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EQUITATION

Figures

Panckoucke (1p. 1-290).

ABA AID


ABANDONNER un cheval, c’est le faire courir de toute sa vitesse, sans lui tenir la bride. Abandonner les étriers, c’est ôter ses pieds de dedans. S’abandonner, ou abandonner son cheval après quelqu’un, c’est le poursuivre à course de cheval.

ABATTRE un cheval, c’est le faire tomber sur le côté, par le moyen de certains cordages appelles entraves & lacs. On l’abat ordinairement pour lui faire quelques opérations de chirurgie, ou même pour le ferrer quand il est trop difficile. Abattre l’eau, c’est essuyer le corps d’un cheval qui vient de sortir de l’eau, ou qui est en sueur, ce qui se fait par le moyen de la main ou du couteau de chaleur. S’abattre se dit plus communément des chevaux de tirage, lorsqu’ils tombent en tirant une voiture. On dit aussi d’un cheval qui bronche, ou qui tombe, qu’il est sujet à s’abattre.

ACADÉMIE. Manège ou bâtiment destiné principalement à apprendre aux jeunes gens l’art de monter à cheval. On y reçoit des pensionnaires & des externes. Les pensionnaires y logent, & apprennent à danser, à voltiger, les mathématiques, à faire des armes, &c. & les externes n’y viennent que pour apprendre à monter à cheval. [Suivant le duc de Newkastle, la première Académie fut établie à Naples, par Frédéric Grifon, lequel, ajoute-t-il, a écrit le premier sur ce sujet en vrai cavalier & en grand maître. Henri VIII, continue le même auteur, fit venir en Angleterre deux Italiens, disciples de ce Grifon, qui en formèrent en peu de temps beaucoup d’autres. Le plus grand maître que l’Italie ait produit en ce genre a été Pignatelli de Naples. La Broue apprit sous lui, pendant cinq ans, Pluvinel neuf, & Saint-Antoine un plus longtemps. Ces trois François rendirent les écuyers communs en France. Jusqu’à eux, on n’y en avoit vu que d’Italiens. (V.).].

ACADÉMISTE. (Homm. Exerc.). Pensionnaire ou externe qui suit les exercices d’une académie. On trouve dans l’ordonnance de Louis XIV, du 3 mai 1654, un article relatif aux Académistes.

« Défendons aux gentilshommes des académies de chasser, ou faire chasser, avec fusils, arquebuses, halliers, filets, collets, poches, tonnelles, traîneaux, ni autres engins de chasse ; mener ni faire mener chiens courants, lévriers, épagneuls, barbets & oiseaux ; enjoignant aux écuyers desdites académies d’y tenir la main, à peine d’en répondre en leur propre & privé nom, sur peine de trois cents livres d’amende, confiscation d’armes, chevaux, chiens, oiseaux, & engins à chasser ».

ACCOUROIR la bride dans sa main, c’est une action du cavalier, qui, après avoir tiré vers lui les rênes de la bride, en les prenant par le


bout où est le bouton avec sa main droite, les reprend ensuite avec sa main gauche, qu’il ouvre un peu, pour laisser couler les rênes pendant qu’il les tire à lui.

ACCOUTUMER un cheval, c’est le stiler quelque exercice, ou à quelque bruit, afin qu’il n’en ait pas peur.

ACCULER se dit lorsque le cheval qui manie sur les voltes, ne va pas assez en avant à chacun de ses temps & de ses mouvements ; ce qui fait que ses épaules n’embrassent pas assez de terrein, & que sa croupe s’approche trop près du centre de la volte. Cheval acculé. Votre cheval s’accule & s’entable tout à la fois. Les chevaux ont naturellement de l’inclination à s’acculer en faisant des demi-voltes. Quand les Italiens travaillent les chevaux au repolon, ils affectent de les acculer. Acculer a un autre sens vulgaire, & signifie un cheval qui se jette & s’abandonne sur la croupe en désordre lorsqu’on l’arrête, ou qu’on le tire en arrière.

ACHEMINER un cheval, c’est l’accoutumer à marcher droit devant lui. Un cheval acheminé est celui qui a des dispositions à être dressé, qui connoît la bride & répond aux éperons, qui est dégourdi & rompu.

ACHEVÉ. Un cheval achevé est celui qui est bien dressé, qui ne manque point à faire un certain manège, qui est confirmé dans un air ou un manège particulier. Cheval commencé, acheminé & achevé, voilà les termes dont on se sert pour marquer les différentes dispositions, &, pour ainsi dire, les différentes classes d’un cheval qui a de l’école.

ACTION signifie, à l’égard du cheval, un mouvement vif. On dit donc une belle ou une mauvaise action du cheval. On dit d’un cheval qui a de l’ardeur, & qui remue perpétuellement, qu’il est toujours en action. Cheval toujours en action. Bouche toujours en action, se dit du cheval qui mâche son mords, qui jette beaucoup d’écume, & a la bouche toujours fraîche. C’est un indice de beaucoup de vigueur & de feu. Newkastle dit aussi les actions des jambes.

ADROIT se dit d’un cheval qui choisit bien l’endroit où il met son pied en marchant dans un terrein raboteux ou difficile. Il y a des chevaux très mal-adroits, & qui font souvent des faux pas, dans ces occasions, quoiqu’ils ayent la jambe fort bonne.

AFFERMIR la bouche d’un cheval, ou l’afermir dans la main & sur les hanches, c’est continuer les leçons qu’on lui a données, pour qu’il s’accoutume à l’effet de la bride, & à avoir les hanches basses. Voyez Assurer.

AIDES (les) sont des secours & des soutients que le cavalier tire des effets modérés de la bride, de l’éperon, du poinçon, du caveçon, de la gaule, du son de la voix, du mouvement des jambes, des cuisses & du talon, pour faire manier un cheval comme il lui plaît. On se sert des aides pour prévenir les châtiments qu’il faut, dans les occasions, employer pour dresser un cheval. Il y a aussi les aides secrettes du corps du cavalier ; elles doivent être fort douces. Ainsi on dit : ce cheval connoit les aides, obéit, répond aux aides, prend les aides avec beaucoup de facilité & de vigueur. On dit aussi : ce cavalier donne les aides extrêmement fines, pour exprimer qu’il manie le cheval à propos, & lui fait marquer avec justesse ses temps & ses mouvements. Si un cheval n’obéit pas aux aides du gras des jambes, on fait venir l’éperon au secours, en pinçant de l’un ou des deux. Si l’on ne se sert pas avec discrétion des aides du caveçon, elles deviennent un châtiment qui rebute peu à peu le cheval fauteur qui va haut & juste en ses sauts & sans aucune aide. Un cheval qui a les aides bien fines, se brouille ; on l’empêche de bien manier, si peu qu'on serre trop les cuisses, ou qu’on laisse échapper les jambes. Aides du dedans, aides du dehors ; façons de parler relatives au côté sur lequel le cheval manie sur les voltes, ou travail le long d’une muraille ou d’une haie. Les aides dont on se sert pour faire aller un cheval par airs, & celles dont on se sert pour le faire aller sur le terrein, sont fort différentes. Il y a trois aides différentes qui se font ayant les rênes du dedans du caveçon à la main. La première est de mettre l’épaule de dehors du cheval en dedans. La seconde est de lui mettre aussi l’épaule de dedans en dedans ; & la troisième est de lui arrêter les épaules.

DE L’USAGE DES AIDES. (La Guériniére).

Les cinq sens de la nature, dont touts les animaux sont doués aussi-bien que l’homme, il y en a trois sur lesquels il faut travailler un cheval pour le dresser ; ce font la vue, l’ouie, & le toucher.

On dresse un cheval sur le fens de la vue, lorsqu’on lui apprend à approcher des objets qui peuvent lui faire ombrage ; car il n’y a point d’animal susceptible d’impression des objets qu’il n’a point encore vus, que le cheval.

On le dresse sur le sens de l’ouie, lorsqu’on l’accoutume au bruit des armes, des tambours, & des autres rumeurs guerrières ; lorsqu’on le rend attentif & obéissant à l’appel de la langue, au siflement de la gaule, & quelquefois au son doux de la voix, qu’un cavalier employé pour les caresses, ou à un ton plus rude, dont on se sert pour les menaces.

Mais le sens du toucher est le plus nécessaire, parce que c’est par celui-là qu’on apprend à un cheval à obéir au moindre mouvement de la main & des jambes, en lui donnant de la sensibilité


à la bouche & aux côtés, si ces parties en manquent ; ou en leur conservant cette bonne qualité si elles l'ont dèjà. On employe pour cela les aides & les châtiments ; les aides pour prévenir les fautes que le cheval peut faire ; les châtiments pour le punir dans le temps qu’il fait une faute ; & comme les chevaux n'obéissent que par la crainte du châtiment, les aides ne sont autre chose qu’un avertissement qu’on donne au cheval qu’il fera châtié s'il ne répond à leur mouvement.

DES AIDES.

Les aides consistent dans les différents mouvements de la main de la bride ; dans l’appel de la langue ; dans le sifflement & le toucher de la gaule ; dans le mouvement des cuisses, des jarrets, & des gras de jambes ; dans le pincer délicat de l’éperon, & enfin dans la manière de peser sur les étriers.

Nous avons expliqué dans le chapitre précédent les différents mouvements de la main, de la bride & leurs effets ; ainsi nous passons aux autres aides.

L’appel de la langue est un son qui se forme en recourbant le bout de la langue vers le palais, & en la retirant ensuite tout-à-coup, en ouvrant un peu la bouche. Cette aide sert à réveiller un cheval, à le tenir gai en maniant, & à le rendre attentif aux aides ou aux châtiments qui suivent cette action, s’il n’y répond pas. Mais on doit se servir rarement de cette aide, car il n’y a rien de si choquant que d’entendre un cavalier appeller continuellement de la langue ; cela ne fait plus alors d’impression sur l’ouie, qui est le sens sur lequel elle doit agir. Il ne faut pas non plus appeller trop fort : ce son ne doit, pour ainsi-dire, être entendu que du cheval. Il est bon de remarquer en passant qu’il ne faut jamais appeiler de la langue lorsqu’on est à pied, & que quelqu’un passe à cheval devant nous : c’est une impolitesse qui choque le cavalier ; cela n’est permis que dans une seule occasion, qui est, lorsqu’on fait monter un cheval pour le vendre.

Quoique la gaule soit plus pour la grâce que pour la nécessité, on ne laisse pas de s’en servir quelquefois utilement. On la tient haute dans la main droite, pour acquérir une manière libre de se servir de son épée.

La gaule est en même-temps aide & châtiment. Elle est aide lorsqu’on la fait siffler dans la main, le bras haut & libre pour animer un cheval ; lorsqu’on le touche légèrement avec la pointe de la gaule sur l'épaule de dehors pour le relever ; lorsqu’on tient la gaule sous main, c’est-à-dire, croisée par-dessous le bras droit, la pointe au-dessus de la croupe, pour être à portée d’animer & de donner du jeu à cette partie ; & enfin lorsqu’un homme à pied touche de la gaule devant, c’est-à-dire, sur le poitrail pour faire lever le devant ; ou sur les genoux, pour lui faire plier les bas. La gaule n^eft pasjpropre pour les chevaux de guerre , qui doivent obéir de la main à la main ; & en avant pour les jambes , à caufe de Tépée qui doit être à la place de lagaule dans la main droite , qu*on appelle auffi pour cela la main de l’épée. Dans un manège , on doit tenir la gaule toujours oppofée au côté où l’on fait aller le che* val y parce qu’on ne doit s’en fervir que pour animer les parties de dehors.

U y a dans les jambes du cavalier cinq aides j c*eft-à-dire , cinq mouvements : celui des cuifles , celui des jarrets» celui des gras de jambes, celui du pincer délicat de Téperon , & celui que l’on fait en pcfant fur les étriers.

Vaidc des cuifEes & des jarrets îe (ait en ferrant les deux cuiffes , ou les deux jarrets , pour chafTer un cheval en avant » ou en ferrant feulement la cuifle ou le jarret de dehors , pour le prefler fur le talon de dedans » ou en ferrant celui de dedans » pour le foutenir , s’il fe prefle trop en dedans. Il faut remarquer que les chevaux qui font chatouil-* Iqux , & qui retiennent leurs forces par malice , fe déterminent plus volontiers pour des jarrets vigoureux , que pour les éperons , & ordinairement ils fe retiennent quelque temps à Téperon avant que de partir.

L’aide des gras de jambes , qui fe fait en les apf )rochant délicatement du ventre » eft pour avertir e cheval qui n*a point répondu à Vaide des jarrets çue réperon n’e(t pas loin , s’il n’eft point fenfible a leur mouvement. Cette aide eft encore une des plus gracieufes & des plus utiles dont un cavalier > puifiè fe fervir, pour rafFembler un cheval drefTé , & par conféquent fenfible , lorfqu’il rallentit l’air de fon manège.

Vaide du pincer délicat de Téperon fe fait en l’approchant fubtilemcnt près du poil du ventre , fans appuyer ni pénétrer jufqu’au cuir : c’eft un avis encore plus fort c^ue celui des cuiffes , des jarrets & des gras de jambes. Si le cheval ne répond pas à toutes ces aides , on lui appuie vigoureafement les éperons dans le ventre , pour le châtier de fon indocilité.

Enfin Vaide de pefer fur les étriers eft la plus douce de toutes les aides. Les jambes alors lervent de contre-poids pour redrefler les hanches , & pour tenir le cheval droit dans la balance des talons. Cette aide fuppofe dans un cheval beaucoup d’obéiffance & de fenfibilité ; puifque, par la feule preiBon qu’on fait en appuyant fur un étrier plus que fur Vautre , on détermine un cheval à obéir à ce mouvement > ce qui fe fait en pefant fur Vétrier de dehors, pour prefFer & faire aller de c6té un cheval en dedans ; en pefant fur celui âc dedans , pour foutenir 8c retenir un cheval qui fe prefle trop en dedans ; on bien en pefant également fur les deux étriers, pour l’avertir de mligenter fa cadtoce , lorfqu’il fe retient plus qu’il «e doit.

il W faut pas croire que cette grande fenfib^t^ AID j

de bouche & de côtés puiffe fé conferver longtemps dans les chevaux , lorfqu*ils font abandonnes à l’école : les différentes mains qui les mènent leur font bientôt perdre .cette finefle & cette juftefle qui font tout le mérite d’un cheval bien dreflc ; le fentiment fi délicat du toucher s’èmoufle avec le temps. Mais,, s’ils ont été dreffés fur des principes lolides , lorfqu’un homme de cheval vient à les rechercher , il fait bientôt revivre ce qu’une ; fauffe pratique avoit amorti.

DES AIDES. (DeBohan.).

On appelle aides les avertiflements dont fe fcrt Je cavalier pour faire connoître fes volontés a«  cheval.

■ L’infuffifance de l’art dans fon origine les avoit multipliées à ilnfini« 

Le cheval dreffé, comme je le ferai voir pat la fuite , n’en doit connoître que deux, fçavoir, la main & les jambes de fon cavalier ; ce font le«  feules dont il fera queftion dans cette première partie ; car le cavalier, que je fuppofe inftruine , ne fera de longtemps dans le cas de fe fervir des autres aides auxquelles nous avons recours pour^ dreffer le cheval , & qui trouveront leur place^ dans la féconde partie : il fuffit feulement de lui expliquer ici les moyens qu’il doit employer pour former , fi je pub m’exprimer ainfi , fes demandes à l’animal , & le forcer à y répondre par le châtiment qui doit fuivre le refus aux aides. On a toujours regardé le corps , les cuiflcs & les jarrets comme des aides y je nie qu’ils puiffent en être , puifque , d’après la pofture que j’ai dé-^ crite , ces parties doivent être fans force. J’ai démontré à l’article du corps , la faufleté des aides qui en proviennent , j’en démontrerai par la fuite l’inutiUté.

J'ai fait voir le danger de ferrei>les cuiffes 8c les jarrets , & au contraire , j’ai démontré la néceflité d’avoir ces parties lâchées , afin d’en ofa-» tenir la pefanteur. Je crois ces raifons fuffifantes pour ne recoiinoitre aucune efpèce d’aides pro* venant du corps , des cuifles , ni des jarrets. Les feules aida bonnes & véritables font les ïambes & la bride.

Je dis que les aides des jambes font bonnes ; puifque les jambes étant une partie mobile > elles peuvent travailler fans déranger l’équilibre , pourvu qu’elles n’employent aucune force dans leurs opérations : je regarde auffi la bride comme une aide^ puifqu’eMe fert fouvent à avertir le cheval fens le punir ni le forcer.

C’eft par l’attouchement des jambes au ventr^ du cheval qu’elles deviennent aides , fuivant I4 pofttion que nous avons donnée aux jambes ; étant lâchées elles fe trouvent tomber entre l’épaule & le ventre du cheval , & même les pr^ miers points de la jambe , c’eft-à»dire, immédij^ tement au-deflbus du jarret , touchent Fanimal y cent portion leur eft trèi favprable , en ce qu’eU(| 44 font prêtes à ^glr fans à coup, & à portée Jopirer (ur Tobjet qu elles doivent oiouvoir, qui eft le centre de gravité du cheval.

Four fe l’ervir des jambes, il faut que les plis des genoux foient fort liants, afin de pouvoir les approcher par degrés ôc non à coup ; fans ce moelleux, les effets font comme les caufes, le cheval répond par des à coups ; il eft furpris y étonné ; fes mouvements font’irréguUers. Suppofons quune jambe foit divifée en trois parties ^ que nous nommerons degrés *, le premier degré partira de la jointure du genou, jufqu^au milieu à— peu-près du gras de jambe ; le fécond degré partira du milieu du gras de jambe jufqu’au ta ! on ; le troifième^egré comprendra feulement le talon : il fervira de châtiment ; mais il ne doit itrè employé qu’à fon tour, c’eft— à-dire, lorlque les deux premiers degrés n’auront pas produit un effet (uffifant.

Nous diviferons encore le premier & le fécond degré en trois points ; cette divifion bien entendue, on fe fervira des jambes de la manière qui fuit : Lorfqu*on voudra les faire opérer, on commencera en pliant le genou avec une flexion moëU leufe, pour faire porter le premier point du premier deg ; ré, & fi cette aidt fait obéir le cheval, en s*en tiendra là ; lorfque le premier point du premier degré ne fera pas affez d’effet, on employera le fécond point, & fi cette augmentation c’aidc ne fiifiit pas, on employera le troifième point, ce qui formera la première partie de U ’]ambe, ou le premier degré.

Lorfque le premier degré aura fait fon effet, & qu’en continuant de le faire agir il augmentera trop l’aâion du cheval j on fe retirera au>fecond point du premier degré ; & fi la continuité du fécond point fait trop d’effet, on fe retitera au premier, qui eft la pofition que la jambe doit prendre naturellement & par fon propre poids. Lorfque j pour entretenir fon cheval dans l’allure qu*on lui aura donnée, on aura befoin de n’employer que le premier point du premier degré, il feroît mal d’employer le fécond, puifqu’il fait trop d’effet.

Lorfque le premier degré ne fuffira pas pour faire obéir un cheval, on employera le premier 1)oint du fécond degré, & de fuite le fécond & e troifième, fuivant le cas.

Lorfqu’enfin les deux premiers degrés ne fuffiront pas, on employera le troifième degré, qui efl le talon armé d’un éperon.

Les éperons fervent à châtier le cheval qui n’a pas répondu aux deux premiers degrés, doat il a dû fentir touts les points avant.

Lorfqu’il n*y a pas obéi, on doit, ayant les jambes fermées, tourner un tant foit peu la pointe des pieds erf dehors, fans ouvrir les genoux, le* lui faire fentli vigoureufement derrière les fangles, Ce les y laîfler affez longtemps pour qu’il les fente biea » oui » pas aiTezpour Ty faire défendre ; A I D

&, lorfqu’îls ont produit l’effet qu’on en attetfr doit, les jambes doivent fe retirer dans la pro- «  greflion inverfe de celle qu’on a fuivi pour les fermer. Quoique, dans l’article précédent, nous n’ayons parlé que d’une feule jambe, il elî ienfé que la même divifion efl pour les deux. Nous indiquerons, en parlant, de la manière de menei les chevaux, les occafions où elles doivent ùavaillcr, &. opérer inégalement ou enlemble. Il faut le garder de laiiler prendre des éperons à un commençant, dont les cuiffes 6c les jambes fe fecouent à chaque temps de trot,. parce qu’il n’a pas encore acquis de fermeté dans fon affiette ; car alors, non-ieulement les coups d’éperons qu’il donneroit au cheval feroient très dangereux, mais s’il vouloit fe contramdre 6c les évi-. ter, il fe roidiroit (k porteroit les jambes en avant. Il faut ^uifi avoir attention, en fermant les jambes, c’efl-à-dire, en pliant les genoux, que les mufcles ne fe roidiffent point, 6l qu’on ea fente toujours la pelanteur par touts les points où elles pallent. Comme, en fermant les jambes,. ce n’efl qu’un avertifl’ement que vous donnez au cheval, il ne faut pas chercher à les ferrer ^ pourvu qu’elles effleurent le ventre, cela fufHt. Quant à la brid<$, je la regarde aulli comme une aide ; la main gauche ef^ deflinée a la tenir » afin de laiffer la main droite libre pour tout autre ufage, tel que de combattre.

C’efl pourquoi il faut que le cavalier fâche, de cette main feule, faire exécuter à fon cheval toute efpèce de mouvement dont la biide efl fufceptible. La pofition de la main la plus commode pour le cavalier, & pour la jufleflè des opérations de la bride, eft généralement à fix pouces du corps » & élevée à quatre au-deffus de lencolure ; la main doit être plus baffe que le coude, le poi- «  gnet arrondi de façon que les nœuds des doigts foient direâement au — deifus de l’encolure, les ongles vis-à-vis le corps, & que le petit doigt en foit plus près que les autres, le pouce fur le plat des rênes, qui doivent être féparées par. le petit doigt, la rené droite paffant par — defTus s voilà la pofition que doit avoir la main gauche & celle où il efl le plus aifé de fentir les deux rênes avec égalité, c’cfl celle que doit prendre un homme qui monte un cheval drefl’é. ( Lorf^ qu’on monte en particulier un cheval neuf, au «  quel on apprend à connoitre les rênes, ou un cheval qui fe défend, je n’afTujettirai jamais à une poflure fixe, étant permis à celui qui efl en état de le monter de prend*-e des licences, & une pofition de mains où il lui foit plus facile d’opérer). La main placée comme je viens de le dire, le cavalier doit fentir la bouche de fon cheval, c efl-* à-dire, fentir l’appui du mors fur les barres, fans pour cela que le mors fafTe un effet qui contraigne l’animal ; c efl feulement pour établir un femiment continuel entre la main de l’hoomie & la bouche d «  cheval. J’ai dît dans ma définition des aides, qu’on appelloit de ce nom tout ce qui avertissoit le cheval des intentions du cavalier ; &, effectivement, quand vous faites agir légèrement une rêne, la rêne droite, je suppose, pour redresser le cheval de ce côté, ce n’est qu’un avertissement d’aller à droite, & ces avertissements sont suffisants sur le cheval bien mis ; mais s’il s’y refuse, pour lors, augmentant la force de votre rêne droite, vous lui faites sentir une douleur sur la barre du même côté, qui l’oblige à répondre à ce que vous lui demandez ; c’est ainsi que l’on tait de la bride une aide, ou un châtiment, suivant la force que l’on y employe.

La main de la bride placée, voyons la façon dont elle doit travailler : comme je suppose toujours que, quand on prend la bride dans la main gauche, avec la position que je viens de décrire, on travaille un cheval dressé, les mouvements de main doivent être très légers ; mais, quelque petit que loit le mouvement de la main, le bras doit s’en ressentir & agir en proportion, ceux qui veulent ne travailler que de l’avant bras sont toujours gênés dans leurs mouvements. Il faut, pour travailler avec liberté, que le bras prenne son point d’appui à l’épaule, sans lui communiquer aucune force.

Lorsqu’on a besoin d’arrêter ou diminuer le train de son cheval, les deux rênes doivent opérer également, & les poignet travailler, non de bas en haut, ni horizontalement, c’est-à-dire, droit au corps, mais bien dans la direction de la diagonale du quarré formé par la ligne horizontale & la perpendiculaire. (Fig. 18.).

La force supposée au point B ne doit point agir suivant la direction B A ou B C, mais suivant B F. Si le cheval a besoin d’être ramené, la main doit se rapprocher de B C : si, au contraire, il s’encapuchonne, la main doit se rapprocher de B A. Voyez Manège, art. Embouchure. Touts les temps d’arrêter doivent se faire par gradation, & l’on doit les proportionner à la sensibilité du cheval, mais en augmenter la force jusqu’à la douleur de la barre, pour en faire un châtiment s’il refusoit l’obéissance. Ce moëlleux est très essentiel à observer ; ce n’est jamais que les mouvements saccadés de la main du cavalier qui ruinent les chevaux, en rejettant le poids de la masse sur les jarrets.

Quand, après avoir fait un temps d’arrêt, le cavalier rend au cheval, il doit observer le même moëlleux, & ne rendre que petit à petit, & autant, qu’il s’appercevra pouvoir le faire sans que le cheval se dérange.

Il est beaucoup de chevaux bien dressés, qui, au lieu de s’arrêter & d’obéir à un temps d’arrêt, cherchent au contraire à s’appuyer sur la main de leur cavalier, & à s’en aller ; cela vient communément de ce que le cavalier ne s’apperçoit pas que la force qu’il employé dans ses mains se communique à ses cuisses. Chez les chevaux doués de


finesse, & presque touts les jeunes chevaux en ont assez pour s’appercevoir de la roideur & de la force que les cavaliers employent dans leur partie immobile, elle se fait ressentir dans les jambes, & elle donne de l’incertitude & de l’ardeur au cheval. Cette faute est commune à touts les commençants ; il faut les accoutumer & leur recommander souvent de travailler de la main, sans communiquer de force à leur partie immobile ; car, lorsque la partie immobile reçoit de la force, nécessairement elle se dérange, & nombre de chevaux sont doués d’assez de finesse pour que ce dérangement fasse effet sur eux.

Le poignet placé comme nous l’avons dit, si j’ai besoin de sentir la rêne droite, j’arrondirai un tant soit peu mon poignet, sans l’élever ; si je veux sentir la gauche, je mets un peu les ongles en l’air.

AIDER un cheval, c’est lorsque le cavalier, par son adresse, lui aide à travailler à propos, & à marquer touts ses temps avec justesse.

AIGUILLETTE. Nouer l’aiguillette, espèce de proverbe, qui signifie cinq ou six sauts & ruades consécutives & violentes qu’un cheval fait tout-à-coup par gaieté, ou pour démonter son cavalier.

AIGUILLON. Voyez Valet.

AILES. Pièces de bois qu’on met aux côtés de la lance, pour la charger vers la poignée.

AIRS. Mouvements des jambes d’un cheval, accompagnés d’une cadence & d’une liberté naturelles qui le font manier avec justesse. Un cheval qui n’a point d’airs naturels, est celui qui plie fort peu les jambes en galopant. On dit : ce cavalier a bien rencontré l’air de ce cheval, & il manie bien terre-à-terre. Ce cheval prend l’air des courbettes, se présente bien à l’air des cabrioles, pour dire qu’il a de la disposition à ces sortes d’airs. Les courbettes & les airs mettent parfaitement bien un cheval dans la main, le rendent léger du dedans, le mettent sur les hanches. Ces airs le font arrêter sur les hanches, le font aller par sauts, & l’assurent dans la main. Airs violents. Le pas, le trot, le galop ne font pas comptés au nombre des airs. Un cheval qui a les airs relevés, est celui qui s’élève plus haut qu’au terre-à-terre ; qui manie à courbettes, à croupades, à ballotades, à cabrioles. Il faut ménager un cheval qui se présente de lui-même aux airs relevés ; parce qu’ils le mènent en colère quand on le presse trop.

On donne le nom d’airs aux mouvements continués d’un cheval.

Les airs bas sont ceux des chevaux qui manient près de terre : les airs relevés, ceux des chevaux dont les mouvements sont détachés de terre.

DES AIRS BAS, (La Guérinière.)

Des voltes.

Les anciens écuyers inventèrent les voltes pour rendre leurs chevaux plus adroits dans les combats d'épée & de pistolet. Ils s’attachèrent à donner aux chevaux beaucoup d’obéissance & de vitesse sur le cercle, pour les rendre plus agiles & plus prompts à entourer diligemment & plusieurs fois la croupe, soit pour gagner celle de leur ennemi, ou pour éviter de laisser gagner la leur, en faisant toujours tête à celle de leur adversaire ; dans la suite, on fit de cet exercice un manège de carrière, dans lequel on renferma davantage les hanches, pour faire voir la science du cavalier & l'adresse du cheval. C*est pourquoi on peut admettre deux sortes de voltes ; celles qui fervent au manège de guerre, & celles qui se font pour le plaisir de la carrière.

Dans les voltes qui repréfentent le combat, il Be faut point mener le cheval fur un quarré, ni aller de deux piAes ; parce que, dans cette pofture, on ne pourroit pas joindre la croupe de fon ennemi : il taut que ce foit fur une pifle ronde & tenir feulement une demi-hanche dedans, afin Îue le cheval foit plus ferme fur fon derrière. )omm€ Ton tient fes armes dans la main droite, ^ qu’on appelle pour cette raifon la main de té^ fée, il faut qu’un cheval de guerre foit très fouple à df oite —, parce qu’il eft rare qu’on change de main, à moins qu’on n’ait à faire à un gaucher.

A regard des voltes qui regardent le manège d^école f elles doivent, fe faire de deux pifles ; fur^un quarré, dont les quatre coins ou angles foieni arrondies avec les épaules ce qu’on ap* pelle 9 embraffir la volte. Ce manège de deux |>iftes 9 eft tiré de la coupe a « mur ; leçon après aquelle on commence à mettre un cheval fur les voltes renverfées, oui fervent de principe pour bien exécuter les voltes ordinaires. Lors donc qu’un cheval fera obéiflant aux deux mains la croupe au mur le long d’une muraille 9 il faudra, en renverfant l’épaule dans chaque coin du manège, continuer de le tenir dans cette pofture le long des quatre murailles, jufqu’à ce qu’il obéifTe librement à chaque main. Il faut enfuite réduire le quarré long oue forment les quatre murailles du manège dans un quarré étroit ; comme il eft repréfenté dans ! e ))lan de terre, en tenant la tête & les épaules vers e centre, & en renverfant, ou plutôt en arrêtant le ! 5 épaules au bout de chaque ligne du quarré, c*eft-àrdire » à chaque coin, afin que les hanches puifTent gagner l’autre Hene.

Quoique la tête iSc les épaules d’en cheval qu’on trote à la longe, ou qu’on élar^t fur des cercles la croupe dehors, foient vers le centre, il ne faut pas croire pour cela que ce foient des voltes renverfées, comme quelques cavaliers confondent : la différence eft bien grande ; car, lorfqu’on mène un cheval fiir des cercles la tête dedans, la croupe dehors, ce font les jambes de dedans qui yélir|plient^ c*eft’à-dire » qui paffeoc pair— dem » AIR

celles de dehors, ce qui eft la leçon que nous avons donnée, pour préparer un cheval à. aller l’épaule en dedans ; mais, dans les voltes renverfées » ce font les jambes de dehors qui doivent pafler & chevalier par-deffus celles de dedans j^ comme dans la croupe au mur ; ce qui eft bien plus difficile à faire exécuter au cheval » parce qu’il eft plus raccourci & plus fur fes hanches dans cette dernière pofture : c’cft auffi pour cela qu’on ne lui demande ce manège, que lorfqu’il commence à bien connoitre la main & les jambes, ôC qu’il va facilement de côté.

Toute la difficulté des voltes renverfées con^ fifte à plier le cheval à la main oii il va, à faire marcher les épaules les premières, & à favoir les arrêter dans les quatre coins du quarré pour ranger les hanches fur l’autre ligne ; ce que le cheval ne manquera pas d’exécuter facilement &C en peu de temps, li auparavant il a été rendtt fouple & obéiflant la groupe au mur, à laquelle leçon il faudra revenir, s’il fe défend dans le quarré étroit, dans lequel on doit renfermer um cheval, pour faire ce qu’on appelle volte rrn-, verfée.

Si-tôt que le cheval obéira librement « de deux piftes 9 aux deux mains, fur des quarrés larges & étroits à la leçon At& voltes renverfées » il faudra le mettre fur la volte ordinaire » en lui te^ nant la croupe vers le centre, & la tête ôc les^ épaules vis-à-vis, & à deux ou trois pieds e «  deçà de la muraille, en forte que les épaules <lé «  crivent le plus grand quarré, ôc la croupe étant vers le centre j le plus petit. Il faut arrondir chaque coin* avec les épaules 5 en portant & en tournant diligemment la main fur l’autre hg"^ i en tenant les hanches dans une ferme pofture lorfqu’on tourne le devant ; mais Ta pifte des han* ches doit être tout-à-fait quarrée. En portant ain (i un cheval de côté de coin en coin, il n*eft jamais couché dans la volte ni entablé : ce dernier dé^ faut eft confidérable, en ce qu’il eftropie les hanches & ruiné les jarrets d’un cheval : défordres que quelques hommes de cheval attribuent aux voltes en général : mais c’eft fans doute des voltes entablées & acculées j dont ils entendent parler 9 car je ne crois pas qu’un cavalier fenfé puiiTe tenir un pareil difcours à l’occauon d’un air qui fait fi bien paroitre l’obéiâance & la geni » tiHerfe d’un cheval ; qui embellit fon aôion, & ^ qui donne une grâce infinie au caivalier, lorfqu’il exécute bien ce manège.

Le favant M. de fa Broue qui le premier a trouvé la jufteflie & la’proportion des belles voltes » donne encore une excellente leçon pour préparer un cheval à cet air. Ceft de le mener d’abord au pas d’école, droit & d’une pifte fur les quatre lignes d’un quarré, la tête placée en dedans ; 6c au bout de chaque ligne, lorfque les hanches font arrivées dans l’angle qui formé la rencontre de l’autre ligne, Ai tourner fes épàulei jufqu’î ce qu’elles soient arrivées sur la ligne des hanches, comme on peut le voir dans le plan de terre • Cette iççon eft d’autant meilleure, qu’elle maintient un cheval droit dans fes jambes, & qu’elle lai donne une grande foupicfle d’épaules. Les pas faits par le droit, lui ôtent l’occafion de fe retenir & de s’acculer, & Farrondidement des épaules au bout de chaque ligne du quarré, apprend ï un cheval à tourner facilement ; & les hanches en reflant fermes ôc pliées dans ce mouvement, font occupées à foutenir l’aâion de Tépaule £c du bras du dehors. La pratique de ces règles du quarré bien appropriées au naturel du cheval, en retenant fur la ligne dioite celui qui pèfe ou qui tire à la main ; en chafTant celui qui fe retient, & en diligentant les épaules des uns & des autres dans chaque coin, a’juûe peu-à-peu & fans violence, la tête, le col, les épaules & les hanches d’un cheval, fans qu’il s’apperçoive prefque de la fujetion où cette leçon ne lailTe pas de le tenir. Afin de pouvoir tourner plus facilement les épaules, & que les hanches ne s’échappent pas au bout de chaque ligne du quarré, il faut marquer un demi-arrêt, avant que de tourner le devant ; &, après le demi-arrêt, il faut diligenter la main jpfin que Taâion libre des épaules ne foit point empêchée ; il faut auffi que le cheval foit plié à la main oh il va, afin qu’il porte enfemble la tête, la vue & l’af^ion fur la pifle & la rondeur de chaque coin de la volte, Lorfquç le cheval fera obéifTant à cette leçon au petit pas d’Ecole, il faudra la lui faire faire au pafFage animé ôc relevé, pour enfuite la lui faire pratiquer au galop, toujours dans la même poflure, c’eft-à-dire, droit d’épaules & de hanches, & plié à la main où il va. Chaque reprife, foit au paiTage ou au galop, doit finir dans le centre de la volte, en tournant le cheval au milieu d’une des lignes du quarré, en l’avançant jufqu’au centre, & en l’arrêtant droit dans les jambes, après quoi on le defcend* Lorfque le cheval pafTagera librement d’une pifte fur les quatre lignclS du quarré ; qu’il aura acquis, dans la même pofture, la facilité d’un galop uni, & dans im beau pli, aux deux mains ; il faudra enfuite le pafiager de deux pifles, en obfervant, comme nous l’avons dit piufieurs fois, & comme ©n ne fçaurolt trop le répéter, de faire marcher les épaulc^les premières ^ afin de donner à l’épaule hors la volte, la facilité de faire pàiTer le bras de dehors par-deflus celui de dedans, ce qui eft de la plus grande difficulté ; car en retenant le libre mouvement des épaules, le cheval fcroit couché & entablé dans la volte ; il faut pourtant^enir les hanches un peu plus fujettes & plus en dedans aux chevaux oui pèlent ou qui tirent à la main, afin de les rendre plus légers du devant ; mais il ne faut pas pour cela que la croupe marche avant les épaules : au contraire, ceux qui ont plus de légèreté ^ue de. force, ne doivent être fi renfermés des hmcKes ^ afin qu’ils puiflent marcher plus libre-AIR 7

ment > en les maintenant toujours dahs une aflion libre & avancée.

IL ne faut pas ohferver trop de jufieffe dans les commencements qu’on travaille un cheval fur les voltes ; car il trriveroit que celui qui efl naturelle* mène impatient, entreroit dans une inquiétude qui occafionneroit beaucoup de défordres, & que celui qui eft parefteux & d’humeur fieematique y aflbupiroit fa vigueur & fon courage.* On ne doit pas non plus rechercher d’abord fur les vohes, un cheval qui a eu quelques^ours de repos ; il arriveroit qu’étant trop gai, il fe ferviroit de fes reins & fe déiendroit. Il faut étendre au galop d’une pif/e ces fortes de chevaux, jufqu’à ce au’ils ayent pafiTé leur gaieté & baiffé leur rein ; c’efi pourquoi il eft de la prudence d’un habile cavalier d’inter-’ rompre l’ordre des proportions qui regardent la juftefie, & de revenir aux premières règles, lorfqu’il arrive le moindre défordre.

Il faut longtemps paftager un cheval fur les voltes de deux piftes, avant de le faire galopper dans cette poûure ; & lorfqu’on le fentira fouple & aifé, pour le peu qu’on l’anime, il prendra de lui-même un galop raccourci, diligent, & coulé fur les hanches, qui eft le vrai galop des voltes* On appelle voltes redoublées, celles qui fe font piufieurs fois de fuite à la même main ; mais il faut qu’un cheval ait acquis beaucoup de liberté » qu’il foit en haleine, ôc qu’il comprenne bien les jufies proportions de cet exercice, avant que de le faire redoubler fur les voltes ; car une leçon trop forte confondroit fes efffrits Ôc fa vigueur : c’eft pourquoi il faut, dans les commencements » à chaque un de volte, l’arrêter ôc le careiTer un peu ann de raflurer fa mémoire ôc fes forces » ôc de lui don ; ier le temps de reprendre haleine. On doit aui& le changer de main ôc de place pour lui ôter i’appréhenfion que pourroit lui caufer cette fujetion,’

Les changements de main fur les voltes, fe font de deux manières, tantôt en dehors, tantôt en dedans.

Pour changer de main en dehors de la volte, il faut fimplement lui placer la tête, ôc le plier à l’autre main ; ôc en lui fôfant fuir la jambe de dedans, qui devient alors jambe de dehors,’il fe trouvera avoir changé de main.

Le changement <de main dans la volte ^ fe fait en tournant le cheval fur le milieu d’une des lignes du quarré, le portant enfuite en avant fur une ligne droite vers le centre de la volte, ÔC en le rangeant enfuite de côté jufqu’à l’autre ligne, pour le placer Ôc reprendre à l’autre main. Lorfque ce dernier changement de main commence & finie les hanches dedans, on l’appelle, demuvolte dans la volte,

A l’égard de la largeur d’une volte, elle doit fe proportionner à la taille ôc à la longueur d’un cheval ; parce qu’un petit cheval fur un grand quarré » ôc un grand cheval fur un petit auroient mauvaise grâce. Les hommes de cheval ont trouvé une juste proportion, en donnant l'espace de deux longueurs de cheval, d'une piste à l'autre des pieds de derrière ; en sorte que le diamètre d’une volte régulière doit être composé de quatre longueurs de cheval.

DES DEMI-VOLTES.

La demi-volte eft un changement de main étroit les hanches dedans, qui fe tait, ou dans la volte, comme nous venons de le dire, ou au bout d’une ligne droite. Une demi-volte doit être compofée de trois lignes ; dans la première » on fait aller un cheval de coté deux fois fa longueur, fans avancer ni reculer ; on tourne enfuite les épaules fur une féconde ligne d’égale longueur, & après ravoir tourné fur la troifièmc ligne, on porte un peu le cheval en avant, & Ion ferme la demivolte en arrivant des quatre jambes fur la ligne de la muraille pour reprendre à Tautre main. La raifon pour laquelle il faut que le cheval, en finiifant la demi-volte > arrive des quatre pieds fur la même ligne ; c’çft qu’autrement la demi-volte feroit ouverte, & le derrière étant élargi & écarté de la pifte des pieds de devant, le cheval ne repren*droit en avant qu’avec la hanche de dedans & non avec les deux » ce qui le feroit abandonner fur les épaules. Il faut donc, à la fin de chaque changement de main, ou de chaque demi-volte, que le cheval arrive droit, afin qu’il puiffe fe fervir de fes deux hanches enfemble, pour chaiTer le devant & le rendre léger.

Avant que de commencer une demi-volte, il faut marquer un demi-arrêt, le contre-poids du corps un peu en arrière, afin que le cheval fe mette fur les hanches : il ne faut pas que la parade foit fçible ni d^funie » mais vlgoureufe 8c nette autant que le permet la nature du cheval, afin que U d^mî-volte foit également fpurniç d’air ^ de juftefle ë^ de vigueurt

Il ne iaut point mettre un cheval fur les demivoltçs, qu’il ne fçache auparavant paflager libreipent fur la volte entière, parce que, dans une proportion de terrein plus étroite, il pourroit fe ferrer & ^’acculer ; ce qui n’arrivera pas, s’il a été confirmé, dans un paflage d’une pifte, animé ôc relevé 9 fur les quatre lignes du quarréde la volte ; & iorfqu’il fç couche ou le retient, il faut le chafler en avant ; ^ de même s*il sVoandonne trop fur la matn & ; fur les épaules j il faudra le reculer* Lorff qu’il obéira au paiTage fur la demi-volte » il faudra l’animer ^ la fin 4e h troifième ligne, pour lui faire faire quatre ou cinq temps de galop raccourci, h^s & diligent, pnfiiite le Natter ; $l qu^nd on le fentira bien difpofé, il faudra commencer & finir Is^.demi-yolte au galop.

Tant dans les voltes que dans les demi-voltes, il faut fouvent varier Tordre de la leçon, en chan^9nt in m^ ic place iça^^gn faifgit toujours AIR

les demi— voltes dans le niême endroit, le cheval préméditant la volonté du cavalier, voudroit les faire de lui-même.

S’il arrive que le cheval réfifte aux règles de la proportion & de la juftefl’e des voltes 8c des demivoltes, il faudra le remettre l’épaule en dedans 6c la croupe au mur ; par ce moyen il paffera fa colère & diminuera fa fougue ; mais ces défordres n’arrivent qu’à ceux qui ne fui vent pas la nature, & qui veulent trop prefler les chevaux 6c les drcffer trop vite : il faut, au contraire, les fdre venir à force d’aifance & de foupleffe, & non par la violence ; car à mcfure qu’un cheval devient fou pie, fie qu*ii comprend la volonté du cavalier, il ne demande qu’à obéir, à moins qu’il ne foit d’un naturel abfolument rebelle, auquel cas, il ne faut point lui demander de manège régulier, mais une {Impie obéiflance, de laquelle on puiffe tirer le fervice à quoi on le deftine 6ç qui convient à fa diCpofition.

DES PASSADES.

La paffade eft, comme nous l’avons expliqué dans le chapitre des mouvements artificiels, une ligne droite fur laquelle un cheval paffe & repaiTe ( ce qui lui a donné le nom de pafiade) aux deux bouts de laquelle ligne on fait un changement de main ou une demi-volte.

La ligne de la paffade doit être d’environ cinq longueuis de cheval, & les demi-voltes ne doivent avoir qu’une longueur dans leur largeur ; en forte qu’elles font plus étroites de la moitié qu’une demi —vo.te ordinaire ; parce que comme ce manège eft fait pour le combat, lorfqu’un cavalier a donné un coup d’épée à fon ennemi, plutôt il peut retourner fon cheval après cette aâion 9 plutôt il eft en état de repartir 6c de fournir un nouveau coup. Ces fortes de demi-voltes de combat fe font auffi en trois temps ^ 6c le dernier doit fermer la demi-volte : il faut qu’un cheval foit raccourci 6c fur les hanches en tournant, afin d’être plus ferme fur fes pieds de derrière, 6c de ne pas gUffer : le cavalier en eft auffi plus à fon aife 6c mieux en felle.

11 y a deux fortes de paffades. Celles qui fe font au petit galop, tant fur la ligne de la paffade c{ue fur les demi-voltes : 6c celles qu’on appelle furieules, dans lefquelles on part à toutes jambes, depuis le milieu de la ligne droite, jufqu’à l’endroit oîi l’on marque l’arrêt pour commencer la demi-volte : ainfi dans les paffades furieufes après avoir fini la demi-volte, on continue d’aller au petit galop jufqu’au milieu de la ligne droite, tant pour s’affermir dans la lelle, que pour examiner les mouvements de fon ennemi, fur lequel on échappe fon cheval en partant de viteffe^ 6c on le raUemble enfuite pour l’autre main.

Quand le cheval fera obéiffant aux paffades le lon : î de la muraille, & qu’il changera de pied façileinent 6c fans fc défunir en finilfant chaquQ denû’voltet demi-volte » SI £iudra les lui faire faire fur la ligne du Milieu du manège ; car comne cet exercice eft £iit pour le combat, il faut qu*il fe falGTe en liberté, afin de pouvoir aller à la rencontre de fon ennemi.

On fait aufli dans un manège des paflTades, dont les demi-yoltes font de la largeur des demi-voltes ordinaires ; 8c alors ce n*eft plus un mai)èee de guerre » mais d^école » qui fe fait pour le piaifir, ou pour élargir tin cheral qui fe ferre trop ; de même qu’on fait aufli la ligne de la paflade plus ou moins longue » félon que le cheval s^abandonne ou fe retient, afin de le rendre toujours attentif à raâion des jambes & de la main du cavalier. Quoique ce manège foit auffi beau que difficile à exécuter » nous n’entrerons pas dans un plus grand détail, puifqu’on y emploie les mêmes régies ^ue dans celui des roltes, dont nous venons de parler : fi le cheval refufe d’obéir » ce fera ou mauvaifè nature, ou faute de fouplefle & d’obétflance, auquel cas » il faudra avoir recours aux principes ^ue nous avons établis.

De U Pirçuiftff

Une pirouette n’çft autre diofê qu’use volte dans la longueur du cheval fans changer de place : les hanches reflçnt dans le centre, & les épaules foumiflem l^s cerclç. Pans cette aâioi^ la jambe de derrière de dejdans ne f^ lève point, mais tourne dans une place, & ùsà comme de pivçt^ autour duquel les trois autres jambes & tout le corps du cheval tourjnent.

I La demi^pifouette eh une deml-volte dans une ^ place & dans la longueur du cheya} ; c’eft une efpèce de changement^ de main, qui fe fait en tournant un cheval de la têtf à la queue, les hanches refhnt dans une même place^

^Les paflades % les pirouettes, ^e même <pie les ▼oltes & les dem ; -voltes, font dçs manèges de guerre, qui (efyetif. à fe retourner promptement de peur de fiirprife ; à prévenir fon ennemi » à éviter fon attache, ou à Tattaauer avec plus de diligence. U fe trouve peu de chevaux qui puiflent fournir pilleurs pirouettes de Aiite avec la même égalité, qui, efl la beauté de cet aif, parce qu’il y ea a peu qui aient les qualité^ ^ conviennent a cet ei^err cice > dans lequel un cheval doit être extrêmement libre d’épaules, très* ferme, & afluré fur I^f haur ches. Ceux, par exemple, qui ont l’encobire & les épaules trop charnues, ne font pas bons pour ce manège*

Avaiy que de diligenter un cheval au galop à pirouettef ^ il faut lui faire faire d’fbprd quelques demi-DÎrpuçtte^saupasàchaque main, tantôt dans une place, tantôt dans une ^tre ; & à i^efure qu*i : l obéit fans défordre, lOn de rafli^mble ap paffage, & on lui en demande d’entières j enforte que fans déranger les hanches, la tête fie les épaules fe rctQiQuvent à la /5n de la piroi^ette dans l^ndroit fifuitaiiçn, E/cnme &Dân(k^ —.

AIR 9

d’oïl elles îaok parties : par ce moyen » il acquérr bientôt la facilité de les faire au galop. Si un cheval après avoir été rendu fufEfamment fouple & obéifTant > fe déJFend à cet aitj cefl une preuve que fes hanches ne font pas aflez bonnes pour foutenir fur fon derrière toutes les parties de devam, & le poids du cavalier ; mais s’il a les qualités requifes, il fournira avec le temps, autant de pirouettes tjgie la prudence du cavalier l’exigera* Pour changer de main à pirouettes, il faut promptement placer 1 ; » tête à l’autre main, gc foutenir de la jambe de dehors, pour empêcher la croupe dé fortir du centre ; mais il ne faut pas que le cheval fcnt autant plié dans cet air y que fur la^ voke ordinaire ; parf e que fi la tçte étoît trop de* dans, la croupe fortiroit du çemrç en pirouettante On varie les pirouettes fuivant la di/pofttioq du cheval : on en fait quelquefois d9|^s Ije vp^^tyx d’un. changement de main fans interrompre l’ordre de la leçon, que l’on continue à l’ordihair/e : mais c^ qui fait bien voir l’obéifTance fie la jufleife d’uii che* val, c’eft lorfqu’en maniant fur les volt^s, on étré^it de plus pn plus le cheval jufqu’à ce qu*ii foît arrivé au centre d ; la volte, où on lui fait fairç tout d’une haleine âjitant de piro^ettes que fa reffource & (on baleine l^i permettei^ d*^i7 fournir^ Du Ttrr^’à-ttnt.

Suivant la défijiition de M. le Duc de Newcafife ; Suiefttrès jufte, le terre-à-terre cft un galop eti eux temps, de deux piftes, beaucoup plus ra «  icourci fie plus raflemblé que le galop ordinaire, 8c doiit)a pofition des piçds eft difterente » en cç qu’un cheval lève les deui^ jambes de devant en* iémble, & les pofe de mênfe à rerre ; les pieds dç derrière accompagnent ceux de devant d’un même mouvement, ce qui forme une cadjmce tride & bafle, dan$ laquelle il marque tous les tê ; nps avec un fredon de hanches, qui part comme d’une ef «  pèce de reflbrt. Poyr pn avoir une idée encore pluf nette, il faut ff 6gurer cet « ir comme une fuite de petits fauts 6>rt bas, près de terre, le cheval allanp toujours.un peu en /avant 6c de côté ;, comme lef hanches dans cette pofture n’avancent pas tant fous le ventre qu’au galop, c’eft ce qui e^ rend l’adioii plus tride, plus baiie 8c plus déterminée. U fapt encore obferver w>w terrc-à-terre, le cheval efl plus appuyé fuf les jambes de dehor^ que fin’celles de dedans, lefqnelles font un peu plus avancées, 8c entament le chemin, mais pas tant qu’au galop : 8c comme la croupç eft fort afTu* jettie dans un « cr fiprefle 8c fi tride des hanches, il fe trouve être plus élargi du deyant que du der-^ rière, ce qui met l’épaule de dehors un peu eg arrière 8c donne la liberté i 5^)^^.^^ dedans. U eft aifé de juger par laïujétion où cet air tient un cheval, que cet exercice ne laîfTe pas d’être violent, & que peu de chevaux fon^ capables de, l’exécuter avçç toute la jufte^e & toutç la netteté B néceffah-cs. Il feirt qu’un cheval foît bien nerveux Schicn fouple pour lui demander ce manège : ceux qui ont moins de force & de pratique que de légèreté & de courage , craignent la fujétion des règles £1 recherchées ; aufli les vrais hommes de cheval regardent ce manège , qui eft devenu très-rare , comme la pierre de touche , par lâauelle on voit la fcience d*un cavalier & Tadrefle d un cheval. Il ne faut pas tomber dans Terreur de ceux qui donnent indifféremment le nom de terre-à-terre à Tallure des chevaux oui manient bas & traînent un mauvais galop près de terre , fans aucune aâion 1 ride qui preiie & détermine leurs hanches à former cette cadence ferrée & diligente , dont le feul fredon fait voir la différence du vrai terre-à-terre au mauvais galop. Souvent faute de fçavoir la vé- ^ xitable définition de chaque air de manège , on n’eft’ pas en état , ni de juger de la capacité d*un cheval , ni par conféquent de lui donner Vair qui convient à {a difpofition. Cette erreur de confondre ainfi les éiirs qui font Tornement des beaux manèges , fait attribuer à quelques cavaliers, dont 1^ plus grande capacité confifle en routine , un prétendu fçavoir , qui n’exifte oue dans leur fuffifance mal fondée & dans Taveugle admiration de ceux qui les prônent fans aucune connoiflance dans Tart de la cavalerie. Comme la perfeâion du terre-à-terre, efl d’avoir la hanche de dehors ferrée , il faut dans les voltes à cet air, que le quarré foit encore plus parfait qu’à celles qui fe font au fimple galop de deux piffes ; mais il faut prendre garde dans les coins , que la jambe de derrière de dedans n’aille pas avant les épaules ; car alors le cheval étant trop élargi des hanches , il feroit entablé , & pourroit faire un élan en forçant la main du cavalier pour ie tirer de cette fauffe pofition. On doit auifi prendre garde de n’avoir pas la main trop haute , car il tït pourroit pas aller bas Sctride, ni couler également vite.

Les fautes les plus ordinaires qu’un cheval fait en maniant terre-à-terre , font de s’acculer , de lever trop le devant , ou de traîner les hanches : il faut lorfque auelau’un de ces défordres arrive , de* terminer le cheval en avant avec les^ éperons , afin de le corriger , de l’avertir de fe tenir plus enfem- . ble , & de diligenter davantage fâ cadence ; & comme dans cet exercice , les parties du cheval font extrêmement travaillées , il faut toujours fentir en quel état d’obéiffance il tiem fes forces & fon courage pour finir la reprife avant que la laffitude lui donne occafion de le défendre.

Les règles pour drefler nn cheval au terre-àterre , fe tirent de la connoiffance qu’on a de fon Tiaturel , & de la difpofition qu’on lui trouve pour cet air ; laquelle on connoit facilement » lorfqu’après avoir été aifoupli dans les règles » en le recherchant & en le raffemblant» il prend de lui-même ce fredon de hanches dont nous venons de parler ; il aura fans doute de la difpofition pour exécuter ce man^e } mais il faut bien ménager fes i efforts , -AIR

fur-tout dais les commencemens î en ne lut de^ mandant que quatre demi-voltes de fuite au plus , qu’il fournira aifément 9 s*il a été préparé par les principes qui doivent le conduire à cette leçon. A mefure que fes forces & fon haleine le rendront plus fouple & plus difpos , on pourra , après qu’il aura fourni quatre demi-voljes , c’eft-à-dire , deux à chacjue main , le dèlafler au petit gilop lent & écoute , pour le raffembler eniuite ult le quarré du milieu de la place, & le rechercher fur deux ou trois voltes de k>n air ; puis le finir & le defcendre. Des a 2 r s relevés.

Nous avons dit que tous les fauts qui font plus détachés de terre auele terre-à-terre »& qui font en ufage dans les Donnes écoles , s’appellent airs nUvés. Ils font au nombre de fept ; fçavoir , la pefade, le mézair, la courbette, la croupade, la balocade , la cabriole & le pas &-le faut. Avant que d’entrer dans le détail des règles qui conviennent à chacun de ces airs^ il eft,’ce me fern* ble ,à propos d’examiner quelle nature de chevaux il faut choifir pour cet u(àge ; quelles qualités un cheval doit avoir pour réfiAer à la violence des fauts ; & quels font ceux qui n’y ont point de difpofition.

Il faut qu’un cheval ait une inclination naturelle & qu’il fe préfente de lui-même à quelqu*tfir, pour en taire un bon fauteur , autrement on perdroit foa temps y on le rebuteroit & on le riiineroit au lieu de le dreffen Une erreur qui n'eft que trop 4>rdinaire » c’eft de croire que la grande force ett abfolument néceffaire dans un fauteur. Cette extrême ^ vigueur « qu’ont certains chevaux » les rendroîdes & mal-adroits , leur fait fair^ des fauts & des contre» temps qui les épuifent » ce qui incommode extrêmement un cavalier , parce qu’ordinairement ces fauts défunis & (ans régie font accompagnés d’ef* forts violens que leur fuggère leur malice. Les chevaux de ce caraâère doivent être confinés dans les piliers , où un« continuelle routine de fauts d’école les punit afiez de leur mauvais naturel Un cheval qui eft doué de médiocre force , & qui a^ beaucoup de courage & de légèreté , eft incomparablement meilleur » parce qu’il donne ce qu’il peut de bonne volonté, & qu’il dure longtemps dans fon exercice ; au lieu que celui qui a beau^ coup de force & de mauvaife volonté , fe trouve ufé avant que d’être dreffé, par les remèdes vio^ lens qu’il fiiut employer pour dompter fa rébellion. Il fe trouve encore certains chevaux qui, avec des hanches un peu feibles, ne laiffent pas de former des fauteurs pafifables » parce qu’ils aiment mieux s’élever & fe détacher de terre , que de t’affeoir fur les hanches»

On appelle un cheval de bonne force , celui qui eft nerveux & léger ; qui diftribue fes forces naturellement , uniment & de bonne gtace ; qui a l’appui de h bouche léger & affurè ^ qui a les men^ bres forts, les épaules libres, les boulets » les paAirons 9 & les pieds bons, & qui eft de bonne yo—. Ion ce.

Ceux qui n’ont point de difpofuion pour les AÎrs reU-vcs, font ceux qui font trop fenfibles, impatiens & colères ; qni entrent facilement en fougue & en inquiétude ; fe ferrent, trépignent & retufent de fe lever. Il y en a d’autres qui crient par malice & par poltronnerie, quand on les recherche » qui font des fauts déiordonnés qui témoitnent leur vice, & l’envie qu’ils ont de jetier leur omme par terre : il y en a encore d’autres qui pèchent pour avoir les pieds douloureux ou défectueux, & en retombant à terre, la douleur qu’ils reflentent les empêche de fournir un nouveau faut : ceux qui ont la bouche faufle & l’appui foible, ont prefque toujours la tête en défordre à la defcente de ctiaque faut, ce qui eft très-défagréable : ain/i quand on trouve un cheval qui a quelqu’une de ces imperfeâions y il ne bxxt point fonger à en ^ire un fauteur.

II y a encore une chofe à examiner ; c’eft lorfqu ^on a rencontré un cheval de bonne force & de boane difpofition » de favoir juger quelle nature de faut lui eft propre, afin de ne Te point forcer à un air ç^ui ne convient ni à fon naturel, ni à fa difpofition ; & avant que de lui former cet air, il faut qu’il ait été aflbupii& rendu obéiflànt aux le** cens dont nous avons donné les principes. Entrons ’^ prëfentement dans le détail de chaque air. Des Pe fades.

La pefade, comme nous l’avons déjà définie, eft un air dans lequel le cheval lève le devant fort haut & dans une place » tenant les pieds de derrière fermes à terre fans les avancer m les remuer. Ce n’eft point à proprement parler un air relevé que la pefade, puifque le derrière n’accompagne point le devant, comme dans les autres airj, & ne le détache point de terre ; mais comme on fe fert de cette leçon pour apprendre à un cheval à lever légèrement le devant, à plier les bras de bonne grâce, & à s’affermir fur les hanches y pour le préparer à fauter avec plus de liberté » on le met a la tête de tous les airs relevés, comme en étant le fondement & la première règle. On fe fert encore de la pefade pour corriger le défaut de ceux qui, dans les ain de mèzair & de courbette » battent la poufiière en maniant trop prés déterre, & en brouillant leur air avec les jambes de devant ; c’eft auffi pour cela, qu’à la fin d’un droit de courbettes, on a coutume de faire la dernière hs^ute du devapt & dans une place, ce qui n’eft autre chofe qu’une pefade ; & que l’on fait non-feulement pour la grâce de l’arrêt, mais encore pour entretenir ia légèreté du devant.

11 ne faut pas confondre la pefade avec le contretemps que font les chevaux quife cabrent, quoi^ue ceu¥-ci lèvent auffi le devant ibrt ïiaut & qu’ils AIR li

demeurent le derrière à terre : la diflérence en eft bien grande ; cardans l’aâion que fait le cheval, lorfqu’ii lève à pefade ^ il doit être dans la main & plier les hanches & les jarrets fous lui, ce qui i’em< » pèche de lever le devant plus haut qu’il ne doit ; & dans la pointe que fait un cheval qui fe cabre » il eft étendu roide fur les jarrets, hors de la main » & en danger de fe renverfer.

Il ne faut point faire faire de pefades à un che* val, qu’il ne foit fouple d’épaules, obéifiant à 1 » main 8c aux jambes, & confirmé au piafer ; 8c lorfqu’il eft à ce point d’obéiflance, on ranime de la chambrière dans les piliers, en le touchant légèrement de la gaule fur les jambes de devant, dans le temps qu’il donne dans les cordes & qu’il avance les hanches fous lui : pour le peu qu’il fe lève, il faut l’arrêter & le flatter ; &àmefure qu’il obéira,’ on le touchera plus vivement, afin qu’il lève plus haut le devant. Comme dans tous les airs relevés, un cheval doit plier les bras de manière que les pieds fe retrounent prefque jufqu*au coude, ( ce qui lui donne beaucoup de grâce), il &ut corriger la vilaine aâlon de ceux qui, au lieu de plier les Π; enoHx, allongent les jambes en avant, en croifanc es pieds l’un par-defliis Tautre : ce défaut qu’on appelleytf tf^r de Vépinette, eft aifé à corriger en le châtiant de la gaule ou du fouet 5 & en lui en ap «  pliquant fort fur les genoux & fur les boulets. U «  autre défaut, c’eft lorfau’un cheval fe lève de lui-même, fans qu’on le lui demande ; le châtiment pour ceux-ci, eft de les faire ruer : c’eft ainfiqu’oa corrige un dé&ut par fon contraire ; & pour éviter qu’il ne continue ce défordre, il faut toujours com^ mencer chaque reprife par le piafer, lui demander enfuire quelque pefade & finir par le piafer. Cette variété de leçon rendra un cheval attentif à fuivre la volonté du cavalier.

Lorfqu’il obéira facilement dans les piliers ^air de pefades > il tant enfuite le monter, & en le paffageant en liberté, lui en demander une ou deux dans une place fans qu’il fe traverfe, & après la dernière, marcher deux ou trois pas en avant. Si en retombant des— pieds de devant i terre, il s’appuie ou tire à la maiii, il faut le reculer, lever enfuite une pefade, & le carefter s’il obéit. Si au contraire, il fe retient & s’acule, au lieu de lever le devant, on doit le chafler en avant ; & lorfqu’il prend bien les jambes, marquer un arrêt fulvi d’une pefade, en fe contentant de peu ; car comme les chevaux les plus fages marquent toujours quelque fentiment de colère » lofqu’on commence à Ici mettre aux airs relevés, il ne faut pas tirer d’euic autant de temps de leur air qu’ils pourroient ea fournir, parce qu’il arriveront qu’ils s’endurciroient » perdroient l’habitude de tourner facilement, 8c même fe ferviroient de leur air pour fe défendre, ’en fe levaiit lorsqu’on ne leur demande.pas : ainft on doit dans les commencemens les ménager beau* coup, & prendre garde qu’ils, ne tombent dans au*

jÇrUnde ç(i§ vig^s^ qui^purroient les rendre réti£^
Du Mézair.

Le mézair, comme le définissent fort bien quelques écuyers, n’est autre chofe qu’une demi-courbette, dont le mouvement est moins détaché de terre, plus bas, plus vite, & plus avancé que la vraie courbette ; mais aussi plus relevé & plus écouté que le terre-à-terre.

Il est atfé de voir dans les piliers, fi un cheval a j> ! us de penchant pour le mézaîr que pour tout autre faut ; parce que fi la nature lui a donné de Pindiisation pour cet 4ir, lorfau’on te recherchera, il fe Î>réfentera de lui-même dans une cadence plus reevée que le terre-a terre, & plus trîde que la courbette : & quand par plufieufs leçons réitérées > on^ aurareconnufa difpofitionjil faudra le confirmer dans cet air, en fe fervant des mêmes règles que pour les pefades, c’eft-à-dirê, commencer chaque reprife parle piafer, fuivl de quelques temps de jnezair, en fe fervant de la gaule devant, & de la chambrière derrière ; & ainfiatternativement. Lorfcpi

  • oii >ugera à propos de lui faire pratiquer cette

kçvn en liberté » il faut, après Tavoir paflagé d’une pifte, le raflembler pour le faire aJler de ù>tt air, loit dans le changement de maiq, foit dans la demivohe, toujours de deux pifles ; car il n’eâ pas é’ufage d’aller d’une piAeau mézair^ni au terre^•terre.

Les aides les plus utiles^Sc les plus gracieufes dont on fe fert, pour faire aller un cheval à mézair, c’eft de toucher légèrement & de bonne grâce, de la gaule fur Tépaule de dehors » en l’aicbnt & le Recourant des gras de jambes. Lorfque la croupe n’accompagne point ailez le devant, on croife la cavle (bus main pour toucher fur la croupe, ce qui lait rabattre le derrière plus tride. Si le cheval tombe dans les défauts ordinaires à prefqoe tous tes chevaux qu’on drefie aux airs détachés de terre, qui font, ou de retenir leur force, oo de s’abandonner trop fur la main, ou de manier de ibi-mème fans attendre les aides du cavalier, il faut y apponer lea remèdes ci-defllisy &les employer avec le jugement, la prudeiKe, & la patience qui font néceflaires ^ un homme de cheval. On doit encore dans cet sir, obferver la même proponion de terrain qu’au terre-à-terre, c’efta-dire, le tenir dans le pifte efpace des voltès & des demi-voltes ; car comme ctêairjont beaucoup de rapport lun à l’autre, fie qu’ils forment un manège (erré & tride, la poftnre du dieval doit être la mèae dans ces deux airs.

Des Cmuiitttfi

La courbette eA un faut plus relevé de devant, Ïlus écouté 8c plus /oucenu’que le mézair. Les anches doivent rabattre 8c accompagner le devant d’une cadence égale, tride 8c bafie, dans l’infiant 3ue les jambes de devant retombent à terre. Il y a onc cette différence entrç le mézair & la cour* AIR

bette ; (pie dans le premier, le cheval efi moiW détaché de terre du devant, & qu’ilItVance 8c dilî «  fente plus la cadence de fon air que pour la courette, dans bquelle il eft plus relevé, plus fimtetitt du devant, & qu’il rabat les hanches avec phis de fu jétion, en foutenant le devant plus longtemps en l’tf if. U faut remarquer qu’au galop, au terre-àterre, 8c à la pirouette, le cheval porte fes jambes l’une devant Tautre, tant du devant que du derrière s mais au mézair, aux courbettes 96L k, tou » les autres airs relevés, elles doivent être égales 8c n’avancer pas plus l’une que l’autre, lorfqu’elles fe pofent à terre, ce qui feroit un grand défaut, qu’on appelle traîner les hanches.

Outre la difpofition naturelle qu’un cheval doit avoir pour bien aller à courbettes, il fiiut encore beaucoup d’art ^pour l’acheminer & le confirmer dans cet air, qui eft de tous ceux qu’on appeHe relevés, le plus à la mode ii le plus en ufage ; parce gue c’eft un faut gracieux dans un manège, qui, uns être rude, prouve la bonté des hanches ann cheval, 8c fait parpitre un cavalier dans une belle pofture. Cet air étoit fort en ufage autrefois parmi les officiers de cavalerie, oui fe piquoient d’avoir des chevaux dreffés, foit à la tête de leuV troupe i ou dans des jours de parade ; on leur voyoît de temps à autre détacher quelques belles courbettes, qui fervoient autant à animer un cheval, lorfan’il rallentiflbit la noblefle de fon pas, qu’à le tenir dans fon ohtiSànct, 8c à lui donner eniuite un pas plut relevé, plus fier 8c plus léger.

Il ne faut point demander de courbettes à un cheval qu’il ne foit obéiflam au. terrc-à-terre 8c.au mézair ; car un bon terre-à-terre 8c un véritabld mézair font plus de la moitié du" chemin pour arriver à la courbette, au cas qu’un cheval ait de la difpofition pour aller à cet air. Ceux qui n’y font pas propres, font les chevaux pareffeux, pefans, ou ceux qui retiennent leurs forces par malice : & de inême ceux qui font impatiens, inquiets & pleins de feu 8c de fougue pairce que tous les airs relevés augmentent la colère nararelle de ces iottts de chevaux, leur font perdre la mémoire 8c leur ôtent l’obéiflance : * il faut donc que celui qu’on deftine à cet exercice, foit nerveux, léger & vigoureux ; 8c avec cela, fage, docile & obéiftant. ^ Quand avec ces qualités, on verra dans les pî* liers, que Vair favori d’un cheval eft celui de’la courbette, il fiiut, après lui avoir appris à bien détacher le devant par le moyen des pefades, lui animer enfuiteles hanches avec la chambrière pour faire rabattre la croupe 8c baiâTer le devant, afin Ju’il prenne la jufte cadence 8c la vraie pofturt e fon air. Lorfqu’il y fera en quelque forte réglé, 8c qu’il en fournira quatre ou cinq de fuite Tans défordre, 8c dans les règles, il faut commencer à lui en faire faire quelques-unes en liberté, fur la ligne du milieu du manège, 8c non le long de la muraille ; car ceux que l’on accoutume à lever le long du mur » ne vom que it ronûae, & fe di » rangent quand on leur demande la même chose ailleurs. On né^oit pas demander dans les cornmenceinens plufieurs courbettes de faîte ; nais en Êiifant paflager & piafer un cheval fur la ligne droite 9 lorfqu’on le fent bien enfemble & dans un bon appui « on lui en dérobe deux ou trois bien détachées & bien écoutées ; on continue enfuite quelques pas de paflage » & on le finit par deux ou trois temps de piafer ; parce qu’il arriveroit que fi on finîflbit le dernier temps par une courbette, le cheval fe ferviroit de cet air pour fe défendre.

Pour bien aider un cheval à courbettes, il faut que le temps de la main foit prompt & agile, afin de lever le devant : les jambes du cavalier doivent fuivre le temps des courbettes fans trop le chercher ; car un cheval prend naturdUement ion temps & fa cadence propre, quand il commence à s’a)uf— ^ ter. On ne doit point fur-tout roidir les jarrets, parce qu*en Vaidant trop vivement, il fe prefleroit trop ; il faut au contraire » être fouple depuis les genoMx jttfqu’aux étriers, & avoir la pointe du pied un peu bafle, ce qui lâche les neris : le feul mouvement du cheval, lorfqu*on garde l’équilibre dans « ne pofiure droite & aifée y tait que les gras de ïambes aident le cheval fans les approcher, à moins Qu’il né fe retienne, auquel cas, il faut fe fervtr plus vigoureufement de fes aides & fe relâcher enfuite.

Les courbettes doivent être ajuftées au naturel du dieval, celui qui a trop d’appui, doit les faire plus courtes & plus fbutenues lur les hanches ; & celui qui fe retient, doh les avancer davantage ; autrement les uns deviendroient pefans & foroeroient la main » & les autres pourroient devenir rétîfi. Potirremédier ^ ces défauts, on leur met foirvent l’épaule en dedans au pafliage : cette leçon les entretiendra dans la liberté qu’ils doivent avoir pour obéir fiicilement â leur dir,

Lorfqu^un cheval obéira librement & fans fe traverfer fur la ligne droite à courbettes, il faudra pour le préparer âhaller fur les voltes de fon air, le promener fur le quarré que nous avons donné pour régie des voltes de galop ; & lorfqu’on le fentira droit au paflage & dans la balance des talons fur les quatre lignes du quarré » il faut de temps à autre lui détacher auel(|ue courbene, excepté dans ks coins du auarré » ou on ne doit pas le lever, mais tourner les épaules librement fur l’autre ligne, fans que la croupe fe dérange ; car fi on vouloir le lever, en tournant, il s*endurciroit & s’aculeroit. LorC^^d exécutera bien cette leçon fur ces quatre lignes 8c qu’il fera aflez avancé & aiTez en haleine pour fournir tout le quarré â courbettes, on pourra commencer à lui apprendre à en faire les hanches dedans ; & pour cela « il faut le paâTager la croupe au mur, & dans cette attitude, lut tirer uiie ou deux courbettes de deux piftes : elles ne fê font F oint en l’aidant quand il eft en Vair, mais dans infhtt qu*il retombe des pieds de devant à terre » paTaide de b jambe de dehors, pour U porter en AIR I)

temps de côté, enfuite une courbette avec les deux iras de jambes, en le foutenant de la main, & atnfi e fuite un pas de côté foivi d’une courbette. Lorf » qu’il ira bien la croupe an mur, il faudra le mettre nir le quarré dans le milieu de la pbce, ^ en le tenant de deux piftes, l’accoutumer à lever de ton air dans cette poAure, ea propornonnant la foÊCt de cette leçon à fon obéiâance & à fa difpofidos* On ne doit pas tenir autant les lunches dedans fiur les voltes à courbettes, qu’au terre*i-terre 8^ m mézair ; car fi la croupe étoit trop afTujettie « il ne pourroit pas rabattre les hanches avec aflez de Vt^ berté ; c’eft pourquoi il ne fimt feulement tenir 3u un peu plus que la demi-hanche dedans.^ pnv.tie oit pas non plus plier un cheval autant mr les voltes à courbettes qu’au galop & au terre-à-ta ; re » il doit regarder feulement d un œil dans la volte ; & lorfqu*on fait des courbettes par le droit, d’one pifle, il ne faut pas quil foit du tout plié, mais droit de tête, d’épaules & de lianches «  Outre les courbettes fur les voltes, il s*en fait eneore de deux autres manières, qui font, la croix à courbettes, & la farabande â courbettes. Pour accoutumer un cheval à faire la croix i courbettes, il faut le pafTager d’une pifle fur la ligne droite, d’environ auatre longueurs de cheval, le reculer après fur la même ligne, revenir enfuite jufqu’au milieu de la ligne droite, le por «  ter aprè^ de côté fur le talon droit environ œux longueurs de cheval, enfuite de cèté fur le talon Sauche encore deux longueurs au-delà du milieu e la ligne droite ; on revient enfin de cdté fur le talon droit finir au milieu de la ligne, où on l’arrête & on le flatte. Lorfqu’il fait paflager fur ces lignes fans fe traverfer, en avant, en arrière, & de côté fur l’un &’îautre talon, on lève une courbette au commencement, au milieu, & à la fin de chaque ligne ; & fi après plufieurs leçons il ne fe défend point, on entreprend de lui faire fournir toute la croix à courbettes. Lorfqu’on le lève en reculant, il ne faut pas que le corps foit en arrière, mais droit, & même un tant foit peu en avant fans que cela paroifTc*, afin de donner plus de liberté à la croupe. C’efl ({uand il retombe des pieds de devant à terre, & non quand il efl en Vair^ qu’il faut l’ai* der en le tenant de la main, afin qu’il recule un pas fans lever ; on lève enfuite une courbette, 8c ainfi alternativement.

Dans la farabande i courbettes, on fait deux courbettes en avant, autant en arrière, deux autres de côté fur un talon & fur l’autre, & ainfi de fuite, en avant, de côté & en arrière ïndifFÀ. reminent, fans obferver de proponion de terrain comme dans la croix : on lui en tait faire tout d’une haleine, autant que f « i difpofition & fes forces lui Eermettentd*en fournir ; mais un cavalier doit être ien maître de fes aides, & le cheval bien ajufié & bien nerveux pour exécuter ces deux manègei de croix 0t de farabande à courbettcs.avec la grâce & la liberté qu*il doit avoir : aussi ce manège s’est perdu de nos jours.

De la Croupadi & de U Balûtéule.

La croupade & la batotade font deux airs qui ne Giflèrent entr*eux, que dans la fituationdes jambes 4e derrière*

Dans la croupade, lorfiiue le cheval eft en Vw ^es quatre jambes, il troufle & retire les jambes & lés pieds de derrière fous fon ventre, fans faire

  • voir fes’fers : & dans la balotade, lorfquHl eft au

tiâiit de fon faut, il montre les pieds de derrière, comme s’il vouloir ruer, fans pourtant détacher la luade, comme il fait aux cabrioles. Nous avons déjà dit, aue l’art ne fuffit pas pour donner aux chevaux deftinés aux airs relevés, ces diâérentes poftures de jambes dans leurs fauts ; la •nature jointe à Tart & à la difpofition naturelle, Iprcfcrit des règles qu’il faut fuivre pour les ajufier & leur faire exécuter de bonne grâce ces différents manèges.

^ C’eft toujours dans les piliers qu’il faut d’abord faifir Vdir d’un cheval Ceux qui veulent commencer par drefler un iàuteur en liberté, fans être aiToupli ni réglé au, piaffer y & fans avoir étudié leur air dans les piliers, fe trompent ; car tout fauteur, autre fa difpofition naturelle à fe détacher de terre, doit connottre parfaitement la main & les jambes, afin de pouvoir fauter légèrement & dans La main, quand le cavalier l’exige, & non par fantaifie & par routine.

Lorfqu’un cheval fera facilement & fans colère quelques croupades ou balotades dans les piliers, en fuivant la volonté du cavalier, il faudra enfuite lui en demander quelques-unes en liberté, en fuivant le même ordre qu’aux airs ci-deffus, fur*tout celui des courbettes. Il eft feulement ikiremarquer que plus les airs font détachés de terre, plus un cheval emplove de force pour les fournir ; & que le grand art eft de conferver fon courage & fa légèreté, en lui demandant peu de fauts, fur-tout dans les commencements. Et lorfqu’il a donné de bonne volonté quelque temps de fon air^ il faut le flatter & le defcendre.

Lorfqu’il fournit un droit de croupades ou de balotades en liberté, fans fe traverfer, il faut le .préparer à lever de fon air fur les quatre lignes qui forment la volte, l’y paffageant, & de temps à autre lui dérobant quelques temps : & fi on le fent difpofé i bien obéir, il faudra pronter de fa bonne volonté, en le détachant de terre fur les quatre lignçs, excepté, comme nous l’avons dit » dans les coins où on ne doit point le lever en tournant. Il faut encore faire attention qu’aux airs de croupade, debalo^tade~8c de cabriole, il ne faut jamais aller de deux piftes, mais feulement une demi-hanche dedans ; autrement, le derrière étant trop affujetti, il ne pourroit pas auffi facilement accompagner l’aâion des épaules. On doit auffi prendre garde, qne dans les quatre coins de la volt^, la croupe ne s’échappe, Iorfqu*ofi tourne le devant fur I^’autre ligne, il tkui la fixer te la foutenir avec la jambe de dehors. Les aides pour les airs relevés font la gaule devant, en touchant légèrement & de fuite fur Té* paule de dehors, & non brufquement & avec de grands coups, comme font quelques cavaliers » 3ui affomment l’épaule d’un cheval. Pour toucher e bonne grâce, il faut avoir le bras plié & le coude levé à la hauteur de l’épaule. On fe fen auflî » comme nous l’avons expliqué, de la gaule A>us m.ain & croifée fur la croupe, pour animer les hanches* L’aide du pincer délicat de l’éperon, efi auffi excellente dans les airs relevés^ lorfqu^un cheval ne fe détache pas affez de terre ; parce que cette aide, qui ne laiffe pas d’être vive, lève plus un cheval qu’elle ne le fait avancer. Quoiqu’on ne doive pas aller de deux pifïes p lorsqu’on lève un cbeval aux airs relevés ^ il faut pourtant entretenir un cheval dans cette pofture, tant au paffage qu’au galop ; parce que dans cette aâion les hanches étant plus ferrées, plus baffes » & plus fujettes, cela lui rend le devant plus léger & le prépare à mieux fauter. On ne doit pas non plus tomber dans le défaut de ceux qui ne femblent dreffer leurs chevaux, que pour leur faire faire de Π; rands efforts qui accablent leurs forces : ce n’eft pas à l’intention de la bonne école ; on doit, au contraire, le maintenir dans la foupleffe, dans l’obéif* fance & dans la jufteffe qu’on tire des vrais principes de Tart ; autrement, l’école feroit toujours conAife, & l’égalité de mefure que doit avoir chaque air relevé, feroit interrompue ; & c’eft une perteâion qu’il ne &ut pas négliger. Des Cabrioles.

La cabriole eft > comme nous l’avons dit en définiflant cet air, le plus élevé & le plus parfait de touts les fauts. Lorfque le cheval eft en Titir, éealement élevé du devant & du derrière, il détache la ruade vivement ; les jambes de derrière, dans ce moment, font Tune près de l’autre, & il les alonge auffi loin qu’il lui eft poffible de les étendre ; les pieds de derrière dans cette aâion, fe lèvent à la hauteur de la croupe, & fouvcnt les jarrets craquent par la fubite & violente extenfion de cette partie. Le terme— —de cabriole, eft une expreffion italienne, qne les écuyers Napolitains ont donnée à cet air,’à caufe de la reffemblance qu’il a avec le faut du chevreuil » nommé en iulien » caprio.

Un cheval qu’on deftine aux cabrioles, doit être nerveux, léger, & de bon appui ; avoir la bouche excellence, les jambes & les jarrets larges & nerveux ^ les pieds parfaitement bons, & propres à foutenir cet air’, car fi la nature ne Ta formé difpos & léger, c’eft en vain qu’on le travaillera ; il n’aura jamais l’agrément ni l’agilité qui font un bon fai^teur.

Afin qu’une cabriole foit dans fa perieâion, le cheval doit lever le devant & le derrière d*^lt hauteur ; c*eft4’-dire, qu*îl fautqu*aii haut de fon faut, la croupe & le garot foîent de nireau, la tête droite & aflurée. les bras également plies > & qu’à chaoue faut le cheval n avance pas plus d’un pied de diftance. Il y en a qui, en fautant à cabrioles, retombent des quatre pieds enfemble fur la même place, & fe relèvent de la même force & de la même cadence, en continuant autant que leur vi* Sueur leur permet : ce manège cft très-rare & ne ure pas longtemps. U s’appelle, faut £un temps » ou à^ fermera-ferme.

Pour dreflèr un cheval à cabrioles, lorfqu*on lui trouTc les qualités & la difpo&ion que nous Tenons d’expliquer, il ^ut, après l’avoir affoupli Tépaule en dedans, & lui avoir donné la connoiffance des talons an paffage & an galop, le faire enfuîte lever à pefades dans les piliers, & qu’elles fe faflent lentement dans les commencements & {on hautes du devant, afin qu’il ait le temps d’ajufter (es pied^ & qu’il lève fans colère Lorfqu’il fait fe lever facilement » & haut du devant, en pliant bien les bras, il faut lui apprendre à détacher la ruade par le moyen de la chambrière, & prendre le temps pour 1 appliquer, que le devant foit en l’air & prêt à retomber ; car fi on lui en donnoit dans le temps quil s’élève, il feroît une pointe & fe roidiroit furies jarrets. Quand il faura détacher vigoureufement la ruade, le devant en Yair ce qui forme la cabriole, il faut peu-à-peu diminuer le nombre des pefades & augmenter celui des cabrioles, & ceflcr de le faire fauter, lorfqu’on s’apperçoit qu’il commence à fe laffer, car fon cou* rage étant aoattu, fes forces feroient défunies, & fes faucs ne feroient plus que des contre-temps & des défenfes.

Lorfqnll fera obéiâant à ce manège dans les piliers, on le paâàgera en libenè, & oh lui dérobera cruelques temps de fon air fur la ligne droite, en 1 aidant de la zaule fur l’épaule, lorfque le devant commence às^abaiiTer, & non quand il {^èvt^ ce qui l’empécheroit d’accompagner de la croupe. Quand on fe fert du poinçon, il faut obferver la même chofe, c’eft-à-dire, l’appuyer fur le milieu de la cronpe, lorfque le cheval eft prêt à retomber du devant, par la même raifon. A l’égard des jambes du cavalier, elles ne doivent point être roides ni trop tendues, mab aiftes & près du cheval. Ix>rfque le cheval fe retient, il faut fe fervir des fras de jambes ; cette aide donne beaucoup de liené à la croupe ; & quelquefois auffi le pincer délicat de l’éperon, lorfqu’il fe retient davantage. On doit aufu au haut de chaque faut, tenir un inftant le cheval de la main, comme s’il étoit fufpendu, %L c’eft ce qa*on appelle, foutenir. Vair des cabrioles fur les voltes, c’eft-à-dire, fur le quarré que nous avons propofé pour règle des autres airs, forme le plus beau & le plus dmicile de touts les mandes, par la grande difficulté quil y a d’obferver la proportion du terrein, d’entretenir le chera) dans une cadence égale » fans AIÎl 15

qtfîl fe dérobe ni du devant ni du derrière, ce qui arrive le plus ordinairement. Comme le ni’onvement de la cabriole efl plus étendu & plus pénible que celui de tout autre air^ il faut que Tefpace du terrein foit plus large & moins limité, afin de donner plus de vigueur & de légèreté aux fauts. Il ne faut mettre qu’une demi-hanche dans la volte, comme nous l’avons dit ; ce qui rend ce manège plus jufie, & plus parfait, & laffiette du cavalier plus ferme & plus belle. On ne doit pas fuivre du corps les temps de chaque faut, mais fe tenir de façon, qu’il paroifle que les mouvements que l’on fait, îbient autant pour embellir fa pofture, que pour aider le cheval.

Le Pas’& U faut, & le Galop Gaillard. Lorfque les chevaux, dreflés à cabrioles com^. mencent à s’ufer, ils prennent d’eux-mêmes, ; comme pour fe foulager, un air auquel on donne le nom de pas & le faut, qui fe forme en trois temps ; le premier, eft un temps de galop racourci, ou terre à terre ; le fécond une courbette, & le troifiéme, une cabriole. On peut auffi régler à cet air les chevaux qui ont plus de légèreté que de force, afin de leur donner le temps de raifembler leurs forces, en fe préparant par les deux premiers mouvements à mieux s’élever à celui de la ca* briole ; & Vmfi de fuite.

Il y a une forte de chevaux qui interrompent leur galop, ^ en faifant Quelques fauts de gaieté. foit parce qu’ils ont trop ae rein, ou trop de repos ^ ou que le cavalier les rçtient trop : c’eft ce qu’on nomme gahp gaillard ; mais ce manège ne doit point pauer pour un 4/V, puifqu’il naît du caprice & de la fantaifie du cheval, qui, par-là, fait feulement voir fa difpofition naturelle à fauter, Iorf «  que cette gayeté tù ordinaire, & qu’elle n’eA pas la fuite d’un trop long repos.

Des airs bas. (Thirovx).

Des vûltes & demi’Vêltes, & quart de roltes exicuth fur deux pifies.

Autant on doit épargner les renverfements d’épaules, autant il faut prodiguer les voltes. On peut même en faire décrire au cheval combiné U Lanche, ou les deux bouts en dedans, fans étre^ pour cela dans l’intention de le changer de naiii. Les demi— voltes, & c[uart de voltes n’ont, au con* traire, jamais lien qu elles ne changent la direâiodC du cheval, ainfi qu’on va s’en aUurer par la defr cription fuivante.

Ce que €*eft qJune^volte, une demi-volte, o^ bien mm quart de vUte, toutes exécutées fur deux pifies. {Ph Ouoique les [Italiens Se lés Efpagnols foîent rel «  tés loin derrière nous dans la carrière de l’équita* tion, il n’en eft pas moins vrai qu’ils nous y ont précMèt Auffi teii[QA » -]iOtts d’eux la majeure partie de nos termes de manège ; témoins celui de voltes. La fignîfication de ce mot, qui veut dire marcher en rond > défigne bien , à la vérité , ce que doit être cette évolution ; mais il eft difficile d*avoir une idée précife , & de la figure oui la caraâérife , & de la manière dont le aheval peut la décrire , à moins que de fe repréfenter la volte par un doubler circulairement efquiffé fur deux piAes , pendant lequel Tavant-main trace un grand cercle qui en contient un plus petit que Tarriere-main deffine. A l’égard des conditions requifes pour la fidèle exécution d’une volte ^ voici toutes celles que réquitation impofeaux académifies. Premièrement, il faut entretenir le cheval ployé fur le dedans , ou » ce qui revient au même » qu’il regarde dans ta volte. Secondement , il faut que le cheval fe meuve régulièrement fur deux piftes , en paffant les deux fambes du dehors par-deflu» celles du dedans. Troifièmement , & enfin , il faut , non-feulement que les épaules du cheval enument révolution , mais qu*elles confervent leur fupériorité fur les hanches , depuis llnAant oii elles ouvrent la volte, îufqu’au moment où elles la ferment avec le cercle qu’elles expriment.

Je crois aflez inutile de m*arrèter à définir les fraâdons de la volte. Guidé par la defcription que je viens de faire du produit. total ,rélève peut réduire de lui-même, foit à moitié, foît au quart, toutes les conditions ci-defliis établies pour révolution entière. Je rappellerai feulement à mes lecteurs que le feul point qui différencie la volte de fes dérivés , confifie , ainfi que je les en ai déjà prévenais , dans Tufaee auquel on les defiine. £n effet, on mène un cheval fur les voltes , ou pour le préparer changer de main fur deux piftes , ou Mur les lui faire exécuter comme air de manège , ec 9 dans ce dernier cas , afin de s*affurer de l’obéiflance du cheval dont on oe veut pas changer la direâion. Au lieu que Hffue de la demi ou du quart de vçlte étant de replacer le cheval dans la ptAe •il il travaille , mais tourné de la tète à la queue , cbacnne de ces portions de la volte équivaut touîours au changement de main,

tûmmeni cm exécute une volte » une demi-volte , eu kUn UU quart de volu , fur deux pifles* Onand on a réellement conçu la combinaifon produfirice des airs où le cheval fe meut fur deux pilles , on prévoit auffi-^tôt la méthode qui commande la manoeuvre des voltes , demi-voltes , fie des quarts de voltes. Il eft çert^n que la parité des conditions entraine Tuniforafité des moyens. Obfervons cependant qu*il faut aâuellement moduler h puiffance des rênes , fuivam le nouveau plan «1*00 defire tracer ; c*efl-à-dire, qu*avec nhtennon de mener, de deux piftet,un cheval fur la ▼olte , il faut bien employer des temps de main ég^ux à ceux précédemment adafrtés au changemem de maia fur deux piftes , nuis avoir foin de Ips propprtiomier à la ngurc projcttée. Or^cçtte AIR

figure étant compofée de deux cerdes eonceotrf ^ Gues , dont Tavant-main décrit le plus large 9 Se 1 arrière-main articule le plus étroit , il en réAilcc que, pour arrondir de deux piftes , une volte régulière , on doit la faire entamer au cheval , de manière que le premier quart du cercle des épaules » proportion eardée toutefob avec la même divilkyn du cercle des hanches, partes ens’élevant de la pifle, pofirivement de deflbus le timbre du cha agement de main , 6c fe termine jt^e au milieu de la carrière, que le fécond quan du même cercle commence enfuite précilèment au point où finit le premier , pour aller, fans rien altérer de fa fupériorité relative au cercle des hanches , fe perdre dans la pifit parallèle , paiement deffous Tindication du /Changement de main : que le troifième quart du cercle de Tavant- main , qui doit forrir da point où le fécond difparoît, aboutiffe à fon tour , oc proportionnémenr , a celui de Tarrière-main , en face du point marqué par b fin du premier quart , & la naifiance du fécond ; enfin que le quatrième 8l dernier quart du cercle , qui ferme la volte des épaules^ remette le feul avant*main du cheval dans la pifte qu’il parcouroit, fie fur la même furÊice qu il occupoiL Après avoir mefuré le terrein oue chaque bipède doit embraffer pour former exactement fa volte diflinâe , on eft en état de modifier les^ preflions Se les foutiens de la rêne du dehors , qu’on fait être feule modératrice des airs de deux pifles. Ainfi le cheval élargit avec aifancele grand cercle des épaules , lorfque les preflions de Ei rêne du dehors agiffent plus continuement, fie d’un ton plus ferme que les foutiens de la même rêne , qui n’ont , dans cette occurence , d autre objet que de veiller , en fous-ordre , à la perfeâion du petit cercle des hanches.

La connotffance des quatre points cardinaux d’une volte parfaite fert k pofer les limites dans lefquelles les demi-vokes , ainfi que les quarts de voltes doivent être circonfcrits. Si nous commençons par efpacer la demi-volte, nous trouverons » en nous rappellant l’inionâion formelle d’attacher à la même grande parallèle, tant le premier point d’où part la ligne circulaire des épaules , cpie le dernier qui la termine , nous trouverons , dis-je » qu’il faut attendre que l’avant-main ait, au moins » atteint la hauteur du doubler, avant que d’indiquer au cheval , par les effets de la rêne du dehors, la demi-évolurion dont on fait ufagç « 8^ pour le ramener , de deux piftes , i travers le milieu du ma* nège, fie pour le replacer , de la tête à la queue » dans’ la pifte où il travailloit. Si nous voulons enfuite réduire l’évolurion au quart , nous devons pairienter , jufqu’^ ce que la lortie d’un coin place ; l’avant-main du cheval fur l’une des petites parallèles. Alors les mêmes temps alternatifs de b rêne du dehors repouffent féparément chaque bipède » 8c leur font tracer les deux cercles relatifs qui remettent le cheval , toujours de la tête à la queue, fur la grande parallèle ou il étoit. Le grand principe • des Mes èvolMtiofls circulaires eft donc de commencer la. volte eatière dans la partie la plus bafle de la carrière : ( pi. 2 > fie. 4.) de faire cheminer un peu plus loin le cheval qu’on veut ramener par une demi— volte : ( pL 2, fie. {.) finalement » de quitter abfolument une des deux grandes parallèles, lorf2u’on veut y rabattre par un quart de volte. (PI. 2, g. 6.) Ce font ces deux fraoions de la volte, qui confiituent ce qu^on appelle au manège des changements de main étroits. Au refte » quelque projet qu’on ait, en exigeant Atfairs de deux piftes, leur xnéthode doit donner une confiance aveugle dans les règles de l’équitation » qu’on apperçoit continuellement émanées des mouvements naturels au cb^vaL

Le paffage.

Au fortir de la première clafiTe des airs de masèce, on n’a pas une feule excufe admiâible pour rctufsr Veûitï des airs qui compofent la féconde clafiTe. Prévenu, comme on l’hit, dès l’introduction au travail, que la diflérence entre les airs terre â terrt & les airs relevés provient uniquement du plus ou du moins d’aâivité qu’on met i l’exécution de ces derniers, il ne s’agit que de fcavoir amalgamer aux leçons précédentes la quantité d’action qui permet de les redemander toutes les cinq au pauage, ou feulement quelques-unes d’entr’elles à la gabpade. Or, ]^ demande quel eft l’élève, ayant dé)a franchi la diftance qui lépare le pas ordinaire d’avec le pas d’école, qui n’appréciera pas l’intervalle qu’on trouve entre le trot oc le paflage ? Qu’on m’accorde encore une queftion, & je demanderai ce que c’eft que le palTage ? Ce que c’eft que le pajfage.

Lès élèves infiruits ont raifon de répondre : l’iifage autoflfe d’appeller pafiage le premier des sirs’relevés^ comme il eft reçu de nommer, pas d^école, le premier des airs terre^à-tcrre. Cependant il eft de fiiit que ni l’un ni l’autre ne font intrinsèquement des airs^ de manège, mais bien une enveloppe élaftique avec laquelle on entoure les figures eflentiellement caraâériftiques du travail, telle que l’épaule en dedans, pour l’avantmain ; la hanche, ou les deux bouts en dedans, pour Tarrière-main ; &, pour tout l’enfemble du cheval, les changements, contre-changements de main, renverfements d’épaules, voltes, demivoltes, quart de voltes, tête & croupe au mur. En conféquence on définit le pafiage, un trot anificiel, moins vite, & plus tride que le trot naturel, afin d’être auili plus élevé, mais qui lui reflemble abfolument par la combinaîfon tranfverfale des quatre jambes que le cheval enlève également deux par deux.

Comment on met un cheval au paj[fage » Si, dans les éléments, c’eft l’allure tranquille du pas ordinaire qui donne le temps de difpofer le. cheval aux allures lancées du trot &du galop kkatu* E^uitatloit, Efcrime & Danfe^

AIR 17

rel, le pas d^école doit être Torigine de tomes les allures artificielles qu’on veut indiquer au cheval pendant le travail. Ainfi, lorfqu’après un rafiémoler exaâ des deux colonnes vertébrales refiuées au centre, le cheval, venu dans la main, afiis fur les hanches, eft en outre ployé furie dedans, du {>as d’école on le met au pafiage, en fe fervant de a mefure économique des demi-arrèts nour régler le degré de preftefiTe du trot faélice, oc qu*on za{ courcit^ & qu’on exhauâe.

Manière de conduire un cheval au paj/age^ Quant à la direâion du cheval qui répète au pa£ge les difiËrentes évolutions dont on a ci « devant pris connoiflance, & qu’on vient de lui fiiire exécuter au pas d’école, tout eft prévu. Que lef deux bipèdes fe fuivent parallèlement dans la pifte a qu’on en forte, tantôt.l’avant tantôt l’arrière-main s qu’on mène le cheval, combiné de deux piftes, nir des lignes droites, obliques, diagonales, oii circulaires, c’eft toujours en raifon de la* mémo méthode que les mêmes procédés ordonnent les mêmes aâions, k la viteue près. Cette dernière exception annonce la fubflitution obligée du piaffer au manier en place.

Vu piafferi

On a lu dans Plntroduâion au travail : le manier en place, ainfi que le piaffer, font des arrêts élé^ gants, imaginés pour terminer les airs, fans les déparer. Nous fommes donc bien avertis de ne jamais fortir une finale du ton de Vair auquel on l’adapte ; conféquemment nous fommes prévenus de former, avec les temps vivement battus du piaffer, une efpèce de cadence analogue au tride du paffage. Y<A^ons aâuellement ce qu’on entend par le mot pianer.

Ct que Ctft que le piaffer.

Touts les diâionnaires définiffent le piaffer une dé «  marche fière & d’une médiocre étendue. Le piaffer du manège a la même fignification ; mais, puifqu’on le deftine à préparerl’arr^t du paffage, il doit « & préfenter, & conférver la combinaîfon tranfverfale des deux jambes toujours enlevées à la fois, à tel point d’exaâitude qu’on puiffe appeler le piaffer 4111 paffage accourci.

Comment on met un cheval au piaffer. En confiant aux élèves la clef des refforts qui font agir le cheval de tête, on leur enjoint la plus grande circonfpeflien dans l’ufage (jjii’ils en feront, il n’eft pas une école’de cavalerie ou l’on ne pro* feffe journellement cet axiome, la fauve— garde d* tous les chevaux de travail, que la fujétion foit la mefure de vos leçons. Ainfi la prudente réduQîo » d’un paffage ménagé donne le piaffer : ainfi U piompte dégradation du piaffer amène le manier en place I qui, lui-même » cedc bientôt à Tarrét défie

nitiC ^
La Galopade.

Les airs relevés prouvent autant la souplesse & la soumission du cheval dressé, que les progrés, Tattention & la finefle du cavalier inftrult. Un élève, tfui les demande avec imellieence & précifion, icmble dire aux fpeâateurs : On m*a fi oien initié dans l*art d’apprécier & de régler les différents mouvements du cheval » que toutes fes aâioos m’appartiennent. En balançant adroitement les puiflances aâîves de mes Jambes égale$ parla retenue motivée de ma main, j’ai fçu reflerrer le pas d’école, quoique déjà cadencé, iufqu^ik l’élever au tride dq paiTaee. N eft ce pas à la même addition des deroi-arréts que je dois la fubftitutton ingénieufe du piaffer au manier en place ? Eh bien^ fionobftant la dépofition de cA vérités, fi vous n’êtes pas encore perfuadé de l’efficacité des moyens |ue l’équitation employé pour enchaîner la volonté u cheval, la galopade va vous convaincre qu*il eft poflfible d’engager ce même cheval à prendre, en •’élevant, » refpacd qu’on lui refufe en s’éteodant. Ce que c*tfl qu§ la Galopade.

La galopade, autrement appellée le galop de manège • offre une répartition abfolumcnt conforme à la combinaifon qui crée le galop ordinaire. Même préparation, même exécution. MaisTaliure diffère d avec V nr par 1 étendue du terrein qu’ils cmbraffent. En effet, à la galopade, au moyen d’un raffembler plus exaâ, Tarrlère-maln enlève davantag^e l’avant main : elle le retient auffi plus long-temps au centre : enfin elle l’en décoche plus lentement qu’au galop ; enforte que le cheval, qui fe rabat d’une manière plus écoutée, marque diffinâement une mefure à trois temps, , dèlicieufe pour les oreilles fenfibles & délicates, dont la ]ambe de devant du dedans fait entendre le premier temps ; dont les jambes de devant du dehors & de derrière du dedans battent enfemble le fécond ; & dont la percuffion de la jambe de derrière du dehors frappe le troifième.

Comment on embarque un cheval à la galopade, Puifque, du çalôp accourd, on fait la galopade élevée, à quoi lerviroit de retracer ici tout ce qui « ft écrit dans la qiutrième leçon des éléments. Il’ vaut infiniment mieux, fuivant moi, remettre fous les yeux de mes ledeurs les points d’appui que 1>rend forcément un cheval qui galope, quelle que bit la diflaace Ck la direâton de l’allure, afin de choifir avec difccrncment parmi les airs qu’on a premièrement efquiffcs au pas d’cculc, dont on a tait eniuite une heureufe répnition au pa/Ta^e, Ceux qui, fans nuire aux enlevers. du bipède de devant. favorifent les chiffcrs du bipède de derrière. Or nous avons Invariabiement éprouvé que les maifos ne refluent du dedans fur le dehors pendant la urépararion du gniop ; que pour fiuer avec l^us d*abond#ncc du dehors furie dedans pendiutt AIR

faâion* En conftquence toutes les évoluions oflf le cheval exécute de dehors en dedans, c*efi-à-diro où les deux jambes du dehors chevalent alternatif vement celles du dedans, fympatifent avec la dou<bic répartition du galop. En effet,. fi la jambe de devant du dedans, arrivée la première à terre pour Îr attendre le r^our des maflès lancées du dehors iir le dedans, fert alors de pivot à la jambe de de- » vant du dehors ; d’après la feule combinaifon dit galop, la jambe de derrjière du dehors fc précipite deffous le centre, & pa » >deffus celle du dedans » {lour y recevoir les maffes enlevées du dedans fur e dehors.

Quelles font les évolutions que le cheval peut répéter â la galopade, avec la définition & exécution des paJFades.^

Le cheval peut donc entreprendre » à la galo* pade, ïair tntuulé U hanche, ou les deux bouts en dedans. 11 peut aufli changer & centre-changer de main fur deux piftes. Il peut encore arrondir une volte entière, en décrire feulement la moitié, ou bien exécuter au galop le quart de volte, comme on a coutume de le tracer au pas d’école & au paffage, ce qui confittue la demi-volte à pirouette. Eufin il peut galoper, & très-furement, la tête au mur. Au lieu que tout s’oppofe à ce que le cheval fe livre à Tépaule en dedans, au renverfement d’épaules ; & même, qu’en galopant, il effaie de la croupe au mur, quoique la figure en foit deffinée de dehors en dedans, à moins cependant qu’il n’aille & vienne en paffades. Les combinaifons rétrogradées de Tépaule en dedans & du renverfement d’épaules ont une affinité fi palpable avec lès erreurs du galop, qu’elles préfentent abfolument des dangers égaux, ce qui me difpenfe d’étayer leur exciiifion par aucun raifonnement. Mais je dois à mes leâeurs les motifs du refus conditionnel que je fais de la croupe au mur pendant la^^alopade. Outre Timpoifibilûé phyfiquement avérée de diviicr cette leçon avec des changements de main connus & ordinaires, je me fonde fur l’obligation étroite oii le cheval fe trouve de ne prendre les coins qu’en fouettant les hanches : obligation à laquelle il ne peut fe foullraire, telle régularité qu’il obfçrve fur la longueur des pifies, par la raifoa que la croupe file le long du mur. U réfulte effectivement de cette pofition înverfe, que plus’un galopeur entretient, à la croupe au mur, le plan oblique de fes deux bipèdes, lorfqu’ils fraient de deux pifies, & du dehors fur le dedans, les quatre parallèles dumanége, plus la prife des coins l’expofe à fe coucher fur le dehors, puifque, quatre fois par cour de manège, le cheval efi dans la fàcheufe néceffité de rabattre le bipède de devant du dedans fur ^ dehors » afin que le bipède de derrière, en fe dilii^entant feul du dehors fur le dedans, trace excluhvement le deffin des angles. La fécurité renaît quand on a la précaution de mener en paffades » Mais f diront quelques leâeurs, faStes « iioi]s donc connoûre ces pafTades tant prèconifées.

Les paflades de manège font des allées & venues d’un mur à lautre, qu’on fait réitérer an cheyal, en le menant & le ramenant toujours fur une même loneueur, & fans le changer de combinaifon ; confequemment, fans lui permettre, ni le pa^laee d^aucun coin, ni la traverfée d’aucune diagonale. Cette explication dévoile Tintention de nos premiers maîtres, dont le but 9 en créant les paflàdes, étoit plutôt de donner une fuite à la croupe au mur, que de former un, nouvel air de manège : témoin l’exemple bien récent que nous en fournît la dernière leçon du travail terre-à terré, où le cheval refloit à la même jnain, fans le fecours d*uoe paflade prolongée. En effet, les paffades étant privées de toute efpéce de combinaisons particulières, ne font, à vrai dire, que des répétitions mBcz mefqiiines des ^irs dont elles offtem Timage » tantôt à la première, tantôt ^ la féconde main. Mais voyons à nous en fervir pendant que le che-Tal galope la croupe au mur, pour efquiver ^ & la priiedes coins, & les changements demain. On conçoit que les paffitdes dérangeroiem in£dlliblement le plan des leçons auxquelles on les adapte, fi elles n’avoiem pas é’galeitient Heu fur « ne & fur deux plftes, &, encore » fi elles ne fupportoient pas indifféremment tous les degrés d*action que les airs de manège peuvent parcourir. AuiB, exécute^t-on des paffades au pas d école : les 4emande-t-on au paffage : les incorpore-t-on a la galopade » ( ce fi)nt ces dernières (|ue les anciens loueurs appellent des paffades furieufes à la françoife ) ; le point effentiel eft de retourner affez promptement le pli de Tencolure » avant que de ramener le cheval fur lui-même, pour qu*il revienne dans une répartition intérieure, & avec une combinaifon extérieure tout— à— fait femblable à celle ÎuHl avoit en allant. Au furplus,)e trouve qu’un lève fait autant preuve de goût, quand il s’abftient de paffader au pas d*école & au paffage, qu’il montre de favoir, lorfqu*il redoute les p^ades à la galopade > oii la plus légère omiffion du cavalier diftrait » comme la moindre réticence du cheval inquiet occafionne des chûtes promptes & prefque inévitables.

Des grands airs^

ou airs relevés »

Tous les exercices gymnaftiques fe terminent ordinairement par certains tours de force » plus brillants qu’utiles 9 qu’oii regarde néanmoins comme le fceau du grand talent. L’équitation n’eft pas exempte de {lareilies cffervefcences, & ce font les bonds réglés d’un fauteur en liberté qui compofent la troifièrae & dernière claffe des airj de manège ; cnforte qu*on franchit, avec les grands airs, cette même carrière ou l’on a paifibUment débuté par les éléments. Telles défordonnées que paroiilem AIR 19

les aâions împétueufes du cheval qu*on excite à fauter en liberté, l’art fait lui faire refpeâer les lois naturelles > & les grands airs, au lieu de préfenter les réfultats diffns é’unt imagination égarée t confervent entre eux une hyérarchie méthodique, dont voici la nomenclature, l’en chainement oc U defcription.

Le cheval a la faculté d’exécuter fept feuts différemment combinés ; fçavoir, la pefade, la courbette, le mezaîr, k croupade, la oallotade, la cabriolé, le pas Se* le faut, autrement appelle le ga «  lop gaUlard.

La Ptfadc,

On recoonolt la pefade, premièrement k ce que le^ cheval, cramponné fur larrière-main, enlevé très-haut l’avant main ; fecondemeût » en ce qu’il entretient la pofition perpendiculaire de fa tète ; troifièmement, à ce qu’il retrouffe avec, foin les deux jambes de devant, en ployant également les deux genoux ; quatrièmement, à ce qu’il rabat le bipède de devant, fans que le bipède de derrière change de place.

La Courhtte.

Le cheval qui fait une courbette enlève l’avant^ main avec les mêmes précautions, maïs un peu moins haut qu’à la pefade. Lerfqu’il ramène à terre les deux jambes de devant, on voit celles de derrière couler enfemble deffous le centre, afin de fournir une nouvelle affiette è Fanant-main que le cheval élève pour une féconde courbette. &ainfi de fuite.

Li hU^air.

Si le nom de ce croifième des grands ahs annonce qu’il eft mixte, fon rang indique qu’il tient du premier & du fécond. En effet, au mézair, ou moitié air^ l’avant^main s’élève comme à la pefade, & auffitôt que le bipède de devant revient à terre, le bipède de derrière, qui s’élève à Çon tour, & parvient pre<qu’au même niveau, n’en gliffe pas moins deffous le centre comme à la courbette, & avec le même but En conféqiiènce le mézair portb le cheval en avontpar une efpéce de galop à deux temps alternativement égaux.

La Croufode-.

La croupade eft iln faut où le cheViil bondir affdz haut pour eiileV^leS quatre jambes à-ia^fois, & les terfir un inftklit cachée fous fon ventre, en ployant autant les gefloUx<{ue les jarrets » LaBallotade.

Le balloteur fait un bond femblable à celui de la croupade. La différence eft, qu’après avoir retrouffe les quatre jambes, le cheval fe contente de laiffcr deffous lui celles de devant, & qu’il préfente les deux pied^ de derrière, comme s’il etoU dans l'intention de lâcher une ruade, qu'il ne détache pourtant pas.

La Cabriole.

Il en arrive autrement , lorTque le cheval faute ii cabriole. Non-feulement il s^enléve à h même hauteur que ceux qui fautent à croupade ou qui ballotent ; non-feulement il retroufle, comme eux, les quatre jambes deiTouslui, mais, avant que de retomber , il allouée réellement les deux jambes de derrière, avec le/quelles il lance une vxgoureufe ruade. Ceft ce que les académiftes appellent s*éparer , ou nouer 1 aiguillette.

Le pas & le faut , ou le galop gaillard. Quoique la cabriole foit le plus hardi de tous les fauts , on trouve cependant quelques chevaux en eut de la réitérer. Il eft vrai que même les plus robufles font obligés de reprenare haleine. Âuffi font* ils fuivre une cabriole par un ou deux pas ordinaires qu^ls emploient àfe préparer pour une autre cabriole. Ce forlt ces temps fautes , puis marchés afin de pouvoir encore fauter, qu*on nomme le pas & le faut , ou le galop gaillard. Analyfe des grands airs.

En avouant que les grands aîrs de manège ont leur origine dans les defenfes du cheval , j*ajoute» rai que la peur a fouvent fait redouter des fauts fans conféquence , faute de favoir diflin^uer une réfifiance opiniâtre d*avec une gaieté de jeunefTe , ou d*avec un élan de vieueur. il faut donc , avant que d*aller plus loin , établir les fignes fenfibles des uns & des autres , qui ne font ni difficiles à connoitre, ni longs à décrire.

Lorfqu*un cheval irrité faute de rage & de fu* reur , la tète en Vair , les genoux tendus , dreiTé fur {t% jarrets , n’écoutant que fa fougue , il paroit méprifer fa propre confervation pour fe défaire du cavalier qui Tincommode. La colère Taveuple quelquefois à tel point , que d’horizontal il devient perpendiculaire , ce qu’on appelle faire une pointe. Ceft alors qu’on court les plus grands daneers ; car le cheval qui s’enlève hors de la main , & les deux jambes de devant en IW , n*a pas toujours la poffibiHté de rattraper l’équilibre qu’il perd avec le défaut d’oppofition entre les mafles de l’avant & de l’arrière-main. Nous trouvons un exemple du contraire dans Tefquifle du premier des erands MÎrs.On a vu le cheval ï pefade fe darder lur les deux jambes de derrière, mais , placé danslt main , retrouflcr enfuite les deux jambes de devant , en ployant les genoux ; enfin retomber doucement, Jarce qu’il a fu conferver , même en Vair , la figure orizoatale qui fait (on apanage à terre. Eh bien , d*une pefade la mieux étudiée , rien de fi facile que de former une pointe effrayante. Sortons un moment le cheval de la main : au lieu de laifi !er les deux jambes de devant retroufi*ées , portons-les à k fuite de la tête déplacée » & voili le cheval plus A I R

dVmouié renverfé. Conclufion : la fituatîon de la tête du cheval fert d’interprète à fes volontés. Refle-t-elle perpendiculaire au bout d’une encolure arquée , le cavalier plein de confiance doit feulement élaguer & diriger l’aâion du cheval , peut-être un peu trop ardent , mais cependant foumis ; tandis qu’il faut promptement appaifer celui dont la tête , ou brufquement lancée , ou malîcieufement plongée « n’annonce que le défefpoir & la révolte. Je retourne à mon élève, qui n’attend que des confeils pour exécuter les grands airs de manège , en* obfervant aux leâeurs que , fi je m’abftiens de parler ici des moyens préfervarifs contre les défenles du cheval , c’eft que j’en réferve la méthode pour la quatrième partie de cet ouvrage » on j’enfeigne Tart de drefier les chevaux. Exécution des gramds airs.

7e fuppofe le cheval fufifamment oréparé ; con* féquemment dans la main & affis. Efi-ce alors une pefade qu’on veut lui demander ?

De la Pefade.

On augmente par degrés les puiflànces contrat diâoires des jamDes & Je la main , jufqu’à ce que la réadion des deux colonnes venébrales occa«  fionne ce gonflement du centre , qu’on fait être le prodoît ordinaire de i’exaâ raflestbler. Comme on fait encore qu’il efl dangereux de laifler fubfifter cet état de contraime, & que, vu la circonftance aâuelle , il y auroit une mconféquence évidente de permettre au cheval d’en fortir , en étendant fon avant-nain , on fe hâte de préfenter à la colonne de devant une ifltie ouverte de bas en haut » afin qu’obligée de fuivre la diredion verticale des rênes , elle les traverfe , en s’élevant. Pour cela faire , avec les deux jambes également étendues & fermées hermétiquement , l’élève ^-rête à demeure la colonne de derrière déjà «coulée defiTous le centre , &, avec la main légèrement gliflée le Ions du corps un peu renverfé , puis doucement remife à fa place , il enlève & rabat le bipède de devant folidement appuyé fur le bipède de derrière qu’il a fixé.

De la Courbette.

La pefade eft aux airs de la troifième clafle , ce que le pas d’école eft à ceux de la première & de la féconde , c’eft à-dire que , de telle manière qii’en defire fauter, on ne doit jamais manquer d’en revenir aux combînaifons provifoires de ce premier des grands airs , comme étant la bafe des fubfèquents. Ainfice font toutes les conditions préliminaires de la pefade , mais cependant mitigées , qui difpofent un fauteur à faire des courbettes. Auffitôt que le cheval enlève la colonne de devant , le cavalier obferve de baiffer la main , & les jambes I & 1 , moins élevées à la courbette , embrafTent auffi plus de terrein qu’à la nefade. A peine }’avan^ imûn a-t’il touché terre ^quuae aravelle prefiioa des jambes égales du cavalier excite l’ondulation de la colonne de derrière. Alors les jambes 3 & 4, précipitées dessous le centre, reprennent une position qui met l’arrière-main en force pour soutenir un second enlever des masses, & le cheval en état de fournir une seconde courbette.

Du Mézair.

Les grands airs, ai-je dît dans Tlntroduâion au travail, font plutôt le réfulrat de la force que de la To^onté du cheval. En effet, au moyen de ce que tous les airs de la troifième claffe ont une préparation commune, on conçoit que l’obéiflance du cheval dépend moins de fa réiignation & de fa anémoire, oue de la quantité de contrafHon avec laquelle il fe raffemble. Or la chance que donne cette feule circonftance intérieure, qui rient abfolument au phyfique de Tanimal, laifle quelquefois le fauteur au-de/Tous de l’élan qu’on en attend 9 & d^autres fois le lui fait outre-pauer. Qui peut donc aflurer qu’un cheval, fi bien confirmé qu il foit aux mirs de la dernière claffe 9 ne rendra pofitivement me Tefpéce de faut qu’on cherche à lui dérober i Quant à nous qui venons de mefurer, échelon à échelon, les fept diAances auxquelles un cheval peut s’exhauffer » connoiffant le petit efpace qui les fépare, à peine répondrions • nous d’exécuter » à commandement » une pefade au lieu d’une courbette, &, cependant y ces deux premiers des grands sirs ne font que le prélude des cinq autres. Malgré la rareté des cnevaux affez heureufement conflitués pour rifquer tous les genres de fauts connus > comme il s>n rencontre, je vais achever d’écrire la méthode qui les leur fait entreprendre. Nous en fommes au mézair, où le cheval élève alternativement fes deux bipèdes ; favoir, les jambes I & 2 à l’inftar de la pefade ^ & celles 3 & 4. un peu plus haut qu’à la courbette. En confécmence, lortque, du haut d’une pefade » la main lâche la colonne de devant » la preffion augmentée des jambes égales doit engager la colonne de derrière à dépaffer le point d’élévation maraué par la courbette. C’ed ainfi qu’au mézair le cneval prend un mouvement régulier de bafcule, allant de l’avant à l’arrièrc-main, & revenant de l’arrière à l’avantjnain.

De la Croupadi »

. Puifqu’on enlève un cheval à pefade, en calculait la retenue de la main fur raffujettiffement des jambes également fermées ; puifqu’on mène un cheval à courbettes, en motivant la retenue de la main fur l’aâ’ton des jambes, d’abord fermées, mais enfuite modérément preffées ; puifqu’on met un cheval au mefair, en augmentant féparément la valeur de ces deux puiffances, qui parlent alors avec autant d’énergie, tantôt à l’une, tantôt à l’autre extrémité du cheval, il ne nous reAe donc, pour demander la croupade, que le feul expédient de refferrer les deux colomies vertébrales, & dans AIR 21

la mam retenue, & dans les jambes également preffées, jufqu’à ce que la convexité du centre oblige le cheval à s’échapper par un bond des quatre jambes enfemble.

De la Ballotade^

Voilà certainement le cheval encore à la difcrétion du cavalier. Avec la pefade, on ébranle les feules jambes de devant. Aux courbettes, on difpofeJ’arrière-main à fuivre, quoique de loin, les élans de l’avant-main. Le mézair exiffe, parce que chaque bipède fait un effon d’imitation, qui le porte alternativement à la même hauteur. Nous fortons de la croupade » oii le débordement du centre attire à-la-fois les quatre jambes en Vair » Trouvons aâuellement un moyen, indépendant de la main & des jambes éeales du cavaher, pour avertir le fauteur à croupade de fe métamorphofer en balloteur. Or ce moyen eft la gaule tenue dans la main droite. En effet, pendant qu’on prépare l’enlever de la croupade, il faut adroitement paffer la paule entre le corps & le bras droit, de manière qu elle arrive perpendiculairement au-deffus de la croupe. Dans cette attitude • on guette l’inffant où le cheval fe darde à croupade, & alors, en laiffant légèrement tomber la gaule fur l’arrière-main, ou peut efpérer de fentir le cheval, prévenu plutôt qu’attaqué, répondre par la feule intention de la ruade »

De la Cabriole.

Mais, à la cabriole, il n’eAplus queftîon de ménagement. Qu’un cheval fortement comprimé dans la main & les jambes égaies du cavalier s’enlève > que ce foit à croupade, que ce foit à ballotade, on le frappe vivement fur la croupe, afin d’obtenir, malgré fon élévation, une vigoureufe ruade, qu’on regarde à jufte titre comme le période de la force & de la légèreté.

Du pas & le faut ^ ou du galop gailUrd. La définition de ce dernier des grands airs tient lieu de méthode. Ainp je termine la troifième & dernière claffe des airs de manège, en répétant Ju’il eft toujours indifcret » & fouvent dangereux ’épulfer la bonfle volonté du cheval. * Des azrs bas. (Dupatt).

Des Voltes de dtux pîfies.

Un des grands avantages des deux manières que nous venons de donner de paffer le coin, efl d’acheminer le cheval à manier fur les voltes, & fur les voltes renverfées.

Dans la leçon de deux piftes d’un mur à l’autre, le cheval parcourt deux lignes droites parallèles, l’une fuivie par les épaules, & l’autre par les hanches : dans la voltç, ces lignes font circulaires. Dans la vohe ordinaire, les épaules parcourent le grand cercle : c'est le contraire dans la volte renversée.

De la Volte.

Lorrqu*an cheval fait bien aller d*un nur à fauire , on peut le travailler fur les roltes : lei mêmes opérations font employées , & le cheval doit être aiA)ofé de même , toujours plié , arrondi , foutenu 9 & fur-tout les épaules allant les pfeiniéres. Ty réuflîs en les portant fans cefle , fe en fixant les hanches, par leurèolever. La main » par cette aâion « arrête & fait tourner le devant , undis que le derrière foutient & porte , étant maintenu & dirîeé par mes deux jambes. Plus la volte cft ronde, £ plus les pas font égaux ; plus alors elle eft prés de fa perfeâion. Mais cela n’eft point aifé, & fouvent Ton eft obligé de porter les épaules en dedans » parce qu’après quelques pas , les hanches fe trouvent les précéder un peu. Comme les changements de main donnent moins de peine aux chevau>c » que le travail de côté : de même les voltes larges les fatieuent moins. Le temps & la patience conduiront 41 les £iire d’une bonne proponion.

Je ne donne cette leçon que lorfque le cheval ûit bien les précédentes. Entreprendre de l’exécuter par d’autres voies , & plutôt » ne me paroit pas propre à le conduire au bel à-plomb , & à l’y confirmer. Ou* travailler d’abord les hanches en dedans , c’eft une de Ces leçons propres à l’affoupliflèment des reins , il efi vrai , mais contraire au droit 8c au beau pli | & j’exhorte de l’employer rarement fur des chevaux que l’on peut aflbuplir îans cela. On doit coiifidérer réauilibre comme fi eflentiel , qu’il faut toujours chercher à le confever dans le cheval ; & il le perd toutes les fois qu*il a les deux bouts dedans , & que les hanches vont les premières*

De la Volu rtnverjk.

Si Ton fait déerire au cheval plié & arrondi deux cercles » dont celui que parcourent les épaules foit le plus petit , Scque l’aninitl regarde fon chemin , on exécutera cette leçon. Les opérations employées ^ur pafTer le coin à celle de 1^ croupe au mur » font les mêmes dont on fe fert Ici. Ce travail n’a d’autre avantage , oue de fixer les épaules dans leur fitUation , & de les obliger à fe mouvoir fans embrafler beaucoup de terrein. Cet avantage eft’ ytM Confidérable : néanmoins cette leçon, donnée rarement &. avec difcrétion, ne nuira pas i l’animaL

Dt la Pifouttti à pluJtiUrs umpU

La pirouette eft une volte que le cheval Eut fur lui-même , enforte que le pied de derrière de dedans lui fert de pivot, & il ne quitte , pour àinfi dire 9 pas le terrein qu’il occupoit au premier pas, quoiqu’à chacun des fuivaots il doive remuer ^ & imirqucr fa battue»

A IR

Pour comprendre ceci , il faut ne pas oobner cjue dans la volte de deux pifles , chacune de» jambes du cheval décrit un cercle , ce qui fait quatre cercles concentriques ; mais le plus étroit de ces cercles eft éloigné du centre autour duquel ils font décrits : dans la pirouette , ce centre eft couvert par le pied qui lert de pivot. On conçoit la difficulté de cette leçon , qui exige de la fouplefle & de la vigueur de la part du cheval, de la juftefle & de la fureté de la part du cavalier. Pour acheminer le cheval à cette manœuvre*, je le travaille longtemps fur les voltes ordinaires que je rétrécis de jour en jour , jufqu’à ce qu’enfin je parvienne à les liii (aire exécuter fur lut- même. Alors mes aôions pour le contenir fom celles-ci : je fixe extrêmement les hanches du cheval par l’en* lever des deux rênes , qui porte tout le poids fur la croupe ; je fais marcher le devant en portant la main en dedans , mais fans vouloir forcer l’adioii de la rêne de dehors , fous prétexte de faire mieux cheminer les épaules, car cette rêne trop agiflànte les retarderoic ; puis avec ma jambe de dehors , je garde les hanches & les empêche d’échapper , tandis que celle de dedans fait mouvoir le pivot» & contient le cheval dans fon à-plomb & dans, fon pli.

Cette leçon bien exécutée eft très-utile pour la plus grande obéiflance du cheval ; elle lui apprend a tourner pour la main de la bride , avec promptitude & lureté , & elle eft très-bonne pour les chevaux de guerre. Mais fi l’on veut bien exécuter cette leçon, la principale attention qu’on doit avoir fera de ne point fe prefler , & fur-tout d’éviter que par l’aâion trop forte de la main , le cheval ne recule , & ne puifle contenir fes hanches. Dans toutes les opérarions de l’enlever de la main , l’homme habile calcule (à fi :>rce avec l’objet 3u’il fe propofe : Uk oii il ne s’agit que d’enlever le evant, il ne travaillera pas comme sll fepropofoit , après l’avoir enlevé , d’en chareer les hanches ; à l’effet de les arrêter & de les nxer. Il y a des différences de taâ & d’aâions , que la pradque feule apprend : nous ne pouvons qu avertir qu’elles exiftent, fans pouvoir les décrire. Touts ces mouvements demandent , de la parc du cavalier» une afliette ferme, affurée &mo9* leufe» que rien n’ébranle & ne dérange. Afliette qui ne s’acquiert qu’à la longue ; car les mouvements de ’ côté font très-propres à faire varier l’homme fur le chevaL Ceft par le liant & une enveloppe douce , que l’on réuflit : la fi^rce décoa* certe le cheval , & le fatigue mal-à-propos. Dt la igmi’Voltê au galop.

On peut changer de main , comme je vais le décrire , & alors ce fera un changement en demi*, volte. Après avoir paflé le premier coin , prenez- : prend comme les autres, seulement on doit avoir attention de ne pas laisser échapper les hanches en tournant.

De la Volte au galop.

La volte au ealop, ipioique plus difficile que celle que Ton ^it au paffage » s’exécute par les mêmes régies & demande les mêmes conditions. Elle s’entame comme un changement de main ; & k reprife fe fait comme au fermer. Ce travail eft plus difficile ^ exécuter qu^à décrire : peu de chevaux font en état de le fournir ; ri fon{ aâez bien dreflis pour travailler d*aifance ; un petit nombre d’écuyers ont le talent requis pour donner cette teçon.

Dans coûtes les leçons au galop de deux pîfles, on doit donner peu de pli pour mieux tenir Tépaule de dehors ; & la jambe de dedans de l’homme doit beaucoup porter en avant.

Di la Pirofuiu au galop.

Les pîrou^tes au galop ne conviennent qu^à des chevaux très —nerveux & extrêmement fbuples ; elles s’eiécutent par les mêmes principes que celles qui fe font au paflage « *

Touts ces travaux, caraâérifent le maître, & exigent un talent & un taâ fupérieur, & fur-tout des natures de chevaux très-rares attîourd*hui. Après avoir aflbupli le cheval, & Tavoir rendu •béifiant à toutes les leçons précédentes, il eft ^réable de le rendre brillant, autant qne fa nature le permet. Il le devient par la cadence de fes battues, par l’attitude de fa tête, & par la fierté de ion regard. S’il efl bien d*àplofflb & afTuré fur fes jambes, il les remue avec vigueur. Il les enlève avec vivacité, il les pofe furie terrein avec hardiefle & avec bruit. Les fons qui réfultenf de ks pofées, forment la cadence. Moins chaque jambe embrafiè de terrein, plus alors les percuifions font prés les unes des autres, : ces intervalles moindres produifent une mefure plus vive » Du Paffagc.

Si Ton defire mettre le cheval au pafflkge, c*eA en raccourciflânt fon trot, en l’obligeant de fe foutenir, & en excitant fon ardeur, qu*on formera cet air. Touts les temps en doivent être égaux ; l’harmonie & la mefure ifochrones feront continues fans ralentifTcment. A chaque pas « le cheval embraflera un terrein égal ; & fi Ion efl obligé d’en diminuer Tétendue dans les diverfes évolutions, ForeiUe du fpeâateur ne s’en appercevra pas.

Si la nature n’a donné des difpofitlons &une cadence naturelle au cheval, jamais cette cadence ne deviendra brillante, quelque réglée qu’elle foit. Chaque animal a la fîenne : il convient de la per* feâionner, mais non de la changer. Le cheval dont l’allure aura été tris-raccourcie ^ & readue brillante, pourra alors piauflfer* AIR

Du P’iagtr.

» l

Le piaffer eft un paflage en place, animé, 8c bien en avant. L’homme ne doit pas avoir befoin de la bride pour bien exécuter cet air ; car le cheval doit manier de lui-même, en confervant fon atti* tnde & fon à*plomb « 

Rien ne met plus les chevaux es équilibre, que ces deux mts : les rtSoxt^ jouent à-peu-près dans la même place ; & l’homme fe plaît à les manier, lorfque la cadence eft obfervée. Mais il ne faut pas en abufer, car ils deviendrotent pénibles au che* vaL

Du Ttm^’Ttm.

Le terre’à-terre efl un galop de deux pifles. Le cheval lève les deux pieds de devant, les remet à terre, en portant de côté l’avant main, puis il enlève & pofe de même l’arrière-main ; ce qui fait deux temps très-pnefTés & très-vites. A moins qu’un cheval ne foit très-fouple, bien mis, & d’un caraâère gai, je ne confeille pas d’effayer du terre à terre ; car cet axr demande beau* coup de juflefTe & de vigueur dans le cheval. S’il ne fuit pas bien librement les talons aupafTaget en fé foutenant de lui-même, & en gardant fa bonne pofition, il n’a pas encore les principes qui le conduiront à cet aïu S*il exécute bien tout le travail de deux ptfles au paf&ge pour la jambe de dedans, alors il fera temps d’euayer. Je m’y prends ainii.

Après ravoir manié quelque temps fur les deux pifles, je le renferme un peu plus ; je retiens la rêne de dehors pour diminuer un trop grand pli qui s’oppoferoit à la liberté du cheval ; puis je le chafTe de la jambe de dedans en l’animant, afin qu’il parte au galop de c&té. Si les hanches ne ferment pas comme il faut, }e ne fais aucune difficulté d’employer, dans les commencements, l’aide de la jambe de dehors, que je diminue à mefure que le cheval prend du plaifir à la leçon, 8e que cet àÎT lui devient propre. Alors il exécutera pref< que de lui-même, étant maintenu pat ; l’équilibre’ 9jL la belle pofition de Thomme. L’animal accoutumé à cet « lir, peut y travailler fur toutes fones de figures, 8c fur-tout les voltes. Rien de plus beau qu’une volte en terre<^-terre, bien jufte 8c bien pafTée ; mais cela efl ii rare » qu’à peine en voit— on de complette : on envoie cependant des ponions, qui donnent l’idée de la totalité.

Du Méiain

Ce que le terre à terre efl décote, le mèzaif l’eA fur le droit : un galop à deux temps bien frappés. Le mézatr efl une gaité du cheval dans la^iuelle il enlève le devant à une médiocre hauteur » le. pofe preflement à terre en même temps qu^’il coole les hanches fous lui avec poomptitude & vxr*. gueur. Si le cheval ne se préfente de lui-même à cet air^ . il fera difficile de Vy mettre ; mais fa fouplefle, & fod feu naturel, jui en donneront quelque temps. En le ménageant & en lui laiflant du repos, fa gaîté fera plus agréable » Se il prendra quelques pas de mézair.

Pour entretenir le cheral à cet aîr, on peut fe fcrvir des aides fuivantes : enlever légèrement de la main, & laifler tomber moëlleufement les jambes prés du corps pour lui donner une chafTe douce & fulvie : on doit fur-tout être affuré dans la felle. De certe manière on pourra y accoutumer le cheval. Mais lagaitéune foiâ paâee » iln*a plus le même agrément »

J*ai mis cet airi la fuite du terre-à-terre, à caufe de la grande analogie que je trouve ehtr*eux. Des jirs relsvések gèsèkau

Les fauts & les bonds que les poulains en liberté font dans les prés, font proportionnés à leur force & i leur légèreté, & font produits par leur gaité & par leur vivacité : ces qualités peuvent être les mêmes dans tous les chevaux, mais leur confiruâion ayant des différences, ils ne font point tous capables d*exécuter les mêmes fauts. On exerce les chevaux aux ûirs rtlevis plutpt pour la curiofité que pour une utilité réelle* Les anciens aimoient ce genre de manège ;  : aujourd’hui il eft très— négligé en France. Cependant, comme il « ft bon d’avoir des principes pour dreffer des chevaux fauteurs, nous croyons convenable d’en dire MO mot.

Théorie du Saut,

La première aâion du cheval qui veut fauter, eft d’enlever le devant, d’en rapporter toute la maffe fur les jarrets, qu*il plie & qu’il avance autant qu*il lui eft poffible lous le ventre vers fon centre de eravité, afin de pouvoir enlever plus tellement & plus haut une grande partie de fa mafte : car, plus le poids qui fera fléchir les articu* lations fera grand » fans excéder les forces des jiarrets « & toujours dans une proportion raifonnable ; plus alors la détente fera vive : de même plus la flexion eft grande dans les articulations, plus Teffort eft confidérable. Ceft pour cela que les chevaux, lorfqu*ils veulent redoubler leu^ fauts, fe rapetiiTent, pour ainfi dire, fur leurs -y jambes^de derrière.

Les mufcles fléchifleurs ayant agi avec une grande vîtcffe, & la maffe ayant comprimé les extrémités des os fémurs fubitement & bien fur les lignes d’appui des jambes de derrière, comme éette fituatiôn eft pénible & ne fauroir durer, les mufcles extenfeurs agiffent à leur tour avec une promptitude proportionnée à la gène où ils étoient ; & rextrémke de la jambe trouvant le terrein qui arrête fon effort & réagit fur elle, toute Timpulfi ^n eft alors pour la ouffe mobile qui eft le corps de TanimaL

AIR

L*élévat ! on & la longueur du faut font propot^ tionnées à retendue des os > à la force des mufcles » & au degré de cohérence dans toutes les parties des jarrets.

Une articulation formée par des os très-longs, ouvre uii angle plus grand, dont l’cxirértité cotaiprimj &e s’éloigne davantage, dans la réaâion, de celle* qui appuie fur le terrein ; la force des mufcles augmente, raâivité des refforts, & la cohérence ferme des organes des jarrets peut fupporter ua plus grand poids fans fouffrir.

L|animal, dont le volume eft léger en raifon de fes jambes, eft plus propre à fauter ; car les arti » culatipns, en s*étendanr aorès la compreffion » trouvant une moindre réfiftaace, la force delà détente doit pouffer le corps plus loin. Il eft cer* tain qu’un petit cheval bien fait & nerveux, eft plus propre au faut qu’un grand animal. Daprès ces principes il nous fera plus facile de donner les moyens de dreffer des chevaux aux airs relevis »

De la Ptfadt.

La pefade eft un air dans lequel le cheval biea placé, & bien dans la main, enlève le devant en pliant les deux jambes de devant, ^fans remuer celles de derrière, & en fléchîffant les jarrets. Pour exécuter’la pefade, il eft néceffaire de bien raffembler le cheVal, & d’enlever la main, en fixant les hanches par une preffion légère des deux ^ras de jambe. Les pefades feront médiocrement élevées ; le cheval ne les fera pas de lui-même, & il ne reculera pas avant que de les faire. L’homme foutiendra le cheval lorfque fon devant retom » bera afin que lies épaules ne portent pas tout le poids.

Cette leçon eft utile oour accoutumer l’animal à rcfter fur fes jarrets, oc pour les habituer à fup* porter fans remuer toute la maffe du corps. Dt la CourbaUp

Dans la pefade i les ^hanches ne marchent pas ; dans la courbette, auffi-tôt que le cheval s’eft eiuevé à pefade, le derrière marche en pouffant le devant : les jarrets reftent plies, & ne s’étendent qu’après que Ton a ceffé d’enlever i courbettes s car fi l’on en (aifoit un trait d’un bout du manège à l’autre, les hanches feroient toujours en travail. Pour faire de belles courbettes, les hanches doivent agir preftement, enfemble, & fans traîner. Une cadence tnde, vive & bien marquée, caractérife les belles courbettes. Voici la manière de lei faire.

On enlève à pefade, & dans l’inftant on chaffe des deux jambes ; on laiâe tomber le devant, en rendant imperceptiblement la main ; les jambes fe relâchent auftî, & fe raniment pour recommencer.

Il faut un taâ particulier pour cet air, très agréa* ble, mais très-rare en France ; car il eft difficile de trouver trouver un cheval propre à ce manège. Les anciens écuyers faisoient toutes fortes de figures à courbettes. Aujourd’hui ces opérations n’ont lieu que dans les livres. Est-ce un bien ? est-ce un mal ? Je ne décide point.

De la Croupade, de la Balotade, & de la Cabriole.

Dans b courbette » le cherat sVft peu élevé de terre, parce que fes articulations de derrière ne fe font point déployées ; s’il les étendoit y alors il fauteroit des quatre jambes. Le faut qu*il feroît f » rendroit un nom difierent félon ta difpofitibn de es jambes de derrière. Si elles font pliées fous le ventre dans Tattitude qu’elles ont à la courbette, le faut fe nomme croupade. Si les deux jarrets remontent & touchent les fefles, & fi tes fers fe lajffent voir, mats, fans ruade > ce fera unthalotadc. Enfin, quand le cheval bien enlevé détache la ruade entière, il fait une cabriole. Les règles de k% fauts, font que le devant foit bien enlevé, & plus que la croupe, que l’animal foit droit, & qu^il ne faute pas fans ta volonté de l’homme.

On fiiit fauter te cheval en enlevant ta main, & en aidant la croupe avec le poinçon, ou la gueule ou la chambrière, jufqu^à ce ou’il foit confirmé dans fon air. Sa vigueur & fa légèreté décident du ftut qui lui convient : l’homme ne peut le fixer à l’un plutôt qu’à Tautre.

Cefi un grand abus que de voulok fiiîre fauter des chevaux, fans les avoir fait paflerpar les leçons du manège, qui les aflbopliflent & les rendent obéiâànts : autrement ils ne fautent que de caprice & de colère, & deviennent dangereux. Les chevaux parfaitement exercés, comme t’étoient ceux de M. de la Pleigniére, exécutent tout le manège exaâement, & fautent en liberté, au commandement de l’homme, fans f^xtt, un temps de plus contre fon gré. C’efi-U drefier des fauteurs » que Ton peut exercer fans courir rifque de la vie.

AJUSTER un cheval, c*efl lui apprendre fon exercice en lui donnant la grâce nécenaire.

ALLÉGIR. C*eft rendre un cheval plus libre, plus léger du devant que du derrière. Lorfqu’on veut alUm un cheval, il faut qu*en le faifant troter, on le fente toujours difpofé à galopper, 8e que l’ayant galoppé quelque temps, on le remette encore au trot. Le cheval eft fi pefant d’épaules, ^ & fi attaché à la terre, qu’on a de la peine a lui rendre le devant léger, quand même, pour l’tf //^£ir, on fe ferviroit du caveçon ^ la Neucaftle. Ce cheval s’abandonne trop fur les épaules ; il faut X^Uér du devant & le mettre fous lui.

ALLURE. Train, marche d’un cheval. Ce cheval a Xallurt froide, pour dire qu’il ne lève pas afiez le genou ni la jambe, 8e qu’il rafe le tapis : il a de belles aUuns, pour dire qu’il a la niarcne belle. Il n’y a perfonne qui pnifie parfaitement drefler un cheval, qu’il ne /cache exaâement toutes les al-


lures naturelles des chevaux, 8e le^ aéKoos dbr jambes. Les allures naturelles font le pas, ou petit trot, le trot, le galop. Si ce cheval continue à falfifier fi : >n aÛure y donnez-lui de l’éperoli dans la volte. Neucaftle dit : Ce barbe a les allutês belles » contre l’ordinaire des barbes.

Dis ^XXerjts^.(LAGuÊRINIERE) ;

La plupart de ceux qui montent à cheval n*otit Îu’une idée confufe des mouvements des jambes e cet animal dans fes différentes allures ; cependant fans une connoiflànce auffi efientielle à un cavalier, il efl îoipoflible qu’il puifle faire agir des refibrts, dont il ne connoit pas là mécanique. Les chevaux ont deux (brtes é*aliures ; favoir ^ les allures naturelles, 8e t% allures artificielles. Dans les Mures naturelles, il faut diAinguer les allures parfaites, qui font, le pas, le trot, 8e le galop ; 8e les tf// « reidéfeâueufes, qui font, Tarn* oie y l’entre-pas ou traquenard 8e l’aubin. ^ ^ Les allures naturelles 8e parfaites, font celles ont viennent purement de la nature, fans avoir été perfeâionnées par l’art.

Les allures naturelles 8e défeAueufes, font celles qui proviennent d*ùne nature foîble ou rainée. Ë allures anificielles, font celles qu’un habite fait donner aux chevaux qu’il drefie, pour ner dans les difi&rents airs dont ils font ra «  pables, 8e qui doivent fe pratiquer dans les aa « . néges bien réglés. Voye^ Airs.

Dis allukks naturzues.

Le Pas.

Le pas, efi l’aâion la moins élevée, la plus lente 8e la plus douce de toutes les allures d’un chevaU Dans le mouvement que fait un cheval lorfqu’il va le pas, il lève les deux jambes qui font oppofées 8e traVerfées » l’une devant « l’autre derrière : quand, par exemple, la jambe droite de devant eft en l’air & fe porte en avant, la gauche de derrière fe lève immédiatement après, 8e fuit le même mouvement que celle de devant, 8e ainfi des deux autres jambes ; enforte que dans le pas, il y a quatre mouvemens : le premier eft celui de la jambe droite de devant, qui eft fuivie de la jambe ( ; auche de derrière, ^ui fiiit le fécond mouvement ; e troifième eft celui deja jambe gauche de de «  vant • oui eft fuivie de la jambe droite de derrière* ; 6c ainu alternativement.

Le Trot.

L*aâion que fait le cheval qui va au trot, eft de lever en même-temps les deux jambes qui font oppofées 8c traverfées ; favoir, la jambe droite de devant avec la jambe gauche de derriéie, 8e enfuitc la jambe gauche de devant avec ladroitedederriére. La différence qu’il y a entre le pas 8e le trot, c’eft que dans le trot, le mouvement eft plus violent, Equitation, Escrime, & Danse. D plus diligent & plus relevé , ce qui rend cette dkr* aiére allure hea^ucoup plus rude que celle dû pas » Îuî eft lente & près de terre. Il y a encore cette différence .’cVA que quoique les jambes du cheral, qui va le pas, foient oppoTées & traverC&es , comme elles le font au trot, la pofition des pieds • fe fait en quatre temps au pas, & qu*att trot, il n’y eit a que deux , parce qu’il lève en mêmetemps les deux jambes opcpafèes, & les pofe anffi k terre en tnéme-tenips comme nous venons de l’fxpliquef.

Ze Gatàp.

Le galopell Taâion aue fait le cheval en eouçint. </eA «ne efpèce de faut ea avant : car les jambes de devant ne fpnt point encore à terre ^ JoHque celles de derrière {e lèvent ; de façon qu’il y a un inftant imperceptible <^ les quatre jambes £»nt tn l’air. Dans le galop , il y a deux principaux mouvements , l’un pour la main droite, qu’on anpelle galoper furie pied droit, l’autre pour. la main gauche , qui eA galoper fur le pied gauche. 11 fant Jue dans chacune de ces différences , la jambe de edans dé devant avance & entame le chemin, & que celle de derrière du même côté , fuive & avance auffi , ce qui fe fait dans l’ordre fuivant Si le cheval galope à droite , quand les deux jambes 4fcde«  vant font levées , la droite eff mife à terre pins avant vue la gauche.» & la droite de derrière chaâk & fuit le mouvement de celle de devant ; -elle eft auflî pofèe ^ terre plus avant que la gauche de derrière. Dans le galop à main gatfche , c’eft le pied gauche de devant qui mène & entame le chemin ; celui de derrière du même côté fuît , & eft auffi fdtts avancé que le pied droit de derrière. Cette j)ofition de pieds fe fait dans l’ordre fuivant«  Lorfaue le cheval galope à droite , après avoir -raffemblè les forces de fes hanches pour chafler les"

panie$de devant, le pied gauche de derrière fe

j>ofe à terre le premier , le pied droit de derrière •lait enfuîte la féconde «ofition , & eft placé plits «vant ^ne le pied ganche de derrière , & dans le ; même mflant le pied gauche de devant fe pofe auffi à terre ; enforte que dans la pofition de ces deux .pieds , qui font croifés & oppofés comme au trot , -il n’y a ordinairement ou’un temps qui foit fenfible

à la vue & à Poreille ; & enfin le pied droit de de-

"Vant, qui eft avancé plus que le pied gauche de ^devant, & fur la ligne du pied droit de derrière-, jnarque le troiHème & dernier temps. Ces mouvements fe répètent à chaque temps de galop , & fe continuent alternativement.

A^mi gauche , la pofition des pieds fe fait difliSremmem ; c’eft le pied droit de derrière qui «snarque le premier temps ; le pied gauche de der-

?fiere & le pied droit de devant, fe lèvent enfuite 

.*& fe pofent enfemble â terre, croif(^ comme au ^et , & font le fécond temps ; & er*fia le pied .

catKhe de devant, qui eft plus-avancé que le pied

Aék de. denot» Sl ùu h Ij^c du ^ ied gaucbe i ALI

de derrière» marque la troifiime & derjlSère eà* dence.

Mais lorfqit’un cheval a les reflbrti lians & le mouvement des hanches tride , il marque alors quatre temps , qui fe font dans f ordre fuivant. Lorfqn’il gaiope k droite , par exemple , le pied gauche de derrière fe pofe à terre le premier , le pied droit de derrière fait la feéonde pofition , le pied gauche de devant , ImAiédifitement aprèk celui-ci y marque le troifième temps ; & enfin le pied droit de devant , qui eft le plus avancé de tous , fait la quatrième & dernière pofition , ce 3ui fait alors , i , a , 3 & 4 , & forme là vraie ca* ence du beau galop , qui doit être diligent -dei hanches , & raccourci du devant , comme nous l’exoliquerons daAs la fuite^

Quand il arrive qu’un cheval n’obferve pas en galopant le même ordre aux deux mains dans là pofuion de fes pieds , comme il le doit , & comme 410US venons de l’expliquer, il eft faux ou défuoL Un cheval galope faux ou fur le maiuvais pied , lorfqu’allant à une main , au Keu d^entamer le cher min avec la jambe de dedans , comme ^ le doit , c’eft la jambe de dehors qui eft la plus ’avancée ; c’eft-à-dire , fi le cheval , en galopant a main droite , entame le chemrn avec la jambe gauche de devant • fuivie de la gauche de derrière , alors il eft fauJt , il galope faux , fur le mauvais pied ^ & fi en galopant à main gauche , il avance & entame le chemin avec la jambe droite de devant ,& celle de derrière , au lieu de la gauche , il eft de même faux & fur le mauvais pied. La raifon de cette faufteiè dans cette allure , vient de ce que les deux jambes , celle dt devant & celle de derrière, qui font du centre du terrain autour duquel on galope, doivent néceflatrement être avancées , afin de foutenir le poids <ht cheval & du cavaHer ; car autrement le cheval fe* roit en danger de tomber en tournant » ce qui ar* rive quelquefois , & ne laifle pas d’être dangereux. On court auflî le même rifque quand un cheval galope défuni.

Un cheval fe défunSt de deux maniéf’es , tantôt du devant , & tantôt du derrière ; mais plus ordinairement du derrière que du devant. Il fe défunît du devant , lorfqu’en galopant dans l’ordre quil doit avec les jambes de derrière à la main où il va , c’eft la jambe de dehors du devant qui entartie le chemin , au lieu de celle de dedans. Par exemple , lorfqu’un cheval galope à main droite , & que ta jambe gauche de devant eft la plus avancée au lieu de la droite , il eft défuni de devant ; & de même, fi en galopant à main gauche , il avance la jambe droite de devant au lieu de la gauche « il eft encore défuni du devant. Il en CR de même pour le derrière : fi c’eft la jambe de dehors de derrière qui entame le chemin , au lieu de <ene de dedans, û eft défuni du derrière. Pour comprendre enco^ mieux ceci , il faut faire attention «que lorfqu’un cheval en galopant à droite, a tes jara^bes dé dé* vant placées comme Udcvroities avoir fourjth loper à gauche, il est désuni du devant ; & lorsque les ïambes de derrière font dans la même pofition ^ où ii devroit les avoir, à gauche, lorfqu il galope à droite, il eft’défuni du derrîèi’e. Il en eft de même ^ur la main gauche,

; Il faut remarquer que pour les çhevanx dechaflTç 

fie de campagne, on entend toujours, fur-tout en France, par gflloper fur le bon pied, galoper fur )e pied droit. Il y a pourtant quelques nommes de .cheval qui font changer de pied à leurs chevaux, .afin de repofer la jambe gauche, qui eft celte oui fouffre ie plus, parce qu’elle porte tout te poids, au lieu que la droite entamant le chemin » a plus de . liberté « & ne fe fatigue pas tant. VJmUe.

L’am)3le eft nne allure plus bafle que celte du pas, mais infiniment plus allongée, dans laquelle le cheval n*a que deux mouvemen », un pour chaque côté, dfe ftçon que les deux jambes du même côté, celle de devant & celle de derrière fe léven ; en uh mên : e-temps, Se fe portent en avant enfembie ^ & dans le temps qy*eiles fe pofent à terre, ^uffi enfemble, elles font fuiviet de celles delWre côté, qui font le même mouvement, lequel fe continue alternativement.

PoiA— qu’un cheval aille bien IHimble, il doit marcher les hanches bafies & pliées^ & pofer les pieds de derrière > un grand pied au-delà, de l*endroit où il a pofé ceux de devant, & c’eft ce qni &it qu*un cheval d’amble fait tant de chemin, veux qui vont les tianches hautes & roides n avancent pas tant $c fatiguent beaucoup plus un cavalier, les chevaux .^’amble ne font bons oue dans un terrein dôu^c & |iini, car dans la boue oc dans un terrein raboteux, [un cheval ne peut pas foutenir long— temps cette ’allureJ On voit à caufe décela, plus de chevaux de cette efpèce en Angleterre quen France, parce que le terrain y eft plus doux 8t pins uni, mais généralement parlant, un cheval d amble ne peut pas 4urerong-temps, & c’eft un figne de fpiblefle , qans la J^fiipart de ceux qui amblent : les" |ennes ^ poulains même prennent cette alhire dans la prairie, ’jAifqu’à ce qu’ils aient aftèz de force pour troterSc ’galoper, fi y a beaucoup de braves chevaux qui, ! [après avoir rçndu de longs fervices* commencent à ambter, parce que leurs refibrts venant à s’ufer, [ils ne peuvent plus foutenir les autres allures ^al leur étoient auparavant ordinaires & naturelles. l.*eiltrer*pas, qu’on appelle aMfti trnquihavd <, eft [ « in train rompu, qui a quelque chofè de lamble. iLes chevaux qui n’ont point de reins & quVn firefle fur les épaules y ou qui commencent à avoir es jambes ufées & ruinées., prenneiit ordinaireinent cette allure. Les chevaux ^e charge par ’cxf mple, qui fon^ ohlijgés de falr^ dUigençe, après 5 yoiHrotii pendant qiielquei ahnêesil fardeau &r . ^ fSSP ?  ? V>ïf5u’îl^ û^iit j>l^< #B*, & XoTfe pfur A X. ^ <37

foutenir r^âlon du trot, p^eiinjènt ^ nf^a U ! t€, efpe<^ ’de tîïcotement de jambes, vîte & fnivi, qui a Ta* d’un amble rompu, & qui eft, à propneôient patî1er, ce qu’on appelle enm-péu ou traquenard. L’Aubin.

On s^pelle auhînyVtht allure dans laquelle le cHevat en galopant avec les jambes de devant, tfolk ou va Kamt)le avec le train de derrières Cett «  allure, qui eft t.rès-vilaîne, eft le train des cfcevau* qui ont les hanches foibles & le derrière ruiné,’8c qui font extrêmement fatigués à la fin d’une longue courfe. La plupart des chevaux de pofte a.ubinenît au lieu de galoper franchement ^ les poulains qui n’ont point encore aftez de force dans les hanches pour chafler & accompagner t devant, & qu’on vent trop tôtpreffer au galop, prennent auffi cette tf//(^r<, de même que les chevaux de chaflê’, lorsqu’ils ont lés jambes de derrière ufées. Pis AILURBS DU CpSVAL. ( DyPATT).’ Les allures • du cheval ont des propriétés di » rentes les unes des aun-es, & cependant fe réunU^ fent en quelques points.

Le pas eft eftimé lorfqu’it efi foutenu » allongé, bien cadencé, & noble.

Le foutien de Cette allure vient de la l>onne attitude du cheval, & dét’emplfi de fes jambes con^ formémentaux loix de la nature, iorfqu’aucun accident n’en dérange le bon ordre, & que la coni^ tmâion de l’animal eft l>onne. Dans le pas foutenu, la pofition de la tète du cheval ne vario point ; il la conferve longtemps, parce que fes forces fçnt ménagées.

Le pas eft allongé lorfque le terrein qu*embrailê le cheval dans le déplacement de fes jambes e$ confidérable. Il n’eft allongé avec grâce, & même avec fureté pour l’animal, qu’autant que fon fou^ tien n’eft pas détruit:& pour cela le compas formé par les jambes de devant ne fera point trop ouvert ; car l’animal fe rappetifteroit, perdroit de fa nobtefte & de fon ioutien; il ne gagne en longuei|r qu’aux dépens de fon élévation. —

I^e pas doh de plus être cadencé, parce que chaque battue, en fe fàifant entendre à des diftanc^ égales, forme iine fuite de fons ^aux. Par cette égalité on juge que lès membres font bien d’accôÂl entre eux pour la force & pour h mobilité. Une cadence hardie èftjprèférable k celle qui rèfultera d’un pied pofé mollement. Tout cheval qui marclie mollement dénote de la fpibleiTe. { L’attitude des jambes, ta pofition du pied v ta régularité de$ inpuvements font, à ofaferver— av^ un foin particulier par celai qui cherche im’beau pas. A cette a/^ff chaque jampeikft entendre très* dindement fa battue, ce qui forme quatre* temps. Lé trot, qui eft plus vite, pe fait entendre qut deux tetmps, fi ranimai eft bon & fi fes membres

"fctnc^’àccord. ht courts intervalles qui fe trouvent
18 ALL AMB

XDtre Upoiie iesicux jambes d’iagonalemeiit op|)o£èefty ne (e font fentir qu’à Voàl : Toreille ne fauroiî lef dîAingueryfi le cheval eft foutenuSc égal ^ns (on devant & dans fon derrière. On defire nue le trot fott foUtenH « allongé, Jurdi, cadencé, & brillant.

Le foutien n’exifie ^ue par b bonne pofition des jambes dans leur inniiion, & dans robfervanon confiante des lois de Féquilibre.

Le trot allongé aux dépens de fon footien, eft défordonné ; & ces deux propriétés doivent (e trouver TéuBÎes pour former une bonne all^c^ Il eil hardi (i chaque pied dans fa battue poTc • avec fermeté & fans tâtonner. Dans Le cas où cela arriveroit, on peut penfer que Tanimal craint la ^aâion de la part du terrein^ & que le contrecoup le fait feuffrir..

Le trot efl cadencé quand les battues qui Te font entendre confêcutivement » font également efpacées.

