Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/David

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DAVID [* 1], roi des Juifs, a été un des plus grands homme du monde, quand même on ne le considérerait pas comme un roi prophète, qui était selon le cœur de Dieu. La première fois que l’Écriture le fait paraître sur la scène [a], c’est pour nous apprendre que Samuel le désigna roi, et fit la cérémonie du sacre. David n’était alors qu’un simple berger. Il était le plus jeune des huit fils d’Isaï Bethléémite (A). Après cela, l’Écriture nous apprend qu’il fut envoyé au roi Saül [b], pour lui faire passer les accès de sa frénésie, au son des instrumens de musique (B). Un service de cette importance le fit tellement aimer de Saül, que ce prince le retint dans sa maison, et le fit son écuyer [c]. L’Écriture dit ensuite [d] que David s’en retournait de temps en temps chez son père pour avoir soin des troupeaux ; et qu’un jour son père l’envoya au camp de Saül avec quelques provisions, qu’il destinait à trois de ses fils qui portaient les armes. David, en exécutant cet ordre, ouït le défi qu’un Philistin nommé Goliath, fier de sa force et de sa taille gigantesque, venait faire tous les jours aux Israélites, sans que personne parmi eux osât l’accepter. Il témoigna bonne envie de s’aller battre contre ce géant ; et là-dessus il fut amené au roi, et l’assura qu’il triompherait de ce Philistin. Saül lui donna ses armes ; mais comme David s’en trouvait embarrassé, il les quitta, et résolut de ne se servir que de sa fronde Il le fit si heureusement qu’il terrassa d’un coup de pierre ce rodomont [e], et puis il le tua de sa propre épée, et lui coupa la tête qu’il vint présenter à Saül (C). Ce prince avait demandé à son général, en voyant marcher David contre Goliath : de qui est fils ce jeune garçon [f] (D) ? Le géneral lui répondit qu’il n’en savait rien, et reçut ordre de Saül de s’en informer : mais Saül l’apprit lui-même de la bouche de ce jeune homme ; car, lorsqu’on le lui eut amené après la victoire, il lui demanda : de qui es-tu fils ? et David lui répondit qu’il était fils d’Isaï [g]. Alors Saül le retint à son service, sans lui plus permettre de s’en retourner chez Isaï [h]. Mais comme les chansons qu’on chanta par toutes les villes, sur la défaite des Philistins, faisaient dix fois plus d’honneur à David qu’à Saül [i], le roi sentit une jalousie véhémente qui s’augmenta de plus en plus, parce que les emplois qu’il donnait à David, afin de l’éloigner de la cour, ne servaient qu’à le rendre plus illustre, et à lui acquérir l’affection et l’admiration des Juifs. Par une fausse politique il voulut l’avoir pour gendre : il espéra que la condition sous laquelle il lui donnerait sa seconde fille le délivrerait de cet objet d’aversion ; mais il fut confondu dans sa ruse. Il demanda pour le douaire de sa fille cent prépuces de Philistins : David lui en apporta deux cents bien comptés [j] ; de sorte qu’au lieu de périr dans cette entreprise, comme Saül l’avait espéré, il en revint avec un nouvel éclat de gloire. Il épousa la fille de Saül, et n’en devint que plus formidable au roi [k] : toutes ses expéditions furent très-heureuses contre les Philistins ; son nom fit grand bruit ; il fut dans une estime extraordinaire [l] ; si bien que Saül, qui connaissait beaucoup moins la vertu de son beau-fils que le naturel des peuples, s’imagina que la mort de David était la seule chose qui fût capable d’empêcher que l’on ne le détrônât. Il résolut donc de s’en défaire pour une bonne fois. Il fit confidence de ce dessein à son fils aîné qui, bien loin d’entrer dans la jalousie de son père, avertit David de ce noir complot [m]. David prit la fuite, et fut poursuivi de lieu en lieu, jusqu’à ce qu’il eût donné des preuves incontestables de sa probité, et de sa fidélité à son beau-père, à qui il ne fit aucun mal en deux occasions favorables [n], où il ne tenait qu’à lui de le tuer. Cela fit résoudre Saül à le laisser en repos. Mais comme David craignit le retour des mauvais desseins de ce prince, il n’eut garde de relâcher ses précautions ; au contraire, il se pourvut mieux d’asile qu’auparavant au pays des Pinlistins [o]. Il demanda au roi de Geth une ville pour sa demeure, d’où il fit cent courses sur les pays d’alentour [p]. Il retourna en Judée après la mort de Saül, et fut déclaré roi par la tribu de Juda [q]. Cependant, les autres tribus se soumirent à Isbozet fils de Saül : la fidélité d’Abner en fut cause [r]. Cet homme, qui avait été général d’armée sous le roi Saül, mit Isbozet sur le trône et l’y maintint contre les efforts de David ; mais n’ayant pu souffrir qu’Isbozet le censurât d’avoir pris une concubine de Saül [s], il négocia avec David pour le mettre en possession du royaume d’Isbozet. La négociation eût été bientôt conclue au contentement de David, si Joab [t], pour venger une querelle particulière, n’eût tué Abner. La mort de cet homme ne fit que hâter la ruine du malheureux Isbozet : deux de ses principaux capitaines le tuèrent, et portèrent sa tête à David qui, bien loin de les en récompenser comme ils s’y étaient attendus, donna ordre qu’on les tuât [u]. Les sujets d’Isbozet ne tardèrent guère à subir volontairement le joug de David. Ce prince avait régné sept ans et demi sur la tribu de Juda : depuis il régna environ trente-trois ans sur tout Israël [v]. Ce long règne fut remarquable par de grands succès et par des conquêtes glorieuses : il ne fut guère troublé que par l’attentat des propres enfans du prince (E). Ce sont ordinairement les ennemis que les souverains ont le plus à craindre. Peu s’en fallut que David ne retournât à la condition chétive où Samuel le trouva. Humainement parlant, ce revers lui était inévitable (F), s’il n’eût trouvé des gens qui firent l’office d’un traître auprès d’Absalom son fils [w]. La piété de David est si éclatante dans ses psaumes, et dans plusieurs de ses actions, qu’on ne le saurait assez admirer. C’est un soleil de sainteté dans l’église : il y répand par ses ouvrages une merveilleuse lumière de consolation et de piété ; mais il a eu ses taches (G). La vie de ce grand prince, publiée par M. l’abbé de Choisi est un bon livre, et serait beaucoup meilleur si l’on avait pris la peine de marquer en marge les années de chaque fait, et les endroits de la Bible ou de Josephe qui ont fourni ce que l’on avance. Un lecteur n’est pas bien aise d’ignorer si ce qu’il lit vient d’une source sacrée, ou d’une source profane. Je ne marquerai pas beaucoup de fautes de M. Moréri (H). L’article de David, que je viens de lire dans le Dictionnaire de la Bible, me fournira la matière d’une remarque (I).

  1. * « C’est ici, dit Joly, l’article qui a le plus scandalisé.... Je n’examinerai qu’un ou deux endroits, et je renverrai pour le reste aux auteurs qui ont réfuté cet article. » Les ouvrages auxquels il renvoie, sont : l’Examen du Pyrronisme de Bayle, par Crousaz, et l’Apologie de David, 1737, in-12. Mais Bayle a été extrêmement réservé en comparaison de l’écrivain anglais à qui l’on doit : The man after God’s own heart, 1761, in-12, dont il existe une traduction française, attribuée au baron d’Holbach, et intitulée : David, ou Histoire de l’Homme selon le cœur de Dieu, 1768, petit in-8o. Voltaire a peut-être encore plus maltraité David dans son drame burlesque intitulé Saül. — La version, donnée ici de l’article David, est celle de 1702. J’ai eu l’attention de noter les moindres additions faites par Bayle. Quant aux suppressions de plusieurs passages, qu’on lisait dans l’édition de 1697, on les trouvera à la suite, page 408, sous le titre de Variantes de l’article David. Par cette disposition, chacun pourra, dans ses lectures, rétablir ou suivre l’une ou l’autre version ; et d’un coup d’œil on verra les morceaux qui attirèrent des désagrémens à Bayle ; lorsque ce n’est que des fragmens, ils seront imprimés en italique ; mais il m’a paru inutile d’employer ce caractère lorsque la suppression portait sur des remarques entières.
  1. Ier. livre de Samuel, chap. XVI, vers. 13.
  2. Là même, vers. 20.
  3. C’est-à-dire qu’il portait les armes de Saül. Là même, vers. 21.
  4. Là même, chap. XVII, vers. 15.
  5. Là même, vers. 49, 50.
  6. Là même, vers. 55.
  7. Là-même, vers. 58.
  8. Là même, chap. XVIII, vers. 2.
  9. Les femmes allant au-devant du roi dansaient, et chantaient, Saül en a tué ses mille, et David ses dix mille. Ier. livre de Samuel, chap. XVIII, vers. 7.
  10. Là même, vers. 27.
  11. Là même, vers. 29.
  12. Là même, vers. 30.
  13. Là même, chap. XIX, vers. 1 et 2.
  14. Là même, chap. XXIV et chap. XXVI.
  15. Ier. livre de Samuel, chap. XXVII.
  16. Là même.
  17. IIe. livre de Samuël, chap. II, vers. 4.
  18. Là même, vers. 8.
  19. Là même, chap. IIIe.
  20. C’était le général d’armée de David.
  21. Là même, chap. IV.
  22. Là même, chap. V, vers. V.
  23. Là même, chap. XV, vers. 34 et suiv.

