Dictionnaire philosophique/Garnier (1878)/Adultère

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Éd. Garnier - Tome 17
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ADULTÈRE[1].


Nous ne devons point cette expression aux Grecs. Ils appelaient l’adultère μοιχεία, dont les Latins ont fait leur mœchus, que nous n’avons point francisé. Nous ne la devons ni à la langue syriaque ni à l’hébraïque, jargon du syriaque, qui nommait l’adultère nyuph. Adultère signifiait, en latin, « altération, adultération, une chose mise pour une autre, un crime de faux, fausses clefs, faux contrats, faux seing ; adulteratio ». De là, celui qui se met dans le lit d’un autre fut nommé adulter, comme une fausse clef qui fouille dans la serrure d’autrui.

C’est ainsi qu’ils nommèrent par antiphrase coccyx, coucou, le pauvre mari chez qui un étranger venait pondre. Pline le Naturaliste dit[2] : « Coccix ova subdit in nidis alienis ; ita plerique aliénas uxores faciunt matres. — Le coucou dépose ses œufs dans le nid des autres oiseaux ; ainsi force Romains rendent mères les femmes de leurs amis. » La comparaison n’est pas trop juste. Coccyx signifiant un coucou, nous en avons fait cocu. Que de choses on doit aux Romains ! mais comme on altère le sens de tous les mots ! Le cocu, suivant la bonne grammaire, devrait être le galant, et c’est le mari. Voyez la chanson de Scarron[3].

Quelques doctes ont prétendu que c’est aux Grecs que nous sommes redevables de l’emblème des cornes, et qu’ils désignaient par le titre de bouc, αἳξ[4], l’époux d’une femme lascive comme une chèvre. En effet ils appelaient fils de chèvre les bâtards, que notre canaille appelle fils de putain. Mais ceux qui veulent s’instruire à fond doivent savoir que nos cornes viennent des cornettes des dames. Un mari qui se laissait tromper et gouverner par son insolente femme était réputé porteur de cornes, cornu, cornard, par les bons bourgeois. C’est par cette raison que cocu, cornard, et sot, étaient synonymes. Dans une de nos comédies on trouve ce vers :


Elle ? elle n’en fera qu’un sot, je vous assure[5].


Cela veut dire : elle n’en fera qu’un cocu. Et dans l’École des femmes (I, I) :


Épouser une sotte est pour n’être point sot.


Bautru, qui avait beaucoup d’esprit, disait : « Les Bautrus sont cocus, mais ils ne sont pas des sots. »

La bonne compagnie ne se sert plus de tous ces vilains termes, et ne prononce même jamais le mot d’adultère. On ne dit point : Madame la duchesse est en adultère avec monsieur le chevalier ; madame la marquise a un mauvais commerce avec monsieur l’abbé. On dit : Monsieur l’abbé est cette semaine l’amant de madame la marquise. Quand les dames parlent à leurs amies de leurs adultères, elles disent : J’avoue que j’ai du goût pour lui. Elles avouaient autrefois qu’elles sentaient quelque estime ; mais depuis qu’une bourgeoise s’accusa à son confesseur d’avoir de l’estime pour un conseiller, et que le confesseur lui dit : « Madame, combien de fois vous a-t-il estimée ? » les dames de qualité n’ont plus estimé personne, et ne vont plus guère à confesse.

Les femmes de Lacédémone ne connaissaient, dit-on, ni la confession ni l’adultère. Il est bien vrai que Ménélas avait éprouvé ce qu’Hélène savait faire. Mais Lycurgue y mit bon ordre en rendant les femmes communes, quand les maris voulaient bien les prêter, et que les femmes y consentaient. Chacun peut disposer de son bien. Un mari en ce cas n’avait point à craindre de nourrir dans sa maison un enfant étranger. Tous les enfants appartenaient à la république, et non à une maison particulière ; ainsi on ne faisait tort à personne. L’adultère n’est un mal qu’autant qu’il est un vol ; mais on ne vole point ce qu’on vous donne. Un mari priait souvent un jeune homme beau, bien fait et vigoureux, de vouloir bien faire un enfant à sa femme. Plutarque nous à conservé dans son vieux style la chanson que chantaient les Lacédémoniens quand Acrotatus allait se coucher avec la femme de son ami :


Allez, gentil Acrotatus, besognez bien Kélidonide,
Donnez de braves citoyens à Sparte[6].


