Discours de la mort de très haute et très illustre princesse madame Marie Stuard, royne d’Escosse

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Discours de la mort de très haute et très illustre princesse Madame Marie Stuard, royne d’Ecosse, faict le dix-huitième jour de fevrier 1587.

1587



Discours de la mort de très haute et très illustre princesse Madame Marie Stuard, royne d’Ecosse, faict le dix-huitième jour de fevrier 1587.
In-81.

Le samedy quatorzième jour de febvrier 1587, M. Belé, beau-frère de Vvalsin-Han, fut depesché sur le soir, avec commission signée de la main de la royne d’Angleterre, pour faire trancher la teste à la royne d’Ecosse, et commandement aux comtes de Chersbery, de Hent et de Rotoland, avec beaucoup d’autres gentils-hommes voisins de Socteringhan2, de assister à la dicte execution.

Le dict Belé mena avec luy l’executeur de Londres3, qui fut abillé tout de velours noir, ainsi qu’il fut raporté4 ; et, partant la nuict du dict samedy au soir assés secretement, il arriva le lundy au soir seizième ensuivant, et le mardy furent mandés querir les dicts contes et gentils-hommes. Le dict jour au soir, M. Paulet, gardien de la dicte royne d’Ecosse, accompagné du dict Belé et du chef de la province, qui est celuy qui en chascun baillage est comme prevost des marchans5 ou juge criminel, allèrent trouver la dicte dame, et luy signifièrent la volonté de la royne leur maistresse, qui est6 contraincte de faire executer la sentence de son parlement.

L’on dict que la dicte dame se monstra fort constante, disant que encores qu’elle n’eust jamais creu que la royne sa seur en eust voulu jamais venir là, si est-ce que, se voyant reduite en si grande misère depuis trois mois, qu’elle avoit la mort pour très agreable, preste à la recevoir quand il pleroit à Dieu.

Ils luy voulurent laisser un ministre7, mais elle ne le voulust point. Il y a une grande salle au dict chasteau où l’on avoit faict dresser un eschaffaut couvert de drap noir8, avec un oriller de velours noir.

Le mescredy, sur les neuf heures, les dicts contes, avec son gardien, allèrent querir la dicte dame royne d’Ecosse, qu’ils trouvèrent fort constante, et, s’estant habillée, fut menée en la dicte salle, suivie de son maistre d’hostel, M. Melvin9, son chirurgien10 et son appoticaire, et d’un autre de ses gens11. Elle commanda que ses femmes la suivissent, ce qui leur fut permis, estant tout le reste de ses serviteurs enfermés dès le mardy au soir12.

L’on dict qu’elle mangea avant que de partir de sa chambre, et, montant sur l’eschaffaut13, elle dit à M. Paulet qu’il luy aydast à monter, que ce seroit la dernière paine qu’elle luy donneroit14.

Estant15 à genoux, elle parla long-temps à son maistre d’hostel, luy commandant d’aller trouver son fils pour luy faire service, comme s’assuroit qu’il feroit tousjours aussi fidellement que il avoit faict à elle ; que ce seroit luy qui le recompanseroit, puis qu’elle ne l’avoit peu faire de son vivant, dont elle estoit très marrie, et luy chargea de luy porter sa benediction (laquelle elle fit à l’heure mesme).

Puis elle pria Dieu en latin avec ses femmes, n’ayant voulu permettre que un evesque anglois, là presant16, approchast d’elle, protestant qu’elle estoit catholique et qu’elle vouloit mourir en ceste religion.

Après cela elle demanda au sieur Paulet si la royne sa seur avoit pour agreable le testament qu’elle avoit faict quinze jours auparavant pour ses pauvres serviteurs. Il luy respondit que ouy, et qu’elle feroit accomplir ce qui y estoit contenu pour la distribution des deniers qu’elle leur a ordonné.

Elle parla de Nau, Curl17 et Pasquier, qui sont en prison, mais je n’ay pas sceu au vray ce qu’elle en dict18 ; puis, s’estant remise à prier Dieu, mesme à consoler ses femmes, qui ploroient, elle se presenta à la mort fort constamment.

