Aller au contenu

Encyclopédie des ouvrages de dames/La Couture

La bibliothèque libre.
Thérèse de Dillmont (p. 1-16).


Bande aux points coulé, piqué, croisé et de boutonnière.

La Couture.



La plupart des personnes qui ouvriront l’Encyclopédie des Ouvrages de Dames se diront, en voyant le titre de ce chapitre, que ces détails de couture sont bien superflus, aujourd’hui surtout que la machine remplace si souvent le travail à la main.

Je m’empresse de leur répondre que parmi les ouvrages de dames, il n’en est pas qu’il soit aussi important de connaître à fond que la couture proprement dite, qui est la base de tous les autres travaux à l’aiguille.

Une main qui exécute bien les différents genres de couture surmonte aisément les difficultés que présente n’importe quel ouvrage d’agrément.

Quelles que soient du reste les conditions de fortune dans lesquelles on se trouve placé, il sera toujours utile de savoir bien coudre, car, si d’une part la connaissance de la couture permet d’apprécier la valeur d’un ouvrage exécuté par des mains étrangères, d’autre part on sera à même de produire un travail solide et durable lorsqu’on se trouvera dans la nécessité de l’exécuter soi-même.

Avant de passer à l’explication des points et des coutures, je ferai observer que, quel que soit le genre d’ouvrage qui vous occupera, il faudra soigner votre maintien. Je puis affirmer par une longue expérience qu’il n’existe aucun genre de couture, ni de broderie, obligeant à se tenir mal.

Pour éviter ce travers il faut, pour la couture, que la hauteur de la chaise soit bien proportionnée à celle de la table. Les bras doivent tenir l’ouvrage à une hauteur suffisante pour qu’on ne soit pas obligé de baisser la tête, qui doit rester droite autant que possible, et peut, tout au plus, pencher légèrement en avant.

Il ne faut jamais fixer l’ouvrage au genou ; la position que prend le corps est disgracieuse et peu hygiénique. L’ouvrage doit être épinglé à une pelote (plomb) assez lourde pour ne pas céder lorsqu’on tire le brin.

Aiguilles. — Pour coudre, il ne faut employer que des aiguilles de premier choix et bien trempées. Pour voir si elles sont de bonne trempe, il suffit d’en casser une entre les doigts. Si la trempe est bonne, une résistance assez forte se fera sentir avant la rupture, et la cassure sera nette. Si, au contraire, l’aiguille se brise comme du verre ou se plie comme du fer, elle devra être rejetée comme mauvaise. Il ne faut jamais coudre avec des aiguilles courbées, car, en employant de pareilles aiguilles, on exécute des points irréguliers. Le chas ou trou de l’aiguille doit être bien poli, pour ne pas érailler ou couper le brin.

Les coutures de la lingerie se font avec des aiguilles courtes ou demi-longues ; les autres ouvrages, avec des aiguilles longues. On emploie des aiguilles spéciales pour les reprises ; elles ont un chas très profond afin de pouvoir y loger le brin plat qui sert à repriser. Il sera donc utile d’avoir un assortiment des quatre sortes d’aiguilles dans les numéros 5 à 12.

L’aiguille doit être choisie un peu plus grosse que le brin à coudre afin de préparer à ce dernier un passage suffisamment ouvert dans l’étoffe.

Il est bon de mettre dans les paquets d’aiguilles un peu d’amiante en poudre, afin de les préserver de la rouille. Il sera également bon d’en conserver dans une petite boîte dans laquelle les personnes qui oxydent les aiguilles en les touchant pourront, de temps en temps, tremper leurs doigts.

On pourra se confectionner aussi une petite pelote, qu’on remplira d’émeri fin et qui servira à rendre le poli aux aiguilles rouillées.


Ciseaux. — Il convient d’avoir à sa disposition deux paires de ciseaux, pour travailler : une grande paire, avec une branche pointue et une branche arrondie (cette dernière est à tenir toujours au dessus de l’étoffe lorsqu’on taille) et une petite paire pour couper les fils et l’étoffe extérieure des festons. Ces ciseaux serviront aussi pour bien des ouvrages décrits dans les chapitres suivants. Les anneaux des ciseaux devront être ronds et aussi larges que possible, car les anneaux trop petits fatiguent la main et laissent sur les doigts des empreintes difficiles à faire disparaître.

