Dictionnaire pratique et historique de la musique/Notation
Notation, n. f. * Ensemble des signes conventionnels par lesquels on indique les sons de la musique et leur interprétation. Les N. ont varié suivant les périodes et les genres de musique. Nombre de peuples, dotés d’un système de musique à une époque très ancienne, n’ont jamais eu l’idée même d’une N., tels en Orient (musique syrienne, chaldéenne, arabe, etc.). Dans l’antiquité, les Grecs inventèrent un ensemble de N. très compliqué. Plus près de nous, des N. neumatiques et alphabétiques en se fusionnant, donnèrent naissance d’une part, à celle du chant grégorien, d’autre part, à celle de la musique mesurée, qui se transforma elle-même suivant les âges, et suscita des essais nouveaux. On ne parlera pas ici des N. anciennes des peuples de l’Extrême-Orient (Chine, Japon), de l’Asie centrale (Thibet), ni des N. spéciales usitées dans les manuscrits orientaux (Hébreux, Arméniens) et byzantins. Les autres systèmes de N. sont classés par ordre alphabétique.
|| N. alphabétique. — L’antiquité
grecque faisait usage d’un double
système de N., instrumentale et vocale,
constitués par des signes semblables
ou analogues à ceux de
l’alphabet, disposés debout, couchés
ou renversés. L’un, proprement instrumental,
appliquait les lettres d’un
alphabet spécial, à la désignation
des cordes de l’instrument : c’est
le principe des tabulatures. (Voy. ce
nom.) Ces signes se succédaient dans
l’ordre d’accord des cordes. L’autre
système, réservé à la musique vocale,
représentait idéalement par les lettres,
dans l’ordre même de l’alphabet
classique, les sons de la gamme
chromatique dans l’ordre descendant.
La N. des Grecs fut adoptée comme de plein droit par les Latins, qui en fixèrent le point de départ au son placé une octave au-dessous de la mèsedes anciens, c’est-à-dire au la2 des théoriciens modernes, désignés par A dans la nomenclature alphabétique dont il va être parlé. Les professeurs du moyen âge, qui se servaient du monocorde (voy. ce mot) pour l’étude des intervalles et pour l’enseignement du chant, prirent l’habitude de graver sur la boîte de résonance des caractères propres à désigner les sons et ils empruntèrent ces caractères à l’alphabet courant, qui était l’alphabet latin. La N. dite boétienne, ainsi nommée d’après l’emploi qu’en fit Boèce (vie s.) dans son de Institutione musica, sans probablement en être l’inventeur, désignait les sons de deux octaves de la gamme diatonique obtenus sur le monocorde, par les lettres A et P. On en possède plusieurs monuments dans des manuscrits du moyen âge, et notamment dans le célèbre Antiphonaire conservé à Montpellier, où les chants liturgiques sont notés simultanément en lettres et en neumes (xie s.). La N. boétienne permet donc d’embrasser une double octave : ce fut la N. des quinze lettres :
La constitution de la N. alphabétique a varié pendant le haut moyen âge. Dès un temps reculé, d’autres auteurs, considérant que la seconde octave double exactement la première, préférèrent se contenter des sept premières lettres, de A à G, qu’ils traçaient en majuscule pour l’octave grave, en minuscule, a à g, pour l’octave aiguë ; après quoi ils vinrent à doubler les minuscules, aa, etc., * pour exprimer les sons contenus dans une 3e octave, à l’aigu :
La présence dans les plus anciennes pièces de chant d’un son placé un ton au-dessous du premier A, ou une octave au-dessous du premier G, fit introduire l’usage de la lettre grecque majuscule correspondante Γ (gamma), qui donna son nom à la série ascendante diatonique, ou gamme (voy. ce mot). Cette série, donnée par Odon de Cluny († 942) et autres auteurs du moyen âge : ΓABCDEFG, a, etc., se traduit donc de nos jours par sol la si ut, etc.
Cette série se complète par la différenciation du B rond et du B carré (voy. ci-après) et elle permet au moins la N. théorique dans les méthodes, pendant que se développe dans les livres de chant liturgique la N. neumatique. On la trouve appliquée aussi à des chants profanes en langue vulgaire, et même encore à des chants de minnesinger allemands de la fin du xive s.
La distinction du B rond et du B carré résulta au moyen âge de la nécessité de faire accorder la division de l’échelle par octaves avec celle par tétracordes, que l’antiquité avait léguée. En effet, pour pouvoir constituer au milieu de l’échelle de 15 sons une octave dont les intervalles se succèdent dans le même ordre que ceux de l’octave aiguë et de l’octave grave, comptés en descendant, selon l’usage antique, il faut abaisser le si d’un demi-ton ; on le fit en distinguant dans la N. le si abaissé par la forme arrondie du b minuscule, dite b molle et le si naturel par la forme carrée ou b carré, qui furent l’origine du bémol et du bécarre, b quadratum, b quadrum (voy. ces mots).
Après que la N. diastématique (voy. plus bas) eût été adoptée par les musiciens, la N. alphabétique resta employée par les théoriciens, comme ne nécessitant pas de signes spéciaux et n’occupant pas autant de place que la portée.
