Dictionnaire des proverbes (Quitard)/loi
loi. — Si veut le roi, si veut la loi.
Lorsque l’abolition du combat judiciaire eut rendu la connaissance et par conséquent l’étude des lois indispensable, les seigneurs, jusqu’alors juges dans leurs terres, désertèrent les tribunaux, et l’administration de la justice devint le partage des hommes de loi. Voilà l’origine de notre magistrature, et cette grande innovation ne remonte pas plus haut que les dernières années du xiiie siècle. À cette époque, l’esprit de Grégoire VII animait encore ses successeurs, et les hauts barons s’agitaient pour reconquérir ce qu’ils avaient perdu sous les derniers règnes. À peine établi, le parlement lève sur toutes les classes de la société le glaive de la justice, en frappe indistinctement tout ce qui se montre hostile envers la couronne, et force l’épée des barons et la crosse des évêques à s’incliner devant la majesté du trône. Bientôt il ne reste en France qu’une seule autorité, l’autorité du roi, et le droit public des Français se concentre dans la maxime : Si veut le roi, si veut la loi.
Loisel a interprété d’une manière constitutionnelle cette maxime de l’ancienne jurisprudence, en disant qu’elle signifie que le roi ne peut vouloir que ce que veut la loi ; mais pour qu’elle présentât un pareil sens, il faudrait qu’elle eût ses deux termes déplacés, et que le conséquent fût l’antécédent : Si veut la loi, si veut le roi, signifierait le régime de la légalité ; si veut le roi, si veut la loi, signifie le régime du bon plaisir.