Encyclopédie anarchiste/Égoïsme - Électrothérapie
ÉGOÏSME n. m. (de ego, moi ; le suffixe isme marque la tendance). Tendance à tout considérer par rapport à soi. Opinion courante : vice de l’homme qui rapporte tout à soi, par suite d’une imperfection du « cœur » et de l’intelligence. On l’oppose à altruisme, abnégation, oubli de soi, vertu des « cœurs » bien placés. (V. Altruisme.)
Chacun n’ayant qu’un cerveau, s’en sert comme il peut pour trouver la règle de sa conduite. Quelle que soit cette règle, il est évident qu’elle aura son origine dans le sujet pensant : il n’y a pas d’homme extérieur à soi-même. Le patriote défend le pays qu’il croit le sien ; l’exploiteur, l’état de choses dont il profite ; l’individualiste entend préserver sa petite personne, les querelles entre États n’étant pas « son affaire » ; l’artiste sent « quelque chose » qui le pousse à s’exprimer… tous agissent par besoins d’agir, pour durer : par égoïsme. Pourtant, c’est faire montre d’une grande imprudence, ou d’un cynisme impardonnable, que d’assigner publiquement à l’égoïsme la place qui lui revient. On veut être trompé, même consciemment ; sur la place de village, il faut absolument que le charlatan dise qu’il n’a d’autre but que de soulager la pauvre humanité ; personne n’est dupe, et pourtant, il lui en coûterait cher que de se passer de cette formalité d’hypocrisie. Les progrès immenses de la science moderne ne font qu’effleurer les foules prostrées ; dans l’attente intéressée de leur salut, elles se laissent priver de tout droit à l’existence. Il n’est donc pas question de partisans ou d’adversaires de l’égoïsme ; l’altruisme n’est que le déguisement pris par la volonté de vivre, l’instinct de conservation, pour se rendre acceptable dans une société cimentée d’hypocrisie : l’homme, qui est un loup pour l’homme, trouve toujours avantageux de jouer au berger. Tant de personnes battent monnaie de l’exploitation de leurs « sentiments nobles » et de ceux de leurs congénères, qu’il semble sacrilège de les mettre en doute ; et comme les dupes préfèrent généralement leur innocente ignorance aux tracas de la lutte, le règne des mots semble bien loin de cesser. Le pis est que l’hérédité et l’adaptation au milieu semblent avoir incrusté certaines notions métaphysiques et profondément dans l’être humain, qu’il est commun de voir des personnes instruites et intelligentes s’efforcer de réhabiliter la morale, uniquement parce que l’évidence leur semble trop épouvantable. Et si les profiteurs de l’altruisme ont forgé de toutes pièces une conception du monde destinée à renforcer leur position, leurs victimes se sont montrées tout aussi consciencieuses, et pour parer leur déchéance, ont fabriqué par séries morales et théologies, toutes rivalisant de tracasseries et de subtilités. C’est cet imbroglio, casse-tête chinois capable de dégoûter du métier d’ « être pensant », qui fit dire à Nietzsche : « Il faut d’abord pendre les moralistes ! »
La réalité est pourtant trop claire pour que le charlatanisme ait eu victoire facile, et jamais l’intelligence n’a tout à fait abdiqué ses droits. C’est l’histoire de la philosophie elle-même qu’il faudrait retracer pour donner une idée de ces luttes millénaires. La Grèce antique eut, comme protagoniste du plaisir, Aristippe, dont les théories, élargies et modifiées, furent magistralement exposées par Épicure (342-270 avant l’ère vulgaire. (La morale d’Épicure, (Alcan), J.-M. Guyau.) La vigueur de la pensée d’Épicure confond d’admiration, et ce n’est pas sans mélancolie qu’on mesure les vingt-trois siècles qui nous séparent de lui, quand on voit combien peu, de nos jours encore, ont su profiter de sa réconfortante sagesse. Son système fut surtout combattu par les Stoïciens, car la vertu n’a pas de place chez lui ; s’il fait ce qu’on est convenu d’appeler « le bien », c’est qu’il y trouve son compte ; s’il est sobre, c’est pour conserver sa santé, et aussi pour être plus libre, ayant moins de besoins. Il force l’admiration même de ses adversaires qui le prennent maintes fois comme exemple : on voit que tous les égoïstes ne sont pas du calibre de celui de La Bruyère, qui doit déguiser le sien en goujat pour nous le rendre haïssable : « … Le jus et les sauces lui dégouttent du menton et de la barbe… ; il cure ses dents, et continue à manger ! » (Caractères.)
Érasme, Montaigne, Pascal, ont considéré la morale du bonheur — égoïsme, épicurisme — comme la seule qu’on puisse opposer à la morale « d’abnégation » du christianisme. — La Rochefoucauld (1613-1683) reconnaît, d’ailleurs avec regret, que tout n’est qu’égoïsme : « Les vertus se perdent dans l’intérêt comme les fleuves se perdent dans la mer ». (Maximes.) À force de travail, Gassendi reconstruit le système oublié d’Épicure ; à son tour, Spinoza tente d’unir les deux théories adverses, mais bientôt, avec Hobbes, Locke, Hume, Adam Smith, la théorie de l’égoïsme est définitivement remise en honneur. Cette résurrection, grâce surtout à Helvétius, a influencé beaucoup la Révolution française. Plus près de nous, c’est encore l’égoïsme — l’intérêt personnel — qu’avec Bentham, Stuart Mill, Spencer, la philosophie anglaise va considérer comme l’unique levier capable de faire agir l’humain. Bien que le socialisme, le syndicalisme, l’anarchisme, soient bien loin de s’exprimer avec la logique et la clarté souhaitables, s’encombrant trop souvent de la terminologie brumeuse de la métaphysique chrétienne, ces écoles n’ont pas d’autre fondement que l’égoïsme individuel ou collectif. « Vivre, tel est le premier ressort de l’être humain, le premier et l’ultime motif de toutes ses manifestations vitales. Nier l’égoïsme, c’est nier la vie. Il n’y a pas d’altruistes, le mot « altruisme » est un synonyme d’égoïsme, et non son antonyme » (John-Henry Mackay.) En passant, indiquons la ligne de démarcation — si ligne il y a — entre les anarchistes-communistes et les anarchistes-individualistes, ces derniers n’ayant pas, comme les premiers, foi en l’avenir pour « inspirer » à chacun un égoïsme marchant d’accord avec l’intérêt général. J.-M. Guyau tente de réconcilier individu et société : « La vie ne peut se maintenir qu’à la condition de se répandre », dit-il. « Il y a une certaine générosité inséparable de l’existence, et sans laquelle on meurt. » Besoin de générosité… altruisme égoïste… (Essai de morale sans obligation ni sanction, (Alcan), J.-M. Guyau.)
Aidée par la science, la philosophie aurait pourtant tâche facile pour ouvrir les yeux, si on ne préférait les mirages à la réalité. On conçoit que cette immuabilité de la bêtise ait provoqué des réactions violentes, comme celles de Max Stirner (1806-1856), (L’Unique et sa Propriété (Stock), Stirner), de Nietzsche (1844-1900). « Comment a-t-on pu transformer le sens de ces instincts au point que l’homme a pu considérer comme précieux ce qui va contre son moi ? Le sacrifice de son moi à un autre moi ! Honte à ce misérable mensonge psychologique qui a eu jusqu’à présent le verbe si haut dans l’église et dans la philosophie infestée de l’Église ! (La Volonté de puissance (Mercure de France), Nietzsche.)
« Quelle sera la tâche que je me proposerai dans ce livre ? (La Volonté de puissance.) Ce sera peut-être aussi de rendre l’humanité « meilleure », mais dans un autre sens, dans un sens opposé ; je veux lui dire de la délivrer de la morale, et surtout des moralistes — de lui faire entrer dans la conscience son espèce d’ignorance la plus dangereuse… Rétablissement de l’égoïsme humain ! »
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Un croisade pour le rétablissement de l’égoïsme ? Certes, elle est urgente ; il n’est que la santé épicurienne pour nous débarrasser de l’incohérence et de l’hypocrisie actuelles. Les milieux les plus avancés sont infestés de christianisme, l’abnégation — genre d’égoïsme accidentellement utile aux autres — reste la vertu par excellence ; on oublie que le « devoir » est relatif au but que l’on se propose, et qu’en renonçant au but, on se libère en même temps de toute obligation. Je fais de la propagande, parce que la misère et la bêtise ambiantes impressionnent, menacent, enlaidissent ma vie ; je ne bois pas d’alcool… parce qu’il détruit l’intelligence ! Aux uns des jouissances matérielles, aux autres le « raffinement » ; à chacun son plaisir…
Amener les gêneurs à partager ses ambitions, les entraîner vers des résolutions répondant à ses desseins, cela s’appelle « faire de la propagande ». La foule aime la dépendance qui lui épargne la responsabilité ? L’anarchiste, lui, aime la liberté, au point que, malgré sa répugnance, il tente souvent de l’inciter à l’effort libérateur ; de ses victimes, il se fait des allies ! Égoïsme ? Altruisme ? — « Il faut d’abord, endre les moralistes ! »
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Détruire l’hypocrisie qui la cimente, — montrer les mobiles intéressés de toutes les actions — c’est peut-être désagréger irrémédiablement la société. Mais qu’importe ? Quoi qu’en dise Le Dantec, ce malthusianisme planétaire vaut mieux que des sociétés « mal venues ». Apres avoir détruit, simplement en les expliquant, la valeur logique des notions métaphysiques — Dieu, Droit Loi, etc., — ce savant — Crainte de l’Inconnu ? Inconscient vertige ? — ce savant justifie l’ « hypocrisie nécessaire » au maintien de la société, avec toutes ses conséquences. (L’Égoïsme (Flammarion), Le Dantec.) Mais pourquoi continuer si le mal est sans remède ?