Une de ses dames19 luy banda les yeux20, puis elle se baissa sur un billot21, et l’executeur luy trancha la teste avec une hache à la mode du22 pays23 ; puis print la teste, la monstrant à tous les assistans24, car l’on laissa entrer en la dicte sale plus de trois cents personnes du bourg et autres lieux.

Aussi tost le corps fut couvert d’un drap noir et reporté en sa chambre, où25 il fut ouvert et embaulmé, comme l’on dict26.

M. le conte de Cherobery depescha à l’heure mesme son fils27 vers la royne d’Angleterre pour luy porter nouvelles de ceste execution, laquelle ayant esté faicte le mercredy dix-huictiesme du dit28 mois de febvrier, sur les dix heures du matin, lequel arriva vers Sa Majesté le jeudy en suivant dix-neufviesme.

Lesquelles nouvelles ne furent long-temps celées29, car, dès les trois heures après midy, tou tes les cloches de la ville de Londres commencèrent à sonner, et firent feux de joye par toutes les rues, avec festins et banquets30, en signe de grande rejouissance31. Le bruit est que la dicte dame mourant a tousjours persisté à dire qu’elle estoit innocente, et qu’elle n’avoit jamais pensé à faire tuer la royne d’Angleterre, et qu’elle pria Dieu pour elle, et qu’elle chargea le dict Melun de dire au roy d’Escosse, son fils, qu’elle le prioit d’honorer la royne d’Angleterre comme sa mère, et de ne departir jamais de son amitié32.



