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Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Diagoras 2

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DIAGORAS, surnommée l’athée [a], vivait en la 91e. olympiade (A). On a pu dire qu’il était un philosophe d’Athènes, car il a philosophé dans cette ville ; mais il n’en était point natif. L’île de Mélos, l’une des Cyclades, ou la ville de Mélia dans la Carie, étaient le lieu de sa naissance (B). Un entêtement d’auteur, une tendresse excessive pour une production de son esprit, l’entraîna dans l’impiété (C). Ce fut l’un des plus francs, et des plus déterminés athées du monde : il n’usa point d’équivoques, ni d’aucun patelinage ; il nia tout court qu’il y eût des dieux (D). Les Athéniens le citèrent pour lui faire rendre compte de son dogme, mais il prit la fuite ; sur quoi ils mirent sa tête à prix [b]. Ils firent promettre à son de trompe un talent à quiconque le tuerait, et deux à quiconque l’amènerait vif ; et ils firent graver ce décret sur une colonne de cuivre. Leur sévérité s’étendit fort loin (E) ; mais elle ne fit pas qu’on l’attrapât, car il s’embarqua et fit naufrage [c]. Tatien [d], raconte qu’il fut puni pour avoir mis à l’étalage les mystères des Athéniens (F). Quelques savans conjecturent que le livre qu’il lui attribue traitait des mystères de la déesse Cybèle (G). D’autres disent que Diagoras dicta de très-justes lois aux législateurs des Mantinéens (H). Cicéron rapporte quelques reparties profanes de Diagoras (I). Quelques-uns disent que cet impie était redevable de sa liberté à Démocrite (K). La bévue de Pierre Grégoire de Toulouse est des plus grossières. Il a cru que Diagoras fut accusé d’avoir volé les poésies d’un autre (L). Clément d’Alexandrie n’a pas bien connu la doctrine de ce philosophe (M).

  1. Cicero, de Naturâ Deor., lib. I et III ; Diodor Siculus, lib. XIII, cap. VI ; Lactant. de Irâ Dei, cap. IX, et multi alii.
  2. Diodor. Sicul., ibid.
  3. Athen., lib. XIII, pag. 611.
  4. Suidas, in Διαγόρας, et Melanthes, in libro de Mysteriis, apud Scholiasten Aristophanis in Avib., fol. 139, verso edit. Fiorent., 1525.

(A) Il vivait en la 91e. olympiade. ] Ce fut alors qu’il abandonna le pays des Athéniens, pour n’être pas puni de son athéisme [1]. Eusèbe s’est donc trompé, quand il l’a mis sous la 74e, olympiade. Scaliger[2] lui a relevé cette faute, où il a trouvé 66 ans de mécompte : il devait y en trouver 65, car il remarque qu’en la 2e. année de la 91e. olympiade les Athéniens firent promettre un talent à celui qui tuerait Diagoras, et deux talens à celui qui l’amènerait vivant. Or, Eusèbe a placé Diagoras sous l’an 3 de la 74e. olympiade : il se trompe donc de 67 années. Vossius [3] n’a point évité cette faute. Lactance s’est plus trompé dans l’autre sens, c’est-à-dire, en faisant Diagoras moins ancien qu’il ne fallait. Non-seulement il le fait vivre après Épicure, mais aussi après les siècles où la philosophie florissait : il le renvoie au temps où cette science était déchue. Verùm iis posteà temporibus quibus jam philosophia defloruerat, extitit Athenis quidam Diagoras qui nullum esse omninò Deum diceret, ob eamque sententiam nominatus est ἀθεος [4].

(B) L’île de Mélos........, ou la ville de Mélia.........., étaient le lieu de sa naissance. ] On le surnomme Mélius. C’est l’épithète que Cicéron [5], Élien [6], et Diogène Laërce [7] lui ont donnée. Eustathius [8], qui lui donne celle de Milésien, se trompe : Vossius, qui le fait Athénien, se trompe aussi. Je dis qu’il le fait Athénien ; car après avoir parlé du philosophe Diagoras, il ajoute, puto eundem esse Diagoram Atheniensem, qui reliquit sermones Phrygios [9]. Il cite Les paroles où Tatien dit que Diagoras était d’Athènes, Διαγόρας Ἀθηναῖος ἦν. Crésollius [10] ne parle que d’un Diagoras Athénien, qui est le même que celui que Tatien a cité ; de sorte que, comme, selon toutes les apparences, Tatien n’a eu en vue que le même Diagoras qui fut surnommé l’athée, il faut conclure qu’ils ont tous ignoré d’où il était. Volaterran et Benoît ont suivi l’erreur d’Eustathius, celui-là au XVe. livre de sa compilation, celui-ci dans son commentaire sur Pindare [11].

