Dictionnaire de théologie catholique/ZERNIKAVIUS Adam

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Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant, Eugène Mangenot, Émile AmannLetouzey et Ané (Tome 15.2 : TRINITÉ - ZWINGLIANISMEp. 1081).

ZERNIKAVIUS Adam, théologien et polémiste antilatin en Russie dans la seconde moitié du xviie siècle. — Originaire de Prusse et de confession luthérienne, il fut amené à l’orthodoxie orientale par la lecture de la Confession de foi de Métrophane Critopoulos, publiée à Helmstadt en 1661. Après avoir séjourné pour études à Oxford, Londres, Paris, Rome, il se fixa à Tchernigov en Petite-Russie : d’où le nom de Zernikavius qu’il se donna. Vers 1682, il composa en latin sur la Procession du Saint-Esprit un long ouvrage polémique, divisé en 19 traités, qui devait demeurer manuscrit jusqu’en 1774. À cette date, il fut édité à Kœnigsberg par Samuel Mislavskiy : Tractatus theologici orthodoxi de processione Spiritus Sancli a solo Pâtre. À la prière de l’impératrice Catherine II, Eugène Boulgaris le traduisit en grec et le publia, avec ses annotations, sous ce titre où il est plus connu hors de Russie : ’ASàji. Zoi.pvtxa6îou Bopoûaaou IIspl -rijç èx7ropsûaecoç toû’Aytou Ilveûixaroç èx (xôvou toû IIocxpoç Tipccyy.ix.Tzlat.. OsoXoyixal èvvéa xod Séxa, Saint-Pétersbourg, 1797. Catherine II fit également traduire l’ouvrage en russe par le hiéromoine Hiéronyme Kontsevitch ; la traduction russe a été publiée par Davidovitch à Saint-Pétersbourg en 1902. Adam Zernikavius rédigea aussi une Réfutation de la foi luthérienne, qui présente un réel intérêt du fait des origines luthériennes de l’auteur.

On trouvera une analyse assez détaillée des traités sur la procession du Saint-Esprit dans l’ouvrage de H. Læmmer, Scriptorum Grxcim orthodoxes bibliotheca selecta, t. i, Fribourg-en-B., 1886, p. 2-81. En voici un résumé. Dans les cinq premiers traités l’auteur examine à sa manière la doctrine des Pères d’Orient et d’Occident, non sans accuser les latins (notamment au cours des n c et iiie traités) d’avoir interpolé nombre de textes patristiques. Dans le vi* traité, il répète et développe les arguments de Photius. Le viie traité est consacré à l’addition Filioque, déclarée interdite par les conciles œcuméniques. Dans les traités viii-xiv, on s’attache à réfuter les arguments tirés par les latins des textes scripturaires. Les traités xv et xvi visent à battre en brèche les arguments patristiques et les raisons théologiques des latins. Dans les trois derniers traités, Zernikavius s’en prend aux conciles œcuméniques, qui sont le IVe du Latran, le IIe de Lyon et le concile de Florence.

Les théologiens orthodoxes font grand cas du volumineux recueil d’Adam Zernikavius. Aurelio Palmieri, qui le cite souvent ici à l’article Esprit-Saint, t. v, col. 762-823, l’appelle « l’arsenal de la théologie polémique orthodoxe ».

A. Palniieri, Nomenclator litterarius ilieologiæ orthodoxe ? russicæ ac græcee recentioris, Prague, 1910, t. I, p. 10-13 ; M. Jugie, Theologia dogmatica christianorum orientalium, 1. 1, Paris, 1926, p. 577-578 ; du même, De processione Spiritus Sancli ex foniibus Revelationis et secundum Orientales dissidentes, Rome, 1936, p. 346-348 et passim ; A. Isclak, Dogmatika nez’edinctogo Skhodou ( = Dogmatique de l’Orient non uni), en ukrainien, Lwow-Lembert, 1936, passim.

S. Salaville.