1. M. Brunet (Manuel du libraire, tome 2, p. 103) parle de ce Discours. Après l’avoir décrit, il ajoute : « À cette pièce s’en trouve quelquefois jointe une autre dont voici le titre : Version françoise d’une oraison funèbre faicte sur la mort de la royne d’Ecosse, par le R. P. en Dieu M. J. S., 1587. » Il en indique aussi une réimpression faicte à Anvers en 1589, et mentionnée par M. Œttinger dans sa Bibliographie biographique. Mais ce que ne dit pas M. Brunet, c’est que cette pièce n’est autre chose que la copie presque complète de toute la première partie d’une dépêche que M. l’Aubespine de Châteauneuf, notre ambassadeur près d’Élisabeth, avoit envoyée à Henri III quelques jours après l’exécution, le 27 février 1587, dépêche dont l’autographe est conservé à la Bibliothèque impériale, fonds Béthune, no 8880, fol. 7, et qui reproduit elle-même textuellement un rapport adressé à l’ambassadeur par quelque gentilhomme de sa suite. Une copie de ce rapport, qui a pour titre : Advis sur l’execution de la royne d’Ecosse, par M. de la Chastre, se trouve aux mss. de la Bibliothèque impériale, collect. des 500 Colbert, t. 35, pièce 45. Nous devons la connoissance de ce dernier fait à une note de M. A. Teulet, qui, dans sa belle publication faite pour le Bannatyne club d’Édimbourg : Papiers d’État relatifs à l’histoire d’Ecosse au XVIe siècle, t. 2, p. 890-899, a donné dans toute son étendue la dépêche de M. de Châteauneuf. M. Teulet ignoroit l’existence de la pièce imprimée qui en reproduit la partie la plus intéressante. M. Mignet ne semble pas non plus l’avoir connue ; il ne la mentionne pas aux divers passages de son Histoire de Marie Stuart (t. 2, p. 353, etc.) où il cite la dépêche de M. de Châteauneuf. Le fait de cette publication d’un papier d’État tolérée, sinon autorisée, par le roi, est d’une importance qu’il n’est pas besoin de signaler, surtout lorsque l’on considère qu’il est tout à fait d’accord avec les sentiments de Henri III, en cette circonstance sympathiques pour Marie Stuart, hostiles pour Élisabeth, et tendant à attirer l’intérêt sur l’une et la haine contre l’autre. — Nous reproduisons ici la première édition du Discours. Il est probable qu’elle suivit de près l’arrivée de la dépêche, dont elle est une copie partielle, et qu’elle fut ainsi donnée à Paris vers le commencement de mars 1587. Elle précéda donc la relation du même événement faite par Bourgoin, médecin de Marie Stuart, avec ce titre : La mort de la royne d’Ecosse, douairière de France, où est contenu le vray discours de la procedure des Anglois à l’execution d’icelle, etc. Ce dernier récit, publié dans les premiers mois de 1589, a été repris par Jebb au t. 2, p. 612, de son grand ouvrage : De vita et rebus gestis serenissimæ principis Mariæ Scotorum reginæ. Ces publications faites à Paris sont un fait curieux ; elles prouvent l’ardeur de la curiosité populaire à s’enquérir de tout ce qui avoit trait à l’histoire de la femme charmante et infortunée qui avoit été reine de France ; elles coïncindent à merveille avec ce que nous savions de l’exposition d’un tableau représentant le supplice de Marie Stuart, qui attiroit une telle foule au cloître Saint-Benoît, où on le faisoit voir, et excitoit de tels murmures d’indignation, que le roi, de peur de quelques troubles, fut obligé de le faire enlever par un ordre dont la copie est conservée à la Bibliothèque impériale (fonds Béthune, nº 8897). La vente des petits livres où ce même supplice étoit raconté ne fut certainement pas l’objet de mesures pareilles. Catherine de Médicis et son fils devoient, en bonne politique, l’encourager. La publication de ce récit, pour ainsi dire officiel, qu’ils tolerèrent, je le répète, si même ils ne l’ordonnèrent pas, en est une preuve. Ce qui contribueroit encore à nous le faire croire, c’est le soin qu’ils avoient pris auparavant pour faire disparoître tout ce qui, loin d’apitoyer en faveur de Marie Stuart, tendoit à exciter les haines contre elle. Il se trouve à ce sujet une lettre très intéressante de Catherine de Médicis au président de Thou dans le bizarre recueil publié à Paris, en 1818, sous le titre de : Life of Thomas Egerton, chancellor of England, gr. in-8, non terminé. Voici cette lettre, datée de Blois le 22 mars 1572, et que dut motiver le libelle de Buchanan de Maria Scotorum regina : « Je vous prye vous enquerir doulcement qui est l’imprimeur qui a imprimé ung livre, traduit du latin en françoys, faict à Londres contre la royne d’Escosse, et faire prendre et brûler secrettement et sans bruict tout ce qui se pourra trouver desdicts livres, de sorte que, s’il est possible, il n’en demeure un seul formulaire, faisant faire aussi soubz mains deffences à tous imprimeurs d’en imprimer, soubz telles peines que vous adviserez. »

2. Lisez Fotheringay. Il n’est pas besoin de faire remarquer que tous les autres noms ne sont pas moins affreusement défigurés. Nous allons les rétablir. Il s’agit d’abord de Robert Beale, clerc du conseil, beau-frère du secrétaire Walsingham, et qui fut en effet l’un de ceux qu’Élisabeth envoya pour signifier à Marie Stuart son arrêt de mort ; ensuite viennent les comtes de Shrewbury et de Kent, chargés d’assister au supplice, et le comte de Rutland. Aucune relation n’avoit constaté la présence de celui-ci ; l’on savoit seulement par le Martyre de la Royne d’Ecosse, etc. (V. Jebb, t. 2, p. 320), qu’après le supplice il avoit paru aux funérailles, soutenant la comtesse de Bedford, qui représentoit la reine d’Angleterre.

3. On lit dans la dépêche : l’exécuteur de cette ville, ce qui se comprend, M. de Châteauneuf ayant daté sa lettre de Londres.

4. Var. : ainsi que j’entends.

5. Var. : des maréchaux. Il y a dans la dépêche une abréviation qui a pu motiver l’autre lecture. Celle-ci naturellement est la bonne. Ce chef de la province est celui que Pasquier, dans son récit de la mort de la reine d’Écosse, désigne ainsi : « Le Prevost, qu’ils appellent schériff. » (Recherches de la France, liv. 6, chap. 15.)

