Dictionnaire pratique et historique de la musique/Clef
Clef, n. f., du lat. clavis. 1. Signe
placé sur une ligne de la portée pour
déterminer la situation des notes
dans l’échelle générale des sons.
L’usage des clefs remonte aux premiers
temps de la notation diastématique,
alors que les scribes commençaient
de tracer, soit en creux dans
le parchemin, soit en couleur, une
ligne servant de point de repère pour
la lecture et l’écriture des neumes
(xie s.). Les lettres C, F et G, par lesquelles
on désignait alors les degrés
de la gamme appelés depuis lors ut,
fa et sol, furent successivement introduites
pour servir de clefs, c’est-à-dire
pour marquer la ligne destinée
à porter invariablement l’une de ces
trois notes. Non sans avoir subi peu
à peu de complètes transformations
d’apparence, les mêmes clefs subsistent
dans la notation moderne avec la
même acception :
L’antipathie
qu’éprouvaient
les anciens
maîtres pour
les lignes
supplémentaires
les a
conduits à
employer les clefs sur différentes lignes
de la portée, en opérant, dans le cours
d’une même partie instrumentale ou
vocale, de fréquents changements
de clefs. À l’époque de la floraison
du style polyphonique vocal (xvie s.),
les trois clefs en 9 positions différentes
correspondaient à autant d’espèces
de voix et permettaient de renfermer
l’ambitus de chacune d’elles dans une
seule portée ; elles étaient dénommées,
d’après leur position, clef de
fa 5e, 4e et 3e lignes, clefs d’ut 4e,
3e, 2e et 1re lignes, clefs de sol 2e et
1re lignes et répondaient aux 9 voix
de basse profonde, basse, baryton,
ténor grave ou baryton élevé, contralto,
mezzo-soprano, soprano et soprano
aigu. On en résume l’effet par la figuration
sur la portée d’un même son
ut, tel qu’il est situé par l’emploi
comparé des 9 clefs :
![\language "italiano"
melody = \relative do' {
\once \override Staff.TimeSignature.color = #white
\once \override Staff.TimeSignature.layer = #-1
\clef subbass do1 \bar "||"
\clef bass do \bar "||"
\clef varbaritone do \bar "||"
\clef tenor do \bar "||"
\clef alto do \bar "||"
\clef mezzosoprano do \bar "||"
\clef soprano do \bar "||"
\clef treble do \bar "||"
\clef french do \bar "||"
}
\score {
<<
\new Voice = "mel" { \autoBeamOff \melody }
>>
\layout {
\context { \Staff
\RemoveEmptyStaves
}
indent = 0\cm
line-width = #120
\override Score.BarNumber #'stencil = ##f
}
\midi { }
}
\header { tagline = ##f}](http://upload.wikimedia.org/score/9/6/96b61wyc0admbhdu1jd2qtns04d10in/96b61wyc.png)
Au frontispice des pièces gravées pendant le xvie s., on ne trouve que les indications générales de Superius ou dessus, Discantus ou Alto, Ténor, Bassus ; ces mots ne désignent pas tant le genre de voix que leur rôle dans l’édifice harmonique, et c’est en réalité par le choix et la position des clefs que l’on est renseigné sur la voix à laquelle une partie est destinée. La multiplicité des clefs, qui n’embarrassait nullement les exécutants d’autrefois, rompus à cet exercice, est une des difficultés qui éloignent aujourd’hui beaucoup de musiciens de l’étude des œuvres anciennes en éditions originales. L’usage a constamment tendu à réduire le nombre des clefs. Leur suppression ou leur réduction a un signe unique et immuable ont été proposées à maintes reprises par des auteurs bien intentionnés, mais dont l’horizon se limitait à l’enseignement musical primaire ; aussi leurs tentatives plus nocives qu’utiles n’ont-elles pas obtenu les résultats qu’ils en espéraient. La majorité des chanteurs et des instrumentistes actuels ne connaît plus que la clef de sol 2e ligne, pour les octaves aiguës, et la clef de fa 4e ligne, pour les octaves graves. On y joint pour l’alto et la région supérieure du violoncelle la clef d’ut 3e ligne, qui a été abandonnée pour la voix de ténor, bien qu’elle en exprime seule réellement l’étendue. Ces trois clefs se partagent symétriquement une portée générale de onze lignes, où l’ut aigu de la clef de fa et l’ut grave de la clef de sol se confondent sur une ligne supplémentaire devenue ligne centrale de la portée qui reçoit la clef d’ut :
![](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/5/50/Dictionnaire_pratique_et_historique_de_la_musique_%28page_92A_crop%29.jpg/250px-Dictionnaire_pratique_et_historique_de_la_musique_%28page_92A_crop%29.jpg)
Pour tenir lieu de cette clef dans la notation de la partie de ténor, on a imaginé récemment en Italie de nouvelles formes graphiques de la clef de sol, faisant souvenir que les notes inscrites sonnent une octave plus bas :
![](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/e/e8/Dictionnaire_pratique_et_historique_de_la_musique_%28page_92B_crop%29.jpg/350px-Dictionnaire_pratique_et_historique_de_la_musique_%28page_92B_crop%29.jpg)
La notation spéciale au chant grégorien a conservé, pour éviter ou restreindre l’emploi des lignes supplémentaires, trois positions pour la clef d’ut et deux pour la clef de fa. La forme de la clef d’ut est restée visiblement celle de la lettre C ; pour la clef de fa, on a conservé le même signe, en lui accolant une figure de note à queue :
![](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/1/14/Dictionnaire_pratique_et_historique_de_la_musique_%28page_92_crop%29.jpg/250px-Dictionnaire_pratique_et_historique_de_la_musique_%28page_92_crop%29.jpg)
|| 2. Dans la facture des instruments à vent, les clefs sont des pièces mobiles faisant l’office de soupapes et servant à ouvrir ou fermer, sous l’action des doigts, les ouvertures percées dans le tube de l’instrument. (Voy. Notation, Solfège, Transposition, Voix.)