(A) Il était le plus jeune des fils d’Isaï Béthléémite. ] Isaï descendait en droite ligne de Juda, l’un des douze enfans de Jacob, et demeurait à Bethléem, petite ville de la tribu de Juda. Quelques nouveaux rabbins disent que lorsque David fut conçu, Isaï son père ne croyait point jouir de sa femme, mais de sa servante, et c’est par-là qu’ils expliquent le verset 7 du psaume LI, où David assure qu’il a été formé en iniquité, et que sa mère l’a conçu en péché. Cela, disent-ils, signifie qu’Isaï son père commit un adultère en l’engendrant, parce qu’encore qu’il l’engendrait de sa femme, il croyait ne l’engendrer que d’une servante à la pudicité de laquelle il avait tendu des piéges [1]. Cette explication est peu conforme à la doctrine du péché originel ; et c’est pour cela que le père Bartolocci [2], ayant rapporté ce sentiment des nouveaux rabbins, s’est cru obligé d’examiner par occasion, si les anciens Juifs ont reconnu la vérité de cette doctrine. Si la supposition de ces rabbins était véritable, ils auraient raison de dire qu’Isaï aurait commis un adultère ; mais, d’autre côté, il faudrait dire qu’il ne l’aurait point commis, si croyant de bonne foi qu’il jouissait de sa femme, il eût engrossé sa servante. Cette supposition rabbinique est bien éloignée de la tradition que saint Jérôme rapporte. Il dit qu’on a cru qu’Isaï, père de David, ne commit jamais aucun péché actuel, et qu’il n’y eut en lui aucune souillure que celle qu’il apporta du sein de sa mère. Mirum est quod de Isaï patre Davidis refert Hieronymus, illum nunquàm aliud peccatum commisisse quàm quod ex origine contraxit. Quo enim loco legimus : Amasa [* 1] ingressus est ad Abigail filiam Naas sororem Sarviæ ; sic Hieronymus [* 2]. Naas interpretatur coluber, quia eum nullum admisisse mortiferum perhibent peccatum, nisi quod originaliter de serpente antiquo contraxit. Est autem Naas qui et Isaï pater David. Eamdem traditionem refert Abulensis [* 3], et monet Naas eundem esse qui et Jesse sive Isaï patrem Davidis, quod quidem et antea Liranus [* 4] docuerat [3]. Au reste, ceux qui voudraient adopter l’impertinence des rabbins sur la conception de David passeraient aisément dans une autre impertinence, qui serait de mettre David au nombre des bâtards illustres. La raison physique que l’on allègue pourquoi les bâtards viennent si souvent au monde avec tant de talens naturels aurait lieu ici de la part du père.

[* 5] Je viens de lire un livre italien [4], où ce conte des rabbins est rapporté en cette manière : le père de David aimait sa servante, et après l’avoir cajolée plusieurs fois, il lui dit enfin qu’elle eût à se tenir prête à coucher cette nuit-là avec lui. Elle, n’ayant pas moins de vertu que de beauté, se plaignit à sa maîtresse qu’Isaï ne lui donnait nul repos par ses sollicitations. Che non poteva haver riposo, rispetto che il patrone continuamente la tentava per farla giacere una notte con lui [5]. Promets-lui de le contenter cette nuit-ci, lui répondit sa maîtresse, et j’irai me mettre à ta place. La chose s’exécuta deux ou trois nuits consécutives. Quand Isaï se fut aperçu que sa femme avec laquelle il ne couchait plus depuis long-temps était néanmoins enceinte, il l’accusa d’adultère, et ne voulut point ajouter foi au récit qu’elle lui fit de l’accord passé avec la servante. Ni lui ni ses fils ne voulurent voir l’enfant qu’elle mit au monde, ils le tinrent pour bâtard : il la traita avec le dernier mépris, et fit élever l’enfant à la campagne parmi les pâtres. Il ne parla point de ce mystère à ses voisins ; il cacha cette honte domestique pour l’amour de ses enfans. Les choses demeurèrent en cet état jusques à ce que le prophète Samuel fut chercher un roi dans la famille d’Isaï. Son choix ne s’étant pas arrêté sur aucun des fils qu’on lui montra, il fallut faire venir David : on le fit avec répugnance, parce qu’on craignit de découvrir un secret honteux [6] ; mais quand on eut vu que ce prétendu bâtard était la personne que le prophète cherchait, on changea bien de pensée ; ce ne furent plus que beaux cantiques. David commença par un Te Deum : il loua Dieu qui avait ouï ses prières, et qui l’avait délivré de la note de bâtardise. Isaï continua et dit : La pierre que les architectes ont rejetée est devenue la pierre angulaire qui soutiendra toute la maison. Ses autres fils, Samuel, etc., dirent aussi des sentences. Le rabbin ajoute que le dessein d’Isaï avait été bon, sa femme était vieille, sa servante jeune, et il souhaitait de procréer de nouveaux enfans. Il pensiero d’Isai era buono, perche essendo la patrona vecchia, e la massera giovane, havea desiderio di haver altri figliuoli [7]. Ô la bonne apologie ! si de pareilles excuses suffisaient, quelle multitude d’impudiques ne mettrait-on pas à couvert de la censure ? y eut-il jamais de dogmes sur la direction d’intention plus commodes que celui-là ?

(B) [* 6] Il fut envoyé au roi Saül, pour lui faire passer les accès de sa frénésie, au son des instrumens de musique. ] On pourrait débiter bien des recueils sur ce sujet ; mais je m’en abstiens, et vous renvoie à ceux de Caspar Lœscherus, professeur en théologie à Wittemberg. Consultez sa Dissertatio historico-theologica de Saüle per musicam curato. Elle fut imprimée à Wittemberg l’an 1688.

(C) Il tua Goliath de sa propre épée, et lui coupa la tête, qu’il vint présenter à Saül. ] Les armes de Goliath furent conservées comme un monument de la gloire des Israélites. David les porta d’abord dans sa tente [8], mais apparemment on les mit ensuite dans un lieu sacré ; car nous lisons [9] que David ayant demandé au sacrificateur Abimélec, s’il ne pourrait point lui fournir quelque hallebarde ou quelque épée, ce sacrificateur lui répondit : L’épée de Goliath est là, enveloppée d’un drap derrière l’éphod ; prenez-là, si vous voulez. David se la fit donner. Quant à la tête de Goliath, elle fut portée à Jérusalem [10], lorsque David eut choisi cette ville pour la capitale de son royaume. Josephe dit positivement que ce fut David lui-même qui consacra à Dieu l’épée de Goliath [11].

(D) Saül avait demandé à son général... de qui est fils ce jeune garçon ? ] C’est une chose un peu étrange, que Saül n’ait point connu David ce jour-là, vu que ce jeune homme avait joué des instrumens plusieurs fois en sa présence, pour calmer les noires vapeurs qui le tourmentaient. Si une narration comme celle-ci se trouvait dans Thucydide ou dans Tite-Live, tous les critiques concluraient unanimement que les copistes auraient transposé les pages, oublié quelque chose en un lieu, répété quelque chose dans un autre, ou inséré des morceaux postiches dans l’ouvrage de l’auteur. Mais il faut bien se garder de pareils soupçons lorsqu’il s’agit de la Bible. Il y a eu néanmoins des personnes assez hardies, pour prétendre que tous les chapitres ou tous les versets du Ier. livre de Samuël n’ont point la place qu’ils ont eue dans leur origine. M. l’abbé de Choisi lève mieux, ce me semble, la difficulté. On amena David à Saül, dit-il [12] : d’abord il ne le reconnut pas, quoiqu’il l’eût vu plusieurs fois dans le temps qu’il l’avait fait venir pour jouer de la harpe ; mais comme il y avait plusieurs années, comme David était alors fort jeune, qu’il était venu à la cour en qualité de musicien, et qu’on le voyait alors habillé en berger, il ne faut pas s’étonner qu’un roi accablé d’affaires, et dont l’esprit était malade, eût oublié les traits de visage d’un jeune homme qui n’avait rien de considérable. Je voudrais seulement qu’il n’eût point dit : 1o. qu’il y avait plusieurs années que Saül n’avait vu David ; 2o. que David était fort jeune, quand il vint à la cour de Saül en qualité de musicien. Il n’y a nulle apparence qu’il fût de beaucoup moins jeune quand il tua Goliath que lorsqu’il vint la première fois à la cour de Saül ; car, au temps de ce premier voyage, il était homme fort et vaillant, et guerrier, et qui savait bien parler [13] ; il n’avait que trente ans lorsqu’après la mort de Saül il fut élu roi ; et il faut nécessairement qu’il se soit passé bien des années depuis la mort de Goliath, jusques à celle de Saül. Voyez la remarque où nous critiquons M. Moreri, et la remarque (L).

(E) Son règne... ne fut guère troublé que par l’attentat de ses propres enfans. ] Le plus grand de leurs attentats fut la révolte d’Absalom, qui contraignit ce grand prince à s’enfuir de Jérusalem, dans un équipage lugubre, la tête couverte, les pieds nus, fondant en larmes, et n’ayant les oreilles battues que des gémissemens de ses fidèles sujets [14]. Absalom entra dans Jérusalem comme en triomphe ; et afin que ses partisans ne se relâchassent point par la pensée que cette discorde du père et du fils viendrait à cesser, il fit une chose très-capable de faire croire qu’il ne se réconcilierait jamais avec David. Il coucha avec les dix concubines de ce prince, à la vue de tout le monde [15]. Il y a beaucoup d’apparence que ce crime lui aurait été pardonné : l’affliction extrême où sa mort plongea David en est une preuve. C’était le meilleur père que l’on vit jamais : son indulgence pour ses enfans allait au delà des justes bornes, et il en porta la peine tout le premier. Car s’il eût puni, comme la chose le méritait, l’action infâme de son fils Ammon [16], il n’aurait pas eu la honte et le déplaisir de voir qu’un autre vengeât l’injure de Tamar ; et s’il eût châtié comme il fallait celui qui vengea cette injure, il n’aurait pas couru risque d’être entièrement détrôné. David eut la destinée de la plupart des grands princes, il fut malheureux dans sa famille. Son fils aîné viola sa propre sœur, et fut tué par l’un de ses frères à cause de cet inceste : l’auteur de ce fratricide coucha avec les concubines de David.