(C) Un entêtement d’auteur........ l’entraîna dans l’impieté. ] Voici comment cette affaire se passa. Il se plaisait à faire des vers, et il avait composé un poëme qu’un poëte lui déroba. Il fit un procès au voleur : celui-ci jura qu’il n’avait rien dérobé, et un peu après il publia cet ouvrage, qui lui acquit une grande réputation. Diagoras considérant que celui qui lui avait fait du tort, non-seulement n’avait pas été puni de son vol et de son parjure, mais aussi qu’il en avait tiré de la gloire, conclut qu’il n’y avait point de providence, ni point de divinités, et fit des livres pour le prouver. C’est Hésychius Illustrius [12] qui fait ce conte. Il faut avouer que jamais auteur n’a été plus amoureux de ses ouvrages que Diagoras, et ne les a osé mettre à un tel prix. Quoi, parce que Diagoras a perdu la gloire qu’il attendait de un de ses livres, il faut que tout l’univers en souffre, il faut que la nature soit privée de son directeur et de son conservateur ? quelle compensation est-ce que cela ? Qu’on ne me dise pas que ma réflexion est forcée : je conviens qu’il y a du faux dans ce tour-là, et quelque chose d’outré ; mais je maintiens que Diagoras n’eût point raisonné comme il fit, s’il n’eût eu une estime très-particulière, et une affection très-intime pour le bien qu’il avait perdu. Je ne sais si jamais la prospérité d’un malhonnête homme à fait douter de la providence à ceux qui se ressentaient de cette prospérité, ou qui du moins n’en recevaient aucun mal. Nous verrons dans la remarque suivante d’autres causes de l’impiété de Diagoras.

(D) Il nia tout court qu’il y eût des dieux. ] C’est ainsi qu’on caractérise ses dogmes, quand on les veut distinguer de ceux de Protagoras, qui ne faisait que mettre en problème la religion. In hâc quæstione plerique, quod maximè verisimile est, et quo omnes duce naturâ vehimur, deos esse dixerunt : dubitare se Protagoras ; nullos esse omnino Diagoras Melius et Theodorus Cyrenaicus putaverunt [13]. Il y a donc bien de l’apparence que Valère Maxime s’est trompé, quand il a dit que Diagoras fut banni d’Athènes pour avoir dit qu’il ne savait point s’il y avait des dieux ; et que, s’il y en avait, il n’en connaissait pas la nature. Athenienses Diagoram philosophum pepulerunt, qua scribere ausus fuerat, primùm ignorare se an Dii essent : deindè, si sint, quales sint [14]. Cela convient parfaitement à Protagoras, et nullement à Diagoras : disons donc que Valère Maxime a pris l’un pour l’autre [15] : cela lui est assez ordinaire, M. Moréri le copie sans se défier de rien, et tombe dans plusieurs péchés d’omission, selon sa coutume. Voyez ci-dessous [16] le passage d’Athénagoras, et la remarque (G), où nous parlerons du titre d’un livre de Diagoras contre la divinité. Ce que Sextus Empiricus observe mérite notre attention. Diagoras avait été superstitieux autant que qui que ce fût, et il avait commencé dévotement ses poésies ; mais dès qu’il eut vu l’impunité de l’homme parjure qui lui avait fait du tort, il soutint qu’il n’y avait point de Dieu. Διαγόρας δὲ ὁ Μήλιος, διθυραμϐοποιὸς, ὥς ϕασι τὸ, πρῶτον γενόμενος, ὡς ἐίτις καὶ ἄλλος δεισιδαίμων· ὅς γε καὶ τῆς ποιήσεως ἑαυτοῦ κατήρξατο τὸν τρόπον τοῦτον· κατὰ δαίμονα καὶ τύχην πάντα τελεῖται· ἀδικηθεὶς δὲ ὑπό τινος ἐπιορκήσαντος καὶ μηδὲν ἕνεκα τούτου παθόντος, μεθηρμόσατο εἰς τὸ λέγειν μὴ εἶναι θεόν. Diagoras autem Melius, qui fuit, ut dicunt, primùm dithyrambicus, ut si quis alius superstitiosus, qui etiam poësim suam inchoavit hoc modo, A dæmone et fortunâ fiunt omnia. Injuriâ autem affectus ab aliquo qui pejeraverat, et proptereà nihil passus fuerat, eò deductus est ut diceret non esse Deum [17]. Le scoliaste d’Aristophane assure que Diagoras, fort craignant Dieu auparavant, se jeta dans l’impiété pour avoir perdu un dépôt par la fraude du dépositaire. Διαγόρας ὁ Μήλιος, ὅς τὸ πρότερον ἦν θεοσεβὴς, παρακαταθήκην ὐπό τινος ἀποςερηθεὶς, ἐπὶ τὸ ἀθεον ἐξέδραμεν [18]. Ce dépôt ne consistait point en vers, mais en effets, ou en argent [19]. On lit dans le même scoliaste que Diagoras devint athée, parce que les Athéniens avaient subjugué sa patrie [20]. À cela se rapporte, ce me semble, ce que le même scoliaste raconte en un autre lieu ; c’est que l’édit de proscription qui fut donné contre cet impie à cause qu’il divulguait les mystères, et qu’il détournait les gens de s’y enrôler, fut principalement publié lors de la prise de Mélos ; car avant ce temps-là il n’empêchait point que l’on se fît initier. L’édit promettait un talent à quiconque le tuerait, et deux à quiconque l’amènerait. Οὕτω γὰρ ἐκήρυξαν· τὸν μὲν ἀποκτείναντα αὐτὸν τάλαντον λαμϐάνειν· τὸν δὲ ἀγαγόντα δύο. Ἐκηρύχθη δὲ τοῦτο διὰ τὸ ἀσεϐὲς αὐτοῦ, ἐπεὶ τὰ μυςήρια πᾶσι διηγεῖτο, κοινοποιῶν αὐτὰ, καὶ τοὺς βουλομένους μυεῖσθαι ἀποτρέπων, καθάπερ Κρατερὸς ἱςορεῖ· ἐκκεκήρυκται δὲ μάλιςα ὑπὸ τὴν ἅλωσιν τὴς Μήλου, οὐδὲν γὰρ κωλύει πρότερον [21]. Cratérus n’oublia pas cet édit dans son recueil des décrets des Athéniens. Nous venons de voir que le scoliaste d’Aristophane cite ce recueil. Il le cite aussi dans ses notes sur la comédie des Grenouilles, à la VIIe. scène du Ier. acte. Consultez le feuillet 105 de l’édition de Florence 1625.