Les Lacédémoniens avaient donc raison de dire que l’adultère était impossible parmi eux.

Il n’en est pas ainsi chez nos nations, dont toutes les lois sont fondées sur le tien et le mien.

Un des plus grands désagréments de l’adultère chez nous, c’est que la dame se moque quelquefois de son mari avec son amant ; le mari s’en doute, et on n’aime point à être tourné en ridicule. Il est arrivé dans la bourgeoisie que souvent la femme a volé son mari pour donner à son amant; les querelles de ménage sont poussées à des excès cruels : elles sont heureusement peu connues dans la bonne compagnie.

Le plus grand tort, le plus grand mal est de donner à un pauvre homme des enfants qui ne sont pas à lui, et de le charger d’un fardeau qu’il ne doit pas porter. On a vu par là des races de héros entièrement abâtardies. Les femmes des Astolphes et des Jocondes, par un goût dépravé, par la faiblesse du moment, ont fait des enfants avec un nain contrefait, avec un petit valet sans cœur et sans esprit. Les corps et les âmes s’en sont ressentis. De petits singes ont été les héritiers des plus grands noms dans quelques pays de l’Europe. Ils ont dans leur première salle les portraits de leurs prétendus aïeux, hauts de six pieds, beaux, bien faits, armés d’un estramaçon que la race d’aujourd’hui pourrait à peine soulever. Un emploi important est possédé par un homme qui n’y a nul droit, et dont le cœur, la tête et le bras, n’en peuvent soutenir le faix.

Il y a quelques provinces en Europe où les filles font volontiers l’amour, et deviennent ensuite des épouses assez sages. C’est tout le contraire en France : on enferme les filles dans des couvents, où jusqu’à présent ou leur a donné une éducation ridicule. Leurs mères, pour les consoler, leur font espérer qu’elles seront libres quand elles seront mariées. À peine ont-elles vécu un an avec leur époux qu’on s’empresse de savoir tout le secret de leurs appas. Une jeune femme ne vit, ne soupe, ne se promène, ne va au spectacle, qu’avec des femmes qui ont chacune leur affaire réglée ; si elle n’a point son amant comme les autres, elle est ce qu’on appelle dépareillée : elle en est honteuse ; elle n’ose se montrer.

Les Orientaux s’y prennent au rebours de nous. On leur amène des filles qu’on leur garantit pucelles sur la foi d’un Circassien, On les épouse, et on les enferme par précaution, comme nous enfermons nos filles. Point de plaisanteries dans ces pays-là sur les dames et sur les maris ; point de chansons ; rien qui ressemble à nos froids quolibets de cornes et de cocuage. Nous plaignons les grandes dames de Turquie, de Perse, des Indes ; mais elles sont cent fois plus heureuses dans leurs sérails que nos filles dans leurs couvents.

Il arrive quelquefois chez nous qu’un mari mécontent, ne voulant point faire un procès criminel à sa femme pour cause d’adultère (ce qui ferait crier à la barbarie), se contente de se faire séparer de corps et de biens.

C’est ici le lieu d’insérer le précis d’un Mémoire composé par un honnête homme qui se trouve dans cette situation ; voici ses plaintes : sont-elles justes ?


MÉMOIRE D’UN MAGISTRAT,
écrit vers l’an 1764[7].


Un principal magistrat d’une ville de France a le malheur d’avoir une femme qui a été débauchée par un prêtre avant son mariage, et qui depuis s’est couverte d’opprobre par des scandales publics : il a eu la modération de se séparer d’elle sans éclat. Cet homme, âgé de quarante ans, vigoureux, et d’une figure agréable, a besoin d’une femme ; il est trop scrupuleux pour chercher à séduire l’épouse d’un autre, il craint même le commerce d’une fille, ou d’une veuve qui lui servirait de concubine. Dans cet état inquiétant et douloureux, voici le précis des plaintes qu’il adresse à son Église.

Mon épouse est criminelle, et c’est moi qu’on punit. Une autre femme est nécessaire à la consolation de ma vie, à ma vertu même ; et la secte dont je suis me la refuse ; elle me défend de me marier avec une fille honnête. Les lois civiles d’aujourd’hui, malheureusement fondées sur le droit canon, me privent des droits de l’humanité. L’Église me réduit à chercher ou des plaisirs qu’elle réprouve, ou des dédommagements honteux qu’elle condamne ; elle veut me forcer d’être criminel.

