Les hôtels, pendant le moyen âge, possédaient souvent des portiques intérieurs qui servaient d’abri aux personnes attendant d’être introduites dans les appartements, sous lesquels se tenaient les valets, et où parfois on attachait les chevaux pendant les visites des maîtres. Ces portiques n’étaient qu’une galerie devant un mur ; car, dans notre climat, on n’établissait pas des portiques entièrement ouverts, comme cela s’est pratiqué en Italie. On devait éviter les courants d’air. Ces portiques de nos vieux hôtels sont profonds, relativement à leur hauteur, et fermés à leurs extrémités.
L’hôtel de la Trémoille à Paris (hôtel dont il ne reste plus que des débris déposés à l’École des Beaux-Arts) contenait un charmant portique adossé à la façade donnant sur la rue des Bourdonnais. Ce portique était voûté et construit avec une hardiesse extraordinaire[7]. Exposé au sud-ouest, il était fermé par les bouts et surmonté d’une galerie. De la porte charretière, donnant sur la rue, on ne pouvait pénétrer directement sous le portique ; il fallait d’abord entrer dans la cour. Cette disposition, que nous voyons adoptée quelques années plus tôt dans l’hôtel de Jacques Cœur, était bonne en ce qu’elle permettait aux personnes se promenant sous les portiques de n’être pas interrompues par les arrivants ou sortants, et de ne point être incommodées par les courants d’air si fréquents dans nos portiques prétendus classiques. Les seigneurs et bourgeois du moyen âge ne pensaient pas qu’un rhume valût une ordonnance monumentale imitée des Grecs ou des Romains. Pour eux, un portique était une galerie ouverte sur une seule face, profonde, relativement peu élevée, fermée au moins à l’une de ses extrémités, se retournant parfois pour profiter d’une orientation favorable. C’est ainsi qu’au château de Pierrefonds, le long de la grande salle, il existait un portique bas, entresolé, fermé aux extrémités, orienté à l’est, et donnant ainsi, en toute saison, un promenoir couvert bien abrité contre les mauvais vents, parfaitement sec et sain, vitré à l’entresol, et fournissant, dans toute la longueur de la grande salle du rez-de-chaussée, un balcon fermé s’ouvrant sur cette salle. C’est ainsi que dans les résidences de l’époque de la renaissance, nous voyons encore des portiques fermés aux extrémités et parfaitement orientés. Tels étaient les portiques du château de Madrid, au bois de Boulogne[8] ; tels sont encore debout les portiques des châteaux de Blois et de Chambord, de quelques habitations d’Orléans[9]. Ceci tend à prouver que nos aïeux craignaient les rhumes, et pensaient qu’un promenoir couvert doit être fait pour abriter les promeneurs.
- ↑ Louis le Débonnaire, 817.
- ↑ Voyez Maison.
- ↑ Voyez Cloître.
- ↑ Voyez, pour l’ensemble de ce portique, l’Architecture civile et domestique de MM. Verdier et Cattois, t. II, p. 198.
- ↑ Voyez Palais, fig. 2. Il ne subsiste que quelques parties de ce portique.
- ↑ Voyez Maison.
- ↑ Voyez l’Architecture civile et domestique de MM. Verdier et Cattois, t. II.
- ↑ Voyez le plan et l’élévation du château de Madrid, dans le premier volume des Entretiens sur l’architecture.
- ↑ Entre autres, celle dite d’Agnès Sorel.