Que le cynisme — égoïsme sans masque — détruise la société, rien n’est d’ailleurs moins certain. Il ne peut guère s’y propager que par un lent processus, et qui sait si la société ne s’y adaptera pas à la longue ? La vie a le temps, ses formes sont innombrables et imprévisibles : qu’elle accomplisse elle-même ses destinées… Quant à nous, soucions-nous de la nôtre ; l’ « Avenir » n’y peut rien perdre : des vivants jouissant de leur vie, n’est-ce pas la une magnifique leçon de choses pour les générations futures ? — L. Wastiaux.
ÉGOÏSME. Amour de soi. Telle est la définition conforme à l’étymologie. L’amour de soi n’est pas un sentiment condamnable, mais un sentiment nécessaire, tant qu’il se traduit par le souci de notre conservation, la recherche de ce qui est susceptible de nous rendre heureux et de nous éviter de la douleur, sans toutefois mettre en péril le droit et la faculté, pour autrui, de se comporter identiquement, en vue des mêmes avantages. Faute d’un minimum de sollicitude à l’égard de notre personne, la lutte pour l’existence perdrait sa raison d’être, les associations seraient dépourvues d’objet, et la vie elle-même deviendrait un bien méprisable. Considéré sous cet angle, l’amour de soi — volonté de vivre et d’être heureux parmi des heureux — est profitable à la fois à l’individu et à la société, sans dommage pour cette dernière.
Mais il n’en est plus de même lorsque la préoccupation de conserver notre existence, et de nous ménager des félicites sensuelles, se développe jusqu’à nous rendre indifférents à l’égard des souffrances et des deuils qui pourraient en résulter autour de nous. Loin de favoriser l’harmonie entre les humains, une telle déformation est éminemment destructrice de la confiance mutuelle et de la solidarité. Elle aboutit en retour, non sans fréquence, au pénible isolement ou à la mort de l’individu dont venait tout le mal.
Ainsi se trouve une fois de plus démontré que, de l’exagération d’une qualité, peut surgir un défaut. Rendus excessifs, l’amour-propre engendre la vanité ; l’économie détermine l’avarice ; la bonté se mue en faiblesse ; la prudence en lâcheté ; le calme en froideur. Cependant, alors que, dans chacun des cas ci-dessus, la langue met à notre disposition, deux mots non douteux, l’un pour désigner la qualité, l’autre, le défaut correspondant, il est à remarquer qu’il n’en est pas de même pour ce qui présentement nous occupe.
Est-ce parce que la religion chrétienne, ayant prêché l’abnégation, le moi a été rendu haïssable jusque dans ses aspirations les plus légitimes ? À part égotisme, peu usité, et qui se confond presque avec égoïsme, il n’est pas de mot synthétique pour désigner avec avantage ce qui, dans l’amour de soi, représente un ensemble de qualités utiles, sans opposition avec la morale rationnelle, et qui sont : la fierté, le désir de plaire, l’exaltation de la personnalité, le goût de l’indépendance, le culte raffine des qualités propres, la combativité pour la défense des droits.
Le mot : égoïsme, dans le langage courant, n’est utilisé qu’avec un sens péjoratif, c’est-à-dire pour désigner l’ensemble des défauts qui résultent de l’exagération des caractères ci-dessus. Il signifie : Recherche des satisfactions personnelles sans souci des conséquences pour autrui. Et, s’il cessait d’être à notre disposition pour désigner cet état d’esprit peu louable, il faudrait en inventer un autre pour le remplacer.
Cette insuffisance de la langue est cause de confusions dangereuses : Des personnes devant lesquelles on fait l’éloge de l’égoïsme, par opposition à la résignation chrétienne, s’en trouvent avec juste raison scandalisées, en raison de la signification particulière que l’on accorde à ce terme. D’autres personnes, persuadées qu’une part d’égoïsme bien compris est chose rationnelle, en arrivent à faire de lui un système exclusif ; elles franchissent, sans qu’aucune limitation du sens des mots les mette en éveil, la frontière qui sépare l’amour de soi noblement conçu, de son ombre, ou de sa caricature : l’égoïsme antisocial, et poursuivent dorénavant comme le moyen de l’union des hommes ce qui, en réalité, contribue à l’entretien, parmi nous, des mœurs de la jungle.
Si le mot égoïsme doit demeurer seul en notre vocabulaire pour exprimer à la fois le contenu de ce qu’il signifie de juste et de moins excellent, ou même de détestable, sans doute serait-il nécessaire de distinguer entre l’égoïsme raisonnable et l’égoïsme inhumain, entre celui qui fait bon ménage avec l’altruisme — cette recherche du bonheur personnel dans le bonheur commun — et celui qui mène contre lui la guerre, à moins qu’il ne s’en serve comme d’un masque séduisant. — Jean Marestan.
ÉGOÏSME. Ce mot désigne simplement ce qui a rapport à soi. L’égoïsme procède de l’instinct de conservation, ce n’est pas plus un vice qu’une vertu ; c’est un fait. Comme la pesanteur !
L’égoïsme est nécessaire au fonctionnement harmonieux de l’individu autant que ses organes physiques.
Le sens exclusivement péjoratif que l’on prête à ce mot suffirait à donner la mesure de l’hypocrisie sociale. Les conventions reposent sur de tels mensonges que ce sentiment naturel est hypocritement répudié comme un vice. Et pourtant, l’égoïsme, en soi, n’est ni bon ni mauvais. Il est. Simplement.
Selon l’atavisme, le tempérament, l’ambiance et l’éducation des individus, l’égoïsme se qualifie. Il produit chez celui-ci de la violence, chez celui-là de l’avarice et chez cet autre de l’amour.
Prenons un exemple : Sous les yeux de Jean, de Pierre et de Jacques, Paul est enlevé par une vague ! Aussitôt, Jean fuit ce lieu dangereux et va se mettre à l’abri ; Pierre, au vêtement de qui Paul avait tenté de se retenir, l’a violemment repoussé dans l’abîme pour n’y être pas entraîné avec lui. Dans le même temps, Jacques, sans se soucier de son propre danger, s’est jeté dans les flots, il a lutté contre leur violence et ramené Paul à la vie.
Tous trois ont commis un acte égoïste.
Ces actes sont différents parce que chaque individu avait une sensibilité différente. La sensibilité de Jacques a rendu son égoïsme salutaire à Paul, c’est incontestable ; mais tout comme Jean et Pierre, il fuyait une souffrance, sa propre souffrance, faite par réflexe, des souffrances de Paul !
Cultivons donc notre sensibilité et éduquons-la pour que notre égoïsme soit plus agréable et bienfaisant à autrui, nous multiplierons ainsi mutuellement la somme de nos jouissances. Mais ayons la cynique honnêteté de nous reconnaître égoïstes.
L’antonyme d’égoïsme est altruisme et ce mot ne désigne rien qui soit. — Raoul Odin.
ÉLABORER verbe (du latin, labor, travail). Préparer un travail, de longue main. Se dit surtout des opérations organiques qui transforment une matière animale en une matière d’une autre nature. Le foie élabore la bile.
Se dit également des travaux de l’intelligence. Élaborer un poème. Élaborer un roman. Élaborer un projet de loi. Élaborer des idées.
Afin d’atteindre la perfection, tout travail doit être élaboré, c’est-à-dire préparé avec soin et méthode, surtout en ce qui concerne les ouvrages de l’esprit.
Que ce soit une œuvre littéraire ou scientifique, un exposé philosophique ou social, un discours ou une conférence, pour être clairs et précis, accessibles à la grande majorité des cerveaux, il est indispensable que ces divers travaux soient élaborés sérieusement avant d’être présentés au public. C’est bien souvent parce que l’on n’élabore pas suffisamment, que l’on reste incompris. Particulièrement dans le domaine social et chez les anarchistes, lorsqu’il s’agit de développer nos idées pour les faire partager aux profanes, on s’imagine que la sincérité suffit à atteindre le but que l’on se propose. C’est une profonde erreur. La sincérité n’est qu’un des nombreux facteurs, qui doivent nous permettre d’espérer l’appui des masses travailleuses, l’élaboration du plan de la société qui doit succéder à celle que nous subissons et qui se désagrège, en est un autre. C’est à ce travail d’élaboration qu’il faut s’atteler pour voir s’écrouler les murs crevassés du capitalisme.
ÉLECTEUR n. m. (du latin élector : qui choisit). On désigne sous ce nom celui qui est autorisé par la loi de participer à une élection, c’est-à-dire choisir quelqu’un et l’élever à une charge ou à une fonction.
Autrefois on donnait ce nom aux princes allemands chargés d’élire l’empereur. Ils étaient au nombre de sept à l’origine (1356), mais par la suite ce nombre fut porté à neuf, puis à dix.
De nos jours et dans les pays gouvernés par le suffrage universel, tous les hommes ayant atteint un certain âge, fixé par une loi, sont électeurs ; il est même des pays qui commencent à accorder aux femmes le droit de vote.
En France avant 1848, était électeur tout citoyen ayant atteint 25 ans d’âge et payant au moins 200 fr. de contributions directes ; depuis cette date, tout français âgé de 25 ans et jouissant de ses droits civils et politiques peut concourir à une élection. Le droit de vote pour les femmes n’existe pas encore en France.