Mais, à mesure que le progrès des études scientifiques portait à considérer un nombre d’octaves plus étendu que le système des 15 notes autrefois suffisant à la pratique du chant et aux calculs limités des savants, on dut chercher dans le redoublement des lettres et dans l’emploi des indices un moyen d’exprimer la hauteur des sons. D’autre part, l’usage des sept premières lettres de l’alphabet subsiste comme dénominations des sept notes de la gamme, dans les pays de la langue anglaise et allemande ; chez ceux-ci, le B resta attribué au si bémol et l’H fut introduit pour exprimer le si naturel, ou bécarre.
D’autres systèmes alphabétiques furent en usage dans l’antiquité et au moyen âge, par exemple, la N. par voyelles grecques, dans les papyrus gnostiques, la N. nommée dasienne dérivée de certains accents, en usage dans les traités du ixe s., et un autre emploi de la série A-G, appliquée au clavier des orgues. Chez Hucbald, par exemple (ixe-xe s.), les lettres A-G sont employées dans ce cas pour les sons ut-si ; chez Notker Labeo († 1022), on trouve la succession EFGABCD, etc., comme équivalent de la série ΓABCDEF, etc. Cet emploi fixe donc à notre ut l’A du clavier des orgues de ce temps. (Voy. aussi Solmisation.)
À l’époque actuelle, la N. alphabétique subsiste à l’état purement théorique en tant que nomenclature scientifique, chez les nations qui désignent les notes de l’octave par les huit premières lettres de l’alphabet, soit l’Allemagne, l’Angleterre. On s’en sert, dans les traités de physique, par exemple, où elle économise la place dans les pages, et les frais de gravure ; dans les catalogues, où les premières notes d’un thème peuvent être indiquées par les noms des lettres ; dans la facture des pianos, où les noms des notes que rendent les cordes sont marqués par les lettres à côté des chevilles, pour guider le travail de l’accordeur. Mais des divergences se produisent dans chaque branche entre les applications de ce principe. Chez les physiciens, tantôt les octaves successives sont différenciées par l’emploi des majuscules pour l’octave grave, des minuscules pour l’octave moyenne, des minuscules redoublées pour l’octave aiguë ; tantôt par l’emploi de minuscules soulignées de deux traits, d’un trait, puis de minuscules simples, et de minuscules surmontées d’un trait et de deux traits, pour une échelle ascendante de cinq octaves. Dans les ouvrages théoriques, la différenciation des octaves s’obtient, soit par l’emploi d’indices désignant l’octave dans laquelle se place le son voulu, A1, B1, etc., ou A1, B1, etc., soit par la succession des majuscules, minuscules, et minuscules doublées (comme plus haut), pour désigner les trois octaves moyennes dans leur succession ascendante. La langue allemande use, pour exprimer les altérations des notes, par dièses ou bémols, d’un système d’altérations par lettres, l’addition d’une S ou des lettres ES désignant le bémol, celle des lettres IS, les dièses : As = la bémol ; Ais = la dièse.
Quelques compositeurs se sont plu à prendre pour thèmes de tel ou tel ouvrage, les notes correspondant aux lettres ou aux syllabes d’un mot ou d’un nom : B-A-C-H, dans la N. alphabétique allemande, exprimant les notes si ♭, la, ut, si naturel, ces lettres forment un thème musical que Bach lui-même a pris pour troisième sujet de la fugue inachevée qui termine son Art de la Fugue :
Voir encore les « lettres dansantes » sur le nom de Mme Abbeg (A-B-B-E-G = la, si ♭, si ♭, mi, sol) dans la Fantaisie op. 1 de Schumann, ou son Souvenir sur Gade (G-A-D-E = sol, la, ré, mi) dans son Album pour la jeunesse, etc.
On peut rattacher aux N. alphabétiques l’emploi des voyelles empruntées aux syllabes d’un nom, rapprochées des notes de la gamme. Josquin Després composa, pour l’offrir au duc de Ferrare Hercule Ier, une Messe dont le thème était formé par les voyelles des syllabes composant les mots « Hercules Dux Ferrarie », soit ré ut ré ut ré fa mi ré. Quelques autres maîtres usèrent de procédés semblables, déjà indiqués au xie s. par Guido d’Arezzo à l’usage des compositeurs manquant d’inspiration.
Enfin, il faut signaler que les lettres
C F G de la N. alphabétique sont
l’origine des clefs d’ut, fa, sol (voy.
Clefs), et que le B, sous ses deux formes,
est l’origine du bémol, du bécarre et,
disent certains, du dièse (voy. ces mots.
Voir aussi iv. Tonic-sol-fa).
|| N. blanche. (Voy. N. proportionnelle.)
|| N. boétienne. (Voy. N. alphabétique.)
|| N. carrée. (Voy. N. grégorienne.)
|| N. chiffrée. — * Dans l’antiquité
grecque, les lettres ayant la valeur
de chiffres, il est possible que les
N. antiques, qui nous paraissent alphabétiques,
aient été considérées à certaines
époques comme N. chiffrées.
