Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Andronicus 3

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ANDRONICUS, de Thessalonique, fut un des Grecs fugitifs qui portèrent l’érudition en Occident au XVe. siècle. Il passait pour le meilleur professeur après Théodore Gaza, et peut-être même qu’il le surpassait dans l’intelligence de la langue grecque ; car il avait lu tous les auteurs qui avaient écrit en cette langue, et il entendait fort bien la philosophie d’Aristote. Il enseigna dans Rome, et il y était logé chez le cardinal Bessarion. Les gages qu’on lui donnait furent si petits, que la misère l’obligea à sortir de Rome. Il s’en alla à Florence : il y fut professeur assez long-temps, et s’attira un grand nombre d’auditeurs ; mais comme il espérait de trouver en France une meilleure fortune, il s’y transporta, et y mourut peu après dans un âge très-avancé. Il prononçait mal, et il ne se mêlait d’autre chose que de ses études [a]. Platine lui donne l’éloge d’avoir très-bien su et le grec et le latin [b]. On verra dans mes remarques une méprise de Gabriel Naudé (A). Il y avait en même temps un autre Andronic qui enseignait à Bologne, et qui était de Constantinople (B).

  1. Græcâ et latinâ linguâ apprimè eruditus. Platina, in Panegyric. Bessarionis.
  2. Tiré de Volaterran, lib. XXI, pag. 775.

(A) Voici une méprise de Gabriel Naudé au sujet d’Andronic. ] Ayant dit qu’un Hermonyme de Sparte enseigna dans Paris, il ajoute, après cela, il y en vint encore un autre, nommé Tranquillus Andronicus Dalmata, qui fut le dernier de ceux qui y arrivèrent pendant le règne de Louis XI [1]. Il est visible qu’il confond Andronic de Thessalonique avec celui dont je parle dans l’article suivant. Moréri a commis la même faute ; et, ayant voulu se servir de distinction, il s’est encore plus embrouillé. Il veut que son Tranquillus Andronic, professeur en langue grecque à Paris, ne soit pas celui qui avait beaucoup de part en l’amitié du cardinal Bessarion ; et néanmoins, c’est une chose certaine que le client de ce cardinal ne diffère point de celui qui fut professeur à Paris. Il ne fallait pas le nommer Calixte Andronic, comme a fait M. Moréri ; mais Andronic Calliste. Considérez ces paroles qui nous apprennent qu’il était parent du fameux Théodore Gaza : Gaudeo equidem plurimùm, c’est Philelphe qui parle, dans une lettre qu’il écrivit de Milan à ce Théodore, le 21 de janvier 1469, eruditissimum virum mihique amicissimum Andronicum Kallistum necessarium tuum apud vos agere, id est in musarum et sapientiæ domicilio, quem ut verbis meis salvere jubeas abs te peto, meque τοῖς περὶ Βησσαρίωνα τὸν δεσπότην commenda [2]. Cet Andronic Calliste était péripatéticien, et a fait un livre de Physicâ Scientiâ et Fortunâ ; une Monodie de miserâ Constantinopoli, et quelques autres Traités, dont le père Labbe fait mention [3]. Encore un coup, M. Moréri ne devait pas le distinguer de celui qui enseigna dans Paris, ni dire de celui-ci qu’il fut professeur à Bâle. L’auteur d’Athènes ancienne et nouvelle met Antonicus au nombre des savans grecs qui passèrent en Italie sur le milieu du quatorzième siècle [4]. Il a sans doute voulu dire Andronicus, et il a mis quatorzième au lieu de quinzième.

(B) Il y avait en même temps un autre Andronic, qui enseignait à Bologne, et qui était de Constantinople.] Philelphe en parle avec éloge dans plusieurs de ses lettres. Cet endroit, tiré de la première du XXIVe. livre, datée du dernier octobre 1464, suffira : Quarè non possum vos omnes qui Bononiæ agitis non mirari plurimùm, quòd cùm vobis viri doctissimè eruditi copia data sit ad græcam disciplinam penitùs consequendam, malitis indocti esse quàm docti. Nunquàm equidem discendi gratiâ trajecissem in Græciam Constantinopolim, quâ in urbe septennium egi, si istiusmodi mihi Andronicus Byzantius esset oblatus.

  1. Naudé, Addit. à l’Histoire de Louis XI, pag. 187.
  2. Philelph., Epist., lib. XXIX. Voyez aussi un endroit du livre XVI et un autre du liv. XVII. Ces passages m’ont été indiqués par M. de la Monnoie.
  3. Dans sa Bibliotheca nova Manuscriptorum. Je tiens cela de M. de la Monnoie, comme aussi ce qui est contenu dans la remarque suivante.
  4. Athènes ancienne et nouvelle, pag. 239 de la 3e. édition de Paris, en 1676.

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