Lorsqu’en juin 1848, après la chute de Louis-Philippe le peuple français obtint le suffrage universel. — « Il a fait des révolutions pour obtenir ce droit », — il s’imagina avoir conquis le bonheur et la liberté. Il était enfin électeur ; tout allait changer. Le bulletin de vote était aux yeux du travailleur une garantie de justice et de liberté. Grâce à lui, tout comme un bourgeois, il allait avoir dans les assemblée locales ou nationales, dans les parlements, des représentants directs chargés de le soutenir et de le défendre. Électeur, le travailleur pensait devenir « le maître », son bulletin de vote le faisant l’égal de tous les citoyens ; et puisque le nombre des opprimés, des parias, des malheureux était supérieur à celui des privilégiés et des satisfaits, il n’était pas douteux que les représentants des misérables seraient les plus nombreux.
Quelle illusion !
Le principe électoral et le suffrage universel doivent leur fortune à des apparences et avoir fait admettre au peuple, au travailleur, qu’électeur il est maître de ses destinées, est peut-être la plus grande victoire remportée par la bourgeoisie sur la classe ouvrière. L’illusion a si profondément pénétré l’esprit de l’électeur, que c’est aujourd’hui un travail formidable que d’essayer de l’arracher à son erreur.
Le raisonnement de l’électeur est simpliste et ses arguments sont enfantins. Enfin, nous dit-il « nous sommes une population de quarante millions d’habitants ; il est impossible que tous les individus se réunissent ensemble pour discuter ; il est donc indispensable de nommer des délégués pour accomplir cette tâche. Étant électeur, j’ai la liberté de voter pour qui me plaît, et de choisir un représentant partageant mes opinions. Si le nombre d’électeurs du même avis que moi est en majorité, il est indéniable que je sortirai victorieux de la lutte que je mène contre mes adversaires. Le parlement m’appartiendra, et puis le gouvernement, et puis je serai le maître. Je ferai des lois, je publierai des décrets, en un mot, je transformerai du tout au tout la société moderne. »
Telle est la théorie qui anime l’électeur. C’est depuis la révolution de 48, avons-nous dit, que chacun en France est électeur ; ce qui n’empêcha du reste pas le prince Napoléon de faire, le 2 décembre 1851, un coup d’État et de se faire nommer empereur des Français. Ce premier choc, à peine trois ans après un mouvement insurrectionnel eut dû faire réfléchir la population. Non pas ; trompée par les apparences, elle persista dans son aveuglement et dans son erreur. Elle continua à avoir confiance en ces assemblées de fantoches et de charlatans, complices intéressés de la classe bourgeoise.
Des années ont passé, les expériences se sont répétées, les exemples se sont multipliés, les trahisons sont devenues plus fréquentes, l’électeur vote toujours, sans se lasser, espérant toujours former un parlement où il aura la majorité et où il pourra de sa puissance écraser la bourgeoisie.
Que de fois ne lui a-t-on dit que rien de bon ne pouvait germer du parlementarisme et que son action était stérile ; que de fois ne lui a-t-on prouvé la subordination du parlement par le capital ? Il ne veut pas comprendre, il ne veut pas entendre, il ne veut pas voir. L’électeur est un religieux qui veut rester plongé dans son obscurité.
« J’ai peut-être le droit, dit Laisant, de parler avec liberté du parlementarisme, ayant passé dix-sept années de ma vie au parlement (de 1876 à 1893). J’y étais entré à l’époque de ma jeunesse, au lendemain de la guerre, avec toutes les illusions, et j’en suis sorti de mon plein gré, après cette trop longue expérience. J’ai cherché à y faire du bien, et je n’y ai pas réussi. Bien certainement, je ne saurais avoir la prétention de m’être trouvé seul dans ce cas ; et je ne peux pas condamner ceux qui sont encore aujourd’hui les victimes et les dupes des illusions qui jadis furent les miennes, et que partagèrent mes électeurs. J’ai eu conscience de tenter de remplir mon mandat, d’empêcher les iniquités, d’introduire dans nos institutions un peu d’humanité et de justice. La chose était impossible ; le gouvernement de la bourgeoisie s’y oppose par sa nature même, et les lois n’ont pour objet que de régulariser l’injustice, d’assurer la domination des plus forts sur les plus faibles. Le système exige la cruauté, la férocité, alors même que les individus qui l’appliquent seraient humains et bons. » (A. Laisant : L’illusion parlementaire.)
Les anarchistes ont depuis longtemps déjà compris tout le mensonge électoral, et c’est en 1879 qu’ils se séparèrent des socialistes avec lesquels ils avaient marché jusqu’alors. Les socialistes d’hier, de même que les communistes d’aujourd’hui ne pardonnent pas aux libertaires de se livrer à une action anti-électorale et de chercher à éloigner l’électeur de la symbolique urne démocratique.
Au cours des campagnes électorales, alors que ne réclamant rien, nous venons auprès des électeurs pour les initier et leur faire partager nos aspirations, que de fois n’avons-nous pas été accusés d’être des agents de réaction et de division sociale. Et pourtant existe-t-il en France, parmi la classe ouvrière, un électeur, un seul, qui puisse prétendre que son action ait été profitable à la cause qui lui est chère ; que le bulletin de vote dont il s’est servi l’ait libéré de son esclavage et de la contrainte qu’il subit depuis si longtemps ; que l’intervention de son représentant ait amélioré son sort, diminué ses souffrances, élargi le domaine de sa liberté ?
Depuis près de 80 ans, qu’en France, tout citoyen âgé de 21 ans est électeur, est-il une conquête qui n’est pas le résultat de la lutte révolutionnaire, et les diverses réformes consenties par la bourgeoisie ne le furent-elles pas en raison directe de la puissance de l’action populaire ? Le parlementarisme s’est manifesté inopérant dans tous les domaines intéressant la classe ouvrière, et à maintes reprises, la critique en fut faite, avec talent, par des savants, des philosophes et des écrivains.
Nous ne devrions pas avoir à revenir sur un sujet qui a soulevé bien des polémiques, et la faillite du parlementarisme, et l’action électorale est si flagrante que nous sommes surpris qu’il y ait en France encore un homme assez naïf ou inconscient pour être fier d’être électeur.
Plus que jamais l’électeur devrait être fixé, aujourd’hui, sur la valeur de sa puissance et sur le cas que l’on fait de sa volonté. Les élections de 1924 ne furent-elles pas un symbole de fourberie et de trahison ?
Après dix ans de guerre atroce, après avoir consenti des sacrifices inimaginables pour sauver sa liberté, après avoir consenti à se laisser gouverner aveuglément pour sauver la « Patrie en danger », le peuple dans la plénitude de ses droits, le 11 mai 1924, affirme sa volonté de voir se terminer une politique de rapine et de vol, de nationalisme dangereux ; il réclame pour ceux qui furent victimes de la folie d’un ministre lorrain, une amnistie pleine et entière, il demande qu’on le débarrasse du cléricalisme qui, petit à petit, envahit à nouveau le territoire, il affirme son désir de voir écraser les bandes fascistes qui commencent à l’exemple de l’Italie de terroriser la nation ; il balaye le « Bloc National » et, confiant dans les promesses de ses candidats unis dans un « Bloc des gauches », il vote librement, sincèrement, espérant voir la République se refaire enfin une virginité.
Deux ans s’écoulent, et les résultats sont là terrifiants. Deux ans s’écoulent, et malgré la volonté de l’électeur, l’homme de mort dirige encore et préside aux destinées de la France républicaine.
Les promesses ? Elles se sont envolées comme un brin de paille ; l’amnistie ne fut pas votée ; le cléricalisme est plus puissant que jamais et le fascisme fait de rapides progrès. Le peuple, l’électeur, avait demandé la paix ; il eut la guerre du Maroc, il eut la guerre de Syrie, il aura d’autres guerres demain ; il avait dit : « Nous avons faim et nous souffrons ». La vie est dure. Les impôts sont devenus plus lourds, le coût de l’existence a augmenté. Qu’a-t-on fait de ta volonté, pauvre électeur, pauvre imbécile, qui une fois de plus t’es laissé griser, leurrer, par les belles paroles de tes candidats ?
Cela suffit-il à t’éclairer ; es-tu fixé à présent ? Non. L’électeur a encore confiance. Après avoir voté pour le républicain, il a voté pour le radical, il a voté pour le socialiste, il vote maintenant pour le « communiste ». À qui le tour ensuite ? D’autres pantins viendront après ceux-là ; avec les mêmes paroles, avec les mêmes mensonges ils obtiendront les mêmes succès. À moins que…
Car tout de même, ce n’est pas en vain que chaque jour nous déchirons le rideau de la politique. L’accroc est devenu tellement grand que l’on voit maintenant ce qui se passe dans les coulisses, et dégoûté par la comédie, une minorité déserte déjà les urnes. Cette minorité va grandir, bientôt elle deviendra une majorité puissante qui s’imposera non plus par le bulletin de vote, mais par l’action.
Il ne suffit pas évidemment de ne pas voter. Celui qui, par lassitude, par dégoût, par paresse, ne vote pas et reste tranquillement chez lui, attendant d’un miracle la transformation de la société et l’amélioration de son sort, n’est pas plus intéressant que l’électeur inconscient. Il l’est moins, pourrait-on dire, car l’électeur croit remplir une action utile en accomplissant son acte ; il se trompe, mais l’esprit même de son erreur rend cette erreur respectable et une fois éclairé, il viendra grossir les rangs de tous les révoltés qui œuvrent sainement pour conquérir le bien-être et la liberté.