De fait, les théoriciens du moyen âge,
en dehors de la N. alphabétique, et en
sa place, se servaient parfois, au lieu
du système des quinze lettres ou des
deux octaves répétées, des nombres
1 à 15 ; A (la) correspondait à 1, etc. ;
le si de la seconde octave étant la
note 9, la distinction du si bémol et
du si bécarre se faisait en les nommant
nona prima (9e-1e) et nona secunda
(9e-2e). Il ne semble toutefois pas
que cet usage ait été très répandu,
lorsque, à la fin du moyen âge, la
N. chiffrée apparaît tout à coup en Espagne, avec l’emploi des sept premiers
chiffres pour désigner les sept
notes de la gamme :
1(ut 2ré 3mi 4fa 5sol 6la 7si)
ou, par B molle :
1(fa 2sol 3la 4si ♭ 5ut 6ré 7mi)
À l’octave grave, les chiffres sont dotés d’un petit crochet en bas ; à l’octave moyenne, ils conservent leur forme ; à l’octave aiguë, les chiffres sont suivis d’un petit point en haut : 1•, 2•, etc. Les silences sont marqués par des traits obliques en travers de la ligne. Des indications empruntées à la notation mesurée complètent cet ensemble (v. exemple au mot Tabulature), dont le ton ou l’armature son indiqués en tête du morceau. La presque totalité des œuvres de musique instrumentale publiées en Espagne jusqu’au cours du xviie s. reposaient sur ce principe. En France, il fut introduit par un confrère du P. Mersenne qui avait traité de cette N. Le P. Souhaitty publia plusieurs recueils de chant notés d’après cette méthode, qui semble avoir eu quelque succès entre 1660 et 1680. Puis on n’entend plus parler de la N. chiffrée jusqu’à J.-J. Rousseau, qui la propose à nouveau ; son appel reste sans réponse, jusqu’à ce que Galin, vers 1820, la reprenne en grand, faisant de ce principe l’ensemble de tout un système nommé galinisme du nom de son inventeur, continué et perfectionné par Pâris et Chevé. Beaucoup de mélodies ont été publiées depuis une centaine d’années d’après cette méthode, à l’usage des milieux populaires. Un arrêté ministériel en prescrivit même l’enseignement obligatoire dans les écoles normales d’instituteurs (1905). — Mais son succès est limité, et il ne semble pas qu’un avenir bien fécond soit réservé à ce genre de notes. En effet, s’il faut lui reconnaître le très grand mérite de rendre accessible une mélodie chorale simple à un ensemble d’enfants et d’exécutants sans grande culture, de supprimer les difficultés apparentes de lecture et d’intonation en notant toujours par le mode, et non par le ton, on n’est pas parvenu à lui conserver ces avantages, lorsque la mélodie devenait plus complexe, ou l’harmonie plus recherchée : c’était déjà la raison qui l’avait fait abandonner au xviie s. De plus, ceux qui ont étudié avec la N. chiffrée sont obligés de réapprendre la N. usuelle pour lire et exécuter les éditions ordinaires de musique, et c’est là peut-être son tort le plus grave. Réduite à une mélodie simple et chorale, à une harmonie peu compliquée, ou à titre de sténographie musicale, la N. chiffrée peut être des plus utiles. Par rapport à sa forme primitive, le point indicateur de l’octave aiguë a été placé sur le chiffre, et on a de même marqué l’octave grave par le point en dessous. Des traits obliques indiquent les dièses et les bémols, le zéro les silences, des points les tenues :
|| N. en couleurs. (Voy. N. proportionnelle.)
|| N. diastématique. On réunit sous
ce nom les systèmes de N. dans
lesquels sont figurées à la vue, les
distances sonores. Les premières N.
neumatiques laissaient régner à cet
égard une complète incertitude. Les
essais pour y remédier apparaissent
vers le xie s., à la fois de tous côtés.
De même que pour écrire droit les
scribes traçaient une ligne sur le parchemin,
de même commencèrent-ils à prendre une ligne idéale pour point de
repère dans la situation des neumes.
Dans les manuscrits aquitains du xie s.
apparaît déjà une ligne unique entaillée
dans l’épaisseur du parchemin ;
dans les mss. italiens, cette ligne,
tracée en rouge, reçoit l’addition de
la lettre F, placée au commencement,
qui précise sa signification et sert de
clef. Les témoignages des théoriciens
s’ajoutent aux monuments notés pour
montrer dès cette époque l’élargissement
de ces tentatives, l’addition des
lignes en creux, puis d’une
ligne jaune avec la lettre C.
Guido d’Arezzo présente au
pape Jean xix un Antiphonaire
ainsi noté. À défaut de
couleur rouge, on ajoute un
point à l’F. Pendant le
xiie s., la N. diastématique, sur portée,
gagne toute l’Europe. L’Allemagne
l’adopte la dernière. Les
lignes, en nombre variable, constituent
la portée ; les lettres placées au
début deviennent les clefs. (Voy. les
mots portée et clef, où on traite en
détail de leurs origines et modifications.)
Les neumes, gardant leurs
formes propres, sont placées sur les
lignes. (Voy. N. grégorienne et N. neumatique.)