(F) Peu s’en fallut qu’il ne retournât à la condition.... où Samuel le trouva. Ce revers lui était inévitable. ] On peut voir par cet exemple qu’il n’y a nul fond à faire sur la fidélité des peuples ; car enfin, David était tout ensemble un bon roi et un grand roi. Il s’était fait aimer ; il s’était fait estimer, et il avait pour la religion du pays tout le zèle imaginable. Ses sujets avaient donc lieu d’être contens, et s’ils avaient eu à choisir un prince, lui eussent-ils pu souhaiter d’autres qualités ? Cependant ils sont si peu fermes dans leur devoir à l’égard de David, que son fils Absalom, pour se faire déclarer roi, n’a qu’à se rendre populaire pendant quelque temps, et à entretenir quelques émissaires dans chaque tribu. On peut appliquer aux peuples la maxime, casta est quam nemo rogavit. Si l’on ne voit pas plus souvent des rois détrônés, c’est que les peuples n’ont pas été sollicités à la révolte par des intrigues assez bien conduites. Il ne faut que cela : si le prince n’est pas méchant, on sait bien le faire passer pour tel, ou pour esclave d’un méchant conseil. [* 7] Les prétextes ne manquent jamais ; et pourvu qu’on les soutienne habilement, ils passent pour une raison légitime, quelque faibles qu’ils soient dans le fond.

(G) Il a eu ses taches. ] Le dénombrement du peuple fut une chose que Dieu considéra comme un grand péché [17]. Ses amours pour la femme d’Urie, et les ordres qu’il donna de faire périr le même Urie [18], sont deux crimes très-énormes ; mais il en fut si touché, et il les expia par une repentance si admirable, que ce n’est pas l’endroit de sa vie par où il contribue le moins à l’instruction et à l’édification des âmes fidèles. On y apprend la fragilité des saints ; et c’est un précepte de vigilance : on y apprend de quelle manière il faut pleurer ses péchés ; et c’est un très-beau modèle. Quant aux remarques que certains critiques voudraient étaler pour faire voir qu’en quelques autres actions de sa vie il a mérité un grand blâme, je les supprime dans cette édition, d’autant plus agréablement que des personnes beaucoup plus éclairées que moi en ce genre de matières m’ont assuré que l’on dissipe facilement tous ces nuages d’objections, dès qu’on se souvient, 1o. qu’il était roi de droit pendant la vie de Saül ; 2o. qu’il avait avec lui le grand sacrificateur qui consultait Dieu pour savoir ce qu’il fallait faire ; 3o. que l’ordre donné à Josué d’exterminer les infidèles de la Palestine subsistait toujours ; 4o. que plusieurs autres circonstances, tirées de l’Écriture, nous peuvent convaincre de l’innocence de David dans une conduite qui, considérée en général, paraît mauvaise, et qui le serait aujourd’hui.

(H) Je ne marquerai pas beaucoup de fautes de M. Moréri. ] Cinq seulement.

I. David était âgé de vingt-deux ans lorsque Samuel l’oignit de l’huile destinée au sacre des rois. Cela est incompatible avec ce qui suit et avec ce qui précède. Cet auteur venait de dire que David naquit l’an 2950 du monde, et un peu après il marque que David vainquit Goliath l’an 2971 du monde. Il est manifeste que la victoire sur Goliath est postérieure au sacre de David, au lieu que selon Moréri la cérémonie du sacre ne se fit qu’un an après cette victoire. Pour corriger cette faute, il faut dire que David reçut l’onction âgé de vingt ans [19]. Le reste n’a pas besoin de correction ; car il est vrai que David vainquit Goliath l’année d’après son sacre.

II. Il n’est pas vrai que Saül ait renouvelé la persécution contre David, depuis que celui-ci se fut abstenu deux fois de lui faire le moindre mal, en ayant la plus favorable occasion du monde. Il est un peu surprenant que l’Écriture, pour aggraver le crime de Saül, n’ait pas remarqué qu’il se repentit bientôt de sa réconciliation avec David, et qu’il se rendit coupable d’une noire ingratitude. Dans le chapitre XXIV du Ier. livre de Samuel, il apprend que David, le pouvant tuer dans une caverne, n’avait voulu lui faire aucun mal : il admire cette générosité ; il souhaite que le bon Dieu la récompense ; il reconnaît que la couronne est destinée à David ; il lui recommande sa famille, et s’en retourne dans sa maison. Dans le chapitre XXVI du même livre, il apprend que David, le pouvant tuer de nuit ds sa tente, on retire sans lui rien faire : il admire cette générosité ; il donne sa bénédiction à David ; il lui prédit toute sorte de prospérité, et s’en retourne chez soi. M. Moréri prétend que ces deux choses si semblables arrivèrent la même année. Je le répète il est un peu surprenant que l’Écriture ne se serve point du premier de ces deux faits, pour rendre plus odieuse l’opiniâtreté de Saül à persécuter son gendre. Deux ou trois lignes pouvaient faire un grand effet : un lecteur eût été frappé de voir que Saül, redevable de la vie à son beau-fils, le loue, l’admire, lui souhaite mille bénédictions, et ne laisse pas, dans peu de temps, de se remettre en campagne pour le perdre. Les lois de la narration demandent sans doute qu’en parlant de cette nouvelle poursuite, on observe qu’elle était une infraction de cet accord solennel qui avait suivi l’aventure de la caverne. Cependant vous ne trouverez pas un iota dans Écriture touchant cette circonstance. Voici d’autres sujets de surprise. David exposant à Saül qu’il ne s’était point rendu digne de la persécution qu’il souffrait, et qu’il n’avait tenu qu’à lui de le tuer dans sa tente, ne représente pas que c’était la seconde fois qu’il avait eu la vie du roi entre ses mains, et que le roi avait bientôt mis en oubli l’aventure de la caverne. Saül de son côté, qui avoue qu’il a tort, et qui parle à David de la manière du monde la plus honnête, n’observe point que c’est la seconde fois qu’il lui doit la vie. Avouons que de telles circonstances ne s’oublient pas. De plus, nous voyons que dans la première de ces deux rencontres David et Saül tiennent à peu près les mêmes paroles que dans la seconde. Si je voyais deux récits de cette nature, ou dans Élien ou dans Valère Maxime, je ne ferais pas difficulté de croire qu’il n’y aurait là qu’un fait qui, ayant été rapporté en deux manières, aurait servi de sujet à deux articles ou à deux chapitres. Le fait serait que David, ayant en ses mains la vie de Saül, son cruel persécuteur, l’aurait conservée précieusement. Les deux manières de conter la chose seraient, 1o. que Saül, obligé par quelque nécessité naturelle de s’écarter de ses gens, entra dans une caverne où était David ; 2o. que David se glissa de nuit jusqu’à la tente de Saül, les gardes dormant profondément. Je laisse au père Simon, et à des critiques de sa volée, à examiner s’il serait possible que les livres historiques du Vieux Testament rapportassent deux fois la même chose. Il me semble que l’action des Ziphiens, rapportée dans le chapitre XXIII du Ier. livre de Samuel, n’est point différente de celle qui est rapportée dans le chapitre XXVI du même livre. Quiconque voudra faire le parallèle de ces deux récits sera sans doute de mon sentiment. Ce qu’il y a de bien certain, c’est que Saül n’a point persécuté David depuis la seconde réconciliation : c’est la seconde faute de M. Moréri.

II. Il assure que David fut si bien reçu d’Akis, roi de Geth, que sa nouvelle faveur faillit à faire soulever les grands. Il n’y a pas un mot de vrai dans tout cela, et je ne vois rien qui ait pu produire cette fausseté, que les soupçons que l’on forma contre David, lorsqu’on le vit avec ses troupes à l’arrière-garde de l’armée philistine. Les chefs voulurent absolument qu’il s’en retournât dans la ville qui lui avait été donnée [20]. Il y avait une grande différence entre ces chefs et les grands de la cour du roi de Geth.

IV. Le prétendu mécontentement des grands n’obligea pas David à se retirer de cette cour. Il s’en retira par respect ; il craignit que lui et ses gens n’incommodassent le prince par leur séjour dans la capitale : il pria donc Akis de lui assigner une autre demeure ; ce qui lui fut accordé. Ceci avint avant que les chefs des Philistins demandassent que David sortît de leur camp.