Dé. — Le dé en acier est préférable au dé en os, qui est trop fragile, et au dé en argent, dont les trous sont souvent trop peu profonds. Un bon dé doit être léger, un peu arrondi à son extrémité et ne pas avoir de bord saillant à l’entrée du doigt.

Longueur de l’aiguillée. — L’aiguillée pour la couture n’aura pas plus de 50 cm de longueur ; celle pour faufiler et bâtir pourra être plus longue.

Il vaut mieux couper le fil que de le rompre, ce qui l’affaiblit.

Arrêt du fil au chas de l’aiguille (fig. 1). — Lorsque le fil n’est plus bien long et qu’on ne veut pas encore le renouveler, on peut l’arrêter au chas de l’aiguille par une maille.
fig. 1. Arrêt du fil au chas de l’aiguille.
Quant aux nœuds, qu’il s’agisse de n’importe quel genre d’ouvrage, ils doivent être presque imperceptibles, tout en étant faits très soigneusement.

Il n’est pas aussi indifférent qu’on pourrait le croire de faire entrer le fil dans l’aiguille par l’un ou par l’autre bout de l’aiguillée ; il est même important d’enfiler toujours le bout détaché de la bobine. Lorsqu’on enfile le bout opposé, le brin devient pelucheux et perd de son brillant.

Fournitures. — Pour faufiler, il faut employer du fil bon marché, peu tordu et fabriqué tout spécialement pour cet ouvrage, tel que le Coton à coudre D.M.C qu supérieure (en pelotes, étiquette noire et or) dans les numéros 2, 3, 4, 5 et 6[1].

Pour la couture à la main on se sert du Fil d’Alsace D.M.C et du Fil à dentelle D.M.C (fil d’Alsace qu renforcée) sur bobines et en pelotes dans les numéros 30 à 300[1].

Pour la couture mécanique on emploie le Cablé 6 fils pour machines D.M.C (étiquettes noire et blanche ou blanche et bleue)[1]. Ces cablés peuvent aussi être utilisés pour la couture à la main.

Ce sont surtout ce dernier fil et le Fil à dentelle sur bobines qui sont supérieurs à tous les autres. Les grosseurs moyennes sont les plus courantes ; pour les ouvrages dans des tissus très fins il n’y a que le Fil d’Alsace D.M.C dans les numéros très élevés, tels que 180, 200, 300, 400, 500, 600 et 700[1] qui puisse parfaitement convenir.

Tous ces fils de coton se vendent en pelotes et sur bobines.

Il est indifférent de prendre des pelotes ou des bobines, car chacune de ces sortes a ses avantages et ses inconvénients ; ainsi, si la pelote a le défaut de s’embrouiller plus facilement que la bobine, elle a sur celle-ci l’avantage de conserver au fil sa rondeur.


fig. 2. Position des mains pour la couture avec plomb.
Position des mains (fig. 2). — La main gauche tient l’étoffe fixée au plomb, sans s’appuyer ni sur la table ni sur le plomb. Le pouce et l’index de la main droite saisissent l’aiguille à la moitié de sa longueur, tandis que le troisième doigt, muni du dé, est posé contre l’aiguille, et la pousse assez avant dans l’étoffe, pour que l’index et le pouce puissent la reprendre devant le point et la retirer avec le brin enfilé ; celui-ci, passant alors entre le quatrième et le cinquième doigt, forme autour de ce dernier une boucle qu’on laisse glisser graduellement pour empêcher qu’il ne se produise des nœuds dans le brin.


fig. 3. Position des mains pour la couture sans plomb.
Position des mains pour la couture sans plomb (fig. 3). — Lorsqu’on ne peut faire usage d’un plomb, il ne faut pas pour cela rouler l’ouvrage sur l’index de la main gauche, mais le tenir seulement du pouce et de l’index et le laisser tomber librement par-dessus les autres doigts. Cependant, s’il est indispensable de tendre légèrement l’étoffe, on la serrera entre le quatrième et le cinquième doigt. De cette manière on ne risque ni de froncer ni de détirer la couture.