On nomme souvent guidonienne
du nom de son propagateur,
cette première phase de la N. sur
portée. || N. ekphonétique. N. en usage
pour la N. du chant religieux byzantin,
avant le xe s., et dans laquelle les
plus récents historiens reconnaissent
l’origine de la N. constantinopolitaine,
elle-même regardée par divers auteurs
comme principe de toutes les N. neumatiques
de l’Orient et de l’Occident.
Cette N. repose sur une série peu
nombreuse de signes en forme d’accents,
qui concernent : la hauteur des
sons (accents aigu, grave et circonflexe) ;
leur durée (longue, brève) ;
l’expression ou l’ornementation ; enfin,
quatre signes pour l’intonation, la
liaison ou la séparation des mots ou
des phrases et la fin. || N. gothique.
(Voy. N. grégorienne.) || N. grégorienne
ou du « chant grégorien. » (Voy. ce
terme.) Dans ses premiers siècles, le
chant grégorien usa des N. en usage,
alphabétiques, neumatiques, diastématiques,
etc. Au xiie s., l’invention
de la N. proportionnelle (voy. ce mot)
ayant déterminé de nouvelles formes,
pour la musique mesurée, le chant
liturgique resta noté suivant le stade
auquel était alors parvenu la N. diastématique,
avec quelques légères modifications.
Aussi appelle-t-on couramment
N. grégorienne la N. du xiie s.,
conservée dans les chants liturgiques.
À cette époque, le principe de la portée
et des clefs, en s’affermissant, entraîna
une modification graduelle des figures
de notes. Les neumes prirent une
apparence différente selon les contrées.
Deux courants se distinguent, l’un
allemand, l’autre latin (italien et français),
qui aboutissent à des formes
d’aspect opposé. En prenant pour
exemple un seul signe, la clivis, on la
trouve tracée :
La N. latine fut connue sous le nom de N. carrée, à cause de la forme de ses principaux éléments ; l’autre a été désignée en Allemagne sous le nom de N. à têtes de clous (huffnagel ou rossnegel), et est plus connue hors de ce pays sous le nom de N. gothique. Elles restèrent toutes les deux ainsi en usage, jusqu’au moment où l’imprimerie devait, en répandant les éditions, porter au chant neumatique, ainsi conservé, un coup mortel. (Voir plus loin les formes de la notation grégorienne.)
À l’époque de l’invention de l’imprimerie et jusque vers la fin du xviie s., les deux formes différentes de notes se maintinrent en usage pour la N. du chant liturgique, la N. carrée, adoptée en France et dans les pays latins, en Angleterre et dans une partie de l’Allemagne, et la N. gothique, limitée aux pays allemands et à la Suisse. Ces deux N. sont en usage, dans ces régions, à la fois dans les imprimés et dans les manuscrits. Une grande difficulté pour les imprimeurs était de figurer les signes neumatiques en se servant de caractères isolés rapprochés les uns des autres, au lieu de caractères spéciaux. De cette condition matérielle résultèrent même de grands changements dans les mélodies.
Le point ou brève prit la forme d’un petit carré | plein, | |
la semi-brève, celle d’un losange | , | |
la longue, d’un petit carré plein muni d’une queue | . |
Leur confusion,
et leur fusion, ligatures, ou
groupes destinés à imiter les anciens
neumes, entraînèrent beaucoup d’erreurs,
en même temps qu’étaient abonnées
ou transformées certaines formules
neumatiques. On trouve encore,
entre 1568 et 1579, des livres liturgiques
conformes, pour le texte, au bréviaire et au missel de Pie v, imprimés
en caractères gothiques et avec la pure
N. grégorienne latine ou carrée, telle
qu’elle était usitée depuis quatre siècles.
Mais bientôt on y introduit des
formes empruntées à la N. proportionnelle.
C’est dans les livres imprimés
à Rome, sous la direction de
Guidetti, à partir de 1582, que le chant
romain commence à être noté en grosses
notes pleines carrées avec points
d’orgue, sans figure qui reproduisent
le sens des ligatures anciennes, et des
groupes d’origine neumatique. Trois
figures de notes, la caudée, la carrée
et la losangée, y sont employées sans
représenter relativement l’un l’autre
des valeurs absolues
de durée.
La N. carrée
parvenue à ce
stade, s’est maintenue
jusqu’à nos jours
pour le plain-chant.
De son côté, la N. gothique
évoluait également.
Tout d’abord, elle se distingue au premier
regard de la N. carrée du plain-chant en
ce que l’unité rythmique, la brève, y
est figurée constamment par la note
losangée ♦ et la longue par une figure
semblable munie d’une queue fort
épaisse qui s’y soude par la pointe
inférieure du losange. Cette N., spécialement
allemande, se trouve dans
les livres de chant liturgique manuscrits
et imprimés, d’origine allemande,
et datant des xve et xvie s. Elle est
en même temps employée en Allemagne
pour le chant en langue vulgaire,
tant religieux que profane. Les
groupes de sons analogues aux neumes
s’y forment par l’accolement des deux
figures principales de notes ; mais leurs
combinaisons sont en petit nombre.