V. Il ne fallait pas dire que David revint à Siceleg, puisque l’on n’avait pas dit qu’il y eût déjà séjourné.

(I) L’article de David du dictionnaire de la Bible me fournira la manière d’une remarque. ] Les imprimeurs en étaient ici, lorsqu’on m’a fait voir un dictionnaire [21], que j’ai consulté tout aussitôt à l’article du prophète David. J’y ai trouvé des endroits qui m’ont donné lieu à faire des observations, 1o. Il n’est point vrai que David soit venu au monde 110 ans avant la naissance de Jésus-Christ : il y a plus de mille ans [22] entre la naissance de l’un et la naissance de l’autre. 2o. L’auteur s’efforce d’ôter la difficulté qui saute aux yeux de tous les lecteurs, quand ils considèrent que Saül ne connaît point David le jour que Goliath fut tué : il s’efforce, dis-je, de la lever, et il s’y embrouille plus qu’il ne faudrait ; car il dit en un endroit [23] que David, âgé de 17 ans, alla jouer de la harpe auprès de Saül, et en un autre [24] il ne lui donne que 14 ou 15 ans, et la taille d’un fort petit garçon. Peu après, voulant réfuter ceux qui disent que le combat contre Goliath précéda le jeu de la harpe, il se fait une objection spécieuse tirée de ce que ceux qui proposèrent David comme un sujet propre à chasser par la panne le démon qui affligeait Saül, lui donnèrent l’éloge de vaillant homme et de bon guerrier [25]. Je réponds à cela, dit-il, qu’on ne doit pas conclure par ces deux mots, fortissimum et bellicosum, que le combat soit avant le jeu de la harpe, puisqu’on peut donner le nom de fort à qui que ce soit, pourvu qu’il le soit véritablement selon son âge. Est-ce pas être très-fort que de prendre les ours et les lions à la course, combattre contre eux et les étouffer ? Voilà une réponse qui suppose que David étant encore fort petit, et un jeune garçon de 14 ou 15 ans, s’était battu contre des lions, les avait pris à la course, les avait étouffés ; et pouvait être appelé un homme fort, un homme guerrier, un homme qui parlait bien. Cette difficulté est assez grande pour mener d’être repoussée : d’où vient donc que notre auteur ne fait pas même semblant de l’entrevoir ? Son silence n’empêchera pas que les lecteurs qui auront du nez ne sentent bien que puisque David se battit à l’âge de 21 ans contre Goliath [26], il devait avoir près de 20 ans la première fois qu’il fut à la cour de Saül. Et ainsi la raison que notre auteur débite comme la meilleure pourquoi Saül ne connut point David le jour du combat contre Goliath, ne vaut rien [27]. Cette raison est qu’un petit garçon change tellement de visage pendant sept ans, que ceux qui ne le revoient qu’après une absence de sept années ne le reconnaissent point. David n’est point dans le cas ; il faut donc recourir à d’autres raisons. L’auteur rapporte celles que divers commentateurs ont imaginées. Si elles ne satisfont pas pleinement ceux qui ne sont pas faciles à contenter, il s’en faut prendre à la nature de la question 3o. L’auteur oublie la plus forte preuve qu’on puisse alléguer contre ceux qui veulent que David n’ait été mandé pour chasser le démon de Saül, qu’après le combat de Goliath. Il n’allègue point que ces gens-là renversent l’ordre selon lequel l’Écriture narre les événemens, il n’allègue point que le serviteur de Saül, qui loua David d’être robuste, guerrier, éloquent, beau, ne parla pas de la victoire remportée sur Goliath. Or, il est impossible de comprendre que ceux qui auraient voulu le recommander au roi après ce combat, eussent été assez bêtes pour ne pas dire tout court au prince : Ce même jeune homme, qui a tué Goliath, joue bien des instrumens ; c’est lui qui vous guérira.

La crainte d’être trop long m’empêche d’examiner si, dans le reste de l’article l’auteur a manqué d’exactitude. Il a évité l’inconvénient que je marque à M. l’abbé de Choisi, il a rapporté les années où David a fait telle et telle chose.

  1. (*) Lib. 2 Reg., 17, 25.
  2. (*) Hieron., Trad. Heb. in lib. 2 Reg., cap. 17.
  3. (*) Tostat., 2 Reg., 17, quæst 27.
  4. (*) Liran. ibid.
  5. * Tout cet alinéa n’existait pas dans l’édition de 1697.
  6. * Cette remarque n’existait pas dans l’édition de 1697.
  7. * Cette dernière phrase n’existait pas dans l’édition de 1697.
  1. Voyez le Journal des Savans, du 14 juillet 1602, pag. 465, édit. de Hollande.
  2. In Bibliothecâ magnâ Rabbinicâ, part. II, pag. 4, cité dans le Journal des Savans, là même.
  3. Ces paroles [avec les additions qui les accompagnent, dit l’édition de 1697, ] sont du père Camart, pag. 126, 127, de Rebus gestis Eliæ.
  4. Ce livre a pour titre : Precetti da esser imparati dalle donne Ebree. Voyez tome II, pag. 435, la remarque (A) de l’article Arodon.
  5. Precetti da esser imparati, etc., cap. C, pag. 67.
  6. Ancora che Isai non lo facesse con buona volontà dubitando che si publicasse sua vergogna. Precetti da esser imparati, etc., pag. 68.
  7. Là même, pag. 69.
  8. Ier. livre de Samuel, chap. XVII, vs. 54.
  9. Là même, chap. XXI, vs. 8 et 9.
  10. Là même, chap. XVII, vs. 54.
  11. Joseph., Antiq., lib. VI, chap. XI et XIV.
  12. Choisi, Hist. de la Vie de David, pag. 8, 9, édition d’Amsterd., 1692.
  13. Ier. livre de Samuel, chap. XVI, vs. 18.
  14. IIe. livre de Samuel, chap. XV.
  15. Là même, chap. XVI.
  16. Il viola Tamar, et fut tué pour ce crime par ordre d’Absalom, frère de Tamar de père et de mère. Là même, chap. XIII.
  17. IIe. livre de Samuel, chap. XXIV.
  18. Là même, chap. XI.
  19. Il naquit, selon Calvisius, l’an du monde 2860, et fut oint par Samuel l’an du monde 2880, et tua Goliath l’année d’après.
  20. Ier. livre de Samuel, chap. XXIX.
  21. C’est le Dictionnaire de la Bible, composé par M. Simon, prêtre, docteur en théologie, et imprimé à Lyon, 1693, in-folio.
  22. Il y en a 1090, selon Calvisius.
  23. Pag. 249.
  24. Pag. 259.
  25. Et respondens unus de pueris ait : ecce vidi filium Isai Bethlemitem scientem psallere, et fortissimum robore, virum bellicosum, etc. Ibid. pag. 259.
  26. C’est la supposition de l’auteur du Dictionnaire de la Bible, pag. 240.
  27. Il cite l’auteur de l’Histoire de la Bible, qui a mis huit ans entre la première fois que Saül vit David et la seconde, et qui a supposé que David n’avait que quinze ans la première fois.
VARIANTES
DE L’ARTICLE DAVID.
Texte [* 1].


. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . (A). . . (e). . lui coupa la tête qu’il vint présenter à Saül (B). . . . . . (C). . . (h) Mais comme les chansons qu’on chanta par toutes les villes sur la défaite des Philistins faisaient dix fois plus d’honneur à David qu’à Saül, le roi sentit une jalousie véhémente, qui s’augmenta de plus en plus, parce que les emplois qu’il donnait à David afin de l’éloigner de la cour ne servaient qu’à rendre beaucoup plus illustre le mérite de ce jeune homme et à lui acquérir, etc. . . . . . (k). . . . . . . . . . . Il épousa la fille de Saül, et n’en devint que plus formidable au roi : toutes ses expéditions furent très-heureuses contre les Philistins ; son nom fit grand bruit ; il fut dans une estime extraordinaire ; de sorte que Saül qui connaissait beaucoup moins la vertu de son beau-fils que le naturel des peuples, ne crut point que rien fût capable d’empêcher qu’il ne se vît détrôner que la mort de David. Il résolut donc, etc. . . . . . . . . . . . . . . .(p) Il demanda au roi de Geth une ville pour sa demeure, d’où il fit cent courses sur les pays d’alentour (D) : et il ne tint pas à lui que sous l’étendard de ce prince philistin, il ne se battît contre les Israélites (E). Dans la malheureuse guerre où Saül périt. Il retourna en Judée, etc. . . . . . . . . . . . . . . . . . (y). . . . . . . . . . Du prince (F). . . . . . Était inévitable (G). . . . . . (z) La piété de David est si éclatante dans ses psaumes et dans plusieurs de ses actions qu’on ne la saurait assez admirer. Il y a une autre chose qui n’est pas moins admirable dans sa conduite : c’est de voir qu’il ait su mettre si heureusement d’accord tant de piété avec les maximes relâchées de l’art de régner. On croit ordinairement que son adultère avec Betsabée, le meurtre d’Urie, le dénombrement du peuple, sont les seules fautes qu’on puisse lui reprocher : c’est un grand abus ; il y a bien d’autres choses à reprendre dans sa vie (H). C’est un soleil de sainteté dans l’église ; il y répand par ses ouvrages une lumière féconde de consolation et de piété, que l’on ne saurait assez admirer : mais il a eu ses taches : et il n’est pas jusqu’à ses dernières paroles où l’on ne trouve les obliquités de la politique (I). L’Écriture Sainte ne les rapporte qu’historiquement : c’est pourquoi il est permis à chacun d’en juger [a]. Finissons par dire que l’histoire du roi David peut rassurer plusieurs têtes couronnées, contre les alarmes que les casuistes sévères leur pourraient donner en soutenant qu’il n’est presque pas possible qu’un roi se sauve. L’ouvrage que M. l’abbé de Choisi a publié sur la vie de ce grand prince est bon : Il serait beaucoup meilleur, si on avait pris la peine de marquer en marge les années de chaque fait, et les endroits de la Bible où de Josèphe qui ont fourni ce qu’on avance. Un lecteur n’est pas bien aise d’ignorer si ce qu’il vient de lire est d’une source sacrée, ou d’une source profane. Je ne marquerai pas beaucoup de fautes de M. Moreri (K). L’article de David que je viens de lire dans le Dictionnaire de la Bible me fournira la matière d’une remarque (L). J’ai oublié d’observer qu’on aurait tort de blâmer David de ce qu’il donna l’exclusion à son fils aîné (M).

  1. * J’ai, dans les variantes, conservé les signes indicatifs des remarques ou des notes, pour faciliter aux lecteurs les recherches des passages où viennent ces variantes.
  1. Voyez la remarque (I), à la fin.
Remarques [* 1].

(A) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ils auraient très-grande raison de dire qu’Isaï aurait commis un adultère ; mais, d’un autre côté, il faudrait dire qu’il n’aurait pas commis un péché, si, croyant de bonne foi qu’il jouissait de sa femme, il eût engrossé sa servante ; cette supposition, etc.