6. Var. : estoyt.

7. Le docteur Fletcher, doyen protestant de Peterborough.

8. « Au milieu de la salle, on avoit dressé un eschaffaut large de douze pieds, en quarré, et haut de deux, qui estoit tapissé de meschante revesche noire. » (Le martyre de la royne d’Ecosse, etc., dans De vita, etc., de Jebb, tom. 2, p. 306.)

9. André Melvil. Il est nommé Melvin dans presque toutes les relations.

10. Jacques Gervait.

11. Pierre Gorjon.

12. En outre de ceux qui viennent d’être nommés, elle avoit voulu avoir autour d’elle Bourgoing, son médecin, et Didier son sommelier.

13. Var. : Le dit chafault.

14. Ce détail ne se trouve qu’ici. Dans les autres relations, on s’accorde à dire qu’elle n’eut besoin de l’aide de personne. « La reine, dit M. Mignet (t. 2, p. 365), suivie d’André Melvil, qui portoit la queue de sa robe, monta sur l’échafaud avec la même aisance et la même dignité que si elle étoit montée sur le trône. »

15. Var. : là.

16. Suivant tous les autres récits, il n’y avoit là que le doyen de Peterborough, désigné plus haut.

17. Nau et Curl étoient les deux secrétaires de Marie Stuart. Ils avoient été arrêtés lors de la découverte du complot de Babington, et leurs aveux, ceux de Nau surtout, ayant fait convaincre la reine de complicité, avoient achevé de la perdre. Nous ne savons quel est le Pasquier nommé ici avec eux. Nous ne le retrouvons nulle part.

18. Elle parla de Nau avec amertume. Déjà, dans son entrevue avec les comtes de Kent et Shrewbury, ayant appris que Nau vivoit encore : « Quoy ! avoit-elle dit, je mourrai et Nau ne mourra pas ! Je proteste que Nau est cause de ma mort. »

19. Var. : femmes.

20. C’est Jeanne Kennedy qui lui banda les yeux avec « un mouchoir brodé d’ouvrage d’or… qu’elle avoit spécialement dédié à cet effet », dit Est. Pasquier, d’accord pour ce détail avec le récit de Bourgoin dans Jebb, t. 2, p. 610.

21. Var. : bloc.

22. Var. : de ce.

23. « Bandée, elle s’agenouilla, dit Pasquier, s’accoudoyant sur un billot, estimant devoir estre executée avecques une espée, à la françoise ; mais le bourreau, assisté de ses satelittes, luy fit mettre la teste sur ce billot, et la luy couppa avecques une douloire. » D’après le Vray rapport sur l’exécution (Teulet, t. 2, p. 880–881), il paroît que le bourreau n’abattit la tête qu’au second coup ; il fallut même, suivant le Martyre de la royne d’Ecosse (Jebb, t. 2, p. 308), qu’il s’y prit à trois fois : « Le bourreau luy donna un grand coup de hache, dont il lui enfonça le attifet dans la teste, laquelle il n’emporta qu’au troisième coup, pour rendre le martyre plus illustre. » D’après notre relation, le supplice n’auroit pas été aussi long, ce qui est d’accord avec un autre récit reproduit dans le recueil déjà cité, Life of Thomas Egerton, et où il est dit que le bourreau lui abattit la tête « assez soudainement ».

24. « Il la décoiffa par manière de mespris et dérision, afin de monstrer ses cheveux desjà blancs, et le sommet de la teste nouvellement tondu, ce qu’elle estoit contrainte de faire bien souvent à cause d’un reume auquel elle estoit subjette. » (Le Martyre de la royne d’Ecosse, dans Jebb, t. 2, p. 309.) Étoit-ce par ordre d’Élisabeth que le bourreau agissoit ainsi, et n’y avoit-il pas de la part de la reine d’Angleterre un raffinement de vengeance à faire ainsi montre que cette femme, dont la jeunesse et la beauté l’avoient si cruellement insultée, n’avoit pas échappé plus qu’elle aux atteintes de l’âge et des infirmités ? Ce passage, quu personne ne cite, méritoit d’être remarqué.