(E) La sévérité des Athéniens s’étendit fort loin. ] Car outre qu’ils mirent la tête de Diagoras à prix, comme nous venons de dire, ils persuadèrent à tous les peuples du Péloponnèse d’en faire autant. C’est ce qu’on peut recueillir du scoliaste d’Aristophane, à l’endroit que j’ai cité de ses notes sur la comédie des Grenouilles. Il emprunte cela de Cratérus. En un autre endroit il cite Ménandre, qui avait dit dans son traité des mystères, que la proscription regardait non-seulement Diagoras, mais aussi les Pellaniens [22], à cause qu’ils avaient mis en lumière son ouvrage [23]. Le même scoliaste rapporte que l’indignation des Athéniens contre Diagoras les porta à faire beaucoup de maux à Mélos, la patrie de cet athée. Ἐϕ ᾦ οἱ Ἀθηναῖοι ἀγανακτήσαντες, τὴν Μῆλον ἐκάκωσαν [24]. Les Méliens acquirent une si mauvaise réputation depuis l’affaire de Diagoras [25], qu’on croit qu’Aristophane [26] ne donne à Socrate le surnom de Mélien, qu’afin de le faire passer pour athée. « Aristophane donne ce nom à Socrate, parce qu’il avait été disciple d’Aristagoras, qui était de l’île de Mélos, et que tous les Méliens avaient la réputation d’être athées, depuis le philosophe Diagoras qui s’avisa de nier la divinité. » C’est mademoiselle le Fèvre qui dit cela dans la page 349 de ses notes sur les Nuées d’Aristophane. Elle la pris du vieux scoliaste, et par conséquent ce n’est pas contre elle, mais contre lui que je m’en vais faire une observation. Le décret des Athéniens contre l’impie Diagoras fut publié l’an 1 de la 91e. olympiade [27] : c’est donc depuis ce temps-là que les Méliens auraient dû avoir ce mauvais renom. Or, alors Socrate avait plus de cinquante ans : il se serait donc passé plusieurs années depuis les leçons qu’Aristagoras lui aurait faites ; aussi c’eût été une très-mauvaise plaisanterie, que de faire remonter si haut, et par un effet si rétroactif, les médisances que Diagoras excita contre sa patrie. Aristagoras eût été alors dans le tombeau, ou du moins fort vieux. Qui pourrait comprendre qu’Aristophane eût pu se persuader qu’il ferait grand tort à Socrate, en faisant souvenir le peuple qu’Aristagoras Mélien avait enseigné Socrate ? Je pourrais proposer une autre objection. La comédie des Nuées, où Socrate est appelé Mélien, fut jouée avant la proscription de Diagoras [28] : mais si l’on en croit les scoliastes [29], il y a des choses dans cette comédie qui se rapportent à des faits postérieurs à la proscription ; ainsi je n’insiste point sur cette difficulté. Or, comme ni Diogène Laërce, ni ses commentateurs, n’ont aucune connaissance de cet Aristagoras Mélien, maître de Socrate, il me vient un petit soupçon que le mot Aristagoras s’est fourré dans les scolies d’Aristophane au lieu de Diagoras. Ce qui fortifie ma conjecture est de voir que le scoliaste donne deux caractères à son Aristagoras, qui conviennent à Diagoras [30] : il le fait poëte dithyrambique, et profanateur des mystères. En un autre lieu de ses scolies [31] il est dit que Diagoras est contemporain de Simonide et de Pindare. Selon cette supposition, il aurait pu enseigner Socrate.

(F) Tatien raconte qu’il fut puni pour avoir mis à l’étalage les mystères des Athéniens. ] Voici les paroles de Tatien [32] : Διαγόρας Ἀθηναῖος ἦν, ἀλλὰ τοῦτον ἐξορχησάμενον τὰ παρ᾽ Ἀθηναίοις μυςήρια, τετιμωρήκατε· καὶ τοῖς ϕρυγίοις αὐτοῦ λόγοις ἐντυγχάνοντες ἡμᾶς μεμισήκατε. Diagoras Atheniensis erat, sed quòd mysteria apud Athenienses profanâsset, punitus est : hujus Phrygios libros cùm legatis, nos odistis. Je ne sais si un bon rhétoricien eût voulu raisonner ainsi : Vous avez puni un homme qui avait profané vos mystères ; et quoique vous lisiez ses livres, vous ne laissez pas de nous haïr. Le but de Tatien est de faire voir que la haine des gentils pour les chrétiens était injuste ; et pour le prouver il leur allègue deux choses ; l’une qu’on avait puni le profane Diagoras ; l’autre, qu’on lisait ses livres. Il me semble qu’il n’y avait pas trop d’adresse à rappeler le souvenir de l’ancienne sévérité des Athéniens contre ceux qui s’étaient moqués de la religion des Grecs, comme les chrétiens s’en moquaient. Et puis Tatien ne voyait-il pas qu’il était facile de lui répondre ? Quand on vous aura traités comme on fit Diagoras, on traitera vos livres comme l’on traite les siens : il y aura des curieux qui conserveront les écrits que vous composez contre nos Dieux, n’en soyez pas en peine, souffrez seulement une punition semblable à celle de Diagoras dont vous nous faites ressouvenir. Qu’on me pardonne si je critique quelquefois les défauts de raisonnement. Il est encore plus utile de les montrer aux jeunes lecteurs, que de leur montrer une fausseté de fait. Je reviens à mon texte.