Il efl brillant lorfque les membres fe déploient avec vieueur, oue h battue eft prefte, & que les ^emps font ferres & vifs. Un trot lent & traînant, vient de la défunion & du peu d^harmonie des jnembres^ il eA défeâueiiv.

Dans le galop à quatre temps, le mouvement ^es jambes éft le même qu*au pas. Cette allure eft harmooieufe & pleine de grâces. Les chevaux liants & nerveux toutà-la-^oh, & iur-tout les chevaux de race qui favent (c foutenir, ont cette belle aliure : elle n*eft pas vite, mais les membres s*y déploient bien. Les quatre battues y font également « fpacées ^ & plus elles font vives » plia Tair efl brillant.

Le galop ordinaire efl à trois temps. Les deux jambes, la gauche de devant & la droite de derrière fe font entendre à-la fols. Les mémtscondi--tions s’obfervent dans ce galop & dans le précédent, i l’exception du quatrième tçmps. Dans le galop à deux temps, on n’entend que -deux battues ^ les deux ïambes îliaconalementop•|iofées tombeat^enfemble. Je préfererois ce dernier air de galop, parce qu^il tient plus de ia nature du /aut, qu’il martpie plus de liberté, d’ai£ince, de Jégéreté & de neit dans le cheval, & STil paroit le phis propre à produire de la vkefle. ans ce galop » ia détente du reflbrt efl plus viv «  & plus prefte : les deux jambes de derrière font mou » éloignée^ Tune de lautre ; & le cheval eft .plus long-temtis enlevé que dans les autves airs de ^lop, puifque les jambes partent toutes dans un efpace de temps « moiadre que dans le jalop à quatre temps.

Si le dievàl tjk cet air, traliie les hanches, & ne ramène pas les jambes de derrière près de la ligne 4iu centre de gravité, fon galop A découAi ; on entend dem battues trop éloignées Tune de Pauafe, & moUemem frappées : Taniinal efl iknsaae. J4ais fi fes jambes ôiflent bien, ce galop fera acide &l)si|laof. Plus les deux battues lerom fer-A MB

rit%, plus il y aura de fierté dans la marcha éa cheval.

ObftrvâMn fur Us allures.

Dans les deux Muns les plus lentes, le pas & le trot » le cheval ne quitte pas terre de fes quatre jambes à-la-fois, &ila toujours furie terrein une de fes jambes de derrière. Cepenaant un auteur célèbre prétend qu*il y a un inftantoù aucune jambe de derrière ne pofe à terre. Cela eft mal vu : car fi cda étoit, n n*y auroit aucune différence du trot &du galop. Or il eft conflant qu’il y en a une coofidérable ; & c’eft une £iufle obfervation de la part dfe cet auteur * qui apparemmem n’a vu ({te des chevaux fur les épaules, où qui ne connoît pas au jufte le mécanifme des aâions du chcvaL Dans le galop « le cheval perd terre, il eft un inflant en l’air 4 & la même jambe continue tou » jours la fonâion d’appui & de reflan, tant nue le cheval eft uni à la même main. Le cheval corn* mence (a progreiîon par le pas ; tl fe met enfuite an trot ou au galop ^ielon qu’on le prefte : mais il ne peut partir vivement & preftement au premier ébranlemem^ c’eft une ch^e d’expérience. Celui qui eft lent à raflembler fes forces > pour partir au galop, eft foîble ; —celui qui pan aifément « nette «  ment t & fans précipitation du pas au g^op, eft an contraire v^eureux.

AMBLE. Train, pas, on certaine allure d*ua dieval. Il fe fait lorfque les deux jambes du même côté s^étant levées &. ofées en même temps & enfemble » les deux autres fe meuvent après, ce qui continue altemativemenc. C*efl la première al «  Iure des poulains, quand ils ne foiît pas afiez forts pour trotter. Pour leur entetentr cette allure, on leur met des entraves » & on leur attadie des bonbons de foin autour des jambe) de derrière. Cette allure eft bannie des manèges, où Ton ne veut que le pas, le trot & le gdop. La raifon efl que fans arrêter un cheval, on peut le mettre : du trot an galop ; mais on eft contraint de Tariièler pbur le mettre de Pamblt au galop, ce qui fait pesdre du temps, & interrompe la juftefTe & lâtedbnceda manège. La Haquenée eft un cheval qnt Va YamhU* On appelle un cheval franc d^sméle lbrfqu*il va VamiU, craand on le mène en main feulement avec le licoL On ditaufli an plurier, les grands amhUu On a dit amSlure^n vieux gaulois. Vamhle eft, félon Végèce, un petit pa^ de <peval fort vite, qtii plaît à celui qui le monte, qui vient natuf^lement, & 4X>n par art » Quelques-uns a]mellent faufle jambe devant, ^n smUe dans la viteSè dn aalop » oulgi .deux aâions du trot & de YamhU dans la^rkeffe du galop. Il y a pkfieurs chevaux, ouï, i>ien nulls ne puiflènt que troter, éunt preffes au manège » vont fouvent un atutU confus, & quelquefois un smBU parûnt. Cheval franc d’^nn^fc, c^ft-à-dirê, ^ qui va bien VémbU en main pr le bout du licoL U y a diftéreûtes manières pour drefler un jeune

cbcfil i Ttfai^i^. Quelqnes-uns le Êuigucntà mascbtt
AMB APP 29

f9S% pas dans des terres nouvellement labouries, ce qui Taccoutume naturellement à la démarche de VamkU^ maïs cette méthode a (es inconvénients ; car on peut » en £itiguant ainfi un jeune cheval , l’affoiblir ouVeftropier.

D*autres > pour le former à’ ce pas , l’arrêtent tout court tandis au*il galope , & par cette furDrife lui font prendre un train, mîcoyen entre le galop ; de forte que , perdant ces deux allures , il faut né- ^eflairement qull tetombe à YambU ; mais on rifque par-là de lui gâter la bouche ou de lui donner une «ncartelure » on,«n nerf- ftnire.

D’autres l’y dreflent en lui chargeant les {Meds de fers extitèmement lourds ; mais cela peut leur

fiitre heurter & bleâer les jambes de devant avec

les pieds de derrière. D^autres , leur attachent au paturon, des poids de plemb ; mais* outre ^ue -cette méthode peut caufer les mêmes accicbnts nue la précédente , elle peut auffi caufer au cheval des foulures încurables , ou lui éorafer la couronne, &c.

D’autres, chargent le dos du cheval , déterre, de plomb « & d’autres matières pefantes ; mab il «ft à craindre qv’en ne lui rompe les vertèbres en , le furchargeam.

D’autres, tâchent de le réduke â l’iim^/f , à la nain, 4ivant de le monter, en lui oppefantune ’muraille ou une barriène & 4ui tenant la iiride ierrée, & le frappant avec une verge lorfqu’il i>roncke^ Air 4es ïambes de derrière & feus le Tentre - : oiais j>ar-là, on peut mettre un cheval en fureur , fans lui faire entendre ce que Ton Yeut de A P P t9

ou ils iç font trop court , & alors il ne fert qui lui faire tournoyer & lever les pieds de deriiéve & iubitement qu il s’en font une habitude dont on ne vient guère à bout de l’en défaire par la fuite. Quelquefois auffi le tramâil eft mal placé , &eA mis«  dans la craime qu’il ne tombe «. au-deffus dhi ^enou Sl du fabot ; en ce cas, l’animal jie peut pas pouflex contre , & la jambe de devant ne peut pas forcer celle de derrière à fuivre : ou fi , pour éviter cet inconvénient, on fait le tramail court Scdcott^ il comprimera lé gros nerf de la jambe de imïbcc & la partie charnue des cuifles de devant ,enibne que le cheval ne pourra plus aller qii*il nt bronche pardevant» & nefléchiue du train de derrière. Quant à la forme du iraount, quelques-uns le font de cuir i à quoi il y a cet inconvénient ^ qu^ s’allonsera ou rompra ; ce qui pourra empêcher le fuc^s de Topëration. Pour un bon tramail ^ îii ^t que les côtes foientii fermes , ^’ils nepui/Tem pas prêter de l’épaiflfeur d^un cheveu- ; la bouffis mollette^ & £ bien arrêtée qu’elle ne puiffe pat fe déranger ; la bande de derrière plate ^ &deC* cendant aflea bas.

£n le dreflant â la main^ on lui mettra feulement un demi- tramail , pour le drefler d’abord d’un €Ôté« enfuite on en fera autant à l’autre côté ; & lorlan’il fera VambU k h main avec facilité âe avecaifance, fans t-rébucher ni broncher, ce qui fe fe Élit d’ordinaire en deux ou trois luMires, on lui mettra le tramail entier.

AMBLER, aUer à Tamble. H 7 a certains chevaux bien forts , qui amUeru étant preiTés au malui , ou le faire cabrer , ou lui £iire écarter les j nèee mais le plus fouvenc, c*eft par foibleâe natn-’jambes , ou lui faire prendre ipielqu’autre mauvais ^ ttiit ou par laffitude

  • tic , dom on auroit de la peine à 4è déshabituer.

D’autres , pour le même effet , lui mettent, aux deux pieds de derrière , des fers plats & Umu qui -débordent le iabot en devant, autant qu^l/aut pour que le oheval , s4 prend le trot , fe heurte le derrière des jambes de devant avec le bout des fers ; mais îl y a à eraindre <itt ?il ne fe bleffp les verft & n’en devienne eflropie pour toujours. Quelques-uns , pour réduire 4in cheval à ïamhU , -, fe traverfer. Ce terme eR vieux fc peu ufité dans lui mettent des liiières amour des jambes en forme de jarretières , & l’envoient au verd en cet état pendant deux ou trois iemaines, au bout defquelles on les lui 6te : c’efl ainfi que les £fpagnols s’y prennent ; mais on n’approuve pas cette méthode, ; ««ar quoiqu’â la vérité, un cheval en cet état ne pui^ <pas/troter fans douleur , fêsjnembces n*en loniTriront pasmoins^ & fi l’on parvient ! le meto’e à Vambie , (on allure fera lente & aura mauvaife ^race , parée ’qu’il aura le train de derrière trop «  •nmfzm. La manière- de mettre 4tn cheval àïamàu Er le mojen du tramait ,’ paroit la plus naturelle la iJfiiiK fore : mais Jbeaucoup de ceux qui s’en Mmmtircette méthode, tombentencore en diiKremés nutes ; quebuefois il fsim k tramait trop long , te alors il ne (ert qu’à faire heurter les piens du jÂssni coafiifcmeat, les uns contre lesawresi

AMBLER, aller à l'amble. Il y a certains chevaux bien forts, qui amblent étant pressés au manège ; mais le plus souvent, c'est par foiblesse naturelle ou par lassitude.

AMBLEUR. Officier de la grande & petite écurie du roi.

AMBLANT. cheval qui va l'amble.

AMENDÉ. Un cheval amendé est celui qui a pris un bon corps , qui s’eft engrâtfle.

AMONCELER. Cheval qui amoncèle, ou qui s’amoncèle. Cheval qui efi bien enfemble , qni eft bien fous lui , qui marche fur les haadies fans le manège.

AMPLE. Epithête qu’on donne an javret d*ua cheval, f^oyti , TâarET.

APPELER un cheval de la langue, c'est frapper la langue contre le palais., «e qui fait -un fon qui ’Teflemble à^Mc On accoutume les chevaux à cet aveniflement^ en raccompagnant d^abord de qatVjgu’autre aide, zHn que , parla fuite , H réverlie Ton attention pour ion exescice en ^entendant ce Im tout feul.

APPUI. Ceftie Tentlmem ri&âproqne entre 1t jnala du cavalier, &lai>ouche du dievsA^ parie moyen delà brider on bien^c’eil le fentiment de J’adâonde la bride dans la main duxavalîer.Âinfi .le bon fc le Arrai ^pfmi de la main , eft mi iomies déUcat de la Iride^ enforte «que le Cfaev ;d retenu

jar la iepfihilité des f anies de Ja buoudie^ti’tfft
30 ARR ARR

trop appuyer fur r^mbouchure, ni battre Si lamain pour réfiuer. Appui qui force ia main^ marque d*une trés-méchante bouche. Cheval fans appin, qui a*a point à’appui, c*eft-à-dlre « qui craint Tem* bouchure « appréhende la main, & ne peut fouf" frir que le mords appuie tant foit peu furies partîpA de la bride^Ce cheval a Vappui nn, cVA-à-direy la bouche délicate. Il a un appui fourd, un appui qui force ta main ; il eft fans appuis c^eft-à-dire » qu’il obéit avec peine au cavalier, au^il craint Tembouchure. Un cheval qui a trop a appui, efl celui qui s’abandonne fur le mora* La rêne de dedans du caveçon, attachée courte au pommeau, eft un excellent moyen pour donner un appui au cheval » le rendre ferme à là main & l^aflurer. Cela eft encore utile pour lui affouplir les épaules, ce qui donne de V appui où il en manque » oc en ôte oh il y en a trop.

Si on veut donner de Vavpui à un cheval & le mettre dans fa main, il faut le galoper, & le faire fouvent reculer.Le galop étendcreft auffi très-propre à donner de Vappui à un cheval, parce qu’en galo| » ant, il donne Heu au cavalier de le tenir dans la fnain. Appui à pleine main, c’eft* à-dire, appui ferme, fans toutefois pefer à la main & fans battre à la main. Les chevaux pour l’armée doivent avoir Vappui à pleine main. Appui au-delà de la pleine snaln, ou plus qn’à pleine main, c*eft-à-dire, qui ne force pas la main, mais qui pèfe pourtant un |>eu à la main « Cet appui eft bon peur ceux, qui > jlute de cuifles, fe.tiennent à la bride.

APPUYER des deux, c’eft frapper &c enfoncer les deux éperons dans le flanc du cheval. Appuyer trertement des deux, c’eft donner le coup des deux iperôns de toute ùt force.

ARMER fe dit d’un cheval qui vent fe défendre contre le mords, & qui pour cela courbe fon en «  cohire jufqu*à appuyer les branches de la bride (Contre fon poitrail, pour défendre fes barres & 4a bouche, oc ne pas obéir à l’embouchure. Quand im cheval s’arme, il £iut le galoper fort vite, (k le .£iire aller terre-à-terre, pour lui faire paffer fes fantaiCes. Il y a des chevaux qui s^armem contre le ^nords, & qui font pourtant lejifibles à la main & très-légers. Il faut aonner à un cheval qui s’anne, , |io « branciie à ^enou, qui relève & lui htte porter en beau lieu. On dit aufll qu’un cheval s’^nn^ îles lèvres, quand il couvre les barres avec fes lèvres, aân de rendre fappui du mords nlus fourd jSc moins fenfible : ce qui eft ordinaiHraux chevaux qui ont les lèvres tort grofTes. Pour empêcher un cheval de %’artner des lèvres, il hii fiiyt donner une embouchure doqt le canon, ou l’écache, foit J)eaucoup plus large auprès des baiiquets, qu’à J’endroit de l’appui. On. dit auffi la lèvre srme la barre, pour dire qu’elle la couvre.

ARRÊT. Cefl la psuife que le cheval fait en cheminant. Former. Yarrùiii cheval, c’eft T-ar^êter fur fes hanches. Poi ? r former f arrêt du cheval, il faut, ea le commençant, « pprothcr d’abord’le gras


des iambes pourTanimer^ mettre Im corM énar* rière, lever la main de la bride fans lever le coude » enfuite étendre vi^oureufement les jarrets, Se ap-puyer fur le^ étriers, pour lui faire former les temps de fon antt en fatquam avec les hanches trois ou quatre fois. Un cheval qui ne plie pcûnt fur 4es hanches ^ qui fe traverfe, qui bac à la main » forme un arrêt de mauvaife grâce* Après a voit’ maroué Varrù, ce cheval a fait au bout uae ou deii9 pefades. Former les arrùs d’un cheval courts & précipités y c’eft le mettre en. danger die le ruiner les jarrets & la bouche. Après Varréi d*un çbey^U il faut faire enfoite qu’il fournifte deux ou trois courbettes. Le contraire de Varrét eft le partir. Oji difoit autrefois le parer & la parade d’un cheva^k pour dire Ion arrêt. Demi— arrêta c’eft un arrêt qui o’eft pas achevé, quand le cheval reprend Se con* tinue fon galop, fans faire ni pefades ni courbettes » Les ch^aux qui n’ont qu’autant de force qu^il leur en faut pour endurer Yarrêt, font les plus propres pour le manège & pour la guerre.

De HAkslèt st du Reculssu.

(La GvÉRiNikjiB).

Après avoir exercé les)eunes cheyaux au trot, * nui eft le feul moyen de leur donner la première touplefte, dont s ont befoin pour fe difpofer à l’obèiftance 9 il faut pafter à une autre leçon, qi^i n’eft pas moins utile, puifqu’elle confifte à les préparer à fe mettre fur les hanches pour Içs rciadte agréables & légers à la main.

On appelle un cheval fur les hanches, celui qui baifle & Xt les hanches fous lui, en avançant les pieds de derrière &. Içs jarrets fous le ventre* » pour fe Honner fur les hanches un équilibre natu^ turel, qui contrebalance le devant, qui ell la pjîni^ la plus foible : duquel équilibre naît ragrém^nt ^ la légèreté de la bouche du cheval. Il faut remarquer qu’un cheval, en marchant^ eft naturellement porte à fe fervir de la force de C^ reins, de fes hanches & de fes jarrets, pourpouC » fer tout fon covpsen avant ; eoforie que fes épaules 8c fos bras étant occupés à feutenir cette aâion, fe trouve néceflairement fur les épaules, & par con(2quent pefant à la main.

Pour mettre un cheval fur les hanches, 9c lyi ôter le défiiut d’être Au* les épaules, les homm^ de cheval ont trouvé un remède dans les IcçQP), qui font IVimr & le demi-4#i^ & k rcjculer. De r Arrêt.

Vàfftt eft L^eftet ipie produit Vaâion que l’on fait en retenant avec la maîn de. la bnde la Mte du chçval, & les astres parties de T^vant-main, & en chaflam en même temps ^f éltcaiemant les iax^c^% avec les ms de jambes ; csforte que t(^ le ;.i ; orps du thmSt fo feutienne à^as Téc^uilibre.,.en demeurant ior.iitt ïambes j& fiir &§ pieds de dçrrièrct GeM^a^kw ^JV^ééL tf^-mil^pwiî « f qd^ m <r ! tf’ /

/^ ARR tàl ttger à h matn & agréaUe au caTtHeit » eft bien |»Ius cufficUe pour fe cheval que celle de tourner » qui lui eft plus naturelle*

  • Pour bien marquer un arrityXe cheTal doit être.

Ifb peti amené auparavant , & dans le temps qu’où tfent qu’il va.ptus vite que la cadence de fon train , il faut , en le fecouant dMîcatemem des gras de jambes , mettre les épaules un peu en arriire , & tenir la bride de plus terme en plus ferme » jufqu’à ce que ïarréi foit’formé ; c*eft-à-dire , jufqu^à ce que le cheval ibit arrtèté tout-tà-fatt. En mettant le teorps en amère,’On doit ferrer un peu les couder £rès du corps ^ afin d’avoir plus d’affurance dans i main de la bnde : U eft neceâaire auflî que le cheval fe denne droit à Varrhj 4ifin que cette action fe fafle fyr les hanches ; car » fi Tune des deux jambes de derrière Cort de la ligne des épaules » fe ^eval fe traverfant dans cette aâàen ^ u ne peut 4tte fur les hanches*

Les avant^es quVn tire d*ua anit bien lait , ibnt de Taffembler les forces d’un cheval , de lui difllurer la bouche^ la tète, les hanches, & de le r^fdre léger à ’la main. Mais autant les «rr^/^ font faons y ioriqu’Us fom faits ^ propos « autant ils font |>erntciei}x krfqu’on les fait à contre-temps. Pour içavoir les placer , il faut confulter It nature du <heval ; car les meilleures leçons ^ qui n’ont été « i v e méa s que pour perfeâîonner ceue nature , feroîentun effet contraire ^ iî on en j^ufeit, en 4es ptatiquant mal-i^-propos*

Ak jpremîiére apparence de légèreté pour le trot^ & de lacUké pour touener aux doux -mains , on commence à marquer des arrêts à un oheval , mais Tarement d’abord , en Jes retenant petit à petit & <loucement9 car, par un ^tn-À &ît bfufquement & ^tDut-à-cetip 9 comme 4 d’oo fenl temps on le plan^ toit fur fe cul^ on affoibliroit fes rems & les jarirets d’un cbevai ; on ponrrok tnème^ftvopîer pour ^toufoUFS un ^emie eheval • qui n’a ,paft pris encore toute fa force.

Outre les ftiHics cfaevauac^ qu’îl ne £tut jamais ypeikr m arréterttopTndenient,il yen a encore )d’autre« aveclefquels il faut bienména( ;er T-irré/, ifoit p«r défaut de conftraiâion ,^n par foîblÂfiè na-Mreile ; ce que nous ailons examiner. .1% Comme la tête eft’4a première partie qu*on idoit ramener à i’anà , fi le cheval a b ^nacbe trop -étroite^ îl Contiendra difScilement cette aâion ; de même fi l’encolure eft mal faite ^ renverfée^ ce Won appelle encolure de ctTf il s*armera » & X^irrît -’deviendra^r & courbé : fi les pieds font foibfes o douloureux , il fuira ^afrêt ^ & H fera enopre plus abandonné fur 4e devant & fur l’appui -de la Dride , que îi la foiUefTe v«Boh ides jambes^ des épaules ou des hanches.

2^ Les chevausc longs- de corfage & fenfibles , ^om ordina’nremettt fbtbfes-de veios y & forment par confiqnenc de mauvais ^r^âr , par la difficulté ’qu^ils ont fie raftèmblei : leurs fofces^ pour fe ra- ^■eoer liif 4t)s fcanflhfs» ee fpâ cauib'jCfl leux j>ltt-Â RR M

fieuffg défordres : parce que» ou ils refufent de re«  prendre en avant après Xarrh , ou ils vont une efpèce de traquenard ou aubîn» ou bien s’ils obéiffent y ils s’abandonnent fur la main » pour fuir la fujétioo d’un nouvel ainu

3*. Les chevaux enfellés, qui ont le dos feîble & enfoncé , placent avec peine leur tête à l’arrêt , parce que la force de la nuque du col dépend dl^ celle des reins ; & quand un cheval fouflre queî’^ que douleur dans ces parties, il le témoigne par une aâion défagréable de la tète*

4^^ Les chevaux trop fenfibles » impatiens & colères, font ennemis de la. moindre fujétlon , par conféquent de l’arrêt^ & ils ont ordiinairemem la bouche dure & faufTe , parce que l’impatience & la fougue leur dteot la mémoire & )e fentimenc de la bouche , & rend inutiles les effets de la juain & des Jambes.

^ Enfin il y a des .chevaux qui , quoique foi«  blés , s’arrêtent tout court ^ pour éviter Farrêt du cavalier, & comme ils appréhendent la furprife , ils ne veulent point repartir après ^ d’autres de même nature, forcent la nsain^ quand ils s^apperçoivent qu’on vent les arrêter. Les uns & les aurrcs doivent ctce arrêtés rarement, & quand ils ne s’y attendent nas*

L’arrêt n eft donc bon que pour les chevaux qui ont de bons reins^ & affez de vigueur dans les han* ches & dans fes jarrets pour foutenir cette aâîoo. Varrii au trot doit fe taire en un feul temp« è% pieds de derrière droits ^ enforte que l’un n avance pas pins que l’autre, & fans fe traverse !» ce qui fait appuyer fe cheval également fur les hanches ; mais au galop, dont Tafiion eft plus étendue que celle du trot , il faut arrêter un cheval en deux oa trois temps , quand les pieds de devant refiombcni à terre^ afin qu’en fe relevant , il fe trouve fiir les hanches ; & pour cela en retenant la main , oa l’aide un peu des jarrets ou des gras de jambes , pour ie Cure Êtlquer ou couler les hanches ibus lui. Il fautremarcpier que les chevaux aveug^Ies s ar* rétent plus Paiement que les«utres , par Tappré- ; heofioa qu’ils ont de faire un faux paa» Du demi-arrêt.

Le demi-arrêt est l'action que l'on fait , en retenant la main de la bride près de ſoi, les ongles un peu en haut ſans arrêter tout-â-fait le cheval, mais ſeulement en retenant & ſoutenant le devant, lorſqu'il appuie ſur le mors , ou bien lorſqu'on veut le ramener, ou le raſſembler.

Nous avons dit ci-deſſus, que l'arrêt ne convenoit qu’à un très-petit nombre de chevaux, parce qu'il s’en trouve très-peu qui aient aſſez de force dans les reins & dans les jarrets pour ſoutenir cette action ; car il faut remarquer que la plus grande preuve qu'un cheval puiſſe donner de ſes forces & de ſon obéiſſance, c'est de former un arrêt ferme & léger après une course de viteſſe, ce qui eſt rare à trouver, parce que pour paſſer ſi vite d'une $1 A R R extrémité à fantre, îl faut qu’il ait la bouche & tes Iianches excellenfes , & coname ces arrêts violens peuvent gâter & rebuter un cheva :! , on ne les pra«  tique aue pour réprouver.

U n en efi pas de même du écm-arrét , dans le-Î [iiel on tient un cheval feulement un peu plus ufet de ta main , fans l’arrêter tout-àfait. Cfette aâion ne donne pas tant d*appréhenfion au cheral » & lui afliire la tête 8c les hanches avec moins de fujétion que Ftfff ^r ; c’eft pour cela qu’il eft beaucoup plus utile , pour lui faire la bouche & le ren- .dre plus léger. On peut le répéter fouvent fans fompre lalTure du cheval ; & comme par cette aide y on lui ramène & on lui foutient le devant , on Toblige par conféquent en même- temps de baiffer les hancnes , qui eft ce qu’en demande. Le dcmï-arrit convient aonc à toutes fortes de chevaux ; mais il y en a de certaines natures fur lefquelles il faut le ménager. Quand , par exemple y un cheval fe retient de hii-mêmc , on ne lui mar* Sue des dcmi^arréis que lorfqu’on veut lui donner e rappui ;& de peurqu*il ne s’arrête tom-à-fait à ce mouvement y on le fecourt des jarrets , des gras de jambes , & quelquefois même des éperons , fulvant qu’il fe retient plus ou moins : mais s'il s'appuie tr<n> fur la main , les dcmï-arréts doivent être plus (réquens , & marqués feulement de U main de la bride , fans aucune aide des jarrets p des jambes ; il ^ut au contraire lâcher les cuiffes , autrement il s’abandonneroit davantage fur le devant.

Lorfcfii’en marquant un arrêt ou un iemi-arrét , le cheval continue de s’appuyer fur le mors , de tirer à la main , & quelquefois même de la forcer en allant en avant malgré le cavalier ; il hm alors , après l’avoir arrêté, le reculer pour le châtier de cette dêfobéiflânce.

Du Reculer.

La situation de la main de la bride pour reculer un cheval, est la même que celle de l’arrêt, ensorte que pour accoutumer un cheval à reculer facilement , il faut, après l'avoir arrêté , retenir la bride, les ongles en haut, comme si on vouloit marquer un nouvel arrêt ; & lorsqu’il obéit, c'est-à-dire, qu'il recule un ou deux pas, il faut lui rendre la main, afin que les esprits qui causent le sentiment, reviennent sur les barres ; autrement on endormiroit & on rendroit insensible cette partie, & le cheval au lieu d’obéir & de reculer, forceroit la main ou feroit une pointe.

Quoique le reculer foit un châtiment pour un cheval qui n’obéit pas bien à V arrêt , c’eâ encore un moyen pour le difpofer à fe mettre fur les hanches , pour lui ajufter les pieds de derrière , lui affurer la tête , & le rendre léger à la main. Lorfqu’un cheval recule , une de fes jambes de derrière eft toujours fous le ventre , il pouffe la croupe en arrière , & il eft dans chaque mouvement , tantôt fur une luuache » tantôt fur Tautr» ; i A R R

mais il ne petit bien faire cette aâton , & on doit la lui demander , que lorfqu’il commence il s aflbuplir & à obéira V arrêt parce que les épaule» étanr libres , on a plus de fiicilité , pour tirer le devant à foi , que u elles étoîent engourdies ; Si comme cène leçon fait de la douleur aux ceins 8c aux iarrets , il faut dans les commencemens en ufer modéremenr.

Quand un cheval s’obftine à ne voutotf poii^ reculer, ce qui arrive â pref<}ue tous les chevaux » qui n’ont point encore pratiqué cette leçon , ua bomme à pied lui donne légèrement de la pointe de la gaule fur les genoux & fur les boulets , qui font les deux jointures de la jambe , pour la lui faire plier y & dans le même temps le cavalier tire à foi la main de la bride , & ficôt qu’il obéit un ièul pas en arrière , il faut le flatter & le carefler » pour lui faire connoitre que c*eft ce qu’on lui demande. Après avoir fait reculer quelques pas uo cheval difndle ,& l’avoir flatté, on doit eimiite le tenir un peu fujet de la main , comme fi on vou* loit le reculer de nouveau , & lorfqu’on fent qu’il baifl^e les hanches pour fe préparer à reculer, il faut l’arrêter & le flatter pour cette aâion , par laquelle il témoigne qu’il reculera bientôt au gré du cavalier.

Pour reciHer un cheval dans les régies , il faut à chaque pas qu’il fait en arrière le tenir prêt à reprendre en avant ; c’eft un grand dé&ut que de reculer trop vite ; le cheval , précipitant ainfi L : forces en arriére, pourroit s acculer, 6c même faire une pointe en danger de fe renverfer s’il a les reins foibles. U faut auâi qu’il recule droit, fans fe traverfer , afin de f^ier les deux’ hanches également fous lui en reculant.

Lorfqu’un cheval commence à reculer facilement , la meilleure leçon qu*on puiflfe lui donner pour le rendre léger à la main , c’eft de ne reculer que les épaules , c*eft-à-dire ramener doucement le devant à foi , comme fi en vouloit le reculer ; & lorfqu’on fent qu’il va reculer , il faut lui rendre la main , & remarcher un ou deux pas en avant. Après avoir arrêté ou reculé un cheval, il faut lui tirer doucement la tête en dedans , pour faire jouer le mors dans la bouche , ce qui fait plaifir au cheval à fc plier du côté où il va. Cette leçon le prépare aumà celle de t’épaule en dedans. --Dzi ^ absJt et durecoler. ( Dupatt). Arrêter un cheval, c’eft interdire toute aâion à fes membres lorfqu’ils font en mouvement. Le reculer , c’eft le faire cheminer en arrière. La^ première de ces aâions conduit à la féconde. Pour arrêter un cheval , il fuflit à l’homme d*àf«  furer fa main , & de laifler fes jambes calmes & moëlleufes , enfone qu’elles ne faflent que contenir les hanches dans leur fituatipn. En augmentant Teffet de la main , & la douleur que le mors opère fur les barres , on robliee à reculer. Voici le mecbanifme de ces deux a^ons de TanimaL Si A R R Si an Ce fouvîent 6e ce que nous avons dit fur la démarche du cheval » & fur les reflorts <jui pouffent tout en avant|’ on comprendra que l^rr^i du . cheval eft formé par une compreflîon très-forte de d’es reflorts, Sqpar rimpoffibiUté où il eft de vain-* -crel^ réfiftance que le mors lui oppofe. Dans ce •cas , pour éviter Ja douleur , il refte en place , bien <lifpofé, fi Vanh eft fait avec art & dans le modulent où tout étoit en bontie fituation. Au premier iaveniiTement de la main , le cheval diminue la .promptitude de fes mouvements « & fe grandit ; .peu à peu U enlève le devant, & rejette Con pjoids iur ie derrière , jufqu’à ce que ce poids y étant parvenu , le cheval Yy laiflê , & fo trouve obli|è d’arrêter.

Mais fi la preffion du mors eft trop forte , ou fi -elle continue, pour Tèviter, le dieval plie les jarxeis en pouflant fa croupe hors la ligne d’innixion flu’il doit avoir fur fes jambes de derrière. Ses os «onent de la difpofition où ils font en force ; & pour regagner leur aplomb, une des jambes che* mine en arrière, tandis que Tautre refte chargée de la maiTe pour la rejetter & marcher à fon tour : àinfi s’exécute le reculer. Leçon fatiguante , mais -néceflaice pour Tufage du cheval , & utile pour le drcftèn

’ Varrhéc le reculer ne font hicn exécutés qu*anmm rnie le cheval travûlie d*apk>mb. U eft diffi-’ cile a y parvenir.

Les jeunes chetauY qui ne font pas encore formés 9 les chevaux roides & peu maîtres de leurs mouvements , les chevaux aouloureux dans les épaules ou dans les jarrets , ceux oui ont les reins longs ou foibles , arrêtent onA , oc reculent avec f) !us de peine. Cependant tous le font , ou doivent e faire. Mais je crois qn*on réûffirôit beaucoup mieux , fi on ne feliâtoît pas , & fi on donnoit le temps au < !heval de s’afibuplir & de fe fortifier. A meiure que les épaules fe gagnent & que Téquilibre fe forme , on fent croître les difpofitions au cheval. On fera donc bien de diflérer de donner cette leçon ; elle exige des précautions. Quelquefois Tanimal fe précipite en reculant .«  ies jarrets , trop foibles ou trop douloureux pour fupporter le poids de lamaiTe» cèdent fous fii pefanteur » ju^u*à ce que par un effort confidérabU k cheval fafle une pointe, & même foit ptét à fe renverfer. Dès qu’on fentira le danger, on le préviendra en rendant la main , enfortc au*OQ dïmir s nue le trop grand poids de devant fur le derrière. Alors les jambes de devant en foutiendront une partie, & ménageront le derrière ; car il eft effentiel de ne pas donner d*humeur au cheval dans un tel travail.

U arrive quelquefois que pour éviter de reculer, il laifte toute fa maflepoter fur le devant.» & «u’îl aime mieux fouffrir la preffion du mors , que d enlever les épaules & de fe porter fur les hanches. D ;ins ce cas il eft expédient de gagner te devant E^uuaûcn , Efcrïme S" Daafu

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ii d’effayer peu à peu à placer le cheval. Si les épaules font libres , il cédera bientôt. U n*y a rien de plus avantageux que le reculer,* pour accoutumer le cheval à plier oc à fléchir les aniculations de Tarrière-main , fouvent roides & engourdies.^ Les chevaux bas du devant ont bien delà peine à reculer , & deviennent dangereux ViU fe précipitent : ce n’eft que par des eâorts qu’ils ^ baiflent les hanches ; & fouvent le devant s’enlève trop vite.

On pratique , en reculant , plufieurs leçons très-bonnes , lorfqu’une fois on a amené le cheval à reculer droit & fagemem. Celle de reculer en rond eft très-utile pour gagner les hanches. Après avoir reculé droit , on range les hanches d’un côté ou d’un autre en faifant dominer une des jambes de rhemme plus que l’autre. Tout ce qui tend à aug«  menter Tobéiflance du cheval peut être mis ea ufage avec fruit : mais , dans cette leçon , on ne fiiuroit apporter trop de difcrétiom Certains chevaux forcent la main à V^rit & ait reculer : ils s’emportent même. Cela vient ou du peu d’effet du mors , ou de la foibleffe & de la roi* deur des membres « ou de quelque défaut dans le travail de Técuyer. Il doit remédier aux vices qui nuifent à fon travail ,& prendre garde à â pofition* Si rhomme , en fe roidtffant & prenant de la force, donne de la chaffe à fon cheval , l’animal ^ déterminé en avant par des aides fortes qui Tobligent de s’y porter , fe trouvera néceffité de forcer la main. Leçon pemicieufe qui retarde les proerèg ^de l’école, & gâte les organes de la bouche. C’eft donc l’affaire d un habile homme , que d’apprendre à reculer à un cheval. « 

Autrefois , s’il faut en juger par les anciennes gravures , le cheval en arrêtant ou en reculant baif» foit tellement la croupe » que les jarrets touchoient prefque à terre : c’étoit un grand vice qui mettoic l’animal hors de fon aplomb , & ruinoit fes refforts. Il eft bien plus avantageux de le maintenir dans fon aplomb ; il fera toujours prftt à repartir en avant , oc difponible à volonté. Je n’ai rien dit ici du demi-^r, parce qu’il eft tellement employé d^ns tàute l’équitation i qu*oii ne peut en faire une leçon particulière. De i^ ARRET. ( Thiroux ).

Voilà comme des éléments difiés d’après la conformation de l’ho/nme , & puiftsdans la oonftruction du cheval , placent féparémenr ces deux individus avec tant d’avantages , que leur réunion n’a rien de pénible , foit que le cavalier exige du cheval , foit oue le cheval réponde aux indications du cavalier. Ce dernier , précédemment inflruit de la méthode qui fert k mettre un cheval au pas % fait aâuellement le porter à droite & à gauche » mais il ignore la manière de l’arrêter. Ce que c’f/l que F Arrêt.

Varrit provient d*ttoe privatioo graduée de Uf E 34 A R R bcrté dans ravaôt-flttin , fuiviie de la difcontinu»* tion motivée du mouvement , que rarrière^maia communique au centre.

Cêmment on marque farrét. . ^

Vent-on arrêter Ton cheval , il faut affiirer les {’ambes tombantes également , afin de fixer la co«  onne de derrière aSex près du centre pour qu’il

  • puiffe ibutenir le reflux de la colonne de devant »

qu*on ramène alors ^r le point milieu , en portant le haut du corps en arrière , 8e non-Teulement en retenant la main , le deflus du poignet bombé » atnfi «ue Tavant-bras foutenu , comme il eft en* feigne pour le demi-4rr/r , qui doit annoncer teutes les évolutions du cheval , mais en la rapprochant en* ^coreun peu du ventre. Auffi-tfttles forces réunies de la main & des jambes égales du cavalier rap-Ïortent en même raifon les deux cofonnes vertecales au centre, & le cheval , qui reçoit une oômbinaifon abrolument femblable à cellQ du raffembier 9 ïe remet dans Téut où il étoît un in&mt avant que d’entrer en aâion. Dés qu*on fent le cheval totalement en place , on diminue par degré les puiflânces de la main & des jambes ; mais il £ittt avoir attention nue i*une ne doit pas abandonner le cheval avant 1 autre. Autrement » fi le relftdiement de la main prévient ceîui des jambes , la colonnade devant mife en liberté^ pendant que la preffion des jambes commande encore la cotonne de derrière, force le cheval & renouvellerle Ïoit en avant. Par la raifon contraire , fi les jambes tt cavalier font les premières à quitter prtfe , la4 colonne de devant empiète fur la colonne de derrière inconfidérément abandonnée , & le cheval fécule*

Le RtCttUr. .

. On a lu dans Tanalyfe des mouvements du che* val que Tune des trois combinaifons qui lut font naturelles s*appelle le reculer. G>mme on lit enfiiite , dans la defcription du pas, que le cheval qui marche enlève & pofe tranfverfiilemem fes quatre fambes les unes après les autres, en commençant toujours par une jambe de devant ; on a droit d’en conclure que le cheval qui recule , en fui vant dans la pofition & rarrangement de fes jambes le même ordre tranfverfikl qui préfide à la formation du pas , doit conftamment encamer cette évolution rétrogradée par une jambe de derrière.

Ce que cft que le Reculer.

Dès lors Taâion du reculer peut fe nommer le pas en arrière » poiîque le cheval éloigne d’abord de fon centre tfne jambe de derrière , qu*il rem* Ïlace à finftant par la jambe de devant oppo» t , à laquelle il £itt fuccéder Tautre jambe de derrière, qui tire après elle l’autre jambe de devant* De manière que fi le cheval entame le pas en ar- I riére par la jambe ) » c’eft la jambe a qu il rappro* che de ion cencre^après quoi la jambe 4 va rejoia- I A R R

dire fii voifme la jambe 3 , & la jambe t vient clorre le premier pas du reculer.

Cùmmeiu on recule un CkevaU

Ceux qui feront frappés de lV»ppofition parfaite qui exifte entre le marcher & le reculer , trouveront facilement les woyevm propres à cette der^ nière évolution, à moins qu*iis n’aient tout-à-fàic oublié la méthode donnée pour ébranler un cheval au pas* Mais , nour pea qu’ils fe reflbuviennent qu’après avoir réuni les deux colonnes au centre , c*eâ en rendant la main & preflant dan» les jambes égales , que l’extenfion de la colcmne de devant , . aidée de la rétwgradation de celle de derrière , dé* çide le cheval à former le premier pas en avant» lorCqu ils voudiom faire reculer un cheval, duement raflembié,ils li’héfiteront pas à diminuer la pre(^ fion des jambes , & à doubler la tenue de la main 9 afin nue ce foit aâuellement la colonne de derrière qui s étende du point milieu à fon extrémité , tandis 3ue la colonne de devant fe reploie , au contraire # e fon extrémité fur le point milieu. En confé» quence , du moment où on, juge le cheval fuffifam* ment raflèmblé , foit qu’il doive cette heureufe difpofition à Yarrét , foie que le cavalier la lut faiTe pràidre à defifein d’exiger le reculer, on écane également les deux jambes : alors le cheval laifle ’ échapper fa colonne de derrière , qui emmène né* ceffairement avec elle une des deux jambes qu’elle dirige. U faut attendre patiemment que le bipède de derrière fe foit ébranlé , avant que d’effayer k reculer le bipède de devant. Mai^ à peine le cheval a-t-il cédé , qu on ne peut trop fe hâter de faire refluer la colonne de devant fur le centre, en ajoutant aux temps du haut du corps , de la main , du poignet & de i avant-bras inaiqués à arrêt ^ celui de remonter le long du corps les quatre doigts ramenés à-la-fois au ventre. Les forces repouflantes , qui panent auflitôt de l’avant-main , ont d’autant plus de prife fur le point central , que Téloi-Snement d’une jambe de derrière le prive d’une e fes étales. Ai^ le cheval , qui apporte fous lui la ïambe de devant qu’il doit mouvoir tranîverfalement après l’écart de la première jambe de derrière , chafle-t-il promptement l’autre jambe de derrière , dont celle de devant oblique finit le premier pas du reculer.

Lorfqu’on n*a plus la volonté , ou qu*on n’eft plus dans la néceflité de reculer , il faut rendre la main & rapprocher les jambes’, qui doivent fe reflerrer avec la même égalité qu’elles iè font écar^ tées. An moyen de cette double opération , qu’on fait être contraire à celle du reculer , le cheval re«  nouvelle l’aâion du marcher. L’élève hii lai/Te exécuter quelques pas de fuite « Qu’il termine par un fécond temps d’^rr/r, d’après lequel U fe prépare à defcendre de cheval.

Dtt^ demi’Arrè

Avant laformatiOAdu premier pas il eft nécef* faire de préparer le cheval à rexécuter. On n*a sûrement pas oublié que le rèrultat desopira^ons combiaées de la munfiç des fambes prodnh l’action du raflenbler» On doit encore fe feflbuvenir que cette aâion démontrée tend à réunir les forces vertébrales à koar centre • ponr qii*dles puiffcnt de-là fe diilrtbner conformément aux defirs du cavalier. La même néceffiié fnbfiAe , ainii one je ranoonce à l’article du rafliombler, chaqueteis qull eft <|uefiion d’exiger un nouveau moovement , avec cette différence que » ponrfiûre ùmr le cheval de rétat d’inaâion totale , il £nit raflcmbler les deux colonnes enfemble ; an Ben que » ponr réunir le cheval mis en aâion» on n’^ plus obligé qu’à ramener, la feule colonne de devant, pyifqu’au moyen de la preffion motivée des jambes égales , le cavalier a foin d’alimenter le centre du cheval er l’appon fréwent de. la colonne de derrière. eft cette dernière opération qui prend . au ma* nège le nom de dcBÙ^arrét»

Ce que c^efi qw U dem-ktxhu

^ On dîilingue le demi-^rm à fon effet 9 au temps où il s’exécute., & à fa propriérà* Premièrement » à fon effet , en ce oue le Atmv srrêt n’a de prife que fur la colonne de ocvant. Secondement , au temps oîi il s’exécute » parce oue le demi-«irif ne peut avoir lieu ^e pendant 1 aâion du cheval. Troifièmemeat , à’ (a propriété» qui eft de rendre égale la . marche des deux bipèdes, pnifqne l’ondulatioi) de la colonne de devant» ralenne pours’exhauffer, élève iadifpenfablement l’avauf^main aM deffus du centre , enforte que rarrière-maio n’a plus la faculté de chaffer les jambes ) & 4, que relativement h l’extenfion de celles 1 & a.

Comment on marque un demi- Arrêt*

•Bien convaincu de l’utilité du demî-jrr/r , toutes les fois au’on en veut, faire ufiigeil faut retenir la main de la bride 9 non pas autant que pour raffem»

  • b1er le cheval , mais un peu plus que lorfqn’il enlame

le premier pas. On parvient donc au demi* srrét^en modifiant tous les procédés qui donnent leraffembler, oî^ft-à*dire»en portant modérément le haut du corps en anière » en relevant légère* ment ^avan^bras » mais toujours en bombant le deffus du poignet, afin que la main» eonfervée au niveau du coude , communique aux rênes une tenfioo réciproque. $i on omettoit d’enlever Pavantbras , 8f fiir-tout de bomber le deffus du poianet » la main rcteni^e ne produb’oit d’eflèf que iiir h rêne gauche » par la raifon contraire à celle don* née précédemmem dans la feâîon oii on apprend, Fart de mettre un cheval au pas. On ne iaurôtt s’accoutumer de trop bonne heure à tenir la main 4ireâe an coitde, foit qu’on la lève , foit q|afo^ b baiffe^ d*autant que la feule djficnlté coofifte à faire )ouer le deffus du p&lgnet, qu’il fiiutcreufer pour rendre h main , $c bomber pour la reprenfirç, Avec |tnç attfmîon a^ffi légéif |0q çfl^


que l’avant-bras fuit tous^ les mouvements de la main » çnforte que » (ans quitter fa première pofi^ tion , elle augmente ou diminue la valeur des rênes ’. qui» confervant entre elles la plus grande égalité » le tendent & fe relâchent toujours en même raifoil. Pour empêcher que la contrainte apportée dans ; le bipède de devant n’annuUe la marche de celui de derrière , & qu’au lieu de répondre feulement * au icmirarrét, le cheval gêné dans fa colonne de devam » fie trop en liberté dans celle de derrière » ’ ne marque un arréi total , le cavalier doit avoir foin d’augmenter » par degrés , la prefGon de fes jambes égales »’ de manière que leur puiffiinçe prime ton* ’ jours la valeur des rênes. On n’éj>rouve aucune peine à fuivre ce dernier confeil» loriqu^n çom» mence par ^etter le ; haut du corps en arrière ; car alors » la ceinture & les hanches , néceffairemenf avancées « donnent l’aifance de reculer les cuiffes » conféquemment la facilité d’étendue les jambes » qui , comme je l’ai dit plus haut » aidées du pli dee ’ genoux , vont autant loin des fangles qu’elles I9 peuvent » chercher la colonne de derrière pour en ramener au centre l’ondularion rétrogradée^ Si l’élève approfondit la méthode qu’on vient de lid préfenter pour marquer un iemi’drrçt^ il an* perçoit dans fon réfultat une £içon de réunir le cheval au centre» bien différente de celle offertepar le produit dn raffemUer. En effet, le cheval raffemblé n’eft d’aplomb fur fes quatre jambes qu’en venu deTé^alité parfiiitè que le cavalier ob* lerve dans la puiflaaeede fa main & la preifion de fes jambes éj^les : auffi les deux colonnes verte- . braies refftten^eUes vers le centre, dans un degré de force & de vkeffe tellement proportionné, qu arrivées enfemble » elles fe font mutuellement ref* Ternir une efpèce de contrecoup , d’oii le cheval reçoit rélaAicité qui le fiitt obéir avec autant de Iïiomptitude que de fureté. Mais* au demi-j/rrr. a réunion des deux colonnes s*opère avec une dif«  propordoa frappante. Pour mieux dirp » il n’y a que la coloone de derrière^ fonmife à la doublj^ preffion des jambes du cavalier » nui fe replote réellement fur le centre » undis que 1 ondulation de la colonne de devant n’eft que retardée dans fa marche parla réfifbnce motivée de la main. D’après cène dilpofuion intérieure de l’animal , on ne doit plus être étonné de voir , an demî-arrêi » le bipède de derrière abiblument avancé deffous le centre , foutenir « prefqi|*à lui feul , toute la maffe » pendant Îne le bipède de devant > pl>|eè comme fur un pivot laftique » redbnnç au cheval , mis en force, la pp^bilité de fe prêter aux nouvelles combinaîfons quHl plah à fon cavalier de lui irkiiquer.

ARRIERE-MAIN. Nom qu’on donne è tout le trmn de derrière d’un cheval.

ARRONDIR. Cette expreffion eft pour toutes fortes de ’manèges qui tk font en rond. Ceft dreA fer un cheval k manier en rond , foit au trot ou an galop » foit dans un grand on petit rond » lui faire pprteiP ifS ép^iqlQt ^ ^ i^9nclies uniment & ron* E ij dément, fans qu’il fe traverfe & fé)eue de côté. Peur mieux arrondir un cheval, on fe fert d’une longe que l’on tient dans le centre, jufqu’à ce qu*ti aie formé Thabitude de sWrondir, & de ne pas Élire des pointes. On ne doit jamais changer die main en travaillant fur les vôtres, oue ce ne fait en portant le cheval en avant & en Parrondîfiant.

ASSEOIR. Faire affiolr un cheval fur les hanches, c*eft les lui fiiire plier, lorfqu*on le galope, qu*on le Élit manier, ou qu’on l’arrête.

ASSIETTE. Faire prendre à un cavalier une konne aJJÎHte, c’cft le mettre en une difpofKion convenable fur la felle. On dit qu*un> cavalier ne {lerd point Yaffieue, pour dire qu’il eft ferme fur es étriers. Va^mte eft de fi grande conféquence, que c’eft la feule chofe qui fait bien— aller un cheval.

ASSOUPLIR. Rendre fouple un chevat ; lui fi^re plier le col, les épaules, les côtés & autres parties du corps à force de le manier, de le iàire tpoter & galopper. Cheval aflbupli, ou— rendu fouple. La rêne du dedans du caveçon, attachée courte au pomeau, eft très— utile pour tf^ « /y/ir lesépaules au cheval. Il faut aider de la rêne du dehors pour ajfouplir les épaules. On dit : ce pli aftbuplit ertfaordinairement le col à ce cheval. Affouplir 6c rendre léger eft le fondement de toutes chofes au sanègCk Quand un clieval a le col & tes épaules roides^ & n’a point de mouvement à la jambe, il faut eftayer de Vaffouplir avec un cavecon k la Neuca/lle, le troter & le galopper en telle forte, « u^on le mette fouvent du trot au galop.

ASSUJETTIR la croupe du cheval, & lui élargir le devant. Avec la rênede dedans & la jambe de dehors, on aflujettit la croupe ; & en hiettant la jambe intérieure de derrière à Textrémité de derrière on étréck le cheval, & on Tétergit parëevanr.

ASSURER la bouche d’un cheval, c'est accoutumer un cheval à souffrir te mords. Bouche assurée ou accoutumée au mords.

ASSURÉ des pieds. Les mulets sont si assuré des pieds, qu’ils sont la meilleure monture qu’on puisse avoir dans les chemins pierreux & raboteux.

ATTAQUER un cheval, c’est lé piquer vigoureusement avec les éperons.

ATTEINTE. C'est un terme de course de bague : il fe dit quand on a seulement touché la bague, au lieu d’y avoir mis dedans pour l'emporter.

AVANT, en avant. Cheval beau de la maîn en avant, est celui qui a la tête & l’encolure plus belle que le derrière.

AVANTAGE Etre monté à fon avantage. c’eft être monté fur u » bon ou fur un grand cheval. Monter avec avantage y oU’prendre de davantage jpour monter à cheval, c*eft fe fervir de quel<}ue choie fur laquelle on monte avant de mettre le pied à l’ètrien Les femmes, & les vieillards, ou gens infirmes se


servent assez Ordinairement d'avantage pour monter à cheval.

AVANT-MAIN. Ceft le devant du cheval « la tète, le cdt, les épaules. V avant —main délié & mince n’efl^pas toujours une marque de légèreté’.. Dans les fauts, croupades, balocades, & cabrioles^ c’eft de la rêne de dehors qu’il fiiur » der le cheval, Krce qu’il a Yavant^main ferré & la croupe en !  ! • rté. Au terre-à-terre, i^ faut aider de la rêne de dedans tle la bride, parce— qu’alors la croupe eft ferrée, & Vavant^main au large.

AUBIN. Train de cheval qui tiem de l’amble 8c du galop. Un cheval qui va Vauàin eft peu eftimé.

AVERTI. Pas averti, pas écouté, eft un pas ré"* glé, foutenu, un pas d’école. On difoit autrefois un racolt, dans le même fens.

AVERTIR un cheval, c’est le réveiller au moyen de quelques aides, lorsqu’il se néglige dans son exercice.

B.

BADINANT. Cheval qu’on mène après un carrosse attelé de six chevaux pour le mettre Si la place’ de quelqu’un des autres qui pourroit devenir horsd ^état de fervir. On l’appeUe auffi le volontaire.

BAGUE. V. Course.

BALANCER la croupe au pas ou au trot fe dit* du cheval’dont la croupe dandine r ces allures fonr une marque de foiblefle de reins.

BALOTADE. C’eft un faut qu’on fait faire à* un cheval entre deux piliers, ou par le droit > avec luftefle, foutenu de la main, & aidé dû grasr des jambes, enfoite qu’ayam les quatre pieds en* Tair, il ne montre qae les fers des pieds de derrière fanS’détacher la ruade & s’éparerk. A la ca* briole, il rue ou noue l’aipillette ; à la croupade, il retire les pieds de derrière fous lui, au lieu de montrer fes fers, comme il fait en maniant à ka^ lotade. C’eft ce qui fait leur différence. Quand un cheval eft laflé d’aller à cabrioles, & que ion grand feu eft paflè, il fe met de lui-même à halàtades^ puis à croupades, à moins que le poinçon bien appuyé ne lui faffe nouer IHuguiilette, & côndnuer Tair oer cabrioles. Faire la croix kkalotades, c’eft faire ces fortes d’airs ou de fauts d’une haleine, en avant, en arrière & fur les côtés, comme une figure de croix& La hahtade eft un faut où le cheval femMe vouloir ruer ^.mais il ne le fait pas pounant ; ce n’eft qu’une demi-ruade, faifant feulement voir les fers des jambes > de derrière, comme s*il avoît envie de ruer.^. Airs.

BASSE, ou Cacade ; Pente douce d’une colline ; fur kquelle on accoutume le’cheval^^ courir au » ur lui apprendre à— plier tes jambes.

BATTRE à plufieurs fens dans le manège, oii l’on dit : qu’un cheval bat à la mtiïi, ou bégaie, pour marquer unchevaf qui n’a pas la tète ferme, qui lève^eineL :, qui branle & fecoue la tête à tout momeor en^ littoaatt— (a bride. Les chevaux Turos & les Cravates sont sujets à battre à la main. Un cheval bat à la main, parce qu’ayant les barres trop tranchantes, il ne peut souffrir la sujétîon du mords, quelque doux qu'il soit. Pour lui ôter l'envie de ^ battre à la maîo, & lui affermir h tére, il n’y a qu*à mettre fous fa muferole une petite bande de (er, platte & tournée en arc, qui réponde à une marrin* Sale. Cet expédient ^ au reâe, ne fait que fufpenre rhabitude ; car la martingale étant âtée, le cheval retombe dans fon vice. On ditauffi qu’un cheval bat la pondre ou la pouffiére, lorfqu’il trépigne » qu^il fait un pas trop coun & qu’il avance peu ; ce qui fe dit de touts Tes temps & mouvements. Un cheval bat la poudre au terre-à terre, iorfquUl n’embrafle pas aflez de terrein avec les épaules 9 & qu’il fait toutt fes temps trop courts » Comme s’il les faifoit en une place. Il bat la poudre aux courbettes, lorfqu’il les hâte trop & les fait trop baffes. Il bat la poudre au pas, lorfqu’il Va un pas trop court, & qu’il avance peu, foit qu’il aille au pa s par le droit, on for un rond, ou qu’il paffase.

BEAU-LIEU. Un cheval qui porte en htau^Ueu^ eft celui qui porte bien fa tète.

BEAU PARTIR DE LA MAIN. Un cheval qui fart bien dt la main, eft celui qui échappe & part de la main fKÎlemeat & avec vieueur ^ fuit une ligne droite, fans s’en écaner ou le traverfer, depuis fon partir iùfqu’ià fon arrêt.

BÉGAYER se dit d’un cheval qui bat à la main, lève le nez, branle la têtt & secoue la bride. Voyez Battre a la main.

BERCER se dit d’un cheval qui se laisse aller nonchalamment d’un côté & d’un autre au pas & au trot, imitaht^ pour ainfi dite » le mouvement S l’on fait £ure au berceau pour endormir un ennt. Ce^dandinement marque très-fouvent un che, val mon & fans force.

BIAIS. Aller en hai$^ c’eft-i*dîrc » les épaules avant la croupe* Faire aller un cheval en hiau. La leçon dn hïau au paflâger. Si les épaule » font avant la croupe, le cheval eft en biais, & il a la croupe tin peu en dehors. Mettre le cheval en biais ^vàntôt en une main, & puis lepoufferen avant ; tan* » tôt à l’autre 9 & puis le pouffer de même en avant, & réitérer cela de main en main & en avant, lui fait obéir la main & le talon » & eft une excellente leçon ; mais d’autant qu’il eft mis en biais, il faut que les panies de devant aillent toi^ours. avant celle » de derrière. La manière de 6iire aller un cheval en biais, de faire faire au cheval des courbenes en biais, de le mettreau pas tn>biais fii en* courbettes en hiais y eft fon détaillée dans Neucaflle. Pour aller en bia^s » il faut à touses mains aider auffi le cheval de la rénc de dehors, & fouienir ^^ c*eft-àdire, le tenir ferme, fimslui donner aucuntemps ; %car le cheval le prend mieux quîon ne peut Je lui donner. 11 faut aufti Taider de la jambe de dehors ; c*eA4-dire » qu’il faut que la rônr 8i k jambe foient 1 d’un même cuti & toujours en dehors.


BIEN MIS, c*eft la même chofe que bien dre(ré> c’eft-à-dire, bita mis dans la maie & dans Us talons.

BILLARDER. C'est lorfqu’un cheval en mar^ chant fctte fes jambes de devant en dehors. BOITEUX de l’oreille ou de la bride, eft le cheval qui, par fes mouvements de tête, marque touts les pas qu’il (ait en bohant « foit au pas ou au trot. Touts les chevaux boiteux ne marquent pa » ces temps en boitant.

BOUCHE. Le confcntement & l’obéiflance du cheval viennent en partie de la fenfibilité de fa bouche y par la peur qu’il a que le mords ne la lui bleffe ; oc en partie de la difpofition naturelle de fes membres, & de fon inclination à obéir. En cirant le cheval en arrière, on juge, enquelquo façon, de fon obéiftance & de la délicateiTe de fa bouche. On dit, bouche une, tendre, légère, loyale, Guartd le cheval s’arrête, pour peu que le cavalier le jette en arrière, & qu’il lève la main, fans attendre même qu’il tire la bridç. Une bouche fraîche. & écumante eft une très-boniie marque. Une bou^ che chatouilleufe, c’(eft-à-dire r qu’il craint trop le mords. Pour aflurer une bouche chatouilleufe, quelr ques-uns fe fervent d’un canon ^ trompe. Les bonnes leçons font pour cela les meilleurs remè-^ des, fans elles le canon fera peu d’eflet. Pour conferver h bouchs d’un cheval, ii ne faut pas trop Iç gourmander.. Une bouche faufte eft celle qui n’a au^ cune fenfibilité,. quoiaue fes parties, foient biea formées. Une bouche forte, ruinée & défefpèrèe,’ fe dit des chevaux qui n’obéiflent poim, qui $’em « i portent. Une bouehs afTurée eft celfequine bat^ qui ne pèfç jamais à la— main. On appelle un cher val fans bouche,. celui qui n’obéit point au cavalier.. Souche à pleine main-., eft celle qui a l’appui afluré ». & qui fouffre qu’on tourne la main fans fe cabrer » ni pefer fur le mords, qui peut même fouffdr une ébrillade fans s*ébranler, & fe défendre r & céU fans avoir la dèlicateffe & le fentiment fin de » bouches excellentes. U faut ohoifir pour l’armée uà cheval qni ait b bouche i pleine matn, autrement il feroit en danget de fe cabrer, fi’Un autre cheval le venoit^ choquer dans la mêlée. Bouche au delà de pleine main, ou plus qu’à pleine main,.eft^ celle d’un cheval qui a de la peine à obéir. Le càveçon doit être fort ferré, &bien doublé d’un cuir double pour le moins, de peur qu’il ne blefte le cheval ; car bien que ce foit un vieux proverbe ^ que nez faigœux fait une bonne bouche^ il eft confitant que fron ne lui fait point mal au nez, h bouche n’en fera que meilleure.

BOUCHE ÉGARÉE, eft celle d’un cheval qui fuit avec opiniâtreté la fujétion du mords,.qui a perdu la fenfibilité des barres & bat à la main » Xes imperfeâions de la bouche des chevaux, font lorfque le cheval tire en haur& fuce la langue ;.qu’il la met par-deflus le mors ; qu’il la double autour dit mors ; qu’il la laifle pendre hors de la ^o « c^ « , foit tout droit en ayant y^loit de Tun des deux côtés. Lr cheval ne reçoit ancun préjudice de ces vices, auxquels il n’y a d*ailleurs point de remède.

BOULETÉ. Cheval dont le boulet eft hors de fa fituation naturdle, & s*eft jette trop en avant Jk Un cheval devient hotUetépu excès de travail, pu ^ lorA|o*il encourt jointé.

BOULEUX. se dit d’un cheval de médiocre taille, qui n*a ni noblesse, ni grâce, ni légèreté dans l’allure, & qui est érossé.

BOUT. On dit qu’un cheval n’a point de hout,. lorfqu’il recommence fouvent des exercices violents 6e de longueur fans en être fatigué, & avec la même vigueur. Un cheval à hout e& un cheval outré de&tigue.

BOUTÉ. Un cheval houté eft un cheval qui a les jambes droites depuis le ^enou jufqu’à b couroniie : ce qui arrive fouvent aux chevaux court jointes* Cheval long jointe, eft le contraire de kouié.

BOUTOIR. Nom qu’on donne à un înfirument â*acier tranchant, avec lequel on pare le pUd du cheval ; atnfi parer, c*eft couper la corne avec le boufoir. Cet’inflrument eft lai^ de quatre doigts, 6c recourbé vers le manche.

BOUTON de la bride. Mettre un cheval sous le bouton, c'est raccourcir & tendre les rênes par le moyen du bouton de la bride, qu*on fait defcendre Jitfque for le crin. On fe fert quelquefois de cette manière quand* on dréflê les chevaux d’arquebufe pour les arrêter pins facilement & plus vice.

BOYAU. Un cheval qui a beaucoup de boyau, c’est lorsqu’il a beaucoup de flanc, beaucoup de corps, qiril a les côtes longues, & qu’elles ne font xA plates, ni ferrées. Cheval étroit de boy^u, eft celui qui n’a point de corps, qui a les côtes reflerlées ou courtes, & le flanc retrouflé, ce oui lui fcnd le corps efltanqué comme celui d’un lévrier. Ceft ce qu’on appelle un cheval eflrac, qui eft

  1. rdinaireme0t délicat & peu propre au travail, i

ittoiiis qu’il ne foit « and mangeur. On rebute furtout les dievaiix de carroflè qui n*ont point de corps, qui font étroits de boyau, & qui femblent mrmr la peau des flancs coufue fi)r les côtes. Un chjffeur ne méprife pas un cheval étroit de boyau. n le préférera même i un aun « qui aura plus de flanc, pourvu mi’il foit de grande haleine, de ieaucoup de reoource, léger & grand mangeur. On donne le verd, pour faire reprendre du boyau aux chevaux qui Tout perdu. Le mot de floue eft auffi en ufage.

BRACAICOURT. Voyez Brassicourt.

BRAILLEUR. Cheval qui hennit trés-fouvent ; c’eft un déÊiut bien incommode, fur-tout à la guerre.

BRAS. Dans le cheval c’eft la panie de b jambe de devant qui s’étend depuis le bas de l’épaule jufqu’au 2eaou, On dit qu’un cheval plie bien le bras, pour dire qu’il plie bien la jambe, quoique le bras flième ne plie point. Un cheval oui nlie bien les ^44 y 6ç t4îvc le devaat avec liberté, a a plus befpia


d*ètre mis entre deux piliers, pour lui rendre le devant léger.

BRASSICOURT, ou Brachicourt, cheval qui a naturellement les jambes courbées en arc, à la différence des chevaux arqués, qui les ont courbées.

BRINGUE. Une bringue signîfie un petit cheval d’une vilaine figure & qui n*est point étoffé.

BRISECOU. On appelle ainsi un jeune homme hardi & de bonne volonté, à qui on fait monter les poulains & 1es jeunes chevaux, pour commencer à les accoutumer à souffrir l'homme.

BROCHER. Terme dont on se servoit autrefois pour dire piquer un cheval avec les éperons, afin de le faire courir plus vite.

BRONCHADÉ. Faux pas d un cheval.

BRONCHER. Mettre le pied à faux. Il se dit proprement des chevaux auxquels les jambes mol* liffent. Ce défaut leur vient d*avoir les reins & réchine foibles, & les jambes ufées. Ceux qui di* fent choper pour bronchtr, parlent mal.

BROUILLER, c'est mettre un cheval hors d’é* tat de bien manier par la faute de celui oui le moïKC. Ct^z brouillé^ OU qui fe brouiHe^ c’eft-à-dire, qui étant recherché pour qudque manège, fe urécipite, fc traverfe, fe défunit par inquiétude ou pout avoir les aides trop fines. Un cheval qui a les aides fines, fc brouille aifément ; on l’empêche dé manier, pour peu qu’on ferre trop les cuiffes ou qu’on laiffe échaper les jambes.

C.

CABRER, se cabrer. Cela fe dit des chevaux qui’ fe lèvent & fe dreffent fur les pieds de derrière en état de fe renverfiar, quand on leur tire trop la bride, ou quand ils iont vicieux ou fougueux* Corfque le oieval fe cabre plufieurs fois de fuite «  & fe jette fi haut fur les jambes de derrière qn*il eft en péril de fe renvcrfer, on appelle ce détor «  dre, faire des popts-levis. Il fiim que le cheval ait beaucoup de force, & lui rendre la main i propos ; autrement ces ponts-levis font très^angereux. Le moyen de rendre obéiffant un poubin fujet à fe cabrer fouvem & à défobéir, eft de prendre le temps que fes pieds de devant retombem à terre, & lui appuyer alors vertement des deux.

CABRIOLE. Petit saut vif f par lequel le cheval lève le devant, &enfuite le derrière, imitant le faut des chèvres. Voye^^AiWiS, ^

Ceft un faut que £ût le cheval fans s’élancer on aller en avant, enforte qu’étant en Tair, il montre les fers & détadie des ruades ; ce qu’on appelle iifarer ou aauer C aiguillette. On la nomme autre* ment (àut de ferme à ferme. La cabriole eft un ma* nège par haut te le plus difficile de tous les airs releva. On dit qu’un cheval fe préfente de lui-même à cabrioles, qu’il fe met oc lui • même k cabrioles t ^rfqull fai| d « | iams égaux & danslft main, c’est-à-dire sans forcer la main & sans peser sur la bride. Il y a plusieurs sortes de cabrioles. Cabriole droite, cabriole en arrière, cabriole de côté, cabriole battue ou frisée, cabriole ouverte. Quand le cheval n’épare qu’à demi, sans détacher des nudcs & nouer raiguiUette, on donne à la é4*w/r lenonde^ « ; &f4i&. On lui donne celui dee/ » « —’ ^. ». ? « * » « > » « lie » d’étendre les jambes en arne « » Il Je » trouffe fous lui, conme sïl les Touloit retirer dans Iç ventre, & retombe prefque les Soatre pteds enfemble, fans avoir montré les fers, t-our apprendre à un cheval à bien manier è «  « w /M, 1 le faut mettre entre deux pilliers, & lui taire lever premièrement le devant, enfuite le aernére, lorfque le devant eft encore en l’air. » ’our cela on (efert des aides de la gaule & du poinçon. Lorfqu’on veut faiFe feire des eaHoUs au Cheval & lui faire nouer l’aiguillette, on le founent de la main & des talons. Quelques-uns ont tfit faire la croii à eatriolts, comme on dit faire la croix à courbettes, faire la croix à ballotades, ce qui ne fe peut pas. Les chevaux qui feroicnt la croix a f ^* lolu, fenblereient tenir dn ramineue & du renf, 8f ne travailîeroient pas félon la iufteffe du man^e j dbtre qu’un cheval, quelque vigoureux auil (oit, ne peut &ire d’une haleine toute la Croix a ca » r uUs.

CADENCE. Mcfure & proportion égale que le cheval doit garder entouts (ea mouvements, Toit ou il manie au galop, ou terré-à-terre, ou dans les airs, enforte qu’aucun de fes temps n’embrafle p » plus de terriein que l’autre ; qu’il y ait de la jufleflc dans tous fes mouvements, qu’ils fe foutien■ent touts avec la même égalité. Ainfi on dit qu’un Che^lBianie toujours de 1 « même cadence, qu’A fuit fa cadence jf ne change point fa cadence, pour

  • re ou il obferve réguliéreqiem fon tertein, &

qu II 4cmeuFe écalement entre les deux talons. Lorfqu un cheval ala bouche fine, les épaules & les tanche » libres, il n’a aucune pefne dVntretemr fa udtnee. Cheval qui prend une belle esJence fur les ars, fans fe démentir, fans fe brouiUef, qui ma•leègalement aux deux mains.

CALADE. Pente d’une éminence, d’un terrein élevé, par où on fait descendre plusieurs fois un cheval au petit galop, le devant en l’air, pour lui apprendre à plier les hanches ou à former son arrêt, avec les aides du gras des jambes, du soutien de la bride & du caveçon employés à propos. On l’appelle aussi basse. On dit exercer le cheval dans une calade ; le conduire droit ; se servir avantageusement de la calade. Les calades rebutent un cheval, & peuvent lui ruiner les jarrets, si la pente est trop roide ; & si avec la calade, on n’accorde pas les aides de la bride & du gras des jambes.

CARACOLE ou Caracor. Mouvement que le cavalier fait en demi-rond ou demi-tour, à gauche ou à droite, en changeant de main sans observer de terrein réglé.

CARRIERE. C’est le terrein, l’étendue d’un


champ eu oa peut pouffer an chival jufqu’à ce que r « Jl « i* K « » " «  « l » *-. Ce mot fignifie auffi un lieu terme de barrières « u on entre pour courir la ba* gue, ou pour faire quelque courfe de chevaux. Il marque aufli la courfe « Tu cheval, pourvu qu’elle n aille po.ni au-del4 de deux cents pw ; ainfi la dit: Il a fourni fa earnire, U a bronché au milieu de la « mi/v, en entrant dans la earriirc. Ce cheval a une camire, c’efl à-dire, il galope fort vite, & l des temps courts & vîtes.

CAVESSON, ou Caveçon. Efpèce de bride ou de muserole qu’on met sur le nez du cheval qui le serre & le contraint, & sert à le dompter, à l’assouplir & à le dresser. Les cavessons de cuir ou de corde servent à mettre les chevaux entre deux piliers, & quand on dit que le cheval donne dans les cordes ou les longes de ces sortes de cavessons. Il y a aussi des cavessons de fer faits en demi-cercle de deux à trois pièces assemblées par des charnières qui servent à dresser les jeunes chevaux. Ils conservent & épargnent la bouche des jeunes chevaux, les accoutumant à obéir a la main, à plier le cou & les épaules, sans les mettre en danger de leur blesser la bouche & le nez & de leur ruiner les barres avec le mors. Il y en a de tors & de plats, ceux-ci portent également sur le nez & sont les meilleurs. Le cavesson à siguette ou à mordant est creux par le milieu, & dentelé comme une scie par les deux bords de sa concavité, pour piquer le nez d’un cheval malicieux & dur de tête ou de col. Les cavassons camards sont hors d’usage, & absolument bannis des académies. Ils étoient garnis de petites pointes trés-aigües qui tourmentoient extrêmement le cheval.

CHANGER un cheval ou changer de main, c’est tourner et porter la tête d’un cheval d’une main à l’autre de droite à gauche, ou de gauche à droite. Il ne faut jamais changer un cheval, qu’on ne le chasse en avant, en faisant le changement de main ; & après qu’on l’a changé, on le pousse droit pour former un arrêt. Pour laisser échapper un cheval de la main, il faut tourner en bas les ongles du point de la bride ; pour le changer à droite, il faut les tourner en haut, portant la main à droite. Pour le changer à gauche, il faut les tourner en bas & à gauche ; & pour arrêter le cheval, il faut tourner les ongles en haut & lever la main. Quand on apprend à un cheval à changer de main, que ce soit d’abord au pas, & puis au trot & au galop.

CHARGÉ de cul, de ganache, de chair, se dit d’un cheval dont les épaules & la ganache sont trop grosses & épaisses, & de celui qui est trop gras.

CHARGER d’épaules, de ganache, de chair, se dit dun cheval auquel les épaules & la ganache deviennent trop grosses, & dé celui qui engraisse trop.

CHASSER un cheval en avant, ou le porter en avant, c’est l’aider du gras des jambes, ou le pincer, pour le faire avancer.

CHATIMENT. Ce sont les coups de garde ou d’éperon qu’on d « noa au cheval quand U nWit pas au cavalier, La chambrière eft auffi un chanmm au manège : le maître étant à pied en donne des coups au cheval quand il ne lui obéit P «  « » "- «  les piliers ; il en donne auffi au cheval qui reiifte a ion cavalier, & quelquefois au cavalier même, pour ravçrtîr d’avoir attention i les leçons.. Les aides n’étant, comme nous venons de le ’dire, qu’un avis qu’on donne au cheval quil fera Duni, s’il ne répond pas à leur mouvement ; les ^phJtimcnsnc font par^onféquent que la puniaon qui doit fuivre de prps la défobeiffancç du cheval à l’avis qu’on lui donne ; mais il faut que la violence des coups foit proportionnée au naturel du cheval ; car fouvent les châtînuns médiocres, bien îuRCS & faits à temps, fuffifent pour rendre un ihcval aifé & ob^iffant ; d’ailleurs, on a lavantage de lui conferver, par ce moyen, la difporition ôc le courage, de rendre l’exercice plus brillant, et lie faire durer longtemps un cheval en bonne ico^ On emploie ordinairement trois fortes de çhâttr mens ; celui de Jaipjiambriére, celui de la g^ule, & jcclut des éperons,

La chambrière eft le premier chatimem dont on fe fert pour faire craindre les jeunes chevaux, iorfqu’on les a fait trotter à la longe, & ceft la première leçon qu’on doit leur donner, comme pous rcxpliquerons dans la fuite. On fe fert encore de la chambrière pour apprendre à un cheval à piaffer d ? ns Jes piliers:on s’en fert ^ufli pour chalfer en ^vant Jes chevaux pareffeux qui fe retiennent & s’endorment ; mais elle eft abfolument peceffaire pour les chevaux rétifs & /ceux qui fontr^mingues & infenfiblesà l’éperon, parce qM’il faut reroarflucr que le propre des coups q^i fouettent, lorfu’ils fout Mcn appliqués & à temps, eft de fair «  beaucoup pltfs d’impreffion, & dechafler bi^n plus^ tin cheyal malin, que ceux qui le piquem ou quT ie diatouiHent…… t ^

On jdrc diP la gaule deux fortes de ehatimens. Le premier. lorfqu’on en frappe ^n cheval vigoureuîemem derrière la bo^te, c^éft-à-dire, fur le ventre & fur les fefljes, pour le chaffer en avant. Le leiond châiiment de Ja gaule, c’eft d’en appliauer un £rand copp fur l’épaule d’un cheval qui détaoht ; continuelïempnt àfi^ ruades par malice, & ce cA4f jment corrige plus ce viceqpc es éperons, auxquels y rfobéiraquelorfqu-aiescravndra&les conûoura. Le châtiment q^i vient des éperons, eft ungrand temèdepopr rendre wi cheval fenUblc & fin aux aides. mais ce châtiment Aat être ménagé par un homme fagc & ûvam; il |aiu s’en fervir avec viueur dansToccafion^ mais rarenp^ent, car rien ne 5éfefpère gc nViiit P^H* « " clieval que les éperons trop fouvent & mal-i-pr<M)OS appliqués. Les coups d^éperons cfoivent fe donner dans le « ntre environ quatre doigts derrière les fangles, car fi on appuyoit les éperons trop en arrière, c eft. àVdire, dans les flancs, le cheval s’arréteroit & g^p^oif, au Ueu tf « lier cp avant ^ parce.cyie cette C H A

partie eft trop fenfible &trop chatouîWeufe ; & au contraire, fi on les appuyoit dans les fangles ( défaut de ceux qui ont la jambe raccourcie & tournée trop en dehors), alors le châtiment feroit inutile & fanseffiw. x

Pour bien donner des éperons, il wut approcher doucement le gras des jambes, enfuite appuyer les éperons dans le ventre. Ceux qui ouvrent les pmbes & appliquent les éperons d’un feul temps conime s’ils aonnoient un coup de poing, furprennçn ^ & étonnent un cheval, & il n’y répond pas û bien, que lorfqu’il eft prévenu & averti par l’ap* proche infenfiblc des jras de jambes. Il y en a d’autres qui, avec des jambes ballantes, chatouil* lent continuellement le poil avec leurs éperons » ce qM* accoutume un cheval à quoailler, c’eft-àr dire, à remuer fans ceffe la queue en marchant, aftion fort déftgréable pour toutes fortes de chevaux, 8ç encore pUis po^r un cheval drefli. pour !

poner remède à ces vices, on y en ajouteroit très. Il y en a qui, lorfqu’on les pince tropvenc* ment, piffent de rage, d’autres fe jettent contre le ii^ur, d autres >arrétcnttout-à-falt, « c quelquefois fç couchent par terre. Pour accoutumer aux épc » rons les chevaux qui ont ces vices, il ne faut les appliauer qu’après la chambrière, & dans le mi-, lieu d un partir de main. —,.

L’aide dM piijcer délicat de l’éperon, devient auffi châtiment ppur certains chevau ; ^, qui font très^fins aux aides, & jnême fi fenfible^, gii’il faut fe relâcher tout-à-fait {Je ne point fe rpid^r fur eux ; car autrement, ils feroient des pointes & des élaps : ainfile pincer, quelque délicat au’il foit, produit le mêmeefifet fur ces fortes de chevaux & même lin plus g^and, que les coups d’éperon bien appliauiff ne pourroient faire fur ceux qui n’ont qu’iinç len/ibillté ordinaire.

Il faut bi ? n connoître le naturel d’un cheval pouf fçavoir fairp lin bon ufage des châtinuns^ en les proportionnant à)a faute qu’il fait, & à la manière dont il les reçoit, afin de les continuer, de les augmenter, de Içs diminuer, & même de les cefler félon fa difpofition & fa force : & il, ne faut pas prendre toutes les h^tt% qu’un cheval fait pour des vices, puifque la plupan du teinps elles viennent d’ignorance, & fouvent dp foiblefle. ■ On doit aider & châtier fans faire de grands njouvèments ; mais il ftut beaucoup de fubtilité & de diligence. C’eft 4ans le temps que la faute eft commile qn’il faut çraplover les châtiments : autrement, ils feroient plus dangereux. qu’utilç » furtout il ne faut jamais châtier un pbeval par humeur & en colère, toujours de fens firoid. Le ménagement de$ aide> & des châtiments eft une des plïj^ belles parties de l’homme de cheval. (La Guérinière).

CHATOUILLEUX. Bouche chatouilleuse. On appelle un cheval chatouilleux, celui qui peut être trop sensible à Téperon & trop fin, né le fuit pas ftanchenlent & n*y obéit pas d*abord ; mais y réfifte en quelque manière, fe jettant deffus lorfqu’on appr9che les éperons pour le pincer. Les chevaux chatouilleux ont quelque chofe des ramingues » excepté que le ramingue recule « .faute & rue » pour ne pas obéir aux éperons ; & le chatoailUux y réfiâe quelque temps, mais enfuite il obéit, & va beaucoup mieux par la peur d’un jarret vigoureux, lorfqull fent le cavalier étendre la jambe, qu*il ne va par le coup même.

CHAUSSÉ trop haut fe dit d*un cheval dont les balzanes montent Jufques vers le genou & vers le jarret ; ce qui pafle pour un indice malheureux ou contraire à la bonté du cheval.

CHAUSSER les Etriers, c*eft enfoncer fon pied dedans,)ufqu*à ce que le bas des étriers touche aux talons. Cette façon d’avoir fes étriers-a très-niaavaife grâce au manéjse : il faut les avoir au bout du pied Se chaujfir eft k même chofe àTégard do cheval, que fie botter.

CHERCHER la cinquième jambe, se dit d*un cheval qui a la téce pefanie, & peu de force, & qui s^appuîe fur le mors pour s’aider à marcher.

CHEVAL. Pour conduire parfaitement un cheval, il eft de nécefTité abfolue d’en connoitre â fond toutes les parties » leur jeu réciproque, & leurs différents ufages. Quant à Tanatomie, voyez le diâionnaire d’hiftoire naturelle & celui d’hippiatrique. Quant aux ufages, à la perfeâion & aux défauts des parties, relativement à Téquitation, je ▼ais raffiembler dans cet article ce que les meilleurs auiteurs en ont écrit)ufqu*à préfent. Du NOM ET DE LA SITUATION DES PARTIES EXTERIEURES DuChEVAL. (LA GueRINIÈRE). Pour faciliter la connoiffance du cheval, je le | dîvife en trois panies principales ; fçavoir, lavant— j main ; le corps Se l’arriére-main. Les parties qui compofent l’avant-maîn, font la tète, l’encolure, le garot, les épaules, le poitrail ou la poitrine, & les jambes de devant. Les parties du corps, font les reins, les rognons, les cites ou les côtes, le ventre & les flancs. Celles de l’arriére — main, font la croupe, les hanches, la queue, les feffes, le graffct, les cuiflês, le jarret & les jambes de derrière. De U fitmation 6^ de la dîvtfion particulière des Parties de PApant-main,

La première panii de ravant-main, eft la tète, 3ui a une diviiion particulière, étant compofée e^ oreilles, du front, des tempes, des falières, des fourcils, des paupières, des yeux, de la ganache & de la boMche.

De toutes ces parties, je ne donnerai la définition que de la ganache & de la bouche, parce que les autres font afl*ez connues.

La ganache eft une partie compose de deux os £juitation, Efcritne & Dan/e.

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’de la mâchoire inférieure qui touchent le gofier. Cette partie eft mouvante & fert à mâcher les aliments.

La bouche a fes parties extérieures & fes parties intérieures.

Les panies extérieures, font les lèvres, les na-< zeaux, le bout du nez, le menton & la barbe, qui eft Tendroit où porte la eourmette. Les parties intéfrieures de la bouche, font la langue, le canal, le palais, les barres & les dents. ^ Le canal eft le creux de la mâchoire inférieure où eft (ituée la langue.

Les barres, font Tendroît de la bouche cù il ny a jamais de dents, & où fe doit faire Tappui du mors.

Les dents ont auffi une divifion particulière, par laquelle on connoit l’âge du cheval ; mais on ne parlera de cette divifion que dans le chapitre troifième.

L*encolure où eft attachée la tête, eft la féconde partie principale de lavant-main. Elle eft bordée dans Ta partie fupérieure parle crin ou la crinière » Si elle fe termine au garot »

Le crin qui toml^ fur le front entre les deux oreilles, & qui fait partie de la crinière, s*appelle toupet,

V.e gofier eft la partie inférieure de l’encolure. II commence entre les deux os de la ganache « & finit à la partie fupérieure & antérieure da poitrail. Le garot eft placé à Textrémité de la crinière, 8c au haut des épaules.

Les épaules commencent au garot & finifleat au haut du bras.

Le poitrail eft la panie antérieure de la poUtrine ^ contenue entre les deux épaules, laquelle com- » mence au bas du eofier, & énit entre les deux bras : Les jambes de devant font attachées aux épaules, & ont encore une divifion particulière, étant compofées du bras, du coude, de Tars, du genou « ’ du canon, du nerf, du boulet, du paturon, de la couronne & du pied.

Le bras eft cette partie fupérieure de la jambe t qui eft depuis l’énaulejufqu’au genou. Le coude eft ros du haut de la jambe, qui eft fitué entre les côtes.

L’ars eft une veine apparente, fituée au-devant & au-dedans du bras.

Tous les chevaux ont au-defliis du genon en de «  dans, une efpèce de corne tendre, fans poil, qu’on appelle chateignes, plus ou moins grofles, mais toujours apparentes. Elles fe trouvent également aux jambes de derrière, avec ceue différence cependant, qu’à celles-ci elles font placées au-deffous des jarrets aiiffi en dedans. Le genou eft la jointure du milieu de la jambe, qui aflemble le bras avec le canon. Le canon eft Ja partie de la jambe, qui commence au genou & finit au boulet. Derrière le canon, il y a un tendon qu’on appelle communément le n^rfde la jambe, oui règne tout du long , & dont la qualité contribue beaucoup à la bonté de la jambe , comme nous le dirons ci- après.

Le boulet efi la jointure du canon avec le paturon.

Derrière chaque boulet f tant aux jambes de devant qu’à celles de derrière, il y a un toupet de poil qu’on appelle fanon , au milieu duquel il y a une efpèce de corne-tendre , qu’on nomme ergot. Le paturon eft la partie fituee entre le boulet & la couronne.

La couronne eft le poil qui couvre & entoure le hautdnfabot.

Le pied , qui eft la dernière partie de la jambe , cfi divifè en parties fupérieures & inférieures» Les parties fupérieures font le iâbot, les quartiers , la pince oc le talon.

Le fabot efl toute la corne qui règne autour du pied.

Les quartiers font les deux côtés du (abot ^ depuis la pince jufqu’au talon. On dit quanier de dedans & quartier de dehors.^

La pince eft le bout de la corne» qui eft au-devant du pied.

Le talon eft la partie de derrière du pied , où fe terminent les quanîers , à ToppoCte de la pince. , ■ Les parties inférieures du pied font la fourchette » la foie & le perit-pied.

La fourchette eft une corne tendre & molle » placée dans le creux du pied , qui fe partage en deux branches vers le talon en forme de fourche » d ou lui vient le nom de fourchette. La foie eft l’efpace de corne qu’on voit dans le Cftux du pied , entre les quaniers & la fourchette. Ceft une corne plus dure que celle de la fourchette, & plus tendre que celle du fabot. Le petit-pied eft un os fpongieux , renfermé dans le milieu du fabot , entouré d’une Chair , qui lui fert de nourriture. Il n’eft point vifible » même quand le cheval eft deftblé.

De lafituétion des parties du Cêrps. Les reins font la partie fupérieure du corps du ihevaL Us prennent depuis le garot jufqu’à la croupe ; mais ce nom n*appartlent proprement qu’à l’extrémité de l’épine la plus voifine Je la croupe , qu’on a appellée jufqu’à préfem rognons ; comme Fufage a donné à cette partie le nom de reins , nous en conferverons la dénomination. Les rognons font proprement les reins ; & cVfl la partie de Tépine du dos qui eft la plus proche de la croupe.

Les côtés font le tour des côtes, qui renferment les parties internes contenues dans le ventre du chevaL

Le ventre eft la panie inférieure du corps , fituée au bas des côtes.

Les flancs font placés depuis la dernière côte jufqu’à J os des hanches , vis-a*vis du graflet » dont la définition eft dans l’article fuivant. c H £

De lafitttoàondes parties 4e PArriire’nuun» La croupe eft la partie fupérieure de Tarrière* main , qui va en rond depuis les rognons jufqu’à la queue.

Les feftes prennent depuis la queue en defcendant jufqu’au pli , qui eft à ToppoCte du graftet. Les hanches font les deux pôtés de la croupe. Elles prennent depuis tes deux os qui font au haut des flancs jufqu’au graflet. On appelle aufli vulgairement les hanches , tout le train de derrière ou Tarrière-main.

Le graflet eft la jointure placée av bas de la hanche , vis-à-vis des flancs , à l’endroit où commence la coiffe. C’éft cette panie qui avance près du ventre du cheval quand il marche. Les cuifTes prennent depuis le graflet oui en fait partie ,*& depuis Tendroit où nnifTent les fefTes, jufqu’au plidu iarret.

Le jarret eft la jointure <{ui aflenble le bas de la cuiffe avec le canon delà jambe de derrière. Les jambes de derrière étam femblables aux jambes de devant dans les autres parties , il n*eft pas néceflaire de rapporter ici ce qui en a été dit. Dans les définitions cu*on vient de donner on a négligé de parler de la âtuation de quelques parties du cheval , parce quelles font fi généralement connues , que le détail en eut été inutile» Quoique ces définitions foient très-claires, ce-’ pendant pour avoir une connoifTance encore plus par&ite & plus imellîgible , on peut avoir recours à la planche qui eft au commencement de cet ouvrage « dans laquelle toutes les parties extérieures du cheval font diftinguées & nurquées par des chiflres de renvoi.

De la Beauté & des défauts des parties extérieures du Cheval.

La beauté d’un cheval confifte dans la conformation & dans la jufle proponion de fes parties cxté«  rieures. Comme il eft dangereux dans le choix d’un cheval , de fe laiffer féduire par la figure & par un je ne fçai quoi qui plaît , qui fouvent fafcise les yeux, & empêche qu’on examine d’aflez prés, &

?|u’on ne détaille au jufte toutes fes parties ; il faut 

uivre en cela le confeil de M. de Soleyfel , auteur du parfait maréchal , qui dit : « Que lorfqu’on veut n acheter un cheval y il faut fe prévenir d’abord >» contre , afin d’être juge févère de tous fes dé-. » fauts ».

De la beauté & des défauts des parties de P jetant* main.

Après avoir donné la définition de toutes les parties extérieures ducheval^il faut examiner maintenant , en fuivant le rang que nous avons donné à chacune de ces parties , feulement celles qui contribuent

à la beauté où à la difibrmité du chevaK
CHE CHE 43
De la Tête.

Une belle tète en eéniral eft petite , fèche , caqrte & bien placée. Quand elle a ces qualités , on voit ordinairement des ramifications de veines qui régnent le long de la tète , defcendant depuis les yeux iufqu*aux deux côcés des nazeaux »ce c[ui embellit beaucoup cette partie.

Il fiiiut qu*elle foit petite , parce que les têtes grofles&quarrées, outre leur difformité , pèfent ordinairement à la main.

Elle doit être (èche, car celles qui font chargées de chair qu’on nomme fêies graffes , font fujettes au mal des yeux. 11 ne faut pourtant pas qu’elle foit fi féche » qu’elle foit privée de nourriture ; car elle feroit encore plus (ujette au mal des yeux qu’une tête grafle.

Il y a des têtes qui font groâTes d’oflemens ,. qui pèchent contiv la beauté feulement , & non contre la bonté.

Il faut que la tète foit un peu coune : les têtes trojp longues , qa*on appelle têtes de vieilles^ font dimrmes ^ quoiaue la plupart des chevaux des meilleures races o’Andaloufie pèchent par cet endroit ; mais on leur pafle ce manque de beauté en faveur de leurs rares qualités.

La tête d’un cheval pour être bien placée , doit tomber perpendiculairement » ou à plomb $ du front au bout du nez. Lorfqu’elle fort de la perpendiculaire en avant, on appelle ce défaut , tendre le nei , pcner au vent , tirer à la main : & lorfqu*elle vient en deçi , & que le cheval baifle le nez & la tête , il pêfe ordinairement à la main ; s’il fe ramène trop , & que la branche de la bride appuie contre le gofier,c’eft ce qu’on appelle tut cheval tncapttchonné»

Il y a encore un défaut qu’on appelle tite mal attachée ; c’eft lorfque la partie fupérieure de la tète , qui eft entre les deux oreilles , fe trouve plus élevée que l’encolure.

Des Oreilles.

La forme des oreilles » leur fituatîon & leur mouvement , font les principales chofes à examiner dans cette partie.

Un cheval doit avoir les oreilles petites & déliées ; quand elles font trop épaifTes , larges & pendantes , ce défaut fait nommer un cheval oreillards Beaucoup de chevaux d’Ef pagne cependant , & des meilleurs haras , ont les oreilles longues ; mais pour l’ordinaire elles font bien placées* ce qui en corrige le défaut.

Les oreilles bien placées doivent être au haut de la tète , peu diftantes l’une de l’autre. Quand un cheval marche , il doit avoir les pointes des oreilles avancées ; cette fi^uation donne un air d’éfronte* rie, qui fied parfaitement bien à un brave chevaL Par le mouvement des oreilles , on juge du naturel d’un cheval. Ceux qui font colères « malins , pprtent une oreille en avant , & l’autre couchée en c H E 43

’ arriére ^8t continuent ce mouvement alternativement. Comme cette partie eft le fîège de l’ouïe , un cheval forte les oreilles du cdté où il fe fait du bruit. & on le frappe fur la croupe y il tourne les oreilles vers le dos, & s’il eft effrayé de quelque objet par devant , il les porte en avant , & baiffe les pointes. Si le bruit fe tait à côté de lui , il tourne l’oreille de ce côté. Mais le plus beau port d’oreilles , & la fituatîon la plus belle & la plus noble , c*eft d’avoir en marchant les pointes des oreilles hautes & en avant ; ce qui forme , comme nous venons de dire , l’oreille hardie , parce qu’alors le cheval regarde fièrement ce qui fe préfeme à lui. Du Front*

La beauté du front d’un cheval^ c’eft d’être un peu étroit & uni ; enforte qu’il ne foit ni trop avaqcè » ni trop enfoncé. Les têtes qui ont le bas du front un peu avancé , s’appellent têtes èufyuéés ou mou^ tonnées , comme le font celles de la plupart des chevaux anglois , des barbes , & de ceux nés dans les pays orientaux , & aufli de ceux de leur race. Un défaut effentiel contre la grâce , c’eft lorfque le cheval a le front ba&& enfoncé ; on appelle ces chevaux camus.

Une marque <iui embellit beaucoup la tète du cheval , .& qui lui donne de la grâce , c eft lorfqu’il a au milieu du front une étoile ou pelote blandie : cela doit s’entendre des chevaux noirs, bais, alezans, ou qui ont un poil tirant fur le brun. Prefque tous les chevaux ont encore au milieu du front un épi ou molette ; c’eft le nom qu’on donne au retour de poil , qui , au lieu d’être couché comme il Teft par-tour le corps ,. remonte d’un fens oppofé. 11 s’en trouve de femblables aux flancs, au poitrail , & en d’autres endroits. Des Salières^

La feule belle qualité que doivent avoir les &• lières, c’eft d’être pleines , & même un peu élevées. Lorfqu ’elles font enfoncées & creufes, c’eft le défaut des vieux chevaux : il fe trouve pounant quelques jeunes chevaux qui om cette imperfection ; mais par ce figne on connmt qu’ils font en^ gendres de vieux étalons j

Des Teux.

La plus belle partie de la tête ducAev^, c’eft Toeil. Cette partie eft aulfi difficile que nécefiaire a connoitre.

L’œil doit être clair, vif %L effronté , nî trop gros , ni trop petit , placé à fleur & non hors ^e tète. Un cheval qui a de gros yeux fortant de la tête , a ordinairement l’air morne & ftupide ; & ceux qui les ont trop petits & enfoncés , ( on les appelle y eux de cochon , ) ont le regard trifte & foiiventlavue mauvaife.

Telles font les remarques eénésales qu’on doit faire d*abord fur les yeux, en fuite de quoi il eft néceffaire de les examiner plus en détail : & pour ea Fij 44 C HË faire rcxâinen ngoureox & en juger fainetoent ^ il faut , il le chival eA dans un lieu obfcur’y le faire conduire dans un lieu clair , & là , lui regarder les yeux Tun après l’autre , de coté & non vis-à-vis. Il oe faut pas non plus les reprder au foleii ; au contraire , il £ïut mettre la mam au-de0us de Toeil pour rabattre le grand jour & empêcher la réflexion. « Les deux parties de Tceil les plus effentielles à connoitre,& qu’il faut examiner avec le plus de foin , foiu la vitre & la prunelle, -La vitre eft la partie extérieure de l’œil , & la prunelle la partie interne , ou le fond de l’œiL Ceft de Texaâe confidération de la vitre que dépend la parfaite connoiflance de l’œil. Elle doit être claire & tranfparente » enforte qu’on puifle voir la prunelle fans aucun empêchement* Lorfque , cette partie eft trouble & couverte , c’eft îiene que le cheval eft lunatique , c’eft-à-dire , qu’il lui furvient des fluxions de temps à autre fur l’œil , & lorfque b fluxion a endommagé un œil , il devient Î>lus petit que Taurre , alors il eft perdu fans refource y puifqu’il fe deflSche. Quelquefois un œil paroit plus petit que l’autre , parce que par quelqu’accident la paupière a été fendue , & qu’en fe rejoignant elle refte plus ferrée. Mais il eft rare que cela arrive , & il eft atfé de ne s’y pis tromper , en examinant fi l’œil n’eft ni trouble ni brun. • Lorfqu’uncArvif/ jette la gourme 9 ou change les ëoiusde4ait. ou poufle les crochets d’en haut, il arrive fouvent que la vue lui devient auffi trouble que s’il étoit borgne ou aveugle ; mais lojrfqu’ileft guéfi , fa vue s’éclaircit. Quelquefois auflî par ces accidents , un chival perd entièrement la vue. La prunelle , qui eft la féconde panic de Pœil , jdoit être grande & large » il faut qu’on puîftê l’appercevoir diftinâement.

Il vient quelquefois au fond de Tœil une tache blanche , qu’on appelle dragon , qui , quoique très-petite dans le commencement , couvre avec le temps la prunelle, & rend le cheval borgne , fans qu’on y puifle apporter aucun remède» «  Un autre défaut , qu’on appelle ail cul de verre , c^eft lorfque la prunelle eft d un blanc verdatre & f ranfparent. Quoiqu’un châval ne (bit pas toujours borgne avec ce dé&ut, il court erand rifquede le devenir. Lorfqu’il y].z plus de blanc que de rerdatre , on Tappelle oul’véron : il donne au cheval un air méchant oc trattrtf. ’

Nous ne ferons point ici un plus grand détail 4es accidents qui arrivent aux yeux ni aux autres parties dont nous allony décrire les défauts, parce qv’on ft réferv^d’ien parler plus amplement dans h troifième partie de cet ouvrage ,. qui traite des ma* kdîes*

I>€ la Ganache,

Les dieux ot qui compoient la ganache , doivent trre peu charnus à l’extérieur , c’eft-à-dve , à chaque cdté de la mâchoire inférieure , & Tentre-deux , ^ui eft ta partie ^ touche augo fiô* , que quelque» CHE

icuyers appellent la brayi , & quelques maquî^ gnons Vauget , doit être bien ouvert & bien évidé , afin que le cheval ait la facilité de bien placer fa tête.

La ganache quarrée eft une diflbrmité qui pro«  vient de ce que les deux os qui la forment font trop gros 9 trop ronds, ou trop chargés de chair ; fi avec cela ils font ferrés l’un prés de Pautre » enforte qu’il n’y ait poitn aflez de vuide & d’efpace pour 3ue le cheval puiflirloger fa tête , il aura beaucoup e peine à fe ramener, à moins qu’il n’ait l’encolure fort longue , peu épaiflie & relevée* Lorfque l’entre-deux des os de la ganache n’eft pas bien évidé , & qu’on y trouve quelque grotleur ou glande , c’eft ordinairement un figne de gourme , quand le cheval n^a pas paflé ftx ans ; mais s’il a pafle fept ans , Se que la glande fott douloureitfe , & attachée à lun des os de la ganache , c’eft prefque toujours un figne de morve. Oa trouve quelquefois dans cette partie plufieurs pe* tites grofleurs» qui font une fuite de rhume ou inor> fondement , mais elles ne font point dangereufe» , un travail médiocre les difltpe.

Pe la Bouche £» de fa parties extinèures^ L’ouverture ou plutôt la fente de la bouche dort être proponionnée à la longueur de la tète » enforte qu’elle ne foit ni trop fendue, ni trop petite. Quand la bouche eft trop tendue , le mors va trop avant dans la bouche du côté de& dents machelières, ce qu’on appelle boire la bride ; & lorsqu’elle n’eft pas aflTe&fennue , le mors ne peut porter en.fon lieu fans faire froncer les lèvres.

Ce qu’on entend par une beDe bouche» c’eft lorfque le cheval étant bridé , elle devient fraîche & pleine d’écume , c’eft une aualité qui dénote un bon tempérament» On dit aun tel cheval , qju’il gouK bien fon mors»

Des Lèvrerl

Ilfaut quèleslèvres foient peu épaifles & menues f à proportion de la bouche* Quand elles font trop groftes & trop charnues , elles couvrent les barres, & empêchent l’eftiét du mors. Ceft ce qu’oD appelle s* armer de la lèvn.

Des Naseaux,

Un cheval doit avoir les naxeauic ouverts , parce que la refjpiratton en eft plus facile. Cependant ce n’eft pas teujours^ de cette ouverture des nazeaus que dépend la liberté de la refpiration , mais de la bonne conflitution des poulmons i ainfi il n’eft pas toujours f&r de fendre tes nazeaux , dans la vue de faciliter la refpiration à certains chevaux , comme les huflârds oc les hongrois le pratiquent. Cette opération ne produit qu’un feul avantage , qui ne laifle pas d’être quelquefois unie à la guerre ; c*eft qu’on dit , que les chevaux qui ont les naaeaux fendus ne peuvent plus hennir. Lorfqu’un cheval s’ébroue eu marchant > & ^u*oo Toit duis Iç «rdod*


Go9gle CHE fcs nazeaux un vermeil» c*efl figue ’qu’il a le êer«  veau bien couftitué*

Di U Barbe.

La barbe , que quelqi ?cs-ui :s appellent larhou* thct 9 eil une partie qui contribue autant à la bonté de la bouche d’un cheval que les barres , puifque c’eA Tendroit où la gourmette fait Ton efiet , laquelle doit porter également par-tout. U faut pour cela que la barbe ne foit ni trop plate ni trop relevée. Si la barbe étoit trop plate» c’eft à-dire, que les deux os qui la compofent fuflent trop éloignés l’un de Tautre & peu élevés» la gourmette n’appuyeroit qu’aux deux côtés & point dans le milieu ; & fi au contraire » les deux os étoient trop élevés & trop près Tun deTautre^la gourmette n’appuyeroit que dans le milieu » & aUrs Teffet en feroit trop fenfible au cheval i & lui fesoit donner des coups de tête. U f^ut encore pour la perfeâion de cette partie y qu’h y ait peu de chair & de poil » & rien que la peau , pour ainfi dire , fur les os , ce qui rend la barbe plus fenfible. Lorfque cette partie efl bleâée , ou qu’il s*y trouvé de la dureté & des calus^ c’eft iigne , ou qu’un cheval appuie trop fur fon mors » ou que la gourmette efi mal faite , ou qu’elle a été mal placée , mais plus ordinairement que le cavalier a U main rude.

J ?e la Langue & des autres parties ihtirîeures de la Mêuche.

Il faut que la langue d’un cheval foît logée dans le canal » c’eft pourquoi elle doit être de même que les lèvres , menue & déliée , parce que iî la langue étoit trop épalfle » & qu’elle débordât par-demis les barrer» cela ôteroit l’effet du mors fur cette partie , & rendrott l’appui fourd. Il faut examiner fi elle n’eft point coupée par Tembouchure ;. accident c[ui fuppoferoit , ou une mauvaife bouche « ou fouyent la rudefle de la main du cavalier. Deux autres chofes défagréables qui fe rencontrent quelquefois dans cette partie, c’eft lorfqu*elle pend d’un côté ou de l’autre & fort de la bouche » ou qu’elle paffe par-deffusle mors quand un cheval marche.

’ Du Palais.

Ce qu’on doit rechercher au palais d’un cheval^ c^eft qu’il foit un peu décharné. Si les filions étoient trop gras &’trop épais » cette partie feroit chatouilleufe ) & le mors eny touchant feroit que le cheval battrott à la main , OL donneroit des coups de tête. U faut remarquer que le palais d’un jeune cheval efl toujours plus gras que celui d’un vieux ; & à mefure qu’un cheval zvznct en âge, les filions du palais & les gencives fe déchament. Des Barres.

Les barres font la partie de ta bouche qu*il faut examiner avec le plus de foin’, puifque c’eft l’en- 4roift où fe fait l’appui du mors, hç$ meilleures CH È 45

qualités qu^elles puiiTent avoir , font d’être affez élevées » pour nue la langue puiffe fe loger dans le canal , fans déoorder fur les barres , & d’être un peu décharnées , parce qu’elles en font plus fenfi» blés : il ne faut pounant pas qu’elles foient trop tranchantes ; car alors le chevd leroit fujet à battre à la main par leur trop de fenfibilité. Lorfque les barres font baffes , rondes & trop charnues , c’eft un défaut qui rend cette partie moins f^^fible , & qui hi que le mors n’a pas tant d’effet. De VEncolure.

Une belle encoltrre doit être longue & relevée ; il faut qu’en fortant du garot , elle monte en forme de col de cigne jufqu’au haut de la tête , qu’il y ait peu de chair prés de la crinière , cela forme ce gu’on appelle encolure tranchante* Elle feroit d^«  teâueufe , fi avec cela elle n’étoît proportionnée à la taille an cheval car lorfau’elle eft trop longue & trop menue , trop molle ql trop éfilée » les chc vaux donnent ordinairement des coups de tête, fi au contraire , elle étoit trop courte , trop épaiffe & trop charnue , le cheval peferoit à la main. On remarque que la plupart des juments , des barbes & autres des pays orientaux, font fujets à avoir l’en# colure éfilée ; & que les chevaux entiers & ceux Î[ut font nés dans les climats humides , & qui ne ortent point d*étalons barbes ou autres de cette efpéce , ont l’encolure épaiffe & charnue. Il y a trois fones d’encolures mal faites, fçavoir , les encolures renverlSes , les encolures faufies , 8e celles qu’on iiÇi^eWt penchantes.

Les encolures renverfées, qu’on appelle encolu*, res de cerf^ parce qu’elles font’faites comme le col de cet animal , font celles dont la rondeur , qui doit prendre depuis le garot jufqu’au haut de la tête , le long de la crinière , fe trouve en deffous , le long du gofier. Les chevaux qui ont ce dé&ut font difficiles à emboucher, parce qu’il eft difficile d’empêcher que la branche de la bride ne portt contre le gofier, ce qui ôte l’effet du mors. L’encolure fauffe eft celle qui tombe à plomb & perpendiculairement , depuis^ l’entre «^ deur de la Îranache, le long du gofief, jufqu’au poitrail, au ieu de venir en talus ; & dans la partie fupérieure , auprès du garot, où commence la crinière , il y a un enfoncement qu’on appelle* coup de hache , q^ii empêche l’encolure de fortir direâement du garot. Ce défaut n’eft pas fi confidérable que celui des encolures renverfées.

Les encolures penchantes font celles qui tomd’un côté ou d’un autre ; ce qui arrive aux chevaux 3ui ont l’encolure trop épaiffe & trop charnue prés c la crinière. Ce défaut ne fe trouve guère qu aux vieux chevaux i fur-tout fi on leur laiffe les crins trop épais, & plus ordinairement aux chevaux entiers qu’à ceux nui font hongres : c’eft pour cela Zu’il ne faut pas laiffer la crinière trop garnie dans

racine » 8c on doit avoir foin d’arracher les crinf 

Digitized-by 46 C H E par deflbus » afin qu’ils foient déliés & longs ; cela contribue à la beauté de la crinière : d’ailleurs les crinières trop épaifles font fujettes à la crafle , qui engendre la gale , fi oo n a foin de les laver tous les jours à fond & non fuperficlellemeAt » afin de bien nettoyer la racine des crins. Du Garou

n faut que le garot folt élevé » long & décharné , enforte quHl n*y ait , pour ainfi dire , que la peau fur les os. Non-feulement ces qualités dénotent la force d’un cheval » mais elles lui rendent les épaules i)lus libres ; & elles font néceflaires pour empêcher a felle de tomber fur les épaules , car cela cauferoit de grands accidents dans cette partie. Lorfque le garot efi rond & trop charnu , il efi trés-fujet à fe blefler , & la plaie efi longue & dangereufe dans cet endroiu

Quoique le garot élevé foit une qualité à eftimer dans un cheval de felle > il faut prendre garde qu*il ne le foit trop pour les chevawe qui portent la troufie de fourage à l’armée, & aufb pour les chevaux de bât , car les uns & les autres font très-fujets à être efiropiés dans cette partie. Dis E fautes.

Les épaules , pour être bien’faites , doivent être fiâtes y peu charnues , larges , libres & mouvantes. .es défauts contraires à ces qualités font lorfqu’un cheval efi, ou trop chareé d’épaules , ou trop ferré , ou lorfqu’illes a chevillées.

On appelle un cheval chargé d’épaules , lorfqu’tl les a trop grofles « charnues oc rondes , & quand le joint de l’épaule , qui efi l’endroit oii porte le poitrail de la lelle , efi trop avancé , & qu’avec cela il y a trop de difiance d’un bras à Tautre ; ce qui provient auffi de ce aue la poitrine efi trop large & trop ouverte. Un cheval trop chargé d’épaules efi fujet à broncher, à moins qu’il ne les ait naturellement mouvantes : ainfi les chevaux qui ont ce défaut ne font pas bons pour la felle , mais ils font excellents pour le tiraee , parce qu’ils donnent mieux dans le collier , & qu’ils ne font pas fujets i être écorchés par les harnois.

Il y a des chevaux oui ne paroiffent pas chargés 4’épaules pardevant , <k qui le font dans Tendroit où portent les arçons de devant de la felle ; lorfque" cette panie efi épaiAe de chair , le cheval n’efi pas fi libre des épaules , & n*eft pas propre pour la chafie & pour les courfes de yitefle , quoiqu’il puifle fervir à d’autres ufages.

On doit remarquer que le défaut d’avoir beaucoup d’épaules , qui efi trésconfiderable pour quel- 3ues chevaux françois» efi une qualité à efiiraer ans les chevaux d’Efpagne , dans les Barbes & autres des pays méridionaux , ou dans les poulains qui fortent d étalons nés dans ces climats , parce aue ceux-ci pèchent ordinairement pour avoir les épaules trop ferrées. I

c HE

Le cA^v4/ ferré d’épaules, efi celui ou ! n*a pas la poitrine affez ouverte ; enforte que le trouvanc trop peu de difiance d*un bras à l’autre, les épaules fe trouvent ferrées l’une prés de l’autre. Ce défàuc efi très-confidérable ; car les chevaux qui n’ont pas afiez d’épaules manquent de force ordinairement » ne peuvent pas facilement déployer les bras pour bien galoper , font fujets à tomber fur le nez , à fe croifer & à fe couper en marchant. Les anglois , qui font trés-connoifieurs & trés-curieuz en chevaux de courfe & de chafle , examinent avec beaucoup de foin les épaules d’un cheval , & jugent de fa force par la firuâure de cette partie. Ils veulent que l’os de l’omoplate , qui efi , i proprement parler , l’épaule , non-feulement foit large , plat & libre , mais ils veulent encore qu’il defcende bas au-deflbus du garot, c’efi-à-dire , qu’ils prétendent que plus il fe trouve au4effous du earot , ce qui rend le garot élevé , plus libre en eft le mouve* ment de Tépaule , & c’efi avec raifon. Un troiliéme défaut eflentiel , efi lorfque les épaules font chevillées, c’efi-à-dire, engourdies , liées & fans mouvement , ce qui rend la démarche d’un cheval rude & incommode , parce que le mou«  vement vient feulement du bras & de la jambe* Ces chevaux font fujets à broncher , pêfent à La main pour fe foulager, & font bientôt ruinés des jambes.

Lorfqu’un cheval qui a les épaules chevillées , après quelqu’exercice qui l’aura échaufié , vient i fe refroidir , il demeure roide , comme s’il étoit fourbu. On remarque aufli que quoique ce foit une bonne qualité pour un cheval de felle d’avoir les épaules plates & décharnées ; fi cependant elles font trop fèches , enforte qu’on yoye e9 os avancer fous la peau , ces chevaux les ont ordinairement chevillées , & ne peuvent pas fupporter de grands travaux.

Il faut encore faire attendon à certains chevaux qui , quoiqu’ils lèvent la jambe fort haut & avec beaucoup de facilité , ont cependant les épaules chevillées ; ce qu’il efi aifé de remarquer , en prenant garde que ce beau mouvement en apparence ne vient que du bras , & que l’épaule n’y participe point.

Enfin tout cheval trop chargé , ou trop ferré d’épaules, ou qui les a trop fèches , & qui n’a point cette partie naturellement libre & mouvante , ne peut jamais paffer pour un cheval de maître , & a le devant bientôt ruiné.

Du PoitraiU

Lorfqu^un cheval a les épaules bien faites , ordinairement le poitrail ou la poitrine l’efi aufli. Cette partie doit être proportionnée à la taille du cheval : les gros chevaux & les roufllns ont prefque toujours la poitrine trop large & trop ouverte , ce qui les rend pefans & par conféquent excellents pour le tirage : ceux de légère taille au contraire , pèchent fouvent pour avoir cette partie trop étroite ; enforte C HE que c*€ft une qualité pour ceux-ci que ic Tavoir large 8c ouyerte*

Quand le poitrail eft trop avaDcè , ce qui fe connoic lorfque les jambes de devant font retirées fous le derrière des épaules i ce défaut eft confidéraMe pour les chevaux de felle ; il eft dangereux de galoper fur de tels chevaux , parce qu’ils font fujets a tomber fur le nez , & à s’appuyer fur le mors* Des Jambes de devant»

Avant que d’entrer dans le détail des parties qui compofenc les jambes de devant , il Ëiut d’abord examiner leur proportion , leur fituation» & la manière dont un cheval place les pieds, La longueur des jambes doit être proportionnée à la taille du cheval. Lorfqu’il eft trop élevé fur fes jambes , on l’appelle haut monté , & c’efl une difTormité d’autant plus confidérable , aue ces fortes de che-vaux ne font pas aflîirés fur leurs jambes : au contraire , lorfqu’elles font trop courtes , ce qu’on appelle bas du devant ^ non-feulement c*eft un défaut qui fait aller un cheval fur la main & fur les épaules , mais qui fait tomber la felle fur le garot. Les juments font plus fujettes que les chevaux à être baftes du devant. *

Les jambes bien fituées doivent être un peu plus éloignées l’une de l’autre près de l’épaule quejirés du boulet ; ôc elles doivenr tomber par une ieule ligne droite depuis le haut du bras julqu’*au boulet. Un cheval en marchant doit pofer les pieds à plat , tant ceux de devant que ceux de derrière : quand il pofe le talon le premier , c’eft ordinairement un ligne qu’il a été fourbu , & quand il pofe la pince la première , ce qui le fait nommer cheval rampin , c’eft fouvent une marque qu’il a tiré à la charrue ; quelquefois auffi une écurie mal pavée lui occafionne ce défaut , parce qu^il fait entrer la pince du pied entre deux pavés , fituation qui eft caufc que les tendons fe retirent avec le temps. Les pieds » foit de devant , foit de derrière , ne doivent point tm tournés ni en dehors ni en de* dans , & la pince du pied doit être par conféquent direâement en avant.

Après ce premier examen , il faut enfuite détailler toutes les parties de la jambe en commençant par le coude.

Du Coude.

Le coude ne doit être m trop ferré près des c6tes 9 ni trop ouvert en dehors. Un cheval qui a le coude trop-ferré > porte la jambe & le pied en dehors , & celui qui l’a trop ouvert , porte les )am«  bes & tes pieds en dedans. Ces deux fuuaùons non- feulement font mal placer les jambes , mais marquent en même temps de la foîblefle dans cette partie.

Du Bras»

La plus grande force de la jambe réfide dans le bras, c’eft pour cela qu’il doit paroicre nerveux & C H E 47

large, lorfqu*on le regarde de côté} &ce qui en augmente la force » c’eft lorfque les mufcles qui font en dehors font gros & charnus. On remarque dans la plupart des chevaux qui ont le bras long , qu’ils fe lafient moins , & qu’ilt font plus en état deréfifler au travail ; mais que le mouvement delà jambe n’en eft pas ù relevé. Quand au contraire le bras çft court, le mouvement & le Eli delà jambe en font ordinairement plus beaux. >n tire de cette remarque une conféquence ; fça-V (Hr , qu’un cheval qui a les bras courts eft bon Eur le manège & pour la parade , & que celui qui a îong^ , en infiniment meilleur pour la (atigue. Du Genou»

Le genou icit être plat & large , & n’avoir que la peau fur les os. Les genoux ronds & enâés , dé» notent une jambe travaillée ; & lorfqu’ils font couronnés, c’eft-à-dire,quelepoil manque au milieu du eenou à force de tomber deffus en marchant » c’eft une marque certaine de jambe ufte , à moin» que cela ne foit venu d’accident , comme il arrive à ceux qui fe donnent des coups au genou contre la mangeoire.

On doit faire encore attention à la fituation du genou. Lorfque Je cheval étant en place , a le genou plié en avant , & que les jambes fe retirent en deflbus depuis le genou jufqu’au boulet y ce qui lut fait paroitre la jambe comme pliéeendeux ; cette défeâuofité s’appelle jamhe ar^ute , parce qu’elle prend la forme d’un arc , ce qui eft une preuve que les nerfs fe font retirés par un grand travail ,& ordinairement les jambes leur tremblent après avoir marché.

Il y a des chevaux qui naîflent avec des jambes ar(|uées : on les appelle brafficourts , & alors ce n’eft qu un vice de conformation naturelle , qui ne vient point de jambes travaillées ; fi on regarde ces che^ vaux du côté du fervice , cette difformité ne doit point empêcher de les acheter. Beaucoup de barbes & de chevaux d’Efpagne font fujets à avoir les jambes arijuées, parce qu’on leur met des entraves dans Tecurie , ce qpi leur ftiit mal placer les jambes & les rend arquées avec le temps. Du Canon.

L’os du canon doi^ être uni , gros & court à proportion de la jambe & de la taille du cheval. Quand Tos du canon eft trop menu , c’efl une marque de foibleffe de jambe. Cependant les che-’ vaux tares & autres des pays chauds , ont prefque tous le canon menu , & avec cela les jambes excellentes , parce que la chaleur du climat confolide cette partie & en augmente la force : mais dans les pays frcuds & humides , tout cheval qui a le canoo trop menu » n’a point de force dans les jambes. Il ne doit y avoir le lonj de l’os » ni en dedans ni- en dehors, aucune groueur, comme furos , oftè» lets , fufées « accidents qui furvtennem au caaea^ &

dont nous parlerons dans la troiiiéme partie.
48 CHE CHE
Du Nerf de la jambe.

Nous avbns ojbfervé dans le premier chapitre , ^ue derrière & le loag du canon , il régne un ten«  don qu’on a appelle )ufqu*à préfent netf^ & dont nous conferverons la dénomination. C eft une partie eflentielle pour la bonté de la jambe. Voici les Juaiités qu’il doit avoir ; il faut qu’il (bit gros , fans ureté ni enflure » détaché & éloigné de Fos du cason fans aucune humeur ni groffeur entre*deuz , qui fafle paroitre la jambe ronde. Les nerfs qui font gros fans dureté ni enflure » font les meilleurs , parce que les chevaux qui ont le nerf menu fe ruinent bientôt , bronchent facitenenr, & les jambes s’arrondiflent par le moindre tfavail. Il hut prefler le nerf avec la main « en la coulant le long de cette partie , & fi le cheval marque quelque douleur , on doit prendre garde qu*il n*y ait quelque dureté ou enflure ; ces ourecés empêchent le mouvement du nerf* Il Êiut de même couler la main entre le nerf & Tos , p9ur voir s’il a*y a point auffi des duretés ou des glaires mouvantes qui arrêtent la main , & qui échappent fous le doigt.

Le nerf doit être détaché & éloigné de Tos ; ce qui forme une jambe plate & large , qui efl la meilleure. On appelle jambes de bœufou de veau , celles qui ont le nerf peu éloigné de l’os. Ces fortes de jambes ont ordinairement ^ nerf menu , & un médiocre travail hit tomber fur cette partie une humeur qui s*y endurcit & arrondit la jatebe en peu de temps.

11 fe trouve encore un défaut dans le nerf, mais qui eft rare : c’eft lorfqu*étant aflez gros par en bas, il va trop en diminuant fe perdre dans le genou ; c*eft un figne de foiblefle dans cet endroit. On appelle ce défaut nerf failli»

Lorfque le nçrf dont nous parlons eft bien détaché, on voit entr0 ce tierf & le canon , en dehors & en dedans , un autre petit nerf, qui efl un ligament en forme d’y grec renverfé , qpi unit l’os du canon avec le boulet , ce (|ui augmente be^uçQup la beauté & la bonté de la jambe. Du Bouleùf

Le boulet doit êtrp nerveux & gros ï proportion delà jambe, fans aucune enflure ni couronne. Un cheval qui a le boulet menu Ta ordinairement trop flexible , ce qui le rend fujet aux molettes ; & il ne peut pas fupporter un long travail, Ceft pourtant une belle qualité pour un cheval de manège , que d’avoir le boulet un peu flexible , les reflbrts en font plus doux & plus lians ; & dans un manège les chevaux ne s’uferit pas comme ailleurs , leur travail étant réglé. Un cheval de grand fei-L jointure ^ ^

raifon que les mouvements en font plus doux. Mais 1 c’eft un grand défaut pour les cAevâux de carrofie | C H E

& de tirage , lorfque le boulet eft trop flexible ; cela les empêche de reculer & de retenir dans les defcentes.

Lorfque le boulet eft enflé , c*eft une marque de jambe fatiguée & travaillée , à moins que ce ne foit par accident , & lorfqu’il eft couronné, <feft-à-dirc , Îpefansécorchure ni bleflure , il y a une grofleur ous la peau qiU va en forme de cercle autour du boulet , c*eft une preuve certaine de jambe ufée par le travail.

Du Paturon.

Cette panie , pour être bien proportionnée , ne doit être ni trop courte , ni trop longue. On appelle les chevaux qui ont le premier défaut , court-joiatis , & les autres fe nomment long-jointés. Lorfqu’un cheval a le paturon trop coun * & que le genou, le canon & la couronne tombent aplomb , on le nomme droit furjamhes^ Scies maquignons l’appellent cheval AticAe’. Lorfqu’il marche dans cette fituation, il devient avec le temps bouleié, c*eftà-dire , que le boulet fe po/te en avant. Généralement tous les chevaux droits fur jambes , font fujets à broncher & à tomber ; & les chevaux court-jointés deviennent facilement droits , & enfuite bouletés » û on leur laifle le talon trop haut. Quand un cheval eft long-jointé , c’eft encore une plus grande imperfeâion que quand il eft’droit ; car c’eft un (igne de foiblefle oc un défaut de conftruâion fans remède. Au lieu qu a ceux qui font droits, on peut y remédier par la ferrure , en s’y prenant de bonne heure. Il y a pourtant quelques chevaux qui ont le paturon long, mais qui ne le portent point trop bas en marchant , ce qui marque de la force en cette partie , & que la vigueur du nerf empêche le boulet de fe trop plier. Ces che* vaux font beaucoup plus commodes au cavalier qu’un court-jointé , mais ils fe ruinent plus facile* ment que les autres ; ils ne font bons que pour la parade.

Quelquefois un des côtés du paturon eft plus élevé que l’autre. Quand ce défaut n’eft pas confidérable, il peut fe raccommoder par la ferrure. Le pot) du paturon doit cttc couché & uni. U faut prendre gurde qu’il ne foit point hériflé. près de la courunif e , ce qui fignifieroit qu’il y auroit une gratelle fa rineufe qu’on appelle peignes, & qui tient la couronne enflée.

Pe la Couronne»

Il faut que la couronne foit aufli unie que le pa«  turon , & qu’elle accompagne la rondeur du fabot tout autour du pied ; car fi elle furmontoit, & qu’elle (ut plus élevée que le pied , ce feroit une marque , ou que le pied feroit defleché, ou la couronne enflée.

La couronne eft l’endroit oh les chevaux fe don* nent des atteintes.

L’atteinte eft un coup qu’un cheval reçoit par ua autre cheval ({và le fuit de trop près i ou bien qu’il te C HE ttonne Im-mème, en s’attrappant les pîedsde devant avec ceux de derrière. Quelquetois auffi les the^/aax qui font cramponnés ou ferrés à glace s’attrappent le defTus de la couronne avec le crampon ou le clou de glace , & y font un trou qui caufe Couvent de grands déforcfres.

Du Pîtdenginifal & defes f orties» ^ 11 faut axaminer avec grand foîn toutes les parties du pied ; car c’eft l’endroit qui porte tout le corps du cheval. Le pied doit être proportionné à la •ruflure du corps & des jambes , nî trop grand , ni trop petit. Les chevaux qui ont de grands pieds , font pour Tordinaire pefans & fujets a fe dé^rrer ; & ceux qni ont le pied trop petit, Tontfouvent douloureux, & les talons fe ferrent & deviennent encadelés.

La forme du (dhot , qui efl la partie extérieure qui entoure le pied, doit être prefque ronde , un peu plus large en bas qu*en haut, ayant la corne luifante , unie & brune.

La corne blanche eft ordinairement caflante , & les rivets des clous du fer la font facilement éclater.

Lorfque la corne ncft pas um*e, & qu’elle eft élevée dans quelques endroits , en forme de cer* cle^ autour du fabot ; c’eft le figne que le pied eft altéré , fur - tout û les cercles entourent tout le pied*

Quand une partie de la corne du fabot eft tombée par quelque accident , il s’en forme une nouvelle , qu on appelle avalure ou quartier-neuf ce Îii eft aifé à connoitre , en ce que cette partie eft une cerne molle & raboteufe, qui ne revient prefque jamais fi folide que l’autre , & par conséquent rend cette partie foîble.

Lorfque le fabot eft trop large par en bas , & que les quartiers s’élargiflent trop en dehors , on appelle ces fortes de pieds , pieds vlats ; défaut confidérable , qui fait que la fourchette porte à terre , & fait fouvent boiter le cheval. Quand au contraire les quartiers font trop ferrés, que le fabot s’étrécit trop auprès de la fente de la fourchette , & qu'il ne uiit pas la rondeur duj>ied , c’eft encore un grand défaut , qu’on appelle , cheval eneaJUlé. Dans cet accident , les quartiers preftent & (errent le petit pied , qui , comme nous l’avons déjà dit , eft un os fpongieux, renfermé dans le centre du pied , entouré de chair qui communique la nourriture à toutes les parties du pied. Alors le petitpied , qui eft le feul endroit fenfible de cette partie • n’étant point à fon aife , & étant trop preffé , cela y caufe de la douleur , fait boiter le cheval. Les xhevaux cncaftelés font encore fujets à avoir des feymes ; qui font des fentes dans l’un des quartiers du pied, qui rèenent quelquefois depuis la coudronoe Jufqu’au ter.

Après avoir examiné le pied à rcxtérîcuc, il £iut Equit4uion^ Efirime & Dan/e.

C H Ë 4^

èlifuite le lever & en examiner les panies de de^ dans , qui font la fourchette & le fabot. La corne de la fourchette doit être bien nourrie ; (ans pourtant être trop grofle ni trop large , ce qu’on appelle , fourchette grap : défaut qui arrive ordinairement aux chevaux qui ont le talon bas ; & alors la fourchette portant contre terre, le che^val boite néceftairement. I>e même fi la fburchette eft trop petite & deflechée , c’eft le défaut des cAevaux encaftelés , & une marque que cette^partic eft privée de nourriture.

La foie , qui eft la corne fituée dans le creux du pied , entre les quartiers & la fourchette , doit être forte . épaifte , point deflechée , ni affoiblie par aucun inftrument. Lorfque le dedans du pied n eft pas creux , & que la foie eft plus haute que la corne du fabot, c’eft une défeouofité qu’on appelle»’ pied cemble. Ces fortes de pieds , non-feulement font difficiles à ferrer , mais ne valent rien pour la felle , nî pour le carrofte ; ils ne font tout au plus bons que pour la charrue.

Il y a encore d’autres accidents qui arrivent a«  pied : nous en parlerons dans la troiCéme panie. De la beauté & des défauts des panies extérieures dh. Corps.

Avant que d’entrer dans le détail de la beautV & des défauts des parties extérieures du corps d’un cheval^ il eft bon de fe rappeiler ici , nue ce corp» eft compofé, fuivant la divifion générale que nou» en avons faite dans le premier chapitre, des reins», des rognons , des côtes » du ventre & des ftancs* Des Reins.

Les reins font , fuivant la dénomination confai mune , la partie fupérieure du corps , depuis le ga«  rot jufqu’à la croupe.

La force des reins efl une chofe eflemielle pour la bonté d’un cheval. Il faut pour cela qu’ils foient un peu courts , & que l’épine du dos foit ferme » large & unie.

Plus un cheval eft conrt de reins , plus il raflem<^ ble’ fes forces ; il galope mieux fur les hanches » parce que fes forces font plus unies ; mais comme fes mouvements fe font prés de la felle , ils font incommodes au cavalier. Il ne va jamais fi bien le pas que celui qui a les reins longs ; parce que oe dernier étend les jambes avec plus de facilité ; mais aufli celui qui a les reins trop longs ne galope pas fi bien , fes forces étant défunies, ce qui l’em* pêche de fe raflembler.

Lorfqu’un cheval n’a point l’épine du dos unict & qu’il a le dos bas & enfonce , on le nomme cheval enfellL Ces fortes de chevaux ont pour l’ordinaire un bel avant-main, l’encolure fort relevée » la tête placée haut , & couvrent leur cavalier ; tl»

font aflez légers. 8( vont commodément pendao»
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quelque temps ; mais ils fe laffent-bleaiôt parce Îu’Us ont peu de forces , & ne peuvent pas porter pefant que d’autres : outre cela ils font difficiles i fclîer.

Dans unxkevaL gras, qui eften bos état , 8c qui a Tépine du dos large , on doit voir au milieu de cette partie , un canal qui régne. le long de Tépine ; c*eA ce qu’on appelle avoir Tes nins doubles^ De^ Côtes.

Le tour des côtes doit prendre en rond depuis répine du dos jufques deflbus la poitrine à Tendroit O.L1 paiTent les fangles ; mais il faut prendre garde oue les dernières côtes qui joignent les flancs , ne loient trop arrondies & retrouflies , parce qu’un cheval avec ce défaut, ne peut }aniais prendre beaucoup de corps : il mange ordinairement moins qu’un autre ; & pour peu qu’il travaille , il a le ventre coupé comme un lévrier.

Quand un chevjl a la côte plate, c*eft-à-dire quand les côies font ferées, plates & avalées , il n^a pas la refpirarion fi libre , & il eft difficile à feller fans le ble/Ter. Beaucoup de ces fones de chfvaux ne laiflent pas avec ce défaut , d*avoir les reins bons , mais ils om toujours une vilaine croupe.

^ Du Vcntn. ’

Le ventre ne doit pas defcendre plus bas que les côtes : il doit être large à proportion de la taille du cheyaL

Il y a des chevaux qui ont trop de ventre, & d^autres qui n*en ont pas affez, Manquer de ventre , de corps , ou de boyau , font termes fyno-DÎmes.

Un cheval a trop, de ventre , lorfque cette partie defcend trop bas & eft trop pleine : ce qu’on appelle , ventre avalé , ventre de vache* Lorfqu*un cheval maigre commence à s*engraiffer , il paroit avoir trop de ventre : mais quand il a la côte bien tournée , fie qu*il n*a pas le flanc re* troufTé, le ventre paiTe à la croupe. Les furfaix i Fangloife étant trés-larges , font excellents pour ces iortesde chevaux.

Lorfqu’un cheval n*eft pas jeûne , & qu’il a le ventre grand (k avalé, qu’il mange beaucoup & <|B’il toufle fouvent» c’eA un acheminement à la pouiTe : maladie dont nous parlerons dams la troi- £ème panie.

Des FUncs.

Les âancs doivent accompagner la rondeur du rentre & des côtes jufqu’auprès de la croupe. Un grand défaut dans un cArv^/ , e’eô lorfqu*il nanque de flanc , c*eA-à-dire , que cette partie n’cfl pMnt affca remplie ; en l’appelle flanc retroujpt. Il y a descArvtfâix , qui , avec la côte bien tournée , om le flanc creux. Quoiqu’ils foient gras & ifiû» aient beaucoup de chair fur les côtes , Us c HE

manquefont toujours. de flanc, & Ton remarque que tout cheval qui a de l’ardeur , quoiqu il mangé* bien , devient toujours éflanqué par le moindre travail.

Lorfqu’un cheval a quelque douleur ou quefque accident aux jarrets , ou à quelqu’autre partie du train de derrière» il eil toujours éflanqué & étroit ’ de boyau.

Quand le flanc d’un cheval commence i battre plus qna l’ordinaire ,’ !fans avoir été furmené,oa rappelle flanc-altéré : & lorfqu’un cheval eft trop échauflé dans le corps , foit par trop de fatigue , foit qu’il foit aâuellement malade , ou qu’il doive bientôt le devenir, le flanc lui bat comme à un pouffif.

Il y a certains chevaux , qui , fans être altérés de flanc , foufflent beaucoup en travaillant ; on les appelle pour ctlsifouffleurs ; mais fl tôt qu’on les arrête « le flanc leur bat naturellement. Les conduits de la refpiratton étant trop étroits , caufent ce défaut.

U y en a d’autres qui font gros d’haleine : ils ont la retpirarion un peu plus libre qu*un fouflleur, mais ils ne laiflfent pas de fouflkr beaucoup en travaillant ; ce qui eft trés-incommode , fur-tout pour les chevaux de chafle & de carrofle. De la beauté & des défauts des parties extérieures de r Arrière • main»

Les parties de l’arrière main, font la cronpe ; les hanches, la queue, les cuifles, le graflct, le jarret & les jambes de derrière. De la Croupe*

Il faut que la croupe foit ronde & large i proportion du corps du cheval. Dans un cheval qui " eft gras , il doit y avoir au milieu de la croupe , dans l’endroit où fe place la croupière , une liene creufe depuis les rognons jufqu a la queue ; c eft la con«  tinuation du canal dont nous avons parlé au fujec des reins doubles.

Quand la croupe ne s’étend point aflèz en tond depuis lextrémité des reins jufqa’au haut de la queue, & que cette partie paroit extrêmement coune, on rappelle, croupe avalée^ coupée ou cul de prune. C*efl un défaut aftez ordinaire aux chevaux barbes, efpagnols, & autres nés dans les pays orientaux r mais ce défaut , qui n>ft contraire qu’à la beauté, eft réparé par’la bonté de leurs hanr ches*

Lorfque les deux os des hanches , qui (ont aux deux côtés de la croupe, font trop élevés ^ on appelle les chevaux qui ont cette dtfl^>rmité , chevaux cornus. Ceux qui ont la côte plate Sl le ventre avalé 9 paroiflent prefque toujours cprnus. Des Hanches.

Les banckes » qui font partie de la croupe , doi ; CH E vent être June îufle longueur. Ceft par la fifuation du jarret qu en juge de la ftruflure des hanches. Lorfque le jarret vient trop en arrière , les hanches font trop longues ; & quoique les chevaux qui ont ce défaut aillent bien le pas » ils ont beaucoup de peine à galoper affis , & n’ont jamais beaucoup de force.

Lorfque les hanches defcendent à plomb depuis Tas de la hanche jufqu’au boulet , elles font alors trop coortes, 8c les chevaux de cette flruâure, marchent ordinairement roides de derrière ; garce qu’ils ne peuvent pas facilement plier le jarret. De la Queue.

La fituation , la force & le port de la queue y font juger de la beauté de cette partie, & en même temps de la force du cheval.

Il faut que la queue ne foît placée ni trop haut ni trop bas. La queue p-op haute rend la croupe pointue , & la queue trop bafle marque ordinairement foibleffe de reins.

Lé tronçon de la queue doit être gros , ferme & garni de poil. Si un cheval ferre la queue & qu’il réfiAe quand on veut la lui lever avec la main , c’eft un figne de vigueur.

Un défaut contre la beauté de la queue » c’eft lorfqu*il y a peu de poil , on l’appelle queue de rat. Non-feulement la queue doit être longue & garnie de poil y mais pour la grâce de cette partie » il faut qu’elle defcende en rond en fortant de la croupe , & non à plomb ; c’eft ce qu’on appelle forter la queue en trompe.

Des Fejfes £* dis Cuijfet,

Lesfefles’&fescuifles d’un cA^fr^/ doivent être f ;rofles & charnues à proponion de la croupe «. & e mufcle qui paroît au-dehors de la cuifTe , au def fus du jarret , doit être fort épais , parce que les cuifles maigres y & qui ont ce mufcle petit, font une marque de foibleue au train de derrière. Il faut avec cela que les cuifles foient ouvertes en dedans» Un cheval ferré de derrière, qu’on appelle mal gig < ?rf’ , eft celui dont les cuiffes font trop prés l’une de l’autre.

Des jarrets*

Il faut que les jarrets foient grands , larges , décharnés & nerveux. Les petits jarrets font foibles ; & ceux qui ne font pas décharnés , qu’on appelle jarrets gras , font fujets à avoir des courbes , des vefEgons , & autres accidents dont nous parlerons dans la troifième partie.’ Ils font encore la fource de toutes les humeurs qui caufent les maux des jambes.

Lorfque les jarrets font ferrés l’un prés de l’autre, on appelle les chevaux qui ont ce défaut , crochus ou jartés, C’eft le même défaut que les cuiflies ferlées & un fi^ne (fe foibleflç dans le train de dçr-CHE 5t

TÎère. Il fe trouve pourtant quelquefois des chevaux crochus qui ont aflez de reins. Quand les jarrets font trop tournés en dehors , c’eft un défaut encote plus confidérable que celui d’être crochu ; jamais un cheval ne peut s’afleoir fur les hanches. A l’éeard des autres parties des jambes de derriére , elles doivent avoir les mêmes qualités que celles de devant , c’eft-à-dire , être larges , plates , fêches , nerveufes , peu garnies de poil , excepté celui en fanon ; & enfin elles doivent tomber fur une feule ligne depuis le jarret jufqu’au boulet. Récapitulation des qualités & des défauts dont on a parlé dans Us trois articles précédents , avec la ma" TÙèrt d’examiner un cheval avant que dt CachettPm La première ohoTe à examiner lorfque Ja figure d’un cA^v^/ qu’on veut acheter nous plaît, c’eft de voir s’il ne boite point , en le faifant troter en main fnr le pavé.

Un cheval qui boite marque tous les temps ia trot avec la tête , & il appuie ferme à terre & promptement le pied de la jambe dont il ne boite point , pour foulager l’autre.

Il y a des chevaux qui, en marchant, badinent de la tète , comme s’ils étoient boiteux , quoiqu’ils ne le foient pas , on les appelle boiteux de la bride. Avant que -àt détailler toutes les parties d’un cheval, fan t lui regarderais bouche pour voir fon âge , & s’il n’eft point bégut , contre-marqué tt fiilé , comme il eft expliqué dans l’article fuivanf. Puis il faut fuivre la divifion que nous avoife feiit ci-devant, en commençant par l’avantHnain. Voir fi la tête eft petite , féche , courte & biea placée.

Si le front eft uni , s’il n’eft poîm camus » ou au contraire s’il n’a point la tête trop bufquée. S’il a un épi au front , avec une étoile ou pelote. Si les falières ne font point enfoncées ou creufes. Si l’œil eft clair , vif & effrwtté. Si les yeux ne font point trop gros ou trop p^ tits. Sil n a peint la vitre obfcure , & le fond de l’œil noir ou brun. S*il n’y a point quelque tache ou blancheur. Si la prunelle eft grande fc large ; s’il n y a point de dragon ; & fi Tœil n’eft point cul de verre ou véron.

Si la ganache n’eft point trop quarrée , & l’entre-deux des os trop ferré. Si entre les deux os de k ganache , il n’y a point quelque grofleur ou glande. Si la bouche n’eft point trop fendue » ou trop petite.

Si la langue & (es lèvres ne couvrent point les barres. Si la langue n’eft point coupée par 1 em» bonchure.

Si les barres font aflez hautes & décharnées «  fans pourtant être trop tranchantes ; en fi elles ne font point trop bafles , trop rondes , ou trop cha^ nues.

Si les nazeaux font afiez fendus & aflêz ouverts. Si la barbe eft trop plate ou trbp élevée j fi elle Gij yx C H E ii*eft point bleflSe > & fi «Ue n’a point de duretés ou de calus.

Si l’encolure eft relevée & tranchante prés de la crinière ; fi elle n*eft point éfilée ou trop épaifle , renverfée , fauffe ou penchante. Si le garot eft long & peu charnu ; s’il n’a point le coup de hache.

Si les épaules font plates , décharnées , libres & jnouvantes ; fi le cheval n*eft point trop chargé d’éf >aules , ou au contraire trop ferré i s’il ne les a point chevillées.

Si le poitrail n’eA point trop large , trop avancé , ou trop étroit.

S’il n’efi point trop élevé Air les )ambes ; fi elles tombent en ligne droite depuis le haut du bras jufqu’au boulet.

Si le bras de la jambe efi large » long & nerveux. Si le genou efi plat , large & décharné ; s’il n’eft point phé en avant en forme d’arc ( ce quon appelle jamhe ar^uét ) ; s’il n*efi point couronné ou enflé.

Si le canon efi gros & court à proportion de la taille.

S’il n’y a point de fiiros » d^offelets » de fufées & de furos chevillés.

Si le nerf de la jambe eft détaché & éloigné de l’os , fans dureté ni enâure.

Si le boulet eft nerveux & gros faos enflure ni couronne ; s’il n’y a point de molettes , & s’il n’eft point trop âexible.

Si le paturon n’eft point trop court ou trop long, c*eft-à-dire , couft-jointé ou long-jointé. S’il n’eft point droit fur jambes ou bouleté. Si un càté du paturoa n’eft pas plus haut que l’autre ; s’il n’a pas de peignes. Si la couronne acconlpagne la rondeur da pied , 6ns étrepius haute que le fabot. S’il ne fe donne point des atteintes*. Si le pied a’eft ni trop grand ni trop petit. Si la forme du fabot eft ronde » & s’il a la corne unie & brune.

Si les ulons ne font point ferrés » os l’un des quartiers plus haut aue l’autre. Si la. fourchette eft bien nourrie fans être trop grofTe & trop large ; fi au contraire elle n’eft point trop petite ou trop defTéchée.

Si le dedans du pied eft creux fans que la ible foit aâbiblie.

Si les pieds ne foiv i>oint plats , encaftelés , combles , cerclés ;. s’il n’y a point de feymes , d’a- .*valure ; s’il n’a point été tourbu. S*il place bien les pieds , & que la pince ne foit Bien dedans ni en. dehors*.

11 faut enfuite paâer aux parties du corps & de l’arriére- main.

Voir fi les reins font aâez courts , & fi l’épine, du dos eft large , ferme & unie.

Si le ch’.val n’eft point enfellé ; fi le tour des c&ties prend bûaa ca rjond },& s’il «eies a £oim trop c H E

S’il a trop de ventre ou de boyau, ou an cotir traire, s’il n’eft point efflanqué s’il n*t pas le flanc retroufle , altéré ou pouflif.

S’il n’eft point fouffleur ou gros d’haleine. Si la groupe eft ronde & large , fi elle n’eft point avalée ; fi le cluval o’eft point cornu. Si les hanches ne font point trop longues oix ttop courtes»

S’il a la queue bien placée ; s’il la porte en trompe ; fi le tronçon eft gros & ferme & garni de poil ; s’il n’a point une queue de rat. Si* les cuilfes & les fefTes font grofTes & charnues ; fi elles ne font point tror ferrées Tune contre l’autre.

Si les jarrets font grands , larges » nerveux & décharnés.

Si le cluval n’eft point crochu » ou au contraire fi les jarrets ne font point trop tournés en dehors ; s’il n’a point de veffigpns , de courbes , &c. Si les jambes de derrière font larges , plates , fèches & nerveufes ; s’il n’a point trop de poil aux jambes.

Après avoir ainfi détaillé toutes les parties d’un* chi :val , il faut le faire monter , pour voir s’il marche bien , c’eft-à-dire , s’il lève les jambes avec facilité , fans fe croifer ni billarder. Celui qui fis croife , porte les deux pieds de devant en dedans , en les pafTant l’un par-defTus lauire en marchant i & celui aui billarde fait le contraire , il les jette en. dehors , ol lève les pieds fort haut. Le premier défaut fait Gu’un cheval fe coupe en marchant, & celui qui billarde fe fatigue & fe ruine bieniôr*. Pour mieux s’appercevoir de ces défauts ». il faut faire venir un cheval droit à foi au pas , & non en tournant ni au galop , comme font les Maquignon» lorsqu’ils veulent vendre ces fortes de chevaux» Il faut enfuite voir sll tient les feins droits farvs* fe bercer ; s’il marche la tête haute & bien placée^, s’il ne pèfe poiot à la main ; s’il ne donne point des coups de tête ; s’il a un pas hardi fans broncher ; s’il galope légèrement oc furement ; s’il prend bien l’éperon ; s’il rafTemble facilement fe^ forces à l’arrêt après qu’on l’a échappé de la main. Un cheval qui auroit toutes les qualités ou’on vient de décrire ,. fans en avoir les défauts , feroit fans contredit un animal parfait ; ce qui eft rare a trouver : mais comme il. eft efientiel à un connoif^ feur de tout favoir , j’ai jugé à propos dé tnettri» cette récapitulation à la fin de cet article. Remarques fur &/ chevaux tU dîfflnn(spaysl Tous lès auteurs ont donné la préfSreace âir cheval d’Efpagne , & l’ont regardé comme le premier dé tous les cAVviXttx pour le manège, àcaufé dé fon agilité , de Tes refiorts , & de fa cadence naturelle : pour la pompe & la- parade» à caufe de fâ. fierté , dé fa grâce & de fa noblêfiè ; pour la guerre dans un jour d’affaire , par fon courage & fa docilité. 52H^(l.^e9runs. l’en fervent pour la cbafTci 61 C H E jponr le carrofle ; mais c’eit dommage de facrlfier à ce dernier ufage un fi noble animal. M. Ic^duc deNewcaftle, qui donne de grands éloges au cheval d*Efpagne , ne lui trouve qu’un défaut , qui eft davoir trop de mémoire > parce 4]u*il s’en fert pour manier de (bi-mème & pour prévenir la volonté du cavalier ; mais ce défaut > £ c*en eft un , n’eft que Teffet de fa gentilleffe & de fa refTource, dont il eft aifé de proiiter , en fui- .vajst les principes de la vraie école. Ceft des haras d’Andaloufte que fortent les loieilleurs chevaux. La race en avoit été bien abâtardie dans les derniers temps , par Tavarice de ceux c[ui les gouvernoient » & qui préféroient les mulets aux chevaux , parce qu’ils en tiroient plus de profit ; mais depuis quelques années , on a remédié à cet abus.

Le cheval birht eft plus froid & plus négligent dans fon allure ; mais lorfqu’il eft recherché , on lui trouve beaucoup de nerf , de légèreté & d’haleine. U réuftît parfaitement aux airs relevés , & dure long-temps dans une école. En France , on fe fert p^s volontiers de chevaux barbes , que de chevaux d’Efpagne pour les haras. Ce font d’excellents étalons pour tirer des chevaux de chafle : les chevaux d’Efpagne ne réuflîflent pas de même , parce qu’ils produifent des chevaux de plus petite taille que la leur ; ce qui eft le contraire du barbe. Les napolitains font pour la plupart indociles , & par cpnféquent difficiles k drefTer. Leur figure ne prévient pas d’abord , parce qu’ils ont ordinairement la tète trop grofle & l’encolure trop épaifTe ; mais ils ne laiflent pas avec ces défauts , d’être fiers & d’avoir de beaux mouvements. Un attelage de chevaux napolitains bien choifis & bien dreftes à cet ufage eft fort eftimé.

Les chevaux turcs ne font pas fi bien proportionnés que les barbes 8c les chevaux d’Efpagne. Ils ent pour la plupart l’encolure éfilée, le dos trop relevé ; ils font trop longs de corps, & avec cela ont la bouche fech^ , l’appui malaifé , peu de mémoire , font colères , parefteux , Se quand ils font recherchés , ils partent par élans , & à l’arrêt ils s’abandonnent 6ir l’appui & fur les épaules ; ils ont encore les jambes trés-menues , mais trés-nerveufes » & quoique Us paturons foient longs , ils ne font pas trop flexibles. Ils font grands travailleurs à la campagne avec peu de nourriture , de longue haleine , peu fujets aux maladies. Par ces qualités & par ces défauts , il eft aifé de juger que les chevaux turcs font plus propres pour la courfe que pour le manège.

Les haras d’Allemagne font entretenus d’étalons turcs , barbes » efpagnols & napolitains ; c’eft pourquoi il y a dans ce p ?.ys de parfaitement beaux chçvauK ; mais peu réuftjfTent bien à la chafte , parce que ceux qui y font nés, n*ont pas ordinairement beaucoup d’haleine.

M. de la Broue dit que les chevaux allemands font i^tureUement naliçieux & rammgues» Ce qu’on c H E 55

attribuoît de fon temps à leur mauvais naturel , provenoit peut-être de l’imprudence de ceux qui , en les exerçant , les recherchoient d’abord avec trop de violence & de fujétion.

Les chevaux danois font bien moulés & ont dé beaux mouvements ; on en fait de braves fauteurs. Us font excellents pour la guerre , & on tire de ce pays de fuperbes attelages.

Il y a deux provinces en France d*ou on tire d«  fort beaux & bons chevaux , le Limoufin &4a Normandie. Les chevaux Limoufins tiennent beaucoup du barbe , auffi font-ils excellents pour la chaffe. Le cheval normand eft meilleur pour la guerre que pour la chafle. Il a plus de defTous, c’eft- à-dire plus de jambes , & eft plutôt en état de rendre fervice que le Limoufin , qui n’eft dans fa force qu’à huit ans. Depuis au’on a mis en Normandie des étalons de taille & étoffés , on en tire de parfaitement beaux cjievaux de Carroffe , qui ont plus de légèreté, plus de reffource, & une aufTi belle figure que les chevaux d Hollande.

Les chevaux anelois font les plus recherchés pour la courfe & pour la chafTe, par leur haleine , leur force , leur hardieffe & la légèreté avec laquelle ils franchifTent les haies & les foffés. S’ils étoient affouplis par les règles de l’art avant de les faire courre

ce qu’on pratique peu ) , les refforts en feroient 

plus liaas , fe conferveroient plus longtemps » 8c le cavalier s’en ferviroit plus commodément ; ils auroient la bouche plus afTurée, & ils ne feroient pas fi fujets , comme le dit M. le duc de Newcaftle,à rompre le col à leur homme , auand ils cefTent de galoper fur le tapis , c’eftà dire, fur le terrein uuî. Les meilleurs lont de la province d’Yorkshre. On fe fert < ?ommunement en France des <^^vaux d’Hollande pour le carroffe. Ceux de la Northollande ou de Frife font les meilleurs. Il y a beaucoup de chevaux flamands qu’on veut faire pafTer pour chevaux de Hollande : mais prefque tous ont les pieds plats ; ce qui eft un des plus grands défauts qu un cheval de carrofle puiflTe avoir. Des qualités & des vices du cheval. La connoiffance du naturel d’un cheval eft m des premiers fondements de l’art de le monter , & tout homme de cheval en doit faire fa principale étude. Cette connoiflance ne vient qu’après une longue expérience, qui nous apprend à développer la fource de la bonne on de lamauvaifé inclination de cet animal.

Quand la jufte ftature , & la proportion des par» ties font accompagnées d’une force liante , St Su’avec cela on trouve dans un cheval Au courage » e la docilité & de ta bonne volonté , oti peut avec ces bonnes qualités mettre aifément en pratique les vrais principes de la bonne école : mais quand la nature eft rebelle , & qu’on n’eft point en état de découvrir d’où naît cette opiniâtreté , on

courtrUqne d’employer des moyens plus capable»
54 CHE CHE

de produire des vices nouveaux , que de corriger ceux qu’on croit connoître, •

Le manque de bonne volonté dans les chtvaux procède ordinairement de deux caufes : ou ce font des défauts extérieurs , ou c’en font d’intérieurs. Par défauts extérieurs , on doit entendre la foiblefle des membres » foit naturelle , foit accidentelle , qui fe rencontre aux reins , aux haiches , aux jarrets , aux jambes , aux pieds ou i la vue. Comme nous avons détaillé aflez au long tous ces défauts dans la première partie , nous ne les rapporterOBS point ici. Les défauts intérieurs, qui forment précifémcnt le caradère d*un cheval ^ font la timidité , la lâcheté , la pareiTe , Timpatience » la colère, la malice , auxquels on peut ajouter la mauvaife habitude. Les chevaux timides , font ceux qiii font dans une continuelle crainte des aides & des châtiments, & qui prennent ombrage du moindre mouvement du cavalier. Cette timidité naturelle ne produit qu’une obéifTance incertaine , interrompue, molle & tardive ; & fi on bat trop ces fortes de chevaux^ ils deviennent tout-à-fait ombrageux. La lâcheté cfl un vice qui rend les chevaux poltrons & fans cœur. On appelle communément ces fortes de bêtes des carognes. Cette lâcheté avilît to^ talement un cheval^ & le rend incapable d’aucune obéiflance hardie & vigoureufe^

La parefTe eft le défaut de ceux qui font mélancoliques , endormis , & pour ainfi dire hébétés ; il s’en trouve pourtant quelques-uns parmi ceux-ci , dont la force eft engourdie par la roideur de leurs membres , & en les réveillant avec des châtiments faits à propos » ils peuvent devenir de braves che-VdUX,

L’impatience eft occafionnée par le trop de fenfibilité naturelle , qui rend un chtval plein d’ardeur , déterminé» fougueux, inquiet. Il eft difficile de donner à ces fortes de chevaux une allure réglée & paifible , à caufe de leur trop grande inquiétude , qui les tient dans une continuelle agitation , & le cavalier dans une affiette incommode. Les chevaux colères font ceux qui s’oflenfent des moindres châtiments , & qui font vindicatifs. Ces chevaux doivent être conduits avec plus de ména-Î’emem que les autres ; mais’quand , avec ce déaut, ils font fiers & hardis , & qu’on fait bien les prendre , on en tire meilleur parti que de ceux qui font malicieux & poltrons.

La malice forme un autre défaut naturel. Les chevaux attaqués de ce vice , retiennent leurs forces par pure mauvaife volonté , 6c ne vont qu’à contre-coHir. Il y en a quelques-uns qui font femblant d’obéir , comme vaincus & rendus ; mais c’eft pour échapper aux châtiments de l’école , & fitôt qu’ils ont repris un peu de force & d’haleine , ils fç défendent de plus belle»

Les mauvaises habitudes que contraâent certains chevaux ne viennent pas toujours de vices intérieurs , mais fouvent de la faute de ceux qui les ] ont i’iboti mal montés : & tjuand cçs maqvaifes ’ CHE

habitudes fe font enracinées » elles font plus diffî^ elles à corriger qu’une mauvaife difpofition qui viendroit de la nature.

Les différents vices que nous venons de définir , font lafourcede cinq défauts eflèmiels, & d’une dangercufe conféqucncc ; favoir , d’être ou ombrageux , ou vicieux , ou rétifs , ou ramingues , ou entiers.

Le cheval ombrageux eft celui qui s’effraie de quelque objet , & qui ne veut point en approcher^ Cette appréheniîon ,’ qui vient fouvent de timidité naturelle » peut être caufée auffi par quelque dé^ faut à la vue , qui lui fait les chofes autrement qu’elles ne font ; fouvent encore , c’eft pour avoir été trop battu »ce qui fait que la crainte des conps » jo’mte à celle de l’objet qui Uii hk ombrage , lui accable la vigueur & le courage. Il y a d’autres chevaux qui , ayant été trop longtemps dans Técurie, ont peur la première fois qu’ils fortent , &à qui tout caufe des alarmes ; mais cette manie » quand elle ne vient point d’autre caufe, dure peu , fi on ne les bat point , & ft on leur fait connoitrç avec patience ce qui leur fait peur. Le cheval vicieux eft celui qui , à force de coups ; eft devenu malin au point de mordre , de ruer & de haïr l’hoçime : ces défauts arrivent aux chevaux colères fc vindicatifs , qui ont été battus mal-à-propos ; car l’ignorance & la mauvaife humeur de certains cavaliers fait plus de chevaux vicieux que la nature.