Je jette les yeux sur tous les peuples de la terre, il n’y en a pas un seul, excepté le peuple catholique romain, chez qui le divorce et un nouveau mariage ne soient de droit naturel.

Quel renversement de l’ordre a donc fait chez les catholiques une vertu de souffrir l’adultère, et un devoir de manquer de femme quand on a été indignement outragé par la sienne ?

Pourquoi un lien pourri est-il indissoluble, malgré la grande loi adoptée par le code : quidquid ligatur dissolubile est ? On me permet la séparation de corps et de biens, et on ne me permet pas le divorce. La loi peut m’ôter ma femme, et elle me laisse un nom qu’on appelle sacrement ! je ne jouis plus du mariage, et je suis marié. Quelle contradiction ! quel esclavage ! et sous quelles lois avons-nous reçu la naissance !

Ce qui est bien plus étrange, c’est que cette loi de mon Église est directement contraire aux paroles que cette Église elle-même croit avoir été prononcées par Jésus-Christ[8] : « Quiconque a renvoyé sa femme (excepté pour adultère) pèche s’il en prend une autre. »

Je n’examine point si les pontifes de Rome ont été en droit de violer à leur plaisir la loi de celui qu’ils regardent comme leur maître ; si, lorsqu’un État a besoin d’un héritier, il est permis de répudier celle qui ne peut en donner. Je ne recherche point si une femme turbulente, attaquée de démence, ou homicide, ou empoisonneuse, ne doit pas être répudiée aussi bien qu’une adultère ; je m’en tiens au triste état qui me concerne : Dieu me permet de me remarier, et l’évêque de Rome ne me le permet pas !

Le divorce a été en usage chez les catholiques sous tous les empereurs ; il l’a été dans tous les États démembrés de l’empire romain. Les rois de France qu’on appelle de la première race ont presque tous répudié leurs femmes pour en prendre de nouvelles. Enfin il vint un Grégoire IX, ennemi des empereurs et des rois, qui, par un décret, fit du mariage un joug insecouable ; sa décrétale devint la loi de l’Europe. Quand les rois voulurent répudier une femme adultère selon la loi de Jésus-Christ, ils ne purent en venir à bout ; il fallut chercher des prétextes ridicules. Louis le Jeune fut obligé, pour faire son malheureux divorce avec Éléonore de Guienne, d’alléguer une parenté qui n’existait pas. Le roi Henri IV, pour répudier Marguerite de Valois, prétexta une cause encore plus fausse, un défaut de consentement. Il fallut mentir pour faire un divorce légitimement[9].

Quoi, un souverain peut abdiquer sa couronne, et sans la permission du pape il ne pourra abdiquer sa femme ! Est-il possible que des hommes, d’ailleurs éclairés, aient croupi si longtemps dans cette absurde servitude !

Que nos prêtres, que nos moines, renoncent aux femmes, j’y consens ; c’est un attentat contre la population, c’est un malheur pour eux ; mais ils méritent ce malheur qu’ils se sont fait eux-mêmes. Ils ont été les victimes des papes, qui ont voulu avoir en eux des esclaves, des soldats sans famille et sans patrie, vivant uniquement pour l’Église ; mais moi magistrat, qui sers l’État toute la journée, j’ai besoin le soir d’une femme ; et l’Église n’a pas le droit de me priver d’un bien que Dieu m’accorde. Les apôtres étaient mariés, Joseph était marié, et je veux l’être. Si moi Alsacien je dépends d’un prêtre qui demeure à Rome, si ce prêtre a la barbare puissance de me priver d’une femme, qu’il me fasse eunuque pour chanter des miserere dans sa chapelle[10].


MÉMOIRE POUR LES FEMMES.


