Discussion utilisateur:Zyephyrus/Septembre 2017
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Pindare
[modifier]Entre les éléments l’eau, principe du monde,
Règne ; entre les métaux l’or pur est précieux ;
Quand le soleil paraît, la couronne féconde
Des astres pâlit dans les cieux.
Tels les jeux d’Olympie, ô muse enchanteresse,
Resplendissent parmi les fêtes de la Grèce ;
Jupiter est leur protecteur ;
Muse, du roi des dieux tu célèbres la gloire,
Tu dis ces grands combats, tu chantes la victoire
D’un roi triomphateur.
C’est Hiéron ; sa main puissante et tutélaire
Régit avec amour le sol sicilien ;
La sagesse des Dieux le conduit et l’éclaire.
Éveille-toi, luth dorien ;
Ce héros, plein du feu que la muse m’inspire,
Dans les joyeux banquets écoute encor ma lyre ;
La muse s’enflamme à sa voix,
Lui dont l’heureux coursier, à l’aile étincelante,
Dans Pise a recueilli la couronne brillante,
Ce noble orgueil des rois.
La terre de Pélops s’entretient de sa gloire,
Pélops si cher au roi des flots audacieux,
Qui reçut, nous dit-on, une épaule d’ivoire,
Et revit la clarté des cieux.
Oh ! de ces vains récits la vérité se blesse ;
Mais la fable éblouit la mortelle faiblesse
Plus que l’austère vérité.
Tu triomphes ainsi, céleste poésie ;
Ainsi tu fais descendre une douce ambroisie
De ton luth enchanté.
Mais aux rayons du jour l’erreur fuit comme un songe,
Son voile est déchiré des mains du temps jaloux ;
Ne peignez pas vos Dieux sous les traits du mensonge ;
Craignez d’irriter leur courroux.
Le moment est venu ; je veux, fils de Tantale,
Dévoiler aux humains ton histoire fatale,
Et l’entourer d’un nouveau jour.
— Hôte chéri des Dieux et convive fidèle,
Ton père recevait à sa table mortelle
Ses hôtes à leur tour.
Dans ce moment, séduit par ta beauté naissante,
Neptune t’enleva dans les palais des cieux,
Pour verser à longs traits dans la coupe éclatante
Le nectar au maître des Dieux.
Tu ne reparus pas aux larmes de ta mère ;
Alors on répandit le bruit que de ton père
Le bras dans tes flancs égaré
Avait de tes débris, de ta chair palpitante,
Préparé, pour les Dieux, dans l’onde bouillonnante,
Un festin abhorré !
Les Dieux auraient sur toi porté leur dent cruelle…
Ô blasphème ! est-ce ainsi qu’on outrage les Dieux !
Écoutez, car voici la vérité fidèle,
Plus que vos récits odieux.
Tantale, environné de la faveur céleste,
De son bonheur divin prit un dégoût funeste,
De l’orgueil triste égarement.
Jupiter l’en punit ; déplorable victime,
Quatre maux renaissants demeurent de son crime
L’éternel châtiment.
Un énorme rocher, sur l’infernal rivage,
Tombe et toujours résiste à ses puissantes mains.
Malheureux ! devait-il envier le breuvage
Des Dieux, interdit aux humains ?
Hommes, n’espérez pas dérober votre trace ;
Dieu vous suit du regard, il vous voit, il embrasse
Ce que l’ombre dérobe au jour.
Alors, son fils banni de la voûte éternelle,
Pélops vit se rouvrir sa carrière mortelle
Au terrestre séjour.
Et plus tard, pour ravir la jeune Hippodamie,
Il vient, seul et dans l’ombre, et debout près des flots ;
Résolu d’affronter une lance ennemie,
À Neptune il parle en ces mots :
« Si des dons de Vénus tu gardes la pensée,
» Relève, Dieu des mers, ma fortune éclipsée,
» Mets la force devant mes pas.
» Brise d’Ænomaüs la lance meurtrière ;
» Car déjà treize rois ont rougi la poussière
» Par un commun trépas.
» Oh ! prête-moi ton char, ton char c’est la victoire ;
» Conduis-moi dans Elis, ô Dieu puissant des mers ;
» Le lâche meurt chargé d’ans, mais vide de gloire,
» Les jours du lâche sont amers.
» On ne me verra pas, roi faible et sans courage,
» Dans l’oubli consumer, sous le poids de l’outrage,
» Ce peu de jours dus à la mort. »
Il dit ; et, souriant à ses vœux intrépides,
Neptune lui fit don de deux coursiers rapides,
Et d’un char brillant d’or.
Il vole, il est vainqueur, et la vierge promise
Du fécond hyménée alluma le flambeau ;
Il mourut plein de jours, et les peuples dans Pise
Solennisèrent son tombeau.
Là, de jeunes mortels, aux feux des sacrifices,
De leur sang généreux consacrent les prémices ;
Non loin, l’autel du roi des Dieux
S’élève dans la plaine où l’ivresse publique
Se plaît à saluer le vainqueur olympique,
À le porter aux cieux.
Telle fut, Hiéron, ta noble destinée,
Tu parus, tu vainquis ; ô sage, ô puissant roi,
Du laurier triomphal et de fleurs couronnée,
Ma lyre tressaille pour toi !
Le Dieu qui te protège est celui qui m’inspire.’
Monarque sans rival, les trésors de ma lyre,
Te préparent leurs plus beaux vers ;
Pour honorer ton front ceint d’un nouveau trophée,
J’irai chanter moi-même aux rives de l’Alphée
De plus divins concerts.
Le ciel sème ici-bas des faveurs incertaines ;
Heureux qui, signalé par de nombreux exploits,
Porte un nom révéré sur les rives lointaines,
Grand parmi la foule des rois !
N’élève pas plus loin tes œuvres, ta pensée ;
Et moi je suis content, car ma flèche est lancée ;
Qu’elle descende au fond des cœurs !
Coule, grand Hiéron, des jours libres d’envie ;
Et puissé-je à mon tour voir s’écouler ma vie
Au milieu des vainqueurs !