Le cheval rétif eft celui qui retient fes forces par pure malice , & qui ne veut obéir à aucun aide , foit pour avancer , pour reculer ou pour tourner. Les uns font devenus rétifs , pour avoir été trop battus & contraints ; & les autres pour avoir été trop refpeâés par un cavalier qui les aura.redouté$. Les chevaux chatouilleux qui retiennent leurs for-i ces j font fujets à ce dernier défaut. Le chival ramingue eft celui qui fe défend con* trc les éperons , qui y réfîfte , oui s’y attache & qui rue dans une place , qui necule ou fe cabre , au lieu d’obéir aux aides & d’aller en avant. Lorfqu’un cheval réfifle par poltronnerie , c’eft un indice de carogne , & quoiqu’il fafle de grands & de furieux fauts , c’eft plutôt malice qile force. Le cheval entier eft celui qui refufe de tourner , plutôt par ignorance & faute de fouplefTe , que par malice. II y a des chevaux qui deviennent entiers à une maii, quoiqu’ils y aient d’abord paru fouples & obéiffans , parce qu on aura voulu trop tôt les aftujettir , ScpaiTer trop vite d’une leçon k l’autre. Un accident , qui vient i la vue ou à quelqu’autre partie du corps , peut auflî rendre un cheveu entier à une main , & même rétif. Le défaut d’être entf er eft différent de celui d’être rétif, en ce que le che* v^/ rétif, par malice ne veut point tourner , quoi* qu’il le fâche faire ; & l’entier ne tourne point , parce qu’il ne le peut , foit par roideur ou par ignorance,

(^and les défauts que nous venons de définir | CH E Viennent de manque de coeur 8c par foiblefle , I2 nature du cheval étant alors défeâueufe , & le fond s^en étant pas bon , il eft difficile d y fuppléer par Tarr.

L^orlgine de la plupart des défenfes des chevaux , ne vient paa> toujours de la nature ; on leur demande fou vent des chofes dont ils ne font pas capables 9 en les voulant trop prefler & les rendre trop favans : cette grande contrainte leur fiait haïr V exercice , leur foule & leur fatigue les tendons & les nerfs , dont les reflorts font la fouplefiê ; & fouvent ils fe trouvent ruinés, <]uand on croit les avoir drefies : alors n ayant plus la force de fe défendre , ils obéifTent , mais de mauvaife grâce , & fans aucune reflburce.

Une autre raifon fait encore naître ces défauts : on les monte trop jeunes, ôc comme le travail qu’on leur demande efi au-defTus de leurs forces, & qu’ils ne font pas encore aflez formés pour rcfifter à la fujétloa qu’ils doivent fouiTrir avant d*êire drefles y on leur force les reins, on leur afibiblit les jarrets , & on les gâte pour toujours. Le véritable âge , pour dreffer un chfval , eft fix , fept ou huit ans 9 luivant le climat où il eft né. La rébellion & Tindocilité , qui font fi naturelles , fur tout aux jeunes chtvaux , viennent encore de ce qu’ayant contraâé Thabitude d être en liberté dans les haras , & de fuivre leurs mires , ils ont peine à fe rendre à Tohéiirance des premières leçons , & à fe foumettre aux volontés de Thomme , qui profitant de Tempire qu*il prétend avoir fur eux, poufte trop loin fa domination ; joint à ce qu’il n’y a point d’animal qui fe reflbuvienne mieux que le cA^vii/^cs premiers châtiments qu’on lui a donnés mal à-propos.

Il y avoir autrefois des ’perfonnes prépofées pour exercer les poulains au fortir du haras , lorfqu’ils étoient encoi^e fauvages. On les appelloit cayaicadours Je burdtlU : on les choifidoit parmi ceux qui ^voient le plus de patience , d’induftrie , de nardieiTe & de d ligence ; la perfeâion de ces qualités n’érant pas fi nlceflaire pour les chevaux qui ont ^k.]k été montés , ils av.coufumoient les jeunes chevaux à fouftrir qu’on les approchât dans Técurie y à fc laifTer lever les quatre pieds , toucher de la main , à fouf&ir la bride , la felle , la croupière , les fang’es , &c. Ils les aiTuroient ^ les rencoient doux au moiitoir. Ils n*empIoyoient jamais la rigueur ni la torce, qu’auparavant ils n’euflent eflayé its plus doux moyens dont ils puiïent s’avifer ; & pair cette ingénieufc patience , ils rendoient un Jeune chevut familier à ami de 1 homme ; lui confervoient la vigueur & le courage ; le rendoient fagc & obciffant aux premières règ’es. Si on imitoit à préf^nt la conduite de ces anciens amateurs , on verroit moins de chevaux eflropiés , ruinés 1 re«  bouts , roides & vicieux. .

Det Chevaux de guerre*

L’art de la guerre , & l’art de la cavalerie fe dos*) CHE n

v^nx réciproquement de grands avantages. Le pre-’ mier a fait connoître de quelle néceffité il eft de fçavoir mener furement un cheval ; & cette connoifiTance a engagé à établir des principes pour y parvenir* Delà eft venu l’ét^liflement des académies, que les grands princes fe (ont toujours fait honneur de protéger. Ces principes mis en pratique, ont contribué à la juftefte des dinerents mouvements qui fe font dans les armées. Il ne fera pas difficile de fe l’imaginer , en confidérant que chaque air de nianège conduit à une évolution de cavalerie.

Le pafiage , par exemple , rend noble & relevée Taâion d’un cheval qui eft à la tête d’une troupe. En apprenant un cheval à aller de côté , on lui apprend à fe ranger fur l’un & l’autre talon » foit dans le milieu , ou à la tête de l’efcadron , quand il en faut ferrer les rangs, & dans quelque occafioa que ce foiti

Par le moyen des voltes on gagne la croupe de fon ennemi , & on l’entoure diligemment. Les paftades fervent à aller à la rencontre &i revenir promptement fur lui.

Les piiouettes & les demi-pirouette$ donnent la facilité de fe retourner avec plus de vîtefte dans un combat.

£t fi les airs relevés n’ont pas un avantage de cette nature , ils ont du moins celui de donner à un cheval la légèreté dont il a befoin , pour franchir les hayes & les foires : ce oui contribue à la fureté , & à la confervation de celui qui le monte. Enfin , ii eft conftant que le fuccès de la plupart des aâions militaires, eft dû à l’uniformité des mouvements d’une troupe , laquelle uniformité nd vient que d^une bonne inftruâion ; & qu’au contraire , le défordre qui fe met fouvem dans un efcadron, eft caufé ordinairement par des chevaux ! mal dreftés ou mal conduits.

De pareilles réflexions ne fuflifent-elles pas pour détruire quelques critiques mal fondées de ce qu’on enfejgne dans nos écoles }

Le rapport qui fe trouve entre ces deux arts , a donc fait naître l’émulation parmi la noblefte , pour acquérir de la capacité dans l’art de monter à c//^val y afin de fervir fon prince & fa patrie avec plus de fruit. Ceft par un motif fi glorieux que les anciens écuyers fe font efforcés de donner au public les moyens de drefter des chevaux propres pour la guerre : & c*eft en marchant fur leurs traces que nous allons tâcher d’éclaircir ce qu’ils ont dit de bon fur cette matière.

Il y a deux chofc ;s à obferver dans un cheval de gueirre ; fes propres qualités, & les règles qu’on doit mettre en ufage pour le dreft !er. Un cheval deftiné pour la guerre , doit être de médiocre ftature, c’eft à-dire de quatre piçds neuf à dix pouces de hauteur , & qui eft celle qu’on de«  mande en France dans prefque tous les corps de " cavalerie. Il faut qu’il ait la bouche bonne , la tête affuréc , & qu’il foit léger à la main : ceux qui cherebçoc dsà» im cheval de guêtre uo appni à 56 C H E pleine maîn fc trompent ; parce que la laflîtude le 1 fait pefer & appuyer fur ion raors. Il doit être de fconne nature , fage , fidèle , hardi, nerveux ; d*une force pourtant qui ne foit pas incommode au cavalier, mais liante Ôt fouple : il feut qu’il ait Téperon fin & les hanches bonnes , pour pouvoir partir & repartir vivement , &être ferme & aifé à l’arrêt. Il ne doit être aucunement vicieux ni ombrageux ; car quand même il auroit d*ailleurs afiez de force, & qu !on Tauroit rendu obéiffant , il arrive fouveni qu’après quelques jours de repos, ou par la faude de* quelque mauvaife main , il retombe dans fon vie*. Comme il faut toujours être en garde fur ces fortes de chevaux , ils ne font bons qu’à être confinés dans une école ; car ce feroit trop que d’avoir fon ennemi à combattre & fon cheval à corriger. Le vice le plus dangereux que puiffc avoir un cheval de guerre , eft celui de mordre , & de fe jetter fur les autres chevaux ; parce que dans un combat , où il eft animé , on ne peut lui ôter ce défaut. Lorfqu’on trouvera dans un cheval toutes les bonnes qualités que nous venons de décrire , il fera aifé à un homme de cheval de le dreffcr au manège de guerre, en fuivant les règles que nous avons données, lefquelles regardent la louplc/rc & Tobéiffance , afin de le rendre prorapt à obéir a la maîn & aux jambes , ce qu’il fera facilement , fi, après avoir été affoupli au trot , on l’a confirmé enfuite dans la leçon de Tépaule en dedans & celle de la croupe au mur ; fi on lui a appris à tourner diligemment & facilement furies voltes de combat, c*eft-à-dire , fur un cercle la demi-hanche dedans ; fi on la rendu çbéifiant au panir de la ligne droite ^es pa^des ; facile fy. aî^ ^ fc rafiembler aux deux extrémités de la même ligne pour former la demi- ▼olte à chaque main ; fi on l’a rendu prompt & agile à bien exécuter une pirouette & une demi- pirouette. Voilà effentiellement ce qu’un cheval de guerre doit fçavoir pour ce qui regarde la fouplefle Çl Tobéiffance ; mais une autre chofe abfolument néceffaîrcr ceft de l’aguérîr au bruit des armes , en raccoutumafit au feu , k la fuméç & à l’odeur de la poudre , an br^iit des tambours , des troinpettes , fy. ai| mouvement des armes blanches. Il y a de très-braves chevaux qui tremblent de frayeur à la vue d’un ou de plulieurs de ces objets ; & quoiqu’ils aient les barres fenfi.bles & la bouche bonne, i)s perdent tout fentiment de la bride, des éperons , & de toute autre aide, auili bien quedeschâtioieats , & s’abandonnent à d’étraiig^s caprices ppur fuir l’objet dje leur apprehcnfion : ilfiiut même tenir toujours ces chevaux en exercice lorfqu’îls font dreflSs , car le repos leur fait prendre de nouvelles alarmes ; ce qui prouve que l’art le plu^ fubtil ne peut tout-à-fait effacei* , ni vaincre les vices naturels.

M. de la Broyé dit, que le remède le plus cpurt & le plus fimple pour accoutumer en peu de temps un cheval au bruit des armes à feu , & des autres nun^^rs guerrier^ , ç’pft de tirçr un cou^ de pif-CHE

tolet dans Técurie, 6^. de faire battre la caîflê uûé fois le jour par un palfrenicr , pofitivement dans !• temps qu on va leur donner Tavoine , & que pen de temps après ils fe réjouiront à ce bruit , comm* ils faifoient auparavant au fon du crible. Il y en a de tellement ombrageux , qu’ils de* meurent à ce bruit les oreilles tendues & droites , roulent & blanchiffent les yeux dans la tête , trent- ’ blent & fuent d’effroi , tiennent une poignée dm foin ferrée entre les dents fans remuer les mâchoires , & enfin fe jettent dans la mangeoire & à travers les barres ; mais avec la patience & i’induftrie d’un cavalier intelligent, on vient à bout des cA^vaux de ce naturel.

Il y a une autre façon d’accoutumer les chevau» au feu ; je l’ai fouvent expérimentée & vu pratiquer ; c’eft de les mettre dans les piliers : là , fans aucun danger , il eft aifé de les accoutumer à tout ce qui peut leur porter ombraeê. On leur fait dabord voir & feniir un piftolet fans être chargé ; on fait jouer la batterie , parce qu’il y en a beaucoup qui s’effraient au bruit de la détente & du cliquetis. Quand ils font faits à ce bruit ^ on brûle une amorce en fe tenant loin du cheval^ le dos tourné visà-vis de fa tête ; on s’en approche après pour lui faire fentir le piftolet & laccoutumer à l’odeur de la fumée. Il faut toujours le flatter en l’approchant , & lui donner quelque chofe à manger ; car ce n’eft que par la douceur & les carefles qu’on apprivoife ces animaux. On met enfuite une nouvelle amorce > en accommodant le piftolet vis-à«  vis de lui ; & lorfqu’iKeft fait à l’odeur & à la fumée de la poudre , il faut commencer à tirer ett mettant une petite charte d’abord & peu bourrer ; on tire le dos tourné & un peu loin , on revient d’abord après le coup lui fi«iire fentir le piftolet & le fiatter ; fuivant au’il s’acoutume , on augmente la charge , on tire de plus près , & enfin on rire de deflTus. il faut , avec la même douceur & la même patience, l’accoutumer au bruit des tambours , au mouvement des étendards & au bruit des armes blanches. Les chevaux timides , qui ordinairement ont peu de force, & ceux qui n’ont pas la vue bonne , s’accoutument tu feu plus difficilement Sue Içs chevaux vigoureux & dont la vue eft faine ; i quoiqu’avec le temps on en vienne à bout , je ne copfeillerois pas de fe fervir de pareils chevaux pour la guerre.

Ce n’eft pas feulement dans les bornes d’un manège qu’il taut accoutumer un cheval de guerre à ce que nous venons de dire ; il faut fouvent l’exer ? çer en pleine campagne & dans les grands che«  mins , où il fe trouve une infinité d’objets qui effrayent ceux qu’on fort rarement , les moulins fur-tout , tant à eau qu’à vent & les ponts de bois , font un grand fujet d’alarmes pour bien des chc" vaux ; mais s’ils fronnoifient la main & les jambes,

?ue le cavalier facbe fe fervir à propos de ks aides , 

c qu’il ait le génie & la patience qu’il faut avoir, U viendra biemôt à bout de ces dignités. Sur-tout C HE M ne laltt point dans ces occafions , battre les jeunes chwaux ; parce que , comme nous l’avons dit ailleurs , la crainte des coups , jointe à celle de Tobjet qui leur fait ombrage, leur accable la vigueur »& le$ rebute totalement.

Des Chevaux de Chajfe.

Quoique la chafle ne foit regardée que comme vn aniufement , cet exercice n*en mérite pas moins d’attention ; puifque c*eft celui que les rois & les princes préfèrent à tous les autres. Cette incltnation eft fans doute fondée fur la conformité qui fe rencontre entre la chafle & la guerre. En effet , de part & d’autre on voit un objet à dompter , des fatigues à efliiyer, des dangers à éviter, & des rufes à pratiquer. Il n’eft donc pas étonnant, qu’un exer* ci ce qui a tant de rapport aux fentiments d*héroïfme infèparables des grands princes , fixe leur goût dans leurs plaifirs. Ce n’eit point ici le lieu d’examii ner routes ts dîflërentes parties’ de la chafle, ni de placer un éloge dont touts ceux qui penfent noblement font remplis : mais les jours d’un fouve-Yerain font trop précieux à fçs fujets pour ne le pas exciter à fa confervation autant qu’il eft en leur pouvoir. Nous venons de dire que la chafle a (t$ dangers alifli bien que la guerre : la plupart des accidents qui y arrivent font caufés par des chevaux mal choifis «u mal drefles ; c’eft pourquoi nous avons recherché avec foin tout ce qui peut conduire à la connoifl !ance d’un bon cheval de chafle , fie à la fiacilité de le dreflfer à cet exercice. Bien des gens penfent que la façon de drefler des chevaux de guerre & de chafl^e, eft tout-à-fait oppofée aux régies du manège. Une opinion û mal fondée , & maiheureufement trop générale , fait négliger les vrais principes. N ayant donc pour guide que la faufle pratique de ceux qni ont tait naître & qui favorifent cette erreur , on n’acquiert qu’une fermeté fans grâce & une exécution forcée oc fans fondement. Pourroit-on » avec un peu de jugfement, avancer qu’un cavalier capable de pratiquer les principes d’une bonne école, & par lekiuels il eft en état de juger de la nature de fon cheval , & de lui former un air , n’a pas plus de facilité encore pour a^Touplir & rendre obéiflant celui qu’on deftine à la guerre, & pour -étendre & donner de l’haleine à celui qu’il juge propre pour la chafle , puifque ce ne font- là que les premiers éléments de l’art de monter à ehevdl ?

Le choix d’un bon coureur eft trésdiflicile à faire ; car , outre les qualités extérieures des autres chevaux y il doit encore avoir particulièrement beaucoup d’haleine , de légèreté 8c de fureté. Ces qualités doivent lui être naturelles ; Tart ne peut , tout au plus , que les perfeAionner. Un cheval de chafle ne doit pas éttt trop traverfé ni trop raccourci de corps ; parce que ces fortes de chevaux n’ont pas ordinairement l’haleine & la facilité néceflaire aux bons coureurs. Il doit être un peu long de corps , relevé d encolure ; 6c avoir les Mjuiiaiion , Ef crime 6* Danfi^

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épaules libfel & plates , les jambetf larges & nerveufes , fans être trop long jointe ; il faut avec cela qu’il foit naturellement vite, fenfible à l’épe* ron , & dans un appui léger.

M. de la "Broue dit , que « les chevaux qui ne » conviennent point pour la chaflfe, font ceux » qu’une timidité naturelle empêche de courir vite n par la crainte qu’ils ont de hafarder leurs forces 9> en courant : ceux qui fe méfient de leurs forces n par quelqu’imperfeaion naturelle ou accidentelle : ceux qui font pefants & parefleux de leur » nature : ceux qui font rebutés à force de courir , » que la (impie appréhenCon de la courfe retient , n rend vicieux & rétifs : ceux qui , avec beaucoup » de rekis , aiment mieux fournir un nombre de • fautS) que de diftribuer leurs forces à l’aâion de n la courte : ceux enfin que la pure malice & polit tronnerie retient »•

Quoique tous ces différens chevaux puiflent abfolument être dreflés à courre , en fuivant les règles de l’art, on ne pourra jamais leur donner les qualités eflTeotielles à un bon coureur, qui font, comme nous venons de le dire, de galoper légèrement , furement & longtensps. Ces qualités ne fe trouvent qu’avec une foupleflle naturelle dans les membres , & qu’on perfeâionne par le trot , une liberté dans les épaules , & un appui léger à la bouche , qu’on confirme par le galop ; une haleine & un courage fufiifants qu’on augmente par l’exer^ cice»

Le trot, qui eft la première règle pour aflbuplir toutes fortes de chevaux^ doit être. plus étendu & plus allongé que relevé , dans un cheval de chafle , afin de lui apprendre à bien déployer les bras & les épules. Le bridon eft excellent pour donner cette première fouplefle à un cheval ion peut avec cet inftrument , dont nous avons donné la defcription & l’ufage dans le chapitre troifième , le plier faci-* lement & fans trop le gêner ; lui apprendre à tourner promptement & librement aux deux mains , fans lui offenfer les barres & la place^de la gourmette 9 ni lui déranger la bouche ; & le rendre aufli fouple que fes forces & fa difpofition lui permettent de le devenir. Il faut le troter aux deux mains fans aucune obfervation de terrain , mais varier à touts moments l’ordre de la leçon du trot , le tournant tantôt à droite , tantôt à gauche fur un cercle ; quelquefois fur une ligne droite , plus ou moins longue , fuhrant qu’il, fe retient ou s’abandonne. On doit le tenir iur la leçon du trot , jiifqu’à ce Iu’il obéifle au moindre mouvement de la main & es jambes , & qu’il ait appris la facilité de tourner promptement & librement aux deux mains. Lorfqu’il eft à ce point, on lui met un mors convenable à la bouche ; après quoi on lui donne la leçon de l’épaule en dedans , non-feulement pour lui aflbuplir les côtes , lui faire connoître les jambes , & lui faire la bouche , mais eflentiellement pour lut apprendre à avancer la jambe de .dedans de der«  riére fous le ventre , qui eft une qualité abfolu^. H .

Digitizedby 5« CHE jneot néc^lre dans un cktval de cha^ i afin qu’il ^alope’plus tm’tment , plus commodément & de meilleure grâce. U feot auffl le te»»r im peu enfem^ ble en le menant l’épaulo en ^tdfeins, , non pas dans une poAure auiTi raccourcie oue fi on vouloit ledre(%r pour le mtnèige ; oa aoi( au contiraîre retendre davantage »pOQr kii don-ner une grande facilité de bk» déployer & alloiiger fes bras & Tes épaules : il no faut pourtant pas l’étendre fi fort » ou^il contraâe le déniut dis peier- à la main , dont il tàudroit le corriger par les arrêts y le» demî-arréts & le reculer.

Après la leçon du trot perfeâtomié^par celle de répaule en dedans , des arrêts , des demi-arrêts , & du reculer ; il ^ut enfin le galoper pour lui augmenter la légèreté des épaules, lui afliirer & adoucir Tappui de la bouche » & le confirmer dans rhabitude du galop de chafle» Cette liberté d*épaules , qui eft une partie des plus eflèntielles pour un ckevul de chafTe , s’acquiert aifément , fi après avoir été troté dans les règles, on fait lui étendre les épaules & lui faire déployer les bras fans que le mouvement du galop foit trop relevé , ni trop près de terre^ Par Te premier défeut , il feroit ce qu*on appelle nager en galopant , & il ne pourroit «tendre ; & le fécond déjfautle feroit broncher pour la moindre pierre ou émineoce qu*il renconcreroit, en rafantdc trop prés le tapis. Il faut convenir que la nature femble avoir formé des chevaux exprès , auxquels elle a donné ce mouvement d*épaules libre & allongé , qui fait le plus grand mérite d^un coureur. Les chevéux anglois plus que tous les autres chevaux de TEurope ont cette qualité , auffi leur voit-on fournir avec une vltefle incroyable des courfes de quatre mille d’Angleterre ^ qui font environ deux petites lieues de rrance , telles que celles qui fe font à Newmarket, cil un cheval pour gagner le prix , doit arriver au but ordinairement en huit minutes, quelquefois moins. Leurs autres chevaux de chaflfe vont fouyentdes jouroées entières fans débrider , & toujours à la queue des chiens dans leur chafle du renard , en franchiflâm les haies & les foflés qui fe trouvent fréquemment dans un pays couvert & coupé, comme 1* Angleterre. Je fuis perfuadé que files chevaux zry^ois avec de pareilles difpofitions étoient aflouplis par les. régies de l’art , ils galoperoîeut plus furemenr & plus commodément ; ne fe ruineroient pas fitôtles jambes, comme il arrive à la plupart , auxquels les jambes tremblent après deux ou trois ans de fervicc. La raifon de cette foibleffe qui ne paroit pas naturelle , mais plus vraifemblablement accidentelle , vient fans doute de ce qu’on les^ galope trop jeunes , fans avoir été auparavant aflbuplis au trot ; &, de ce quon les galope toujours avec le bridon , duquel on ne doit faire ufage que pour les aflbuplir 3 cet infiniment nrétant potnt tait pour foutedir le devant, ni pour donner de l’appui, il arrive qu’un’ cAfTj/ n’efl point foulage dans fon galop ; & que le poids du cavalier joint à la CHE

pefanteur naturelle des épaulés , du col & de h tête du cheval y lut fatigue les nerfs , les tendons & les ligamei>ts des jambes ; d*où s’enfuit nécefiairenMOt la ruine de cette partie qui occafionne le défaut de broncher : c’eit pour cela que les anciens éaiyers ont inventé le mors » afiu de foutenir l’action du cheval dans toutes fes allures , fur-tout celle du galop , où étant plus étendu , il eft plus fujet à faire de faufles pofitions.

Lorfqu’on commence a galoper un cheval deftiné ^pour la chafTe, il ne faut pas lui demander d’abord un galop trop étendu , parce que n’ayant point encore l’habitude de galoper librement » il s’appuieroit fur la main : il ne feut pas non plus un galop raccourci , qui Tempêcheroit de fe déployer comme il le doit : mais il faut le mener dans un galop uni, fans le retenir nilechaffer trop , comme s*il galopoit de lui-même n’étant point monté. Ceft la main légère , accompagnée de fréquentes dçf* centes de main , qui donne le galop dont nous parlons. La defcente de main , qui eft une aide excellente pour toutes fortes d’airs , femble avoir été inventée exprés pour les chevaux de chafle » afin de leur apprendre à galoper fans bride , & fans que le cavalier foit obligé de les foutenir à tout moment. Il &ut que la leçon du galop fe fafle , tantôt fur un cercle large & étroit comme au trot , & tantôt fur la ligne droite, & ne pas faire de longues reprifes dans les commencemens : au lieu de li>i augmenter l’haleine , &de lui donner la facilité du galop,onrendurciroit& on le rebuteroit. On doit aufli quitter fouvent le galop & reprendre le pas , afin de donner au cheval e temps de refpirer ; & fitôt qu*il a repris haleine , il faut repartir au galop. Cette manière de mener un cheval alternativement , fans difcontinuer , du galop au pas » & dupas au galop, lui donne avec le temps . autant, d’haleine , que fes forces & fon courage lui en permettent. C’èft au cavalier à juger de la longueur de la reprife du galop : lorfqu’il lent que l’haleine commenceà lui manquer, il doit le remettre au pas & de même diminuer les temps du pas , lorfqu’il fent qu’il peut fournir plus long temps au galop. Une autre attention qui eft de conféquence , c’eft de faire en forte à chaque arrêt de galop , que le cheval ne fafle pas un feul temps de trot , au lieu de fe remettre au pas , ce qui incommode beaucoup le cavalier : il faut l’accoutumer à reprendre au pas immédiatement après le dernier temps du ealop , & de même pour reprendre du pas au galop, il faut que cela fe fafle d’un feul temps. Quandon s’apperçoit qu’un cheval commence à prendre de l’haleine , & qu’il peut fournir de lon-Π; ues reprifes au galop , fans fouiller ni trop fuer , il aut alors le mener dans un galop p

$ étendu ,

qu’on appelle galop de chajfe : fans afliijettir la pofture de fa tête , au principe delà tenir perpendiculaire du fî-ont au bout du nez , comme aux chevaux de manège , on la lui doit laifler un peu plus libre , afin qu*if puifle refj^rer & ouvrir les aaaeaux aycc C H E plus de facilité , fjms pourtant qu*il ait le nez au ▼ent ; car tout cheval ^ai/g^opQ h tête haute & déplacée , eft plus fujet à broscher que celui qui ^on fon chemin & Teiidroit où il pofe les pieds en galopant.

Une excellente leçon que j’ai vu pratiquer à dliabiles gens» pour un cheval de chafle, c’eft de g^aloper fur un cercle large à main gauche en tenant le cheval un peu plié à droite & uni fur le pied droit. Cette iàçon de tournera gauche, quoiqu’il Salope fur le pied di^it , lui apprend à ne fe point éfunir , lorfqu’on dk obligé de lui renverfer l’épaule , e’eft-à-dire , ;de tourner tout court à ganchei ce qui arriveroit fouvent , s*il n’étoit pas fait a ce mouvement, 6c cauferait un contre- temps qui incommoderoit le cavalier & dèrangeroit fon «fuette. Les anciens écuyers avoient une méthode 3ue i’approuve fort » pour galoper leurs chevâux e guerre & de chafle : c’étoit de galoper un cheval en ferpentant , c’efl-à^dire , au lieu de galoper fur tput le cercle ,ils faifoieotcominuellement des por Â)ns de cercle , en reaverfant à touts moments les épaules fans changer de pied, & en décrivant àpeuprés le même chemin que celui que fait un ferpent ou une anguille lorfqu’iis rampent. Rien ne confirole mieux un chtval fur le bon pied , ni lui affure tant les jambes , que cette leçon. Elk eft aifée à pratiquer, lorfquê le cheval y a été préparé cri le galopant fur un cercle i gauche , placé & uni à droite.

Ce n*ei ! potm , comme nous l’avons dit dans le ^l^apitre précédent , dans les bornés d’un manège , qu^fl faut toujours tenir un davûl qu’on dreffe pour la guerre ou pour la chafle : il faut l’exercer fouvent en pleine campagne, afin de raccoutumerà toutes fortes d’objets, & de lui appendre aiïffi à galoper farement fur toutes fortes de terrains , comme terres labourées, terrains gras, prés, defcentes , montagnes , valons , bois. Nous ne répétons point ici ce qu’il faut faire pour accoutumer un cheval au feu , qui eft une chofe eflentielie à un coureur ; mais une autre qualité que doit avoir particuliéremem un cheval de chaffe , c’eft de favoir franchir les haies & les* fofles , afin de ne pas demeurer en chemin , lorf- 3n’on renconn-e quelqu’un de ces obfiades. M. e la Broue donne à ce fiijet une leçon que je crois pratiquable & bonne ; c’eft d’avoir une claie d’environ 3 à 4 pieds de large fur 10 à 12 de long , la . tenir d’abord couchée par terre, & la faire fauter au cheval au pas , au trot , & enfuite au galop , & s’il jnet les pieds fur la claie, au lieu delà franchir, le châtier de la gaule & de l’éperon. On la fait cnfuîte foulever de terre environ d’un pied , & à mefure qu’il la franchit librement, on la lève de plus en plus julqu’à fa hauteur ; enfuite on la gaf* nit de branches & de fisuitles. Cette méthode qu’il dit avoir fouvent pratiquée, apprend furement à un cheval à s’étendre & a s’allonger pour le faut des haiof & des foflés ; mais cette leçon p tpi,Auk^ C H E 59

ceflàîre pour un cluval de çuerre & do diàfle , ue doit s’employer que lorlqu il «fl : obéiflàot au tw«ner aux deux nains , au partir des mains , au pa* rer , & lorfqu’U a la tête pbcée & la bouche af* furée.

Il y a une autre efpèce de chevaux de diaft qu’on appelle chevaux é’arquthufe , ce font ordinairement de petits chevaux qu on drcfle pour chs^tr au fufil. Ceux-ci doivent avoir à-peu près Itm-^ mêmes qualités que les coureurs , mab îb doivent ^ être parfaitement apprivoifés & faits «ufto , enw forte qu’ils fuiyent lliomme & qu’ils fotent iné- : branlables au mouvement & au bruit du fufil II &ut encore qu’ils ne s’épouvantent pas au partir & au vol du gibier. On les accoutume d’abord M s’arrêter lorfqu on prononce le terme de how, maitf les plus fubtils & les plus adroits appreonem à cas £on^s de chevaux à s’arrêter court 8c fans remuer 4 même en galo|iant, dans le temps qu’ils abandonnent toute la bride fur le col pour coucher en joue ; Un c^tfvtf/d’arquebufe , bien fage & bien dreffé à cet ufage , eft trés-recherché ; mais comme oa a plus beloin pour toutes ces attentions ( qui font pourtant eflentielles) de patience que de idencet nous n’entrerons pas dans un plus grand détail , ce que nous en avons dit nous paroiflant fuffilknu Des chevaux de catroffe.

Dans les fiécles paffés la magnificence des éqnU pages n’étoit en ufage que pour les triomphes ^ fans Qu’on s’embarranât d’y rechercher hi commodité. Mais la volupté qni s’eft introduite parmi les nations , & qui a fait d’Age en âge des progrés incroyables , a contribué à l’invention de phifieurs fortes de voitures , dont la plus fimple aujourd’hui furpaâe infiniment, pour la conftruôion » ces chars autrefois fi fameux.

La perfeâion que les firançois ont donnée de nos jours aux carrofies , par les reflbrts qui en rendent les mouvements imperceptibles , & parla légèreté , qui diminue e6nfidérablement le travail des chevaux qui les traînent ; cette perfeâion , dii^ je, en a fait une voiture fi douce & fi commode ^ que c’eft préfentement le premier tribut qu’oÉ paye à la fortune.

Quand on a cru ne pouvoir rien y ajouter pour leur ftruâure, on s’efi appliqué à leur décoration » & on y a fi bien féuiB , gue rien ne feroit*pIus ca* pable d’annoncer la dignité des feigneurs , que la magnificence de leurs équipages , fi ks ckevauk 3u’on y attelle , étoient mieux choifis & mieux refl^s oour cet ufage ; Cette négligence étoit pardonnable autrefois , parce que la peine que t% chevaux avoient à ébranler ces pefantes machines , les privoient de la grâce qui (ait la beauté de leuraâion ; mais aujourd’hui il n’y a plus d’obAacle qui putffe empêcher de donner cette tuMeffk aux équipages leftea 6c fomptueux que notti Hij 6o C H E L’Allcmigne nous a devancés dans cette cxaftitude , (& le modèle qu’on nous y donne , n*eA fuivi dans ce pays-ci , que par un petit nombre de fei- •f neurs curieux. Il feroit à fouhaicer cependant que cette curiofité devint générale y non-feulement pour n’avoir rien à ajouter à la magnificence , mais particulièrement pour prévenir les accidents auxquels «n eft expofé , en mettant au carrofle des chevaux qui n’ont jpoint été aiOfouplis, & qui n’ont pas la bouche faite.

On croit faire aflez pour mettre fes jours en -fureté , que d’atteler deux ou trois fois au charriot 4es chevaux nenù , avant que de s’y confier. Cependant on n’a que trop d’exemples qui nous prouvent que cette méthode précipitée ne fuffit pas pour garantir des dangers , & pour empêcher les chevaux de carrofle de tirer de mauvaife grâce , de croter de travers , & fur les épaules , de oaifTer la tète j de lever les hanches , de tendre le nez , & de forcer la main , défauts d’autant plus remarquables > que les équipages font magnifiques. Nous allons donc indiquer les (fualirés que doivent avoir les chevaux de carrofi’e » & les moyens de les leur donner.

En général un cheval de carrofle doit avoir la tète bien placée & l’encolure relevée ( ce qu’on appelle porter beau ) , & troter droit & uni dans les traits.

. Ia taille ordinaire d’un beau cheval de carroiTe eft depuis 5 pieds jufqu’à 5 pieds 1 ou 4 pouces. Il doit être bien moulé & fort relevé du devant ; quand même il auroit le rein un peu bas ( ce qui feroit un défaut pour un cheval de felle ) » il n’en paroitroit que plus relevé du devant au carrofle. Il doit être traverfé & affez plein de corps pour n’être point efflanqué par le travail. Il ne faut pounant pas qu’il foit trop chargé d’épaules ni qu il ait la poitrine trop large. C’eft pour le cheval de charrette 9 une qualité qui le fait mieux donner dans le collier , mais c’efi un grand défaut dans les chevaux de carroATc’» qui doivent avoir Tépaule plate & mouvante pour pouvoir troter librement & avec {race. Il ne doit être ni trop long ni trop court. ^ Jeux qui font trop courts ont ordinairement la ’ mauvaife habitude de forger, & ceux qui font trop longs -fe bercent pour la plupart , & vont fur le mors y a’ayant pas afl !ez de rein pour fe foutenir. Un cheval de carrofl^e doit avoir la jambe belle , plate & large 9 fie l’os du canon un peii gros ; furtout les pieds excellents : le moindre accident aux pieds efl un grand défaut, qui le fait bientôt boiter , parce qu’il ne peut pas loutenîr long temps la dureté du pavé. Il fiiut encore bien prendre garde a^x jarrets, les chevaux de carrolTe font plus lujets à les avoir défeflueux, que les chevaux de légère taille, parce que la plupart font élevés dans des pâturages gras , qui engendrent baucoup d’humeurs , leiquelles tombent fur les jarrets & fur les jambes. Le boulçt trop flexible eft encore mk grand C H E

défaut 9 qui empêche un cheval de carrofle de reculer & de retenir dans les defcentes. Un cheval de carrofle bien choifi, &qui a les qualités que nous venons de décrire , mérite bien qu’on lui donne les deux premières perfeâions que tout cheval drefle doit avoir , qui font , la fouplefle & l’obéiflance. Avec ces qualités il trotera de meilleure grâce , durera plus longtemps , & répondra mieux à la magnificence & au bon goût de fon maître.

Il faut d’abord le trotter à la longe pour commencer à l’aflbuplir, le monter enfuite & lui mettre l’épaule en dedans , pour l’arrondir , lui donner une belle pofture & lui faire la bouche. On doit aufli lui apprendre à paflTer les jambes la croupe au mur , afin qu’il prenne fes tournants avec plus de &cilité ; car toutes les fois au’on tourne un cheval au carrofle, il décrit de côte une ligiie circulaire avec les épaules & avec les hanches , ce qui forme une efpéce de demi-volte ; & il faut pour cela qu*il ait appris à pafler librement les jambes l’une pardeflus l’autre , tant celles de devant que celles de derrière , fans quoi il s’attrapperoit , traîneroit les hanches de mauvaife grâce , ou tourneroit lourdement. Une autre leçon eflentielle qu’il faut encore joindre à celle-ci, c’eft de lui apprendre à piaffer parfaitement dans les piliers , après avoir été aflbnpli au trot. Rien ne donne à un cheval do carrofle une plus belle démarche , plus fière, plus libre & plus relevée , que l’aâion du piaffer. Les piliers ont encore cela d’avantageux, qu’outre la grâce & la liberté qu’ils donnent à un eheval , ils lui impriment la crainte du fouet , & le rendent pour toujours obéiffant au moindre mouvement de cet inftrumenr.

Une autre chofe qu’on obfcrve rarement , & qu«  toutc^^Vi^/de carrofle doit avoir» c’eft d’être plié à la main où il va. Celui qui eft ’fous la main doit être un peu plié à droite ; & celui oui eft hors la main doit l’être à gauche. Cette poihire augmente la grâce d’un cA^va/ qui trote bien ,lui fait voir fon chemin , lui tient la croupe fur la ligne des ésaules , & le fait troter ferme & uni d’épaules & de hanches. Ceux qui ne trotent pas dans cette pofture ont le défaut , ou de baiffer la têie vers le bout du timon , ce qui leur fait jetter la croupe dehors & fur les traits ; ou au contraire , de tendre le nez & tirer i la main , ce qui eft d’autant plus dangereux qu’ils peuvent forcer la main du cocher ; ce qu’on appelle vulgairement prendre le mars aux . dents ; 8c ceux qui font dans le carroffe on aux environs , rifquent de perdre la vie , ou d’être eftropiês. On voit fouvent auflî de deux chevaux , l’un baiffer le nez & l’autre lever la tète , pofture défagréable » & toutà-fait difcordante ; ce qui ne fe rencontreroit point, s’ils avoient été ajuftés. Si quelqu’un trouve étrange que je donne Tes mêmes principes pour les chevaux de carroffe que pour ceux de manège , qu’il examine les attelages des feigneurs curieux en beaux équipages » qui C H E font dreflcr leurs chevaux au maflége » avant que de les mettre au carrofle , & il fera perfuadé de la difTérence d’un cheval dreflfé à celui qui ne l’eft point. Je ne demande pas qu’on confirme un cheval de carrofle , eomme celui de manège , dans Tobéiffance pour la main & les jambes , je veux fimple* ment qu’on le dégourdiâe , qu’on lui fafTe la bouche , Si fur-tout qu’on lui apprenne à piaffer , à craindre le fouet , & à obéir au moindre mouvement qu’on en fait. Je ne confeillerois pas non plus d’employer ces règles pour toutes fortes de chevaux de carroffe ; je ne parle que de ceux dont la figure & le prix méritent ce foin , & j’abandonne les chevaux mal bâtis , ou ces gros lourdauts de Aruâure monftrueufe au caprice de leur nature » £1 à la routine des cochers.

De la b£aut£ et de la bont^ du cheval. ( DUPATY. )

La^ beauté eft le choix des formes agréables renfermées dans la nature. Chaaue objet , chaque être a fes beautés & tts difformités. On en voit peu qui raiffembrent toutes les perfeâions dont ils font fufceptibles.

Les animaux ont une beauté analogue à leur ftruâurc : la beauté du taureau ne reffemble en rien ^ celle du lion. Sans contredit le cheval eft celui de.tous dont les formes font les plus belles , les conteurs les mieux arrondis , & l’enfemble le nlus flatteurà l’œil. Si les hommes euffent confulté l’aerénient d’un beau cheval y & fon air noble & pacifique en même-temps.» ils n’euffenc pas balancé à lui donner la prééminence fur la majeffé terrible du lion. Cet animal n’a rien de féduifant dans fa forme ; tout indique la pefanteur. Le cheval au contraire , élégamment formé > femble voler & s’échapper comme une nuée légère. Ces animaux fi différents ont tous deux leurs beautés. Le cheval doit la fienne à la perfeâion des proportions bien établies entre ks membres , au paffage infenfible de leurs formes adoucies les unes dans les autres , à Tarrondiffement de (es mufcles bien détachés & affez fenfibles pour être diftingués» C’eA pour cela qu’un cheval maigre plaît moins y & qu’il n’eA connu que des gens inflruits. Le vrai connoiffeur le juge par fon enfemblc ; & il préfume que dans Tétat d’emboRpoint , les formes dé< taillées feront d’accord avec la belle proportion. ^La fierté du regard dix cheval , la légèreté de fa courfe, les attitudes nobles & fières fous lefquelles ilfepréfente, font encore des beautés. On eftimc fur-tout ce feu dans les yeux , & cette ardeur pour la courfe, qui embellit l’animal en animant tous fes, membres. La foupleffe de fes mouvements & Tadreffe de fes jambes contribuent fingulièrement i (a beauté.

C’cft dans les plaines verdoyantes ou’il eft fatîsfalfant. de voir un jeune courfier oondir avec |aiet^. Cefi là qu’abandonné à la nature , il s*em-C H E 6i

belht lui - même e^ fe livrant à Pardeur qui le tranfporte. C eft au milieu des haras , que le cheval fe montre dans toute fa parure naturelle , lorfque » près de la cavale , il s’cmpreffe à lenvide lui faire remarquer la beauté de fon corfage , la noblefle de fon port, & la foupleffe de fes jarrets. Ceft dans la nature , comme dans le meilleur livre , gue nous devons aller prendre cette idée du beau , bien rétrecie dans nos villes & dans nos pompes publiques. C’eft là que nous devons chercher les traits qui le forment. Tout le monde le fent . c(ï pénétré , enthoufiafméàfavue :maisqui peut le définir 8c le fixer ? Le goût, le goût feul nous diâe àes règles auxquelles nous nous foumettons par le plaifir qu elles noiis caufent.

Outre la beauté générale de l’efpèce, chaque in^ dividu a la fienne particulière. Il eft bien rare que ces beautés fe trouvent tellement réunies , qu’il ne s y rencontre quelque défaut. Lorfqiie le vice eft peu confidérable , il ne fert qu’à relever les autres perfeâions ; autrement il fait regretter la peine que la nature a prife. Comme toutes les beautés ne fe rencontrent pas réunies , on appelle bea«  cheval^ celui qui en a le plus.

On ne doit pas confondre les beautés de la nature pure & encore brute , avec les hautes faflices de 1 art. Un cheval , naturelfement beau , a ponr 1 ordinaire encore plus de beauté lorfque l’art fait étaler & mettre au jour fes belles formes. Celui au contraire^ que l’art feul a façonné , n’a qu’une beauté d emprunt qui fe perd aifément , & qui porte une empreinte moins caraflérifée. On vient à bout de donner de la grâce au cheval, de le placer de donner de l’air à fa tête ; fi la nature n’a fait les premiers frais , ce mafque tombe aifément. La vraie beauté, dans un cheval , eft moins ce qui plaît & ce oui eft agréable au premier coupd œil , que le réfuhat d’un bel enfemble. Les Maquignons qui ont intérêt de féduire, donnent au cheval de nnquiéiude,& non de la fierté ; un contour forcé , & non des formes bien d’accord entre elles. Celui que le clinquant éblouit court rifque Aicheter un cheval qui dégénérera lorfque la douceur & la fécurité le rendront à fa nature. Ce n’eft donc pas dans l’inftant de la fougue & de l’emportement, qu’on peut juger l’animal, c’eft dans une ktuation calme & tranquille , dans laquelle chaque membre fe déploie avec fagefle , & préfente fans affeôaiion les traits purs & coulants de la beauté. Méfiez - vous donc de cet appareil d’înftrumenti apprêtés pour embellir le cheval : ce qu’il fait par crainte & fous les coups n’eft qu’une grimace arrachée parla douleur.

Si l’art s’unit à la nature pour embellir le cheval il fera encore plus agréable à voir. Mais ce ne fera que par un ménagement continuel des forces de l’animal , qu’on 1 embellira. La colère 8c la fureur pirennent aifément la place de la fieité & de la vifùeur, fi on excite des fenfations douloureufes. ’animal n*eft beau qu autant que l’attitude faâice 6i C HE du manège nous peint celle de la nature libre : & tel eft l’objet de l’art ; il fe propofe de raffembler en un fujet , dans un court efpace de temps , les beautés éparfes de la nature. Ces inftants de beauté naturelle font ceux où lanimal a de l’ardeur. Il fe grandit alorr ; il raffcmble fes forces ; fes yeux lont animés ; fa tête fe lève avec fierté ; fes mouvements redoublent , leur cadence fe prefle & $’anime. Ce font ces idées que l"écuyer doit employer dans fon travail ; c’eit là Texpreffion fu’il cherche : mais toutes les conftruâions de chevaux ne font pas propres à la produire» La beauté fans la bonté ne fatisfait Vdii qu’imparfaitement» & l’animal n’eft plus alors qu’une belle flatue. La bonté d’un cheval ne féduLt pas comme fa beauté : celle-ci eft entièrement extérieure ; cellelà eft le réfultat de çombinaifons difficiles à développer. Ce n’eft qu’à l’aide de plufieurs connoiffancès & d’une expérience bien tondée , qu’on juee les qualités d’un cheval. L’harmonie & l’accord de toutes les parties de ranimai, conftituent fa bonté ; comme celle d’une machine dépend de la proportion de toutes fes pièces mefurées par Teffet qu’on en attend. Tout corps organifé eft «ne machine des plus compliquées : tout peut en être bon ; mais il peut aufli s’y trouver des parties moins bien conftroites.

Les parties folides & les parties molles , ou fi on veut , les os & les mufcles , offrent ce qu’il y a de plus intéreflant dans le .méchanifme animal , relativement à fes aâions. La bonté des os vient de leur folidité, de leur bonne configuration , & de la bonne fabrique de leurs articulations. Les os ne doivent pas feulement être folides par leur nature , nais encore par leur difpofition ; éc eette difpofition n’eft eftimable que par le ferme appui qu’ils fe donnent les uns aux autres. Leur configuration la meilleure eft celle qui eft la plus commune dans k nature , & on la connoit à la fimplicité de l’action qui en réfulte. Un os tortueux, dans un membre ou il eft ordinairement droit , occafionne un mouvement compliqué & embarraffé.

La bonté de l’articulation vient du jeu &cile Ses os les uns fur ies autres , fans oue rien arrête le mouvement auquel ils font deflinés. La fermeté ëes liens eft encore eflentielle ; & c’eft fouvent delà que dépend la bonté d’un membre. Les mufcles font ordinairement bons lorfque leur force eft Tupérieure de beaucoup au poids des os qu’ils ont à mouvoir , & lorfque leur aâion ne les fari- £e pas. De gros offements & de petits mufcles it des preuves de foibleffe ; au lieu que des os mus par de forts fflufdet , annoncent la vigueur & la légèreté.

Les perfeâtons de ces différentes portions du corps , ne conftituent pas feules la bonté. Elle con* fifte plus encore dans l’arrangement de tout le corps, dans le rapport detonts les membres entre •ux , félon des loix que nous efpérons indiquer. Mjiis ce bd enfcmblc ext^iciir eft fouvent trom^ C H E

peur : car il arrive que la mauvaife organifation intérieure dément ces belles formes , ces belles proportions du corps. Il faut donc que les fondions vitales fe rempliffent bien ; que les vifcères foient bien conftitués, que l’eftomac&toutsles organes de la digeftion foient en bon eut. Ceft fur-tout de ce vifcère que dépend la force animale : fi le chyle eft mal fiibriqué , un fang fans vivacité & fan» confiftance ne peut fournir de la vigueur ; lalimphe viciée circule à peine , & ne répare pas les pertes occafionnées par le travail. En général on a éprouvé que les chevaux bien conflruits d’ailleurs , qui le nourrififent bien , qui ne perdent point l’appétit , qui font gais aprtt un long travail , & qui s’y prêtent volontiers , font de bons chevaux»

Quelques défauts ne détruifent pas eette qualité ; Ceux qui , uniquement attachés à ces défauts , acceptent ou refufent des chevaux parce qu’ils ont mielque vice local , font dans le cas deft tromper. C’eft l’enfemble & l’ufaee harmonieux detouts les membres , qu’il faut confidérer : fouvent un cheval emploie très-bien de mauvais jarrets, & un antre en emploie mal de bons.

On ne s’attachera donc pas fimplement à Texterieur des membres , fi on veut bien choifir le che* val ; on confultera fes mouvements & fon ame : car l’ardeur & la bonne volonté ne font point k méprifer dans le cheval ; elles fuppléent à bien des chofes. Je rcjetterois un clieval méchant & bien conformé ; car il pourroit arriver qu’on fût obligé de le ruiner pour le mettre en état de fervir. la douceur & la fageffe font les plus belles qualités d’un bon cheval. Si fes mouvements font brillants avec cela , on a trouvé un phoenix. Michantjm finirai ies mouvements du ckeval da^ fa démarche.

Le cheval ne nous eft urile que par fes aAions^ Le plus beau & le meilleur cheval deftiné à un tempos continuel , feroit dans une captivité odieufè pour lui , & infruflueufepourfon maître. L’homme a fu tourner à fon profit la démarche du cheval : cet animal lui plait par des fervices importants ; ill’a* mufe par fa légèreté ; il le récrée par fa foupleffe ; il panage avec lui 1rs dangers & la gloire des combats.

Mais touts les individus de cette efpèce ne reis dent pas le même fervîce : la nature a tellement varié leur démarche , qu*on ne fauroit trouver deux chevaux dont les allures foient d*une égalité parfaite. Auffi eft-ce en raifon de la perfeâion de leurs mouvements , que l’homme^les defline aux emplois plus ou moins diftingués. Maïs comment établir la vraie règle de ces motivements parfaits , fi rarement raffemblés dans le même fujet ? ce ne peut être que par le raifonnement fondé fur des obfervations réitérées , d’après iefquelles o» pourra fe former un compofé q«i ferv&a de modèles C HE Je me garderai bien, pour définir ces m6’ivements, de prendre un cheval dèfeâueux. Le plus beau & le meilleur, fera toujours celui que je pro-Îfoferai d’examiner : je lui fuppoferai toutes les perèaions. Ceft à l’écuyer à connoître la nuance des individus qu’il fe propofe de foraer. ^ A quelqu’ufage qn on deftine un chtval^ on doit Tinfpeâer méchaniquèment : car fi Ton ignore les refiTorts & toutes les machines que la nature emploie pour la progreffion de cet animal, on fera fans cefle trompé. Le taô formé & entretenu par la routine, eftincerurn & aveugle, s’il n’cft fondé fur des régies fixes & conffiunmem projpofées par U belle nature. Ceft pour cela qu’il cri fi rare de trouver un bon connoififeur en chevaux. Les gens qne Tintérét attache à Vétude de cet animal, n’ont qu’un taâ groffier & fouvent trompeur. Us ont vieilli dans les écnrres & dan » les haras : la nature a fans ceffe frappé leurs yeux ; maïs elle n’a jamais affeâé leur raifoiviement ; un inftinâ d’habitude leur fait faire un choix capricieux d’un cheval dont les qualités leur font inconnue^ Xe bon choix eft donc le ré&ltat d’un grand nombre de connoiffances ; . & le meilleur livre à étudier feroit une pratique réâ îchie dans l’équiution. Si Thomme n’a long-temps fenn les qualités des chevaux^ il n’a çiu’une idée confiife du bon & du mauvais. AuiS je fuis perfuadé que les connoifiances, en fait de chevaux, vont de pair avec les talents pour Tufage de ces animaux. La pratique manuelle donne de la fureté— : on combine les qualités d’un individu, par les produits de tous ceux que Ton a connus/ On doit donc donner un foin extrême à l’étude des mouvements du chivaf. En traitant cette partie, je fuppofe le leé^ur inftruit dans l’équitation ; plus il le fera, plus il fentira la vérité de mes afierdons.

Avant que d’entrer en matière, nous devons prévenir que toutes les allures naturelles ont cela de commun, que les jambes fe meuvent dans le même ordre : la célérité des mouvements produit feule la difTéreoce que notre oreille y remarque ; car, par Tinfpeâion attentive, les yeux s’afi^urent de cet axiome phyfique. La nature, fimple comme elle eft, n’a pas employé plufieurs moyens pour le même effet. Il eft plus important que l’on ne croit de fe convaincre, par l’examen, de ce que javance.

Une autre vérité, c’eft que chaque animal mardie le pas, ou quelqu’autre allure que ce foit, d’une « manière différente. Une nuance imperceptible y qu’on apper^oit & qu’on fent dans les îndi* vidus nous empêche d’établir des modèles fans défaut. Ainfi les caculs font trompeurs, fi on prétend les donner pour exaâs. Nous nous bornons à décrire ce en quoi les cAeviUix fe reffemblent orèiaairement.

Du JUpos formé par FéquiUhre^

L’équilibre du ^iepol n’eft réeUemeat formé que c H E 6i

dans cette fitnation des jambes ; où elles partagent emr’elles le poids de Tanimal & du cavalier. Alors toutes les fuitaces des os des jambes fe touchent 8c font placées les unes fur les autres dans l’état nanireU & de la manière que (a vue du fquelette du cheval nous le fait connoître. Les mufcles de chaque extrémité font en un état pareil dans les quatre jambes. Nous fuppofons l’uniformité la plus complette : on ne volt aucune flexion quelconque ; & les lignes d’innixion de ces colonnes font paraU lèles. Cet accord ne fubfifie plus dès l’inftant que ranimai penfe à fe mouvoir : l’aâion & le repos font incompatibles y il faut que la nature même trouble cet ordre, & qu’elle fixe à chaque jambe une fonâion différente.

Ohfervanoiu fur Us extrémhêi antérlemes du Chevall Je viens d’indiquer les mouvements naturels de la jambe de devant du cheval^ tels quel’anatomie nous les fait connoître. Il eft vifible qu’ils font communs lorfqu’ils fuivent les aâions de i’articulation par genou, qui eft, ïVhumerusyXz feule qui puiffe changer de fituation & de difpofition* Les autres articulations font toujours les mêmes, & les différentes motions de la jambe viennent de l’humérus. C’eft lui qui agit, foit que la jambe de dedans chevale fur celle de dehors, foit que celle de dehors chevale fur celle de dedans. C’eft donc furtout ion articulation que Ton doit perfefiionner pour exécuter les leçons de l’équitation. Nous prouverons que fes principaux mouvements s’opèrent par différents moyens qui reviennent toujours àpeu-près au même ; car tout les mufcles qui meuvent une articulation par genou, deviennent fuc* ceffivement congénéies les uns aux autres. Dans toutes les adlons fans nombre que peuvent produire les articulations par genou, les mêmes mufcles travaillent, mais dans un ordre & avec des deerés de tenfion qui varient à l’infini. Les mouvements ne fe reffemblent pas toujours ^ quoiqu’ils fe paffent dans des membres deftinés aux mêmes fondions. Une jambe peut avoir une motion différente de Tautre. Comme ua cheval remue une articulation dans un autre fens qu’un autre cheval : c’eft une affaire de conformation, & ce font des excepdons aux loix générales de la da «  cure « 

JFonfiion des jambes du Cheval dans fa démarche ; répartitiou fucceffive des poids fur chacune d*eUes. Les quatre jambes chargées également ne fe re^ mueroient pas, fi l’une d’elles irétoit foulagéeauz dépens des autres ; & celle-ci n’eft fi>ulaeéequepar des aâions yifibles qui précèdent tout uaneemenc de lieu. Le mouvement étant une deftruâion du repos, il £iut s’attendre que ce que nous venons d’obferver ci-deffus fera anéanti ; & cela eft néceffaire : l’égalité de poids fur les quatre jambes eft un empèdieiiew à leur motion. Celles qui feront dé- 64

C H E chargées ©nt la fecilité de fe mouvoir les premières ; celles fur lefquelles le poids eft reporté, font pliis long-temps attachées à la terre : la mobilité des corps eft en raifon de leur moindre poids. Les jambes de devajit n*ont d’autre fonâion que de foutenir les poids dont elles font chargées : elles ne peuvent les enlever » Les jambes de derrière peuvent au contraire recevoir un poids & le rejetttsr : leur çonfti’uâion leur donne cette faculté. Je développerai ce fyftême & le méchanifme de cette aâlon.

Les jambes de devant ne font point deAiaées à fervir d’appui principal dans les mouvements de ranimai ; celles de derrière font employées i cet ufage. L’appui principal né peut être que fur les jambes de derrière, puifqu’elles feules peuvent fe dèbarraffer de leur poids ; celles de devant feront donc foulagées. Ceft par— là que Téquilibre commence à être dérangé.

Soit donc le poids de chaque jambe pendant cet équilibre lo, les deux jambes de devant donneront 20, & les deux de derrière aufiâ 20. P’abord les deux jambes de devant font foulagées ; fuppofons que ce foit de 4 chacune, ce qui ne donne plus que 12 au lieu de 20. Ce poids eft reporté fur les deux jambes de derrière, ce qui, au Heu de 10, donn’e 14 pour chacune de ces jambes.

Cela ne fufiît pas ; car (i les jambes de devant demeurent chargées également « elles doivent marcher également. Pour qu’il y ep ait une qui foit plus libre que l’autre, elle doit encore être foulagée. Suppofons donc que c’eA la jambe dfoite de devant qui s’allège encore de 2 livres, refte ^ pour cette jambe^ Que deviennent ces 0, livres que nous lui avQn$ ôtéçs ? Elles ne peuvent pas fe répartir également fur les deux jambes de derrière, car alors il fe pafleroit une a£tion inutile fur celle qui marche la première. Ces 2 livres font donc uniquement pour lai jambe qui fert d appui, qui, dans nptre fqppofition, eft la droite de derrière. Cellelà aura donc 16, fa voifme 14, la gauche de devant 6, & la droite de devant 4. Auffi verrons* nous que ces jambes agiflent en raifon de leurs ppids : la plus légèrç partant la première. Confidéro. n^ les aâions de la nature, & prouvons Is^ vérité de nos obfçrvations.

Pnmiçr Mçuvemcn^.

Que Ton examine un cheval quelconque avant qu’il fe difpofe à marcher, il enlève fon [col & fa tète, & la porte un peu en arrière. Le cheval le élus i^goureux aura ce mouvement le ]^usfenfible* lans quelque attitude queToit le cheval, ce mouvement de grandiffement fe fait toujours remarquer ! dans Tétat même du plus grand abandon, on Tobferve, quoique très— peu complet. Lorfque le cheval eft animé & qu’il prend de l’ardeur, ce mouvement eft dans toute fa valeur. Jamais un (hcval qui eft bi « aconâitué| & qui travaille avec C H E

aAion, n*aara la tête baflè : il la porte très-haute ; & c’eft ce qui lui donne de la fierté. Ce mouvement dont je parle a des propriétés particulières. Pour les bien concevoir, on iuppofera que la tête, l’encolure, & le garot, forment un levier du fécond genre. L’appui fera au bas du garot : la réfifiance, qui eft compofée des épaules, des jambes, &c, correfpondra au haut du garot : la puifTance eft au haut de la tète, La puiflance fe** roit très-foible fi la longueur de ce bras de levier ne furpaflbit de beaucoup celui que l’on prend de la réfiftance à Tappui : le garot étant très-court » on voit que la longueur de la puiflance efi confidérable. Ce levier ainfi défini, voici comme 11 agît. • Le haut de la tête de l’animal fe porte en arrière. A la tête, font attachés plufieurs mufcles confidérâbles qui font mouvoir les épaules, les jambes, &c. Les moindres notions anatomiques fuiHfent pour attefter ces faits. Si la tête fe porte en arrière, il ne peut pas fe faire aue des jnembres qui lui font attachés, ne foient enlevés, parce que la conftruâton du levier Texige.

Il fe préfente ici une objeâios aflez forte. Mais ; dira-t-on, ce mouvement a-t-il à lui tout feul la force de charger le derrière, car vous ne pourrez décharger le devant fans que fon poids foit reporté fur le derrière’, par quel méchanifme cela ce fait-il ?

Je réponds que la propriété de l’appui du levier eft la folidité ; que fi elle lui manque ; la pefanteur du levier & celle de fes poids ajoutés, dérangeront cet appui jufqu’à ce qu’il fe trouve un obfiacle invincible : c’èft ce qui arrive ici. Le garot efl appuyé aux « vertèbres dorfales ; ces vertèbres font flexibles : donc l’appui du levier les foulera fucceffivement, & par-là l’appui fera reculé jufqu’aux hanches ; donc la réfifiance du levier fe trouvera portée jufques fur les jarrets du cheval. C’eft ainfi que cette partie eft chargée par un méchanifme 11 m pie & qui dépend uniquement de la volonté du chival de changer de Iieu « 

Ce fait exiftant, j’ai donc raifon de prétendra que le premier aâe de la volonté de l’animal pro< duit, avant tout déplacement, un foulagement pour les jambes de devant*

Second Mouvement.

Cette première aâion ayant eu lieu, on voit entrer en contraâion les mufcles qui élèvent & portent en arrière l’une des deux épaules. Il n’eft pas poffible que Tèpaule s’élève, fans que le poids âont elle eft chargée, lui foit ôté. Je conclus donc que cette opération foulage encore cette jambe. Pendant que ceci fe pafTe à une épaule, nous ne voyons aucun mouvement i l’autre. Ne fuis-je p^s aucorjfé à dirç que la jambe, du côtç de laquelle ceci s’opère, eft la feule foulagée. Troifikme Mouvement.

JÇnfiû, nouç ? ppçrcevons, quoiqu’avçc peine, une CHE «ne petite afiîon dans les vertèbres dorfales & lombaires ; & la hanche , du côté oîi l’épaule a été enlevée , baiiTe confidérablement : les articulations de toute cette jambe de derrière fléchiflent un peu ; mais rien ne quitte terre. L’autre hanche a donc un degré d’élévation confidérabl^ de plus que la première. Qui pourra donc contefler que cette première eft la plus chargée, puifqu’ellefemble fléchir fous le poids.

Ohftrvatïcns fur Us Mouvements précédents. Plus le cheval veut mettre de vîteffe dans fon pas ; plus auffi Tadion de la tête & du col efl coniidcrable & vite : plus l’épaule eft libre , & moins elle eft chargée ; plus aufli fon mouvement eft apparent , & plus (on élévation eft fenfible. Un cheval pris dans les épaules, ou fatigué dans Tes membres ; fera à peine appercevoir cette contradion de mufcles. Si la hanche ne baifibit pas , on pourroit aflurer qu’elle n’e/l pas chargée du poids : plus elle baiiTe , plus elle eft chargée. Auffi dans un cheval fur les épaules , les jambes de derrière femblent agir tout d’une pièce , & fans aucune flexion. Tels font les aâes qui précédent le déplacement de la première jambe.

  • De r appui fur les jamhes.

Cette démonftration nous prouve que le poids eft reporté fur le derrière ; que par conféqucnt le devant ne donne qu’un foutien qui empêche les chûtes. Je dis , de plus , que l’appui de toute la nafte ne fe peut faire que fur une jambe de derrière ; & que cette jambe eft celle du côté de la jambe de devant qui part la première. Ordre des Motions des jambes»

L’ordre dans lequel fe meuvent les jambes, 1)rouve ma propofition. Le cheval agiflant à droite , a jambe droite de devant s’avance la première ; la I’ambe gaachc de derrière fe porte enfuite en avant ; a gauche de devant fait fon mouvement ; enfin , la droite de derrière quitte la dernière le terrein , & jnarche à fo.i tour.

Dans l’aâion , nous remarquons c{ue la répartition des poids change dès qu’une jambe a fait fa fonâion & qu’elle eft pofée. Il eîl certain que cette îambe-là eft plus chargée que celle qui eft en l’air , Îarce que la mafte tend à s’appuyer deftiis en partie, e dis en panie ; parce que tou^ cheval qui fe foutient ne s’abandonne pas fur cette jambe lorfau-elle tombe ; mais par l’effort de fes reins’, il la ménage, & ne s’appéfantit pAs deftus. Ainfi dans }a démarche, Juoique les jambes fouttennent alternativement le evant ,& que cela varie la quantité de leurs poids, cependant cela ne change rien à l’ordre établi» parce que l’allure eft formée d’un nombre de pas entrelacés, qui n*ont qu’une même formation.^ Le £juitation, Efcrime 6* Dan/eé

CHE dj

ehevai prend îndiflércmment Tune ou l’autre jambe de derrière pour fon phis grand appui ; ainfi il part également à droite & à gauche. Peu de chofe le détermine s’il eft fain & nèf par-tout. S’il eft douloureux dans quelque partie, au’il n’ait pas une force ou une fauplefle égale dans les deux côtés , il aimera de préférence à partir du côté où il eft le plus vigoureujT. On n’oubliera pas qu’il s’agit ici du cheval dans rétat de nature.

Tant que la jambe de derrière eft chargée , le refte eft léger , & elle n’eft déchargée que par le mouvement qui lui eft propre : donc tant qu’elle n’a pas remué, les autres n’ont d’autre maffe que celle qui leur eft reftée après les mouvements qui précèdent la marche. Mais cette jambe , en partant la dernière, fe décharge fur fa voiftne, qui, à fon tour, devient point d’appui dans la formation du fécond pas. Les deux jambes de derrière devien- ^nent donc alternativement le principal appui du cheval dans la continuité de l’allure. Cependant on doit en excepter le galop dans lequel le cheval conferve l’appui qu’il a choifi , jufqu’à ce que quelque caufe intcrvertifle Tordre de fa progreffion. Le méchanifme de ce rejet de poids d une jambe fur l’autre , eft intéreflant ; & comme il peut fournir de grandes lumières. pour l’ufage du cheval dans l’équitation , je vais donner la théorie du reftbrt , par laquelle on jugera plus furement des avions des jambes de derrière. C !ar je prétends que l’aâion par. laquelle ces jambes portent la jnachine en avant , comme l’a penfé M. de BufFon , & d’accord avec lui , le plus grand nombre des écuyers , eft exécutée par la compreftion & l’extenfion du reflbrt qui exifte dans les jambes de derrière ; &, par une fuite de ce principe , je nie qu’il y ait aucune élafticité dans les jambes de devant.

Ceci doit fervir à réfuter le fiftème de ceux qui, entendant mal l’expreffion mettre le cheval fur fes quatre jambes^ croient que, pour exécuter leur principe , les deux jambes de devant dans l’avion doivent pofter la moitié de la* mafle. Sîflème démenti par la nature & par l’ufage du cheval^ que notre propre inftinâ & notre fureté nous font defirer très-léger du devant.

Application de la Théorie du ReJJort à la jambe Je derrière du Cheval»

Le reflbrt , en tant qu’il eft machine , eft de toute forme & de toute matière. Ses propriétés eftentielles font de changer de forme & de pofition par la compreftion de quelque force étrangère , & de tendre à fe remettre dans fon état naturel dès que les caufes n’agiftent plus.

Pour notre commodité , nous conftdéreronS ici la machine fous la figure d’un angle formé par la réunion de deux branches. Afturémcnt la jambe poftérieure du cheval nous offre bien l’idée d’un’ reffort, fur-tout fon jarret. Les ligaments & les ten d9ns qui affermiffent fes articulations, les rendent ^ I 66 C H E très’élafiîques. Pénétrons dans le ^léclianîfnie da reflbrt , & cherchons des motifs de le comparer au jarret du chtvaL

Nous diflinguons dans le reffort angulaire , fon fommet , fa réfiftance » & fa puiâance. J’entends par fommet , le poinf où les deux branches fe réuitiffent ; par réfiilance , Tobjet inébranlable qui appuie le reâbrt ; par puiiËUice 9 le poids qui eft deftiné à le comprimer.

Le jarret eft proprement le reflbrt renfermé dans la jambe de derrière ; les autres os qui raccompagnent font deftinés à d*autres ufages, & cependant concourent à former les branches du reuort : la compreffion eft faire par le poids du corps ; la terre eA Tappui ferme qui le foutienc.

Le corps , placé à ToppofKe de la réfiflance du reiTort , tend par fon poids à rapprocher (c% deux extrémités. Nous voyons dans le chevâl que , dès l’inûant qu’une de fes jambes de derrière efl chargée de la mafle de fon corps , toutes les articulations tofiéchiJent, & notamment le jarret. L’aâion ou la force avec laquelle un reflbrt eft comprimé , eft la mefure de celle arec laquelle il fe détend. Ceux qui obferveront la flexion des membres du cheval , reconnoîtront que plus il y a de lenteur dans le chargement , plus.il y en a dans la détente.

La direâion dans laquelle la ma/Te charge le reffort, eft la même aue celle dans laquelle il fe détend. Ceft pour cela que dans les allures les plus -vîtes du cheval^ la jambe qui fert d’appui tombe obliquement fous le ventre : & quoique dans les grandes courfes nous voyons les quatre jambes étendues & fort éloignées du centre de gravité , cependant dans le moment de la foulée , les jambes de derrière font fous le ventre ; fans cela il feroit impoflible que le cheval pût avancer. Nous voyons auflî que tout cheval dont les hanches traînent , n’avance pas , & que fon appui fe fait loin du centre degravité.

.La réfiftance du reflbrt doit ètrt înéllranlable : jG elle ne l’eft pas , le reiTort perd de fon aÛ^on , parce qu’il déplace dans le choc une quantité plus ou moins grande de matière. Ainfi le cheval a moins de facilité à courir dans le fable que fur un terrein ferme.

Il n’eft pas néceffaire ^ue toute rélafticitédu reffort foit employée , niquil foit toujours bandé : on peut aiflbment varier fes effets & ménager fes facultés. La pratique nous apprend qu’on peut affeoir plus ou moins les chevaux. Il y a des degrés dans la compreffion : le bon fens , l’intérêt , & la confervation de Tanimal , exigent que nous ne la pouffions pas à l’extrême.

SI le corps qui comprime un reftbrt » retombe fur ce reflbrt après ta première réaâion , cenainement le reflbrt agira comme à ta première fois. Lorfque le cheval a pris fon appui fur une jambe de derrière. & que cette jambe ayant faîru>n actîoii f Tseot à f« replacer dans la même dircâioo ^ c H E

je dU que la maffe venant encore i la charger , le reffortfe trouve comprimé de nouveau ) & l’allure fe perpétue*

.L’égalité qui règne entre la détente & la nouvelle compreffion d’un reflbrt, produit la communication mutuelle d*un mouvement uniforme : le cheval 2. une cadence réglée lorfque Tafiion de fes jambes de derrière & celle de fa mafle font égales à tous les pas.

Plufieùrs refferts égaux & rangés à côté les uns des autres , n’agiflent pas plus , à force égale , 3u’un feul. Ceft auffi pourquoi dans la jambe de errière du cheval , il n’y a qu’un feul reflbrt , qui eft le jarret , les autres articulations ne pouvant d’elles-mêmes s’étendre , les muicles extenfeurs étant deftinés à cette fonâion.

La difpofuion des articulations des jambes poftérieures du cheval , nous préfente des angles externes oppofés ; & cela étoit néceflaire pour la flexion des os de ces membf^s les uns fur les autres. Nous réfutons que le feul reflbrt de ces articulations eft le jarret. Aufli eft-il compofé tout difl^éremment des autres. Car dans les articulations ordinaires , il Tiy a que deux têtes d^os ; ici , il y en a fept , ranges en deux couches. Comme leurs figures ne font point régulières, je penfe qu’ils admettent un cer^ tain efpace ent’reux , & un interftice rempli par des matières qui cèdent plus aifément que ces oflelets qui font extrêmement d^irs. Le centre de la compreflion eft donc vraiment le jarret, parce qu’il eft le centre de l’aâion occafiennée par le poids du corps & par la réaâion du terrein. Ces deux puiflànces oppofées font refluer vers le centre toutes les particules de matière qu’elles preflent des deux cotés ; & ces matières tendent à détruire tout le vuide qui pourroit s’y trouver. La matière entaflee à un certain point, ne peut plus être contenue dans des bornes ft étroites ; fie elle cherche à fe mettre à l’aîfe , & à regagner les endroits d’où elle avok été déplacée imperceptiblement. Ceft TefTet de cette opération qui oblige la jambe de derrière à quitter terre , parce que le reflbrt étant détendu par en haut , toute la réaâion du terrein revient fur lui & le fait fauter.

La conftruâion du jarret favorlfe tome cette théorie. Une multitude de tendons & de ligament le fortifient, & retiennent dans un ordre ql un arrangement forcé touts ces os du jarret , qui , ne pouvant s’échapper, en deviennent encore plus élaftiques. Les deux couches des 0% du jarret repréfentent un trapèze dont le petit côté eft dans le pli du jarret. Malgré leur dureté , leur compreffion n’eft cependant pas infinie , à caufe des parties molles & des vaifl^eaux qui les accompagnent : d’ailleurs les ligaments & les «tendons ont une quantité de cohérence qui n’eft pas invincible. Il faut favoir que pendant la compreflion des os du jarret , il fe pafle à fa pointe une aâfon toure différente ; car le poids* & IcfTort de toute la mafTe tendent à écarter les deux brauchç^ de Tangle 9 & C HE à dâ’tr^^w^ l^nr uiiiûn. Aiafj il cfi avantatcux, pour la conicrvation de cet organe, qoe la compreflion.uc J emporte pas fur la cohérence : il s’enfuivroit une dcflriiaion <îu reflbrt. Si au contraire le poids eft modéré , le reflbrt fe débande avec vigueur ,& diafle le corps en avant.

La dlfpofition , ou plutôt la direâion dans laquelle le jarret & toute la jambe reçoivent le poids , eft la même que celle dans laquelle il efl rejette. Connoiflant cette ligne , on fait le chemin oue décrit le c/i^t’j/ : s’il pèle perpendiculairement lur le reflbrt , il fera charfé de même. Dans les al-Jures raflemblées, tridcs & raccourcies , le mourement fe fait de bas en haut , parce que le reffort & toutes les articulations ne le déploient pas en entier ; mais dans les allures plus étendues » il y a encore le mouvement d’arrière en avant , produit par la tête du fémur qui poufle fa cavité dans cette direâion. Ainfi le cheval décrit une parabole avec tout fon corps fi l’allure eft vive , ou feulement avec la partie déplacée lorfqu’il marche lentement. ^ Je crois avoir démontré que la jambe de derrière agit comme un reiTort , & par U jouit de la faculté de poufler toute la maife en avant. Je vais i préfent démontrer que la jambe de devant a des V&ges différents. ^

fUsjéunbcs de devant dijlinées uniqutmênt i fiuienir la m^Jfe.

S*îl y avoit reflbrt dans les Jambes de devant , le centre de Taâion devroit (e paffer dans le genou , par Tefpéce d’analogie qui fe trouveroit entre fes onelets & ceux du jarret. Mais je dis que les genoux ae font pas élafliques comme les jarrets , par Tordre diffèrent qu’ils confervent : car ils ne pourroient être comprimés aue d’une manière très-égale 9 moyennant quoi il n y auroit pas de déplacement de matière ; & dans le choc faute de déplacement , il n’y a pas de rétabliffement. Je fuppofe que par leur conftruâion les genoux foient élafliques : pour comprimer un reflort , il faut une puiffaace ; & nous avons obfervé que l’aâion qui précède tout mouvement d’une jambe , efl la contraâion des mufcles de Tépaule , qui , en b foulageant ^ ôtent le poids & la puiffance ; en otant la puiffance, ils anéantiflent la réfiflaace , & par là il eft évident que la propriété du reffort eft détruite. De plus, admettons qu’une grande partie de la maffe porte fur le devant : qu’en arrive-t-il } que les jambes âèchiffent & fuccombent fous le poids , parce qu’étant dans une pofition droite , & n’ayant aucun angle fixé & arrêté par des ligaments, il y a un dérangement .dans leur fituation qu’elles ne peuvent rétablir d’elles-mêmes , parce qu’elles n’ont pas la cohérence des jarrets. Cet ordre étant une fois détruit , U jambe de devant ne fert plus à rien tant qu’elle eft dans cet état , tandis que le jarret fe rétablit de lui-même, Ia plus grande différence q[ue je trouve dans c H E 67

ces deux organes , c’eft que la compreiSon du genou eft toujours la plus grande dans la ftation ; celle ou j«rr«t. au contraire ,eft la moindre poffible : & aue de pl»« toutds les aâion^ tendent à foulager le genou , & à charger les jarrett, }• crois donc être fondé à croire que les jambes de devant ne portent pas , dans l’aâion , un poids égal à celui des jambes de derrière , & à prétendre qu’elks ne peuvent pas rejetter le poids dont elles font char* gées « mais qu’il leur eft ôtè par d’autres organes. Il n’y auroit aucune fureté à l’animal à porter fur fon devant ; car il détruiroit rorganifation de fes jambes, & feroit fans ceffe des efforts pour fe préferver des chûtes : cela eft bien évident dans les defcentes. D’ailleurs comment pourroitil ne pas détruire le mouvement de {^ épaules : toute leur attache confifte dans des mufcles que le poids continuel fur les jambes de devant extendroit & relâ«  cheroit même avec douleur : ces mufcles per«  droient leur jeu & leur mobilité , & l’épaule feroic fixe & fans aucune a&ion.

Pour être ennerement convaincu de cette afferi tion , appelions l’art à notre fecours , & voyons la différence des chevaux abandonnés fur leurs jambes de devant. Leurs épaules font immobiles ; leurs jambes font arquées ; leur maffe eft fans appui folide ; & leur démarche lente, incertaine , traînante , & fans aucune vivacité. Ceux au contraire qui font accoutumés à fe fervir de leurs jarrets ^ ont des épaules brillantes, la marche sûre & noble» & une cadence harmonieufe. Enfin nous voyons que la plus grande partie des chevaux qui ont du lervice , font ruines dans leurs jarrets , quelles qu’aient été les fondions auxquelles ils ont été deftinés ; tandis que les genoux ne font prefque jamais attaqués : preuve inconteftable qu’ils ne font point faits pour foutenir des efforts. Les jambes de devant font donc uniquement deftinées à foutenir le corps lorfqu’il retombe : mais elles ne le foutiennent que tant qu’elles font fans flexion ; comme une canne n’eft un appui ferme que dans fa fituation droite*

Direttion de la ligne d^înnixion dtsjamhts du cheval en mouvement^

L*examen du fquelette , & même fa connoiffanet parfaite , font d^une grande utilité pour celui qui veut connoitre le cheval : comment pourroit-il autrement juger de la bonne ou de la mauvaife attitude des jambes de l’animal ? Ce n’eft pas feulement ladefcriptton delà charpente animale qu’il lui importe de favoir de mémoire ou autrement , fes yeux doivent encore être exercés à juger les jambes d’après un examen réfléchi.

Le chtval varie prefoue fans ceffe la pofition de fes jambes , mais nous le fuppofons abfolumênten repos. S’il porte également fur les quatres jambes , toutes les fuperficies des es feront logées , & leur appui fera bien formé. Cet appui n’a Heu que daaii lij ^8 C H E un point très-petit , parce que les os à leur extrémité font convexes , concaves , irréguliers , très-I )oli$&gliflants ;& la preflîon de toutes les parties des os eft néce^ :iïr^ ^ cCm que la ligne d’innixion le» traverfe touts : par là il fe forme une colonne très-ferme.

Il eft bien rare que dans Tétat-naturel , le cheval le place ainfi fur fes quatre jambes : ordinairement il y en a quelau’une dont la ligne d’innixion n’eft foint perpendiculaire. Si c’eft un défordre dans harmonie de ces organes , qui occafionne ce défaut, il eft fouvent difficile d’v remédier ; quelquefois le cheval par négligence (e campe mal ; alors la jambe mal poftée contribue peu au foutien du corps»

Lorfque le cA^vtf/eft en mouvement, la jambe qui refte à terre reçoit une inclinaifon , enforte qu*e]le s’éloigne infenfîbleroent de la perpendiculaire de fon appui : elle perd alors de fa force de foutien , & cela doit être. Dans le pofer du pied , fi elle retomboit avec cette obliquité , elle feroit mal Î lacée, parce que fon appui ne fe faifant pas dans i perpendiculaire , elle ne ferviroit à rien , toutes les têtes des es étant déplacées. Auffi lorfque le theval eft abandonné & pouffé en avant fans obfervatton de principes , il court de grands rifques. Dans une allure loutenue , le tçrrein qu’il embraffe eft moindre ; ainfi il peut placer fes jambes dans une ligne perpendiculaire d’innixion. C’eft donc là la règle certaine pour juger de Tétat d’équitibre du cheval.

Les jambes de derrière ne peuvent pas être con-Cdérées de même , mais relativement à la propriété du reffort que nous leur avons attribué. Nous fçavons que plus un corps eft en équilibre flir un appui , moins fa pefanteur fe fait fentir fur cet appui. Ainfi plus il y aura de mafle hors la perpendiculaire tirée de la cavité cotiloide à la bafe de la Jambe ,plus la jambe fera en force. L*expérience nous le prouve. Qu’un cheval foît bien raflemblé & pouffe en avant : dans cette attitude certainement il fautera , ce qu’il ne fera pas fi la jambe n’eft pas placée obliquement fous le vemre. Les jambes de derrière ne font pas fituées fur une ligne perpendiculaire ; la nature a mieux ménagé les reffources. Ces >ambes fe rapprochent à ■lefure qu’elles font éloignées de la hanch% du cheval ; eÀlts (ont czmhrêcs : h fculs rue peut en convaincre. Enforte que par là Tanimal a moins d’efforts i faire, moins d’efpace à parcourir, pour rejettef la mafle d’une jambe fur l’autre ; & de plus leur appui eft plus près de la ligne de direction du thevaL

Le cheval, en marchant, dénote fa vigueur & fon foutien naturel par une pofition de jambes telle que nous l’avons expliquée. S’il eft las , ou qpe cnelque membre lui fàffe fentir de la douleur , il le aénotcra en dérangeant fon attitude : la peâmciir do la maâ^ entraînera les }afflbç9^ & i^ nç { c HE

cherchera pnînt à lc>« Hirpof«r comme clic» ft>ijt dans fon état de vigueur & de gaieté. Je recommande fur toutes chofes d’obferver les bonnes natures de chevaux , & de bien fentir toa<* tes leurs attitudes : elles doive m paffer fous le travail de Tartifte. Si touts les chevaux étoient bons ,’ il auroit peu à faire. Le contraire fe trouve : & » afin qu’il puiffe donner une bonne attitude à un mauvais cheval , il eft important qu’il fâche au vrai les fonélions de touts fes membres , fit les raifons que la nature lui fournit de préférer les bonnes fituationsd’un c^evii/,

Si on a conçu & bien fenti les principes précédents , . on pourra , je penfe , fur-tout li on a de l’habitude , juger fainement du méchanifmc d’un cheval qu’on voudroit examiner»

De la confirmation du cheval, démontrée far Pufagi de fes membres*

Envaîna-t-on voulu affujettîr à des règles fixes & invariables les belles proportions du cheval ; envain les a-t-oncirconfcrites dans des bornes arbitrairement pofées : la nature , quoique confiante , ne fait rien qui fe reffemble également ; ainfi on chercheroit inutilement deux cLvaux ferablables : ce n’eft donc pas avec la règle & le compas à fa main , qu’on peut fe flatter d’acheter de bons cA#J vaux. L’examen raifonnédes membres de l’animal , & la connoiffance des proportions méchaniques çju’exigent leurs opérations , font les feules règîes àprefcrirerc’cftàla ^ufteffe du taâ, à l’habitude inftruite de l’acheteur, qu’il appartient de comparer touts les membres , & d’en juger le réfulrat. Aucun de ceux qui ont traité jufqu’à préfent de |a connoiffance des chevaux , n’a envifagé J’anima ! méchaniquement ; touts n’ont donné que des notions obfcures,’. "uit de leur pratique plutôt que de leurs connoiffances phyfiques. Confidérons l’u^ fage des membres en méchaniciens : les loix de la méchanique nous donneront des principes généraux d’une grande utilité dans le choix des chevaux^ Tout le monde fait que la taille des chevaux varie autant que les individus. Les mêmes proportions fe trouvent ou peuvent fe trouver dans un grand & dans un petit cheval. Comme il fiiut ce- * pcnda^ir choifir une nature qui puiffe nous fervir de modèle , je croi« que nous devons confidérer le beau cheval ât guerre comme celui qui .peut remplir nos vues. La préférence que je lui donne , vient de ce qu’il doit avoir les trois allures naturelles les meilleures poffibles , afin qu’il puiffe fervir utilement Tofficier qui le monre. Les aurres chevaux^ deftînésà.des ufagLS moins univerfeU , ont une allure différente & d’adoption . qui r6fuite auffi de quelques variétés dans h conforrration. Je parlerai donc en général durA/j/d’eA cadron : c’eft lui que je propofe comme devant. être le plus accompli daA& fes mouvements oa* «ttiels.


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CHE CHE 69

C H E Le corfage du cheval bien proportionné, efl d un cinquième plus long qu’il n’eft élevé. Ainfi il ne pourra être confidéré comme formant une figure parfaitement quarrée ;mais bien comme un quarré long.

Je partage ce quarré long en trois quarrés parfaits , ce qui me donnera une longueur de corps moyenne entre un corfage trop long & un corfage trop court. Le premier quarré contient les épaules , & eft terminé par une perpendiculaire abaifTée de Textrémité inférieure du garot. Le tronc fera enfermé par cette liene , & par une autre peroendiculaire abaifféeàîa dernière des côtes : c’eit aiTez la proponion ordinaire. Cependant il y en a qui , fans être conformes à cette règle , ne font ni moins belles ni moins bonnes : mais celle-ci femble produire les plus beaux effets.

Quant aux proportions particulières des autres membres , il eA xmpoffible de fe fixer à aucune , parce que les bons chevaux font fi différenciés , que fi on vouloit les réduire à une feule clafTe , on feroit bien fouvent trompé. Il faut donc chercher lé détail de chaque partie , connoître le rôle qu*elle joue dans la motion de Tanimal ; enfuite laifTer à l’écuyer le foin d’en former un total convenable à fes defTeins. Je ne puis comprendre les raifons qu’on a d’adopter une tournure de cheval , & de fixer d’après elle les règles de la bonne proportion.

De la Tête & de fes différentes parties. Il eft fort indifférent pour les mouvements de l’animal , que les organes excéri^rs qui ornent fa tête foient efpacés & fuués d’après un certain ordre fixe & confiant ; pourvu que ces organes foienr bien conftitués , & que leurs fondions fe rempliffent bien , leur beauté ou leur laideur importe peu : c’efi une affaire de convention. Telle tête eft belle à Paris , qui à Naples fera très -laide. Il n’en efl pas de même de fon volume. Une tête trop confidérable par rapporta la force des mufcles defiinés à la mouvoir , a une tendance continuelle à tomber, & fe foutient 4if^cilement : défaut bien contraire 3 Taâion première de l’animal qui fe dilpofe à marcher. L’exceffif poids de la tête rend le cheval lourd dans fa démarche ; fes jambes de devant en font fatiguées ; & il eft peu en état de former l’équilibre artificiel de l’équitation. Une tète trop petite feroit plus avantageufe pour faciliter les bons mouvements delanimal Le feul défaut qu’elle auroir, ne feroit que contre les règles du goût. Certainement fa légèreté la feroit recher cher fans le préjugé des proportions. Le feul rapport utile à confidér«r eft celui de l’encolure & de la tête une’ petite été & un gros col, feroient d’une bonne proportion fans être belle : «ne groffe tête . & une encolure mince , feroient ridicules & de mauvaife conformation.

Une tête courte & grofTe efidéfagréable à voir «  c H E tf 9

& peut ne pas nuire à l’harmonie des mouvements. Une tête longue, fi elle eft légère, ne nuit qu’aux yeux du fpedateur.

Pour peu qu’on connoifrel’oftéologie du cheval i on verra qu’il eft impoffible que , dans la bonne conftruâion de la tête & du col , la tête tombe perpendiculairement , & qu on puiffe abaifTer une perpendiculaire du front au bout du nez. Cette ligne ne peut être qu’oblique , j’en appelle l’infpeâion du fquelette. Il ne feroît pas à defirer que l’animal fut conftruit comme on l’a prétcnrlu. Comment auroit-il été pofTible de perfeflionner fes actions par l’art, fi la nature nous avoit refufé le prer mier moyen , l’attitude oblique de la tête fur l’encolure ?

Je fais que quelques chevaux ont cette 

direâion perpendiculaire 9 mais c’eft un défaut nuifibleàlart ; & eHe ne part point de l’attache de la première vertèbre avec la tcte , parce qu’elle efl toujours la même , mais de l’attache de la première vertèbre avec la féconde nommée axism Celle-ci eft quelquefois plus haute que dans la belle conformation ; c’eft ce qui donne l’attitude de la tête encapuchonnée. D’autres fois elle eft .plu£ baffe , & cela force le cheval de porter au vent : du moins c’en eft une caufe naturelle ; car dans le travail , ce défaut, lorfqu’il arrive , pi’ovient d’ailleurs.

Le front un peu arrondi me femble le mieux fait ; les vifcères du cerveau y ont un efpace fufSfantpourfe loger ; & ils peuvent alors être dans la proportion requife parla nature. On a remarqué que les chevaux dont le front étoit plat , étoient quinteux.

La grandeur ou la petitefle des yeux n’eft pas une raifon d’exclufion , fi d’aille !irs ils font bons. Il faut être anatomifte pour les bien examiner. Je dirai feulement ici que fouvent un œil paroît bon , & cependant eft fujet à des maux fâcheux. Oa aura foin , en le vifitant^ d’obferver .que les paupières fe joignent bien fi elles font ferrnées ; quelqu’intcrvalle entre elles , ©u quelques rides qu on y remarqueroit , feroient de mauvais fîgnes. On verra files>yeux font bien unis , & fi on ne voit pas dcfTus quelques filets de mucofité , ce qui prouveroitunemaMVaife vue. Il eft bon aufS de faire attention fi la paupière inférieure eft mince & collée fur l’os , & fi cet os eft enfoncé ; cela défigneroit un œil dépourvu de nourritures & fujet aux incommodités.

Les afeaux ne font rien aux mouvements : qu’ils foient larges ou petits , cela eft peu important pour nous.

Quoique la bonté de la bouche du cheval dépende moins de la conftruâion de cet organe que de bien d’autres canfes, il eft cependant utile de ne pas négliger fa forme ; c’eft quelquefois un acceffoire dont on peur tirer bon parti. Une bouche trop fendue eft difficile à emboucher ; la gçourmette. remonte tou’ours , & les plus grands foins fufHfent à peine pour la faire tenir en fon lieu* Uie 70 C H E petite bouche eft plus commode. Le milieu cil dé urable entre ces deux extrêmes.

Les barres font Torgane immédiat fur lequel Thomme travaille. Avecle temps & de bonnes leçons on peut donner de l’appui à toutes fortes de bouches. Mais celles qui font bien conftruites font plus traitables. Les barres font Tos de la mâchoire inférieure dans Tendroit oii elle efl dépourvue de dents. Elles font couvertes dupértoAe & du pro* longement des gencives. Il y a peu de fenfibilité dans la partie charnue. L’expérience nous prouve que les chevaux dont la barre eft recouverte avec trop d^épaifTeur , font durs à la main ; du moins à ne confidérer pour rien dans ce cas , ce que l’équilibre & la foupleffe fournirent à fon obéifTance. La raifdn en eA que le mors ne peut exciter de fenfation au période qui par lui-itiême eft fi fenfible. Les barres peu recouvertes ont une qualité contraire : le mors preflant fans cefle le périofte , Taffeéle douloureufement. La rondeur de l’os , ainfi que fon tranchant trop confidérable , font des vices de conformation qui tendent à produire ces deux- effets.

Je crois donc qu’il eft à propos de chercher des barres bien faites , & qui ne ioient ni trop rondes ni trop tranchantes. Le mors pourra occafionner , avec le fecours de la main de l’homme , une pref* f !on indifférente » mais fufceptible d’occafionner du [ilaifir ou de la douleur au chtval. La langue trop épaiiTe déborde les barres & intercepte toute 1 aâion du mors. Ceft un défaut confidérable , & il eft à fouhaiterque cet inconvénient ne fubflfte point dans un cheval deftiné à être drefféà fond. La langue petite & mince laifte tout l’ufage du mors.

La barbe eft formée par la partie poftérieure des os de la mâchoire inférieure : elle eft recouverte ^une peau & de tres-peu de chair* Si elle eft féche , elle eft facile â lacérer , & les gourmettes ordinaires la blefient ;mais il eft poftible d’approprier une gourmette convenable à cette fenfibilité. Si h barbe étoit ronde & charnue , Tanimal feroit peu afFeâé delà predion de la gourmette , & elle rouleroit toujours , ce qui nuiroit à la fixité de Tappui.

Les lèvres minces font les plus avantageufes j parce qu’elles ne couvrent pas les barres & ne font pas un obftacle à fa preftion.

Il eft utile <le connoitre exaâement la forme de la ganache : car on ne peut comparer fans avoir déjà lonetemps obfervé. Une ganache ferrée eft un grand obftacle à la belle attuude de la tête du chevaL La partie fupérieure de fon gofier fe place dans le canal qui fépare les deux os de la mâchoire ; £ !us il eft évidé y plus le cheval eft aifé à placer, ’animal fe fatigue lorfqull y a défaut d’ouver» turc. D’ailleurs que la ganache foit grofte , charnue , 8ec. c’eft un petit défaut pour l’équitation ; ceoendant la mafle trop forte augoiente le p«ids d^atéte.

CHE

De rEncolurcm

L’encolure eft le bras fupérîeur d’un levier i qui, comme nous Tavons dit , enlève par fon ie«t le poids du devant du cheval. L’encolure longue Jera donc la meilleure , la longueur d un bras de levier donnant de la valeur à" fa puiffance. Elle ne fera point trop épaiffc , parce qu’elle feroit un poids très-lourd à porter pour les jambes , & que le cheval la foutiendroit plus difficilement. Si au contraire elle eft mince & bien tifilèe, mais cependant en proportion avec la tête, elle fera légère , et fon adion tendra toujours à foulager le devant. L encolure peut être ferme quoique mince : les mufc es dépouillés de graifle font plus fermes & pius légers , que lorfqu’ils font enveloppés de cette matière.

Il eft à fouhaiter que l’encolure parte bien du garot en s’élevant & en s’arrondifTant un peu en montant , fans cependant être rouée , ce qui eft une forme auffi peu eftimée aujourd’hui qu’elle etoit recherchée des anciens. Dans l’encolure rouée, la tête ne fe porte point en arrière, & , fans cette adion , le cheval ne peut fe grandir & enlever le devant. L’encolure ainfi élevée naturellement eft toujours prête à ébranler Tanimal, & favonfefa progreffion ; cardans notre travail nous cherchons à placer la tète , de forte que de loreille du cheval on puiffe abaiflcr une perpendiculaire à la pince du pied qui eft pofé. Si cette attitude eft naturelle, c eft une grande peine de moins. L’encolure de cerf eft cellç qui , dans fa panîe antérieure & inférieure , fait obferver une faillie confidérable , «c à la partie poftérieure , au-defTus du garot, un efoèce d’enfoncement. Tout cheval conftruit ainfi eft léger du devant, mais fans appui : & on a bien de la peine à le drefl’er , parce que l’encolure n’appuie pas fur le garot, & que les vertèbres , ne fe touchant point dans toutes leurs furfaccs , ne peuvent fe foutenir les unes les autres ; l’aâion du levier eft interrompue ; aufS ces fones de chevaux ne font bons qu’à courir. L’encolure courte n’a pas un jeu afTez étendu ; elle enlevé difficilement le devant ; elle eft ordinairement grofle, & d’un poids confidérafele pour les jambes de devant.

Enfin on fe rappellera qu’il eft bon d’examiner fi les formes des deux côtés de l’encolure fe correfpofldent bien. Si les mufcles qui la compofeqt produifent des gonflements & des cavités. Si elles n’étoicnt pas pareilles des deux côtés , le col ne fe plieroit pas également à droite comme à gauche. On ne trouve que trop de chevaux fujets à cett«  irrégularité.

Du Garot.

Un beau garot paroît uni au col & e« être un prolongement ; il eft bien reftbrti , peu de chair le recouvre ; il furmonte de beaucoup l’angle fupé«  i rieur de ronoplate ; enfin il s*étend fort ayaoi C H E furie dos. 7*ai toujonrs obfervè que les chevaux 3[ui ont de la légèreté , ont un garot très-lone. On . c fouvient que fon extrémité inférieure eft l’ap* puî du levier que nous avons imaginfé. Il efl hors de doute que fi cet appui avoifiiie le centre de gra* vite du ch^^al , le poids qu’il fupportera fera plus aîfé à enlever. J*ai vu aufll que ce point étoit àpeu- près le milieu du corps dans les chevaux de qualité : cependant cela n’efl pas général , mais j’augurerai toujours bien d*un cheval qui a cette proportion.

Du PoitraiL

Le poitrail doit être afTez large pour contenir des vifcères bien conflirués, & pas affez pour former un volume trop confidérable pour les jambes de devant ; cela augmenteroit la difficulté de l’enlever du devant ; & il ne s’accompliroit que par Teffet d*un bon rein & de bonnes hanches. Des Epaules,

Li^épaule eft une des parties de Tanimal qu’il eft le plus important de connoître« L’épaule , comme on doit le favoir , eft compofée de l’omoplate , dont le jeu eft toujours accompagné de celui’de Thumerus qui lui eft uni.

L’omoplate ne doit pas être trop longue ni trop volumineufe. Trop longue, fon attache avec Thumerus feroit très - ba^e , & Us mouvements feroient plus heAs : d’ailleurs te vojume trop confidérable de cet os chargeroit les jambes de devant. Elle ne doit pas non plus être courte ; fon mouvement feroit borné. Trop étroite ,* elle donneroit trop peu d’attache aux mufcles qui la meuvent : trop grofTe , elle feroit lourde & difficile à mouvoir par des mufcles médiocres.

L’omoplate trop ferrée contre la poitrine ne ^ peut fe porter aifement en avant : fes mufcles font trop courts & trop comprimés.

Il eft donc utile pour la bonne progreffion & pour raccompHifement de touts les mouvements naturels , que l’omoplate ne foit point trop ferrée , Jue fon volume foit médiocre » fes aâions faciles i libres , & fes mufcles médiocrement eros. Il en eft de même de l’humérus s’il eft trop (erré contre la poitrine , fon jeu eft gêné » & il ne fait qu’une partie des aâes que fon attache lui permet. Cet os ne fera point trop cour fi on veut des mouve* menrs bien déveloopés : plus les côtés (f un triangle font grands, plus l’ouverture peut en être évafèe. L’humérus & l’omoplate font un compas dont le centre du mouvement eft dans Tarticulation : fi le compas eft bien proponionné & que les forces motrices , les mufcles foient dans un bon rapport pour la grofteur & la longueur, il en réfuhera d’excellentes aâions.

Le poids des épaules eft confidérable fi elles font fort cn^rnues ; mais le vrai rapport de leur pefantcur eft’celui qu’elles ont avec la force des reins 6c des hanches» De% épaules três-étoffées feront c H E 7t

légèrts relarïirement au derrière » fi celui-ci a une force de beaucoup fnpérieore.

Les mouvements bornés des épaules nuifent à la progreffion & à la foupleffe de Tanimal : elles le ruinent bientôt, & finiflent par être immobiles & devenir un poids qui ne fert qu’à atterrer le chevaU Le cheval dont l’articulation de l’humérus & de l’omoplate eft haute & avancée, fe déploie plus aifement, & péfe moins dans fon devant. Cette difpofition facilite la marche ; car le haut du col étant porté en arriére ,• Tarticulaiion faille davantage ; & elle eft plus»à portée d’entamer le chemin. Dans un cheval bien léger , Tarticulation eft telle qu’une perpendiculaire tirée du bout du nez.du cheval^ la ren-. contre à fa partie la pluis antérieure. Du Coude,

Le coude trop ferré femble gêner le mouvement Jb rotation de Thumerus (ur lomoplate ; 8e e^eâivement cela doit être : cependant c’eft un dé, faut aifé à corriger, & le mouvement fe perfectionne fi le vice n’eft pas trop grand. Alors il arrive que le pied & la jambe du cheval font fort en de* hors, & le cheval eft plus ouvert à la partie infé-. rieure de fes jambes qu’à leur paniç fupérieure ; & c’eft le contraire dans la belle nature. Le coude trop détaché des côtes eft un défaut de moindre conféquence, & plus aifé à détruire. Cherchons un jufte milieu. L’infpeflion raifonnée de la nature formera notre c^upa œil.

• Des Bras.

Le bras trop court a des mouvements trop raccourcis ; un arc petit eft moindre qu’un grand lorfqu il eft ouyert. Le bras trop mince fournit des mufcles foibles & grêles pour les aâions du genou. Le bras long & charnu , annonce la force & de grandes aâions*

Du Genou.

Le genou trop gros eft lourd ; il diminue la fu* rcté de la jambe du cheval. Trop petit , il ne donne pas un appui naturel & commode au cheval : le genou conftruit ainfi forme la jambe de veau ; jambe qni n’eft jamais dans un boa à-plomb , & dont les aâions font défeâueufes. Le genou bien fait eft peu rond à fa partie intérieure ; peu faillant vu latéralement, & fec de tous les côtés , enforte que l’on n’apperçoive rien de défedueux. Les genoux en avant ôtent de l’appui au cheval : (on poids contribue a les faire fléchir. Si les genoux font trop . approchés « ils fortent encore de la ligne d’appui convenable. On doit donc chercher la conftruâion dans laquelle le canon foucienne le plus perpe»> diculairement poffible les os d^k^nou. Du Canon*

La nature a diminué le volume des os è mefufe qu’ils approchent de la bafe du corps ; elle a fnppléé à cette qualité par leur peu de longueur : ceci jt C H E nous prouve qu’un canon trop long annonce de la foibleiTe & préfente un appui chancelant ; s’il eft court au contraire , il fera ferme & foutiendra bien le poids du corps. Le canon mince eft léger , mais fi Tos n’eft pas très-compaâ & bien formé , il eft foible & fragile ; Si cet os eft gros , il eft lourd. La bonté des jambes vient de leur pofition & de Tétat d’équilibre, plus que de toute autre chofe. Car à Tafpeâ , elles font bien minces en comparaifon de toute la maftè. Ainfi la nature nous indique que nous ne drefterons le cheval que par l’équilibre. Le canon doit être uni fans aucun fur-os.» Le tendon fort défigne une quantité de fibres niufculaires , & .par conféquent de grandes forces niotrices : bien détaché y il augmente la force des mufcle^ par leur éloignement du centre dumouvenient. Un tendon mince & collé à los , cd une preuve de foiblefle. Le tendon contribue à la beauté de la jaihbe s’il eft bien égal & s’il n’eft^s failli au-deflbus du genou : il fera net & fans grofleyrs quelconques ; elles lu^ feroient étrangères & borneroient fon jeu.

Du Bouleu

L’articulation du boulet eft foible par elle-même & par la* fituation des os qui la forment ; car tout l’eftort de la jambe fe fait fur le tendon , les os étant placés obliquement les uns fur les autres. Le travail continuel de cette partie la rend trés-fufceptiblc de fetigue. Dans lextenfion & I^exion , 1« boulet eft toujours en mouvement. (5n defirc

u’il foit fec , que tous les tendons en foient forts

’ : bien apparents , que la tête du canon ne foit pas mince, & quil foit difpofé de manière à donner un appui naturel à l’os du canon.

Des boulets fatigués fe recon^oiftent à bien des marques , & les caufes en font multipliées. La plus commune eft une forte extenfion dans les ligaments > & un épanchement de la finovie qui prochiit des tares que Ton oe négligera pas dans les commencements 9 fi Ton veut éviter la claudication du chcvaL

Un boulet foible peut fervîr fi le refte de la jambe eft bon ; mais il eft toujours plus prudent de s’attacher à des chevaux dont les articulations foient dans )’état de la’belle nature.

Pu Paturon.

" Le paturon eft gros. ou menu, court ou long. Son volume doit être proportionné à la jambe : trop g^os , il eft plus folide , mais il eft très-lourd ; trop mince & trop long , il eft fi flexible qu’il femble perd^ toute folidité : le jufte milieu eft aflez rare, pins il eft long , plus la réaâion de Tanimal fur l’homme perd d<A dureté.

De la Couronne.

Elle doit accompagner la rondeur du pied Ains le déborder. Trop élevée , elle dénoteroit quelque yice particulier à elle , ou la fécherefte dv fahot. i"

C HE

Du Pied.

Le pied eft la bafe du corps : c’eft fon appui fur le terrein. Il eft plus important qu’on ne penfe de bien le connoître , de fçavoir l’entretenir dans Ton état de bonté , & de lui approprier un fer qui le conferve, en augmentant la beauté*de fa forme. Du bon ou du mauvais état du pied réfulte fouvent tout l’ufage du chsvaU Nous allons rendre compte de l’état dans lequel il doit être pour donner à l’animal une allure sûre & ferme.

^ La nature n*a rien fait d’inutile dans la formation des corps organifés : il n’y auroit donc aucune fuperfluité dans le pied , fi nous nous foumetcions aux loix de la nature. Mais en admettant le ckevaC dans notre focièté , il a fallu remédier aux vices qu’occafionne le commerce. Le pavé de nos villes auroit bientôt ufé la corne fi nous ne la revêtions de fer. Mais ce fer ne doit pas s’appliquer arbitrairement : la conftruâion du pied prefcrit des règles au maréchal qui ordonne la ferrure. Touts les livres parlent de la ferrure ; touts traitent àçs maux ^ du pied & des remèdes convenables : aucun , fans * comparaifon quelconque, n’a mieux connu le pied & fon vrafi traitement , que M. de la Foffe. Nous lui devons une méthode de ferrer que tout homme de cheval adoptera s’il la connoît. Elle préyient bien des maux , & garantit d’un plus grand nombre. ^ • .

Le pied eft enveloppé par le fabot ; le fabot eft d’une fubftance pareille à celle de nos ongles &à la corne du bœuf. Les parties qu’elles contient , font la chair cannelée , des os , des tendons , & des vaiffeaux qui ne font point à l’aife dans un fabot trop petit & trop plat. Le pied doit donc être extérieurement haut & petit ; car s’il eft trop gros , il fait un volume trop lourd , il embarrafle la démarche du cheval & fatigue la jambe. Les parties contenues ne doivent pas être comprimées ; leurs fondions fe rempliroient mal , & il s’enfuivroit de la douleur. Le fabot fe divife en pince & en deux quartiers. Ces trois parties s’arrondiront également , afin que rien dans le pied ne foit comprimé. La corne (era épaifle pour ibutenir le choc des corps étrangers , & amortir leur aâion. Elle tera douce & liante , afin qu’elle rt’éclate pas dans les heurts , & que le§ parties internes ne foient pas expofées à lair par quelque fente.

Les talons font la partie poftérieure du pied ; ils pofent fur la fourchette & s’ur^iflent aux auaniers par les arcs boutants. Leur compofition eft à-peuprès la même que celle du fabot ; ils font plus mous & d’un tiflu moins ferré. S’ils font durs 8c trop rapprochés, ils compriment les tendons qui pofent fur la fourchette , & arrêtent leur jeu : s’ils font bien ouverts , relevés & gros , ils les mettent à l’aife. Ces talons font appuyés fur la fourchette , comme tout le refte du pied eft borné par la foie. La fourchette eft fpongieufe» épaifte» un peu humide ,& impénétrable C H E mêrable iorfqii’dle n*eft pas amincie par le bdutoir. La foie de corne a les mêmes propriétés* ’ La mauvatfe coutume de parer le pied détruit tours ces avantages naturels ; & il en réfulte que le Ï»ied étant creufd, le poids du corps eft foutenupar es quantess > & tend toujours à enfoncer le léger obftade qui fépare la terre» des parties contenues du pied. L.«s os, & fiur-tout les tendons , font fuf* pendus fans appui , & font approcker les ouartiers mi» à leur tour, gênent les tendons & lesvaif* leauz. Si on éritoit au contraire de toucher au de* dans du pied , toutes les parties internes poferoient à terre , & ne feroient pas fans cefle tiraillées : la fourchette étant aflez molle , réfifteroit à la réaâion, & préferveroit les tendons de toute cépercuffion ; ranimai feroit ferme & fe foutiendroit par -tout. C*eft le y«u de la nature : pourquoi la priver des fecours qu’elle s*eft appropries ? Loin de les confère Ter , nous chargeons encore les pieds des chevaux de fers lourds, gliâânts, & prefque toujours fi peu conformes au contour du pied, que nous le forçdns de fe placer dans une attitude qui le contraint. J*exhorte à lire , à étudier , & à bien mettre en pratique , les confeils que donne à ce fujet M. de la Fofle. Il n’eft pas de mon objet d*entrer dans plus de détails fur le pied : c’eft dans le livre de cet homme favant, que Ton doit aller s*inflruire. Nous nous contenterons de dire que pour le choix des pieds il eft important qu*ils foient bien faits » réguliers & petits. Jamais un grand pied n’a aflPermi la marche de Tanimal : tout éunc en équilibre, des épingles, bien difpofées, le foucien* droient.

RéjUxUns/kr Us Jambeu

Les Jambes du chevàl font tantôt des appuis qui foutiennent & qui étayent toute la maiie ; tantôt elles font un^ poids à tranfponer. Dans le premier cas , il faudroit que Tappui fût confidérable ; dans le fécond, que le poids mt léger. Ceft à Técuyer à chercher une proportion qui participe de ces deux {propriétés. Il s attachera à irourer des jambes dont es mufcles foient a/Tez forrs pour les os , & des os durs , compares & bien conformés. La grofTeur des jambes eft un défaut, loin d*ètre un mérite ; & leur finefle eft fouvent une caufe de foiblefte«  Du Dos & dis Rtîns.

Le dos & les reins doivent être audî hauts vers le garot que y^rs la croupe , droits & fans aucune inflexion fenûble : car une verge droite à plus de force qu’une verge pliée & courbée. Comme cette partie du levier réunit les deux extrémités du çkt-W, elle a befoin d’une grande force, & fa force confifte daiis la gro(rettr & l^inion de toutes les varties qui la compofent. La force des ligaments & leur peu de longueur, ainfi que Tépaiffeur des mufcles , augmentent la vigueur des reins, La flexibilité doit s’accorder avec h force ; &Jl eft aflez rare de trouver ces deux qualités réunies. On de«  MfuUaiion , Efcrimi &Dan/i.

CHE 73

mande que les reins foient larges , bien arrondis, très-bien faits , & trcs-bien proportionnés. Des reins longs rendent cette partie du levier trop flexible ; & comme elle eft fujette à une réadioil continuelle , fon jeu fe ralentit aifémént fi elle eft longue. Il eft vrai que le mouvement eft plus doux pour le cavalier, parce que plus il y a depanies à déplacer , moins il lui refte d’aâion & de fecoufles à effuyer. D’ailleurs les reins longs rendent l’allure du cheval moins hardie & moins fermé. Le cheval court de reins eft plus dur, plus vif , plîiir fort, & d’un plus long ufage. La bonté âes reins fait prefque toujours le bon cheval ; & pour les connoître il faut le monter. Souvent la belle conformation eft démentie par les mauvalfes qualités^ Des Cites.

Un cheval qui a la côte ronde , a ordinairement’ un bon tempèramment. Les vifcères qui fônr contenus dans des cavités fpacieufes , font plus à leur aife, prennent un bon accroiftement , & fourniflent par- là avec facilité aux fondions vitales. Celui au contraire dont les côtes font plates , doit avoir les parties internes moins bien conftituées ; il eft moins vigoureux , a moins d’haleine , & nage plus difticilement. Il réfulte d’ailleurs , de ces deux conformations, des eflets contraires pour Thom*. me : la côte ronde préfente plus de dimcultés pour l’enfourchure ; le cheval plat s’y prête plus facilement.

Du Ventre.

Le ventre trop sros fait un grand poids dans l’animal ; de plus , il empêche que (es mufcles n’agiflent avec force r & que (es jambes de^erriére ne fe portent fous le point central. Le ventre re* ttouffè dénote un mauvais tempérament, & des inteflins peu confidérables : il s’enfuit que ie^hcrml prenant une petite quantité de nourriture , n’en conferve que peu , & qu’il ne réfifte pas à de longues fatigues. Dans ces fortes d’animaux , les mu A. clés du bas-ventre font fouvent minces & petits , 8c leurs fondions s’en reflentent. Le ventre bien fait eft celui qui ne tombe point plus bas que le deflfous des côtes , & qui ne faille pas plus qu’elles fur les côtes.

Le flanc bien arrondi, fans creux, & uni , eft tr^s^rare. Bien peu de chevaux font dans cet état. Il dénote une M>nne difpofition entre la graifle & la maigreur» Ces chevaux font ordinairement d^ua bon entretien.

De la Croupe*

La croupe s’étend depuis les reins jufqu’au haut de la queue ; elle eft principalement formée par tes os des iles. La largeur ou la dift^ance de la partie la plus fupérieure de ces os , indique pour l’ordinaire de la vigueur. Un cheval dont la croupe eft étroite , a peu oe folidité, tant parce que les vifcères font mal logés , que par la ténuité des mufcles. La croupe avalée des ckcvéux d’Efp^no ne nuit pas à leur 74 CHE ,^J)ontt On préftrera toujours une crotipe b !en’cha^ mie & bien conftruite , à moins que l’on ne foit dédommagé par des reflbrts très-élafliaues. Plus la croupe eft large , vue de profil , plus ranimai a de reflbrts. La raîfon efl eft facile à comprendre : Tott-Terture des aneles formés par les osdescuifles» étant trèsrgrande , prête une extenfion & un étartement confidérable aux branches formées par les os fémurs , du baÛin , &c.

La croupe eft dans la hauteur convenable au méchanifme le meilleur du çkeval, lorfau^elle eft de niveau avec le bas du garot. Si elle eft trop haute , l’aâion continuelle du theval le précipite fur les épaules & Tatrerre ; l’animal a de plus grands efforts à faire pour former l’équilibre de Téquitation^ & £ :>n allure n*eft jamais ft légère : le cavalier même éprouve du défagrément de cette ftruâure. On voit peu de chivaux dont la croupe foit trop bafle : ceux qui font conftruits ainfi, font légers, faciles à ^fle^ir ; mak les reflbrts étant compofés de bran* ches trop courtes , n*oot pas un grand jeu. Il eft à Sropos , dans cette partie comme dans les autres» e choifir un milieu qui renferme les bonnes qualités.

Des CuîffeSm

’ Les cuîfles font formées par le fémur qui eft attaché fortement aux os du baflln.^ Il eft à (ouhalter que la cuifle foit large , charnue & compofée de mulcles trés-fons & bienrélaftiques. Dans 1 homme, le fémur eft le plus lone des os : dans le chival , il n’en eft pas ainfi ; mais ifeft très-gros & affez court. S’il eft long , il ouvrira avec le baîmn un angle coafidérable. Se aura beaucoup de jeu. La fefle doit être bien arrondie & chamiie , fur-tout dans le dedans de la cttifte»

Des Jémhu éUéUnière.

La première rartie eft ce mi’on appelloit improprement la aiiiTe : elle doit être plutAt courte que longue. L’os a plus de folidité , & raâioo eft plus vive. Elle eft charnue & large dans le bon cluvaL On y diftinsne teuts les muicles lorfque le travail les a bien déuchés. Le graflet fera attaché fone* mtnt & de manièie à éviter tout dépkcemenu Des ’Jarrettm

Tout connoSffeur, ou prétendu tel ; Vattache à bien connoitre les jarrets d’un ckeval & à les choifir bonS( On a raifon apurement. Mais il efl malheureux que fouvent les bons jarrets que Ton a choifis deviennent bientôt mauvais ; car la conftruâion de l’organe ne fuffit nas pour fon bon emploi , fi >^ l’homme ne donne à Fanimal une difpofition dans laquelle les membres foiem foulages, même en travaillant beaucoup.

. Le jarret eft compofé de plnfieurs os , de cartilages, de tendons & de vaifleux ; mais il ne s’y trouve aucun mufcle* Toutes ces parties faines & bien conformées ne laifleut aucuil.. interflice , & alors b jarret eil fec & bien èwidé« Mais .ibuvcat , par la CHE

défui^on q« léfulte de quelque déran|eoient»off voit au jarret des panies accefibires : ce lont de vrais défiiuts qui arrêtent l’élafticité, le mouvement , & fouvent toute aâion du jarret. Ce déplacement , occafionné par une compreffion violente, & par une extenfion forcée qui détruit le rttflbrt des vaif» féaux , donne lieu à qnel<ptes vuides dans lefquels la fynovie s’épanche , féjoumé & fe durcit ; de-là ces tares qui s’oflîfient à b longue , ft qui dimi* nuent la bonté des jarrets* Je ne parle poim ici des tares occafionnées par des accidents , les livres élémenuires en font d’aftez grands détails. Ceux oui comorennent bien le méchanifme di^ la propemon de ranimai, conçoivent combien lee jarrets jouent un grand r61e. Quelques défauts pai^ ticuliers ne détniifent pas uniquement le bon effet qu’on en defire ; leur union & leur attache avec les os fupérieurs & inférienis , eft quelquefois un vice Incorrigible.

La bonne pofitiim-dn jarret eft cdte dans laquelle il appuie , dans le temp« de la foulée » à plomb fnr Fos du canon , enforte que Teflort fe faffe dans la perpendiculaire , afin de repoufler le pbids pen>endiculairement. Des jarrets clos, ou qui fe touchenc par la pointe , n’ont pas cet avantage ; & l’on voit pourquoi ils ont de plusUnconvénient des’embarraffer dans la marche. S’ils font trop écartés , l’animal fe berce, fe balance dans fon derrière , & n’efi jamais ferme & décidé dakis fon allure. Les jarrets doivent être aflez plies en dedans : s^ds font droits , ils ont peu de reflbrc

Quelques tares ne doivent pas fiûre rejttter m cheval : c’eft fon enfemble qu*il efl à propos de rechercher. Son méchanifme total, s’il eft bon , dé«  dommage quelquefois des l»ères imperfeAions d’un membre. Le vrai connoifleur diffère en cela du maquignon : l’uta confulte les qualités du che^ vtf/, & l’autre Texemption de certains défauts ex* teneurs*

Des Boulets ie derriire , P des Paturùns. Les Boulets de derrière fouffireht plus d’eflbrts que ceux de devant , ils donnent appui à une plus grande maffe ; & fi cette maffe eft confidérable , la trop grande extenfion relâche le tendom De-Ià les expanfions de lymphe, qui, avec le tem|K, font boiter l’animal , parce que le jeu du tendon eft arrêté.

Le boulet doit être net & bien fec , fans aucune ^rofleur auelconque : lorfqu’il a cette condirionott juge qu’il eft&în & confervé.

Xe paturon long eft délicat , peu vigoureux , d*un reftbrt lent fc inaâif. Cette patrie étant* coune^ foutiendra plus aifément le poids du corps & la réaâion du terrein.

Nous renvoyons aux Hippîatres qui ont traité en détail de toutes les parties du cheval ; nous n*avons pas cru devoir repéter ce qu’ils ont écrit :il nous fuffifoit de joindre, à ce que tou^ le monde fait » des fliocift raifonnés qui puuent démontrer la Digitizèd by C H E bonté fTiine conformatiaa , préftnablement à «ne autre.

Du choix dts Chevaux , relanvmens à Pufétp auftel on les deJH/u*

Ce qne nous venons de voir fiir la cosformatlon des parties du cArvtf/^ nous conduit natureDcinent à rechercher en quoi & pourquoi tel ou tel sAtvsl eft boa à un fervice plutôt ^u’i un autre. Il eft certain » par une eApérieoce |ouraaliére » que le ittéme chwéU n’eft pas propre à touts les travaux : il en eft un qui lui plait davantage , & qui lui convient |>lus particulièrement. En emt une madiiae cen* poCèe n^a qu’une defttnation : le ciepsl ne peut fe mouvoir <pie confonnément à fon mèchaaifme ; £l rien ne peut amener & un uiàse ce qui y eft dîaanàualeinem oppoft»

Du Cheval dé Châji.

Le ckeval deéiné â courir a befeia de I^jèrcté : c*eft une de fes plus belles qualités. On tire parti de août cheveu qni eft léger : fouvent nAoïe la l^iretè dédomfluge de auelques médiocres qualités qui fe Tencontrent dans VanimaL La légèreté dans le chtval eft relative à la peânteur 8c é la lenteur ordinaire de refpéce : car tel cirv^i aura réeUemem de la légèreté , qui , comparé à tel antre » fe nouveroit pe> fann

En général la Ufèreté du ck^éd ku vient des rapports qui fe trouvent entre le devant fie le derrière , entre les panies qui font deftinées àétse enlevées , & celles qui font reflbrt. Ceft donc ici une a&ire de confiruffion. Un chinai de courfe eft vraiment léger , lorfque fon devant étant un peu étoflî & facile à enlever» fes reins , fes hanches & fes jarrets ont une arande propriété de reftbrt , & peuvent chafler aiiéfflent en avant toute la mafie du cAevaL

Il eft à propos de fe rappeller ce que nous avons dit fur la progreffion & la conftruâion de Tanimal. Si la tète» Tencolure & les épaules font légères» elles formeront un moindre poids , & par cooféquent chareerpnt moins ledemère,

La tète d un coureur fera donc petite & peu char* eée de chair » 8c fur«tont bien attachée : Tenoolute lera mince » peu fournie ; fit les reins feront bien conformés, ann que les mouvements fe firent dans la direâion la plus naturelle.

  • Les épaules du Goiu^ttr ne doivent pas être étoffes,

eltes feroient lourdes ; Se il eft.rare qu’étant pla^s elles foient mouvantes &, Uen aâives : c’eft cependant un point bien important* Prefque touts les cluvaux qui ont coum qnelquetemps , remuent Eu romoplace , & certainement Taffion étant plus mée» la vitefle eft meindre* Néanmoins ii un tel^AfW tomboit entre les anins d’un homme fiige & infimit ».quî Ini remit les épaules par un travail doux» ranimai pourroit encore s^ètenire. Les ïambes «n oen longues fiant à dkrlîrer pour In (fiéera/ de ceule a car elles embrafem un phu C H Ë 7ç

grand terrein» 8c procurent de U vitefle. Pour la Eoffeur dû corfage , il.cft à fouhsùter qu’il foit bien it» mais fluet : car en général les coureurs minces ont un branle plus agréable , plus vite & d’une plus bingue. haleine. D’aUleurs un corps trop gros avec des iambes minces & longues y feroit difprûpor* tioné^ & les jambes ne te feutiendroient pas. Les jaàibes greffes font un poids oui ralentit la vitefle : les pieds gros ont suffi ce dé£rot. Il eft effemiel qne les articulations foient bien faites Se bieA attachées ; car c*eft dans ime allure vite , que leurs Itgar ments’ fotit aiiément forcés.

Le dos & les reins d’un coureur font durs k l’homme , slls font courts ; mab l’animal en a plus de force, jiar la raifon qu’une verge seurre eft moins flcxiole en raifon de (à briéve^ L’épine du dos doit être ftesible néanmoins y pour que l’hom» me n'q>rouvepas une réaâion doulouréufe. Les articulations qui forment les hanches doivent être aflbuplies, afin oue leur ftexion & leur eatei^n fe bSknt dans le plus grand degré poffible. Les jarrets les meilleurs & pleins de reâbtts » ne font pas trop bons pour un coureur. Car ^ comme ce reflbrt eft chargé & fe détend avec prédpitatioii fit promptitude , ilne peut fe faire ^’ils n*aientfouvent des commotions violentes qui en déilangent la bonne économie. Enfin , ils ferdnt biei^ efpacés » bien formés 8c bien attachés.

Une croupe 6c des cuiâês charnues déborent-dè la vigueur 8c des refloorces bien effentielles au coureur ; des pieds foibles 8c douloureux font un grand vice pour lui ; chaque fois quils jpofent à terre ils " le font fouflirir, 8c lui dtem cette gaieté fans laquelle un chevêl de courfe n’a pas la mèmevitefTe. Si Ton tronvoit un tkivél conformé alnfi , qu ! eût d’ûlleurs un bon tempérament, furement il courroit vhe ; mais les ckâvamx font rarement fuivis dans touts les points. Un cheya ! de petite taille fit ragoté a rarement une grande viteffe. Ceux oui font très-tievés 8rtrès->eu corfés , ont des mufcfes trop foibles. (^ ne ffouve que dans les chtvimx de races primitives les qualités nécefTaires ; ils ont une force de cmtraâion dans leurs mulcles , fie des proportions fi parfaites , mi’ih font très-propres à la courfe. Les arabes , les barbes , les turcs ontlupèrieorement cette grande viteffe ; ils la communiquent» jufqu*à un certain point , aux mèti6 qui fortent d’eux. Prefque toute la force d*un coureur eft dans fes reins fie dans fes jarrets. Ceux qui courent aîlement fie dliabinMle , le font avec une forte de négligence s*ils ne font bien étendus ; ils traînent les hanches t tont décottfus, fie ntfent le tapis t Ib femMent dé^ daigner une allure lente. Dans le grand train » le bon cheval ne mukrplîe pas fes mn , mais il em* brafle plus de terrein.

Les chevaux d’une vltefTe extrême » ne font pas toujours des ckevMtx propres à la chafle. Ces nn| coureurs ont un trot très-médioere pour l’ordinaire ^ fie comme ils font minces 8c d*une conformatioit délicate « ils fie fiipponeroieatpas une fatigue qui Kij

Digitized

by 7<5 . C H E dureroSt longtemps. D’ailleurs ils ne feroient bons i que dans un pays plat & dans des bois bien perces ; dans tout autre terrein , dans les pays cou- | pés 9 dans les taillis , on eft obligé de trotter , de fauter des haies & des foâis » & de donner beaucoup de fatigue à fon chevitL On ne va pas toujours grand train , fur-tout aux chaiTes ordinaires. On doit donc s’attacher à avoir des chevaux d*une conftruâion différente des coureurs. Les qualités d*un cheval de chafle propre à touts les particuliers qui n’ont pas d’équipage en règle , font une conftruâion folide de touts les membres ; un bon trot allongé & doux ; un galop étendu & un peu enlevé de terre, afin que le cheval ne bute pas , & fur-tout de l’haleine & de la fageffe. V n cheval deûlné à cetufage feroit donc conftruit ^infi« La tête & l’encolure feront toujours conftituées conformément aux idées que nous avons données dans ce traité. Les épaules feront bien libres & médiocrement étoffées , afin de ne pas former trop de poids : leur liberté facilite la progref&on prompte du cheval, La jambe fera un peu fournie , fans trop de groffeur , afin que l’animal puiifc foutenir le fardeau de fon corps , & ne pas chanceler dans les terreins difficiles & raboteux. Le corfaee un peu étofle convient aflez à un cheval de chaue ; comme il a quelquefois à pénétrer dans le fort, il fe fait jour plus nardiment , & tire fon homme des nillis où il eA obligé de fkire {>lier les branches & les jeunes arbres. La croupe arge & de bonnes hanches feront bien en proportion avec le devant ; le cheval tn aura plus de légèreté ; car malgré fon étoffe, il doit fe remuer avec aâivité. De bons jarrets lui font utiles pour fauter & méàie pour courir : car plus le cheval a de corps , plus les jarrets ont d*ouvrage pour le poner* Si le aheval étoit deffiné uniquement à trotter , des jarrets médiocres pourroient lui (ervir ; mais il feroit plutôt ruiné. Enfin un bon cheval de chaffe devroit avoir les mêmes qualités qu’un coureur , à l’exception de rétoffê qui eft plus confidérable : car d’aÛleurs il doit être propre i galoper* Il fe trouva fouveat des chevaux étoflis qui ont un bon branle de galop , & qui tiennent longtemps. On recherct^ nos chevaux normands pour k diaffe ; ils réuniuent, auand ils font bien chotfis , les propriétés aue je défirerois. Xa figure , & la commodité de l’allure , font les régies an choix <[u*onfait de% chevaux de«chaffe pour les maîtres eu pour les piqueurs. Les véritables veneiirs défirent d’être montés folidemem : un cheval trop fin sie peut pas être propre à fuivre les chiens dans un ffiys coupé.

Pu cheval ir manège.

On trouve pins aiiement un bon coureur qu*un êhevat propre au manège -, c’efl pour lui que les belles proportions font a défirer : je m*cn tiendrai i ce que j’ai dit fur la belle coaAruâion dvL cheval. Cdi en £(pagae qu’on trouve la plus belle efr C H E

pêce de chevaux pour le manège ; ils ont des épata» les brillantes , des hanches & des jarrets pleins de refiTort , une vigueur & une générofit qu’ofi trouve rarement dans les autres efpéces. Prefque touts les mouvements de chevaux de manège fe font en hauteur. Il feroit difficile de pénétrer affez avant dans la nature pour erpUquer ee qui lionne du tride à l’allure du cheval deftinê an manège ; car il doit en avoir de lui-même. Je ne prétends pas en développer les caufes ; je dirai feulement que ces chevaux ont les mouvemems plus foutenus , plus harmonieux & plus d’accord que les coureurs*

La beauté eft un mérite pour un cheval de manège. Elle ajoute beaucoup aux attitudes dans lefquelles on le place. Tout cheval qui a un vice efienttel dans fa conformation , eft peu propre aux exercices du manège, pour lefquels la nature & l’art doivent fe trouver aaccord & ft réunir. Un’eft pias ordinaire qu’on ait des chevaux de manège à drefler ; le genre le plus commun à touts les an«a«  tenrs eft celui des coureurs : néanmoins il eft avair tageux qu’on fâche les connoitre.

Du cheval de guerre^

Le cheval de eucrre doit être bien conformé , (o-* lide par fa conftruâion , libre dans fes membres autant qu’il eft poffible , fage , obéiffant , léger à la main , & fur«tout aeuérri contre les bruits ordinaires de la guerre. Ily a des chevaux naturellement peureux , que la meilleure éducation ne guérit pas. Ceux là font à rejetter. Il n’eft pas néceffaire » il eft m^me incommode, que les mouve«  ments d’un cheval d’efcadron foient trop brillants. On fera très-heureux fi toutes fes allures font fran«  ches , quoiqu’il nJen ait aucune de bien brillante. La fureté de l'officier dq>end fouvent de la bonté de fon cheval. 11 n’y a rien à négliger dans le choivii Toutes les perfeâions de la conftruAion fe trouveront donc dans un tel cheval. Il doit être un peu étoffé ; il feia plus propre i foutenir la fatigue r dailleursuncAevii/ mince eft bien mal placé dans un efcadron , & les chevauxhxùts montés & étroits de boyaux font d’un mauvais fervice. il feroit à (bnliaiter qu’on employât pour les efcadrons beau* coup de chevaux normands ; ils réunifient les meilleures qualités ^ & ils font incomparablement meilleurs pour la fatigue que les danois , les allemands, &c. L’efpèce la plus propre au cavalier eft le petit caroffier normand de dix pouces. Il s’en trouve même dans cette claffe qui iont légers, malgré leur étoffe.

Des /au ébchtfTk

Les fens font certames facultés des corps ani«  mes, par lefquelles ils entrent en commerce avec les objets extérieurs* Ce font autant de moyens 3u*on doit ménager pour mettre le cAeval en état

  • obéin Uexercice des fens eft une fenAion purement

aaiaule ; mût la ieuiàMa qui esiréfiilMt C H E fe pafle dans refpèc6 d’intelleâ de ranimai , fel«n le fens dans lequel le fentloient eft excité ; car autre ’eft la fenfation réfultante de Torgane de Touîe affedée , autre eft la fenfation qui vient de la vifion. Il eft bien étonnant qu*on attribue à la matière tant de fenfations diverfes , elle qui eft la même par-tout. Quelle diflérence en tfe t remarquet-on dans les nerfs qui occafionnenne fenriment îians touts les organes ? Ne dbit«on pas conclure de la reflemblance de leur compofition & de la variété de leurs ufages , qne c’eft l’ame ou Tioftinâ de Vanimal qui diftineue & qui eft averti. C’eft par le canal des fens , & par Tufage que nous en faîfons , que l’homme inftruit le cheval & le dîfpofe à lui rendre des fenrices que rinftruâion feule peut procurer. La nature n*a point foi-mé les fens du cht^ai ,/imparfaîts en eux mêmes , quoiqu’ils le foietit queloNefois relativement à Fufage de ranimai : mais rart t% perfeâioùne , ou du saoins les appropria davantage à nos befoins.

  • Je n'entre i>otm dans, les detaik anatomiqiies des

organes des iens ; ]t me borne aux obfervations qu on fait fur chacun d’eux.

De l'œil.

L'œil du cheval, ainſi que celui de touts les animaux perçoit les objets extérieurs avec une grande promptitude. Souvent ces objets font ſur lui une impreſſion douloureuſe, & qu’il cherche à éviter autant qu'il ſoit poſſible. Sans doute le nerf optique reçoit alors un ébranlement trop conſidérable qui porte l'animal à fuir un corps qu’il croit lui occaſionner de la douleur.

Le chc94l a l’inftinâ de confid^er avec antfltion

  • & inquiétude Tobjet qui lui eft défag^ble ; il v

-porte la tète, arrondit tout fou corps , éloigne la croupe ; & fi h peut’ coittihué, il fe prédpite de €&té , ou fait une pirouette après laquelle il s’enfuit s’il peut. Les corps blancs fur-tout , ou d’une couleur trés-frappante » effilaient les chevaux : quelquefois anffi la forint 8i la grbfTeùr des corps leur en impofent. Ontioi^ ci^ire que cette é’raitite provient d’un^vfee dans la conformation déPbnl,’ou de la foiblefTe des nerfs. Il faut accoutuitièf animal peu- . reax , en l’apprdchint peu i^peu àéi 6h]ets ’, & en le carreflant. Les gens inftruits évitent fur-tout de le battre lorfqu*ii a peur ; ils le portent avec patience far l’objet , juiqu’à ce que le ckevki l’ayant bien examiné, & ayant Vu qu’il ne.lùi -èccafioniïe aiKune douleur , prenne l’hanitude dé pMer à côté fahs appréhenfîon. •’ '^

Il eft bon dans le commeliceinent de dèfourner leurs yeux des corps qu’ils craignent d’approcher, en les pliant du’ côté oppofé , juiqu’i^ ce qirils aient une cenaine confiance dans l’homme ; &- qu’ils fe laiftei^ conduire volontiers. La feule perfeâion à laquelle on doive tendre à cet égard, eft’ de faire paifel" te cAfv#/ franchement dans tôuts les endroits îk auprès de toms les objets poffibles. Ia douceur , la patience & Tufage diminaem C H E 77

l’ombrage des chevaux ; mais il’ en eft que rien ne peut corriger entièrement : il fant alors être fur.fes gardes & le méfier de tout.

. De tOuïe.

Le fon excite dans tout le genre nerveux de l’animal un trémouffement plus ou moins confidéfable , félon fon étendue & fon volume. Ce trf-’mouflement , lorfqûll eft fort , excite 1 ardeur & la vivacité du cheval ; il bondit , & il femble perdre la tête. L’homme a de la peine i le maintenir, à le faire reftèr en place , & à le conduire où il veut. Ce n’eft que par Tufage & l’habitude , qu’il vient ï bout d(émoufler le fentiment trop vif eue lef fons lui font éprouver , & qu’il le rend lage oc tranquille. Il y a des chevaux naturellement cal^ mes , tandis que d*autre ; font très-difficiles à rendre infenfibles. Touts les bruits de guerre & d j chafle animant les chevaux , & alors ils s’agitent d*une manière prompte & brillante*

De tOdorat.

On connott peu le degré de fenfibUrté de Tor*g ne de l’odorat du c^vif/, ^ les odeurs qui Taf^ Sent agréablement ou défà^rèablement. Car il ne s’en fert d’une manière diftinâe que lorfqu’il a peur& an*il regarde lobjet qui l’inquiète. Alors il renâcle ot flaire très-fortement.

On ne fait aucun ufage de ce fens pouj drefler le chival , non plus que de celui du goût. ^Du Tùuchêr. .

Le toucher eft le plus général de touts les fens 7 il s’étend par-tout le corps ; St.’A renferme pour ainft dire tes autres , puifque leurs fonâions fe font par un artouchém’ent. L’organe du toucher eft la peau qui couvre toutes les panies du corps. C’eft un tiflii de fibres , de nerfs & ii^ vaifleaux ^^ dont lentrelàcement en touts fens forme une étoffe femblable k des femelles de fouliers faiteii d’un cuir épais & moit, ’ .

’ La fenfation du toucher fé fait â la furfâce extérieure d^ là’pean. Les extrémités des artères & de> veines capillaires , après avoir concouru à former le tiftu de la peau, fe dépouillent des premiers parois que leur fournit la dure mère , fe panagent en plufieurs, lambeaux *, fe collent à la furface de la peau , .&^fbi^entainfi, nne efpèce de réseau quoti^’nomnte’ corps ^ rétîciAaire’. Ceft entre lei mailles de ce rè^^^au ,. que s’épanouifl/snt les extrémités dès^ petits’ rameauSe nerveux dépouillés’ de leur première tunrqtte ;-cllés s’élèvent « donrineflt un peuâu^defTus en* forme de petites houpes ; elles font abretxvées d’une lymphe fpiritueufe qui leur donne la foupiefle & le reubrt.

Par-tôHt où il y a des nerfs , là fç trouve le feni du toucher ; & il y en a pir-tout : mais ils ne font Î^as en aufll grande ^tânrité dans toutes lès parties u corps » & par conféquent le fens du toucher ny 78 C H £ cft pas auffi parfait. Sa perfeâlon .même dépend de la teniion des nerfs & de Tétat aduel de Taninal. Un chtval fatigué & malade a te fens du toucher moins délicat que dans Fétat de fanté & d’un exercice modéré.

L’irritabilité trop grande du fens du toucher , xend l’animal chatouiUeuz. Le chatouillement tient du plaifirdont îl efi Pextréme, & de la douleur dont il eft comme le premier de^ré. En toute occafien » dans Téquitation , il efl tres-incommode au tkeval ; & fouvent même lorfquon ne fait que frotter fa peau su lieu dV porter un aide bien franche & bien décidée , il le défend & devient rétif par llncommodité qull reflent. Le chatouillemt au refle n’eft tel que torfqu’H y a de Tintersnent :

valle entre les petits conuâs des corps fur la peau ; . car f ! ce taâ eft conitinu » ({uoique léger » A n’eft point incommode. Cela efi bien eirentieî à re* saarquer pour bien connoidre la valeur des opérations des jambes à cheval. Si le contaâ efl affezdur pour léfer leshoiipes nerveufes de la peau , il en réfidte une douleur plus ou moins confidèrable , ]ue Tantmal cherché à éviter en fuyant ou en ceant au corps qui le touche. Un attouchement doux il modéré le flatte & lui fait plaifin ’ Cefl en employant,. félon les circonflances ou 4e befoin » ces deux fenfâtions oppofées , qu’on vient à bout de drefibr le cheval ; car il eft toujours guidé par le fentiment : c’eil à nous à le rendre parfait par Texercice ; mais de manière qu^il hy ait pasd excès : car alors le cheval eft incom* mode Sc’prefque toujours inquiet.

Les ébranlements queues nerfs éprouvent font agréables ou défkgréables au cheval , félon qu’ils font conformes , ou contraires a la nature. Les diflérentes imprefions que reçoit le cheval , font tranfmtfes à fan cerveau « qui en efi comme le dépofiuire, & ils y fubfiflent plus longtemps que dans les fens ; enlorte que l’animal fe rappelle ces Wflférentes fenfâtions irès - aifément , des que le Ï lus petit objet les lui retrace. Mais la durée de exiftence de ces impreffions efi proportionnée à oelle de rébranlemem & à fa vivacité. Atnfi les aides les plus décidées rendent le cheval prompt 4ans foB obéi^Suice » & fixent fon attention » parce que le cerveau eA ébranlé fortement Un ébraa* lement trop vif le fait fouffirir ; il craint de réprouver , &il obéit par icoap* croyant par là éviter la jdoulent : delà ont de •defôrdres qu’on pourroic Ipargner à Tsiilm^ tm .le. flattant avec douceur & tranquillité. ». : a •

La répétition d’un même ébranlement, fortifie la joémoire du chevaU parce que les traces devienjient plus profondes dans fon cerveau : & travailler /ur fon entendement n’efi autre ohofe ^pie répéter les aâes qui le conduifent à’faire les mouyemems que nous défirons/jufqu’à ce que l’ébranlement ait aflez aflTeâé le feus imérieur ou le eerveau , Sur que Timpreflioa fe lenouveUe au mçàaixc nal .. • ,

C H E

La capacité du cerveau & retendue des nerfs font que ranimai peut recevoir fucceâîvçment & con* ferver diverfes fenfâtions qu’on lui fait éprouver ^ & , lorfque le cerveau eft plein de ces fenlâtions , l’animal opère machinalement les aâtons que chacune d’elles excite. Ceâ donc à nous à les opérer comme nous le jugeons à propos , mais de manière que jamais#oi]s nexcitions une fenfation pour obtenir par elle un mouvement qu’elle ne peut produire , & que nous ne mêlions pas des fenfâtions mii produiroient des aâions oppofées entre elles , ocqui ruineroiçnt l’animaL La perfevérance dans les mêmes feniktions confirme les chevaux : la variété trouble leur tète* Lorfque nous apprenons quelque chofe de nouveau au cheval , l’ébranlement doit itre répété bngtemps avant qu’il ait pénétré fortement le carveau ; & ce n’efl qu’alors que l’animal obéit librement, n cA même quelquefois néceflaire de lui faire fentir de la douleiur , afin de Tobliger à blrt attention , & à fe rappeller la leçon précédeoce aa lieu de celle dont il s agit.

Ces difilrentes aflertions font antatit d’axiome» qu’on *doit toujours avoir préfents Iprfqu’on cnb* vaille le cheval ; ils font comme la baie de nos aides : on ne peut ti ;availler fur la nanM, froa ignore fes procédés.

. , La bouche &. ^es ^ancs du chevalfont les partie» fur léfquetfes nous agiflbns le plus imméiUatement pour exciter le fens du toucher : c’cfl donc en cherchant les moyeag de les employer convenablement , qnie nous abrégerons nos travaux» & qoo nous accélérerons fon inftrnéKiOff. .^, De U lùticàt Jà >eheital , & de UfenJUilMdei ham^i Toutes les parties de notre art font liées eot^r elles ; & nul n’en peut comprendre une 4 s’iljiln une coanoUIance fnfiifante des autres t c*eft pour cela qu’il eft i^ difficile de bien raifonner (ur la bouche des chevaux. Il y a peu de gens en effet qui aient fentl par expérience ce que devient k bouche du chevu çntre les msiins 4e l’écMyer , & moins encore qm ioumetteot leur pratique an^ principes iHm/^ lionne phyfique.

L’ei^Btdu jnors ne fe détermine pas uniquempnt par la conflruâioa de I^ bouche du cheval & par ta fenfibilité^ mais bien plus , par Le rajjfort 4e fes membres entre eux, par le .méchanrfoM de fos aâions^ 8l parréqviiUbra que le derrière & le devant ont acÀois^ans l’eaBercice d’une bonne école* Je fuis pérfuâdè , vu la compofitton de» partie» xpii forment la bouche -du ck»val, que ks barres font dWe fènfibilité exoème, & que la motndee Ereffioaiurcet endroit y caufe noe vive douleur* a barre eft compofise, comme on Ta déjà dit ^ d «0 os, d’un pênofte « & d’un prolonf cmeat de» jencives* Je compare la feofibiUiè de laJi^rre à celle de «os jambes : fila«M>ie4rechafe frsmpek partie antérieure dhi tibia , quelle Couleur tCtfifo$ir voa»«€lis pas 13 eft clique le pênofte èiantpeu I

CH E «evètu, le cboc des corps étrangers VaUfede plus fortement. H en eft âc même du périofte de U barre du cheval , & fans doute la lenfiition eft la néfiie*

Comme la nanirea mis des nuances & des vap nations dan» les formes de touts les corps de la même dafle , les barres de touts les chwux ne ie reOembleor point ; & quoique coaroofèes également , la fcnfibilîtèvarie comme les fermes, parce que Vaccès eft plus difficile à la douleur dans les unes , âc ^ue les autres font affedèes phis promptemenc. Si la barre efl tranchante, élevée 8t peu couverte de chair, alors le périofte n étant pas défendu » une légère preffiondu mors v excite une fenfadon fuffifante : fi au contraire eue eft ronde , enfoncée & charnue , on parvient avec .pc^ a opérer fur elle la fénfation requife. U partie fenfr ble de ia barre n’a pas toujours h mwne diretbon , fa conformation varie : maïs c*cfl roujours le tranchà iH qui renfcirmç la ponîon la plus déhcatc. Les jeunes cA*vtf«c n’ont pas la bouche plus fenfible que dans l’âge plus avancé : s’ils retufent le mors en commençant , & s*ils le coûtent dans la bnte , cela ne vient nullement du fond de la bouche. Ceft par h douleur fineulière qn’en’ftiit éprouver au chtvai an’ moyen de la preffion du mors , «u’on parvient à le dreffer : mais il faut fçavoir employer à propos cène fenfatîon. Si pour, arrêter la fougue d’un poulain on fe fervoit de cet inftrument» la douleur feroit fi vive, que ranimai, ne pouvant la fupporter, fe jeneroit , pour 1 éviter , dans de très-grands défordres : aufli fe garde-t-on de 1 afinjcttiravec le mors. Devenu plus fort & plusfouple , a le reçoit avec moins de peine , ^rce qu il peut éviter la douleur par robéiffancc. Enfin , lor^u il eft bien dreflê , Ule goûte & fe plaît à le mâcher, parce qu’il n’en éprouve aucune peme : en voici la L’animal , encore brut , veut éviter la dodeur, & pour cela il fait des efforts & fe rejette fur une panic éloignée & oppofée k cette douleur. S il a hi force & la faculté de fe teair dans l’attitude ou la fénfation l’oblige i de fe mettre, il s’ynent,& alors il ne fouffre pas : -mais ce n’eft que par art qu’on parvient à l’y difpofer. Si, au contraire, par ignorance ou par foibleffe , il ne peut fuir h preffion du mors , il fe défefoère, & fait tout ce qu’il peut pour forcer l’homme à lâdicrpnfe. Ainfi, pourvu que la barre foit fenfible, on peut tirer d elle tout le fccour* qu^ellepeut fournir pour dreffer un chtvai.

Cependant , fi la barre étoit trop aigue , la fenflbilité feroit alors ttop grande, & elle deviendroit incommode à Thomme , par la difficulté d’avoir la main affcx légère pour foulagcr le chvul. Si , par un excès oppoié, la barre effinfenfiWe , il en coure trop pour y exciter de là douleur, & pour guider animal On peut remédier au premier vice par le travail : car une preffion continue amortit le fentimenti ou dn moins rend lecA«i«/plus difpofti . C H E 79

fupnorter la douleur. Dans le fécond cas , on y remédie par la force du mors. Mais on doit chercher des bouches qui tiennent un milieu entre ces deux qualités ; enforte que par l’ufage elles deviennent veloutées fie agréaoles à la madn de l’homme. De lapofiiiom da Mon.

Le mon excite de la douleur lorfifull efl nui en aâion par l’homme : l’animal évite cette doukor s'il le p^t ^ fie il le petit toujours k>rfi|iie h cavalier travaiUe doucement & (ans précipitation «  «n pafiant par les dentés de preffion les phisim^ perceptibles : c’eft ce qu’on appelle avoir b main douce»

S le mors en lui-même 6c dans l’eut de repos, excitoft de la dtoulcur , te chevattie le reeevroitpa , & fe défefpéreroit „ même avant que de travaiUcn Pouf l’engager à le fupporter ,.il tam donc aue le mors foit le i^n» léger peffiÛè, afin qu’il charge moins bk barre ; qu’il pofe également , enibrte qu’un côté ne foit paa chargé plus que l’autre ; qu’à foit affuré , mais (ans trop de juAdTe , afin de ne point contraindre lès panies , & qufil ne vacille pas , ce qui foroit varier les effets ,. & donneroit de rincer* titude au cAtiW : enfin le point d*apjpui du mors doit porter juAc fur la partie la plus lenfible de ki hàucne ; ce fera un moyen de s’aflurer de fon effet & de le rendre prompt & dune grande v»^ leur.

Cette régie fouflnra des exceptions : dans let bouches trop délicates, en épargnant le tranchant de leurs Narres., on pourra venir à bout de leur donner de Tappul On dit qu’une bouche a de l’ap^ pui lorfqu’elle fupporte l’afluré de 1» main de Fhoaime , 6( oonféquemment une preffion s^ez forte du mors fi>r les barres* L’habitude, ficrexercice bien entendu, donnent ceue perfe£bon anx boue chivûu».

Il ne s’agit pas d’ajufter feulement le canon, dm mors félon nos principes , on doit auffi penferi 1» Î|Ourmette. Elle fera pofée en bon Heu , c eft-à-dire^ ur la barbe, afin jufte pour nepoim balotter, & pas trop pour écorcher le cheval, ii la bvbe efltrepi fenfible , on couvre la sourmene d’un feutre on’ d’un cuir. Souvem la banbe étam écorchée , ie-fitt«val fe dèfole, & n’obéit pu avec précifion : car cette partie a quelquefois une grande fenfihilité» D’ei ^f^ts du Mûrs.

Le ckivàl éprouvé de la douleur ta peint où le mors comprime fes barres, & la force de la compreC^ fion^ eft la mefure de cette douleur , qu’il fmt aveC une promptitude proportionnée ik fon intenfiié , & dans la direâion du point du contad qui lui eft’ douloureux. Dans le cas où plufieurs points éprouvent de la douleur, il fuit le plus grand nfiaT, fans cependant rèfifter an moindre ; enforte que slleft libre, c’eft^^^dire mené avec art,, il obéit à toutes 1er iiBpadfions , fdon * 1er degré de chacune : car il 8 » C H E fe peut faire, 8c il arrive fouvcnt, quilne barre foît ] plus comprimée que l’autre.

Quoique les barres foient Torgane immédiat fur lequel agit le mors, cependant il opère auffi fur touts les aurres membres, parce que fon effet change la difpofition que ces membres ont enrr*eux rfans rétat naturel du cheval ; difpofition qu’il ne Cmt conferrer lorfque fon équilibre doit fe comner avec le poids de l’homme qui le monte. • Le mors dans la bouche d*un jeune cheval lui •ccafionneroit une douleur infupportable qu’il ne .pourroit éviter cpie par des défordres, fi on s’en lervoit indifcrettement avant qu’il ait acquis la force, l’adrefle & Tintelligence qui lui font néceffatres* Quand la vigueur lui fera venue, alors des leçons laéthodiques > fondées fur le méchanifmede fes actions, & données avec difcrédon, le conduiront, par une progreffion infenfible> au point de fouffrir te même de goûter le mors. Dans les commencenents la douleur violente l’oblige àrejetter la mailè fur des membres tro^ foibles pour la fupporter en entier, & trop peu élaftiques pour la pouAer en avant : alors les efforts qu’il fait troublent leur portion naturelle ; & le mechanifme animal, dérangé dés l’enfance, nous laiffe un mauvais cheval^ au lieu d’un bon que nous aurions confervé » fi nous euffions employé la douceur. CeÇ donc fur un theval vraiment bon & afibupli, qu’on j » eu< con< aoitre les effets du mors.

Suppofons un bon cheval d’un âge fait, &— capable de recevoir un mors. Ajuftez>le félon les principes ci-deffus ; enforte qu’il y ait peu dlnter-Talle entre l’état de repos du canon & le mouvement de compreffion par lequel il excite de la dou-Icur. -Sentez les— deux rênes autant également qu’il eft poffible, afin qu’une’barre ne foit pais plus af£eâée que l’autre, & clommencei par une prefion inlenfible, que vous augmenterez par degrés. Dés que le cheval la fentira, il retirera la tète. Augmente ! la preffion, & que là douleur aille « hercher l’animal dans l’endroit où fa tâte s’e^l arrêtée ; alors 9 pour éviter la fcqfation doulooreufe, il rélèvera. Continuez de fertlif-îé mors fur les barres ; la tête du cheval fe’powcra— en arrière : & fi vous ne ceffez il reculera |ufqy’âi et qu’ayant fatigué fes jarrets & fes reins ^ il fiik enfin une pointe, & finiffe par fe renverfeK

Dans touts les chevaux, le mors produiroit <bcceffivement ces effets un peu plutôt, ou un peu Îi » Ius tard : ainfi,’quelque doux qu’il foit, il ne peut ervir, feuU à l’équitation^ Pour, en tirer toute nullité poiïîble, il faut donc en modérer l’aâion, & la proportionner à la fenfibilité & aux forces du ehevai ; il faut en outre, que l’animal connoiffe réperoR, & qu’il fe porte en ^vant pour les jambes. iJïi cheval qui fe décide franchement pour les E*’mbes..d$ l’homme, ue fe défordonne point pour preffioi) du mors^ Il commence » à l’approche de la douleur, par. ralentir fon allure tfilapreffion apgmc/ûe » h eiildve f^i tétç, fon col g fçs, épaules ^ e F-i E

& rejette une partie de leur poids fur leshancheM Celles-ci accoutumées à porter la maffe en avant ^ foiit leurs fonâions fi elles ne trouvent pas dans la main de l’homme une réûfiance, qui ne feroit autre qu’une dmleur nouvelle & plus forte. Le cheyai alors, entre deux douleurs, cédera à la plus violente : il forcera la main, fi l’éperon le chaife trop p ou fe cabrera, fi la main le retient avec excès. Il eft rare, Se même affez difficile, que le mors agiffe également fur les deux barres du cheval. Si une feule barre reffent la douleur, voici l’effet qut s’enfuit : le cheval ^ pour éviter la fenfation^aiffo ordinairement le coté qui eft comprimé, ^pbTte que los de la ganathe appuie fur le haut dt^fier » tandis que l’os de la ganache de l’autre côté s’en éloigne. Si la douleur continue, le haut du col fe plie, enfuite les épaules, ou du moins ies vertèbres dorfales ; & enfin le cheval tourne, parce que toute cette moitié de fa maffe ayant fuccei)ivement reflué jufques fur la jambe de derrière de ce côté, cette jambe lui fert de point d’appuL II eft néceffaire qu’elle fe décharge de fon poids qui la fatigue ; & cela ne peut fe faire qu’en tournant, fuppofé cependant que le cheval foit affez fouple pour le faire ; ^ car fans cela l’animal eft dan^ le defordre. Si après avoir plié le cheval avec un feul c^té du mor^, on lui fait lentir delà douleur de l’autre côté, fans diminuer le premier effet ; alors le côté qui auroit tourné eft arrêté, parce que.l’effet nouveau du mors met obftacle â la progreffion de cette partie » & tout le corps fe plie & s’arrondit. Ceft parle$ combinaifons différentes de ces fenfations » qu’on ’donne à la tête & au col du cheial des attitudes Ce des direâions variées.

L’attitude du cheval, ſa vigueur, ſa ſoupleſſe, influent beaucoup ſur les ſenſations que le mors opère en lui : mais ces rapports ne peuvent être connus qu’après un long travail & par un tact bien exercé. La théorie embraſſe peu d objets : la pratique offre des variétés infinies y qu’il eſt impoſſible de décrire,

Des propriétés du Mors, de ſa proportion avec la ſenſibilité des barres.

Puifque c’eft par la fenfation d’une douleur modifiée & dirigée à propos, que nous difpofons à notre gré les aiflérentes parties du corps du chtval^ il eft néceffaire d’avoir une machine qui fixe le îen-’ timent à un endroit déterminé, afin que la netteté & la fimplicité des opérations produiient des effets précis qu’on puiffc connoStre. Ceft pour cela que tes écyjrers fe fervent du mors tel que nous l’avons, préférablement à touts les autres inftruments. Les anciens, & peut-être encore bien des modernes, accordoient une grande propriété au mors : auffi en ont-ils fiibriqué de bien des efpèces. . Pour moi, je crois que ce n’eft qu’un moyen fecoodaire, .& que les véritables propriétés du mors fe trouvent dans l’affiette, dans la main, dans les Jaiii^bei <f un bon écuyer. I^oiurvu que le mors pofe bien.