Électeurs, abandonnez les urnes. « Développez-vous physiquement et cérébralement, prolétaires de tous les pays ; cultivez et appliquez la grande loi de la solidarité. Renoncez à l’illusion parlementaire, portez vos efforts sur l’organisation syndicale, sur l’association consciente. Et la libération désirée, l’avènement d’un régime moins cruel, seront moins éternellement reculés. Un sang généreux coule dans vos veines ; ne faites pas la folie de le sacrifier pour une chimère… » (C.-A. Laisant.)
Car ce n’est véritablement qu’une chimère, que le parlementarisme. Dans une société, dit Jean Grave « où l’activité de l’individu est bornée par la possession d’espèces monétaires, où tout se paie, tout se vend, il ne peut y avoir de liberté que pour celui qui possède. Et l’on aura beau reconnaître le plus solennellement possible, tous les droits voulus, à tous indistinctement, cela ne signifiera rien, tant que tous n’auront pas la possibilité d’user de ces droits ». Et cela est tellement vrai, que dans un pays, où seul le peuple ouvrier est électeur, où seul il a le droit de nommer des représentants, il est tout de même asservi à la classe bourgeoise.
En Russie, le bourgeois n’est pas électeur. Ce « privilège » n’est accordé qu’au paysan pauvre et à l’ouvrier. C’est ce qui permet au gouvernement russe de se parer du titre de « Gouvernement ouvrier et paysan ». Mais si l’on demandait à un bourgeois, à un exploiteur de changer sa position, sa situation économique et sociale avec celle de l’homme qu’il exploite et qui est électeur, il s’empresserait de refuser, car il comprend bien lui, que la force ne réside pas en un morceau de papier, mais en la puissance économique que l’on exerce.
Voilà, ce qu’il faut comprendre à ton tour, électeur opprimé. « Il faut conquérir la puissance économique. » La puissance politique est un leurre, et voterais-tu plus rouge encore que tu n’as jamais voté, tu resteras un esclave tant que tu n’auras pas aboli les causes de ton mal.
Organise-toi, électeur, avec tous ceux qui, comme toi, sont les victimes d’une société perfide pour « réaliser » l’émancipation intégrale de la classe ouvrière et, avec elle, de l’humanité toute entière.
ÉLECTION n. f. (du latin electio). Signifie choix fait par la voie de suffrages et, plus précisément, acte de la libre volonté appelée à se prononcer entre deux ou plusieurs candidats ou partis. Dans les pays à démocratie directe, en plus des élections proprement dites, nous avons un nombre considérable de votations sur l’abrogation, le changement ou l’introduction d’articles constitutionnels, sur les budgets, lois et règlements, et à la suite de l’exercice du droit d’initiative ou de référendum. Nous aurons l’occasion l’en reparler. N’envisageons ici que les élections de sénateurs et députés, de conseillers communaux et d’arrondissement, auxquels viennent s’ajouter, en Suisse, dans plusieurs cantons, l’élection également de toute la magistrature judiciaire, du gouvernement cantonal, parfois aussi de certains emplois, sans compter l’élection des administrateurs de biens de communiers ou de bourgeoisie.
L’élection devrait nous donner l’administration des plus dignes, capables et compétents ; or, c’est précisément le contraire qui arrive le plus souvent. À remarquer avant tout que les élus ne le sont pas uniquement pour s’occuper de telle ou telle branche qu’ils peuvent connaître, plus ou moins bien, mais pour décider d’une foule d’affaires dont ils n’ont qu’une vague connaissance. Cela suffirait à condamner le système électoral, même en dehors des marchandages et tripotages dont s’accompagne toute élection. Afin d’échapper au danger du règne de l’incompétence, une élection ne devrait se faire que pour la gérance bien déterminée d’une seule chose, et par ceux-là seuls qui sont occupés et en connaissent le fonctionnement et les améliorations désirables. Personne n’oserait se présenter pour travailler comme maçon, cordonnier, typographe, etc., sans avoir fait un apprentissage correspondant, tandis que tout le monde n’hésite pas à s’improviser législateur et administrateur en toute matière, sans aucune préparation. Nous comprenons fort bien qu’il puisse y avoir nécessité de confier un mandat bien déterminé pour un but qui le soit aussi par une assemblée de compétents. Mais il est absurde de remettre à quelques individus des pouvoirs pour tout l’ensemble de la chose publique. Le mal est quelque peu atténué par l’existence d’une bureaucratie, qui, à défaut de véritable science, a tout de même l’expérience de la routine et par le fait que dès qu’il s’agit de réalisation, les compétents sont interrogés, mais ces derniers ne s’en trouvent pas moins placés en sous-ordres vis-à-vis des incompétents. La solution anarchique qui, évidemment, présuppose avant tout la fin de l’opposition des intérêts privés à l’intérêt public par un ordre de choses où chacun recherchant son bien-être particulier, contribue au bien-être général, consistera à appliquer dans le domaine social ce qui se fait dans le domaine scientifique. Tous ceux qui s’adonnent à une science donnée poursuivent par la libre recherche et la libre expérimentation, leurs découvertes et applications, visant toujours à de nouveaux perfectionnements. Ceux-ci réalisés, il n’y a nullement besoin d’une force policière pour les imposer. Chacun se hâte de les appliquer à son tour et en même temps d’y faire des améliorations éventuelles. Par cette méthode l’humanité a déjà accompli des progrès merveilleux, sans nul besoin de procéder à des élections. Chacun s’est élu lui-même par son intelligence, son dévouement, son travail, par une lutte opiniâtre parfois contre d’anciens préjugés ou des intérêts inavouables. L’administration de la chose publique, dans toutes ses multiples branches, est aussi question de science.
Les intérêts de classe et de parti font que souvent celle-ci n’y joue pas le premier rôle, et c’est pour cela qu’au milieu de la civilisation moderne, le retour aux pires tyrannies du passé est toujours possible. Les élections n’ont vraiment rien de scientifique, voilà ce que devraient se dire tous les votards d’un socialisme qui se prétend tel. — L. Bertoni.
ÉLECTION. Action de choisir, d’élire quelqu’un par voie de suffrage. L’élection d’un député ; les élections municipales ; les élections sénatoriales, etc., etc…
Si la bêtise et la passion qui président aux diverses élections n’étaient pas des facteurs d’asservissement et de domination sociale, il nous faudrait rire de ces transports collectifs qui, à dates déterminées, soulèvent les foules. D’apparence, pour l’homme qui regarde, une élection peut sembler un vaudeville de premier ordre, monté par un metteur en scène plein de génie ; mais pour celui qui raisonne, qui ne s’arrête pas à la surface des choses, mais qui veut les pénétrer, c’est une terrible tragédie.
Les élections approchent. Et un vent de folie souffle au-dessus des hommes. Pendant quatre ans — si ce sont des élections législatives — la population est restée calme et tranquille ; pendant quatre ans, l’électeur jouissant de ses droits civiques et politiques s’est tenu à l’écart de tout ce qui se passait dans le pays ; il est resté sourd à tout les appels de ceux qui s’intéressent sincèrement à son sort ; mais les élections approchent, et tout à coup, comme mû par un ressort, il se souvient qu’il est le maître ; que rien ne se fait sans lui ; qu’il est le peuple souverain, qu’il fait des lois qu’il ignore, et sa valeur le gonfle d’orgueil.
Les élections approchent, et les murs se couvrent de placards multicolores, sur lesquels le candidat, les candidats, offrent et promettent à leurs électeurs un avenir plein de bonheur et de jouissance.
La foire électorale est ouverte. Les adversaires se mesurent, et nous nous garderons bien de rappeler toutes les insanités, toutes les ignominies, toutes les insultes, toutes les injures que se lancent mutuellement les nombreux candidats. C’est l’étalage le plus répugnant, le plus infâme, le plus honteux de toutes les bassesses et de toutes les tares individuelles. Ça ne fait rien. C’est parmi ces hommes, qui n’hésitent pas à étaler leurs vices, que l’électeur doit choisir son représentant.
La place est bonne, car en dehors de la rétribution qui n’arrive certainement pas à payer les frais occasionnés par une élection, il y a les petits avantages cachés. N’est-ce pas un élu socialiste, du Conseil municipal de Paris, qui déclarait qu’un conseiller qui ne gagnait pas cent mille francs par an était un imbécile ? Que doit alors gagner un député ? La place étant bonne, on comprend que la bataille soit chaude.
L’électeur oubliant tout ce qu’il a souffert depuis des années, oubliant toutes les promesses qui lui furent faites précédemment et qui ne furent pas tenues — naturellement — se pâme devant l’éloquence de son candidat préféré. Il écoute avec avidité les paroles mensongères que lui débite son pantin, et alors que durant quatre ans il a vécu relativement en bonne harmonie avec son voisin, ce dernier devient tout à coup un ennemi parce qu’il entend porter ses suffrages sur le nom d’un autre forban.
Avec la diffamation, la corruption est un des plus puissants facteurs de réussite, aussi ne se gêne-t-on pas pour en user en période électorale. La sincérité n’a pas d’importance et n’entre même pas en jeu, et moins l’on est sincère, plus on a de chance de triompher. Tous les moyens sont bons et les consciences s’achètent comme une vile marchandise.
Et cela est logique ; car qu’est-ce, en réalité, une élection, sinon une bataille que se livrent des colporteurs qui représentent des maisons différentes. L’idée, la doctrine ne sont que des paravents derrière lesquels se cachent des appétits, et le candidat n’est jamais qu’un homme de paille au service d’une entreprise commerciale, industrielle ou financière. C’est cela que l’électeur ne veut pas admettre.