Athénagoras et Suidas nous apprennent ce même étalage des mystères des Athéniens. Je mets en marge les paroles de Suidas [33] : elles témoignent que cet impie ne se contentait pas de faire savoir à tout le monde ce que c’était que ces mystères ; il s’en moquait aussi, et détournait de s’y faire initier ceux qui en avaient envie. Nous avons déjà cité [34] pour ce fait le scoliaste d’Aristophane. Voyons ce que dit Athénagoras. Διαγόρᾳ μὲν γὰρ εἰκότως ἀθεότητα ἐπεκάλουν Ἀθηναῖοι, μὴ μόνον τὸν Ὀρϕικὸν ἐις μέσον κατατιθέντι λόγον, καὶ τὰ ἐν Ἐλευσῖνι καὶ τὰ τῶν Καϐείρων δημεύοντι μυςήρια, καὶ τὸ τοῦ Ἡρακλέους, ἵνα τὰς γογγύλας ἑψοῖ, κατακόπτοντι ξόανον. Ἄντικρυς δὲ ἀποϕαινομένῳ μηδὲ ὅλως εἶναι θεόν : Diagoræ quidem sacrilegam impietatem jure damnabant Athenienses, qui cùm arcanos Orphei sermones vulgo exponebat, tùm Eleusinia et Cabirorum mysteria publicabat : et Herculis statuam, ne ligna rapis coquendis deessent, dissecabat : denique negabat [35]. Lisez la suite de son discours, vous y trouverez un solide raisonnement, fondé sur la différence capitale qui se trouvait entre les chrétiens et Diagoras. Celui-ci s’étant moqué des dieux et des mystères des Grecs, n’en substituait pas de meilleurs ; mais les chrétiens substituaient la véritable divinité. Je trouve ici une chose que très-peu d’auteurs profanes ont rapportée ; je parle du traitement qui fut fait à un Hercule par Diagoras : le père Garasse en parle, et y met trop de brodure. Voici ce qu’il dit [36] : J’attends bien que nos beaux esprits prétendus me représentent que Diagoras Milésius [37], qui fut appelé l’Athéiste par excellence, avait un fort bon esprit, et que Sardanapale était un brave prince ; car pour Diagoras qui se moquait publiquement des dieux, et dogmatisait qu’il n’y avait point de divinité au monde, autre que la bonne nature, entrant, à ce qu’on dit, un jour dans une hôtellerie, fit un repart d’esprit, dont toute l’antiquité fit grand état [38], d’autant que n’ayant trouvé autre chose que des lentilles pour son dîner, et le logis dépourvu de bois pour les faire cuire, il s’avisa d’une vieille idole d’Hercule, qui était le dieu tutélaire du logis, et s’adressant à lui, lui va dire, Veni, Hercules, tertium decimum subi certamen et excoque lentem. Il faut, dit-il, qu’aujourd’hui je vous fasse entreprendre un treizième combat, contre des lentilles. Et une autre fois entrant dans la basse-cour où les prêtres prenaient augure du manger des oiseaux, et voyant que tout le sacré collége était grandement effrayé de ce que les poulets ne mangeaient pas, il les prit comme en colère, et les saussant trois ou quatre fois dans une cuve pleine d’eau : Vous boirez, dit-il [39], puisque vous ne mangez plus : et par ces deux rencontres on voudra contester que cet athéiste avait fort bon esprit, et que d’introduire l’athéisme n’est point marque de bêtise. Je confesse que ces deux reparts de gueule sont assez bons pour un faquin ; mais de tirer de ces deux réponses que Diagoras eut l’esprit excellent, c’est cela que je ne puis comprendre, d’autant qu’il y a maintenant mille crocheteurs et savetiers, lesquels ayant l’esprit un peu gai et aucunement échauffé de vin, font des rencontres meilleures que ceux-là, et au partir de là sont des bêtes, tel qu’était Diagoras.