CHE bien, que les parties foiç^it bien appropriées i îa conforoiarion de la bouche, & que fou effet ne varie point, je fuisperfuadé qu’un habile homme tirera —parti de tout mors en remployante propos^ ï-e mors le mieux ordomié ne communique pas l’art de bien afibuplir le cheval, & de le placer dans des attitudes qui ne répugnebt point à la nature. Aind Fart d’emboucher le cheval eA vraiment celui de le dreflen

Il n’y a perfonne^ pour peu qu’il foit terfé dans la cavalerie, qui i^ connoiffe toutes tes panies du Jnors 9 & tes procédés vulgairementemployés pour l’ajuiler^ U eA donc inutile d’entrer dans des détails %u^-on, trouve par-tout ; j’y renvoie le leâcur : je me contente 4e Uii dire ici que, dès qu’il aura trouvé le point de fenfibilité de la bouche dje Ton cheval, tout mors lui fera bon, pounru qu’il fâche travailler proportionnellement à cette (enfibilité. S’il n*eifcite p^s de douleurs exceflîves, , & s’il fe conduit félon les bonnes cégles » il donnera un bel appui à fon cheval : c’efi ce qu’on defire fur— tout, Sf. ce qui cend l’animal agréable à monter* Un bon cheval^ft bien embouché avec toutsles snors qui ne font pas durs. Mais fi on eu obligé d’avoir recours à un morsdur pour affeoir un cheval dont Itr fond d£ la bouche eil bon & fenfible, c’eA une preuve de la foibleffe de fes reins, &im. avis de ne point excéder leur pouvoir. Je confeille cependant de proponionner la force du mors à la fenlibilité primitive.de la bouche ; car û elle eft dure par elle-même, on ne réuffiroit pas avec un mors doux Ainfi, pour règle générale, on doit regarder comme bafe de tout^ b douleur mo* dérée c|ue le mors excite fur les barres lorfqu’on le fait agir.

L ufage du bridon eft unîverfel pour les jeunes chevaux. Comme Ton appui n’eft point (ixc, &. qu’il porte fur les lèvres plus que fur les barres, il a un enet moins erand & plus proportionné au peu , de force & de louplefle de ces jeunes animaux* Mais auffi il n’y a jamais d’appui ni d’aHurance dans les chevaux qui n’ont été dreflSs qu’avec fo/i fecours. Certains cavaliers croient, en l’employant à touts propos, même avec de vieux chevaux, ménager la bouche ; }s fe trompent : en craignant de la gâter, ils ne la forment pas.

On doit éviter fur-tout de fe fervir du mors & du bridon fout à-la-foi$ ; leurs effets font bien diâe<^ rents ! ils fe contredifent même ; car le bridon enlève le bout du nez, & le mors, avec de l’appui, Iç fait baiffer. Les écuyers, qui s’en fçrve ; it, rc— • li^ennent un temps 4e Tun, & rendent l’autre, & ainfi alternativement^ Mais je n’oferois approuver ce travail : il vaut mieux employer J’un des deux tout feul.

Plufienrs auteurs ont écrit fur l’embouchure : celui de tous qui raifo ; ine le plus conformément aux loix de4a nature, efl M. le Baron de Sind. On fera très-bien de le lire. : il dit beaucoup de chofes Qjuj ont échappé aux autres écrivains. Il m’a dif «  £^uitatîon, Ef crime iS » Danfc.

CHE 8i

’pcnfé d’entrer dans des dèfînitio/i$ qu’il a très-bien données ; ^ on voit par fon ouvrajge qu’il a un grand talent pour la cavalerie.

J’exhorte auifi à lire ce que dit M. Bourgelat à r^i/ticle de Ja bcuche, dans fon premier volume des Eléments d’Hypiatnque : il explique bien des chofes Utiles à (ifavoir. Je recommandé en gçnéral, à ceux qui ont du goût & du jugement, de ne point ncgii* ger-la leôure ; un livre enfeigne ce qu’un autre n point dit.

fie T appui du Mors »

texerdce modéré & donné félon tes reg(les augmeme les forces de l’animd, comme les bonnes leçons augmentent fa foupleée & fon adreife. Dés qu’il eft arrivé au point ne ne pi us peiner dans fon travail, d’obéir librement, & de (e foutenir tout feûl dans l’équilibre qui lui convient, le mors qui lui.avoit occafionné tant de fouflra, nces lui devient agréable, parce qu’il peut éviter la douleur en obéiiTant, oc qu’il eft aûTez vigoureux pour pouvoir le faire. Alors le mors ne fait plus que pofer fur les barres ; fon poids feul ^’y fait fentir} & il ne les comprime plus avec douleur. Tant que l’animal eft bien mené^ fournis à des ordres raifonnables, une bouche ainfi focmée, a un appui léger fur le mors, & la main du cavalier ne porte que le poids des rênes : le moindre mouvement fufRt pour avertir le cheval qui obéit fans défordre. Tel eft ordinai «  rement l’appui des chevaux de légère taille, & qui ont de la gcntillefle. Mais tout agréable qu’eft cet appui, il a i’incoonnodité d’exiger une grande attention & une grande légèreté dans la main du cavalier, qui fans cela pourroit donner des i-, coups qui nuicoient à la bouche. C’eft pourquoi nous préférons un appui ferme & doux. Une bouche bonne Ïl loyale ne ^*étonne point d’une preffion fone, pourvu qu’elle foit fuivîe par progreftlen : mais elle ne fe rencontre que dans un bon cheval, & fur-teut dans celui qui eft bien raÀ femblé. jLe cavalier qui mont.e un cheval doué de ceue perfection, éprouve la même fenfation que s’il fepofoit fur du velours, il eftaffeSé agréable* ment ; & le cheval qui ^ cet appui, c^uoique fenfibl. eàla douleur^ ri*en eft point iittemt promprcment, mais feulement par des à coups ou par des contre-temps. Le cavalier peiut aftlirer la main, il n’a point de défordre a craindre ; au contraire le ctieval fe raffemble très bien, & fe trouve plus en force. Sa boup he écume ; il cafte la noifetce, çpmme on dit, ^ témoigne par la beauté de fon attitude qu’il fe plait fous fon catalier. f^xx contraire Iprfque le cheval pèfe fur le mors, de forte que le cavalier ait peine à lui placer la tète oii il le defire, c’<ft un appui ferme ik dur. Si Iç cheval eft bon par lui-même, on pourra le rendre plus léger, & avec le temps plus agréable. Mais s’il manque de reins & dejarrets, il fera toujours jrès-pefant & fans gcntillefle.

Il y a peu de bouches auxquelles on ne don »

ti CH E de Tappui, fi le cheval eft bon, pourvu qu*oii le nette dans le degré d^équilibre qui lui convient. En de-çà & en de-là de ce point, Tappui vrai & agréable n’exiAe plus. Formez donc l’équilibre du cheval > & confirmez— le dans les leçons d’une bonne école, alors vous forcerez fon appui. Uy a des hommes qui n’enfoncent jamais leurs chevaux » & qui j ne les réduifant oas à TobélAïnce la plus exaâe, ne font, pour ain(i dire, qu’effleurer leurs fenfations. Ces fortes de chevaux n’ont jamais d’appui, & font toujours prêts à fe défendre dés qu’on leur demande quelque chofe de nou «  ye ; iu. Us n’ont qu’une petite routine, & point de (buplefle ni d’aplomb : on ne faurott les dire dreffés, ni dans la main. Sous prétexte de les ménager on ne leur apprend rien.

On doit s’attendre qu’on ne conduira le cheval à l’appui qui lui vient fous l’homme, que par la douleur. Ainfi il faut fe réfoudre i lui en occafionner » en prenant les tempéraments néceflaires pour qu’il ne le défefpére pas. On y parvient en relâchant fon travail dés qu’on s’apperçoit que la douleur devient difficile à fupporter : infen(iblement& par degré on gagne le cheval bien plus furement (]ue par un travail brufque & force. En proportionnant TefFet du mors à la tenue de la main, au degré d’enlevé que le cheval peut fupporter, on lui donnera de l’appui, pourvu qu’il n’y ait rien de rade dans la main : car un à-coup qui exciteroit une douleur vive, détruiroit l’appui.

Dis flancs du cheval » & de leur fenfibilité. —Toute la peau de l’animal efl fenfible » mais elle l’eft bien davantage dans les endroits où elle efl plus mince, & ou elle couvre des parties aponévrotiques. La peau des flancs eA ainfi conftituée, & elle eft tellement fenfible dans certains clievaux yqu^ils ne peuvent fupporter l’approche d’au* cuns corps étrangers, & qu^ils font toutr leurs efforts pour les repoufler. Cette fenfibilité varié de degré dans touts les fujets : les maladies, la fatigue 9 amortiflent le fentiment, comme la fanté & ]a vigueur Taugmenterit. En général, cette fenfibilité eu bien moindre que celle de la boudie ; & on peut dire que le cheval ne fent point de douleur 9 à moins qu’o’n n’entame les téguments avec l’éperon. Si ranimai a quelquefois été pincé vîeoureufement, la moindre approche d’un corps étranger lui fait appréhender la douleur qu’il a reflentie précédemment : fans cela il fupporte patiemment ce qui le touche. La répétition fréquente du châtiment rend le cheval fi fenfible » qu’il devient difficile à calmer : auffi a-t-on foin de le jnénager.

Ceft par le moyen des jambes & par leur approche des flancs, que le cavalier fait naître ce fentiment dans le cheval* La vivacité avec laquelle rhomme le touche, & la fermeté plus ou moins grande de fes aides y produifent des fenfations diA ftrent « s. Une jambe qui s’approche mollement fans CHE

afliirance & fans pofition, ne fait que chatouiller le cheval, elle llnquiéte & Tincommede ; alors il ne répond pas avec exaâitude & précifion à ce (ju’on lui demande. Ceux qui ont toujours la jambe molle & relâchée » viennent diflkilement h. bout d’ « nfoncer leurs chevaux & de les réduire ik une obéiflance complette » parce ^ue l’aide varie &efl elle-même incomplette.. D’ailleurs avec de telles aides il « fl à préfumer que Thomme n’a pas une grande fixité de pofitîon. £eux au contraire qui, avec le même vice dans leur attitude, biffent échapper par à-coup des jambes dures & mat dirigées iur le flanc du cheval, le furprenant par’ une fenfation & une douleur fubite » ne peuvent communiquer aucune aide fuivie, & même fonr repouflés avec vivacité, parce qu’un corps trésélaffique eft « ’epoufié plus vivement qu’un autre, * s’il choque une mafife confidérable ; & aflurément la jambe roide de l’homme efl plus élafliqùe dans ^et état que lorfqu’elle eft molle*

il faut donc, pour produire des effets certains ^ chercher un milieu entre la difpofition molle & inaâive de la jambe, oui, en fe collant au corps » s’applatit & n’a plus d aAion à elle » & la roideur qui l’en éloigne à proportion qu’elle s’en approche* Pour cela, la cuifle & la jambe doivent avoir acquis, par un long travail, une oofition afltirée ; cette suTurance vient moins de l’acKon des mufcles qui touchent le cheval & font approcher le » cuiflès l’une de l’autre, que de leur propre poids & d’une attitude qui provienne d une bonne affiette* La belle affiette » en fixant le bas du corps, laifle à l’homme la faculté d’employer fes jambes à (oa 5 ré : alors fon goût & fes connoiflânces le décient. Toutes ces aides qui fe donnent en étendant la cuifle & la jambe, & en baiflant le talon, fi d’ailleurs la pofition eft bonne, ces aides, dis-je » font meilleures que celles qui proviennent d’une jambe fléchie & molle. Dans le premier cas » lai )ambe étant ferme fait céder le cheval quif fentant une preffion forte, craint le châtiment » & fuit avec promptitude & fans réfifter. Dans le fécond cas y il ràGfte au contraire, parce qu’il n’eft touché que par un corps mou, dont l’aâion fe confond avec la réaâion, & ne lui fait rien craindre de fâcheux. Cherchez donc dans les mufcles de la jambe & de la cuifle, un degré de tenfion qui foit tel que le cheval ne réagifle pas contre, & qu’il cède à fon approche : fon obéiflance vous charmera alors » Arrivé une fois â cette manière de faire, vous goûterez les vrais plaifirs de Téquitatlon. On parvient par-U à donner aujcheval une fenfibilité quî fe perfeâionne fingulièrement, au point que la preffion la plus léeere de la cuifle ou du genou efl fuffifante pour 4e niire agir.

La jambe de l’homme » employée feule » n’a que trois effets. Par fon attouchement léçer, elle tait entrer en contraâion les mufcles qu elTe a appro* chés, & elle accélère leur mouvement. La preffion devenue un ^eu plus forte range uo peu les liaiv .

C HE r nos, ou plie le cheval sll eft roupie. La preffion •—.îcore augmentée fait tourner I9 croupe & la Jette en dehors. Combinez ces aftionj, faites-les fuccè^^f ^ « * unes aux autres ; mélangez-les avec le travail de la main & de l’affiette > §t vous aurez toute 1 equitatîon.

Si vous approchez les deux jambes bîeA égales, vous accélérerez la marche de la croupe, en faifant contraâer vivement touts les mufcles du bas-ventre ; & alors Tanimal ponera fes jambes fous le ventre plus qu’auparavant. La main déterminera enfulte ce que ranimai fera ; car celle-ci doit précéder & accompagner les aâions des jambes* Touts les travaux de Téquitation dépendent de la combinaifon de ces quatre opérations ", fur lefquelles nous nous étendrons plus amplement dans la deuxième partie de ce fécond livre, parce que la pratique fera connoitre, plus facilement que la théorie, leur u£ige & l’emploi qu’on en doit faire. J^f la bonne attitude des parties du chtvâl, démontrée par Uurftruàtue anatomique.

Le cheval ne fert réellement i Thomme qu’autant qu^ eft obéiffant à tes moindres ordres. Mais pour cela il faut qu’il foit fouple & difpos ; & il ne le deviendra jamais fi on le met dans des attitudes contraires à fa conAruâion, ou dans lefquelles il foit gêné.

L’attitude & raflbupliflemènt du cheval dépendent l’une de l’autre & marchent enfemble. Par le choix de la bonne attitude, nous le mettons en forcé ; & par l’aflbupliflement » nous donnons à fet membres tout le degré de mouvement que la nature leur a accordé, mais qu’elle laifle à l’an & àl’indvftrie à développer. Chaque articulation joue plus ou moins, félon la longueur ou la brièveté de les ligaments, ou bien encore félon le peu de jeu des mufdes que l’exercice n’a point encore développés, ou que la nature a mal conformés* En chercham k développer ces mouvements 9 on doit craindre de difloquer les membres. Ceft ce qui arriveroit certainement fi on vouloir étendre leur jeu avant que d’avoir placé le cheval. Ceux qui trottent vivement les jeunes chevaux avant que de les avoir dtfpofés par la bonne attitude, les minent & les énervent en peu de temps. Ceux au contraire qui ne prefTcnt leur allure qu’en raifon de leurs forces & de leur èquifibre, parviennent à les drefler y à les rendre agréables, oc à conferver leurs membres bien fains. 11 eft vrai que cela n’eft point aifé, & que c’eft le fruit d’un ta&bien sûr oc des connoiflànces les plus certaines. La bonne atdtude eft déterminée par la conftrufKon & le rapport des membres du cheval entre eux ; & l’affoupliffemept eft fondé fur l’ufage fuivi qu’il fait de toutes fts articulations, félon les loix de leur mèchanîfme.

Les détails que nous avons donnés fur les alluyes du cheval, fourniflent des motifs qui règlent le travaîL Notre but aâuei eft 4ç démontrer que laj G H E 83

natiire

^ù en tendue nous fert toujours de gmde ^ & que nous’la confultons plutôt quelle caprice & la fantaifie.

Celui qui connoit & emploie e$ attitudes con «  venables au cheval, qui fait lui faire exécuter touts les monvemems poftibles dans toute leur étendue, & qui ajoute à cela la grâce dans fon attitude & dans celle qull donne à l’animal » eft véritablement un homme de cheval. Mais s’il n’a que de l’habitude, un travail embrouillé & peu réfléchi, s’il ne s’occupe qu’à faire des chofes extraordinaires & éloignées de cette bel|e fimplidté de la nature » il ne mérite certainement pas ce titre. Le vrai talent confifie à faire de belles chofes, mais avec difcemement & avec raifon:celui donc qui, pour quelques beaux inftants propres à furprendre iles ipe£bteurs peu inftruits » facrifiera les forces & la bonne volonté du cheval, bien loin d’acquérir da la réputation, la’perdra dans l’efprit des vrais coo* noifteurs.

Du cHgvjtL. ( De Bohav) »

.Jettonsuncoup^d’œil furl’efpéce & la quantité dès chevaux qu’on vient offrir aux écoles oc deftiner au fervice.Ce ne font plus ces poulains fiers, gais & vigoureux élèves de la nature, ce font des animaux lâches, trifles, mous & défigurés, portant déjà toutes les marques de la domeftitité, & le plus fouvent même mutilés par la cruelle ignorance de leur maître.

On oublie que l’éducation de nos haras doit imi « ter celle de la nature ; on y méprife fesfoix fi fimples & fi (Qres » pour recourir à des méthodes confacrées par une antique ignorance, ou plus mal* heureufement encore par les frivoles raifonnè* ments de l’art conjeâural de l’hypiatri^e. Au(fi, que de fujets tarés, que de poulains deprifés fortent de ces établiâ*ements élevés à grands frais. L’homme aura beau raifonner, tant qu il cherchera à corriger la nature au lieu de l’écouter, de la fuir vre & Paider, il fera dans le chemin de l’erreur. Non-feulement nous fommes en faute envers h nature d&i la copulation du mâle & de la femelle, mais même avant 9 par le choix que nous faifons des pères & des mères dont on veut tirer de la race. La fi^re & la taille de l’étalon font les deux feuls objets qui nous occupent. L’âge eft compté pour rien ; il fuiiit qu’il puifle fervir pour qu’on n’y fafle aucune attention ; fes qualités, fa vigueur, fon épuifement, toutes ces chofes ne font point remarquées ; elles font pourtant plus eflentieUes aue la figure « car nous rencontrons à chaque p^s ne beaux & mauvais chevaux; mais je veux que l’étalon foit bien choifi > mi’il ait toute la videur & les qualités requifes, le lervice du haras en fera indubitablement en deux ans un fort mauvais cheval • qui ne produira plus qu’une quantité de roffes. Pour entretenir cette vigueur, qui doit être tranfmife à fa race, il faut que le cheval mené une vie qui la lui confçrve, le travail lui eft parti » Lij 84 C H E culièrcttenijiéceflâîre ; ccpeiulant , ^aiu tarais nos haras , il n’en fait point , car on ne peut donner ce. «om à quelques tours qu’on lui &ic faire une fois ^ ou deux par femaine au bout d’une longe & fans être monté ;^ le cheval ainfi gouverné peut à jufte titre perdre le nom de cheval , car il n’en a plus les 3ualicés , pour prendre celui d’étalon ; aufli le degré e leur valeur eft-il toujours oiefuré par ta quantité de juments qu’ils font en état de faillir chague faifon , & par la promptitude avec laquelle ils fervent les juments qu’on leur préfente. Echauffé par les aliments , provoqué par les juments qu’on met auprès d*eux , ils femblent acquérir touis les jours plus de qualités pour la génération , mais l’art efl ici en déhiiit , la nature eit toujours la même , elle perd indubitablement en qualité ce qu elle paroît gagner en quantité.

Les anglois , plus amateurs & plus vrais connoiffeurs que nous en chevaux , nous donnent à cet égard un exemple qui de vroit pourtant nous frapper ; ils recherchcnr afvec grand foin les étalons qui (e font diftingués dans les courfes , ils ^chettent à des prix extraordinaires la permiiHon de jEÂÎre faillir de bonnes juments par ces chevaux ; aufll rarement Teffct trompe-t-il leur attente ; file poulain arrive à Tâge de cinq ans fans accident , il leur regagne ordinairement bien au-delà de ce qu’il coûte 11 eA. indubitable. Que les qualités fe perpétuent , elles devroient donc déterminer dans le choix des péres^^

On ei^ encore moins délicat fur les mères ; pourvu qu elles ateni un bon coffre > c’eft à-peuprés la feule qualité qiioa recherche» foiem-elles vicieufes , tarées , lâches & molles » eftropiées saéme ; c*eft au haras qu’on les relègue ; il eft rare d’y voir des juments qui noyaient pas été envoyées pour quelqu’une de ces caufcs : on les fait fervir par un étalou frais, ou fatigué , pourvu qu’elles retiennent » c’eft tout ce qu’on demande. Pendant le temps delà portée» il n’eft point queAion de l’exercice de la jument, enchaînée dans une écurie quelquefois trois mois de fuite , d'autres fois tour> m^niàe par un travail qui l’échauffé , fonvent mal nourrie ; enfin elle met bas , & donne prefque toujours^un poulain qui n’a pas même la fieure de fon père. Ces animaux ne font pas plutôt nés , qu’on leur circonfcrit un terrain, dont les bornes étroites ne permettent pas à leurs corps & à leurs membres de faire de l’exercice & de fe développer ; c’efl ordinairement le cercle jufle quieâ abfokimem oéceffaire h la nourriture de la mère, nourriture mal (aine , par cda même qu’elle eft renfermée dans un trop petit efpace y qui ne lui permet pas de la choifir.

Ceft dans ce régime de vîe qu’on emretîem le poulain , )ufqu’à ce <çie , quittant la mamelle , on le fépare , on l’enchame à Técurie ; ou , s’il refte .dehors, des cordes, des diaîDes même, lui lient ]es jambes, de peur qu’il ne les exerce : c’eft peu encore de s’pppofer au développement de la na* .c H E

ture , Il faut que h plus cruelle dFc$ opératî^iï» vienne l’étouffer : à dix-huit mois on coupe le poirlain , c’eft le détruire avant qu’il foit né : aniK ^ dés cet inAant , porte-t-il touts les fignes de ta foibleffe qu’il confervera pendant fa vie , l’encolure ccffe de groflîr , les mufcles ne prennent point ces formes quarrées & deffinées qai annoncent la vigueur du mâle , les poils font longs , îl en refte beaucoup aux jambes, les crins , au lieck de devenir liffes , brillants & ondulés , reffemblentà des étoupes : enfin , Tâge de le vendre arrive , & on nous amène ces btigues défigurées pour nous remonter. Ne reviendrons • nous jamais dîsr . cette ancienne & bizarre méthode européenne , de hongrer les chevaux, & de détruire ainfi la moitié de leur force & de leur courage ? L’expérience a. beau nous démontrer tous les jours qu’il n’y a que les chevaux entiers capables de faire ces travaux exceffifs du roulage des poftès , des rivières , Se. ; pour le métier de îa guerre, qui ne demande WB moins de force & de réftftance , nous ne nous fervoasque de chevaux hongres y. parce que d’an* ciens préjugés nous font fuivre une ancienne routine : que d’accidents , dit-on , il arriveroit ? mais en Perfe , mais en Arabie , ou ce barbare ufage efl inconnu & plus prés de nous encore , ta cavalerie Efpagnole, comment fait- elle ? (es chevaux (bnt-il» d’un autre acabit que les nôtres , font-ils moins propres à la génération ? cependant on les contient-^ on les maîtrife > & il ny a pas plus d’accidents ^ Sas plus de jambes caffées en Ef pagne qu’en FrancCn lais , pour prj3uver qu’il y a fur cet objet autant de préjugés que de raîfon , il y a vingt ans qu’on n’auroit pas ofè, dans Paris , atteler fon carrofle de chevaux entiers , on difoit auffi , que de rifques à courir fi on rencontre des joments ^ aujourd’hui il n’y a point de femme qui ne morne avec fécuritè dans un carroffe attelé de chevaux entiers ;& point de cocher qui ne fe range dans une cour d’hôtet ou de fpeaacle avec confiance , à fon tour , & ians s’embarraffer fi la voiture qui favoifine eft attelée de juments. Ne voit on pas chez le roi , 8t dans toutes les académies, ces chevaux les uns à côté des antres , tranquilles dans les rangs ou files des reprifes de manège , quoiqulls foient les trois quarts du temps montés par des cnfans ou des jeunes gens , qui n’ont nulle habitude des chevaux. Quelle objeéTion rcftcra-t-il donc à faire ? Les troupes voyagent & rencontrent des juments. Je répOQS. En vous fervant de chevaux entiers , vous multiplierez bientôt l’efpèce , & la coiifom»maiion deviendroit moindre , parce qu’ils rcfifteroient davantage à la fatigue* Les juments feroient prefque toutes reléguées chez le cultivateur oa dans les haras. D’ailleurs , les Efpagnols ne voyagent-ils pas ? les ’Touliers ne paffent-ils pas Icuir vVe fur les grands chemins & dans les auberges ’, & ne rencomrent’ils jamais de juments ? Tel eft l’empire de l’habitude , que les réformes wlesprojets les plus fimples &lesvptus miles font e H E di’dsiietiés ou tournis ea ridicule. Avant le maré-r chai de Saxe, on croyoit împoffible de faire mar* cher rinfanterie enfembie & alignée ; on faifoit battre des marches qui ne (ervoient qu*à faire du bruit 8c à s’étourdir. U fut le premier qui dit qu’il falloit la faire marcher en cadence ; cela éioit fi neuf, qu’il prévint qu’il paroùrqit^ extravagant en faifant une pareille progofition : il en eA de m3me , je paroitral peut-être extravagant, mais j’opinerai pour que la cavalerie foit montée fur des chevaux entiers , qu’elle foit exercée touts les jours, qu’elle encrepi^nne des marches qu’on appelle aujourd’hui forcées ; & qu’on l’habitue à paner les plus maurais pas» & même à fauter & à n-anchir des obAades qui l’arrêtent aâuellement.

Mais revenons aux caufés fécondes de la foiblcffc de notre cavalerie : le cheval , livré à l’écuyer , ne tombe que trop fouvent entre des mains barbares , qui achèvent fa deAruâion ; rien de Cl dangereux qu*un artifte ignorant, tl fe trompe avec méthode , & s’égare avec entêtement ; telle cfl une grande partie des geps qui font le métier de dreiTer des chevaux 5 incapables , pour la plupart , de donner des définitions juftes des opérations les plus fimples de fart qu’ils veulent profefler. Qu’on ouvre nos traités d’équitation , & on verra par- tout la nature forcée & contredite ; que de milliers de chevaux eftropiés & ufés , avant d’en trouver un capable d’exécuter les tours de force que nous ont donnés MiM ; de NeucaAle » la Guériniére , &c.,fous les noms baroqutîs de pajfades , terrera’ tern , pcfadts y méiair ^ ballotade , pas & U f^uty féilciit» , répoloriy &c. Ceft de ce jargon minutieux dont je prétends fur-tout me préferver dans mon école ; les chevaux ne connoîtront point d’allures artificielles , & j^appliquerai toutes les reffources de Tart à perfeftionuer celles que la nature leur a données.

Afin que rien ne nous échape -y & pour fuivre . la même marche dans, cette féconde partie que dans là première , nous fuppoferons un cheval à drcfTer , & qui fera cenfé être çnirt les mains d’un homme de cheval , duquel nous décrirons la façon de fe conchiîre ,pour parvenir furement àfon but* Van de driffir Us chevaux.

Nous avons dit qu’on appelle cheval dreffé , on mXs , celui qui connoit les intentions du cavalier au moindre mouvement, & y répond auffitôt avec juAeflc , force & légèreté.

L’aâioR méchanique des bras & des jambes de l’écuyer, fur un cheval , n’cft pas fufHfante pour le drefler & lui donner légèreté , fagefTe & force. Il faut aue plufieurs foins raifonnés concourent à ce but. ^uppofoosun cheval entier , fain , fort & vi«  goureux , tel qu’il en fort encore des haras d*Efpagne, oudes (orh.^ des Pyrénées. Ce n’eil que pir degrés qu’il faut le faire pafler au nouveau genre de vie auquel il eft defliné : accoutumé juffu’à l’âge de quatre ans 6c demi > cinq ans , à la C HE Uy

liberté des prairies » c’eA prefque faujours avec dèfe|poir au’il fe voit enchaîné dans une écurie ; Tinaâion ou il fe trouvé , le changement fubit de fes aliments , doivent opérer une révolution dans fa nature, dans fon humeur & dans fes forces : il faut donc éviter les Inconvénients qui doivent na«  turellement s’en fuiVre. U reçoit les premières le-ÎioRS de fagefle & de douceur du palfrenier au3^ oins duquel il eft’ confié : c’eft à l écurie où on doit le préparer aux leçons du manège ; il n’efi pas indiffèrent qu’il foit confié aux foins d’un homme doux , ou brutal ; tout ce qui peut entretenir la famé & la vigueur du cheval , tel que le panfage , la nourriture réglée , &Ci doit être pratiqué aved une exaâitude fc^rupuleufe ; il ne fufEt pas que ceux qui ont foin des chevaux les aiment , il faut qu’ils foient forts , adroits , & accoutumés à les manier fans les craindre ; car on les rend vicieux par timidité iSc par mal-adrefTe auffi fouvent que par brutalité : je m’arrête fur toutes ces recomman^^ dations , quelques minutieufes qu*elles puiiTent pa«  roître , parce oiie l’expérience m’a appris combien elles étoient efiehtlelles , & que , remontant aujt caufes des vices qu’on rencontre fi communément dans les chevaux , j*ai trouvé qu’ils provenoient fouvent de foins mal entendus , & mal donnés ; c’eft une raifon pour ne jamais donner un cheval neuf à un recrue.

Autant il y a de principes dîf{%rents popr être placé à cheval , autant il y a de méthodes différentes pour dreffer les chevaux, mais lien eft une auili , la meilleure de toutes , ce fera celle qui , par les principes les plus fimples , s*écartera le moins de la nature. D’aprèr ces méthodes , multipliées prefqu’autant que les maîtres , il n*eft pas étonnant de voir un cheval bien mené par un écuyer, & fort mal par un autre , qui quelquefois eft plus favant. Il eft certain , par exemple , que fi on accoutume un cheval à tourner à droite par la rêne gauche, & à gauche par la rêne droite , comme le veut M. Bourgelat, & qu’un autre écuyer exige de ce cheval de tourner à droite par la rêne droite , & à gauche par la rêne gauche , ce dernier trou* vera néceiTairement l’animal rétif, & il foutiendrai’ qu’il ne fait rien , quoiqu*il foit fort inftruit à obéir à un autre fignal. Les chevaux s’habituent à la Ie«  çon qu’on leur donne ; un homme de cheval fait partir fon cheval avec fes jambes , l’arrête avec fes mains , & un poftillon fait partir fon cheval avec les mains.

Le cheval s’habitue au cavalier qui le monte ; il s’accoutume même à fa faufie pofture , voilà d’où vient qu’on voit fouvent un homme mal à cheval ^ bien mener.

Un cheval bien mis doit être mené par tout homme droit à cheval , &^ui fait fe fervir de fe» mains & de fes jambes.

Nous allons montrer que la pofition que nous avons do’nnée au cavalier, la plus commode pour lui , a encore l’avamage d’être b plus favorable k > 96 C H E ranimai» c*cft- à- dire, celle dans laquelle le fardeau de rhomme lui efi le moins incommode $ 6c lui laifle par conféquent le plus dWage de fes forces & de liberté pour agir.

Mettons un cheval en liberté , & examinons fes mouvements & fes allures y la nature une fois connue , nous fervira de loi.

Du mouvement & de U marche du chevaL U eA néceflàire de connoitre les différents mouvements d’un corps , dont tout notre art fe borne à faire mouvoir tes reflbrt^ avec juftefie ; examinons dans fes jeux les plus Amples les loix les plus exactes de la méchanique.

On peut confidérer le corps du cheval comme une machine foutenue par quatre colonnes , dont le centre de pefanteur tombe toujours dans leur milieu proportionnel. Dans l’état de repos , le poids du corps de Tanimal doit être réparti également fur les quatre colonnes , & c’eft auffi ce que î*appelle un cneval raflemblé. Dans Fétat de mouvement, le poids de Tanimal eft foutenu par les colonnes qui fe trouvent pofées à terre. Il ell donc eifcntiel que le centre de pefanteur du cavalier fe trouve perpendiculaire fur celui du cheval, parce Ïu’alors , cesvdeux poids n’en formant plus qu’un » fe répartit proportionnellement fur .les jambes du cheval, & le gène le nïoins poffible. On à toujours regardé les quatre colonnes de cette machine , ou les quatre jambes du cheval , comme le principe du mouvement ; comme dans la marche de Thomme , on a prétendu que les )ambes commençoient à fe porter en avant , & que le corps venoit enfuite fe repofer deflus lorf- ^u’elles étoiènt à terre.

Heureufemcnt la méchanique , fcSeiice démonftrative , & confuUée trop tard , nous a fait voir notre erreur ; on eft convaincu aujourd’hui qu’un petit poids ne peut en attirer un gros , mais qu’au contraire , il eft naturel qu’un gros en attire un petit. En recherchant d’ailleurs le principe du mouvement des corps , on a vu qu’il étoit dans le centre de gravité.

Il eft même étonnant que, fans la méchanique , on ne fe Toit pas apperçu du mouvement naturel de la marche ; il n’y a qu*à voir un homme marcher avec vîteffe , ou courir, on s*appcrctvra bien 3ue c’eft fon corps qui entame le chemin , & qu’il épafle de beaucoup fes jambes , qui paroiflept ne £iire que fuivre , cC qui ne font efieâivement que venir foutenir le coros pendant qu’il chemine. Pourquoi voit-on quelquefois un homme tomber •en courant i c’eft parce que fes jambes n^ont’ pas aftez de vivacité pour venir foutenir fon corps , mi part toujours le premier.

Examinez bien le chetal en repos & d’aplomb , & excitez-le doucemem à fe porter en avaiu , ayez les yeux fur l’avant-main , vous la verrez d’abord €s mouvoir ; puis , comme fi elle entrainoit les ïambes» vous les verrez venir fe pofer fous le I c ft u

cheval , 8e ce fera le chemin plus ou moins con/rdérable quli aurafiitt de fon corps, qui déterminera la jambe à fe porter plus ou moins en avant* Vorlà le véritable principe du mouvement : c’eft toujours par leur centre de gravité que les corps fe meuvent , & lorfqu’on veut mouvoir un corps » c’eft toujours fur le centre de gravité qu’il £iut appliquer les forces. Quelq^’extraordinaire que ce principe puifFe paroitre d’abord à ceux qui étoiem accoutumés à croire que les jambes mettoîent le corps en mouvement , & le faifoient primitive* ment marcher, pour peu. qu’ils réfléchiftnt, & ou’ilsfaflent attention a ce que l’expérience leur démontre fans ceftê, ils s’appercevrom bientôt de leur erreur.

Tout mouvement doit avoir un objet : fi le che«  val chemine, c’eft pour fe tranfporter d’un endroit dans un autre , & fi le cavalier l’y excite , c’eft pour arriver à fon but : c’eft le mouvement que le cheval fiitt pour fe tranfponer d’un endroit dans un autre qu’on nomme marche.

D’après l’objet de la marche , on voit de quelle façon elle doit s’exécuter : nous favons que le plus court chemin d’un point à un autre eft la ligne droite , & que le mouvement le plus naturel à nn corps qui a reçu une impulfion , c’eft de fe mouvoir uniformément , & dans la direâion de la force qui l’y a mis.

Dans la marche , le corps de l’animal doit donc fe mouvoir direâement , c’eft-à-dire , toujours ei3 ligne droite ; c’eft auffi celui dont les jambes s’é* cartent le moins de cette direâion qiû marche le mieux*

Ne confidérons dans touts les mouvements que le point pris pour centre de pefaïueur ; le centre de pefanteur ou de gravité , mis en mouvement , ne peut fe mouvoir qu’à une certaine portée , à la même hauteur & fans fe baifler ; & lorfqu’it y eft parvenu, c’eft le. terme du foutien que les jambes peuvent lui donner fans bouger ; oour lors, elles font obligées de changer de place , & venir reprendre fous lui la même pofition eu’elles avoient avant, afin de lui renouveller la fiicilité de recommencer fon mouvement ; c’eft ainfi que fe meut & continue de fe mouvoir l’animal » dont touts les mouvements font tellement fuivis les uns des autres, que l’œil le plus attentif ne les diftingue qu’avec peine : ces mouvements fucceflift , du centre de pefanteur & des jambes , doivenf avoir un accord & une fucceftion parfaite , fans lefquels le cheval ne feroit plus d’à-plomb , & courroit lifque de tomber. U eft nécefTaire fur-tout que les jambes ne fe ralentirent paU , Qu’elles aient toujours la même gra4ation de vftefle que le corps « ou le centre de gravité , & qu’elles travaillent toujours par le plus court chemin,

C’eft au cavalier habile , à compaflèr les mouvements de fa main qui doivent ralleqtir la mafle ^ & la quantité des aides qui doivent accélérer l’action des jambes ; car s’il n’a pas le iendxtient itt CHÈ •ette exaâc conpenfation /qu’on appelle tâccori dts mains £• du iamhis y il luleft impoflible de mettre un cheval dà-plomb & de le raflembler ; c*eflà

  • dîre , de mettre le poids du corps du cheval fur

le milieii proponioanel des jambes pofant à terre* D*après ce principe du mouvement, bien re-Connu , continuons à confidérer le cheval comme une mafle » dont le centre de gravité doit toujours tomber dans le milieu proportionnel des jambes i qui pofent à ^erre ; & toutes nos opérations ne s exécuteront que fur ce centre de gravité , que nous chercherons à mouvoir avec jufiefle & fureté. Le cheval a différentes manières de fe mouvoir avec plus ou moins de célérité, ce qui le rend fufceptible de différentes allures ; il en a trois , dites allures naturelles , fçavoir » le pas , le trot & le ealop. Rappelle ces allures naturelles , pour les dif* tinguer d avec d’autres que les chevaux n’ont jamais naturellement, mais qu’ils prennent quielquefois, par la manière dont^on les mené, telles que VambU^ it haut p4u , U traqttensrd , &c. Dans ces allures fac«  ttces , le cheval a moins d*aplomb , & n’eft point en force ; auffi s’ufe-t-il infiniment plut&t. Il en cependant des Bidets en Bretagne & en Normandie, qu’on appelle chevaux éf^allura^ quifont beaucoup de chemin avec ces manières de marcher. Mais ces chevaux iont rares , & il faut qu’ils foient excellents pour foutenir ce train , dont nous ne parlerons pas davantage , puifqu’il n’eft connu que des chevaux de payfans , qui ne changeront certainemant pas leur ufage , À qui auroient même tort de le change/ , puifque ces chevaux font fort eôimés parmi eux. Du Pas^

Le pas eft de toutes les allures du cheval la plus lente , & telle qu’il peut foutenir le plus longtemps de fuite : dans cette allure , il n’a qu’une jambe en 1 air , à la fois , & leur mouvement fe fuccède dîagonalement ; je m’explique , la maffe du cheval , une fois en mouvement, ne potirroit plus fe foutenir fi elle n’étoit fecourue : une jambe de devant , la droite par exemple {^fig. i.) fe lève , & va fep<^’ fer en avant , & perpendiculairement au-deflous de l’épaule droite ; en même- temps que le pied droit de devant fe 410/e à terre, le pied gauche de derrière fe lève , & fe rrouve tout-à-fait levé, au moment que le droit de devant efi tou^à-fait pofé ; le pied gauche de derrière , une fois en l’air , va fe pofer en avant , plus ou moi^s , de façon qu’il puiffe donner un ]ufle fupport au centre de gravité du cheval ; en même-temps que. le pied gauche de derrière fe pofe , le pied gauche de devant fe lève, de façQu que ce pierffe trouve tout*à- 6ît en l’air , en méroe-temps quei’autre eA toutifait pofé ; il va de même fe poier en avant & perpendiculairement, au-deffous de Tépaule ; lorfqu’il pofe à terre , le droit de derrière le lève , & va fe poner comme le gauche de derrière, affez en avant pour aider à foatenir le .centre de gravité ; puis , W^u’il le pofe, le droit de devant fe lève« & CHE èr

ainfi fe. reperpétuent fans cefie ces quatre mouve* ments, qui font très fuivis ,& doivent être très* égaux entr*eux , la maffe devant toujours cheminer* On Voit par ce détail , que , dans le pas , la fflaffe de l’animal , ou fon centre de etavité , n’eft jamais foutenu que par trois jambes ^ fur lefquelles il fe meut continuellement , que fès jambes fe Iè«  vent & changent entr’elles, en prop<>rtion de la vîteffe de la maffe. On voit auffi que le mouve* ment des jambes fe fuccède diagonalement,c*eft la feule manière dont le choral puiâe conferver fa folidité ; puifqu’une jambe doit être déchargée, avant que celle qui efi en l’air foit tout-à-fait pofée «  les deux points d’appui qui reftent , étant dans la diagonale , font dans la pofition la plus forte & la plus favorable pour foutenir la maue^ Le pas a différents degrés de foutien & de viteâe.} il efi plus ou moins écoulé & allongé ; nous aurons occafion d’en reparler dans nos leçons ou cette al«  lure fera regardée comme la plus avantageufe , & celle dont un habile maitre doit fe fervir pour finir & perfeâionner un cheval ; je veux dire pour lui donner la finefle de la bouche & des jambes* Le fameux M. de Luberfac ne fe fervoit que du pas pour drefier fes chevaux , il s*en emparoit fit6c qu’ils étoient ce qu’on appelle àébourés ; il les montoit pendant* dix-huit mois , ou deux ans , tou-’ jours au pas, fc quand, au bout d^ce temps, il les mettoit fous fes plus forts écoliers , ils étoieat touts étonnés de trouver i ces chevaux le paiSige le plus cadencé & la galopade la plus écoutée & la plus jufle.

Du Trot.

L’allure du trot eft beaucoup plus vive que celle du pas ; elle en tire fon origine : fi on hâte letheval au pas , on voit diftinâement fes mufcles dor«  faux & lombaires fe raccourcir, les anales de l’arrière-main s’ouvrir avec force , & la mafle fe porter en avant avec beaucoup plus de célérité^ les jam* bes du cheval s*enlèveiu auffi avec beaucoup plus d’aâion,’pour venir au fecours de cette maiie, & la fupporter. Auffi l’expérience nous fait-elle voir , ^ que nombre de chevaux parefleux bronchent au pas, èi fe foutiennent très-bien au trot«  Le mouvement fucceffif des quatre jambes ne pourroit être afiTez prompt pour le foutien de la mafle ; auffi le cheval a t-ii deux jambes en Tair , * & deux à terre , qui , étant placées di^gonalement, fnffifent pour foutenir la niachine en équilibre , pendant que les deux antres cheminent , oc fe re«  lèvent mutnellemeat. Dans l’amble , les deux jam» bes du même côté forment un bipède ; pendant que l’un eft Tair, la machine eft vifinlement en danger de tomber ; car il faut , pour que le cheval puine marcher , qu’à Tinflanc , par exemple , ou le bipède droit eftenTair, tout le poids de fon corps fafle un mouvement gauche pour fe mettre en équilibre fur le bipède gauche, puifque, lorfque le bipède gauche fe lève ,il fiiar que le |K)ids.da corps fe jette fur le droit. (F/ ;. a« Le bercement^ dans cette al- lure, est contraire au premier principe du mouvement, qui est, qu’un corps y étant mis doit se mouvoir en ligne directe, & uniformément à l'impulsion qu’il a reçue. Si quelques corps étrangers viennent à rencontrer les jambes & à occasionner un bercement un peu plus considérable, le cheval tombe du côté du dehors, où il n’a rien qui le soutienne ; cette allure doit donc être rejettée, & regardée comme fausse & pernicieuse. Dans le trot, les quatre jambes forment deux bipèdes, sçavoir, la jambe droite de devant, & la jambe gauche de derrière, l’un ; & la jambe gauche de devant & la jambe droite de derrière, l'autre.

C'est sur ces deux bipèdes que fe meut continuellement le centre de gravité, qui chemine toujours en ligne droite. ( fi^. 3).

Cette allure eu très-vive, & embraffe beaucoup de terrein ; lorfqu’elle eft allongée, touts les mulcles y font dans un grand jeu, c’eA ce qui la fait regarder comme très-propre à aflbuplir & foriifier les jeunes chevaux. Par la pofition des bipèdes, le corps de l’animal y cônferve aifémem fon a— plomb ; c’e(t ce qui la rend auffi moins fatiguante pour lui. Il me refie beaucoup de chofes à dire fur cette allure, mais j’aurai occafion d’y revenir dans les le-Sons qui fuivront, & alors jç ferai plus à même ’être entcndii.

Du Galop,

Le cheval au pas n’a qu’une jambe en l’air ; au trot, il en a deuY en l’air & deux à terre : au galop, il eft un inftant où les quatre font en l’air, c’eft pourquoi cette allure peut être confidérée comme une répétition de fauts en avant, qui s’opèrent, non-feulement par laftion des mufdes dorfaux & lombaires, mais encore par l’ouverture des angles de l’arrière-main, ou le chafTé des parties poftéricures, qui, à chaque temps de galop, fe rapprochent plus ou moins de la ligne verticale du centre de gravité, & enlèvent plus ou moins laîmaiTe jkette allure eft très-fatiguante pour le cherrai, & fon ufage trop fréquect ruine la machine entière, les jarrets fur-tout en f ouffrem infiniment, fi le cavalier n’a pas ce taâ qui forme l’accord des mains & des jambes ; il eft clair, par exemple, 3ue fi dans Tinftant où les angles des parties de errîère s’ouvrent pour chafter la maffe, & le cavalier forme un temps d’arrêt, il rejette le poids du corps de l’animal fur des parties qui ne peuvent le fupporter, & quM force & ruine indubitablement les jarrets de fon cheval r ceci bien reconnu, il efl aifé de voir combien le galop eft pernicieux à une troupe ; puifque, dans Tefcadron, Iç cavalier eft obligé de régler le travail de fa main fur les comrfiandements qui lui font faits, ou pour entretenir fon alignement, & que ces temps d’arrêt ne peuvent preique jamais s’accorder avec l’allure de fon cheval.

Quand le cheval marche à dï-oite, il doit^çaloper fur les jambes droites ^ & quand il marche à C H E

gauche, fur les jambes gauches ; quand on mèn «  un cheval droit devant lui, en plaine ou ailleurs, ce doit être alternativement & également fur les deux jambes.

Un cheval galope fur les pieds on jambes droites, quand la jambe droite de devant, & la j^mbe droite de derrière dépaftent les jambes gauches. ( ^’^’4)•,

Un cheval galope à gauche quand les jambes gauches dépaffent les jambes droites. ( Fig. 5). Un cheval galope faux, quand, marchant à droite, il galope fur les pieds gauches, ou que, marchant à gauche, il galope fur lès pieds droits. Un cheval eft défuni quand èe ne font pas les deux jambes du même côté, qui dépaftent les deux autres, c’eft-à*dire, quand il gaUpe fur le pied droit de devant & fur le gauche de derrière, ou fur le pied gauche de devant, & fur le pied droit de der «  rière {Fig.’6 & 7) ; dans ce cas, le cheval n’eft pas d’aplomb & court un rifque évident de tomber. Il eft eflTefltiel qu’un cavalier connoifte parfaitement toutes tQS a£Hons dans les différentes allures du cheval, & après l’avoir vu, il hm montera poil pour chercher à fentir fous fa partie mobile tout ce que l’œil nous a fait appercevoir ; fans c taft, jamais de finefte.

CHEVALER fe dit de laftion du cheval qni paftege fur les voltes ; & c’eft lorfqu’en paftngeant au pas ou au trot, ù, jambe de dehors de deva : r croife, ou enjambe à touts les féconds temps fur Pautre jambe de devant.

CHEVAUCHER. Ce terme, pour dire aller à cheval, eft hors d ufage ; mais il eft encore ufité parmi les écuyers, pour expliquer la manière de fe mettre fur les étriers. Chevaucher court, chevaucher long, à Tangloife, à la turque, &c.

CHEVESTRE est un vieux mot gui fignifioit le licol d’un cheval. Le mot, s’enchev^flrcr, fe dit encore.

CHEVILLE. Cheval qui n’eft propre qu’à mettre en cheville ; cheval qui n’eft propre qu’à tirer & à être mis devant un limonier.

CLAMPONNIER, ou Claponnier. C’est un cheval long-joinré, c’eft-à*dire qui a les paturons longs, eftîlés & trop pliants.

CLAPONNIER. Voyez Clamponnier.

CŒUR. Cheval de deux cœurs, eft celui qui ne manie que par contraiote, qui n’obéit pas volontiers aux aides du cavalier. Ces chevaux tiennent quelque chof « des ramingues.

CONDUIRE son cheval étroit ou large : étroit, signifie le mener en s’approchant du centre du manège ; & Urg€, en s’approchant des murailles.

CONFIRMER un cheval, c’eft achever de le dresser aux airs de manège.

CONNOITRE les éperons, les jambes ^ les talons, la bride, &c. ; c’eft, de la part du cheval, femir avec, juftefle ce que le cavalier demande lorfqu’il approche les éperons, les jambes ou les talons, qu’il tire ou rend la bride.

CONTRE-POIDS

CONTRE-POIDS fe dit de la liberté d’affiette du corps que garde le cavalier, pour demeurer touîours dans le milieu de la felle, fans pencher de côté ni d’autre, également fur les deux étrîers, quelque mouvement que faflc le cheval pour lui donner les aides à propos. Un Cavalier doit fi bien garder le contre-poids, qu’il foit toujours préparé contre les Airprifes & les défordres du cheval. CONTRE-TEMPS. Ceft une mefure ou cadence interrompue en maniant, foit par la malice du cheval, foit par le peu de foin du cavalier qui le monte, comme lorlque le cheval condnue des ruades, au lieu qu’il devoit lever le devant. On dit : ce cheva4 a rompu la juftcflc & la mefure de fon manège, a Interrompu fa cadence par deux contretemps, & le cavalier par les aides du talon, a mal fécondé les aides de la bride.

CORNU. Un cheval cornu, eft celui dont les os des hanches s’élèveni auffi haut que le haut de la croupe.

CORPS. Un cheval qui a du corps eft celui qui a beaucoup de boyau, beaucoup de flanc, qui a les côtes bien tournées, amples & longues. Ce cheval n’a point de corps, n’a point de ventre, de flanc, c’eft-à-dire, qu’il a les côtes reflerrées, ou courtes _, ou plates, &le flanc recourbé, ce qui lui rend le corps efflanqué comme à un lévrier. On tnéprife pour le carrofle, les chevaux qui n’ont point de corps ; mais un chafleur n’en eft pas pour cela plus raéprifable, pourvu qu’il foit de grande

  • aleine, de beaucoup de reflburce, léger & grand

mangeur. On appelle aufli cheval cflrac, celui qui a peu de corps.

COTÉ. Porter un cheval de c&té, c’eflle faire marcher fur deux piflcs, dont lune eft marquée par les épaules, l’autre par les hanches^.

COUCHER. Se coucher fur les voltes, c’eft lorfque le cheval a le col plié en dehors, & porte la tête & la croupe hors la volté, comme lorfqu’en maniant à droite, il a le corps plié & courbé, comme s’il alloit à gauche. Se coucher furies voltes, eft autre cbofe (pie volte renverfée.

COULER. Le maître de l’académie dit quelquefois à récolier, qnand il galope autour du manège, couU^y cûulei^ ^^ y » ▼€" « dire ne retenez pas tant votre cheval, & allez un. peu plus vite:un cheval qui coule au galop eft celui qui va un galop uni & qui avance.

COUP DE HACHE. Mauvaise conformation du col d’un cheval ; c’est un creux à la jonction du col & du garot. Le coup de lance est un enfoncement comme une espèce de goutière qui va le long d'une partie du col sur le côté. Quelques chevaux d’Espagne & quelques barbes naissent avec cette marque qui passe pour bonne.

COURBETTE. C’est un saut médiocre du cheval, qui élève les pieds de devant en l’air, & puis ceux de derrière suivent, ce qui est répété & continué en même cadence ; ensorte que les hanches rebattent ensemble, après que les pieds de devant


ont touché la terre par des reprises continuées & réglées. On dit : mettre un cheval à l’air des courbettes ; cheval qui fait des courbettes, qui manie à courbettes, qui, de lui-même, se présente à courbettes. Un cheval bat la poudre à courbettes. Quand il les hâte trop, & qu'elles sont trop basses. Il est dangereux que le jardon ne vienne aux chevaux qu’on fait manier à courbettes avec excès. Les éparvins secs font harper & lever les jambes, & le cheval en rabat les courbettes de plus haut. Faire la croix à courbettes, c’est faire cette sorte d’air ou de saut, tout d’une haleine, en avant, en arrière, au côtés, comme une figure de croix. Une courbette est un saut.

COURBETTER. Faire des courbettes, cheval qui ne fait que courbetter.

COUREUR. Cheval propre pour la courfe, & particulièrement pour la chafte. Coureur de bague 9 cheval propre à courir la bague. On donne auffi ce nom à un cheval qui a la queue coupée, & une partie des crins.

COURIR. C’eft faire galoper un cheval de toute fa force. C’eft faire une courfe de vîtefle, un galop hâté & déterminé, autant que le cheval en eft capable. Dans les manèges, on ne fe fert point du mot courir pour dire galoper; les écuyers difeot: ce cheval a fait une galopade, galope bien.

COURSE. C’eft un défi de plufieurs hommes k cheval, à qui arrivera le premier, en courant de toute la vîtefle du cheval » à un but fixé. Les Anglois font fréquemment de ces courfes. Il y a quelques années qu’on en faifoit à Paris ; mais cette mode eft déjà paflee. Dans ces courfes, le vainqueur gagne un prix ou une fomme d’argent, ({wt les anglois appellent une vaiflellc.

COURSE des têtes fi » dt U Ligue. Les courfes les plus confidérables qu’on pratiquoit autrefois dans les tourools & les caroufels, confiftoient à rompre des lances en lice les uns contre les autres ; à combattre à cheval l’épée à la main ; à courre les têtes & la bague; & à faire la foule. On rompoit auflli des lances contre la quintaine : c*eft une coiirfe très-ancrenne. On fefervoit d’un tronc d’arbre, ou d’un pilier contre lequel on rompoit la lance, pour s’accoutumer à atteindre îon ennemi par des coups mefurés. On appella aufti dans la luite cette courfe, le faquin, parce qu on fe fervoit fouvent d’un faquin ou d un porte-faix armé de toutes pièces, contre lequel on couroit ; mais la manière la plus ordinaire, étoit utie figure de bois en forme d’homme plantée fur un pivot, afin qu*elle fût mobile. Ce qu’il y avoit de fingulier, c’eft que cette figure étoit faite de fiiçon gu’elle demeuroit ferme quand on la frappoit au front, entre les yeux & fur le nez ( c’étoient les meilleures coups) ; & quand on la touchoit ailleurs, elle tournoit fi vite, que fi le cavalier n’étoit pas aflez adroit pour l’éviter, elle le frappoit rudement d’un fabre de bois fur le dos. Dans le combat de l’^ée à la main, les cavat iiers fe fxtIKeoieat dans la carrière entre la Uee 8c récha&ut des princes , éloignés de quarante pas YuB de l’autre ; & là armés & toutes pièces & Tépée à la main » ils attendeîent le fon des trompettes Kur partir ; eniuite baîflant la main de la bride & ranc le bras de Tépée , ils partoient ayec violence Tnn contre l’autre , & en paiTant , ils fe donnoient un coup d’efiramaçon fur la (ace en tirant un peu du côté gauche ; & au même endroit d’oii fon adverfaire étoit parti , on prenoit une dcmi-volte , & on rcpanoit ainfi jufqu’à trois f<Ms. Après la trottème atteinte , au lieu de paâer outre pour aller reprendre une autre demi-volte , on tournoit de part & d*autre fur les voltes d’une pifte vis-à-vis l’un de l’autre , en fe donnant continuellement des coups d*eftramaçon , avec une aâion vive » & on continuoit jufqu’à la troifième volte : ils s’en retournoient aprës’^'oiiils étoient partis ^faUant mine d’aller reprendre une autre demi-volte , & dans le même inftant , deux autres cavaliers venotent remplir la place & exécuter la même chofe. Le connétable de Montmorenci fe ren£t tréscélébre dans cet exercice , il feroit à fouhaiter qu’il fût encore en ufiige , putfque c’eA un vériuble manège de guerre, qui apprendroit à fe fervir , tant de l’épée , nue du piflolet ; d’autant plus qu’il n’eA nullement dangereux , les coups d*épée pouvant fe donner au-deflus de la tète par oppofition , & de même du piftolet , en le tirant le bout en haut. De toutes les courfes qui étoient anciennement cnufage dans les tournois & dans les caroufels , on n’a retenu dans les académies modernes que les ceuriès de têtes & de bague.

Cour/e des Têtes*

Les allemands ont pratiqué cet exercice avant les françois : les guerres qu’ils avoient avec les turcs y ont donné occafion : ils s’exerçoient à courre des figtves de têtes de turcs & de mores , contre lefquelles ils jettoient le dard & tiroient le piAolet , & en enlevoient d’autres avec la pointe de l’épée » pour s’accoutumer à recourir après les têtes’ de leurs camarades , que les foldats turcs enlevoient» & pour lefquelles ils avoient une récompenfe de leurs officiers.

On fe fert dans la coutfe des têtes , de la lance , du dard , de l’épée & du piflolet. La lance eft compofée de la flèche» des ailes , de la poignée & du tronçon. Sa longueur efl d’environ jGx pieds.

Le dard efl une forte de trait de bois dur, long d’environ trois pieds, pointu & ferré parle bout , il y a dans un endroit du bois de petits boutons de fer pour marquer l’endroit où on doit le tenir , afin qu’a foit en équilibre.

" Dans une conrie bien réglée , il y a ordinairement quatre têtes > qni font toutes de carton. La première , efl celle de la lance , qui efl pofée fur «ne efpèce de chandelier de fer attaché au mur ou iifl {ilier duisanège : ce chandelier efl mobile COU

& tourne fur deux pitons^ il doit être long de deux pieds , & élevé à huit’pieds de terre. La féconde eft une tête de Médufe , plate & large d’un pied, plus ou moins» appliqué fur une forte planche un peu plus grande, & on attache cette planche au haut d’un chandelier de bois, qui doit être élevé de terre de cinq pieds » ou biea oit la place au-defliis de la barrière. La troifième tête efl celle du More ; on fa -place de même que celle de Médufe , au haut d’un chandelier de bois de même hauteur , ou au-deflus de la barrière.

La quatrième tête efl celle de l’épée, qui doit être pofée à terre fur une petite èminence à deux pieds & demi du mur ou de la barrière. Il faut placer les têtes fuivant la longueur dit manège, qui, comme nous l’avons dit , doit être un quarré long d’environ lao pieds, & large de 36. Cela fuppofé , la tète de la lance doit être pla-> cée aux deux^iers de la courfe , c’efl-à-dire , à 8d pieds du coin du manège ^ où on prend la prer mière demi-volte.

La tête de Médufe doit être placée à % pieds du mur , du mèmt côté que celle de la lance , & à la moitié du manège , fi le lieu de la courfe eft fermé de mur ; mais lorfqu’il’nè l’efl que par une barrière , on la pofe fur cette barrière, de même que la tête du More , oui fe pkce vis-à-vis de celle de Médufe de l’autre coté du inanège. La tête de Tépée fe met à terre du côté de celle du More y à deux pieds & demi du mur , & à 4» pieds du coin ou on finit la courfe. Quand on fe fert du piflolet , on attache un car-^ ton à la muraille à hauteur de la tête d’un homme à cheval ; mais quelques-uns tirent fur la tète du More » au lieu de fe fervir du dard ’^ le piflolet étant plus utile que cet inflrument. Une chofe très-difficile dans la courfe des têtes ^ c’efl de Élire de bonne grâce la levée de la lance , il faut pour cela fe placer à trois longueurs de cheval au-defliis du coin où on doit commencer Ia> première demi-volte , tenir quelque temps le che* val droit dans une place , la lance dans la maii> droite , & pofée fur le milieu de la cuifle , ce qu’on appelle U tenir en arrêt , la pointe de la lance haute, un peu panchée en avant , au-defliis» de Toreille droite du cheval.

Avant que de partir au petit galop , qni doit être uni & raflemblé , il faut commencer par lever le bras de la lance , tenir le doigt indice étendu le long de la poignée , placer le coude à la hauteur de 1 épaule , & depuis le coude jufqu’au poignet» le bras placé droit en avant , enforte que it l’éfage , & fi la main & le bras étoient placés trop haut ou trop bas » cela (eroit de mauvaiie grâce. La lance étant ainfi placée dans la demi-volte ,, il Ëiut enfuite obierver les mouvements néceflaiie^ pour bien faire la levée de la lance en allant à la tète. Il y en a quatre principaux. Le premier temps fe fait en baiflànt le do ;gt indice & un peu le poi* gnet» Se levant auiG un peu le coude , lans que la pointe de la lance varie ni s*icarte ; il faut enfuite batfler infenfiblement le bras à côté du corps , jufqu’auprès de la hanche , ce qui fait le deuxième temps ; & là en ouvrant un peu le poighet en dehors » il faut relever le bras à c6té du corps , isLUs le porter ni en avant , ni en arrière , oc le tenir étendu jufqu*à ce que la main foit arrivée audeflîis & à côté de b tête , ce qui fait le troifiéme temps ; le quatrième temps eft de tourner les onfes du côté de la tête , & de defcendre infenfilement la lance dans la poftureoù elle étoit avant que de commencer la levée, c’efl-à-dîre t le^coude à la hauteur de l’épaule. " ,

L.a courfe de la tète de la lance fe divife en trois parties. Dans la première » on mène le cheval au petit galop depuis le coin jufqu’au tiers de la liene » on échappe enfuîte le cheval en baiflant inlenfiblemen ^ la pointe de la lance jufqu*ii la tête Gu*il faut enlever d*un coup d’eftocade , c’eft-à-Gîré, allongeant un peu les bras pour la déucber de deflbs le<handelier.

Depuis la tète jufqu^au coin , on remet fon cheval au petit galop , en levant le bras pour faire voir la tète au bout de la lance.

On fluitte enfuite la lance , & on prend à l’endroit ou l’équilibre eft marqué , un des deux dards qui doivent être placés fous les culfles , & retenus Ear les genoux du cavalier , le< pointes du côté de i croupe , de façon qu’ils fe croifent. Il faut enfuite poner le dard en avant le bras libre, étendu . & élevé un peu plus haut que la tète , en obfei^ vaut que la pointe du dard foit du côté du coude , & que le bout qui eft à l’oppofite de cette pointe foit un peu plus haut & au-deflus de l’oreille eauche du cheval , le tenant dans l’équilibre & le bras ouvert : dans cette pofture , on tourne par le mi«  lieu du manège pour venir à la tète de Médufe y on tourne ledardpar-defTusla tète, pour préfenter la pointe & le lancer ; & il faut un peu retirer le bras en arriére , afin de le darder avec plus de force.

Après avoir )etté le dard, il faut tourner le cheval pour aller à l’autre muraille , & en prenant la troiiiéme demi-volte dans le coin du côté de la tète de Ténée , faire avec le dard le même mouvement, oc venir le lancer delà même manière cu^on vient de le dire pour la Médufe. Cette tête le court auffi au piftolet.

Il faut enfuite tourner fon cheval , & en arrivant à l’autre muraille , on commence la quatrième demi-volte , en tirant l’épée de bonne grâce pardeflus le bras eauche , « non par defTous le poignet , parce qu on peut s’eftropier en la tirant de cette manière. On doit la tenir haute & droite, le bras libre , étendu & élevé au-deflus de fa tête , & la faire briller en la remuant ; & au tiers de la COU 91

couife , il faut’pantr à toutes jambes jufqu’à la tète , en fe baiffant le corps fur Tépaule droite du cheval , faire entrer l’épée de rierce , la relever de quatre , & la placer haut pour faire voir U tète au bout de la courfe.

Il y a des chofes effentielles àobferver dans la courte des têtes , qui font de ne jamais galoper faux ni défuni, de ne point laifler tomber ion chapeau, & de ne point perdre fon étrier : fi l’un de ces cas arrive , on perd la courfe , quand même on auroit pris les têtes , c*eft pourquoi avant que de commencer la courfe , il faut s’afleoir jufle dans la felle, ferme dans fes étriers & enfoncer fon chapeau. II faut auffi tenir les rênes un peu plus Ion* eues dans les courfes que dans les manèges rentermés, afin que le cheval ait la liberté de s’étendre , fans pourtant trop abandonner l’appui , afin que le cavalier & le cheval foient plus àmirés dans la courfe.

Courfi de la bague.

Cet exercice n’étoit point en ufage chez les anciens ; il fut introduit lorfqu*on fit , par galanterie ’ & par complaifance , les dames juges de ces exercices ; & les prix qui étoient auparavant militaires , furent changés en bagues, qu’il falloir enlever à la pointe de la lance pour remporter le pj^ix , ce qui donna occafion à la courfe de bague. La bague doit être placée aux deux riers de la courfe , comme la tète de la lance ; elle doit être à la hauteur du front du cavalier, audefliis de l’oreille droite du chevaL

La potence eft un bâton rond’ & long d’environ deux pieds , au bout duquel pend le can6n oii eft attachée la bague. Cène potence doit être plus élevée que ta bague de 7 à 8 pouces , de crainte que dans la courfe on ne bride la poteace, cela veut dire en terme de courfe , la toucher avec la tête ou avec la lance , ce qui eftropieroit un cavalier, comme il eft quelquefois arrivé. A regard de la levée de la lance « on la (ait db la ’même manière que nous l’avons expliqué en parlant des têtes : la feule différence eft , que dans la courfe de bague , on ne donne point de coup d’eftocade, comme àlatête.

Il faut encore bien obferver , comme nous l’a* vons déjà dit, de ne commencer à baiffer la pointe de la lance qu’au riers de la courfe , en échappant fon cheval au grand galop, fans reçiuer la tête ni les épaules , tenant le coude haut , afin que le tronçon de la lance ne touche ni au bras ni au corps ; mais que k main feule foutienne la lance ; il ne faut pas non plus que h lance foit trop croifée en dehors du côté de l’oreille gauche du cheval, elle doit être au contraire au-denus de Toreille droite ; parce qu’autrement, le vent delà courfe Tébranleroit, & lui feroît perdre la ligne de dircâion. Le but , ou le point de la courfe , doit être au bord d*en haut de la bague fur la ligne du canon, ce qui dépend de ne pas baisser trop vite la pointe de la lance.

Après avoir pafle la bague, il faut reprendre au petit galop & lever peu à peu la pointe de la lance, & au bout de la carrière y tarre la levée de la même manière qu’on a coqimencè, fans regarder der-TÎère foi, pour voir fi on a emporté la bague, comme font quelques cavaliers, quand même on auroit fait un dedans. Il ne faut pas non plus en parant fon cheval au bout de la courfe, mettre le corps en arriére. Cette aAion n’eft point belle la lance à la main.

On appelle en terme de bague, /^ir^tf/ie atulnte^ lorfqu’on touche avec la pointe de la lance le hord de dehors de la bague fans l’enfiler ; & on appelle faire un dedans y iprfqu’on la prend. Il arrive quelquefois qu on la prend au nombril » f^nt e un trou dans la chape où elle eft attachée, mais la courfe ne vaut rien, à moins qu’on n’ait arert » qu*on vouloit la prendre en cet endroit. A l’égard des prix, tant pour la bague que pour les tètes, chacun fait trois’courfespour les remporter. Celui qni a le plus de dedans ou le plus d’atteintes, a Tavantage pour la bague ; s’ils font égaux en l’un & en l’autre, ou qu’aucun n’ait ni atteintes ni dedans, on recommence les trois courfes. Pour les téfes, celui qui en enlève le plus remporte le prix ; & en cas qu’elles foient toutes prifes par ceux qui courent, ce fera celui qui les prendra entre les deux yeux, ou qui approchera le plus près de cet endroit.

Il y a dans un caroufel des juges pour cela, quon choifit parmi d anciens cavaliers, qui fe font rendus célèbres dans ces exercices. Il y avoit autrefois plufieurs prix ; fçavoir, le grand prix, qu’on donnoit à celui qui avoit fait plus de dedans, qui avoit emporté plus de têtes, ou qui avoît fait les meilleurs coups à la quintaine ; il y avoit enfuite le prix de la courfe des dames, celui de la meilleure devife, &le prix de celui qui cûurolt de meilleure grâce.

De U Foule.

On appelle en.terme de caroufel faire la foule, du mot italien, far lafola, lorfque plufieurs cavaliers font manier ii la-fois un certain nombre de chevaux fur différentes figures.

Ce manège eft une cfpèce de ballet de chevaux, qui fe fait au fon de plufieurs înfiruments : il a été imaginé par les Italiens, quf ornent leurs caroufels d’une infinité d’inventions galantes, dont le fpeâacle efi aufli fiirprenant qu agréable. Il faut des chevaux bien dreflés, bien ajuftés, & des cavaliers bien habiles Se bien adroits, pour exécuter ce manèee, i caufe de ladifiiculté qu’il y a d’ohferver la jufte proportion du terrain, & d’entretenir le cheval dans l’égalité de fon air & de fa cadence.

Pour donner une id’e de toutes les foules qu*on voudra inventer, il fufiit d’en donner un exemple.


Il faut placer le long des deux mitrailles, ou Jes deux barrières du manège, fur la même ligne 9 quatre cavaliers de chaque côté, éloignés l’un d «  l’autre d^environ dh à douze pa^, pDûS ou mcfiâs ^ fuivant la longueur du terrain, enforte que les uns foient placés à droite & les autres à gauche, visà-vis les uns des autres. Il en faut encore placer trois autres fur la ligne du milieu du manège, donc l’un occupera le centre, & les autres fur la même ligne, & éloignés de celui du milieu à égale distance. Ces onze cavaliers doivent être rangés fur trois lignes, & ils doivent avoir la tète de leurs chevaux placée en face d’un des bouts du manège. Les huit qui font rangés le long de la muraille, c’efi-à-dire, les quatre de chaque côté, font de » demi— voltes, changeant & rechangeant toujours de^ main, chacun fur ion terre : n ; Ôc des trois qui occupent la ligne du milieu, celui qui eft au centre » tourne à pirouettes, 6c les deux autres manient fur les vohes, l’un à droite, & lautre à gauche. Us doivent tous partir enfemble au fignal que leur donne celui qi|i conduit le caroufel, 6c arrêter de même, en finidant la reprife, ou à courbettes, ou à Tair auquel leurs chevaux ont été drefies. Touts les exercices dont nous venons de donner les règles & la defcription dans ce chapitre, furent infiitués pour donner une image agréable & infime* tive de la guerre, & pour entretenir l’émulation parmi la noblefie. Ils étoient fort en ufage en Italie vers la fin du feizième fiécle. Rome & Naples étoient le féjour des plus célèbres académies, dans lefquelles les autres nations venoient fe perfeâionner ; & c’efi dans la pratique de ces exercices », qui faifoient autrefois les divertiffements des princes 6c de la noblefie, qu’on cherchoit à fe difiinguer pour fe rendre capables de fervir fon prince avec honneur, & pour acquérir des vertus 6c des talents, qui doivent être inséparables de touts ceux qui font profefiîon des armes.

COURSE. Ce mot, en parlant du che’al, n’eft pas ufité dans les manèges. Hors de-la il fignifie un grand galop à toute bride. Les barbes » les anglois lont très vîtes à la c6urfe.

COURT. Un cheval court, eft un cheval dont le corps a peu de longueur du garct à la croupe. COURTAUD. Cheval de moyenne taille, auquel on a coupé la queue Se les oreilles.

COURT JOINTÉ. C’eft un cheval qui a le paturon court, qui a les jambes droites depuis le genou jufqu’à la couronne. Les chevaux court-jointés fatiguent mieux que les long— jointes ; mais ils ne manient pas fi bien._Les chevaux court-jointés font ordinairement bouletés 8c boutés.

COUSU fe dit aufli.d’un cheval fort maigre : on dit, il a les flancs confus, ce qui fignifie qu’il y a fi peu d’épaifleur d un flanc à l’autre, qu’on croiroit qu’ils font confus enfemble.

CRÉAT. Gentilhomme qui est élevé dans une académie pour se mettre en état d’enseigner l’art de monter à cheval. Il sert aussi de sous-écuyer.

CROCHU. Cheval crochu, c’efl celui qui a les jarrets trop près l’un de l’autre ; D’ordinaire les chevaux crochus font bons. Dans quelques provinces 9 on dît Jarretier pour crochu.

CROIX. Faire la croix à courbettes, à ballotades, c*eft lorfqu’on fiiit ces fauts en avant, en arrière & aux côtés, tout d’une haleine, parce que cela fait la figure d*une croix. Quelques-uns ont ditauffi faire la croix à cabrioles, ce qui ne fe peut pas ; car les chevaux qui feroîent des cabrioles en arrière, fembleroient tenir du ramingue & du rétif, 8c ne travailleroîenr pas félon la jufieffe du manège i outre qu’un cheval, quelque vigoureux qu’il loit » ne peut faire d’une haleine toute la croix à cabrioles.

CROUPADE. C’est un faut plus relevé que la courbette, & qui tient le devant & le derrière du cheval a une hauteur égale, enforte qu’il trouflê les jambes de derrière fous le ventre, fans nouer l’aiguillette, c’eft-à-dire, fans s’éparer, en allongeant les jambes, fans montrer (es fers ; & c’efl ce qui met de la différence entre cet air, la ballotade où le cheval s’épare à demi, 8c la cabriole où le cheval s’épare de toute fa force. Les hautes croupades font des croupades plus relevées oiie les croupades ordinaires. Manier à croupades. Mettre un cheval à l’air des croupades. Cheval qui fe préfente à croupades, qui fait des croupades.

CROUPE. La partie du derrière du cheval qui comprend depuis l’endroit où la ſelle porte, juſqu’à la queue. On a dit qu’il faut qu’un cheval, en faiſant des voltes, ait les épaules oppoſées à la croupe ; & on a voulu dire par-là que, le cheval cheminant de côté & ſur deux piſtes, il faut que ſes épaules tracent un chemin, tandis que, ſans ſe traverſer, fa croupe en trace un antre. Cette façon de parler, n’eſt pourtant pas tout-à-fait juſte ; car alors les épaules ne font pas oppoſées en droite ligne à la croupe ; parce que la moitié des épaules marche vers le dehors & avant la croupe qui s’approche vers le centre, & que le cheval regarde dans la volte en pliant un peu le cou. Gagner la croupe, c’eſt lorſqu’un cavalier eſt en préſence d'un autre, & qu’il fait un demi-tour pour le prendre en croupe. Dans un combat, il faut faire la demi-pirouette au bout de la paſſade, pour gagner la croupe d’un ennemi qui preſſe. Sans que la croupe échappe. On ſe ſert de cette expreſſion pour les voltes & pour le galop, & elle ſignifie, fans que le cheval ſe traverſe, ſans que la croupe forte de la volte ou de la piſte du galop. Lorſque le cheval a les cuiſſes fournies & proportionées à la rondeur de la croupe, il s’appelle bien gigoté ; & mal gigoté, lorſque cette proportion ne s’y trouve pas.

CRUD, à crud ; un homme armé à crud, botté à crud, c’est-à-dire, sans bas, sur la peau. Monter un cheval à crud, c’est le monter à poil, sans selle ni couverture.

D.

DÉBOURRER un cheval, c’est rendre les mou-


vements d’un jeune cheval fouples & liants, par l’exercice du trot. Débourrer les épaules d’un cheval, c’efl ; pour ainfi dire, les dégeler, quand il n’y a pas aiTez de mouvement.

DEDANS. Terme employé de plufieurs façons dans le manège. Avoir un, deux, trois dedans 5 c’eft en courant la bague, l’enlever une, deux, trois fois. Le talon du dedans, la rènetlu dedans, la jambe du dedans, par oppofition à celle de dehors. Cette façon de parler eft relative à plufieurs chofes, félon que le cheval manie à droite ou à gauche fur les voltes, ou félon qu’il travaille le long dune muraille, d’une haie ou de Quelque autre chofe (èmblable ; ainfi, elle fert à distinguer à quelle main, ou de quel côté il faut donner les aides au cheval qui manie. Auprès d]ne muraille, la jambe de dedans eft la jambe du côté oppofé au côté de la muraille. Sur les voltes, fi le cheval manie à droite, le talon droit fera le talon du dedans, la jambe droite fera la jambe du dedans. Quelques académiciens, pour fe faire mieux entendre, fe fervent ordinairement des expreffions à droite, à gauche, & difent : Aidez le cheval du talon droit, de la rêne droite, de la jambe droite, félon la fituation des talons & des rênes au refpeô de la volte. Un cheval a la tête & les hanches dedans, quand on fait paflager, ou que l’on porte un cheval de biais, ou de fôté, fur deux lignes. Mettre un cheval dedans, c’eft le dreffer, le mettre bien dans la main & dans les talons. Cheval oui s’eft bien mis dedans, c*eft-à-dire » cheval qui seft bien drefte.

DÉFENDRE. Se défendre fe dit d’un cheval qui réfifte, en fautant ou en reculant, à ce qu’on veut qu’il fafle : c’eft fouvent figne qu’il n’a pas la force de l’exécuter. Se défendre des lèvres, c’eft la même chofe que s’armer de la lèvre. Foye^ Armer.

DEHORS. Terme de manège, c’eft le côté oppofé à celui fur lequel le cheval tourne ; fi le cheval tourne à droite, toutes les parties gauches du cheval & du cavalier, comme les hanches, la main, l’épaule, &c. font les parties de dehors ; enfin, c’eft l’oppofé de dedans.

DÉLIBÉRER fe dit d’un cheval qu’on accoutume, qu’on réfout, qu’on détermine à certains airs, comme au pas, au trot, au galop, ou à quel* ques manèges relevés. Il ne faut point délibérer un cheval^à cabrioles, qu’on ne Tait bien délibéré au manège de guerre, & au terre à-terre. Il ne faut point faire lever le devant d’an cheval qu’il ne foit délibéré, & n’obéifle à la main 8c aux aides du talon ; qu’il n’échappe de vùefle & forme bien fon arrêt.

DEMEURER fe dit du cheval lorfque l’écolier ne le détermine pas aftez à aller en avant, alors le maître dit, votre cheval demeure.

DEMI-ARRÊT (le) eft nn arrêt qui n’eft pas achevé par une pelade ; deforte que le cheval, après avoir falqué trois ou quatre temps fur les hanches, reprend & continue son galop, sans faire ni courbettes ni pesades.


DEMI-VOLTE, tUmi-courheUc^ demi —hanche^ dmv-urre’â’ttrre, demi-air. Voye ; ^ VOLTE, RepO-LON & Passade, Courbette, Hanche, Terre-a-terre & Mezair.

DÉROBER. Se dérober fous l’homme fe dit lorfqu’un cheval en galopant fait tout-à-coup, & de hii même » quelques temps de galop plus vifs & précipités pour défarçonner le cavalier, & s*en défaire s*il peut.

DÉSARÇONNER fe dît du cheval qui fait fortir le cavalier de la felle en fautant ou en faifant quelque mouvement violent.

DÉSARMER un cheval, c’eft tenir fes lèvres fujettes & hors de defius les barres. Lorfque fes lèvres font ( groffes, qu*eUes couvrent les barres où confifte le lentiment du cheval, & ôtent le vrai appui de la bouche, il faut lui doaner une embouthure à canon coupé » « u des olives, pour lui defarmer les lèvres.

Manière dedescendre deCheval.

(Thiroux).

Pour defcendre régulièrement de defliis le cheval, remis dans Tétat du repos, on commence par abandonner le bridon, afin de pouvoir pafler entre t% rênes de la bride & l’encolure la gaule que la main droite tient » la pointe en bas. On met cette jaule dans la main gauche, fans que cette main lâche les rênes, enfuite, avec la main droite entièrement débarraflee, on prend une poignée de crins qu*o ; i place encore dans la main gauche, & dont on entoure l’index. Enfin on pofe la main droite, devenue libre pour la féconde fois, fur la batte droite de Tarçon de devant » les quatre doigts en dedans, le pouce en dehors, le poignet bombé, Tavantbras très-rappreché du ventre, & le coude ferré çontro la hanche, pour avqir, du côté droit, un point d*appui qui, quoiijue faâice, puifTe cependant contre « balancer celui que forme naturellement le pied eauche dont la pointe porte fur Tétrier. Ce n’e(l qu’a la fuite de ces diverfes préparations qu’on a la podibilité de s’enlever de defTus la felle, fans déranger la perpendiculaire du haut du corps. Aufîitôt qn on a quitté la felle, on enlève la jambe droite qui paiTe avec aifance au-deffus de la croupe, lorfqu’on a l’attention de maintenir les hanches portées en avant & le bas du rein creufé. Finalement, on allonge la jambe droite à terre. Alors le cavalier fe retrouve prcfqu’en face de Tépaule gauche du cheval, & dans la difpofition où il étoit en fe préparant à monter deffus ; ceft-à-dire, étayé, d’un côté, par la poignée de crins mife dans la main gauche, foutenu de l’autre par la main droite qui, pendant le pa^Tagetle la jambe droite, abandonne Farçon de (levant pour venir s’accrocher à celui de derrière, & ayantà Tétrîer le pîed gauche dont la pointe, absolument deiïous fon genou, fe troure direâe au ventre du cheval. AuiHi


tôt qu’on fent le pîed droit folldement remis 1 terre, on ôte de Tetrier la pointe du pied gauche, &, après avoir quitté les crins & les rênes, logés dans ta main eauche, on s’éloigne du cheval, en fe reculant, julqu’à ce qu’on foit hors de fa portée.

DÉSUNI. Un cheval eft défuni, lorfqu’ayant commencé à galoper en avançant la jambe droite la première, il chanee de jambe, & avance la iain «  be gauche la première : il eft défuni de derrière » qnand il avance la jambe droite de derrière au galop en même— temps que la jambe droite de devant ; car à tputes les allures, excepté à l’amble 9 la jambe gauche de derrière doit marcher avec la— jambe droite de devant, & ainfi des deux autres.

DÉVIDER. Un cheval dévide, lorfqu’en maniant fur fes voltes, fes épaules vont trop vite, & que la croupe ne fuit pas à proportion, enforte qu’au lieu d’aller de deux piftes ^ il n’en marque 3u’une. Cela vient de la rémlance qu’il feit en fe éfendant contre les talons, ou de la faute du cavalier qui hâte trop la main.

DIGUER un cheval, c’eft lui donner de l’éperon.

DONNER la main ou Donner la bri(le, c’eft lâcher la bride. On dit auffi rendre la main, rendre la bride, pour dire donner la main, donner la bride. Donner haleine. Voyei^ HaleikE.

DONNER des deux à un cheval, c’eA le frapper avec les deux éperons. Donner le pli, c’eu la même chofe que plier. Donner dans les cordes, fe dit d’un cheval qu’on a attaché avec le caveçon entre les deux piliers. 11 donne dans les cordes, lorf* qu’en avançant entre les deux piliers, il tend également les deux cordes qui tiennent par un bout au caveffon, & par l’autre à chaque pilier.

DOUBLER ou Doubler large, terne de manège ; c’eft tourner fon cheval vers la moitié du manégê, & le conduire droit à l’autre muraille fans changer de main. Doubler étroit, c’eA tourner fon cheval en lui faifant décrire un quarré à un coin du manège eujaux quatre coins. Doubler les reins, c’eft un (aut que le cheval fait plufieurs fois de fuite en voûtant fon dos, pour renverfer fon cavalier.

DROIT. Cheval droit fe dit d’un cheval qui ne boite peint, & qu’on garantit droit chaud & froid » c’eft’à-dire, lorlqu’il eft échauffé ou qu’il eft refroidi, c’eft-à-dire, qu il ne boite, ni quand on le monte & quand il eft échauffé, ni après qu’il a été monté & qu’il s’eft refroidi. On dit auffi qu’un cheval eft droit fur fes jambes, quand le devant du boulet tombe à plomb fur la couronne, enforte que le canon & le paturon font en ligne droite. On dit auffi faire des courbettes également bien par le droit & furies voltes. Promener un cheval parle droit, le guider droit, le faire partir & reculer droit, c’eft à-dire, le faire aller fur une ligne droite ^ fans Ye traverfer ni fe jeiter de côté.

E.

EBALAÇON. Cheval qui fait des Ebalaçons ; Vieille expression qui signifioit donner l'estrapade.

EBRILLADE. CcA un coup de bride que le cavalier donne par la fecouffe d’une rèheà un cheval qui refufe de tourner. La façade fe fait par la fecouffe des deux rênes. Beaucoup de gens confondent ces deux mots , fous celui de cou^ de bride. De quelque façon que ce foit » c’eft toujours un châtiment & non pas une aide , & Tufage en eft biiini des académies.

EBROUER, fe dit des chevaux pleins de feu, qui font une efpéce de ronflement » comme s’ils vouloient faire fortir des nafeaux quelque humeur qui les empêche xle prendre leur haleine. CeA une bonne marque quana le cheval s*ébroue , quapd on le veut retenir. Si on veut empêcher qu*il ne s’ébroue , on reflourifle»

ECAVESSADE. Vieux mot qui fignifioît une làccade , que le paifrenier , qui tient un cheval par la corde du caveflbn , lui donne pour l’arrêter ou pour le châtier : on dît à préfent coup de caveflbn. ÉCHAPPÉ. Un échappé eA un chpval engendré d*un cheval & d*une jument de races différentes , & pays différents. Un échappé de barbe» un échappé dxfpagne.

ECHAPPER. CeA pouffer un cheval k toute bride , le faire échapper ou partir de la main. On iaifoit autrefois dans le manège ce verbe aâif , & on difoit échapper un cheval de la main ; mais on a reâifié cette expreffion , & on dit faire échapper, laiffer échapper. Partir & échapper ont la même fignification dans le manège. Pour laiffer échapper un cheval de la main , il faut tourner les ongles en bas 9 & le conduire droit, baiffer la bride de trois doigts, & appuyer délicatement les talons, ou le gras des jambes.

ECOLE. V. Diâton. Encjrcl. InAruéHon que récuyer donne » tant au cavalier qu’au cheval , en le faifant travailler. On dit , ce cavalier n*a qu’un , deux ou trois mots d’école. Voilà un cheval qui a de récole, qu’on a remis à Fécole , qui fournit bien à récole, qui eA bon cheval d’école, c’eA* à-dire, qui manie bien. On dit auffi un pas d’école , pour dire un pas averti » un pas écouté.

ECOLE fignifie auffi manège dans quelques occafions. La baffe-école , ce font les académiAes qui commencent à apprendre à monter à cheval. Ùii cheval d’école , c’eA un cheval de manège.

ÉCOUTÉ. On dit du pas d’un cheval qu’on promène dans la main & dans les talons , pas écouté. C’eA un pas d’école , un pas raccourci d un cheval qui eA balancé entre les talons , qui les écoute fans fe jetter ni fur l’un ni fur l’autre : ce qui arrive Ïuand U prend finement les aides do talon & de ï main.

ÉCOUTER fon cheval , terme de manège «  c’eA être attentif à ne point le déranger de fes airs de manège quand il manie bien.

ÊCOUTEUX. Un cheval écouteux eA celui qui «A retcmi » qui ne part pas de la main franchemcnr.


qui faute en avant , qui ne fournkpas tout ce qu’on lui demande.

ÉCURIE. Bâtiment deAiné pour y attacher , y mettre à couvert, & y nourrir les chevaux. L’écurie fimple n’a qu’un rang de chevaux , & un efpace derrière pour aller aun bout à l’autre. L’écurie double fe pratique de deux façons ; elle a deux rangs de chevaux , les croupes vis-à-vis l’une de l’autre , & un efpace entre deux, ou bien on met le râtelier dans le milieu , alors les têtes des chevauij font vis-à-vis l’une de l’autre, & il y a deux efpaces pour paffer derrière les croupes des deux rangs. Ecurie fig(iifie auffi non-feulement le bâtiment ; fait pour les chevaux , mais encore tout ce qui y a tapport, c’eA-à-dire, les logements de touts les ofiiciers , palefreniers, &c. lorfque le tout ne forme qu’une enceinte de bâtiment : ainfi , les écuries du roi & des princes s’entendent dans ce dernier fens. Les écuries du roi de France font fé^ parées en deux bâtiments ; l’un deAiné pour les chevaux de manège & de guerre, & pour les che«/ vaux de felle & de chafie, ce qui s’appelle U grande écurie ; l’autre écurie , appellée h petite écuris^ eA faite pour les chevaux de cartoffe. M. le Grand vend toutes les charges de la grande écurie du haras qui en dépend , & delà petite écurie ; il ordonne les fonds pour les dépenfes defd. écuries , comme auffi de toute la livrée. Nul maître d’académie ne peut montrer ni établir d’académie fans fon ordre & peimiffion formelle , avec des lettres pour prendre le nom d’académie royale. Des officiers des écuries, il y en a qui font communs à la grande & à la petite ; tels font , premièrement , le grand écuyer , un intendant & contrôleur ancien, alternatif & triennal, un tréforier , deux juges d armes & généalogiAes , huit fouriers , douze chevaucheurs, autrement couriers du cabinet , douze hérauts , y compris le roi d’armes , deux pôurfuivants d’armes , trois porte* épée de parement, deux porte-Manteaux , deux porte- caban ( qui eA un manteau de pluie ^ , deux médecins , quatre chirurgiens , deux apothicaires» D’autres officiers néceffaires , comme garde-maladcf garde-meubles , lavandiers , portier , drapierf paffe* mentiers , merciers, tailleurs» felliers , éperonniers , charron , bourrelier, brodeur & menuif^r des deux écuries. Trompettes , joueurs de violon, haùt-bois, faqueboutes , corners , haut-bois , mufettes de Poitou , joueurs de fifres & tambours , cromornes & trompettes marines , un ambleur & un condufieur du chariot. Maîtres en fait d’armes , des exercices de guerre , à danfer , de mathématiques , à écrire , à oeffiher & à voltiger. Les officiers de la grande écurie font , un argentier-provifeur , un écuyercommandant, quatre écuyers pour le manège» dont deux ordinaires & deux calvacadonrs , un écuyer ordinaire & un cavalcadour. Il y a encore Î quatre ou cinq charges d’écuyer ordinaire fans onâions , quarante pages portant la livrée du roi t ta poche en travers» un gouverneur , deux fousgpuverae’ursy un précepteur^ un aumânier > boit premiers valets des pages » quatorze palfrenîers, quatre maréchaux y un arrofeur de manège, un concierge, quarante-deux grands valets de pied. Le haras du roi a pour officiers, un écuyer capitaine du haras, fix gardes du haras, deux maréchaux, deux pages » médecin, chirurgien, apothicaire, taulpier. Les officiers de la petite écurie font y un écuyer de main ordinaire, & vingt écuyérs de main, appelles écuyers de quartier ^ qui doivent donner la main au roi quand il fort & par-tout oii il va, un écuyer ordinaire, commandant la petite écurie, & deux autres écuyers ordinaires, vingt pages portant la livrée du roi, les poches en long, un argentier provifeur, un. gouverneur, un précepteur, un aumônier. Tous les pages doivent faire leurs preuves anciennes & militaires de quatre gé-Tiérarions paternelles. Tous les officiers des écuries font commenfaux de la maifon du rot. La petite écurie a feize petits valets de pied par commiffion.

ECUYER fe dit de celui qui tient une académie, qui fait le manège, & qui en feigne aux jeunes gentils-hommes l’art de manier les chevaux, & de les drefTer.On dit auffi d*un homme qui fe tient bien à cheval & de bonne grâce, qui fe connoit bien en chevaux, que c’efl un bon écuyer.

ECUYER cavalcadour, chez le roi & chez les princes, cfl celui qui commande Técurie des chpvaux qui fervent a leur perfonne. Il y a dans la maifon du roi, le graqd-écuyer, auquel appartiennent, à la mort du roi, les chevaux & les harnois de l’écurie ; le premier écuyer & des écuyers de quartier, qui aident au roi à montera cheval & à en defcendre, le fulvent à cheval, & portent fon épée. Il y a auffi des écuyers de main, dont remploi efl de donner la main à la reine, aux princefTes & aux dames de la première qualité.

EFFET fe dit des mouvements de la niain qui fervent à conduire un cheval. On diflingue quatre effets de la main, en fe fervant de la bride Dour pouffer un cheval en avant, le tirer en arrière, ou pour le changer de main, i droite ou à gauche.

EFFILÉ. Cheval effilé, c’eft celui qui aTencolure déliée.

EFFLANQUÉ. Un cheval efflanqué cft celui dont le ventre va en étréciffant vers les cuifTes. Cheval efflanqué par une courfe trop violente, ou -par un trop grand effort de travail.

EGARER la bouche d’un cheval, c’efl en diminuer la fenfibiUté par ignorance ou par brutalité.

EHANCHÉ. Cheval dont la hanche a fouffert un fi grand effort, quek’os qui la forme eil defcendu plur bas que celui de l’autre côté ; oii dit auffi épointé.

ÉLANCÉ. Cheval lonj & qui a peu de ventre.

ELARGIR fe dit lorsqu’on fait embraffer un plus grand terrain à un cheval que celui qu’il occupoit, ou le faire marcher large. Cela fe pratique lorfqu’un cheval travaille fur un rond, ou manie fur les voltes, & que s’approchant trop du centre, pn veut qu’il gagne du terrain. Pour faire élargir


un cheval, il faut pincer des deux talons, eu l’aider des deux gras des jambes, & porter la main en dehors. Lorfqu’un cheval fe terre, ou s’accule à main droite, il faut l’élargir en le pin* çant du talon de dedans > & en le foutenant avec la jambe de dehors pour le porter en avant, & faire marcher les épaules. Dans ces occafions les écuyers difent feulement large, large.

EMBRASSER se dit d’un cheval qui maniant sur les voltes, fait de grands pas & embraiTe beaucoup de terraiUc C’efl le contraire de battre la poudre, qui fe dit, lorfque le cheval ne fort prefque point de fa pUce. Le cheval embraffe bien du terrain, quand de l’endroit où il a pofé les pieds de devant, jufqu’à lendroit où il les pofe encore, il a parcouru ou embraffe à* peu-près l’efpace d’un pied & demi ; & il bat la poudre, lorfqu’il pofe Çç% pieds de devant tout auprès de l’endroit d’où il les a levés. Un cheval ne fauroit trop embraffer de terrain, pourvu que fa croupe n’échappe point, c’efl-à-dire, qu’elle ne forte pas de la volte.

EMBRASSER fon cheval, ou le tenir embrafïé, c’efl ferrer médiocrement les cuifTes, & tenir its jambes prés du ventre de fon cheval quand on efl deffus.

EMPORTER (s’) fe dit d’un cheval qui, n’ayant point de fenfibilité à la bouche, & ayant de l’ardeur, va toujours, fur-rout au galop, malgré tours les efforts que le cavalier fait pour l’arrêter.

ENCAPUCHONNER f s’) ou être encapuckonné, fe dit du cheval qui baiffe la tête & s’arme. Voye^ s’armer.

ENCASTELÉ. Un cheval encafïelé, c’efl un cheval dont le talon efl trop étroit & la fourchette trop ferrée.

ENCOLURE. Quelques — uns difent encoulure* Partie du cheval depuis la tête jufqu’aux épaules. On dit qu’un cheval efl chargé d encolure, qu’il l’a fauffe, renverfée, qu’il la trop épaiffe, pour le méprifer ; & au contraire qu’il Ta fine, bien tournée & bien relevée, pour le louer. On appelle tncoinre de jument y celle qui efltrop effilée, trop mince, où il y a peu de chair. On dit auffi déchargé d’encolure. On cherche fur-tout une encolure fine dans les chevaux de parade, rien n’étant plus effentiel à un beau cheval qu’une belle encolure ; mais un cheval de harnois n’en vaut pas moins pour avoir l’encolure un peu épaifle & charnue ; il en rend même plus de fervice & de profit. On dit d’un cheval qui a l’encolure élevée & tournée en arc, ou comme un cigae, & qui tient la tête haute fans contrainte ;, ferme & bien placée, qui fou » tient bien fon encolure, qu’il porte beau, qu il porte en beau lieu. On dit d’un cheval qui a l’encolure naturellement molle, mal formée » qui baiffe trop la tête, qu’il porte bas. Quand un cheval porte bas, il a l’encolure mal placée & mal toiirnée ; lorfqu’il s’arme, il a l’encolure trop foupie, & il veut fuir la fujétion de la bride.

ENCRAINÉ, Chçval cncrainé, pour dire } fl^ré. Cette expreffion a vieilli.

ENFORCIR, prendre des forces, devenir fort & vigoureux. Ce cheval enforcit toutâles jours, il « entorci de moitié & enforcira encore.

ENGRENER fe dit des chevaux qu’on « ourrit de bon grain y pour les rétablir lorfqu’ils font miii£res ou qu*als ont été malades.

ENSELLÉ. Cheval enfelié fe, dit du cheval qui a répine du dos encavée. Les chevaux enfellés font relevés de cou & de tète, & ont les reins bas ; c’eft pourouoi ils couvrent bien leur homme.

ENSEMBLE fe dît d’un cheval qui, en marchant, approche fes pieds de derrière de ceux de devant 9 enfonequele devant eft léger, que les hanche ! ^ foutiennent en quelque manière fes épaules, & que le cheval ne peut s’atterrer, ni galoper fur les épaules. On dit mettre bien enfemble un cheval, lé mettre bien fous lui, quand on le met fur les hanches. Un cheval qui efi court de reins, ^ Qui a de la foupIefTe, fe met bien mieux en* femble que celui qui eft long ; mais outre la fouplefle, il faut qu’il ait une force pliante dans les hanches. Mettre bien un cheval enfemble, ou fur les hanches, ou le mettre fous lui, cA une des leçons les plus néceflâires du manège.

ENTABLER fe dit d’un cheval, Urfque fa « roupe va avant fes épaules, lorfqu’il manie fur les vol tes, & qu*il ne manie pas avec jufteffe ; car pour manier avec juftefle, il faut que. la moitié des épaules aille toujours avant la croupe. Un cheval s’^entabie, parce qu*en maniant d’un^côté, il a l’inclination de fe jetter fur le talon du même cdté « Oh prévient cette faute en prenant la rêne du même côté, en tenant fon près la jambe de ce côté, & e « éloignant la jambe du côté oppofé jnfqu^à répaule du cheval. Un cheval ne peut s’entabler mAï ne s’accule ; mais il peut s’acculer fans sentabler.

ENTAMER le chemin » commencer à galoper.

ENTAMER du pied droit, du pied gauche. M. ëc NeutaAle s’eft forvi le premier de ce terme, oui a été adopté dans le manège y parce qu’il efl très-expreflîf.

ENTERRER (s’) fe dît du cheval, lorfque « licrciiant un point d’appui fur la main du cavalier, il baiiTe la tête & s abandonne fur les épaiijes.

ENTREPAS eft un’train ou amble rou^pui qui us tient ni du pas, ni du trot. C’cft le train que vont les chevaux qui vont fur les épaules, qui ont les jambes ruinées, ou les reins foibles. On rappelle autrement le traquenard. Voyez Traquenard.

ENTRER dans les coins, fe dit du cavalier lorfqu’il tourne fon cheval dans les quatre coins du manège en fuivant exaâement la muraille.

EPARER fe dit d’un cheval qui détache des ruades, & qui noue raiguillette. Un cheval doit s’éparîr de toute fa force à Talr des cabrioles. 11 ïes’ép.ire qu’à demi aux ballotades, & point du Eplution^ Efcrimt 5 » Dar^e.


I teiut aux cfMpades, & tout cheval qui s’épare eft rude.

EPAULE, , en termes de manège, fe dit de It partie du train de devant d’un cheval, comprife entre le garot, le poitrail & les cdtes. Un bon che «  val doit Sre’léger des épaules & fujet des hanches. Le coup de lance efi une marque que quelques barbes oC chevaux d*Efpagne & de Turquie ont à répaule. C’eft un figne de bonté. On dit auffi qu*un cheval a les épaules chevillées, quand elles font engourdies Se fans mouvement. H faut avoir rendu les épaules d’un cheval fort fouules, avant que de lui demander des fauts. Lorfqu un cheval ne s*affeoit pas fur les hanches, Se ne pHe pas lés jarrets ^ il s’abandonne trop fur les épaules, & pèfè à la main. Il faut faire enforte que les hanches d*ua cheval foutiennent les épaules & le train de devant^ > pour le rendre léger i la main & le mettre, bien, enfemble. Cheval chargé d*épaules, qui les a groffes y trop charnues & pefantas. On dit qu*uri che* val foijge, lorfqu’il va trop fur les épaules. On afToupUcun cheval qui a les épaules & le cou roides avec uo caveçon à la NeucafUe.

EQUITATION. Conduite du cheval. Voye^ Monter.

ESCAPADE. Ceft WSàon fougueufe & empota tée d’un cheval oui n*obéit pas au cavalier.

ESCLAME. Vieux terme qu’on employoir pour défigner un cheval trop fatigué & qui n’a point de boyau.

ESQUIAVINE s^eft dît autrefois dans le ma* nège d un long & févère châtiment qu on faifbît fouâfrir au cheval, pour le rendre fouple & obéif> fant.

ESTRAC fe dit d’un cheval.qui a peu de corps ; peu de ventre, peu de flanc » qui efi ferré des côtes. On dit plus communément cheval étroftde^ boyau, cheval qui a peu de flanc.

ESTRAPADE ^i{ une défenfe du cheval qui ne veut pas obéir, qui en même temps lève le devant & détache des ruades avec furie. Il porte la’ croupe plus haut qu*il n’a la tête » & pendant ce’ contre-temps, il recule plutôt oue d’avancer. Donner des efirapades, redoubler 1 efirapade.

ESTRAPASSER un chevaf, c’eft le fatiguer & force de lui faire faire un violent & trop long— manège. On dit furmener un cheval, quand il eft fa* tigué par un trop long voyage.

ETENDRE un cheval. Quelques-uns fe fervent de cette exprefiion ppur dire élargir, feire aller hree.

ETRECIR ou serrer. Cheval quî s*étrécît v qui fe ferre, eft celui qui perd de fon terrain, qui ne va pas aflez large, qui s’approche trop prés du centre de la volte.

ETROIT, en termes de manège, fe dit d’ua cheval qui a les côtes plates, ferrées i ou raccourcies, qui a le flanc retroulTé te ! que celui d’ua lévrier. On l’appelle auffi ejlrac, ou étroit de boyau.* Il travaille & mange peu, parce qu’il a trop d’a^*^ deur. On parle plus élégamment en difant» ce cheval a peu de flanc , qu’en difant qu’il eft étroit de, boyau. Un cheval devient étroit de boyau , lorfqu’il a été furmcné & outré de fatigue. Le vert ed -bon pour les chevaux maigres Ôc étroits de boyau. On dit auflî condu’u'e un cheval étroit , pour dire lui donner peu de terrein , & Tempêcher ^u’il ne marche large. C^uand il a la bouche forte’, il faut le conduire étroit , le foutenir à temps, & lui rendre la main à temps. Cette expreffion eA particulièrement pour les voltes & les demivoltes. Quand Técuyer dit en donnant leçon, large, alors récolter approche le talon de dedans , pour empêcher que le cheval ne ferre trop , & ne s’approche trop du centre de la volte. Quand Técuyer dit étroit , alors l’écolier approche le talon de dehors , pour empêcher le cheval de perdre fon terrain.

F.

FALCADE, mouvement vîf & réitéré des hanches & des jambes de derrière , qui plient fort bas lorfqu’on arrête fon cheval à la fin de fa reprife an manège ; c’efl proprement trois ou quatre petites courbettefs prefl’éés avant Tarrêt.

FALQUER. Ceft donner un mouvement au cheval , quand on eA près de l’arrêter , en le faifant couler fur les hanches en deux ou trois temps , 6c en formant un arrêt ou un demi-arrèt. On dit , ce cheval falque très- bien en Tarrètant , car il fait deux ou trois falcades ; & il finit fon arrêt par une peiade. Un cheval qui n’a point de hanches ne peut falquer. Les falcades de ce clicval font d’autant plus belles, qu^il a les handhes baffes en falquant. Arrêter un cheval fur les hanches en les lui faifant bien plier , de forte qu après avoir formé fes falcades , il reprenne fon galop fans faire de pefade.

FAQUIN. Voyez Quintaine.

FAUCHER ie dit d’un cheval qui traîne en demi-rond une des jambes de devant , & oui boîte en marchant , pouf avoir fait quelque enbrt , ou pour ayoir été entrouvert. Cette aâion paroît plus au trot qu’au pas.

FAUCONNIER. Monter à cheval en fauconnier , c’eft y monter du pied droit.

FAUX. Etre faux , ou galoper faux^ fe dit du cheval lorfqu*en galopant il lève la jambe gauche de devant ta première , car il doit lever la droite la première.

FERME-A-FERME. Un cheval qui faute, cabriole , & manie de fermera-ferme , c*eft celui qui iaute, cabriole , manie fur te même terrein , fans partir d’une place. On dit, il faut lever ce cheval de ferme à-ferme. Quand on veut railler un jeune académifle, on lui dit de faire galoper fon cheval de ferme-i-fernie. Foy^^ Manier , Sauter.

FERMER la volte , la paflade , &c. ou autres airs en rond, c’eA les terminer. Ainfi, on peut ier.mer bien ou mal « avec jufieiTe ou fans grâce ^


on ferme ordinairement ces airs par des courbettes.

FIN. Un cheval fin eft un cheval qui a la tête fèche , la taille dégagée , & peu de poil au fanon. Un cheval fin eft bon pour le manège , la chafTc » & pour monter un maître , auffi lappelle-t-on un cheval de mahre. Avoir l’éperon fin. Voye^ Eperon.

FINGART. Vieux mot qui fignifioit un cheval ramingue.

FINITEUR de la carrière ou de la courfe. Vieux . mot dont les académiciens Italiens fe fervoient pour dire bout de la carrière ou de la courfe.

FLAMME. Inftrument de fin acier , compofè de deux ou trois lançettes’tnobiles pour faigner un cheval. 11 fert auiTi quelquefois à lui faire des incifions , au lieu de biftouri.

FLANC. On dit, Ce cheval a peu de flanc, peu de ventre , peu de boyau , pour dire qu’il a les côtes plates, ferrées & raccourcies. On dit auffi cheval eftrac , cheval efSanqué , cheval qui a beaucoup de flanc , qui a les côtes amples & biem tournées , qui a du corps.

FOND. Un cheval qui a du fond , eft un cheval qui travaille longtemps fans (e fatiguer.

FORCES. Faire les forces , un cheval qui ouvre t>eaucoup la bouche , au lieu de fe ramener quand on lui tire la bride , fait les forces ; cette expreffion veut dire qu*il imite , en ouvrant la bouche , la figure d’une efpèce de tenaille de fer qu on nomme des forces.

FORGER fe dit d*un cheval qui avance trop les pieds de derrière , & porte leurs pinces contre Té* ponge des fers des pieds de devant. Un cheval forge, ou parce qu’il eft foibte des reins , ou parce qu’on le laiffe trop aller fur les épaules.

FORT. Cheval fort en bouche , ou qui a la bouclie forte , eft celui qui n obéit pas au cavalier, qui s’emporte , qui a la bouche ruinée. Pour marquer un cheval qui a de la force , on emploie plus communément le terme de vigoureux , que celui de fort.

FORTERET fe dit d’un cheval qui étant furmené & outré de laflitude , devient étroit de boiau. Il n’eft pas ufité.

FORTRAIT a la même fignificatîon que forteret. Un cheval furmené & outré de fatigue devient fortrait par la roideur & le reflerrement de deux nerfs qu il a fous le ventre.

FOULE. On appelle en terme de caroufel , faire la foule, lorfque plufieurs cavaliers font manier àla

  • fois un certain nombre de chevaux fur difl&

rentes figures. Ce manège eft une efpèce de ballet de chevaux qui fe fait au fon de plufieurs tnftruments ; il faut des chevaux bien drefles , bien ajuftés , & des cavaliers bien habiles pour rexécuter» Voyer Course.

FUIR les talons fe dit au manège d un cheval gui va de coté , évitant le talon qu’on approche de fon flanc : ainfi , fi on approche te talon droit , il le fuit en marchant de côté à gauche , & il marche I de même à droite û on approche le talon gauche ; ilf efi sûnfi que le cavalier lui fak fuir les talons.

G.

GAGNÉ. Uépaule . la hanche eft gagnée, lorfque le cavalier eft parvenu à empêcher que le cheval ne poufle fon épaule ou fa hanche du côté qu*il ne veut pas en faifant fon exercice. La volonté gagnée fîgnifie que le cheval eft devenu obéiffant à ce que le cavalier e^ige de lui.

GALOP. Allure d*un cheval qui court en faifant un faut en avant , & levant prefque en même temps les ïambes de devant , & enfuite celles de derrière , en quoi le mouvement du galop diffère du pas & du trot , qui font touts les deux uniformes. Cheval qui aie galop léger 9 qui prend le galop , qui fe met au -galop. Cheval qui a un bon galop , c’eft à-dire , qui galope fur les hanches, qui ne pè(c pas fur la bride, qui plie beaucoup les bras > qui a un beau mouvement , qui ne s’abandonne pas fur les épaules , qui eft bien enfemble & bien fous lui. .Marcher également bien le pas , le trot & le galop. Ceft un défaut à un cheval que de fiffler en galopant. Grand galop j ou galop de chaflfe , ou galop étendu , c’eft une courfe de vitefle , un gabp à toutes jambes. Petit ga^op , c*eft celur qui eft plus lent. Galop à Vangloife , ou quirafe le tapis, c*eft un galop près de terre , quand le cheval ne lève guère les jambes. On dit auin galop écouté , galop raccourci , galop d’école. S’ébrouer en galopant , eft dans un cheval une marque d’un bon poumon & de beaucoup d’haleine.

Du Galop. ( La Guériniere )•

On tire du galop trois avantages confidérables, qui font d’aiTurer la bouche trop fenfible , d^augmenter l’haleine, & d’abaifler la vigueur fuperflue d’un cheval qui a trop de rein. Toucs les hommes de cheval conviennent que le galop donne de l’appui & afture les bouches fenfibles ; parce que dans laâion aue le cheval* fait en galopant , il lève les deux épaules & les deux bras en l’air ; & les pieds de devant retombant enfemble à terre après ce mouvement , le cheval eft naturellement porté à prendre de l’appui fur le mors > & le cavalier a le temps de lui faire fentir dans ce moment l’effet de la bride. Le galop augmente l’haleine , parce que le cher val étant obligé d’étendre toutes les parties de fon corps , pour mieux diftribuer (es forces , les mnfclés de la poitrine fe dilatent , & les poumons fe rempliffent d’une plus grande quantité d air , ce qui procure une refpiration plus libre. Le galop diminue & abaifle la vigueur fuperflue de certains chevaux , qui fe fervent de leurs reins pour des fauts défunis & des contre-temps qui incommodent & dérangent un cavalier ; parce que fians le mouvement que le cheval fait en galopant , G AL

les jambes de devant le trouvant éloignées de" celles de derrière 9 les reins , qui font la partie tu-Sérieure du corps , font nécef airemeqt contraints e fe baifler dans cette aâion , ce qui par conféquent diminue la force de cette partie * : ceci doit s entendre du galop étendu qui eft propre à ces fortes de chevaux , car le galop raftemblé leur donneroit occafion de continuer leurs défordres. Ceft une règle pratiquée par touts les habiles maîtres , qu’il ne faut jaitiais galoper un cheval fans l’avoir aftbupli au trot , de façon qu’il fe préfente de lui -même au galop, fans pefer ni tirer à la main : il faut donc attendre qu’il foit fouple c !è tout fon corps, qu’il foit arrondi l’épaule en dedans , qu’il obéiffe aux talons au paflage de la croupe au mur, & qu’il foit devenu léger au piafer dans les piliers ; & fitôt qu’il fera parvenu à ce point d’obéiûfance , pour le peu qu*on l’ébranlé au galop , il le fera avec plaifir. Il faudra le galoper dans la pofture de l’épaule en dedans , non-feulement pour le rendre plus libre & plus obéiffant » mais pour lui ôter la mauvaife habitude qu’ont prefque touts les chevaux , de galoper la jambe de dedans de derrière ouverte , écartée & hors de la ligne de la jambe de dedans de devant. Ce défaut eft d’autant plus confidérable , qu’il incommode fort un cavalier & le place mal à fon aife , comme il eft facile de le remarquer dans la plupart de ceux qui galopent ; par exemple , fur le pied droit , qui eft la manière de galoper les chevaux de chaffe & de campagne , on verra qu’ils ont prefque tous l’épaule gauche reculée , & quMs font panchés à gauche : la raifon en eft naturelle ; c’eft que le cheval , en galopant la jambe droite de derrière ouverte & écartée de la gauche , l’os de la hanche dans cette fituation , pouffe & jette néceffairement le cavalier en dehors & le place de travers. C’eft donc pour remédier à ce défaut qu’il faut galoper un cheval l’épaule en dedans , pour lui apprendre à approcher la jambe de derrière de dedans de celle de dehors , & lui faire baiffer la hanche ; & lorfqu’il a été affoupli & rompu dans cette pofture » il lui eft aifé de galoper enfuite les hanches unies & fur la ligne des épaules , enforte que le derrière chaffe le devant , ce qui eft le vrai & le beau galop» Un autre défaut qu’ont beaucoup de cavaliers ,’ c’eft qu’ils ne s’attachent point dans les commencements à fentir leur galop , ce qui eft pourtant une chofe effentielle ^^ c eft pour cela que j’ai jugé à propos d’enfeigner ici un moyen de le fentir en peu de temps » je le tiens d’un ancien écuyer qui étoit en grande réputation pour les chevaux Je courfe.

Ce moyen eft de prendre un cheval de campagne qui aille un pas allongé & étendu , & de s’attacher à fentir la pofidon des pieds de devant. Pour fennr cette pofition > il eft néceffaîre de regarder dans les commencements le mouvement de i’è«  paule, pour voir quel pied pofe à terre & quel pied lève en comptant ce mouvement dans fa Nij

^©rai^of) tête, & ea dlfiint , un , deux. Par exemple , lotCjmxQle pied gauche de detant fe pofeà terre, il faut en foi- même dire, un ; & quand le pied droit fe pofe à fon tour , il faut dire , deux , & ainfi de fuite en compunt toujours , un , deux. Ce n*eft pas une chofe bien difficile, que de compter à la vue cette pofuion de pieds ; mais l’dlemiel eft de faire paflér ce fentiment dans les xaiiTes & dans les jarrets ; enforte qiie Timjpreffion que fait , par exemple, le pied gauche lortqu^il fe pofe à terre , paife dans le jarret gauche , fans plus regarder le mouvement de l’épaule i en tomptant toujours , comme on Ta fait , en le regardant , un ; & de même lorfque le pied droit fe pofe , il faut , fans regarder le mouvement de la jambe dire, deux. Avec un peu d’attention, en obfervant cette jnîthode , on ientira en peu de temps dans fes jarrets , quel pied pofe & quel pied lève ; & guand on fera bien iur de ce mouvement au pas , iliaudra pratiquer la même chofe au trot , qui efl un mouvement plus détaché de terre, plus vite,& par conféquenc plus difficile à fentir ; ceA pourquoi il faut dans cette allure recommencer par regarder le Bouvement de Tépaule pour être tûr de fa poC* tion, & faire pafler ce fentiment dans les jarrets , comme on a fait au pas.

Lorfqu’on fentira bien au trot la pofition des pieds de devant , fans regarder Tépaule , on le fentira en peu de temps au galop, parce que la pofition des pieds de aevant au galop , fe fait en deux temps , comme au trot, un, deux.

Quand on fera (ur de fon galop , il fera facile de (entir quand il fe défuntra ; car un cheval* défuni a l’allure fi incommode, que pour peu qu’on foit bien en f«lle , il faudroit être privé de tout fentiment pour ne pas fentir le dérangement que caufe ce changement déréglé dans fon affiette. Quoique ce foit une chofe qui mérite plus d’attention que de fcience , oye de fentir bien fon Î^alop » elle eft pourtant abfolument néceflaire à çavoir , pour mener un cheval dans les régies ; & tout cavalier qui ne fent pas le galop du cheval , ■e peut jamais pafler pour homme de cheval. M. de la Broue dit que le beau galop doit être raccourci du devant Se diligent des nanches. Cette définition regarde le galop de manêee , dont nous parlons ici ; car pour celui dt chaSe ou de campagne , dont nous parlerons dans le chapitre des chevaux dechaffe, il doit être é^ndu. Cette diligence dans le train de derrière > qui forme la vraie cadence du galop , ne s’acquiert que par les envies d’aller , les demi-arrêts , & les fréquentes defcentes de main. Let envies d’aller déterannent un cheval plus vtte que ù cadence ordinaire ; le demi*arrêt foutient le devant du cheval , après l’avoir déter^ aine quelques pas ; & la defcente de main eft la lécompenfe qui doit fuivre immédiatement après Tobéiluace du cheval , 8e qui l’empêche de prendre la mauvaife habitude de s’appuyer (ùf le mors. Lorfqu*ttO chçval prend £icilement Tenvie d’al- <5 A L

1er I quni eft afluré & obéiflant à la ftia’fl au demi» arrêt , & qu’il ne met point la tête en défordre dans la defcente de main, il faut alors le régler dain» un galop uni , qui eft celui dans lequel le derrière châtie & accompagne le devant aune cadence égale fans traîner les hanches , & que l’envie d^al- 1er & les demi-arrêts foient, pour ainfi dire , imperceptibles , & ne foient fenfibles qu’au chevaL Pour parvenir à donner ce galop cadencé & uni , il faut examiner foigneufement la nature de chaque cheval , afin de pouvoir difpenfer à propos ks le^ çons qui lui conviennent»

Les chevaux qui retiennent leurs forces doivent être étendus & déterminés fur de longues lignes droites , avant que de régler leur galop ; ceux au contraire qui ont trop d’ardeur , doivent êtrerenus dans un galop lent Si raccourci , qui leur ôte Kenvie de fe hâter trop , ce qui en même temps augmentera leur haleine.

Il ne faut pas toujours galoper fur des lignes droites , mais fouvent fur des cercles , les chevaux qui ont trop de rein , parce qu étant obligés de tenir leurs forces plus unies pour tourner que pour aller droit , cette aâion leur diminue h force aes reins, leur occupe la mémoire & la vue , leur ôte hi fougue & l’envie de tirer à la main. IL y a d autres chevaux qui avec aiTez cle rein , ont de la foIble^Te , ou re(rentent de la douleur , foit dans les épaules ou dans les jambes , ou dans les boulets y ou dan> les pieds , par nature ou par accident. Comme ces fortes de chevaux fe défient de leurs forces, ils fe préfentent ordinairement de mauvaife grâce au galop ; il ne faut pas leur demander de lonsues reprifes , afin de confervcr leur courage & de ménager leur peu de vigueur. Il y a encore deux autres natures de chevaux » dont la manière de galoper eft ditTérente. Quelques-uns nagent en galopant , c’eft à-dire , qu’ils allongent les jambes de devant , en les levant trop haut ; d’autres au contraire galopent trop près d^ terre. Pour remédier au défaut des premiers, il faut bâifler la main & poufier le talon bas enoi> puyant fur les étriers, dans le temps que les pieds de devant fe pofent à terre : & il faut rendre la main quand le devant eft en lair, à ceux qui galopent trop prés de terre, & qui s’appuient fur le mors , en les fecourant des gras de jambes « & en foutenant de la main près de foi dans le temps qu’ils retombent des pieds de devante terre , fans troppefer fur les étriers.

On doit toujours galoper un cheval d’une pifte, jufqu’à ce qu’il galope facilement aux dçux mains ; car fi on vouleit trop tôt le prefiTer d’aller de côté , c’eft-à-dire, avant qu’il eût acquis la fouplefte & k liberté du galop, il s’endurciroît l’appui de la bouche 9 deviendroit roide dans i#n aevant , & on lid donneroit par-U occafion de fe défendre. On connoîna facilement , quand il fera en eut de g ;»loper les hanches dedans ; parce qu’en lui mettant la croupe au mur, s’il fe fent affea fouplc & Ubft font obéir , pour le peu qu’on Tanimc de la langue & qu’on le diligente de la jambe de dehors , il prendra de lui- même le galop , qu’on continuera quelques pas feulement , l’arrêtant & le flattant après, & en lui faifant pratiquer cette leçon de temps à autre , jufqu’à ce qu’on le fente en état de fournir une reprife entière.

Toutes CCS leçons bien exécutées , appropriées à la nature de chaque cheval , perfeâionnées par l’épaule en dedans , & la croupe au mur , fuivies de la ligne droite par le milieu du manège , fur laquelle ligne il faut toujours finir chaque reprife , pour unir 6c redreffer les hanches , rendront avec le temps un cheval libre , aifé & obéiflant dans fon galop , qui e(ï une allure qui fait autant de plaifir à ceux qui voient galoper un cheval de bonne grâce , qu’elle eft commode 8c agréable au cavalier.

Du Galop ( Bourgelat ).

Le mot galop , félon Budè , Saumaife , Vofîîus » Boudelot , Ménage , & tôuts les étiaiologiAes , e(l tiré du grec K^Ax» ou K^A^a, d’où dérivent i :*Ax-«» , KetXyrôtifiu Les latins ont dit calpare & calpaere % & les François galoper , galop. Telle eft l’otîgine & la ôUation de ce mot confacréà Texpreffion de la plus élevée & de la plus diligente des allures naturelles du cheval.

Cette allure confille proprement dans une répétition & une fuite de fauts en avant : il fuffit de confidérer un cheval qui galope , pour s’appercevoir qu’elle n’cft effeâuée que conféquemment à des élancements fucceflifs & multipliés , qui ne font & ne peuvent être opérés qu’autant que les parties pofterieures , chargées d’abord du poids de la mane , font proportionoément aux flexions qu’elles fubiflent ^ un effort pour chafler les portions antérieures qui foot détachées de terre p& es ayant déterminées en effet , fe portent & prennent elles-mêmes après chacune des foulées oc des relevées de Tavant-main , & plus ou moins prés de la direâîon perpendiculaire du centre de gravité de l’animal » un appui au moyen duquel elles follicitent, par de nouvelles percuffions, lacontinnatlon de cette aâion , dans laquelle , & à chaque pas complet, il efiuninftant où toute la machine eft vifiblement en l’air.

^ Si les pieds qui termîQent les extrémités de Tar* rlère-main ne parviennent pas lors des foulées , extrêmement prés de ce centre , la flexion de ces mêmes extrémités eft moindre , leur détente fe fait dans une direâîon plus oblique de Tarriére à l’avant : l’animal s’allonge donc davantage ; il em* braflè plus de terrein : mais fon allure étant moins raccourcie , eft auffi moins haute ; & c’eft ce gui arrive dans le galop ordinaire , qui ne nous tzit entendre que trois battues exécutées , par exemple, à main droite , l’une par la jambe du montoir de derrière , l’autre par les jambes droites de derrière f( gauche de dçrzm enfemble ; la troifjème » par G A L ICI

la jambe de devant de dedans. Si au contraire la flexion des reins , ou pour parler plus exaâement , la flexion des vertèbres lombaires eft telle que le derrière foit confidérablement abaiflé , & que les angles qui réfultent des artiailations des extrémités poftérieures , foient rendus trés-aigus , les fou* lées de ces extrémités étant beaucoup plus rappro* chées de la direâîon du centre dont il s’agit , la mafle entière eft plus élevée que chaflée ; laâion eft moins allongée j mais elle eft plus foutenue ; & delà les différents genres de galop plus ou moin ? fonores , plus ou moins cadencés ; & dans lefqueb notre oreille eft frappée du fon de quatre battues très-diftinâes , dont la première eft rournie par In jambe de derrière de dehors ; la féconde» par l ;i jambe qui, avec celle-ci , compofe le bipède poftérieur ; la tfoifième, par la jambe poftérieure de devant de dehors ; & la quatrième , par la jambe qui l’avoifitte. V. MANkcE.

Ici la fucceflion harmonique des moitvemenr ? des membres du cheval , diffère de l’ordre obfervé par ces membres dans les autres allures naturelles. Les foulées des bipèdes poftérieur & aiitérieur ne f^nt pas OTutuclhnient interrompues & diagonalement entrecoupées les unes par les autres , ainfi Îu’on le remarque à Taâion du pas. Chaque jambe u bipède antérieur n’agit pas, oc ne foule pas toijours diagonalement avec celle du bipède poftérieur , ainfi quon le voit dans le trot uni. La battue d’une jambe de l’un de ce%^ bipèdes eft conilamment fuivle de celle de l’autre |ambe de ce même bipède ; & de plus , un des bipèdes latéraux doit toujours devancer l’autre. Je^m’explique : (bit un cheval galopant à main droite ; les jambes dreites , qui forment un bipède latéral , doivent régulièrement outre - paffer les jambes gauches dans leur marche & dans leurs foulées : comme lorfque l’animal galope à gauche, les jambes gaif«  ches , qui forment enfenibie un autre bipède latéral , doivent outre- paffer les jambes droites. Dans cet état, le galop eft réputé jufte & uni ; la juftefis dépendant fpécialement de la jambe de devant qui outre-paffe fa voi/ine , c’eft-à-dire qui mène ou qui entame : car l’allure eft falfifiée , fi à droite la jambe gauche , & à gauche la jambe droite devancent’, & l’union ne naiffant que de l’accord des membres de derrière , étant néceflairement aftreint à fuivre le mouvement de la jambe à laquelle il répond latéralement : enforte que l’une de devant entamant , celle de derrière du même côté doit entamer auffi ; fans cette condition , l’animal eft défuni , & fa marche eft d’ailleurs chancelante & peu fure. K Manège.

Quelque notable que foît la différence de l’arrangement des membres au trot, l’expérience nous a|>prend que fi le cheval eft preffé au-delà de la vneffe de cette allure , l’ordre en eft bientôt interverti par la foulée plus prompte de l’un des pieds de derrière , dont la chute accélérée hâte celle de t’aun-e pied du même bipède poftérieur ^ qui au moment où il fe meut & fe porte en avant . pour eiFeâuer fa battue, mène & entame d’accord avec le pied de devant du même côté ; de manière Î[ue dès lors les quatre jambes procèdent par une uite de mouvements qui n’a rien de diflemblablè 9 & qui eft précifément la même que celle qui conf■ titue véritablement le galop.

Pour découvrir la raii’on de ce changement Aibit & indifpenfable « il fuffit d’obferver que dans un trot médiocrement vite, Tintervalle ou le pied de devant doit fe détacher de terre, à Teffet de livrer la place au’il occupoit fur le fol au pied de derrière qui le fuit immédiatement, eA en quelque façon imperceptible. Or y foit fenfiblement diminué, à raifon d’une augmentation confidérable de célérité, Tefpace de temps néceflaire & accordé par TaccompliiTement des deux doubles foulées diagonales qui caraâérifent cette allure ; il eft évident que rinftant donqé à chaque bipède latéral pour completter ion aâiout fera fi court & fi limité y que le pied antérieur qui doit toujours céder le terrein » ne pouvant aâez promptement s’élever, & étant coniéquemment atteint, rencontré & heurté à chaaue pas par le pied poftérieur qui le chafTe » la chute de Tanimal fera inévitable : telles font donc les bornes prefcrites à la rapidité du trot, que fi elle eft portée à un extrême dei^ré, le cheval, par une efpece diftinâ, pafte de lui-même à une autre allure, dans laquelle les jambes qui compofent le ; bipèdes latéraux » fourniflant enfemble & de concert au mouvement progreftîf « ne peuvent abfolument s’entre-nuire, & qui lui donnant encore, au moyen des percuifions plus obliques, raifance de porter par l’effort de chacun de ces membres, dont l’aâion n’eft néanmoins pas réellement plus prompte, la mafte totale de ion corps beaucoup plus avant » le met en état de répondre &de fatisfaire fans crainte & fans danger à l’excès de vitefte dont le trot n’eft pas fufceptible. Mais parce que cette interverfion tprcée & fuggèrée par la nature, a conftamment & généralement lieu dans touts les chevaux qui trottent, lorfque leur marche eft vivement hâtée, s enfuit-il que l’allure née de cette interverfion doive touiours eftentiellement reconnoître pour fondement celle à laquelle elle fuccède dans cette clrconftance ? Le duc de Neucaftle Ta penfé, & j avoue qu’une déférence trop aveugle pour fçs feniimens m’a induit en errear, dans un temps où, par un défaut de philofophte, de réflexion & de lumières, je jugeois indifcrètement & fans examen, du mérite d’une opinion, fur la foi du nom & de la réputation de fon auteur. ( Nouv. Newcajlle, édît. 1744.) Conclure du changement qui réfulte de la véhémence du trop, que cette action eft le principe du galop, c’eft avancer & foutenir que la célérité feule en eft la baie ; or rien de plus faux que cette maxime. Nous vovons en effet que, quelque lente que foit l’allure fie l’animal, pourvu qu’elle fipi( foutenue ^ elle eft plus prochaine du degré re* G A L

quîs pour le porter à ce mouvement promet & preffé, que Celle qui, étant abandonnée, eft dans un plus grand degré de vîtefle. Suppofons, par exemple, un cheval dans l’aâion tardive d’un pas parfaitement écouté & d’un trot exaélement uni, il eft incontcftable que, malgré la lenteur de la progreflion dans Tun & dans l’autre de c*s cas, fes forces fe trouvant raffemblées, il fera plus libre & plus difpofe à paffer de ces mouvements à une action rapide & diligente, que du pas allongé ou de campagne, ou que d’qn trot fimplement détermine : il faut donc néceffairement convenir que le fondement & la condition réelle d’un vrai galop fe rencontrent principalement dans le point d’union ou d’où nait la pofiibilité & U plui^ grande facilité que lanimal a de percuter & de s’enlever m & non dans une célérité qui, s’éloignant de cet enfemble, ne fauroit produire qu’une aâion baffe, rampante, & également précipitée fur les épaules & fur l’appui.

C eft fur cette vérité que porte évidemment la règle qui nous prefcrit de ne point galoper un cheval qu’il ne fe préfente aifément & de lui-même à cette allure, & qui, fixant d’une manière pofitive les progrès qui dans l’école doivent précéder cette leçon, iious aftrcint à ne l’y exercer qu’autant qu’il a acquis la franchife, lafouple/Te & l’obéiffance qui doivent en favorifer Tintelli^ence & l’exécution ; il eft temps alors de l’y folliciter : l’aâion du galop étant infiniment moins couteufe & moins pénible à l’animal par le droit qu’en tournant, on le travaillera d’abord fur des lignes droites.

La difficulté qu’il éprouve fur des cercles, eft néanmoins une reffource dont un homme de cheval profite habilement dans une foule d’occurren* ces. il eft des chevaux naturellement ardents, qui s’animent toujours de plus en plus en galopant, qui s’appuient & qui tirent de manière qu’à peine le cavalier peut les maitrifer ; il en eft encore qui, doués de beaucoup d*açilité & de fineffe, fe dèfuniffent fouvent ; pluheurs, non moins fins 8e non moins fenfibles que ceux-ci, mais dont le corps pèche par trop de longueur, communément falfifient ; quelques-uns ne partent jamais du pied qui doit amener le moyen d appaifer la vivacité des premiers, de donner aux féconds Thabitude de la |ufteffe des hanches, & aux autres celle de la jufteffe des épaules, & de les entamer préférablement fur un rond dont l’efpace foit toujours relatif à leur aptitude & aux vues qu’on fe propofe. ; parce que la pifte circulaire exigeant une plus grande réunion de forces, & occupant, pour ainfi parler, toute l’attention de l’animal, en modère la fougue, & captive tellement (qs membres, qu’il ne peut que reffentir une peine extrême, lorsqu’il veut fe livrer aux mouvements défordonnés d*une allure fauffe & défunte. Après qu’ils ont été exercés ainfi, & lorfqu’ils font parvenus au point defiré de tranquillité & d’afliirance > il eft bon de les galo-* pCT devant eux, de même que de porter înfcnfiblenent fur les cercles ceux qif on a commencés par le droit ; car Taifance & la perfeâlon de cette action dans un cheyai qui d’ailleurs y a été préparé, dépend véritablement de la fucceffion oc même du mélange éclairé des leçons fur ces terrelns diverfement figurés.

Le trot a paru en général, eu égard aux premières inftruâions, l’allure la plus propre & ia plus convenable pour partir & pour enlever TanimaU Elle eft telle en effet, quand elle efl fomenue, parce que la vîtcffe & Tenfemble étant alors réunis, pour peu que les aides ajoutent au degré de percnffion que Tune & Tautre fufcitent, le cheval eft bientôt & facilement déterminé. Il importe cependant d’en mefurer & d’en régler avec art la véhémence & le foutien ; elle ne doit être abandonnée dan& aucun cas : mais relativement à des chevaux qui tienûent du ramingue, ou qui font pourvus aune union naturelle, ou qui n’ont pas une certaine flneffe, elle doit être plus ou moins allongée, fa célérité ne pouvant que combattre la difpofition qu’ils ont à (e retenir &’fuppléer dans ceux qui n’ont point afflez de fenfibilité, à la force quon feroit obligé d’employer pour les réfoudre à Tactien ^u’on leur demande. S’il s’agît de chevaux charges d*épaules » ou bas de devant » ou longs de corps 9 ou quit>nt de l’ardeur » & qui font confé(fuemment enclins, les uns à s’appuyer confidérablement fur la main, les autres k s’étendre & à pefer, & les derniers à tirer, à s*échapper & à fuir ; il faut qu’elle fait nroportionnément raccourcie. Il arrive fouvent, j en conviens, que l’impatience & la^vacité de ceux-ci leur rendant infupportable la contrainte la plus légère, ils fe gendarment & s’enlèvent continuellement & pluiieurs fois’ à la même place » fans fe porter en avant. On ne pent pas néanmoins favorifcr, en les preffant, leur penchant àfe dérober ; itiais il eft effentiel, dans ces moments de défenfe, de rendre la main avec aflez de délicatefte & de fubtilité pour les engager à fuivre l’aâion entamée dn galop ; à moins qux>n ne les parte de l’allure modérée au pas, plutôt que du trot, dont la promptitude les anime toujours davanuge ; cette voie étant la meilleure & la plus courte pour les tenir dans le calme, & pour obtenir d’eux l’application qui en afture l’obéi/Tance. C’eft fur la connoilTance de la mécanique du galop, que doit être fondée la fcience des aides, . qui peuvent en fuggérer & en faciliter les moyens. Renfermez le cheval en arrondiffant la main & en tournant les ongles eft haut ; ce qui opérera une tenfion 6c un raccourciflement égal des deux rênes ; & approchez dans le même inftant vos jambes du corps de l’animal : vous déterminerez infailliblement l’une & l’airtre de fes extrémités à un mouvement contraire, car le devant étant retenu, & le derrière étant chaffi, l’antérieure fera néceffairement détachée de terre, tandis que l’extrémité poftérieure y occupée du poids de la niaffe. G A L TO)

fera baiflee & pliera à’raifon de ce même poids ; l’antérieure eft en lair : mais les foulées de deux jambes qui la recevront dans fa chute, doivent être fucceffives & non fimultanées ; laâion de votre main & de vos jambes, aâion que vous avez dû proportionner au plus ou moins de fenfibilité, plus ou moins de foupleffe du cheval, & à la réunion plus ou Boins intime de fes membres, lors de TinÔant qui précédoit le partir, fera donc fubitement fuivie du port de votre rêne gauche à vous, s’il s’agit d’un galop à droite ; ou de v « tre rêne gauche à droite, & de votre rêne droite à vous, s’il s’agit d’un galop à gauche ; l’effet des uns ou des autres de ces rênes s’imprime fur 1 épaule de dedans, étant mue fur le côté où la main l’a’ conduit, & celle de dehors étant arrêtée, le devant fe trouve rétréci, & la retombée en fera incontef* tablement fixée fur la jambe de dehors, dont la battue précédera celle de la jambe de dedans, qui ^ attendu le rejet de l’épaule fur le dehors, fera forcée dans la progrefïion d’entamer, c’eft-à-dire, de devancer l’autre ; en même temps que le rétré* ciffement du devant a lieu, rélargiffement du derrière s’effeéhie ; l’extrémité antérieure ne pouvant être portée d’un côté, que l’extrémité poftérieure ne fe meuve du côté contraire, & les hanches en étant foUicitées dans cette circonftance, non-feule «  ment par l’opération des* rênes dont l’impreffioa s’eft manifeftée fur l’épaule de dehors & fur celle de dedans, mais par l’appui de votre jambe de dehors, dans laquelle le premier degré de force a dû fubfifter dans fon entier, à la différence de celui qui réfidoit dans l’autre, & qui a du fenfi* blement diminuer. De cette détermination de la croupe dans un fens oppofé à celle de l’avantmain, il réfulte que la jambe de derrière de dehors eft gênée, & que celle de dedans étant en liberté, accompagnera exaâement celle avec laquelle elle forme un bipède latéral ; de* manière que les deux jambes de dehors ne pouvant qu’être chargées, & celles-ci mener enfembie, la précifion & la juf » teffe, en ce qui concerne l’arranecment & l’ordre fucceffifdes membres, feront inévitables. Confidérons encore cet arrangement. L’épaulé de dedans eft beaucoup plus avancée que celle de dehors, & la jambe de dehors de l’extrémité poftérieure, beaucoup plus en arrière que celle de dedans. La première de ces jambes eft toujours oc* cupée du ^deau de la maffe ; l’autre, au moment du renverfement de l’épaule, s’eft approchée de la direftion du centre de gravité ; elle a été déchargée ^ de celui qu’elle fupportoit, & n’a pu en être char* Îjée de nouveau ^ vu fon extrême flexion : auffi les uites de leur percuffion font-elles différentes. Celle de la jambe de dehors, qui d’ailleurs eft in «  vitée par l’aide de la jambe du cavalier à une ex* tention fubiie & violente, s’exécutera d’abord ; mais par elle le corps du cheval fera porté feulement en avant, tandis que la féconde percuffion, opérée par l’appui de ia jambe de dedans fur le fol, élèvera ce même corps, & donnera une nouvelle vûeiïe au mouvement progreflif qu’il a déjà reçu ; après quoi les deux jambes de devant, qui, dès que vous rendrez légèrement la main, & que vous pafferez à l*appui doux • percuteront à leur tour &]eflectueront à chaque battue, le foutien du corps lors de fa chute, & la relevée de lavant-main après cette chute tombant alternativement, toute Taâion fe trouvera pleinement accomplie. Sa durée dépendra, non de lapplicatlon confiante de toutes les forces étrangères qui l’ont produite, puifqu’elle peut fe foutenir fans ce continuel fecours, mais de la fermeté liante de votre corps » dont l’équilibre doit être tel que Tavant & Tarrière-main dans leur élévation fe chargent cux-méme^ de fon pdids » & de Tadrede avec laquelle vous préviendrez dans l’animal le ralentiflement des efforts des parties qui 9 en conféquence du premier mouvement imprimé, fe preflent mutuellement, & font contraintes d’accourir en |]uelque façon pour étayer i’uccefnvement la machine. Sqyez à cet effet attentif au moment de la defcente des épaules, & furtout à rinftant précis où les pieds atteignent le fol, là dans ce même inAant le cheval eft légèrement renfermé ; & fi vos rênes agiffent en raifon du temps de lapercuffion de chacun des membres qu*clles di » rigent, la relevée du devant étant aidée, la maffe fera plus Airemeat & plus facilement rejetée fur le derrière, & les flexions étant par conféauent entretenues & occafionnant toujours une vélocité à peu-près égale dans les détentes, vous ferez dif* pcnfé d*emplo}rer fans ceffe vos jambes, dont Tu-Ugc non-interrompu endurcit Tanimal^ ic d^nt rapproche réitérée n’eA réellement utile & néceffalre que fur des chevaux moux, pefans, foibles, pareffeuz, indéterminés, & qui traînent leur allure. La leÇQn du galop, bornée à une feule & unique main, ne rempHroit pas toutes nos vues. Le cheval n*eA propre aux différents airs, qu’autant qu’il cA en quelque faf on ambidextre ; c^efi-i-dire, qu*autant qu’il a une même foupleffe, une même légèreté, & une même liberté dans les deux épaules & dans les deux hanches. On ne doit donc pas fe contenter de le travailler fur une même jambe, & nous fommes indifpenfablement obligés de lui faire entamer lejchemin » tantôt de l’une 6c tantôt de Tautre. Après l’avoir quelque temps exercé à droite & lorfqn’il s’y préfente avec Quelque franchife, on peut, ou le partir à main gauche, ou le conduire de la première fur celle-ci » Les chevaux qui demandent à être partis, font ceu : j[ en qui Ton obferve, lorfqu’on les galoue à droite, un penchant extrême à la falfification oc à la défunion ; on les y confirmçroit en les faifant changer de pied dans le cours & dans la fuite de laâion ; & Ton doit attendre qu ils commencent à être affurés aujr Qtux mains, av :)nt d’exiger d’eux qu’ils y foiirniffein &r& interruption. Nous avons au furplus fiigifamment expliqué les moyens de ce départ, & on fe rappellera que pour Iç galop à gauche, |a rêne gaur G A L

die, par fou croifement, opère le renveifemeur de l’épaule iur le dehors ; la rêne droitt retlenr répaule contraire, & la jambe droite du cavalier aide principalement.

Les conditions du changement, méritent qi4fK nous nous y arrêtions. Ce (eroit trop entreprencrfe que de le tenter d’abord fur la ligne droite parcourue. On l^abandonnera pour eri décrire une diagor nale plus ou moins longue, d’une feule pifte, & au bout de laquelle l’animal, paffant à l’autre main » tracera une ligne femblable à celle qu’il a quittée. Ici la rêne gauche agira ; elle déterminersi le cheval à droite & fur cette diagonale ; mais il eft à craindre que le port de cette rêne en dedans charge les parties droites, & délivrent les parties gauches do la contrainte dans laquelle elles font ; or, obvies à cet inconvénient par une aâton femblable, nais légère, de l’autre rêne, ou par Taâion mixte & fuivie de la première que vous croiferez & qvo vous mettrez à vous d’un feul & même temps ; & foHtenez, s’il en eft befoin, de votre jambe de dehors, le tout pour contenir le derrière & pour lo refferrer ; car dès que vous gênerez la croupe & vous l’empêcherez de tourner, de fe jetter, & do fortir, il eft certain que, conféquemment au rapport, à la relation iptime, & à la dépendance mutuelle. de la hanche & de l’épaule gauche, ou même des déyx épaules & des hanches, les jambes gauches demeureront affervies & dans cet état de lujétion qui leur ravit la faculté de devancer & de mener. Co principe doit vous être préfent encore au moment ou, parvenu à rextrémité de la ligne dont il s’agit, vous chercherez à gagner l’autre, & à effoâuer lo paffage médité. Saififfez l’inAant mit précède la chute du devant, pour détourner l’épaule avec la rêne de dehors, oc pour retenir celle de dedans avec la rêne droite, & fubAituez votre jambe du même côté à la jambe gauche qui aidoit ; l’épaulo & la hanche qui étoient libres cefferont infaillible* ment de l’être, & les autres membres feront indif^ penfablement aArcipts à entamer. ^

Soit que les changements de msin sVxècuteivi fur les cercles, ou d’une ligne droite fur une autrs ligne pareille, ou fur un terrein quelconaue plus ou moins vaAe & plus ou moins limité, les aides doiveot être les mêmes. Je fais que des écuyers qui ne pratiquent & n’enfeigaent cependant que d’a » près une routine, qui ne leur a procuré qu’up^o connoiffance très-fuperficielle de ces opérations ^ m’objeâeront qu’elles tendent à traverler le cheval & à provoquer par conféquent une allure dè «  feâueufe, puifque dès-lors le derrière fera telle* ment élargi, q^e la jambe de dedans qui en dépend fe trouvera écartée de Tautre, & lors de la piAe df celle avec laquelle elle mène, tandis que leurs battues & leurs foulées devroient être marquées fur une fcub ligne ; Taftion dont je traite exigeant que U% hanches fuivçnt exaâement celle des épaules J^ je cou viendrai de la vérité & de la folidité de cette maxime : mais je répondrai que 1 animal ne peut arriver arriver à. la perfeflîon que par des voles înfenfibles, & que Tignorant feul a le droit defe pcrfuader très-fouvent qu’il Ty conduit, dans le temps même qu’il l’en éloigne : les premières leçons font uniquement deftinées à rompre, pour ainfi dire, le cheval, à lui donner Tintelligence necéiTaire ; &. nous ne faurions être trop occupés du foin de lui en rendre l’exécution facile ; or » rien n’eft plus capable de fatisfaire i ces divers objets, que des aides qui ne lui fuggèrent d’abord que des mouvenietifs conformes à ceux auxquels nous voyons que la nature l’engage, quand il fe livre dç lui-même au galop, & qu’il change de pied fans la parlicipatîon de celui qui le monte. Sa volonté eft-elle gagnée ? Part-il librement ? Commence-t il à être aîîcrnii à droite & à gauche dans Tunioa Se dans la judeHe de cette allure relativement à Tordre dans lequel les membres doivent fe fiiccé der ? Alors, i3i’jtttz à vous la rêne de dedans, mais obfervez que fa tenfion foit en raifon des effets qu’elle doit produire fur les hancnes du même côté, fans altérer norablement 1 aftion de Tépaule qui mène ; & pour rencontrer cette proportion, multipliez, en la cherchant, les temps de votre main : dés que vous l’aurez atteinte, le derrière fera rétréci ^ & après avoir redreffé ainfi & peu à peu Tanimal dans le cours de fa proercflion) vous parviendrez à le partir exaflement droit & devant lui.

Il efl deux manières de procéder pour l’y déterminer. L’élévation du devant & labaiffement de Vextrémitè oppofée s’opèrent « dans toutslescas, par les moyens que pai déjà prefcrits ; mais les aides qui doivent accompagner la chute de l’extrémité antérieure, diflerent— ici de celles que nous avons indiquées. Si vous croîfez, ainfi que je l’ai dit, la rêne de dedans, & que vous mettiez Ta utre rènc à vous, dans l’intention de contraindre le pied de dchdrs à fouler le premier, le temps de ces rênes doit êtrd moins fort ; & bien loin de diminuer le fecours que la hanche de dedans attend

  • & doit recevoir de votre jambe de ce côté, l’approche

en fera telle qu’elle puiffe obvier à ce que l’arrière— main cède & fe meuve, conféquemment à Taâion combinée de la main ; tandis que d’une autre part, vous modérerez l’appui de votre autre ïambe, qui contrarieroit infailliblement les effets que vous pouvez vous promettre de celui de la pre «  jniére, fi vous n’en bornez la puiffance au fimple ftutien, djoù réfulte la plus grande facilité de la détente de la hanche qui e/l chargée. Il eA effentiel de remarquer que, malgré la rapidité de cet in/lant, les unes.& les autres de ces aides doivent être diftinôes & fc fuivre. Car les rênes 8c la jambe de dedans du cavalier agiffant en femble & au même moment, l’avant & l’arrière-ipain entrepris participeroîent d’une roldeur extrême, & l’animal partiroit faux ou défuni, félon ceUe de ces forces qui V^mportcroit,

La féconde façon de pratiquer, qui nous mène Equitéuiofi, Efcrimc £ » Dênfc.

G A L it)j

au même but, & à laquelle il eft néalimoins bon dene recourir qu’après s’être affuré des fuccés de Tautre par l’obéiâknce du cheval, ne demande pas moins de fineffe & de précifion. Elle confifte unîauement quand le devant eft en l’air, & à la fin de ion foutien, à retenir fubrilement, au moyen de I4 tenfion de la rêne de dehors, le membre qui doit atteindre d’abord le fol, tandis » qu’on diminue par degrés celle de h rêne de dedans, qui dirige celui qui doit entamer. Le membre retenu tombant néceffairemont le premier en arrière, & celui qu’on ceffe de contraindre^ ne frappant que la féconde battue & embraffanc plus de terrein ; touts font fuivant Tarrangement defiré, d’autant plus que les hanches de dehors & de dedans n’auront pu que . fe reffeniir, l’une de la fiijétion, & Tautie de la liberté des panits de l’extrémité aorérieure, auxquelles elWscorrefpondent. Il n’eft queftion enfuite que de maintenir l’animal fur la ligne droite, ik de l’egipôcher de la fauffer en fe traverfant, foit du devant, foit du derrière. Je fuppofe que l’épaule fe porte en dedans, croifez la rêne de dedans ; je fuppofe que la croupe s’y jette, mettez à vous cette même rêne. Agiffez ainfi de la rêne de dehors dans les cas contraires ; & fi, malgré cette aâion de votre part, qoi doit avoir lieu précifément dans TinAant où vous fentczque l’une ou Tautre de ces extrémités fe dérobe pour abandonner la pifie, le cheval réfifie & ne répond point, aidez la rêne mife à vous, en croifant l’autre, & avec votre jambe de dedans > ou fortifiez la rêne croifèe par le fecours de l’autre rêne mife à vous, Si par lap » proche de votre jambe de dehors.

Le paffage d’une main à l’autre, exécuté d’abord à lataveur du rejet forcé de l’épaule, s’effeâue d’après ces différentes manières de partir l’animal ; & le changement qui arrive & qu’elles occafionnent, ne le contraint point dès-lors à une forte d’obi ir. quité qui en rend la marche imparfaite & défagréable, Saififfez, pour réuffir plus furement, le moment imperceptible où toute la machine eft en l’air, non-feulemefit vous conduirez à votre gré les membres du cheval fur les cercles & fur-toutes le^ lignes poflibles,.mais vous le tTiaitriferez alors au point de le faire entamer fucceffivement de l’une & de l’autre bipède fur la longueur d’une. feule ligne droite, & même à chaque pas complet da galop » Uns vicier la cadence ; c’eft-à-dire, fans troubler Tordre & la jufteffe des mouvements & des temps. —y

Ces temps & ces mouvements ne font pas les mêmes dans touts les chevaux. Ils varient naturellément dans les uns & dans les autres, par le plut ou le moins de hauteur, d’allongement, de rac*courciffement, de lenteur, ik de vîteffe ; & c’cft ce qu’il importe de difiinguer, pour ne pas les précipiter dans le défordre, & pour ne rien exiger audelà de leur pouvoir, en réglant leur allure. Tel cheval ne peut foutenir l’élévation & l’enfemblc que demande un galop » dont chaque pas eft mar^ que par quatre bamies ; telle aatre eft fufceptible du galop le plus fonore & le plus cadencé, coatencex* vous de mettre infenfiblesnent le premier au moyen de la tenfion proportionnée de la rêne du dedans è vous y dans le pli léger qui doit unir & perfeâîon-S, v Ton aâion ; & augmentez auffi par degrés la lenfion de ccne même rêne, dont vous dirigez & dont vous aiderez encore TefFet par Tappui de votre fambe de dehors, pour raccourcir de plus en plus les temps des féconds, & pour en fixer la meiure. Celui-ci ne déploie pas toutes les forces que vous lui connoiffez : vous n*appercevez point dans le jeu de ies refliorts la prefleiTe & le tride dont ils (bnt capables ; hâtez, à diverfes reprifcs, plus ou moins vivement la cadence, & faites qu’il la prefTe, qu’il la rallentifle 9 & qu il y revienne alternativement ; il acquerra d’une part plus de franchife, & île fautre, cette diligence dans les hanches 5 d^oii ftait la plus brillante, la plus régulié.e, & la plus belle exécution. Celui-là s’élève extrêmement du devant ; cet autre du derrière ; modérez touts ces excès, foit en fecourantdes erasde jambes, & en rendant la main, foit en renfermant & en pinçant plus ou moins en arrière ; mais ne perdez jamais de vue le point où vous devez vous arrêter, & que vous ne pourriez franchir qu’en aviliiTant l’animal, puifque vous en forceriez la difpofition & l$i nature.