Des Points. — Il y a quatre genres de points qui servent à faire les différentes sortes de couture : 1° le point devant, dit aussi point glissé ou coulé, 2° le point-arrière, 3° le point d’ourlet et 4° le point de surjet.


fig. 4. Point devant.
1e Point devant (fig. 4). — Le point devant étant le plus simple, est aussi le premier qu’on enseigne aux enfants. Il se fait en piquant toujours l’aiguille dans l’étoffe 3 ou 4 fils en avant du point qu’on vient de former. Quand le tissu le permet, on relève plusieurs points à la fois sur l’aiguille avant de tirer le brin. Ce point est employé à faire les coutures simples, les fronces, et à assembler des étoffes légères.


fig. 5. Point-arrière.
2e Point-arrière (fig. 5). — Allant de droite à gauche on prend 6 fils du tissu sur l’aiguille, puis on la pique en arrière du point d’où sort le brin, pour la faire ressortir à une distance double, en avant du premier point. Cette couture, ainsi que les coutures piquées, se fait généralement à la machine.

fig. 6. Point piqué.

Point piqué (fig. 6). — On appelle ainsi une file d’arrière-points ne laissant aucun intervalle entre eux : on fait toujours rentrer l’aiguille dans l’orifice de sortie du point précédent et on la retire, à une distance égale, en avant du point suivant.

Ce point doit être exécuté avec une régularité parfaite et on y arrive en comptant les fils du tissu ; on en prend 2 ou 3 selon leur grosseur, pour former un point. Pour la lingerie, on retire un fil du tissu, à l’endroit destiné à être occupé par la couture, si cette couture doit être exécutée à fil droit. Le fil enlevé est remplacé par la série des points. Faut-il suivre une ligne en biais, ou bien encore travailler sur des tissus épais, on prépare la couture au moyen de faufils de couleur tranchant sur la nuance du fond.

fig. 7. Ourlet piqué.

Ourlet piqué (fig. 7). — Le point décrit ci-dessus sert à faire ce genre de couture. On prépare d’abord le rempli, puis on enlève un fil du tissu pour les points, à une distance de 2 ou 3 fils au-dessus du rempli. L’aiguille doit passer par la triple couche d’étoffe. L’endroit de l’ouvrage se trouve du côté où la couture a été exécutée.

fig. 8. Point d’ourlet et ourlet simple.

3e Point d’ourlet et ourlet simple (fig. 8). — Pour faire de beaux ourlets, il faut d’abord préparer l’étoffe à fil droit. Si on travaille des tissus apprêtés comme la toile, le nanzouk ou le calicot, on enlève d’abord l’excédant d’apprêt en frottant le tissu entre les doigts. On fait un premier rempli de 2 mm de largeur tout au plus, sur toute la longueur de la pièce ; puis on revient au point de départ pour faire un second pli de la même largeur. Le bord coupé se trouve alors renfermé entre deux plis de l’étoffe. On ne faufile que les ourlets dépassant la largeur d’un centimètre et on ne donne au rempli que les dimensions strictement nécessaires pour empêcher que le tissu ne s’effile.

Le point d’ourlet se fait en prenant l’étoffe du dessous à la distance d’un fil de l’ourlet, puis en introduisant l’aiguille légèrement en biais dans l’étoffe supérieure et en la faisant sortir deux fils au-dessus du pli. On laissera un intervalle de deux fils entre chacun des points suivants. Ces points devront former une ligne absolument droite. Il y a des personnes qui retirent un fil au second pli d’un ourlet pour arriver plus facilement à le plier droit. Ce procédé toutefois n’est pas à recommander, car l’étoffe, affaiblie déjà par le pliage, s’use encore plus vite lorsqu’on enlève des fils.