(B) [ C’est la remarque C de l’autre version. ]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ce sacrificateur lui répondit que l’épée de Goliath était là, enveloppée d’un drap, derrière l’éphode, et qu’il n’avait qu’à la prendre. David se la fit donner, etc.

(C) [ C’est la remarque (D) de l’autre version. ]

(D) Il demanda au roi de Geth une ville......, d’où il fit cent courses sur les pays d’alentour. ] David ayant demeuré quelque temps dans la ville capitale du roi Akis, avec sa petite troupe de six cents braves aventuriers, craignit d’être à charge à ce prince, et le pria de lui assigner une autre demeure. Akis lui marqua la ville de Siceleg. David s’y transporta avec ses braves, et ne laissa point rouiller leurs épées. Il les menait souvent en parti, et tuait sans miséricorde hommes et femmes : il ne laissait en vie que les bestiaux ; c’était le seul butin avec quoi il s’en revenait : il avait peur que les prisonniers ne découvrissent tout le mystère au roi Akis ; c’est pourquoi il n’en amenait aucun ; il faisait faire main-basse sur l’un et sur l’autre sexe. Le mystère qu’il ne voulait point que l’on révélât est que ces ravages se faisaient, non pas sur les terres des Israélites, comme il le faisait accroire au roi de Geth, mais sur les terres des anciens peuples de la Palestine (10). Franchement, cette conduite était fort mauvaise : pour couvrir une faute, on en commettait une plus grande. On trompait un roi à qui l’on avait de l’obligation, et on exerçait une cruauté prodigieuse afin de cacher cette tromperie. Si l’on avait demandé à David : De quelle autorité fais-tu ces choses ? qu’eût-il pu répondre ? Un particulier comme lui, un fugitif qui trouve un asile sur les terres d’un prince voisin, est-il en droit de commettre des hostilités pour son propre compte, et sans commission émanée du souverain du pays ? David avait-il une telle commission ? Ne s’éloignait-il pas, au contraire, et des intentions et des intérêts du roi de Gath ? Il est sûr que si aujourd’hui un particulier, de quelque naissance qu’il fût, se conduisait comme fit David en cette rencontre, il ne pourrait pas éviter qu’on ne lui donnât des noms très-peu honorables. Je sais bien que les plus illustres héros, et les plus fameux prophètes du Vieux Testament, ont quelquefois approuvé que l’on passât au fil de l’épée tout ce que l’on trouverait en vie, et ainsi je me garderais bien d’appeler inhumanité ce que fit David, s’il avait été autorisé des ordres de quelque prophète, ou si Dieu, par inspiration, lui eût commandé à lui-même d’en user ainsi : mais il paraît manifestement, par le silence de l’Écriture, qu’il fit tout cela de son propre mouvement.

Je dirai un mot de ce qu’il avait résolu de faire à Nabal. Pendant que cet homme, qui était fort riche, faisait tondre ses brebis, David lui fit demander fort honnêtement quelque gratification : ses messagers ne manquèrent pas de dire que jamais les bergers de Nabal n’avaient souffert du dommage de la part des gens de David. Comme Nabal était fort brutal, il demanda d’une façon incivile qui était David, et lui reprocha d’avoir secoué le joug de son maître : en un mot, il déclara qu’il n’était pas assez imprudent pour donner à des inconnus, et à des gens sans aveu, ce qu’il avait apprêté pour ses domestiques. David, outré de cette réponse, fait prendre les armes à quatre cents de ses soldats, et se met à leur tête, bien résolu de ne laisser âme qui vive sans la passer au fil de l’épée. Il s’y engage même par serment ; et s’il n’exécute point cette sanglante résolution, c’est qu’Abigail va l’apaiser par ses beaux discours et par ses présens (11). Abigail était la femme de Nabal, et une personne de grand mérite, belle, spirituelle, et qui plut si fort à David qu’il l’épousa dès qu’elle fut veuve (12). Parlons de bonne foi : n’est-il pas incontestable que David allait faire une action très-criminelle ? Il n’avait nul droit sur les biens de Nabal, ni aucun titre pour le punir de son incivilité. Il errait par le monde avec une troupe de bons amis : il pouvait bien demander aux gens aisés quelque gratification ; mais c’était à lui de prendre patience s’ils la refusaient, et il ne pouvait les y contraindre par des exécutions militaires, sans replonger le monde dans l’affreuse confusion de l’état qu’on appelle de nature, où l’on ne reconnaissait que la seule loi du plus fort. Que dirions-nous aujourd’hui d’un prince du sang de France qui, étant disgracié à la cour, se sauverait où il pourrait avec les amis qui voudraient bien être les compagnons de sa fortune ? Quel jugement, dis-je, en ferait-on, s’il s’avisait d’établir des contributions dans les pays où il se cantonnerait, et de passer tout au fil de l’épée dans les paroisses qui refuseraient de payer ses taxes ? Que dirions-nous si ce prince équipait quelques vaisseaux, et courait les mers pour s’emparer de tous les navires marchands qu’il pourrait prendre ? En bonne foi, David était-il plus autorisé pour exiger des contributions de Nabal, et pour massacrer tous les hommes et toutes les femmes au pays des Amalécites, etc., et pour enlever tous les bestiaux qu’il y trouvait ? Je consens que l’on me réponde que nous connaissons mieux aujourd’hui le droit des gens, le jus belli et pacis dont on a fait de beaux systèmes ; et qu’ainsi on était plus excusable en ce temps-là qu’on ne le serait aujourd’hui. Mais le profond respect que l’on doit avoir pour ce grand roi, pour ce grand prophète, ne nous doit pas empêcher de désapprouver les taches qui se rencontrent dans sa vie ; autrement nous donnerions lieu aux profanes de nous reprocher qu’il suffit, afin qu’une action soit juste, qu’elle ait été faite par certaines gens que nous vénérons. Il n’y aurait rien de plus funeste que cela à la morale chrétienne. Il est important pour la vraie religion que la vie des orthodoxes soit jugée par les idées générales de la droiture et de l’ordre.

(E) Il ne tint pas à lui qu’il ne se battit contre les Israëlites. ] Pendant que David, avec son petit camp volant, exterminait tous les pays infidèles où il pouvait pénétrer, on se préparait dans le pays des Philistins à faire la guerre aux Israélites. Les Philistins assemblèrent toutes leurs forces ; David et ses braves aventuriers se joignirent à l’armée d’Akis, et se seraient battus comme des lions contre leurs frères, si les Philistins soupçonneux n’eussent contraint Akis de les renvoyer. On appréhenda que dans la chaleur du combat ils ne se jetassent sur les Philistins, afin de faire leur paix avec Saül. Lorsque David eut appris qu’à cause de ces soupçons il fallait qu’il quittât l’armée, il en fut fâché [1]. Il voulait donc contribuer de toute sa force à la victoire des Philistins incirconcis sur ses propres frères, le peuple de Dieu, les sectateurs de la vraie religion ? Je laisse aux bons casuistes à juger si ces sentimens étaient dignes d’un véritable Israélite.

(F) [ C’est la remarque (E) de l’autre version. ] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’auteur de ce fratricide coucha avec les concubines de David. Quel scandale pour les bonnes âmes que de voir tant d’infamies dans la famille de ce roi !

(G) [ C’est la remarque (F) de l’autre version. ]

(H) On croit ordinairement que son adultère, etc., sont les seules choses qu’on lui puisse reprocher...... Il y a bien d’autres choses à reprendre dans sa vie. ] Nous en avons marqué déjà quelques-unes qui se rapportent au temps qu’il était homme privé ; en voici quelques autres qui appartiennent au temps de son règne.

I. On ne saurait bien excuser sa polygamie ; car encore que Dieu la tolérât en ce temps-là, il ne faut pas croire qu’on pût l’étendre bien loin sans lâcher un peu trop la bride à la sensualité. Mical, seconde fille de Saül, fut la première femme de David ; on la lui ôta pendant sa disgrâce [2] : il en épousa successivement quelques autres [3], et ne laissa pas de redemander la première : il fallut pour la lui rendre la ravir à un mari qui l’aimait beaucoup, et qui la suivit aussi loin qu’il lui fut possible, pleurant comme un enfant [4]. David ne fit point scrupule de s’allier avec la fille d’un incirconcis [5] ; et quoiqu’il eût des enfans de plusieurs femmes, il prit encore des concubines à Jérusalem. Il choisissait sans doute les plus belles qu’il rencontrait ; ainsi l’on ne saurait dire que, par rapport aux voluptés de l’amour, il ait eu beaucoup de soin de mécontenter la nature.

II. Dès qu’il eut appris la mort de Saül, il songea, sans perdre temps, à recueillir la succession. Il s’en alla à Hébron, et, aussitôt qu’il y fut arrivé, toute la tribu de Juda, dont il avait gagné les principaux par ses présens, le reconnut pour roi [6]. Si Abner n’avait conservé au fils de Saül le reste de la succession, il est indubitable que par la même méthode, je veux dire en gagnant les principaux par des présens, David serait devenu roi de tout Israël. Qu’arriva-t-il après que la fidélité d’Abner eut conservé onze tribus tout entières à Izbozet ? La même chose qui serait arrivée entre deux rois infidèles et très-ambitieux. David et Izbozet se firent incessamment la guerre [7], pour savoir lequel des deux gagnerait la portion de l’autre, afin de jouir de tout le royaume sans partage. Ce que je m’en vais dire est bien plus mauvais. Abner, mécontent du roi son maître, songe à le dépouiller de ses états, et à les livrer à David : il fait savoir à David ses intentions ; il va le trouver lui-même pour concerter avec lui les moyens de faire ce coup. David prête l’oreille à ce perfide, et veut bien gagner un royaume par des intrigues de cette manière [8]. Peut-on dire que ce soient des actions d’un saint ? J’avoue qu’il n’y a rien là qui ne soit conforme aux préceptes de la politique, et aux inventions de la prudence ; mais on ne me prouvera jamais que les lois exactes de l’équité et de la morale sévère d’un bon serviteur de Dieu puissent approuver cette conduite. Notez que David ne prétendait pas que le fils de Saül régnât par usurpation : il convenait que c’était un comme de bien [9], et par conséquent un roi légitime.