A toutes ces différentes leçons, vous pouvez faire fuccéder celles qtii préparent le cheval à galoper de deux pifles. di on fe rappelle les principes que j’ai détaillés, en parlant des moyens de TinAruire à cheminer de côté ( V. fuir les talons) j les règles les plus e^entielles à obferver pour le déterminer à cette allure, feront bîentât connues, & on ne penfera pas que la fujétion des handies dans cette aâion, ne puiffe être due qu’à Tefiort de telle des jambes du cavalier qui les pouffe, ou qui communément » & trés-mal-àrpropos, les cfaaâe dans le fens où elles font portées. Kepréfcntonssous la ligne diagonale 9 à Textrémité de laquelle BOUS avons induit l’animal à changer ; c’ed dans le cours de cette même l^oe que nous devons commencer à engager légèrement & de temps en temps la croupe, ibit a Tune, foit à l’autre main « en croifant d^abord foiblement la rêne de dedans, pour lui fuggérer une obliquité imperceptible, ft en le remenant droit a « {fi-tot qu’il a fourni quelques pas. A mefure cpe nous entrevoyons de TobéifTance & de la facilite, nous multiplions & nous oominiions tes temps de cette mèine rêne, & nous ^n autmentORs peu-è-pea la force & la direâion for le dehors, dans rintention de le folltciter à ce jnde biais ^ns lequel il doit être. Cette force pouvant fêter les épaules dans une telle contrainte, qu’elles fevotent dans rimpoilibilité de devancer let hanches, BOUS la proportionnons encore avec foin aaxeifiéti que noua nous propofons de produire, & nous en contrebalançons la puiflance par Taâion de la rêne oppofie y de oianiêre que le isoment de la relevée G AL

de Pavant-main eft celui du port de fa première tA dehors, comme le moment de fa retombée efi celui du port de la féconde fur le dedans* Je remar « -Suerai au furplus que ces mouvements, d’ailleurs fubtils qu’ils ne peuvent fe voir, ne font effica^ ces qu’autant qu’ils dérivent du véritable appui, 8c que la main agit dans un certain rapprochement du corps ; car fi elle en étoit éloignée, ils tendroient à déplacer l’animal. Quant à nÀs jambes, nous n’en ferons ufage que lorfqu’il fera queflion de TafiFerrair dans fon allure, d’en prévenir & d’en empêcher le rallentiflement, ou de fuppléerà l’impuiffance des rênes, qui feules doivent diriger la machine ; ainfi, par exemple, dans le cas où il fe retient, ôîi il péfe, où il mollit, nous les approcherons également pour le déterminer, pour l’unir, pour ranimer, tandis que la main fera toujours chargée de régler Taâion des membres ; & dans celui-ci, oii la rêne de dedans croifée, & même aidée de la rêne de dehors à nous, éprouveroit une réfiHarxe de la parc de la croupe, nous nous fervirons de la jambe de dehors, dont le foutieor deviendra dès-lors un fecours néceflaire. Telles font les v.oies qui conduifent le plus furement à une obfervation non forcée desnancheSr dans l’allure prompte & prefTée du galop. Plus ce mouvement raccourci, diligent & écoute, qui occupe toujours confidérablcment les reins & le derrière de l’animal, doit être pénible, plus il importe de ne Vy inviter que par une longue répétition de ceux qui infenfiblement l’y difpofent ; Thabiiude en étant acquife, nous parvenons bientôt ^ & fans violence, à en obtenir Texécution fur toutes fones de plans. S’agira-t-il en effet d’obliger le cheval à fournir ainfi un changemem de main large ^ Il l’entamera fans difficulté : premièrement, fi vouf formez un demi-arrêt qui ne neut queTunir davantage ; fecondement, fi une légère tenfion qui ne doit en aucune manière lui faire abandonner le pli dans lequel ie fuppofe que vous l’avez placé, fixe fubtilement & à temps le poids de fbn corps fur la^ hanche du même côté, ce qui,. augmentant la flexion des parties de cette extrémité, en follicitera une plus violente détente ; troifièmement, fi le croifement fiAit & fuivi de cette même rêne fur le dedans, met les épaules fur le chemin Qu’elles doivent décrire, tl le continuera dès que la rêne de dedans portée fur le dehors, affiijettira fuccefTi-i vement le derrière dans le fens où les épaules feront fucceflîvement déterminées par Tautre, & dès qu’on s’oppofera foigneufement a ce qu’il dévulde ou à ce qu’il s’entable, ou à une akératton quelconque de la mefure & des dxftances ; à ce qu’il dévttide par la force fur-le-champ accme de la rêne qui captive les hanches ; par le changement de direâion de celle qui régit le devant & qui fera fixée pour le moment au corps du cavulier,.& par l’appui de la jambe de dehors ; à ce qu’il s ensable par des aftions femblables, mais opérées par les tênes & par la jansbe oppoiëe ;, à ce qu « les mf : "fures —Bc les JîflaflCts foîent altérées par l’approche des deux jambes, & la modération de l’effet de la main, fi le degré de vûeffe diminue, & fi Tanimal n^embrafle pas affcz de tcrrein ; par le raffermiffenient de la maîn feule, s’il fe porte trop en avant & fi la vîteffe augmente ; par ion relâchement, fi les hanches font entreprifes & trop chargées ; par fon foucîen & celui des jambes ensemble, s’il n’y a plus^ d’union, &c. 11 le fermera avec précifion, lorfqu’on fera exaâ, en employant ces diflérentes aides, félon la néceffité & les circonflances, à le maintenir dans fon attitiide & dans fa marche, jufqu’a la ligne qui termine Tefpace qu’il parcourt oblîquesient ; oc il reprendra enfin avec juAefTe en entrant fur cette même ligne dés qu’il y fera invité par Tun ou Tautre des moyens qui le follici «  tent à changer, ou à partir droit & devant lui. L*eiEcacité de celui c|ui n’exige que la fimple attention de retenir les jambes du bipède qui entame, & de laifler à lautre la liberté de s’étendre & de devancer, eft fur tout évidente, û du galop d une piAe fur une voltè, vous paiTez à une autre volte éloignée & fembiable, par un changement de deux pifles’que vous entreprenez, & que vous entretenez i la faveur des fecours indiqués, alors ne fermez pas au mur ou à la barrière du manège ; coupez & interrompez les lignes diagonales tracées dans fa longueur, à quelaues pas de ce même mur, par raâioir de la rêne de dedans mife k vous, & de la rêne de dehors dont vous tempérerez infenfiblem^nt la tenfion. Dans ce même inftant, & fi vous ayez agi dans celui où toute la machine eft détachée du fol, les jambes de dedans fe trouveront chargées, & celles de dehors qui, dans l’ac compliiTement de la nouvelle volte fur laquelle vous êtes arrivé, deviendront les jambes de de* .dans, mèneront infailliblement. Pliez enfuitei’animal dans le centre, comme il étoit à l’autre main ; formez un fécond changement, & revenez plufieurs fois fur le premier cercle quitté, en opérant toujours de même ; vous vous convaincrez, par votre propre expérience, de la folidité d’une théorie confirmée par les fuccès des élèves même qui s’y conforment, mais qu’on fera peut-être intérefle à condamner, parce que le facrifice d’une ancienne routine, & 1 obligation d’adopter de nouveaux principes, après avoir vieilli, ne peuvent que coûter iafinimeat, & bleffeat toujours l’aAourpropre. On conçoit, au fifrptDS, que toutes les aides dont fit parlé, ooimeootm égatememau galop de deux pi(les far h ligne dn mur, for les changements éfroits, atnfi que for les voltes. A l’égard des contre-chafigements, on les entame de même que les cbangemems, & ils feront effeânés par la rêne de dedans à vous, & par le croîfemeot foudain de cette même rêne, qui portera l’épaule a fe mouToir du cAié contraire à celui fur lequel elle étoit mue f & qui, &ii « jtt par çoaféqujsm l’office deU G A L 107 rêne de dehors, fera contre — bakncée dans Ces effets par l’autre rêne, qui fera dès-lors la rêne de dedans. Nous terminerons cet article par l’exaiiien & la réfolution des deux points fuivants. i^ Quel eft le temps jufle qu’il faut prendre pour enlever le cheval du pas, du troc, & de iamble même au galop i a*. Quels font les moyens qu^on pourroit employer pour le remettre, dans le cas où il fe défuniroit & fiilfifieroit ? La première de ces queAtons n’offrira rien de difficile & d’épineux à quiconque confidérera que le temps qu’il s’agit ici de découvrir, n’eft & ne peut être que l’initant oii les membres du cheval, dans les unes ou les autres des allures fuppofées, & d’où on fouhaite le partir, fe trouvent difpofés à peu près comme ils le font lors de l’aâion à laquelle on fe propofe de le conduire. Soit donc faifi à Tettet de l’enlever fur la main droite, le moment où la jambe de devant fe. de » tachera de terre ; dans ce même moment la jambe de derrière du même côté eft encore en monvement pour fe porter en avant ; la jambe du mon^ toir, & la jambe de derrière du montoir, eft en* core moins avancée que celle de dedans. Or, fi dans cet état & lors de cet arrangement du der «  rière, qui eft le feul à la faveur duquel il foit po{^ fible de fubftituer aux aâions intercalaires des membres aux pas, les aâions fucceftîves qui cfTeAuent le galop ; vous aidez par un demi-arrêt propor* tionné, la levée de Tavant-main qu’opèrent principalement la battue & la percuf&on de la jambe gauche de devant qui s’eft pofée, & vous rejetiez le poids du corps du cheval fur les’hanches : le foutien de rextrémité antérieure, le premier mo «  ment de l’intervention folUcitée, & la nouvelle difpofition des quatre jambes étant précifément la même que celle qui eft requife pour l’accompliflement du mouvement preué, auquel vous defirez de porter l’animal, le temps recherché & qui doit être tiré de là progreffion naturelle & de fa pre*. mière allure, fera inconteftablement ptfc. La vhefle du trot abrégeant infiniment la durée de l’aâion de chaque membre, ce temps par une conféquence néceflaire, fuit & s’échappe avec une extrême rapidité : delà réfulte la plus grande difficulté d’agir dans une prédfioh parfaite. Auffitdt que la jambe de devant de dedans fe lève, la jambe gauche de derrière va fe détacher de terre, & elle eft encore plus en arrière que la droite de l’arrière-matn, qui étoit prête à fe pofer près de la direâion du centre de gravité, au moment où l’autre alloit s’enlever. Cette poCtion eft donc encore conforme à celle de ces deux jambes au galop à droite. Or, entreprenez dans ce même inftam de détacher du fol le devant, la chute de la ïambe gauche de cette extréfiité, ou fa foulée Oij Digitized by Google sur le terrein, favorisera l’effet de vos aides ; la droite, sa voisine, qui quittoit la terre pour se porter en avant, s’y portera réellement en attendant la retombée de l’avant-main. La droite de derrière fera fixée sur le terrein, moins avant qu’elle ne s’y feroit fixée elle-même, mais plus avant que la gauche, qui demeurera à l’endroit où vous l’aurez surpris ; & vous trouverez enfin dans la situation des membres de l’animal tout ce qui peut vous assurer de la justesse du temps saisi.

Quant à l’amble, personne n’ignore que cette action est beaucoup plus basse que celle du pas & du trot ; elle ne peut être telle, qu’autant que les reins & tout l’arriére-main baisseroient davantage. Le temps qu’exige le passage de cette allure au galop, ne diffère en aucune manière de celui que nous venons d’indiquer, parce que dès que ce temps n’est autre chose, ainsi que nous l’avons observé, que l’instant où les jambes du cheval figurent, s’il m’est permis d’user de cette expression, comme elles figurent lors de l’instant du partir, il ne peut être qu’invariable. Il se présente aussi bien plus aisément, attendu le plus de rapport du mouvement de l’animal ambulant avec le mouvement de celui qui galope : mais on doit admettre quelque distinction, en égard aux aides. Celle de la main sera modifiée, parce que le derrière de l’animal fléchissant au point de chaque pied de derrière outre passé dans sa portée, la piste de celui de devant qu’il chasse, le poids réside naturellement sur les hanches, & l’extrémité antérieure doit être conséquemment plus aisément enlevée ; d’ailleurs, outre que l’effort de la main doit diminuer, l’action des jambes doit être plus vive, & dès-lors le cheval emlbrassera plus de terrein, que si les aides étoient les mêmes que celles qu’on doit mettre en usage pour passer du pas au galop, & si le temps de la main & des jambes étoit en égalité de force, il est certain que ses pieds de derrière n’opéreroient en percutant que l’élévation, & non le transport du corps en avant, comme si l’appui des jambes ne l’emportoit pas sur la force de la main, on courroit risque de provoquer sa chute en l’acculant.

On peut encore enlever l’animal du moment de parer, de l’instant du repos, de l’action de reculer, & de touts les airs bas & relevés auxquels il manie; mais quelqu’inréressans & quelque curieux que soient & que puissent être les détails auxquels la discussion des temps & des moyens de le partir dans les uns & dans les autres de ces cas nous assujettiroit, nous les sacrifions au désir & à la nécessité d’abréger, & nous nous bornerons aux réflexions que nous suggère la seconde difficulté que nous nous sommes proposé d’éclaircir.

L’obligation de rappeller à la justesse & à l’union, un cheval dont le galop est irrégulier & dèfectueux, suppose d’abord dans le cavalier une connoissance parfaite de l’ordre exact & précis dans lequel les membres de l’animal doivent agir & se succéder, & un sentiment intime né de l’impression ou de la sorte de réaction de leurs divers mouvements sur lui. Cette connojssance infructueuse, fi elle n’est jointe à ce sentiment, est bientôt acquise: mais ce sentiment inutile aussi, s’il n’cst joint à cette connoissance, cst infiniment tardif dans la plupart des hommes ; & on peut dire qu’il en cst niénie très-peu qui parviennent au degré de finelle nécessaire pour juger du vice de l’action du cheval dans le premier moment, c’est-à-dire, dans celui où le soutien de devant doit être suivi de sa retombée & de sa chute. Quelle est donc la cause de cette extrême difficulté, de discerner laccoid oo le détaut de consentcment des parties mues dans un animal qu’on monte ? Elle réside moins dans l’inaptitude des élèves que dans le peu de lumière^s des maîtres, dont le plus grand nombre est incapable de les habituer à écouter dans les leçons qui doivent précéder celles-ci, des temps, fans la science & fans lobservadon desquels on ne peut maîtriser le cheval, en accompagner l’aifance & en développer les ressorts, & qui négligent encore de leur faire appercevoir dans cette allute, par la comparaison du sentiment qui les affecte quand l’animai est juste, &de celui qu’ils éprouvent quand il est faux, la différence qui doit les frapper dans l’instant & dans le cours de la falsification & de la désunion. Le cheval galope-t-il dans l’exactitude prescrite ? il est certain que votre corps suit & se prête à son action avec une facilité finrgulière, & que votre épaule de dedans reçoit en quelque façon la principale imprellion de sa battue. La jambe de dedans de devant n’entame t-elle pas ? l’incommodité qui en résulte s’étend jusqu’à votre poitrine, & il vous paroît même que l’animal se retient & chemine près de terre, ce qui arrive réellement sur les cercles, car son épaule étant hors du mouvement & de la proportion naturelle du terrein, il ne peut se porter en avant & se relever que difficilement. La jambe qui doit mener mène-t-elle, mais n’est-elle pas accompagnée par la hanche ? vos reins & toutes les parties qui reposent sur la selle en ressentent une atteinte désagréable ; la mesure cesse de s’imprimer sur votre épaule de dedans, & votre épaule de dehors est sollicitée à se mouvoir, à s’avancer & à marquer malgré vous la fin de chaque pas. Enfin le bipède qui devoit entamer reste t-il totalement en arrière, tandis que l’autre mène ? la cadence vous semble juste ; mais vous reconnoissez que cette justesse prétendue est dans les parties de dehors; & si le cheval n’est pas aussi accoutumé à galoper à cette main qu’à l’autre, il est impossible que la dureté de son allure ne vous en apprenne l’irrégularité. Voilà des faits sur lesquels, lorsque des disciples n’ont point été instruits à sentir & a distinguer dans des actions plus lentes, le lever, le soutien, le poser & l’appui de chaque membre, il seroit du moins plus avantageux d’arrêter leur attention, que de leur permettre de se déplacer, pour considérer dans l’extrémité antérieure, des mouvements dont l’appréciation même la plus vraie ne détermine rien de positif, relativement à ceux du bipède postérieur auquel les yeux du cavalier ne peuvent atteindre. Il faut avouer cependant que ces diverses réactions sont tantôt plus foibles, & tantôt plus fortes ; elles sont moins sensibles de la part des chevaux qui ont beaucoup d’union, de légèreté, & une grande agilité de hanches ; elles sont plus marquées de la part de ceux dont les battues sont étendues, peu promptes & abandonnées ; mais l’habitude d’une exécution réfléchie sur les uns & sur les autres, ne peut que les rendre également familières. II est encore des circonstances où elles nous induisent en erreur ; un instant suffit alors pour nous détromper. Que l’animal jette, par exemple, la croupe hors la volte, l’effet que le premier temps produira sur nous, sera le même que celui qui nous avertit que le cheval est faux, & nous serons obligés d’attendre le second pour en décider, parce que dans ce même second temps, les hanches étant dèja dehors, & l’animal continuant à galoper déterminément, dès qu’il est demeuré juste, nous n’appercevons aucun changement dans notre assiette.

Quoi qu’il en soit, & à quelque étude qu’on se livre pour acquérir cette faculté nécessaire de percevoir & de sentir, il est de plus absolument essentiel de s’attacher à celle de la nature du cheval qu’on travaille. Les dérèglements de l’animal dans l’action dont il s’agit, comme dans toutes les autres, proviennent en général & le plus souvent de la faute des maîtres qui l’y exercent inconsidérément & trop tôt, ou du peu d’assurance du cavalier, dont l’irrésolution de la main & l’incertitude des jambes & du corps occasionnent ses désordres : mais il est certain que les voies dont il se sert pour se désunir & pour falsifier, sont toujours relatives à sa conformation, à son inclination, à son plus ou moins de vigueur, de souplesse, de légèreté, de finesse, de volonté, d’obéissance & de courage. Un cheval chargé d’épaules & de tête, ou bas du devant, falsifiera ou se désunira en s’appuyant sur la main & en chaussant le derrière. Un cheval long de corps, en s’allongeant davantage, pour diminuer la peine qu’il a à rassembler ses forces & à s’unir ; un cheval foible de reins, en mollissant & en ralentissant son mouvement ; un cheval qui a beaucoup de nerf & de légèreté, en se portant subitement en avant ; un cheval qui a du courage & de l’ardeur, en augmentant encore plus considérablement la véhémence de son allure ; un cheval entier ou moins-libre à une main qu’à l’autre, en portant la croupe en dedans ; un cheval qui tient du ramingue, en la portant en dehors ; un cheval qui joue vivement des hanches & qui est fort nerveux d’échine, en la jettant tantôt d’un côté & tantôt d’un autre ; un cheval d’une grande union, en se retenant & en se rassemblant de lui-même, &c. Or comment, si on n’est pas en état de suivre & d’observer toutes ces variations, faire un choix prudent & éclairé des moyens qu’il convient d’employer pour le remettre ? Il est des chevaux tellement fins, sensibles, que le mouvement le plus léger & le plus imperceptible porte atteinte à l’ordre dans lequel leur progression s’effectue. Si les aides qui tendent à les faire reprendre, ne sont administrées avec une précision & une subtilité inexprimables, elles ne servent qu’à en augmenter le trouble, & on est contraint de les faire passer à une action plus lente, & même quelquefois de les arrêter pour les repartir. Il en est encore qui falsifient quelques instants, & qui reviennent d’eux-mêmes à la justesse ; on doit continuer à les galoper sans aucune aide violente ; & comme ils pèchent par trop d’union, ils demandent à être étendus dans les commencements, & à être ramenés ensuite & insensiblement à une allure soutenue & plus écoutée. Nous en voyons dont l’action n’est telle qu’elle doit être qu’autant que nous les en voyons échappés, parce que, constitués par la falsification dans un défaut réel d’équilibre, ils ressentent dans la course une peine encore plus grande que dans la battue d’un galop ordinaire, & que la fatigue qu’ils éprouvent, les oblige à chercher dans la succession harmonique & naturelle de leurs mouvements, l’aisance & la sureté qui leur manquent : c’est ce que nous remarquons dans le plus grand nombre des chevaux qui galopent faux par le droit & aux passades ; ils reprennent sans y être invites aussitôt qu’ils entrent sur la volte & qu’ils l’entament. Quelques-uns au contraire, & qui ne sont point confirmés, deviennent faux lorsqu’on les échappe. Plusieurs ne se rejettent sur le mauvais pied & ne se désunissent, que parce qu’ils jouissent d’une grande liberté. En un mot, il est une foule & une multitude de causes, d’effets, d’exceptions & de cas particuliers, que le véritable maître a seul le droit de discerner, & qui ne frappent point la plupart des hommes vains qui s’arrogent ce titre, parce qu’il en est peu qui aient une notion même légère des difficultés qu’il faut vaincre pour le mériter.

Dans l’impossibilité où nous sommes de nous abandonner à toutes les idées qui s’offrent à nous, nous simplifierons les objets, & nous nous contenterons de tracer ici en peu de mots des règles sures & générales, 1°. pour maintenir le cheval dans la justesse de son allure, 2°. pour l’y rappeller.

Il est incontestable en premier lieu, que l’action de falsifier & de se désunir est toujours précédée dans l’animal d’un temps quelconque, qui en altère plus ou moins imperceptiblement la cadence, ou qui change en quelque manière & plus ou moins sensiblement la direction de son corps ; sans ce temps quelconque, il seroit dans l’impuissance absolue & totale de fausser sa battue, & son allure seroit infailliblement & constamment fournie dans une même suite & un même ordre de mouvement. Or, ce principe étant certain & connu, pourrions-nous indiquer un moyen plus afiliré de Yentretenir dans ce même ordre, que celui d’en prévenir llnterverfion en faifiâànt fubtilemenc ce même temps, à Teffet de le rompre par le fecours . des aides qui doivent en empêcher Taccompliflement ?


En fécond lieu y û nous fuppofons > enfulte de Fomiffion de cet inftànt à faifir, la faufTeté ou la dèfunion du cheval, & fi nous confidérons que Tirrégularité à réprimer en lui c& toujours accom* pagnée, ainfi que nous lavons abfervé, de quelque aâion relative à fa difpofitîon » aux vices & aux qualités qui font propres > il eft indubitable que nous ne pourrons le remettre qn^autant que nous le folliciterons d’abord à une aâion contraire : ainfi fe précipite— t-il fur les épaules, s*appuie-t*il ? vous le rejetterea fur le derrière, & vous lereleverez ; mollit-il ? vous Tanimere ?  ; rallentit-il fa mefure ? vous la preffcrez ; fuit-il ? vous le retiendrez ; fe rctieni-t il ? vous le chaflèrez ; fe travcrfe-il ? vous le replacerez fur la ligne droite ; le tout pour aiTurer Tefficacité des aides qui le reâifieront. Se qui, foit qu’elles doivent provenir de la ma(în feule, ou delà main & des jambes enfemble, ne diflPèrent ni par le temps, ni par Tordre dans, lequel elles doivent être données, de celles dont nous faifons ufage lors du partir, car elles font pofitivcment les mémos.

Du Galop. (Dupatt)

SU eft eflentiel de fe rappeller fouvent ce que cous aTons dit fur les allures du cheval, & fur le rcflbrt renfermé dans les jarrets, c’eft ici fur-tout que toutes ces oBfervations vont devenir utiles. Nul auteur n’a donné les moyens vrais & les plus fimples pour ébranler un cheval au galop, quoique touts aient aflez bien décrit cette allure, ainfi que fes variétés. Appliquons— nous à y fuppléer, Toiu cheval qui galope prend un point d appui principal fur une jambe de derrière, &, s’il eft uni, il enlève Tépaule oppofée plus que fa voifine. Dans l’inAant qu’il prend ce point d’appui, il marque <une (pulée plus fone qu’à l’ordinaire de cette jambe, qui tombe avec plus de vîtefle, atofi 3ue celle de devant oppofée. Enforte cjue le épart au galop eft exécuté par les deux jambes qui fe meuvent les dernières, Ibrfque le pas de i^alop eft bien formé : affertion très-cffentiellc à çavoir, fi l’on veut faifir le temps jufte du départ fur une jambe donnée.

Comme le pas de galop eft véritablement un faut, il çft nèceflaire, vu Télévation que prend toute la maffe, que le reflbrt qui doit la pouffer reçoive une compreâion forte, de laquelle il s’enfuive une détente plus violente ; c’eft ce qui fait précipiter la battue : & comme les jambes font en l’air en raifon croifée, fi la gauche de derrière eft enlevée pour retomber & taire appui i la mafte, il en i^éfulx^ qiiç la drpite de devant eft auâi enlevée*

CAL

Ce ^Incipe étant certain, pottr— faire partir ranimai à volonté, foit à. droite, fott à gauche, » il s’agit d’accélérer la chute de la jambe qui daU faire appui, & d’animer fon reffort ; mais de manière que Topcration étant jufte, nette & précife, le cheval ne puifté confondre pour quelle jambe eft Tavertifiement.

Pour y réuflir, je difpofe le cheval de façoa qu’il ne puiile, quand il le voudroit, fe tromper » ni réfiiier k mes aé^ion ». Le cheval étam plié » & bien dans le droit, je marque un demi-arréx de la main, par lequel il fe grandit & fe fixe fur les hanches ; je iens la rêne de dehors qui retarde 1 épaule de dehors & contient les hanches : par*li 1 épaule de dedans marche mieux, & la jambe de cette épaule eft prête à chevalen Enfnite faififlâoc Tinfiant que la jambe gauche de derrière va tomber à terre, je laifle tomber mes deux jambes pour hâter la chute du pied gauche de derrière do cheval, & par conféqucat celle.du pied droit de devant, & le cheval part jufte au galop. J’ai foin d*avoir la main* légère, afin de diminuer la douleur du cheval & l’objet de^ fa réfiftance : mes deux jambes, moëlleufes & afturées, raccompagnent «  & portent Tanimal en avant.

On fe fouvîendra que fi la rêne de dehors n’a pas Teilçt d arrêter l’épaule de dehirrs, ou que le cheval force cette rêne pour prendre un grand pli, il partira faux, parce que cette épaule, par ce contre-temps, fort beaucoup & fe déploie con(eguemment la première ; 9t que le cheval, ea forçant cette rêne, laifie paffer Tinftant de la chute de la jambe gandie de derrière, pour ne partir qu’à la battue de la jambe droite de derrière. Pour corriger le cheval de ce défisiut, je le pars Us premières fois en élargiftànt les épaules d’un tiers de leur largeur avec la rêne de dehors, nue je ne lâche point, & avec laquelle je lui réfine forte"* ment s’il veut en éviter reflfet. Par-là, il viendra en peu de temps à parrir jufte.

Il arrive encore qiie le’cheval manque, parce que la jambe de dedans de Ihomme venant à toircher trop fubitement ou trop forteirrent te 4anc droit, la croupe fe jette en dehors, & le côté de dedans redouble d’aâron, enforte que le premier temps eft encore perdu, & même employé à dé* ranger la pofitisn. U eft donc k propos, en faififtant les temps, & en plaçant bie » le cheval, de lui donner des aides qui ne le troublent point, & ne faffent que lavertir d’obéir. Mais récolier peu sûr de fon aflietre, ou de fes opérations y devance fouvent les inftanrs, & n^eft pas certain d’arriver avec eux. ]Le temps & la bonne pofitton apprendront à femir:parvenu à fenrir, on opérera jufte » Telle eft la meilleure manière de parrir, foit au pas, foit an trot. Mais touts les chevaux ne i*y prêtent <|u*i mefure que levrs épaules font gagnées; fie slls préfement des diiltct}ltés plutôt d*un côté que de Tantre, c’eft que ce côté n’eft pas aflbz anonpii. B eft— bon de tmvailler également, & de pardr tantôt à droite, tamSt à fauche, mais toajoiirs en gardant le pli. Si cependant OQ a affaire à un animal bnite & ignorant, on pourra, pour le faire partir juA « , ie contenter de bien 1 unir au trot, & de (aifn* avec Taide des deux)anibes égales l*inflant de la chute du pied qui doit porter la mafle, en tenant le cheval droit & bien devant lui. Mais on ne doit point admettre la mauvaife pratique des maquignons qui plient à gauche & pincent de ce côté, pour hiiiTer la ïambe droite fe développer & partir la première. C’eft écrafer un cheval & le miner, que de travailler ainfi.

Le cheval étant bien pani ^ ne doit être, ni trop raflTemblé, ni trop alongé : trop raffemblé, il ie fatigueroit, &L fi’avanceroit pas : trop alongé, le derrière ne chaiTeroit pas moz le devant » & la jambe qui fait reflbrt ne feroît pas dans la ligne d’innixion convenable pour mettre le cheval en force. Chaque individu a un degré de vheâe dans lequel il eA maître de ie foutenir. En-deçà on audelà, il eft mal à fon aife, & il déplait à Thomme qui le monte. C’eft à nous à fentir & à juger les defirs de hi nature.

Il eft d’un écuyer infiruit de la marche de la nature, de ne pas galoper trop tôt un jeune cheval : fes effort^ étant plus grands qu*à une allure inoins enlevée, Tes jarrets fariguent plus ; & s^ils ne font pas bien formés & bien forts, ils éprouveront quelque défordre dans leur organifatlon : & par— là on fera privé des mouvements vigoureux & précis qu’ils auroient eus » s*iU euiTeat été coâfervés^ On évitera auifide le galoper trop longtemps : outre la fatigue des jarrets, on exci^ tcroit une tranfptration trop abondante, qui eâ dangereuse pour les jeunes chevaux ; elle-appauvrh leur iâne, diminue leurs forces digeilives, & les fait tomber dans Tépuifement.

. Lorfque le cheval ^ bien aiToupli au trot, & bien exercé aux leçons précédentes, galopera bien for le droit, il pourra alors exécuter ces mêmes leçons au galop. Mais, fans une erande modéraiVon, il ne les foutiendra pas : il faut donc favoir arrêter à propos, & ne travailler qu’avec précaution.

Du Changemtnt JepUd du galop au galop. Si Ton vouloir faire reprendre à caucbe un cheval ifi galope à droite, avant que d avoir changé fa ifpofition totale, il feroh de travers. Le premier foin fera donc de le déplier du cdté droit, pour le remettre à gauche, en changeant les opérations : il ei même plus facile dans les premiers temps de le tenir un inftam fans pli. Alors on marque un éeni-ariét aiièz feniible, par lequel on retarde un hftant fa marche ; puis i » a le pan comme on a dit ^los haut.

Quelquefois on le laifle trotter « a eu dent pu ^our le repartir ; ma » ce n eft pas là le changement t^pst nous vooIms parler, qui eft celm qui fe fait t

G A L III

l fans arrêter, & du gaJop au gnlôp ;. Après avoir redrt ; (}’é le cheval en dimincant l’effet de la rêne de dedans, & augmenté i’eôct de celle de dehors pour donner le pli, il fe trouvera droit, foit que vous preniez le mur pour le point du changement, q^ que vous ayez ciîoifi tout autre endroit poisr cela : le cheval étant toujours au galop, élargiffez un peu Tépaule droite, fupjpofé que vous cnangiez de droite à —gauche, en la retardaitt un peu à Tinflant de cette opération, mais imperceptiblement, de peur que la croupe ne vienne en dedans ; marquez un demi-arrêt très — foible, & en même temps fentez la jambe gauèke dans rinflant que le pied droit de derrière du cheval tombera à terre. Far le demi-arrêt, vous le filez fur ce pied, qui devient point d*appui principal ; & car l’aide de votre jambe gauche, vous accélérez la marche de la hanche droite qur avoir été retardée dans le galop à droite : ainfi vous avez tout changé, & donné lîn nouvel ordre, en employant des moyens très— fimples, mais, je IV voue, très-diâiciles.

Le mérite de cette opération, eu que le cheval foit bien droit ; qu’il ne change qu’à la volonté du cavalier ; qu’il ne fe préeipite pas en arrivant, & qu’il reprenne étant plié comme il faut. On peut faire reprendre, en fentant la rcnc droite & la jambe droite : mais cela n’cft pas fi jufte ; on excite un contre-temps dans ranimai. Cependant pour arriver au vrai travail, on eft obligé de cominencer par-là ; car le plus difficile eft de retarder Tépalile qui étoit de dechins. Le cheval en reprenant, commence fon galop à gauche, par la chute du pied droit de derrière, & du pied gauche de devant ; enforte que la battue des deux autres pieds eft fuppt^mée par le demiarrêt, qui a fixé le clieval fur la jambe gaudie de derriéne dans l’infiant que le jarret allott fe dé**, ployer.

. Ce n’eft qu’après s’être afturé de la fiicilite du ehevmi à prendre le galop à droite, comme^à gauche, que l’on doit eïïayer de le faire reprendre. Si Ton donnoit cette lei{on trop têt, il fe défuuiroit aifcment, 8c. ne refleroit pas fur le même pied* Du Changement de main de deux pi fies au galop. Les obfervations phyfiques y fairesdans le courant de ces leçons, ferviront à expliquer ce travail » Il s’agit amplement d’indiquer comment il s’exécute aujpTop*

Dam le changement de main, on diftingoele moment de Tenumer f fon milieu, & le temps de le fermer.

Pour entamer le changement de main, on marque un demi*arrèt, afin de fixer le cheval ; on détermiœ les épaules en dedans ; & avec les deux jambes, & fur-tout celle de dedans, on porte la machine animale en avant & décote. Au milieu «  on commence à redrefler le cheval, & on continue k cheais. £n arsivaot au mur, on ferme k changement-, en faifant reprendre i <fomm « ît vient d être dit, toujours bien en avant. Le cheval doit être bien fini, pour exécuter avec ju/lefle ce changement de main. Pu Galop. (Thiroux)

l^our mettre dans tout leur jour les définitions îpféparables de la matière qu’on va traitei^, il faut affigncr au volume du cheval une quantité quclccnq’jc, divîfibîe en quatre parties, •afin que ciiacime d’elles correfponde à la pofition de la tn%(k placée fur chaque jambe. Si nous choififfons, pour ce poids nâif, le nombre 24, alors, le cheval étant égal à 24, chaque bipède équivaut à 12, & chaque jambe porte 6. Âinfi la jambe droite de devant, remplacée par le numéro i, fiipporte 6 ; le numéro 2, qui tient la place de la jambe gauche de devant, foutient pareillement 6 ; le numéro 3, qui repréfente la jambe droite de derrière, étaye 6 ; enfin la jambe gauche de derrière y à laquelle le numéro 4 eft fubititué, fe trouve chnrgée du même poids de 6. Ces conventions érablics, avant que d’indiquer la méthode propre aii galop, oii croit premièrement devoir définir ce q’je c’cft que l’allure appellée gjiop : fecondement dJimontrer comsnent un cheval peut galoper : froifièmcmcnt prefcrire les régies qui fervent à diftinguer le galop vrai d’avec le galop faux. Enfuire 9 après avoir enfeigné la façon d’embarquer un cheval au galop, nous donnerons au cavalier la pofition relative à cette allure « & finirons par lui dévoiler les fenfatîons qu’il éprouve, lorfqu*au lieu d’entamer Iç galop vrai » le cheval prend le galop faux.

Ce que^*€jl que le Galop.

A Vinfpeâion du galop, l’écolier le plus novice » fans pouvoir rendre compte des moyens créateurs de cette allure, apperçoir cependant qu’elle eft le réfultac de plufieurs fauts confôcutivement réitérés en avant. Quanta notre élève, qui n’a jamais il •bien remarqué le jeu difiinâ de chaque bipède du cheval que pendant le galop ^ non— feulement les élans des jambes de devant, & les cbafTers de celles de derrière ne hn échappent pas, mais, plus inflruit, il remonte jufqu’à la fource de cette dbuhc combinaifotT. Sa première obfervation tombe -fur Tavant-main qu’il voit s’élever à l’aide de l’ar-TÎère-mairi, & tirer (a force centrifuge de l’appui qu’il en reçoit. Tl reconnoit en fuite que le bipède ’^e devant, une fois lancé & remis à terre, ne peut recommencer la même opération fans le fecours du bipède de derrière qui revient précipitamment fous le centre, afin de lui prêter nn nouvel appui, en renouveliam fa percufTion. D’où il conclut que, fi ^R colonne de devant fe reploie fur le centre, pour pomper, dans la colonne de derrière, cette puif^ ^nce élaftîque, motrice du premier bond, qui la « let en état d’en fournir un fécond & ainfi de iuite^ donc le galop exige 4in accord parfait entr^ I G A L

les deux bipèdes du cheval, piiifqu’ir faut zhColn^ ment que le bipède de derrière fe retrouve à point nommé fous le point central, pour foutenir 6c rechaffer le bipède de devant, dont les élans ainfi répétés entretiennent la progreffion de cette allure. Comment un cheval peut galoper.

Quelque fupcrficiclle qu’aitété l’attention d’un élève, durant l’analyfe des deux premières’allures, il doit néanmoins— avoir retenu que, pour fe mouvoir à celle du pas, qui eA la plus lente, le clieval lève tk pofe tranfverfalement fes quatre jambes les unes après les autres, enfone qu’à cette démarche tardive, les 24 de fa maflfe font confiamment étayés par trois jambes alternatives, qui font, tantôt une de devant & deux de derrière, tantôt deux de [devant & une de derrière. Il n’a fiirement pas oublié davantage, qu’au moyen de ce que l’allure du trot dépend d’un degré d’aâion plus accéléré, le troteur eft obligé d’enlever à-la ; foi$ deux jambes tranfverfales, de manière que le même volume, qui, au pas, repofe fur trois jambes, au trot, ne s’appuie plus que fur deux. En partam de ces deux combinaifons, difiéremment calculées dans le jeu tranfverfal des quatre jambes, dont le cheval retranche toujours le fupportd’un à mefure qu’il augmente de xtS^, n^ peut-on pas inférer que la troifiéme allure, défignée par le nom de galop^ & reconnue pour le période du mouvement, force le cheval à détacher de terre trois jambes à-la— fois, & conféquemment à n’en laiflTer qu’une deftbus les 24 de u mafte i C’eft effeAlvement d’après ce procédç que le galop reçoit l’exiftcnce. Mais la nature, attentive. à la confervatîon du cheval qu’elle met un inftant en équilibre fur une feule jambe, comme s’il étoit un bipède, pour le dédommager des trois étales dont elle le prive pendant les « nlevers du galop, furveille la JHflefl"c qu’il doit ebferver dans la répartition de fes maffes, & lui rappelle, qu’à ceue allure rapide, il oe peut enfreindre la loi.tranfverfale qui lui eft im «  pofée, fans courir des dangers encore plus certains qu’aux deux précédentes. Examinons aâuelie* ment le cheval prêt à s’embarquer au galop 9 & gardens-nous de confondre la préparation de cette allure avec fon effet.

J’ai dit plus haut que le galop étoit le réfultat de flufieurs lauts confécutivement répété » en avant, ajoute ici que cette dernière façon de fe mouvoir oblige le cheval à s’enlever fur une feule jambe » comme feroit un bipède. Or » cette jambe unique à laquelle il fe fie ne peut être qu’une de celles de derrière, d’après le principe que toute aâion ne devient progreflTive qu’en vertu dune puiflance pulfative d’arrière en avant. En conféquence, fidèle obfervateur des lois tranfverfales, le cheval, oui veut prendre le galop, choifit d^abord une jamoii de devant fur laquelle il fe panche, afin de lui faire fupporter les 12 de fon avant-main. Cette prçparaûox) apiéne naturellement la répartition ioverfq inverse des 12 de l’arrière-main, qui passent aussitôt sur la jambe de derrière opposée, ainfi qu’il est aisé de s’en appercevoir au jeu du bipède de derrière ; car, lorsque l’ondulation de cette colonne met en marche les jambes qu’elle dirige, non-seulement on voit une des jambes de derrière annoncer sa légèreté, en s’avançant sous le centre plus que l’autre, mais cette jambe allégée se trouve encore être la transvttfale de celle primitiveinent déchargée des 12 de l’avant-main. Voilà l’instant où, la préparation du galop absolument terminée, l’action commence ; instant que le cheval faifit pour enlever brusquement son avant-main sur le centre, qui lui-même s’asseoit sur l’arrière-main. Dans cet état 9 des deux jambes de derrière, certainement la plus avancée sous le centre doit rester chargée de la totalité de la masse, puisque le cheval, devenu bipède au moyen de son enlever 9 ne peut, ainfi que nous, se lancer en avant qu’à l’aide de la jambe qu’il a plus près de lui. aussi, lorsqu après avoir reployé la colonne de devant sur le point central 9 afin de se débarrasser du poids qui nuiroit à son premier élan, le cheval faii repasser les 1 a de rarriète-main sur la jambe de derrière qui s’est obliquement diligentée, la position de cette jambe, prise sous le centre, la met en force pour supporter les 24 de la masse, pendant que les trois autres jambes s’élèvent plus ou moins. On dit plus ou moins, parce qu en lupposant que le cheval commence par alléger la jambe 1 aux dépens de la jambe 2, infailliblement la jambe 4, légère à son tour des 6 qui lui font affectés, s’avance sous le centre plus que la jambe 3 chargée seule des 12 de rarrière-main. D’après cette préparation, lorsque le cheval enlève, pour la première fois, le bipède de devant, toute la charge de l’avant-main passe bien à travers le centre, & vient sur la jambe 4, mais la jambe 2, à peine délivrée du poids qui la furchargeoit, ne recouvre la faculté de partir qu’à la suite de la jambe 1, qu’on voit s’élever au-dessus d’elle, & conséquemment à son premier degré de légèreté, & conséquemment au support de sa transversale la jambe 4, Le bipède de devant & le centre une fois appuyés sur la jambe 4, le cheval, qui n’a plus le choix d’en faire jouçr d’autre que la jambe), puisqu’elle est^transversale de la jambe 2 élevée la seconde, achève de fixer à terre cette jambe 4, déjà chargée des 12 de l’avant-main en faifant repasser fes 1 2 de l’arrière-main de la jambe 3 sur la même jambe 4. Suspendons le cheval à son premier élan, & nous pourrons compter les trois jambes qui foi)t en l’air par gradation : sçavoir, la jambe 1 partie la première & très-élevée ; la jambe 2 qui la suivie de près, & un peu au dessous ; & la jambe 3 presqu’à fleur de terre. On apprécie le temps que le cheval reste en équilibre sur la seule jambe 4, fi on observe que la jambe 3, ébranlée la première dans le faut que fuit le bipède de derrière, ne perd lerre qu’au moment où le bipède de devant est à I4 veille d’y redescendre, parce qu’alors le cheval, drefR sur la jambe 4, repousse à travers le centre les 24 de la masse, qu’il renvoie transversalement, de l’arrière à lavant main, sur la jambe i. Remettons actuellement le cheval en action, & suivons l’effet du galop avec autant de fcrupule que nous venons d’en analyser la cause. Le reuort de la jambe 4 ( je continue la même supposition ({ans le jeu des jambes du cheval) n’efi pas plutôt détendu, que le cheval rabat le bipède de devant, fans déranger l’ordre transversal quipréfideà son enlever, Cest ainfi que, d’après le dardement de la jambe 4, la jambe i, partie la première, commence à toucher terre oii la jambe 2 revient aussitôt. Comme ces deux jambes de devant gardent, dans leur retour sur la piûe, le rang qu’elles avoient en la quittant > la jambe x, plus exhaussée Ase pose audessus de la jambe 2, afin de recevoir, à son tour, les 24 de la masse, lorsqu’enfin, pour quitter terre, la jambe 4 les lance horifontalement à travers le centre. A l’égard de la jambe 3, enlevée à la fuite de la jambe 2, elle reprend près du cheval, en même tejnps que cette jambe 2 sa transversale, le posîe qui leur convient à toutes deux, afin de se charger, seulement en passant, des 12 de leurs bipèdes, pendant la préparation du second temps de galop. Alors le cheval achève le premier pas du galop, en précipitant l’ondulation de sa colonne de derrière, dont le bipède incite parfaitement la posuîon inégale de celui de devant ; c’est-à-dire que la jambe 4, pour figurer avec sa transversale la jambe 1, avance autant sous le centre que celle-ci se place au-delà, ensorte que la même jambe de derrière, qui confomme le premier temps du galop, se trouve prête à fournir le nouvel appui du second.

Après avoir démontré que le branle du galop se perpétue par la vibration des 24 de la masse, qui portent à-plomb, pendant l’enlever du bipède de devant, sur une jambe de derrière que le cheval range exprès, afin de Soutenir le centre, & qui font reportés en entier^ pendant le chasser du bipède de derrière, sur la jambe de devant opposée que le cheval avance à dessein de recevoir ce même centre, on va prouver combien cette allure, quoique naturelle au cheval, devient dangereuse, toutes les fois que, dans sa préparation, le cheval rebelle aux ordres de la nature, ou victime des cfr «  confiances, dispose à cet usage deux jambes parallèles, au lieu d’employer deux jambes transversales.

Règles qui servent à distinguer le galop vrai d’avec le galop faux. ( V. Allure).

Il est à préfumer, qu’éclairé par les différentes combinaisons du pas, du trot, & du faut entre les piliers, l’élève ne doit plus héfiter à croire que la moindre irrégularité dans la distribution des masses, qui dérange le jeu transversal des quatre jambes, peut avoir, au galop, les plus funestes con- {éqnenem. Au fiirplus, la conviâion devient com* fdeite, lorfqtt*oa parcourt la décompofition des alhires précédentes, oik le cheval > d’après ce principe, a tODJourf foin de répartir la ponion dont il foulée les jambes qu*il veut mettre en mouveoient, fur celles qu’il defiine à fervir de point d*ap* puù Ainfi le cheval, au pas, efi alternativement porté par trois jambes, qui ballotent entre elles les A4 de fa maâe, tandis <iue là quatrième, exempte des 6 qui lui font dFeâes, entredent l’allure entamée. Ainfi le cheval » au trot, s’enlève, fur deux jambes tianfverfales, oui, dès ce moment, partagent entre elles les mêmes %4, afin t{ue le troteur détache aiiëment les deux autres jambes, affranchies des 6 perfonneis k chacune d’elles, & les décoche auffitèt proportionnément à l’étendue de cette allure^ Ainh le fauteur entre les piliers commence par alléger le bipède de devant, qu’il a deffein d’élever à la fois, en faifant fupporter à l’arrîére-maûn les 12 de la colonne de devant, &, lorfqu’il defire lancer le bipède de derrière, nooféulement il rapporte les 12 de la colonne de devant ûir l’avantmain, mais il y ajoute encore ceux de k colonne de derrière. A la faveur d’une remarque auffi imponante, on découvre dans Tenfemble de ces dlverfes répartitions, que fi la nature intime au cheval l’ordre exprès de rendre légères les jambes 3u’il doit faire jouer, elle lui commande en outre e compofer du total de fa mafle une ligne de force qui lui tienne lieu d’un contre-poids. L’utilité de cette ligne, dont la gravité fait la puiflance, fe manÛefte toutes les fois que, traverunt dtagO’ salement le point central, (a correfpondance tranfverfale entretient l’anlomb des autres panies du corps, que lé cheval peut alors faire agir avec tonte fécurité. Quelqu allure qu’on veuille consulter, il n*en efi point qui foumifle, k cet égard, de preuve moins équivo(}ue que celle du pas, puifque, malgré le plan equilatéral des 24 de la mafle, on peut cependant toujours appercevoir leur propennon diagonale. £n effet, comme le cheval qui marche, lève fucceffivement une jambe de devant & celle de derrière qppofêe, il eft un jBoment où ces deux jambes tranfverfales, fans être tout-à-fait en l’air, ne font pourtant pas abfolument à terre, & ce moment exifle, lorfque la jambe de devant fi’aule la piAe, parce qu’elle y revient, pendant qu’au contraire la jambe de derrière l’effleure, parce qu’elle l’abandonne. Or, tant que ce léger intervalle fubfifle, les 24 de la mafle repofent évidemment fur les deux autres ïambes tranfverfales. Afin de diffiper îufqu’à l’ombre du doute, on croit devoir reprenare au moins les’premières opérations du cheval qui dbercheà s’ébranler au pas. Si nous continuons à prêter au cheval l’intention d’entamer par la jambe i, après avoir entièrement fait pafler les 12 de la colonne de devant fur la jambe 2, le cheval, dont le bipède de devant incline en conféquence à gauche, ttve à la. vérité la jambe i, qu’u vient d’alléger » G AL

avant que de toucher k l’arrangeaient des il dt rarrière-main ; mais auflin’a-t-il pas encore toulement remis cette même, jambe i à terre, qu’avee Tintention de lui faire fuccéder la jambe 4, les 12 de la colonne de derrière, déjà répartis fur la jambe 3, font pencher le bipède de derrière à droite. Comment alors ne pas reconnoitre la ligne de force qui coupe diagonalement le centre, pour atteindre, d*uB côté, Ta js^e 2 que la jambe 1 vient retrouver, 8c, de l’auM, la jambe 3 que la jambe 4 s’apprête â quitter i

Si la ligne de force, admiiè au nombre des vérités qui font la bafe des principes de l’équitation » préfente le germe des divers mouvements du cheval, ce n’eft qu’en vertu de fa correfpondance tranfverfale qu’elle peut acauérir le degré de confiance, d’où naît la fécurité du cavalier. En vain l’ignorance cherche— t-elle à couvrir de fleurs les accidents inféparables de toute direâion’parallèle, l’élève, en garde contre leurs effets pernicieux, loin de fe laiffer éblouir par les titres impofants dont elle décore les allures défeâueufes qui en émanent, fait les apprécier à leur jufte valeur. Pour luij’amble, malgré le fafle qui l’entoure, n’eft que le trot faux, puifque la ligne de force, indifpen- » fablement étayéepar une fambe de devant & celle de derrière du même côté, au lieu de contrebalancer les efforts de chaaue bipède, n’aeit que pour hâter la chute de lambulant, obligé aenlever enfemble les deux autres jambes parallèles. L’amblt une fois démafqué, de quelles confidérations peuvent être fes dérivés, tels que t’entre-pas, beaucoup mieux nommé le traquenard, enêendré de l’amble & du pas : l’aubin que produifent l’aunble & le galop, & tant d’autres d’autant plus perfides qu’ils doivent leur exifience moins à la volonté qu’à la foibleffe du cheval i Mais c’eft trop nous appefantir fur des combinaifons tellement découfues qu’elles n’ont pas même été jugées dignes du nom d’allures ; il fiiut promptement retournera celle du galop, & démontrer les hafards périlleux que fait courir la pofition du cheval qui Tentame à faux.

Dans la feâion précédente, où on efquiffe le cheval qui fe prépare à prendre le galop, on diA tingue, premièrement ;’raVant-main penché fur la jambe 2, & l’arrière-main incliné fur la jambe 3, conféquemment le centre obliquement tniverfé, de gauche à droite, par la ligne de force qu’on vient de rendre palpable, & chaque bipède réciproquemem contre-balancé l’un par Tautre. On efl enfuite frappé de la précaution du cheval qui, pour entamer (on premier élan, ramène fur le centre les 12 de la colonne de devant qu’il affeoit en entier fur le bipède de derrière. Enfin, d’après cette dernière répartition, on voit les deux jambes de devant fe détacher de terre prefqu a la fols, vu que la jambe 2, qui fe reffent encore d’avoir fupporté les ladel’avant-main, pendant la première diftributiondes maffes » nepeutque fftivre la jambe r., dont la fupérîorhé coorerre au bipède de de-Tant, quoiqu en l’air, la même inclination à gauche qu’il avait étant à terre. Pour achever Tébauche du galop, il Aiffit de rappeller qu’auffuôt l’enlever des jambes i & 2, le cheval, dreffé fur la jambe 4 afin de repoufler horifontaleoient à travers le centre les 24 de la mafle fur la jambe 1, met en jeu lajambe 3, enforte que les deux éminences oppoiées de Vépaule droite qui prime la gauche, & de la hanche gauche plus élevée que la droite, forment upe efpece de lit diagonal, dans lequel la ligne de force coule, tantôt de la jambe 1 a la ïambe 4, & tantôt de la jambe 4 à la jambe X. Mais y lorfque la répartition de rarrière-main ne quadre plus avec celle de l*avant-main « .& qu’à la place du point d’aopui de la jambe 4 tranfveriale de la jambe i, c’en fa parallèle la jambe 3 qui » libre à contre-fens des 12 de la colonne de dertière, arrive la première fous le centre pour y attendre le poids de la colonne de devant, joint au retour du volume de la colo ; ine de derciére » aufiitôt Vallure devient faufle, parce que le cheval, fans cefle enn-ainè par le débordement de la ligne de force parallèlement épanchée fur les jambes i & 3, eft évidemment en danger de $*abattre à droite, faute d’avoir, à gauche y une puiiTance tranfverfale qui lui facilite les moyens de fe retenir au moment où l’une de fes bafes vient à lui içancjuen

L’elèvè, vivement affeâé des malheurs que Tarn’ ble mène à fa fuite, doit envifager avec encore plus d’effroi ceux qui accompagnent le galop faux. En eflfet » fi on confidère, qu’au moyen de fon dandinement, l’amblcur fe réferve toujours l’ufage de deux jambes parallèles, il refte au moins l’eipoîr, pourvu toutefois qu il chemine fur un ter rein bien égal, que la précipitation avec laquelle il berce les 24 de (a ma{{e, peut aider à la confervation d’^me démarche auflTi périlleufe. Il n’en eft pas ainfi du galop pris à faux. Je regarde chaque pas qui s’achève comme un vrai miracle » puifque non-feulement, ainf] qu’à l’amble, la direâion parallèle de la ligne de force détruit jufqu’à l’apparence d’aucun contrepoids, mais qu’en outre, après l’enlever du bipède île devant, le cheval, qui ne peut exécuter le faut de celui ^le derrière, qu’en reÀant en équilibre fur ’une feule jambe de derrière, eft obligé de fe confier à celle que les 24 de fa malFe fatiguent en raifon de leur chute direâe ; car il eft reconnu qu’un volume quelconque, direâement lancé, double en viteiTe & en puiflance la même quantité qui n’arrive au but que par le tracer d’une diagonalct Pour nous réfumer : aH galop vrai, le cheval doit prendre fon point d’appui fur la jambe de derrière oppofée de celle de devant qu’il veut enleverla première, afin que pendant l’élan du bipède de devant & le faut du bipède de derrière, cette jambe de derrière, chargée des 24 de la mafle, refte forcément la dernière à terre : finon l’allure eft faufle., puifqu’alors la jambç de derrière que le cheval oc dé-G A L iij

tache k qaalriètfie, que parce qu’elle ùtfffme malà-propos la totalité de fa ma&,. fe trouve Ja parallèle de celle de devant, qui revient la prenûère à terre pour attendre le retour du même volume. La différence entre ces deux efpèces de galop provient uniquement de la répartition des 12 de chaque bipède, que le cheval à faux, balance dans fa préparation, fur les jambes, de dievant & de àer » rière du même côté, de Êiç^n.que les 24 de la mafle offrent une ligne paraUéle ; tandis qu’au galop vrai,.la même quantité, portée par une jambe de devant & celle de derrière opp^fée, préfente k ligne de force diagonalement appuyée fur deux jambes tranfverfales. Ainfi, lorfque la jambe 4 avance la première fous le centre, il faut, de toute nécei&té, que les 12 de ravant*main viennent delà jambe 2, pour que la jambe i, première allégée, après avoir entamé l’allure > ioit inimédiatement futvie » & dans fon départ, & dans fon retour, par les jambes 2 & 3, condéquemmcnt à l’ordre qui doit régner entre quatre êtres qui fç meuvent tranf- » verfalement. Mais, fi la jamb^-3 précède la jambe 4, & s’empare des 1 2 de lavant-main, que la /ambe 2 rejette lur le centre, aufli-tôt le jeu de^ jambes I & 2, on a le chagrin de voir la jambe 4 venir inconfidérément troubler Tordre tranfverfal, pour y fubflituer. le jeu parallèle qui rend le galop taux.

Comment on met un Cheval au Galop.

It eft inconteftable que la nature, ^en donnant au cheval la faculté de prendre le galop, lui laifle le choix des jambes qu’il deftine à cet ufage, fous ta feule condition que la jambe de devant, qu’il élève la première, doit être la tranfverfale de celle de derrière, dont il fait fon point d’appui. Ainfi, l’allure eft parfaitement égale, foit que le cheval entame par la jambe t, & qu’il s’élance A l’aide de la jambe 4, ou que ce foit la jambe 2 qu’il enlève d’abord, pourvu qu’il emploie le reflbrt de la jambe 3, puifque, dans l’une & l’autre circonftance, la plus légère des deux jambes de devant, & la moins chareée des deux jambes de derrière font toujours traniverfales, & pendant la préparation, & pendant l’aâion. Mais toutes les fois que cette illure s’exécute fur un terrein dont la circonfcription oblige le cheval à tourner fouvent du même côté, tel que la carrière d’un manège, il eft alors de fan intérêt d’&bjurer le libre arbitre, pour fe foumettre avec réfignation aux règles diftees par l’art. Ceux qui confulieront, à cet égard, le code de Tèquitation, liront TinjonéKon formelle d’embarquer ua cheval au galop par la jaipbe de devant du dedans, afin, dit la loi, que la /ambc de derrière du dehors ^ plus avancée fous le centre que fa voifine, fe trouve placée, & pour recevoir avec fureté les 24 de la mafle à chaquee&lever du bipèdede devant, , & pour les repoufler avec avantage ii chaque faut du bipide de. derrière* En, effet, au moyen de ce que la fucceflion rapide des coins donne une mNjquel diocre propenfion far le dedans à cdul qo ! parcourt Tencios d*an manëge, toutes les fois qu’il s*agit de prendre un roin » fi le point d*appui n*eft ps exaâeœent pris fur la jambe de derrière du dehors, legalopeur efi privé de la feule jambe qui puifle valablement lui fervir d*étaie. Veut— on en acquérir une preuve irréfiftible ? Ilfaut fe repréfenter un cheval au galop, qui, dirigé de gauche i droite, par la ïambe 2, & faute fur la îambe3, & le prendre lorfque h fortie d’an coin ouvert à gauche » le force de tour* ner i droite. L’élève fe rappelle 9 fans doute, que 9’ dans le faut du bipède de derrière, la plus légère des deux jambes de ce bipède fuit toujours de très-près l’élan de celui de devant. En conféquence, dans la fuppofition préfente, les 1 2 de Tavant-main, après avoir reflué fur le centre » & s’être confondus fur la jambe 3 avec ceux de l’arrière-main, reviennent précipitamment, pendant l^enlever, du dehors fur le dedans, précifément au moment oii, par la combinaifon même du galop, aucune des trois autres jambes ne peut refter à terre pour foulager la jambe de derrière du dedans, autrement la jambe j » puifqu’auili-tôt l’enlever fucceflîf des ïambes 1 oc 1 » c’eft la jambe 4 qui part à fon tour, fuivant Tordre tranfverfal ci-defliis établi : enforte donc que, dans cette occurence, le galop le plus îuAe 9 vu la répartition des mafles, &Je jeu tranf verfal des quatre jambes > d/ ; venu faux relativement au local fur lequel il a lieu, expofe dès-lors aux mêmes dangers que celui démontré faux par eifence* Voilà pourquoi, lorfqu’on fuit la pifle de {rauche à droite, c’eft la jambe 4 ({ui doit donner e point d’appui, pendant que la jambe i entamme l’aâion : ( combinaifon caraâériftique du galop à droite) comme, en rçvenant de droite à gauche, il niut que le cheval fe drefle fur la jambe •, & que la jambe 1 commence à quitter terre, {combinaifon conftitutive du galop à gauche), quoiqu’au maoèee celui qui viole cette règle foit menacé d’une chûtè quijpeut avoir des fuites aufli funeftes que celles con(equentês du galop faux, cependant 9 eu égard à la juftefle de l’allure, dont la faufièté dérive feulement de la direâiôn qu’on fait fuivre au cheval,. on a coutume d’avertir de cette méprife par la périphra(e, votre cheval iCy e(i pat. C’eft comme fi on difoît aux élèves, les répartitions font exaâement calculées, mais leur total ne quadre pas avec le plan que vous tracez, parce qu’à la. fortie de chaque coin, vos chevaux ^ en équilibre fur la feule fambe de derrière du dedans 9 courent rifque de fe coucher de ce côté, comme feroit une planche fubitement abandonnée. Qu’il s’en faut que l’équitation garde autant de ménagement avec le galop vicieux par fa combinaifon intrinsèque f L’epithète, /tfiu :, qui Taccomfagne crûment, n’annonce que trop combien il eft érilleux de s’v livrer, quelle que (bit la pifte qu’on ait intention de fuivre.

’Après avoir analyfé le galop ; après avoir difl%qué le cheval galopant ; après avoir indiqué le G A L

point qu ! iipare le g^alop vrai d’avec le galop faox} enfin, après avoir juftifié l’importante préférence que l’équitation accorde à lajambe de derrière du dehors, il devient tout aufti facile d’expliquer, qu’aîfé d’entendre la méthode paniculière à cette allure, fur— tout quand le zèle donne ce coup-d’eeil avide qui dévore jufqu’aux moindres attitudes diz cheval dont les mouvements font le réfultat d’une volonté librement déterminée. Par exemple » quel eft rélève imbu des feâions précédentes, pour qui Tafpeâ du cheval ardent, impatienté de refter dans Tinaâion, ne foit un précis animé du paragraphe où on décrit comment un cheval peut galoper, & par conféquent un acheminement à Part de l’embarquer au galop ? On ne fauroit efieâivement rencontrer deux combinaifons plus femblables, quoique dirigées par une intention différente. Comme notre élevé a déjà parcouru la pofition du cheval prêt à s’élancer au galop, nous allons nous coa «  tenter de rapporter ici la façon dont fe campe ce «  lui mii, pour exprimer fon dépit, grate, avec un de les pieds de devant, la place fur laquelle on le contraint de refter. La première opération du cheval eft de ramener la colonne des vertèbres de derrière au centre, ainfi qu’on en peut juger, & par le pofte avancé qu’occupent les jambes 3 & 4 abfolumcnt coulées fous fon ventre, & par l’arc que forment les jarrets ployés, & pa^— la tournure cambrée que prennent les nanches. Dans cet état, le cheval exaâement raftemblé, puifque la puiffance qui le retient néceftîte le reflux de la colonne ^ de devant fur le centre, regarde la jambe de devant qu’il a deftein de mettre en mouvement. Ce port de tête, ainfi qu’on le fait, produit conftamment l’effet d’alléger la jambe regardée. Aufiî, i peine le cheval eft-il ployé, que le bomber de l’épaule contraire au pli annonce sffezl’effbrt’^qu^lle fait pour fupporter les la de lavant-main, qui fui «  vent la pence du bipède de devant. Mais, pendant qu’on s’occupe de la nouvelle combinaifon de ce bipède, il faut bien prendre garde de laiffer échapper le changement qui arrive dans la répartition des 12 de celui de derrière, afin de s’affurer que le cheval, en bombant une de fes épaules ^ porte réellement la croupe de l’autre côté. Car, fi la vérification répond à l’attente, on a droit d’en inférer qu’au même inftant où l’épaule bombe, parce qu’elle fe charge des x s de la colonne de devant » ceux de la colonne de derrière pafient réellement fur la hanche opporée, puifqu’en rangeant fa croupe, le cheval fait également bomber la hanche fur laquelle il penche ion bipède de derrière. L’élève doit trouver ce dilemme d’autant plus conféquent » qu’il voit diftindement, au moyen de la pente contraftée de l’avant 8c de l’arrière— main, le centre du. cheval diagoaalement traverfé par la ligne de force qui ferpente entre deux éminences obliques d’une épaule & dune hanche tranfverfale. Ceft alors que le cheval, éan* la ftriâe préparation de celui qui veut prendre le galop » détache la jambe qu’il ri ; « garde ; pour en frapper préci’pltamâient la terre qu’il paroîc dédaigner*

Celui qui fait une étude auffi fèrieufe du principe des mouvements du cheval, trouve bientôt, dans leur comparaifon, cette chaîne non interromp ]e qui lie la première allure avec la dernière, & tire tant d’avantages de ce parallèle viâorieux pour créer arbitrairement les diverfes évolutions qui en émanent, que le cheval, loin de tenter la moindre réfiftance » croit les exécuter de fa propre volonté. Ainfi y nulle ambiguïté n’arrête un élève parvenu à ce degré de raifonnement, & qui, d’ailleurs, confirmé dans les leçons du tourner, diftîngue la rêne du dedans d’avec celle du dehors ; fait apprécier leurs puiflances féparées V.ou réunies ; calculer leurs effets ; enfin les emplover avec cônnoiiTance de caufe. Ses juges veulent ils d’abord éprouver fa théorie du galop ; il fatisfait à leurs Îueftions, en leur répondant, qu’après avoir rafemblè le cheval qu’on de(line â cette allure, il faut employer les temps de main préparatoires au tourner, afin de commencer à lui donner le pli ; en-Aiite qu*eo opérant, comme pour entrer cians les coins, les épaules balancées d’un côté font nécef* fairement faillir la croupe de l’autre : finalement 2ue, du concours de la main retenue & de la pref-on des jambes égales, rlèfultent & l’enlever du bibède de devant, & le chafTer de celui de derrière ; chafTer que le cheval efl forcé de réitérer, lorfque le cavalier a l’attention de rendre la main, fans altérer la valeur de fes jambes, qu’il doit au contraire entretenir au même degré de prefnon. Les examinateurs défirent— ils enfuiteêtpe les témoins de fon exécution ; voici quelle eft la fuite de fes operations relatives au canevas d’une leçon de manège. Pendant que notre élève va trouver le cheval qui l’attend à la porte de la levée, on croit devoir profiter de cet intervalle pour lui rappeller que chaque reprife, qui s’ouvre de gauche a droite, demande que cette dernière leçon s’entame par le galopa droite : en conféquence, qu’il ne peur efpérer de’ déterminer fon cheval à partir de la jambe i plutôt que de la jambe 2, s’il n’a la précai^tion de faire au moins une longueur de manège au pas. Premièrement, afin de pouvoir fufEfamment rafTemblcr fon* cheval, & lui donner le pli fur le dedans ; en fécond litu pour avoir la facilité d’écouter attentivement les pieds qui fe pofent à terre, & les diflinguer d’avec ceux qui font en l’air, non pas dans fintemion de faifjr, prefqu’à la volée ♦ le port à terre de la jambe de devant du dedans, & confé3uemment d’enlever furtivement le cheval fur celle e derrière du dehors, mais bien avec le deffein formé de fentir ù le cheval, en reftant plus longtemps fur les jambes de devant du dehors 6c de X derrière du dedans que fur les deux autres tranf verfales > fuit ponâuellement les temps de main créateurs de la préparation du galop ; enforteqce la juAcATe de cette allure foit moins Vtffet d’un départ hafardcux, que le produit fatisfaij(aflt d*un cal* G A L 117

cul exaa. L*élève, arrêté psrr cette nouvauté, ne conçoit pas troo comment, hifle deffus le cheval, il e£t poffible d appeller jufle, les jambes fur lefquelles il porte, ou celles qu’il enlève. Mais il faut <e hâter de le tirer d’inquiétude, en lui donnant une recette infaillible qui l’empêche de confondre l’enlever des pieds du cheviil avec leur placement à terre. Sans voir le canon delà jambe, cependant » au léger balancement que fait éprouver la rotation de chaque épaule mife en mouvement, on juge aifément quelle efl la jambe de devant qui fe dé «  tache de terre, ou celle qui revient fur la pifle.’ Or, chaque fois que le cheval s’appuie fur la jambe de devant du dedans, le cavalier doit compter intérieurement une & deux, lorfque c’efî le tour de celle du dehors. A l’égard des jambes de derrière • on les nafTe fous filence, attendu que, la combi «  naifon de l’avant-main emponant de drçit celle de rarrièremain, il eft confiant que la jambe 4 fuit l’aéhon de la jambe i, comme la jambe j fuccède toujours à la jambe 2. Ainfi, règle générale, la répartinon des mafTes de l’avant-main mérite feule de fixer l’attention du cavalier « puifqu’il a la certitude que la puifTarice de fes jambes égales fuffit, & pour ramener au centre l’ondulation rétrogradée de la colonne de derrière, & pour faire jouer les bafes de larrièrAiain y qui lui font fubordonnées, con «  formément à la combinaifon de la colonne de devant..

Pofitlon à f rendre au galop »

Après avoir indiqué tous les écueils qui peuvent faire échouer le cheval au galop, il ne refte plijs au’à donner la pofition convenable à la rapidité de cette allure. Le galop, quoique beaucoup plus vite que le trot, caufe cependant une fccourte moins dure à fupporter. D’un autre coté, lorfqu’on fait attention au jeu des deux bipèdes, on apperçoir » dans la fucceiEon des enlevers & des chaffers du galopeur, un) air de reflemblance avec la vibration du lauteur entre les piliers. En rapprochant ces deux idées, ne pent-on pas en induire que la pofition à prendre au galop doit tenir le milieu entre celle analogue au trot, & celle récemment prife fur le fauteur ? En conléquence, l’élève doit fe placer avec autant de foin que lorfqu’il étudiolt cette dernière leçon ; mais il peut, en même* temps, profiter de la foupleitc du galop pour met* tre j dans l’enfemble de fa pofition, le liant & la grâce dont elle e& fufceptible. Delà, le haut du corps en arrière devient libre & aifé : loin d’employer la moindre contraflion, afin de fixer fur la felle le milieu du corps, les trois points d’appui triangulaires du haut des deux cuifTes & du croupion doivent leur immobilité plutôt à l’aplomb du haut qu’à l’extention du bas du corps. Ceft alors 3ue les preffions favamment réitérées des jambes u cavalier, compagnes inféparables de l’arrière* main du cheval, enr^etiennenr, fans efîbrt, les chafft^rs qui clofent’yrenouvellent chaque temps du galop. ^ Le Galop à droîtel

Uélève n’eft pas plutôt à cheval quie » mettant à profit les dernières inftruâions qu’il vient de recevoir, il débute, dans la carrière par Tallure du Eas. Lorfqu’il fent fan cheval exactement raiTemlé » & qu*au nioven de la rèsle ci-deflus, il s’eft aiTurè que la jambe 2 eft fur le point d’arriver à terre, il arrondit la main, jufqu’â ce que la tendon de la feule rêne du dedans apporte la tète du cheval 4 droite, Sclui fafle regarder la jambe i. Enfuite, fans applatir la main, il la porte fur le dehors* l’égalité » çue larrondiâernept de la main avoir fait difparoitre, fe rétablit à Tinilant dans la valeur des deux rênes. La tenfion continuée de celle du dedans prefie Tépaule droite qu’elle poulte fur le dehors, pendant que)a rêne du dehors, remife dans touts fes droits, travaille à chafler la hanche §auche fur le dedans. A la difpoiition du bipède de evaot > ainfi balancé de droite à gauche » fuccède la répartition des 12 de Tavant-main entraînés fur la jambe 2, ce qui, non-feulement met le cheval en pleine poflef&on de fa jambe i, mais même le contraint de la placer au-defltis de fa jambe 2. De plus, le renvcrfement d’épaules, qui réfulte du fécond temps de la main portée fur le dehors, ébauche la fortie de la croupe fur le dedans, ei|||rte que la f)ui(rance de la rêne gauche, croiflànt ^efure que ’élève retient fa main toute arrondie fur le dehors, achève de poufler le bipède de derrière, que le cheval balance de gauche à droite* Alors les 12 de l’arrièremain paflent fur la jambe 3, & néceffitentle port de la jambe 4 qui s’avance toujours fous le’ centre, en devançant la jambe 3. Auffi-tôt que les dvux temps confécu{ifs de la main arrondie, puis ponée fur le dehors, ont obtenu, avec le pli, le contraAe de Tavant-main appuyé fur la jambe 2 » tandis que rarriére-main eft étayée parla jambe 3, rélève ramène à lui la main dans la pofition oii elle fc trouve, &, du même-temps « il augmente la preifion de fes jambes égales, afin d’exiger le premier enlever du cheval. La main & les jambes du cavalier ont à peine difpofé les deux colonnes vertébrales eomnie on vient de les cfquiffer, que le cheval, régulièrement préparé, fe livre gaiement à l’aâion du galop. Les 12 de la colonne de devant, que la retenue de la main fait couler le long des rênes dirigét^s de gauche à droite, aban «  donnent la jambe % pour refluer fur le centre. Au même ioAant les 12 de la colonne de derrière, précédemment repartis fur la jambe 3, repaient fur la jambe 4, que la preflion des jambes égales du cavalier retient diagoiialement avancée fous le centre, afin de lui faire fupporter les 24 de la mafle pendant l’enlever fucceffit des jambes i, 2 &^. L’obéif fance du cheval avertit l’élève qu’il eft temps de rendre la main, ce gp’il exécute à la minute, en obfervaot de laifler iiibfiftcr fon arrondiflement, dans la crainte que le cheval déployé ne brouille la combiaaifog ^e fa colgni^e de devant ; mais il GAL

n’oublie pas que la prefSon de fes jambetégales doit conftamment entretenii^l’arrière-mainfous le centre. D’après la defcente de main, le cheval, drefle fur la jambe 4, rabat le bipède de devant dont la jambe i, partie la première, & oui fe trouve auffi la plus élevée, embrafle l’étendue au terrein proportionnée à la vitefie du galop. Au moment oii les jam «  bes 1, 2 & ^ reviennent à terre, on voit les 24 de la mafTe dardes par la jambe 4, fuir la pref&on réitérée des jambes égales du cavalier, & repafier brufquement à travers le centre pour forcer la jambe i a leur donner, pendant le chafier, le mén^e appui que leur fourniflbit la jambe 4 pendant l’enlever. Alors la jambe 4, autant allégée qu’elle étoit chargée, confomme le premier pas du galop. L’élève n’eft point inquiet de la pofition que les deux jambes de derrière du cheval reprennent fous le centre. A l’afiurance que la jambe 4 chargée de toute la maffe f ne peut fe détacher au’à la fuite de la jambe 3 «  il joint la certitude phyiique, d’après le calcul immanquable de Teffet des rênes, que le cheval, quoiqu’obligé d’apporter vivement cette jambe 3 fous le centre, puifqu’elle partage la toralité de la mafife avec fa tranfverfale, la jambe 2 pendant la préparation du fécond temps de galop, l’a fait cependant toujours précéder par la jambe 4, qui, remife en force par cette politicn, redonne au bipède de devant le nouvel appui fauteur du fécond élan, & ainfi de fuite.

Aâuellement que l’élève parcourt rapidement & furemenc l’enclos du manège, il faut récapituler avec attention les différents produits des rênes qui viennent de créer le galop à droite. Premièrement touts les temps de la main dénotent le plan médité de porter les 12 de la colonne de devant de droite à gauche, & de pouffer ceux de la colonne de derrière de gauche a droite. Lorfqu’on fait enfuite la preuve de cette double opération, on trouve, qu’au ^alop à droite, les 24 de la mafTe reviennent fur la ïambe 4 pendant les enlevers du bipède de devant & le faut de celui de derrière, comme ils font reportés fur la jambe i pendant les chafTers du bipède de derrière & la retombée de celui de devant : cornbinaifons qui forcent le cheval à mettre en aâion la jambe i avant la jambe 2, & à détacher la jambe 3 avant la jambe 4, d’oii on peut conclure que les fauffes pofitlons de la main, ou la négligence des jambes du cavalier font les feules eau fes des erreurs du cheval. En eflfet, fi l’arrondlfTement de la main donne & conferve le pli fur le dedans ; fi la direâion des rênes, d’abord tendues du dedans fur le dehors, enfuite ramenées du dehors à leur vraie place, contient l’épaule droite au-defTus de la gauche, & la hanche gauche primant la droite ; furtout f ; la preflion motivée des jambes égales accompagne ces diverfes combinaifons, le cheval perd juiqu’à Ih poffibilité de chercher, dans le plus léger retardement, l’occafion de fubflituer le trop redoutable point d’appui parallèle de la jambe 3 à cchii tranfverf^l 4e |a jambe 4, en continuant de faire rouler les 34 de fa maiïe entre les deux éminences d’une épaule & d’une hanche oppofée* /^rendre un coin au galop â droitt. Dans le détail qu’on a ci-devant donné d’une leçon de manège, on trouve la méthode particulière à la prife des coins qui fe préfentent à gauche. Ce font les mêmes temps de main qui s’emploient avec fuccès, pour cette évolution, pendant le galop à droite, fi ce n’efi quil en faut retrancher le demi-arrét, dont la préparation, eflentielle aux deux précédentes allures 9 deviendroit préîudiciable à celle du galop qu’elle retarderoit. Outre la fuppreflîon du demi-arrét, oa doit encore ohfer*^ ver de ne pas déranger Tarrondiflementdelamain ; car la deftruâion du pli, qui s’enfuivroit infenfibleinent, pourrott anéantir fans reffource la combinaifon des deux bipèdes. Auffi » à l’approche des coins, fe contente-t-on de porter la main toute arrondie fur le dehors, afin que les rênes reprennent une puiflance équivalente à celle qui procure le premier élan. Le pli du cheval ne l’empêche cer taînemeot pas d’obéir. On le voit s’approcher j tout ployé qu*il eâ » des bornes de la carrière, & profiter de fa tombée pour placer les jambes i, 2 & 3 le plus prés de l’angle qu’il lui eft pofllble. On doit s’attendre à toujours retrouver la jambe x plus en ayant, en raifon de la fupérîorité au’elle conferve fur la jambe 2. Comme, au galop, les deux jambes de devant ainfi crue celle de derrière du dedans fe meuvent prefqu à la fois, foit qu’elles s’élèvent, foit qu’elles retombent, on a foin de prévenir le fécond enlever du bipède de devant, en rapportant la main arrondie fur le dedans. Pour lors le cheval, à qui la preflion des jambes égales du cavalier a fait exécuter le chafler du bipède de derrière, & qui, par confé^uent » a repris ion point d’appui fur la jambe 4, pirouette fur le talon de cette jambe de derrière du dehors, jufqu’à ce que ^ava^^main fe foit rabattu dans la nouvelle piAe oii les jambes 1 9 2 & 1 font incontinent fuivies par la même jambe 4. Nous croyons inutile d’ajouter que, fi la preflefle des mouvements de la main n’eA pas exadement calquée fur la vélocité de l’allure, la fuite des opérations du cheval foufifre à coup sûr de la lenteur de celles du cavalier. PnmUr changement de main au galop i droite. Il n’exifte point de leçon où les changements èe main foient d’une exécution plus facile qu’à celle du galop. Tout femble favorifer cette évolution. Au moyen de Tarrondiflement de la main, qui ploie le cheval, lorfque le cavalier veut ouvrir le premier changement de main » qu’on trace de gauche à droite « il ne lui refte plus que la maiif à f rapporter toute arrondie fur le dedans, & auffitôt ’es rênes, combinées de gauche à droite, pouffent, fur le dedans, 1e cheval qu’elles éloignent par gra. dation de la pifte, pour le faire entrer dans la dia^ jonale du premier changement de main, G A L Le galop à gauchi. HS> Si Touverture des changemenes de main exige, au galop, une fuite de procédés auffi Amples, la clôture de cette évolution entraine plus de difficultés. Par exemple, on n’a pas pbitôt parcouru la première diagonale qui coupe le manège de gauche a droite, que le mur, en fe pféfe » tam de ce dernier côté, avertit du moment où le galop à gauche devient urgent » L’élève fait qu il tenteroît inutilement de faire entamer par la jambe 2 le cheval embarqué fur la jambe 4, fans la ptécaution abfo’ lue d’un temps d’arrêt completrComment, en effet, pouvoir décompofer la répartition dus maffes faites pour le galop à droite ; calculer, en même temps, la combintiilon inverfe qui doit créer le galop à gauche. Enfin quel autre intervalle peut-on choifir pour que le cheval ait la faculté de fuivreies temps deftruâeurs & reproduâeurs de la main de fon cavalier, tous relatifs au changement total de h pofi «  tion ? D’après ces principes, l’élève, à peine arrivé au bout de la première diagonale, ramène à lui fa main dont il tait difparoStre la rondeur. L’anéantiffcment du pli, auquel fuccède immédiatement l’égalité entre les épaules & les hanches, remet là cheval autant d’aplomb fur fes quatre jambes qu’il rétoit au pas, pourvu toutefois que la preflion mo* dérée des jambes du cavalier donne un peu de re «  lâche à la colonne de derrière. Le cavalier, qui n’a rien déplus à cœur que de toucher, pour ainfi dire, au doigt la jufie répartition des 24 de la maffe, conféquente de l’égalité des rênes, après un nouveau raffembler, profite avec avidité du premier appui de la jambe i, aâuellement du, de «  tiors, pour cambrer la main. Lorfque la tenfionde la rêne gauche, nouvelle du dedans, a fuffifamment ployé le cheval, on porte la main toute cambrée fur le dehors. Auflitôt, la rêne gauche dont la preffion occafionne le reflux des 1 2 de l’avantmain fur la jambe 1, vient s’unir à la rêne droite, pour qu’en raifon de leurs puiffances combinées les 12 de l’arriére-main, tranfmis i la jambe 4, affurent, & la fortie de la croupe fur le dedans, & le jeu de la jambe 3 à préfent du dehors. Enfuite, fans perdre un feul infiant, on rapporte la main à fa place. Alors les 12 de l’avant— mairn, qui filent à travers les rênes, paffent de la jambe i au centre, pendant que la jambe 4 fe débarraffe de la totalité des 1 2 de l’arrière-main pour en charger la jambe 3, prife deffous le centre. Cette dernière répanition permet, & l’enlever du bipède de devant oit la jambe 2, tranfverfale de la jambe 3, paroit, cette fois, avant fa compagne la jambe 1, & le faut du bipède de derrière que le cheval entame par le jeu de la jambe 4. L’élève n’oublie pas de rendre la main, récompenfe ordinaire de Tobéiffancedu cheval, &, en vertu de la prefiion de fes jambes égales, il lui fait exécuter le chaffer du bipède de derrière pendant lequel la jambe 3 joue, au galop à gauche* le rôle important que la jambe Digitized by Google 4 rempUflfoSt au galop à droite. Intîmemefit perïuadé que le paffage alternatif des 24 de la mafle ne s’eA précédemment entretenu fur les jambes i & 4, qu’au moyen de la main conftamment arrondie, on peut être afluré que cette efpèce de balancier ne quittera jamais fon étui diagonal » aâuellement formé de la jambe 2 à la jambe 3 » tant cpie la cambrure accompagnera les temps de la main prife .ou rendue, & tant ane la valeur des jambes égales fera quadrer les chaflèrs de rarrière-main avec les enlevers de Tavant-inain.

Prtnàfc un coin au galop â gauche*

Dès que le pafTage des coins ouverts à gauche, pendant le galop à droite, s*e(l effeâué d’après une méthode peu compliquée 9 Aire & fatisfaifante, la prife de ceux qui le préfentent à droite » lors du galop à gauche 9 ne doit pas caufer la moindre inquiétude. Comme les conditions font abfolument pareilles, on croit fuffifant de repréfenter leur enchaînement pour voir rélève approcher fon cheval de chaque angle, & l^en éloigner avec la même aifance.

Premièrement, il faut s’abfienir du demi^arrét. Secondeinent, il faut porter la main cambrée jufques fur le dehors. Troifièmement, il faut faifir le court intervalle qtii fépare la tombée du bipède de devant & de la jambe de derrière du dedans d*avec le chaiTer fubféquent de celle de derrière du dehors » pour rapporter la main toute cambrée dir dehors fur le dedans. Par ce moyen la combinaifon des rênes prime toujours Télan avec lequel Tavant-main s éloigne du coin, enfortequele cheval dredé fur la jambe 3, s’en fait un pivot qui lui fert à fe tourner en face de la plAe qu*il va chercher. Quatrièmement, il faut que la modulation des temps de la main foit en raifon de la vivacité des opérations du cheval. Cinquièmement & enân, îl faut que la preflîon des jambes égales, en proportionnant les chaflèrs de Tarrière-main fur les enlevers de Tavant-main, entretienne Içs deux bipèdes dans cet accord parfait, d où réfulte une cidence fi flatteufe pour toute oreille un peu délicate. Second Changement dt main au galop â gauche. Le fécond’changement de main, dont la diagonale, figurée de droite à gauche, ramçne }e cheval fur la pifte par laquelle tl entre dans la carrière, dérive d’une méthode fimple comme celle qui donne Ytxiùcnce au premier changement de main. La cambrure de la main diflipe également jufqu’à l’ombre d’une difficulté. Mais elles fe raiTemblent de même en foule, lorfque te dedans, en reprenant la place du dehors, ordonne la prompte (ubftitution des jambe ; s du cheval. Ainfi les jambes 2, I & 4 s’écarrent d abord de la piAe, à mefure que la main cambrée, feulement reportée fur le dedans > les attire fur la diagonale qui caraâérifc cette féconde évolution. Ainfi les jambes égales du cavalier, toujours au fçcours du bipède de ittf G A Ê

rîère, poufletit enfuite fur la même ligne la jambe 3, qu’elles font fuccéder au placement de celles 2, t & 4. De retour dans la première pifte, pour tirer la quinteâcnce du temps d’arrêt, il faut que la main parcoure tous les degrés oui fe comptent entre fa cambrure & fon arrondinemeat : de cette façon, après que le> déploiement du cheval a totalement effacé le calcul du galop à gauche » le nouveau pli, qui (uit rarroridiflement de la main, crayonne refquiffe du galop à droite qu’on perfectionne enfuite comme on Ta ci-devant enfeigné. Avant que déterminer cet article, on croit devoir faire obferver que la prompte obéiflance du cheval, foit pour la prife des coins, foit pour les changements de main ^ dépend uniqueifaent de Tattentioa du cavalier i ne jamais lui demander aucune évolution y qu’au moment où le faut du bipède de derrière annonce l’enlever des trois autres jambes. En effet, la maffe du cheval au galop étant alternativement fur une feule jambe à terre contre trois en l’air, ou fur trois jambes à terre contre une en l’air 9 la moiridre indication de la main devient une puiffance irréfiftible, lorfqu’elle agit fur le cheval 9 dans Tinflant qù la combinaifon du galop Tobllge à refter en équilibre fur la feuW jambe de derrièce du dehors.

Prçuves de la jujiejffe du galop »

Les combinaifons les mieux foignées, lorfqu’elles font dénuées d’une preuve concluante ^ doivent être reléguées dans la claffe des probabilités. La leçon du galop fubiroit le même fon, & les élèves pourroient révoquer en doute la folidité des principes qui en font la bafe 9 fi nous n’/ètions à portée de rendre palpable la vérité de ces principes établis diaprés la pofition que prend naturellement tout cheval à Tallure du galop*

iii nous diftinguons en équitation le galop défunî^ foit du devant, foit du derrière, d’avec le galop faux 9 quoique toute défunion entraine fauueté 9 c’efi afin de faire obferver aux élèves que le cheval, qui s’embarque à faux, prend, faps héfiter, fon point d’appui fur la jambe de derrière parallèle dQ celle de devaqt par laquelle il entame 1 aâion ; au lieu que, pour fe déiunir, il faut que le cheval, d*abord mis au galop vrai, change, dans le courant de la leçon, ou l’enlever de la jambe de devant, ( ce qui donne le galop’défuni du devant) où varie dans le point d’appui de la jambe de dçrrière ; f cç qui produit le galop défuni du derrière) double pomiou d*oii réuilte toujours le galop faux, ainfi qu’on peut s’en convaincre en confultant le’ rapport des différentes combinaifons du cheval à l’allure du ealop. A 1 eeard du galop faux d’encolure, il eft évident qu il n’exifte qu’autant qu’on omet totalement la condition du pli, ou lorfqu’on contraint, mal à-propos, le cheval à regarder la jambe primitivement chargée des 12 de l’avantmain. Dans le premier cas, la diftraâion, du ca « r valier le Qiet à la merci du hafard, puifqu’on 1^ précédemmenr précède nament démontré que c’cft le pli qui com-Jiicnce à dii’potif les 24 de la maflc, qu’on répartit cnfuice à fon gré. Or, fi leur rèpartiti< » n fe trouve lieureuiemenc diftribuée conformémem aux règles du galop, mais fans que le cavalier en foit le dîfpenfateur, il dépend du premier événement que la même répartition, devenue vicieufe, faffe éprouver fucceffivcment tous les genres de galop faux : conjonflurc périlleufe d’où le cavalier n a .d’autre poffibilité de fortir que par Tinterruption fubite des boutades du cheval. On nVft pas longtemps en balance fur le fort de celui qu’on embarque avec le pli à contre-fens. Les 14 de la maHe, que les chaffers inclinent continuellement Air la jambe de devant, qui devroit au contraire en être foigneuieraent garantie, néceilitent bientôt le cheval à fe dèfunir du devant ^ &, dès-lors, à courir touts les dangers dû çalop faux. Voici le moment favorable pour dévoiler le laéè, à l’aide auquel on didingue, d’une manière certaine, les différentes poiîtions que prend le cheval pendant chaque efpèce de galop. Mais » afin de ne pas interrompre Tordre jufqu’aâuellement établi, nous allons commencer par refqulfTe du cheval au galop vrai à droite.

Ployé à droite, nous favons que le cheval, pendant la préparation, en rentrant Tépaule droite oc la hanche gauche 9 fait bomber Tépaule eauche ainfique la hanche droite. On voit alors lavant.fiiain creufè fur la droite, & rarrière-maln fur la jgauçhe donner à la colonne vertébrale la figure a*uiie S : tournure qu’elle conferve même pendant Taélion, puifque les 24 de la mafle vont Ik viennent continuellement de la jambe i à la jambe 4, & de la jambe 4 à la jamhe i. Or y le cavalier juge i(ue la répartition des mafies a fidèlement fuîvi la corabinaifon des temps de fa maio » d’abord lorfmi’à chaque pas qui précède le premier enlever, la cnifle droite roule, derrière en avant, dans le vuide de Tépaule droite » & fa cuifTe gauche tombe, d’avant en arriére, dan^ la concavité que forme la hanche fauche. Il s’afliire enfiiite de la vérité de laâion par Tenlever de fâ cuifle droite ^ que le reflbrt de la jambe 4 envoie avec les 24 de la maife dardés fur la jambe i.

La féconde efpèce de galop eft celui finix à droite 9 où le cheval, ployé comme au précédent, « prés avoir rentré l’épaule droite, a l’indifcrétion d’en faire autant de la hanche droite qu’il devroit au contraire faire bomber. Dans cette fituation, , la colon, ne vertébrale, abfolumenr convexe à fauche, prend la figure dun C ouvert à droite. )n apperçoit la faufle répartition des mafles au tournoiement qu’elle occaUonno dans l’affiette du milieu du corps : tournoiement oui provient de ce Î|ue les cuifles du cavalier, w lieu de rouler en ens contraire » font ^portées en avant l’une après Tautr^ ; içavoir, la cuifle droite conféquemment au rentrer de Tépaule droite » oui commence la préparation du cheval,.& h cuifle j^auch ; » non* ; G A L lit

feulement en raifon du bombement îrréguUer de la hanche gauche ^ mais encôie d’après la détente inverfe de la jambe y, ^

Comme le galop défuni du devant à droite oflTre une diflribution de mafles abfoluqient oppofée a celle qui précède, à la réferve du pli qu’on trouve encore à droite 9 la colonne vertébrale, aâuellement convexe à droite, imprime néceflairemenc aux cuiffes du cavalier une fenfation totalement contraire à celle dont il vient de faire l’expérience. Le tournoiement du milieu du corps vient ici de la chute imprévue de la cuifl[e gauche d^ns le vuide informe de Tépaule du dehors, pendant que le dardement de la jambe de derrière du même côté repoufle la cuiffe droite.

Le galop dèfuni du derrière à droite, & le galop faux à droite étant exaâement calqués lun fur l’autre, le fentiment, qui prévient le cavalier de cette défunion, ne peut être que le même qui lui fait furprendre le cheval à faux ; puifque deux caufes abfolument pareilles doivent enfanter deux efi*ets femblables.

A l’égard du galop faux d’encolure à droite, c’eft le galop vrai à droite, où le cheval regarde à gauche. Ainfi les yeux du cavalier font les feuls juges de la faufli^tède ce dernier genre de galop. Les combinaifons qui créent les cinq efpéces de galopa gauche, font trop conformes à celles dont on vient de" rendre compte » pour efpérer d’ea trouver le détail à leur fuiie. D’ailleurs, fi quelqu’un doutoit de la Jliflefle’des opérations donc il auroit pofé les calculs tout feul, le rapport des différentes combinaifons du cheval à 1 allure du ealop lui fera de la plus grande utilité pour reâifier les erreurs qu’il auroit pu faire. Au refle, dès qu’on fent, par le faux enlever de la cuiffe, le cheval.s’éloigner du galop vrai, foit à droite, foit à gauche, il faut, à. la minute, recourir au temp «  d’arrêt’confolateur qui feul facilite les moyens de rétablir Tordre, conformément à ce qn on a lu dans la feâion des changements de main pendant la leçon du galop.

V Arrêt du galopa

Des trois différentes allures dont nous venons de rendre compte, celle du galop eft, fans contredit, la feule qui, même prife volontairement par un cheval en liberté, dépend d’autant, de circonftanccs. On ne doit donc pas être étonné ùe trouver une feflion entière deftinée, non-feule » nieift à raflembler fou « un même point de vue lc «  divers procédés épars dans le courant de cette leçon pour marquer les temps darrêt conditionnels eu galop 9 mais encore les réflexions qui leur font dor.ner la préférence fur tous les autres. Je foupçonne qu’on tfa pas oublié qu’il faut replacer la inain, avant que de marquer le temps d*arrèt préliminaire à chaque changement de jambe. Cette condition ëffentiellc précède auffi l’arrêt final du ealop. Mais çn ne doit le porter i fa pcrfe£lton, qu aorês avoir biffé marcher le cheval, faivant l’axiome qu ! dit » le galop doit naître, dtt pas, 6 » mourir au pas. Le galopeur ainfi préparé [K>ur fon arrêt, on le lui t’ait exécuter » en ponant le haut du corps en arriére ; ramenant la main, Tavant-bras foutenu & le deflus du poignet bombé ; & diminuant par degrés prefqu’imperceptibles la puifTance des jambes écalcs, dont on augmente Textenfion autant qu’il en poflible. La méthode folidement établie, nous allons pafler à la décompofition des effets qui en émanent.

Lorfqu’il s’agit d’arrêter un cheval lancé au galop, nul doute qu’on parviendroit à rompre fa courfe » en retenant bruiquement la main. Mais alors les 24 de lamaffe écraferoient infailliblement » ou la jambe de devant, ou celle de derrière fur laquelle ce temps d’arrêt inattendu les retiendroir, & le bipède, vicKme d’un pareil contre-temps, pourroit fuccomber, malgré fes efforts muhiplîés, fous l’immenfité du poids qui viendroit l’accabler. Au lien que la main replacée telle qu’elle doit être pour diriger le cheval fur une ligne droite, éloigne toute cf^jèce de danger. Dès ce moment la rêne du dehors, plus tendue que celle du dedans, attire ""J elle la tête du cheval qu’elle commence par redreflèr, & preffe enfuite l’épaule qu’elle régît, jufqu’à ce qu elle l’ait mife au niveau de celle du dedans. Pendant que cette première opération parcourt fon période, les I2 de* la colonne de devant, qui reprennent leijr direÔion primitive, fe répariiÔent également fur chacune des jambes. do devant* En conféquence, les enlevers du bipède de devant, fans être entièrement fupprimés, font au moins confidérablemenr ralîentis. wt, lorfqu’on porte enfuite le haut du corps en arrière, qu’on ramène la main en foutenant l’avant bras, & qu^on bombe le deffus du poignet, l’ondulation de la colonne de devant cède infenfîblement à la tenfion îéciproqiie des rênes, & finit par fe fixer au centre, à mefurc que la preffion modérée des deux jambes égales du cavalier, feulement affujeities fur le Corps du cliev^l, Iai>ffe détendre peu k peu le reilort de la colonne de derrière, dont Tondulalion .vivement rétrogradée, fourniffoitaux chaiTers du bipède de derrière. Ceux de mes lefteurs à qui le terme de réciproque peut paroître hafardé, voudront bien confidérer que les épaules du cheval ne-fcnt pas pluiôt direâes à la pifte qu’il décrit, que chaque rêne reprend & conferve le ton qui les met d’accord pour la fuite des opération^ relatives à l’arrêt du çalop. Oo a vu Ta pfemîère diftribution des maffes, préparatoire à ralliire idu ! galop, s’cffcâucr d’après le port de la main fîir le dehors, & ce temps de main avoir pour réfuitat Jcs éoaules attirées fiu— le dehors 6c les hanches chaffées fur le dedans. De même la dernière répartition, conféquente de la main replacée, ^f-’ pofe le cheval à marquer l’arrêt du.g^lop, tn râifon de régalité la plus fcrupuleufe que Ce temps 1 de mainiétabUtdan&ravant^arnli ([ud^àarFài’Aâ^* G A L

maîn du cheval, dont les hanches reprennent der* rière les épaules la place qu*elles occupoitnt avanr la préparation. Les deux colonnes vertébrale » exaâement redreffèes, qui peut douter que la> répartition des 12 de Tarrièrc-main n’ait ponâuellement fuivi la divifion apperçiie. dans ceux de. l’avant-main ? Au refte, la preuve la mroins équi^ voque tvtt chaque jambe de derrière reprend fur les 24 de la maffe les 6 qu’elle doit fupporter, & cela dans le moment où chaque jambe de.devant reçoit la même charge, fe tire du porr égal des^ jambes 3 & 4, qui n’embraffent autant de terrein. Tune que l’autre, qu’à la minute précife où les jambes 1 & 2, en s’avançant du même pas dans la^ pifte, annoncent que chacune eft rechargée des 6 qui lui font perfonnels. Les chofes en cet état, la> puiffaace de la main, calculée fur celle des jambes,. produit une réaâioa proportionnée dans le reflux de chaque colonne, enfôi^e que leur ondulation,. également reportée fur le centre, fait paffer le cheval par tous les poims fuccefllfs qui lient l’aâion la plus rapide avec la démarche la plus lente, avant que d’en venir à l’arrêt final. On doit fc rappeller que, l’arrêt une fois marqué, il ne faut entretenir cette pulfation mutuelle des deux bipèdes, qui mer le dieval dansToccafion toujours prochaine du pas en avant ou du pas en arrière, que le temps fuffifaut pour s’affurer de l’exaâ raffem1)ler,. & qu’on doit enfuire relâcher enfemble, & par degrés, les moyens qui ont fervi avec tant d’efficacité à éviter que le plus peiit à-coup ne vînt forcer l’arrêt du f ; alop. La méthode ci-deflu$ donnée pour vérifier a juftefledu galop, s’étend jufqu’a l’arrêt de cette allure. En effet, auffi tôt que le cavalier travaille ï la décompofition des maffes, néceffairement le • roulis de fa cuiffe —du dedans doit fe calmer en proportion du moins d’élévation du cheval. Si oa faifit à point nommé cet infiant favorable à l’arrêt ^ le cheval, reconnoiffant de la facilité qu’il trouve à. répondre aux indications de fon cavalier, fait le récompenfer à fon tour d*une comphifance aufll bien motivée, en le faifant jouir d un arrêt dont l’efpèce de palpitation démootrc la précifion de Fun & Fexaflitude de l’autre.

GALOPADE, aflion de galoper. Galop écouté,. raccourci, galopade unie, galopade belle, d’école, c’eft celle qui e(l faite fuivam les loix dii* manège. Ceft on ealop dans la main, & horfque le cheval galopant d une pifie où de deux piftes, éft uni, bien raccourci. bien enfemble, bien fous lui. On dit, ce cheval fait la galopade & travaille une hanche dedans. Un chevaï travaille la hanche dedans, lorfque faifant la galopade, au Hèû ^’aller d’une pfte, fbit par le droit,’foit en rond ; ôw lui tient une hanche fujt^te, qixé^que changement jde mâiri qu’on’faffe, « nfdrte^Ve la hanche de dedans qui Regardé te centre du ttrrêiry, eft phjs ferrée

  • SfL s’af procneplns du centre q^rèpauîe » Le che-’

val ne marche pas’aiors^ont-à-faltdè’côré ; fa.ma^ iïièrê’âè’trtiJraitteï tft urirpen’plus— que" 9^ ^ifW ^ & un peiv moins que de deux. La diflorence qu’il y a encre travailler upe hanche en dedans, ou galoper fur les volteSy ou manier au icrre-à —terre, c’eft que galopant fur les Yoltes, fie maniant au terre— à —terre, on tient les deux hanches fujettes, ouïes deux hanches dedans, c’eA-à-dire, au dedans de la volte ; mais quand on galope la hanche dedans, on n*ea tient qu*une.

GALOPER, aller au galop, faire galoper an « hevaU Ce cheval galope bien. Il galope à Tanflotfc ^ c’eft-à-dire, près de terre & Uns lever eaucaup les jambes^ Galoper uni ou fur le bon fHed 9 c^èft lorfque le cheval continue k galoper fur e même pied qu’il a entamé le chemin, rar exemple ^ lorfque la jambe droite de devant a comniencé 3l entamé le chemin avant la)anibe gauche de derrière, il faut auffi que la jambe de derrière parte toujours avant la jambe gauche de derrière, & que Tallure continue dans cet ordre. Galoper €aux, ou fur le mauvais pied, traîner fur les hançhes ou fe défunir, aller ou courre fur le £iia pied, c’eft quand le cheval change de pied. Par exemple lorfque le cheval qui galope ayant entamé le chemin par une des jambes de devant, ibit la droite ou la gauche, ne continue pas de £iîre toujours partir cette même fambe la preanière » & que la jambe de derrière oppofée à celle de devant qui a entamé le chemin, ne continue pas auffi de panir toujours avant Tautre de derrière ^^ & que cette allure ne dure pa^ toujours dans le niême ordre. Le cheval qui galope faux, galope de mauvaife grâce, & incommode le cavalier. Remenre fur le bon pied un cheval qui galope faux. Pour remenre fur le bon pied & bien unir des hanches un cheval qui galope faux, ou qui fe dèfunit, il faut approcher le gras de la jambe, &enfuite Téperon de dehors, ceft-a-dire, l’éperon dppofé au côté par lequel le cheval fe défunit. S^il s*eâ, par exemple, déiuni à la main droite, on le pincera du talon gauche. On dit encore galoper, pour dire faire galoper un cheval ; on dit auffi courir dans la même fignification.

GENETTE. Manière de fe tenir à cheval. On dit, porter les jambes à la genette, c*eft-à-dire, tellement raccourcies^ que Téperon porte vis-à-vis les flancs du cheval. Cet ufaee eft entièrement re-Jetté en France ; mais il eit en vogue chez les ifpagnols & autres nations. Monter à la genette. /^. Monter.

GIGOTTÉ, bien gigotté, fe dit d’un cheval <qui a las cuinfes fournies, & proportionnées à la rondeur, de ia cronpe. Cheval mal gigotté fignifie un cheval maigre, & dom les cuiffes n ont pas une fufle proportion avec la croupe.

GOURMANDER un cheval, c’eftle tourmenter trop en le menant. Gourmander la bouche d*ua cheval, c^ft lui "donner des faccades avec la bride.

GOUSSAUT. Cheral court de reins, qui a Yen* Calnre épaiflb & charnue >’& les épaules gtofli » s.i


Les chevaux goufTauts font bons Hmonlers.

GOUTER la bride. On dit d’un cheval qui commence à s’accoutumer aux eâFets du mors, qu’il commence à goûter la bridé.

GUEULART. Le cheval cft gueuhrt quand il a la bouche forte, & qu’il l’ouvre quand on lui tire la bride.

GUILLEDIN. Cheval hongre l’Angleterre qui eft extrêmement vite en fa courfe.

H.

HACHE. Coup de hache. V. Coup.

HANCHES fe dit du train de derrière du cheval depuis les reins jufqu’au jarret. Mettre le cheval fur les hanches, le menre bien enfemble, le mettrcT fous lui, c’eft le drefler à plier & à baiiTer les han «  ches. L’art de monter à cheval n’a point de leçon plus néceffaire, que celle de mettre un cheval hw les hanches. Le cheval qui ne. peut plitr & baiffer les hanche^ > s’abandonne trop fur les épaules, & pèfe fur la bride, au lieu qu’il faut que les han «  ches foutiennent les épaules & le train de devant. Un cheval eft achevé, quand il ed bien dans la main & dans les talons, & qu’il eA bien affis fur les hanches. On dit, ce cheval a les hanches fujenes, elt fujet des hanches & falque fort bien. En faifant fes fâlcades, il tient les hanches fort bafles ^ il les plie bien. Ce cheval eft bien fous lui, lea hanches accompagnent parfaitement bien les épau «  les. Pour faire plier les hanches à un cheval, il taut le tirer fouvent en arrière, fe fervir des a’des de la main & du gras des jambes en lui faWant faire de bons arrêts. Si cela ne réuffit pas, il faut (e fer’ir de la calade à l’Italienne. Aiïeoîr un cheval fur ks hanches, c’eft les lui faire plier, quand on 1. plope, qu’on le fait manier, ou qu’on l’arrête. —Un cheval qui eft court des reins & qui a delà fou «  plefte, fe met bien mieux fur les hanches, quq celui qui eft long ; mats outre la foupleffe il faut qu’il ait une force pliante dans les hanches. Cheval qu} traîne les hanches, c’eft celui qui ^lope faux, qui fe défunit. Pour le remettre fur le non pied Se ; le bien unir des hanches, il faut approcher le gras de la jambe & enfuiie l’éperon de dehors, c eftà-djre l’éperon oppofé au côté par lequel il fe défunit ; s’il fe défunit à la main droite, on le pincera du talon gauche. Sentir un cheval fur les hanches, c’eft remarquer qu’il les plie, ce qui eft le contraire de s’abandonner fur les épaules. Cheval qui travaille une hanche dedans, c’eft lorfqu’ea taifant la ealopade, au lieu d*aller d’une pifie, foît par le droit, fort en roird, on lui tient une hanche fujctte, quelque changement de main qu’on faffe. Là diflirence qu’il y a entre travailler une hanche dedans,. & galoper fur les voltes, au ma*, nier au terre-à-terre y c eft que là on ne tient qu’une, hanche fujette, & qu’ici on les tient toutes les t deux. PaflKor vn « heval la tête dedans Scies han^ ches auffi, c*eft le porter de biais fur deux lignes parallèles, au pas ou au trot.

HAQUENÉE. Cheval qui va la haqucnée, c*est un cheval qui va l’amble.

HAQUET. Mot peu usité, qui signifie un cheval petit & mince.

HARIDELLE. Cheval mince & fort maigre.

HARPER fe dit d’un cheval quand il lève les jambes du train de derrière précipitamment & fans plier le jarret. Quelquefois un cheval harpe des deux jambes, & quelquefois d’une feule. Lorfqu’il narpe des deux jambes /il les lève toutes les deux à-la— fois, & les hauflle en même temps avec précipitation, comme s’il manioit à courbettes. Il harpe 5J’une feiile jambe, quand il la lève précipitamment plus haut que Tautre, fans que le jarret joue ou plie. Lorfqu’un cheval harpe, il faut qu’il ait des èparvins (ecs au jarret. Il faut donner le feu à un cheval qui harpe, f, Trousser.

HATER la main, hâtez, hâtez. C*eft une expreffion dont les ècuyers fe fervent, quand un écolier fait manier un cheval fur les voltes, & qu’ils veulent obliger recoller à tourner la main plus vite du côté qu’il manie ; enforte que fi le cheval manie à droite, il aille plus vite des épaules à droite. De même s’il manie à gaiiche.

HAUT. Haut, expreffion dont le maître fe fert an manège lorfque l’écolier fait des courbettes, pour l’avertir que fon cheval ne lève pas aiTez le devant : haut du derrière, haut du devant, haut<)u talon. Les talons hauts, la main haute. Voyez Talons & Main. Haut monté fe dit d’un cheval dont les jambes font trop longues à proportion du corps.

HOBBIS, c’est un cheval d'Irlande.

HOBIN. Vieux mot qui dèûgnoit une certaine efpèce de chevaux.

HOCHER avec la bride fe dit du cheval qui hauAe & baiiTe le bout du nez pour faire aller & venir le mors dans fa bouche, poiir s’amufer, foit en marchant, ou lorfqu’il eft arrêté.

HORS la main. Cheval qui manie hors la nmin. Cette expreffion n’efl plus en ufage. On s’en fervoit pour défigner un cheval qui manioit fans obéir à la bride. On dit maintenant, ce cheval n e tas dans la main > a a point d’appui, n’obéit pas à i main.

HOU. Expreffion du cavalier pour fiiire arrêter fon cheval fans lui tirer la bride. Les chevaux qu^on accoutume le plus à s’arrcter tout court en criant ^ou, font)e$ chevaux d’arquebufc, parce qu’on abefoindefesdeux mains pour tirer un coup de fusil.

J.

JAMBE. Les jamhes de devant du cheval, & les jamSe » de derrière. La jambe di » câté du montoir St hors du mrtmoîr. Des (uiatre jarobes du cheval, lè^ detli^’dè devant ont placeurs ipareies, qui ont cMcune’leur nom difiëreni ; D’oiiffâm^ue par le !


nom de jambe, on entend ordinairement la partît du train de derrière comprife entre le jarret & le boulet. La partie qui lui correfpond dans le train de devant, s’appelle le canon ; mais en parlant en général, on dit les quatre jambes du cheval, & oi » confond le train de devant & le train de derrière » On di( qu’un cheyal a des jambes de cerf, quand il les a maigres & menues, & qu’il n’a point de jambes quand il les a ruinées, ou arquées, ou gor «  gées, & alors on entend parler des jambes de de* vaut ; & que la jambe lui mollit quand ilbroffche. On dit qu’un cheval cherche fa cinquième jambe «  pour dire qu’il efi las, & qu’il auroit befoin d’une nouvelle jambe, qu’il charge la main du cavalier, & s’appuie fur la bride. On dit qu’il va à trois «  3uand il boite bien fort d’une jambe. On dit aud » es méchants chevaux, qu’on leur fera bien trouver des jambes à force de les piquer. Cheval droit fur les ïambes, c’eft quand le devant du boulet tombe à plomb fur la couronne, & que k canoif & le paturon font en ligne droite# On dit àTégard -<le^ jambes du cavalier, qu’un cheval connoît bien les ]ambes, qu*il prend les aides des jambes, qu’il répond aux jambes, qu’il obéit aux jainbes, pour dire qu’il fuit les mouvements du cavalier. Par rapport au cavalier, on dit, aide des jambe », aide du gras des jambes. L’aôion des jambes du cavalier faite à propos eft une aide qui confifte à approcher plus ou>moins, le gras de la jambe contre le flanc du cheval, félon les occafions. C’eA une aide que le cavalier doit donner délicatement & avec frneffe pour animer le cheval, & elle eft d’autant plus belle qu’elle eft fecrette ; car en étendant le jarret r on fa’tt craindre l’éperon au cheval ; & cette crainre fait fur lui autant d’effet que l’éperon même. Jambe de dedans, jambe de dehors ; ces expreflions fervent à diftinguer à quelle main, ou de quel côté ï faut donner lès aides au cheval qui manie ou qui travaille le long d*une muraille oq d’une haie. Le long d’une muraille, la jambe de dehors fera celle du côté de la muraille, & l’autre jambe fera celle de dedans. Sur les voltes, fi le cheval manie à droite, le talon droit fera le talon de dedans, & de même la jambe droite fera celle de dedans. Par conféquent la jambe & le talon gauches feront pris pour la jambe & le talon de dehors. Le contraire arrivera fi le cheval manie à gauche. Maintenant on dit aider de la jambe gauche^* pour dire de la jambe de dehors, de la jambe de dedans. F. Elàr* GIR, HaRPER.

JARRETÉ fe dit des chevaux & des mulets, qui ont Jes jambes de dernière tournées en dedans 9 & fi peu ouvertes, que leurs iieux târrets fe touchent prefque quand ils marchent. Cheval jarreté. Cavalle jarreté. On dit auffi cheval crochu, ^oye^ Crochu.

JARRETIER eft un nom qo’on. doniie au cheval qui a les jarrets trop proches l’un de l’autre. Cô noni vieillit » On dit —plutôt cherat javrcté, ou CtOchl% t--i>. t.i >i, :… >. :  : —….

JOINTE s'est dit pour paturon. Jointe pliante & flexible, c'est-à-dire, paturon pliant & flexible, défaut ordinaire aux chevaux long-jointés.

JOINTÉ. Le cheval long-jointé est celui qui a le paturon long, effilé & pliant ; & court-jointé, ou droit des jambes, celui qui a le paturon court.

JOINTURE fe dit pour paturon dans les occafions fuivantes. La jointure groffe, c’eft-à-dire, le paxuron gros, ce qui eft une bonne qualité. La jointure menue efl une mauvaife qualité. Air-tout quand elle eft pliante, c’eft-àdire, que le bas du paturon eft fon en devant. La jointure lotrgue ou courte fait dire d*un cheval qu il eft long ou courtjolnté.

JOUER avec son mors fc dît d’un cheval tjuî mâche & fecoue fon mors dans fa bouche pour s^amufer. Jouer de la queue fe dit du cheval qui remue fouvent la queue comme un chien, principalement quand on lui approche les jambes. Les chevaux qui aiment à ruer & à fe défendre font fuî ^ts à ce mouvement de queue qui défigne fouvent leut maivvaife volonté.

JUCHÉ. Un cheval juché eft celui dont les boulets des jambes de derrière font le même effet que ceux des jambes de devant. Lorfqu*on dit que le cheval eâ bouleté. Foyti Boulfté. Alnfi, juché ne fe dît que des boulets des jambes de derrière ^ & bouleté fe dit feulement des boulets des jambes de devant.

JUSTESSE Cheval bien ajuflé. Finir un cheval & lui donner les plus grandes judeiTes. Ces expreffions défigneat un cheval achevé dans quelque air Su’on lui demande. Toutes les juftelTes dépendent e celle de ferme à-ferme. Afin qu’un cheval foit parfaitement ajufté, il faut » après les premières leçons, le promener de pas fur les demivoltes ; après lavoir promené quelque peu, lui faire faire une demi-volte jude ; quand il y répond fans héfiter, lui en faire faire trois ou quatre tout dune haleine ; lui apprendre enfuite à manier fur le coté 9 de-ça & de* là & en avant ; on le finit & on lui donne les jufte/Tes les plus parfaites en lui apprenant à aller & à manier en arrière 9 & pour cela îl n’y a rien de meilleur que les voltes bien rondes.

L.

LANCIER. On appelle ainsi l’ouvrier qui fait des lances. Le lancier de la grande écurie. Voyez Ecurie.

LANGUE. Aides de la langue, fe dit quand le cheval s’anime & fe réveille par un certain cri, un certain fon que fait le cavalier. Ceft un bmît » une efpèce de glapiflement qu’on ne peut guère exprimer, & qu’on forme en portant la langue contre le palais, & en l’en détachant vivement, en l’abaifiant en même temps que la mâchoire inférieure. Cheval qui prend bien les aidiez de la langue, qui ^réveille,.qui. s’anime t qui s’encourage par les


aides.de la langue. On dit aufli les aides de la voix à-peu— près dans le même fens. Cri dit encore careffèr un cheval de la langue 6c de la main, lorfqu’il obéit ou qu’il fe met en devoir de le faire.

LARGËR. Aller large. C’eft gagner le terrein eh s^éloignanr du centre de la volte, ik en traçant urt grana rond. Cheval qui va trop large, qui s^étend lùr un trop grand terrein, qui ne demeure pas fu^ jet. Il faut conduire large, en approchant le taloii de dedans, un cheval qui de lui-même fe ferré trop. Elargir un cheval, le faire marcher large «  lorlque s’approchant trop du centre, on vent qu’il gaçne du terrein. Dans ces occafions, les écuyerê dilent feulement large, large.

LÉGER. Légèreté. On dît qu’un cheval eft lé-t ger, lorfqu’il eft vite & difpos ; aull eft de légère taille, quand il eft de taille décnargée, qiioiqué d’ailleurs lourd & pefant ; qu’il eft léger a la main » quand il a bonne bouche, quand il ne pèfe pas fu^ le mors. On dit auffi qu’un cheval de carroffe e(l léger, lorfqu’il fe remue bien & qu’il craint le fouet, ou qu’il trotte •légèrement. Tout cheval dé carrofle qui eft léger eft bon. Dur au fouet eft, en ce fens, le contraire de léger. Avec un chtval léger & ramingue, il faut tenir lapaftade plus courte qu’avec un cheval pefant ou engourdi. Les chevaux oui font déchargés du devant, qui ont peu d’épaules, font ordinairement légers à la main. Un cheval doit être léger du devant & fujet des hanches. En parlant du cavalier, les termes de légi-r & de légèreté s’emploient dans plufieurs fens. Un bon écuyer doit moilter à éheval & fe placer fur 11 felle avec tonte la légèreté pOiEble, de peur de l’intimider & de l’incommoder. Un cavalier qù efl léger & qui fe tient ferme, fatigue moins fon cheval qu’un autre qui fe laifte appefantir deftiis, & il eft toujours mieux en état de fouffrir fa défenfe malicteufe. Enfin un homme de cheval doit avoir la main très légère, c*eft-à-dire, qu’il faut qu’il fente feulement fon cheval dans la main, pour lui réfifter quand il veut s’échapper* & au lieu de s’attacher à la main, il faut qu il la baiffe, dès qu’il a réfifté au cheval. C’eft une des meilleures marques d’un homme de cheval, que d’avoir la main légère. KMaiv.

LEVÉE. Terme de ^urfe de bagne ; it fe dît de l’aflion de celui qui court la bague, lorfqu’il vient à lever la lance dans lacourfe. Faire une levée de^ bonoe grâce.

Lever fe dit au inanège en parlant des dîVerfes façons de manier un cheval. Levez le devant à ce cheval. Levez-le k cabrioles, à pefades, à courbettes, c’eft-à-dirc, maniez-le à cabrioles, à pefades, à courbettes. Il faut lever le devant ^ un cheval après l’arrêt formé. Quand le cheval pft délibéré au terre-à-terre, on lui apprend à lever haut, en l’obligeant de plier les jambes le plus qu’il eft poflible, pour donner à fon air une meilleure grâce ; & lorfqu’il eft bien délibéré à fe lever hant du devant, on le fait attacher entre les deux pl- piliers pour lui apprendre à lever le derrière, & ruer des deux jambes à-la-fois. Obliger le cheval à lever demi à courbettes & demi terre-à-terre, est une méthode qui contribue beaucoup, s’il est peu assuré, à le résoudre & à le déterminer à bien embrasser la volte, à le relever & à alléger davantage. Lever haut le devant sert aussi infiniment à sa bonne grâce. On dit lever un cheval de son air, lorsqu’il ne s’y présente pas.

LIEU. Ce terme se dit de la posture & de la situation de la tête du cheval ; ainsi un cheval qui porte en beau lieu, ou simplement qui porte beau, c’est celui qui soutient bien son encolure, qui l’a élevée & tournée en arc, comme le cou d’un cigne, & qui tient la tête haute sans contrainte, ferme & bien placée, Voyez Porter.

LIGNE de la volte. C’est la ligne circulaire ou ovale que le cheval suit en travaillant autour d’un pilier, ou d’un centre imaginaire.

LIGNES du quarré. Ce sont quatre lignes droites, égales, disposées en quarré, également éloignées d’un pilier ou de quelque autre centre qui le représente ; & que le cheval en travaillant suit exactement, tournant à chacun des coins que ces lignes forment, & passant ainsi d’une ligne à l’autre.

LONG-JOINTÉ se dit du cheval qui a le paturon long, effilé & pliant. Un cheval long-jointé n’est pas propre à la fatigue, parce qu’il a le paturon si pliant & si foible, que le boulet donne presque à terre. Cheval droit sur ses jambes est le court-jointé, le contraire du long-jointé. Il y a pourtant quelques chevaux long-jointés, qui manient mieux que les court-jointés ; c’est lorsqu’ils sont nerveux & qu’ils ne plient le boulet que ce qu’il faut. Le cheval long-jointé est sujet aux molesses. Voyez Chevaucher.

LONGE. Lanière de cuir ou corde qu’on attache à la rétière d’un cheval. Donner dans les longes, ou cordes, se dit d’un cheval qui travaille entre deux piliers.

LONGUEUR. Passager un cheval de sa longueur, c’est le faire aller en rond, de deux pistes, soit au pas, soit au trot, sur un terrein si étroit, que les hanches du cheval étant au centre de la volte, la longueur du même cheval soit à-peu-près le demi-diamètre de la volte, & qu’il manie toujours entre deux talons, sans que la croupe échappe, & sans qu’il marche plus vite ou plus lentement à la fin qu’au commencement.

LOYAL. Cheval loyal est celui qui étant recherché de quelque manège, donne librement ce qu’il a, qui emploie sa force pour obéir, & ne se défend point, quoiqu’on le maltraite. Bouche loyale est une bouche excellente, une bouche à pleine main.

LUNETTES de cheval. Petites pièces de feutre relevées en bosse, rondes & concaves, qu’on applique sur les yeux d’un cheval vicieux, qui veut mordre, ou qui ne veut point se laisser ferrer ni monter. Il y a des chevaux si rétifs, si colères & si


sensibles, que le secours des lunettes leur est entièrement inutile ; & qu’il faut prendre garde, à l’égard de ceux à qui les lunettes peuvent être de quelque utilité, à ne pas les faire manier sur les voltes à yeux clos. Ils s’étourdiroient & tomberoient à terre.

M.

MAIN. Ce mot est de grand usage dans le manège, & signifie d’abord les pieds de devant ; mats ce terme, dans ce sens est peu usité. Main se dit aussi de la division du cheval en deux parties à regard de la main du cavalier. Les parties de la main en avant sont la tête, l’encolure, le train de devant. Ce cheval est beau de la main en avant, c’est à dire, a la tête & l’encolure belles. Il est mal fait de la main en arrière, c’est-à-dire, de la croupe, du train de derrière. Main de la bride, c’est la main gauche du cavalier ; main de la lance ou de l’épée, c’est la droite. On dit qu’un cavalier n’a point de main, quand il ne se sert de la bride que mal à-propos, ne fait pas donner les aides de la bride avec justesse. Il y a plusieurs autres expressions qui se rapportent à la main de la bride ; parce que cette main donne le mouvement à l’embouchure, & sert beaucoup plus à conduire le cheval que ne font les autres aides. Le cavalier doit tenir la main de la bride, deux ou trois doigts au-dessus du pommeau de la selle. Tenir son cheval dans la main, c’est en être toujours le maître ; c’est le sentir dans l’appui de la main, & être toujours préparé à éviter les surprises, les contretemps, les caprices du cheval. Un cheval qui est bien dans la main, est celui qui obéit à la main, qui ne refuse jamais la main, qui répond à la main du cavalier, qui la connoît & y obéit. Rendre la main, ou donner la main, ou lâcher la main, baisser la main, c’est lâcher, donner, rendre la bride. Soutenir, ou tenir la main, c’est tirer la bride. Travailler, ou conduire un cheval de la main à la main, c’est-à-dire, le changer de main. Il faut qu’un cavalier s’étudie à mettre son cheval dans la main & dans les talons. Pour mettre un cheval dans la main, & l’obliger à donner librement dans l’appui, il faut lui faire connoitre la main peu à peu & avec douceur, le tourner ou changer de main, le retenir, & ménager avec adresse l’appui de la bouche, ensorte que le cavalier remarque que le cheval souffre librement l’effet de l’embouchure sans peser à la main, & sans tirer à la main. On dit, cheval qui n’a point d’appui, qui ne veut point donner dans la main, & qui pour s’en défendre bat à la main. Le petit galop fait bien donner les chevaux dans la main. Un bon homme de cheval doit avoir la main légère, c’est-à-dire, qu’il faut seulement qu’il sente son cheval dans la main pour lui résister, quand il veut s’échapper, & qu’au lieu de s’attacher à la main, il faut qu’il la baisse dès qu’il a résisté au cheval. Si par un désir excessif d’aller en Avant, le cheval donne trop dans la main, il faut rendre la main à temps, c’est-à-dire à point nommé, & la tenir aussi à temps ; ensorte que le cheval ne trouve plus le moyen d’appuyer continuellement sur Je mors. C’est par cette facilité ou liberté du cavalier à rendre ou à tenir la main à propos & à temps, qu’on dit qu’il a la main bonne. On dit, votre cheval manie bien ; mais vous vous attachez trop à la bride. Au lieu de se tenir à la bride, il faut se servir des cuisses, & avoir la main légère, c’est ce qui fait manier un cheval avec justesse. C’est une des plus grandes marques d’un bon homme de cheval, que d’avoir la main légère, & de voir manier un cheval avec la bride balançante. On dit qu’un cheval bat à la main, quand il secoue la tête, ou quand il la branle, ou quand il lève le nez. L’appui de la main est le sentiment réciproque que le cavalier donne au cheval, ou le cheval au cavalier, provenant du maniment de la bride. Le bon & le vrai appui de la main est un soutien délicat de la bride, ensorte que le cheval retenu par la sensibilité des parties de la bouche, n’ose trop appuyer sur l’embouchure, ni battre à la main pour y résister. Pour donner à un cheval un bon appui & le mettre dans la main, il faut le galoper & le faire reculer souvent. Le galop étendu est aussi très propre à le mettre dans la main. Appui à pleine main, bouche à pleine main, se disent d’un cheval qui a l’appui ferme, sans peser, sans battre à la main. Appui au-delà de la pleine main, bouche plus qu’à pleine main, se disent d’un cheval qu’on arrête avec force, qui obéit avec peine, mais sans qu’il force la main. Peser à la main se dit d’un cheval qui s’abandonne par foiblesse de reins ou de jambes, par lassitude, ou autrement. Peser à la main n’est pas un aussi grand défaut que tirer à la main. Un cheval tire à la main, quand il résiste aux effets de la bride, aux aides de la main. On dit aussi faire couvrir les cavales en main, c’est-à-dire en les tenant par le licou ou par la bride. Faire partir un cheval de la main, ou le laisser échapper de la main, c’est le pousser de vitesse, & un beau partir de main se dit de la course qu’on lui fait faire ou qu’il fait de lui-même sur une ligne droite sans se traverser depuis son partir jusqu’à son arrêt. Pour bien faire partir un cheval de la main, il ne faut pas qu’il se mette sur l’esquisse, mais il faut qu’il baisse les hanches. On dit aussi qu’un cheval tourne à toutes mains, pour dire qu’il manie & tourne au pas, au trot, au galop. On dit qu’il est entier à une main, quand il n’a de la disposition à tourner que d’un côté, à une même main. Changer de main, c’est tourner & porter la tête d’un cheval d’une main à l’autre, de droite à gauche, ou de gauche à droite. Il ne faut jamais changer de main, qu’on ne chasse ie cheval en avant en changeant de main, & après qu’on l’a changé, on le pousse droit pour former un arrêt. Pour laisser échapper un cheval de la main, il faut tourner en bas les ongles du poing


delabrîde. Pour le changer à droite, il faut les tourner en haut portant la main à droite. Pour le changer à gauche, il faut les tourner en bas & à . eauclie ; & pour arrêter le cheval, il faut tourner — les ongles en haut & lever la main. Quand on ap* prend à un cheval à changer de main, que ce foit d’abord au pas, & enfuite au trot & au gnlop. Effets de la main fe dk po « r aides de ia main, pour les mouvements de la main qui fervent à conduire uk cheval. 11 y a quatre effets de la main, hm quatre manières de (e fervir de la bride ; fçavoir, pofUr chaffer un cheval en avant, pour le tirer en ar-* rière, & pour le changer à droite ou à gauchcu Hâter la main fe dit à un écolier qu’on veut obli* ^er à tourner la main plus vke du côté qu’il manie* Sentir un cheval dans la maia^ c’eft remarquer qu’on tient fa volonté d ; ins la main, qu’i ! go&e U bride, qu’ils unJboniî|ppui pour obéir au mors. Hors la main fe difoit autrefois d nn cheval dcfobéiffant à la main, lourd à la bride, qui n’eft pas dans la main. Forcer main » c’eft éireinfenfïble au^ aides de b bride* s’emporter malgré le cavalier. Travailler nn cheval de la main à la main, c’efti-dîre ^le travailler par le feul effet de la bride, fans que les aunes aides y contribuent, excepté le gras des jambes dans le befoin. Mener un clieval en main, c’eft le trotter en main, le promener en main, c’eft-à-dire, fans qu^il foit ntonté. Pour connoitrefi un cheval eft boiteux, il faut le faire rroiter en main fur le pavé. On appelle wn cl>eval de main, celui qu’on mèneen main, c’ed à-dire » fan » monter deffiis, &qui eft réfervé pour monter le maîire, lorfqu’il veut changer de cheval. On appelle un cheval à deux mains, un cheval commun qui peut fervir k la felle & à la charrue, ou au corrofle, aiii porte & qui traîne. On dit enfin d’un cheval de carrofle, qu’il eft fous la mpin t quand il eft du côré dont le cocher rient fa verge.

MANÈGE. Liçu propre & defttné à manier & à faire travailler les chevaux.lt y a un terrein marqué pour les voltes autour d’un pilier, une carrièrepour courre la bague, & à côté, des piliers deux à deux emre leCqvLels on met les chevau » dcftinp* aux airs relevés. Quelquefois les manèges font couverts, comme dans les grandes académies, afin de travailler à couvert des injures du temps ; & quelquefois ils font découverts, pour domier plus de liberté &4è plaifir aux cavaliers & aux che* vaux.

MANÈGE ftgnifie auffi l’exercice dn cheval 6c la façon paniculiére de le faire travailler. I> y a plufieurs fortes de manèges. Chaque cheval â fen roanè^ particulier.. Ce cheval n*eft pas encore dreffe à ce manège. Recherchez ce c&evat d’un tel air, d’un tel nsïanège. IL y a de la ju&cSe, de la méthode au ihané|e de ce barbe » 8c il travaillera du manège qu’on voudra.

MANÈGE par haut. C’eft la façon de faire travailler les fauteurs, qui s’élevant plus haut que’le terre à-terre 9 manient à oourbetces^à croupade^^j^ ’ à ballotades. On appelle autrement ee manège » les airs relevés.

MANÈGE de guerre (le) cA le galop inégal, tantôt plus écouté, tantôt plus étendu, dans lequel le cheval change aifément de main dans toutes les oecaiions où on en a befoin.

MANÈGE fe dit auffi en général de Tart dlnftruire les chevaux à obéir, & les hommes à les conduire.

Abrégé des principes.

II faut qu’un homme qui s*exerce au inanége, foit bel homme de cheval, c*çft— à— dire, qu’il fe place bien fur le cheval, qu’il y foit ferme, qu’il y ait bon air. Il eft écuyer parfait, lorfqu’à cette qualité il joint celle de bon homme de cheval, c’ed-à-dire, qu*il a la pratitt^ des chevaux, qu’il fait les conduire & les dreflc^ toutes fortes d’airs & de’mandges ; qu*il connoît leur force ; qu’il étudie leurs inclinations, leurs habitudes, leurs perfections & leurs^fauts. Par un bon homme de cheval, on entend encye celui qui s’applique 2k connoici ^ à quoi un cheval peut être propre, pour n’entreprendre fur lui que ce qu’il pourra exécuter de bonne grâce, 11 cA bon de dreffer l’homme plutôt que le cheval, ou du moins de proportionner l’un à l’autre.

On étudiera d’abord le naturel du cheval, quelles font fes défcnfes, comment il fe gouverne dans fa fougue. Un des points les plus eifentiels pour le drener promptement, eA de ne le châtier point mal-à— propos, fur-tout lorfau’il n’a befoin que des aides ; la douceur, les carènes, lorfqu*il obéit ou qu’il cherche à obéir, & la patience l « rfqu*il réliAe, étant les plus courts & les plus (urs moyens de le bien drefler. On ne peut Vappeller dreflfé, que lorfqu’il répond parfaitement aux aides de la main & aux deux talons. Pour le faire parfaitement obéir à ces deux aides, qui font les princi-Eales, il faut d’abord donner au cheval les leçons îsplus difRcile$. On commence par l’inAruire à tourner pour faire de bonnes voites, terre-à-terre, c’cA en quoi confifte la plus grande dii ! iculté ; cha-Srue cheval ayant naturellement un air paniculier, ans avoir celui de tourner fi on ne l’y InAniir. On le lui apprend néanmoins trés-aifément, fi on le met à la longe, & qu’on le fafle marcher au pas deux ou trois jours de fuite fans le battre, puis au trot pendant dix’ou douze jours ; après quoi il fait connoître fon inAinfl, fa force & tout ce qu’il peut avoir de bon en lui. Il eA effenticl de ne le pointpreAerjufqu’à ce qu’il marche & trotte facilement, & qu’il s’accoutume à débarrafler parfaitement les jambes. On le poufle enfuite au galop, où étaiit aAuré on pourra l’animer davantage pour l’obliger, en fe mettant fur les hanches, à manier feul « & à faire quelques temps terre-à-terre, ce qui fe doit pratiquer plutôt à gauche qu’à droite* Si un cheval eA impatient, malicieux ou colère, 00 fc doiueri de g^rde de le battre, s’il ya ça . ^. M A N

ivant. S’il s’arrête, foit en allant en arriére, fbrr en fe jettant contre le pilier, il faudra l’intimider avet la chambrière ; ayant attention pourtant à le carefler lorfau’il obéit. Cette atternaiive le rendit bientôt docile aux leçons du maître. Il faut vigoùreufement employer la chambrière, a l’égard d’un cheval parefTeux & lâche. Ce n’cA que par les ca* relfes qu*il faut accoutumer à prendre un appui juAe & a fe mettre fur les hanches, un cheval qui a la bouche mauvaife. On traite de même avec douceur’les chevaux que la pefanteur empêche d’obéir à ce qu’on demande d’eux, ouxeux qui, à la pefanteur, joignent la malice. Après avoir commencé à lui donner fa leçon à la longe, on I attache enfuite entre deux autres. L’écuyer qui fe met derrière, lui apprend avec le manche de la houffine ou celui de la chambrière » à fuir les coups & le faire marcher doucement & de côté, deçà & de-là. Si le cheval refufc d’obéir, aa le raml^nera autour du pilier, où on racourcit la corde du caveflbn ; on l’y fait marcher doucement des hanches avec le manche de la houAîne ou de la chambrsére. 11 y connoitra bien plutôt ce qu’on lui demande, qu’au milieu de deux piliers, où il fe trouve bien dIus conn’aînt, & il réfulte de cette méthode pluueurs avantages confidérables. Un cheval ainfi dreiTé n’eA jamais fort en bouche, ni rétif, ni entier & opiniâtre à tourner à droite & à gauche.

Avant que de f^ire monter le cbeval, il faut (ju’il ohéiue fans répugnance aux leçons qu’on lui donne, & lorfgu’on le voit ainfi afluré, on le monte avec la (elle & la bride. Si on le travaille avee la felle & la bride feulement fans le monter, on aura foin d’abattre les étriers. L’écuyer qui monte un cheval pour commencer à le dreAcr ote d abord fes éperons, & l’accoiTtume, fans fe remuer du tout & fans lui faire fentir la bride, à porter (où homme volontairement, tandis que celui qui tient la chambrière continue à lui donner la leçon. Dès que le cheval a pris cette habitude, il faut lui donner un cavalier qui entende un peu le manège, & qui ait de la pratique à la main & aux calons ; qui l’accoutume peu-à-peu à fentir la main & à s’y laiflTer conduire, qui le fafle, mats avec be^coup de diferétion, manier tout feul, tandis que l’animal commencera à prendre l’appui de la main. Il s’înAruit toujours bien, quand on commence par le faire obéir à la main, plutôt qu’aux talons, qu’on n’emploie que dans la dernière ex^ trémité : par exemple, lorfqu’on voit le cheval afluré au pas ^ au troc ou au galop, & jamais terre «  à-terre. On oblige le cheval a prendre une carence terre-à-terre, lorfqu’aprés fa leçon on l’attache entre les piliers. Après l’avoir faicaller de côté, de< ; à & de-là, le cavalier defcead, lui frappe doucemène la poitrine avec la houffine, & à l’aide de la langue, lui apprend à faire des courbettes. Le cheval eft il colère & ftupidc « le cavalier le fram d^ U iuniiSi » fur uqc |aiiiibç de dçrrim, oy 9li fur toutes les deux, pour le faire ruer. Si ce moyen n’opéroit rien, & gue le cheval ne voulût Doim lever le devant, on fera renir un gros bâton haut de terre d’environ un pied & demi, 8c tenamt « ne des cordes du caveflbn, on obligera le cheval à fauter par deffiis ; & à mefure CjuUl s*en approchera, le cavalier l’aidera de la langue & de la houi&ne fur Tune & fur l’autre de fes épaules : c*eft un moyen infaillible de lui apprendre à faire une bonne courbette ; & par une bonne courbette » il faut entendre une courbette que le cheval fait librement, à Taîde de la langue feule, toutes les fois quHl plaît au cavalier de la lui demander ; & lorfqu’il accompagne bien enfemble le devant & le derrière. On n’oubliera pas fur-tout de carefler le cheval toutes les foia^qu’il obéit & qu’il exécute bien ce qu*on lui demande ; rien ne l’encourage mieux à bien faire, & rien ne le rebute plus que ia fèvérité. Lorfque le cheval fait franchement trois ou quatre bonnes courbettes de fuite, on ferg allonger, pendant cinq ou fix leçons, les cordes du cavefTon, afin qu’il prenne un bon appui dans la main. On le fera marcher de côté, de*çà & de-là, des hanches feulement ; & de um^ ^n approchant tantôt un talon & tantôt l’autr^Wi fera la même chofe à courbettes, deux ou trois de chaque côté ; & on lui apt>rendra à manier de côté pour les talons, lorfqu’il s’appuie de la main, en l’aidant de la houffine y au cas qu’il ne fe lève pas aflez dé devant & de derrière. Un bon écuyer, au refte, entretient toujours un cheval à la cadence qu’il prend lui-même, foit cabrioles, foit balotades » foit croupades.

Le cheval naît toujours avee un air qui lui efl naturel & particulier ; il faut l’étudier » il faut l’y indruire, pour dreifer cet animal prompceqient 6c parfaitement. Il faut auffi fe donner bien de garde de le battre » quand il prend quelque cadence de bonne volonté ou par défenfe. Qu’on le faffe fauter, & Qu’on l’y maintienne ^ fi on obferve qu’il fe défende des lauts. Il fe rabaifTera aflez de lui même, quand il n’aura plus allez de force pour continuer* les cabrioles, 1er balotades & les croupades, k courbettes ou au terre-à-terre. On fe réffouviendra auiTi de continuer & de finir entre les deux piliers la leçon qu’on donne au cheval ; c’efi le ièul en* droit où Ton trouve tout ce qui eft nécefiaîre pour le. bien inflruire, & toutes les jufieffes dépendent de celle de fernie-à— ferme. Attacher un chevalentre les deux piliers avec les longes d un filet qu’il aura dads la bouche au lieu de bride, l’y faire manier iàns felle & l’y châtier foi-même, en un excellent moyen de lui affermir promptement la tête, de lui fait’e prendre un bon appui à la maiq de la bride, de le fairç manier fur les hanches, de lui gasner Thaleiae fur les courbettes^

Une des leçons les plus effentielles & les plus utiles,. à plufieurségarll, qu’on puiffe donner à un cheval irréfolu & peu affuré dp fa cadence, de fon appui & de fes aides, c’efi dç le rçjQicnre autour JSfuitaûoa, Efcrim & Pânfu

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du pilier avec une longe attachée au banquet du mors comme une fiiufTe rêne, & de l’y faire lever demi-à courbettes & demi-terre-À-terre. Cela fe pratique en l’obligeant à lever le devant & à chaffer fort en avant. Rien ne contribue mieux à le réfoudrc & à le déterminer à bien embraffer la volte ;’ rien ne le relève & ne l’allège davantage ; rien de plus propre à le rendre fouple âprompt adonner tout ce qu’on lui demande. Pincer un cheval délicatement & le fçavoir faire à propos, efi une des principales aides, & des plus nëceflaires à fçavoir à l’homme & au cheval. Sans cette connoiffance, il eA impoffible qu un cavalier puiffe faire manier fon cheval de bonne grâce. Suppofez qu’on ait à accoutumer à l’éperon » un cheval qui y eft extrêmement fen^fible ; ce n’eft que par degrés qu’on furmonte cette fenfibilité. Voici comment il faut s’y prendre. On le fait attacher entre les deiix piliers, tenant les cordes courtes, après avoir commencé fa leçon au*tour du pilier feul, pour entretenir feul dans (k bonne cadence. Le cavalier ôte les éperons, ou lie deux balles à jouer à la paume à leurs molettes. Il oblige, en appuyant du talon feul, ou avec fes balles, le cheval à aller doucement de côté, de-çà & de-ti.

Quand le cheval a pris l’habitude d’aller décote au pas, il faut le tenir droit en une place, & ap* procher, de fois à autres, les deux talons enfemble, afin qu’il les fente en même-temps ; & quand il eft accoutumé à les fentir de cette manière fans manier, on commence i lui donner fa leçon entre les deux piliers, de crainte qu’il ne rompe fa cadence, en faifant quelque dèfordre. 11 faudra alors lui approcher doucement à tous les temps, les deux talons, ou feuls, ou armés de balles. Lorfque le cheval fouffrira l’une & l’autre manière, on prendra des éperons qui ne piqueront point ; & en fuite,’ en continuant les mêmes leçons qu’on lui aura données, on reprendra les éperons ordinaires, qu’on lui appuiera doucement ou fort, s’il en eft befoin.

11 n’eft point de cheval, quelque impatient qu’il foit, qui ne s’habitue enfuite à fouffrir les aides du talon au contentement du cavalier. Le cheval eft-il réduit à ce point, on commence toujours à lui donner fa, leçon autour du pilier & furies voltes. On l’attache enfuite entre les deux piliers, en obfervant de tenir les cordes un peu plus longues. Enfin, on commence à le faire aller doucement de côté, au pas, de çà & de là, & à reprendre fa cadence au fecours des deux talons, fans s’arrêter. Le cheval qui ne fait pas manier de côté, n’eft que par hafard capable de faire de bonnes voltes. Lorfqu’il vient à s’élargir, quoique bien inftruit à faire fes voltes, l’éperon le reflerre ; & lorfqu’en maniant par le droit, il lui arrive de fe jctter d’un côté ou d’autre, l’un ou l’autre des éperons l’obli* ge d’aller droit. Liorfau’un cheval manie à cour-* bettes de la même pile, celui qui le monte doit l’aider des deux talons » pour lui faire porter fet R

I3.0 M AN épaules en avant , & appuyer un peu plus ferme celui du côté duquel il le chaffe ♦ afin qu’il y obéiffe. 6appofé qu’on ait à dreffcr un cheval, qui, quoique yijgoureux & malgré la bonté de fes nieds & de fes pmbes , eft , faute de courage , très-lourd & trés-infenfible , voici la méthode qu’il fetut iuivre pour le réveiller. On le laiffe pendant 536 iemaines dans une écurie très-ibmbre , oit on lui donne à manger tant quHl veut, fans Fen &ire fortir. Si cette jmaniére de le gouverner ne le rend pas propre à Texerdce, on le mettra autour du pilier, où on le réveillera avec la chambrière , de la houflîne & de la voix , afin que par ce moyen il parte plus libreïRent pour les talons. Si cette méthode eft fans fuccès , il eft inutile de vouloir drefler un pareil cheval au manège , il n’y réuffira jamais. Le cheval eft-il forti des piliers , on lui apprend à fe laifler conduire de plein gré par la bride , &. à s’arrêter droit ioii Ton veut. L’arrêt doit fe faire toujours à trois eu quatre temps feuftement.

Si k cavalier trouve de la difficulté dans cette conduite ,.il fe fervira des deux rèhes , qu’il tiendra fèparées dans les deux mains , comme on fe fert des longes du caveffon. L’ufage d’une fequille contribue beaucoup à empêcher le cheval dfi branler la tète ; de^ême que celui d-une corde, grofle comme ki mokié du («tit doiet , mife autour de la muferole, paffée dans la felïe,lclong dufiège, arrêtée eiifuite au pommeau & ajuftée , à la longueur qu’on fouhaite que le cheval obéifle , on lui apprend à faire de bonnes pafiades terre-a- terre. Des paflades relevées ï courbettes font tout ce que le cheval parfait peut faire de mieux, c’eft tout ce qull y a de plus ’excellent dans l’art de monter à cheval , c’eft par où on achève ordinairement un chevaL On melure ordinairement la Ion- . gueur & la largeur des paflades à la force , à la gentiUefte & à l’inclination du cheval. La véritable proportion eft que la paffade n’excède pas cinq, ou fix fois la longueur de cet animal. La demi-volte aura deux pieds de largeur ou environ, fera ovale, & faite auj troifième temps de Tarrêt. Après l’avoir fermée à droite , de la main & du talon , on fait repartir le cheval de toute fa force , 6c on la ferme à gauche , en arrêunt au troifième temps. Le cavalier obfervera de ne point obliger le cheval à en faire plus qu’il ne peut, afin qu’il les fafie toutes de bonne grâce. Cinq ou fix nafiades fuffifent dans une carrière. Les paflades Televées, lorfqu’elles font bonnes & bien foutenues , couronnent les plus grandes jufteflès d’un cheval. La manière de faire partir de bonne grâce un cheval de la main , n eft Eas moins eflentielle. Pour v rèuffir , il faut, dans I première leçon, lâcher de trois doigts la main Îrui tient la bride ; preflier les talons en 1 état où on e trouve , fans aller chercher fon temps plus loin , 8l accoutumer le cheval à partir de cette manière , en fe donnant fur-tout bien de garde d*ouvrir les jambes & le bras droit. Quant au nombre des courjfettes t il en faut »cuf dans un arrêt 9 trois en ar> 2

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fètallt ; trob dans la demi-volte in tônrtlâB ! St trois avant que de panir. Le paflage fait félon ïe» proportions & les diftances neceflaires eft le feul moyen d’ajufter les chevaux à toute forte d’airs. Ce palÉige fe fait , lorfaue le cheval en tournant oa en marchant de côte , croife les jambes , un peu moins celles de derrière que celles de devant ; & pour faire lo paflfage des voltes Wen proportionné , il faut cjue les jambes de devant faflTent un cercle à-peu-près de la longueur du cheval , & celles de derrière un autre plus petit des deux tiers. Ce n’eft au refte que fagement « avec difcrétion , aull faut ufer de ce paflage ; c’eft ce qu’il y a de plus diffir : cile à apprendre dans le manège.

Le cheval eft-il parvenu juiqu’à manier parfaite-’ ment autour du pilier & à obéir au uaflàge , à la main & aux talons , le cavalier le mènera de pas par le droit, c’eft-à-dire, le long d’une haie ou d’une muraille ; il lui fera faire après cela trois oa qu^fre courbettes , puis marcher trois ou quatre pas , continuant ainil de le travailler en levant & en marchant de temps à autre , jufqu’i ce qu’il fâche le faire de fuite , & qu’il manie par le droit de fon plein gré.^^ le promène enf^ite rondemenr fur les voltes IPhême paflage , jufqu’à ce qu’il y marche fans s’embarrafler les jambes , ni fe les cho» quer en aucune manière. S’il fe préfente de l’air qui lui eft naturel, dans la jufteflc de la pifte ’, le cavalier faifira ce moment , & l’aidera tout doucement pour l’obliger à faire un quart de volte. S’il ne fe préfente pas de lui-même comme on le fou* balte , le cavalier l’y engagera par le moyen def aides de la langue , de la houfline fur le devant , & des talons , qu’il appuiera même vîgoureufement en cas que le cheval refiife de fe prélenter , jufqu’à ce qu’il foit toujpurs prêt à exécuter ce qu*on lui demande.

Quant aux chevaux qui fe préfentcnt à faire quelques courbettes par le droit , mais qui répugnent à tourner & à plier en maniant fur le» voltes , on partage la volte en quatre , & on les arrête Yur quatre parties, droit & jufte. Chaque ’fois que le cavalier les arrête , il les lève en une place quatre courbettes feulement fans fon tourner , il continue tournant de pas , arrêtant 2t levant quatre courbettes en une place ; & dès que le cheval eft parfaitement inftruit de cette leçon, «u lieu défaire les quatre courbettes en une place, le cavalier tourne doucement la main, & en l’aidant à propos, l’oblige tnfenfiblement à faire les quatre courber-^ tes en tournant. D’autres lui apprennent d’abord^ k tourner fur une volte juftement qûarrée, & enfulte fur un quarré long , la méthode revient au même. Pour achever d’ajufter un cheval , on le promè* nera dp pas fur les derai-voltes , commençant par une, deux ou trois, ou davantage de demi-volte , d’une baleine , félon qu’on le jugera afliiré & înftrnit. Car il faut prendre pRir maxime générale de ne jamais ennuyer , rebuter , trop fatiguer un cheval en Im donnant fes leçoos. Si on le met au refte M AN fat e$ iéttà-yékes » plutâc que fur uneautre loçon ; c*efi qa*iteft bîea plus facile au cheval de faire une demt-Toke feule qu*uae volte entière. Outre que cène méthode lui gagne plus aifément Thaleine que fur les roltes ; car s’il fait bien une demi-voke » il fera fans doute capable d’en bien faire une entière , qui ! redoublera autant de fois que fa force & fon Baleine le lui permetuont. Ce n’efl pas affez qu’un cheiral manie bien fur les voltes, il faut encore lui apprendre à manier fur le côté. On y parviendra aiiement en le faifant promener de pas , de côté , de la main & du ulon. LorfquHl obéit de pas , on le lève deux ou trois courbettes à-la-fois , & on continue aînfi de pas’Sc à courbettes. Après cette leçon 9 & l’avoir prombné de côté , de çà & de-là » on le chafTe en avant. Pour Tachever & lui donner enfin les plus grandes }uftefles^ il faut lui apprendre à aller & à manier çrï arrière. Rien de meilleur au reile, pour le perfeâionner entièrement , que les Toltes bien rondes ; mais elles doivent être larges , jnoyennes & étroites, autant qu’il plait au cavalier.

On remarquera encore t qu*il faudra pour conduire un cheval rondement fur les voltes, qu’il fouffre la main » qu’il y obéifle , que fon appui foit boa & jufle , fans branler la tète pour quoi que ce foit ; qu’il aille en avant pour les talons , & qu’il s’arrête toutes les fois qull plait an cavalier. ; qu’il obéifle aux talons de-ça & de-là, & qu’il prenne une cadence jufte & égale ; qu’il fouffre enfin les aides & les châtiments de la main & des talons* Quant à l’ufage des lunettes, il eftfouvem Inutile à regard des chevaux trop rétifs , trop impatients » trop colères , & qui n’ont pas de mémoire. Pour en tirer quelqu’^ntage , l’écuyer qui veut s’en fervir pour ajuâer fon cheval , prendra garde de se les lui point donner ». lorfqu’il maniera fur les voltes. Il prendra le cheval à pied & d’une main , par une aes rênes près de la branche da mors , pour le tirer en avant. Il fera reculer le cheval , le pouffant fur la main droite , & le tirant fur h gauche en chaneeant de main. En paâânt enfin de l’autre côté du cheval , & le pouflànt fur la main gauche , il le tirera fur la droite en le frappant doucement au ventre du manche de la houfline» pour lui faire faire la croupe de l’autre côté, & par ce moyen il lui apprendra touts les mouvements de la main qui tient la bride. Tonts les airs dont on fe fervoit autrefois font maimenam réduits à dnq, au terre-à-terre , aux courbettes , aux cabrioles, au pas &au faut. Pour tuffauire un cheval à Tair des cabrioles , on commence par le mettre au pilier , fans qu’il y ait perfonne deffus. On tâche de Ty rendre obéiuânt au pas , au trop, & à fouffrir la main au galop , à s’y laiffer conduire . & à fiiir la gauche de-çà &.de*là^ après avoir été attaché entre les deta piliers. Lorfquon peut lui mettre fans^ danger un homme deffus , o^ /ait faire au che’ val le même manège. On tâche de le délibérer au icrre-à-tecre, iç k (mc aller e^îiv^iit par obéif-M’A N’ jr3 pour lui ap«  prendre à lever le derrière & à ruer des deux à< la-fois. On le frappe enfin fur la croupe pour l’obli* ger à ruer. S’il obéit, on le careffe. yil ne répond que mollement à ce qu’on lui demantle , on lui préfente un bâton qui a environ cinq ou fix pieds de long & une petite pomme de fer au bout. Cette pomme fert de molette d’éperon ; on l’en touche , s’il en eft befoin. Ce moyen eft infaillible pourap^ prendre au cheval à ruer facilement* U faut, ttt refte , que ce foit également des deux pieds , que f«  faffe cette ruade , & on l’y déterminera en lui raetr tant un bâton de chaaue côté , jufqu’à ce ^u’il le connoiffe. S’il falibit le pareffeux , on robligeroir : à ruer par le moyen d’une efpèce d’aiguillon qu’on appelle poinçoiu Celui qui le monte , lève devant dans le temps que le cheval retombe à terre ; on préfente en même tempsJes bâtons au cheval , oui » ne manquant pas de répondre à cette aide » fafit a abord une bonne cabriole , la redouble chaque fois qu’en levant on lui préfente les bâtons ; & il la fera en«fin par le fenl moyeQ de la gaule. D abord le ca* valier n’en exige qu’une, il gagnera enfuite fur l’haleine du cheval d’en faire davantage , & il continuera à le travailler de cette forte , à plufieurs repriſes, & ſur-tout fans le forcer.

Quand le cheval eſt aſſuré entre les deux piliers à ſe lever devant à l’aide de la langue & de la houſſine, on lui donne quelques leçons pour le bien mettre dans la main , & pour lui faire faire ſes ſauts égaux dans la main , fur fa foi & fans s’abandonner fur les cordes du caveſſon. Si on remarque que le cheval répugne dans le temps qu’il eſt en liberté & ſur ſa foi , à obéir à la main, au talon, . aux aides de la langue & du poinçon ; on ne doit point aller plus avant , qu’on n’ait vaincu cette opi- niâtreté. Cette difficulté étant ſurmontée , on met le cheval autour du pilier où on commence ſa le- çon de pas. Se préſente-t-il lui même de ſon air, on prend ce temps pour tirer de lui deux ou trois ſauts, s’il ne s’y préſente point , on continue terre- à-terre avant que de le lever. C’eſt en levant & en marchant ainſi de pas, à pluſieurs repriſes, qu’il fera bientôt réduit à fournir une ou pluſieurs voltes entières.

Auſſi-tôt que le cheval eſt aſſuré fur les voltes .

T51 M A î^ .. , autour dit pilier, onTattache entre les ileuiptlîert^ & après que celui qni, eft deflfus Ta fait aller de pas , de côté , de*çi & de-là , à l’aide des deux talons , il faut qu’il le lève de Vair des courbettes , s*il les fait faire & qu’il lui apprcnne ?d’aHer de côté à courbettes. On en exceptera les chevaux inflruits aux Cabrioles , & qui manient à courbettes^ iorfqu’on l’exige d’eux , ot qu’on fe gardera bien d’aider de la langue, d autant que cette aide n’efi propre que pour les cabrioles , & que pour les voltes on n’a befoki que de la houffine , dont on les frappe fur le cou on fur Tépaule. Pour achever dlnftruire un cheval à faire des cabrioles en perfeâion , le cavalier peut lui apprendre les yoltes > en le promenant de pas, aflez large ^^ & fans le ferrer des hanches qui, àTair des cabrioles , doivent être dehors Si lujertes , parce qu’il fuffit qu’il y en ait une. Il fe lervira aum de la main pour mener le cheval rondemem des épaules & des hanches ; & après l’avoir promené , tant à droite qu’à gauche , fr le cheval fe préfente , il prendra ce temps 8c l’aidera , fe contentant d’une feule demi-volte , s’il a fait bien. En continuant quelque temps cette leçon , le cheval fera^ franchement des voltes en peu de )onrs. Qui voudroit 1& faire alors aller en arrière , agiroit mal ; parce que cela n’eil pas propre à l’air des cabrioles ; il ne s’agit que de l’entretenir dans cette leçon.

L’air , un pas & un faut eft di£Srem des trois au fres donc on a parlé , guoique compofé de touts les trois, qu’il faut que le clieval exécute quand il manie ; de forte , que le cheval qui manie à un pas & un-faut , mante en même temps terre- à-terre, a courbettes & à cabrioles. Pour le faire parvenir ^ ce degré de perfeâion , il faut que k cavalier lâche hi m^in , afin que te cheval faffe le pas avec via peu de colère , comme s*il manioit terre-à-cérre ; il la retire promptement comme quand le cheval manie à ceurbettes ; il le foutient enfuite pour lui faire faire la cabriole fort haine. Si le cheval étoit ]isireâeux, il lui prefleroit les deux calons au voncre pour le faire avancer ea lui lâchant uo peu la bride , les appuieroit enfuite plus fortement pour l’obliger àfâurer , tireroh & fomiendroit la main de la bride , jnfqu’à ce ou’il fçût manier parfaitement, & qu’il îât aifuré de fa cadence, I) diminucroic alors fes aides pour refter jufie fiir la felle & en belle poflure. On- mettra le cheval autour du pilier ; quand ily aura marché de pas, on^ le lève à courbettes ; enfuite , en marchant de pas , on lui demande un ùnt par Intervalle ; de cette manière ,s’ils’accotttume à fe lever en marehanc de pas , on lui desande un faur par intervalle : de celte nuniére, il s’accomume i^ fe lever en marchanc , & à répon-* dre au kut , quand on le fouhaite. Le cavalier fe fera fcivre, & donner^ un peu plus de fougue au cheval apvès^ fe faut ; puis il en* tirera deux ou trois temps. Si l’anîmal répond imparfaitemem àr ces aî^ des , s^il réfiAe à prendre cette cadence , on l’atta^ jckn enrr les deux piliei»» ou la tète contre le M AN

mûfl «n Py lèvera à courbettes ; 8c fitôt ijiilt y aura obéi , on lui fera faire un faut en lui montranr le bâton & le foutenant de la main & des talons. If fe portera en avant parce qu il y eft attaché , 8c continuant à fe drener de la forte , il aura biemôc pris cette cadence. Auffi-tôt qu’il y fera afTuré y 8c qu’il ira librement dans la main éi pour l’aide dem talons i il fe laiflera facilement conduire par le droit & fur les volces , étant déjà dreiTé aux cabrioles. La méthode eft la même , ft on veiit commencer un cheval de Tair d’un pas 8c un (aut , avant que de le commencer de lair des cabrieles. La différence n^ confifteroit en ce cas qu’à lui donnée la cadence dun pas 8c un faut.

TRAVAIL DU MANÈGE-

V. Pqfitiom, Trot^ Rênes ^ DefcmérCy Galop ; jéirs , &c*

De l’Epaule ek dedans. (LAGuEniNiiRE) ; Nous avons dit ci-devant , que le trot eft le fon» dément de la première fouplefle & de la première obéiffance qu’on doit donner aux chevaux ; 8i ce principe eft généralement reçu de touts les habiles écuyers ; mais ce même trot , foir fur une ligne droite, foit fur des cercles , ne donne à l’épaule 8t à la jambe du cheval, qu’un mouvement en avant , lorfqu’il marche fur la ligne droite ; 8c un peu circulaire de la ïambe 8c de l’épaule de dehors , lerA qu il va fur le cercle : mais il ne donne pas une dé^ marche aflez croifée d’une jambe pardeuus l’autre» qui eft Taâion que doit faire un cheval, dreffé » connoiffant les talons, c’eft-à-dire, qui va librement de côté aux deux mains.

Pour bien concevoir ceci , il fîut faire anention que les épaules 8c les jambes d un cheval ont quatre mouvemems. Le premier , eft celui de Tépaule en avant , quand il marche droit devant lui. Le deu* xième mouvement , eft celui de l’épaule en arrière, cfuand il recule. Le croifième mouvement , c eft

  • lorfqu’il lève la jambe & l’épaule dans une place,

fans avancer ni reculer, qui eft l’aâion du piaffer» Et le quatrième, eft le mouvement circulaire 8c croifé que doivenc faire Tépaule 8c la jambe du. cheval » lorfqu’il tourne érroic , ou qu’il va de côté. Les trois premiers moirvemems s’acquièrent factlement ^ar le trot, Tarrêt 8c le reculer ; mais le dernier mouvement eft le plus difficile, parce que dans cette aôîon , le cheval étant obligé de croifer èi de chevaler la ïambe de dehors par-defius celle de dedans, fi dans ce mouvement le pafTagede la ïambe n’eft pas avancé ni circulaire , le cheval s’attrappe la jambe qui pofe à terce , & fur laquelle il s’appuie y 8c la douleur du coup peut lui donner une atteinte, ou du moins lui faire faire une faufle pofition :ce qui arrive douventaux chevaux qui ne îbnt p(as afièzfouptes des épaules* la difficulté de trouver des règles cenaines, pour donner à répaule. 8c à la jambe la facilité de ce mcmvemenr icisculaire^ d’une fàmhc j^r deffiis l’antre % z toujouxis ■ :M A’N ^^bairttt tes èdiyeit, fwrce.qiief»iscette'fei> . fc«îon y un cheval ne pCBt tourner Êicileinent» ni &ir les talons de botïM fpice.