Les étoffes de laine ne conservant pas le pli ne peuvent guère être préparées que sur la longueur de 2 ou 3 points de faufil. On emploie aussi le point d’ourlet pour les coutures appelées rouleautés. L’aiguille ne doit pénétrer que dans l’étoffe du dessous et dans le rempli du milieu, sans paraître du côté tourné vers la main gauche.

fig. 9. Couture rabattue.

Couture rabattue (fig. 9). — On réunit deux étoffes, coupées à fil droit ou en biais, on les faufile bord à bord, laissant un peu plus d’un centimètre pour le rempli ; on coud sur la ligne tracée par le faufil avec des arrière-points ou des points piqués. Puis on enlève avec les ciseaux très régulièrement, la moitié du rempli intérieur, on dispose le pli resté le plus large comme pour l’ourlet simple, et on le coud comme celui-ci avec des points d’ourlet. Au fur et à mesure qu’on avance il faut avoir soin d’aplatir avec l’index le dessous de la couture. Cette couture, achevée, sera toute plate. On peut aussi, avant de rabattre l’ourlet, déployer l’étoffe et lisser la couture à l’endroit avec le dé ou à l’aide des ciseaux. C’est un avis donné aux jeunes personnes encore novices dans l’art de coudre.

Couture rabattue ronde. — On prépare la première couture comme il est dit au numéro précédent, puis on coupe le rempli intérieur, jusqu’à la largeur de 4 fils.

Le rempli extérieur, resté dans sa largeur première, est roulé avec le pouce de la main gauche, de manière à renfermer le rempli coupé. Après avoir fixé le brin dans la couture, on fait 4 ou 5 points d’ourlet ; on roule le rempli, puis on fait une nouvelle série de points et ainsi de suite. Cette couture doit former à l’envers un bourrelet très régulier, semblable à une ganse ronde, qui serait fixée sur la première couture.

fig. 10. Renouveler le brin.

Renouveler le brin (fig. 10). — On ne fait point de nœuds au fil pour les coutures de lingerie. Pour l’ourlet on fait entrer les deux extrémités du brin sous le rempli. Quand on renouvelle le brin dans les coutures à arrière-points ou à points piqués, on réunit la fin et le commencement de l’aiguillée suivante, on les couche de droite à gauche, puis, en les maintenant du pouce, on fait les points par dessus les deux bouts, de manière à les faire serpenter entre les points.

fig. 11. Point de surjet.

4e Point de surjet (fig. 11). — Le surjet s’emploie pour réunir deux lisières. Comme il arrive assez facilement que l’une ou l’autre lisière soit trop peu soutenue, il est prudent, avant de commencer le point, de les fixer par un faufil ou par des épingles, placées à petite distance les unes des autres.

Pour faire un surjet, on pique l’aiguille de droite à gauche, sous le premier fil des deux lisières. Le point suivant se fait à une distance de deux fils de tissu.

Il ne faut pas trop tirer le brin, afin que les points aient un peu de jeu. Lorsque le surjet est terminé on l’aplatit à l’envers avec le dé ; les deux lisières doivent se toucher sans cependant chevaucher, c’est-à-dire sans reposer l’une sur l’autre.

fig. 12. Surjet de confection.

Surjet de confection (fig. 12). — Pour les confections et le rapiècetage on fait aussi le surjet en piquant l’aiguille de gauche à droite.

Il est recommandé de le bâtir, comme le premier, et de ne tenir l’étoffe que du pouce et de l’index, pour éviter de soutenir l’un ou l’autre côté.

fig. 13. Surjet antique.

Surjet antique (fig. 13 et 14). — Après avoir préparé les lisières comme pour les surjets présents, on introduit, de dessous, l’aiguille avec le brin, d’abord à gauche, sous deux fils de la lisière, puis on revient à droite pour faire le même point, on retourne à gauche et ainsi de suite, ne laissant toujours qu’un intervalle de deux fils du tissu entre les points. De cette façon les fils s’entrecroisent entre les deux lisières et le surjet reste plat dès le principe.

fig. 14. Surjet antique.

Ce genre de couture se pratiquait autrefois partout où le tissu n’était pas d’une largeur suffisante pour l’emploi auquel on le destinait, et qu’on voulait dissimuler l’assemblage des lés.