II. Je fais le même jugement de la ruse dont David usa pendant la révolte d’Absalom. Il ne voulut point que Cuscaï, l’un de ses meilleurs amis, le suivit ; il lui ordonna de se jeter dans le parti d’Absalom, afin de donner de mauvais conseils à ce fils rebelle, et d’être en état de faire savoir à David tous les desseins du nouveau roi [10]. Cette ruse est sans doute très-louable, à juger des choses selon la prudence humaine, et selon la politique des souverains. Elle sauva David, et depuis ce siècle-là jusqu’au nôtre inclusivement elle a produit une infinité d’aventures utiles aux uns et pernicieuses aux autres ; mais un casuiste rigide ne prendra jamais cette ruse pour une action digne d’un prophète, d’un saint, d’un homme de bien. Un homme de bien, en tant que tel, aimera mieux perdre une couronne que d’être cause de la damnation de son ami : or, c’est damner notre ami en tant qu’en nous est, que de le pousser à faire un crime ; et c’est un crime que de feindre que l’on embrasse avec chaleur le parti d’un homme ; que de le feindre, dis-je, afin de perdre cet homme en lui donnant de mauvais conseils, et en révélant tous les secrets de son cabinet. Peut-on voir une fourberie plus déloyale que celle de Cuscaï ? Dès qu’il aperçoit Absalom, il s’écrie : Vive le roi ! vive le roi ! et lorsqu’il voit qu’on lui demande d’où vient son ingratitude de ne pas suivre son intime ami, il se donne des airs dévots, il allègue des raisons de conscience : Je serai à celui que l’Éternel a choisi [11].

IV. Lorsque David, à cause de sa vieillesse, ne pouvait être échauffé par tous les habits dont on le couvrait, on s’avisa de lui chercher une jeune fille qui le gouvernât et qui couchât avec lui. Il souffrit qu’on lui amenât pour cet usage la plus belle fille que l’on put trouver [12]. Peut-on dire que ce soit l’action d’un homme bien chaste ? Un homme rempli des idées de la pureté, et parfaitement résolu de faire ce que l’ordre, ce que la belle morale demandent de lui, consentira-t-il jamais à ces remèdes ? Peut-on y consentir que lorsqu’on préfère les instincts de la nature et les intérêts de la chair à ceux de l’esprit de Dieu ?

V. Il y a long-temps que l’on blâme David d’avoir commis une injustice criante contre Méphiboseth, le fils de son intime ami Jonathan. Le fait est que David, ne craignant plus rien de la faction du roi Saül, fut bien aise de se montrer libéral envers tous ceux qui pourraient être restés de cette famille. Il apprit qu’il restait un pauvre boiteux nommé Méphibozeth, fils de Jonathan. Il le fit venir et le gratifia de toutes les terres qui avaient appartenu au roi Saül, et donna ordre à Siba, ancien serviteur de cette maison de faire valoir ces terres à son profit, et pour l’entretien du fils de Méphiboseth ; car quant à Méphiboseth, il devait avoir toute sa vie une place à la table du roi David [13]. Lorque ce prince se sauvait de Jérusalem, pour n’y tomber pas entre les mains d’Absalon, il rencontra Siba qui lui apportait quelques rafraîchissemens, et qui lui dit en trois mots que Méphiboseth se tenait à Jérusalem dans l’espérance que parmi ces révolutions il recouvrerait le royaume. Sur cela, David donna à cet homme tous les biens de Méphiboseth [14]. Après la mort d’Absalom, il apprit que Siba avait été un faux délateur, et néanmoins il ne lui ôta que la moitié de ce qu’il lui avait donné ; il ne restitua à Méphiboseth que la moitié de son bien. Il y a des auteurs qui prétendent que cette injustice, qui était d’autant plus grande que David avait les dernières obligations à Jonathan, fut cause que Dieu permit que Jéroboam divisât en deux le royaume d’Israël [15]. Mais il est sûr que les péchés de Salomon furent cause que Dieu permit cette division [16]. Tous les interprètes n’ont pas renoncé à l’apologie de David. Il y en a qui prétendent que l’accusation de Siba n’était point injuste, ou que pour le moins elle était fondée sur tant de probabilités, qu’on pouvait y ajouter foi sans faire un jugement téméraire [17]. Mais il n’y a guère de gens qui soient de cette opinion. La plupart des Pères et des modernes croient que Siba fut un calomniateur, et que David se laissa surprendre. Remarquez bien la pensée du pape Grégoire : il avoue que Méphiboseth fut calomnié, et néanmoins il prétend que la sentence qui le dépouilla de tous ses biens était juste. Il le prétend pour deux raisons : 1o. parce que David la prononça ; 2o. parce qu’un secret jugement de Dieu y intervint. Non me latet, præter interpretes in contrarium supra adductos, S. Gregorium contra Davidem stare, l. 1. dialog. c. 4. Quamvis enim, ait, latam à Davide contra innocentem Jonathæ filium sententiam, quia per Davidem lata est, et occulto Dei judicio pronunciata, justam credi, tamen disertè agnoscit Mephibosethum fuisse innocentem. Ex quo apertè sequitur, sententiam Davidis non fuisse justam. In quo cogimur S. Gregorio non adhærere ; cum compertissima sit Davidis sanctitas ; nec eum posteà sarcisse hujusmodi dispendium aliunde constet [18]. L’auteur que je cite prend une autre route : puisque la sainteté de David, dit-il, nous est très-connue, et qu’il n’a jamais ordonné la réparation du tort qu’il avait fait à Méphiboseth, il faut conclure que la sentence fut juste. C’est établir un très-dangereux principe : on ne pourrait plus examiner sur les idées de la morale les actions des anciens prophètes, pour condamner celles qui n’y seraient point conformes ; et ainsi les libertins pourraient accuser nos casuistes d’approuver certaines actions qui visiblement sont injustes ; de les approuver, dis-je, en faveur de certaines gens, et par acception de personnes. Disons mieux, appliquons aux saints ce qui a été dit des grands esprits, nullum sine veniâ placuit ingenium. Les plus grands saints ont besoin qu’on leur pardonne quelque chose.

VI. Je ne dis rien du reproche qui fut fait à David par Mical, l’une de ses femmes, sur l’équipage où il s’était mis en dansant publiquement. S’il avait découvert sa nudité, son action pourrait passer pour mauvaise, moralement parlant ; mais s’il ne fit autre chose que se rendre méprisable par ses postures, et en soutenant mal la majesté de son caractère, ce fut tout au plus une imprudence, et non pas un crime. Il faut bien considérer en quelle occasion il dansa : ce fut lorsque l’arche fut portée à Jérusalem [19] ; et par conséquent l’excès de sa joie et de ses sauts témoignait son attachement et sa sensibilité pour les choses saintes. Un auteur moderne a voulu justifier la nudité de Francois d’Assise par celle de David : Michol, femme de David, dit-il [20], ayant vu d’une fenêtre son mari qui, transporté d’une sainte ferveur, sautait et dansait devant l’arche du Seigneur, le méprisa en son cœur, et... luy dit en raillant : Qu’elle est grande la gloire que s’est acquise aujourd’hui le roi d’Israël, quand il s’est découvert en présence des servantes de ses sujets, et qu’il s’est dépouillé nu comme un débauché ! Ces dernières paroles du texte sacré semblent faire voir que David se dépouilla tout nu : néanmoins comme le même texte (v. 14.), parlant de la danse de David devant l’arche, dit qu’il était vêtu d’un éphode de lin, je ne pense pas qu’il se dépouilla tout nu. Mais il se dépouilla assez pour qu’il parût comme nu ; et que cela fut jugé indigne de la gravité et de la majesté d’un roi : d’autant plus que la chose se faisait publiquement et devant un grand monde. L’action de David, accompagnée de toutes ces circonstances, n’est pas plus favorable que celle de saint François, qui eut très-peu de spectateurs [21] : de sorte que si l’action de l’un mérite la censure, celle de l’autre ne peut pas en être exempte ; aussi lisons-nous que Michol s’en moqua. Mais voyons si le Saint-Esprit s’en est moqué, et nous jugerons par là si l’on doit se moquer de l’action de saint François. Il rapporte après cela ce que David répondit à Michol, et ce que l’Écriture remarque touchant la stérilité de cette femme. Il y aurait bien des dames qui mériteraient d’être stériles, s’il ne fallait pour cela qu’avoir le goût de Michol. On trouverait fort étrange par toute l’Europe, si un jour de procession du Saint Sacrement les rois dansaient dans les rues n’ayant qu’une petite ceinture sur le corps.

VII. Les conquêtes de David seront le sujet de ma dernière observation. Il y a des casuistes rigides qui ne croient pas qu’un prince chrétien puisse légitimement s’engager à une guerre par la seule envie de s’agrandir. Ces casuistes n’approuvent que les guerres défensives, ou en général celles qui ne tendent qu’à faire restituer à chacun le bien qui lui appartient. Sur le pied de cette maxime, David aurait souvent entrepris des guerres injustes ; car outre que l’Écriture sainte nous le représente assez souvent comme l’agresseur, il se trouve qu’il étendit, les bornes de son empire depuis l’Égypte jusqu’à l’Euphrate [22]. faut donc mieux dire, pour ne pas condamner David, que les conquêtes peuvent être quelquefois permises, et qu’ainsi l’on doit prendre garde si, en déclamant contre les princes modernes, on ne frappe pas ce grand prophète sans y penser.