(G) Quelques savans conjecturent que le livre que Tatien lui attribue traitait des mystères de la déesse Cybèle. ] Vossius a cru cela ; car après avoir cité les paroles de Tatien il ajoute [40] : Phrygios sermones fuisse arbitror historiam eorum quæ ad Cybelen sive matrem Phrygiam et ejus sacra pertinerent, atque ab eo esse fine hoc conscriptam ut à sacris illius homines averteret. ll me semble que Tatien a dû alléguer les écrits les plus impies de Diagoras, et par conséquent ceux dont nous voyons le titre dans Hésychius Illustrius et dans Suidas. Ces deux auteurs content que quand il a vu la prospérité de son plagiaire, il publia un ouvrage touchant son renoncement à la religion [41] ; c’est-à-dire, qu’il publia les motifs de la dernière de toutes les apostasies, les motifs selon lui de sa conversion. Cet ouvrage avait pour titre λόγοι ἀποπυργίζοντες. Hadrien Junius veut que cela signifie des discours qui précipitent du haut en bas d’une tour, quasi orationes de turribus præcipitantes dicas. Æmilius Portus, traducteur de Suidas, explique ce titre comme s’il signifiait, des discours qui renversent les tours et les fortifications, turrium ac munitionum destructrices. Peut-être que l’auteur avait en vue de signifier que son ouvrage était une forteresse munie de très-bonnes tours contre tous les traits des théologiens. Selon l’idée de Junius, cet impie se serait vanté d’avoir renversé du ciel dans les abîmes du néant toutes les divinités ; selon celle d’Æmilius Portus, il se vanterait d’avoir ruiné les remparts dont la religion s’est fortifiée. Peut-être s’adressait-il directement à Cybèle, comme Vossius le prétend ; à Cybèle, dis-je, la mère des dieux, la déesse toute couverte de tours :

........ Qualis Berecyntia mater
Invehitur curru Phrygias turrita per urbes,
Læta Deûm partu, centum complexa nepotes
Omnes cœlicolas, omnes supera alta tenentes [42].


Peut-être s’imaginait-il qu’en ruinant la mère il ruinait toute la famille, sans prendre la peine d’attaquer chaque dieu en particulier. Selon cette conjecture, qui ne me paraît pas trop solide, on concilierait aisément Tatien avec Suidas et Hésychius, touchant le titre de l’ouvrage de Diagoras.

(H) D’autres disent qu’il dicta de très-justes lois... au législateur des Mantinéens. ] Il n’y aura rien dans cette remarque qui ne soit digne d’attention. Élien ayant débité [43] que les lois de Mantinée étaient très-justes, et aussi bonnes que celles des Locriens, celles de Crète, celles de Lacédémone et celles des Athéniens, ajoute que celui qui donna ces lois au peuple de Mantinée était l’athlète Nicodore, très-renommé par ses victoires ; mais qui, s’étant appliqué sur ses vieux jours à dresser des lois, avait rendu à sa patrie un service beaucoup plus utile que ne pouvaient être les proclamations des prix dont il avait été honoré [44], Ὀψε τῆς ἡλικίας, καὶ μετὰ τὴν ἄθλησιν καὶ νομοθέτης αὐτοῖς ἐγένετο, μακρῷ τοῦτο ἄμεινον πολιτευσάμενος τῇ πατρίδι τῶν κηρυγμάτων τῶν ἐν τοῖς ςαδίοις. Ætatis suæ tempore, et exactâ pugilatione legislator eis extitit, longe utiliorem se patriæ in eâ re præstans, quàm quùm publicè victor in studiis proclamaretur [45]. Ce n’est pas le tout : Élien remarque que, selon l’opinion commune, ces lois furent composées par Diagoras, qui les donna toutes dressées à Nicodore son ami. Enfin Élien déclare qu’il aurait beaucoup de choses à dire de Nicodore ; mais qu’il n’en fera rien, parce que les louanges qu’il lui donnerait sembleraient appartenir aussi à Diagoras. Voilà quelque chose de remarquable. Un athée sans détour ni réserve, qui donne des lois à un état aussi justes que celles de Solon, et que celles de Licurgue. D’autre côté, voilà un prêtre qui s’érige en historien, et qui supprime les louanges que Nicodore a très-justement méritées ; qui les supprime, dis-je, parce que la gloire en rejaillirait sur Diagoras. Ce n’est pas que Diagoras ne fût digne de participer à ces éloges, mais il niait la divinité, et par conséquent il ne fallait pas que l’historien fût équitable en son endroit ; il fallait être prévaricateur aux lois de l’histoire, puisque cela dérobait à un athée le bien qui lui était dû. On s’étonnerait moins d’une morale si dépravée, si l’on ne songeait que c’est un prêtre païen qui la débite. Pauvres gens ! vous vous regardez comme nécessaires à Dieu ; vous croyez qu’il a besoin de l’usage politique que vous faites de vos injures et de vos louanges. Vous ne croiriez pas cela, si vous aviez de la foi pour les oracles de Job [46].