Cette N. subit des déformations analogues
à celles de la N. carrée, et
disparut devant elle, au xviiie s. Cependant,
dans la seconde moitié du
xixe s., les travaux de restauration du
chant grégorien allaient de nouveau
poser la question. La N. carrée adoptée
pour le plain-chant depuis le
xve siècle ne répondant pas à une
traduction exacte des formes mélodiques
du chant grégorien restauré, un
retour à des formes graphiques plus
rapprochées de l’écriture neumatique
s’est accompli sous l’impulsion des
Bénédictins français, auxquels revient
l’honneur d’une reconstitution et
d’une coordination du répertoire grégorien.
Comme la N. du plain-chant,
la N. qu’ils ont adoptée et dont les
mérites d’exactitude et de la clarté ont
assuré le succès, repose sur la portée
de quatre lignes, avec clefs de fa et
d’ut, et sur l’emploi de figures de notes
carrées et pleines, avec et sans queue,
comme celles du plain-chant, mais
plus légères d’aspect, et parmi lesquelles
viennent prendre place des
figures composées d’après les anciens
neumes, exprimant les groupes de
notes passant sur une même syllabe
du texte et reproduisant les formes en
usage du xiie au xvie s. Ces notes et
ces figures reçoivent les noms des neumes
dont elles sont issues et qui sont :
Il faut ajouter à ce tableau les formes composées, assez nombreuses. Quoique l’on remarque trois formes différentes de notes dans la N. du plain-chant et du chant grégorien, savoir, la caudée ou longue à queue, la carrée et la losangée, ces différentes figures n’expriment pas l’idée de valeurs, à la manière moderne, c’est-à-dire d’après des rapports fixes de durée. Mais, conformément à leur origine neumatique, les notes à queue expriment des sons plus élevés, les losanges des séries de sons descendants. Leur valeur se détermine par leur position dans la phrase, la syllabe sur laquelle elles se trouvent, etc. Voir comme spécimens de transcriptions de chants grégoriens en notes modernes, les exemples des articles Chant liturgique, Direction, Hosanna, Mélisme, Ornement. || N. guidonienne. (Voy. N. grégorienne || N. par les intervalles. Dans les livres de chant byzantin de l’église grecque, il y a un signe, non pas pour chaque son, mais pour chaque intervalle à partir d’un son donné. Ces signes sont des dérivés de la N. ekphonétique, diversement formés et tournés, et ayant changé en partie de signification. Leur système est d’ailleurs fort compliqué. En Occident au xie s., Hermann Contract, moine de Reichenau, fit l’essai d’une N. où des lettres exprimaient les intervalles : E = unisson ; S = semi-ton mineur ; T = ton ; TS = tierce mineure (un ton et demi) ; TT = tierce majeure (2 tons) ; D = diatessaron (quarte) ; Δ = diapente (quinte) : ΔS = sixte mineure (quinte et demi-ton) : ΔT = sixte majeure (quinte et un ton) ; ΔD = octave (quinte et une quarte). On peut rapprocher ces désignations de celles qui figurent dans l’essai de portée suggérée par un traité du ixe s. (Voy. Portée.) || N. mesurée (Voy. N. proportionnelle.) || N neumatique. Bien que les spécimens les plus anciens de neumes latins remontent au viie s. et au viiie, les premiers indices qui peuvent servir à les expliquer sont vagues et se trouvent chez Aurélien de Réomé, chez Odon de Cluny, chez Hucbald (ixe et xe siècle), qui se plaignent de l’incertitude tonale de cette écriture, mais lui reconnaissent des avantages sur la N. alphabétique, quant à la liaison, au trémolo, au mouvement, etc. Les formes génératrices des neumes sont les accents grammaticaux aigu et grave, et le trait horizontal qui indique le repos de la voix sur un même degré, puis la combinaison graduelle des premiers signes entre eux, pour former de petits groupes de sons. Par leur forme et leur position, les neumes même primitifs parlaient aux yeux et indiquaient d’une façon générale la direction de la mélodie et ses mouvements ascendants ou descendants. Les indications rythmiques y sont vagues et rares. Mais leur absence ou leur rareté est invoquée comme une preuve de plus de l’absence de différenciation des valeurs dans le chant grégorien, où règne le principe de l’égalité des notes, bien que certains musicologues modernes arrivent à proposer une lecture rythmique, mais non mesurée, des neumes. La forme des neumes a varié selon les lieux et les époques. Il était naturel que les copistes de manuscrits, travaillant en des monastères éloignés les uns des autres, vinssent à transformer les éléments d’une notation en elle-même incertaine. (Voy. tableau du § N. grégorienne.)
