Dictionnaire des proverbes (Quitard)/bien

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bien. — Bien perdu, bien connu.

On ne connaît le véritable prix des choses que lorsqu’on ne les possède plus. Ce proverbe est tiré des deux vers suivants de Plaute (Comédie des Captifs, acte i, scène 2) ;

...... Nostra intelligimus bona,
Cum quæ in potestate habuimus, ea amisimus.

C’est après avoir perdu les biens dont nous jouissions que nous sentons ce qu’ils valent.

Il ne faut attendre son bien que de soi-même.

Le quatrain suivant, de je ne sais quel auteur, explique très bien ce proverbe :

Je ne puis me plaindre de rien,
Chacun prend part à ma disgrâce ;
Tout le monde me veut du bien,
Et j’attends toujours qu’on m’en fasse.

Il ne faut pas délibérer pour faire le bien. Parce qu’en délibérant on perd souvent l’occasion de faire le bien : Deliberando sæpe boni perit occasio. Ce proverbe n’est pas d’une vérité absolue. Il est besoin quelquefois de délibérer pour faire le bien, car le bien peut être suivi du mal. — Le père Jouvency a dit dans une scène qu’il a ajoutée au Phormion de Térence : Benefacta male collocata malefacta existimo. Je pense que les bienfaits mal placés sont de mauvaises actions.

Bien vient à mieux, et mieux à mal.

On dit aussi : Le bouton devient rose, et la rose gratte-cul.

Il a dans les choses de ce monde une progression ascendante et une progression descendante auxquelles les vertus mêmes sont soumises. Semblables aux anges que le patriarche aperçut en songe, elles ont une échelle double par laquelle elles montent d’un côté jusqu’au ciel et redescendent de l’autre sur la terre.

Le bien lui vient en dormant.

Se dit d’une personne qui devient riche sans rien faire. On prétend que ce proverbe fut inventé par Louis XI qui, ayant trouvé un prêtre endormi dans un confessional, dit aux seigneurs de sa suite : « Afin que cet ecclésiastique puisse un jour se vanter que le bien lui est venu en dormant, je lui donne le premier bénéfice vacant. » Mais ce proverbe était en usage chez les anciens ; il se trouve dans les apophthegmes de Plutarque et dans la phrase suivante de la dernière Verrine de Cicéron : Non idem mihi licet quod iis qui nobili genere nati sunt, quibus omnia populi romani beneficia dormientibus deferuntur. Je n’ai pas le même privilége que ces nobles, à qui toutes les faveurs du peuple romain viennent en dormant. C’est une allusion aux pêcheurs dont les nasses restant la nuit dans la rivière, se remplissent de poissons pendant qu’ils dorment.

Élien (liv. ii, chap. 10) rapporte que Timothée eut un bonheur si rare dans tous les siéges qu’il entreprit, qu’on imagina de le peindre endormi, ayant à la main un filet où la fortune poussait les villes. On ne sait si c’est la flatterie ou l’envie qui avait suggéré l’idée de ce tableau. On trouve plutôt le mal que le bien.

On cherche le bien sans le trouver, disait Démocrite ; on trouve le mal sans le chercher.

Il faut faire le bien pour lui-même.

C’est une maxime de Confucius, passée en proverbe, pour signifier que le bien ne doit pas être fait en vue de quelque récompense, mais qu’il doit être une œuvre désintéressée et toute du cœur.