Afin de bien approfon<tir la leçon de Pèpaule en dedans » qui eft la plus difficile & la plus utile de toutes celles qu*on doit employer, pour aflbupHr les chevaux ; il faut examiner ce cui’ont dit M. de la Brone & Mé le duc de NewcaAle > an fujet du cercle , qui , fclon le ’dernier, eft le feul moyen d^aflbuplir paufaitement lès gaules d*un cheral. M M ; de la Broue dit que toutes les humeurs & » complexions des chevaux ne font pas propres à s» cette fujètion extraordinaire , de toujours tourner Tur des cercles poiir .les aâbupUr ; & leurs » forces n*étant pas capables de fournir tant de 9 tours tout d’une haleine , ils fe rebutent & fe roi«  9 diflent de plus en plus , au lieu de s’afTouplir. M. Ve duc de Newcaftle s’explique ainfi : M La tète dedans , la croupe dehors fur un cer-

  • > cle , met d’ahord un cheral fur le devant., il

» prend de l’appui & s*aflbuplit extrêmement les 1» épaules , &c.

Trotter & galoper la tète dedans , la croupe dehors , fait aller tout le d^yam vers le centre ; &

  • te derrière s*en éloigne » étant plus prefle des

» épaules que de la croupe.

» Tout ce qui chemine fur un grand cercle tr»* » Taille davantage , parce qu*il fait plus de chemin, » que tout ce qui chemine fur un plus petit cercle , ayant plus de mouvemens à faire , & il » faut que les jambes foient plus en liberté ; les n autres font pins contraintes & Aijettes dans le » petit cercle , parce qu’elles portent toutle corps , » & celles qui tont le plus grand cercle, font plus • » longtemps en Tair qu’elles.

1» L’épaule ne peut s*aflouplir, fi la )am|>e de der-M riére de dedans n’e/1 avancée & approchée , en » travaillant M^ la jambe de derrière de dehors ». On voir par le propre. rai fonnement de tes deux g ;rands hommes , que Tun & l’autre ont admis le cercle ; mais M de la Broue ne s’en fert pas toujours , & il préfère fo uvent le quarré. Pour M. le duc de Newcaille , dont le cercle eft la leçon favorite , il convient lui-même des inconvénieys qui s y trouvent, quand il dit., que dans le cercle la tête dedans , la croupe dehors , les parties de devant font plus fujettes & plus contraintes cjue celles de derrière , & que cette leçon met un cheval fur le devant.

Cet aven qu» Texpérience eonûrme , prouve évidemment que le cercle n’cft pas le vrai moyen d*aflbuplir parfaitement les épaules ; puifqu’une ckofe contrainte & appefantie par fon propre poids ne peut être llgère : mais une grande vérité, que cet illuflre auteur admet , c eAque Tépanlene peut s’aâbuplir, fi la jambe de derrière de dedaàs n’eft avancée & approchée en marchant de la jambe de dfrriére.deilehors. : gc c’efl cette judicieuie remar* sue qui m’a fiut ik^ti^t & uouvçr la leçon de | M A N r^>

l’épaule en dedanl^dont ndus aUodsdDmir Feinlt.-^ cation. ’. ’ • , .

. Lors donc qu’un cheval faura trotter libreqientf aux deux mains fur le cercle & for la ligne droite , quHl faura fur les mêmes lienes , marcher un pat, tranquille & égal ; & qu’on l’aura a^ccoutumé à former des arrêts & demi-arrêts , & à poripr la tête ea dedans j il fatodra : alors le mener ftu petit pas lent & peu raccoui ?çi le long delà muraille , & le placer d^ manière, que les hanches décrivent une ligne , & les épaules une gutte. La ligne des hanches doit être prés de la muraille , & ceUe’ des épaules , détachée & éloignée du mur environ un pied & de*ni ou deux , en le tenant plié k la main où il va. C eû-à-dire , . pour, m’expliquer plus familièrement , qu’au lieu de tenir, un cheval tout*à-fait droit d épaules & de hanches fur la ligne droite, le long du ipur , il faut lui tourner la tête & les épaules ua .peu en dedans vers le centre du man^e , comme Il efledivement on vouloit le tourner toutà-fait ^

& iorlqu’il efl dans cette pofture oblique & «ircu-

.lajre., tl faut le faire marcher en avant le long du mur , en l’aidant de U rêne & de la jambe de dedans : ce qu il ne peut abfolumcnt faire dans cette atritudc , fans croifer ni.chevaler la jambe de devantde dedans. par deOiis celle de dehors, & de même la jambe de decri^re de dedans par-deffus celle de derrière de dehors . comme il efl aiA de 1# vou- dans la figure de l’épaule en dedans , qui eft au commencement de ce chapiti^e, & dans le plan de terre de la même leçon , qui rendront la chofe encore pljus leofible.

Cette leçon produit tant de boni effets à-la-fois , * que Je U regarde comme la première & la dernière de toutes celles qu’on peut donner au cheval , pour lui faire prendre une entière fouplefle , & une pariaite liberté dans toutes fes parties. Cela eft fi vrai, qu’un cheval qui aura été aflbupli fuivant ce principe , & gâté après ou à l’école , Ou par quelqu Ignorant, fi un homme de cheval le remet pendant quelques jours k cette leçon, il le trouvera auffi fouple & auifi aifé qu’auparavant. Premièrement , cette leçon affouplit les épaules ; parce que la jambe de devant de dedans , croifanc &chcvalantà chaque pas que le cheval fait dans cette attitude, en avant par-deiTus celle de dehors , & le pied de dedans allant fe pofer au-deffus du pied de dehors, & fur la ligne de ce même pied, le mouvement auquel Tâaule efl obligée dans cette aaion , fait agir nécefiairement les refibfts de cette partie , ce qui eA facile i concevoir. a"". L’épaule en dedans prépare un cheval â fe . mettre fur les hanches , parce qu’à chaque pas qu’il fait dans cette pofture, il porte en avant fous le ventre , la jambe de derrière de dedans , & va la pUcer au-defltis de celle de detrière de dehors , ce qu’il ne peut faire fans baiffer la hanche : il eft donc toujours fur^une hanche k une main, 9ç toujours fur Tautre hanche à l’autre main j & par cou* féquent il apprend à plier les }aireu fotis iiu^ c’efl c « <iu’bii a « ^c être far les hanchat., —.’ 3^. Cette même leçon difpofe un cheval a finr lej talons, parte qu’à chaque mouvement, étant obligé de croîfer & de pafler lç$ jambes l’une pardeffiisrautre y tant celles de devant que celles de derrière, il acquiert, pairfà, la facdité de bien chêvaler les bras & les jambes aux deux mains, ce qu’il faut quM faffe, pour aller librement nie côté. Enfowe <iue toriqu’on mène un cheval Tépaule en dedans i main droite, on le prépare à fuir les talons àmainginch^y parce que cea Tépaule droite qui s*affaupUt dans cette pofture : & forfqu’on lui met l’épaiile en dedans à main gauche, c’eft répaule gauche qui s’affouplit, & qui le prépare à bicïï pafler la jambe gauche pour aller facilement de côté à main droite. . Pour changer de main dans la leçon de l’épaule en dedans : par exemple, de droite à gauche, il fautconferver lepU de h tête « c du col ; & en quittant le mur, faire marcher le cheval droit d’épaules & de hanches fur une ligne oblique, jufmi’à ce qu*il foit arrivé dans cette pofture fur la liRne de l’autre muraille ; & la, il faudra lut placer la tète eauche & les épaules en dedans, & détachées delà ligne de la muraille, en l’élargiflant ic lui faifantcroiferles jambes de dedans à cette main e^deflbs celle de dehors, le long du mur, & de même manière que nous v^noûB de l’expliquer « our la droite…… Comme le cheval manquera dans 1 exécution des premières leçons^ de l’épaule en dedans, foit en mettant la croupe trop en dedans, foit au contraire en tournant trop les epaulesen dedans & en Quittant laliene de la muraille, pour éviter la fujétion dé paffer & de çroifer fes jambes dans une pofture qui lui tient touts les mufdes dans une continuelle contraâion, ce qui le gêne quand il nV eft pas accoutumé, le cercle alors doit fervir de remède à ces défenfes. On le mènera donc au petit pas fur un cercle large, & on lui dérobera de temps en temps des pas croifés des jambes de dedans par-deffus celles de dehors ; enforie qu’en élargiflant le cercle de plus en plus, infenfiblement on arrivera fur la ligne de la muraille, & le cheval le trouvera dans la pofture de Tépaule en dedans ; 8l dans cette atâtude, on lui fera faire qndques pas « n avantlelongdumur ; enfuiteon l’arrêtera, on lid pliera le col & la tète, en faifant jouer le mors dans la bouche avec la rêne de dedans ; o^ ^^ fl^’ tera, « ton le renverra. S’il arrive qu’wn cheval fe retienne oc qu il fe défende par malice, ne voulam point fe rendre à la fujétion de cette leçon, il faudra la quitter pour Înelque temps, & revenir an premier principe tt trot étendu & hardi, tant par ligne droite que fur des cercles ; & lorfqu’il obéira, on le remettra au pas l’épaule ea dedans Air la ligne de la muTsûlle ; & sMl va bien quelque pas, il faut l’arrêter, le flatter & le defcendre. ’Lorfquç le cbçval « o^qmeqcera k obéir aux deuat M A N malhs à la leçon de Tépaule en dedaa » ; ^B lu ! ap4 prendra à bien prendre les. eoins » ce qui eft le plus difticîlede cette ieç^n. Pour cela il faudra à chaque coin, c’eft-à-dtre au bout de chaque ligne droite, faire entreries épaules dans Je coin « lui confervant la tète placée ed dedans ; & dans le temps 9u’on tourne les épaules fur l’autre l^ne, il faut taire pafter les hanches à leur tour dans le coin par où les épaules ont paftè. Ceft avec fai rêne de dedans & la jambe de dedans qu on porte le cheval eiî avant dans les coins ; nais dans le temps qu’on tourne fur l’autre ligne, il £iut que ce foit avec la rêne de dehors, en portant la mata en dedans « & prendre le temps qu il ait la jambe de dedans en l’air & prête à retomber, afin qu*en tournant la main dans ce temps-là, Pépaule de dehors puifle paAier par-deius celle de. dedans ; 8c comme l’aide de tourner eft une efpèee dé demi-* arrêt, il faut en tournant la main, le chafler um peu en avant avec le gras des jambes. Si le cheval refufe de paiTer la croupe dans les coins, en fis tenant larze de derrière ^& en fe cramponnant fur la jambe de dedans, ( dcfenfe la plus ordinaire des chevaux,) il faudra le pincer du talon de dedans* en même temps qu’on tournera les épaules fiur l’autre ligne* Voila, ielon moi, ce qu’on appeHe pnndre les calas, & non pas comme font la plupart des cavaliers, qui fe contentent de faire entrer la tête & les épaules dans le coin, & négligent d’y pafter la croupe ; de manière que le cheval tourne tout d’une pièce, au lieu qu’en y faifant pafler les hanches après les épaules, le cheval dans ce paffage d’épaules & de Hanches s’aftbuplit non-feule* ment ces deux paaies, mais encore les côtes, dont la fouplefle augmente beaucoup la^lilé des refr forts du refte de fon corjps. Si on examine la ftruaure & la méchanique du cheval, on fera aifément perfuadéMJe l’utilité de l’épaule en dedans, & on conviendnTque les rai<fons que j’apporte, pour autorifer ce principe, fonttiréçs de la nature même, qui ne ^ dément jamais, quand on ne la contraint pas au-delà dis fes forces. Et en même temps, fi on fait attefttioa à l’aâion des jambes du cheval, qui va fur un cercle la tète dedans la croupe dehors, il fera aifé de concevoir que ce font les hanches qui acquHrent cette fouplefte, qu’on prétend donner aux épaules fikr le moyen da cercle, puifqu*il eft certain que a partie qui fait un plus grand mouvement^ eft celle qui s aflbupltt le plus. J’admets donc le cercle pour donner aux chevaux la première fouplefle, &auffi pour châtier & corriger céujç qui fe défçn^ dent par malice, en menant la croupe dedans malgré le cavalier ; mais je regarde enfuite l’épaule en dedans comme une leçon indiijpenfable pour ache^ ver d’aiTouplir les épaula y & leur donner la facilité de paffer librement les jambes Tune par deffus l’autre, qui eft une perfeâion que doivent avoir touts les chevaux qu’on appelle bien mil & bîeif dreftès.

' ’De la Croupe au mur’

Ceux qut mettent la tête d’un cheval vis-à-vis du mur , pour lui apprendre à aller de côté , tombent dans une erreur dont il eſt facile de faire voir l'abus. Cette méthode le fait plutôt aller par routine que pour la main & les jambes ; & lerfqu’on Tote de la muraille, & qu’on yeut le ranger de coté dans le milieu du manège, n’ayant plus alors d’objet qui lui fixe U vue, il n’obéit quiiAparfaiteoteut à la main & aux jambes , qui font les feuls guides dont on doive fe fervir pour conduire un cheval dans, toutes fes allttres» Un antre défordre qui nait de cette leçon , c*eft qu’au lieu de paâTer la jambe de.dehors par-deiTus celle de dedans , fou- .vent U la pafle par-deffous , dans la crainte de s’attrapper avec le fer la jambe qui eA à ter rjs > ou de fe heurter le genou contre le mur, dans le temps qu^il levé la jambe & qu’il la porte en avant pour la pafler par-deâus l’autre.

M. de la Broue eft de ce fentîment , quand il confeille de ne fe fervir de la muraille, pour faire fuir les talons aux chevaux , que poilr ceux qui péfent ou qui tireiit à la main : & bien loin de leur Î placer la tête û prés du mur , il dit qu’il faut tenir e cheval deux pas en deçà de la muraille , ce qui fait environ cinq pieds de diAance de la tête du cheval au mur. ’

Je ne vois donc pas pourquoi tant de cavaliers pour faire connoitre les talons à un cheval , lui mettent ta tête au mur , en le forçant d’aller de côté avec la jambe , l’éperon , & même la chambrière , qu’ils font tenir par un homme à pied. Il eft bien plus fenfé, félon moi , pour éviter cet embarras & les défordres qui peuvent en.arrivcr , de lut mettre la croupe au mur* Cette leçon eft tirée de l’épaule en dedans. ^

Nous avons dit dans le chapitre précédent , qu’en menant un cheval l’épaule en dedans à main droite , on lui aflbupliftoit l’épaule droite , ce qui donne la facilité à IgL jambe droite , lorfeu’il va de côté h main gauche , de chevaler par^efluala jambe gauche , & de même en le travaillant l’épaule en dedans à gauche , c’eft l’épaule de ce côté qui s’afToupUt , & 3ui donne à la même jambe le mouvement qu’elle oit avoir pour chevaler librement par - defliu la droite , lorsqu’on mène un cheval de côté à main droite. Suivant ce principe, qui eft incontefiable » il eft aifé de convertir l’épaule en dedans en croupe au mur. On s’v prend de cette manière. Lorsqu’un cheyal eft obéiftànt aux deux mains "i, la leçon de l’épaule en dedans , & qu’il fait par conféquent pafler librement les jambes de dedans par*deflti$ celles de dehors , il faut, en le trayaillant par exemple à droite , après Favoir tourné dans le coin à un des bouts du manège , l’y arrêter, la croupe vis-à-vis & environ à deux pieds de difiance de la muraille , de peur qu*il ne fe frotte la queue contre le mur ; &au lieu de continuer d’aller en avant , il faut le retenir de la main & le prefler de M AN ijj

la jambe gauche, pour lui dérober quelque temps de côté fur le talon drplt , & s il obéit deux ou trois, pas , l’arrêter & le Ifatter , po^r lui faire cou-, noitre que c’eft là ce qu’oin lui demande. Comme la nouveauté de cette leçon embari^âb un cheyal les premiers jours qu’on b. lui fait pra«  tiquer , il faut , dans les commencements , le mener les rtoes féparéés & três-doucemem , afin de pouvoir mieux reteni ; les épaules -, Hc ne point chercher à le plier , maïs lui donner feulement une fimple détermination pour aller.de côté, ^^ns oSïerver de juftefle. Si-tôt qu’il fuira la jambe deux ou trois pas fans héfiter , il fatulra l’arrêter ua peu de temps, le flatter, & reprendre enfuite de côté , en continuant toujours de l’arrêter & de le flatter , pour le peu qu’il obéifte , jufqu’à ce qu’enfin il foit arrivé dans cette poAure au bout de la ligne ; le long du mur, & à l’autre coin du manège. Apres l’avoir laiffé repofer quelque temps dans la place où il a fini , on revient enfuite à gauche fur la même ligne , en fe fervant de la jambe droite pour le faire aller de côté , & obferver la même attention qui eft de le flatter dès qu’il aura obéi trois ou quatre pas de bonne volonté, & continuer ainfi jufqu’à ce qu’il foit arrivé au coin d’où l’on eft parti d’abord.

Si le cheval refufe abfblument de fiiîr les talbna à l’une des deux mains , c’eft une preuve qu’il n’a pas été aflez aflbupli à l’autre main. Et alors il faut le mettre l’épaule en dedans ; c’eft-à-dire , que fi le cheval refufe, par exemple, de fuir le talon gauche » la croupe^au mur , qui eft l’aide qu’on donne peur aller de côté à droite , il le faut remettre l’épaule en dedsMis à gauche , jufqu’à ce qu’il pafle facilement la^imbe gauche par ddius la droite. Et afin qu’il fe trouve. Tans s’en appercevoir, aller de oôré U croupe au mur à droite , qui eft la main où nous fuppofons qu’il eft rebelle , on lui tourne la tête Se les épaules de plus en plus en dedans , jufqu’à ce qu’elles foient vis-à-vis de la croupe ’, alors en lui plaçant la, tête droite, & en continuant de lui faire fiiir la jambe gauche , comme s’il alloit toujours répaule en dedans à gauche , il fe trouvera aller de côté à droite. De même» fi le cheval refufe de fîiir le talon droit, qtv eft aller de côté à gauche » il faudra le mener l’épaule en dedans à droite , & infenfiblemertt en tournant les épaules fort en dedans , & jufqu’à ce qu’elles fe trouvent vis-à-vis la croupe j le cheval fe trouvera fuir le talon droit , & aller par conféquent de côté à maiq gauche.

Suivant ce que nous venons d’expliauer , il eft aifé de remarquer, que ce qu’on appelle , épaule m é/edans À um main , devient épaule de dehors » lorfqu’on met la croupe au mur ; parce que la même épaule continue fon mouvement , quoique le cheval aille à l’autre main. Mais comme dans la pofture de la croupe au mur. le cheval allant de côté , doit être prefque droit d épaules & de hanches 9 Taâiea de l’épaule eft alors plus circulaire ^ 1^5 . M’A N . ’ &pkr cdnfSquént le nbnvement eR plus pénible ! & plos difficile à fsLire au cherval » que celui .qu*il ’fait Vépaûlc en dedans. Un peu d’attentîônf fera aifôment concevoir cette différence , & prouvera ’ en même temps évidemment , qu’un désavantages dç répaule en dedans ,eft d’apprendre à un cheval , à bien pafler & i chevaler librement fes jambes ’ Fuhe par deflîis Tautre , & que c’efl un remède à . toutes lesfautes qu’il petit faire quand on lui apprend à fuir les talons. ’

’ Lotfquè le cheval’ commence è obéir & ï aller librement de côté aux deux mains la croupe au mur y il faut fe placer dans la pofture où il doit . être pour fuir les talons avec grâce ; ce qui fe fait en obfervant trois chofes eflentielles. La première » c*eft de faire’ marcher les épaules avant les hanches ; autrement le mouvement cir-’culaire de la jambe & de Tépaule de ’dehors , qui fait voir la grâce & la foupleffe de cette partie y ne fe trouvéroit plus. Il faut tout au moins que la moitié des épaules marche avant la croupe ; en ’Ifarte que( fuppofant , par exemple , qu’on aille à droite) la pofition du pied droit de derrière » foit fur la ligne du pied gauche de devant , comme on le peut voir dans le plan de rérre. Car fi la croupe marche avant les épaules » le cheval e(l entablé , & la jambe de derrière de dedans , niarchant & fe plaçant plus avant que celle de devant dn même côté » rend le cheval plus large du derrière que du devant 9 & par conféquent fur les jarrets ; car pour être fur les hanches , un cheval en marchant doit.être étréci de derrière.

La féconde attention qu’on doit avoir, lorfqu’un cheval commence à aller librement de côté la croupe au mur’, c*eft de le plier Ha main où il va. Un beau pli donne de la grâce à un cheval , lui attire répaule du dehors & en rend TaSion libre & avancée. Pour Taccoutumer à fe plier à-la main où il va , il faut à la fin de chaque ligne de la croupe au mur , après l’avoir arrêté , lui tirer la tête avec la rêne de dedans , en faifant jouer le mors dans ia bouche ; & lorfqu’il eéde il ce mouvement , le flatter avec la main du côté qu’on la plié. On doit bbferver la même chofe en finiflant à Tautre main fur l’autre talon ; & par ce moyen le cheval S rendra peu-à-peu l’habitude de marcher plié, & e regarder fon chemin en allant de côté. La troifième chofe qu’on doit encore obfervcr dans cette leçon , cVft de faire enforte que le cheval décrive les deux lignes j favoir, celle des épaules Se celle des hanches , fans avancer ni re-p culer ; enforte qu’elles forent parallèles. Comme cela vient en partie du naturel du cheval , il arrive ordinairement que ceux qui font pefauts ou qui tirent à la main , fortent de la ligne enalhm trop en avant ; c’eft pourquoi 11 faut retenir ceux-ci de. la main de la bride , fans aidef des jambes. Il faur au contraire chafler en avant ^ ceux qui ont l^î mauvaife habitude de fe retenir & de s’acculer» «a fe fervant dçs jarret^i des |ras de jambe^^fic i ; M A N

cpielquefois même d^ éperons , futrant quHs fe retiennent plus ou moins. Avec ces précaudons on maintiendra les uns & les autres dans l’oidre Sç dans robéiâance de la main & des jambes. De peur qu’un cheval , en allant de côté , ne tombe dans le défaut de fe traverfer & de pouffer ou de fe jetter fur un talon ou fur l’autre, malgré l’aide du cavalier ; il faut , à la fin de chaque re«  prifc, le mener droit dans les talons d’une piAe*, Air la |tgn0 du «iheu de la place : on lui/apprend adii iur la mêmeUigne à reculer droit dans la balance de^ talons. ’ - ’

Quoique la leçon de l épaule en dedans & celle de la croupe au mur , qui doivent être inféparables , fuient excellentes pour donner à un cheval la ibupiede , le beau pli , & la belle poihire dans. laquelle un cheval doit aller ^ poux’ manier avec grâce & avec légèreté ; il ne faut pas pour cela abandonner la leçon du trot fur la ligne droite & fur les cercles ; ce font les premiers principes auxquels il faut toujours revenir , pour Tentretenir & le confirmer dans une aâion hardie & foutenue d’épaules &, de hanches. Par ce moyen on diverdt un. cheval, & on le délafle de la fufétion dans laquelle on eu obligé de le tenir, lorfqu’il eft dans latdtude de l’épaule en dedans & de la croupe au mur. Voici l’ordre qu’il faut obferver pour mettre à profit ces leçons.

De trois petites reprifes que l’on fera chaque jour , & chaque fois que l’on montera un cheval qui fera avancé au point d’ex^uter ce que nous avons dit dans ce chapitre , la première doit fe faire au pas répaule en dedans ; & après deux changements de main , qui doivent fe £iire d’une pifte , (car il ne faut poim encore aller de côté) , oif lui met la croupe au mur aux deux mains , & on le finit droit & d’une yi{ff au pas fur la ligne du milieu du manè^. La deuxième reprife doit fe faire au trot hardi , fbutenu , & d’une pifte ; & on finit dans la même aâion fur la ligne du milieu de la place, fans lui mettre la croupe ^u mur. La trotfièihe & dernière reprife , il faut le remettre l’épaule en dedans au pas , enfuite la croupe au mur , & toujours le finir droit par le milieu. En mariant ainfi enfemble çe$ trois leçons d’épaule en dedans , de trot , & de croupe an mur ; on verra venir dé jour en jour , & augmenter la fouplefie & l’obéifiànce d’un cheval , qui font , commç nous Tavpns dit , les deux premières qualités qu’il doit avoir pour être dreffé*

ï)es CfiangemenU demain ^ £» iiU manière Je doubler ; Ce qu’on appelle communément changement de main , efl ï^ ligne que décrit un cheval « lorfqu’il va de droite à gauche ou de gauche à droite ; & çommç cettç leçon eft en panie fondée fur la manière dp doubler » nous expliquerons d’abor^ ce que c’eft que faire doubler un cheval. . L9 manège , regardé comme le lieu ok Ton f](f ;KQ9 les chevaux, doit ^tre w quarré long ; éç h la divifion de ce quarré en plufieurs autres plus on moins larges, forme ce qu'on appelle , doubler iar^ & doubler étroit. Cette façon de doubler , foît large, foît étroit, iuivant la volonté du cavalier, rend le cheval •atieatif aux aides , & prompt à obéir à la main & aux jambes ; mais le difficile de cette aâion , eft ^e tourner les épaules au bout de la ligne du quarré fans que la croUpe fe dérange* Il faut pour cela i en tournant au bout de chaque ligne du qtiarré > former un quart de cercle avec les épaules , & que les hanches demeurent dans la même placew Dans cette aâion , la jambe de derrière de dedans doit refter dans une place , & les trois autres jambes , fçavoir, les deux de devant, & la )ambe de der- rière de dehors , tournent circulalrement autour de celle de derrière de dedans , qui fert comme de pivot. Lorfque les épaules font arrivées fur la ligne ides hanches « on continue depaflàger droit dans les talons, jufqu*à Tautre coin du quarré ; & cette leçon fe répète au bout de chaque ligne , excepté dans les coins où les angles du quarré font formas »ar la rencontre des deux murailles. Alors ce font les hanches qui doivent fuivre les épaules par où elles ont pafle, c'eft- à-dire, par Tangle du coin , & cela dans le temps qu'on tourne les épaules fur Tautre ligne. ' CeR du quarré dans les quatre coins & dans le milieu du manège , qu'on tire toutes les propor- tions qui s'obfervent dans les manèges bien réglés , & qui fervent à garder Tordre qu'il faut tenu- dans les changements de main larges & étroits , dans les Toltes& dans les demi-voltes; car quoioue qnet- 3ues hommes de cheval négligent cette régularité • n*eft pas à pronos de les imiter daas4ine pratique contraire à la futtefle. U y a des changements de main krges , & dés changements de main étroits , des contre^hange- ménts de main ^ & des changements de mara fen- <verfés. Le changement de main large , eft le chemin ^ue décrit le cheval d*uae muraille ï Taùtre , fett d*ane piile , foît de detix piâes , fur une ligne ioblique. Les deux lignes du changement de main large de deux piftes , dans le plan de terre , donneront l*idée de la proponion qu'on doit obferver pour changer large. fi eft à remarquer que lorfqu*on change de main de côté de deux pîâes^ la tête & les épaules doi- vent marcher les premières^ &dans la même po^ ture qu'à la crdu^ au mur; avec cette, difièrencè pourtant, que dans le changement de main , le che* val doit marcher en avant a chaque pas qu'il fait , ce qui donne beaucoup de liberté i Tepaule de dehors , & tient le cheval dans une continuelle obéiâance pour la main,& pour les jambes. Le changement de main étroit fe prend depuis la première liene du double étroit , & va fetermr» >ûûr à la murail'e fur une ligne parallèle à .œUeidn Efiîtatîon Efcrîme &Dar^e. Si  N ^ 137 changement de main large, comme on le voira» {)lan. .Quelques cavaliers confondent mal-à propos a demi-volce avec le changement de main étroit. AJafin de' chaque changement de n^ain, foit large , foitétroit , il faut que les épaules & les han- ches arrivent enfemble , ce qu'on appelle /orafr U changement de main , enforte que les quatre jambes du cheval fe trouvent fur la ligne de la muraille, avant que de reprendre à l'autre main. Oa n'a re- préfemé ici que la maladroite , parce qu'il eft aif^ de fe figurer les mêmes lignes pour la gauche. ^ Le contre-changement de main efi* compofô de deux lignes. La première eft le -commencement d'un changement de main large ; & lorfque le che* val eft arrivé au milieu de la place , au lieu de con- tinuer d'aller à la même main , il faut marcher droit en avant deux ou trois pas ; & après lui avoir placé la tête à lautre main , on le ramène fur une ligné oblique , pour arriver fur la ligne de la mgraillé qu'on vient de quitter; fc oh continue d'aller à ït main où on étoit avant que de changer. ' Le changement de main renterfé fe commence comme le contre-changement de main , & dans le milieu de la féconde ligne oblique , au lieu d'aileç jufqu'au mur, on reiivel'fe l'épaule pour fe retrou- ver à l'autre main. Voyee dans' le plan- de terre le renverfemeàt. d'épaultf où le cheval fe trouve à gauche en arrivantà'la muraille d^où il eft parti à droite» ■ • Touts ces différents manèges de changements de main , contre-changements & renverfements d'é* Eaulés , font £itta pour empêcher les chevaux d'aN

r par routine , c*tk le défaut deceux qui manient

plusdèmémoire que pour la main & les jambes* 27tf m4/zJ^f.(âoUKG£LAT). - .' Nons dèfignons dans nos manèges , la haute , la moyenne & la bafte école. Le^ chefs des académies fe chargent des élèves les plus avancés ;& l'inftruo tîon des antres, qu'ils ne perdent pas de vue, eft confiée à des écuyers qpi font fous leurs ordres. Cette divifion relative aux gentilshommes , «n fnppofeune femblabie relativement aux chevaux ; l'une Sci'aun-e font également néceffaires. Si d'une part 1er académiftes xie peuvent faire de vérita- bles progrès qu'autant qu'on leur fera parcourir une chaîne de principes qui naiftènt les uns des autres, & qui fe fortinent mutuellement, il eft in- difpenfable d'un autre c&téde leur fournir des che- vaux misÀ ajuftés de manière à leur en faire fentit révidence.' ' Déliés premières leçons il ne s^agit que de preA crtre au cavalier le& règles d'une belle afGette & d'une jufte pofition ; mais ces règles font bientôt oubliées , fi on ne frappe l'intellieence du difciple par rexpltcationdesrailons fpcleiquelles elles font appuyées : peut-être que la plupart des maîtres né- gligent trop ce point important. Quoi qu'il en foit ; on comprend qu'nn cheval fixé dans les piliers , & auquel an ne demande^qu'une4iôion de piafier dans ^

i3« M A N une lcule& même place , dérangera moins an acaièmide , uoiqii^aient occupé du fbtn de iè pbccr conformément aux préceptes qu’on- lui a déduits , que û on Tobligeoit à monter iur4ie-champ uhxheval en liberté , q[u*jl redouteroit » qu’il voudcoit relenir on conduire , & qui le difirairoit des uniques objets fur lefquels Ibuatteniion doit fe fixer. Ce ncR que lorfqu’il a ctmou quel doit être Parrangement des diffireocts parties de fon corps , & £i*oaapperçoît qu*elles fé préfenteot en quelque çon à la volonté, qu’oo peiwelui donner sn £e«  cond cheval accoutumé à cbeflfiîner au pas*. Alors on lui iadique les différents oiouvenient5.de la maih«  afin qfi*il puifle librement tourner ion cheval à droite & à gauche , le Uifler aller en avant , rarrèter & même le reculer : on obferve iàns cefTe en même temps les défauts de fa pofition » & on les lui indique (crupuleufement , dans la crainte qu’il il^ çontraâe de mauvaife^ habitudes » qu’U eid trés.difficile de corriger dans la fuite. PlttUeurs écuyers ne font aucune diflinâion des élevés q^i. leur (ont fournis ; ils diffèrent néanmoins beaucoup , fi on confidére le plus ou le moins de facilité de Leur ef-. prit , & la difpofuion plus ou moins favorable de leur C5>rps ; ainfj tçl d’en^e eiMt dont la conception eft beureufe , ne fera point troublé par^utt énorme détail de fautes qu !on lui reproche , taadis qu’un autre ceflera de nous entendre ^ (i nous.le reprenons de deux défauts à la-fbis. Tel fera de vains effons pour fe pliv>r de manière à rencontrer l’attitude qu’on exige de lui , & dont une confiruâton flus ou moins difforme , ou une aptitude naturelle éloigne. C’eft donc au maître k fe mettre à lapor^r tée des élèves , à juger de ; ce qu’il eft d’abord ette«t iiel de ne pas faire , & à leur faciliter^ par l’exaâê connoifTance qu’il doit avoir de la relation & de la i&mpashie du |eu dest parties dont l^r corps ’efl formé, les moyens d’exécuter & d’obéir* Unamre abus eft de les obliger trop promptemenrt à trotter , parce que dés lors us ne font attentifs qu’à leur te* nue , & qu’ils ne penfent plus ni à Tj^xaditudc «le la pofition » ni aux mouvemens d une main k la-J ^uelle ils $’ ;ittadientven fécond lieu» on n’efi point crupuleux fur le plus ou le moins de dureté ou dé vkene du mouvement des chevaux^il eft cependam trés-conflant qu’on devroit obferver des degrés à cet ^ard : l*aiiimaU dont les reilbrts font lians*, & dont l’avion n’eft point preflee « offre toujours moins de difficultés à l’élevé i qui peut fé rendre raifon à lui-mêine de ce çbul’û efi capablejde faire & irentreprendre. Ne fouftre-t-il en eâet.aucnn dir ffâiigemeot à ratfoe d*une teUe célérité ? U peut

  • tou)ours augmente»^ de pltis en |>)us laritefle ; cou*

ferve^c*il fa fermeté dans le tro^le plus étendu ? on doit lui donner un cheval qui , dans cette allute , ait moins d’union & plus de reîi», & aiitfi de fuite iufqu’à ce qu’il ait acquis paf cet exencice continué , ce que nous nommons propreniem* te fond de la fcUe* J’ajouterai que les leçons aii trot doivent tou* }ours tee entremêlées. des ieçonft au pas. GeUes^ci M A N

font tes feules où nous puif&ens exaâement fiitvre nos élèves » les reâifier , leur propofer une multi- )tude de lignes diflerentes à.décnre ^ & les occuper par conféquent fans èelTe , en metunt continuelle* ment leur main à Tépreuve , & en felfant accompa-Sner les aides qui en partent , de celles de Tune & e l’autre jambe fépaFément ou eofemble. La pratique de ces opérations étant ajcquife par ce moyen, ces marnes leçons fe réjpétent au trot ; du trot on paâe aux chevaux drefles au galop , & de ceux-ci aux fauteurs dans tes piliers^, & à ceux (^ travaillent en liberté au fon de la voix , ouà Taide de récuyer ; c’efi ainfi que fe termine ta marche de la baffe école ; marche dont on ne peut s’écarter fans craindre de précipiter les élèves dans luie roideur » une contention , une incapacité k laquelle ils de» VKoient préférer Leur première ignorance. Çuidés & conduits fulvant cette méthode « nonieulementiU ont reconnu cet équilibre nutceéâire » mefuréôc certain » d’où dépend lafinefTewla précifion , & la fureté de l’exécution ; mais Us ont app {is en général les effets de la nuin & des jambes > & leurs membres font , pour ainfi dire « dénoués ^ puifqu’ou a fait fréquemment mouvoir en eux tou* tes les parties dont l’aâion doit influer fur l’aiiimal. A toutes ces leçons 6iccèdent celles d’où dépend la fctence de faire manier des chevaux de paf<^ fage^Ici touts les principes déjà donnés, reçoivent un nouveau jour , & tout concourt à en démaontrer la certitude ; de plus il en dérive d’autres , & le difciple commence â s*appercevoir de la chaîne Se de la liaifon des règles. Comme il ne s’agit plus de la poikion & de la tenue > on peut lui développer les ralfons de tout ce qu^il fait* & ces raifons lui feront entrevoir une multitude de chofes à apprendre & à exécuter. On exige plus de finefle & plus d^harmQoiedans fes mouvements, plus de réciprocité dans le fentiment de fa main & dans celui de la bouche du cheval , plus d’union dans fes aides ». un plus grand enfemble, plus d’obéiflance , plus de précif^n de la part de Tanimat* Les demi-arréts multipliés, les changements de main , les voltes , les demi-voltfis de cfeux piftes , les angles de mar^ nège fcrupuleufement obfervés , l’aétion de la croupe’ ou de la tête au nmr , h plus grande jufteffedu partir ,.du parer & du reculer, le pli dans lequel on affujettit le cheval , &c. , font un acheminement k de nouvelles lumières qui doiventftapperraçadémiile ^lorfqtt après s’être convaincu de.la vérité de touteslés làaximes dont on a dû lui hàxe (entvt toutes lesxonféquences» fbit au paffage Âtr des chevaux fiicoefjîvemcnt plus fins ,.plus difficiles, 8c dneffés dtfférennéent ,’foirau trot , foit au galop , il eft en état de paffer à la haute école. Alors il n’efl pas fimplcment queflion de ce que Ton entend commnnémem par laccordde la main & des jambes , il faut aller pfus loin à cet égard, c’eft à-Arc Éaire rechercher à l’élève la proponioi* de la force mutuelle Se variée des rênes ; Tobligcr à n’agit que par elles j hii faire comprendre les ei^ M A îî fcts ccml^. Hs^unt feule rêne mue enjeux fem , les effets co «Hinés des deux rênes enfemMc mues •en même Cens , ou en fens eontraire ; & le cou* vaincre de rinfuffifance réelle tie raâion des jambes, ^ui ne peut être regardée comme une aide prin* «ipale, à/moîns qu’il ne s’agifle de porter & de <rhaflr<^r le derrière en avant , mais qui daiis tout «mrecas n’eft quViae aide fubfidlaireàU main» La connoiflant» de ces différentes proportions & de tours ces effets ne fuffit pas encore. La machine iur laquelle nous opérons , n*eft pas on être int* «limé ; elle a été conftruite par k nature , avec la Acuité de (e mouvoir ; 8c cette mère -commuae a dîrpofé (es parties de manière que Tordre de ies aiouvemems , conAam , invariable , he peut être interverti fans danger ou fans forcer T^ritmil à h défobéiffancc* U eft donc important d’ioAruire notre difciple de la fucceflion harmonique de ces génies mouvements , dé leurs divi&ons en phifieurs temps, & de lirî indiquer touts les inftants poflifcles , inAants qu’il doit néceffairement faifir dés S’il voudra juger datremenc de Févidence des efs fur lefquels il a été éclairé , condnfré véritablement le cheval de tête , diriger toutes fes actions, & non les déterminer feulement, & rapporter enfin à lui-même toutes celles auxquelles i^ !e contraint & le Bvre. ^oyei Manège*

Ce tCtfï qu*avec ée tels fecours que nous pouvons abréger les romes de la fcience , & dévoiler les myftères les plus fecrets de l’art. Pour en parcourir tours les détotirs, nous fuivrons la niéme ▼oie dans les leçons (Br touts les airs relevés jiious ferons enfuite 1 application de touts les principe^ donnés fur des cnevaux neuft , que nos difeîples entreprendront fous nos yeux ; £c 11 n*eft pas douteux gue dès-lors ils foniront de nos écoles avec moins de préfomption » plus de capacité , & qu’ils pourront même nous laitTer très-loin derrière eux , 5*ils perfévèrent dans la carrière que nous leur aurons oûvéne » & dans laquelle oîi ne doh avoir d autre guide que fa patience la phis confiante & le raifonnement le plus profond.

Première uçoN sur le droit , sous l^roaime. (Dupaty).

Le cheval étant une fois affagi par la leçon de loi^ge , le-conTeille de le monter 6t de le menef dehors fur le droit , fans lut demander atitre chofe que tfalter en avant & de trotter le mieux qull podrrk» & fans prefcrini à h tféteft à fon col une at^hiée trop gènanre. Meneï-lc ^e plus droit poflièle , enforte quM fente les deux tènes. Donnc2-iui del* librerré , & qu’il foit porté en avant par voi jambes tiien égales* A melure qu’il obéira , raccourctffez les rênes & enlevei fa tète & fou côl , non pas en mettam de la forcé dans les mabs , cottme tittriques-tifis , mais en badinait avec les rênes 8t en ofitm avec elles. Comihe tes petits i-eoups poudroient raflentir le cheval^ fcnfccx davanuge les Jambes , mais (ans force.

Evita* fur-twt-djÈfeha^nerra«màI on par ÎL i<Dapatrop«l>^, ou par des châtiments déplacés, t>tt même «kl voKMnt txîgcr de loi ati-delà de fes forces. On doit iça voir que le cheval a bienfeu demo^eAs d’o'bétr dans les comméncewenis , & S’il faut lui domaiîder lé ihoins poffible. ie né iroisiapprou^^érceuxqui , dés les premiers jours ; tiennent les rênes d^ bridbn très tendues , & ûriRentles janttre^ avecfbrctfv prétendant par-là dé^ cider Itiohdv^l. Cèft une grande ert^nr rca^’com-^ ment compr’Bndra’t'ilqti’on fui demande d’aller ^ri «vant^ il oRle«etient avec force ? d comment foutiendra- t-il avec fon peu de vigueur ces deux opéf» rations contra d*aais^ ;.i ., . » v. On ne doit jamais oublier que U n>vn doit ^re très^légfâre dahs ; les comnicncemerits furrotit,’ âc qu’elle ne doit faire qdra^rfferh tète. Les jattib^ de lliomme venait értfuitei travailler , portent I loaimal en ftvant.’Ceftsivecfe teitlpS & h douceur y qu’on placera la tète & le col : il ne faut pa|k tenter de le faire trop tôt , on ruine le cheval. Là grande leçon à Im donner eft de le porter bieÉ en avant : opq pas qu’-il jfi^iUip is-<r< ?|tt ?r tés vite & très-allongé i au contraire, op ne doit pas.leprcfler danii les commencements ; niais.il fai^ qu’il n’arrête pas de lui-même, & qb’il fente tes jambes de l%o^fiife en. les fayant fans leur réfifter. Les jennfes chevaux ont ordinairemtnt une allure qui n-efl ni le pas ni It trot. Si on le> preffe d aller h*op vite, leur alhire ne prend aucun caraâére , Srçc qu’elle ne fe forme qu’autant, que lek fo ces Péqûilibre fe perfeâioftneoi. Ccft donc mal fait de îès trotttr très vite , ils fe difloqucnt uns s’affouplir ^ils s’énervent ’& fe ruinent. Par un rrot aHoneé^lesmnfclesfbuôtent une diflenfion tr :» grande , ainfi que les ligaments qui s’étendent trop’, ce qui fait que les os iortent de leur place plus ou moins ; & il arrive que les mufcles afTciblis ne peuvent remuer que lentement des os incertains 8c vai^iafm fnr leur apmii.7e ne preffe donc ition cheval qii’à ihefure qiril place fort col & fâ tête, pirC« q^ » lorfqifil eft aitïfi’ préparé, tout fon corpi s’ajufte fur rattitude du col , &.il fe foutien’t de lui-même. Lorfqu’il a de ta vigueur , je le trotte fradciiemem , enforte aue fon allure foit nette , biien unie Se bien cadencée ; c’eft-à-dire que chaque xetnps de trot foit tnarqué par Une battue régulière. S fanimâl ceffe d’être dVccoi’di jei^llentis, car cVA une marque qùM n’y a plus ni équihbre ni union ; & ;e perdrois rou^t fi je eontinuois cette allure déford^imée.

Lorfquele cheval a fait un tetnps de trot » je le Ais repoffcren le Iki/làût aller au pas. Cette allure fe forme , comme le tçot , par réquilibre & la 1>ontie difpofition de ta tête & du col. Je lai/îe d’abord le cheval entièrement à Ai liberté : fatigué de la leçon du trot, il prend un pas qui lui Convient , & j*étUdie de quelle rtature il efl. Je raccourcis în(enfiblemenf mes rints^tn plaçant fa tête ft CR enletaiu» Ùka (Joe fe fens qu*ll vetif prendi’^ le trot»jç condnf qu’il çfi trop enUvi pour aller au pas : je lui rends la mâîn.& ]ç le reo&ets au pas fraac & uni, dx>nt les^ quatre temps doivent être bien marqués & également efpacés*

Telle ell la première leçon que je donne au cheval ; fans exiger de lui autre ehofe. Lorfqu’il l’exécute bien » & qu’il ya bien devant ^ui » on. peut lui faire çon noitre d’autres travaux. i r Je^ne âxe aucun temps au cheval pour me fatis^ faire ; cela dépend de. Tes forces & de fon %e ; mais plus on le tiendra i cette leçon, fur le droit , plus il acquerra de francfaife» & mieux il fe décir dèra en avant.

De riquîlibrt au cheval»

Lorfque le cheval, commence à tourner libreinent aux deux ma^hs » je crois très à propos.de le mener alors au manège y& de IV travailler d’une manière plus fpivie , lur-tout fie eft un cheval def* tiné pour Técole. Comme le terreia dans ua manège efi moins vafte,rallure du cheval doit £trc plus raccourcie, & le travail plus exaâ» Leçân du fat & du trbt/ar h droit.

n eft bon , lorfqu’on commence à exercer un cheval, de lui faire faire une leprife au pas, afin

  • qu*it fe dégoûrdifle , & rappelle ce qu*il a d^a ap-

>ris , & fe place fous Thomme. Cette reprife doit le faire à un pas franc , & le cheval éunt à fon aife , il fera alors bien plus en état de commencer U reprife au trot. ■ ,. ^ .

Cette reprifé fe fera eh tenant les, deux ^rènes égales autant qu’il eft poflible » & en fentaot la jambe de dedans plus que celle de dehors , afin d’accoutumer de bonne heure le cheval à fe plier pour la jambe de dedans. On trottera un peu plus raccourci que dans le dehors > & on enlèvera fouvent les deux rênes enfemble y enforte que te cheval s’afleye & fe grandifle davantage. Il eft bon de temps en temps , lorfque le cheval fe foutieni bien dç le chaftèr dans les deux jambes un temps ou deux’, fans lâcher lès rênes , & en maintenant la tête & le col dans leur degré d’élévation. On doit fentir , dans ce temps de chafte, que l’aâion d^s hanches s’accélère fans aue le cheval retombe fur le devant. En effet , c eft ce oui doit réfulter de la preflion un peu plus forte aes {’ambes ; car elles .excitent une coi^tiT^âion |du& fu- )ite & plus entière danp les mnfcles abdominaux , & par-la il arrive qù^ lei^ Jamb€ ;s de derrière fe portent promptement fous le centre de eravit& En pratiquant ce que je viens de aire , on donne flus de franchife au cheval i fe porter en avant : exercice qu’on donne avec difcrétion alimente les reflbrts dn cheval ; & la crainte qu^il a des. lam- ])es , fait qu’il ne s^y endort pas,. Si qu^il fe décide fans tâtonner.

Quand on arrive aux. coins , il faut hien fe ; garder de vouloir les prendre avec exaflltude ; moii »iàg.e eft au contraire de’ les arroiidir beaucQup , M A N

afin de foulager le cheval. Pour cela , jp&ntz na peu les deux mains en dedans , & fentez vos deux jambes comme fi vous vouliez tourner : pour peu que le cheval fe rallentifle, un appel de langue le ranimera, & un peu plus de jambes le ponera^ ea avant.

On trottera ainfi le cheval aux deux imains, & enfuite on finira par lui donner une reprife au pas/ Rien a’efi meilleur que le trot pottiqiié ainfi for le droit : mais on ne doit pas x^égUger le trot fur le cercle y car lorfque cette leçon , dont nous allons parler , eft bien donnée , de manière que le cheval ne fe couche point , & (e tienne le plus en équili^ bre qu’il eft pofiible ^ il eft- certain qu*elle aftbupUc les reins de 1 animal, & l’achemine à une obéiflaoce plus complerte. ’i .

Lt^pn du pas 6 du trot fur It cercle^ SI on veut que la colonne vertébrale du cheval s’affoupliftTe par la leçon du pas & du trot fur le cercle, il faut de toute néceffité que i !pn corps s’ar* rondiffe & fe mette ainfi à chaqiie pas fur une portion du cercle qu*il décrit. Suppofons une ligne qui partage également le corps du cheval en paâanc entre les deux oreilles, & qu’elle vienne aboutir au milieu des os des ile» ; fi. le cheval va bien droit devant lui, cette ligne fera droite : mais foppofonsr là flexible , ell^ sVrondira fi le cheval va fur le cer* cle , & elle partagera toujours également le corps du cheval. Je dis que cette ligne , fi on veut aflbu* plir le cheval , doit correfpondre à une ligne par reilleiqu^on traceroit fur le terrein pour y prome^ nerlè cheval.

On doit obferver que la partie du corps du che«^ val , qui eft en dedans du cercle , eft plus raccourcie que celle de dehors , & que par cooféquent elle eft plus, comprimée , tandis tpie la partie ae dehors a plus de jeu. Il y a donc une grande difproportion dans les poids que les jambes de dedans & celles de dehors fupponent » ainfi que dans la compreffion des reftbrts : le reftbrt ,^ ou la jam^e de der* rière de dehors, étant plus à fon.aife , il plus d’aâi»vité , & rejette^promptement la mafte fur celui de dedans*, qui alors n’a pas une égale élafticité, parce que fa charge eft ohis confidérable. De plus l’épaule de dehors eft plus avancée que celle de dedans, ainfi aue lacuifle de ce côté-là ; & fi on à ! y prenoit garcle , Taâion plus forte de la partie de dehors çhargeroit tellement celle de dedans , que ranimai fe coucheroit ei ? dedans , & que fes jambes feroient trop gênées , & fon équilibre détruit» D*après ces ob^rvations, il eft évident qu’il faut employer des aides qui rétabliflent cet équi* libre autant que cela eft poffible ,. afin que l’animal /e (outic^t^e. Un cheval qui. veut changer de direSion , étapt.en liberté, ou malgré Tluiimme qui le cojiduit ,. met lesjxanches du c&t^ oppofé à celui JM AN liêremcm le chemin que parcourent les épaules i & cela eft très-difficile a faire exaâement. Ce font nos opérations bien combinées qui capti ?ent toutes les parties du cheval , & qui le rendent obéiflant. Voici celles que je crois les plus sûres pour le mener fur le cerde« 

Après avoir placé > mon cheval & Tavoir enlevé autant que cela eft néceflàire » je fens la rêne droite un peu plus que la gauche, (je fuppofe le cheval à droite) pour ramener un peu la tête » le col & & les épaules en dedans ; je lui êiîs fentir ma ïambe droite, elle achève de le plier, & porte en avant tout ce côté-là , qui eA reurdé dans fa marche : puis j approche ma jambe gauche qui fixe les hanches , À même les jette un peu en dedans pour arrondir la colonne vertébrale du cheval ; enfin je foutiens un peu de la rêne gauche , afin que les épaules n’aillent pas trop en dedans , & que répaule de dedans du cheval ne foit pas trop gênée. Ces opérations ne fauroient être égales entre elles ; la rêne de dedans doit primer ainfi que la jambe de dehors : néanmoins dans certains infants on doit faire primer les aides contraires ; ces infunts font ceux où Ton fent que la marche du côté de dedans e^jrallentie*

Lorfqu*un cheval fe plie difficilement à une nutn , il faut faire primer les aides de ce côté , jufqu’à ce qu’il foit gagné ; alors on reviendra au travail ordinaire pour la leçon fur le cercle. C*eft ainfi quç Ton doit, au pas & au trot , mélanger fes opérations pour aflbuplir & arrondir le cheval, en le menant fur le cercle. Si, après l’avoir bien préparé , on veut , avec la bride & les deux rênes égales dans une feule main , le mener fur le cercle , il fera à propos de fe rappeller ce que j’ai dit au fu jet des changements, de direâion dans la théorie de réquitation.

Il y a des éctiyers qui prétendent que le cheval doit te coucher (ur le côté, de dedans dans le cercle. Je conviens que Tanimal fe place ainfi , fi Ton néglige de le plier & de le (outenir de la fambe de dedans , enforte qu’il s’arrondifie. Mais fi pn a foin de le travailler comine il faut, il ne fe couchera pas : les temps de chafie de la jambe de dedans accéléreront Taâivité de la jambe de derrière du même côté du cheval ; elle fe portera fous le centre de gravité , & aura affez de force p<»ir re* jetter la mafie fin- l’autre jambe » lorfque fon tour de le faire fera venu*

Temps di intitre U mors au chevaL

Jufqu’icî nous, nous femmes uniquement fervis du bridon. Si Tanimal, au pas & au t{pt , fe porté bien en avant fur le droit , & s’arrondit lur le jp^rcle, s^uxdeux mains ^ aflez pour qu’on puifle le^ mener en rond , quelqu’imparfeit que (oit k cercle au’il décrit , je penfe qu’il eft temps alors de Vembouçher, pour commencer à le placer corjeâcment, & pour lui donner des leçons j>lns jfiriâes. J’ai déjà dit que fes forces « fa fouplefie & _ M A N 141

Çoti adreflie, décidoiem de cet inflarit. Si on l’embouche à propos , il ne refufera pas le mors , & il obéira d’abord comme il faifoit au bridon , cependant avec plus de réferve , parce que cet infirument nouveau lui caufe plus ne douleur , & qiVil eft oblieé de fe foutenir de lui-même pouf réviter. C’eft pourquoi il fiiut le contenir moins , afin qu’il jouifie de plus de liberté dans les premiers jours , & qu il fe familiarife avec le mors : fi l’on vouloir l’amijettir, ilfe retiendroit., ne fe porteroitpas fi bien en avant , & finiroit par fe défendre. C’eft pour cela que je confeille ae le relâcher les pre«  miers jours ; enfuite de le reprendre peu-à-peu & par des degrés infenfibles , toujours en lui faifanc ientir les jambes, afin qu’il ne retarde pas fon allure lorfqu’il fentira le mors opérer un peu plus fur fes barres. On fe fervtra d abord des renés féparées , en en mettant une dans chaque main-, & on exécutera fimplement les leçons que j’ai prefcrites pour le travail du bridon. Après chaque reprife il eft bon d’agiter Hgére* ment chaque rêne de la bride , en détachant la rêne du col du cheval , & en l’enlevain. Ce travail, que Ton doit faire trés-délicatèment, amèoe la tâiie du cheval jufqu’au genou de Thomme, lui plie le col » & l’accoutume à obéir à l’aâioh de chaque jène. U faut en cela beaucoup de prudence , car il ym des chevaux fi fenfibles , oue ce travail les défefpé* reroit fi on ne prenoit nien des précautipns. On doit travailler à rendre également fouples & obéiffants les deux côtés du cheval : ainii ce que l’on fkit à une main , on le fera auffi à lautre. Puifaue nous commençons â ’ nous fervir de U bride , il eft temps de parler de l’attitude du cheval # & d’indiquer celle que nous regardons comme la meilleure & la plus %ùr^ pour les deux individus» De U hilli Attitude du chval.

Nous avons déjà dit un mot de l’attitude du cheval , en parlant de fa démarche , maïs nous n’avons pas donné les procédés de l’art pour y amener le cheval. U eft dans fa nature de chercher toujours à foulager fes parties foibles & doùloureufes , & par-là il détruit l^cord fi néceflàire pour l’équilibre & pour l’obéiflance aux volontés de Inomme.

C’eft ic ! qu’on doit fe rappeller ce que. nous avons dit fur l’anatomie ; car c’eft d’après la conftruâton de chaque individu qu’on doit le placer. ’Le cheval fe place relativement à Tatthude de fa tète : c’eft donc par la belle difpofition de cette partie que nous devons commencer celle de tout le corps. Nous ne devons pas avoir pour objet unique la grâce & le coup-d’œil , il faut s’occuper des moyens les plus propres à faire agir touts les mçmbries conformément à leur deftination naturelle. Nous réduirons à q^iatrc .pr4n| ;ipales ce ’grand nombife d’attitûd^ que pren^ la tê^^^u c ;hei^. La première eft celle de l’animalen liberté , & lorfque n’étant gêné par rien il s*a>andonae fur lès épaules.

i4i MA N & tend le col fans lefoutenir. La féconde eA celle ^ii il porte au vent, lorfque, cherchant à fe cabrer , ou (c roidiflant fous Thoinme , il )ette le haut de fa tète fort en arrière. La rroifièjne efi celle oiiils*encapuchonne ; c’-eft Tattitude de touts les chevaux deâi.nés dans les auteurs , excepté dans la Guérinière : le cheval auVieu de fe fouteair <& d’être ûir les hanches , arrondit fon col y mais en baîfiant ù, panie fupérteure ainfi que fa tête » enforte que le menton s*appuie prefque fur le poitrail. La quatrième eu celle que tout cheval bien placé doit avoir , celle qu*il prend en liberté lorfqu il s*anime

  • de lui-même Ôc qu’il étale toute fa beauté, celle que

.rart adopte, parce que la nature la favorife, & parce qii elle contribue à l’équilibre du cheval : c*eftauffi celle que j’ai donnée aux chevaux dans les efiampes de ce livre , n’en ayant jamais vu d’autres anx-chevaux dreflés par d*babiles maîtres , au flioins en France.

D après Texamen réfléchi du fquelettc du che* val, diaprés une étude exaâe de toutes fes articulations , & de la tournure naturelle de chaque membre , il fera facile de juger que fi les os des jambes fent hors de la direôion qu’ils doivent avoir , néceffairement Tanimal eft prêt i tomber : or cette ëiro^on fA tncomeftablcmenc celle dans laquelle «oui|^ les furfaces des os fe.touchem autant qu’il «ftpoffible.Onfera de plus «on vaincu que cette h>ï n*eft point obfervée dans un cheval en repos, dont le «oi efi allongé , ou la tète encapuchonnée. ’ En eflet , fi on âève une perpendiculaire qui t>aflre exaâemeat par le centre des os de la jambe 4e devant du cheval , & que cete liene foit celle de fon inmx4on , le col étant allongé forme un poids trop éloigné de cette jambe pour ne la point fur» charger. Plus’le poids de latete eft éloigné d^ cette l)|ne perpendiculaire , plus il eft grand , parce qu’il eft plus éloigné de (on appui. Aulfi arrive*t-il que les jambes ne ibilt point placées lorfque la tète a une fi mauvaife attitude ; au lieu de s’appuyer perpendtculairexnent, elles ferment une ligne (à>lique, & vont fous le ventre du cheval, enforte ^ue le poitrail , les épaules , le icol & ht tête , font hors de la ligne d’appui. Il ne faut que des yeux pour juger de la défeâuefité de cette attmide fc de fon peu de grâce : elle déplaît même aux gens les moins iiHlrwts.

L’attitude de la« tête encapitchonnée a des dé- .fiiuts & des incoliyénients d*un autre genre. Ordinairement ces chevaux pêfent à la main ; & eiMnme leur tête & leur col débordent encore extérieuremem la ligne d’appui des jambes , ils les fatiguent « ’ cpioiqu’eiles foient bien placées pour l’ordinaire. Comme le* potds font très-mal répartis , ^les handhes font fort à leur aife, & pouffent la maflfe fur les jambes de devant , ce qtii augmente la{>efan«  teur natorelle éh ddvant. Lorfque le cheval ayant -vaimnr fes fortes de lliom Aie » appuie fur fon poitrail ft têtç -mal placée ,• il fe livre a fes caprices ’£ins que Thomme fiiiSk eiiëment s’y oppofer : M A N

d^aifleurs 9 court rtfque de s’abattre k chaque inf* tant. .

Cette pofition de tète a de plus l’iocbnvènîene que le cheval ne voit pas fon chemm , parce que la conformation de r^i*ne 4ui permet de voir que les objets qui font dans la direôion du rayon vi* fuel. Outre cela , f amats te mors n’a de véritables effets, parce que rien n’eft dilpoft félon les loîx de la nature. Le «cheval ne^faureit^re libre ni vraiment afToupli ; il travailk toujours fur les épaulés » & n’eft point tenu par le cavalier.

Quoique l’attitude «oppofée » celle oh le cheval porte le nez au vent , ne paroi^Te pas devoir charger les épaules & les jambes de devant y elle ne laiiTe pas de les fatiguer , parce que la pofition de fon col & de fa tête ne contribue point à les «foula* ger & à les enlever« Eacplîquons ceci. Les venébres du col font au nombre de (èpt ; elles font emmanchées Tune dans l’autre , de manière qu elles forment affez bien la figure d’une s. Les deux premières forment une courbure , ou s’arrondiflènt ; les deux dernières en font autant, & vont s’appuyer à la première des vertèbres du garrot. Si je veux enlever la tête du cheval , de manière qu’elle foit trop haute, & qSelle fe porte trop en arrière , nécefliirement fe déplie le haut de l’encolure-, en obligeant les deux vertèbres fupérieures i quitter la pofition qui leur eft la plus commode. Si je continue à tirer la tête en arrière » il fe formera dans l’encolure un faux pli ; les deux extrémités de l’encolure chercheront à fe joindre comme on voit dans les encolures de cerf ; & la dernière des vertèbres cherchera à fe féparer de la première du garot. C’eft précîfè !mem tout le contraire que nous devons defirer : car plus il y aura d’union entre les vertèbres du col, pkis nous ferons sûrs d’enlever toute la machine. Il faut tellement difpc^r la colonne des vertèbres de tout le corps , qu’en la prenant par le bout , c’efb-à-dhre par la tête du cheval, nous putfllons i’enléver toute fans aucune interraption | & qu^ enlevant la première , notre aâion fe commuilioue jitfqu’à la der^ nière. Or » pour arriver là , Texpérience , Hnfpection du fquelette , & la vatfon , nous apprennent que ce ne fera jamais en latffiim le cheval norter au vent ; car dans ce cas il n*y a que le col & la tête d’enlevés, & jamais le g^irot & le dos ne le feront ; moyennant eeb-le cheval fe fatigue 6iE s’ufe , comme on le voit touts les jours. Je fuis cepeodam d’avis qu’on emploie Quelquefois cette attitude lorfqu’un cheval a la tête atta«  chée «n oen trop bas. A faut diminuer un peu la 4’ondeulrduiiatttde l’enoolure, & faire prendre p s’il fe peut avec le temps , utie autre attitude è la tête t pour cehi , on enlève le bout du tie^ du che* val. De plus, lorfque le cheval s’encapuchonne i ce travail y remédie à la lokigue.

Si le clîevai pone dé kii-mêiKie le net an vent fans vouloir le baiffin* , c’eA une preuve de rot* deot o«4e foibl^i^ D«ns l’un 9t l’hutte cas^ o« M A N tmpidic tn France avec Aiccés la marcirrgale ; elle oblige le cheval de baîAer un peu le nés j & peu à peu 00 lui fait courber U tête.

L*ufage de la ouningale e& cris-boa ; maïs il ne hui pas prétendre trop csqptiver le cheval : retenu 01) il eft par U muferole , il déploie diiEcilement fon cot , & il n’eii jamaî&à ibo aife. U efl à propos de la tenir un peu aifée , fur-tout lorfque le cheval commence à fe bien placer» La^maniogaie , en affujettKTant la tctedu pioulain dans ks premières lef fons, donne àrhomme une grande facilité pour le contenir, & ^uc lui faire feiuir leffet de fa main. Il eft conftaot que dés au*un cheval a le ne& au vent I il peut emporter (on homine impHtoément* Nous obvions.à cet inçonTéaiem par la mariingalt ajuftée aarecdt&ernement.

Si je donne quelquefois k leçon de h tice haute au chevid pour Taccoutumer à fe grandir , je re* Tiens blentàt à Tattitude qui lui eft la plus naturelle &la plus belle, il la prend de lui-nv^mie à mefure quM acquiert de U force & de Tappui dans la main* Mais pour lexonduire là , il £iut de Taffiet te & Tem* ploi des jsunbes du cavalier. Car jamais le cheval ne fera bien pbcé , (i on confie à la main de la bride feule tout le foin & Tattitude du cheval. Il eft d’ailleurs très néceflàire que tout le corps foit bien difpofé pour que la tète folt placée*

L’attitude des chcyaux gravés qui accompagnent cet ouvrage y rend au . juife mon idée. Si on com* pare leur pofition avec celle des .chevaux gravés dans touts les anciens livres de cavalerie , on verra nne grande diflerence. On peut dire qu*il n*y a pas long-temps qu’on connoit la véritable attitude du cheval, à en .juger par les anciennes gravures. Car il eft à préfumer qu’elles om été deliinées d’après nature ; que Tanifte a rendu au moins les entembles s’il a négligé les détails » & que les grands hommes qui ont écrit fur cet art ont préfidé aux «ieffins» & ont voulu que leurs idées fuftem fuivies.

Lorfque te cheval eft placé comme je te defire , il eft dans tpuce fa. force , dans le plus bel enfemble & dans fongrand degfé de mobilité» Parcou» rons tout fon corps , & examinons comment cha*que partie eft difpofée par rappon à la tête : fup* pofons le cheval en repos*

Touts les os de Tépaule & des jambes de devant fe foutiennent parfaitement ; les deux jambes pofenc bieii & font dan^.k plus belle attitude ; le pied porte bien à plat & également de la pince & des talons. Si de rextrémtté de la pince on élevoit une perpendiculaîre , elle reneomreroîl • à quelque chofe prés , TorerUe du dieval ; afthrément le devant ne pèfe point à ttne ; rien ne déborde la ligne d’appni des jambes de devant , & toute cette mafle n a aucune propenfion en avant. La croupe eft aufli baffe qu’elle puifte Vétre > puifqu’eUe eft chargàt un prête à l’être ; les reins font dans la pofition où ils ont le plus de force ; leur extrémité eft appuyée. Avantage ^*eilen’a pas lorfque le chev» ! eft fur M A N t45

les épaules* Les jambes de derrière ne fom point éloignées de la croupe i & fi de lextrémité des foflés oaabaiiToit une perpendiculaire 9 cette ligné ne tomberoit fur aucune partie de la jamfie. Oa conçoit que le cheval bien poflc fur fes quatre colonnes, eft très^aifé à ébranler ; & fi, en marchant , il conferve fa bonne attitude , U fera plusr léger âc flus sûr dans là smrche.

U n’y a peint. de cheval, k moins quU ne ibit confiruift ridiculement , qui ne puiiTe & ne doive êtredifpoféainfi. S’il eft tréi-roide, ou trèftfoible , il fera plus de temps à y parvenir, maiitl y viend» entin.

On auroit tort de prétendre que cetsc attitude charge & fatigue les hanches. Car tout cheval aurss affez de force dans fon derrière pour porter fes épaules, fi, après avoir placé le devant, infenfiblement ^ par degrés, on n’afture pas trop la main » & fi on ne veut pas trop le renfermer. De plus on ne doit jamais oublier que la réfiftance que. le cheval trouve dans la main du cavalier qui larrété ou forme des demi- arrêts , eft un obftacle confidérable pour lui & une augmentation du poids qu’il a à re* letter fur les hanches. Si un cheval bien placé fe porte avant pour la main trés^légére, & qu on veuille zffurer un peu plus la main, l’animal fe recette d’au’* tant fur fon derrière , & par là le charge davantage. Si Tadlon de la main eft trop augmemée , alors le ctieval, trop chargé furies hanches, fe défendra. On doit donc proportionner la tenue de la main à la force des hanches , & on n’écrafera point lé cheval* Un cheval ne travaille jamais de bone grâce , à moins qu’il ne foit placé attifi : k mefiire qu’il s’affouplit, ons’apperç©it que fa pofition fc reâifie , & qu’il devient plus brillant.

Touts les chevaux ne fortcnt pas des mains de la nature affez bien conformés, pour que l’art les conduife promptement à la belle attitude : à moins que la proportion de touts les membres entre eux ne foit paffaite , il faut du temps & de la patience pour les bien difpoièr ; & encore n’arrire-t on poim à b véritable beamé , fi la nature cil Ingrate. Les chevaux font difficiles à phcer , foit à caute de la mativaife dtijpofition de la tète , foit à caufe de la conformation vicieufe de quclqtfautre partie» La tête attachée trop bas eft celle dont Tencolare remonte trop haut au-deâus de l’attache des deux oreilles. L arrondiflement que forment les deux premières vertèbres cervicales, s’oppofe à la vraie attitude. On en approchera à la longue ,aptùs avoir fait portei le nés au vent : il n’y a aucun rtfque i^detnner cette attitude jufqu’à ce que le col fe Srandiâfe & fe&tttienne de lui-même, car le bout u nex tombera toujours aflez..

Si la tête eft au contraire trop haute ^ Si que l’occîpul foit plus haut oue l’atlas, il fera dlfficiie de faire bflliifer le pcx. Pour y parvenir il faut ufer d’une martiogale courte, & rarrondiflement de l’encolure, vtemira de celui de la troifiémeÀde hs quatrième ùrtébre ; caràJa longue elles s arroar 144 M AN diffent lians leur longueur : maïs ce travail eft diiRciLe pour le cavalier & pour le cheval. Un grand nombre de chevaux ont beaucoup de ganache , & par là font empêchés de donner dans la main. Il faut avec ceux-là employer le même moyen que pour la conformation précédente ; ils arriveront enfin à la pofition. Obfervez que fi après avoir gagné ce pli , vous n*enlevez pas la tête , il poarra & faire que le cheval finifle par s’armer & t’encapuchonner. Je confeille donc d’enlever le devant en chailant les hanches > «fin que le cheval fegrandi/Ier

L’encolure de cerf oppofe des difficultés invincibles ; ilne faut point penferiy remédier. Le coup dé hache eft moins défavantageux : mais on oe peut jamais efpérer d*avoir une tête bien afiiirée. Le ^arèt bas , charnu & rond , s’il eft accompat gné d*epaules immobiles , erofies & mal attachées , s’oppofe àuffi à la bonne dilpofition du cheval. Ceft une règle générale que » u ces parties font trop altérées , le cheval a beaucoup de peine à enlever le devant, fur-tout fi les hanches font foibles. Mais, quelque bonnes que foient ces dernières, elles font bientôt ruinées par les efforts qu’elles ont à faire pour compenfer la pefanteur du devant. Les reins bas , la croupe haute , les mauvais jarrets , font autant d’obftacles que la^ nature oppofe à Tan. Si on vient à bout de placer de tels chevaux , ils ne gardent pas longtemps leur pofition , & ils font ruinés avant que d’être ajuftés. Choififfez donc toujours les plus belles natures :

eft défagréable d*employer fa peine & fes talents 

à contredire cette nature qu’il faut embellir fans la forcer. ( Cependant il eft mile de les employer à la reûifier ).

Pu cheval mené droit & du chtval ment plie. Le devant du cheval eft plus étroit que la croupe d’environ un tiers, Si on appliquoit une régie de chaque côté du cheval , les deux règles ne feroient point parallèles. Si on vouloit les mettre parallèles , il y auroit de chaque côté du cheval un intervalle égal entre la règle & 1 épaule de l’animal , dans ce cas9le cheval feroitbien droitd’épaule & de hanche. Un cheval qui marcheroit ainfi feroit à mon avis le mieux place poffible. Mais cette perfeélion n’eft qu’idéale. Il faudroit pour avoir une parallèle applicable à nos deux règles , que les deux côtés du cheval fuflent bien ésaax , que les jarrets enflent le même degré de reiiort , les épaales la même liberté , que les vertèbres fuffent fans aucune in* flexion d’un côté ni d’un autre* On juge que c’eft defirer TimpoSible. Mais quand la nature hbus offriroit un tel animal , quel eft récuyer affez habile , aft^ adroit pour ofer concourir avec elle à former ce droit fi parfait ? D’ailleurs cette direâion droite se pourrou fervir que furie droit , & non lorfifn’il faut tourner , ou conduire le cheval fur des lignes différentes : ainfi nous ne le trouverions pas facile è ounicr , fi unç épaule n’avançoiï phis «{lie l’^iutrç. M A K

Il eft vrai que fi on peut mener le cheval le plus droit poffible , on parviendra plutôt à mettre les épaules fur les hanches : mais dans les tournants » il faut de toute néceftlté que cette égalité cefiê. Penfons donc à profiter de cette indication de la nature , pour manier le cheval en tours les fens » & ne perdons point de vue nos deux règles parallèles.

A ciefure que le cheval fe plie , la difiance de l’épaule à la règle du côté oppofe au pli deviendra double , parce que l’épaule du côté du pli touchera à l’autre règle. L’articulation de la tête avec l’atlas , toutes les vertèbres cervicales & dorfales centri* bueront à cet arrondiflement , qui vient plutôt de leur part que de l’épaule de dedans ; celle*ci a une toute autre aflion. On fent bien que l’omoplate & rhumenis font des corps trop folides pour s’arrondir ; mais la pofition & le mouvement qu’ils adoptent contribuent à £ûfe paroitre arroncUes les par* ties extérieures du cheval.

Dans l’état de liberté du cheval , s’il va d’un côti il s’arrondit de l’autre : sll va à gauche, le pli eft à droite ; l’épaule gauche avance , & la droite , fort gênée , prouve que le mouvement de cette épaule eft rallènti. Auffi le cheval porte fur la partie non pliée , de manière qu’il eft toujours prêt à tomber. Pour obvier à cet accident qui feroit terrible pour rhomme , & afin de faciliter l’ufage du cheval , il faut le faire marcher du côté où il eft plié «  & ce plr doit venir des côtes. Si le col feul eft plié , le cheval n’en eft pas moins de travers ; & l’épaule de dedans eft toujours reculée. U faut la&ire avan^» cer ; par- là la jambe fera plus prompte à foutenir la mafle , & à fe porter où il âut Pour cela , il eft Î>lus naturel & plus facile au cheval de fiiire pafi !er ’épaule de dedans fur celle de dehors , que celle de dehors fur celle de dedans. Avec le temps & U fouplefte , l’une & l’autre manières font faciles ; mais la première eft la plus prompte & la plus commode au cheval.

Lors donc c{ue les j :ôtes font arrondies , l’épaule du côté du pli fe porte en avant, & eft toujours prête à devancer l’autre , enforte aue touts fes mouvements naturels foiu libres, ft le cheval efl dUpofé i les employer*

Voici les moyens d’amener le cheval au véritaV ble pli , gui n’eft cependant tel qu’après que les épaules font bien gagnées, §Lqiie l’épine du dos eft bien flexible en tout feus.

Duflï dtC^Aulif

Tout cheval, dans la conformtrion de fon col ; a des moyens de fe plier* L’^attache des Vertèbres cervicales , fouvent inégale des deux côtés , de mauvaifes habitudes , & d’autres raifons çneore, rendent ce pli plus difficile d’un côté que de l’au* tre ; cependant avec de la patience & de risteltigence on parvient à régaliier : égalité indtfpenfable , fi ou veut que le cheval fe mette dans les deux rênes* Lorfqu’çn a donné au chefal la pre» mièrc

M A N mlère f ôuplefle au bridon , U fe prêtera moins difficilement à plier fa tôte & foQ col pour h preffioa d’une rêne.

Après arolr placé le cheval devant lui » lui avoir enlevé la tête , & avoir formé fon équilibre , fcntez la rêne de dedans , en l’enlevant , & en la détachant du col du cheval ; mettez de la fuite & de la douceur dans la preffion du mors fur la barre : sûrement le cheval pliera le col. Le col étant plié, laiffez tomber la jambe de dedans , prés & le long des côtes , iàns la porter en arriére : vous obligerez parlà répaule de dedans de s’enlever & de marcher , & alors vous appercevrez rarrondiffement du pli. 11 ne faut pas lâcher la rêne de dehors t car le pli pourroit devenir trop confidérable ; alors il feroit faux , & les épaules ne (eroient point enlevées. Votre jambe de dehors empêchera les hanches de fortir de leur alignement , & fe réunira à celle de dedans pour porter Tanimal en avant. Les opérations qui déterminent le cheval à fe plier 9 ont des effets généraux & des effets particuliers , qu’il eft eflentiel de bien fentir & de bien dUcerner.

L*effet général des deux rênes eA d’enlever le devant.

L’effet particulier de chaque rêne efl , pour celle de dedans , d’emmener le pli en dedans ; pour celle de dehors , de le fixer au degré convenable. 1 L’effet général des deux jambes eft d*aligner la j croupe , & de porter Tanimal en avant. L’effet particulier de chaque jambe eft , pour celle de dedans , de faire avancer Tépaule & la nanche de dedans , & de plier les côtes ; poar celle de dehors , d arrêter la hanche qui voudroit échapper. Si rhomme Cent & diftingue tous ces effets néceffaires dans le beau pli , le cheval en doit faire autant. Mais pour l’amener là , il faut ne point brouiller les opérations ; il faut au contraire les lui rendre claires par la (implicite , & les faire toui

  • ours dans une direâlon qui ne change pas touts

es jours^ enforte que la répétition fréquente laiffe , dans le cerveau de lanimal^ des traces profondes ^ui ne puiffent s’effacer.

Dans les commencements on eft obligé de mettre moins de régularité & d*accord dans les opérations , jufqu’à ce que le cheval réponde bien à toutes en général, & à chacune en paniculier. Enfuite il vient au point de n’avoir plus befoin que d*êtrj ; avifé.

Pour accoutumer le cheval h fe plier lorfqu’il eft roideà une main , on baiffe la rêne de dedans , & on la fait beaucoup travailler , fufqu’à ce que le col foit bien affoupli.

Lorfque l’adion de la jambe opère bien » que le cheval conçoit ce qu’elle demande de lui , & qu’il fe plie jpour elle & pour les deux rênes égales , il eft confirmé dans le pli. Alors » aptes avoir égalifé les rên^s, on porte un peu la main en dedans ; enforte que les épaules fe détachent du mur, & le cheval eftl)ieh droit. Mais fi , pour augmenter 1^ M A N- i4f

pli , on femoit plus la jambe de detiors que celle de dedans Jes hanches iroient de ce côté,, & le cheval feroit ce qu’on appelle les deux bouts dedans. Ce pli eft faux , parce que le cheval ne peut pas faire un ufage égal de fes deux jarrets ; car celui de dedans eft plus chargé que l’autre , la maffe fe portant prefque toute deffus , & fon aâivité n’eft point redoublée à proportion. D ailleurs le cheval eft moins beau & moins i fon aife dans ce pli, qui eft généralement défapprouvé. Quelquefois les chevaux fe prefentent à un plî qu’ils prennent d’eux-mêmes , & fans les -opérations de l’écu^^er. Ce pli eft encore faux , parce que pour Tordinaire il dénote roideur dans la colonne vertébrale : il faut donc que le cheval fe plie pour l’homme.

Il arrive encore qu’après être demeuré plié de l’épaule quelque temps , û on lâche la jambe de dedans , cette épaule tombe ou s’arrête , & il n’y a j>lus d’arrondiffemènt que dans le col ; il eft sus qu’alors le cheval fe foutient bien moins. Il faut rappeller le pli par la rêne & la jambe de dedans. On a beaucoup gagné lorfqu’on tient bien les épaules : on n y parvient que par adreffe & non par force. Cela n’eft point aifé fu|[ les chevaux qui ont les épaules froides , ferrées , & même roulantes ; Il eft encore plus difficile de donner le beau pli à ceux qui ont le nez au vent , qui ont rencolure fauffe, renverféeâc penchante ; ces derniers n’ont jamais de grâce.

Le cheval fe plie-t-il librement « trottez-le fur le droit ;& de temps en- temps ranimez fa cadence par un appel de langue , & augmentez Teffet de vos jambes : mais que la main foit légère à proportion. On doit fentir alors que le cheval fe grandit & fe place mieux , qu’il s’embellit, & devient bien plus léger.

Il ne faut pas abufer de ces temps , ni les répéter trop fouvent : ils écrafent les hanches & ruinent les reuorts. 11 y a bien de la difcretion à apporter à ces moments , dont on dédommage le cheval en le relâchant enfuite un peu plus.

Des coins & des douhUs.

Deux murs dtfpofés à angle droit forment un coin. Prendre un coin , c eft mener fon cheval le f>lus près poffibledu fommet de l’angle. Comme e cheval ne peut pas devenir quarré , il ne peut i pour bien garnir le coin , que paffer fur une portion de çercje extrêmement petite : opération imf )offible,file cheval n’eft très-fouple ;trës-pcnible, orfqu’il l’eft ; m9is très-utile pour le confirmer dans le pli.

Pour bien paffer un coin , Tanîmal doit être dans le pli ’, fans cela on ne peut dire que le coin foie pris dans les règles. Conduifez le cheval plié , jufqu’au coin , avec les mêmes aid< ;s qui ont gagné ion pli. Vn inftant avant que d*arTiver , marquez un demi-arrêt de la main , fans changer le rapport des ^ides les unes avec les autres. Par ce demi-T i4<^ M A N arrêt, le cheval (e rafleoira , & fe mettra en force. Dès que vous le fenttrez léger à la main 6c bien fomcnu 9 augmentez la preiuon de vos deux jambes y fans que leur accord cefle d*ètre le même : par-là vous accélérerez Tsâion des hanches. Et comme le cheval eft déjà arrivé plié , il garnira le coin, &le paffera fans s’arrêter, ni fans changer la difpofuiort de Tes membres. A Tindant oii le cheval pafle le coin , il faut porter un peu la main en dedans , afin que les épaules fe remettent fur la nouvelle ligne qu’elles doivent parcourir. il arrive fouvent que le cheval , même bien mis , en paflant le coin lâche fon épaule de dedans , & ta poufle en dedans. Ceft une preuve que les vertèbres ne font pas adez arrondies , & Yéjpzule aifez tenue. Dans ce cas il eft à propos de forcer un peu de la jambe de dedans , & d’augmenter le pli avec les rênes , de manière que toutes les venèbres faffent , les unes après les autres , un mouvement de flexion en dedans » pour pafler fur une portion de cercle qu*on^ décriroit le plus près du fommet de Tangle formé par les deux murs*

Un autre inconvénient qu’on voit arriver, eft celui de lailTer échapper les hanches du cheval lorf- 4u*il a pafTé le coin : on fent alors qu’elles frottent le mur , & que fi elles n*en étoient retenues , elles échapperoient. Ceft une preuve qu’elles ne font pas aflcz chargées , ni aflez fixoes par les jambes de rhomme dan» la ligne à parcourir. On ^remédie à cet accident , en fentant un peu la rêne de dehors pour faire rentrer les hanches , & on les maintient dans leur ligne avec un peu de jambe de dehors , fi celle de dedans les range trop. Si cette dernière jambe peut être modérée , & fi , en diminuant fon effet , on maintient conftammcnt le pli , il futfira de la relâcher un peu ; alors les hanches , moins rangées , feront mieux dans la ligne à parcourir. Telle eft, à mon avis, la manière de pafler le coin. Ceft la plus brillante , parce que le cheval Ti*arrête point , & qu’il eft toujours dans le droic le plus parfait. Mais ces beaux momenfs ne font réfervés qu*aux chevaux fouples , liants , & pleins de bonne volonté. Ceut dont les épaules fon géqées, les reins foîbles & roides, les jarrets délicats ou douloureux , ne fauroient paner le coin régulièrement. Il faut d’ailleurs ne foumetrre le cheval à cette épreuve , que dans un ige & à un degré de fouplefte qui rïous fafTent efpôrer qu’il ne foufFrira pas quand on la lui fera fubir. Il y a des écuyefs qui , en paftant le coin, élargiffent le cheval avec ta rêne de dehors , & y portent l’épaule de ce côté, ’enforte que cette épaule fe rapproche du mur ; pendant ce temps ils dégagent le col & la tête avec la rêne de dedans , & tirent les épaules en portant la main en dedans. Mais cette complication d’a{)es nuit à la fimplicité du travail , & interrompt l’allure du cheval. De pluî, comme pous l’avons dit précédemment, en rapprochant du mur Tépaule de dehors, il y a un titrs des hanches qui’ untr’^cn dedaûs ; aiû£ le che* M A N

val eft néceflâirement de travers ; te pour remettre enfuite le cheval droit , îl faut que les épaules parcourent un grand terrein.

Par les moyens que j’indique , le cheval a toujours les épaules à une égale diftance du mur , Ipuifque le principe de mon paftage d» coin eft le beau pli bien gardé. Le col & les épaules , étant bien difpofés , y entrent facilement , & en’fonenr d’eux-mêmes : ceft à moi à ne pas laiffer tomber , répaule de dedans.

Pour accoutumer le cheval à fe foutenir & k bien garnir le coin , je l’exerce au pas , & je le tiens même dans le coin quelque temps fans en fortir, en le careffant, & en lui faifant comprendre , par la fixité de mes aides , que je lui demande , d’y refter. S*il force la jambe, & s’il veut mettre les hanches dedans , c’efi i moi à avifer aux moyens de lui faire refpeâer mes opérations , & de lui donner de l’attention. L’animal cherche fans ceffe à fe foulager ; & comme il fait tirer avantage de fes propres fautes même , dès qu il s’apperçoît que le , cavalier lui en pardonne quelqu’une, il eft prompt & induftrieux k en commettre de nouvelles. Des doublés^

Les doublés (buttes coins pris dans un endroit quelconque ; & ils fe prennent parles moyens qui font pafler le coin au cheval. Il faut Cçavoir doubler partout y & n avoir parbefoin d’un mur pour exécmer correâement.

Dans le pafTage du coin , comme dans celui da doublé , la jambe de derrière de dehors fatigue beaucoup. C’eft celle qui fert de point d’appui àr toute la mafTe ; auffi eft elle toujours prête à man* quer fon office, fi la rêne de dehors ne la fixe dans la poiition ou fon reflbrt eft bien compofé. La jambe de derrière de dedans fatigue moins. ’ Souvent lé cheval laifTe échapper fes hanches ^ & s’abandonne les épaules en dedans ; alors elles y vont trop, &les hanches ne les portent plus, il faut dans ce cas redreffer le cheval eo enlevant le devant , & en 1 elargiffant par le port des deux rênes un peu en. dehors. Dans ce moment la jambe de dehors fe fait fentir ; & file cheval y réfifte , il eu bon alors de le pincer de l’éperon y afin qu*il fe laifte foutenir par cette jambe.

Ceft une aaion difficile pour h cheval que détourner en s’arrondiffanr 8c en fe plaça m convenablement fur fes jambes. Cependant il faut être mai* tre de toutes fes parties dans cette aâion , fans quoi’ on ne peut être afTuré de pouvoir en tiret du fci* vice , ni de le conduire à fon gré. Di répaule en dtiànà le Ung du wmr ; Lorfque le cheval a été préparé par les moyens que nous avons donnés iufau*ici , on peut aifément le travailler Tépaulc en dedans Et il eft tempi de chercher adonner un affouplifTe ment complet à touis fes membres , en les maniant le» uns après les aunres.

M A N Je prîe d’oWcrver que le principe de tomes mes leçons cû toujours le beau pli de l’épaule , & qu’elles en dérivent toutes. Quand on ne donnera point les autres leçons» que celle du pli de Fépaule ne fou bien comprKe & bien exécutée par le ckeval , on aura la fatistaâion d’obtenir de lui une obéiflance prompte & facile.

Le cheval étant bien placé fur fes jambes, bien plié , Se autant dans les deux rênes qu*il fe puifle , je porte les deux rênes en dedans , en les enlevant un peu j par-là les épaules s’éloignent du mur , & le pU augmente plus ou moins, lelon que je continue à porter la main en dedans* Ma jambe de ce côté contient les côtes dans leur arrondi^Tement , & celle de dehors* travaille avec elle, mais plus foîblement, pour contenir les hanches, & porter Tantmal en avant.

Le cheval ainfi difpofô , j^augmente l’aide de ma ïambe de dedans. Cette jambe alors remplit trois tbnâions qu’il efl important de bien diflinguer & de bien fentîr : i^ Elle porte en avant , en excitant & en accélérant la contraâion des mufcles de Tabdomen ; i*. elle plie & arrondie les côtes , & elle •enlève Tépaule de dedans ; 3^ enfin , tout cela préalablement fait & exécuté, elle poufle Tanimal 4e ce côté. C’efi par ces trois fondions qu’elle contribue à la leçon de Tépaule en dedans. Celui qui <liflinguera bien par le taâ ces aâions différentes , les diminuera ou les augmentera félon le befoin : tel cheval eu. plus difficile à pliei :qu*à pouffer. Tandis que cette jambe de dedans agit , comme le pU eft néceiTairement bien maintenu , on emploie la rêne de dehors, (ans lâcher celle de dedans , pourélargir l’animal, & Tobliger d’aller de côté en faifant devancer les hanches par lés épaules. Le cheval contente nos defirs s*il paffe la jambe de dedans fur celle de dehors , & s*il place le pied de manière que U jambe de dehors foit oblîeée de fe dégager de deflfous celle de dedans pour former le fécond temps de fa marche. Ce qui sVxécute devant, fe fait derrière ; enforte que la mafle fe porte fur la jambe de dehors de derrière , & un peu fur celle de devant du même côté , tandis que les deux jambes de dedans font des mouvements circulaires trés-développés.

Pour exécuter ees mouvements à Tavant-roain , Tomoplatefe ferre contre la poitrine , & s*éLéve en portant fa partie fupérieurc en arriére ; Thumérus , par fa facilité à faire pivot-fic à tourner en tous fens , îe pone de côté en avant du Hernum ’, le bras & les ^s qui lui font attachés fuivent la direâion que lui ^onne Thumèrus, & lanimal chevale. Pour hes exécuter à ratrière-main , le fémur fe porte en dedans par ladduâion. Rico n*e&iî aiijè à concevoir que ces mouvemeats pour celui qui a quelques no«  lions d’anatomle.

Dans les commencements, on doit moins éloifpcv e$ épaules du mur, pour ne oas forcer le cheval : î tnefure qu^il prendra de VaUajjice^ qo «ugmeatess foa pli peu-à-peu« 

^M A N • 147

Arriva au coin , on redreffera le cheval fur l’aligneuient du mur, en dimi^nuant fon pli, & on paflera le coin ’, aprè^ quoi on reprencha la leçon de répaule en dedans.

11 eft rare qu’on ait befoin d*em ployer beaucoup de rêne de dedans peur plier le cheval & le maintenir , parce ou’il connoît déjà les fondions de la jambe de dedans qui le plie. D’ailleurs l’attitude de l’épaule loblige bien de fe plier. Du Pli Tcnverfé.

Tandis que mon cheval , en allant l’épaule de At{ dans le long du mur , fe perfeôionne dans fon pli, je lui donne une leçon oppofée , pour lui faire per«  dre la routine , & l’accoutumer a bien fentîr la rénc de dehors. Au lieu de le plier en dedans du manège, je le olie eh dehors avec la rêne de dehors , & je le fais cheminer ainfi en le contenant toujours avec la jambe la plus près du centre du manège, /augmente peuà-peu ce faux pli , & je fais faillir Tépaule de dedans , qui étoit de dehors avant ce pli , & qui devroît être rentrée , dans toute autre leçon , 1 animaF cheminant ainfi. Je ne prends pas les coins , mais je paiTe d’un mur à l’autre , en élargiflant mon cheval avec la rêne oppofée au pli.

Cette leçon prépare le cheval à ceBes de la IV^ clafTe , en lui facilitant les moyens de croifer la jambe de dehors fur celle de dedans , & déporter fur la panie de ce côté. Il faut éviter foigneuiemejit de laiffer le cheval s’abandonner fur cette panie de dedans : car alors il s’écrafe & s’atterre. On obviera à ce défaut , en enlevant le devant , & en le décidant bien en avant.

Si le cheval exécute bien cette leçpn , U efl tout acheminé à cellcde l’épaule renverfée, qu’il exéculera alors plus aifément. Quand nous aétaiileroi.s cette leçon , nous expoferons les aâions par lefquelles l’animal exécute celle- eu Dt FEpauU en dedans , dans le cencUt Dans la leçon de l’épaule en dedans le long du mur, les épaules du cheval travaillent plus que les hanches ; & le mouvement circulaire de la jambe de devant de dedans efl plus grand que celui de la jambe de derrière du même côté. Par le moyen de la même leçon donnée dans le cercle, on procurera aux hanches tout le développement qu’on, defire. Voici comme elle s’exécute.

Le ch«val étan^ fur Je cercle, mené comme notJS l’avons dit, on range, avecTaicle delajambi^de dedans ,. les hanches hprs du cercle que décrivent les épaules , enforte que les hanches en tracçnt un autre plus large que celui des épaules du cheval. A chaque pas on renquvelle l’aide, & on Taccomps* fne de celle de la jambe de dehors pour porter animal en avant & pour Tenlever ;.car à cette leçon tl cherche à s’arrêter & à fe mettre fur les épaules. Effe^Lvcment , coinmje c’efl la jambe de devant de dehors qui fait le moin^ de cheipin , le chey^ i9K0d à s’ap.piyrÂr «i^ffus , ^ même elle do^* Tîj

148 M A N meure au point qu^il cherche à toamer, & qti’il le feroit fi la rêne de dehors ne venoit au fecours pour élargir Tépaule de ce côté. La jambe de dedans de derrière du cheval travaille plus que les antres » puifqu’eïle parcourt le plus grand chemin , tandis que fa voifine fert le plus fouyent de point «Tapput. Aînfi Tobjet de cette leçon eft de donner du développement à Tarticulation du fémur & des «s du baffin.

Il faut obferver que fi Je cheval n^efl bien enlevé, il traîne la jambe de dedans ’de devant , & s*appelantit fur fa voifine ; qu*en outre fon travail eA mou, ft deftru&f du bel équilibre ; & fur-tout aue , fi Tarticulation fe dénoue dans rarriére-main , le ref- {on ne s^augmente pas , puifquHl efi alors peu comprimé ’^ ce qui eft contraire au but de tous ces monvemenci & de toutes les leçons la croupe en dehors, dont l’objet principal efl de donner la^ plus Î’rande élafiicité aux jambes de derrière » qui par là e fortifient, & deviennent d^an ufage plus sûr & plus agréable pour le cavalier.

On fait précéder les hanches par les épaules ; & après pHifieurs pas on remarque aue ces dernières ïbnr éloignées du centre, parce qu elles ontmarché un peu & câié : alors en rapponant la main en dedans on les y ramène. Si les hanches précédoient , la rêne de dehors , ou Tenlever de la main redVeiTeroit le cheval, & le ^laceroit comme il doit rêtre.

L’homme qui (ént bien, & que fait diriger fts opérations , fait avec un cheval fouple deux cercles ]iop interrompus te bien formés , l’un avec les lianches f Tautre avec les épaules ; enforte qu’à charpie pas les deux extrémités embraflient un terrein proportionné à Tétendue refpeâive des cercjes qu*elles parcourent : c*efi la perfeâion de cette leçon , fur- tout fi la cadence & Tharmonie des mou-

  • vements répondent à l’uniformité des pas.

Les chevaux fbibles des reins font marcher les hanches fans les épaules , parce qu’ils les prennent ë>ur leur point d’appui : c’eft un défaut très-grand, ans ce cas Tanimal nous avertit de différer cette leçon & de la donner modérément , car elle fatigue extrêmement Te train de derrière.

En eflet , lorfqUe le cheval travaille fur le droit , chacun de fes membres parcourt à-peu-près la même étendue de terrein a tous les pas ;^il fe charge de la maife & la rejette de manière à être foulage i promptement, & Tes efforts font partagés. Mais dans les leçons fur le cercle la croupe en dehors, le derrière , qui a plus de terrein à embrafier que le devant , eft chargé plus longtenrps fi l’animal eff bien placé, & la jambe qui travaille le plus a déplus Sranas efforts à faire , & eft plus longtemps hor^ e fon aplomb : car plus une jambe efl éloignée de fa voifine , plus elle eft fatiguée par l’exteniion des jnufcles & des ligaments capfulaires, & par fçffort des mufdes addudeurs dans Taâion de fe rapprocher de r^utre ; celle- ci même fouffre , parce qu’elle porte le poids bien plus longtemps. Ainfi y moins M A N

on donne d’éeartement aux d :ux jambes de devMi ou de derrière , plus on les menace , & phis on tient le cheval d’aplomb ; mais aulii, enles^loî* gnant Tune de l’autre, on développe davantage lar* ticulation & les mufcles qui la meuvent. Ceft à l’écuyer intelligent à régler fa leçon fur la nature de l’animal qu’if drefie. Onne fauroitlui donner de règles cenaines fur cela. * De r Epaule renverfée , fur la ligne oblique* La leçon du pli renverfé conduit à celle-ci & en eft le principe* Prenons donc le cheval allant i droite & plié à gauche. Au lieu de le faire cheminer avec la jambe qui eft la plus pies du centre du manège , laifiez-la fe mollir , & (entez davantage celle qui lui eft oppofée , & qui eft devenue par-là celle cie dedans , puifau’elle donne le pli. Enlevez les deux rèhes , en élargifiant de celle de dehors , & pouiTez le cheval de côté avec h jambe de dedans» Toutes ces aides bien enfemble feront données dans le même temps , fans dureté , fans à-coups & fans prefter le cheval ; car il faut que l’animal, avant que de fe décider , ait le temps de fe rafieoir & de fe mettre en force. La main doit travailler plus que les jambes , mais fans arrêter le cheval. Toutes ces opérations étant bien exécutées , oa fentira que le cheval marque un demi arrêt en fe grandiftant , qu’il s’arrondit , qu’il pafi !e la jambe de dedans de devant fur celle de dehors , & va la placer du côté du centre du manège. Enfuite celle de dedans de derrière en fait autant. Les épaules font bien plus éloignées que les hanches , du mur qu’on Quitte ; & fi on contiauoit ainfi , on formeroit une fuite de pas obliques , d’un mur à l’autre. Dans cette leçon ^ on obferve de poufter le che^ val de côté ; car fans cela il ne chevaleroit pas. Oa le met bien dans fon aplomb , afin qu’il ne fe culbute pas de côté ; & on ne donne pas. un pli exceffif au col pour ne point trop gêner i’aâion de la jambe de dedans.. Lk colonne vertébrale fe plie & s’arrondit pour la jambe de dedans de l’homme , 8i presque fans le fecours de la rêne , pour peu que l’ani* mal ait été exercé. Le derrière & le devant doivent s’accompagner i chaque pas » afin de former la li ; gne oblique*

De rEpnute renvtrpe , fur le cercfe. *^^ Si, après avoir accoutumé le cheval ï la leçoif précédente , on vent la donner fur le cercle, oir arrêtera un peu la main en ^enlevant & en élargiffant de la rêne de dehors : alors le cheval fe fixera davantage fur les hanches ; & comme dans cet inftant on donnera un temps de jambe de dedans pour augmenter le pli & potmer de côté, les épaules dé^ crirx>nt une portion de cercle autour des hanches ! En continuant on formera le cercle. On aura Uittention de toiijours élargir en ente* Vant, afin d’ailujettir les hanchts, fans quoi éllei oublieroienc leur principale fonâion, &lechevai M A N rraljieroît la jambe àc dehors de devant , an lieu de Tenleyer pour la faire marcher.

Dans cette leçon , comme les jambes de derrière font plas occupées à porter qu*ik embrafler du terrein » elles ne font pas trè$*fatî£uèes ; auffi leurs articulations ne s^affouplifTent-elTes pas. Les épaules au contraire travaillent plus ; mais comme elles doivent être bien enlevées , elles ont plus de facilité à agir.

Cette leçon , comme oale voit, efi moins ruineufe pour le cheval que la précédente ; & elle gagne plus les épaules, puifou’elles ont plus de mouvements à faire. Cefl auffi, à mon gré, une des meilleures de Téqnirarion , & celle qui rend le cheval le plus maniable en tous fens ; car sHl la cennoit bien y on pourra le mener de tous côtés fans aucune difficulté. On peut la donner au pas , an trot & au galop , fans miner les jarreis , pourvu qu’on s’y entende. Il n’en eft pas ainfi des autres. Jufqu’au moment où )’ai parlé de plier le cheval pour lui procurer la première foupleAe, mon travail étoit préparatoire , & devoit le difpofer à des leçons plus régulières , plus pénibles , & auffi plus propres à lui donner lextréme foupleife & le fini qui contribuent aux belles aflions. Jufques-là j’a* vois fuivi la nature avec attention, faifant luc- . céder les leçons les unes aux autres , félon qu’elle me les indiquoit, & chaque leçon fervantde bafe à celle qui la fui voit. Le cheval faifoit ainfi tous les jours de nouveaux progrès fans fe fatieuer. J’ai fuivi la même méthode à melure que mon manège eft devenu plus favant & plus difficile ; car la leçon du pli eft le principe de toutes les autres. Lorfque le cheval la connoit bien , il peut paiFer fucceffivement aux fuivantes , & par-là on le conduit infenfiblemem à- toutes celles dont l’objet eft de mouvoir l’épaule de dedans fur celle de dehors : but eftentiel des leçons de la troifiéme claiTe. Auffi avons -nous principalement fait agir cette épaule ^dans toutes les portions que peut prendre le cheval.

Ces leçons ont une grande reflemblance « foit pour les aides à employer , foit pour les aâions du cheval. S*il les exécute bien toutes aux deux mains, il a acquis une grande fouplefte » & on eft alors maître des parties de dedans.

Mais il refte encore à feire agir celles de dehors fur celles de dedans, ce qui eft plus difficile[ : & nous avons dû commencer par les chofes les plus fimples» 4l’auraqt plus que les leçons que nous venons de décrire , fervent* de bafe à celles que nous allons expofer.

Comme les premiers éléments nous ont conduits aux travaux dont nous avons dè)a parlé, je me fuis fait une loi de menre dans cet ouvrage uo ordre conforme à celui que b nature exige de quiconque veut la conduire à une plus haute pertec* tion en fuivam Us indications qu’elle lui donne* C eft ainfi que doit faire Técuyer , & ne pas entre- ^rçodre légèrement. uoç leçoi) quelconque, fans M A N 149

xvoîr obtemi préalablement les développements eiïentiels qui peuvent la faciliter. D’après ce principe , nous continuerons de faire fticcéder les leçons , les unes aux autres , dans lor* : dre le plus propre à foulager l’animal en l’inftruifaut. L’expérience fera voir que je ne précipite rien, & que par l’arrangement de met travaux | accélère les progrès , & même aue je m’affiire du fuccès. Cependant je ne blâme la méthode de perfonne , & je m’interdis toute critique : chacun a fa manière de voin

De tachèvtmêttt élu ChcvaL

Dans les leççns précédentes, la jambe de dedans du cheval a paiTé fur celle de dehors , & lepaule de dedans étoit* plus enlevée & plus portée en avant : l’épaule , la jambe & tout le côté de dehors étoient retenus & arrêtés. Il s’agit aâuellement de conferver i la partie de dedans Ton pli , fon arron«  diiïement , & de faire paffisr la jambe de dehors par*deffiis celle de dedans.

Acheminons le cbeval-à ce nouveau travail , en commençant par les aâions les plus faciles « fuivant la méthode que nous nous fommes prefcrite. Du Changement de main (Tune pifle» Le changement de main eft l’aâion par laquelle le cheval fe déplie & fe déplace d’un coté , afin de fe plier & de fe placer de l’autre. Pour produire cette aâion dans le manège, on quitte le mur où on eft, pour aller gagner le mur oppo(é & travailler à l’autre main. Le chemin décrit par le cheval ejft une ligne oblique.

Le cheval étant , le long du mur , bien plié & bien placé , à l’inflant deftinéà le lui faire quitter, on enlève les deux rênes, & on porte la main en dedans : par-là, le cheval eft fixé fur les hanches, il fe grandit , & porte les deux épaules en dedans , en les éloignant du mur. On contient fon pli avec la jambe de dedans ; & celle de dehors venant k l’aider , l’animal parcourt d’une pifte une ligne oblique , les hanches fuivant les épaules. Le cheval marchant ainfi , avance l’épaule de de* hors plus que celle de dedans , qui fe trouve par-là phis retentie & plus gênée. Le principal point d’appui eft la jambe de derrière de dedans : le reflbrt qui poufte & agit le plus , eft le jarret de dehors. Le jarret de dedans ntigue davantage . quoiqu’il n’ait • pas la peine de reietter la mafle nir l’autre ; mais comme il la porte toujours , la compreffiod continue lui eft fenfible.

Quelques pas avant que d’arriver à l’antre mur ; on travaille à chaneer le pli & les aides qui le donnoient. Pour cela il s’agit de fentlr la rêne de de* hors en relâchant celle de dedans. Le pli diminue, & change par ce moyen. On le décide par une prçG fioa de Ta jambe devenue de dedans , & par reole"> ver de la rêne devenue de dehors ; puis, avec les deux jambes approchées à l’inftant où on arrive au mnr^ on remet le cheval en avant.

Par cette leçon, on voit, que je déploie Tépaule iro . M A N • de dehors , qui , dans les leçons de If Iir clafle avoir toujours été retenue & reculée par la manière dont je pUots le cheval , & dont je faifois failhr Ion épaule de dedans. J’habitue ainfi l’animal a une action nouvelle, principe du travail de deux piites, & objet des leçons de cette IV clafle. ; Cette leçon-ci eft fort douce, & il ny a point de cheval , plié & un peu arrondi, qui ne Texecute facilement, ^ , . >. . .m • a jx-

Il n’en eft pas ainfi de la fuivante ; s il n eft déjà «agné dans les épaules , il Te défendra : mais on préviendra fes caprices avec Tatiention de ne la donner qu’après avoir obtenu de lui une entière obeifûince aux leçons de la troifième claffe , & en ne lui demandant que ce que la nature lui permet de feirc , &. ce que l art lui a appris par gradation. Des Ckangemnts de mains àt deux pifits. Je commencerai par avertir que les aides dont je viens de me fervir, ne font pas celles que j emploie lorfque le cheval a acquis toute la fouplefle & toute rintelligence que je defire : mais elles étoient les plus propres à IV conduire. Ceft pourquoi ie diûingue’le cheval mené de deux piftes pour U ïambe de dehors , & le cheval qui s’y porte foutenu de la jambe de dedans. Je confeille la première ’ manière pour commencer : avec Tautre , on finira, on ajuftera & on perfeftionncra le cheval. Pour aller de deux piftes ♦ il faut que le cheval i>1ié , porte la jambe de dehors un peu en avant de ’autre, en croifant plus ou moins par <leflîis ; & Îue la même chofc s’exécutant dans le train de erriére , celui-ci foit détaché du mur en mêmetemps que le devant, & l’accompaene toujours fans quitter la difpofition première qu on lui a donnée. Voici mes opérations pour la jambe de debors.

Chaupmnt dt main de deux piftes pour la jambe de dehors.

le marque en demi*temp$ d’arrêt ; ]t détermine ks épaules en dedans j en enlevant la main , & en détachant & fentant la rêne de dedans « & je place le cheval dans l’attitude de l’épaule en dedans. Je le contiens avec U jambe de dedans qui garde le pU : puis je laifle tomber pins ou moins fort ma jambe de dehors , qui force la croupe du cheval i aller en dedans. Rendons compte des motifs de ces opérations.

Si répaule de dehors n^dl enlevée & avancée , la jambe de ce ràté né pourra chevaler : c’eft la raifon de l’enlever des deux répes. Si Tépaule de dedans , qui concourt au pli » & qui par cette difpofition tend à avancer, n’eft retardée , elle s’oopofera k la marehe de la jambe de dehors ; cVft ce qui oblige de fentir la rêne He dedans. Comme tout le ^oids fe porte fur la jambe de derrière de dedant , fans l’aâion de ma jambe de dedans elle per droit fon reflbrt , & fans une forte preffion de ]>ide de «u jambe oppofée , Us reins ne s’arroiroiroient M A N

point, & la croupe n’iroit pas eh dedans, parce que l’animal n’a pas encore Vidée de ce travaîL Les premiers jours il refufe d*obéir à la jambe de dehors ; il eft bon de lui faire fentir l’éperon afia aifil ctaigne cette jambe, & en même temps «a nxe fon pli , en aH’urant & en détachant la rêne qui le donne. On répétera’ces aides jufqu’à ce que le cheval s’arrondifle volontiers. Alors il ne r^îTtera plus à la jambe , & il la prendra bien. On doit alonger ces premiers changements de main , afin qu’il s’accoutume à les faire bien ea avant & fans fe tenir ; d’ailleurs cela le foulage. Il eft à propos que la jambe de dehors chevale cornplettement , afin de faciliter cette aâion ; ainfi , oa donnera au cheval tout le temps d’agir (ans le prefler.

Ceft ainfi que je prépare le cheval. Je conviens

![ue ces opérations ne le mettent pas dans tin parait 

aplomb ; car pour qu’il chevale, je fuis obligé de lui donner un très-grand pli avec ma rêne de dedans , &. de contenir les hanches avec la jambs de dehors , ce qui le met les deux bouts dedans. Mais il n’y a pas diantre moyen de réuffir & de Tacheminer à un travail plus parfait. Le cheval , il eft vrai , s’écrafe fur les ]ambes de dedans ; mais il arrondit la colonne vertébrale & dénoue Tépaule de dehors. Ceft à moi à ne le pas tenir trop longtemps à une leçon défeâueufe , qui n^eft utile que pour un temps.

Chargement d^ main de deux piftes pour lajamhi de dedans.

Ceft ici une autre combinaifon d^aides, & d’au^ très réfultats dans les aâions du cheval. L’animal. ira de deux piftes fans chevaler , en po«’ fant le pied de dehors un peu en avant , & vis- a vis de celui de dedans ; & Tépaule de ce côté fera déployée, autant qu’il fe pourra, afin que tout mar* che enfemble.

Pour y parvenir , après avoir redreffé & enlevé le devant avec les deux rênes , je fens un peu celle de dehors ; je chafle de la jambe de dedans , & je laifle tomber l’autre très-doucement Ma rêne de dedans n’a que très-peu d*aâion , & elle ne fertque pour l’enlever du devant ; à moins que le pli ne fe perde , ou ne diminue trop. Mes aides dominantes font ta rêne de dehors , qui arrête ce côté & fixe fa mafle fur la jambe de dehors ; & ma jambe de de* dans , qui plie & enlève l’épaule & accélère Tac* tion de la jambe du dieval par la contraâion dea mufcles abdominaux, qui , étant touchés , fe cony traâent toujours. Il ne faut pas croire que la rêne de deherfineiie en dedans ; ce n’c^ pas fa fonâion : mais les deux épaules étant déterminées à %^y por» ter , cette, rêne ne fiaiit. qne rmatder la «iari :he de l’épaule de dehors. Cela éttant fait , la craint» qoe lo cheval aura de l’épecon de dedans Ttogageia i y porter les hanches , amis fans fe fetter fur U jarret de dedans » parce çiue ce jarret , dont l’aâioo efl augm^ptée |iar ma jaiphe de ce câfcé » jie rcik pa^ M A N ^ longtemps uns ïe mouvoir , & îl te (ait en flnrïift. D ailleurs avec le foin de poner toujours la main ^ù Ton va , on fait devancer les épaules. On diminue auffi cet arrondliTement total qui mettoit les deux bouts dedans » & le cheval m dans un vérîtable équilibre mobile en cous fens : preuve qu*aucun membre n^eft exceffivement chargé. Dans ces leçons , c*eft la ^ambe de dedans qui t’élargit » & qui par conséquent fait une aâion Su’elle n*avoit pas exécutée jufqu^à préfent. Ceft onc encore un mouvement naturel que nous perfeâionnons.

Rien n*eAplus propre que cette leçon à bien faire connoitrè les jambes à un cheval ; carTaâionde celle de dedans, qui ne doit pas le laiiïer en repos qu*il ne fafle bien cheminer tout ce côté , redouble fon attention « & augmente fes reflbns. Tout che^ val peut l’exécuter » mais plus ou moins bien felon la bonté de fes épaules ; car fi elles font libres, le derrière eu toujours a/Tez boA, Avec le temps il fe placera , & fécondera aiafi le devant. Comme le propre de cette leçon eft de faire cheminer le cheval autant en avant que latéralement , ranimai larigue moins qu*à aller uniquement de côté : ainfi on peut la repéter trés-fouvent, mais fans exiger trop à-la-fois. S’il parvient à la bien exécuter, on pourra alors lui faire fuir les talons dun mur à l’autre.

Du Travail d< cUHun Talon fur tautru Dans la leçon précédente , le cheval » en allant de côté, gagnoit au terrein en avant , ce qui donnoit à fes épaules une efpéce de déploiement , en même temps les jarrets étoient moins de temps dans l’état de âexjon , & tout le reflbrt étoit moins longtemps comprimé de fuite. Ici il eft tenu plus ftriâement fur les hanches : dans la détente du reiTon , il ne poufle pas la mafle fi en avant , elle retombe dans le même endroit ; & les épaules , après avoir pris la pofition conforme à la direflion C|u’on prétend leur donner, n’en changent pas, jufqu’à ce qu’on ceffe le travail. Voici comme j’opère.

Après avoir mis le cheval très droit, je le plie comme à l’ordinaire : je marque un demi-arrêt ; je porte avec les deux rênes les épaules un peu en dedans , afin qu’elles marchent les premières , puis en animant Te cheval , je laifle tomber mes deux jambes comme dans la leçon fuîvante, avec cette différence que leur ufage principal eft de maintenir l’animal dans fon attitude , car elles ne doivent point accélérer fa marche , puifque l’effet de la main eft fur tout dcrejetterla mafle furie derrière , en arrêtant le devant , & en lui prefcrivant la route qu’il doit fuivre. Le premier temps étant bien fait , touts les autres pas fuccèdent aifément avec les mêmes opérations.

Si 1 homme ne confêrve pas la plus grande régularité, Taplomb le plus parfait & le fouticn le plus égal dans fa pofition, il rendra le cheval incenain M A N ïa

& înexaft dans fon travail. Le cavalier bien maître de fon propre équilibre , ménagera la preflion dô fes cuillès , car iouveni elles agifient trop , & pai> là , portent trop en avant ; ils enfuit que l’animal ne peut pas saiieoîr comme il convient pour cette leçon , qui exige de fa part an équilibre parfait ^ lequel eu perpétué par rexécution du cavalier 6e par le mouvement des jambes du cheval , qui s’écartent peu & font très-voifines de leur poinrd’in* nixion : ce qui fuppofe delà part une grande fou-* plefle , & de la part de l’homme une difpofition , dont l’objet foit de foulager l’animal par une jufte répartition de la mafie fur fes appuis. Il le maintient dans cette jufteffe,par un léger anouchement de fes jambes, qui ne font que diriger & foutenir. Souvent la volonté du cheval eft fi grande , qu’il fe porte trop de côté & trop vite : alors notrç jambe de dedans acquiert une deftination que nous ne lui connoiffions pas ; elle arrête le cheval, en la lui fai*fam fentir ferme. 11 trouve alors une force qui ar-’ rêre fon ardeur, il fe calme, fe rejîlace, & fe laifile guider au gré du cavalier. S’il vient à pouiTer les hanches en dedans , & à les fiaiire marcner les premières , Taide de la jambe de dedans l’arrête ; & fi en même temps on porte les deux rênes en dedans, on y conduit les épaules, & l’animal eft droit autant qu’il fe peut.

Ce travail doit fe £iire de bonne volonté de !» part di) cheval : s’il faut le forcer, en ne réuftir» pas.

Si je veux reporter le cheval fur l’antre talon ^ voici mon procédé. Etant à Tautre main , je le porre en avant deux pas avec ma jambe de dedans qui arrête fon allure de côté ; en même temps je l^e redrefle dans mes deux rênes, jedéfais fon pli, je le replie à l’autre main , & , en portant les deux rênes en dedans, je le fais cheminer conune s’il commençoit la leçon. ’

Ceft un bon moyen pour l’accoutumer à être attentif, que de varier le lieu de ce travail , de l’ar^ réter , de le reprendre, de le changer de main dans touts les endroits du manège , afin ^léviter toute routine» S’il en contraAe , il ne travaille plus que pour lui , & il oublie les ordres de fon maître. Ceft une règle gêné ta^e, que pour changer l’é^ tat de la leçon qu’on donne aâueltemem au cfae* val , il eft néceœtire de le redrefter , pour lu^ donirer une autre difpofition. En effet , il eft oblige d’arranger fes membres relativèmesirau travail ^li’ii exécute : tel ordre convient alors , qui s’oppoiêroir à une opération contraire. Pour l’y conduire, & ihême lui faciliter quelque leçon que ce foit, il convient de le mettre dans la fituation d’où elles dérivent toutes : cette pofition eft d’être droit d’é» paule & de hanches ; alors on donne au cheval tel pli qu’on defire , & on le manie avec facilité. Il eft expédient de changer fouvent la leçon au cheval , de le faire paffer d’un travail à un autre fans le laiffer s’accoutumer à un genre d’exercice i il s’y endort & perd fon attention.

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M AN DclatiteaumxfC

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" Après cette leçon , nous faifons paffer le cheval à une autre plus Ariâc & plus pénible. Au lieu de le porter de côté, d’un mur à l’autre , fans captiver fa marclie en avant autrement que par la main de la bride , ici il trouve l’impénétrable réfiftance 4’un mur. A cela prés les opérations ont le même rapport que ci-deflus , feulement les jambes font plus d’effçt que la main > par la raifon uinple que le mur engage plutôt le cheval à reculer qu’à avancer. Le but de cet exercice eft d’obliger le cheval à s’afleoir de lui-même & fans le fecours du mors. Bien des écuyers défapprouvent cette leçon : je crois qu’elle peut être utile dans bien des cas , & qu’en l’employant avec difcrétion , il peut en refulter beaucoup d’utilité ; mais il faut une* grande prudence*

La leçon fe donne d’une extrémité du mur à Vautre , par les mêmes moyens ; & alors on redreffe le cheval , & on le met ï l’autre main , coqime dans le travail précédent»

Si on veut paffer le coin, & remettre le cheval fur l’autre mur , voici comme on s’y prendra. On contient les hanches de droite 8c de gauche , ^ar l’approche des deux jambes ; puis en enlevaiit

  • ps deux rêpes , &en les portant en dedans, on fait

décrire au ;c épaules une portion de cerde plus grande que celle des hanches. En trois ou quatre pas au plus , on a paffé le coin , & on fe trouve à un autre mur.

On doit éviter , en paffant le coin , que le cheval ne s’accule, au lieu de fe porter en avant : U ipain légère & douce y remédiera. S’il vient à laiffer échapper Tes hanches , on les contiendra avec la jambe de dehors : mais il vaut mieux prendre toutes les précautions pour les maintenir, que de fe voir réduira cet expédient.

Il faut dans cette leçon fe foutenir fQirmême, o ; çonferver foigneufement la bonne pofition ; car^ fi on perd le centre de gravité du cheval , on arrête fa belle exécimon. Il eft contraire au bel cnfemble , dejetterlesfeffesendehors : la règle générale en ^out , eft de fe placer de n^anière que la colonne Vprtébrale foft d’aplomb f)ir celle de l’animal^ P.c la croupi 4U mur^

Quelques écuyers préfèrent la leçon de la croupe au mur à celle que nous venons de décrire , parce quelechevalmanoeuvre parles aides de l’homme , & qu’il n’etl pas contenu par le mur : cela eft vrai j mais cet avantage eft également procuré par la le-S

d’un mur à l’autre. Celle dont il s’agit n’en 

ffère que par le paffage du coin , que je fais ainfi. Arrivé à Tendroit où je veux le prendre, j’enr lève la main pour affurcr le devant , & le porter fur les hanches ; alors je les pouffe en dedans , de forte qu’elles décrivent une portion de cercle plus grande (jui ? celle desépaulçs, dont je dimipuç Iç M A IC

pu , & que jeVallentis par l’effet de la itiaîd : ’^s Jm cmitinue ma leçon.

X)n a foin de tenir le devant comme fufpendu , afin qu’il ne devienne pas le pivot autour duquel tourne la croupe.

Nous avons en vue , dans nos précédents travaux , de perfeâionner , par une habitude artifi^ cielle, les mouvements dont la nature a doué le cheval. Nous defirions les développer , les rendre complets , & les approprier aux (ervices que nous attendons de cet aniùial. Notre projet eft-il rempli } notre fpéculation & nos fuccés font-ils d’acr cord ? Pour en juger , confrontons les mouvements de la nature encore brute , avec ceux que nous ont procurés les leçons du manège.

Chacune de celles que nous donnions à l’animal avoit pour objet principal Taffoupliffement d’un membre. Nous avons d abord placé l’animal fur fes jambes •, conformément au méchanifme de (ts ac«  tions naturelles : nous avons en fuite donné à fon col , par le moyen du pli , à fes jambes de devant & de derrière , ainfx qu’a fa colonne vertébrale » toutes les flexions & les mouvements indiqués par la nature , & que le fecours de Tanatomie nous a fait connoitre. Nous avons varié les attitudes du cheval , afin de l’obliger à varier fes aâioqs ; & par-là il nous a été poi&ble de les perfeâionner toutes. Nos moyens Ôc nos opérations ont été les plus fimples & les plus relatifs aux fenfations du cheval , ainfi qu’à la conformarion de fon fquelette«  Jamais nous n’avons voulu produire des effets f^ar hafard : le raifonnement nous a conduits ; & noua avons exigé de l’animai une obéiffance telle que fa nature le permettoit.

Nous n’avons prefcrit aucun terme pour obtenir de lui cette obéiiiance. Prétendre le dreffer en peu de temps ; fixer une époque pour donner une le^ çon , ik paffer fuccefBvement par touts les degrés ; efpérer amener touts les chevaux au même point 2 c’eft ignorer l’art & la nature. Il eft difficile de par-r venir à bien finir un cheval d’un bon naturel , â moins de deux ans d’un travail fage & réfléchi ; fouvent même ce temps ne fufSt pas. Cependant on peut tirer du fervice de l’animal , fans qu’il ait acquis toutes les perfeéKons de Tare. Mais on ner doit pas regarder comme dreffé celui qui n’a d’autre avantage que d’être affoupli par les ufages journaliers , quoiaqe fon utilité foit plus réelle. Un cheval bien «ni, bien juftè, & brillant dans fes mouvements , prouve l’art du cavalier , 8c la facilité qu’il a à trouver des reffources dans Tanimal. Xfis ménagements & la modération de l’écuyer dans fon travail, font plus propres à accélérer les progrès du cheval que des leçons longues & fouvent répétées. La douceur & la patience déterminent mieux cet animal à obéir que les coups & le$ procédés violents. L’expérience engage l’homme à fe fervir de la voie de la perfuifion : il femble que le cheval fe rende volontiers aux bons^raiteipentSt Çc qu’ils é|endçpt fon intelligencç, M AN -^ ’ OV MAHiOE. ( Thikoux)

La furface d*iiji maséee préfente un quarré long , entoaré d*im mur» & formanr quatre angles droits , qu*OQ nomme les eoîns. Ainfi , pour afleotr un man&e j-éguiîer , il faut en tracer la largeur lur la moitié de fa longueur. On nomme Izpifte gggggg le chemin que les chevaux frayent le long damur. Vers Tun des bouts, & quelquefois aux deux extrémités . du manège » on trouve deux piliers hhhh y hauts de fix pieds, efpacés de cinq, & plantés au milieu de la portion du terrein qu*ils ■occupent, afin de ne pas gêner la manœuvre qui s*exécute fur la pifte. C)omme le chef de Facadémie fe tient ordinairement aux piliers, on a foin dy Aifpendre le fouet d’nfage au manéee ^ diftingué par le mot chan^rière » dont il a feulle droit de, fe fervir i î. L’utilité des piliers ne fe borne pas Ik marquer la place de Teaiyer , & à foutenir la chambrière » leur véritable deftination eft de recevoir un cheval dreffé k fauter , qui en retient le noin de fauteur dans les piliers, fur lequel on éprouve la tenue perfeâionnée par la grande ha* bitude du trot. Pour ne rien omettre de ce qui entre dans la conflruâion d*un manège, il nous refte à décrire la levée A Ac , qui eft un eÂ)ace quelconque réfervé en’dehers des limites de la camère, Dii les acadéfflifles , lorfqu’ils font montés à cheval , viennent attendre Tinflant de commencer leur leçon , & d^ ils peuvent examiner tout ce qui fe psme dans le manège*

Cçmminî on y reçoit la Leçon»

CeA récuyer qui nomme le cheval qu’on doit monter 9 car les chevaux de manège ont chacun leur nom* Alors un palefrenier va chercher ce cheval défigné, qu*il amène jufqu’à la porte do la levée i, en le tenant d’une main & une courroie -d*étrier de l’autre. Si les felles à piquer , qui fervent au manège y font dénuées d^étriers, en revanche elles ont un pommeau oit le palefrenier accroche l’étrier poiKcheffiflifls qu’il apporte, & qu^ljie remporte qu’aprâ qu’on eA totaUement arrangé fur le cheval. Enfuite on vient prendre place dans la levée. Pendant nue le nouvel élève attend l’ordre d’entrer au manège , il ne tient qu’à lui d’employer utilement l’inaâion ou il eft contraint de reâer , puifqu’attentif àla leçon dont il eft témoin , il fe met en état de tirer tout le parti poâible de celle qu’il s’apprête à recevoir. Sans cette précaution , étonné de la rapidité d’une allure avec laquelle il li’eft pas encore familiarifé ; occupé , d ailleurs , du foin de conferver la juftefle de fa pofition , il pourroit comprendre auez difficilement certaines expreffions confacrées par Tufage , & , dans Tincertitude, béfiter à futvre les confeils qui lui fe» rotent adreflés en langage d’équitaiion. Au lieu qu’ayant une entière connoiflance de la forme ordinaire an canevas d’une leçon , il fait d’abord qp’iin écolier monte fucceffivement trois chevaux » E^uitaùon , Efcrime & Danfe.

M A N IJ3

fur chacun defquels il fait deux temps de travail , appelles reprîfes , parce qu’ils font (eparés par ua intervalle ; qu’ainfi la totalité d’une leçon comporte fix reprifes exécutées fur trois chevaux diffé^ rents. Il fait enfuite que chaque reprife eft coupée par deux changements de main, enforte qu*entamée de gauche à droite, après la première divifion elle fe continue de droite à gauche , jufqu’à ce que le fécond changement de main oblige ii la finir telle Îp’elle a été commencée. Il fait enfin que , nonçnlement le dehors eft le côté de la pifte qui r^no le long du mur, &, conièquemment , le dedans celui qui borde le manège, mais encore que cettea dénomination pafle alternativement à toutes leu parties du cavalier & du cheval : c’eft-à-dire , qu’ao commencement dé la reprife , où Ton fuit la pifts de gauche à droite , le dehors eft i gauche ; qu’aprèà Je premier changement de main, le dehors pafte ; droite, puifqu’on chemine de droite i gauche’ finalement qu’à h fuite du Second changement " toutes chofes étant remtfes dans leur ordre pri mitif , le dehors fe retrouve à gauche & le dedan^ à droite.

Cette digreftîon finie en même temps que la mencer fa leçon. En coniéquence , ce dernier raffemble fon cheval , & le porte en avant pour ouvrir la première reprife qu’il entame, ainfi qu*il eft d’ulage^ en fuivanc la pifte de gauche à droite. Comment onfalue.

Chaoue fois qu’on commence une reprife , on a pour habitude de faluer l’écuyer. Outre la défé^ rence aui lui eft due« cette coutume honnête ap ? prend à faluer avec erace & fuivant les règles do réquitation. A pied , c’eft avec la main gaucho qu on ôte fon chapeau ; mais le cavalier fe fert do la main droite , attendu que la gauche^ remplie par les rênes de la bride, (e trouve chargée du foin de diriger le cheval. Ainfi , lorfqu’on pafte devant celui oui tient la chambrière , on abandonne le bri* don placé dans la main droite , & on élève le bras qu’on arrondit, en ployant fucceflîvement les jointures du coude & du poignet , jufqu’à/ce que la main foit parvenue à la hauteur du chapeau. Tant i que cette préparation fubfifte , il faut kifier la tète immobile , dans l’appréhenfion qu’on ne la foupçonne de venir au-devant de la main. Après avoir enlevé le chapeau , on déploie moëUeufement le bras , en obfervant, cette fois, de fiiire jouer la jointure du poignet avant celle du coude , & on defcend la main qui apporte le bouton du diapeau direâement fur la cuifi^e , afin «que le fond foit tourné du côté des épaules du cheval , 8c que la ’ forme regarde les hanches. La méthode enfeignée pour faluer ne doit paroitre minntieufe dans fes détails , qu^autant qu’on ne fait pas attention à la gaule qui eft reftée dans la main droite. Mais fi o% ,

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M A N réfléchit que.le cheval n’apperçoît jamais l’Snftmment de fa correâion, lans chercher à le fuir, alors on découvre la néceffité de ces prétendues bagatelles «qui tendent toutes , & à lui dérober un fpeâacle auflî défagréable » & fur-tout à éviter les l^ouvements défordonnés que l’attouchement in* volontaire de la gaule pourroit lui occafionner. £n «fFet, lorfqu*on la fuit dans fa route, depuis Tiriftant où la main droite lâche le bridon , jufqu à celui où elle apporte le bouton du chapeau fur la cuiffe » on voit la gaule , toujours en oppofition avec le pouce de ceite main , s’éloigner d’abord infenfiblenent du cheval , à mefure que le bras s’élève pour s’approcher de la tète du cavalier, & paiTer enfuite au deffus delacroupe, au moyen de fa direâion horifontale au pouce, que le cavalier ramène pour lors fur fa cuifle : eofone que la rondeur de cette partie forme une élévation qui empêche nécefTairement la gaule de toucher , foit à la hanche, foità la croupe du cheval.

Ce n’eft pas feulement dans le choix de la main , avec laquelle on ôte-le chapeau , que la façon de faluer d’un homme à pied diffère de celle ufnte par le même homme à cheval. Le piéton ne s’en tient Îias à fe découvrir , il baifTe par gradation la téie & e corps Mais le cavalier , qui ne doit connoître aucun prétexte pour déranger la perpendiculaire du fian, n’incline pas même la réte qn il fe conrente de tourner pour regarder celui qu’il falue. Auflîtôt qu’<Hi cfl totalement paiTé-, on replace la tête direâeà ce’le du cheval , afin de fe conformer au précepte qui enjoint de regarder encre fes oreilles la pifte qu on veut lui faire fuivre : puis on relève le bras , & on remet le chapeau , fans omettre aucune des précautions prifes pour Tôrcr. Enfin on redefcend le bras pour reprendre le bridon. Quoique , dans leurs recherches , les inventeurs du bridon aient moins confidéré l’aplomb du cavalier que celui du cheval , cependant les élèves , en attendant qu’ils {.’.bent 1 employer à ce dernier ufage , doivent continuera fe fervir du bridoji, afin de placer , à la même hauteur , les deux mains également occupées , & pour que les deux épaules , maintenties direéles à la ligne qu*on décrit , confolidént la juftcfle de la pofition , en confervant le haut du _ corps perpendiculairement affis fur le milieu du corps.

Prendre un coin qui ft pri fente à gauche* Dès qu’on s’aflujettit à fuivre exaâement le plan d’un manège , on contraâe auffitôt l’obligation tacite de faire pafler le cheval dans les quatre angles qui bornent la carrière : convention apparemment ignorée de touts les commençants , car. ils arrondifTent à tel point l’angle droit qui forme chaque coin , qu ils on font un angle obtus. Mais , comme l’élève diroit avec raifon qu’il ne peut foufcrire un ’engagement dont il ne connoit pas l’étendue , on va lui détailler les circonflances qui accompagnent i’cvolutioa ordinairement appellée prendre un coin, ’M A N

& lut démontrer qu’elle cenfi/le à faire entrer le cheval dans chaque angle , & à l’en/aire fortir : Or , pour qu’un cheval entre régulièrement dans un coin , il faut que fa jambe de devant du dedans s^a-» vance la première dans l’angle , fur la pointe ditquel fe pofe enfuite fa jambede derrière du dehors ^ fit, pour qu’il en fortes, il faut que ce foit par le chevaler de la jambe de devant du dehors , fuivi du port tranfverfal de la jambe de derrière du dedans* Avant que de fe mettre en devoir de difpofer les deux bipèdes du cheval , conformément aux conditions qu’on vient de prefcrire , on doit fe rappeller que les reprifes entamées de gauche à droite o£^ irent , pendant toute la première main le mur k gauche , ainfi que les coins à prendre ; enforte que non-feulement le dehors repréfente le côté gauche , & le dedans prend la place du côté droit , mais encore que les numéros 2 & 4 déiignent actuellement les jambes de devant & de derrière dit dehors , tandis que celles du dedans font remplacées^ par les numéros i & 3. Il n’eft pas moins intéreffant, cerne femble, de faire oDferver la parfaite analogie qui exifte daps l’arransement des jambes d’un cheval qui tourne de gauche à droite , avec la combinaifon des jambes de celui qui prend un coin trouvé à gauche, afia que la méthode précédemment enfeignée pour la première de ces évolutions mène à l’exécution de la féconde. Lors donc qu’on approche du premier coin qu’on rencontre -à gauche, on marque un demi-arrct, en foutenant un peu la main fur le dehors. Quand on juge que I9 chtval cfl prêt à toucher aux dpux lignes qui forment Tangle , on arrondit la main qu’on reporte auffitôt fur le dedans, & qu’on finit par rendre , en augmentant la preflion des jambes égales , l’afliette du milieu du corps un peu plus fentie fur le dedans que fur le dehors. Prévenu , qu’au inoyetr du rapport frappant qui fe remarque entre le, tourner à droite & la prife d’un coin à gauche , ces deux évolutions s’exécutent d’après les mêmes temps de main, rélève ne doit pas être médiocrement furpris de trouver, à préfent, le demi arrêt féparré de rarrondiffement de la main par le fomien de la même main fur le dehors , tandis qu’auparavant, le demi-arrêt précédoit abfolument la main arroiidie. Mais une légère réflexion va faire appercevoif la nécefiîié de cette différence qui tient au local ; En effet , comme le tourner de gauche à dreite , entrepris dans un efpace illimité , aftreint feulement à fixer la jambe i , afin que la jambe 2 puiffe la chevaler avec aifance, le demi-arrêt doit être -alors immédiatement fuivi par rarrondiffement de la main , puifque ce dernier temps , qui détermine le cheval à regarder fur fa droite , Texcite à retenir feulement près de lui la jambe i, au lieu que la prife d’un coin à gauche , voulant que ce foit nommément cette jambe i qui s’avance la première dans Tnngle , on ne doit pas fonger à demander 911 çlieval la fuite du tourner à droite , qu’il n’ait pleinement faiisfait à ce préliminaire. Or il n’y a que le M A N temps de la «laîn foutenuc fur le dehors, avant Tarrondiflement de la même main , qui puifle affurer que le cheval , incliné pour lors fur la jambe 2 , portera la jambe i dans Tangle , afin qu’elle ferve de pivot atr bipède de devant pendant la fortie du coin trouvé à gauche. •

Dans Tappréhenfion que l’élève ne conferve encore quelque doute, on va fuivre avec lui les opérations du cheval qu’on fait paâer dans un coin ouvert à gauche. Auâîtôt le demi-arrét » le cavalier , en foutenant la main fur le dehors , change la direâion des rênes , fans en altérer la valeur : enforte que , reftées au même degré de tenfion , quoique dirigées du dedans fur le dehors, la rêne droite pouffe la colonne de devant qu’attire la rêne gauche. D*après cette difpofition de Tavant-main , cha- 3ue pas du cheval, incliné à gauche , s’entame inîipenfablement avec la jambe i allégée aux dé-Î >ens de la jambe 2, & , conféquemment , indique e port tranfverfal de la jambe 4. Ainfi la main foutenue fur le dehors » fur-tout précédée du demiarrêt y & fecourue par la preffion des jambes égales du cavalier, fuffit pour que le cheval exécute régu-Vièrement Tentrée dans le coin à gauche. Quant aux céfulcats tirés de l’arrondiffement de la main , de ion retour fur le dedans , & de fa defcence , accompagnée de l’affiette portée fur le dedans , qui procurent la fortie du même coin , ils font totalement égaux à ceux reconnus lors du tourner de gauche à droite. C’eft pourquoi le cheval entré dans le coin avec les jambes i & 4 , porte la tête à droite ; enfuite le poids combiné , tant de Tailiette du cavalier 5[ue de la colonne de devant , entièrement revenu ùr la jambe i , facilite le chevaler de la jambe 2 ; enfin la defcente de main , d’accord avec la preHion des jambes égales du cavalier , néceffite le jeu tranfverfal de la jambe 3 , par laquelle le cheval achève la fortie régulière du premier coin qui fe préfente à gauchct

Premier changement de main de gauche à droite. Lorfqu’on a fait plufieurs fois le tour du manège » en fuivant.Ia pifle de gauche adroite, l’écuyer avertit de changer de main , afin de procurer à fes élèves Toccafion de répéter le même exercice de droite à gauche. Ce/nme le changement de main oblige à couper la carrière par le tracer d’une d’a-Sonale , & au moyen de ce qu’ifne ligne ne«devient iagonale qu’autant que , partie d’un angle , elle s’élève à travers le centre pour aller fe perdre dans lan^le oppofé nn/iii , il faut que celui qui pré fide à la leçon, ait foin de ne commander cette évolution qu’au moment où la fortie d’un coin place le cheval fur tfne des deux grandes parallèles : fituation feule convenable au projet qu’on médite, puifqu’alors » au-deflous de la furface qu’il veut parta* ger, le cheval « en quittant le coin , fe trouve pre(^ 3u’en face de celui dans lequel la diagonale doit Ifparoîcre, Après avoir décrit les obligations que 1 le changement de main , pris en général , impofc | M A N is

à l’ccuyer , nous allons prefcrire aux élèves les devoirs qui font relatifs au premier qu*ils vont exé<cuter de gauche à droite.

Si la prife des coins ouverts à gauche s’eft, ternfinée par la méthode du .tourner à droite , à plus forte raifon les mêmes procédés ferviront-ils au premier changement de main , dont la figure re«  préfente un demi - tourner prolongé de gauche à droite. Cette définition admife. , fâchant d’ailleurs qu’une demi-évolution engage à reflreindre de moi^ tié toutes les valeurs qui créent l’évolution entière ^ l’élève doit modifier , & le foutien de la main fur le dehors , & fon arrondiflement , & fon port fur le dedans, qui fuccèdent au demi-arrêt , pour que touts ces enets modérés parviennent au cheval en raifon moyenne» AufTi le cheval, balancé fur le * dehors f répond d’abord à la demi-rondeur de la main, en tôurnantmoins la tête à droite que les yeux : & conféquemment au port 1 mitigé de la main fur le dedans ,*il fe contente de pofer la jambe 2 au-defTus de la jambe i , au lieu du cheva- 1er total qu’il exécutoit conformément au tourner abfolu de gauche à droite. Enfuite % d’après la defcente de main unie à la preffion des jambes égales du cavalier , on voit le cheval détacher fuccemvement, & la jambe ; , & la jambe 1 , & la jambe 4, qui reprennent toutes fur la diagonale le rang tranfverfal qu’elles occupoient fur la pifle. Quoiqu’on ait pofitivement aiTuré , & qu’il foit univerfellement reconnu qu’une diagonale doit for- ’ tir d’un angle pour entrer dans un autre opppfé , l’élève a certainement remarqué , fans en être furpris , la néceflité où on efl ab manège d’éluder la rigueur de cette loi générale. Comment, en effet, pourroit-on tracer, avec autant de régularité, la ligne qui caraélérife le premier changement de main exécuté de gauche à droite ? D’un côté • la fortie du coin , qu’on abandonne à gauche , exige que le cavalier ouirepafTe, au moins de toute la longueur du cheval , le premier angle d’où la diagonate doit tirer fa fource : de l’autre , l’entrée dans le coin , dont il veut prendre pofTeflion à droite , le force à fe ménager une pareille diAance en deçà dn fécond angle qui attend la fin de la diagonale. Voilà l’origine des deux c c qui timbrent chaque grande parallèle 0000. I^’un empêche quel’écuyer, par diflraâion , ordonne a faux l’ouverture du changement de main ; l’antre dirige le point de vue des élèves pour le fermer exaâemenu Prendre un coin qui fe préfente à droite. Pendant qu’on chemine fur la diagonale du pre<«  mier change mem de main, il faut fe refTouvepir que la pifleoù elle conduit apporte une inverfioa. totale dans le plan de la leçon. Au lieu d’avoir le dehors à galoche , comme il efl aâueliement à droite, les jambes i & 3 f e dépouillent du titre de jambes du dedans en faveur de celles 2 & 4 , qui perdent auflîtôt la qualification de jambes du dehors pour en revêtir celles i & 3. A l’aide dun6 ^ Vij

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j,S M AN remarque anffi utile , Télèye n’eft pas platSc entrée dans la nouvelle pifte , qu'il difiK>fe le cheval à prendre le premier coin qui fe préfente i droite. Au moyen de ce que le changement de main aboutit preiquedansunangle, le peu d’intervalle qui {èpzre h clôture de la première évolution d’avec l’ouverture de la féconde , pourroit embarrafler celui qui tarderoit à fe rappeller l’analogie précéd. mmentapperçue entre la prifed’un coin «l’action du tourner. Mais notre élève ne balance pas à foutenir fa main fur le dehors , bien perfuadé que la colonne de devant , répartie pour lors fur la ïambe i , force le cheval a apporter dans le coin la jambe 2 , & néceflairement oe placer tranfverfiilement la jambe 3 fur la crête de Vangle. Enfuite , fidèle obfervateur de la méthode du tournera gauche, il exécute la fortiedu coin ouverte droite avec la cambrure deia main , au’il ramène auffitôt fur le dedans , & termine ces deux opérations par une defcente de main étroitelnent liée à la preffion de fes jambes éjsales. Le cheval , qu*entraine une puiâance irréfinible , après avoir porté la tête à gauche , pafle fa jambe 1 fur fa jambe 2 , & finit h lortie du coin par le jeu tranfverfal de la jambe 4. Je fais qu’il eft d’ufaee , à chaque changement de main 9 de fiiire paflèr Tes rênes dans la main du dehors : je conviens même que c*eft ce paflàge des rênes d’une main dans l’autre qui donne le nom ï l’évolution dont je viens de parler. Mon but» en négligeant cette règle pour les feuls éléments, eft de mettre mes tièves à portée de bien fe confirmer dans les deux évolutions du tourner , de la feule main gauche , avant que de leur confeiller de s’aider de la main du dedans.

Le DottUer,

Il arrive ouelquefois crue l’écuyer invite un de fes élèves à doubler ; c’eft-â’dire qu*il lui confeille de partager la longueur du manèee de façon à ne prendre , dans le quarré long qu offre fa fuperficie , que l’eipace nécefiaire pour décrire un auarré parfait plus ou moins r^ulier. Ainfi le doubler eft compoll de deux faux coins contre deux vrais. Dès Uu’on entend commander cette évolution , il faut le figurer avoir totalement parcouru ta carrière , & opérer, ei» confé^nce, comme à la prife des coins, fuivant la main où on eft , fiins oublier de s’étendre fur le dedans. Quoique le doubler n^ait N été imaginé qu’afin*de garantir les chevaux des atteintes qu’ils pottrroient fe donner ea travaillant trop près les uns des autres , cependant on s’en fert avec avantage pour éprouver )e degré de» forces de celui qui double. En effet, prefque tout» ks chevaux de manège ont une fi grande habitude des diverfes évolutions qi^compofem chaque leçon , qu’ils les exécuteroient volontiers à la voix ,^ enforte que, fans fnjuflice, on peut foupconner les nouveaux élèves d’avoir peu de part , toit à la prife des coins , foit aux changements de main. Mais » la première j^fle du dou&er étant indéterr M AN ^

minée, ainfi oue les deux premiers coins SQifs qui lient cette pifle ordonnée , Se à celle qii^on abali* donne » & à celle qu’on va chercher r c’eft alor9 réellement la feule volonté du cavalier qui fair a[^r le cheval le plus routé. Ou doit fem is combien il eft avantageux de doubler de rempr en* temps, quoique (ans nécefiité , puifiqfue la précifion avec laqneUe on demande cette dernière évolution Air kl preuve de la jufteffe de toutes celles qui la pré^ cèdent. Lorfqu’un élève reçoit une leçon parriau«  lière, il eft le maître de fixer îe point d’où il i^eur partir pour doubler de fou propre mouvement Aulien qu’entre plufieurs- académiftes , travaillanc concurremment fur la même pifte , celui qui mène la file , ou qui la termine , a feul la permiflîon icr doubler fans en être averti : encore hiut-il , qu’ar-* rivé précifément au milieu de la pifte , il fe trouveau centre dun des deux longs côtésr Second CkangiMunê de main de droite à pmch» C’eft auffi l’écuyer qui aimonce le fécond changement de main dont k diagonale , tracée de droite à eauche y^qq q^ ramène l’élève fur la première piue deftinèe à voir commencer & finir chaque re* prife. Nous nous contentons d’indiquer ici la direc* tioi» du .fécond changement de main , afin de rappeller, qu’après la préparation du demi-arrêt , le» temps de main foutenue furie dehors , cambrée & reponée fur le dedans , comme pour le tourner à gauche, doivent êire en raifon proportionnelle au dcmi-tourner repréienutif des deux changp^ ments de main»

Fin d^tatçom

Lorfqu*6n entend prononcer fe mot £•/« , 00 s’apprête à marquer l’arrêt définitif. Pour parve* nir à mettre le cheval en état d’interrompre , fan» effort , VaAlon entretenue depub le commencement de la reprife , on doit avoir foin de le faire paffer , nar degré , du trot au pas , du pas au demiarrêt , 8c du demi-arrêt à l’arrêt total. On recule enfuite un ou deux pas , & on retourne dans la levée pour y attendre l’inftant de commencer la féconde reprife.

Quelqu’appliquê qu’on (iippofe un nouvel élê- . ve , ne peut-on pas imaginer, fans bleffer la délicatcffe, au*il n’a pas encore eu le temps d’apprécier rutilité des deux ouvertures ménagées dans le mur d’appui qui fipare ordinairement la carrière d’avec la levée r r ? En effet , cette dernière , toujours occupée par ceux qui commencent ou finU^ fent une reprife, deviendroit le théâtre d’une confufion inévitable , fims l’ordre exprefl&ment adreffè aux entrants & aux fonants de ne jamais fe fervir d*antre paffage que de celui qui s’offi^e ^ leur gauche. Touts les chefs d’académie ont fi bien fenti b néceffité de cette règle ( qui fympatife d’ailleur» avec Tufage d’entamer chaque reprife de gauche à droite ) qu’elle s’obferve à la rigueur, même dan» le» fl^n^es ou la difpofidoo du terieia n’a penne MAN qu^une levée fiâîre. Alors , pour y fupplèer , îl cft enjoint aux élèves de fe porter à gauche , foît qu’ils arrivent , foit qu’ils s’en aillent. Quoique l’univer* falitè d’une loi fafle fon apologie, cependant, afin de gagner la confiance du leâeur le plus fcepr tique, on va rendre compte des motifs de l’admiffion de celle-ci.

Nul doute que le premier |nattre de aanège, à qui les avantages d’une levée régulière feiont montrés dans tout leur jour , n’ait fur-tout été féduit par la certiflide d’empêcher qu’aucun obAacle n’in* lerrompit cette éfpécè de courant que l’enchainement des reprlfes établit depuis, le moment ôii le pemier cheval fort de la levée pour emrer dans la carrière , jufqu’à celui où le dernier fort de la carrière pour rentrer dans la levée. Auffi n’a-t»U pas manqué , en prefcrivant à fes fucceffeurs lès deux ifliies qui font tout le mérite de cette partie d’un manège eh forme». de leur obfèrver que , fioâ en itipprime une» auffi- tôt on voit les élèves, in* ouiétes par la rencontre de leurs camarade», berner d’abord quelques infiants avant que de chercher à paffer , mais bientôt , entraînés par la foule , fe précipiter pêle-mêle , & forcer tumultueufentent le féal débouché qdi leur foit accordé. Quelle différence , lorfqu’on rétablit les deux portes d’une levée feinte ou réelle ! Alors , qu’un élève fe préfente avec l’intention d’entrer au manège , ou au’il ait deflein de changer de cheval , Ou bien dans t’attente de fa féconde repriie, ou enfin pour ibrtir tout-à-fait , pourvu qu’il ait l’attention de conftr* ver fa gauche ,. jamais aucun embarras ne l’aitéte. Cefi*aiofi que chacun paâe à fon tour de b levée dans le manège , & du manège , dans la levée* Travail du Manège.

Les éléments qui font la bafe de l’équitation ; ces éléments où l’on puife des notions anatomiqnes de l’homme & du cheval ; qui enfeignent la façon de monter fur un> cheval ; qui donnent la méthode pour s’y placer furement & agréablemem ; dans lefquels on démontre la mécanique des mouvemens du cheval ; où on indique èomment , après avoir fn naflembler un chev|l , on peut le porter en avant , foit au pas, foit au trot, foit au galop ; qui traiteiitde la néceffité abfolue de marquer un demi-arrêt avant ^e de tourner , ou de gauche à droite, ou de droite à gauche ; dans lefquels on trouve les moyens d’arrêter un cheval , enfuite de te reculer , enfin la £iri d’en dépendre ; ces éléments qui contiennent la defcription d’un maH^e, & le deuil des le^ çons qui s’y prennent ; ces éléments enfin où oo expUmie :.tout ce qui concerne la leçon du faut dans les iHliers ; ces éléments , dis«)e , malgré leur étendue, ne peuvent jaiiiais fatisfatre qiie ceux qui n’ont d’autre but , en Venant au manège , que de iâyoir ce qu’on entend ordinairement par (e tenir fur un ch^L Ce n’eft que h parfaite inteWgence des airs de manège qui mène à l’an de l’équitadon , & qui , feue , peut £iue acquéru le dure MAN ij7

dliolllme de cheval. Comme Ofl s^atréndoit peut^. être que )*allois dire le titre d’écuyer , je me voit oblige d’appuyer la difiinâion que je fais ici de cet deux perfaonagei » en appréciant la dofe de £ivoit propre à chacun d’eux*

DilliHffhtt et fhomHkt dg tktval fài>'tttUuytf. J^’homme de cheval eft celui qui fait monter daKa toute iWndue de reieorelTioti } qui fait encore me« ! ner , à leurs airs, ks oifférents enevaux qu’oif lut préfente , & ce « avec le degré de juilefle qu’île (exigent ; qui peut même , à l’aide de l’exécutioa préçife qu’il s’efi rendue familière ^ parvenir à drefn Obt queloues chevaux.

Non-ieulcmem l’ècnyar poflëde éminemment, tout le talent qui confiitue le meilleur homme de cheval , mais U a , de pluf que lui , ta connoiflance intime de la charpente du cheval : connoiflânce qui lui àonne ce taâ pour difUnguer , an preiiiie’r coup* d’œil , le cheval dent la conftruâion peut s’adapte^ à l’équitation f ou que ceue même confiruâion en éloigne : comiciiiGiàce qui lui fen , avee beaucoup plus d’avantages , en lui prefcrivant ce qu’il peut attendre de d»^ individu. Auffi les chevaux affes heureu ;r pour tomber entre ks mains d’un écuyer , avant toujours la jpoffibilité de répondre àb ce qu’on leur demande , fe prêtent-ils , fans rtnnignance , à recevoir le genre d’éducation qu’il fe phdt à leur donner.

Je ne m’étendrai pas davantage fur les différences Îui féparent l’homme de cheval d’avec, l’écuyer. )eux qui liront cet ouvrage dans ioxK entier, fe-* root à mkvdi^ de décider fi jVii eu tort d’en f^e deux dafles* Cependant je ne puis m’empècher deaire obferver oue , fr l’écuyer efi celui qui prépare à rhomme de cneval le théâtre fur lequel ce dernier fait parade de fon içavoir,donc l’écnyer eft -créateur en €etce,partie, où le plus habile homme de ch^eval n’eft que €|faittfre.

Confirmé dans les premiers principes ^ l’élève abandonni les éléments peur fe livrer tout entier , au travail. Arrêtons-le uii :mAant à l’entrée de cette nouvelle carrière, premièrement , afin de lui défi* nir ce qu’on entend au manège , par le mot travail , Se lui donner enfuite les moyens de foigner l’exécution des difiérents airs qui compofent ce travail , dont la fcrupuleufe régularité fait tout le mérite. D’éfinition du travaïh

Travailler , en terme de manège , c’efl avoir l’art d’exiger du cheval une certaine manière de fe porter en availt, qui, quoique conforme aux allures naturelles , quant à la combijiaifon tranfverfale des quatrejanri)es,e(t cependant tantôt plus mefurée » tantôt plus cadencée , tantôt plus élevée. On peut donc affimtler les allures artificielles du cheval , autrement foa travail , à la danfe de l’homme. Cette comparaifon me paroit d’autant moins choquante , que les chevaux peuvent varier leur travail par Texécution de plufieurs pas diyerfement figurés.

ij8 MàN Les uns > prés ^e terre , reprifcntent notre danfe terre-à-terre ; d’autres , pins élevés , ont de l’analogie avec la danfe de caraâère ; enfin des fauts abfolument en Tair nous rappellent la haute danfe. C’eft du réfultat de ces dittérentes combinaifons artificielles du cheval , connues en équitation fous le nom d’airs de manège , que les premiers maîtres de notre art ont compofé ce qu’on appelle encore auionrd'hui le travail > & dont, à linftar de la danfe f ils ont formé trois clafles , qui font, les airs terre-à-terre, les airs relevés » &’les grands airs. La première claâe , ou les airs terre-à-terre , comporte l’exécution de cinq leçons ; fçavoir , le pas d^école , qu*on termine ordinairement paV le manier en place ; Tépaule en dedans ; la hancne èa dedans , plus connue fous la dénomination des deux bouts en dedans , dans laquelle les changements de main ont toujours lieu fur deux piftes , & qu’on peut rendre trés-intéreflânte , au moyen des contre-changements de main, renverfements d’épaules , voltes , demi-vokes, quart de voltes ; quatrièmement, la tête au mur ; finalement là croupe au mur.

On compte dans la (êconde clafle,ou les airs relevés , le paiTage , dont on fe fert pour exécuter , de la façon la plus féduifante, les cinq leçons cideflus détaillées ; le piaffer qu’on fubAitue pour lors au manier eaplace : enfin la galopade qui permet , Quoique très-difficilement , de rendre quelques-unes des mêmes leçons , & à laquelle on adapte les voltes , ou , ppur parler plus jude, les. demi* Toltesà pirouettes.

La troifiéme daffe , ou bien les grands airs , corn- |M’end la pefade , la courbette , le méfair , la crou- {»ade , la batotade , la cabriole , le pas & le faut , ou e galop gaillard.

Eh rapprochant les difTérents produits de ces trois claHes d’atrs , qn- trouve que , les fauts exceptés , toutes les figures qui compofent le travail confident dans VépattUen dedans ; la hanche , ou bien les deux bouts en dedans ; la tête , aTnfi que la croupe au mur s les changements , contre-changestients de* main» & renvedements d’épaules ,touts fur dfîuxpiftcs ; bref dans lesvohos, demi-voiies Sl qiiart-de voltes, tanv étendues qu’à pirouettes, Cén’çft’effeaiYememque h degré d’aâion qu !oii mer à l^i^écutlon de ces dtverfes évolutions ^lù tes. range, ou dans la preipiére , ou d^ns la féconde claffe, pwifquele pas d*écoIe, le paffage , la galopade, ne différent du pas , du trot, du galop , le premier, que par fa mefwe plus écoutée, le fécond , que par fa cadence plus tride , la troifième «  que par fon élévation plus foutenue. A Tégard du manier en place &*du piaffer , on appqrçoit aifémeni qu’ils ne font que des arrêts ciégants imaginés pour terminer les airs fans les déparer.’ Il n’en cft pas «infinies grands airs t ils font , & doivent réellement faire une claffe à part , étant plutôt les léfultatsde la force que de la volonté du cheval. Voilà* fans doute, l’origine du nom diftinchfde ’MAN.

fauteurs en liberté que portent les chevaux réfervés pour cette dernière claffe , tandis que ceux dreffes aux deux premières s*appellent tous indifféremment chevaux de tête , ou de haute école. Le travail analyfé , nous allons enfeigner comment il fautpréparer un cheval à l’exécuter avec cette précifion qu’exigent les airs de manège. ^ Préparation au travail.