25. Var. : j’ay entendu qu’il.

26. « Le corps fut porté en une chambre joignante celle de ses serviteurs, bien fermée de peur qu’ils n’y entrassent pour luy rendre leur debvoir. » (Le Martyre de la royne d’Ecosse, p. 309.)

27. Henry Talbot.

28. Var. : de ce mois.

29. On lit dans la dépêche de M. de Châteauneuf : « Lequel courier arriva à Grenvich, sur les neuf heures du matin, vers Sa Majesté, le jeudy dix-neuviesme. » Ensuite se trouve ce passage, omis ici : « Je ne sçay si il parla à la royne, laquelle se alla pourmener ce jour à cheval, puis au retour parla longtemps au roy de Portugal. Ledict jour de jeudy, je depeschés à Vostre Majesté pour luy porter ceste nouvelle, laquelle, etc. » Le roi de Portugal nommé ici est D. Antonio, prieur de Crato, alors réfugié près d’Élisabeth, et qui avoit un intérêt indirect dans le dénoûment de ce drame, puisque, lors du dernier complot des agents de Marie Stuart avec ceux de Philippe II, il avoit été convenu expressément que, si l’affaire réussissoit, l’on commenceroit par le livrer lui-même aux mains du roi d’Espagne. La mort de Marie Stuart enlevoit un chef à ces conspirations renaissantes dont il eût été l’une des premières victimes. V. Mignet, Histoire de Marie Stuart, t. 2, p. 288, et notre livre Un Prétendant portugais au XVIe siecle, passim.

30. Pasquier, qui semble avoir réglé sa relation sur celle-ci, reproduit presque textuellement cette dernière phrase. Dans le récit conservé dans le Recueil d’Egerton, il est aussi parlé de ces réjouissances.

31. Ici la dépêche de M. de Châteauneuf continue ainsi : « Voilà tout ce qui s’est passé au vray. Les serviteurs de la dicte dame sont encore prisonniers et ne sortiront d’ung moys, guardés plus estroitement que jamais au dict chasteau de Fotheringay ; les trois autres sont prisonniers, toujours en cette ville. Ne se parle pas si on les fera mourir ou si on les delivrera. Depuis la dicte exccution, M. Roger et moy avons tous les jours envoyé demander passeport pour advenir Vostre Majesté de la mort de la dicte dame ; mais il nous a eté refusé, disant que la royne ne vouloit pas que Vostre Majesté fust advertie de cette exccution par autre que par celui qu’elle vous envoyeroit. De faict, ses ports ont esté si exactement guardés que nul n’est sorty de ce royaulme depuis xv jours que un nommé le Pintre, que la royne a despeché à M. de Staford pour advertir Vostre Majesté de la dicte execution. » Dans les quelques lignes qui sont le commencement de la dépêche et qu’on a supprimées dans la pièce imprimée, M. de Châteauneuf s’étoit plaint déjà des obstacles qu’il avoit rencontrés lorsqu’il avoit voulu faire parvenir au roi le récit du supplice de Marie Stuart. « Sire, avoit-il dit, Vostre Majesté sera peut-être estonnée de sçavoir les nouvelles de la mort de la royne d’Escosse par le bruict commun qui en pourra courir à Paris avant que d’en estre advertie par moy. Mais Vostre Majesté m’excusera, s’il luy plaist, quand elle sçaura que les ports de ce royaulme ont esté si exactement guardés que il ne m’a esté possible de faire passer ung seul homme ; et si est plus que, ayant obtenu un passeport soubs aultre nom que le mien, celui que je envoyois a esté arresté à Douvres avec son passeport et y est encores à present, bien que je le eusse despeché dès le XIX de ce moys après midy. »

32. « Cette assertion, dit M. Teulet en note, est tirée de l’avis de M. de la Châtre. » Nous en avons parlé plus haut. Après cette phrase, la dépêche de M. de Châteauneuf poursuit pendant plusieurs pages encore. Elle se termine par la signature de l’ambassadeur et par cette mention : De Londres, le XXVII febvrier 1587.