L’équité demande qu’après avoir rapporté ce Mémoire en faveur des maris, nous mettions aussi sous les yeux du public le plaidoyer en faveur des mariées, présenté à la junte du Portugal par une comtesse d’Arcira. En voici la substance :

L’Évangile a défendu l’adultère à mon mari tout comme à moi ; il sera damné comme moi, rien n’est plus avéré. Lorsqu’il m’a fait vingt infidélités, qu’il a donné mon collier à une de mes rivales, et mes boucles d’oreilles à une autre, je n’ai point demandé aux juges qu’on le fît raser, qu’on l’enfermât chez des moines, et qu’on me donnât son bien. Et moi, pour l’avoir imité une seule fois, pour avoir fait avec le plus beau jeune homme de Lisbonne ce qu’il fait tous les jours impunément avec les plus sottes guenons de la cour et de la ville, il faut que je réponde sur la sellette devant des licenciés, dont chacun serait à mes pieds si nous étions tête à tête dans mon cabinet ; il faut que l’huissier me coupe à l’audience mes cheveux, qui sont les plus beaux du monde ; qu’on m’enferme chez des religieuses, qui n’ont pas le sens commun ; qu’on me prive de ma dot et de mes conventions matrimoniales, qu’on donne tout mon bien à mon fat de mari pour l’aider à séduire d’autres femmes et à commettre de nouveaux adultères.

Je demande si la chose est juste, et s’il n’est pas évident que ce sont les cocus qui ont fait les lois.

On répond à mes plaintes que je suis trop heureuse de n’être pas lapidée à la porte de la ville par les chanoines, les habitués de paroisse, et tout le peuple. C’est ainsi qu’on en usait chez la première nation de la terre, la nation choisie, la nation chérie, la seule qui eût raison quand toutes les autres avaient tort.

Je réponds à ces barbares que lorsque la pauvre femme adultère fut présentée par ses accusateurs au maître de l’ancienne et de la nouvelle loi, il ne la fit point lapider ; qu’au contraire il leur reprocha leur injustice, qu’il se moqua d’eux en écrivant sur la terre avec le doigt, qu’il leur cita l’ancien proverbe hébraïque : « Que celui de vous qui est sans péché jette la première pierre[11] » ; qu’alors ils se retirèrent tous, les plus vieux fuyant les premiers, parce que plus ils avaient d’âge plus ils avaient commis d’adultères.

Les docteurs en droit canon me répliquent que cette histoire de la femme adultère n’est racontée que dans l’Évangile de saint Jean, qu’elle n’y a été insérée qu’après coup. Leontius, Maldonat, assurent qu’elle ne se trouve que dans un seul ancien exemplaire grec ; qu’aucun des vingt-trois premiers commentateurs n’en a parlé. Origène, saint Jérôme, saint Jean Chrysostome, Théophilacte, Nonnus, ne la connaissent point. Elle ne se trouve point dans la Bible syriaque, elle n’est point dans la version d’Ulphilas.

Voilà ce que disent les avocats de mon mari, qui voudraient non seulement me faire raser, mais me faire lapider.

Mais les avocats qui ont plaidé pour moi disent qu’Ammonius, auteur du IIIe siècle, a reconnu cette histoire pour véritable, et que si saint Jérôme la rejette dans quelques endroits, il l’adopte dans d’autres ; qu’en un mot elle est authentique aujourd’hui. Je pars de là, et je dis à mon mari : Si vous êtes sans péché, rasez-moi, enfermez-moi, prenez mon bien ; mais si vous avez fait plus de péchés que moi, c’est à moi de vous raser, de vous faire enfermer, — et de m’emparer de votre fortune. En fait de justice, les choses doivent être égales.

Mon mari réplique qu’il est mon supérieur et mon chef, qu’il est plus haut que moi de plus d’un pouce, qu’il est velu comme un ours ; que par conséquent je lui dois tout, et qu’il ne me doit rien.

Mais je demande si la reine Anne d’Angleterre n’est pas le chef de son mari ? si son mari le prince de Danemark, qui est son grand-amiral, ne lui doit pas une obéissance entière ? et si elle ne le ferait pas condamner à la cour des pairs en cas d’infidélité de la part du petit homme ? Il est donc clair que si les femmes ne font pas punir les hommes, c’est quand elles ne sont pas les plus fortes.


SUITE DU CHAPITRE SUR L’ADULTÈRE.


Pour juger valablement un procès d’adultère, il faudrait que douze hommes et douze femmes fussent les juges, avec un hermaphrodite qui eût la voix prépondérante en cas de partage.

Mais il est des cas singuliers sur lesquels la raillerie ne peut avoir de prise, et dont il ne nous appartient pas de juger. Telle est l’aventure que rapporte saint Augustin dans son sermon de la prédication de Jésus-Christ sur la montagne.