Mais si, généralement parlant, les conquêtes de ce saint monarque lui ont été glorieuses, sans préjudicier à sa justice, on a de la peine à convenir de cette proposition, quand on descend dans le détail. Ne fouillons point par nos conjectures dans les secrets que l’histoire ne nous a point révélés : ne concluons pas que, puisque David voulut profiter de la trahison d’Abner, et de celle de Cuscaï, il n’y a guère de ruses qu’il n’ait mises en usage contre les rois infidèles qu’il subjugua. Arrêtons-nous uniquement à ce que l’Histoire sainte nous dit de la manière dont il traitait les vaincus. Il emmena aussi le peuple qui était dans Rabba [23], et le mit sur des scies et sur des herses de fer, et sur des cognées de fer, et les fit passer par un fourneau où l’on cuit les briques. Ainsi en fit-il en toutes les villes des enfans de Hammon [24]. La Bible de Genève observe à la marge de ce verset que c’étaient des espèces de supplices à mort dont on usait anciennement. Voyons comme il traita les Moabites : Il les mesura au cordeau, les faisant coucher par terre, et en mesura deux cordeaux pour les faire mourir, et un plein cordeau pour les laisser en vie [25] ; c’est-à-dire, qu’il voulut précisément en faire mourir les deux tiers, ni plus ni moins [26]. L’Idumée reçut un plus rude traitement : il y fit tuer tous les mâles ; Joab y demeura six mois avec tout Israël, jusqu’à tant qu’il eût exterminé tous les mâles d’Edom [27]. Peut-on nier que cette manière de faire la guerre ne soit blâmable ? Les Turcs et les Tartares n’ont-ils pas un peu plus d’humanité ? Et si une infinité de petits livrets crient tous les jours contre des exécutions militaires de notre temps, dures à la vérité et fort blâmables, mais douces en comparaison de celles de David, que ne diraient pas aujourd’hui les auteurs de ces petits livres, s’ils avaient à reprocher les scies, les herses, les fourneaux de David, et la tuerie générale de tous les mâles grands et petits ?

(I) Il n’y a pas jusqu’à ses dernières paroles où l’on ne trouve les obliquités de la politique. ] Prenez bien mon sens : je ne veux pas dire que David en cet état ne parlait point selon ses pensées : mais que la manière franche et nette dont il ouvrit son cœur témoigne qu’auparavant il avait sacrifié en deux rencontres remarquables la justice à l’utilité. Il avait clairement connu que Joab méritait la mort, et que l’impunité des assassinats dont cet homme avait les mains teintes, était une injure criante faite aux lois et à la raison. Joab néanmoins avait conservé ses charges, son crédit, son autorité. Il était brave, il servait fidèlement et utilement le roi son maître ; on pouvait craindre de fâcheux mécontentemens si l’on entreprenait de le châtier. Voilà des raisons de politique qui firent céder les lois à l’utilité. Mais lorsque David n’eut plus besoin de ce général, il donna ordre qu’on le fît mourir ; ce fut un des articles de son testament [28]. Son successeur Salomon fut chargé d’une semblable exécution contre Séméi. Cet homme, sachant que David se sauvait de Jérusalem en grand désordre, à cause de la révolte d’Absalom, le vint insulter au beau milieu du chemin, et lui fit des reproches encore plus durs que les pierres qu’il lui jetait [29]. David souffrit cette injure fort patiemment : il y reconnut et y adora la main de Dieu avec des marques d’une piété singulière ; et lorsque ses affaires furent rétablies, il pardonna à Séméi, qui fut des premiers à se soumettre et à implorer sa clémence [30]. David lui jura qu’il ne le ferait point mourir, et il lui tint sa parole jusqu’au lit de mort ; mais se voyant en cet état, il chargea son fils de faire mourir cet homme [31] ; preuve évidente qu’il ne l’avait laissé vivre que pour s’attirer d’abord la gloire d’un prince clément, et puis afin d’éviter que personne ne lui reprochât en face d’avoir manqué de parole. Je voudrais bien savoir si, dans la rigueur des termes, un homme qui promet la vie à son ennemi s’acquitte de sa promesse lorsque par son testament il ordonne de le tuer.

De tout ce que je viens de dire dans les remarques précédentes et dans celle-ci, on peut aisément inférer que si les peuples de la Syrie avaient été d’aussi grands faiseurs de libelles que le sont aujourd’hui les Européens, ils auraient étrangement défiguré la gloire de David. De quels noms et de quels titres infâmes n’eussent-ils pas accablé cette troupe d’aventuriers qui le fut joindre après qu’il se fut retiré de la cour de Saül ? L’Écriture nous apprend que tous ceux qui se voyaient persécutés par leurs créanciers, tous les mécontens, et tous ceux qui étaient très-mal dans leurs affaires, coururent vers lui, et qu’il se rendit leur chef [32]. Il n’y a rien qui puisse être plus malignement empoisonné qu’une telle chose. Les historiens de Catilina et ceux de César fourniraient là bien des couleurs à un peintre satirique. L’histoire a conservé un petit échantillon des médisances auxquelles David était exposé parmi les amis de Saül. Cet échantillon témoigne qu’ils l’accusaient d’être homme de sang, et qu’ils regardaient la révolte d’Absalom comme la juste punition des maux qu’ils disaient que David avait faits à Saül et à toute sa famille. Je mets en note les paroles de l’Écriture [33] ; et voici celles de Josèphe [34] : Δαϐίδῃ δὲ γενομένῳ κατὰ χώραμον οὕτω καλούμενον τόπον ἐπέρχεται τοῦ Σαούλου συγγενὴς ὄνομα Σεμεει...... καὶ λίθοις τε ἔϐαλεν αὐτὸν καὶ ἐκακηγόρει. ϕίλων καὶ σκεπόντων ἔτι μᾶλλον βλασϕημῶν διετέλει, μιαιϕόνον καὶ πολλῶν ἁρχηγὸν κακῶν ἀποκαλῶν. ἐκέλευε δὲ καὶ τῆς γῆς, ὡς ἐναγῆ καὶ ἐπάρατον ἐξεῖναι, καὶ τῷ Θεῷ χάριν ἔχειν ὡμολογεῖ τῆς βασιλείας αὐτὸν ἀϕελομένῳ, καὶ διὰ παιδὸς ἰδίου τὴν ὑπὲρ ὧν ἤμαρτεν εἰς αὐτοῦ δεσπότην δίκην αὐτῷ εὶσπραξαμένῳ. Davidi verò juxta locum Bachoram supervenit cognatus Sauli nomine Semeis...... saxis eum simul et convitiis impetens. Cumque armici eum protegerent, magis etiam exasperatus ad convitia sanguinarium et multorum malorum causam appellabat, jubens ut impurus ac execrabilis regione excederet, gratiasque agebat Deo quod per proprium filium pœnam peccatorum ab illo exigeret, et eorum que olim in dominum suum commiserat. Ils outraient les choses : il est vrai que, selon le témoignage de Dieu même, David était un homme de sang ; et c’est pour cela que Dieu ne lui voulut pas permettre de bâtir le temple [35]. Il est vrai encore que, pour apaiser les Gabaonites, il leur livra deux fils et cinq petits-fils de Saül, qui furent crucifiés tous sept [36]. Mais il est faux qu’il ait jamais attenté ni à la vie ni à la couronne de Saül.

Ceux qui trouveront étrange que je dise mon sentiment sur quelques actions de David, comparées avec la morale naturelle, sont priés de considérer trois choses : 1o. qu’ils sont eux-mêmes obligés de confesser que la conduite de ce prince envers Urie est un des plus grands crimes qu’on puisse commettre. Il n’y a donc entre eux et moi qu’une différence du plus au moins ; car je reconnais avec eux que les fautes de ce prophète n’empêchent pas qu’il n’ait été rempli de piété, et d’un grand zèle pour la gloire de l’Éternel. Il a été sujet à l’alternative des passions et de la grâce. C’est une fatalité attachée à notre nature depuis le péché d’Adam. La grâce de Dieu le conduisait très-souvent ; mais en diverses rencontres les passions prirent le dessus : la politique imposa silence à la religion ; 2o. qu’il est très-permis à de petits particuliers comme moi de juger des faits contenus dans l’Écriture, lorsqu’ils ne sont pas expressément qualifiés par le Saint-Esprit. Si l’Écriture, en rapportant une action, la blâme ou la loue, il n’est plus permis à personne d’appeler de ce jugement ; chacun doit régler son approbation ou son blâme sur le modèle de l’Écriture. Je n’ai point contrevenu à ce devoir : les faits sur lesquels j’ai avancé mon petit avis sont rapportés dans l’Histoire sainte, sans l’attache du Saint-Esprit, sans aucun caractère d’approbation [37] ; 3o. qu’on ferait un très-grand tort aux lois éternelles, et par conséquent à la vraie religion, si l’on donnait lieu aux profanes de nous objecter que dès qu’un homme a eu part aux inspirations de Dieu, nous regardons sa conduite comme la règle des mœurs ; de sorte que nous n’oserions condamner les actions du monde les plus opposées aux notions de l’équité, quand c’est lui qui les a commises. Il n’y a point de milieu : ou ces actions ne valent rien, ou les actions semblables à celles-là ne sont pas mauvaises ; or, puisqu’il faut choisir l’une ou l’autre de ces deux choses, ne vaut-il pas mieux ménager les intérêts de la morale que la gloire d’un particulier ? Autrement ne témoignerait-on pas que l’on aime mieux commettre l’honneur de Dieu que celui d’un homme mortel ?

(K) [ C’est la note (H) de l’autre version. ]

I. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

II. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . et s’en retourne à son logis. M. Moréri prétend, etc. . . . . . . . . . . . . . . . Je laisse à M. Simon, etc. . . . . . . .

