, Cont. hser., t. I, c. xxvii, n. 2, P. G., t. vii, col. 688 ; Tertullien, op. cit., t. I, c. xxix ; I. IV, c. vi. P. L., t. ii, col. 281. 368. La prédication de Jésus a été naturellement en perpétuelle opposition avec la Loi, les Prophètes, l’économie de l’Ancien Testament, qui relèvent tous du Démiurge. Néanmoins, la mort de Jésus rachète les hommes du Démiurge. Cf. Tertullien, Adv. Marcionem, t. V, P. L., t. ii, col. 468 sq. Tixeront, op. cit., p. 207-208. Apelles, voir 1. 1, col. 1456 ramène le dualisme de Marcion au monisme ; mais il demeure docète.

/II. LA FOI EN JÉSUS-CI/Ii/sr AU II » SIÈCLE. La

christologie proprement dite tient peu de place dans les écrits des Pères apologistes du iie siècle. Aussi bien, c’est contre le paganisme qu’ils entendent établir la vérité du christianisme, et, souvent, ils présentent le christianisme dans ses rapports avec la philosophie naturelle. Seul, saint Justin, à cause de son apologie du christianisme contre les Juifs a dû aborder les problèmes christologiques. Parmi les Pères anti gnostiques, saint Irénée formule d’une manière très complète le dogme catholique. Méliton de Sardes, dont on possède quelques fragments, mérite une mention spéciale. Chez les autres Pères, la christologie est fort pauvre. Aristide, t. i, col. 1864, se contente de résumer l’histoire de Jésus-Christ d’après l’évangile, texte syriaque, n. 2 (édit. des Texls and Studics, t. i, fasc. 1, Cambridge, 1893). Tatien parle en pussant du Dieu souffrant, Adv. græcos, n. 13, et désigne Jésus-Christ comme Osôv èv <xvO ?cjte :.u (J.opm’7), n. 21. P. G. t. vi, col. 833, 852. Notons enfin que nous faisons ici complètement abstraction de la doctrine du Verbe chez les apologistes : elle sera étudiée à Verbe. 1° Saint Justin.

Sur la christologie de saint

Justin, voir ce mot, notons simplement ici la profession de foi de saint Justin. I Apol., xiii. Elle marque bien la perfection de la croyance catholique, dés le IIe siècle. Après avoir rappelé que les chrétiens ne sont pas des athées, puisqu’ils rendent un culte au créateur du monde, il ajoute que « celui qui nous a enseigné ces vérités et qui est né à cet effet, c’est Jésus-Christ, lequel, sous Ponce-Pilate, gouverneur de la Judée aux temps de César Tibère, a été crucifié. Les chrétiens le reconnaissent comme le Fils du vrai Dieu et lui adressent avec raison, à lui en second lieu, et à l’Esprit de prophétie en troisième lieu, les honneurs du culte divin, i P. G., t. vi, col. 345. La vérité de l’incarnation qui implique la divinité de Jésus-Christ est prouver’par les prophètes de l’Ancien Testament, xxx-xxxiii, col. 373, sq. ; cf. un, col. 405. Le Fils de Dieu, Jésus Christ était le Verbe, avant l’incarnat ion : il s’es ! manifesté aux prophètes de l’Ancien Testament sous la forme de feu ou d’images incorporelles, mais récemment « né d’une vierge, fait homme selon la volonté du Père, il a bien voulu s’anéantir et souffrir pour le salut de ceux qui croient en lui, a fin que, mort et ressuscité, il vainquit la mort même. lxdi, col. 424. Cf. // A.poL, vi. col. 453 ; xiii, col. t65 ; />P/L. m. vin ; c, col. 580, 7<i’.i. n a voulu partager nos passions, afin <unon i en guérir. // Ai « ii., an

2° Saint Irénée. - Sur la christologie de saint [rénée, voir t. mi. c. » i. 2461 2469. C’esl saint [renée qui

VIII. to

inaugure le mot d’incarnation, oapxoxiiç, voir t. vii, col. 1448, 2466, et, sans en avoir le mot, la doctrine définitive de l’union hypostatique, Ibid.. col. 451-452 ; 2466-2468. Relevons simplement Ici, comme pour saint Justin, la formule de foi que renferme le Contra Htcrcscs, t. I, c. X, n. 1, et qui traduit la croyance « le l’Église « en un seul Dieu, le Père toutpuissant, qui a fait le ciel, la terre et la mer et tout ce qu’ils renferment, et en un seul Jésus-Christ, Fils de Dieu, qui s’est fait chair pour notre salut ; et au Saint-Esprit qui a prédit par les prophètes l’économie (incarnation ) du bien-aimé Jésus-Christ Xolre-Seigneur et son double avènement, à savoir sa naissance de la Vierge, sa passion, sa résurrection d’entre les morts, son enlèvement corporel dans les deux et aussi son retour glorieux quand il redescendra du ciel dans la gloire de son pire pour remettre toutes choses en l’état et ressusciter le genre humain tout entier… Alors il rendra sur tous un juste jugement. » P. G., t. vii, col. 549.

.’5° Saint Méliton de Santés mérite une mention spéciale à cause de sa profession de foi sur les deux natures en Jésus-Christ : 0eôç yàp cov ôuoS te xal avdpcOTCOç zéXzi’jç ô aùxoç (Xpia-rôç) ràç S’jo ocjto’j oûoiaç êniaT<ï>aaTo iuXv. Fragm. vii, P. G., t. v, col. 1221.

Conclusion.

Ces formules qui sont si près du

symbole romain et qui cependant, selon toute vraisemblance, n’en dépendent pas, mais relèvent uniquement des écrits du Nouveau Testament, démontrent péremptoirement la continuité de la foi en Jésus-Christ, Dieu et homme. Nous avons trouvé cette foi dans les synoptiques ; elle est apparue dans les discours des Actes des apôtres et dans les épilres canoniques. Les perfectionnements qu’y ont apporté saint Paul et saint Jean n’en modifient pas la substance, et toute l’Église du ii 1’siècle ne fait que reprendre la foi des apôtres : il n’y a pas de solution de continuité. Il en sera de même au siècle suivant, dans la lutte contre les deux erreurs qui, opposées l’une à l’autre, nient ou la divinité du Sauveur ou la réalité de son huma ni té. Nous indiquerons surtout le progrès des formules et des symboles de foi.