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Dictionnaire des proverbes (Quitard)/meunier

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meunier. — Devenir d’évêque meunier.

On prétend que ce proverbe est altéré, et qu’il faut dire d’évêque aumônier ; mais est-ce qu’on n’a pas vu des métamorphoses aussi étranges ? Témoin Denis le Tyran réduit à être maître d’école, dit Nicot, dans son Recueil de proverbes, imprimé il y a plus de deux cents ans. Pape et puis meunier est un proverbe qui se trouve dans ce recueil. On y trouve aussi d’évêque aumônier ; mais ce proverbe-là paraît moins ancien et n’est pas aussi bien fait que l’autre, qui présente une opposition plus forte. (L’abbé Morellet.)

Quelques étymologistes disent que l’expression devenir d’évêque meunier a eu pour origine l’élévation d’un meunier à la dignité d’évêque, et le rabaissement d’un évêque à la condition de meunier, parce que l’évêque ne put parvenir à résoudre plusieurs questions qui lui furent proposées par un roi, tandis que le meunier, qui prit sa place et parut habillé en évêque devant le roi, les résolut toutes. La dernière était de dire ce que le roi, pensait : « Sire, vous pensez parler à un évêque, et vous parlez à un meunier. » Mais il est évident que cette histoire, racontée dans un vieux fabliau, a été imaginée d’après l’expression proverbiale qui n’est qu’une traduction de celle des Latins, Ab equis ad asinos : passer des chevaux aux ânes, ou de maître de chevaux devenir maître d’ânes. La traduction fut faite à une époque où les évêques avaient autant de chevaux que les meuniers avaient d’ânes[1].

  1. Un décret de l’empereur Othon fait voir quel devait être l’excès de ce luxe épiscopal. Il borne le nombre des chevaux pour un archevêque, à douze, et pour un évêque, à six.