I. . . . . . . . . . l’arrière-garde de l’armée d’Akis. Les chefs des Philistins voulurent absolument que David s’en retournât dans la ville etc. . . . . . .

(L) [ C’est la remarque (I) de l’autre version. ]
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

I. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . II. Il ne fallait pas supprimer les courses faites par David sur les alliés de son patron, ni le mensonge dont il se servit en persuadant au roi Akis qu’il les faisait sur les terres des Israélites. Il ne fallait point non plus supprimer la mauvaise guerre qu’il faisait à ces gens-là : il passait au fil de l’épée hommes et femmes. Il n’est pas permis dans un dictionnaire, d’imiter les panégyristes, qui ne touchent qu’aux beaux endroits : il faut agir en historien, il faut rapporter le bien et le mal, et c’est ce qu’a fait l’Écriture. III. On ne saurait donc approuver l’affectation qui paraît ici, de ne rien dire des ruses de David, tant contre Isbozeth que contre Absalom, et de ne parler que des guerres où David était provoqué. Ne fallait-il pas dire quelque chose de celles où l’Écriture le représente comme l’agresseur, et de la sévérité étonnante dont il usait envers les vaincus ? IV. L’auteur fait pis que supprimer ; il suppose, sans l’Écriture, que les Syriens, les Ammonites, les Moabites et les autres peuples voisins, attaquaient David. L’Histoire sainte insinue clairement qu’ils ne firent que tâcher de se défendre, en quoi ils ne réussirent nullement [38]. V. Il suppose aussi, sans l’Écriture, que ce prince épousa la jeune fille qu’on lui avait amenée pour tâcher de le réchauffer. Je pourrais lui passer cela, sans faire tort à ce que j’ai dit touchant cette belle méthode de faire revivre la chaleur naturelle. Je ne pense pas que nos casuistes modernes les plus relâchés consentissent qu’un vieillard entièrement incapable de consommer le mariage, épousât une jeune fille dans la seule vue de se réchauffer les pieds et les mains auprès d’elle. Ils croiraient sans doute qu’il pécherait, et qu’il serait cause que sa compagne pécherait aussi. VI. L’auteur s’efforce, etc.

(M) On aurait tort de le blâmer de ce qu’il donna l’exclusion à son fils aîné. ] David laissa son royaume à Salomon au préjudice du droit d’aînesse, droit qui dans les couronnes héréditaires dit être inviolablement maintenu, à moins qu’on ne veuille ouvrir la porte à mille guerres civiles. Néanmoins David eut de très-justes raisons de déroger à ce droit, puisqu’Adonija, son fils aîné, avait eu tant d’impatience de régner, qu’il était monté sur le trône avant que David eût cessé de vivre [39]. Ce bon père n’avait osé témoigner son ressentiment contre une impatience qui, dans le vrai, ne différait point de l’usurpation : il avait été toujours fort tendre pour ses enfans ; et son âge presque décrépit n’était pas fort propre à corriger la mollesse qui accompagne les cœurs tendres : mais la mère de Salomon, excitée et dirigée par un prophète [40] qu’Adonija n’avait point prié au festin royal [41], para le coup ; elle et le prophète obligèrent David à se déclarer en faveur de Salomon, et à donner tous les ordres nécessaires pour l’installation de ce jeune prince. Adonija se crut perdu, et se réfugia au pied des autels : mais Salomon le fit assurer qu’il ne lui ferait aucun mal, pourvu qu’il le vit tenir une bonne et sage conduite [42]. Il le fit tuer néanmoins pour une raison qui paraît assez légère ; je veux dire à cause qu’Adonija avait demandé en mariage la Sunamite qui avait servi à réchauffer David [43]. Ceci confirme ce que j’ai dit ci-dessus, que ce roi-prophète fut malheureux en enfans. Ils n’avaient aucun naturel, ni envers lui, ni les uns envers les autres. Voici le plus sage de tous qui répand le sang de son aîné pour une vétille ; car il ne faut pas s’imaginer qu’il l’ait fait mourir à cause du déréglement qu’il y avait dans ces amours d’Adonija. Tous les fils de David devaient regarder la Sunamite comme le fruit défendu. Sa virginité avait appartenu à leur père ; il s’en serait mis actuellement en possession, si ses forces l’avaient permis. Adonija était donc blâmable de jeter les yeux sur cette fille ; mais ce ne fut point pour cette raison que son frère le tua : ce fut à cause que sa demande réveilla les jalousies de Salomon, et fit craindre que si on l’accoutumait à demander des faveurs, il ne songeât bientôt à faire valoir son droit d’aînesse [44]. Une politique à quelques égards de la nature de celle des Ottomans le fit périr.

  1. * Voyez ma note au commencement des variantes, page. 408.
  1. Et David dit à Akis, mais qu’ai-je fait ? et qu’as-tu trouvé en ton serviteur depuis le jour que j’ai été avec toi jusqu’a ce jourd’hui, que je n’aille point combattre contre les ennemis du roi, mon seigneur ? Ier. livre de Samuel, chap. XXIX, vs. 8.
  2. Ier. livre de Samuel, chap. XX, vs. 44.
  3. IIe. livre de Samuel, chap. III et V.
  4. Là même, chap. III, vs. 16.
  5. Talmai, roi de Guesçur. Là même, vs. 3.
  6. Histoire de la Vie de David, par l’abbé de Choisi, pag. 45.
  7. IIe. livre de Samuel, chap. III, vs. 1.
  8. Là même, chap. III.
  9. Là même, chap. IV, vs. 35.
  10. Là même, chap. XV.
  11. IIe. livre de Samuel, chap. XVI, vs. 18.
  12. Ier. livre des Rois, chap. I.
  13. IIe. livre de Samuel, chap. IX.
  14. Là même, chap. XVI.
  15. Id gravis peccati injustitiæ erga innoxiun Mephibosethum, damnant Abulensis 2 reg. 16, q. 6, etc. 10, q. 29, et Richelius, ac Cajetanus ibi : nec non Salianus anno mundi 3010, à num. 21, et alii plerique anteriores, ut Lyranus, Hugo, Rabanus, aliique : quibus ob hanc injustitiam in Mephibosethum, nexa cum infidelitate magnâ et ingratitudine in Jonathan ejus patrem, visum est scissum esse sub Roboano, Davidis regnum. Et ita videtur asseri apud Hieronymum in tradit. Hebr. ad l. 2 reg. c. 19. Th. Raynaudus, Hoplot., sect. II, serie II, cap. X, pag. m. 231.
  16. Ier. livre des Rois, chap. XI, vs. 11.
  17. Vide Petrum Joannem Olivii, apud Theoph. Raynaud., Hoploth., sect. IV, cap. III, pag. 523 ; et ipsum Raynaud., pag. 232.
  18. Th. Raynaud., pag. 232.
  19. IIe. livre de Samuel, chap. VI.
  20. Fernand, Réponse à l’Apologie pour la réformation, pag. 364, 365.
  21. François d’Assise étant mené par son père à l’évêque, afin qu’il renonçât entre ses mains à tous les biens paternels, et qu’il rendît tout ce qu’il avait, rendit à son père ses habits mêmes, et se dépouilla tout nu en présence des assistans. L’évêque se leva de son siège, et le couvrit de son manteau. Bonaventure, Vie de saint François, citée par Ferrand, Réponse à l’Apologie pour la réformation, pag. 363, 364.
  22. L’abbé de Choisi, Histoire de la Vie de David, pag. 64.
  23. C’était la principale ville des Hammonites.
  24. IIe. livre de Samuel, chap. XII, vs. 31.
  25. Là même, chap. VIII, vs. 2.
  26. Voyez la note de la Bible de Genève.
  27. Ier. livre des Rois, chap. XI, vs. 15.
  28. Ier. livre des Rois, chap. II, vs. 6.
  29. IIe. livre de Samuel, chap. XVI, vs. 5 et suiv.
  30. Là même, chap. XIX, vs. 19 et suiv.
  31. 1er. livre des Rois, chap. II, vs. 9.
  32. Convenerunt ad eum omnes qui erant in angustiâ constituti, et oppressi ære alieno, et amaro animo, et factus est eorum princeps. 1o. lib. Samuel., cap. XXII, vs. 2.
  33. Les paroles de Séméi, selon l’Écriture, sont celles-ci : Sors, sors, homme de sang, et méchant garnement : l’Éternel a fait retourner sur toi tout le sang de la maison de Saül, au lieu duquel tu as régné, et l’Éternel a mis le royaume entre les mains de ton fils Absalom. Et te voilà en ton propre mal, parce que tu es un homme de sang. IIe. livre de Samuel, chap. XVI.
  34. Antiq., lib. VII. cap. VIII, pag. 230.
  35. Ier. livre des Chroniques, chap. XXII, vs. 8, et chap. XXVIII, vs. 3.
  36. IIe livre de Samuel, chap. XXI.
  37. J’ai pris garde que l’Écriture nous apprend que David consulta et suivit les ordres de Dieu, quand il s’agit de repousser les agresseurs, Ier. livre de Samuel, chap. XXIII et XXX ; mais qu’il ne consulta point Dieu, quand il voulut ruiner Nabal, ni quand il allait exterminer les voisins d’Akis, et faisait accroire qu’il ravageait les états de Saül. C’est un signe que Dieu n’approuvait point ces sortes d’actions.
  38. Voyez le IIe. livre de Samuel, chap. VIII.
  39. Ier. livre des Rois, chap. I.
  40. Par le prophète Nathan.
  41. Ier. livre des Rois, chap. I, vs. 10 et 26.
  42. Là même, vs. 51, 52.
  43. Là même, chap. II.
  44. Là même, vs. 22.

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