Les neumes italiens affectent des formes allongées et les virgae y sont élevées et presque verticales, leur corrélation avec les syllabes du texte est marquée par de longues barres droites qui rejoignent chaque voyelle. Les neumes lombards sont épais, exigent un large espace en hauteur au-dessus du texte, et dans leurs combinaisons en groupes, affectent souvent des formes étranges. Les neumes messins, issus du centre liturgique et musical que formait Metz à l’époque carolingienne, se répandirent au ixe-xe s. dans la région de Metz, la Belgique, la France du Nord-Est et jusque dans l’Allemagne du Sud. Les copistes qui s’en servaient visaient à représenter à l’œil les différences de hauteur des sons, en modifiant le tracé des neumes. Les neumes aquitains usités dans la France méridionale (Aquitaine) et en Espagne, consistent presque uniquement en points et en groupements de points, qui tendent parfois vers une forme carrée, parfois vers une forme en losange, résultats de la tenue du « calame » du scribe. Les neumes mozarabes, répandus en Espagne aux xe-xiie s., ne sont pas encore complètement expliqués. Leurs éléments sont tirés de la vira, du point ; ils ressemblent souvent aux lettres de l’alphabet mozarabe ou wisigothique. Le répertoire ainsi noté n’est d’ailleurs pas le chant grégorien, mais celui d’une liturgie autrefois spéciale à l’Espagne, à dater du vie s. La N. qui se développa en France était basée sur le point et la virga, associés plus tard à la diastématie ; les signes, qui dérivaient des accents, indiquant le genre d’inflexion voulu, et la diastématie fixant la distance des intervalles. Ce fut la N. qui, en se rapprochant de plus en plus des formes carrées de notes, donna naissance à la N. proportionnelle des musiciens des xive s. et suivants.
Dès le ixe s., on éprouve le besoin de préciser ce qui était vague dans l’intonation, l’accentuation, le rythme des neumes. D’où l’addition de traits — épisèmes — à certains neumes, pour indiquer l’appui de certaines notes, la durée de certaines autres, des liaisons entre les groupes, etc. De là aussi l’addition de « lettres significatives » : a voulant dire augmentez ou avec ampleur ; c = celeriter, brièvement ; e = equaliter, unisson ; f = frange, avec renforcement ; i = iusum, plus bas ; m = modérément, etc. Toutefois, les lettres significatives comme les épisèmes, ne sont pas tous complètement expliqués, et les savants sont divisés sur l’interprétation de quelques détails. À partir du xie s., on assiste à des efforts vers une simplification et une précision plus grandes de l’écriture neumatique. C’est en vue d’obtenir cette précision que s’introduit la N. diastématique. Grâce aux travaux des Bénédictins et à leur riche fonds de documents, on est parvenu à traduire les neumes sous le rapport tonal, avec une précision suffisante, corroborée d’ailleurs par la N. alphabétique ; mais leur interprétation rythmique a donné lieu aux hypothèses les plus opposées et aux plus vives discussions. En dernière analyse, P. Wagner s’est rallié à une lecture rythmique, mais non mesurée, des neumes, dans laquelle, d’après les documents datant seulement des xie et xiie s., la virga iacens et le punctum sont l’un vis-à-vis de l’autre dans la même relation que la longue et la brève, et où les signes et sont d’une signification identique et valent la longue. Ce principe une fois admis, il devenait aisé d’assimiler les formes habituelles du chant grégorien aux rythmes classiques de la langue latine, spondée, ïambe, trochée, etc., que d’autres auteurs y trouvent aussi, mais d’après d’autres principes. Un auteur du xe s., en effet, indique un phénomène rythmique analogue, mais dans des pièces d’organum. (Voy. N. proportionnelle.) || N. noire (Voy. N. proportionnelle.) || N. proportionnelle. La nécessité de faire coïncider exactement les temps dans l’exécution de la musique à plusieurs parties obligea les musiciens à chercher, dès le commencement de l’art harmonique, un système d’écriture approprié. Il fallut donc imaginer des signes ou modifier les signes existants de façon à pouvoir exactement calculer leurs valeurs de durée. Déjà, aux ixe-xe s., on imagina la distinction indiquée. Cette recherche et les principes qui devaient y présider préoccupent davantage les théoriciens du xiie et du xiiie s. Le classement en modes parfaits et modes imparfaits est enseigné par le ive Anonyme de Coussemaker et par Jean de Garlande. La N. proportionnelle est codifiée peu à peu au cours du xiiie s., à mesure que se développait l’organum. Ce classement donne naissance à un système compliqué de ligatures (voy. ce mot).