Pour assembler la toile pour draps de lit, on fait une couture analogue (fig. 14) pour laquelle on oblique un peu les points.

fig. 15. Couture double ou couture française.

Couture double ou couture française (fig. 15). — On réunit souvent les étoffes, qui s’effilent aisément, par une couture double. On pose les deux tissus bord à bord, à l’endroit l’un sur l’autre ; puis on fait une couture à points devant à quelques millimètres des lisières. Cette première couture faite, on retourne l’ouvrage, on le replie exactement sur la première couture en cachant ainsi les bords. Puis on fait une seconde couture de points devant au-dessous de la première, en ayant soin de ne laisser paraître nulle part les fils du bord coupé.

Cette couture est généralement employée pour les confections en tissus légers, que l’on ne pourrait border d’une autre manière.

Couture double ourlée (fig. 16 et 17). — On fait d’abord un rempli sur les deux bords, puis on les pose l’un sur l’autre, de façon à ce que la partie placée du côté de l’index dépasse un peu la seconde partie, voisine du pouce (fig. 16). Au lieu de faire entrer l’aiguille de bas en haut, on l’introduit d’abord dans celle des deux étoffes qui dépasse l’autre et on la fait descendre, en obliquant un peu, dans la seconde. Cette couture sert à fixer la doublure des confections.

La fig. 17 explique une autre couture double, pour laquelle on assemble deux étoffes dans le même sens ; on fait un rempli comme pour l’ourlet simple, et on le coud comme celui-ci, avec cette différence qu’il faut faire passer l’aiguille par six épaisseurs d’étoffe.

fig. 18. Fronces simples.

Fronces simples (fig. 18). — On fait des fronces pour toute espèce de lingerie et de confection. Elles sont une suite de points devant, très réguliers et exécutés en ligne droite. On prend toujours 3 ou 4 fils du tissu sur l’aiguille et on en laisse autant dessous, mais au lieu de tendre l’étoffe de la main gauche, on la pousse sur l’aiguille, ce qui produit les fronces. On ne retire l’aiguille qu’après avoir fait 5 ou 6 fronces.

Régularisation des fronces (fig. 19). — Arrivé au bout de la partie qui doit être froncée, on lâche le brin qui a servi à froncer ; on prend une aiguille de grosseur moyenne et on la fait passer verticalement entre chaque pli, pour les fixer. En régularisant les fronces on les fait passer sous le pouce qui les retient.

fig. 19. Régularisation des fronces.
Les autres doigts restent au-dessous de la partie à froncer et la soutiennent.
fig. 20. Second tour des fronces.

Second tour des fronces (fig. 20). — La régularisation des fronces une fois terminée, on fait passer un second fil à 5 ou 10 mm de distance du premier, selon la nature du tissu et celle de l’objet. Ce fil a pour but de relever les plis préparés.

fig. 21. Montage des fronces.

Montage des fronces (fig. 21). — Pour monter une passe ou un poignet, on fait glisser les fronces sous la bande jusqu’à la moitié de l’espace compris entre les deux fils. Puis on coud chaque pli séparément avec un point d’ourlet en ne faisant passer l’aiguille que dans les fils supérieurs des petits plis. Avant de coudre les fronces, il faut les répartir très régulièrement sur toute la longueur qu’elles doivent occuper.

fig. 22. Point roulé.

Point roulé (fig. 22). — On emploie souvent des ourlets roulés en place d’ourlets simples lorsqu’on travaille des tissus très légers. On roule peu à peu les bords du tissu entre le puce et l’index, on fait monter ce rouleau de suite sur l’aiguille qui, sortant derrière le rouleau, revient après chaque point pour rentrer dans l’étoffe devant le rouleau. Comme dans le point coulé, on ne retire le brin qu’après avoir fait plusieurs points.

L’étoffe, toujours un peu poussée sur l’aiguille par la main gauche, se fronce tout naturellement.

fig. 23. Ourlet à festons.