Septimius Acyndinus, proconsul de Syrie, fait emprisonner dans Antioche un chrétien qui n’avait pu payer au fisc une livre d’or à laquelle il était taxé, et le menace de la mort s’il ne paye. Un homme riche promet les deux marcs à la femme de ce malheureux si elle veut consentir à ses désirs. La femme court en instruire son mari ; il la supplie de lui sauver la vie aux dépens des droits qu’il a sur elle, et qu’il lui abandonne. Elle obéit ; mais l’homme qui lui doit deux marcs d’or la trompe en lui donnant un sac plein de terre. Le mari, qui ne peut payer le fisc, va être conduit à la mort. Le proconsul apprend cette infamie ; il paye lui-même la livre d’or au fisc de ses propres deniers, et il donne aux deux époux chrétiens le domaine dont a été tirée la terre qui a rempli le sac de la femme.

Il est certain que loin d’outrager son mari, elle a été docile à ses volontés ; non seulement elle a obéi, mais elle lui a sauvé la vie. Saint Augustin n’ose décider si elle est coupable ou vertueuse, il craint de la condamner.

Ce qui est, à mon avis, assez singulier, c’est que Bayle prétend être plus sévère que saint Augustin[12]. Il condamne hardiment cette pauvre femme. Cela serait inconcevable si on ne savait à quel point presque tous les écrivains ont permis à leur plume de démentir leur cœur, avec quelle facilité on sacrifie son propre sentiment à la crainte d’effaroucher quelque pédant qui peut nuire, combien on est peu d’accord avec soi-même.

Le matin rigoriste, et le soir libertin,
L’écrivain qui d’Éphèse excusa la matrone

Renchérit tantôt sur Pétrone,
Et tantôt sur saint Augustin.


RÉFLEXION D’UN PÈRE DE FAMILLE.


N’ajoutons qu’un petit mot sur l’éducation contradictoire que nous donnons à nos filles. Nous les élevons dans le désir immodéré de plaire, nous leur en dictons des leçons : la nature y travaillait bien sans nous ; mais on y ajoute tous les raffinements de l’art. Quand elles sont parfaitement stylées, nous les punissons si elles mettent en pratique l’art que nous avons cru leur enseigner. Que diriez-vous d’un maître à danser qui aurait appris son métier à un écolier pendant dix ans, et qui voudrait lui casser les jambes parce qu’il l’a trouvé dansant avec un autre ?

Ne pourrait-on pas ajouter cet article à celui des contradictions ?


  1. Questions sur l’Encyclopédie, première partie, 1770. (B.)
  2. Livre X, chapitre IX. (Note de Voltaire.)
  3. Tous les jours une chaise
    Me coûte un écu,
    Pour porter à l’aise
    Votre chien de cu,
    À moi pauvre cocu. (Id.)
  4. Voyez l’article Bouc. (Note de Voltaire.)
  5. Tartuffe, II, II.
  6. Voyez Plutarque, vie de Pyrrhus, chapitre xxxviii. (B.)
  7. Ce morceau, imprimé en 1767, à la suite d’une édition du Fragment des instructions pour le prince royal de ***, faisait aussi, par double emploi, dans l’édition de Kehl in-8o, la section II de l’article Divorce. C’était en effet sous ce titre du Divorce qu’il était imprimé à la suite du Fragment des instructions, etc., et qu’il fut réimprimé en 1770 dans le tome IX des Nouveaux Mélanges. En même temps Voltaire le faisait aussi imprimer dans les Questions sur l’Encyclopédie. (B.)
  8. Matthieu, chapitre xix, v. 9. (Note de Voltaire.)
  9. Voyez l’Histoire du Parlement, chapitre XLI.
  10. L’empereur Joseph II vient de donner à ses peuples une nouvelle législation sur les mariages. Par cette législation, le mariage devient ce qu’il doit être : un simple contrat civil. Il a également autorisé le divorce sans exiger d’autre motif que la volonté constante des deux époux. Sur ces deux objets, plus importants qu’on ne croit pour la morale et la prospérité des États, il a donné un grand exemple qui sera suivi par les autres nations de l’Europe, quand elles commenceront à sentir qu’il n’est pas plus raisonnable de consulter sur la législation les théologiens que les danseurs de corde. (K.)
  11. Jean, VIII, 87.
  12. Dictionnaire de Bayle, article Acyndinus.


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