Les valeurs figurées par unités sont de 4 sortes, la longue double , la longue , la brève et la semi-brève auxquelles correspondent des pauses équivalentes :
La complication de cette N. vient de ce que les figures de notes n’y prennent pas une valeur de durée intrinsèque, mais relative ; relative à la fois au mode rythmique du morceau, et par conséquent soit parfaite (ternaire), soit imparfaite (binaire) et en même temps relative à la situation de la note précédente. Par exemple, une longue précédant une autre longue ou une pause de longue est dite parfaite, soit ternaire ; une brève placée devant ou après une longue rend celle-ci imparfaite, soit binaire, etc. À mesure que se développe le système et que les progrès de la composition harmonique exigent aussi plus de complexité dans l’écriture, les combinaisons réciproques des signes de valeurs se compliquent, pour se subdiviser, se mélanger, et répondre à tous les besoins. Francon fut à Paris le grand codificateur de la N. proportionnelle, au troisième quart du xiiie s. Tout à la fin de ce siècle, une impulsion nouvelle est donnée à cette N. par le théoricien français Pierre de la Croix (Petrus de Cruce). Les combinaisons qu’il établit font varier de deux à sept le nombre des semi-brèves contenues dans une brève. Ces variantes sont commandées par le mouvement du morceau, chacune des trois « manières » comportant une base spéciale pour les proportions relatives des valeurs. Ces « manières » se nomment (chez Pierre le Viser) more longo, more mediocri, more lascivo. Pour se reconnaître dans ce dédale, on a recours à des signes accessoires de N. Aucune indication de mesure ne figure encore à la clef ; mais, dans le courant de la N., on remarque des notes pointées, ou des notes surmontées d’un petit cercle renfermant un point, qui est le signum rotundum, le signe de la perfection, c’est-à-dire de la division ternaire. Les inventions se multiplient, et Walter Odington († vers 1339) se plaint de ce qu’il y ait autant de nouvelles figures de notes que de copistes. Les théoriciens s’épuisent à dresser des tableaux chiffrés de toutes les combinaisons de valeurs. En Italie, d’après Marchetto de Padoue, on admet une variété qui va jusqu’à permettre la division de la brève en douze semi-brèves. Des lettres placées en tête des portées indiquent d’après laquelle des neuf « divisions » admises par les théoriciens se fait le partage des valeurs. Afin de répondre à l’enrichissement croissant de l’art contrepointique, on cherche à fixer de nouveaux types de notes. Dans la même période, naît en France l’Ars nova, ensemble de doctrines novatrices dans lequel Philippe de Vitry (mort évêque de Meaux) introduit une réforme complète de la N. proportionnelle, et invente les signes de mesures, mettant fin aux modes rythmiques. Désormais huit figures de notes simples, la maxime , la longue , la brève , la semibrève , la minime , la semiminime , la fusa , et la semifusa , avec autant de pauses correspondantes, sont régies par le temps parfait (ternaire) ou imparfait (binaire), que des signes de mesure déterminent : le cercle complet pour le temps parfait, le demi-cercle pour l’imparfait. Le point qui s’ajoute parfois aux notes revêt, à son tour, des acceptions différentes selon les circonstances de son emploi. Des cas particuliers sont produits par les règles variées et souvent embrouillées de l’altération (qui double la valeur de la brève, de la semibrève ou de la minime), de l’imperfection (qui transforme en valeur binaire une valeur ternaire), de la syncope (qui décompose une valeur), de l’augmentation et de la diminution (qui transforment une valeur en une valeur voisine). À ce système surchargé, Philippe de Vitry ajoute l’emploi de figures de notes tracées à l’encre rouge au milieu de la notation noire ordinaire, et qui ont pour office tantôt d’indiquer un changement de rythme, tantôt de transporter un ou plusieurs sons à l’octave supérieure, tantôt de différencier le cantus planus du cantus mensuratus, et tantôt encore de signaler la transformation parfaite ou imparfaite d’une note. Pour s’adapter à tous les cas rythmiques, les signes de mesure se multiplient : le cercle reçoit un point au milieu, ou un trait vertical, le demi-cercle est tourné à droite ou à gauche, avec ou sans point ou trait ou avec le chiffre 2. Le manuscrit de chansons françaises de la fin du xive s. du Musée Condé, à Chantilly, offre une des plus complètes réunions des complications de cette N. Dans la seconde moitié du xive s., se répandirent les notes « vides » — notae vacuae — laissées blanches au lieu d’être rouges, tandis que quelques auteurs, au contraire, préfèrent employer plusieurs couleurs : vert, bleu, etc. Au milieu du xve s., la N. s’achemine rapidement vers une révolution qui se trouve accomplie avant la fin du siècle. La N. noire fait place à la N. blanche. On adopte la série des notes vides :
et l’on ne se sert plus des notes noires
de même forme que pour indiquer,
dans le cours du morceau, des changements
ou des diminutions de rythme.
La tendance à se servir de figures de
moindre valeur s’accentue ; on ajoute
au premier un second et un troisième
crochet ; on inscrit la queue de la brève
indifféremment au-dessus et au-dessous.
Les ligatures survivent en formes
évidées et soumises à des calculs compliqués.
On y ajoute l’invention de
figures de notes à demi évidées, à demi
pleines, qui ont pour but d’exprimer
de combien la valeur d’une note se
trouve accrue ou réduite, selon qu’elle
est employée sous la mesure parfaite
ou imparfaite. Les signes de mesure
se propagent, mais se multiplient,
toujours sur la base du cercle et du
demi-cercle munis ou non d’un point
central et précédés ou non de traits
verticaux. Le traité de Lanfranco
en réunit 16 en un tableau. C’est un
minimum. D’autres tableaux en contiennent
24. Les signes de mesure si
nombreux répondent aux subtils calculs
rythmiques du principe impair, ou
ternaire, appelé perfection, et pair, ou
binaire, dit imperfection. Ils dérivent
soit du cercle complet, qui est l’emblème
de la perfection, soit du demi-cercle,
celui de l’imperfection. Expert
suppose que certaines modifications
des signes (la barre verticale traversant
le demi-cercle, etc.) ont une
signification de mouvement plus ou
moins accéléré. Comme à toutes les
époques, les inventions et les perfectionnements
particuliers viennent jeter
tantôt un peu de clarté et tantôt plus
de confusion encore dans le dédale.
