Dictionnaire des proverbes (Quitard)/furie

La bibliothèque libre.

furie. — La furie française.

Cette expression date, dit-on, de la bataille de Fornoue que Charles VIII remporta, en 1495, sur les troupes réunies du pape, de l’empereur et de la république de Venise. Les ennemis, au nombre de trente-cinq à quarante mille hommes, furent culbutés par seize mille Français et prirent la fuite, incapables de se rallier, en s’écriant : Non possiamo resistere a la furia francese ; paroles que Le Tasse a rappelées dans le septième chant de la Jérusalem délivrée, pour caractériser la valeur impétueuse de notre nation, l’impeto franco.

Quelque accréditée que soit l’origine que je viens de rapporter, elle ne me paraît pas admissible. La furie française était proverbiale longtemps avant la bataille de Fornoue. Gilbert Cousin, qui écrivait trente-cinq ans après cet événement, n’en a pas même parlé dans l’article de ses Adages intitulé : Gallica furia. Il a donné pour fondement à cette expression la remarque faite par César et par quelques autres historiens, que les habitants des Gaules ont toujours été à la guerre plus que des hommes dans le premier choc, et moins que des femmes dans le second. « Telle est la nature et la complexion des François, dit Rabelais (liv. iv, ch. 48), qu’ils ne valent qu’à la première poincte ; lors ils sont pires que des diables : mais s’ils séjournent, ils sont moins que femmes. »

Aristote a donné le nom d’audace Celtique à cette intrépidité qui fait qu’on se précipite dans le danger en se jouant de sa vie.