Remarquons ici un grand travers du jurisconsulte Baudouin. Il rapporte ce qui concerne le législateur de Mantinée, et y fait cette réflexion, que l’impiété est non-seulement une grande plaie des lois, mais aussi une grande ruine des états ; et qu’il faut plutôt souhaiter qu’il n’y ait ni lois, ni juridiction, ni société, que non pas que la justice soit entre les mains de l’impiété ; et qu’il soutiendra toujours que les lois de Diagoras sont suspectes. Narrat Ælianus, quendam olim pugilem Nicodorum apud Mantinenses factum esse præstantissimum legislatorem : nec alio quàm Diagoræ athei hominis consilio usum esse, ab eoque leges accepisse, quas ferret. De Diocletiano, et ipsis adeò romani juris auctoribus, idem dici posse videtur. Ego verò in eâ persto sententiâ, magnam esse et legum labem, et civitatum perniciem, impietatem : et potiùs quàm hæc jus dicat, optandum esse, nullam planè esse jurisdictionem, nullam legem, civitatem nullam. Fremant licet Epicuræi hujus ætatis legulei : ego tamen Diagoræ leges suspectas esse contendam [47]. Un esprit exact n’eût point parlé de la sorte, il eût marqué avec beaucoup plus de justesse ce qu’il fallait distinguer. Si ceux qui exercent la justice, soit par l’établissement des lois, soit par l’exécution des édits et des ordonnances du législateur, étaient tout ensemble dans les principes de l’athéisme, et animés de passion contre tout ce qui appartient à la piété et à la vertu, il est certain qu’il vaudrait mieux vivre sans lois et sans tribunaux, que d’être soumis à une telle juridiction ; mais si, nonobstant leur athéisme, ils avaient du zèle pour le bien public, et se piquaient de faire valoir les réglemens qu’ils jugeraient les plus propres à réprimer les malfaiteurs, à prévenir les chicanes, à maintenir les droits des veuves et des orphelins, la bonne foi dans le commerce, la concorde dans les familles, etc. ; qui doute qu’il ne fût incomparablement plus avantageux de vivre sous de tels législateurs ou sous de tels juges, que sans aucune juridiction ? Mais pour mieux connaître combien Baudouin avait l’esprit faux quand il composait cette partie de son ouvrage, il suffit de considérer deux choses : l’une que n’ayant point d’autre connaissance des lois de Diagoras, que celle qu’il avait acquise par la lecture d’Élien, il ne laisse pas de dire qu’elles lui sont suspectes ; et cependant Élien, quelque disposé qu’il fût à ne rendre point justice à Diagoras, les avait louées le plus magnifiquement du monde. La seconde chose qu’il faut remarquer est que Baudouin compare l’empereur Dioclétien, et les auteurs du droit romain avec le législateur de Mantinée dirigé par notre Diagoras. Il admire les belles lois qu’ils ont faites ; il s’étonne seulement que des impies aient pu former un si excellent ouvrage ; et trois lignes après il nous vient dire qu’il vaudrait mieux n’avoir ni lois ni police, que d’en avoir qui fussent dressées par l’impiété, c’est-à-dire par les empereurs qui persécutèrent les chrétiens. Equidem cum sæpè cogito, in rebus civilibus præstantissimos fuisse legislatores, quos hactenus Ecclesiæ hostes acerrimos fuisse dixi, et eorum quotidiè nomina et tituli in iis, quos sœpè volvimus, libris juris civilis occurrant : sæpè etiam attonitus obstupesco tam et a verà religione aversam esse sapientûm (ut vocantur) hominum mentem, tamque omnium propè regnorum imperiorumque omnem constitutionem esse à rectâ pietate alienam et abhorrentem : ut quos alioqui prudentissimos nomothetas laudare solemus, insanos carnifices in hâc causâ execrari cogamur [48]. Plus je lis, plus je me persuade qu’il n’est pas aussi difficile de trouver des écrivains qui aient de belles et de bonnes pensées, que d’en trouver qui les expriment sans s’embarrasser dans quelque mauvais raisonnement : un bon logicien est plus rare qu’on ne pense.

(I) Cicéron rapporte quelques reparties profanes de Diagoras. ] Étant à Samothrace, on lui montra plusieurs tableaux qui étaient autant d’Ex-voto appendus par des personnes réchappées d’un naufrage : Regardez-cela, lui dit-on, vous qui ne croyez pas qu’il y ait une providence. Je ne m’étonne pas, répondit-il, de voir les tableaux de ceux qui sont réchappés : la coutume est que l’on peigne ces gens-là ; mais on ne s’avise de représenter nulle part ceux qui périssent sur mer. Diagoras cùm Samothraciam venisset, atheos ille qui dicitur, atque ei quidam amicus, Tu qui Deos putas humana negligere, nonne animadvertis ex his tabellis pictis quam multi votis vim tempestatis effugerint, in portumque salvi pervenerint ? Ita fit, inquit, illi enim nusquàm picti sunt qui naufragium fecerunt, in marique perierunt [49]. Diogène Laërce rapporte beaucoup mieux la chose [50] : il en fait d’abord sentir la pointe ; mais de la manière que Cicéron la raconte, il faut être presque devin pour en comprendre le sens. Ce qui suit a été mieux développé. Diagoras était à bord d’un vaisseau qui essuya une fort rude tempête : pendant le gros temps, on se mit à dire à Diagoras qu’on avait bien mérité ce qu’on souffrait puisqu’on s’était chargé d’un impie comme lui : Regardez, répondit-il, le grand nombre de vaisseaux qui essuient la même tempête que la nôtre ; croyez-vous que je sois aussi dans chacun de ces bâtimens ? Idemque cùm ei naviganti vectores adversâ tempestate timidi et perterriti dicerent, non injuriâ sibi illud accidere qui illum in eandem navem recepissent, ostendit eis in eodem cursu multas alias laborantes, quæsivitque num etiam in iis navibus Diagoram vehi crederent. [51]. Cela doit apprendre aux fidèles et aux orthodoxes, qu’il ne faut point alléguer à toutes sortes d’incrédules les raisons que l’on emprunte du train ordinaire de la providence.