Les théoriciens du xvie s. se critiquent
les uns les autres. Entre ces inventions
particulières était apparue isolément,
dès le xve s., la barre de mesure,
empruntée aux tablatures, et qui
a pour but, dans la polyphonie vocale,
de marquer la coïncidence des temps
entre les parties. La N. moderne était
créée : il suffisait d’y ajouter, comme
autrefois aux neumes, les signes supplémentaires
et les lettres, indications
de nuances et de mouvements ; ce fut
l’œuvre principalement du xviie s.
Depuis cette époque, la N. dont nous
nous servons est fixée ; elle a subi seulement
de légères modifications, telles
que la suppression des clefs variées
avec lesquelles on notait autrefois les
diverses voix. (Voy. Voix.) || N. en relief
(pour les aveugles). * Il y eut de bonne
heure des artistes aveugles : Francesco
Landini, à Florence, au xive s. ; Ant.
de Cabezon, à Madrid, au xvie s., comptent
parmi les maîtres fameux. Mais
nous ignorons ce qu’était pour eux la
N. de la musique. Rameau s’était
préoccupé de l’enseignement musical
des aveugles. Il propose un système
de portée de bois ou de métal, sur les
cinq lignes de laquelle on attache, au
moyen de crochets, des notes et tous
les signes nécessaires (Code de musique pratique, 1760). Maria-Theresia von Paradies
(1780) se servait de notes de carton
découpées, posées sur ou entre des
fils tendus. Mais les aveugles en étaient
réduits à apprendre par cœur ce qu’ils
devaient exécuter, et la théorie
de la musique ne pouvait
que leur être difficilement
accessible. Il faut venir jusqu’à
Braille (1809-1852),
pour qu’un système rationnel
et pratique de N. à
l’usage des aveugles soit
créé. Cette N. est en relief,
frappée au poinçon dans
l’épaisseur de la pâte du carton
spécial dont se servent
les aveugles ; les signes en
sont simples, adaptation
faite par Braille lui-même
à la musique des signes alphabétiques
et grammaticaux
qu’il avait créés pour
eux et lus par le toucher.
Des bibliothèques entières
de partitions de tout genre
mettent facilement à la disposition
des musiciens aveugles
les trésors de leur
part ; eux-mêmes codient
avec facilité les morceaux
dont ils ont besoin.
|| N. Tonic sol-fa — * La
Tonic sol-fa est une adaptation
de la N. chiffrée,
mais où les chiffres sont
remplacés par les lettres
initiales du nom des notes,
ce qui est un avantage considérable sur la précédente,
puisqu’elle permet le solfège
et habitue le chanteur à solfier
toutes les intonations
avec le nom des notes. Mais
elle offre aussi la singularité
à notre époque, de conserver
quelque chose de la solmisation
et du système des
muances. (Voy. ces mots.)
Tout est noté dans le même
ton en apparence : d (ou
do) représente toujours le
premier degré d’une gamme
majeure. D r m f peuvent donc
signifier do ré mi fa, ou : sol la
si do, ou fa sol la si, etc., suivant
le ton indiqué en tête du morceau.
Do est donc toujours le nom de la
tonique, qui peut être en réalité
aussi bien le sol et le fa de la notation
fixe : d’où le nom de Tonic
sol-fa. Cette N. fut imaginée vers
1860 par sir John Curwen, et est
répandue considérablement dans les
pays de langue anglaise ; elle permet
un répertoire assez étendu et beaucoup
d’éditeurs publient à la fois les mêmes
œuvres chorales en N. ordinaire et en
Tonic sol-fa. Le septième degré est
nommé ti, pour que son initiale ne
crée pas de confusion avec celle de
soh (= sol).
Treble | :d | d | :—.r | | | m | :f | s | :f | .m | | | |
Alto | :d | d | :—.d | | | d | :d | r | :r | .r | | | |
Since | first I saw your | face I re _ | |||||||||
Tenor | :m | m | :f | | | s | :l | t | :t | .t | | | |
Bass | :d | d | :—d | | | d | :l, | s, | :s, | .s, | | | |
r | :l | s | :—.s | | | f | :m | r | :— | | | d | |
r | :r | m | :—.d | | | t, | :d | d | :t, | | | d | |
_ solv’d to | ho _ nour and ren _ | own you… | |||||||||
t | :l .t | d’ | :—.s | | | s | :s | s | :— | | | m | |
s | :f | m | :—.m | | | r | :d | s, | :— | | | d |
|| Ainsi que pour les sémiographies
musicales du moyen âge, il a paru,
à chaque époque de la N. moderne,
des essais de N. particulières. Au
xviie s., la plus fameuse fut l’almérique
inventée par Lemaire, et qui, en 1642,
fut utilisée pour la gravure de musique
de divers chœurs. Mais l’almérique,
qui donnait un signe à chaque note,
n’eut pas d’autre succès. De nos
jours, un certain nombre de N. ont
été préconisées, qui toutes reposent
sur l’utilisation de la portée, soit par
sa transformation, soit du moins par l’unification des clefs. (Voir également
Tablature.)