Ourlet à festons (fig. 23). — Pour pouvoir utiliser l’ourlet comme garniture ou ornement d’un ouvrage, on replie le bord dans la largeur de 2 cm du côté de l’envers. Puis on fait des points devant en montant et en descendant, tel que le montre la figure. Les petits festons se forment d’eux-mêmes lorsqu’on tend le fil, surtout dans la percale et la batiste.

fig. 24. Second tour des fronces.

Attache d’une ganse ronde (fig. 24). — Pour attacher les ganses rondes on prend du fil très fort. On ne doit jamais tendre les ganses ; il faut au contraire les soutenir un peu, parce qu’elles rentrent toujours au premier blanchissage. Elles doivent être fixées très solidement au bas des ourlets et ne pas être tordues pendant la couture, chose facile à éviter, si l’on s’applique à faire couler en ligne droite la tresse formée par les fils de la ganse. On se sert du point d’ourlet pour fixer la ganse à l’étoffe.

fig. 25. Attache des galons.

Attache des galons (fig. 25). — On les attache sur l’endroit de l’objet, à 2 mm du bord, au moyen d’arrière-points exécutés tout près de la lisière du galon. Puis on rabat le galon à moitié sur l’envers de l’ouvrage et on le coud avec des points d’ourlet.

Les galons devront être soutenus à la première couture, pour leur permettre de rentrer dans la lessive sans faire froncer l’objet qu’ils garnissent.

Pour terminer plus vite un ouvrage, on fait souvent la première couture à la machine, ou bien on plie le galon à moitié de sa largeur pour y faire entrer l’étoffe qui est à border, et on le fixe par une seule couture mécanique.

Le travail manuel est toujours préférable, car les doigts peuvent mieux diriger et soutenir peu à peu le galon.

Attache des rubans au gros linge (fig. 26, 27). — Les rubans d’attache pour gros linge de maison sont ordinairement fixés au coin de la pièce. On prend les deux bouts d’un ruban, long de 15 à 16 cm, on fait un repli aux deux bouts, on les pose l’un à côté de l’autre, de telle sorte que la boucle pliée forme un triangle. Puis on coud les deux bouts à l’envers de la pièce sans laisser d’espace entre eux, sur trois côtés, avec de petits points d’ourlets ; le quatrième côté, touchant l’ourlet, sera fixé par des points piqués. On fait quelques points croisés, à la rencontre des deux galons.

On peut encore prendre sur le bord le milieu de la pièce, y appliquer le milieu d’un ruban, long de 10 cm, et fixer séparément chaque bout de ruban, comme il est dit plus haut.

fig. 28. Attache des rubans à la lingerie fine.

Attache des rubans à la lingerie fine (fig. 28). — Pour la lingerie fine on faufile le ruban à l’envers de la pièce ; puis on fait à l’endroit une croix de points piqués et des points d’ourlet pour en fixer les bords.

On peut aussi remplacer les points d’ourlet par des points piqués.

Point de boutonnière et boutonnière pour lingerie (fig. 29). — Pour pouvoir faire une boutonnière il faut faire une entaille dans l’étoffe, en rapport avec la grandeur du bouton qui doit y passer. Avant de couper dans l’étoffe, on fait deux rangs de points devant, en sens contraire, sur la longueur que doit occuper la boutonnière. On laissera 2 ou 3 fils d’intervalle entre les rangs de points, l’entaille se fait sur cette ligne.

On travaille de gauche à droite et l’on pique l’aiguille de façon que le chas soit dirigé vers la fente, tandis que la pointe se trouve en-dessous de la boutonnière. On passe le fil de gauche à droite sous la pointe de l’aiguille, que l’on retire ensuite vers le côté opposé de la boutonnière. Le point doit être serré aussi près que possible contre le bord de la fente.

fig. 29. Point de boutonnière et boutonnière pour lingerie.

Lorsque le premier côté est terminé, on fait à l’extrémité de la fente une petite barre ou bride transversale, pour laquelle on jette 3 ou 4 fils sur la largeur de la boutonnière, on recouvre ces fils de points de boutonnière. Le second bord de la fente s’achève comme le premier. Une bride à l’autre extrémité achève la boutonnière.

fig. 30. Boutonnière pour confection.