(K) Quelques-uns disent qu’il était redevable de sa liberté à Démocrite. ] On dit que ce philosophe, le voyant au milieu de plusieurs esclaves exposés en vente, l’examina et lui trouva un naturel si heureux qu’il l’acheta dix mille drachmes et en fit non pas son valet, mais son disciple [52].

(L) Pierre Grégoire..... a cru qu’il fut accusé d’avoir volé les poésies d’un autre. ] Rapportons ses paroles [53] : Diagoras Teleclidis filius impius dictus, quòd plagii accusatus à poëtâ quodam, de surrepto Pæane à se conscripto ejurâsset furto se non teneri, atque ille paulò post prolato in lucem Pæane secundâ famâ hominum uteretur ; quamobrem et mœstus Diagoras orationes scripsit ἀποπυργίζοντας, quasi de turribus precipitantes dicas, quæ defectionis causam à communi de Diis persuasione continebant, ut scribit Hesychius Milesius Illustrius. Pierre Grégoire n’a point entendu l’auteur qu’il cite : Diagoras ne fut point l’accusé, mais l’accusateur. Cette fausseté mérite d’être relevée ; car elle est capable d’imposer. Il est vraisemblable qu’un homme innocent qui appelle les dieux à témoins de son innocence, en se purgeant par serment, se dépite d’une terrible manière lorsqu’il voit que son calomniateur triomphe de lui. C’est pourquoi la narration de Pierre Grégoire, étant presqu’aussi vraisemblable que celle d’Hésychius, est très-propre à faire égarer du droit chemin.

(M) Clément d’Alexandrie n’a pas bien connu la doctrine de ce philosophe. ] Il a cru que Diagoras, et quelques autres qui ont passé pour athées, n’ont eu cette mauvaise réputation que parce qu’ils connaissaient plus distinctement la fausseté de la religion païenne ; et il s’étonne que des gens d’une vie aussi réglée que la leur aient été diffamés comme des impies [54]. Ils ne sont point parvenus, dit-il [55], jusques à la connaissance de la vérité : mais ils ont senti l’erreur, et ce sentiment est une bonne semence pour produire la lumière de la vérité. Voilà une doctrine bien différente de l’opinion d’une infinité de gens, qui s’imaginent qu’il est plus facile de convertir à la vraie religion un païen superstitieux, qu’un athée. Muret [56] approuve le sentiment de ce père, touchant la cause qui a fait passer pour athée Diagoras et quelques autres ; mais il est sûr qu’ils se trompent. Diagoras a eu la réputation d’athée, parce qu’il rejetait absolument et sans nulle restriction l’existence de la divinité. Voyez ci-dessus la remarque (D). Il ne faut compter pour rien ce que l’on trouve dans les scolies d’Aristophane, Διαγόρας μελῶν ποιητὴς ἀθεος, ὃς καὶ καινὰ δαιμόνια εἰσηγεῖτο : C’est-à-dire : Le poëte Diagoras athée, qui aussi introduisait de nouvelles divinités. Un tel témoignage, opposé aux autorités contraires, est une mouche opposée à un éléphant.

