Dictionnaire des proverbes (Quitard)/fleurette

La bibliothèque libre.

fleurette. — Conter fleurettes.

Tenir des propos galants. — Cette expression est venue, suivant la remarque de Le Noble, de ce qu’il y avait en France, sous Charles VI, des pièces de monnaie marquées de petites fleurs et nommées, pour cette raison, florettes ou fleurettes, de même qu’on nomme encore florins une monnaie d’or ou d’argent qui portait primitivement l’empreinte d’une fleur. Ainsi conter fleurettes aurait d’abord signifié compter de l’argent aux belles pour les séduire, ce qui est bien souvent le moyen le plus persuasif, d’après ce vieux proverbe : Amour peut moult, argent peut tout. Ceux qui rejettent cette origine allèguent la différence qu’il y a entre conter et compter ; mais ce n’est point là une bonne raison, puisque autrefois ces deux mots étaient confondus sous le rapport de l’orthographe, comme je l’ai prouvé en expliquant la locution conter des fagots. Cependant je n’adopte point l’opinion de Le Noble, je crois qu’il est plus naturel d’entendre par fleurettes les fleurs du langage. Les Grecs disaient : ῥῶδα εἴρειν, et les Latins de même, rosas loqui. On trouve, dans quelques auteurs français du quinzième siècle, dire florettes[1], et il existe un vieux livre intitulé : « Les fleurs de bien dire, recueillies aux cabinets des plus rares esprits de ce temps, pour exprimer les passions amoureuses de l’un et de l’autre sexe, avec un amas des plus beaux traits dont on use en amour, par forme de dictionnaire. Paris, 1598, chez Guillemot. »

  1. On trouve aussi écrire florettes, expression qui signifie particulièrement : écrire en chiffres de fleurs.