Arrive le jour du suffrage. Fier du rôle qu’il remplit, l’électeur va voter et attend dans la fièvre le résultat de son geste. Il est dans la même situation que le spectateur qui, n’ayant pas joué, attend sur un champ de course l’arrivée du gagnant. Que peut lui importer que ce soit l’un ou l’autre qui arrive le premier, que ce soit le rouge ou le noir qui franchisse le poteau, puisqu’il ne peut pas gagner ? Mystère. L’électeur éprouve probablement des sensations que nous sommes incapables de ressentir ; il est peut-être pourvu d’un sens supplémentaire qui nous manque à nous, les profanes. Qui sait ? Bref, il attend, chez le marchand de vin le plus souvent, car l’élection est une occasion de beuverie, et lorsque arrive jusqu’à lui le résultat, c’est du délire et du désappointement selon que son candidat est vainqueur ou vaincu.
Il y a parfois match nul, alors la comédie recommence. Mais, dans les coulisses se prépare une mise en scène particulière, car la représentation ne peut avoir lieu que deux fois. Le scrutin de ballottage n’est qu’une question d’argent, et ceci est si brutal qu’il est inconcevable que l’électeur ne s’en aperçoive pas.
Supposons un candidat ayant obtenu au premier tour de scrutin un millier de voix, un second candidat 800 et un troisième 500. Le troisième candidat a peu de chance d’être élu au deuxième tour de scrutin. Mais s’il favorise le second, c’est-à-dire s’il engage ses électeurs à voter pour lui, voilà que le premier candidat arrive bon dernier. Et on assiste à des revirements symboliques.
Tel aspirant député qui, lors de la campagne, accusait son adversaire de tous les délits, de tous les crimes, de toutes les infamies, se rapproche de lui au second tour et lui découvre des qualités politiques que l’on n’aurait pas imaginé une quinzaine plus tôt. Et l’électeur gobe tout cela, il l’accepte, il ne dit rien, il vote.
À quoi bon insister sur l’amoralité ou l’immoralité d’une élection. Il n’y a que celui qui le veut, qui ignore les tractations auxquelles donnent lieu les élections. Mais même au point de vue logique, en supposant qu’une élection offre toutes les garanties d’honnêteté, le résultat en est ridicule en soi. De nombreux exemples ont déjà été cités, dénonçant l’erreur sur laquelle repose le principe même de ce genre d’opérations ; ajoutons-en un à la liste déjà longue.
Le dimanche 12 décembre 1926, une élection partielle eut lieu dans le Nord. Il s’agissait de pourvoir au remplacement de trois députés. Quatre listes de candidats étaient en présence : la liste d’Union nationale républicaine, la liste socialiste ; la liste communiste et la liste des Républicains du Nord.
Or, voici les résultats de cette élection :
Inscrits : 516.148.
Suffrages exprimés : 431.683.
Liste d’Union nationale républicaine :
MM. Coquelle, 193.353 ; Carlier, 192.236 ; Coutel, 192.560. ÉLUS.
Liste socialiste :
MM. Inghels, 142.095 ; Salengro, 141.274 ; Delcour, 140.868.
Liste communiste :
MM. Thorez, 65.803 ; Bonte, 65.779 ; Declerq, 65.547.
Liste des Républicains du Nord :
MM. Desjardins, 30.548 ; Cellic, 30.274 ; Derenne, 30.333.
Or, si nous faisons une moyenne, nous constatons que les candidats élus ne représentent qu’une minorité. En effet, les candidats de la liste d’Union nationale républicaine ont obtenu une moyenne de 192.716 voix, alors que leurs adversaires réunissent un total de suffrages donnant une moyenne de 237.596 voix. Poussons plus loin et ne calculons que les voix obtenues par ceux qui se réclament de la classe ouvrière, et nous constatons que les suffrages exprimés nous donnent une moyenne de 207.121 voix ; et cependant, ce sont les 192.000 voix qui triomphent et les 207.000 qui sont battues. Oh ! logique électorale !
Nous ne voudrions pas accuser en vain de démagogues, les chefs de partis ouvriers qui entraînent à la foire électorale une foule de moutons. Mais tout de même, l’exemple que nous citons ci-dessus est symptomatique. Si l’intérêt de la classe ouvrière était le seul sentiment qui anime les candidats, comment se fait-il que ceux du Parti socialiste ne se soient pas effacés devant ceux du parti communiste ou réciproquement ? Si le parlementarisme n’est pas une comédie — et c’est ce qu’ils affirment — alors les uns et les autres ont favorisé le jeu de la réaction en laissant pénétrer dans l’enceinte législative des adversaires des classes travailleuses.
Des faits semblables à celui-ci sont légion et il serait facile de les multiplier. Mais à quoi bon, celui-ci suffit et suffira, pensons-nous, à tous ceux qui cherchent à s’instruire et à œuvrer utilement à la rénovation sociale. Les élections n’ont qu’un but : tromper la population et lui faire croire qu’elle est maîtresse de ses destinées, et la population se laisse prendre à cette glu.
Il faut avouer que le peuple souverain commence à ne plus être dupe de tous ces simulacres et que de jour en jour, le nombre d’électeurs diminue et que le nombre d’abstentionnistes augmente. Les partis politiques sentent que leur autorité s’affaiblit et que bientôt le pouvoir qu’ils exercent leur échappera totalement. C’est pourquoi certains partis d’extrême droite ou d’extrême gauche empruntent une tactique électorale tout à fait inattendue. De même que nous avons les militaristes-antimilitaristes, nous avons également les parlementaristes antiparlementaires. Il n’est plus rare, au cours d’une campagne électorale, d’entendre des orateurs, communistes ou fascistes, reconnaître qu’il n’y a rien à faire au Parlement, qui est un foyer de corruption. Mais ajoutent-ils, les élections sont pour nous une occasion de créer une agitation favorable au développement de nos idées et aussi un moyen de nous compter et de connaître les forces dont nous disposons.
Fort bien, et l’argument mérite qu’on s’y arrête. Proposons donc à nos parlementaristes antiparlementaires de poursuivre leur action électorale, mais demandons-leur de n’accepter aucun mandat et de se refuser à siéger aux Folies-Bourbons. Ils refusent tout naturellement en objectant que les avantages pécuniers dont bénéficient les députés permettent à ces derniers de faire une propagande active en faveur du parti qu’ils représentent. Lorsque l’on sait ce que coûte une élection et ce que rapporte un mandat de député — nous ne considérons, évidemment, que les rétributions avouées — on se rend bien vite compte que ce dernier argument est ridicule, car les sommes fantastiques englouties durant les périodes électorales permettraient d’entretenir un nombre de militants propagandistes bien supérieur à celui des députés élus par la classe ouvrière.
Une élection n’est donc qu’un trompe-l’œil, les anarchistes l’ont dit, ils le disent encore, ils le répéteront sans cesse.
Il est vrai que les élections sont favorables à la diffusion des idées. Les libertaires ne l’ignorent pas et en période électorale, ils sont au premier rang dans la bataille, se dépensant afin de faire comprendre à leurs frères de misère tout le vide de l’action parlementaire. Ils veulent éclairer l’électeur.
« Qu’on tâche d’éclairer ces hommes », dit Urbain Gohier dans « La Révolution vient-elle ? », « de les améliorer, de les élever : ils vous soupçonneront, vous abreuveront d’outrages », « Mais la foire électorale ouverte, ils courent d’instinct aux charlatans les plus vils, aux malfaiteurs les plus cyniques. La bassesse les enchante ; plus les mensonges sont grossiers, plus avidement ils les gobent. »
Il est hélas trop vrai que la veulerie populaire lasse souvent le militant sincère qui se brise à la tâche et se sacrifie à une cause commune. Mais quoi, ne doit-on pas tenir compte de tout un passé d’esclavage empêchant le travailleur de s’instruire et de s’éduquer ? Le peuple vient à peine de s’éveiller, et si l’on jette un regard en arrière, si l’on considère tout le chemin parcouru depuis un siècle, on constate alors tous les progrès réalisés, toutes les transformations accomplies, tous les avantages arrachés petit à petit à la bourgeoisie rapace et jalouse de ses privilèges.
Bien des institutions barbares ont disparu. Les élections disparaîtront également un jour, car malgré tout, la méfiance a pénétré déjà dans le cerveau du travailleur, et c’est le commencement de la fin.
Poursuivons donc, anarchistes, notre œuvre, pour qu’enfin la raison saine et pure dirige l’humanité, et qu’avec les élections disparaisse le dernier esclave : l’électeur.
ÉLECTRICITÉ n. f. (du grec elektron, ambre). Propriété qu’ont tous les corps d’attirer, dans certaines circonstances, les corps légers environnants, d’émettre des étincelles, de causer des commotions sur les humains et sur les animaux.
Il y a deux sortes d’électricité : l’électricité vitrée (verre frotté avec du drap) positive, et l’électricité résineuse (résine frottée avec une peau de chat) négative.
Pratiquement, il y a deux sortes d’électricité :
1o L’électricité statique ;
2o L’électricité dynamique.
Électricité statique : C’est le phénomène produit en frottant un corps quelconque : si le corps est bon conducteur, l’électricité se manifeste sur tous les points ; s’il est mauvais conducteur, elle se manifeste seulement à l’endroit frotté.
Il existe quelques machines produisant de l’électricité statique. Ces machines sont composées, en principe, de disques de verre tournant entre des coussins en feutre ; telle la machine de Wimshurt. Ces machines servent, tout au plus, à des expériences de laboratoire.