  1. Diod. Siculus, lib. XIII, cap. VI.
  2. Ad num. 1535, pag. 101.
  3. Vossius, de Histor. græcis, pag. 436.
  4. Lactant., de Irâ Dei, cap. IX.
  5. Lib. I de Naturâ Deorum.
  6. Lib. II, cap. XXIII, Var. Hist.
  7. In Diogene, lib. VI, num. 59.
  8. In Odyss., lib. III.
  9. Vossius, de Histor. græcis, pag. 436.
  10. Theat. Sophistar., pag. 79.
  11. Benedictus, in Pindar., od. VII Olymp., pag. 123.
  12. In Διαγόρας.
  13. Cicer., de Naturâ Deorum, lib. I, init. Il dit dans le même livre : Quid, Diagoras, Atheos qui dictus est, posteàque Theodorus nouve apertè Deoram naturam sustulerunt ? Nam Abderites quidem Protagoras…. cùm in principio libri sui sic posuisset, de Diis neque ut sint neque ut non sint habeo dicere, Atheniensium jussu urbe atque agro est exterminatus. Voyez Lactant., de Irâ Dei, cap. IX.
  14. Valer. Maxim., lib. I, cap. I, sub fin.
  15. Voyez Leopardus, Emendat., lib. XI, cap. XI.
  16. Citation (35).
  17. Sex. Empiric. adversùs Mathematic., pag. 318.
  18. Scholiast. Arist., in Nub., act. III, sc. I.
  19. Ὅς χρήματα παραθέμενός τινι, καὶ ἀποςερηθεὶς εἰς ἀθείαν έτράπη, ibidem.
  20. Ἢ διότι Μῆλον ἐπολέμηραν ἐπολέμησαν, Ἀττικοί, ibidem.
  21. Schol. Aristoph., in Avib., fol. 193 verso, edit. Florent., 1525.
  22. Peut-être faudrait-il dire Palléniens, et entendre les habitans de Pallène, bourg de l’Attique, selon Stéphanus de Bysance.
  23. Ἐν ᾗ ἐπεκηρυξαν καὶ αὐτὸν καὶ τοὺς ἐκδιδόντας Πελλανεῖς. Schol. Aristophan., in Avib., folio 193 verso.
  24. Idem, in Nub., act. III, sc. I, folio 78.
  25. Διεϐέϐλητο δε ἐπὶ ἀθεϊᾳ οἱ Μήλιοι ἀπὸ Διαγόρου, idem., ibid.
  26. In Nub., act. III, sc. I.
  27. Diod. Siculus, lib. XIII, cap. VI.
  28. L’an 1 de la 89e. olympiade, et puis retouchée l’an suivant. Voyez Samuël Petit, Miscell., lib. I, cap. VI.
  29. Samuël Petitus, ibid.
  30. Ἐπειδή τις Ἀριςαγόρας διθυραμϐοποιὸς ἐξωρχήσατο τὰ ἐλευσίνια. Scholiast. Aristoph., ibidem.
  31. Idem, ibid. folio 105.
  32. Tat., Orat. contra Græcos, pag. m. 164.
  33. Τὰ δὲ μυςήρια οὕτως ἠυτέλιζεν, ὡς πολλοὺς ἐκτρέπεινè ἀρετῆς..... τὰ μυςήρια πᾶσι διηγεῖτο, κοινοποιῶν αὐτὰ, καὶ μικρὰ ποιῶν καὶ τοὺς βουλομένους μυεῖσθαι ἀποτρέπων. Mysteria adeò contemnebat ut multos à virtute averteret.... mysteria narrabat omnibus, ea evulgans et extenuans, et illos, qui volebant initiari, avertens. Suidas, in Διαγόρας.
  34. Dans la remarque (D), citation (21).
  35. Athenag., in Legat., pag. m. 36.
  36. Doctrine curieuse, liv. II, section V, pag. 139.
  37. C’est une faute : il fallait dire Mélien.
  38. Je n’ai trouvé parmi les païens qu’un seul auteur qui rapporte cette aventure : c’est le scoliaste d’Aristophane, in Nub., act. III, sc. I. En tout cas, il est faux que l’antiquité ait loué cette action. Saint Épiphane, in Ancorato, pag. m. 106, reproche aux païens de n’avoir pas écouté la leçon de Diagoras ; et sur cela il rapporte assez au long l’action de cet homme contre l’idole d’Hercule. Clément d’Alexandrie la rapporte aussi, Admonit., ad Gentes, p. 15.
  39. J’ignore que ceci ait été dit de Diagoras : c’est de Publius Claudius que Valère Maxime le rapporte, liv. I, chap. IV, num. 3,
  40. De Histor. græc., pag. 437.
  41. Ἐντεῦθεν ὁ Διαγόρας λυπηθεὶς ἔγραψε τοὺς ἀποπυργίζοντας λόγους, ἔκπτωσιν ἔχοντας τῆς περὶ τὸ θεῖον δόξης. Quam ob rem mæstus Diagoras λόγους scripsit ἀποπυργίζοντας que defectionis causam à communi de Diis persuasione continebant. Hesych. Illustrius, in Διαγόρας, ex versione Hadriani Junii. Æmilius Portus, traducteur de Suidas, dit, quæ continent refutationem opinionis de divino numine.
  42. Virgil., Æn., lib. VI, vs. 785.
  43. Ælian., Var. Hist., lib. II, cap. XXII.
  44. Les villes grecques s’estimaient très-heureuses et très-glorieuses, lorsque ceux qui remportaient les prix des jeux étaient de leurs habitans.
  45. Ælian., Var. Hist, lib. II, cap. XXIII.
  46. Chap. XIII, vs. 7.
  47. Francisc. Balduinus ad edicta principum Romanorum de Christianis, pag. m. 111.
  48. Idem, ibid.
  49. Cicero, de Naturâ Deorum, lib. III, c. 37.
  50. Il remarque que, selon quelques-uns, cette réponse est de Diogène, et selon quelques autres, de Diagoras. Θαυμάζοντος τινὸς τὰ ὲν Σαμοθράκῃ ἀναθήματα, ἔϕη, πολλῷ ἂν εἴη πλείω, εἰ καὶ ὁι μὴ σωθέντες ἀνετίθεσαν. Admirante quondam ea quæ in Samothraciâ sunt donnaria : longè, ait, plura essent, si et qui servati non sunt ea dedicassent. Diogen., Laërt., lib. VI, in Diagorâ, num. 59.
  51. Cicero, de Naturâ Deorum, lib. III, cap. XXXVII.
  52. Suidas et Hésychius Illustrius, in Διαγόρας.
  53. Syntagm. Juris universi, lib. XXXVI, sub finem, pag. m. 745. Thomasius a relevé cette faute, in Tractatu de Plagio litterario, num. 406.
  54. Clem. Alexand. Admonit. ad Gentes, pag. m. 35.
  55. Εἰ καὶ τὴν ἀλήθειαν αὐτὴν μὴ νενοηκότας, ἀλλὰ τὴν πλάνην γε ὑπωπτευκότας· ὅπερ οὐ σμικρὸν εἰς ἀληθείας ϕρονήσεως ζώπυρον ἀναϕύεται σπέρμα : Etiamsi veritatem ipsam non consideraverint, sed errorem quidem certè suspicati sint ; quod quidem non parvum exoritur semen ad excitandam scintillam intelligentiæ veritatis. Idem, ibid.
  56. Muret., Variar. Lect. lib. X, cap. XVII.

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