Toute aftion demande une préparation , & plus on veut que l’aâion projettée foit élev^, plus on doit (btgner la préparation qui va lui communiquer l’élafiicité. De-là , nous voyons un homme , avec la iimple intention de marcher, fe placer d’une façon moins avantageufe que celui qui s’avance au milieu d’un cercle pour ngurer un menuet ; & la pofition que prend ce dernier nous parohra négligée , il nous la comparons à la manière dont fe campe un danfeur prêt à s’enlever pou^ battre un entrechat* Mais pourquoi chercher mes preuves ailleurs que dans la claffe des animaux foumis à Téquication ? Rappelions-nous la première leçon des éléments, ât retraçons-nous I& cheval à l’inftant où fon cavalier veut Tébr^nler au pas* Nous trouvons cet inftant précédé de la fage préparation du raffembler, qui met le cheval d’à-plo/nb ûitfes 3uatre jambes. Paffons enfuite à Tallure plus vibrée u trot. Nous la voyons éclorre du même raflembler , auquel fe joint alors le demi-arrêt ; condition effenrielle , afin que la détente des mufclesdu che’* val au trot , montés d’un ton plus haut- que ceux du cheval au pas , puiffe la’ricerJe trotteur conformémentà laviteffe de l^alluré Ou’on veut luiVaire entamer. Continuons notre- recherche, & fuivons le cheval au galop. Que de précautions , avant que de créer cette allure rapide l répartition tranfveriale des maffes de Savant & de rarriére^main ; enlever conféquent du bipède dé devant fur le centre : fina* lement la maffe entière mife en équilibre fur une feule jambe de derrière, ponr que le iteffort de cette jambe , pouffé jufqu>'à (on dernier période , darde le galopeur en ralfon dé la contrainte que la préparation du galop lut fait éprouver. Si les allu<* res naturelles du cheval dépendent d’autant de cir«  confiances préliminaires, combien les allures arrificielles doivent-elieS’On entraîner ? Je m’arrête, en penfant que mon élève débute dans la carrière de la haute école. Ce fe^ott, en effet , furcfaarger fon attention par des differtations prématurées , qui pourroient au moins Teffrayer , fi leur longueur in* di(penfable.neJe dégoûtait pas. Je me borne donc à prefcrire ici les conditions générales du travail fur le droit. Elles fe réduifent à mettœ le cheval dans la main , à l’affeDtr fur les hanches, âc k lut donner le pli fur le dedans. ATégard des airscompofès , ceux qui fnivrom l*ordre des leçons qui vont fe fuccéder , parviendront*, par gradation , à celles où le cheval fe met fur deux pifles ; a’eiftà- dire , où le bipède de devant trace une pifle , tan^ dis que le bipède de derrière cheatine fur une aucre« 


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M A N Du cheval dans la maint

Le cheval dans la main eft celui qui, non-feulement place fa tête de manière que le bout dunez Toit perpendiculaire au chemin quMl fuit, mais encore oui conferve cène ^ofuion avantageufe pën* dant ion travail.

Du cheval fur les hanches »

Le cheval eft fur les hanches, lerfque rarrièremain, abfolument coulée deflbus le centre, fert de pivot élaftique à la totalité de la maiTe qu’elle enlève & pouâè, pendant que Tavant^main, très-élevé d’après fon affiette fur le même point central « ne garde le volume que l’arrière main lui déc9che » qu’autant de temps qu’il en faut pour entretenir la progreflion du cheval. Il rèfulte de cette double combinaifdn que, û touts les compas du bipède de derrière fe ferment un peu plus, kc plus longtemps au travail qu’aux éléments, auffi le lé^er efTon qu’ils font pour s’ouvrir produit-il toujours la cadence qui diftingue le moindre pas des airs de manège d’avec touts ceux ûcs albres ordinaires. J’^ fouvent obfervé que les élèves réuffiffoiént mieux à remplir la première de ces conditions 9 qu’ils n’exécutoient la féconde. Je me fuis en même temps convaincu que lesdiiHcultés qu’ils éprouventalors, proviennent de ce qu’ils veulent afteoir le cheval, avant que prélimtnairement il feit dans la main. Or, comme dans cet’état, au lieu d’enlever la m^ffé fur les hanches, ils l’apportent inévitablement fur les jarrets, le cheval, hors de la main de fon cavalier, autrement le nez en l’air, n’a d’autre poilibilité d’agir qu’en employant des monvemems faccadés, qui préfagent, ifmon des dèfenfes prochaines, au moins des douleurs aâuelles ; La démonftration qui fuit va prouver ce que j’avance ici.

• Soit A, le front du cheval, ( fig. 13) ; B, la hauteur de fon œil ; C, le milieu de fon chanfrein ; D, fa bouche ; £, fes épaules ; F, fts bras ; G, fes jambes de devant ; H ^ fon garot ; I, Con corps ; K, fes hanches ; L, fes jarrets ; enfin, M, fes jambes de derrière. Pofons aâuellement la m^in du cavalier au-deifns du garot H, & nommons-là N. D’après ce plan, abaiffons d’abord une perpendiculaire O, de A, qui paffe par D, & aboutiâe parallèlement à G. Attachons’en une autre P à K, & menons-la de même parallèlement à M. Elevons enfuite de D à N « une ligne Q, repréfentative des rênes, & du même point N, tirons une féconde ligne R, qui forme angle droit avec la première, Q. Il eft évident que cette féconde ligne R tombe (iir K, hanches dn cheval. En conféquence, cha^ » que fois qu’on defire mettre fur les hanches un cheval préalablement mis dans la main, oa a pour folution l’avant-main enlevé de D à N par Q, qui, afBs fur le point central I, ne ptu refluer fur l’arriére main que deN à K, hanches du cheval, par R. Changeons pour un inftant la feule pofition du bout du nez » & au lieu d’avoir fe poSnt D perpendiculaire au point A,. plaçons-le horifontalemenr^ ( fig. 14.) ; auflîtôt étant obligés d’allonger la pre-^ miêre ligne Q de N à D, nous ne pouvons retrouv. er notre angle fans conduire la (econde ligne R de N à L, jarrets du cheval.

Si quelqu’un réfiftoit à la vérité des calculs, ou qu’il doutât de la jufteffe de mes opérations, je 1^ confeille d’abandonner la règle & le compas pout s’en rapportera la nature. En effet, examinons le cheval libre de fes attitudes, tel que lelimonnier • d’une charrette lourdement chargée, & nous né tarderons pas à croire au principe inconteftable qu’il faut abfolument commencer par mettre dans la main un cheval dont on cherche à tirer parti, quel que foit le ^enre de travail qu’on veuille ea exiger. Je fais qu’il n’cft cependant pas rare de rencontrer des chevaux qui cheminent péniblement fur les épaules, quoique dans la main, en appa* rence, ou pour mieux dire, jia tête balTç ; car, en( reprenant la fuite de mes démonftrations, on voit^ ( ^’13) ».q" « If cheval ne vient régiljièrement dans la mam, qu’alors qu’on peut mener une ligne droite S de fon garot H au milieu de fon chanfrein C, & non-leulementque cette ligne S coupe le diamètre du cercle T, mais encore que le point B, hauteur de l’œil du cheval, fe trouve exaâement parallèle au point N, main du cavalier ! La même ligne S pafle-t-elle au deffous du point C. (fig. 14), le cheval eft dit hors de la main, ou le nez au vent ; par la raifon contraire, on le taxe d’avoir la tête baffe, ou de s encapuchonner, lorfque cette ligne S paffe au-dcffus. Or^ lune & Tautre pofition de la tête’du cheval le fait évidemment fortir de la main de fon cavalier, puifque le point B commande le point N, ou lui refte inférieur. Mais accufera ton le cheval du vice radical de cette double combinaifon de l’avant-main ? En e^et, l’inûinâ feul lui fuffiroit pour en reâifier Terreur, fi le concours de circonftances étrangères ne s’oppofoit pas à ce mouvement naturel. Par exemple, nous avons la preuve journalière que c’eft la foibleffe du cheval attelé qui l’engage a fe laiffer aller fur les épaules, afin d’effayer, en additionnant le poids de fa maffe entière au peu de, forces qui lui reftent, d’ébranler le fardeau qu’on s’obftine à lui faire traîner. A l’égard du cheval monté, le cavalier répond toujours des fuites de f » négligence, ou de fon inexpérience, lorfqu’il lui permet de marcher autrement que’dans la main «  Les deux cçMus U, V, (fig. 13), qui envelop^ peut le cheval dans la main, aihfi que ceux U, V ( fig. 14), dont le cheval hors de la main eft’en* tourè, ont été ajoutés avec l’intention de prouver qu’on a la plus grande facilité d’affeoir un cheval une. fois mis dans la main, quand mèmt il ifoit jufqu’às’encapuchonner, mais qu’il eft phyfiquement impcfiTiblc de mettre fur les hanches un cheval qui porte le nez au vent. Dans la première fuppofiiion, nous avons le quajt de cercle X daa^ t6o M A N V ( fig* 13J » ^î forme le triangle Z aTêc les Sints D « C^> N « Or » ce dernier étant le point liant du triangle, la main du cavalier N tient fans ceffe les épaules du cheval E au-deftis des hanches K, triangle, & E » N, K > dans V.par le quart de cercle Y. Dans la féconde hypothèfe, la ménie divifion du cercle X dans U, (âg. 14 >, defcend trop au-deflbus des épaules E, triangle 2, D, F, N, pour que la main N puifife jamais efpérer de les élever plus haut que les jarrets L » triangle, & F 9 N, L dans V, par le quart de cercle Y, 8’oii il rèfulte que la mafle du cheval, qui fuit alors une vibration direâe » furcharge paiement les deux bipèdes » foit qu’elle remonte, en fuivant la ligne Q, (fig. 14), de Di N, par le quart de cercle X dans U, triangle Z, D, f, N, pour reiuer le long de la ligne K de N à L, par le quart de cercle Y dans V ♦ triangle, & F, N, L, fur les jarrets douloureufememaffeâés ; foit qu’elle reprenne précipitamment la route înverfe pour écrafer les épaules déjà foulées. On doit donc mettre au nombre de ces vérités géométriquement démontrées » que le cheval n*eft & ne peut jamais écre en force, fi les deux colonnes vertébrales de Pavant & de Farriére-main, également amenées an centre I, ne placent d*abord la tête perpendiculairement au commande enfuite la tenfion modérée du reffort des hanches K, ( fig. 13), triangle Z, dansU, par le quart de cercle X, D » E, N, au lieu de la tenfion forcée des jarrets L, ( fig. 14 ^, même triangle Z » dans U, par le quart de cercle X, D » (fig. 14) triangle, & dans V, par le quart de cercle i, F, N, L 5 ♦ qu*afin de favorilçr l’enlever des épaules ; coniéquemment de recevoir avec (olidtté la maffe combinée de Thomme & du cheval, de la foutentr avec atfance, de Téléver avec force ; enfin de la décocher avec la rapidité convenable au degré d*aâion que le cheval met dans la fuite de fes mouvements.

Après avoir prouvé combien il eft dangereux pour le cavalier de fe fier au cheval hors de la maîn » par la raifon qu’il eft douloureux pour le cheval de travailler autrement que furies hanches, ( comme on peut s’en convaincre par les dprifions comparées des figures 1^ & 14) ; je v4s m’attacher à feirefentirla néceflitéde ployer fur le dedans le cheval qu’on veut mener aux airs qui cpmpofent les difléremçs claffes du travail.

Jifi^ pli fur U d^ians^

Voicî, ce me femble, Tinflant de réunir fous un même point de vue les lueurs que je n’ai pu m’empècher de laifièr échapper dans la première partie de cet ouv^ge^ chaque foisqull g fidlu parler do M A N

la répartidon des mafTes du cheval. Pour peu qn^i en ait été queftion, j’ai fait preflentir que l’art de mener les chevaux, iàns employer vis-à-vis d’epx une force au moins inutile, fans mettre une con «  trainte évidemment nuifible à la pofition du cava* lier ; enfin fans avoir recoifrs à des chitiments qujl finirent or « linairem^ par les irriter » émanait de Texaâitude avec laquelle on faifoit cette répartition. Achevons aâuellement de nous convaincre, & montrons le pli comme la première rède du calcul volontaire ou contraint des forces du cSieval ; conféquemment comme le premier inftigatenr de {t$ évolutions libres ou déterminées. En reprenant la chaîne des principes qui fervent de bafe aux éléments, on la trouve compofée d’une fuite d’obier* vations qui » toutes prefcrivent la condition exprefle de ployer préliminairement fur le dedans un cheval • avant que d’en exiger le moindre mouvement compliqué. Dés la première leçon » nous voyona les deux aâions du tourner s’effeâuer avec cette aifance que donne la fureté, parce que le port de la tête fur le dedans enujge le cheval à retenir près de lui, & à placer deilous le centre de l’avantmain, celle des deux jambes de devant fin laquelle il fe prépare à tourner. Mais c’eft fur-tout au galop oiil’ûSetdtt pli devient palpable. On fe rappelle qu’à cette leçon difficile dans fa préparation, & périlleufe dans fon exécution, Quoique le produit d’une allure naturelle, le pli tend à l’allégement de la jambe de devant que le cheval regarde ; par conféquent qu’on a toujours la faculté d’obliger un cheval, préalablement ployé, d’entamer le galop par cette jambe regardée privativement à toute autre. Ce principe, que je crois avoir fuffiigmment établi dans la dernière leçon des éléments, va don-r ner une folution abfolumcnt femblable dans toutes celles du travail. Premièrement, au moyen d’un pli modéré, les parties du dedans de Tavant-main font aflèz allégées, pour que le cheval, fans cepen* dant encourir le reproche d’être couché fur le de » hors, ne puiâb^de même jamais ouvrir les différen-^ tes évolutions auxquelles on le difpofe 9 que par U jambe de devant du dedans. La féconde propriété du pli, réfulame de la première, eft d’indiquer au cheval, & d’annoncer ço même temps aux fpe^teurslamain oii on travaille, une ce foit fur une ou fur deux piâes. Au furplus, le cheval eft ployé fuivant les règles de Téquication, lorfque le cavalier, en confervant la perpendiculaire du h^ut du corps, apperçoit de profil l’œil du dedans, & encore lorsqu’il a l’attention de lui maintenir le bout dunezfcrupuleufement au-deffous des oreilles. On nefauroittrop ebferver ce dernier précepte, car s’il arrive qu’au lieu d’amener la tête fur le dedans, en faifant lucceffivement prêter la totalité de Ten^ colure, on en contourne feulement les deux pre^ mières vertèbces, alors les épaules, qui reftent éga » lement char|ées, laifiSsnt le cheval maître de cornmehcer Taâion par telle jambe qu’il lui plait, au mépris de toute indiciutoaçontriurç dp la part du giv^Iiery

M AN fitTalier^puirquerefict du pli, forcément arrêté à Tendroit oiileixolure biâournée forme un coude, dérange la tête de ion aplomb, fans influer fur le refte de l<i maiie— On appelle au inanége ce pli difforme, le pli de perroquet.

La récapitulation générale de tout ce qui précède doit mettre 1 élève dans le cas de ne plus douter que 9 pour mener un cheval avec fureté, juftelié & precifion, tant aux allures naturelles, qu’aux allures anificielles, il faut commencer par ra(fembler les deux colonnes des venèbres au centre : combmaifon préliminaire qui fait toujours venir le cheval dans la main, & qui donne la faculté de 1 aûeoîr plus ou moins iur les hanches. Seconde* mène » que lobéiflânce du cheval fuit uniquement la diftribution calculée des mafTes de 1 avant main, à laquelle fuccède aufll-tôt, & naturellement, la répartition tranfverfale de celles de rarriére-main* : deux conféquences ordinaires du pli fur le dedans. Troiljèmement, que les temps de la main font les feuls agents de la conduite du cheval. Quatrièmement ) tk enfin, que Tutilité des jambes du cavalier ic borne 9 en équitation, aux preifions modvées^ & à Tenveloppe ; Savoir, les preffions plus ou moins aâives, afin de communiquer au cheval le degré d* « âion proportionnel au deeré de mouveinent qu on veut lui donner : TenveToppe » afin de s^oppofer au déplacement du cavalier qu elle maintient folidement aflîs fur Ls trois points d appui reconnus indifpeniables. Telles font les loix tondamentales de l*équitation ; loix extraites du livre de la nature, dont on ne s écarte jamais fans errer. En vain, d après une fauflfe & aveugle compafiion fe récrie-t-on louvent fur la prétendue fatigue que doit éprouver un cheval rafiemblé. La plus légère teimure de Tanatomie du cheval ; que dis— je » la feule înfpeâion de tes quatre bafes, raffure complètement à cet égard* Cette dernière façon d’apprécier Taâion du raflembler me paroit même préférable dans ce oioment, vu <ju’au point d’avancement où je fuppofe mon élevé, il lui (uiiît certainement de tirer ces preuves des différences évidentes quM n*a pu s empêcher dappercevoir entre les proportions des jambes de devant, &lcs dimenfions des jambes de derrière, fans entrer encore dans aucune diflertation aiutomî^ue. En effet, l’arc formé par les hanches, les cuifles, les jarrets & les canons de derrière, mis en comparaifon avec la perpendiculaire des épaules, des bras, des eenoux & des canons de devant, annonce affez que Ta force, conféquemment que TéUAicité du cheval réfide dans fon arrière-main, tandis que les fonâions de Tavant-main font nniquement d*étayer la maffe pendant Tefpace de temps où le bipède de derrière fe hâte de revenir deflbus le centre, afin de reprendre le même volume qu’il vient de lancer, & pour le darder une féconde fois fur le bipède de devant. Concluons donc de nouveau que toute progreffion d’arrière en avant, foit (Qu’elle donne Texifience à l’une des trois allures E^uitatiêii y Efcrinu & D^u

M A N i^f

naturelles, foit qu’il en émane un des airs artificiels, ne peut ni s’entamci ni s’entretenir > fi les articulations coudées de Tarrièiemain ne fc ferment en raifon de Taâion que leur refibrt y créer : c’eftà-dire que, s’il faut feul « : ment raffcmbler de plus en plus le cheval qu’on veut fucceflivcment faire paiier de Tinaâion aii pas ; du pas au trot ; du trot au galop ; on doit réellement afleoir fur les h :  : nche$ celui qu’on prépare à l’exécution de tel air de manège que ce puiffe être, en ayant, toutefois, la ’diicrétion de mefurer la durée des reprifes du travail fur le degré de contraAion qu*il entraîne, & ce, par la raifon qu’on danfe. moins longtemps qu’on ne marche.

Il ne me refle plus qu’à remettre fous les yeux de mes leâeurs les difiërents fignes dont je me fuis fervi dans les élémems pour repréfenter, tant le volume animé du cheval « que 1 s quatre jambes qui le fupportent. On a pr. cédemment vu que j’ai choifi la première quantité fiâive parmi les nombres quarrés afin d avoir une divifion exaâe. Or, cette figure repréfentative de la maffe entière étant 24, il en réfuite que chaque bipède équivaut à 12, &^que chaque jambe, foit de devant, foit de derrière, porte 6. De-là, le numéro i, qui remplace la jambe droite de devant, fe trouve chargé du poids de 6* Il en efl de même du numéro 2, que je mets à la place de la jambe gauche de devant. Enfuite j’appelle, 3 » la jambe droite de derrière ; enfin, ) ai lubftitué le numéro 4 à la jambe gauche de der* rière, & chacune de ces deux dernières jambes foulève le même poids de 6. PafTons aâuellement à la première leçon des airs terre à terre. Comment on met un Cheval dans la main, fur les hanches, & comment on lui donn : U pli fur le dedans »

Il faut moins de favoir que de réflexion pour appercevoir dans la leçon du pas d*éco ! e, matrice du travail, la manière d’apprendre à mettre un cheval dan » la main, & à l’afleoir fur les hanches. Le moindre parallèle ne va laifier aucun doute à cet égard. On vient de lire que le pas d’école s’effectuoit par la réunion des deux colonnes vertébrales furie centre, & que c’étoient des demi-arréts, favamment ajoutés au raffembler primitif, qui entretenoient ce premier air terre-à-terre. De même c’eft la marche aïe la colonne de devant fréquemment retardée par la main du cavalier, qui force le cheval à fe débarrafier, pour ainfi dire, du fiirplus de fon encolure, & oui l’oblige d’en former un arc au bout duquel il place (a tête perpendiculaire à la pifte qu’il fraie. De même encore, ce font les preiuons égales des jambes du cavalier qui, dilieen : ant la colonne de derrière, contraignent les hanches du cheval à refter plus baffes que ies*épaules, autant jpar lapport calculé de l’arrière-maln », qui fait exaâement couler les jambes 3 & 4 deffous le centre, que par le rapport motivé de l’avantmain » qui contient très-près du même ctmre lef i<Ji M A N jambes i & i à mefare qu’elles reviennent h. terre : Ainfi tout cheval vient dans la main, 8c s’affeoît fur les hanches, d’après les mêmes procédés qui lui font régulièrement exécuter le pas d^école : procédés qui confiAent dans le préalable d*un raflem-Mer exaâ, & dans la fréquence des demi-arrèts. On parviem plus atifément au pli fur le dedans, piiifqu il fufik, pour le faire paraître, de diminuer par degrés la tenfion dine rêne^ & d’augmenter co même raîfon la valeur de Tautre.

Des différentes manières de mener le cheval au travail. Tant que le cheva) répète la fuite ôcs mouvements qui lui font naturels, d où réfukent fes trois allures, le cavalier peut, & mim% ne doit faire ufage que des temps Amples de la main. La première partie de cet ouvrage en offre fept : la main placée ; la main rendue ; la main repriîe ; la msin arrondie ; la main cambrée ; la main rapprochée du corps ; la main remontée le long du corps. Autour d*mii que notre élève apprend Tan de confcruire un nouvelenchainement des aâions du cheval, afin d’en obtenir Tes allures anificielles, nonfeulement îl faut lui décompofer les temps de main ci-deffus rappelles, & extraire les divers effets que chaque rêne reçoit féparément de leur combinaifou » mdis lui démontrer la puiifance immédiate de ces mêmes rênes, & fur Tenfemble jdu cheval, & fur telle ou telle divifion de fa maife. En remontant au principe établi dans les éléments, que tes rênes iont deux barrières mobiles entre lefuuelles les jambes égalesdu cavalier font cheminer le cheval, & fuivanr pied à fûed les confôouences ^i en émaneot pendant les leçons de la baue école, on trouve premièrement que le cheval demeure au milieu de ces barrières teintes » abfolument droit d’avantnain, de corps & d arrière-main, toutes les fois que Taâivicé des jambes égale » du cavalier eft équi-Yalente à la retenue de fa main. Secondement, que le cheval paiTca travers les rênes, dans la même dlreâion, lorsque Faâivité des fambeségalesremporte fur la retenue de la main. Troifiémement, 3 ne le cheval fort d’entre les rênes, toujours fur le «  roit, £ la retenue de la main prime à fon tour faâivité des jambes égales » Delà, les temps de la jna’iA placée, de la’main rendue, de la main reprife, de la main rapprochée du corps, de la main Temontée.le long du corps,’ne peuvent produire fur tout l’enfemble du cheval que des effets conftamment égaux entre eux, puifque les deux rênes iou}Oiirs maintenues dans la plus fi : rupuleiftfe égalité, quoicnie p^M-coitrant différents degrés de tenfion, preflent alternativement, mais très-égalemeat 9 chacun des cotés du cheval qu*elles gouverl » enr. (feù, ainfi que lecheval, baiancé par les p » liaïkms réciproques de ht maio & des jambes égales « te fon cavalier, refle dans Tattente du port en avant ou du pon en arrière. Voilà le raflembler. C’eft ainfi que les rênes détendues permettent au « lievalde les traverfer » pour fuir les preiEaa » de » M A N

jambes égales an cavalier, qui mollît alors la pdft’ fance de fa main. Voilà le port en. avant. C’efl aînfi qu’une main modérément reprife communique aux rênes la feule tenfion qu’il leur faut pour ne pas empiéter fur les preffions réitérées, Se ne* ccffairement primantes des jambes égales. Voilà le demi-arrêt. Ceft ainfi que le cheval defcend d’entre les rênes pour s’en échapper, lorfqu’enfin les preffions des jambes égales du cavalier cèdent à la piiiffance augmentée de fa main. Voilà le port en arrière. Conféquemment touts les temps de main dont je viens de faire Tanalyfe, ne réuffiffent à tenir le cheval droit de tête, d’épaules, de corps & de hanches, qu’alors que les deux rênes eliffent parallèlement, & en ralfon proportionnelle, fur les deux colonnes vertébrales qu^elles maitrifent chacune de leur côté. La main arrondie, ainfi que la main cambrée, qui difpofent le cheval aux deus évolutions du tourner, lui font éprouver des feafations bien différentes & plus compliquées* Que ce foit le port à droite ou le port à gauche qu’on exige, on fe rappelle qu’il faut toiajours commea-* cer par gagner le bout du nez : auiii, dans Tune & Tantre de ces circonflances, la maiir pivotet^elle fur fon poignet, avec l’intention de tendre une féale rêne, qui ne devient préparatoire à l*a3ion projettée qu’à l’inftant où la main du cavalier forme angle avec l’épaule du cheval. Vient enfuite le port de la main, qui, loin d’anéantÎT ta première* tenfion obfervée dans une rêne, y joint aufitôt, & d*après le même procédé, b pulfation de l’autre* ’Or, l’angle une fois ouvert de la tète du cheval à fon épaule, au moyen de la tenfion primitive de l’une des deux rênes, le port fecondaire de la main a pour premier effet de prolonger le point de contad de cette rêne rendue, qui fait fucceffivement remrer toutes les parties Qu’elle atteint : & pour fécond effet, de donner à 1 autre rêne une valeur |>ulfative, dont les efforts travaillent à redreffer es divifioiis qui bombent ^ aân qu’elles remontent dans la nouvelle combinaifon des rênes, à mefure que les fambes égales du cavalier obligent le che^ val de les traverfer.

D’après toutes ces obferVatlons, qu’une multitude eexpériences met au rang des taits les mietui prouvés, on a recoonu d’abord quatre divifioi » mobiles dans l’enfemble dn cheval ; fçavoir, la tête que l’encolure fait agir, les épaules qui ft meuvent d’elles-mêmes, ainfi que le corps & les hanches. Oa s’eff enfuite affuré que chacune de ces divifions du cheval cédoit au gré du cavalier, dès que fa maio éloignoit oh rapprochoit les rênem d’une des portions mobiles de la mafle cpi’il vou «  loit diriger. En cosféquence, les principes du tra » vail ont été fondés fur la fcience de ménaeer le » angles rentrants ou fortantf aui peuvent résulter des différemes pofitions des rênes. La méthode ois on apprend l’art de mener le cheval à les allures artiftcielles en préfente huit, quatre pour chaque ç&ti : la tenfion fûiégit la tête & l’encolure » ki M A N ffîeffion qptit mène les épaules » l’écart au& contient le corps, le foutien qui gouverne les hanches. La teniîon a lieu chaque fois qu’une main arrondie ou cambrée augmente en valeur la rêne qu’elle tient. Pour que la prefiîon opère fur le cheval, il faut qUe ie cavalier approche la rêne de l’épaule qu’il veut preflcr. L*ècart fe fait fentir auffitôt qu’une rént arrive à la hauteur de la cuiffe du cavalier ; & la mêxne rêne écartée pafle au foutien, fi de fa cuifle le cavalier la remonte au niveau de fa hanche. Comme il y auroit autant à’injuftice à vouloir qu^un élève, Quoique montant un cheval bien mis . aux airs, traçât avec la feule main de la bride > rimoienfîtë clés combinaifons qui peuvent fortir de ces huit effets des rênes, que d’exiger qu’.un écu^er fut reftreint au même expédient vis-à-vis du jeune cheval qu’il inftruit, on a divifé les huit temps de main, qui leur donnent TexiAence dans trois manières de les compofer. La première s’appelle mener les rênes féparées. On connoit la féconde fous la dénomination de mener les rênes réunies dans’la main du dehors » en s’aidant de la maîa du dedans. La troifiême fe nomme mener de la feule main gauche. Je vais enfeigner comment on mène un cheval les rênes fèparées. Première façon dt miner U cheval au pas dcoUf Ut rênes fiparées.

La pofition à donner aux deux mains pour mener les rênes féparées, n’embarrafle pas longtemps un élève qu*on avertit qu’elles doivent repréienter la main feule. Accoutumé ^ des la première leçon des éléments, à placer fa main gauche à la hauteur & vis-à-vis du nombril ; à la tenir éloignée de la felle, ainfique du corps, d’environ quatre doigts ; à maintenir les ongles tournés vers le ventre ; à conferver le petit doigt exaâement audefTous du pouce ; enfin, à laifTer les jointures du milieu des doigts abfolumeat oppofées à los du coude ; il avance, fans héfiter, les mêmps phalanges des doigts de la main droite auprès de celles de la main gauche f &jlne lui refle, pour arriviy au fini’de la pofition des deux mains, qu’à les reculer, jufqu’à ce que les pouces » dont alors Içs extrémités fe regardent > foient perpendiculairement audefTus des épaules du cheval. Je pourrons peut-être ne pas ajouter que chaque rêne entre » comme dans la main fenle, par le petit doigt de la main qui la dirige, & fort par le pouce qu’on appuie de même ferme defTus, afin d’empêcher qu elle n’échappe. Mais je crois indiipenfable do rappeller que la condition exprefïe du pli exige la tenfion plus op moins continue de la rêne du dedans. Or, dans la fuppofition de la feule m^in gauche, cette t^nfion ne pouvant jamais avçir lieu qu’avec l’arrondlfTement pu le cambrer, fuivaqt la direâion oii on efl, & ces ieux opérations de la main metfant tou-Î’our ^ la rêne du dedans au^deiTous de celle du delors, il faut, tant qu’on travaille les rênes fèpafèp ^, c(uel4 vmOi di^ del^orç primç cpnAs^menc M A N 1^3

celle du dedans. £n conféquence » après avoir falué, au lieu de prendre le bridon avec la main droite, on fepare les rênes tel que je viens de l’indiquer f mais en même temps on a l’attention de baiffer la main du dedans > de manière que le pouce de cette main fe trouve au niveau du petit doigt de la main du dehors. Reprenons aduellement la fuite ordinaire aux leçons de manège, &repré*. fentons-nous 4’élève entrant, de gauche à droite, avec rintention de travailler au pas d’école. A peine le cheval a-t-il formé quelques pas droit de tête, d’encolure, d épaules, de corps & de hanches, qu’on voit l’éleye faifir avec adrefle la pofition avantageufe de fes deux mains perpendi* culairement placées au-deflus des épaules du che «  val, pour chercher à le mettre dans la main > fit fucceffivement à l’afleoir fur les hanches. Lorf^ut la répétition calculée des demi-arrêts, qu’on fait être le ralTembler de laâion, a fait exécuter ces deux conditions préliminaires dti travail, on fonge aui ! i «  tôt k remplir la troifiéme. C’eft alors que U main droite, aâuelle du dedans, noa-feulement aban «  donne à la main du dehors la primauté qui lui convient 9 & qu’elle doit conferver, mais encore qu’elle racconrcit la rêne du dedans, & afin de la placer très-près de l’épaule droite du cheval, & afin que fa tenfion lui donne le pli du même côté. Comme je ne foupçonne pas qu on ait oublié les pofitions indicatives de la tête du cheval venu dans la main ^ & régulièrement ployé, & que j’ai ci-devant appris à diftinguer le cheval qui travaille fur les hanciies, d’avec celui qu’on écrafe impitoyablement fur les jarrets, je me contente de renvoyer aux feâions précédentes les leâeurs dont la mémoire feroit en défaut^ & je pourfuis. Le cheval bien mis dans la m ; iin, fufEfamment afGs fur les hanches « & noblement ployé fur le dedans, le cavalier doit s’occuper du foin intéreffant de rendre & reprendre trésfouvent, dans la crainte que la fenfibilité des barres ne s^émoufle defTous la preffion trop continue du mors. La pre-r miêre fois que j’ai fait fentir la ncceffité de rendre la main & de la reprendre, c’étoit aux éléments, où l’élève menoit de la fe^ile main gauche. On lui confeillealors.de baiffer Tavant-bras, en augmentant le creux du defTiiç du poignet ; comme, pour refiituer aux rênes la quotité que la main rendue Iftrur, ôte 9 il efl enjoint dp remonter lavant-bras » en bomi ; >ant la même furface du poignet. Âéhiellement qu’on mène les rênes féparées, & fur-tout d’après Tobfervation précédente, qu*à cette manière de mener, les deu)f mains doivent repréfentcr la main feule, on pourroit en conclpre qu’il faut encore baiffer & remonter les mains, pourvu néanmoins qu’elles reftent dans la proportion où elles fe trouvent, c’ef^-à-dirp,. celle du dedans confervée plus bafle, & çlus près de l’épaule du cheval que celle du dehors. Toute jufle que paroît cette induftion, je vais démontrer qu’au travail la façon 4’opérer ç^i dçvu a^ons i rendre Si puis reprendre ïtf4 M A N diffère de celle employée pendant les leçons des éléments. £n effet, lorfque féléve encore novice, parcouroit la gradation des connoifTances multipliées oui viennent de Tachemlner aux airs de manège, ies fineffes de l’an qu*on auroit voalu lui donner » trop précoces, Tauroient infailliblement empêché de profiter des principes élémentaires qui dévoient naturellement les précéder. Mais aujfourd

  • hul que la pratique des grands mouvements de

la mai II le met à portée de les exécuter plus en raccourci » fans cependant les confondre, il eu temps qu’il fâche qu’au travail, rendre c’eft ceffer de tenir y & que reprendre c’eft continuer à tenir ; cnforte qu’au lieu de faire féparément les deux opérations indiquées dans les éléments, baiffer & remonter la main, ces deux temps fe réunifient en un feul, qui confifle à fermer & ouvrir avec précaution les trois derniers doigts de la main : par conféquent » aux rênes féparées, les trois derniers doigts de chaque main. A l’égard du temps de main, enfeigné dans les éléments pour rendra » il change, au travail, de nom & d’ulage : on le con «  noît ici fous le nom de defcente de main, qui a pour but de clorre les airs où le cheval eft plus aiSs que de coutume, & pour effet de laiffer détendre les refforts néceffairement un^u comprimés pendant l’exécution de ces airs. Au furplus, les deUx rênes exigent une égale attention de la 5 art du cavalier : car fi c’efi aux dépens de la rêne u dehors qu^il foigne celle du dedans, non-feulement le pli trop forcé devient défagréable ï voir, mais l’impulfion de cette rêne n’étant contre-balancée par aucune puiffance, couche inévitablement Tavant main uir le dehors. Dans la fuppofition contraire, la pulfation venamde la feule rêne du dehors, le pli s’anéantit, & l’arriére-main rentre aufiîtôt fur le dedans. On doit donc travailler les deux rênes de façon aue le pli n*aille jamais gu détriment de Taptomb aes épaules, qu’il faut entretenir dans la plus fcrupuleufe égalité, tant qu’on veut que les deux bipèdes du cheval cheminent au milieu de lapide.

Prendre un coin qui fe prêfenu à gauche^ Quelque foin qu’on appone à Texécution de ce dernier précepte, on ne peut éviter que la rêne du dedatns, en raifon du pli, ne donne à la colonne de devant un commencement d’impulfion plus fentie fur le dehors que fur le dedans ; impulfion qui, Îuoique feulement efquiffée » commande cepenant au cheval l’enlever primitif de fa jambe de devant du dedans. On fait, en fécond Ueu, que Tangle ouvert fur l’épaule du cheval, toujours d’at >rès la tenfion de cette rêne du dedans, h met continuellement dans Toccafion prochaine de s’oppofer aux moindres écarts des autres parties du même côté, ou au moins de les reâifier, puifque d’un très-petit mouvement la main du dedans ac-Î [uiert la poffibilité d’ajouter graduellement, & lûvani les circonftances » tantôt la preffioa à U M A N

tenfion ; tantôt Técart à la preffion, tantôt 1^ fon^ tien à Técart. Si les angles rentrants, que produi* fent les différentes pomions de la rêne du dedans, la rendent feulement préparatoire y & quelquefois confervatoîre au travail » on mène donc réellement un cheval fur le droit avec la feule rêne du dehors. Ce font effeâivement les pulfatians moti • vées de cette dernière rêne qui déterminent viâorieufement toutes les aâions du cheval, dans la direâion fuppofée, au moyen de ce qu’elles applatiffem à propos, ou laifient fubfifier les angles fortants, à memre qu’ils paroiffent fur le dehors » Ainfi le jeu de la rêne du dehors ne peut jamais inquiéter un cheval fuf&famment préparé par la tenfion de la rêne du dedans » vu que les trois derniers effets qui reftent à la rêne conduârice, pref* fion, écart, foutien, répondent aux mouvements naturels du cheval, qui fe fent alors pouflé fur lesjambes qu’il auroit de lui-même placées deffous fon centre, s’il avoit eu naturellement rintentioi » que l’art lui prête* La rencontre du premier coin qu’on trouve à gauche établit une preuve fatisfiû(ante des effets compofés que la nouvelle combi* naifon des rênes iéparées peut en&nter. Quoique la méthode qui fert à prendre les coins foit écrite dans les éléments, cependant comme le travail de* mande encore plus de précifion, }t vais répéter les circonftances qui caraâérifent la prife endère de * ces angles fi difficiles à paffer avec exaâitude. La première règle confifie a faire entrer les épaules » de manière que la jambe de devant du dedans pofée dans le coin ^ foit enfuite chevalée parla jambe de devant du dehors » La féconde exigiB que les hanches garniffent à leur tour le coin, enforte que les jambes de derrière doivent fuccéder tranfvcr* falement » & dans la même proponion, aux jam* bes de devant, ï mefure que celles-d quittent l’angle, pour fe placer fur la nouvelle pifte qu’on va chercher. U faut donc trouver quatre pofnions qui donnent aux rênes ta faculté de mener alternativement dans chaque angle les quatre jambes du che1k, & d’après leur combinaifon tranfverfale. Peu familier avec le travail, notre élève a befoin fans doute d’ufer de toutes fes reffources » afin de ne pas laiffer échapper les inflants propices à l’exécution des quatre temps de main qui vont déterminer les mouvements du cheval. Cette réflexion engage àrappeller ici la petite rubrique enfetgnée lors de la préparation au galop, qui eft de compter une » quelle que foit la main où on travaille, chaque fois Sue la ^ambe de devant du dedans vient à terre, & e compter deux, quand le cheval s’appuie fur celle du dehors. Affuré, d’après ce calcul, que le chevat parvenu à la hauteur du coin enlève la jambe r, qu’on fait être aéhiellement celle de devant du dedans » on ajoute fucceflivement la preffion de la rêne du dedans à fa tenfion primitive, en éloignant modérément la rêne du dehors de l’épaule gauche du cheval. Le produit de la double combinaifon de la rêne du dedans » aidé par l’éloignc* M A N ment motivé 6e celle du dehors ; préfente le clie «  val » toujours avec le pli fur le dedans, étayé par la jambe i abfolument mife dans le coin, &, pat la jambe 4 un pea plus deflbus le centre de l’arrièremain que de coutume. Les èpaxiles entrées dans Fangle, on change auffitôt la combinaifon des rênes. C’eft k la preffion de la rêne du dehors qu’où ramène à cet effet fur Tépaule gauche du cheval, <iu’eft dû le paflage de la jambe 2 par-deffus la jambe i. Comme on fait, à n’en pouvoir douter, qu’au chevaler de la jambe 2 fuccéde tranfverfalesnent Tenlever de la jambe 3, aâuelie du dedans » & qu’il faut, pour que les hanches remplacent les épaules » que des deux jambes de derrière » ce foit celle du dfedans qui entre à fon tour la première dans le coin, on le hâte de fubftituer l’écart de la rêne droite à fa preffion, & afin d’inviter le cheval à porter cette jambe 3 derrière la jambe i » & afin de permettre k cette jambe i de fe dégager de defibus la jambe a 9 pour venir fe mettre à cdcé d’elle. Ainfi » du feul écart fecondaire de la rêne droite, on tire le double avantage d’obliger Tarrière-main à remplacer l’avant-main dans le coin, & d’en faciliter la fortie i cette première divifion du cheval. L’imagination du cavalier n’a pas plus d’effort à faire pour achever le paflàge du coin, que le cheval de peine à fe donner pour en fortir fon arrière-main. En effet » puifque le bipède de devant efi encré dans l’anele par la preiuon de la rêne du dedans, aidée de la rêne du dehors, & qu’il en eft forti d’après le calcul inverfe de la preffion de la rêne du dehors » fuivi par l’écart de la rêne du dedans ; donc le bipède de derrière » entré dans le même angle au moyen de ces deux derniers temps, écart de la rêne du dedans, & preffion de la rtnt du dehors » non-feulement doit en fortir en vertu des deux temps contraires, écart de la rêne du de* hors » & preffion de la rêne du dedans’, mais il faut encore que ces deux derniers temos contraires placent le cheval dans la nouvelle pifie » tel qu’il étoit avant que d’abandonner l’ancienne. Muni de cette pièce de comparaifon » l’élève redonne à fes mains la pofition qu’elles avoient pendant qu’il alloit trouver le coin, & la rêne gauche à l’inftant éVrartée » pouffe la jambe 4par-deffus la jambe %. A l’égard de la preffion qu’ofl||fionne le retour de la rêne droite fur l’épaule du credanSi toute légère Îu’elle eft, fon aâîvité fuffit pour conferver le pli u cheval ; le balancer en même temps fur les jambes A& 3 ; & conféquemment lui faire entamer la nouvelle pifie p# le jeu primitif de celles i & 4. Tai fi fouvent prouvé la néceffité de chaffer le cheval dans chaque nouvelle combinaifon des rênes, en fe fervant^de la preffion des jambes égales » & tellement appuyé fur rimpoffibilité d’en attendre aucune évolution, fans le préalable du demiarrêt, que je me crois difpenfè de jamais renouvei1er ces deux coifeiIs. Je paffe donc tout de fuite à la récapitulation » & à l’analyfe des moyens que je viens d’indiquer » pour prendre » au pas d’école » le M A N les

premier coîn qui fe préfente à gauche ; 11 eft confiant que les épaules viennent d’entrer dans l’angle ouvert à gauche, avec la jambe droite de devant, parce que la preffion de la rêne du dedans a chargé les 12 de la colonne de devant fut la jambe 2, tandis que l’écart de la rêne du dehors répart les 12 de la colonne de derrière fur la jambe 3. Delà » le jeu fucceffif, tranfverfal & néceffité des jambes I & 4, autant allégées qu’elles peuvent l’être » dont celle de devant prend d’abord poffeffion du coin près duquel fe pofe celle de derrière. Leschofes en cet état, le cavalier provoque fubitement la répartition inverfe des’24delamaffe. A laminute.les i2dela.colonne de devant, qui fuient la pullation de la rêne du dehors, reviennent brufquement fur la jambe i, que cette furcharge fixe deffous le centre de l’avant-main, & les 12 de la colonne de derrière » mus par l’écart de la rêne du dedans » fe balancent obliquement fur la jambe 4 » qu’on fait être un peu plus deffous le centre de l’arrière-main que de coutume. C’eft alors qu’on voit les jambes 2 & 3, légères i leur tour, quitter la pifie. La première chevale fa voifioe, pour fonir les épaules du coin où la féconde entre auffitôt, & d’après le même procédé. Ainfi, dès que les épaules entrées dans l’angle ouvert à gauche » avec la jambe droite de devant » l’abandonnent avec la jambe gauche de devant, les han* ches s’en emparent avec la jambe droite de der* rière ; conféquemment, des deux conditions exigées pour le paffage régulier des coin », l’une eft exécutée » & Vautre entamée. Les jambes 2 & 3 n font pas plutôt remifes à terre, que le cheval, cédant à i’impulfion du pli » profitant d’ailleurs, & de la petite preffion que le retour de la rêne du de* dans fait éprouver à fon épaule droite, & de la puiffance que reprend fur la hanche gauche la rêne du dehors écartée pour revenir à fa place, rétablie promptement la première diflribution de fes maffes. Ce nouveau calcul offre la jambe i, toujours plus légère » en raifon du pli » que la jambe 2, tant Sue le cheval eft fur le droit » qui s’avance à côté ’elle dans la nouvelle pifie ; d’après quoi la jambe 4 » à l’aide de la même combinaifon primitive, fe débarraffe du fardeau de la colonne de derrière » ([u’elle fupportoit en entier, & chevale auffi la jambe 3. Donc le paffage de l’angle ouvert à gauche fe trouve confommé dans toutes les règles » puifque les hanches entrées avec la jambe droite de derrière j en fortent avec la jambe gauche. Premier changement de main de gauche à droite. . L’élève trouvera certainement dans la fuite da travail des évelutions plus compliquées en apparence que celle dont il vient d’achever h figure, mais il n’en rencontrera sûrement aucune qui demande, au fond, plus d’exaâitude & deprécifion. Je puis même avancer qu’un coin fidèlement fuivi dans fes détails, doit être regardé comme la pierre de touche du vrai talent. Comment » en effet, bsir i66 M A N ^ firderle paffage de ces angles, avant’qu’uae prt-2 tî^ue coftfomniée des huit temps de aiain ait rendu jiAhre des quatre divifions mobiles du cheval i Toutes font mifes à contribution. Après avoir fu Srgner le pli, ne fâut-il pas fçavoir Teiicretenir ? e faut-il pas encore fçavoir ptuiTer les épaules dii dedans fur le debors, & puis les repoufler k propos du dekors fur le dedans i Ne faat>il pas enfvite fçavoir doBner au coros cette tournure domi>circulaire qui lui fait imiter l’avant main dans iW marche, & montrer Texemple àrarrière-main ? Ne faut-il pas enfin fçavoir imjprimer fur les hanches les deux impulfions inverles qui mènent & ramènent les épaules ? Je le redis avec confiance » la prife exade d un coin eft la mère^volution de toutes celles qu’on exige au travail fur le droit. Le pre<mier changement de main à faire de gauche à droite en dionne une preuve incontefhble* La comparalfon au travail avec la danfc une fois admife » on fent que la fcrupuleufe régularité de l’exécuter a feule le droit de commander Tintàrêt des fpeâateurs. £n conféquence, on doit attendre patiemment, & que lavant-main du cheval foit au niveau du timbre qui marque le changement de main » & que le cheval, ainii qu’à Tencrée dans le coin, s’appuie fur la jambe i. On fait alors, à peu de chofe près, ufage de la combinaifon des rênes ci-devant enfeignée pour demander la fortie du coin, tant avec les épaules qu*avec les hanches. On dit 9 à peu de chofe prés, parce qu au moyen de la demi évoludon projettée, il faut fe cpnteqter de fixer d’abord la rêne droite fur Tépaule du cheval > au lieu d’ajouter la preffion de cette rêne du dedans, à fa tenfion, & fî bien proportionner cnfuite, foit la preffion, foit lécart de la rêne gauche, que les jambes % Se 4 embraflent Ariâenient dans la diagonale le terrein néce^Taire pour arriver traafverialemem au-defTus de celltrs i & On auroit tort de ne pas s’afTurer du placement i terre des jambes du cheval, avant que d’e/fayer à lui demander l’ouverture d^ changement de main ; car, c’eA en comptant une pour le port de la jambe de devant du dedans, qu’on doit fixer la yéne droite ; de giéme qq’il iic faut pas laifTer échapper ^intervalle qui fe trouve entre une comptée & deux à cpmpter, pour faire agir la rêne gauche.

Malgré l’ennui que peuvent canfer les répétitions trop fréquentes, j’aime mieux encourir ce léger reproche, & rappelier à mes le£)eur$ que les niaffes de chaque colonne vertébrale font toujours en oppofkion oblique : qu’ainfi les 1 2 de l’avantmain entièrement balancées fur la jambe t, diaprés la preffion de la rêne gauche, & contenues fur cette jambe du dedans, conféquemment ap fixer de la rêne droite, les 12 de l’arriere-main portent auffitôt à-plomb fur la jambe 4, pendant le jeu rranfverfal & fuccefiif des jambes 2 & 3. L, a jambe 2 entrée la première dans la diagonale, & mife au-deffps de la jambe ; | 01 ; voit la jambe 3 I

■ M A N •

I deTcendreâ terre » afin de recevoir à fou cour les 12 de la colonne de derrière, que l’écart de la rêne gauche repoufTe du dehors fur le dedans, uadis que la preffion continuée par le fixer de la rêne droite fait repafier les « 2 de la colonne de devant du dedans fur le dehors. A cette tranfpofition des 24 de la maffe, aâuellement étayés par les jambes 2 & 3, fuccède l’enlever des jambes i & 4. Celle de devant file à côté de la jambe 2 fur la diagonala ou celle de derrière arrive également, en fe pla-, çant au defTus de la jambe 3 Lorfque le bipède de devant abandonne ta dîa «  gonale du premier changement de main ouvert de gauche à droite, & pafie fur la pifle qu’on va frayer de droite à gauche, on détruit le pli par une defcente abfolue des deux mains. L’élève n a pas oublié qu*au travail, defcendre la main, c’eft précifément ce qu’on appelle aux éléments la rendre. MzH avant que de reprendre le cheval > dont la tète & les épaules font feulement entrées dans la nouvelle ptUe, on a deux obfervarions efTeatielles à faire. La première nous apprend quetouc changement de main refte imparfait, ou pour parler la langue de l’èquiration, n’efl point fermé, tant que le bipède de derrière ne fe remet pas exaôement à la fuite de celui de deva^nt. La fécond^ avertit notre élève qu’il chemine à préfent do droite à gauche ; qu*en conféquence, la rênç droite & les jambes 1 & 3 « de dedans quelles étoient i deviennent du dehors ; comme, par 1^ Olème raîfon, la rêne gauche, aihfi que les jambes 2 & 4 « font du dçdanst Cetfe dernière remarqua engage à donner aux deux mains unç pofition totalement inverfe à celle qu’elles avoient avant Iç changement de main. Eu égard à la nouvçlle direc’^ tion du cheval, le cavalier emploie fa main gauche, qu’il laiflfe au-defibusde fa droite, à faire reparoitre le pli fur le nouveau dedans, oc c’eft U main droite, aâuelle du dehors, qui fe charge dç mener^ Les effets qui fortem de l’inverfion des rênes s’accordcnf en tout point avec la première obfervation. A moins que, pendant la traveriée àç la diagonale, le cheval n ait dérangé Tordrç tranfverfalde fes jambes, il eft évident que » forti de l’ancienne pifte avec les jambes 2 & 4 alors du der hors, Çl ce d’après iurefiion & l’écart de la rêne gauche aidés par SRxer de la rêne droite, il e& évident, dis-je, que les prenfiers pas qu’il formç dans la nouvelle pUle doivent être imprimés, de gauche ^ droite, par Icsimêmes jambes du dehors, puisqu’elles font encore foumifenà la même combinaifon des rênes. Or, la jambe 2 pouffée dans la piâe au-deifus dp la jaipbe i, nul doute que cç foit la jambe 3 qui vienne obliquement fe mettrç derrière elle. Voilà l’inflant oii les rênes détendues perdent leur valeur avec leur nom, pour reinonter en puiffançe & dénomination inverfe. De-là le prolongement du premier changement de main ne peut avoir Heu que par le port intermédiaire de 1^ jambe 1, & la clôture de cette évolution pac Iç M A N )eu 4de la îatbbe 4. rélévarien de la réfie droite permet à la jambe i de veair fc ranger le long du mur à côté de la jambe 2. A Tégard de la jambe 4 9 elle cède indifpenfablemem à 1 impulfion, quoique récente de la rêne eauche » à qui fa nouvelle qualité de rêne du’dedaas communique affez de puiâance, & pour donner le pli, & pour chafTer cette jambe de derrière » au moment où elle devient du dedans » à h place qu’elle doit occuper dans la pifle parallèlement à la jambe 3. Pour peu qu’on veuille approfondir la combinaifon des rênes qui ferme le changement de main de gauche à droite, on apperçoit que le pli formé à gauche détermine le ciieval à s’appuyer fur les jambes i & 4 9 dernières mifes en aâion : par conléquent on a la fatisfafKon de voir le cheval entamer la nouvelle pîfte 9 qu*il fuit aâuellement de droite à gauche, par la jambe 2, devenue du dedans 1 avec la même aifaace qu’il a débuté dans l’ancienne par la}ambe J, qui jouiâbit alors du même titre. Prendre un coin quîfc préfinte â droite, I^es procédés qui font prendre au cheval les coins ti droite, étant exaâement calqués fur ceux qu’on a ci’devant détaillés, foit pour l’entrée dans les coins à gauche, foit pour leur fortie » Télève peut exécuter de lui-même l’évolutioa qui fe préfente, puifqu’il ne s’agit que d’adapter à la rêne gauche les temps de main qui influpient auparavant fur la rêne droite, & d’attendre de cette dernière les effets émanés de la première à l’autre main. En fuiyant arec attention le jeu tranfverfal des quatre jambes du cheval, on voit les d^x bipèdes fon-Hiis à cette nouvelle combinaifon des rênes, entrer alternativement avec les jambes 264 dans le coin qui fe préfente à droite, d’où les mêmes di* Vifions fortent enfuite avec les jambes x & 3. Second changement de main de droite à gauche.* L’élève eft pareillement à même de fe paffer de confeils pour fisurer le fécond changement de main de droite à gauche. La parfaite reflemblance entre l’évolution a demander & celle précédemment opé-, rée » indique affea les feuls temps de main dont on puîâe faire ufage. Je me borne donc à répéter ici Ai’aufEtôt que la colonie de devant en rentrée dans la pi Ae par 011 on entame la reprife, il faut foigneuiement fermer le fécond changement de anain, afin que, les hanches rcmifes à la fuite des épaules » le cheval reparoifle ployé à droite comme tn commençint.

VArrA.

A eettà première le^on du travail t ainfi qu’à tontes celles qui vont fuivte, la condition expreffe de ployer le cheval fur le dedans entraine ToDligation indifpenfable de faire précéder l’arrêt par f’anéamiiTement total du pli.Xnconféquence, quelles pas avant que de marquer un ^rrêt, on y pré— 1 yare Iç chcral » au moyca 4’wc diminution gra— I M A N 167

duelle de la tenfion de la rêne dtl dedans » & aue «  mentant en proportion égale la puiflazice de celle du dehors. Les deux mains revenues dans la pofinon oii elles étoient ramènent le bout du nez du cheval direâ à la pifle qu’il fraie. Voilà l’inftant marqué pour former un arrêt définitif. Du Manier en place*

L*accord parfait qui doit régner entre les temps impulfifs de la main & des jambes égales du cavalier, & les temps impulfés des auatre jambes du cheval : cette unité d’aâion, qyi donne toute prééminence à la belle expreffion du travail, demande aue les différents airs dont il eft compofé ne perdent Jamais la cadence qui fait leur caraâére diftinâifl Bien loin de fouffrir qu’elle fe ralentiffe pendant les évolutions des coins, ou celles des changements de main » on. ne permet pas même aux élèves d’interrompre fubitement les mouve «  ments du cheval qu’ils travaillent ; de là, l’ufage reçu de dorre les airs terre-à-terre par le manier en place. •

Ce que c’eft que le Manier en place, On recoanolt le manier en place à ce que le cheval entretient le jeu fuccef&t & tranfverfal de (^s quatre jambes qu’il fait mouvoir pofitivement comme pour former le pas 9 & que » cependant » il ne fe porte ni en avant ni en arrière. L’avantage que procure le manier en place » fubftitué au reculer » eft de prouver tju’on a fu maintenir le cheval dans ce jufte aplomb qui lui conferve laifànce de répondre promptement & précifément aux feules Indications de fon cavalier* ^ Comment on met un cheval au Manier en place » L*explication précédente amène les vrais moyefis qui font exécuter le manier en place. En effet » dès qu’à cet air, le cheval doit mouvoir fes quatre jambes comme à l’allure du pas, mais fans avancer ni reculer, on ne peut donc exciter un cheval à manier en place » qu’en opérant cùmme pour le porter en avant, & contrariant à la minute ces mêmes opérations par d’autres qui les annuUenr. v Qiaque fois qu’on veut établir un principe, on ne fauroit répandre trop de clarté fur les préceptes 3ui le développenté En conféquence » je croîs evoir reprendre le cheval dans la fuppofition d*un arrêt le mieux formé, ce « qu’on appelle au manège » parer un arrêt. Alors, dans la main & fur les hanches » d*après Texaâe réunion des deux colonnes vertébrales au centre, le cheval eft récl « ’ lement balancé dans les mains & les jambes de fon cavalier. Il n’exifteplus de pli : difpofition des s4 de la maffe qui met ti bien le centre en équilibre fur les quatre jambes, que la moindre liberté offerte à la colonne de devant feroit renouveller au cheval les temps du pas d’école ; de même qu’il reculeroit au plus petit relâchement de la preffion des jambes • égales du cavalier. Or, fi ce dernies profite d#


GoQgle

t69 . M A N l’aptitude oti fc trouve le cheval de répondre à telle imuulfion qu on veuille lui commiyiiauer » & que, larriéFe-main contenue deflbus le point central , il pouffe Ta va nt- main avec Tune des deux rênes , la preffion qu occafionne cette rêne , devenue obligatoire , incline tnèvitablement les 1 2 de la colonne de devant fur une des jambes qui la foutiennent* Suppofons que ce foit la rêne gauche qu’on faffe agir. Dès cet inftant, l’équilibre que la fade répartition des 24 de la maffe avoit établi fe trouve abfolument dérangé. La jambe i fupporce à préfentles la de la colonne de devant, déterminés de gauche à droite , tandis que la jambe 4 eft obliquement chargée des 1 2 de la colonne de derrière : combinaifon naturelle qui ne laiffe au cheval d’autre poffibilité de répondre aux incitations des jambes égales de fon cavalier , qu’en détachant fucceffivement les jambes a & 3. Tel court que foit Tintervalie que ces deux jambes tranfveriales mettent à quitter terre, & à y revenir , il donne le temps de Âibftituer la pulfation de la rêne droite à la puiffance de la rètK gauche , qui laiffe auffi-tôt refluer les 12 delà colonne de devant de droite à gauche. Dans cet état ,’ le cheval , dont Tavantmain incline à gauche , & rarrière-main penche à droite , remet fubitement à terre les jambes 2 & ^ qu’il n*a pas eu le temps d’étendre ; mais » toujours excité par la preffion non- interrompue des jambes fermées de fon cavalier , il enlève avec la même prefteffe les jambes i & 4 Le premier temps du inanier en place une fois confommé , nulle difficulté d’en exiger d’autres. Tant que chaque rêne balance les 12 de la colonne de devant inverfesnentà chaque jambe en l’air, & tant qu’on a foin de maintenir la colonne de derrière deffous le centre, incertain du genre de mouvement qu’il doit entreprendre, le cheval lève & rabat à la même place , les unes après les autres & tranfverfalement, fes jambes de devant & de derrière, ou manio en place.

Cûrrtt du Manier en plaee.

De touts les airs de manège, il n’en eft point de phis attrayant , & qui demande autant de difcrétlon de la part du cavalier que le manier en place. Au moyen de l’affiette exaâe du cheval , & vu le défaut d’ondulation des colonnes vertébrales qui reviennent fans ceffe fur elles-mêmes , les hanches auroient ^ îbuflKr d’une exécution trop fuivie de cet air. En effet , toujours inférieures aux épaules , ce font les hanches qui fupportent la majeure partie des maffes combinées de l’homme & du cheval , fans employer à la vérité beaucoup plus d’efforts qu’lk la formation du pas d’école , mais cependant avec uae forte de contrainte reladve k la fujéiion iqui caraâérife le manier en place« Quant à l’arrêt qui clôt définitivement cette première leçon du cravail , on le marque au cheval, en diminuant in* fenfiblenent la pulfation réciproque de chaque tine* A fnefure ^u’op fenr Ip çnevd rsUentir Tcii-M AN

lever tranfverfal de fes quatre jambes , le caralîe^ a foin de relâcher la preffion de» fiennes , afin de laiffer détendre les deux colonnes des vertèbres » & pour que le cheval recouvre la faculté de fe reinettre dan> Tinaâion^oii il n*eft pas plutôt , qu*on l’y fixe par une djfcente entière de la main qui termine & le m ;inier en place , & le premier des airs terre a-térre.

Pofition du cavalier pendant la leçon du pas técole^ Ou les principes d’un art font radicalement faux , ouïes confé^uences tirées de feâion en i^&xaTk doivent avoir leur bafe écrite dans la première leçon clés éléments. Conformément à cet axiome , fi nous interrogeons notre élève fur la pofition gue demande la leçon du pas d’école , voici quel fera le dilemme qui diâera fa réponfe. L’inionàion fbrmelle de regarder entre les oreilles du cheval , 3u’on mène aux allures naturelles , ayant pour but e placer les clavicules du cavalier perpendiculai* rement au-deffus de fes hanches , & par fuite , de mettre fes hanches parallèles aux épaules du cheval , & le cheval à Ta lure du pas ordina re , étant abfolument droit de tète , d’épaules , de corps & de hanches , il n’efl donc pas au pouvoir du cavalier d’entretenir la perpendiculaire du haut de foa corps dans la direâion de l’avant main du cheval qui travaille au pas d*école , à moins que de tour* ner un peu la tète for le dedans, & de reculer médiocrement fon épaule du même côté , puifque la condition du pli détermine auffi le cheval a ren«  trer l’épaule du dedans. Ajoutons cette règle gêné* ra c aut vérités fondamentales dont nous avons prccêdemment fait une épreuve fatisfaifante , qu’il tàut toujours fe defSner à l’inflar de la tournure qu’on donne au cheval , afin de le conferver d*a* plomb dans toutes fes évolutions , en pefant avec lui fur les jambes qull prend alors pour points d’appui.

Steondefaçênde mener le cheval au pas t école , les rênes réuies dans la main du dehors , en iaidaat de la main du dedans^

L’élève , qu’une prattque’raîfonnée de la leçon du pas d’école aux rênes (éparées a confirmé dans l’exécution de ce premier air terre-»à-terre , p«ut aâuellement entreprendre la knême leçon , en réun’iffant les rênes dans la main du dehors , & ne fe fervant de la main du dedans que comme d une aide avec laquelle il donne le pli , & maitrife toutes les panies du dedans. A cette féconde façon de mener, la reprife commençant toujours de gauche à droite , le cavalier place fa main gauche luivant la méthode diâée dans les éléments. Il avance en«  fuite fa main droite fur la rêne du dedans : impo& tion qui la met plus baffe que celle du dehors j & ploie le cheval fur le dedans. Pour contrebalancer lesprefiions motivées qu’occafîonne Tappui de la main du dedans , le petit doigt de la main gauche faii plus pp moins vibrer la rçnc du dehors qu’on M A N Ctit être en poffei&on de mener le cheval au travail. Prendre un coin, qui ft pré fente à gauche^ L^obéidance du cheval ne peut être <|ucla même, foit qu’il réponde aux rênes féparées, ou bien qu’il agifle d après les rênes réunies dans la main du dehors, pourvu que les indications qui lui parviennent, aient une valeur relative àrexécution attendue. Quelle aue foit la manière au*on emploie, le cheval prend ^s coins qui fe préfentent à gauche, iQrfque Tinfluence des rênes, d’abord dirigées du dedans fur le dehors, & énfuite du dehors fnr le dedans, poufle alternativement fes deux bipèdes dans langle, & les en fait fortir. La preuve en eft, qu*à cette féconde façon de mener, la jambe i entre dans le coin, ea vertu de la prefGon de la rêne du dedans foumife à la main droite, aidée par récart de la rêne du dehors, que le petit ftoigt de la main gauche éloigne de T’épaule du cheval ; comme la jambe 2 fort du même angle auilltôt que la main^auche ramène la rcnt du dehors, pendant que la main droite emmène à fon tour la rêne du dedans. Quant aux jambes 3 & 4, elles fuivent iranfverfalement ainfi qu’aux rênes féparées, & par les mêmes moyens.

Premier changement de main de gauche â droite. Je me difpenferois volontiers de retracer à mes leâeurs les détails des deux changements de main » fans la tranfpofition des rênes, indifpenfable à cette féconde façon de mener, & qui demande une méthode particulière. En effet, celle écrite jufou’actuellement fait bien connoitre le produit de révolution, qui ne peut jamais être, quant au cheval, que Taâion de traverfer diagonalement la carrière du manège, mais elle. laiUe abfolument ignorer 1 etymologie de changer & changement de main, relative au cavalier. Or, ces mots viennent de ce que les élèves, lorfqu’ils mènent de la main du dehors en s’aidant de celle du dedans, paffent réeUcment y à chaque changement de main, leurs rênes d’une main dans l’autre, en s’y prenant de la manière que je vais décrire.

Le premier changement de main de gauche à droite entamé comme à Tordinaire, en rai fon du fixer de la rêne du dedans que commande la main droite, & d’après le pouffer de la rêne du dehor » que fait agir le petit doigt de la main gauche, s’ouvre, ainfi cuonTa déjà vu, par le port de la |ambe 1 qui s avance feulement audeffus de la jambe 1. Les épaules du cheval entrées dans la noijvcUe pifte qu’on va fuivre de droite à gauche, il faut ôrer la main droite de deffus la rêne du dedans, & profiter de l’inAant où cette rêne devient du dehors pour opérer avec la main gauche ce qu’on appelle une defcente de main. C’eil pendant l’intervalle qui fe trouve entre la defcente & la remontée de la main qu’on tranfporte les rênes de la main gauche dans la droite. Comme cet e nouvelle n^ain du dehors doit les recevoir inverfe-Equltdtion, Ejcrime 6 » Danje »

i

M A N itf »

ment à la (>ofitioh qu’elles avoient dans la maia gauche, le cavalier gliffe fa main droite toute ouverte entre fon corps & les rênes, de manière que la paume de la main le regarde. Alors la main gauche dépofe les rênes fur le plat de la main droite qui les fépare avec l’index, & les empoigne avec les autres doigts. De cette façon, le bouton des rênes qui fortoit par le pouce de la main gauche & flotoit fur l’épaule droite du cheval, s’échappe actuellement deffous le petit doigt de Ta main droite & retombe fur l’épaule gauche. Lesjrênes prifes avec la main droite reprennent la valeur que la defcente demain leur a fait perdre, auflitôt que le cavalier met cette main du dehors à la place qu’occupoit auparavant la gauche, & que celle ci prend poffeffion de la nouvelle rêne du dedans, dont la tenfion faite pour ployer le cheval à gauche, ferme en même temps le premier changement de main de gauche à droite,

Prendre un coin quife prêfente â droite* Si révolution précédente exige une feâion à part, il n’en eft pas ainfi de la prife des coins qui fe préfentent à^drQJte. Au moyen de ce que l’entrée de ces angles &leur fortie reconnoiffent à cha-Î [ue main des caufes femblables, il me fufiit d’oherver que les effets de la rêne du dedans émanent a6bellement de la main gauche, tandis que l’index de la main droite remplit deffous la rêne du dehors les fondions attribuées au petit doigt de la main gauche, avant la tranfpofition des rênes. Second changement de main de droite à gauche. Comme je ne connoîs d’autre différence entre les évolutions du premier & du fécond changement de main que dans le tranfport des rênes, | a «  bandonne un moment le cheval pour fuivre l’exécution du cavalier. Suppofant i’avant-main du cheval de retour dans la première pifie par où on entame la reprife, on s’attend à trouver la main droite encore du dehors, non-feulement defcendue, mais prête à remonter : circonftance qu’on fait être le prélude de la fubffiti)tion des rênes. Ea conféquence, l’élève avance fa main gauche pardeffus la droite, qui ne lâche les rênes qu’après les avoir conduites dans la main gauche, redevenue du dehors, dont le petit doigt les fépare à l’ordinaire ; & la main droite vacante reprend auflitôt fur la rêne droite fes fonâions avec fop titre de main du dedans. Au furplus, à cette féconde façon de mener, les deux changements de main qui ont trait au cavalier, font à leur vrai point de perfection, lorfque le paffage des rêqes ne rallentit pas les aâions du cheval, qui ne doit en interrompre la mefure que pour l’arrêt.

V Arrêt.

On prépare l’arrêt par l’abandon total de la rêne du dedans, & on TcfieiSlue par le foutien gradué des deux rênes, dont les preffiops égales avertif-Digitized’by 170 M A N fenc le cheval, abfolument déployé, qu*il eft tenps de former un arrêt »

Du manier en place »

Si notre élève, curieux de poufler la leçon du pas tf école à fon dernier période, toujours avec Taide de la main du dedans, veut effayer de faire manier le cheval en place, il faut alors que la main droite, étendue fur les deux rênes, lui ferve à balancer inverfement les 12 de chaque colonne yerlébrale. On conçoit aifémcnt comment Tinfluence de la main du dedans peut déterminer Tavant main à pafler tantôt fur une jambe, tantôt fur l’autre, tandis que la main gauche marque à propos les temps qui contiennent Tonduhrion de rarrièremain, excitée par la preffion des jambes égales du cavalier, & s’oppofe au déplacement du cheval que cette contrariété d^eflets oblige à manier en place.

L arrêt du manier en place.

Bien convaincu de la néceffité d abréger la durée du manier en place, Télève fe hâte d’en marquer larrêt, qu’il exécute ainfi gu’aux mains féparées : c’eft-à-dire qu’on laiâe amonir infenfiblement les vibrations de la colonne de devant > fc qu’on ceiTe d’alimenter le centre par l’apport de la colonne de derrière. L’élève faifit Tinfiant où le cheval revient dans l’inaftion, & pour l’y confirmer, il enlève la main droite de defTus les rênes, afin qu’une defcente de la main gauche favorife la clôture du manier en place.

Troifieme façon de mener le cheval au pas d’école ^ de la feule main gauche,

. Sans la grande habitude des deux précédentes façons de mener le cheval au pas d’école ^ dont la feconde exige beaucoup plus r.e précifion & de juftefle que la première, Téléve auroit raifon d’être effrayé de la propofition de tenter la troifieme, qui le reftreint au ieul ufage de fa main gauche. Mais, efpérant de réuffir, il commence par égaler fcrupuleufement les deux rênes, 6c après le fakit, il laifle retomber jufques deffu » fa cui/Te la raaîn droite fufpendue dès-lors de toutes fondions. Lorfque la légèreté du cheval annonce fon affiette, & conféquemment fa difpofirion à répondre aux moindres indications, le cavalier ediaie de lui donner le pli. Pour cet effet, la main arrondie travaille comme à la préparation du tourner. Auffiiôt que le cheval abandonne Cz tête, on rend promptcment à la rêne gauche fa tenfion primitive, afin qu’elle empêche l’avant main d’être couchée fur le dehors^ Dans cette intention, non— feulement il faut remonter doucement k main toute arrondie, mais avec le petit doigt modérateur des difiances graduées de la rêne gauche, écarter on foutenir, fuivant le befoin, cette rêne du dehors reconnue motrice des différentes fenfations qui coopèrent à la conduite du cheval. Tant qu’on iiiit la première M A N

pifie de gauche à droite, on doit s^attacher à conre^ nir le pli, fans qu’il dérange Taplomb des épaules, foiten employant avec adreffe le plus ou le moins d’arrondiffement de la main » foit en faifant jouer alternativement les rênes fous les deux derniers doigts de cette idain. L’élève entrevoit toutes les fineffes dont la troifieme façon de mener eft fufcep* tible, puifque les temps de main font uniquement réfervés pour les effets obligatoires des rênes, mais que ceux préparatoires & confervatoires fortenc aâuellement de deffous les doigts. D’où il réfulte que, fi le cavalier n apprend pas à contrebalancer avec Tannulaire, qui péfefurla rêne droite, une impulfion que je fuppofe, dans ce moment, trop marquée par la rêne gauche foumife au petit doigt ^ le cheval pirouette à droite, & manque la leçon. J’obférve encore, avant ^ue de paffer outre, que les temps des doigts dont je viens de parler, font les feuis expédients qu’on ait à prêfent pour rendre la main & la reprendre.

Prendre un coin quife préfente à gauche* Quoique le cheval fuivc la direâion des rênes J & jamais la manière qui les dirige, cependant, va le raccourci des mouvements que cette troifieme façon de le mener nous laiffe, on ne peut trop s’af* furer de l’efficacité des petits moyens qu’on em «  ploie aâuellement, avant que de rien entreprendre d’un peu coraphqué. Or, la meilleure preuve qu on putffe donner de la jufteffe de leurs combinailons » ed, fans contredit, de montrer le cheval toujours droit d’épaules, de corps & de hanches, malgré le pli fur le dedans. Parvenu à ce degré d’exécution, de fimples réminifcences aideront notre élève dans le pafiage du coin qui fe préfente à gauche. On fe rappelle qu’après le demi arrêt, ce font les rênes, d’abord tendues du dedans (ur le dehors, qui pouffent les épaules dans le coin : qu’enfuite les rênes, tendues du dehors fur le dedans, repouffent les épaules hors du coin, & f( » nt auffitôt entrer les hanches. Finalement, que les rênes remifes à leur place achèvent la foriie du coin. Travaillons maintenant à tirer touts ces différents effets de la feule main gauche, & ponons la précifion au point que le cheval ne conçoive pas même l’idée d’y réfifter. La méchanique enfeigne que plus un reffort eft comprimé, moins fà d^ente coûte d’effort. Confé «  quemment on marque affez ferme le demi-arrêt ^ précurfeur de toutes les évolutions, pour que le raffembler exaâ qu’il produit faffe defirerau cheval d’entrer en aâion. Dès que le cavalier apperçoit llieureufe difpofition où fe trouvent les deux bi-> pèdes du cheval, il ne tarde pas à porter fa main arrondie fur le dehors, fans oublier l’éeart du petit doigt, qui met la réae gauche à quelque diftance de répaule du cheval. Voilà bien certainement les deux rênes deffinées ^ïl dedans fur le dehors, & le cheval, empreffé de les traverfer, qui a déjà pofé la jambe i dans le coin. Pour favorifer le cbevaler de la jambe a » foUiciter en mtême temps la .M AN fambe 3 Ma Vemiilacer dans Tangle, & remettre la jambe 1 en liberré, on rapporte la main, toujours arrondie, du dehors fur le dedans, & ce qui détermine le cheval lé plus viâorieufemeni, on ref » ferre le petit doigt, en écanant l’annulaire. Touce fnodique qu’eft cette combinaifon intérieure, on lui doit cependant le fini de la contrepofition des xenes braquées à préfent de eauche à droite, & feule elle commande le port alternatif & tranfverfal des jambes 2, 1 & i : car on fait qu’en raifon <lu pli, la jambe oe devant du dedans doit conftainment entamer chaque pifte. Il nous refte donc la jambe 4 à faire paffer dans le coin ouven à gauche, Scpar^deffus ta jambe 3. Mais les trois temps fucceflifs de la main replacée, de l’annulaire fermé, du petit doigt écarté, ne repréfentent-ils pas les rênes dans leur « rdre primitif, fur-tout Tarrondiffement de la main étant entretenu ? Auffi le che^5^ 9 fenfible— à la vibration de la rêne du dehors tendue fous l’écart du petit doigt, con^rmé d’ailleurs fur les jambes 2 & 3 par la preffion de la rêne du dedans qu’abandonne l’annulaire, avance la jambe 4 à la fuite de la jambe i, Se par-deflTus la ïambe 3 ; ce qui termine dans toutes les régies le paflàge du coin qui fe préfente à gauche. Preneur changtmem de atain de gauche à droite. Il n*eft point de récompenfe plus attrayante pour un cheval qui travaille, que d’abréger la durée de fes reprifes.U faut donc fonger k demander promptement au nAtre le premier changement de main qu’on ouvre de gauche â droite. En conféouence, on écoute avec une nouvelle attention 1 enlever progreffifdes jambes de devant^ jufou’à ce qu’on furprenne à terre celle du dedans. A l’raAant oii l’élève compte une, pour cette jambe de devant, non^feulement il ceflc toute aâion du petit doigt, mais il ramène modérément la main arrondie fur le dedans, afin d’obtenir de la jambe 2 le feul demi-chevaler qui fait entamer au cheval la diago* nale dans laquelle on deiire le porter. En analyfant le produit de ces deux temps de main, on trouve au réfultat, premièrement, que l’inaâion du petit doigt laiâe à la rêne du dedans, arrêtée fur l’épaule droite du cheval par l’arrondiffement primitifdelamain, le fixer qu’elle communique auilîtdt à la jambe i : ■ fecondement, que la preffion de la rêne du dehors, qu’efleâue le port fecondairedela main arrondie » décide enfuite la jambe 2 à décrire le quart de cercle qui Tamène au dedevant de fa compagne. Le cheval entré dans la diagonale avec la)ambe 2, on redonne à la main fa première pofition, eaforte que la jambe 4, coritenue parTécan du petit doiet, quitte la pifte à fon tour, pour mettre le bipède de derrière dia{ ; onalement à la fuite de celui de devant. Lorfque es épaules du cheval font arrivées dans la féconde pifte où la diagonale aboutit, le cavalier fait une defcente entière de la main arrondie, mais il a fpin de U remonter Cambrée, 6c afin d’attirer la M A N 171

tête fur le nouveau dedans, & afin de fermer le premier changement de main de gauche à droite. A l’égard de U conduite du cheval, qu*on dirigé aâuellement de droite à gauche, elle dépend autant de la tournure cambrée de la main, que de l’extenfion motivée de l’annulaire » dont on tire ici les mêmes fervkes que le petit doigt rendroît à l’autre main.

Prendre un coin quîfe préfente à droite^ Jamais le cheval ne refufera de pénétrer dans les coins ouverts à droite, & l’élève oonfcrvera la faculté de l’en for tir i volonté, s’il adapte à la main cambrée les temps ci*deflus employés par la main arrondie, & fur— tout fi l’annulaiic paroit dans les occaiîoas oii on occtq>oit le petit do ! gt «  Second changement de main de droite à gauche. L’ouverture aiofi que la fermeture du fécond changement de main de droite à jgauche, auront à coup fur la même rèuffite* Ainfi je fuppofe le cheval revenu dans la première pifte, & conféquem^ ment à fa direâton aânelle de gauche ï droite, la main du cavalier remontée, placée & arrondie. Varrêt.

Le defTein du cheval mis à Tair du pas d*école, ne différant d*avec l’efquifle du cheval qu’on ébranle i l’allure du pas ordinaire que par le pli, donc une fois le pli détruit, le temps d arrêt exprimé da’ns la première leçon des éléments, efl le même que celui qui termine la première leçon du travail, où on mène de la feule main gauche.

Du manier en place.

On fait que les temps du manier en place réfultent toujours du balancement oblique des 24 de la mafle. Or, toutes les fois qu’à cette dernière façon de mener, la main, feule motrice de la vibration qu’on attend, répartit alternativement les 12 de chaque colonne vertébralct » tantôt fur une jambe, tantôt fur l’autre, le cavalier ne doit avoir d’autre foin que de fuivre avec la plus grande attention cet enlever fucceflîf des jambes « afin qu’à mefure que le cheval en pofeuneà terre, la preffion calculée, foit du petit doigt, foit de l’annulaire, précède le temps de main inverfe qui lui £ûc détacher lautre.

Varrêt du manier en place »

Quanta l’arrêt qui clôt défintiivement, & Talr du manier en place, & la première leçon du travail, on le marque avec la feule main gauche exaâement comme on a fait aux deux précédentes Êiçons : cefl-à-dire, qu’on détruit tnfeniiblement le balancement de la mafle, en dégradant les pulfatîon ) qui le produifent, & qu’on patiente^ jufqu’à ce que le —cheval en foit au fimple ébranlement, pour lui demainder l’arrêt total. Yij

i7> M AN ’De ripauli en dedans »

’Pendant que la nature artîculoit les quatre divifions mobiles du cheval i elle prèparoit en même temps les loue de Téquitarion, qui le rendent autant utile qu agréable, & dont les premiers écuyers-Arofeiieurs nous ont tranfmis le code. Pour nous, éclairés par les obfervations de nos prédécefleurs, notre empire s’eft tellement établi fur ce fier quadrupède, que, fi nous favons maîtrifer defpotique-Hient la totalité de Ton individu, nous avons éga* iement lart de ployer, à volonté, telle ou telle portion difiinâe de ion être. L’élève quitte la leçon « u pas d’école où on apprend à travailler un che-Tal droit d’épaules, de corps & de hanches, quoi3 ne avec le pli fur le dedans ; je vais lui montrer, ans celle intitulée l’épaule en dedans, comment on peut amener les épaules du cheval à la fuiie de ia tête » fans altérer la marche ordinaire aux deux dernières divifions du corps & des hanches. Comjne je n’ai jamais trouvé de méthode qui donnât autant Tintelligence des différents airs de manège, que de crayonner la figure qui leur eA propre, je commence par décrire de quelle façon il faut qu’un cheval foit contourné pour être l’épaule en dedans.

Ce que e^ijl que V épaule en dedans. On dlAingue la combinaifon de Tépaule en dedans, & à la pofition du cheval qui s’y prépare, & à la marche de celui qui s’y prête. Pour la pofition, le cheval ployé fur le dedans, a l’avant-main entièrement dehors de la pifte où l’arrière* main refie. Pour la marche, le cheval, toujours avec le pli, fait pafler fa jambe de devant du dedans par-defius celle du dehors, tandis que fes jambes de derrière continuent leur jeu parallèle. Il réfulte de ce différent caTcul des deux colonnes vertébrales, que les 24 de la mafle du cheval en place font étayés, fçavoir, par la jambe de devant du dedans abfolument fortie de la pifie ; par celle de devant du dehors roife fur la crête de la pifte ; & par les deux jambes de derrière placées dans la pifte même. La figure de Tépaule en dedans reconnue, difféquonsen la marche. Or, d*après fa pofition, le cheval ne peut former le pas analogue à cet air qu’avec la jambe de devant du dedans, ébranlée la première, qui chevale d’abord celle du dehors : qu’avec la jambe de derrière du dehors, qu’il avance enfuice droit dans la pifte qu’elle fraie : ou*avec la jambe de devant du dehors, mue la troisième, qu’il retire de deflfous fa voifine pour la remettre encore fur le bord de la pifte : enfin qu’avec la jambe de der^ rière du dedans, qui, pofée dans la pifte à côté de fa compagne,.termine le pas de Tépaule en dedans, où on retrouve Tavant-main dans la pofition demi —circulaire mW a reçue. Void la première fois que le cheval fe mcût de deux piftes, c’eftà d’re que les jambes r & a tracent une ligne, pcnJantque les jambes 3 & 4enAiivent unç au-M AN

tre. Cette nouvelle façon de marcher, de la pari du cheval, demande qu’on inftruife l’élève des nouveaux procédés faits pour exiger la formation du pas en avant, avec une différence aufti marquée dans le jeu des deux bipèdes.

Comment on met un cheval à F épaule en dedans » L’épaule en dedans définie dans touts (es points » je crois pouvoir, fans indifcrétion, entamer la méthode, non-feulement qui combine » mais encore qui décernline un cheval à cette féconde leçon des airs terre-à* terre. L’élève vient de lire qu’aux trois conditions préliminaires & communes à chaque leçon du travail, d’être dans la maîn, fur les hanches, & ployé fur le dedans, le cheval doit ajouter, à celle que nous traitons,. d’avoir l’épaule du dedans abfoiu ment dehors de la pifte, d’où Tépaule du dehors eft un peu moins fortie » & où les deix hanches refteuL £n conféquence » lorlqu’on veut deffiner un cheval à l’air de l’épaule en dedans, il faut que la preftîon de la rêne du dehors, unie à l’écart de la rêne^u dedans, dont la tenfion primitive a déjà ployé le ^eval, cbaiTe de la pifte les deux épaules balancées enfemble du dehors fur le dedans. D’après ce plan préparatoire ^ on oblige le cheval à l’exécution du même air » premièrement avec la preffion de la rêne du dedans, afin d*obtenir le chevaler de la jambe de de « > vant du dedans, & fucceftîvement le port tranf « verfal de la jambe de derrière du dehors ; fecondément, avec l’écart de la rêne du dehors, à l’aide duquel le cheval avance fa jambe de devant du dehors, dégagée de defibus celle du dedans, & qui lui permet Teniever oblique de la jambe de derrière du dedans.

Je vais obferver, dans la leçon de l’épaule en dedans, Tordre établi dans les uâions de la leçon du pas d’école. Ainfi notre élève va commencer par mener les rênes féparées : où les lui fera réunie enfuite dans la main du dehors » en s’aidant de la main du dedans ; enfin il travaillera le cheval h l’é* paule en dedans de la {cule main gauche. Je ne m’expoferai pas davantage au reproche qui pourroit être fondé dans ce moment, ne trop rebattre les mêmes principes. Auffi, fans répéter à mes leâeurs les quantités choifies pour remplacer la mafle du cheval, dans foa entier & dans les divifions, fans leur rappeller, ni les huit pofitions des rênes, ni les huit temps de main qui les produifent : fans leur redire combien la correfpon^ dance intime entre les preftîons des jambes toujours égales du cavalier ^ & les opérations éma* nées de fa main eft eftentielle, afin de fournir une caufe aux divers effets qn on attend de l’aâion du cheval ; finalement, (ans leur repréfenter Toppofition naturellement tnrnfverfale qu’on apperçoit perpétuellement entre les épaules & les hanches du cheval d’une part ; de l’autre, entre les jambe$ de devant & celles de derrière^ ie fuis mon èlèv^ ■ M A N dans la carrière oii je vais Taider à mettre fon cheval à l’épaule en dedans, les rênes (ëparées. pTtmicrt façon dt mener U cheval a F épaule en dedans, Us rênes féparées.

On commence la leçon de Tépai^le en dedans, amfi que toutes celles qui compofent le travail, en fuivanc, de gauche à droite, quelques longueurs de manège, le cheval droit de tête, d’épaules, de corps & de hanches : intervalle qu’on emploie à raflembler le cheval jufqu*à ce que*, dans la main & affis, il foit encore régulièrement ployé fur le, dedans, & dont nous allons profiter pour faire la remarque fuivante. Nul doute qu’on ne^ puiffe difpofer le cheval à l’exécution de l’épaule en dedans, fur t^ie furface où on fe trouve, puifquê la préparation de cet air confifte uniquement dans la preffion de la rêne du dehors, & l’écart de la rêne du dedans. Mais fi notre élève obferve que ces deux temps de rênes font abfolument ceux qui déterminent Tavant — main du cheval à fortir des coins, pourquoi n*attendroit — il pas que le paâage d’un angle lui facilitât, & au cheval, le placement préalable des épaules fur le dedans ? Lors donc que, conféquemment à la preffion ^e la rêne du dehors, la jambe a » fortied*un coin ouvert à gauche, fait place à la jambe t, & qu’on fent le cheval au mo «  ment de retirer fa jambe i, on lui marque très-fenfibleinent Técartde la rêne du dedans, au moyen d un mouvement circulaire de la main droite, qu’on éloigne aflez de l’épaule du cheval pour qu’elle arrive au niveau de la cuifle du cavalier. Cette pofition de la rêne du dedans augmente le pli, qui s’étend alors jufqu’aux premiers côtés du cheval, & nécefllte évidemment la jambe i à quitter la pifte. Dans la crainte que l’extenfion un peu forcée de cette jambe de devant du dedans ne dérange l’aplomb du cheval, on a foin de réitérer la prenîon de la rêne du dehors, afin de chafler, prefqu’enfemble, les deux épaules fur le dedans ; eniorte que le cheval, qui détache pour la féconde fois la jambe i à la fuite de la j’imbe 4, l’amène fur la crête de la pifleà côté de la jambe i > & finit la préparation de Tépaule en dedans par le pon tranfverfal de la jambe 3, qui s’avance auprès de la jambe 4 reftée dans la pifte. L’avant— main n’en e(l pas plutôt dehors, que la prei&on de la rêne du dedans, ramenée par un fécond mouvemçnt circulaire de deâiis la cuifle du cavalier à l’épaule droite du cheval, commande à la jambe i de clie* Valer la jambe 2. Voilà Tinftant où on doit faire agir l’écart fecondaire de la rêne du dehors, dont l’effet eft de contenir la jambe 4 dans le milieu de la pifle. Le cheval folidement appuyé fur le^ jambes I & 4, on efface promprement lecart de la rêne dû dehors, qu’on remplace auffitôt avec la preffion renouvellee delà même rêne, en faifant reparoîtrele premier écart circulaire de la rêne du dedans. A cette nouvelle combinaifon des deux rênes, fuccède le jeu tranfverfal des jambes 2 Si M A N r73

). La première, maintenue fur le dedans par la preifion de la rêne gauche, reprend indifpenfablement fon poAe fur la crête de la piAe ; la féconde file droit deffous l’arrière— main, ainfi qu’a fait précédemment la jambe 4 foumife à l’écart de la rêne du dehors, & confomme dans toutes les règles le premier pas de l’épaule en dedans, puifqu^on re-* trouve les épaules en dehors de la plÂe, au milieu de laquelle les hanches font rèftées, 6c que, par la. combinaifon même des quatre jambes, le cheval ne peut fe mettre en marche qu’avec celle de de* vaut du dedans.

, 11 eft bien pardonnable à ceux qui n’ont d’autre guide dans la carrière de l’équitation que la foible lueur des éléments, 4’imaginer que l’exécution, très-pénible fuivant eux, des allures artificielles, dépend d’une multitude effrayante de temps de main & de jambes. Mais notre élève, affuré par pratique & par théorie, de la fimplîcité des ihoyens qui combinent un cheval au pas d’école ; fur-tout récemment convaincu de l’efiicacité de ces mêmes procédés, quelque peu compliqués qu’ils font, pour exiger l’épaule en dedans, pourroit-il efpérer la même indulgence ? Non fans doute. Cependant, afin d’ôter jufqu’à l’ombre d’une incertitude, nous ajouterons ici la démonflration calculée de cette féconde leçon du travail à l’expérience qu’on vient d’en faire.

En reprenant la pofition relative k l’épaule en dedans, & faififfant le cheval à la fortie d un coin, nous trouvons que, fi le bipède de devant abandonne la pifte oii refie le bipède de derrière, & fi lepli gagne les premières cotes, c’eft que’l’écart circulaire de la rêne du dedans, accompagné par la preifion de la rêne du dehors, entraîne les épaules au moment précis où le cheval tient la jambe i en l’air. Alors les 12 de la colonne de devant, autant attirés à droite que pouffes à gauche / obligent le cheval, menacé de perdre l’équilibre de cette première divifion, pris Air la jambe 2, d*éloigner la jambe i, afin de la menre deffous le centre de l’avant-main, dont le volume penche du dehors fur ^e dedans. La répartition inégale des 12 delà colonne de devant quadre bien avec l’exécution I » rojettée de Tépaule en dedans, puifqu’il faut que es jambes i & 2 travaillent en dehors de la pifte ; mais, à moins que d’invoquer l’art pour entretenir la marche parallèle des hanches, nonobfiant le plan diagonal des épaules, le calcul inverfe des 12 de la colonne de derrière, qui fuit naturellement, anéantiroit, à coup fur, la tournure— préparatoire au même air. L’élève apperçôir actuellement la néceffité d’étendre le premier écart circulaire de la rêne du dedans, jufqu’à ce qu’elle arrive ai ? niveau de la cuiffe du cavalier. Parfon moyen, on évite d’abord l’oppofition direâe de la rêne du dedans avec la hanche droite du cheval, donx Tavantmain, apporté feul en dedans, prcfenTC un arc bandé fur le dehors, enforte que l’aflion de cette rêoe droite ne parvient à l’arrlère-main que de con* 174 M A N cert avec la rêne gauche. Par fon moyen encore la même réde droite ^ qui repréfeme la corde de notre arc Mif, tendue fur les première » côtes » excite le cheval à rentrer cette panie de fon corps : conféquenfiment l’invite à rétablir, de lui-même » régalité détruite dans la difiributiQn des mafles de la colonne de devant, fans coucher cependant à la pofition primitive des jambes i & i placées fur le dedans, rar fon moyen enfin » les valeurs diftinâes de chaque rêne, qui viennent de chaâer féparément les deux épaules hors de la pifte » fe réuniffent pour former une feule puiflance capable au contraire d’empêcher les hanches d*en fortir. Apres avoir démontré comment les rênes peuvent faire prendre au chev%l la tournure préliminaire à l’épaule en dedans » je vais décompofer leur produit pendant la marche du même air. Le premier pas de Tépaule en dedans s’entame en vertu de la preffion de la rêne du dedans, rapportée circulairement de la cuifle du cavalier à 1 epaule du cheval : preflîon qui pouiTe la jambe i {>arde{rus la jambe 2. Rien de plus conféquent que e chevaler de la jambe x 9 puifque ce temps de la jambe de devant du dedans fuit les 11 de la colonne de devant » balancés de droite à gauche. Mais y où je regarde comme très efTenriel de venir mu feceurs de mon élève, c*eft afin de lut faire obferver, qu’^auflitôt le paflage de la jambe i, la corde de l’arc, autrement la rêne du dedans, fe trouve diredlement tendue fur la hanche droite du cheval. Le rentrer des premières côtes donne une preuve trop récente de la puifTance direâe d’une rêne, pour ne pas fentir là nèccfiaé de contrebalancer promptement roppofition aéluelle de celle du dédans. Cette remarque amène l’explication de l’écart intermédiaire de la rèdt du dehors, qui a la propriété de conferver la figure demi-circulaire de l’avant-maîn, en obligeant les jambes 3 & 4 à continuer leur marche parallèle. En effet, on enjoint cxprefféqient d’écarter la réàe gauche prefqu’en même temps qu’on pouffe avec la rêne droite, afin que la rêne du dehors » éloignée à fon tour de Tèpaule du cheval « prenne un appui relatif fur les parties qu elle gouverne, & amortiffe ainfi la Euiffance tropaélive delà rêne du dedans fur la anche droite. Conformément à cette dernière combinalfon des rênes 9 le cheval, qui a la jambe 1 pardeiTus la jambe 2, cédant en outre à la preffion des jambes égales de fon cavalier « ramène au centre l’ondulation de la colonne de derrière, dont les 12 9 balancés de gauche à droite j appe.fantiffent la jambe 3 « de manière à permettre le pontranfverfal de la jambe 4. Puifmie les jambes 9 & 3 ne terminent régulièrement l’exécution de l’épaule en dedans » qu’alors que le cavalier fait leur faire reprendre » à l*une fur la crête de la pifie, à Tautre dans la pifte même, la place qu’elles occupoîent pendant la préparation, on ne doit pas attendre ici la répétition fervile des détails qu’on a déjà lus. J’ajouterai feulement, comme une preuve MAN

de mes calculs, que fi la pofition du cheval à Vi^ paule en dedans émane des caufes qui donnent la (ortie des coins avec l’avantmain 9 ( preffion de la rêne du dehors, écart de la rêne du dedans), la marche de cet air doit être » & efi effeâivement le fruit des combinaifons analogues à l’entrée dans les coins, avec la même divifion du cheval. ( Pref «  fion de la rêne, du dedaiis, écart de la rêne du dehors )• Les leâeurs qui fe feront impofé la loi de me fuivre page à page, auront à laddition de ces diverfes combinaifons » premièrement » l’impoffibilité d’entretenir la figure de Tépaule en dedans, fans faire paffer le cheval de la préparation à l’action, & iucccffivement de Taâion à la préparation » fecondement, que les parties les plus lenfibles du cheval » conféquemment les plus intéref* fautes à ménager pour le cavalier » qui font les barres, fe trouvent auffi les moins affeâées ^ nonobftant la marche différente é^s deux bipèdes, puifqu’une fois le pli donné » le plus grand effet des rênes a lieu, tantôt fur lavant-main qu’elles pouffent, tantôt fur le corps qu’elles maintiennent. Examinons à préfent » dans la prife des coins » comment elles peuvent influer furrarrière-main. Prendre un coin qui fe prifentt à gauche. Les écuyers rédaâeurs du travail ont établi pour principe général, que le paffage des angles ne doit point détruire la figure caraâériffique des airs de manège. De-là cette règle univerfellement adoptée de prendre les coins feulement avec les jambes que le cheval laiffe dans la pifie. Il faut donc, à l’épaule en dedans, trouver les moyens de mener dans chaque angle les deux feules jambes de derrière du cheval, avec autant d’exa£titude qu^on y a conduit. les deux bipèdes pendant la leçon du pas d’école* Avant que notre élève entreprenne de faire entrer exclufivement les hanches dans le premier coin qui fe préfente à gauche, & de les en fiiire fortir, il eft à propos de lui rappeller l’oppofition oblique toujours exiftante entre les deux extrémités du cheval, afin qu’il fente la néceffité de contenir l’avant-maià fur le dedans, lorfqn’il veut, comme dans l’occurrence aâuelle, que l’arrière— main travaille fur le’ dehors. Comment, en eflet, fe flatter de réuffir, fi la jambe de devant du dedans, fixée à terre, ne fert pas de pivot aux trois autres, & pendant l’entrée des hanches, & pendant leur fortie ? En confé* quence, les épaules du cheval font à peine en face de l’angle ouvert à gauche, qu’on faifit l’infiant où la preffion de la rêne du dedans excite la jambe i à chevaler la jamibe 2, pour employer, cette fois, la preffion de la rêne du dehors, au lieu de l’écart de la même rêne, précédemment ordonné. La nouvelle opération ne la rêne gauche, que doit encore fuivre l’écart circulaire de la rêne droite, fatisfait à tout ce qu’on peut defirer, bien entendu lorfqu’on a foin de foutenir raodérènient les deux rênes dans la valeur qu’elles viennent de recevoir. Car, alors, non-feulement les 12 de la colonise d^ M AN ffleyatif, balancés de eauche à droite » en chargeant la jambe i de tout le volume de l’avant-main, s’oppoient au déplacement de cette jambe de devant du dedans, mais il en réfulte naturellement un commencement d’impulfion de droite a gauche, pour les 12 de la colonne de derrière » qui détermine Téloignement tranfverral de la jambe 4 que le cheval avance prés du coin. Âuffitôt le placement à terre des jambes i & 4, le cheval, <)ue la preifion des jambes égales de fon cavalier invite de traverfer la même direâion des rênes, &, cependant, retenu par la tenfion motivée de ces barrières fîâives tracées du dehors fur le dedans, enlève la jambe 2, légère des 6 qui lui font afieâèsy &lui fait chevaler à fon tour la jambe i. Quant à la jambe 3, également débarraffée des 6 qu’elle a coutume de fupporter, obligée d’ailleurs de céder à la puiffance direâe de la rêne du dedans, elle va jufqu’au fond de Tangle où le cheval la pofe au deâfus de la jambe 4. L’arriére* main entrée feule dans le coin à gauche avec la jambe 3, travaillons à Ten faire fortir avec la jambe 4. Or, la aiême combinaifon des rênes, c’eft-2k-dire, la rêne du dehors tendue de nouveau fur Tépaule gauche du cheval, & la rêne du dedans maintenue direâe à la cutfle du cavalier, ne lai fient les 24 de la nuifle fur les jambes 2 & 3, dernières mifes en aâion, que le temps qu’il faut à la jambe 1 pour qu elle pivote fur Je talon, & à la jambe 4 pour qu’elle torme le pas qui l’amène dans la nouvelle pifte par-defliis la jambe 3. Ces deux jambes tranfverfales pofées, Tune prefqu’à la même place qu elle a quittée, l’autre mlfe dehors du coin, le cheval ne peut obéir à la puiflance relative des rênes & des jambes égales de fon cavalier, qù en de tachant d’abord la jambe 2 » qu’il avance une féconde fois au-delTus de la jambe 1 : enfuite il entre tour à— fait dans la nouvelle pifte, après avoir retiré la jambe 3 de deflbus la jambe 4. Enfin, au moyen du fécond mouvement circulaire de la rêne du dedans, la jambe i renouvelle le pas de l’épaule en dedans y où la jambe 4 lui fuccède comme auparavant. Je prie mon leâeur d’obferver, en premier lieu, dans le chevaler oblique des jambes 2, 3 & 4, que > fi la jambe de devant du dehors pafie ftriâement au — defius de celle du dedans, tandis que les deux jambes de derrière embraient alternativement autant de rerrein que leur extenfion le permet, favoir la jambe 3, afin d aller réellement prendre ppfieffion du coin ouvert à gauche, & la ïambe 4, afin d’en fortir, c’eâqu’o^ raifon de leur retenue, les rênes ont une adion plus abfolue fur les hanches que fur les épaules. Secondement 9 qu’à tel air que ce foit » les rênes font combinées de manière que celle qui travaille » ou comme préparatoire, ou comme obligatoire, ou fimplement comme confervatoire, agit toujours, par prefllon, fur des parties qii’e le cheval bombe ; témoin le pafTage du coin à gauche, d^oii Télève fort 9 & dont la préparation n’eil pas plutôt ca-M A NT

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tamée par lar preffion de la rêne du dedans, que ce font les prcflions réitérées de la rêne du dehors qui font pivoter les épaules, pendant que Técart de la rêne du dedans pouffe les hanches. Or, dans la circoaftance préfente, vu la tournure demicircu «  laire qu’exige la figure de l’épaule en dedans, Técart de la rêne du dedans équivaut bien certainement, pour l’arrière-main, à la prefSon de la rêne du dehors, pour l’avant-main.

Pritnîer Changement dt main de gauche à droite » Les deux changements de main, qui di vîfent la^ leçon de l’épaule en dedans » font de la plus facile exécution, puifque » d’après Ja pofiiion du cheval, les épaules, déjà forties de la piAe, fe préfentcnt d’elles-mêmes à chaque diagonale. A infinie, projet formé de changer de m^iin pour la première fois ^ évolution qui (e trace de gauche à droite, on n’a d’autre foin que d’attendre le moment où le cheval, appuyé fur les jambes i & 4, répond, & à la premon de la rêne du dehors, & au renouvelle* ment de Tccart circulaire de la rêne du dedans : ( l’élève n’a point oublié aue cette féconde combinaifon des rênes a pour but la conibmmatîon de chaque ps de l’épaule en dedans, & qu’à la main oii nous fommes, ce fpnt les Jambes 2 5£ 3 qui les terminent) i alors on marque un demi-arrêt « L’égalité qui fuccède dans la tenfion mutuelle des rênes, entraine Texaâe répartition des 24 de la maffe, enforte que la prenion des jambes égales du cavalier, fuite ordinaire du foutien modéré de fes deux mains 9 oblige le cheval de paffer fur la diagonale du premier changement de main de gauche à droite, qu’il trayerle droit d’épaule^, de corps, de hanches, mais, conformément aux loix du travail, avec le pli fur le dedans. L^évolution du premier changement de main, s’ouvrant à la leçon de l’épaule en dedans abfolument comme à celle du pas d’école, doit auffi fe fermer de la même manière. En conféquence, je laiffe mon élève opérer feul, jufqu’à ce que le cheval, ployé fur le nouveau dedans, annonce qu’il efi en état de recevoir telle imptcflion qu’on voudra lui communiquer

  • Quoiqu il faille, à la rigueur, qu’auffi*

tôt la fermeture du changement de main, le chevS^l reparoiffe Tépaule en dedans, cependant je confeîUerai toujours aux élèves d’attendre la fortie du coin où la diagonale aboutit « afin d’avoir, aux deux mains, la certitude acquife d’entamer avec précifion les temps d^une leçon iotéreilânte à touts égards* Les çhofes remifes dans leur ordre, c’eÂ-à-dire notre élève exigeant aâuellement les jpas de l’épiule en dedans, au moyen des pre&ons de la rêne gauche » & le cheval marchant à cet air avec le chevaler de la jambe 2, le jeu fucceffif de la jambe %, l’écart de la jambe x, fuividu porrtranfverfal de la jambe 4 » on doit fe préparer au paf’ fage exdufif de l’arriére-maindansle premier c(^ qu’on va trouver à droite.

.7(î

M A N Prendre un coin qui fe préfente à droite, & fécond changement de main de droite à gauche » • La prîfe des angles ouverts à droite, ainfi que le fécond changement de main de droite à gauche, ne pouvant émaner que des*caufes qui produifent les mêmes évolutions à gauche » & de gauche à droite, je renvoie mes lecteurs aux deux feâions précédentes, tant pour la méthode à fuivre, qi^ pour la décomppfition des rênes > & Tanalyfe de leurs effets.

Varrêt.

Comme on ne peut déterminer aifément un cheval aux Uçons du travail, qu’après Tavoir préparé fur le droit, de même il ne faut penfcr à marquer 1 arrêt de tel air que ce foit, qu’après avoir remis .le cheval dans fa première direftion. Or, conformément à la tournure demi-circulaire de Tépaule en dedans » les deux conditions préliminaires de l’arrêt doivent être la rentrée de l’avant— main, & la dedruâion du pli. Ainfi Télève indique qu’il va finir la reprife, lorfqu’avec la preffion réitérée de la rêne du dedans, & l’écart fécondai re de la rêne du dehors) il repouffe les épaules du cheval de> vant les hanches. Il replace enfuite fes deux mains à la même hauteur, afin d’anéantir le pli. Bref, pour s’affurer que la répartition des 12 de chaque ’colonne des vertèbres eft exaflèment faite fur les quatre jambes du cheval, il le mène encore quel ques pas abfolument droit, & finalement il lui deriiande Tarrêt de la manière dont on a coutume de • clôture toutes les leçons, tant des allures que des airs.

Vojîtion du cavalier pendtnt la leçon de f épaule en dedans.

Sans avoir fait une étude bien particulière des loix du mouvement, on fait cependant que Taplomb de tout corps mobile « eft le réfultat du rapport proportionnel entre Télan du centre & le jet de la bafe. Je ne préfume pas qu*il faille une connoiffance plus étendue, poiu— appercevoir qu’un corps fupporté, qnî n’a conféquemment d’autre appui que la bafc du corps qui le fupporté, doit, —par cerre raifon même combiner fon centre de façon— nu’il fiiive conftamment la direâîon de celui fur leqael il fe trouve perpendiculairement affis. Outre les preuves ècrnes dans les précédentes leçons, celle de répattlc en dedans, où le cheval, fe meut inverfe • ment du dedans fur le dehors, çn fournit une irréfifiiWc. En effet, comment les élèves auroient-ils la pofïîbîlité de conferver la perpendiculaire du haut de leur corps, & fur-tout d’entretenir l’aftion du cheval avec les^îrcffions de leurs jambes toujours égales, s’ils û*avoient pas l’attention.de s’étendre un peu furie dehors ^ Qu’on fupprime cette précaution, awffitôti chaque pas du cheval, dont Tavant-maip forti de la pifte retourne fur le dehors, Taffiette du milieu du corps reile inévitable-M A N’

ment fur le dedans. Quelle peut être alors la re^ fource du cavalier chancelant i Celle de fe raccro* cherau centre du cheval qui lui échappe, &fi les efforts qu’il fait, en mihtani avec (a jambe du de^ hors, ne parviennent pas a détruire entièrement l’aplomb du cheval, toujours eft-il qu’ils gênent évidemment le jeu des jambes du dedans, chargées à contre-fens d’un poids qui devroit porter lur les jambes du dehors, puifque le cheval deftine aéluéllement ces^ dernières à lui fervir de points d’appui. Travaillez vos chevaux avec des rênes pouffantes, afin d’alléger fpécialement les jambes que vous defirez mettre en aâion : pefez en même temps que vos chevaux fur les jambes que vous leur indiquez pour fupport : voilà les deux pria «  cipes fondamentaux de Téquitation, & les feuls moyens d’obtenir des évolutions, dont le brillant annonce la foltdité ; car jamais on n’exécute agréablement que ce qu’on entreprend iïïrement. Seconde façon de mener le cheval à C épaule en dedans, les rênes réunies dans la main du dehors, en s^ aidant de la main du dedans.

Si j’ai confeillé d’attendre, pour mener de cette façon au pas d’école, qu’on fut réellement confirmé dans la première, à plus forte raifon renouvellerai je le même coafeil à la leçon de l’épaule en dedans, où les temps de main, fans être plus nom* breux, font plus compliqués. Je fuppofe donc mon élève en état d’échanger la valeur des moyens que cette féconde méthode raccourcit, contre la prefteffe & le fini de leur exécution. Alors je le vois revenir les rênes réunies dans la main dq dehors, & n’eihployer la marn droite, aâuelle du dedans » qu’à féconder le travail du petit doigt de la main gauche, foit afin de raffembler le cheval, foit afin de le ployer. Ce n’eA qu’après avoir pleinement fatisfait aux quatre conditions préparatoires à l’air qu’il médite, qui font, mettre le cheval dans la main, l’affeoir fur les hanches, lui donner le pli fur lededaos, patienter jufqu*à la fortie d’un coin, qu*il détermine l’avant-main à quitter la pifie, an moyen de Técart circulaire de la rêne du dedans, que la main droite éloigne de l’épaule du cheval, pendant que le petit doigt gauche articule les preffions motivées de la rêne du dehors. Le bipède de devant placé fur le dedans, on n’a pas un moment à perdre pour entamer la marche avec le chevaJcr de la jambe i & le port tranfverfal de la jambe 4 ; Tune en raifon du rapprochement circulaire de la relie : du dedans toujours au pouvoir de la main droite : l’autre en vertu de l’écart de la rêne du dehors vibrée deffous le petit doigt de la main gauche. On fait fuivre l’enlever oblique des jambes a & 3 par le renouvellement des procédés qui tracent l’efquiffe de Tépaule en dedans : preffion de la rêne du dehors, écart de la rêne du dedans* Prendre un coin quife préfente à gauche » Quelque obéiffant que foit un cheval, il eft çncorç

M A N ^ttcore à propos derenouvellerfon attention trant ^^^-•^^ *"* demander une évolution nouvelle. Ainfi, lorfq^ue le temps approche de prendre le premier coin qui Te préfcme à gauche, on doit marquer ua demi-arrêt, afin de répartir enfuitc, d une manière certaine, les 24 de la maffe fur le* jambes ’8^ 4 > en ramenant la rêne du dehors près de Tépaule gauche du cheval, & laiffant la rêne du dedans à la jdiftance du premier écart circulaire de la main droite. Le réfuliat de cette double combinaifon des rèoes produit, comme aux deux mains fdparées, le fixer de la jambe i, Técan de la jambe 4tle demi-chevaler de la jambe 2, &rentrée dans le coin avec la jambe 3. La même pofirion des mains, aidée toutefois par la preflion des jambes égales du « ^valîer » donne en fécond lieu, le pivotement de la jambe i, la fôrtie du coin avec la jambe « 4 y la répécition du demi — chevaler de la jambe 2, & l’enlever tranfverûil de la jambe 3. Auâltôt le paflàge exdufif de Tarrlére-main, ce (ont les temps de rênes ci-devant enfeignés qui remettent lavam-main en marche par le port de la |ambe u

Prtm’ur changement de main de gauche à droite. Depuis que nous travaillons Tépaule en dedans, i>n a dû remarquer que les dtverfes évolutions de la pcife des coins & des changements de main nV voient aucunes difficultés, à cette leçon, pour Îuiconqu^aifi/lbit adroitement le repos à terre es jamJlVde devant du dedans & de derrière du dehors. Ua vient d’éprouver que ce temps efl notamment le feul favorable aux changements de xnain, puifqu’un demi-arrêt des deux rênes fépajrées, en fixant le bipède de devant placé fur le dedans » fufpend la marche des épaules du cheval jM>fitivement en face de la diagonale que la preiBon des jambes égales du cavalier lui fait enfuite traverfen L’élèvç obtiendra la même réuiCte, les rênes réunies dans la main du dehors « s’il attend patiAnment, pour demander le premier changejnent de gauche à droite, que la féconde comhinaifon des rênes, c’eft-à-dire, la preffion de la rêne

; auche & l’écart de la rêne droite, commande l’enlever 

tranfverfal des jambes 1 & 3. Alors le demiarrêt charge également les quatre jambes » enforte que, d’après le calcul alternatif des deux bipèdes, < « d’ailleurs en raifon du pli confervé fur le dedans » le cheval entame indifpenfaJblement la dia^nale par les jambes i ât 4. Auffiiât que les épaules du cheval font ent ;’ées dans la nouvelle pifte, on exécute la tranfpoficion des rênes, K{t la main droite reçoit de la gauche, comme la première legon Tenfeigne. L’élève n’ignore, ni les circonftan-CCS qui tfaraflérifcnt la fermeture des changements de main, ni les procédés qui leur font particulièrement analogues:rf fait encore combien il eft intéreflâm « malgré l^ifage contmire, d’attendre la .fortie du coin ou on touche, avant que de t’eprendfi ^ ; & la tournure » & la marche de lépauleen £fùi4Uton^ Efcrim & Danfe.

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dedans. En un mot il fe rappelle ^ue la combinaifon de cet air fuit aâuellement le jeu de l’index de la main droite « qui gouverne la rêne du dehors, 8c fort de deflbus la main gauche 9 qui difpofe de la « ^ne du dedans ; en conféquence » je le laifle aller feul trouver le premier coin qui^fe préfente à droiiu Prendre un coin qui fe préfente à droite, & fécond changement de main de droite à gauche. Après avoir conduit, pour ainfidire, les mains de mou élève, lorfqu’il tenoit les rênes féparées; aprè^ lavoir fuivi pas à pas jufqu*au premier chan « gen ^ent de main, dans, la féconde façon de menex «  a 1 épaule en dedans, j*ai la préfomption de croire mes confeits fuperflus, tant pour le paflàge des coins ouverts à droite, que pour revenir de droite à gauche, à travers la diagonale du fécond change* ment de main.

VArrit.

La fedion particulière à l’arrêt ne peut pas avoir plus d’étendue > puifque, de telle manière qu>n mène, les préparatiâ doivent être les mêmes. Ea effet, que les rênes foîent dirigées du dedans fur le dehors, par iine ou par deux mains, leurs puLffances obligent toujours le cheval de rentrer fon avant— main dans la pifte* Cefl enfuite à l’abandon total de la rêne droite qu’on doit le déploiement du cheval, conféquemmentla répartition égale des mafles : répartition qui s’opère, & dont on s’aiTure pendant les derniers pas qu’on lui permet de former fur le droit, avant que de le fixer en place. Troi/ème façon de mener un cheval à Npatdc en df dans, de la feul^ main gauche.

Le fiftème de Téquitation, démomrè par le calcul des rênes, a pour principe eénéral les preillons motivées des jambes égales du cavalier, en ce quelles excitent Taflion du cheval, & pourcaufcs particulières les pofitions variées des mains, qui ne conduifent qu’autant qu’elles ont lart de modifier à propos cette même aâion. lied donc évident que la conduite du cheval augmente en difficultés ^ à mefure qu*on reiTerre dans une ièule maiq les agents de (adireâio « i. Or, pour aider l’élève à réparer cette difette de moyens par la précifion de ceux qui lut reftenc, je vais tracer ici Téchelle graduée des différents effets de chaque rêne, ainfi que des temps de main qui les occalionnent. En fe reprifentant les quatre divifions mobiles du cheval, qui font la tête, l’épaule, le corps, la hanche, on le rappellera qu’une rêne tendue fur elle même amène la tète : que la même rêne preffée contre l’épaule cbaffe cette féconde divifion ; que le corps fléchit fous une rêne écartée : enfin qu’une rêne, Si pafle de l’écart au foutien, repoufte la hanche, ^nféquemment on fait, d’après exoérience faite dans la leçon du pas d’école, que le pli à droite fuît Tarrondifiement de la main, parce que ce temps produit û cenfion de la rêne droite, Comme le pli 4 178. M A N ^ ^ gàuchtf émane du cambrer de lamaîn quîtcnd U rêne gauche. On fait encore que les épaules cèdent à l’approche de la main arrondie ou c^fftbrée, parce que la preffion Aiccéde alors à la teniton. Od fait aufTi que le corps creufe, lor(que la main écane une rêne déjà tendue par l’arrondiflement ou le cambrer. Finalement on fait que la même rêne, d’abord tendue, quelle qu’en foit la caufe, puis écartée, qui devient enfuite foutenue, détruit, à la volomté du cavalier, les points d*appui des hanches , ilu cheval. D’où il réfulte que, û l’arrondifieineih communique à la main le pouvoir qu’elle ea^^ce Aux toutes les parties droites du cheval » c’eâ la cambrure qui lui donne prife fur les parties gauches. Appliquons ces principes à la kçon de Tépaule en dedans, & que la ieule main gauche dirige tes huit effets des rênes, dont nous connoiffons Va valeur, avec tant de juileiTe » que le cheval imagine encore être fournis aux impulfions plus énergiques des deux mains féparées.. Avant que de paffer dans la carrière, on a foin de vérifier fi la main gauche eft placée de manière Sue les rênes foient également tendues deffous les eux dj-niers doigts qui lés commandent. Audi.tôt cet examen, on entre le cheval affez raflemblé {>our le voir fucceffivement venir dans la main » & e fentir fe mettre fur les hanches. On remplit enfuite Ja dernière condition du travail, en ployant le cheval avec larrond^ement de la main, il y auroit un peu de préfomptiom à négliger l’avantage qu’on retire de 1 évolution du coin. Mais., lorfque les hanches ont remplacé les épaules dans l’un des angles, ouverts d gauche » c’eâ alors qu’il faut porter la main arrondie fur le dedans « afin d’obtenir les 2 temps du premier écart circulaire de la rêne droite, & de la preflîon de la rêne gauche, oui procurent la fortie des épaules, que le cheval chaue pvefque enfemble dehors de la pifte. Le bipède de devant une fois placé fur le dedans 9 on reporte fur le dehors la main toujours arrondie, & modérément foutenue vers le corps. Cette double précaution, en donnant le fécond mouvement circulaire, affurc la preffion de M rêne droite ramenée fur l’é}>aule du dedans, & produit en même temps l’écan econdaire de la rêne gauche, d^oii provient le che-Taler de la jambe x, & le port tranfverfal de la jambe 4. Après avoir fait exécuter au cheval 4a moitié du premier pas de l’épaule en dedans, rien de plus aire que de le lui faire achever, puifque les temps de main efientiels à la confommation de ce premier pas font abfolument les mcmes que ceu ! ( qui le préparent à l’entamer. Ainfi la main arrondie reportée fur le dedans fnfEt, & pour demander le jeu fiicceflîf des jambes tranfverfales a & ? > 9^ pour difpofer le cheval à réitérer l’enlever oblique de celles i & 4.

Prendrt un coin qui fi prifinu à gauche. Les épaules du cheval font-elles en face du premier coin qu’on rencontre à gauche > le cavalier M A N

fixe fa main arrondie,’dans l’inftant où, déjà portéefur le dedans, elle commande l’enlever des jaxnbes 1 6t 3. Dés-lors Timpuliion de la rêne gauche entretenue fur répaule du dehors, & l’écart de la rêne droite laiffée direâe à la hanche du dedans » confervent la répartition des 24 de la maâê, fupportés par les jamoes 1 & 4. Enforte qu*avec laTeule attention de toujours poufler la main arrondie Air le dedans, à melure que le cheval pouffe fa croupe fur le dehors, non-feulement on fait entrer l’arriére main dans les angles ouverts à gauche ^ mats encore on l’en fait fortir.

Premier Changement de main de gauche à droitem ^ Il n*eft pas plus difficile de changer de main à cette troifième façon de travailler Tépaule en dedans qu’aux deux précédentes. LorCqu’on defire entamer le premier changement de gauche à droite » on doit également attendre que le cheval apporte à terre les jambes 2 & 3, qui confomïnent cha’^ue pas^ de cet air. Alors, vu la fituation avantageufe des deux épaules tournées vers la diagbnale, fi le demi arrêt hiit à point nommé la pofition que vient de prendre le cheval, on l’oblige de traverfer la carrière droit d’épaules, de corps & de hanches «  mais on a grand foin de l’entretenir ployé fur le dedans, en laiffant fubfifter l’arrondifiement de la main, jufqu’à ce que les épaules foient entrées dans la piAe qu’on va chercher. Quant à la clôture des changements de main, l’élève fait qufliys évolutions ouvertes fur le droit, doivent f^irmer de même. En confèquence, il defcend la main arron «  die pour la remonter cambrée. Comme on a vu, qu’avant de reprendre la combinaifon de l’épaule en dedans, il eifl prudent de faire paffer le chevaU ployé à gauche, dans un angle à droite, on fe conforme aux règles écrites dans la leçon du pas d’école pour la prife des coins à droite. Auffi-tôt la fonie du coin, il faut que la main cambrée travaille à placer les épaules du cheval fur le « nouveau dedans, afin de lui faire enfuite renouveller de gauche à droite, les pas carafiériflîques de l’épaule en dedans, par un calcul des réndi, égal à celui qui les lui faîfoit exécuter de droite i gau* che, & avec autant de précifion qu’il les figuroit deffous la main arrondie. ^

Prendre un coin qui fi prifinte h droite, & fécond ^ thangement de main de droite à gauche. Le paffage exclufif de rarrière-main dans les an{ ; les aâueliement onrerts à droite, ainfi que Tévo* ution du fécond changement de main de droite à gauche, s’opèrent avec la main cambrée », d*aprés les mêmes procédés qui font précédemment réitffir

! a main arrondie. 

VArriî.

Il fiiudrott un entier oubli des deux condîtiona Rréltmînaires à l’arrêt qui doit clorre la leçon <|e épaule en dedans | pour en interrompre brmquer M A N ineot la marche. Mais les épaule^dacbeTal rentrées dans la plAe où les kanches travaillent encore ; mais, le pli totalement e£facë, la main redreâTée peut alors valablement marauer un arrêt » que le cheval remis d aplomb fur les quatre bafes, peut former en « outé afliuraoce^

i>e la Hanche, ùu des deux Bouts en dedans, Lorfqu^on débure dans la carrière du travail par le pas d*écoIe, rien n annonce^’au’il ezifte un air de manège où le cheval foit oblige de marcher autrement que fur le droit. Mais, au ibrtir de Tépaule en dedans, comment pourroit— on trouver injuAe celai qui douteroit de la folidité d*une méthode, dont les principes propres à diriger lavant-main du cheval » ferotetot iniuffiCants pour maitrifer Ton arrière— maifv ? Le troiûéme air terre-à-terre » one j*intitule la hanche en dedans, quoTt|u’il foit plus connu fdus le titre des deux bouts en dedans » diffipe touts les foupçons, nés & it naître. En effet, cette leçon, la plus épineufe de celles qui conipofent le travail, applanit les difficultés éparfes dans Texécution des airs de la première claffe, & facilite iingulièrement Tintelligence de ceux compris dans les deux dernières.

Ce que c*ifi que la. Hanche ^ ou Us deux Bouts V en dedans.

Le d^ffin de la hanche, autrement des deux bouts en decRns y préfente le cheval avec la tète & la croupe en dehors de la piAe, ce qui donne à la totalité de fon corps la figure d’un démi-cercle ouvert fur le dedans. La marche particulière au même air, veut que les deux jambes de devant jouent parallèlement dans le milieu de la pifie ; que la jambe de derrière du dedans chemine plus fUr ce cdté que celle de derrière du dehors, dont les pas doivent feulement s*imprimer fur la crête de l ; | pi(le. La conformité qu’on eft à ponée de remarquer, d’une part entre la préparation de rarriêre-main, Taâion du bipède de derrière d*un cheval répartit la han Ae en dedans ; de l’autre part entre les mêmes conditions analogues, foît à la pofition de Vavant-main, foit au marcher du bipède de devant’ / d’un cheval combiné Tépaule en dedans, ne peut échapper aux élèves qui paffent de la féconde à la troifième leçon du travail. La telTembhnce efl fi frapante que, (ans le pli qui juAifie le nom des deux bouts en dedans, on ne pourroit pas appel)er cette dernière combinaifon autrement que la hanche en dedans. Comme notre élève a la mémoire toute récente des points d’appui créateurs de l’épaule en dedans, Se qu il peut en appliquer la répartition, quoiqu-inverfe, à la foi^anon des pas de la hanche en dedans » je vais tout de fuite donner la manière de mettre un cheval à ce troifième air terre à terre.

Comment on met un Cheval la hanche, ou les deux ^ bouts en dedans.

Si la feâion précédente nous montre un rapport M AN 17^

extérieur entre l’avant-main du cheval mis à Icpaule en dedans, *& larrière-main du cheval qui* travaille la hanche en dedans, elle nous avertit,’ en-méme temps, que ce produit apparent émane «  pour Tune de ces circonftances’, du contrafie intérieur déjà répartition des mafles faites pour l’autre : coq^rafte que la marche comparée de ces deux airs met dans le plus grand jour. En eiTet, le bipède de derrière ne peut aâuellemenc fuivre la route que le bipède de devant lui frayoit auparavant en dehors de la pide, qu’autant que la jambe de der< «  rière du dehors chevale celje du dedans, comme faifoit, à Tair d’où Ton fort, la jambe de devant du dedans, en s’avança nt par-deiTus celle du dehors. Ainfi, puifque, par eflcnçe, Tair qu’on entame eô abiTolument l’inverfede Tair qu’on quitte ^ il faut donc employer des temps de main oppofés » ou étrangers à Tepaule en dedans, chaque fois qu’on veut avoir la Ifiinche en dedans. Or, quels ont été les temps confeillés pour la féconde leçon ? On fe rappelle que les preffions rècidivées de la rêne du dehors, & l’écart de la rêne du dedans ont donné la préparation. L’aâion eft venue de la nreffion de la rêne du dedans, aidée par l’écart de la rêne du dehors. Conféquemmeîit, les temps propres à la, troifième leçon ieront, quant à la préparation, la preffion modérée dp la rené du dedans, fuivie du foulien très marqué de la rêne du dehors, & on corn-Elétera l’aâion avec la prelTion de la rêne du deors ^ calculée fur l’écirt de la rêne du dedans. Malgré la pratique réfléchie des deux premières leçons du travail, au moyen de la nouvelle com—’ binaifon de celle qu’on médite, fur-tout eu égard à la manière variée dont on opère les changements de main, je ne me difpenferai pas encore d’entrer dans le détail des trois différentes façons de mener un cheval, ta hanche ou les deux bouts en dedans. Je préviens auffi quten va retrouver les numéros repréfentatifs, tant du poids total ou partiel de la mafle, que des quatre jambes qui la fupponcnt. Primiire façon de mener un Cheval, la hanche ou t^s deux houu en dedans, les rênes fép’arées. Avant que de fe livrer à Texécution de tel a ! r de manège que ce foit, on fait qu’il faut prendre certaines précautions, dont les unes font communes à toutes les leçons du travail, tandis que les autres n’ont de relation qu’avec l’air qu’on exige* Témoins les deux précédentes leçons qu’on entame de même fnr le oroit, quoiqu’ayant enfuite une marche bien différente, afin d’être également affuré d’affeoir le cheval préalablement venu dans la main, & de le ployer fur le dedans. Ces trois conditions préparatoires, feront encore les préliminaires de la hanche, ou des deux bouts en dedans. Mais, toujours en raifon d un calcul inverfe à celui de l’épaule en dedans, au lieu d’attendre la fortie d’un angle, comme je l’ai ci— devant confeillé, on profite ici de l’entrée dans le coin. Alors la preffion de la rêne du dedans ajoutée à la tenfion de la Zii même rêne, en assujettissant Ies 2 de l’avant-main, inclinés déjà sur la jambe 2, qui, dans la circonstance actuelle est celle de devant du dehors, indique la répartition oblique des 12 de l’arrière-main qui passent sur la jambe 3, ensorte que le soutien subséquent de la rêne du dehors fixe à terre cette jambe de derrière du dedans, pour qu’elle serve de pivot à la jambe 4 pendant qu’elle avance, de gauche à droite, sur la crête de la piste. Aussi-tôt que les deux temps de la rêne droite pressée sur l’épaule du cheval, & de la rêne gauche soutenue à la hauteur de la hanche du cavalier, ont ébranlé les jambes 1 & 4, on fait promptement succéder les deux temps opposés de la rêne gauche pressée, & de la rêne droite écartée ; & le cheval, qui pose la jambe 2 dans le milieu de la piste à côté de la jambe 1, retire la jambe 3 de dessous sa voisine pour l’apporter sur le dedans, & la mettre en dehors de la piste positivement à la place qu’occupoit la jambe 1 pendant la combinaison de l’épaule en dedans. Tels sont les procédés qui dessinent un cheval, la hanche ou les deux bouts en dedans, & telle est la manière dont le cheval est obligé de marcher pour entretenir à la fois la tête & la croupe placées sur le dedans.

Autant j’ai cru devoir approfondir les deux premiers airs du travail, autant j’estime devoir abréger l’analyse du troisième. En effet, je regarde comme trés-suffisant de répéter à mes lecteurs, instruits des causes productrlces de l’épaule en dedans, que nous opérons à présent par les contraires, & pour la préparation, & pour l’actlon de la hanche, ou des deux bouts en dedans, sans décomposer encore le jeu transversal des quatre jambes du cheval, & peser minutieusement les quantités qui les chargent alternativement au gré du cavalier. Il ne me reste donc plus, jusqu’à ce que l’élève soit auprès du premier angle qu’il va rencontrer à gauche, qu’à lui recommander de faire correspondre les pressions de ses jambes toujours égales avec le travail de ses mains, afin que la colonne de derrière maintenue dessous le centre, en facilitant l’exécution du cheval, écarte même l’idée d’une désobéissance.

Prendre un coin qui se présente à gauche.

L’inversion observée entre l’épaule & la hanche en dedans auroit été gauchement apperçue, mal digérée, seroit établie sans fondement, & dénuée de preuves satisfaisantes, si toutes les évolutions de ces deux airs ne se ressentoient pas de la même opposition. L’élève vient d’éprouver, dans la précédente leçon, combien la prise des coins est épineuse, tandis que les changements de main n’offrent aucunes difficultés. Il doit donc espérer de passer actuellement les angles avec la plus grande aisance, & s’attendre, en revanche, que les deux changements de main exigeront toute son attention. Mais, malgré la facilité dont nous nous flattons, réservons la nôtre pour le premier coin qui se présente à gauche.

La règle, au manège, étant de permettre l’entrée dans les coins aux seules jambes qui fraient la piste, & le cheval, esquissé la hanche en dedans, ne laissant au milieu de cette piste que les deux jambes de devant, puisque celles de derrière cheminent plus ou moins sur le dedans, il en résulte qu’il doit suffire de renouveller les deux temps de main préparatoires de l’air qu’on exécute, qui sont la pression modérée de la rêne du dedans ; & le soutien très-marqué de la rêne du dehors, pour que les épaules entrent seules dans le cola ouven à gauche. D’après ces deux temps de main, dont le premier commande la répartition des masses de la colonne de devant sur la jambe 3, conséquemment engage le cheval, balancé de droite à gauche, à porter la jambe 1 jusqu’au fond du coin ; pendant que le second charge obliquement la jambe 3 du volume de la colonne de derrière, ce qui détermine le placement transversal de la jambe 4 en face au point saillant de l’angle, il faut opérer la sortie du coin à gauche, encore avec les seules épaules. Or, on obtient la réussite, en employant la pression de la rêne du dehors, immédiatement suivie du soutien un peu senti de la même rêne : soutien de la rêne gauche, qu’on substitue, cette fois, à l’écart de la rêne droite, qui n’a, pour le moment, que la fonction d’entretenir le pli, dans la vue de repousser victorieusement le cheval incliné de gauche à droite. Alors la jambe 1, qui supporte à son tour la totalité des 12 de l’avant-main, souffre que la jambe 2 s’avance au-dessus d’elle, & vienne se mettre la première dans la nouvelle piste qu’on va chercher à droite. Quant à la jambe 3, constamment chargée des 12 de l’arrière-main, tous ses efforts se reduisent à tourner seulement sur elle-même. Au moyen du jeu transversal des jambes 2 & 3, les épaules du cheval se trouvent directes à la nouvelle piste qu’il va parcourir de gauche à droite : ensorte que les deux temps, ci-devant conseillés, de la rêne du dedans modérément pressée sur l’épaule droite du cheval, & du soutien de la rêne du dehors élevée au niveau de la hanche gauche du cavalier, font reprendre la marche analogue à l’air qu’on figure. Ainsi le cheval attentif aux impulsions que son conducteur fait lui communiquer, retire d’abord la jambe 1 de dessous la jambe 2, & l’apporte à côté d’elle au milieu de la nouvelle piste qu’il entame. Vient ensuite le renouvellement du chevaler oblique de la jambe 4, qui reprend son premier poste en dehors de la piste. Bref, on voit le cheval achever le pas de la hanche, ou des deux bouts, en dedans, avec l’enlever successif des jambes 2 & 3 posées, l’une dans la piste même d’où l’autre s’éloigne.

Des changements de main exécutés sur deux pistes.

Il étoit dans l’ordre que la découverte des quatre M A N Vivifions mobiles du cheval fit imaginer ^aflre différents airs de manéze, qui miflent ces portions mouvantes 9 pour ainh dire » en détail dans la main dtf cavalier.|L*élève en connoit déjà trois ; le pas d’école t dont Tempire fe borne au pli : l’épaule en dedans, qui maicrife ravant-main entier : la hanche » autrement les deux bouts en dedans, avec lefcniels on gouverne derpotiqueroent ràr^ére-main. Refte à prendre connoillknce d’une quatrième manière de tendre les ri ; flbrts du cheval, qui Texcite à conduire diagonalemenc chacun de les bipèdes » qu’on Yoit alors frayer deux ptfies très dlftinâes. Confidérée feulement comme air de manège, cette dernière façon de marcher peut paroicre extraordinaire ; mais la bifarrerie qu on fe croit en droit de lui reprocher difparoic, aufli-tot qu’on fe rappelle qu*il eft de règle Ariâe » en équication » de tellement entretenir la combinaifon conAirutive de chaque leçon, que les évj>lutions qui leur font propres » loin aen altérer le caraflère primitif « doivent toutes en émaner. Or, oii feroit la poflîbilité de conferver au cheval la fieure demi-circulaire que lui donnent » & la tête & la hanche en dedans, ft les Rangements de main de la troifiéme leçon du travail avoient encore lieu fur une feule piAe, comme aux précédentes î Auffi ne fe permet— on jamais de di* v » fer ce troifiéme air terre-à— terre autrement que par le jeu des deux bipèdes conjointement dirigés lur un plan diagonal. Lorfque j’adapte les changements « de main exécutés fur deux piftes à l’air de la hanche 9 ou des deux boucs en dedans ^ je ne prétends pas en priver les autres airs de manège. Cependant j’obferve que, conformément à la règle générale ci-deffus rapportée de tirer les différentes évolutions du f9nd inème de chaque leçon, eelk de l’épaule en dedans eft évidemment la leule avec laquelle la marche fur deux piftes foit incompatible : incompatibilité qui met la dernière main à roth pofition intrinsèque toujours exiftante entre l’épaule JSc la hanche en dedans*

Du Changement de main exécuta fur deux pifles. On dit qu*un cheval change de main fur 2 piftes, lorfqu au lieu d’entrer droit d’épaules » de corps » de hanches » dans chaque ligne obliqne qui divife la carrière, il s’y prélente de profil, enforte eue le corps glifte iur la diagonale ; que les épaules paften^au-de{^us, & que les hanches reflent audeftbus. Il faut donc, pour avoir un changement de main fur deux piftes, exécuté félon toutes les règles de réquitation, que le cheval, ployé furie dedans, entame l’évolutioff par le chevaler de la jambe de devant du dehors, & qu’il l’achève avec une enjambée pareille & proportionnelle de celle de derrière du dehors, afin que le jeu des jambes 3 & 4 imite parfaitement Taâion des jambes i & 2, Ccmment on exécute un Changement de main fur deux piftes »

Rapprochons les deux circouftances effentielles M AN 181

au’^IfaDgcment de main exécuté fiir deux piftes ; & nous apperceyrons que cette évolution dépend uniquement de l’adrefle avec laquelle on répane les 11 de chaque colonne vertébrale fur les deux ïambes du dedans, à mefure qn*oa veut avoir le chevaler fucfcffif des deux jambes du dehors. Ainfi^ le pli donné par h tenfion de la rêne du dedans ^ ce fera d abord à la prefiîon de la réoe du dehors, non-feulement qu’on fera redevable de la réparti** non des i a de ^avan^main fur la jambe de devant du dedans » mais la puiflànce pulfative de la même rêne déterminera les ta de rarriére-main ^ cJuTrger la jambe de derrière du dehors : prei « iére opéra* tion des deux rênes, qui engage la jambe de de*’ vant du dehors i chevaler celle du dedans » 8c d’où réfulte aufli-tôc l’écart tranfverfal de la jambe de derrière du dedans. Ce feront enfuite, oc la preffion légère de la rêne du dedans, & le fontienua peu marqué de la rêne du dehors, qui, produifant la contre-pofition des 24 de la mafte, aâuellement étayés par les jambes de devant du dehors & de derrière du dedans, qui, dis-je, favoriferont autant l’écart de la jambe de devam du dedans, que le paftagetmitatifdelajambe de derrière du dehors.

Des CQntri’skanpmetus de main exituUs fur deux pifles.

La tournure demi-circulaire que le cheval com* biné, la hanche ou les deux bouts en dedans, eft obligé de fe donner » reconnue trte— analogue à l’exécution des changements de main fur deux piftes, on ne doit pas trouver étonnant que le troifiéme air terre-à-terre réunifl’e les variétés hicceffivenient imaginées, & pour rendre le travail plus intéreffant, & pour faire valoir la précifioo du cavalier, & pour faire admirer lobeiiTaoce du cheval. Tels font les contre-changements de main ; les renverfements d’épaule ; les voltes, toutes variantes du changement de main fur deux piftes, yaX portent le même carââère d*exécution, fc dont je vais rendre compte avant que de reprendre le fil de notre leçon, dans la crainte auedes digreC> fions trop multipliées ne puififent otftraire les lecteurs

Ce que cVj ? qu*un contrt-ekanpmeni de main exécuté ^ur deux piftes*

Quelle que foit la manière doat Op-fe décidée contre^changer de main, c*eft M^joùrs interrom* re Taâion d’un cheval qid traverfe jaiâgâtti|cnâeiic a carrière par un changement dé main, & l’obliger à revenir fur k% pas^ en fe fervant de la même combihaifoa, comme s’il partoit de la pifte ou oq avoit intention de le mener. Au moyen de quoi » *-. l’évolution aâuelle n*étant autre que la pnicédeme, mais exécutée en fens contraire, le dedans prend la place du dehors, qui devient à fon tour le dedans. En conféquence, lorfqu’on veut contre- » changer de main fur deux piftes, fans enfireindre les loix du changement de nuin également fiu( i

1^2 M A N ^ « feux pHlcç, on commence par déployer le cheval lever des quatre jambes du cheval, gelle de devant & de derrière qu’on allégeoit avec foin comxhe jambes du dehors pendant le changement de main fur deux pifles, & ce « pour faciliter leur chevaler oblique, métamorpholées en jambes du dedans » lors du contre— changement de main auffi ûir deux piftes, & en cette dernière qualité 9 chargées dles 12 de leur colonne > attendent à préfent » pour fe mouvoir, au^elles aient été primées, par celles qui les feconaoient avant l’interruption de la première évolution »

Comment on exécute un contre-changement fie main fur deux piftes,

Puifque les clrconftances du changement de main font encore les mêmes au^contre— changement de main, on n’a donc aucune innovation à faire pour la nouvelle conduite du cheval. Ainfi la feule difficulté doit être de chercher un temps qui marque très-fenfiblement le point de féparation entre ces deux évolutions. Or, de touts les temps de main dont nous connoiflbns la valeur, il n’en eft aucun qui puifTe, je ne dis pas remplacer, mais équivaloir au demi^arrér. En effet, fans le fecours de ce temps intermédiaire, comment pouvoir faire précéder la féconde combinaifon— à donner au cheval par la deftruâion indifpenfable de la première ? D’ailleurs, n’eft-ce pis au moment cil le demi-arrêt eflace le pli, que le dedans & le dehors difparoiifent ? Alors, incertain de l’impulfion qu’il va recevoir, le cheval, abfolument fur le droit, refte un inAant dans Fattente : înaâion, toute momentanée qu’elle paroît, qu’il faut employer à redonner promptement le pli fur le nouveau dedans, que le pert de la tète du cheval éta|)lit par fon feul fait. Du même temps on ramène fur l’épaule dn cheval la tint nouvellement conftiruée du dehors » afin que la preffion qu’elle produit excite le chevaler de la jambe de devant actuelle du dehors. Enfin, avec le foutten de la même rêne, on détermine le paflage fubféauent &fem » bUble de la jambe de derrière du dehors. Dti Ttnvirfvnitui A*^uUs exécutés fur deux pifles. Le plus ingrat de touts les airs de manège qu^on putffe exiger fv** d^x piftes, celui qui réunit le plus de défavantaget pour le cheval » & dont l’exécmion fait le moins dlionneur au cavalier, efl, fans contredit, le reoverfement d ! épaules. Aulli ^ doit-on prefque toujours (^ faire prier pour employer cette évolution, & encore ne jamais la demander au cheval, qu’après avoir captivé la bienveillance des fpeâateurs par un contre-changement .de maiii exécuté félon toutes les règles de l’art, M AN

Ce que cejl qu^un renverfement ^épaules exittué fur deux piftes.

Je fuis intimement convaincu que le renverfement d’épaules exécuté fyr deux piftes feroit banni de toute école bien dirigée, (ans l’ufage dont il cfl pour atténuer la réfiflance de quelques chevaux indociles, ainii que je me propofe de le démontrer dans l’art de dreiTer les chevaux. Il efl confiant que les élèves doivent regarder avec affez d’iodîftérence la combinaifon de l’épaule renverfée, pnifqu

  • elle ne leur apprend rien de nouveau : je dis

plus, au moyen du défagrément inévitable de coucher fur le dehors le cheval qu’on mène tes épaules r en ver fées, il ne feroii point du tout étonnant qu’on répugnât à demander ce genre de travail. En effet, qu’eft-ce au’un renverfement d’épaules exécuté fur deux piftes ? finon un contre changement de main auffi fur deux piftes, pendant lequel on ne déploie pas le cheval. Or, on apperçoit aifément que cette feule omiffion fuffit pour ternir le brillant du travail. Premièrement, en ce que le plan de la leçofi, qui refte dans le même état « laifTe le de^ dans & le dehors tels qu’ils étoîent lors du contrechangement de main fur deux pifles. Seconde* ment, en ce que les jambes de devant & de deri rière du dedans, par leur chevaler inverfeau pli » entraînent évidemment l’équilibre fur le dehors ; enforte que, non-feulement les difficultés, qui donnent du relief au contre-changement de main fur deux pifles, s’évanouiffent au renverfement d’épaules également fur deux piftes, pour faire ’place à la plus infîpide combinaifon que l’équitation admette, mais encore, qu’en raifondu pli coi^ fervé, circonftance qu’on fait être indicative de la répartition des xi de l’avant-main inclinés fur l’épaule oppofée, on ne peut éviter an cheval, réellement porté du dedans fur le dehors, une pente 3ui devient fi préjudiciable à fon aplomb. Ce n’eft onf pas avec l’intention d’eofeigner un nouvel air de manège que j’entreprends la defçription du ren «  verfement d’épaulçs fur deux piftes,)’ai pour b « t de faire connoJtre une manière de calculer les maffes du cheval ; calcul qui n’a précifément d’autre pafïe-port que le produit, fl j’ofe le dire, rebroufle d’une combinaifon inverfe.

Comment on exécute un renverfemem ^épaules fur deux piftes.

Quelque peu d’eftime que mérite fe renverfement d’épaules, pris comme air de manège, cependam, puifqu’en confidération de fon utilité future pour réducation du cheval, on le fouffre encore dans les académies, il faut que notre élève, qui ne doit rien ignorer de ce qui concerne l’équitation, foitînftruit de la méthode particulière à cette dernière évplution. En conféquence, lorfqn’au lieu de contre-changer de mahî, on fe dérermine à retourner dans la pifte paf un renverfement d’épaules, C](écuiè Tur deux piftes j, on emploie d’abord lei M A N preffioiis de la rêne du dedans à maînteirir les il de l’avant^main fur ki jambe de derant^du dehors ^ qui (é fouiçet auflitôt, (juoique înverfeaient » au chevaler inattendq dela|ainbe de derant du de* dans. LVrièrc main du cheval fubit enfûite une répartition femblable, en vertu du foutien de la même rêne du dedans > dont la tenfion direâe à la hanche commande auffi le chevaler de la jambe de derrière du dedans qui pafle par-deiTus celle du dehors. Pendant que la rené du dedans, tout en ployant le cheval, poufle alternativement les deux jambes du dedans pardeâiis celles du dehors, de fon côté la rêne du dehors s’occupe à recevoir les divifions dont elle a coutume de difpofer, afin d empêcher le cheval, déterminé par la feule rêne du/ dedans, detre par trop couche fur le dehors. Premier changement de main de gauche à droite, exécuté fur deux piftes, ioapé par un contrcchange’ , ment de main également exécuté fur deux piftts : repris enfuite, & interrompu par ^n renvetjemeni d’épaules encore exécuté fur deux piftes ; enfin entamé par une volte, ou bien une detni-volte, ou fermé par un quart de volte »

Malgré les digreffions qui coupent la leçon de la hanche, autrement les deux bouts en dedans, je me vois encore obligé d’en retarder la fuite par une dernière remarque » qui me paroit d autant plus intéreflante qu*elle eA applicabie » non-feulement à touts les airs de manège d’une ou de deux piftes » mais même qu’elle a rapport aux diverfes allures qu’on demande au cheval. Cette obfervation eflentîelle a pour but de rappeller aux élèves le confeil, précédemment donné dans plufieurs autres occalions f d’apporter la plus fcrupuleufe attention i ce | 3ue la valeur des temps de leur main, & le degré < es preffions de leurs jambes égales foient refpec—’ tivement ca}ci}lés fur la quantité d’obéîffaace du cheval. Le cavalier fe trouve bien dédommagé d’une fujétion auffi frudueufe par la finefle qu’elle communiqueau cheval, dont l’ondulation de cha-* que cdonne des vertèbres n’agit plus alors qu’en proportion de la liberté qu’on lui offre, ou qu*on lui ravit, de forte que fout le reflbrt vertébral, fur le centre duquel on eft affis, peut être artifiement tendu ou relâché > futvant aue les puiflances de la main & des jambes égales ou cavalier augmentent on diminuent » tantôt féparément, tantôt concurremment.

Si notre élève a déjà recueilli quelques fruits des foins qu*il a pris pour fe bfincr une affiette inébranlable & finie « c’eft fur-tout pendant l’exécution des airs où le cheval fe meut fur deux piftes }|u’il en fait la phis abondante moiffon. Et de fait, upprifQons un inflant le repos affuré de l’un des trois points d’appui d’éouerre, tant recommandés dans les éléments, dés-tprs, ixonobftant toutes les qualités conflitutives d’une bonne main, on voit difparoitre cet enfemble qui doit confiamment régner entre la retenue de la maio & Les preffions des MAN i8j

jambes égales. Qu’on laiffe fubfifter un dëfordre auffi préjudiciable, il devient auffitôt la fource des difTonances qu’on apperçoit dans les aâions des deux bipèdes du cheval : car, fans parler des efFeti pernicieux qui s’échappent d’une main vacillante oc égarée, comme le moindre déplacement de Taffiette entraîne infailliblemeiitla titubation du bas^ du corps, les preffions réfultant d’une enveloppe incertaine produifent néceflairement fur l’arrieremain du cheval des pulfatîons inégales & difiufes^ » qui, loin d’alimenter le centrç par l’appon de là cglonne de derrière y déterminent, au contraire., l’ondulation de cette même colonne vertébrale plus d’un côté que de l’autre, & brouillent à coup fur les opérations du cheval, inquiet d’une pareille irrégularité. C’eft afin de donner une preuve c^mplctte de ce que j’avance ici, que je vais fuivre Içs mouvements involontaires d’un cheval combiné fuir deux piftes » à qui, dans la fuppofîtion précédente, le cavalier Ihllote indifcrè.tement les jambes. Re* préfentons-nous l’efquifle d’un cheval qui travaille de deux piftes, & qu’on porte de gauche à droite y nqus voyons que la feule jambe gauche du cavalier, inconfidérément approchée, hâte forcément la marche du bipède de derrière, que’le cheval diligente beaucoup plus qu’il ne le doit, & même jufqu*â lui faire dépafter le bipède de devant, & ce pour éviter uniquement une preffion auffi géname* Le retard qu’on fuppoferoit enfuite provenir du ballotement de la jambe droite, préjudicieroit autant à la combinaifon du cheval, en contrariant la répartition du même bipèd& de derrière que cette feule raifon met dans limpôffibilité d’imiter le jeu de celui de devant. On n’a donc pas tort de reconnoitre la folidité de l’affiette du milieu du corps comme le vrai principe de la bonne exécution, puifqu’à la privation d’une qualité fi précieufe i cheval, fuccedent des preffions inégales & chancelantes qui s’oppofent aux opérations les mieux calculées de la main, foit qu’on prépare les deux bipèdes du cheval à fe fuivre fur une ligne droite, foit au’on veuille leur donner alternativement une direaion dliagonale.

U faudroit accorder^ bien peu de pénétration ^à notre élève, pour ne pas le croire aâuellement en état d’entreprendre un changement de main fiu : deux piftes orné de.touts fes agréments. Auffi, dans la perfuafion où je fuis d’avoir applani les difficultés prefque inféparables de cette évolution compliquée, ne balancé-je plus à reprendre le fil de notre leçon interrompue auffitôt après la fortie du premier coin qui fe préfente à gauche. Premier changement de main de gauche à droite, exé^ cuté fur deux piftes.

Lorfqu*on a la noble émulation de divifer la’ troifième. leçon du travail par des changements de main exécutés fur deux piftes, & accompagnés de toutes leurs variantes, il eft fur-tout euentiel de ménager le terrein, de &çoa à n’être j)as gêné dans i«4 M A N la fuite des eontre*chaimements de nain , renveriement d^épauies » &c« Conféquemment, le centre du cheval , que nous avons laiffé dans la combinaiion de la hanche^ ou dei deux bouts en dedans , auffiiôt la fortie du premier coin ouvert i gauche » arrive à peine au niveau du timbre’ indicatif du premier cnangement de main de gauche k droite » aue le cavalier emploie avec le plus grand fuccès , abord les preilions réitérées de la rêne gauche , afin d’engager Tavant main à s’éloigner de la pifle Îarle cbevaler delajambe 2 aâuellement du deors. Les foutiens alternatifs de la même rêne ga«che travaillent enfuite fur rarriéremaln , juiqu’à ce que le cheval , en paiTant la jambe 4 par-denus la jambe 3 y confomme le premier pas du changement de main fur deux piites , dont Texécution , de gaudie à droite » parvient à fon vrai point de régularité» chaque fois qu’on a foin d aider une preffion de la rêne gauche » avec un écart de la* rêne droite 9 & de faire agir une preflion de la même rêne droite concurremment avec un foutien de la rêne gauche*

Si la théorie des changements de main exécutés fur deux pifles n*en précedoit pas la pratique , no tre élève fe endroit» peut $tre , dimcilement raifon du cbevaler des deux jambes gauches quM fem venir obliquement par-deffus les deux jambes droites. Mais , prévenu que les airs oii Je cheval marche fur deux pifies , n*exi(lent gu’autant qu’on mène féparément chaque bipède uir un plan diagonal ; ( condition qui , pour aller de gauche à droite , oblige les fambes % 8Ê4 à paffer par-deâus celles I & 3 ) inftruit d pilleurs que c’eft au moyen de la répartition des 24 de la m^iTe , fupponés par les jambes i & 4 > qp’ofi obtient» & le paiTage primitif de la jambe 2 , & l’écart fubféquent de la Jambe 3 »’ il tire la condufion fui vante* ru jfque ces deux dernières jambes tranfverfales fe chargent à leur tour des mêmçs 24,rçavoir la jambe 2, afin que le cheval recouvre la liberté de retirer la )anbe i » pendant que la jambe % facilite le cheraler de la jambe 4 , donc les menés jambes i & 4 f qui viennent de confommer le premier pas de deux pifies , en recevant encoVe une fois le total de la mafle , permettront aux jambes a & 3 d’entamer un fécond pas» Donc , ajou^erai-je » Texamen réflédil des quatre bafes du cheval dirigé fur deux piftes fait appercevoir dans le cbevaler de la jambe de derrière du dehors , qui clôt chaque pas de cette combinaifon diagonale, le germe d’un autre pas «dont la clôtuq» lert eocorç de principe an , Suivant , & alnft de fuite.

On ne m’accufera liurement pas d’avoir omis la pins légère occafion de faire valoir la puiflance abfolue Ses jambes du cavalier. I^eur égalité rela* tive à l’enveloppe me femble irrévocablement prouvée dans la première partie de cet* ouvrage. T’ornes les leçons , tant des éléments que du travail f démontrent cette même égalité du bas du (prps commç la ça^f^s uniyerieUe dçla fouipiffion M A N

I & de Tobéi^ance du cheval. Tout récemment Je viens d’indiquer les principauat inconvénients qui réfultent du brandillement inégal des jambes bailotantes. Le cavalier fe met dans le cas d’éprouver un autre genre de défagrément dans lexécution des airs de deux pifies , iorfqu*il néglige ou d’apporter , ou de contenir la colonne vertébrale de rarriére-main defibus le centre avec les preffions defes jambes toujours égales ; car alors un cheval le mieux drefie, autant furveillë dans la conduite de fon avant-main , qu’abandonné dans la progref» fjondefon arrière- main, ne peut éviter. de iiau* cher : c’efi -à-dire , de paflfer les deux jambes du dehors par-defiuus les deux jambes du dedans , au lieu de les étendre par - defibs ; & ce , d’après Taxiome qii’on profefle en équitation , que la main conduit le cheval , parce qu elle motive , jufqu’à l’anéantifiement , l’aâion que les jambes du cavalier lui donnent.

Prtmur coatre-changemtnt de maïn , de droite à gaut che , exécuté fur deuxpifitu

Tout changement de main ouvert fnr deux piftes , qui porte le caraâère d’une exécution auffi précife que celui oui précède , efi du meilleur augure pcrur la jufieÔe des variantes ou’oa veut lui taire luccéder. Au moyen de ce qué^j^puls préfu* mer que mon élève, en garde contre les renverff ments d’épaules, préférera de retourner, par un coiitfe-changement de main entrepris de droûe i gauche , dans la pifte qu’il vient d’abandonner , eQ changeant de main de gauche à droite , j’eftime devoir retracer ici cç que j’ai dit plus haut au fujet de cette contre-évolution.

fc Quelle q^e foit la manière dont on fe décide à n contre-changer de main » c’eft toujours interromn pre l’aâion d’un cheval qui traverfe diagonalement la carrière par un changement de main, & If Tobligeri revenir fur fes pas , en fe fervant de 1» la même combinaifon , comme s’il par^oit de la »^ifte où on avoit intemion de le mener ^. £n conféquence de cet avertifiement, avan^ que de travailler au contrechangernent de inain , il faut elorre le changement de main , qu’on intecrompe au milieu de la carrière » avec autant d’exaâitudç que ù le cheval étoit arrivé dans la pifie où on paroxfibit vouloir le conduire. On n’a Mûrement pag oublié la méthode écrite dans les autres leçons pour fermer un changement de main quelconque. On fe rappelle que cette méthode , qui prefcrit de poufièr les hanches immédiatement ji la fuite des épaules dans la pifte «ju’on va chercher , offre la deftruvSioo & la reconftruâion du pli pour Iç feul moyen d’upe entière réuflite* Or , fi nous avons la puriofité de comparer touts les rèfulcars de nos précédentes opérations, nous trouverons leur quotient toujours appuyé fur le demi-arrêt. Donc , lorfque nous défi* rons contre-changer de main fur deux pifies » de droite à gauche,^ féconde .évolution qui doit fuip vred’affea-rr^ bpr^i^ eatasiéç ^e gauche ^ droite I

MÀN ïrolte), n faut indifpenfablement coftihencef par ’marquer un demi-arrét, afin de nous ménager le temps de fubAituer une nouvelle c^mbinaifon à celle que nous femmes far le point d anéantir. Ainfi, le vrai point de difficulté du contre-changement de main étant plutôt dans Temploi qu’on fait du demi-arrét, que dans la manière de marquer ce temps en lui-même, le cavalier prouve qu’il en fait tirer tout le parti poffible, quand il attend, pour le mettre en ufage, que le chevaler de la Ïambe 2 annonce Técart oblique de la jambe 3 ; car es 24 de la maâe, alors étayés par les jambes i & 4, font à la veille de refluer far celles 2 & 3, qne le cheval apporte à terre. Voilà TinAant précieux à faifir pour marquer le demi-arrét, puifqu’il aflîire Texade répartition du total de la mafle remife fur les quatre jambes du cheval. £n effet, la puiflance réciproque des rênes, qui fuit la pofition cies mains que le cavalier replace de niveau, & qu’il unît à la prefton de fes jambes égales, après avoir effacé le pli, rapportent à— la-fois les deux colonnes vertébrales au centre du cheval ; enforte cjue les II de celle de devant fe divifeflt, & fur la }ambe 2 déjà mife à terre » & fur la jambe i auflitôt que 9 retirée de deflbus fa vôifine, elle vient fe pofer à c6té d’elle. L’équilibre entièrement rétabli dans le bipède de devant influe fur celui de derrière. La même puiflance des rênes également fendues opère fur Tarrièremain du cheval une répàrriiion iemblable i celle que fon avant-main vient d’éprouver. La jambe 4, qui ne chevaloit h jambe 3 qu’en raifoa de lallégement qu’elle recevoit du ioutien de la rêne du dehors, fupporte à préfent fa quote-part des 1 2 de b colonne de derrière. Aùffi cette jambe de derrière du dehors » loin davancèr par-deflus celle du dedans, ne £sàt plus que le trajet néceflaire pour » en venaat prendre place à côté d’elle « fermer le premier changement de main interrompu, où le cheval fe meut fur deux piŒs de gauche à droite*

Nonobftant la £déUté des temps deAinés à msfr* quer le demi-arrêr que doitfuivre le contre-changement de main de droite à gauche, exécuté fur deuxpiftes, il eu prudent de n’entreprendre cette contre évolution qu’après avoir fait quelques pas iur le droit. Premièrement) afln de vérifier fi on a lieu d’être fatisfait de Tobéiâànce du cheval Secondement, pour avoir la faculté de changer la direâion des rênes avec la pofition des mains. L’élève s’abandonne iâns réferve à ce dernier précepte, lorfqu’il réfléchit que la répartition des 24 de la maffe ne peat fubfiiler en même valeur fur chacune des quatre jambes du cheval, ^qu’autant que les deux mains à la même hauteur communi-’ ^uent anx rênes une puiffance rationnelle. Lz chaîne des effets ifliis du demi-arrêt, qui fert à-lafois de borne au changement, & d’époque au contre-changement de main, démontre la vérité de ce qn’on avance ici. JTefl-ce pas effeôivement d’à* près la nouvelle impulfion à donner de droite à ^filiation ^ Efcrlm £* P^/^

MAN i8j*

ganche>iuffitôtque la main gauche baiffée place fur l’épaule du cheval, & raccourcit la rêne devenue du dedans, que le pli fe forme à gauche ? N’eft ce pas encore à Tinôant 011 la main droite prime, comme étant du dehors, qu’elle récupère la poflîbtlité d’inculquer au cheval un mouvement înverfe à celui qu’il avoir, en le pouffant a^uellement de droite à gauche ? N’efi-ce pas enfin dans la réunion de ces deux circonfiances que nous avons apperçu, dès la première leçon des éléments, la caufe de Tébranlement indiqué des 24 de la maffe, fixés d’abord par le demi-arrêt, & quifluent, ou refluent enfuite, tantôt devant les preffions, tantôt devant les foutiens de celle des deux rênes que le cavalier, en l’élevant » confiituo rêne du dehors ?