Électricité dynamique : C’est la formation du courant. Dans un vase rempli aux trois quarts d’eau, acidulée, plongeons une lame de zinc et une lame de cuivre. La réaction chimique qui se produit entre l’acide et le zinc détermine un fluide électrique dont on admet l’existence, une sorte de poussée qui le dirige vers le cuivre et une sorte d’aspiration du côté du zinc. Le fluide tend donc à s’échapper par la lame de cuivre, tandis qu’il est attiré extérieurement et à travers l’espace, par la plaque de zinc. L’air ne se laissant pas traverser par le fluide, tout mouvement cesse bientôt ; mais, si l’on réunit le cuivre au zinc au moyen d’un conducteur de l’électricité, et si on branche en série sur un circuit un appareil spécial appelé galvanomètre, on voit l’aiguille dévier dans un sens ou dans l’autre, suivant le sens du courant. Le fluide s’écoule par le cuivre et rentre dans le vase par le zinc. Cette expérience suffit donc à nous amener à parler de mesure du débit et, par conséquent, de quantité d’électricité.
Quantité d’électricité est analogue à quantité d’eau. On la mesure par le travail produit qui est, évidemment, proportionnel à cette quantité. L’unité pratique de quantité est le « coulomb », qui met en liberté dans le voltamètre 0 mg. 0104 d’hydrogénés. Coulomb (1736-1806) est un physicien français, né à Angoulême. Il est l’inventeur de la balance de torsion.
Intensité : L’intensité d’un courant électrique est la quantité d’électricité que ce courant débite en une seconde. L’unité pratique d’intensité est « l’ampère ». L’ampère est un coulomb à la seconde. On emploie comme unité l’ampère-heure, qui est la quantité d’électricité fournie par un courant d’un ampère pendant une heure. Sous-multiple : le milliampère, qui est la millième partie de l’ampère. L’appareil de mesure servant à mesurer l’intensité se nomme ampèremètre.
Ampère (1775-1836) trouva les principes de la télégraphie électrique et découvrit la loi fondamentale de l’électrodynamique, d’après laquelle deux fils conducteurs, traversés par l’électricité, s’attirent ou se repoussent suivant que les courants s’y meuvent dans le même sens ou dans le sens contraire.
Corps bons conducteurs et mauvais conducteurs : L’électricité traverse la matière même des corps dits conducteurs de l’électricité. Les métaux sont généralement de bons conducteurs, tandis que les solides autres que les métaux sont mauvais conducteurs. Corps bons conducteurs : argent, cuivre, bronze, corps silicieux, etc. Corps mauvais conducteurs ou isolants : verre, porcelaine, caoutchouc, etc.
Les liquides, sauf le mercure, sont conducteurs de l’électricité ; mais ils offrent une plus grande résistance au passage du courant que les métaux.
Résistance : Les corps, même les meilleurs conducteurs, offrent toujours une résistance au passage du courant. On peut comparer le conducteur à une conduite d’eau et la résistance serait représentée par les parois de la conduite qui’empêchent l’eau de circuler. L’unité de résistance est « l’Ohm », au nom du physicien allemand (1787-1854). Un fil de cuivre de 1 mm de diamètre et de 50 mètres de long offre une résistance de 1 Ohm.
Loi d’Ohm : L’intensité d’un courant est directement proportionnelle à sa force électromotrice et inversement proportionnelle à la résistance du circuit, d’où la célèbre formule :
Force électromotrice : Dans tout générateur électrique, il y a une sorte de pression qui agit sur le fluide pour le mettre en mouvement. On l’appelle la force électromotrice. L’unité de force électromotrice est le « volt » du nom du physicien italien Volta (1745-1827), auteur de la pile qui porte son nom.
Puissance : L’unité de travail mécanique est le kilogrammètre, qui est représenté par le travail nécessaire pour élever, en une seconde, à un mètre de hauteur, une masse de 1 kilogramme. La puissance d’une machine représente le travail qu’elle peut produire pendant une seconde. L’unité de puissance employée en mécanique est le cheval-vapeur ou H.P. En électricité, on emploie le watt comme unité de puissance. Le watt est la puissance d’une machine pouvant produire 1 ampère à la seconde sous une tension de 1 volt.
Applications de l’électricité : L’électricité a pris, dans la vie moderne, une place considérable, depuis la modeste pile jusqu’au moteur électrique de grande puissance, et le jour n’est peut-être pas éloigné où nous verrons la force « électricité » supplanter d’une façon absolue la machine à vapeur et toute cette chaudronnerie dont nous avons encore besoin aujourd’hui.
Piles : Nous avons vu dans notre première définition qu’une lame de zinc et une lame de cuivre plongeant dans une solution acidulée produisent un courant électrique. Nous avons là une pile simple ; c’est là, le principe de la pile de Volta : le cuivre de la pile est le positif ou + ; le zinc est le négatif ou —.
Cette pile ayant le défaut de se polariser est pratiquement abandonnée.
Polarisation : L’hydrogène mis en mouvement par l’action chimique est entraîné par le courant sur le cuivre qu’il entoure bientôt d’une gaine gazeuse. Les gaz étant mauvais conducteurs de l’électricité, la résistance, à l’intérieur de la pile, se trouve considérablement augmentée ; par conséquent, le courant diminue d’intensité. Pour éviter cet inconvénient, on est arrivé à faire des piles à dépolarisant : pile Daniell et pile Callaud, dont le dépolarisant est le sulfate de cuivre ; pile Bunsen : dépolarisant l’acide azotique ; pile Leclanché : dépolarisant le bioxyde de manganèse.
Électro-chimie : Le voltamètre est un appareil qui sert à la décomposition de l’eau par un courant électrique. Il se compose d’un vase de verre dont le fond est traversé par deux fils ou électrodes. On place sur chacune des électrodes une éprouvette et on relie les deux fils à une pile. L’eau étant traversée par le courant, du gaz se dégage dans chacune des éprouvettes et le niveau de l’eau descend. L’eau se décompose et ses éléments constitutifs : hydrogène et oxygène, se portent chacun sur une électrode.
Ce phénomène est appelé électrolyse.
C’est en appliquant ce principe que l’on est arrivé aujourd’hui à faire la galvanoplastie : dorure, cuivrage, nickelage.
Accumulateurs : Une autre application de l’électrolyse a lieu dans les accumulateurs électriques. Dans un vase de verre ou de matière isolante : celluloïd, ébonite, sont placées des lames de plomb séparées les unes des autres. Les lames impaires sont reliées à une électrode négative ; les lames paires à une électrode positive. L’accumulateur est formé à la suite de charges et décharges successives. La densité de l’électrolyse est de 24 à 28° Baumé. L’usage des accumulateurs se répand de plus en plus ; ils ont sur les piles l’avantage d’un débit très intense.
Magnétisme : On appelle aimants, des corps ayant la propriété d’attirer le fer, l’acier, la fonte et tous les corps dits magnétiques. L’aimant naturel est un minerai de fer ou oxyde magnétique. Les aimants artificiels sont des barreaux droits ou recourbés en fer à cheval, trempés à saturation, et auxquels on communique les propriétés magnétiques par frottement avec un autre aimant ou par champ magnétique (induction).
Pôles : Un aimant droit, libre de se mouvoir autour d’un axe, dans un plan horizontal, prend une direction bien déterminée. L’une de ses extrémités se dirige vers le Nord ; on l’appelle pôle Nord, et l’autre pôle Sud.
Deux aimants de même polarité se repoussent ; deux aimants de polarité contraire s’attirent.
Électro-aimant : Une barre de fer doux, formant noyau d’une bobine, sur laquelle est enroulé du fil conducteur isolé de soie ou de coton, parcouru par un courant, devient un aimant très-puissant. Mais toute la force d’aimantation disparaît quand le courant cesse. Cet appareil se nomme électro-aimant. Toutes les applications de l’électricité découlent de ces phénomènes en magnétisme.
Sonnerie électrique : La sonnerie électrique se compose d’un électro-aimant et d’une armature portée, par une lame flexible, qui se trouve située à l’extrémité de l’armature, et terminée par un marteau qui peut frapper sur le timbre. Quand on appuie sur le bouton, le courant passe dans l’électro-aimant et l’armature se trouve attirée ; mais, à ce moment, le contact ayant cessé entre le ressort et la borne, l’armature est ramenée à sa position première par le ressort. Le courant circule à nouveau et le même phénomène se reproduit ; et, à chaque attraction, le marteau frappe sur le timbre.
L’électro-aimant est appliqué de même façon à la télégraphie : chaque fois que l’on appuie sur le manipulateur, l’armature de l’appareil récepteur est actionnée et imprime sur la bande les points ou traits de l’Alphabet Morse.
Induction : Un courant électrique, tournant dans un champ magnétique, produit un courant électrique. Les courants ainsi obtenus se nomment des courants induits. Toute machine produisant des courants induits se compose de deux parties :
1o L’organe créant le champ magnétique que l’on appelle inducteur ;
2o L’organe où se forment les courants induits et que l’on appelle induit.
Dynamos : La dynamo est une machine qui transforme l’énergie mécanique en énergie électrique ; elle se compose de deux parties : l’inducteur et l’induit.
1o L’inducteur est toujours un ou plusieurs électro-aimants fixés à même la carcasse de la machine. L’induit tourne entre les masses polaires des électro-aimants ;
2o L’induit se compose généralement d’un noyau en forme d’anneau ou tambour formé de rondelles minces en fer doux, fortement serrées les unes contre les autres. Pour éviter les courants parasitaires de Foucault, on intercale entre chaque rondelle des feuilles de papier verni.
Les sections d’enroulement sont placées sur le pourtour de l’anneau ou dans des encoches creusées, à même dans les rondelles feuilletées. Les courants engendrés sont alternatifs ; on les redresse au moyen du collecteur.
