Dictionnaire pratique et historique de la musique/Acoustique

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Acoustique, n. f. 1. Partie de la physique qui concerne les phénomènes sonores. Le nom d’A. (étym. ἀκούειν, entendre) a été donné à cette science par le physicien français Joseph Sauveur (1653-1716), l’un de ses créateurs. L’Antiquité et le moyen âge n’avaient eu d’autre instrument d’expérience que le monocorde utilisé par Pythagore pour étudier les lois du partage de la corde vibrante et des rapports des intervalles. Au milieu du xvie s., Zarlino, revisant les mêmes calculs, en tira le principe d’une nouvelle théorie de la gamme. Son contemporain, l’Espagnol Salinas, se livra à des études analogues. Galilée et Newton y touchèrent en passant. Kircher et Mersenne, au xviie s., furent conduits sur la voie de l’expérimentation pratique par l’observation des instruments de musique, dont la facture progressait selon les besoins de l’art, par des méthodes empiriques. Avec Sauveur commença la spécialisation d’une lignée de physiciens dans le domaine de l’A. Sur ses pas, D. Bernouilli s’engagea dans l’étude des sons harmoniques, Euler, dans celle des vibrations. Bio attacha son nom aux premières expériences décisives sur la propagation du son. Chladni, dont le traité d’A. fit sensation en 1809, démontra entre autres, par les plaques dont il était l’inventeur, l’existence des lignes nodales. Prony, puis Delezenne s’attachèrent au calcul des intervalles et aux logarithmes acoustiques. Cagniard-Latour imagina la Sirène qui porte son nom et qui permit de dénombrer exactement le nombre des vibrations. Lissajous fit servir à la même étude les moyens optiques. Félix Savart († 1841) s’occupa d’A. physiologiques et des applications des découvertes scientifiques à la construction des instruments. C’est en 1863 que parut le célèbre traité de Helmholtz, embrassant tout l’ensemble des recherches physiques et physiologiques qui concernent le son, et dans lequel il proposa des théories nouvelles de l’audition, du timbre et des sons résultants. En Angleterre, le manuel de Tyndall, Sound, parut en 1867. À l’époque contemporaine, les travaux de Cornu, Mercadier, Gandillot, en France, Ellis, en Angleterre, Preyer, Abraham, Hornbostel, en Allemagne, ont porté principalement sur la théorie des gammes, ceux de Stumpf, sur l’A. physiologique, ceux de G. Sizes, sur la résonance et les sons harmoniques. L’invention du phonographe et des divers autres appareils enregistreurs, y compris ceux qui relèvent de la photographie, ont procuré à l’A. de précieux instruments de travail. S’il est vrai de dire que l’A. et la musique cheminent séparément et presque en s’ignorant l’une l’autre, les liens secrets qui les réunissent n’en sont pas moins indissolubles. En son état actuel, on peut diviser l’A. en trois directions distinctes : l’A. physique ou mathématique, qui étudie le son en soi et les lois de sa production, de sa constitution et de sa propagation ; l’A. physiologique, qui envisage le son dans ses rapports avec les organes de la phonation et de l’audition ; l’A. appliquée, qui s’occupe des relations de la science avec l’art, de la construction des instruments et de l’architecture des salles destinées aux exécutions musicales. (Voy. Audition, Gamme, Photographie, Physiologie, Son, Sons harmoniques, Timbre, Vibration.) || 2. Adj. 2 g. Qui a rapport au son, à l’acoustique.