Boutonnière pour confection (fig. 30). — On prépare la boutonnière pour confection comme la boutonnière de lingerie ; lorsqu’on la fait dans un tissu qui s’effile facilement on arrête les fils, sitôt la fente pratiquée, au moyen d’une dissolution de gomme arabique.

On ne fait qu’une seule barre transversale à l’extrémité de la boutonnière. On continue les points du côté où vient reposer le bouton, on les serre très près et en demi-cercle. Il est même avantageux de faire suivre sous les points un gros fil de soie ou une ganse très fine, que l’on tend un peu, une fois la boutonnière achevée. Cette ganse donne plus de solidité aux boutonnières et empêche les points de se détendre.

Attache des boutons (fig. 31, 32). — Pour fixer un bouton en toile, on fait quelques points à la place qu’il doit occuper, puis on pique l’aiguille de bas en haut au travers du bouton. De ce point central on fait rayonner à distance très régulière une série de points.

Pour d’autres boutons en fil on fait au milieu un petit cercle d’arrière-points, on passe le brin entre l’étoffe et le bouton, on le tourne plusieurs fois autour des points, puis on l’arrête dans le cercle formé par les arrière-points.

Bordage des fentes (fig. 33, 34, 35, 36). — Aucune partie des objets de lingerie n’est susceptible de se déchirer aussi rapidement que les fentes, qu’elles soient ourlées ou bordées. Pour obvier à cet inconvénient on fait à l’extrémité de la fente un demi-cercle de points de boutonnière et une bride qui en relie les deux côtés (fig. 33).

La fig. 34 représente une fente bordée d’un biais étroit, la fig. 35 une fente bordée d’une large bande à fil droit.

Lorsque deux lisières se trouvent former la fente, il est superflu de les border, mais on prend un petit carré d’étoffe, on replie les bords coupés et on coud deux côtés du morceau avec des points de surjet à la lisière fig. 36 ; puis on fait le même repli sur les deux autres côtés, que l’on coud exactement sur les premières coutures, avec des points d’ourlet.

fig. 37. Passepoil.

Passepoil (fig. 37). — On appelle ainsi des bandes larges de 2 à 3 cm coupées en biais, qu’on assemble par les petits côtés au moyen de points glissés. On pose une ganse sur la bande, on replie l’étoffe sur une largeur de 5 cm et on la fixe par un faufil très serré. Puis on bâtit la bande en tournant la ganse vers soi, les bords coupés vers le dehors, après quoi on fait des arrière-points tout près du premier faufil.

On tourne ensuite l’ouvrage et on rabat la bande sur l’envers, on y fait un rempli comme pour l’ourlet et on la fixe avec points d’ourlet.

fig. 38. Attache des baleines.

Attache des baleines (fig. 38). — Avant de faire entrer la baleine dans le fourreau d’étoffe destiné à la recevoir, on perce dans la baleine des trous aux points où l’aiguille doit passer, avec un poinçon chauffé à blanc. C’est de ces trous que partent en forme de rayons ou de croix les points destinés à fixer la baleine. La figure montre les deux manières. On emploie avec avantage pour ce travail les gros numéros de Fil d’Alsace D.M.C et de Fil à dentelle D.M.C.

fig. 39. Point croisé.

Point croisé (fig. 39). — Pour empêcher certains tissus de s’effiler et pour la netteté des coutures qui ont un bord coupé, on les recouvre d’un surjet très espacé ou de points croisés. Ces points se font de gauche à droite, donc à reculons. L’aiguille entre de droite à gauche dans la partie repliée, relève quelques fils du tissu, puis descend sur la partie à laquelle le bord doit être fixé. On laisse un demi-centimètre d’espace entre les points et on relève de nouveau quelques fils, en dirigeant toujours l’aiguille de droite à gauche. Le même point est souvent employé aussi pour ornement d’ouvrages de fantaisie ; dans ce cas on peut le faire avec un brin de couleur tranchant sur le fond.


  1. a, b, c et d Voir, à la fin de ce volume, les tableaux des grosseurs et des couleurs des articles de Coton, Soie, Laine, Lin et Ramie portant la marque D.M.C.