Le collecteur est formé de lames de cuivre isolées les unes des autres par des lames de mica. Le collecteur se fixe au bout de l’induit sur le même arbre. Les sections d’enroulement sont reliées aux lames de cuivre. Des balais en charbon frottent sur le collecteur et recueillent le courant redressé.
Moteurs : Les dynamos étant réversibles, si nous envoyons un courant dans une dynamo, celle-ci se mettra à tourner et retransformera l’énergie électrique en énergie mécanique.
Le moteur se compose des mêmes organes que la dynamo.
Les moteurs reçoivent une foule d’applications. Ils rendent de très grands services ; ils ont permis l’emploi de la force à de très grandes distances de la machine génératrice. L’utilisation des chutes d’eau actionnant des alternateurs ont permis d’employer la force à des distances considérables. La force électromotrice dans ces lignes est très élevée ; parfois, elle dépasse 150.000 volts.
Aux endroits où elle doit être employée, les courants sont transformés en haute et basse tension, au moyen des transformateurs.
Aujourd’hui, que ne fait-on pas avec le moteur électrique : métro, chemin de fer, tramways, machines d’extraction pour les mines, sous-marins utilisant les accumulateurs pour la plongée, etc. ?
On se sert beaucoup de petits moteurs pour usages domestiques : moteurs pour machine à coudre, aspirateurs de poussière, séchoirs électriques, ventilateurs, etc., etc.
Éclairage : On emploie l’électricité pour l’éclairage soit au moyen des lampes à arcs ou des lampes à incandescence (Voir Lampes électriques). Voir aussi : télégraphe, télégraphie sans fil, téléphone et téléphonie sans fil.
ÉLECTRICITÉ. Nom donné à la cause de certains phénomènes appelés phénomènes électriques.
La découverte des phénomènes électriques remonte à des temps très reculés. La foudre connue de tout temps en est une manifestation violente. Les Grecs connaissaient la propriété que possède l’ambre frotté avec un chiffon sec, d’attirer des corps légers (600 ans av. J.-C.). Au xviie siècle, Gilbert démontra que d’autres corps peuvent s’électriser par frottement. Plus tard, on s’aperçut que les particules électrisées par l’ambre étaient ensuite repoussées par cette matière, alors que le verre les attirait, d’où l’idée de deux sortes d’électricité : positive et négative, et cette formule : « Deux électricités de nom contraire s’attirent, deux électricités de même nom se repoussent. »
Galvani découvrit beaucoup plus tard l’énergie électrique d’origine chimique en disséquant des grenouilles. L’expérience fut reprise et développée par Volta, qui trouva la pile électro-chimique. Laplace et Ampère appliquent leur génie à la recherche des lois de circulation des courants. Joule étudie leurs propriétés calorifiques.
Maxwell, dans une œuvre magistrale où l’on puise, même à présent, des renseignements précieux, traduit mathématiquement les phénomènes électriques. Lenz étudie la dynamique du fluide électrique, et bientôt, les découvertes se succèdent avec une rapidité inouïe. Edison nous donne la lampe électrique pratique. Hertz découvre les lois de la propagation des ondes électriques qu’on assimile alors à celles de la lumière (vibration électro-magnétique).
Marconi reprend ses travaux et perfectionne le télégraphe. Branly, avec le cohéreur, lance la téléphonie sans fil. De Forest invente la lampe à trois électrodes. Gramme transforme l’énergie mécanique en énergie électrique. Desprez transporte cette énergie à distance et l’utilise dans son moteur. Dès lors, le phénomène entre dans la voie des réalisations pratiques. Avec une rapidité formidable, naissent la télémécanique, la télévision, des usines gigantesques débitent des quantités incroyables de cette énergie qu’Ampère étudiait, il y a cent ans à peine, avec les faibles moyens de son laboratoire.
Ainsi, dans l’espace d’une génération, l’électricité change la face du monde. Après une évolution lente mais continue, elle révolutionne l’univers en moins de cinquante ans. C’est un exemple frappant de la rapidité avec laquelle se propage une idée juste. Les premiers pas sont hésitants et incertains, mais sa progression devient inexorable quand elle atteint les gros chiffres. Lorsqu’une idée est juste, il n’est pas besoin de l’imposer, elle s’impose d’elle-même par la logique même. L’avènement de l’électricité en est la plus remarquable des preuves. Il convient d’insister sur le fait qu’il ne peut y avoir aucune manifestation d’énergie électrique, magnétisme ou autre qui se puisse produire sans que la matière en soit le siège. La matière est énergique et l’énergie matérielle c’est la substance. Ainsi parler d’énergie seule, c’est faire une abstraction au même titre que parler seulement de matière.
Ceci est tellement vrai, que c’est par le nombre de particules négatives (ions) entourant le noyau positif de l’atome (électron), que se distinguent les différents corps de la chimie, liant étroitement les propriétés électriques et chimiques des différents corps. De même les différentes énergies électriques, mécaniques, chimiques, etc. (qui ne sont que des manifestations diverses d’une même chose : l’activité atomique), se substituent les unes aux autres, suivant le processus infini du transformisme.
L’étude des phénomènes électriques comprend l’électricité statique (électrostatique), qui étudie l’électricité à l’état d’équilibre : condensateurs, influence, etc. ; l’électricité cinétique (électrocinétique), ou ensemble des lois qui règlent les mouvements de l’électricité : lois d’Ohm, Joule, Wirchoff ; l’électromagnétisme, qui établit l’analogie des circuits parcourus par des courants électriques avec les aimants ; l’électricité dynamique (électrodynamisme), étudiant les effets mécaniques provoqués par les courants : machines électriques.
ÉLECTRIFICATION n. f. Adaptation de l’électricité à une exploitation quelconque (chemins de fer, usines, fermes, etc). L’utilisation de la houille blanche a amené la construction sur place d’immenses usines qui produisent du courant électrique sous haute-tension afin de le faire parvenir à une distance quelquefois très éloignée. Là, des transformations modifient le courant, ils diminuent la tension, selon les besoins. L’électrification convient merveilleusement aux nations dont la production en charbon est très faible.
L’électricité qui est la dernière forme connue de l’énergie se transforme facilement en chaleur, travail mécanique, chimique et réciproquement.
Supposons une chute d’eau au fond d’une vallée étroite et profonde des Alpes, où l’on ne peut installer d’usines pour l’utiliser sur place. On recueillera le travail mécanique de la chute au moyen de turbines puis on transformera ce travail en électricité qu’on transportera ensuite dans une région industrielle plus ou moins éloignée. Ensuite, avec l’électricité, on produira le travail mécanique pour actionner des machines-outils, de la chaleur, de la lumière, des réactions chimiques pour les industries chimiques, de telle sorte que la puissance nécessaire à la vie industrielle de cette région sera fournie, avec de faibles pertes dans les transports et les transformations, par une chute qui peut être située à plus de 100 kilomètres.
Les applications de l’électricité ne se comptent plus, bien que la science électrique ne date que d’hier. Bientôt l’électricité fournie par les forces immenses que nous offre la nature : chute d’eau, vents, marées, actionnera tous les ateliers, fera rouler les trains de chemin de fer, éclairera les villes, les villages, le moindre hameau, chauffera nos appartements, etc.
ÉLECTROCUTION n. f. C’est une électrolyse. Six milliampères courant continu traversant le corps humain provoquent la contraction des muscles, ceux des poumons, du cœur, etc. Il s’ensuit l’asphyxie. C’est la peau qui oppose la plus forte résistance au passage du courant ; c’est pour cette raison qu’aux États-Unis, dans l’exécution des condamnés à mort, on emploie le casque, afin qu’une large partie de la peau entre en contact. Une solution de continuité de celle-ci, par exemple une écorchure, une coupure, suffit pour qu’une personne soit électrocutée avec une pile Leclanché.
L’électrocution comme mode de supplice n’a pas donné les résultats qu’on en attendait. Il est loin d’être rapide… On a constaté que les électrocutés ont des réflexes nerveux et que le coma dure très longtemps. Aussi, dernièrement, les journaux nous apprenaient que des expériences seraient tentées aux États-Unis sur des condamnés. Sacco et Vanzetti, nos deux chers camarades, en seront peut-être les premières victimes. La vie humaine, qu’importe ; cependant, de nombreuses protestations s’élèvent lorsque de pauvres cobayes sont employés pour la vivisection.
La foudre tue aussi les hommes et les animaux. Quand un nuage électrisé passe au-dessus du sol, il décompose par influence l’électricité neutre de tous les objets situés dans sa sphère d’activité, attire à leur surface l’électricité de nom contraire et repousse dans le sol l’électricité de même nom. Si la tension des deux électricités opposées du nuage et des corps terrestres n’est pas suffisante pour vaincre la résistance de l’air, et si le nuage s’éloigne, les corps terrestres repassent peu à peu à l’état naturel. Mais si la tension électrique entre le nuage et l’un de ces corps l’emporte sur la résistance de l’air, l’étincelle éclate et le corps est foudroyé directement. Voilà comment on expliquait, il y a plusieurs années, cette manifestation de l’électricité.
Aujourd’hui, d’après les hypothèses de Maxwell, on pense que ce sont les déplacements, les modifications de l’éther qui produisent ce phénomène. La condensation produirait l’électricité positive ; la raréfaction, l’électricité négative.
ÉLECTROLYSE n. f. Si une portion du conducteur parcouru par un courant est constituée par un corps composé à l’état liquide et conducteur, ce liquide est décomposé en ses éléments. C’est à ce phénomène que l’on donne le nom d’électrolyse. Le corps décomposé est l’électrolyte.
Tous les corps ne sont pas susceptibles d’être ainsi décomposés : seuls les acides, les sels et hydrates basiques semblent jouir de cette propriété. Mais les corps qui, à l’état liquide, ne sont pas décomposés, ne laissent pas passer le courant.
L’électrolyte doit être amenée à l’état liquide, soit par fusion, soit par dissolution.
Pour faire passer le courant au sein de l’électrolyte, on l’y amène, à l’aide de conducteurs appelés électrodes.
L’électrode positive se nomme anode, l’électrode négative se nomme cathode.
Le métal, si on électrolyse un sel, l’hydrogène, si on électrolyse un acide, se retrouvent à la cathode, c’est-à-dire qu’ils suivent le sens du courant ; le reste se porte sur l’anode.
On appelle ions les deux produits de la décomposition ; l’ion qui se porte sur la cathode est le cathion. L’ion qui se porte sur l’anode est l’anion. Ex. : chlorure de cuivre fondu. Le cathion est constitué par du cuivre métallique ; l’anion par du chlore.
La première électrolyse fut celle de l’eau, réalisée en 1800 par Carlisle et Nicholson.
Les lois qui président à l’électrolyse sont les suivantes : 1o Le poids des dépôts est proportionnel à l’intensité du courant et à la durée de l’électrolyse ; 2o Une même quantité d’électricité libère aux électrodes, dans le cas où les dépôts sont des corps simples, des poids de matières proportionnels au quotient du poids atomique de chaque corps simple par sa valence. (Ce quotient s’appelle équivalent électrochimique).
On utilise l’électrolyse dans le raffinage des métaux. On s’en sert dans la fabrication de nombreux produits chimiques, à la purification des alcools. On l’emploie pour la cémentation, etc. En médecine, l’électrolyse sert à décomposer les tissus organiques. (Voir électrothérapie.)
ÉLECTROMAGNÉTISME n. m. Les phénomènes électriques sont intimement liés à d’autres phénomènes appelés phénomènes magnétiques produits par des aimants. On sait qu’il existe un minerai de fer, l’oxyde magnétique, dont certains échantillons ont la propriété d’attirer le fer ; on leur a donné le nom de pierres d’aimant.
Un aimant ou un barreau aimanté est un barreau d’acier auquel un traitement spécial a donné cette même propriété et par suite a créé dans l’acier une propriété particulière qui se manifeste en présence du fer. On donne le nom d’électro-magnétisme à la partie de la physique qui a pour objet l’étude des actions réciproques des courants sur les aimants et des aimants sur les courants.
C’est Œrsted, professeur de physique à Copenhague, qui fit le premier connaître, en 1820, l’action directrice des courants électriques sur l’aiguille aimantée. Voici sur quelle expérience fort simple repose cette importante découverte, qui a servi de point de départ à l’électromagnétisme. Concevons que l’on ait réuni les deux pôles d’une pile par un long fil métallique, et qu’on approche une portion rectiligne de ce fil, maintenue dans le méridien magnétique (Sud-Nord), au dessus ou au dessous d’une aiguille aimantée mobile sur un pivot vertical ; l’aiguille se déviera aussitôt de sa position d’équilibre, et tendra à prendre une direction perpendiculaire au courant, c’est-à-dire à se mettre en croix avec lui.
Le courant électrique fait donc naître un champ magnétique autour du fil dans lequel il circule. Ce champ magnétique est formé par des lignes de force et ce sont ces lignes de force qui obligent l’aiguille à se mettre en croix.
Si le fil conducteur a la direction Nord-Sud magnétique, les deux forces qui agissent sur l’aiguille aimantée, l’une due au champ terrestre et l’autre au champ du courant, tendront : la première à maintenir l’aiguille parallèlement au conducteur, et la seconde à la mettre en croix avec ce conducteur.
Sous cette double action, l’aiguille déviera d’autant plus que le courant sera plus intense. Voilà ce qu’a montré Œrsted. L’angle de déviation peut servir à mesurer l’intensité du courant.
Règle d’Ampère : On suppose un observateur regardant l’aiguille et couché le long du fil de façon que le courant aille des pieds à la tête : le pôle Nord de l’aiguille se porte à la gauche de l’observateur.
L’une des premières applications de l’électro-magnétisme, ce fut le galvanomètre. (V. galvanomètre.)
Aimantation par les courants : Lorsqu’on plonge dans de la limaille de fer un fil de cuivre traversé par un courant énergique, on voit la limaille s’enrouler avec force autour du fil et y rester adhérente tant que le courant subsiste. Mais vient-on à interrompre le courant, la limaille se détache et tombe à l’instant même. Ce fait capital, découvert par Arago, prouve que les courants électriques agissent sur les substances magnétiques de manière à déterminer leur aimantation. Le fer doux et l’acier trempé sont, de toutes les substances magnétiques, celles qui s’aimantent avec le plus d’énergie sous l’influence des courants.
L’électro-aimant est une application de ce principe, le télégraphe, les sonneries électriques également.
ÉLECTROTHÉRAPIE. Sans avoir, en médecine, autant d’importance que dans la vie industrielle et sociale, l’électricité n’y trouve pas moins une foule d’applications dans le traitement des maladies ; et toutes les formes sous lesquelles elle se manifeste y sont quotidiennement employées.
Une de ses utilisations les plus intéressantes consiste en la production des rayons X, cette merveilleuse manifestation de l’énergie cosmique. Mais ceux-ci présentent une activité tellement spéciale et une valeur intrinsèque si marquée, qu’ils déterminent une classe particulière d’agents curatifs désignée sous le nom de radiothérapie. De même les rayons ultra-violets, obtenus au moyen de la lampe à arc électrique, se rangent dans une catégorie propre appelée actinothérapie. L’électrothérapie introduit dans l’organisme l’énergie électrique telle que la lui fournissent les différentes sources aujourd’hui connues.
La galvanisation utilise le courant galvanique ou courant continu, obtenu : soit par une batterie de piles électriques ; soit par une batterie d’accumulateurs ; soit par prise sur le secteur urbain de lumière, au moyen d’un rhéostat si le courant du secteur est continu, au moyen d’une commutatrice si le courant du secteur est alternatif. Dans l’organisme, l’action du courant galvanique se traduit par l’augmentation de la circulation sanguine et lymphatique ; elle favorise ainsi la décongestion des tissus enflammés (arthrite, orchite), et la nutrition des éléments traumatisés (fracture, atrophies, œdèmes). Elle est surtout employée dans le traitement par l’électrolyse des rétrécissements de l’œsophage et de l’urètre : pour la destruction électrolytique des boutons d’acné, des angiomes ou « envies » de la peau, des poils inesthétiques par leur emplacement ou leur développement exagéré. Enfin, le courant continu sert à l’introduction locale des médicaments par ionisation : il dissocie les principes actifs de la solution pharmaceutique disposée sur une électrode en forme de tampon imbibé, et en assure la pénétration à travers la peau jusqu’aux organes malades sous-jacents (rhumatisme, goutte, névralgies).
La faradisation met en œuvre le courant faradique ou courant induit, qui dérive du courant continu fourni, par une ou deux piles et transformé par l’appareil faradique avec ses trois éléments : bobine inductrice, bobine induite et interrupteur. Le courant faradique agit fortement sur les muscles dont il amène la contraction. Aussi son usage le plus fréquent se trouve-t-il dans les atrophies musculaires consécutives aux fractures et luxations, dans l’incontinence d’urine due à une faiblesse du sphincter de la vessie.
La franklinisation se pratique au moyen du courant statique produit par une machine statique à plateaux dont un des pôles va à la terre et l’autre à un tabouret isolant où s’asseoit le patient pour prendre un « bain statique ». Les effets en sont surtout sédatifs et favorables dans les états douloureux et nerveux (névralgies, neurasthénies).
Les courants sinusoïdaux proviennent d’un courant alternatif d’un secteur urbain qu’un transformateur amène à basse tension. De forme périodique, ils activent la circulation, décongestionnent les tissus et font contracter les muscles. D’où leur emploi dans les épanchements articulaires ou péri-articulaires, dans les œdèmes, les atrophies.
La d’arsonvalisation constitue une application des courants de haute fréquence obtenus soit au moyen du courant de haute tension d’un appareillage à rayons X chargeant les armatures d’une paire de condensateurs qui se déchargent dans un solénoïde, soit au moyen d’une bobine de Ruhmkorff et de deux bouteilles de Leyde ou condensateurs se déchargeant dans un solénoïde. En applications locales bipolaires, par l’effet de deux électrodes métalliques reliées à un petit solénoïde, la haute fréquence exerce une action calmante et décongestionnante sur les lésions de la peau ; en outre, elle élève la température des tissus profonds sous-jacents et combat efficacement les lésions inflammatoires dont ils sont le siège (diathermie) ; elle peut, par son intensité suffisante, causer une brûlure et une escarre profonde, une électro-coagulation utilisée pour détruire, sans incision préalable, des lésions situées dans l’intimité des tissus. Les applications générales, sur le malade inclus tout entier dans un grand solénoïde formant cage, constituent un traitement des maladies par ralentissement de la nutrition, diabète, obésité. Enfin, la projection d’une étincelle de haute fréquence sur des tissus altérés, cancers par exemple, en amène la destruction par fulguration.
La plupart des applications électriques médicales en sont encore à leur période de début. Il est légitime de prévoir le développement prochain des méthodes d’ionisation, de diathermie et d’électro-coagulation. — Docteur Elosu.