Ou je m’abufe, ou j*ai mis mes leâeurs dans Timpuiffance d’avoir aucun doute fur la manière • dont le cheval exécute le premier contre changement de main fur deux piftes, de droite à gaucho. Tous prévoient, fans doute, qu’au moyen de la ^ nouvelle diref^on des rênes, tendues de droite à gauche, ce font les jambes 2 & 3 qui fupponent les 1 2 de chaque bipède, pendant que le chevaler de la jambe x, & l’écart de la jambe 4 entament % contre-évolution. Tous font en état d’ajouter que les mêmes jambes 263 confommenc enfuite le premier pas du contre — changement, dont nous nous occupons de droite à gauche, après que les 24 de la maffe, reponés fur les jambes 1 & 4, ont permis, & l’affranchiffement de la jambe 2, & le chevaler définitif de la jambe 3. Je ne trouve pas qu’au contre-changement de main il y ait la moin-. dre utilité de réitérer le confeil, fi fouvent donné., dalimeiuer le Centre de gravité du cheval par l’apport de la colonne venébrale de derrière foumife’ aux preffions des jamb^ égales du cavalier, d’au* tant que j’en ai déjà Vait fentir l’importance au changement de main. Au refte, à l’une comme à l’autre de ces deux évolutions exécutées fur deux Ï>iftes, le plus dîficile efl, , fans contredit, d’exiger e premier pas, puifqu’en entretenant avec foin la combinailon des rênes, qui le commandent » on réuflit à s’en procurer d’autres.

La rapidité des progrès de notre élève, qui le mettent prefqu’au niveau des jsrèceptes, autorife la brièveté ^es conii^s relatifs à la clôture du premier contre-changement de main fur deux pifies, 3u’i( vien^ d’exiger de droite à gauche. Il efl évient que cette contre.-èvoluiion n’étant, & ne pouvant être qu’un changement de main fur deux piftes, mais exécuté en feus contraire ^ toutes lès circonfiances effentielle ; à Tua deviennent indifpenfables pour Tautre. Aînfi je me contente d’ajouter aux avis qui précèdent le contre-cliangement de main, qu’après s’en être fervi pour revenir dans la pifte, d’où on s’eâ éloigné par un changement de main, il faut néceffairement, avant que de rien innover, faire une defcente totale des deux mains. Les avîuit^fes q^A’oq Ç|} re^^ font 9 premièrement U M A N de procurer au cheval un délaffemcnt bîen mérité par fon obéiffance ; {ccondcment, de le difpofcr à recevoir telle autre efpècc d’impulfion qu’on juge convenable.

PrtmUr rtniHrfemtnt tPipauUs, de droite i gauche, exécuté fur deux piftes.

Le cheval rentré dans la première pifte, toutes les combinaifons qui avoient pour objet, foit le premier changement de main de gauche à droite, foit le premier contre— changement de main de droite à gauche, abfolument effacées par la détente des deux rênes, conféquemment le cheval redreffc de tête, d’encolure, d*épaule$, de corps, de hanches, on voit que le cavalier eft le maître, en remontant les mains, de répartir les 24 de la maffe à fa volonté. Or, d’après l’intention fuppofée de réunir dans la troificme leçon des airs terre-à-terre toutes les variétés que Téquitation admet, Télève doit fonger à reprendre le changement de main, reconnu pour être la hafe des autres évolutions diagonalement exécutées fur deux piftes, auffitôt que le cheval, remis la hanche, ou bien les deux bouts en dedans, a régulièrement pafle les dcvtx angles qui mènent à la féconde grande parallèle, & qu’il fe trouve perpendiculairement arrivé deffous le timbre indicatif du premier changement de main de gauche à droite. Mais, comme il feroit trés-polTible que les couleurs défavantageufes dont jVi peint le renverfement d’épaules, enflent fait imaginer qu’on ne feroit jamais dans le cas de l’employer, je vais, pendant que notre élève parcourt, pour la féconde fois, la moitié de la première diagonale, lui renouveller le correâif ajouté lorfque j’ai décrit cet air renverfé, M Qu^l^c P**^ d’eftime que mérite le renverfement d’épaules, pris comme air de manège, 91 cependant, puifqu’en confidératton de fon utilité I » future pour Téducation du cheval, on le fouffre n encore dans toutes les académies » il faut que Il l’élève » qui ne doit rien ignorer de ce qui con9 » cerne VéquitatîcA, foit inftruît de la méthode par-V ticulîère à cette dernière évolution » • Tout en m’écoutant, l’air penfif de mon élève annonce qu’il s’occupe de la réflexion fuivante : fi le cheval, à qui je renverfé les épaules, eft obligé de mouvoir chacun m fes bipèdes fur une pifte diôinâe, & de la même nunièrç que celui que je contre-change de main fur deux piftes : û chaque pas du renverfemeiu d’épaules doit s’entamer & fe confommer par le inême enlever des )ambcs qui caraâérife le contre — changement de main fur deux piftes, & toutefois au moyen du pli confervé fur le dedans, fi la figure de la leçon, alnfi nue la tournure du cheval qui la répète, doiyen

  • (iibfiAer dans T^t^t du changement de main

égaîem.nt fur deux piftes, il en réfulte qu’au renverfemen d épaules projette de droite à gauche, ce font ici deux jambes du dedans qui vont chevaler celles du dehors, & ce » d’après les prcf— I M A N

fions & les foutlens de la rêne droite, reftée dtv dedans, par la raifon qu au contre-changement de main de droite à gauche, exécuté fur deux piftes, pofitivement les mêmes jambes droites, que le pli condituoit du.dehors, chevaloient celles du dedans, 6c ce, d’après les temps preflés & foutenus de la même rêne alors du dehors* Cette obferva*^ tion indioue bien, à la vérité, la néceflké de mar* quer un demi-arrêt au cheval à qui on veut renverfer les épaules, mais elle invite » en même temps 9 le cavalier à ne pas changer aâuellement la pofition de fes mains. En effet, le changement qui fuîvroit la nouvelle direâion des rênes, nui* reit évidemment au plan de notre évolution ren* verfée ; car le pli, comme on lefait, cède toujours à celle des deux rênes dont la valeur augmente fous la tenfion que la main du dedans a droit de lui communiauer. Aufli, pour interrompre une féconde fois le premier changement de main de gauche à droite, exécuté fur deux piftes, & faire rétrograder le cheval par un renverfemeiu d’épaules de droite à gauche, on écoute attentivement l’enlever et la jambe i, lorfque, dégagée de deffous la jambe a, elle annonce le chevaler oblique & néceffité de la jambe 4. Alors, fans « iéranger la pofition de (es mains, ni toucher k la direâion des rênes, le cavalier marque un demi-arrêt. L’expérience acquife dans 1 » pratique des deux précéden* tes évolutions ne laiffe aucune incertitude fur leproduit de ce ^emps intermédiaire. On a conftamment éprouvé ou’il remet le cheval d’aplomb fur fes quatre jambes. En conféquence, excepté le pli, que la tenfion de la rêne du dedans entretient encore à droite, on ferme le premier changement de main emaméde gauche à droite, avec la même précifion qu’on l’a fermé avant le premier rechangement de main de droite à gauche, puifqu’aù lieu du chevaler de la jambe 4, on engage le cheval à ranger cette jambe de derrière du dehors feulement à côté de fa compagne la jambe 3. Dès Ju’on a phyfiquement reconnu le placement égal es quatre jambes du cheval, on mollit un peu la rêne gauche, afin-de pouvoir ajouter, cette fois, la preffion de la rêne droite à la tenfion entretenue de cette même rênedu dedans. Le cheval, nonobftant le pli maintenu à droite, vient promptement au fecours du volume de fon avant-main repouffé de droite à gauche » & l’étaie avec la jambe l’qu’il avance, à cet effet, par-deffus la jambe a » Le relâchement prémédité de la rêne du dehors n*eft pas équivoque. On apperçoit aifément, dans cette efpèce de nulHté de la rêne gauche, l’équiva* lent d’un écart fecondaire de la rêne du dehors » Eropre à favoriferle pàffage inverse des deux James du dedans. Comment s’v méprendroit on ? La dégradation calculée de la rené du dehors, qu’on motive fur la puiffance augmentée de la rêne du dedans, ne confent — elle pas au chevaler de la jambe 3, qui remplace ici celui de la jambe 4, puifqu’après la foulée de la jambe i, que vient M A N’ â*eircîter là preffion inattendue delà rSne droite, la jambe 4, auffi légère que fa tranfverfale la jambe ï, perd terre à fon tour, mais, affranchie du fou* tien direâ de la rêne gauche, ne la yoi^on pas uniquement & parallèlement s’éloigner de la jambe 3 t pour attendre les 1 2 de rarriére-main à Tinftant oïl ceux de Tav^int • main retournent fur la jambe 1 ? On fixe à terre ces deux jambes tranfverfales i Se 4, en échangeant la preffion contre le foutien de la rêne du #edans, enforte que le cheval n a d’autre moyen de répondre aux follicitations réitérées des jambes égales de fonconduâeur qu*ayec le jeu des bafes obliques i & 3. L’éloignement parallèle delà jambe gauche de devant, numérotée 2, fe fait de même en proportion de Técart Acondaire de la rêne du dehors. Quant au chevaler de la jambe droite de derrière, timbrée 3, il fuit la valeur du foutien de la rêne du dedans. Nous ne pouvons donc pas douter qu’au renverfcmem d’épauJes, c’eflla rêne du dedans qui commande feule la totalité de lévolutioH. Le pU fe forme ^ ou s’entretient deffous la tenfion de celte rêne : fa preffion détermine le chevaler de la jambe de devant du dedans ; bref « c’eA le foutien de la jnêmè. réae qui donné le paiTage imitatif de la jambe de derrière du dedans, tandis que la rêne du dehors, déchue de fon autorité, n a plus que la fonâion de relever, de temps en temps, ré-’paule que les ma/Tes renverfées ècrafent. Au refte, quelque attention qu’on apporte à fuivre ce dernier confeil, il eft de la plus grande difficulté, pont n’en pas dire davantage, d^mpècher que le cheval, i qui on renverfe les épaules, n’ait l’air fauche & contraint. Une fimple réminifcence de effet ordinaire au pli, qui tend à rentrer l’épaule que le cheval regarde, démontre rimpoffibilité de s’oppofer entièrement à cette pente prefque indif-Î >enfable, quoique fi préjudiciable, dans un air où e cheval, porte contre fon pli, ne fait pas un feul mouvement qui li’augmente la furcharge de l’èpaule du dehors. Ainfi j ai tout lieu d’efpérer que la pratique la mieux étudiée du renverfement d’épaules ne peut pas détruire la mauvaife opinion qu’en donne la théorie. Finalement, lorfqp’on eft revenu fur la première pifte, il fuffit d’une defcente des deux mains pour clorre le renverfement d’cpaules ; mais, en reprenant les rênes ^ il faut fcru puleufement reftreindre celle du dedans à fon travail ordinaire, qui confifte, & à ployer le cheval, & à veiller fur les trois autres divifions mobiles du dedans. A Tégard de la rêne du dehors remife dans touts (es droits, elle exerce fur tout l’enfemble du cheval un empire d’autant plus abfolu, qu’il aYes fondements établis fur des mouvements volontaires, en ce qu’ils font innés.

Premikrt v^lte d< fauche â drçue, txicmit fur dtux fiftcs.

Enfin voici le moment oii notre élève va fiilre Mblier les petites négligences qui ont pu lui échap.. M A N 187

per pendant les évolutions nrécédemment exétu* tées fur deux pifies. Il n’en pas douteux qu’u : e volte puverte à propos, conduite avec intelli. gence, foigneufement arrondie, régulièrement fermée, donne la plus haute idée du talent de celui qui l’entreprend. Je fais qu’à vrai dire, toute furface quarrèe peut recevoir la figure circulaire d’une volte : mais comme celle que nous méditons fur deux pifles de gauche à droite, fert de prélude au premier changement ^e main, que nous mènerons également de gauche à droite, oc exécuterons auffi. fur deux pifies, il faut d*abord fixer le tetrein fur lequel cette volte préliminaire doit avoir lieu, après quoi déterminer les efpaces qui l’attendent. Or, le changement de main de gauche à droite, qui fuit une volte fur la même direâion, ne laiffe d’autre choix, pour étendre la circonférence de l’évolution circulaire, que la portion inférieure du terreio. qu’on veut enfuite divifer par le tracer d’une diagonale, afin que la dernière feâion de la volte remette le cheval pofitivement en face de la ligne qui coupe la carrière de gauche à droite. Ainfi le cavalier indique aux fpeâateurs qiie la volte qu’il entame eft le précurfeur d’un changement de main fur deux piftes, lorfqu’il attache le grand cercle des épaules aux quatie tangentes marquées dans l’ordre qui fuit. Non-feulement il accrocne le premier quart du cercle, tant à la grande parallèle du manège, qu’après la petite longueur nâive du doubler, mais il a befoin que cette première divifion commence à filer de defibus le timbre du changement de main de gauche à droite, & qu’elle finifle eqtre les deux marques indicatives du doubler. On voit auffi’tôt les épaules du cheval figurer leur fécond ^uart de cercle, en les fuivant, depuis l’inftant ou elles abandonnent le milieu de la petite parallèle fiâlve du doubler, jufqu’à ce qu’elles arrivent au niveau du C, gravé deffiis la leconde grande longueur de U carrière » L’avant* main efquifle enfuite le troifième quart du cercle, en quittalit le point marqué par l’extrémité du fe* cond quart, pour aller, en dévidant, toucher au milieu de la petite parallèle du manège. La quatrième & dernière portion de notre ligne circulaire part du même fond de la carrière, & rejoint la première tangente qui l’abforbe alors qu’elle la reçoit. Mes leâeurs, prévenus que le petit cercle deffiné par les hanches imite en proportion le grand rond que les épaules décrivent, ne feront point étonnés de mon filence au fujet de l’arrièremain. Il rèfulte, & de la théorie, & de la prarique des voltes que, pour les demander avec cette jufteffe qui force la précifion du cheval, il faut que le cavalier s’en repréfente la figure comme fufpendue par quatre points également efpacés dans le quatre parfait que donne la moitié du manèçe. J’ai faitobferver, lors de la théorie des voltes, Hue les procédés cféateurs d’une évolution circulaire n’étoient point du tout inquiétants pour qui-* conque avoit l’art de mener un cheval fur deux A ai/

188 M A N . piftes.. Il ne s^agît abfolument que de « otîi^r la puiffance de la rêne du dehors far la progreffion cintrée qu^on veut obtenir, tantôt en plus avec Tavant-main, tantôt en moins avec rarrièremaln du cheval. En conféquence, pour que celui qu’on a réparti la hanche, autrement les deux bouts en dedans » puiflè articuler, en raifon convenue » chacune des quatre divifions des deux cercles, qu’il trace de Π; auche à droite » on laiâe la rêne droite, déjà conervatrice du pli, eardienne des parties du dedans, & ce font les prenions, plus fenties que les ibutiens de la rêne gauche, qui jportent alternativement les jambes 2 & 4 » ou ieulement au-dcffus de celles i & « 3. 9 ou qui font que ces deux jambes du dehors outrepaffent entièrement les deux ïambes du dedans, comme il arrivoit pendant les changements & contre-changements de main fur deux ptfles. Le fuccés d’une volte dépend donc du plus ou du moins de valeur qu’où fait inculquer à Ja rêne du dehors, puifque, fi les deux jambes du dehors font toujours » quoique relativement entre elles » des pas plus éloignés que les deux jambes du dedans » c’eA par la raifon que les premières entanent nne aâion, dont les dernières leur facilitent uniquement la préparation. Tout ce qui précède « ous aiTure bien que les huit effets des rênes adroi^ cernent liées » & foutenus par des preâipns correfpondantes des jambes égales, mènent à l’exécution des airs variés qui compofent la première cla^Tc du travail : car telle c& Tinfaillibilité des principes fucceffivement établis depuis les éléments » que aaème la tranfpofiiion des différentes parties dont leur diaîne eA formée, ne peult en altérer l’efficacité particulière. Le cheval de retour furie point originaire de la volte » on le porte définitivement dans la diagonale du premier changement de main de.puche à droite, qu’on lui fait parcourir fur deux piAes » jufqu’à ce qu’il ait atteint celle qui la termine. ^

Prcmiltris fiaSiîont ^unt volte, de gaucàe A droiu y ^ exieutéu fur deux pifies*

La volonté ne fiiffit pas toujours en équîtatîon. îâvec la meilleure envie de mener un cheval fur la Yohe,. foit à deffein qu’elle précède un changement M AN avantage, & de tenir le cheval moîni aflujetti que la volte entière, & d’équivaloir au changement de main, fans avoir lsy)eine d’en fuivre la diagonale. Nous favons, en effet, que chaque divifu)n d’une volte a la propriété de remettre le cheval fur Ja même longueur d’où elle le tire, mais dans la fitma-. tion invcrfe qui réfulte du changement de main le mieux fermé* La féconde claffe d’événements nuifiblesaux voltes, ne connoit d’autre caufe que la diflraâion du cavalier ré(j||it à la demi-volte par la prodigalité du terrein qu’il deilinoit à la totalité de révolution, ou qu’un peu trop de précipitation oblige à fe reftreindre au quart, de volte. Au furplus, qu’il y ait indulgence, ou manque de précaution, le cavalier, en adoptant l’une de ces deux fraâions, fuit à la lettre les loix général^ de la volte complettement exécutée fur deux piffes. Ceffà-dire que la première demi-volte, conduite de gauche à droite, émanera des preflîons de la rêne gauche, qu’il aura foin de réitérer au préjudice des ioutiens de la même rêne du dehors, afin que la marche des épaules, doublée fur Taâion des han* ches, engage chaque bipède daHs les deux quarts de cercle que le cheval décrit » en abandonnant la partie fupérieure de Tune des grandes longueurs de la carrière, & revenant, de la tête à la queue, fur la pofition inférieure de la même grande parallèle. £ft-ii feulement queffion de crayonner un quart de volte, dirigé de gauche à droite. Auffi-t&t la fonie d’un angle ouvert à gauche, la puiffance des jambes égales du cavalier contient l’arrière-main deffbus le centre du cheval ^ pendant que les temps encore preffés de ta rêne du dehors font, pour ainfi dire » pirouetter le bipède de devant autour de celui de derrière, enforte que le cheval eff tout étonné de fe trouver, cheminant de droit à gauche fur la petite parallèle qu’il frayoit auparavant de gauche à droite.

Puifque le chaneement de main entrepris fur deux piffes, tel chargé d’ornements qu’il puiffe être, n’a pas d’autre but que celui qu’on exécute avec la plus grande fimplicité j puilque ces deux évolutions, comme leurs dérivés, tendent à donner au cheval une direflion diamétralement oppofée ; donc eRes ont une fin égale. Ainfi, qu’un élève amplifie le premier changement de main fur deux de « amfurdeuxpiftes, foiià^^^^^ pi « es » ouvert de gauche à droite, de toutes les l ! ^*^T° ^J^^^^’I^ PO « r elle-même, il peut arrî— f variétés imaginables r qu’il le fyncope par moitié, ; par quart, ou qu’il poufl*e bonnement le cheval Ter telles circonffances qui mettent obAacîes aux defu-s du cavalier. Les unes, & ce font Tes feules Traiment excuûbles, tiennent abfolument au che-Tal ; comme » par exemple, lorfç^vton en monte un dont la grande jeunefle exige du ménagement, ou bien lorfque, dans le courant de Ja leçon, on appcrçoftque le cheval montre un peu de répugnance à recevoir la combinaifon préparatoire des deux bouts en dedans. Alors l’élève abandonne pnidem-^ Vitnt une partie de fon projet, pour fecontemefcl « nelquefois de la moitié, quelquefois du quart d" M Yoltcideux fraâions ^ui réuniflent le double dans ta première diagonale qpi lie les deux grande » parallèles du manège, & la lyi faflé parcourir de gauche à droite » fur le droit & fans aucune interruption, dans tout état de caufe, le cavalier apporte autant d attention i fermer l’évolution enjolivée^ qu’à clorre l’évolution unie.

Je fuppofe à préfent le cheval définitivement emrè dans la féconde pifte qt » *H trace de droite à gauche, &, fans m’arréter à la manière dont on Vy a porté, j’obferve que le demi-arrêt, accompagné de la de&eme abiblue des deux suins (iparécs ^ M A N laîflfe rélcve ftaitrc, en reprenant les rênes, de préparer les maffes du cheval de façon à leur donner telle nouvelle impulfion qu’il jugera convenable. Or, fi toutes les leçons qui compofent le travail prcfcrivent de remonter les mains en raîfon înverfe à leur dcfcente, il en eft de même à celle des deux bouts en dedans^dont on s’occupe. En conféquence le pli reparoît à gauche d’après la ten-Tion de la rêne gauche aAuelle du dedans, & la rêne droite plus élevée, parce qu’elle eft du dehors, noa-ieulement a foin de répartir le cheval les deux bouts en dedans, sais elle fc charge encore de le diriger de droite à gauche. Ceux de mes lefleurs qui aaront, i cette féconde main, la euriofité d’analyfer les effets des rênes, voudront bien, en cas d’incertitude, avoir recours aux démonftratioas écrites avant le premier changement de main de gauche adroite, enfaifant toutefois réflexion que, vu la nouvelle direâion du cheval ; qu’on mène aftuellement de droite à gauche, les jambes 2 & 4 remplacent fur le dedans les jambes I & 3 qui jouent fur le dehors. Prendre un coin qui ft préftnte à droite. Second changement demain de droite à gauche ^exécuté fur deux pip<s ^ coupé par un contre-changement de main également exécuté fur deux pifles ^ repris enfuite, 6 » interrompu par un renverfcment <t épaules encore exécuté Jur deuatpiftes ; enfim entamé par une volte^ ou bien une demi-volte, ou fermé par un quart de volte.

Me voilà, cette fois, bien légitimement dlfpenfé de renouveller aucun des préceptes adaptés, tant au paffage des coins qgi fe préfentent a droite, qu’à Texécution, fur deux piftes, du fécond’changement demain de droite à gauche, aiafi qu’aux diverfes variations qu il compone. L’élève a fi fouvent éprouvé ane la féconde partie de chaque leçon eft une fidèle copie de la première divifion,

? u’il fait employer la méthode enfeignée pour 

une aux évolutions comprifes dans l’autre. Pafions à l’anrét.

VArrét.

Revenu fur la pifle où les reprîfes commencent & finiffent, *on difpofc le cheval à marquer l’arrêt qu’il attend. Preroierement, avec les temps de la lène droite, d’abord écartée, puis foutenue, en repouffe la croupe, du dedans lur le dehors, juf. ou à ce que les hanches foient retournées derrière les épaules. Cette préparation achevée, ( prépatation elTentielle à l’air de U hanche, autrement des deux bouts en dedans, en ce qu’elle s’accorde avec le précepte qui dit : « Ne marquez jamais » l’arrêt de tel air que ce foir, qu’après avoir remis I » le cheval dans la première direâiçn v.) Cette préparation, dis —)e, achevée, l’élève anéantit f aâion de la rêne du dedans, en plaçant fes deux mains abfolumcnt à la même hauteur. Dès que la

; (etç, rwolure|lc>épavdes^lc corps » Ui (mfihfi 

M A N 18^

du cheval préfentent une ligne droite, on ramène i foi les rênes, dont la puiffance calculée fur la preffion des jambes égales du cavalier fait refluer au centre les deux colonnes vertébrales dans un degré de proportion qui’détruit leur mouvement. Portion du Cavalier pendant la leçon de la hanche » ou bien des deux bouts en dedans.

L’utilité des connoiffances qu’on acquiert dans un art augmente leur valeur. Auffi voyons— nous

  • que les plus importantes de toutes les découvertes ^

qui font journellement l’objet des recherches de la plupart des écuyers-profeffeurs, ont en vue l’entretien de l’aplomb du cheval, conféquemment la fureté du cavalier. Or, à force de travail & d’expérience, les maîtres de notfe art ont établi cette rè «  Î^le générale : le cavalier ne peut fixer l’accord parait qui doit invariablement fubfifter entre la perpendiculaire du haut du corps, 1’affiette immuable du milieu du corps, l’extenfion flexible du bas du corps « & le centre de gravité du cheval fur lequel il porte, s’il u^apprend pas à contourner fes hanches fuivant la direélion qu’il fait communiquer à Tindi* vidu qu’il gouverne. C’eft-par hommage pour cette vérité « digne à touts égards d’une adoption univer— ^ felle » que, depuis la première leçon des éléments où j’offre le tableau de la vraie pofuion de l’homme à cheval, je ne ceffe de répéter, que la feule façon de conferver l’affiette qu’on a prile, eft de mainte* nir la ceinture & les hanches portées en avant » quelle qift foit la tournure ou la rapité des mouvements du cheval. De— là cet autre précepte, qui en émane, & dont toutes les leçons du travail retentiffent ; il faut s’affeoir par préférence fur le côté où Ton porte fon cheval, parce que cette at «  tention entraîne » autant l’obligation d avancer l’épaule du dehors, q^’elle nécefiite l’extenfion du talon du dedans. En effet, quel eft le piéton qui n’a pas éprouvé qu’en avançant, par fuppofition » la pointe de l’épaule eauche, la perpendiculaire du haut du corps, viflé de gauche à droite, vient tellement à plomb fur le{ talon droit, qu’on ne peut s’empêcher de ployer un peu le genou gauche ?

D’obfervation en obfervatlon, nous venons da remonter à la fource des confeils épars dans les leçons précédentes. Les éléments prefcrlvent de regarder entre les oreilles du cheval qu’on mène fur le droit à fes allures naturelles, ann, y eft-il dit, que les deux épaules du cavalier reflent per «  pendiculairemem au-deiïus de fes deux hanches qui doivent toujours être parallèles aux épaules du cheval. La leçon dupas d’école où on amène le bout du nez du cheval fur le dedans, par conféquent où le.cheval rentre médiocrement fon épaufe du dedans » avertit le cavalier d’imiter la tournure qu’il fait prendre au cheval, en portante comme lui, la tète & le haut du corps un peu fur le dedans. La figure plus compliquée de l’épaule en dedans, exigeant de h part du duval une déffiarche soia »

I90 M AN analogue k fes mouvements naturels, puiique la jambe de devant du dedans avance contre le pli par-deflus celle du dehors, à cette féconde leçon du travail, le cavalier cft obligé d’employer aufîi plus d*art pour fe conferver perpendiculaire au cheval « & cependant obferver le parallèle exaâ de fes hanches avec Tadion artificielle des épaules que fa main dirige du dedans fur le dehors. C*efl tilors que les élèves, quoique le haut du corps tourné fur le dedans, forcent TaiSette du milieu du corps, & Textenfion du bas du corps fur 4e dehors à Teffet de pefer avec leurs chevaux fur la jamoe de devant qui fournit le point d*appui. C’eft encore à deflein de fixer les mêmes points de réunion, Îu* en recommande agx élèves rafTiette fur le deans 9 pendant que le cheval travaille la hanche ou les deux bouts en dedans ; car, autrement, le cavalier déplacé de deflus le centre, aui fe reâent du contour de rarrière-main, roule oc tombe forcément fur le dehors dans le vuide que forment les hanches apportées fur le dedans.

Conclunoos : tout air de manège, dont la figure incline le centre du cheval fur le dedans j décide Taffiette du cavalier fur le dedans ; & fur le dehors, lorfque la direâion entraine le cheval fur le dehors. Par ce moyen, non-feulement on &cilite le paflaee des jambes qui chevalent, en appuyant le double poids des mafles combinées de 1 homme & du cheval fur les jambes qui fervent de bafe, mais on eft encore difpenfé d*employer la moindre contraâion pour fuivre les mouvements artificiels du cheval, puifque les trois divifions diftinâement articulées du corps de Thomme prennent, fuivanc les circenftances, une tournure & une propenfion calquées fur les quatre divifions mobiles du corps du cheval.

Stconde façon Je mener le Cheval la hanche ou let deux bouts en dedans ^ les rênes réunies dans la main du dehors, en s^aidant de la main du dedans^ •

Pour ne pas entreprendre înconfidérément Ip troifième air terre* à terre les rênes réunies dans la jnain du dehors, en s’aidant de la main du dedans » il eft à propos de fe précautionner d’une récapitulation fuccinâe des effets qui viennent de produire la même répartition des mafTes du cheval f ar les rênes féparées, & fur— tout de fe rappeller, qua cette féconde façon de mener, tant qu’on fuit la première pifte de gauche adroite, la main droite fert à gouverner le dedans, & qu’on dirige le dehors avec le petit doigt de la main gauche : au lieu qu’en revenant de droite à gauche, c’cft la main gauche qui conduit à fon tour le dedans, tandis que le dehors obéit à l’index de la main droite, qui çomtnande à la place du petit doigt de l’autre main. Or, le pli formé d’après la tcnuon de la rêne du dedans, on a préparé la troifième leçon du travail, & par la preffion modérée de la même rêne du dedans, & par le fouden très-marqué de la rêne du dehors : Tadion e/l iffw dç U preffion de la M AN

rêne du dehors unie à Técan de la rêne du dedans ; Repaflbas aâuellement touts ces calculs, en ayant les rênes réunies dans la main du dehors, mais aidons-nous de la main du dedans.

De cette féconde manière, aptes avoir amené le cheval dans la main, l’avoir commodément aflîs «  fuffifamment ployé, aufii-tôt l’entrée dans un an* gle ouvert à gauche, on eflaie de balancer les épaules du dedans fur le dehors, afin de répartir bien certainement les hanches du dehors fur le dc^ dans. Si Télète inftruît prévient alors le confeil de moins prefler la rêne droite, baiflée dès l’origine fur l’épaule du dedans, que de remonter la rêne gauche jufqu’à la hauteur du foutien, lobéiâance du cheval ne fait pas languir après la préparation attendue. On ne peut s’y méprendre, en analyfanc le placement à terre des jambes i & 4, dont le cheval avance celle du ^dedans au milieu de la pifle, fur la crête de laquelle il dépofe celle du de «  hors. L’heureufe fenfibilité des cuifies du cavalier, fruit dHine affiette à toute épreuve, l’avertit du mo* ment favorable, où l’aâion doit fuccédçr à la pré—’ paration, & bientôt les mains dirigées de gauche a droite demandent & obtiennent la fin du premier pas caraâériftique de la hanche, autrement des deux bouts en dedans. En effet la preffion de la rêne gauche, apportée fur l’épaule du cheval pendant l’enlever de b jambe-^, conduit bien la jambe de devant du dehors ^ c6té de celle du de* dans, mais c’eâ l’écart de la rêne droite qui, par fon oppofition conditionnelle, avec toutes les parties qu’on lui confie, empêche évidemment la jambe 3 de s’égarer fur le dedans, puifmie le cavalier ne doit jamais déplacer fa main confervatrice qu’il n’ait déjà jugé, &ne foit enfuite phyfiquement affuré du repos final & méthodique 4e la jambe de derrière du dedans.

Prendre un Coin qui fe préfente À gauche. Veut-on prendre avec exaâitnde les coins ou* verts à gauche, il faut attendre que le cheval, ap «  (>uyé fur les jambes a & 3, foit au moment d’en «  ever celles i & 4, afin de lui renouveller les temps pulfatifs des rênes primitivement tendues du dedans fur le dehors, & pour que le bipède de devant entre feul dans l’angle, il n*eft pas douteux qu’en obfervant une proportion fcrupuleufe entre la preffion de la main droite & le foutien de la main gauche, le cheval ^ toujours excité par l’impulfion des jambes égales de fon cavalier » étend & pouffe la jambe i jufqu^au fond du coin, & retient en même temps la jambe 4 en face du point faillant de l’angle. L’élève prouve inconteftablement combien il e& pénétré des démun/hations établies lors de la prife des coins à gauche par le moyen des rênes féparées ; quant aux rênes réunies dans la main du dehors, il en chaffe ^Bcore les épaules avec la preffion de la rêne du dehors, & cependant qu*il emploie artiflement Iç foutien de la même rêne pour s’oppofer à l’ea* M A N trée’des hanches. Ceft cionc à prifent le petit doigt de la main gauche qui, vibrant d’abord la rêne du dehors fur Tépaule du cheval > oblige la jambe 2 à chevaler la jambe i, & dont le foutien conféquent empêche auffitôt la jambe 3 » platée fur le dedans, de rentrer dans la pifte à la fuite de ù, tranfverfale.

Pnmur changement de main de gauche à— droite, exé » cuti fur deux piftes, coupé par un conircckange* memd^ main également exécuté fur deux piftes : ^fpris enfuite y & interrompu par un renverfement m épaules encore exécuté fur deux piftes ; enfin entamé par une volte, ou bien une demi-volte, ou fermé par un ^uart de volte^

Ce feroît une négligence intolérable » que de laiâer échapper la fortie d*un coin à gauche, fans préparer Touveriure du premier changement de main de gauche à droite » fur-tout en confervant le projet de répéter toutes les variétés dont cette évolution exécutée fur deux piftes efl fufceptible. On ne peut., en effet, jamais réunir a^nnt de circonftances favorables, foit pour le fonas, foit p#urles acceflbires. Relativement au local, comme le cheval entre fur une des grandes parallèles de la carrière, il fuffit d*économifer Tefpace que préfente la diagonale, & on a la faculté d’entre— couper le changement de main, ou par un contre-changement de main, ou par un renverfement d*épaules. La pofition des mains » la combinaifon des rênes, la répartition des maffes » ne laiflent d’ailleurs rien à defirer. Premièrement » l’appui de la main droite fur la rêne du dedans place cette main audeflbus de la sauche qui dirige la rêne du dehors. En fécond lieu, la tenfion de la rêne droite s’oppofe au déploiement de l’encolure, tandis que Télévation concertée de la rêne gauche aiTure à la rêne du dehors une putflânce qu’elle a droit d’exercer, ou par pjreffion, ou par écart, ou par foutien ; enforte que toutes les parties du dehors font abfolument à la difcrétion du cavalier. Enfin la décompofition des maffes offre les 12 de l’avant-main inclinés du dehors’fur le dedans, conféquemment les 12 de l’arnért-main apportés du dedans furie dehois, donc les 24 de la mafTe, étayés par les jambes 1 &4, permettent évidemment aux jambes 2 & 3 de fe mouvoir au gré du cavalier.

Premier Changement de main, de gauche i droite, exécuté fur deux piftes.

Tel difficile qu’on foit en matière de preuves, il me parole encore plus difficile de ne pas admettre que les rênes, dirigées du dehors fur le dedans, ne pouffent le cheval fur le dedans. qu’en venu de la divifion qu’elles ôacafionnent dans la totalité de la ma/fe « dont il charge alors les jambes traniverfales de devant du dedans, & de derrière du dehors : qu’enfuite les rênes tendues du dedans fur le dehors repouifent le cheval fur le dehors, d’après le contre-balancement qu’elles font éprouver M A N 191

au même volume qui fe répartit autant furla jambe de devant du dehors, que fur la jambe oblique de derrière du dedans. Du concours dç ces éclair* ciffements naît une mafle lumineufe qui porte la clarté jufques fur les moindres mouvements du cheval. Auffi l’élève, armé du flambeau de la vérité, profite du moment où le cheval abandonne un coin à gauche, pour lui demander l’exécatioa du premier changement de main qu’il a deflein de lui faire tracer, & de gauche à droite, & fur deui^ piftes. En conféquence, avec la mnin droite baiflee fur l’épaule du cheval, on entretient la rêne du dedans tendue, ce qui conferve le pli pendant la durée de l’évolution : en conféquence, le petit doigt de la main gauche met la rêne du dehors etioppofition fucceftive avec l’épaule, ou la hanche 9 afin de commander le paffage alternatif des deux jambes du dehors par defTus celles du dedans. Premier contre — changement de main, de droite J gauche, exécuté fur deux piftes.

Mats, à jtelne a-t-on exieé quelques pas en diagonale fur deux piftes, & de gauche à droite, qu’il faut s’apprêter a revenir de droite à gauche, & de la même manière, par le moyen d’un contre-changement de main, eu d’un renverfement d’épaules. * Si, comme j’ai tout lieu de l’efpérer, la première de ces deux évolutions obtient la préférence, on doit ôter la main droite de defTus la rêne du dedans, afin que la main eauche, retenue, marque feule un demi-arrêt, d’oii’réfulte le redreffement de l’encolure, ainfi qu’une égale diftribution des 24 de la mafle, dont chaque jambe du cheval reprend fa quote ; *part. Ce préhminaire achevé ; prèliminaire daiis lequel on reconnoh aifément la clôture du premier changement de main de gauche à droite, relève paffe les rênes de la main gauche dans la droite, &, du même temps, en attribuant à la main g4uche, aduelle du dedans, les fondions qu’exer* çoit auparavant la droite, il fait reparoitre le plt fur le nouveau dedans. Quant à cette dernière main, devenue du dehors, elle détermine le che «  val à retourner fur deux piftes, de droite à gau* che, dans celle qu’il fuivoit de gauche à droite, toutefois à l’aide du jeu de l’index, qui remplace celui du petit doigt gauche deflbus larênedudehors.

  • Autatit un demi— arrêt impotle à la préparation

du contre-changement de main, amant une def* cente abfolue des deux rênes devient cftentielle pour eSkctr la fuite des opérations analogues à la même contre-évolution, & refaire auftîrôt les cal* culs propres à celle qu’elle vient d’interrompre. Lors donc qu’on a « unené le cheval dans la pre* mière pifte à fuivre de gauche à droite, il faut, après avoir abandonné la rêne gauche, rendre totalement la main droite, à l’effet que, d’une part, les rênes détendues procurent au cheval une réeompenfe bien acquife, & que, de l’autre, elles anniùlent toute efpèce de jcombinaifon. De là, pour i9£ MAN ^ renouveller celle €uî conftitue le troîfièine aîr terre— | à>terre » on eft— obligé â% remettre les rênes dans la main gauche » & le cheral ployé fur le dedans au moyen de la tenfiaa qa% produit Tappui de la maîn droite, dont la croupe faille en outre fur le dedans, d*après le foutien un peu mare^ué de la main gauche, fe retrouve encore une fois à la difpofition de fom cavalier, cheminant de gauche à droite y ft dans la combihoifea de la kmche, ou é^B deux bouts en dedans »

Premier rcnvirfemtnt fépauUs, ic droite i gaucke » exécuté fur deaxpijliu

Les élèves font généreniement le facrifice de toutes ces difficultés » fi délicieufes à furmonter » lorfqu*au lieu de contre-changer de mata, ils fe réfignent au renverfement d’épaules. Cette évolution exige encore un demi-arrêt » mais elle n’entraîne point la fubftitution des rênes ; elle défend de toucher en rien au deflein du cheval ; chaque chofe enfin doit reûer pofitîvemem au même état où elle fe trouve pendant le changement de main. Conféquem ment il fufHt, pour ramener le cheval par un renverfement d’épaules » d’amortir les effets de la rêne du dehors, & de rendre la puiflance de celle du dedans plus aâive. Or « d’après la combi* naifon du changement de main de gauche à droite » qne nous exécutons ftir deux piftes, on. parvient à renverfer les épaules de droite à gauche » & fur le même plan, en extrayant de la main droite, fçavoir, la tenfion de la rêne du dedans qui donne & contient le pli ; la preffion de la même rêne qui contraint la jambe i 9 quoique du dedans, à che* valer la jambe i ; finalement le foutien encore de cette rêne du dedans, afin de faire rebroaiTer chemin à la jambe 3, qui pafle à contre-fens par-deffus la jambe 4. Dès qu^on a repoufie le cheval fur la première pide qu*il fraie de gauche à droite, oa n*a plus qu’à rendre les deux, mains, fans ôter cette fois la droite de defius la rêne du dedans. Mais, en remontant (es mains, le cavalier rétablit les rênes dans leurs véritables fondions, dont il n*avoit eu la complaifance de les deftituer, qu’en çonfidération du renverfement d’épaules de droite à gauche, qu*iL vient d’exécuter fur deux piftes. Première veltç ^ de gauche à droite, exécutée fur ffeux fijles,

Si rélève, à cette féconde façon de mener, enchaîne les quatre divifioas de la volte avec l’exaâitude prefcrite dans la première, nul doute que le cheval, attentif à la précifion de fon conduâeur, ne vienne fermer Tévolunon circulaire furie point marqué par fon ouverture^* Ainfi, fans avoir éprouvé ia moindre perte de terrein, fans déranger la pofition des mains, fans altérer la valeur refpeâive des rênes, fans changer leur direâion combinée, on éloigne une féconde fois le cheval de la pifte fur laauelle il efi de retour, en le pouffaa ( aç 4f « Y ptn^s 4ans la diagonale du premier changelirertt de ittaln ou’on lui fait définmV’éltl6Sf articuler de*< gauche à droite*

Premières fraâiotu d’une rolte, de gtuuhe i dnite i • exécutées fur deux pifieu

Ceux dont la prudence tempère Tambition, fe rcftreignent, fans aucunes caufes étrangères, aux fraâions de la volte. On fait qu’elles confiAent en demi & en quart de volte. Oa fe rappelle que la demi-ligne circulaire part du haut bout de l’une des deux grandes parallèles, & vient aboutir à la portion inférieure de la même grande longueur ; & encore qu’on doit toujours attacher le premier point du qnart de volte au commencement d’une piâe, par la raifon qu’il faut indifpenfâblement rabattre l’autre extrémité du quart de cercle fur la fia de la ptfie qu’on abandonne en fortant d’un coin. Au iurplus, qu’un élève arrondifie une volte entière, qu’Û en exprime la moitié, qu’il en efquifle le quart, jamais il ne peut réuffir qu’avec’ uae fuite réfléchie ie% temps preffés & fourenus de la ^e du dehors : fuite calculée fur l’écart de la rêne du dedans. En conféquence, on élargit la demi-volte de gauche à droite » comme on brufque le quart de volte à la même main, au moyen d’une direâion plus ou moins fentie de la rêne gauche, que le petit doigt approche de l’épanle du cheval, & quHl oppofe enfuite à la hauteur de la hanche. N’oublions pas, auffitôt le report des épaules dans la pifte qu’on va fuivre de droite k gauche, d’ôter la main droite de deflus l’ancienne rêne du dedans, afin qu’une defcente de la main gauche achève promptement la décompofitîon des maffes entamée par la deftruâion du pli. Ceft alors que la main droite, en fa qualité de main du dehors, s’empare des réaes. A l’égard du cheval, d’après ie pli qu’il reçoit de la main gauche appuyée fur la nouvelle rêne du dedans, d’après la puiflance que Tindex de la main droite communique à la rêne du dehors, il reparoit dans la combinaifon de la hanche, ou des deux bouts en dedans y Sl figurant de droite à gauche, les mêmes pas qui le portoient ea avant de gauche à droite. Prendre un coin quifepréfenu 4 droite, Secoàd chan^ fement de main, de droite À gauche, exécuté fur dfuxpijles, coupé par un çonire-càangtment de maix également exécuté fur deuxpifUs : repris enfuiu ^ & interrompu par un renverfement £ épaules encore exécuté fur dâux pifies ; enjfn enxamé par une volte, qu èien une demi-folte 9 ou fermé far un quar4 da volte.’•

Lojn que le laconifme afleâé des feâions qu’on va lire me caufe aucuii remords, j’efiime au contraire devoir élaguer dorénavant tout ce qui tient du précepte, bien convaincu que cette efpèce d’abandon indique a mon élève le degré de confiance qu’il doit avoir dans fes propres forces. Que n’eft-on pas aâuellement en état d’entreprendre feiil ? Seroit — ce la prife des coins qui te préfentent à droite }

M A N iiroite ? Seroit-ce Texécution fur deux pîftes du fécond changement de main de droite à gauche ? Seroient-ce même toutes les dépendances de cette dernière évolution qui pourroient inquiéter ? Comme je fuis pour la négative, je retourne dans la première pifte où les reprifec commencent & finiflent, afin de fiirveiller la préparation au temps d’arrêt,

JL Arrêt »

La clâttfre des changements de main ayant pour effet principal Pentier anéantiflement de toutes les combiaaifoos artificielles | produifam en conféquence l’effet fecondaire de redreffer les quatre divifions mobiles du cheval, il n’exifie aucun temps propre à Tarrét, comme la fermeture du fécond chanjgement de main, quel qu’en foir le genre d’exécution de droite à gauche. Ce a’efi donc qu’après avoir mis touts ies foins à fermer celui ou’on vient de terminer fur deux piftes, & avoir nit au moins plufieurs pas de fuite abfolumentfur le droit, qu’il faut fooger au temps d’arrêt définitif du troifième air terre-à-terre ^ qu on marque autant avec la retenue de la main gauche » feule direârice des rênes, qu’avec le foutiea des jambes égales. Troifième façên de mener le cheval U hanche ou les deux bouts en dedans^ de la feule main gauche. On fait le plus grand éloge d’un élève » dès qu’on le juge en état d’entreprendre la troifième leçon du travail, en menant de la feule main gauche, puifque le plus épineux des airs connus e(l, fans contredit, celui ae la hanche, ou des deux l>outs en dedans, quanS même on en rctrancheroit lei changements de main fur deux pifies, & toutes les variantes qu’on a coutume d’y joindre. Ainii j dire de quelou’un qu’il vient aifément à bont de cette leçon dimcileavec une feule main, c>eft publier hautement qu’à force de travail & d application, il eft enfin poffeffeur de ce bel aplomb qui refaite de l’exaâe & imperturbable correfpondance entre les trois divifions du corps de l’homme à cheval, & d’où naiffent les qualités conftitutlves d une main excellente. Si par bafard on trouvoit ce préambule hyperbolique » on n’aoroit dti’à fuivre la filiation des procédés que je vais décrire ; ils font de nature, & par eux-mêmes, & par leur enchaînement, à convaincre les plus incrédules de b réalité de ce que j’avance..

• Des amateurs infiruits concevront la meilleure opinion dé Pacadémifte affez maître de k% mouvements pour ne permettre au cheval qu’une action conientie, quoique dépendante de la feule main gauche. Que fera-ce, <iuand ils verront le cheval yfavamment porté des jambes dans la main, & plus judicieufement encore reponé de la main dans les jambes, venir dans la main avant la fîn du premier tour de manège, fe mettre fur les hanches, &par fuite fe ployer fur le dedans. Lerffue pluueurs effais répétés affurent du point de Mquitation, Efcrïme C* Danje »

M A N içî

réunion où le cheval, prefqu’en équilibre » ne peut réfifler aux impulfîons qu’il reçoit, le cavalier entame la leçon. C’eft alors qu’avec la main arrondie, rapportée fur le dehors, ( conféquemment, fans relâcher la i^êne du dedans, dont la tenfion p^imi*tive donne & cOnferve le pli) non-feulement la preffion de la rêne droite pouffe la jambe i a^ fond d’un angle ouvert à gauche, mais qu’elle l’y fixe, jufqu’à ce que le foutien décifif de la rêne gauche, émané de l’écart du petit doigt, en défendant l’approche du coin, repouffe vîgoureufement la jambe 4, que le cheval étend auflitot fur la crête de la pifte, oc qu’il appuie derrière fa tranfverfale. La flatique équitante ne nous laiffe pas ignorer que les mafles reviennent obliquement appefantir les jambes abaiffées, afin que le cheval difpofe librement des jambes qu’il veut élever. Or, pour peu qu^on ait de fentiment dans les cuiffes, & de fineffe dans la main, il efi aifé de faifir ce temps unique qui fé’pare l’aâion achevée d^avecKaâion naiffame ; enforte qu’en faifant rentrer à point nommé le petit doigt dans la main qu’on reporte arrondie fur le dedans, on fubfiitue la preffion au foutien de la rènegauche » & du même temps, on remplace le premon de U rêne droite par Ion écart. Du nouvel arrondiffement de la main, ainfi que de fa pofition récente, réfultent deux effets, dont vofci le détail.’ Le premier dérive de (a feule rêne du dehors ^ qui, modérément preffée fur répaiile gauche, afuire les 12 de lavant-main charges fur la jambe i ; dès-lors, qui oblige le cheval, & d’enlever la jambe a, & de la pofer au milieu de la pifle. Le fécond effet participe à-la-fois des deux rênes, quoiqu’il ait cependant fa caufe principale dans la puiffance écartée de celle du dedans ; car, puiique leur direâlon aduelle de gauche à droite amène autant Pavant • main fur la jambe i, qu’elle repouffe Parrière main fur la jambe 4, il n*eft pas au pouvoir du cheval de faire fuivre la jambe 2 par une autre que par b jambe 3. Mais, au moyen de ce que la jambe 4, imprimée fur la crête de la Eifte, ébauche la tournure demi-cintrée convenale à Pair de la hanche, ou des deux bouts en dedans, il fe ppurroit que le cheval abusât de la for* tie de fa croupe pour forcer Pextenfion de la jambe de derrière du dedans, fi l’écart préfervatit de la lène droite n’afiignoît pas la place que cette derr nière jambe doit occuper en dehors de la pifie* Prendre un coin quîfe pré fente à gauche. Parmi les calculateurs, il en eft peu qui n’aient expérimenté que, du feiii de la difficulté, fouvenc il s’élevolt certaines combinaifons inattendues qui, comparées avec les précédentes, fembloient naître pour rafraîchir un e(prit trop appliqué. Notre élève n’a peut-être pas encore fait cette remarque, quoi* Sue le travail en fourniffe de fréquentes occanons. LU refte, la prife des coins avec la feule main gauche en donne une preuve d’autant moins équivo » que) qu’elle tire fa foitfce de Pair qu’il exécute. En fi b

./

194 M A N cflFet, lorfqu*on récapitule la diftributton des mafftSy préparatoiremcnt à la figure de la hanche » autrement des deux bouts en dedans, & qu’on fuit leur répartition analogue à l’aâion du même air, on trouve les deux bipèdes du cheval abfolument difpofés pour fiire entrer lés épaules feules dans les coins qui Te préfentent à gauche, & pour les en faire fortlr. Premièrement, la main qu’on rapporte arrondie fur le dehors dirigeant les rênes de droite à gauche, les 1 2 de Tavant-main reviennent à cha «  <Iiie pas fur la jambe 2, & les 12 de rarrièrc main reftent fur la jambe 3 ; par conféquent le bipède de devant, incliné fur le dehors, invite le cheval a poufTer la jambe z dans le premier angle ouvert à gauche ^pendant que toppofition naturelle du 1>ipède de derrière, confirmée parle foutien de la rénc gauche foumife à Técart du petit doigt, entretient la marche oblique de la jambe 4 » aue le cheval arrête, & pofe en face d » point de réunion des ileux pîftes. Secondement, on reporte la main arrondie fur le dedans. Dès ce moment la nouvelle direction des rênes, tendues de gauche k droite, tepoufTe la colonne de devant fur la jaîmbe i, afin de favorifer Ye chevaler de la jamba 2 ; & les épaules fortent du premier coin ouvert à gauche. Bref, la main arrondie de retour fur le dehors, fur-tout ^idée par V foutien du petit doigt, rappelle au cheval, artificiellement combiné, la ha^nche ou les deux bouts en dedans, que la jambe 3, mîfe en dehors de la pifte, ne doit y rentrer qu*à la décomp >(Itxon du troifième air terre-à-terre. Premier ehangememt de main, de gauche à droite, exécuté fur deihi pifies, coupé par un corure— changement di main également exécuté fur. deux piftts : repris enfuUe, & interrompu par un renverfement (Ce* paules encore exécuté fur deux pifitj ; enfin entamé par une volte, ou bien une demi-volte, ou fermé par un quart de volte.

Quelque ardent que puifTe être un élève, malgré faiTurânce que doivent lui donner ies premiers Succès, il ne me paroît point du tout extraordi^ flaire, qu*à la veille de pafTer aux changements de xnatn exécutés fur deux piftes, & ornés de leurs ^Variantes, il foit intrigué de fé voir réduit au fecours de fa feule main gauche. Mais cette timidité, bien capable de refroidir le zélé dont je le fuppofe animé, ne tient cas longtemps devant Téchelle de proportion, ou les puiâances eraduées des différentes portions de la main font fidèlement gravées. On a vu » dans la leçon de l’épaule en dedans, que j*ai fcrupuleufement rempli leur canevas expofé dans la leçon du pas d*école. On efl donc parfaitement inflrult que, fi îa main feulement arrondie donne la tenlion de la rêne droite, 1^ main feulement cambrée donne la tenfion de ta léne gauche : que fi la main, d*abord arrondie, puis amenée fur la droite, produit la tenfion & ré cart de la rêne droite, qu’accompagne îndifpenlabltment la prsfîiôn ù^ la râae g^ii : hc, la main » M A N’

d’abord cambrée, puis amenée fur la gancbe, prd^ duit la tenfion & l’écart de la rêne gauche, indiCpenfablement accompagnée par la prefTion de la rêne droite ; conféquemment, que fi la main arrondie, qu’on reporte enfuite fur la gauche, en offrant encore la tenfion de la rêne droite, produit les deux effets de la même rêne prefTée, & de la rêne gauche écartée, la main cambrée, qu*on repon «  enfuite fur la droite, ajoute à la tenfion de la rêne gauche les deux effets de la même rêne preffée, & récarc fecondaire de la rêne droite. On fait enfin que i la main toujours arrondie, toujours amenée fur la droite, mais retenue fur elle — même, fait parcourir à la rêne droite les trois degrés de tenfion, écart, foutien, auxquels fe joint aufCtôt la preffion intermédiaire de la rêne gauche, la main toujours cambrée, toujours amenée fur la gauche » mais retenue, fur elle-même, fait paffer la rên «  gauche par le » trois degrés de tenfion, écart, foutien, fans omettre la preffion auxiliaire de la rêne droite.

^ Point de oî qui ne foit commentée. Point de règle qui n’ait fon exception. Voilà ce qu’on entend par^tout, ce que tout le monde éprouve, & ce qu*on répète le plus ordinairement. Or, nous ^avons pour principe général en équitation, que l’arrondiffement de la main commande les vibrations fuccefiiives de la rêne droite, & que les valeurs progreffives de la rêne gauche fê multiplient deffous la main cambrée. Mais comment entretien* d roit* on l’encolure ployée, pendant que la main arrondie détermine de gauclie à droite la marche oblique du cheval qu’on mène fur deux piftes, & qui paffe alors les jambes 2 & 4par-deffu$ celles i oc 3, fi les élèves n’apprenoient pas à tirer, avec leur petit doigt, quelques exception » de la rêne gauche, ou bien s’ils ne fâvoient pas adroitement provoquer, avec l’annulaire, les temps particu* liers à la rêne droite, lôrfqne leur main cambrée décide, dedroitei gauche, le chevaler alternatif des jambes i & 3 fur celles 2 & 4.^ Muni d’une boufTole aufli jufte, dirigeons le cheval vers la diagonale du premier changement de main de gau< che à droite, & faifons-lalui tracer fur deux pilles. Premier changement de main, de gauche à droite,. exécuté fur deux pifiej.

La crainte d’ennuyer « ’a fouvenç fiut promettre d’élaguer tout ce qui tient du précepte, mais foue la réferve de fubflituer des récapitulations équiva^ lentes aux procédés méthodiques, puifqu’elles me^ teot un élève iAflruit à ponëe de orer du pafiè des indiiâions avantageufes pour le préfent & favora-^ blés à l’avenir. Par exemple, au lieu d’enfeignef aâuellement les temps de la feule main gauche ; ainiî que le jeu des deux derniers doigts de cette main qui déterminent un cheval, déjà difpofé fur çîedx piftes, à changer & contre-changer de main ; quihiirenverfcDt les épaules, qui le mènent fur les voltes, enfin qui lui fcnrcfquiffer la moitié, 01^ feulement décrire le quart de cette évolution circulaire ; au lieu, dis-je, d’entrer à ce fujet dans aacune répétition littérale » il me femble plus à propos de prefeitter fous un mèoie point de vue les diâSrentês combinaifons des rênes, qui créent les trois principaux airs terre-à-ierre » afin que leur comparaifon indique Tanalogie gu’eUes peuvent avoir avec les évolutions qui leur (ont inhérent^* Dis trois principaux airs urrt-’à’ttrrc. Le pas D*écoL£. Formation du pas iCécoUfur la ligne droitû ï-epU : Teniîon de la rêne du dedans. Enlever fucceiCf & tranrverCii des quatre ïambes : . Scrupuleufe égalité dans la valeur réciproque des deux rênes* Paffagt ies coins. Entrée de ravant-main : Tenfion & preffion de la rêne du dedans ; Demi-écart de la rêne du dehors. Sortie de Pavant-main :’ Preffion de la rêne du dehors. Tenfion & écart de la rêne du dedans ; Entrée de l’arriére-main : Tenfion & écart de la rêne du dedanSi Preffion de la rÂne du dehors. Sortie de rarrîére-main : Tenfion & demi-preffion de la rêne du dedans. Ecart de la rêae du dehors. Changement de main » Ouverturje f Œml-preffion de la rêne du dehors. ’Tenfion fixée de la rêne du dedans. Tenfion fixée de la rêne du dedans. Demi-écart de la rêne du dehors. Deftruâion du pli i Les rênes rendues. RéconAruâion du pli : Les rênes reprifes avec la tenfion de la nouvelle rêne du dedans. Fermeture : Demi-pfeflion delà nouvelle r^ne du dehors. Tenfion fixée de la nouvelle rêne du dedans. Tenfion fixée de la nouvelle rêne du dedans* Demi-écart xle la nouVelle rêne du dehors. L* ÉPAULE EN DEDANS. Préparation & formation du pas fur la ligne. Le pli : Tenfion de la rêne du dedans. Préparation : Preffion de la rêne du dehors. Tenfion & écart circulaire de la rêne du dedans. Adiog : Teafioii & preffion circulaire de la rêne dif de* dans. M A N Ecart dé la rêne du dehors. •1^5 Paffagc des coins Entrée de Tarriére-main : Preffion renouvellée de la rêne du dehors ; Tenfion & écart circulaire de h rêne du dedans.’ Sortie de rarriére-maHi : Preffion renouvellée de la rêne du dehors. —Tenfion & écart circulaire de la rêne du dedaxf^n Changement de main » Ouverture : Un demi-arrêt, le pli confervé par h tenfioff d0 la rêne du dedans. Dieftruékon du pli : Les rênes rendues. Reconfiruâion du pli : Les rênes reprifes avec la tenfion de la nonvell0 rêne du dedans.. Fermeture : G>mme au pas d’école. La hanche ou les deux bouts en dedans ; Préparation 6^ formation du pas fur la ligne. • Le pli— : Tenfion de la rêne du dedans. Préparation : v Tendon & preffion de la rêne du dedans4 —Sounen de la rêne du dehors, Aâion : Preffion de la rêne du dehors. Tenfion & écart de ta rêne du dedans ; Paffage des coins. Entrée de Ta vaut— main : Tenfion & preffion de la rêne du dedans ; Soutien rehquveUé de la rêne du dehors. Sortie de Tavant-main ; Preffion delà rêne du dehors. Soutien renouvelle de la rêne du dehors* Tenfion de la rêne du dedans. Changement de main exécuté fur deux pifics^ Ouverture : Preffion de la rêne du dehors. Tenfion & écart de la rêne du dedans. Tenfion & demi->reffion de la rêne du dedans^’ Soutien de la rêne du dehors. Deftruâion du pli : Les rênes rendues. Reconfiruâion du pli : Les rênes reprifes avec la tenfion de la nouvelle rêne du dedans. Fermeture : Comme a^u pas d’école. Autre fermeture relative au contre^ckangement de main exécuté fur deux pifles. Auffiiôt les temps de la rêne du dehors preiTée ; de la rêne du dedans tendue & écartée » on marque Bbij

i<)6 M AN un demi-arrêt » les rênes égaies, & le pli reparôîr fous la tenfion de la nouvelle rêne du dedans. Contrcchangemtnt de main ixécutéfur d<ux piftes. Ouverture du contre-changement de main exécuté fur deux piâes :

Preflîon de la nouvelle rêne du dehors. Tenfion & écart de la nouvelle rêne du dedans. •Tenfion & demi-preiEon de la nouvelle rêne du dedans.

Soutien de la nouvelle rêne du dehors. Deftruâion du pli :

Les rênes rendues.

Reconflruâion du pli :

Les rênes reprîfes avec la tenfion de la nouvelle rêne du dedans.

Fermeture :

Comme au pas d’école.

lAutre fermeture du même changement de main, préparatoire au renverfenuni £ épaules exécuté fur deux pifleu

• Auflitdt les temps de la rêne du dehors preflée, de la rêne tendue & écartée » on ^narqne un demtarrêt, le pli confervé par la tenfion de la rêne du dedans.

Renverfcment S épaules exécuté far deux piflesm Ouverture du renverfeœent d*épatiles exécuté fur deux pifles.

Tenfion & prefllon de la rêne continuée do dedans.

Ecart de la rêne continuée du dehors. Derat’prefTion de la rêne continuée du dehors. Tenfion & foufiien de la rêne continuée du dedans.

Les rênes rendues & reprîfes encore avec kr tenfion de la même rêne du dedans. Fermeture :

Comme au pas d école.

Si j*ai fu faire connoitre quels font les temps lîmples de la main d*oi(brtent les effets généraux des rênes ; *fi î*ai fu donner une appréciation certaine du degré d’influence de ces mêmes efièts généraux fur tout Tenfemblc du cheval, ft particularifer en même temps leur aâion immédiate fur relie ou telle diyifion ifolée de fa raafi^e ; enfin fi i*ai fu tirer, par Técorcher des trois principaux airs terreà-terre, la quintefiTence des différentes poCtions de la main qui Gouverne les mouvements artihcîcls du cheval, il ne me refie donc plus qu à préfider au travail de mon élève occupé du premier changement de main de gauche à droite, qu’il doit exécuter fur deux piftes avec le fecotirs de fa feule main gauche. Or > pour que le cheval » ployé à droite, pafie diagonalement tes deux jambes gatiches par-defTusJIes deux iambes droites, on n*ignore pas qu4l faut, pendant le repos à terre des jambes I & 4, rapporter fur le dedans la main arrondie^ dont les doigts font exaâement rentrés, & reporter jenfuite fur le dehors la main encore arrondie ^ MA N •

mais arec le petit dorgt écarté, ^ mefuré que Te cheval appuie les fambes a & 3. Alors les temps fucceffifs & progreéifs des rênes ; gauche, preflee ; droite, tendue & écartée, puis tendue & modé-^ rément preffée ; finalement, de la rêne gauche fou-*’ tenue, demandent & obtiennetK alternativement le chevaler des jambes 2 & 4 fur celles 1 & 3. Pretuier contre-changement de main y de droite à gau^ che, exécuté fur deux piftes »

On a les mêmes droits à la réufilîte du premier contre’changement de main de droite à gauche, , exécuté fur deux piftes, chaque fois qu’un demiarrêt annonce réchange qu’on eft prêt à faire de : cette féconde évolution* contre la première diagonalement entreprife de gauche à droite. £n eôet^ auflitôt que la puiflànce des jambes égales du cavalier, non-ieulement accompagne, mais prime la retenue de fa main redreffée ; le cheval que ce temps intermédiaire remet d’aplomb fur fes quatre jambes, abandonne volontiers toute efpèce de combinaifi>n pour attendre celte qu’on veut lui communiquer. Dans cet état, la main.cambrée p rapportée fur le nouveau dedans, produit les troi » effets, de la tête du cheval ramenée à gauche ^de la jambe i pouiîée par « deffus fa voifine ; de l’écart oblique de la jambe 4. Voilà l’inftant oi) Tannu^ laire, en fortant de la main cambrée qu’on reporte fur te dehors, donne le foutien de la rêne droite qui fait promptement fuccéder le chevaler rranf* verfal de la jambe y i l’enlever naturel de la jambe 2.

Premier renverfement t épaule de droite à gauchi^ exécuté fur deux piftes.

Lorfqn’on fe méfie de fes forces au point de ra<^ mener le cheval par un renverfement d*épaules, on reporte, fans préjudice à la préparation du demi-arrêt, la main arrondie fur fe dehors, afin que, d*une part, & la tenfion, & la preflion de 1 » rêne droite, refiéc dn dedans, fafient diagonale* ment** rétrograder, malgré l’indication du pli, i » jambe x par-defius la jambe 2, tandis que de l’au— tre, l’écart de la rêne gauche permet réioignement oblique de la jambe 4. Viennent enfuite les temps de la rêne gauche preffée ; de la rêne droite tendue & foutenue, qui, comme on en a la preuve, remettent le cheval, toujours ployé à droite, en pleine poffeffion de fa jambe a, & qui contraignent la jambe 3 à’repaffer brufquement par-deffus la jambe 4.

Première Volte^ de gauche à droite^ €• premières Fraffians d’une vohe de gauche à droite, exécutées fur deux piftes »

Le principe univerfel des évolmions circulaire* ment exécutées fur deux piftes étant écrit dans 1 » méthode ci-deffus enfeignée ; ayant en outre démontré que c’eft uniquement Térendue du terrein qu’elles embraffent qui conftitue ces évolutions, ou volte entière, demi— vohe ou quart de volte, 00 M A N ▼oadw bîcn chferclicr leur folution, par k moyen de la feule main gauche, dans les précédente » fections, fans attendre rien de neuf à cet égard. Prendre un coin qui ft préfente à droite. Second changement de main.de droite à gauche^ exécute fur deux piftes, coupé par un contre-changement de main également exécuté fur deux piftes ; repris en » fuite, & interrompu par un renverfement £ épaules encore exécuté fur deux piftes ; enfin, entamé par une volte ou bien une demi-volte, ou fermé par un qttart de volte.

Que nous nous reprèfentions le cheval entré dans la nouvelle pifte, & que nous le fuivions, à cette féconde’main, travaillant la hanche, ouïes deux bouts en dedans, nous le verrons pafler aifément les angles ouverts à droite f changer, contrechanger de main ; fe prêter au renverfement d*épaule ; tracer une volte ; n’en defTiner que la moitié, ou revenir ; pi^pftcment par un quart de-volie, chaque fois que 1 élève écoute attentivement Tenlever des jambes., du dtdans, avant que de pouffer fon cheval fur le dehors, ou quil attend le jeu des jambes du dehors pour le ramener adroitement fur le dedans,

V Arrêt.

La réunion des deux extrémités d*un cercle en Îirouve la régularité. Ainfi le temps d arrêt avec equèl on interrompt « de la feule main gauche, la première allure naturelle au cheval, eft celui qui termine le dernier air artificiel qu’on fâche exiger de la même nianière

La tête au mur.

Nous venons bien d’êpuifer toutes les combinai* fons diftributives du cheval, mais pas encore toutes telles caraâéridiques de fcs aâions artificielles. Les deux derniers airs terre-à-terre. offrent dans ceux intitulés la tête, ainfi que la croupe au mur, ure vafte carrière, où les amateurs peuvent exercer les talents acquis dans les trois premières leçons du travail. En effet, aâuellement en pleine pofTcffion de la chaîne venébrale du cheval, notre cicve n’a-t-il pas le droit d’en tendre le> reffcrrs à fon gré ? Fidèle économe des forces de Tanimal qu’il fubjuguc, il a fu d’abord gagner b première divifion mobile, autrement Tencoiure » en menant au pas d’école. L’épaule en dedans ; la lianche ou les deux bouts en dedans, avec des changements, contre— changements de main, re nverfcments d’épaules, voltes, demi-voltes, quarts de voltes » tous exécutés fur •deux pifles, lui ont fucceffivemem app*^u à diriger féparément ch’acune des trois autres divifions mobiles ; qui font, les épaules, le corps, les hanches j & concurremment les quatre enfembic, tant du dehors fur lé dedans, que du dedans fur le dehors. Ainfi les deux leçons qui vont terminer la première clafife du travail, étant compofées des mêmes ^en-Tcs de pas que celles dont on a ci-devant lu la diffectioa y j’en prëfenterai amplement Thifiorique, au-M A N 197

quel ]Vjouterai cependant, comme obfervation effentielle, qu’il faut prudemment s’en tenir ^ la première façon de mener les rênes féparées, jufqu’à ce qu’on ait cetaâfin & sûr, fruit d’une habitude raifonnée, & qu’on doit y revenir, fans héfiter, auffitôt cjue le cheval bégaie aux indications plus refferrees des rênes réunies dans la main du dehors, ou qu’il refte indécis deffous les preffions de la feule main gauche. Mais il me répu «  Sneroit fuiguliérement de reparler des prenons es jambes égales du cavalier, puifqu’il n’exide pas une des leçons & des éléments, & du travail, qui ne montre l’ondulation calculée de Tarrière-main, comme la caufe univerfelle de ^’obéif* fance du cheval, quelle que foit d’ailleurs la tour* nure que fon avant-main puiffe recevoir. Ce que c*eft que la Tête au mur.

Il n’eft pas un air de manège dont la figure ne dépende de certaines proportions conventionnelles* Celles attributives de la tête au mur font, d’après les conditions pofées & reçues, de placer le cheval de manière qu’avec le pli fur le dedans » chaque bipède, parallèle au mur qu’il regarde, fraie obliquement une pifte difiinâe, au moyen du chevalet alternatif des deux jambes du dehors par-def «  fus celles du dedans. La pratique journalière des leçons m’a fouvem permis d obferver que les élèves ipanquoient ordinairetnent celle de la tète au mur, pour vouloir fuivre trop à la lettre le titre approuvé par l’équitation. Or, ils évieeroient aifément recueil fatal à cette leçon, s’ils avoient l’attention de conferver aux épaules du cheval la prééminence qui leur fait artiftement & diagonalement entamer les diftérenrs airs auxquels on parvient à le ployer fur deux piftes. Au refte^ il ne faut pas une oreille abfolument délicate pour appercevoir l’erreur qu’on laiffe gliffer dans la pofition d’un cheval qui marche ftriâement la tête au mur ; car la prompte répéùtion du heurt des pieds du dehors contre ceux du dedans, avertit à point nommé du moment où le nea-chevaleY provient du défaut d’obliquité.

Comment on met un Cheval la tête au mur* On retrouve dans l’ébauche de la tête au mur une rvjffemblance complette avec la figure du chan «  eement de main exécuté fur deux piftes ; reffern*^ blance qui commande l’emploi des mêmes procé «  dés* £n conféquence, auftiiôt le pli formé parla tenfii>n de la rêne ài dedans, la preffion, & le fou «  tien immédiat de la rêne du dehors produifent le chevaler des deux jambes du dehors, que favortfent, & récart, & la demi-preffion de la rêne du dedans.

Comment on exécute la leçon de la ttte au mur. Plus on veut compliquer les allures^rrificielies, moins il faut permettre au cheval d’en prècipifer Texécution. De-là cette recommandation, qui fert d^exorde à toutes les leçons du travail, de les faire 19 ?  : M{ A N.. « ntamer au dieval dfcôit : ^.rêtCr^^ncolurc, d*ègaules, de corps, de l^ndie^r^n de fe ménager aflez de temps pour mettre lé cheval dans la main ; i’afleoir par gradation fur les hanches ; bref, afin de lui donner le pli Air le dedans. Comme notre élève a fouvent éprouvé que la foupleffe eft’le vrai diapafon de 1 obéiflanc « du cheval, il doit attendre qpe le fien foit à ce degré de légèreté reconnu pour être le germe de la finefle & de la foumiffion. Alors on mène la hanche, ou les deux bouts en dedans y iufqu’à la hauteur du pre<snier coin « & au lieu de trava’dler à prendre ce icoin 9 on demande Texécution de la tête au mur, en opérant une fuite motivée de temps prefles, écartes, puis foutenus de la rêne du d^ors, dont on modine la yaleur progreflive fur la putflànce auxiliaire de la rêne du dedans quelquefois écartée ; Ijuelqnefois modérément Ipreilee ; mais çonftamment tendue. Le cheval ébranlé b tète au mur jcliemine, preroièrc ; nent avec le chevalpr de la )ambe de devant du dehprs, que fçconde à l’inf^aat récart obliqye’de la jambe de derrière du d&p dans. Enfuit^ il retire la jambe de devant du dedans de deflbus celle du dehors « & la pofeà côté d’elle. Qaiatrièmemçnt, & e/ifin, il enlève la jam]be de dcrrijère du dehors qu*il étçnd au-deflus de fa parallèle, & que, du même ^emps^ il avance derrière fa tranfv.crfalç. On fait fuivre a^ cheval le tracer des piAes, non-(eul^menjt avec la tète ; mais fitïcore avec les trois autres divifions Qiobiles des épaules, du corps, des hanches, obli^ueçient tournées fur le dedans, fuivant ce principe, lairant-main a, & doi^ toujours avoir une aâio ; î primitive fur rarrièr^-main qui tfa, & fle peut janjai^ >voir qu unp a^ion imiiative^

Paffag^s des eôins.

Le fouvcnir de ce principe en rapelle « n a « tre analogue à la prifé des coins* Ce dernier enjoint aux acadéroiAes de ne faire paflcr dans les angles que les feules jambes avcfc lefouelles le cheval traie la piAe. Puifque le plan oblique de la tête au mur engage le cheval a placer un peu pins au milieu de la piAe la jambe de devant du dehors que celle du dedans qu’il appuie continuelinent auprès de la crête, il en réfulte qu’à cet air, on effeflue la prife des coins en augmentant la valeur des temps de main ci deffus adaptés aupaffage exdufif des épaules dans les mêmes angles. CeA donc aûuellement la oreflîon renouvellée de la rêne du dehors, précédée & fuivie par le foutien de la même rêne, & encore aidée par la tenfion fixée de la rêne du dedans, qui pouue d*abord la jambe de devant du dehors dans Us coins prefqu’à rexclijfion de celle du dedans, & qui l’en cbaffû enfuitjî auffi privaiivémenr. Changements de main.

Les élèves n*ont pas le choix dans les différents chanRcments de main. 11 n’eA que celui fur deux fic6 J4iii piiifle valailemcpt divifcf la leÇon delà M AN’

tête an mur. Enfeignons à préfent la manière donc on rencluine à la quatrième leçon du travail. La réfolution prife de changer de main, avant que de U communiquer au cheval efquiflila tête au mur, il hut néceAairement travailler à repouAer l’avant— main du dehors fur le dedans « afin que’les épaules abandonnentia parallèle qu’elles ont en.face, & qu’elles arrivent les premières au niveau de la diaeonale. £n annonçant que c^ piàliminaire s’appelle dévider les épaules, l’équitatioç iodique les moyens de réufHr. En effet, puifqu’un chf val placé vis-àvis du mur ne peut le préfenter diagonalemefft à la carrière qu’il veut craverfer, fans diligenter fes épaules plus que fes hanches ; de foa côtô, le cavalier ne peut efpérer cette aâion privit^ée de la part du bipède du devant, à moins que de renou* veller les temps de maîa qui viennent d’ordonner rentrée dans les angles, aiofi que leur fortie » plu* tôt avec la jambe de deirant du dehors qu’avec celle du dedans. Lorfque les épaules revenues fur le dedans y priment les hanches, on ouvre le changement de main que le cheval parcourt fur deux piAes, & qu’il ferme d’après la méthode ci-deràac établie, conçue & fuivîe.

VArrêu

Nous avoQs dèia fait nombre d*obfervat ! ons particulières à i*arrèc de9 dîA^cents airs de maïuège* Leur |-éfultat préifentç le redre^èmcnt du cheval ^ qu’onaTintention d’arrêter, comme une préparation expreAe & ipdifpenfable. On confomine cette pré «  pararion par le feu} fait de la clôture du changement de main ; ainfi « nul doute qu*il faut faîfir le cheval à fon retonr fur la première pifte, pour lui, marquer le teq^ps d’arrêt de la tête au mur. Pofitiom du Cavalier f€ndâsi$ U Ufon dt la tlu au mur.

1^ portion qu’on doit adopter pendaijt la marche de ce qiiatrièmeair terre-à-terre n’eA pas iiouvelle. On fe dàcîdevà la prendre étendue fur le dedans, auffitôt c[u’on penfe an chevaler des jambes du dehors, qui ne peut avoir lieu ou’autapt qpe les maAçs combinjées de l’homme & dn cheva} portent à plomb Oir les jambes du dedans.

JDe la eroufê au mur.

Les écvyeffs envifagent la croupe au mur moins comme un air de man^e, qu’ils n’en conAdérent la figure comme une ver Aon de la tête au mur. Il eA cenAant que le feul intitulé de cette dernière leçon avertit les élèves qu’elle ne diffère d’avec la précédente que par la fituation abfolument invetfe du cheval 5 eu égard toutefois à fa direâion actuelle, puifque la combinaifon interne des maffe^* atttA mie leur répartition externe « font communes à Tun oc à l’autre de ces deux airs terre-à-terre. Ce que c*effl que U croupe au mur.’ Pour qu’un cheval marche la croupe au mur, il faut qu*aycc le pli, fes épaules fuient obliquçmeat .M A N menées iù dehors fur le dedans^ ^ il Faut que le bipède de devant trace en dedans de la carrière une ieconde pifte parallèle à celle qui règne le long du mur, & oue {’aâion de ce bipède ait lieu par le chevaler de la jambe de devant du dehors y enfin il faut que le jeu de Tarrière-main, qui fuit la pifie ordinairement frayée le long du mur, correfponde en tout point à celui dé Tavant-main » au moyen du paflàge de la jambe de derrière duxlehors que le cheval avance également par-deflus celle du dedans « 

Comment an mtt un Cheval la cPonpe au mur. Ce n*eft qu’en comparant qu*ori peut faînement juger. Voilà pourquoi, nonobftanc la defcription exaâe de la tête au mur, j’ai donné Tanalyfe fidèle de la croupe au mur, afin que la comparaifon de ces deux airs engaeeà fe f^irvir, pour le dernier, de la médiode.uutée pouf le premier. Comment on exécute la leçon dt la croupe au mur* Il ne fûffit pas d’ap))erceToir les nnances qui diverfifient le^airs de manège, pour en attraper la tournure à la première vue. rar exemple ^ quoi* qu’on exécute très-régulièrement f air de la lête au mur, on peut être extraordinairement efmbarrafle de choifir Tinflânt où on doit préfenter un cheval à Taîr inverfe de la croupe au mûr : à plus forte raîfoii aura-t-orï quelque inquiétude fur la conduite qu’il faut tenir pendant le cours de cette dernière leçon du travail terre-à-terre » Mais un élève entre dans la carrière avec la confiance qu’infpirenr des principes éprouvés » auflitôt qu*il le repréfente h nouvelle pofition du cheval obligé de mettre actuellement les pieds de devant dans l’empreinte qo’il formoit auparavant avec les pied » oe derrière, & qu’en conféquence if obferve l’impoffibîlité phyfique d’entretenir le ded » n indiaué par le pli 9 fi la rêne du dehor » ne repoufle.pas le cheval de plfle en pifte, & ce, dès la première qui fert*à fa préparation. Le point de difficulté coniiAe donc à difpofer le cheval au travail dd la croupe au mur avec liire fuite de calculs abfolument oppofés à ceux qui préparent la combinaifon antérieure de la tête au mur. Or, rien de mieux àr faire en pareille circenfiance ; cependant après avoir rempli les trois conditions du cheval dans la main, du cheval fur les hanches, du cheval ployé, que de mener Tépaule en dedans jufqu’à la fin d’une pifte, puifque alors les combînaifons ci-deflus employées pour la têre au mur réprennent le cheval & le ramènent fur la même ptfie, la croupe tournée vers te mur, & par le chevaler alternatif des deux jambes du dehors*

Faffage des coïnSé

On a vu le cheval obliquement conduit la tête eu mur, pofer la jambe de devant du dehors un peu plus Ml milieu de la pifie que celle du dedans, & cette jambe de devant du dehors efleduer prefque feule la prife des Coins. On retrouve bien la MA N J99

même obliauité pendant la marche de la croupe au mur, mais les hanches occupant le long du mur U place qu’avoient les épaules, la jambe de derrière du dedans, comme gardienne du milieu de la pifie, doit s’emparer des angles à fon tour, au détriment de celle du dehors qui n’en fait qu’effleurer la crèce* Ainfi, lorfqu’on t^m^ les épaules à la hauteur du coin, on ajoute prooiptemcnt la preffion à la tenfion de la rêne du d< : dans, & ces deux temps unis auxfoutiens réitérés de la rêne du dehors retardent autant l’aâion de l’avant-maïn, qu*ils accélèrent le jeu de l’arriére-main : donc la jambe d. derrière du dedans placée plus pr^s du coin que celle du de* hors, en trace auffi T^ngle d’une manière plus iur timé.

Changements de main.

La crospe au mur eft le (èul air de manège qu’aucun des changements de matn connu » jufqu a pré- « . fent ne puiiTe pas divifer. £a eiTct, d’aprè> la fiiua* tion à comre-fens du bipède de devanr, les épaules tracent elles mêmes un plan oblique en dedans de la carrière, enferte que k cheval préfente to<ijours fon épaule du dehors à chaque diagonale ; circonfiance qui ferme évidemment l’cntrce des deux changements de main, *de quelque manière Ju’on veuille les traverftr. Il faut pourtant efTaycr e couper la leçon de la croupe au mur, fans ca efiàcer la figure* Voici comment on y parvient. A peine le cheval anivei-il a4i bout d*uHe des Ion-* gueurs du manège, qu’un demi-arrêt annulle toutes les opérations analogues à l’air qu’il exécute fur deux piftes. Ehns cet état, les quatre divifions mobiles font abfolument redreflees, mais l’avantmain encore fur le dedans laifie l’arrière-main parallèle 9U mur qu’elle fuit. Je crois avoir afiez fouvent fait obfcrver qu’une évolution épineufe en apparence, n’eft pas la plus difficile en réalité* Nous en avons ici la preuve : car la tenfion de U nouvelle rêne du dedans n’a pas plutôt retourné le pli, que la puifiance de la rêne aâuelle du dehors détermine le cheval, obliquement efquififé la croupe au mur, à revenir de plAe en pifle Iur celles qu’il vient de parcourir avec la même tournure. Varrêt.

Quoique les élèves foient infiniîts des formalités ordinaires à l’arrêt des airs de manège » cependant ils manqueroient infailliblement celui qui tei> mine la croupe au mur, s’ils ignoroient qu’il ne faut penfer à le marquer siu cheval > qu’au moment où rapproche d’un mur a facilité (on redreflement préparatoire*

P option du cavalier pendant la leçon de la^ croupe au mur*

Ayant démontré, par la règle des rapports coi » * parés, que la tête Si la croupe au mur ont une même caufe, il en réfulte que leurs efiîets font eu raifon égale. Âinfi^, les élèves ne doivent point être étonnés de m’cntendre dire que la pofitlois : loo. • M A N étendue fur le dedans, enfeîgnée pour la qua* triéme leçon, eft encore la feule ^ prendre pendant la cinqmème & dernière du travail terre^àferre.

Méthode d’instruction relative’sur-tout a la cavalerie. ( de bohan).

Ceft des premières leçons mal données & mal conçues que proviennent toujours les attitudes forcées & gênées, qu’on ne détruit qu’avec tant de peine.

Le zèle & la volonté d’un commençant le font ordinairement roidir & contraindre, pour fe redreffer & s’étendre, file maître n’a l’attention de lui démentrer que la grâce ne peut exifter qu’avec Faifance. Ce neft qu’au bout de quelques jours, que toutes les parties de fon corps auront acquis la fouplefle & l’habitude de la pofitton qu’on lui demande.

« On prendra toutes les précamions néceââires pour conduire le caralier par gradation, en commençant par les mouvements les plus lents, les plus doux, les plus réguliers & les plus unis, pour arriver, à mefure qu’il fe confirmera dans fa pofture, aux mouvements les plus rapides, les plus durs & les plus irréguliers.

Le pas uniforme (ur une ligne droite fera donc choifi pour les premières leçons, comme l’allure la plus douce, & dans laquelle il eft le plus aifé de conferver fon équilibre.

On fe gardera bien de fe fervir de la méthode ufitée dansprefque toutes les écoles, de commencer par faire trotter les cavaliers à la longe fur des cercles, &fouventfur de jeunes chevaux, dont l’allure irrégulière exige une longue pratique pour n’en être pas déplacé ; mais quand même on choi* firoit le cheval le plus fage & qui trotte le plus ré{(uliérement, le corps, dans le mouvement circu* aire, en proie aux forces centrifuges & centripètes, préiente des difficultés pour conferver ion aplomb y difficultés qu’un commençant ne fauroit vaincre ; il n’eft, dans ces leçons, occupé que de fe tenir par des moyens de force ; il faut donc attendre qu’il foit bien confirmé dans le mouvement fimple & dired, avant de le faire pafler au.mouvement coropofé & circulaire.

On donnera toujours au cavalier un cheval mis ou dreffé, afin qu’il puifie pratiquer les préceptes qu*U a reçus ; alors, l’obéiffiince ou la déf « béiffance de l’animal fervira même k l’avertir de fes fautes, il recevra de fon cheval une leçon continuelle.

Pour faciliter les moyens de donner leçon aux commençants, & multiplier les précautions contre les accidents qui pourroient arriver en les mettant d’abord en pUine, on a imaginé des efpaces fermés, appelles iranègeSfZffez vaftes pour travailler les chevaux fur toutes les allures, mais pas a^Tez Srands pour que l’élève puiffe ceffer un inflan t ’entendre le maitre i ces manèges font encore fort M A N

commodes pour drefTer & aflbuplir les chevaux ; Il y a des manèges de deux efpèces, les uns cou «  verts & les autres découverts.

Les premiers font deflinés à fe garantir des mau-’ vais temps, qui feroient un obflacle à la fuite & continuité des leçons que l’éducation des chevaux exige.

Les féconds font des efpaces fimplement limités par des barrières.

On a élevé dans toute la France des manèees deflinés à l’inftruâion de la cavalerie, & c’eft furtout depuis la paix de 17^2, que ces édifices fe font multipliés à l’infini, mats la forme qu’on leur a donnée, fervira, tant qu’ils exifleront, a prouver la faulTeté de nos idées & de nos principes, fur les moyens de former de la cavalerie. Les planches des Newcaflle & des la Guérlnière ont fervi de plan à nos archîteâes ; au lieu de donner à ces manèges la pins grande longueur poffible, on ne leur a donné, dans cette dimenfion, que trois fois leur largeur ; c’étoit la proportion de ceux de Verfailles, &L nérfonne ne s’éleva contre cette imitation y abfurde pour la cavalerie, car ce n’eft que dans des efpaces longs qu’elle peut décider & unir fes allures, qualités qui deviennent le principe de 1 ordre, de l’enfemble, & de la force de nos efcadrons. D’autres raifons militent encore en faveur des efpaces vaftes pour faire travailler la cavalerie, puifqu*ii faut que ces manèges foient propres à contenir un grand nombre de chevaux à-la-fois ; & pour que ces chevaux ne s’y ruinent pas promp «  tement, il faut que les coins ioient aftez éloignés » pour que les mouvements direâs ne foient pas réduits en mouvements circulaires. La faute qu’oa fit alors exifte encore aujourd’hui, mais elle eft d’une conféquence à mériter l’attention du miniftère. Si on approuve mes principes, & qu’il y ait encore des manèges à élever, je confeille de leur donner 80 pieds de largeur fur 300 pieds de longueur. Il V a deux manèges à Lunéville, dans lefmiels 7a hommes marchent enfemble avec aîfance* Ce font les feuls que je connoifiTe où la cavalerie puifte travailler avantageufement, & fans fe rwner. Touts ceux de nos garnifons ne font propres qu’à exercer une douzaine de cavaliers à-la-fois & en file.

On dira peut-être que les manèges font inutiles ^ & que la cavalerie doit s’inftruire en plaine ; je réponds que, tant que la faifon permet à la cavalerie de fortir, il hut la mener dehors, mais qu’en -France, pendant cinq mois de l’année, les pliâtes » les neiges, les glaces, les frimats l’empêchent de fortir ; & que, lorfqu’elle n’a point de manège, elle refte dans une inaâion nuifible à l’homme & per^ nicieufe au cheval.

Quant aux manèees découverts, fermés par de fimples barrières, ils doivent avoir à-peu-près les mêmes proportions ; je préfère ces derniers pour inftniire les hommes ^ &les premiers pour inflruire les cbevauxi

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. M A. N Mais rcvenohs aux leçons de mon cavalier ; après avoir démontré fa pofiti#n, il me refte à fixer la martfhe qu’on doit lui faire fuivre pour la confolider ; & i indiquer la fuçceffion des leçons qu’il doit recevoir. Je n’entrerai que dans les détails des opérations qui fervent à mener le cheval parfaitement drefle, car c’eft de rinftruâton de l’homme dont il s’agit feulement ici, la féconde partie de cet ouvrage traitant fuffifamment de celle du cheval. Il ii’eft pas douteux que la jufiefle de la podure de l’homme fur le cheval influe infiniment fur Tobéiflânce de ce dernier ; il faut donc s’attacher premièrement à la conferver, & fecondement à rendre les opérations des mains & des Jambes du cavalier fimples 9 faciles » & indépendantes du refie du corps.

Prtmiirt leçon.

Le cavalier prêt à marcher fera placé, ainfi que taous l’avons déjà dit, fur un cheval drefle & fage ; il fera fans étriers » parce que fes cuifies n’ont pas encore acquis le degré d’allongement dont elles font fufceptibles ; les mains ieront placées ainfi que je l’ai indiqué plus haut, tenant chacune, une rêne du bridon. Il faut fe garder de mettre le cheval en bride, parce que les commençants font fu*ets k fe tenir à la maia, & par conféquent à d^ter a bouche de leur cheval ; d’ailleurs il eft néceiuiirc de leur expliquer & faire fentir l’eiFet des rênes, & le bridon devient beaucoup plus commode pour cet objet.

Afin de Commencer par le inouvement le plus fimple & le plus aifé, on mettra le cheval au pas, fur « ne ligne droite A B, ()^. 1 5 En le (uppofant arrêté au pcnnt A » pour fe porter au point B » fes bras, qui ne font qu’àoemi tendus ^ fe baifl*eront également, & aflez pour donner pleine liberté au cheval de porter fa mafle en avant, mais pas aflez pour qu’il n’exifle plus aucun fentiment entre les mains du cavalier & la bouche de fon cheval.

Par une fimple flexion dans les deux genoux, le cavalier fera fentir les premières aides de fes jambes au cheval, en fe fervant des moyens que nous avons expliqués en parlant des aides, & en obfer^ant de mettre beaucoup d’égalité dans les deux plis des genoux, afin que la direâion du mouvement foit fur la droite A B. Car mon cheval efl drefle, comme on le verra par la fuite, à fe poner à gauche fi la jambe droite de l’homme donne plus d’aide, & à droite fi c^ft la gauche qui en donne le plus. La ligne droite eft, dans ce casci, la réfultante de deux forces égales en direâion oppofée. Je préfère les manèges découverts pour initruire les nommes, parce que, n’ayant point le fecours du mur pour contenir leurs chevaux droits, ils font obligés d’employer leurs deux jambes avec ^uftefle ; au lieu que les écoUen habitués aux manèges fermés de murs, ne travaillent ordinairement qu’avec lajambe de dedans, Ci fe trouvent — Ei^mtation, Efcrimt & Danfe^

M AN.201

très-dérangés lorfque le muHeur manque. Il eft évident que la pofition la plus avantageufe au cheval, eft ceUe dans laquelle il fera parallèle à la ligne i, a, puifqup ç^Ue qu’il fuit lui eft parailele, &quMnepeut la quitter fans allonger foa chemin. Toute Tattentio » du cavalier doit donc être portée à contenir (on cheval dans cette direction ; il y aura pe^ de peine, puifque mon cheval eft drefle ; ii lui fufÇr^fiwJ&nentd’opéfw toujours en proportion de laloateuroud^ la viteffe que le cheval mçttroit dans foi) allure. : • Nous avons vu quelepoiys établi d’aplomb far fa bafe, étoit placé le plus folidement poflible, mais que fi cett^ bafç, ou le corps du cheval, venoit à fç porter en avant, lé corps de Ihomme tomberoit néceflàirement çn arrière, fi quelque Suiflance ne le fouteaoit & ne— lattiroit en avant, bus avons Remontré que ^a réfiiltante du poids des cuifles & des jambes emportées av « c le cheval, faifoituncft’ort capable de foiueiir x » corps, & i empêcher de tomber en arrière ; mais fi cette lot eft (uffifante pour l’équilibre, lorfquè le cheval eft dans un état de mouvement uniforme, elle devient infuffifante, dans l’inftaJic où l’animal pafle de rétat de repos, à l’é^t de mouvement 4 parce que l’acoup de ce changement d’état donne une impuU fion au haut du corps de l’homme qui « end a le laiflfer en arrière ; ficplqs il y aura de diflèrenoe entre l^repos & la vîteflTe, plus l’à-coup & l’impulfion feront. confidérablcs, & plus auffi l’aplomb de l’homme fera difficile garder. Il « ft donc premièrement bien eflentiel de n’empbyer aucune force dans les opérations des jambes, qui leur feroit perdre dej eflbrt qu’elles fonr par leur pefanteur, conjointement avec les cuifles, pour attirer le corps en avanr.

La partie immobile, emportée avec le cheval qui fe meut direâement, attire néceflàirement le corps de rhomme, auquel elle fert de bafe ; les points du corps les plus près des kSts de l’homme feront ceux qui feront les phis attirés, ft cette force d’actraOion en avant diminue proportionnellement en s’approchant du fommet de la tète de l’homme ; c’eft ce qui fait que, fi dans un moment inattendu, un cheval pafle fubitement de l’état de repos au mouvement direâ, les reins de l’homme cèdent à l’impulfion, en âéchifl ! ant en avant, & le haut de fon corps refte en arrière ; il eft donc néceflTaire que l’homme fe précautionne, non-feulement par une réfiftance dans fes reins, mais même que fes mufdes lombaires donnent une l^ère impulfion à fon corps, pour le porter parallèlement en avant a Tinftant delà motion de l’animal ; il eft inutile d’expliquer ainfi le principe en donnant leçon, il futtit de dire à l’homme, comme aiétfaode générale, que tout votn corps ft font, en avant tm même temps que l^animat, car ce mouvement dans lef moules lombaires eft aufii natiiirel à cheval mi’î pied.

Le cberal & Inomme^ piis en mouvement avec Ce

iQZ M AN ces précanifons, conrerveront Icuf centre de gnr, vice dans la même verticale ; & étant fur la direction A B, le cheval continuera à fe mouvoir uniformément, fi les aides fe continuent avec gradation. Il ne s’agira que de continuer les mêmes caufes pour obtenir les mêmes effets. Il femble que ce feroit ici le moment d*expofer comment le cheval peut fortir de la dirgâion qu*on lui a donnée, & les moyens de l’y faire rentrer ; mais ce feroit ^confondre les deux parties de Tan de monter à cheval, & c’efl de* la poiition de Thomme feulement dont il s’agit dans ces premières leçons. £n parcourant la ligne A B, on fera fentir au commençant Teffet d « s poids & contre-poids de chacune de ces parties, qui doivent toutes tirer fur leur attache, fçavoify les genoux tirés & preiTés fîtr la ièlle par le poids des j^imbes. Se les cuifles tirées &l preÛèes iur la felle par leuf^ propre poids. La charge^ale fur fes deux fefles l’avertira que fon corps it*eA penché ni à droite ni à gauche, car Tinégalité de cette même charge l’avertiroit que le . corps efl penché du côté de celfô qui fupporteroit • le plus grand poids. Chaque pas de l’animal pro-* diiit une petite fecoufie Imperceptible de hant en Bas dans tout le corps de l’Iiommé, ce qutfemble l’inviter à— y céder, en fe relâchant de plus en plus ; cette petite fecoufie aidera les cuifTes à’s’allonger & fe mettre fur leur plat » & les jaftibes àfe placer plus tombantes & plus près du corps dtf cheval. Quelques maîtres pourroient être tentés de nier cette vérité, mais pour St’en convaincre, qu’ils interrogent les commençants, ceux-ci certifieront qu’ils fef placent plus facilement fur un cheval en mouvement que fur un cheval arrêté.

Iln’eftpoint néceflàireouele cheval en cheminant fur la droite A B, ait l’encolure pliée à droite, coaune-on le recommande dans prefque toutes les écoles ;, je remarquerai, au * contraire, que cette pefition d’encolure à droite rejette ordinairement les épaules du cheval à gauche, contrarie fa ma « che, en un mot » te met de travers & hors de fon aplomb ; Je fais qu’un cheval de manège, dafK un paâagetride, ou une galopade raccourcie & enlevée, acquiert de. la grâce aux yeux des fpeâateurs par cette pofitiba d’encolure, mais ce n’eft ni des tours, ni des gentilleifes dent j’entends parler dans cette inflruâion, c’eft des principes certains & démontrés de lart de monter & drefler les dievaux pour la guerre ;.or ^je me réferve de montrer par la^ fuite combien il eft eflentiel que les chevaux foientabfolitment& rigoureufemem droits pour l’enfemble & le train de nos efcadrons, qui • aedoivent (^Minoitre ni paflage ni galop enlevé, mats feulement un trot franc & un galop décidé. Lorfque le cavalier a lu mur ou la barrière du « lansgeàf » gauche, & Tefpace du rtianége à fa droite « oadkqu’ik marche adroite, & viuv^rfi^ . ojr. di£ qu’il, marche à gauche. : Arrivé au pomt B, texlievaTiayaiit la » tâeidans ]fe<QÛft^&aepottT » )r^us cheoincy deyàni : Iui, M A N

il faut le tourner à droite, pour le nfettre fur la nouvelle direâion B C ; pour opérer cet à-droite, le cavalier ouvrira fon bras droit à droite, %n augmentant la force de fa rêne droke, pour déterminer les épaules de fon cheval à embrafler le terrein de ce côté, fon bras gauche empêchera qu » Tencolure feule obéiffe au mouvement de £i rêne droite, en retenant la tête & l’encolure ; il augmentera en même temps l’effet de fesjambes, pour que les opérations des mains ne rallentiffent pas le mouvement de la raaffe ; la jambe gauche fur-tout empêchera le cheval de fe jetter à gauche, & au contraire aidera à porter la maffe de^ l’animal à droite. Dans ce petit mouvement circulaire de l’a*niraal, la partie gauche de Thomme ayant à décrire un plus grand cercle que la partie droite ^ îL faut prendre garde qu’elle ne rèfte en arrière, comme la force centrifuge tend toujours à l’y jetter ;  : mais ce n’eft pas, comme l’enfeignent plufieur » maîtres « Tépaule de dehors feulement qu’il fiacre avancer, c’eft toute la partie gauche, qui doit fui-^ vre ce mouvement provenant fur-tout de la hanche.. Le cheval ayant paffé le coin, & fe trouvant fur la droite B C, les lignes des épaules & des hatfches de l’homme doivent être perpendiculaires fur le côté 2, 3* L’élève cheminera fur cette ligne comme fur la précédente, & arrivé au point C » emploiera les mêmes moyens pour paffer le coin & reprendre la direâion C D.

J’ai fait jufqu’à préfent l’énoncé de touts les. principes de la pofition de l’homme, c’efl à celui qui donne leçon à appercevoir les fautes que l’élève commet, à le reprendre, &fe fervir des meilleurs moyens pour le corriger..

Lorfque le commençant aura fait ainfi pTuiieurs> tours marchant à main droite, on lui fera faire ua à droite au point M, ou à tel autre qu’on voudra, , pris fur les côtés i, a, 2, 3, 3, 4, 4, 4 » ^ > &^ traverfant le manège E perpendiculairement, à fa. longueur ou largeur, partant par exemple du point M par un à-droite, & arrivant au point M en faifant un à gauche’, en employant les moyens*con-^ traites à ceux qu’il a employés pour Êiire à droite, , il fe mettra fur la direâion M o, oii marchant & toucnant alors à main gauche, il pratiquera les moyens néceffalres pour mener fon chevaf droit. L’à-gauche qu’on fait pour paffer de la ligne M VL fur la ligne M B, s’appelle en terme de manège,. un changement demain ; on peut auffi les exécuter par des demi à-dnoite & demi à-gauche, en traverfant diagonalement le man^e..

Après, une kçon d’iln— qinus d’heure-, plus oa moins, jugée fiimfante par le maître, il fera faire halte au commençant. Je le fnppofe arrivé au point £, afîn de Laiffer la lîhené des murs à. ceux qui pourroient travailler après. On lui commandera halte, ce qu’il exécutera en. diminuant l’effet de fe& jambes, & formant un arrêt avec. ég<ilité de force Si de direflian dans fcs deux bras. Si la tête,.rencoUire &.les.épauies font bien furk même dixeer . M AN don, le cheval obéira arec précîfionV Nous avens vu, dans le paiTage du repo$ au mouvement à Hiiftant du départ » que le corps de J’homme étoit fujet à faire un mouvemement en arriére ; par la raifon contraire, à Tinftant de la ceffation du mouvement, fon corps eft (ujet à faire un mouvement en avant ; il faut, pour Téviter, que le cavalier fe précautionne par une réfiAance dans. les reins, qui arrête ia continuité d*impulfion oue le corps a de cheminer. Ces mouvements ne fe tont fentir que trés-légérement dans les allures lentes 9 & par conféquent pourroient être niés par ceux qui n*ont pas approfondi leurs remarques fur réquitation. Pour fe convaincre que cette impulfion exiile & fe fait fentir lans Tinf^ant de 1 arrêt, H n’v à qu*àt pafler d une allure vive à la ceflation totale du mouvement.

Je oe fais fi c*eft pour avoir apperçu cette impulfion & pour y remédier, que quelques maîtres donnent le principe de mettre le corps en arrière en formant un arrêt, principe que jai démontré faux, & que je condamne encore ici comme inutile, puirqu*une légère réfiAance dans les vertèbres lombaires fu&t ; principe faux encore, en cela même qu’il eft vague & indéterminé. Cette leçon fera répétée alternativement aux (deux mains, jufqu’à ce que le maître juge le commençant affez folide pour n’être pas dérangé par une aâion plus vive.

D4Uxîime Uçonl

La deuxième leçon commencera, comme la première, par quel nues tours de manège à droite & à gauche, & dei cnangements de main en lignes perpendiculaires & diagonales, prifes fur différents points des côtés du reâangle A B C D, mais le pas du cheval /era un peu plus déterminé & all<uigé parle moyen des aides du cavalier ; pendant les premiers tours » on le fera plufieurs fois arrêter & repartir, afin de le famiiiarifer avec ces mouvements, • jufqu^à ce qu’il n’en foit plus ébranlé. L’inftantoii le commençant fera le plus Jufte & le plus aifé, fera celui nue le maître choiùra pour le faire pa^er ï Tallure du trot ; pour cela, il lui fera augmenter les aides des deux jambes également & uniformément.

Dans ce paffage fubit de Fallure du pas à celle du trot, il faut avoir la même précaution pour conferver fon coips perpendiculaire, que dans le paffage primitif du corps au mouvement, & il en fera ainfi toutes les fois que les allures augmenteront en vtteffe.

li’aâion du trot étant opérée, comme nous l’expliquerons, par les foulées fucceffives des deux bipèdes diaeon< « let, c’efî l’allure la plus difficile pour la liaifon de la partie immobile de Thomme au corps du cheval ; car à chaque temps de trot, il fe fait fentir fous les fefTes de 1 homme une impul. fion qui tend à les élever de deffus la felle, où elles retombent dans rimervallc des foulées. M A N ioj

I II eft évident que pour être moins enlevées, ii faut que les iaSts foient chargées le plus poffible c’ert-à-dire, que la ligne verticale du corps tombe’ perpendiculairement fur leur milieu ; fecondement, il faut que la roideur ne faffe rien perdre du poids des cuifles & des jambes, qui, attirant auffi les feffes par leur pefa*nteur, les rendront d’autantplus immuables qu elles feront plus d effort ; auffi voit-on que rhonimc en bottes fortes efl plus lié à fon cheval <j|ue celui qui efl en bottês^molies, ce qui prouve évidemment que toute force détruifant J effet des poids, s’oppofe nécfeffairement àlaliaifoa de la partie immobile. Les forces de preffion qu’on craploieroit deviendroient un obftacle à ce que raflîerte eût un appui continuel fur la felle, car la preffion des coiffes les empêche moins de remonter lors du choc des foulées, qu’elle ne les empé* che de redefcendre, cnforte que la défunion s’augmente à chaque temps de trot, dans la proportion de Tinégalité de la réaâion à l’aâion. Le feul principe de liaifon à donner, efl d’obtenir toute la pefanteur de ks cuiffes & de fes jambes, & de s’appliquer â détruire tout obftacle qui pourroit empêcher de retomber dans la felle fitdt après le choc.

Ccfl principalement dans cette allure. du fror, que le commençant fera des progrès rapidi^s, & iU le feront d autant plus, qu’on ne fe fera pas preffé de Xy faire paffer.

On le jugera eaétat de trotter, lorfqu’au partir de fon cheval il ne fe roidira pas. Il parcourra au trot les mêmes lignes qu*il a parcourues au pas i on l’y remettra plufieurs fois pendant la reprife, afin de lui faire connoitre & fentir Teffet de fes opérations de jambes & de mains, dans cc> chfingements fubits d’allures.

Il efl très-effen » el qu’à l’inftant des adroite, des à-gauche, ou des arrêts, il travaille des bras, en prenant fon point d’appui aux épaules, & fans communiquer la moindre force au refie du corps * défaut affez ordinaire aux commençants. L^élève acquérant habitude, folidué & con* fiance, fes cuiffes feront bieritôt allongées & fur leur plat, & elles fe fixeront, à mefure que lés * mufdesqui les gamiffent s’applatiront en fe relâ* chant.

On ne peut déterminer le temps qu’on laiffera le cavalier à cette leçon ; il fera relatif à fes progrès, c’efl au maître à les juger. On lui fera décrire dlflSrentes lignes dans le manège, afin de le confirmer dans fes opérations de mains & de jambes, & on prendra auffi les changements de main car les demi à-droite & demi à— gauche r fuivant les diagonales G G. U eft temps alors de faire changer de cheval â l’écolier, & cela eft facile, parce ^u’on en infîruit prefque toujours plufieurs a la fois ; inais, Je l’ai déjà dit, ce ne fera que des chevaux bits qui feront deftinés à cette école ; & l’avantage de ces changements de chevaux n’eft fondé que fur la variété des’ Gc ij allures plus ou moins douces.

On exigera alors que le trot soit franc & allongé, & si l’assiette conserve une certaine immobilité, on permettra quelques tours de galop* Mats il ne s’a* Π; it point d*exp)iquer ici ni de faire étudier à Téléve ’accord qu*il doit mettre entre (es mains & fes ïambes pour faire partir fon cheval uni, foit fur les pieds droits, foit fur les pieds gauches ; ce font ’des opérations qu’il ne pourra comprendre que quand il fera d*une certame force, & aflez uni & lié pour fentir ce qui fe pafle fous fes fefles & fes coitieSé Nous traiterons de ces moyens dans la féconde partie, notre objet étant, dans ce moment, fexaâe union des deux machines.

On prendra donc TinAant où le cavalier fera le plus lié à fon cheval, & où ils feront l’un & Tautre le plus d*à plomb, pour commander au galop. Le cavalier fermera fes deux jambes également, en femant un peu plus la rêne de dehors que celle de. dedans, & s*il est nécessaire, le maître aidera en montrant fa chambrière, & même en en attaquant légèrement le cheval derrière la botte, , Le galop étant une répétition fuivie de petits fauts en avant, il eft démontré que la ligne horizontale du corps du cheval change à chaque inftant & devient oblique à ce même horizon, tantôt en edevant le devant, lorfque les jambes de devant font en rair, tantôt en enlevant le derrière lorfque les I’ambes de derrière font en Tair ; de forte que, dans ’exaâltude géométrique, le plan hortzonul qui fert de bafe à Vhomme dans Tétat de repos du cheval, devient un plan incliné dans le galop ; mais il eft évident que, quelque direâion que prenne le corps de l’animal, lorfque quelques unes de fes jambes quittent terre, la ligue verticale par laquelle pafle fon centre de gravité refte toujours perpendiculaire à rhorifion, & nous avons démontré que pour que le corps de Thomme reflât en équilibre fur celui du cheval, il falloit que les deux lignes Terticales de ces deux cOrps fuflent toujours confondues en une feuLe & ^ème ligne droite ; il s’en fuit donc qu*il faut* que le corps de Thomme refte — toujours perpendiculaire à Thorizon : fi le corps de Iliomme étoit d’une feule pièce, comme une verge inflexible A B (^fig. i6), lorfque la diredioii de fa bafe C D viendroit à changer en C K, A viendroit oéceflàirement en F, pour lors fon centre de gravité O tomberoit en P, à moins qu’une force CrG ^ eu toute autre, ae détruisit Teffet de la pefameuh La force Û G eft la tenue à la mainque prennent ordinairement’cetfx qui fe renverfem ^ cheval, .c’eft-à-dire, ceux ifiii ne confervent pas leur corps dans la direâion A B. Mais le coq » de Thomme, n’étant pas inflexible y & ayant « ne cfaanihire dans fes venébres lombaires qai lut []termetde le mettre foit en avant, foit en arrière, elle doit être très-moëileufe ^ afin que le corps change à chaque inftant par appon à fa bafe, & {amais par rapport à Fbo.lizoïu

M A N

Ceft au galop que la divifion de l’homme ea troi^ parties, deux moftles & une immobile, eft la plus apparente, puifque Timmobile, lié & em^ portée par le cheval, fuit fes mouvements & fes nouvelles direâions, au lieu que les fondions des deux mobiles font de varier fans cefle, afin de conferver l’équilibre de la machine entière^ les Elis des genoux étant parfaitement lâchés, les James auront à chaque mftant la pofition que prendroient d’eux-mêmes des étriers pefants fufpendui br des fils, c’efi-à-dire, que la jambe formera avec la cuifl*e un angle d’autant plus aigu, que le de^ vant du cheval fera plus enlevé.

Il eft donc eflentiel, dans cette allure du galop ; de recommander fans cèfle au cavalier de rendre fouples & moëlleufes fes charnières des reins & des genoux, car fi ces deux panies cefibient un inf* » tant leurs fonélions, l’équilibre feroit perdu » Les premières fois que le cavalier galopera, on le remettra toujours au trot pour le taire changer de main, & repanir fur la ligne droite, par les mêmes moyens que nous avons indiqués plus haut. Il ne faut demander au commençant que la ré^ f ; ularité de fa pofiure, & on doit s’en tenir à cette eçon jufqu*à ce qu’on juge que fes cuifles & fes jambes ont pris le degré de tenfion & de lâché qu’elles doivent avoir.

Troifiime Leçon »

II eft temps de permettre au cavalier Tufage dei étriers, des éperons & de la bride. Il fera aifé de fixer la longueur des étrivières i ou porte-étriers, puifque le cavalier eft fuppofè avoir acquis le degré de tenfion dont fes cuifles font fttfceptibles ; il les chauflera de manière que le gros de fon pied port^fur la grille ; pour lorsle talon, qui fe trouvoit plus haut que V pointe du C’ed, deviendra plus bas d’environ un pouce, & grille de rétrier fe trouvera fupporter le poids de la jambe »

Êo fe reflbuvenant de Tutitité & de la néceffité du poids des jambes, pour concourir à l’équilibre de la machine, on doit fentir combien il eft eflentiel que les étriers ne foient pas trop « courts, car dès-lors il eft évident qu^iis atiéantiroient l’efiet de la pefiinteur des jambes, pr rapport à leur traâion fuf les genoux. Ceft au froncement qui fe fers r fur le cou-de-pied du cavalier, & au baiflemenf de fes talons, qu*on jugera du trop grand raccour— ; ciflement des étrivières.

L’inconvénient des étrivières trop longues n’eff pas moms ^rand que celui des étrivières trop courtes, puifque le cavalier ne peut alors fiiire poner fes pieds fiir la grille, qu’en la cherchant » en baîflant & appuyant les pointes ; alors les alons lèvent, les jambes fe roidiflSenr, rétrier ne porte rien, & eft perdu au moindre contre-tempe p^’éprouve l’homme »

Les étrivières trop longues on trop courtes font ^ donc deuxdéfiiutseflBmiels^quicontrariemlapet M A N fition Si dérangent Tiquilibre, la grâce & la tenue du cavalier*

Il efl plus commun ie voir des étrivières plutôt trop longues que trop courtes ; cela eft une fuite des •’Principes que donnent certains maîtres, qui, fans avoir jamais raifonné leur art, prétendent Îiue le corps, les cuifles & les jambes doivent (tre ur une feule & même ligne.

Le cavalier armera Tes talons d’éperons. Us doivent être fixés au talon de la botte, la molette direâement fur la couture » l’axe de la molette doit être horifontal à la terre > & non perpendiculaire, comme quelques perfonnes les portent, parce que, ainfi placés, lorfqu’on s’en fert, ils déchirent & ne piquent pas.

Les éperons doivent être placés bas, parce que le cavalier en fera plus furement maître, & qu’il eft des occafions, par exemple dans l’efcadron, oti fes jambes éunt preiTées, fi fes éperons étoient hauts, ils porterolent involontairement* Nous avons déjà parlé de la manière de fe fervir des éperons, nous en parlerons encore dans la féconde partie, comme d’un moyen propre à donner aux jeunes chevaux la connoifiTance des aides.

L’élève a dâ Comprendre jufqu’ici les différentes opérations de Ca mains par rapport au cheval, & connoitre Teflet de fes rênes, qu’il tenoit féparésnent ; la pofition de fa main eauche, tenant les rênes de la bride, lui a été expliquée fur le cheval immobile, ainfi que l’ufage de fa main droite, tenant le petit bridon appelé filet » Il fuffit ici de favoir que les opérations indiquées produifent les effets qu’on demande, & ce ne. peut être que dans la féconde partie, en parlant des mouvements de l’animal, que nous en prouverons mécaniquement la fureté.

L’élève travaillera a||fi dans le manège découvert, aux deux mains fur toutes les lignes &, fur les trois allures, il pratiquera les opérations des snains Se des jambes indiquées pour tenir fon cheval droit & dans un train égal. Deux chofes principales doivent devenir l’objet de fon attention particulière ; favoir, la fixation & judefie de fa main Sttche, & la pefanteur de fes jambes confervées r fes étriers dans l’inftant où elles fe ferment. Les étriers deviennent une efpéce de balance, qui fert à avertir te cavalier du déplacement de fon corps, ou de la roidetir de quelques-unes de fes parties, & au bout de quelques jours, ils lui donnent le fentiment d’une jufiefie qu’il n’avoit pas encore connue..

Je termine ici tout ce que je peux dire fur la portion & fur les fonâions de chaque partie du corps de Thomme à cheval ; c’eft en confervant cette Îofture, & en fiiifant mouvoir fes parties mobiles îlon les loix indiquées, qu’il parviendra à fubjuguer & maitrifer le cheval le plus ardent, & en tirer des fervices incroyables, que n’en obtiennent jamais ceux qui ignorent Tari,

M AN

Du tTOl.

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Intelligence, patience & douceur, font des qua^ lités abfolument néceflaires à un homme de che^ val ; elles doivent être fécondées par le talent, mais il ne peut jamais que les reii^Uoer. Pour inftruire un cheval, travailler avec fruit fon infiinâ & fa mémoire, il faut difcerncr fon calaflère, car les moyens varient fnivam Toifervation de ces différences ; il eft des chevaux colères & mutins, il en eft de timides & craintifs ; celui ({ui les traite également eft un cûjfscol, qui ne peut jamais obtenir de fuccès que du hafard ; c’eft fous de pareilles gens qu’il eft fi commun de voir des chevaux rétifs. Le manque de patience fait fouvent hâter une befogne qui doit être lent^. Nombre de gens fatiguent & excèdent les chevaux dans le$ premières leçons, fur-tout ceux qui montrent de la gaieté ; ils ont recours au galop, aux terres labourées ; ils exténuent & ruinent un cheval, qui, orfqu’il ne peut plus aller, paffe, aux yeux de 1 Ignorant, pour être dompté : c’eft le terme. Du Caveçon & de la Longe.

L’homme voulant affervir le cheval à fa volonté ; le maitnfer, & en obtenir les fervices dont il eft fufceptible, fe fervit de fon intelligence, qui enfanta lart de le fubjuguer & le rendre obéiffanr. Sans cet an, nos propres forces n’euffent jamais fuffi pour nous rendre maîtres d’un animal libre & fougueux ; malheur à ceux qui cntreprcndroient encore de le vaincre par une réfiftance égale à fa force ; toute contrainte doit donc être éloignée du cheval, fur-tout dans les commencements, fi on îî®, Y5^’^^ ^^ « ^ » "^ * jamais, ennemi de l’école & de 1 obeiffance.

QiCil me foit permis de fuppofer pour l’objet de mes leçons un de ces chevaux fains, vigoureux ardents, entiers fur-tout, un andaloux, par exem ! pies, ou un anglois amené au manège dans cet inf. tant ou il quitte le nom de poulain pour prendre celui de cheval ; quand on veut donner un modèle c eft toujours la belle nature qu’il faut choifir, & je ne connois point de race plus fière, pi us guerrière & plus agréable que l’efpagnole, & point de race plus fvelte & plus infatigable que l’ancloife ; le cheval, en un mot, quel qu’il foit, deftiné à porter un cavalier & à obéir à fes volontés, doit être amené a ces fins, par une gradation de joug, qui ne lui permette pas de s’y défendre : toutes les attentions préhmmaires derécurie font fuppofées, c’eftà-dirc, que l’animal ne doit point être vicieux à 1 homme, mais au contraire aifé à l’approche, facile a feller, à brider, à conduire en main, & fe laiffant ’"’? n^x ^. « ^c ? » * « * droite & à gauche avectranquillité ; il nefiiutque de la douceur pour obtenir ces chofes, & je ne m’appefantiraî pas fur les moyens connus de tout le monde pour y parvenir. Le cheval doit tire amené à fécole avec une feUe, ayant dans la bouche un filet ordinaire, &• 20^ M A N ^ de plus un grand brîdon, dit vulgairement hnd0n dUcurie ; il faut prendre garde que la fous-gorge n’en foit poîntferrée, & que les porte-rhors (oient d*une longueur fuffiiante pour ne point faire froncer les lèvres r la felle doit être placée de manière à ne point gêner les épaules ; les paneaux doivent porter également dans toute leur étendue, il faut « u’elle foit le plus prés poiTible du cheval. Le iiége doit être horifontal, & point relevé du derrière, comme on le voit communément, ce oui rejette Thomme fur la fourchure » charge inégale-, ment le cheval, & occafionne fouvent de grands défoi^res en contrariant infiniment fes allures : la felle, doit être placée de manière, que le centre dç gravité de Thomme fe trouve perpendiculaire fur le centre de gravité du cheval ( Voye^ Position), & elle doit être fixée dans cette pofition par les fangles, la croupière & le poitrail ; tous ces foins étant pris, le cavalier montera & defcendra pluûeurs fois le cheval, fans que perfonne le tienne ; mais il n*eft pas temps encore de le faire marcher. Pour prévenir & remédier aux défordres auxquels il pourroit s’abandonner, il faut préalablement lui donner la connoiiïance de la chambrière ; ce fera en le faifant trotter’pendant quelques jours, un caveçon fur le nez, au bout d’une longe » L*ufage du caveçon, connu depuis longtemps, eft regardé avec raifoa comme fort utile, parce qu’obligeant le cheval à fe plier fur les cercles, il met touts les mufcles en aâion & les aflbuplit promptemcnt. Il faut qu’il foit ferré fur le nez du cheval, de manière a ne pas vaciller. Le tout étanx difpofé pour le faire marcher, un homme fe placera au centre du cercle qu’on fe )ropofe de faire parcourir au cheval, & tiendra a longe ; un autre homme, prenant le cheval par le bridon, le mènera fur la circonférence du cercle, fe tenant à fon épaule de dedans, &, en le tenant toujours, le promènera au pas fur cette circonférence, dont le rayon doir^voir au moins 20 pieds ; après avoir fait deux ou trois tours, plus ou moins fclon le befoin, Thomme qui le tient par le bridon, fe retirera peu-ii-peu ; au cas que le cheval veuille s’arrêter, Técuyer, qui doit être un peu en arrière du cheval, & près de l’homme qui efl au centre, montrera doucement la chambrière entre l’épaule & le ventre ; en attaquant même légèrement,’s’il en étoit befoin, le cheval partira au trot & même au galop ; Técuyer doit avoir la main gauche fur la longe, afin de pouvoTir agir fur le caveçon, & le fecouer légèrement fur le nez du cheval, en donnant les faccades du haut en bas, îufau’à ce qu’il foit remis au trot ; s’il rue ou faute, c eâ encore au caveçon à le corriger avec plus ou snoins de force, félon que befoin fera : fî le cheval en ruant ou en fautant diminue fon train, fe remet » u pas, ou s’atréte, la chambrière doit le porter en avant & l’attaquer ; favoir, s’il fe cabre, a la croupe, s’il fait des fauts, entre l’épaule & le centre ^ K s’il rui :, à l’épa^ilç ; » s

MAN

Le caveçbn & la chambrière ne doivent jamais opérer à-la-fois, ces deux aflions fe conrrarieroient & jetteroient le cheTal dans de grands défordres » le premier de ces inf)ruments fert dans le cas oit le cheval, faifant des fottifes, augmente trop fon action ou s’emporte, & le fécond, c’eâ-à-dire la chambrière, dans le cas où il diminue fon train. Dans les moments oii le cheval trotte bien & uniment, il faut prendre garde que la ehambrière ne fa^Te aucun effet, la tenant cependant dans une pofuion oii le cheval puifle en appercevoir les moindres mouvements.

Si le cheval fe jettoit fur le centre du cercle, celui qui tient la chambrière > la montreroit à l’épaule du cheval ; quand elle commencera à le con*. tenir au bout du rayon du cercle, & qu’elle le fera cheminer franchement, on prendra fon temps pour l’arrêter en fifBant, le flattant de la voix, & fecouant Icgèremcût la longe : ( Avec un cheval neuf, on peut avoir recours à touts ces moyens, qui feroient ridicules avec un cheval uni) : fouvent ces petites faccades au lieu d’arrêter le cheval raniment ; il ne faut pas s’opiniàtrer, ni vouloir les augmenter. Quoi qu’il foit ei^ientiel de ne jamais céder au cheval, il ne faut cependant pas rifquer de le faire fe défendre. Dans la crainte de charger les jarrets, & de le rendre colère, il faut, avec ces fortes de chevaux, mettre beaucoup de temps à les arrêter, en rétrécilTant peu à-peu le cercle qu’ils parcourent ; il en efi de même lorfque, au partir lur ces cercles, ils s’abandonnent & s’em* portent ; il faut fe garder de les faccader, ils s’en vont ordinairement plus fort ; il faut au contraire élargir le cercle crainte d’accident, les laiiTér faire & n’avoir recours qu’à la voix & au fiiRet pour les appaifer.

Il efl eflentiel, dans ces premières leçons, d’em «  ployer la plus grande dfecevr, & prévenir tout ce qui pourroit ettaroucher le cheval, ou lui donner de l’ardeur.

Qu’on fe garde bien de fe fervir d’un pilier sh lieu d un homme, pour y attacher la longe ; ce précepte efl dangereux : je confeille au contraire, lorfqu’oR eft obligé de fe fervir d’un homme qui n’eft pas inflrutt, de le diriger continuellement fur ce qu’il doit faire. Mais, dans les régiments, » la claiTe des chevaux neufs doit-toujours être con «  duite par ce qu’il y a de plus indruit ; c’efl le moyen de hâter les progrès & d’abréger l’inflruâion. Le cheval étant arrêté & en repos, il faut le laiffer fouffler un moment, le carreiifer & le mettre fur le cercle à l’autre main, en y obfervant les mêmes règles, qu’à la précédente : cette leçon doit être très-coune, mais les reprifes répétées deux & trois fois ; elle doit aufll être continuée plufieurs jours de fuite ; beaucoup de chevaux apportent à récole des difpoiîtions de fouplefTe, qui permettent de ne fe tenir que peu de jours à cette leçon ; ilefi même des chevaux ardens., auxquels elleieroic plus nuifible que falutaire ; il en e^ d’autres au » : M AN ifuels « Ile doit écre continuée long « teilips » tels que i k& chevaux pareâeux » chargés dépaules, ou les 1 ayant froides » les chevaux bas du devant » ou qui | fe ployent difficilement ; c*eft y je puis dire, le meilleur ) & peut-être le feul moyen de donner quelque fonpleffe & légèreté à ces maflès défagréables ; les chevaux de cette dernière efpèce fe préfentent avec difficulté fur les cercles, leur roideur eneft la caufe, ils font fujets à s’y défendre, il faut par conféquent, fi on ne veut pas les ufer, proportionner les leçons à leur force, & fur-tout n’exiger de vitefle qu*à mefure qu’ils acquièrent de la liberté ; il faut laifier galoper ceux qui fe préfentent à cette allure ; feulement, s’ils s’abandonnent trop fur leur devant, il faudroit faire travailler la longe furie caveçon, par des faccades de bas en haut, & les changer fouvent de main.

Moins le cheval a de difpofition à tra, vailler fur les cercles, plus il a de tendance à s’éloigner du centre ; c’eft auili ce qu’on éfSrouve avec touts les chevaux roides, qui tirent continuellement fur la la longe, & avec tant de force, qu’ils entraînent fouvent celui qui la tient ; car, plus ils trouvent de réfiâance, plus ils tirent, & ils prennent un point d’appui continuel, fi on n’y remédie. il faut, avec de pareils chevaux, une perfonne entendue, qui tienne la longe dans fes deux mains i de façon à pouvoir réfiAer & rendre alternativejnent, en tirant de temps à autre la tête & l’enco-Jure du cheval à lui, & en la relâchant auffi-tôt i ^’eft fur-tout dans Tinftant où le cheval tire le plus, flu’il faut tojut lui abandonner ; par cette méthode, oc en le changeant fouvent de main, il fera des Î progrès fcnfibles, s’a(rouplira & fe foutiendra : orfqti’on arrête le cheval, il faut l’exercer au reculer ; pour cela, un homme fe mettant en face du cheval, faifira une rêne de chaque main, &, {>ortant fes deux bras également en avant, opérera ’effet des rênes fur lembouchure, jujfqu’à ce que lé cheval recule ; s’il s’y refufoit, la même perfopne faifiroit les deux rênes de la main gauche feulement, & de la droite donneroit de légères fac.cades de caveçon fur le nez de Tanimal, mais il faut beaucoup de douceur & de patience dans ces commencements, Se ne reculer que peu de pas & très— douce ment : pendant le temps qu on met un cheval à la leçon de la longe, il ne faut pas le monter, fur-fout fifon défaut eft de s’appuyer fur la jna’tn, car on détruiroit par cette féconde leçon, le fruit de la première : j ai vu des chevaux qui, après quihze jours de cet exercice, n’étoient pas .reconnoiflables. Je l’ai employé avec fuccés, pour f émettre d’excellents chevaux, devenus pefans fur .les épaules & peu iùrs de jambes, pour avoir été mal montés.

On juge le terme qu il faut mettre à ces leçons, lorfqueles chevaux manient avec aifance fans forcer ni s’appuyer fur la longe, & qu’ea montrant la chsiDibrtère, Us s’échappcn^ avt galop, uniment & arec facilité } pendant les derniers jours de.ceft^ M A N 107

leçon,’on fera très-bien de la terminer en les mon-< tant en liberté au pas décidé, j’en donnerai les moyens par la fuite.

Les chevaux efpagnols, les danois, ceux da Holflein, les napolitains ; en France, les chevaux limouCns, les auvergnats, les daupliinois, les poitevins ont en général moins befoin de cette leçon, que les chevaux anglois^ les barbes, les normands i c’eft à l’homme de cheval à les juger. ^ Jugeant le cheval fouple & obéifiant à la cham-^ brière, on lui ôtera tout-à-fàit le cjiveçon, & le cavalier montera deflus avec les précautions ordî* naires. Cette méthode de mettre fur-le-champ un cheval neuf en liberté, paroitr^ peut-être ridicule à bien des gens, fur-tout aux panifans des ècoleir oii on efi dans l’ufage de làifiêr les chevaux neufs dix— huit mois à la longe ; mais l’expérience nous démontre que les chevaux montés fur les cercles font très-fatigués & fe ruinent bientôt : lorfqu’on efl obligé d’y avoir recours, il faut toujours que ce foit fans être montès « 

’Chcvdl monté en libertin

n eft efTentiel de ne jamais mettre un theval neuf qu’entre les mains d’un homme inflruit, car on ne peut douter qu’il faille beaucoup d’art pour faire obéir cet animal, qui, étonné du fardeau quil porte, s’abandonne fouvent à des défenfes infinies, fur-tout fi le corps de fon cavalier, vacillant fans cefle, contrarie fes mouvements : ce dé* but fur un cheval neuf, t^ la pierre de touche de touts ces prétendus écuyers, dont la fcience eft dans la force ; en vain ils lutteront avec leur cheval qui, toujours plus fort qu’eux, s’abandonnera à mille déitglemens avant de leur obéir ; delà les faccades, les jarrets perdus, & le cheval ruiné. Le cavalie^ctant en felle, parfaitement placé 9 comme nous l’avons dit dans la première p « tie, il ne doit avoir d’autre ambhion que de déterminer la maiie de fon cheval à parcourir une ligne droite, ou fuivre les murs d’un manège. La première chofe qu oh doit apprendre à un cheval, c’eft de fe porter en avant aux aides des jambes, parce que fitdt que le cheval y obéit, le cavalier peut prévenir le » fautes & les défenfes ; & on verra par la fuite que c’eft le feul remède qui puiffe corrieer les chevaux qui ont des vices. Le cavalier voulam marcher à droite, doit baiffer les deux mains, afin de rendre au cheval & lui permettre de fe porter en avant > puis en fçrmatit les deux jambes également < lui faire fentir les premières aides du premier degré, appeler de la langue en même temps, & fi le cheval n’obéit pas, fe fervir de la gaule, Qi lui donnant un léger coup fur l’épaule droite.

La maffe une fois ébranlée, le cavaBer dort fentir fa rêne gauche avecaflez de force, pour redref* fer peu-à-peu le cheval à gauche le long du mur ^ mais file cavalier n’opéroit que du bra » gauche, il pour rok arriver que le cheval a’obètroic qu’en assenant Utêie & plient Fencelure de ce mâme ipg M A N côté » & que, coi|g|^rié par cette poAure, il s^ar^ réterok ; mais comme c*efi la maile & non l’encolure qu*il faut déterminer à fe porter k gauche, il cil néceflaire ^ue la féqe droite tienne la tête & Tencolure un peu à droite, pendant qu’un mouve-Aient plus fort de la rêne gauche at » rera Tépaule à gauche » & la janbe droite doit fe fermer davantage, 8l augmenter Ces aides, afin d’empêcher que le cheval s’arrête, & en même temps déterminer ion centre de gravité à fe porter à gauche ; mais cetcp jambe n’étant pas « acore connue » doit être fécondée par un léger coup de gaule, k la place même où elle fe fefme.

Si le cheval n’eft.pas affez forcé par ces mouvements du cavalier, & qu’il refufe d’obéir, en continuant deiaifTer tomber l’épaule à droite, pour lors la gaule doit réitérer fes fecours avec plus de force fur cette épaule, & en même temps la rêne Î gauche travailler avec plus de force pour redrefer le cheval.

Une fois mis en mouvement, & déterminé le long du mur, le cavalier doit chercher à l’y mener au pas, & à lappaifer en fe relâchant lui-même, & en donnant au cheval toute la liberté poffible, c’eft-à-dire, en ne fe fervanr des mains qu’avec la force néce flaire pour le tenir redreffé, & parallèle au mur autant que faire fe pourra. La force & la roideur du cavalier excite le cheval à l’ardeur, par la preffion qu*il éprouve des cuifTcs ou des jarrets, & les opérations des jambes roides produifent toujours des effets roides & à coups, au lieu que quand les jambes font moëlleufes, le cheval y prend une confiance oui le fait y répondre moëlieufement 8c ians furprile. Le cheval —parallèle au mur, eft le point de perfedhon du cheval parfaitement dreiTé, & il feroit abfurde de vouloir l’exiger d’un cheval neuf à fa première leçon ; c’eft prenne toujours en clema « dant trop aux chevaux qu’on les fait fe défendre.

Quand le cheval diminue fon pas, le cavalier doit fermer moëlieufement fes jambes, en appelant de la langue, cette dernière aide forvlra S faire connoitre la première ; mais il doit obferver que fes mains en fe baifTant, précèdent toujours les aides, afin de ne pas s’oppofer à leur effet ; cette contrariété, dans les mains & dans les jambes, eA fouvent la fource des défordres auxquels s’abandonnent les jeunes chevaux*

Le cavalier cheminant ainfi » & arrivant au bout de la façade du manège, doit redreffer fon cheval avec la rêne gauche, & fa jambe droite jufques dans le coin, fans chercher à l’y fake parfaitement entrer ; y ét^t arrivé, il s’a^t d’en (ortir par un à-droite ^ le cavalier doit profiter habi^iemeot de la siéceflité ou efl le cheval de tourner, pour lui faire connoitre fa rêne droite, qui doit s’ouvrir à droite & le décider. Sur un cheval parfaitement drefTé y les opérations des mains & des jambes doivent êtrç imperceptibles, parce que l’animal répond aux premières aides » mais fur un ^çh^val neuf j auquel il M AN

s*agit de les faire eonnoitre » il faut que les mouve^ ments foient grands & fe fafTent franchement. Ln rêne gauche doit en même temps ilîminuer fon effet, & ne plus faire qu’aider la droite, en retenant la tête & l’encolure, fi elles étoient difpofées à fe trop porter à droite & laifTet l’épaule à gauche, & à mefure que le cheval finit fon à-droite, la —rêne droite doit diminuer fon effet & la rène gauche augmenter le fien, pour contenir le cheval redreâè, c’ell-à-dire, parallèlement au mur ; revenu fur la ligne droite, les deux mains doivent varier leurs opérations fuivant le befoin ; & l’aâîon des jambes . fe faire comme fur un cheval drefR, en obfervant feulement de l’accompagner des aides de la langue, ou de la gaule. L’objet efl de tenir le cheval droit, & pour ce, les jambes doivent fuivant ces cas, travailler féparément, ainfi que les rênes ; mais toutes les fois qu’il s agit de hâter ou rallentir la marche, c’efl aux deux jambes & aux deux rênes à o^vailler enfemble ; il faut rejetrer le précepte de touts les auteurs qui, ne parlant que de la jambe de dedans, prétendent que celle de dehors efl remplacée par le mur ; de pareils préceptes annoncent que leur auteur n’avoit nulle idée de la précifion, de la jufleffe & du mouvement des corps. La jambe de dehors efl aufS néceffaire ^ue celle de dedans, quelquefois même elle doit travailler davantage, puifqu’il efl des chevaux qui laiffent tomber leur maffe en dehors : qu’on fe perfuade donc une fois que Tefpace fermé de mur ne comporta point un art & une méthode différente de monter a cheval.’dehors, méneroitron fon cheval d’une jambe ? Non ^ fervez-vous donc des deux quand vous êtes à couvert, comme quand vous êtes en plaine.

Nous venons de voir par les opérations des rênes, qu’elles ont chacune un effet différent & oppofé, c’efl-à-dire, la rêpe droite en s’ouvrant détermine le cheval à droite, & la rêne gauche le détermine i gauche ; mais nous avons vu auffi qu’il efl très-poflible au cheval de fe fouflraire à cette obéiffance, en amenant l’encolure du coté de Faction de la rjtnc : pour prévenir cet inconvénient » il faut avoir recours au travail des deux enfemble, avec la proportion suivante ; la tene du côté oii^ vous voulez tourner efl celle qui doit faire le prin-^ cipal & premier effet, mais la rêne de dehors doit lui aider & faire le fécond effet, c’efl-à-d£re ^ n’employer que la force suffisante pour empêcher l’encolure d’obéir à la rêne qui doit diriger la maffe : de même, lorfque le cheval chemine le long d’une façade du manège, la rêne de dehors doit toujours faire le premier effet, & celle de dedans ne doit faire que le fécond c’est ainsi qu'on tiendra le cheval redressé. On nomme vulgairement cheval redressé, ’celui dont les épaules font fur la ligne qu’il doit parcourir ; mais cette définition n’eft point exaâe, car les épaules peuvent très-bien fuivre le mur à gauche, & la maffe ou le centre de gravité, être togibé à droite, auquel cas W tft faux de diro dire que le cheval est redressé, puisqu’il est essentiellement de travers.

Le cheval laisse tomber sa masse à droite ou à gauche, en se pliant & laissant ses deux extrémités d’un côté & la masse de l’autre, ce que le cavalier sent aisément par le dérangement dans l’allure du cheval, & le malaise qu’il ressent lui-même dans sa position ; on voit que les moyens de le remettre droit se bornent à amener les extrémités du côté opposé, & se servir de la jambe & de la gaule du côté où les côtes se gonflent ; mais le vrai moyen de corriger le cheval lorsqu’il est un peu plus avancé, c’est de le tourner en cercle du côté où la masse tombe en le ployant beaucoup.

Quand le cheval aura fait quelques tours, de manège au pas, en suivant exactement les murs, le cavalier cherchera à le faire changer de main, afin de lui en faire faire autant à gauche, dans ces premiers changements de main, il ne faut exiger aucune justesse, chercher simplement à parvenir à son but, qui est de promener le cheval à gauche.

Pour ce, on prendra le moment où il fera appaisé ; & après avoir passé le coin 2, (fig. 15), arrivé au point G, le cavalier lui fera faire un demi à-droite, par les mêmes moyens dont il s’est servi pour lui faire faire un à-droite entier, en observant que les moyens doivent être moindres pour un demi à-droite, que pour un à-droite entier, & le déterminera avec les jambes sur la diagonale G G ; arrivé à son extrémité, le cavalier, par un demi à-gauche, remettra son cheval sur la direction G 3 ; en observant, dans ce demi à-gauche, que la rêne gauche doit faire le premier effet & la rêne droite le second.

Autre régie générale ; c’est qu’en proportion que les mains travaillent pour tourner un cheval., les jambes doivent augmenter leurs aides ; car tout mouvement de main tend à rallentir la masse, & afin qu’elle percute toujours également, il faut regagner par les jambes ce que les mains font perdre de vitesse.

Dans touts ces à-droite & demi à-droite, les deux jambes doivent travailler également, à moins que le cheval en tournant ne laissât tomber sa masse à droite ou à gauche, auquel cas, la jambe de ce même côté doit opérer beaucoup plus que l’autre, qui ne doit presque rien faire. Nous avons vu le cavalier promenant son cheval au pas à main droite, il doit employer les mêmes moyens inverses pour le promener à main gauche, & au bout de deux ou trois tours, quand il aura reconnu l’espace qu’on veut lui foire parcourir, on le mettra au trot, qui est l’allure où les jeunes chevaux doivent être exercés, jusqu’à ce qu’ils soient ce qui s’appelle débourés. Pour passer à l’allure du trot, le cavalier revenu à main droite, je suppose son cheval étant droit, baissera les deux mains, & fermant ses jambes, l’excitera à partir, l’aidant soit, de la langue, soit de la gaule, s’il en est besoin ; & une fois dans cette allure, il l’entretiendra dans.


le même degré de vitesse, & lui fera parcourir le manège de la même façon qu’il l’a fait au pas.

Si je n’avois qu’à décrire les opérations d’un homme de cheval sur un cheval neuf, je garderois le silence sur toute espèce de défenses & sauts auxquels les jeunes chevaux sont sujets à se livrer, parce que l’homme véritablement instruit les prévient & les évite ; (les fautes des chevaux sont presque toujours occasionnées par celles du cavalier, il n’y a que les ignorants qui s’en prennent à leurs chevaux, & les battent des sottises qu’ils leur ont fait faire). Mais mon but est de faire connoître les opérations que l’art employe, non-seulement pour éviter & prévenir les fautes du cheval, mais encore pour y remédier, & le corriger de celles qu’il peut faire, lorsqu’un cavalier peu habile les a laissé convertir en habitude.

C’est aux premières leçons que le caractère & les qualités des chevaux se découvrent, & il est nécessaire de les bien discerner, pour leur donner une éducation avantageuse.

La nature, trop bizarre dans ses jeux, nous met dans l’impossibilité de décrire particulièrement chaque individu ; aucuns ne se ressemblent parfaitement, ainsi nous ferons obliges de nous contenter de trouver certains rapports qui, les rapprochant, nous permettent de les comprendre généralement dans quelques classes. Nous les diviserons d’abord en deux ; la première comprendra les chevaux bien conformés, forts & nerveux, & la féconde, les chevaux mous & faibles, quoique quelquefois. bien proportionnés. Les chevaux de la première classe sont presque toujours obéissants & aisés à instruire, la raison en est dans leur force, qui leur permet d’obéir avec aisance à tout ce que le cavalier leur demande. Il s’en rencontre cependant quelques-uns qui, ayant été battus & effarouchés par ceux qui les ont élevés, sont colères & rétifs, mais l’art les corrige aisément : il n’en est pas de même des chevaux de la seconde classe, dont la foiblesse est la source de touts leurs vices ; il est vrai qu’ils sont aisés à prévenir, en ne leur demandant que ce qu’ils peuvent donner, mais si malheureusement un pareil cheval est tombé dans des mains ignorantes, il faut bien du temps & de l’art pour le corriger des défauts qu’il aura contractés, & cet art ne peut être que le fruit d’une théorie raisonnée & d’une longue habitude.

Revenons à notre première classe, voyons l’espèce de vice auquel ces chevaux sont sujets, & les moyens de les corriger : communément les sauts sont les seuls dérèglements auxquels ils s’abandonnent lorsqu’on veut les trop contraindre, les raccourcir, les faire passer ou tourner dans des endroits où quelqu’objet les aura effrayés ; pour lors ils emploient franchement leurs forces, pour s’y soustraire, & ils sont sujets aux espèces de sauts qu’on nomme sauts de mouton & cabriole. Dans le saut de mouton, le cheval s’élance & s’enlève des quatre jambes presqu’en même temps, sans 210 M A N. cher de ruade, & (on dos s*arrond ! t comme dans le faut de carpe, ce qui rend la tenue très— difficile, fur-tout lorfque ces (auts font répétés de fuite : la cabriole eft de touts les fauts du cheval le plus brillant, le plus enlevé, & celui qui annonce le plus fa force & fa vigueiA* ; c^eft Tefpèce de faut auquel on drefle ordinairement les fauteurs dans les manèges ; le cheval enlève d’abord le devant, & s’élançant avec force embrafle un terrein confidérable ; 6c dans TinAant que fes quatre jambes font à la même hauteur, & que le devant va fsetomber, il détache vieoureufement la ruade ; ce faut, quoique fort & brillant, n’eft p^nt dangereux, ordinairement le cavalier n*en eft point déplacé.

Il faut, lorfque le cheval fe difpofe à fauter, fi c^eft droit devant lui & en avant, le déployer franchement, en fermant les jambes, dans Tinftant où il veut raffembler fes forces ; c^efl un moyen prefqne (ur d’empêcher le faut, parce qu’un cheval pour fauter, eft obligé de diminuer la vîte (re de fa maffe, & de raifembler (es jambes près de fon centre de gravité, afin de pouvoir prendre rélan néceflkire pour l’opérer ; un écolier, pour peu qu’il commence à fentir fes chevaux, s’appereoîtaifément de ce moment oii le cheval médite fa lottiie, 8cû dans cet inftant il l’occupe & le pouffe vigoureufement en avant, il eft démontré qu’il la préviendra.

Mais il eſt rare que les chevaux ſautent droit devant eux ; preſque toujours prévenus par leur cavalier qui les en empêche, ils s'échappent ordinairement, en jettant leur maſſe ſoit à droite, ſoit à gau- che ; ces ſauts de travers ſont un peu plus difficiles à prévenir, parce que l’acte préparatoire du cheval eſt plus prompt, & qu’il faut plus de tact pour ſentir cet inſtant : mais quand on le peut, la correction eſt de les redreſſer par la rêne à laquelle ils vouloient ſe ſouſtraire, les porter en avant de la jambe oppoſée, en les châtiant même par la gaule derrière la botte, ou fermant l'éperon, s'ils commencent à connoître les jambes ; par ces moyens on les corrigera bientôt.

Paflfons à la féconde clafte, malheureufement la plus nombreufe » & voyons les moyens d en tirer parti.

C/eft prefqne toujotrrs la mauvaîfe conftruâion des chevaux qui eft caufe de leur foibleflc. Cependant il n’eft point de règles faus exception : j’ai vu des chevaux dont les belles proportions attiroient les regards des plus grands counoifTeurs, être mous & incapables d’aucun fcrvice. Je renvoie aux livres d’anatomie, qni traitent cetre matière amplement ; & je me bornerai à donner quelques idées abfolument nécefiaires. Deux caufes premières s’oppofent à la banté du cheval, fçavoir, la difproportion dans fa charpente, c’eft-à-dire, dans Pofléohgie ^ a**, la disproportion dans fes mufcles, c’eft-à-dire, dans hmyologie : je m’explique ; le cheval qui a la ganache grofle, le garor bas ^ les ,. M A N.., ,

épaules ferrées, les reins trop longs, les Iiaticlies hautes, ou qui eft tron long ou trop court jointe, &< :., péché dans fa cnàrpente. Celui qui, étant parfaitement d’aplomb fur fes quatre membres bien proportionnés, nais dont les os ne font pas garnis de mufcles fuififamment gros, ou dont le tîftu eft trop lâche, 8cc., pèche dans la myologte. Ces défauts font autant d’obftacles qui s’oppofent à la bonté de l’animal, & on ne peut exiger de ces chevaux le même genre de travail que du cheval parfaitement proportionné, & pourvu de mufcles coaipaâs & tendineux.

Nous avons laiffé le cheval partant au trot i inain droite, & cheminant le long d’u6e façade du manège, je fuppofe AB { fig. 15). Après avoir fait quelques temps de trot, quelquefois il s’arrête tout court, jettant les épaules dans le mur, & la croupe en dedans, fans vouloir avancer ni reçu-* 1er ; plufieurs raifons peuvent occafîonner cette dé* fenftf ; la première, que le cheval foit effrayé par quelqu’objet ; la féconde, que le cavalier exigé trop de vitefte & trop d allongement dans fon al «  hire. Le cheval ne peiit y fournir, s*i ! eft trop abandonné fur les épaules.’Quelques perfonnes pourront faire une réftexion contraire à ce’que j’avance, & croire qu^un cheval abandonné f « r ts épaules doit embraiiér plus de terrein que celui qui eft d’aplomb ; cela paroit d’abord raifonnable, puifque plus vous voudrez le raifembler, plus il diminuera fa vucHe ; mais qu on fafTe attention que le cheval étant fur les épaules, fa mafte ou fon centre degraviré, dêpaffam trop les jambes de devant » ^ prend une direôion oblique à b terre, & non parallèle à l’honfon, & que par cbniéquent les jambes de devant peinent beaucoup pour relever fans ce^Te cette malle, qui les charge trop, & les gêne dans leurs mouvements, au lieu que le cheval d’aplomb, c’eft-à-dtre, foutenu par les jambes qur pofentà terre, peur cheminer avec beaucoup plusde vitefte, par la liberté dont jouiâfent ïes jambes qui fe meuvent. Il ne peut y fournir s*il a le devanr bas &.les hanches trop hautes. Alors i( fe révolte contre les aides & s’y défend en s’arrétant court ; il eft fouvent entretenu dans cetre fottifè par lar faute que la furprife fait faiie au cavalier, qui eft de mettre le corps en avant, ou d’avoir de Tincertiiude & de la vibration dans cette première partie mobile ; il faut donc que le cavalier ait grande attention de fixer fon corps dans cet arrêt fubit ; il y parviendra par une force moëlleufe dans la charnière de fes reins ; (k en relâchant parfaitement foit bas, il doit fe fervir des moyei^s indiqué » pour faire partir de nouveau le cheval, en oblervant de ne l’allonger que proportionnellement à fa firucrure & àla fouplelTe. Silechevalaété effrayé par quelqu’objet, il faut avec beaucoup de douceur le mener fur ce qui Ta épouvanté. Si le eheval retombe plufieurs fois dans cette faute, qu’il s’arrête à chaque tour, fans qu’on en puifte foupçonner d autre raifon que la colère, il faut que le cavalier • M A N Ûàït de prévenir ces loftants où le cheval Ce rai-Jenth, & qu’il le çhàcie vigoureufenient de la gaule ou des éperoQS : fur de tels chjsvs^ux,. la main ne doit abfolument faire aucun effet, puifqy’elle eA faite pour arrêter la mafle : celui qui tient la chambrière doit aider les mouvements du cavalier : cette défenfe eft une des plus grandes marques de foîbleŒ dans les chevaux, elle eft commune à ceux qa’o^ travaille trop jeunes ; c*eft pourquoi je recommande encore beaucoup de douceur & de très-courtes leçpns.

Il eA des chevaux qui, après s*étre ainfi arrêtés court, fe cabrent, c’eft-à-dire, enlèvent les jambes de devant, & rejettent tout le poids de leur corps ftlKc^les de derrière ; cetie fottife e.ft dangereufe ; eïTéeft fouvent occafionnée par la trog grande feniioilité de la bouche ; inquiétés par les jnains d$i cavalier qui,.travaillant avec trop de force, rejette le poids de 1 avant-main fur Tarrièremain, les chevauk colères qu’on veut forcer k Tobéiflânce & redreâer à une rêne, font fujets i fe cabrer pour chercher à s*y fouftraire ; il faut s’appliquer à prévenir ces inftants, ce qui eft tréspoibble, parce que le cheval ne peut le cabrer en marchant, il faut abfolument qu’il s’arrête, & que fes jambes^de derrière viennent prendre un poin ; d’appui fous le centre de gravité ; dans ces inftants on doit le porter vigoureufement en avant, & le châtier d’un coup de gaule derrière la bot<e : mais fi le cheval a été fi prompt que vous n ayez pu ie prévenir, ou û malgré vos aides & votre châtiment il a refufé d’aller en avant, il faut dans 1 infiant de la pointe lui rendre tout abfohiment, & que la charnière de vos reins » bien moëlleufe, permette à votre corps de fe mettre en avant, comine il eft démontré (/^. i6).

Le corps du cheval étant dans la diredion C D, & le corps de l’homme dans la perpendiculaire A B, lorlque le cheval enlève le devant, & qu’il change fa direâion C D en C K, ft celle de l’homme A B fuivoit le mouvement du cheval, elle fe trouveroît toujours perpendiculaire an cheval & dans la direôion F O H ; mais comme nous avons démontré précédemment que le corps de, 1 homme ne devoit pas être perpendiculaire fur le cheval, mais bien a Thorifon, il faut donc qu’à mefure que le cheval s’enlève, la charnière des reins de l’homme fe plie, & permette au corps de refter dans la direâion A B, afin que fa verticale fe trouve toujours ne former qu’une feule & même ligne droite avec celle du cheval*

Le moelleux dans le pli des genoux eft eftentiel dans le moment, afin que les jambes foient près du cheval, fans le ferrer ; & que par leur poids elles fervent à contenir les feffes dans la felle ; les jambes, bien relâchées dans leur ligament, prendront d’elles-mêmes cette pofîtion que leur donnera leur pçfanteur*

Le moindre coup de main eu de jambe pourroit bJrç renverfer le cheval ; il faut donc une cefta•M AN ut

(Ion entière de moqvenaenf ^lelâ part de l’homme ; & qu’il attende, que la points finie, le cheval foie prêt à reprendre ; t erre ; go^r lofs fes deux éperons doivent fe fermer £l le pincer vigoureufement ; il ne fera plus po0îhlê au cheval de fe renverfer, parce que pour recommencer une pointe » il faut qu’il 4>renne un nouveau point d’appui à terre, & les éperons faifapt leur ^et avant, il fera obligé d’y obéir.,. ^

Celui qui tient la chambrière doit en faire ufage p & aider le cavalier, en châtiant le cheval à la croupe, fur —tout fi on q^int qu’il fe défende aux éperons.

Les jeunes chevaux, qui commencent à avoir de la force dans les reins, font des pointes par gaieté ; il en eft qui ne s’enlèvent qu à une très-petite diftance de terre ; ceux-là ne font nullement dangereux ; mais il eft toujours prudent de ne pas leur en laifîer contraâer 1 habitude, parce que les jarrets feroient bientôt ruinés ; les chevaux qui font fujets à faire des pointes font ordinairement légers. Il eft des chevaux fujets au défaut oppofé à ce* ^ lui que je viens de décire, c’efl %dire, qui, au lieu d’enlever le devant, prennent un point d’appui fur cette partie, enlèvent leur croupe, &, détachant leurs jambes de derrière par une viva extenfion, opèrent ce que nous appelions la ruade* Lorfque le cheval rue, le cavalier doit, fans déplacer fa partie immobile, relâcher le |)as de fes reins, en mettant le corps en arrière, afin que la direâion B A du cheval {fig » i7>) venant à fe chan-^ ger en B C, la fienne n’en fuive pas le mouvement en HOK, mais rcfte en D O N. pour fe trouver toujours perpendiculaire à l’horifonf » de manière que fa ligne verticale & celle du cheval foient toujours confondues en une feule ligne droite. Le cavalier doit auffi, en pliant fes genoux, porter fon cheval en avant, en foutenanc un peu les mains s’il s’enterroit trop. n eft des chevaux chatouilleux, que les moindres, mouvements du cavalier font ruer ; il faut les monter fouvent & peu. L’éducation que nous donnons aux chevaux, contribue beaucoup, comme je l’ai déjà dit, à leur former le tempérament, & fouvent a les rendre plus ou moins vijgoureux : fi on montoit les jeunes chevaux plus fouvent, ils feroient d’une bien plus grande refTource, fur-tout pour la guerre ; leuj corps s’accou ; umeroît au travail ôc en fouffriroit moins : il eft d’ailleurs contre nature, de tenir un animal aufti fort, vinet— quatre heures enchaîné dans la même pofîtion ; fes mufcles dans Tinaâion ne prennent aucune vigueur ; je voudroi^ qu’on ne ménageât les jeunes chevaux que fur la manière de les travailler feulement, c’eft-à-dife, qu’on proportionnât leur allure à leur force, mais ((u’on les fit travailler au moins deux heures par jour, à l’âge de cinq à fix ans. D’autres ruent par foiblefle de reins ; d’autres, parce qu’ils ont les hanches hautes & le garot bas. Il £iut, règle générale fur les chevaux rueurs, faire travailler les jam-Ddi, 111, M A —N tes (ott en avafnt, 5& ckaflfist beâttcoup les Hanches afin de les occuper & charger ; tnars comitie ces leçons foiitfatigtiafite^, & qu’A fafat^lleurs avoir éeard à la fotbkâe êé Tantmal ; d)es dorveiit être très courtes : nous ^Mcfveroni’^atifl5 que ies chevaux ne ruent prefque jamais droit, & que c’eft tommunément eh jettam les hanches (oh à droite > foit à gauche : les opérattom de main du cavalier doivent donc fe fî^ire dans rinteijtioh d’oppofer les épaules aitx hs^aèhes : le cheval étant à droite fur la direâion i, i, s’il nie en dedans, c’eff en y appor* tant la croupe ; il feut, ponr la redrefler, non— feu* lement que les hanches fe ferment, mais encore que les rênes apportent les épaules à droite, parce que le cheval fe trouve forcé par ce moyen de îetter les hanches à gauche ; quand il y a répondu, la rêoe gauche doit redreffer la maâe entière, de concert avec la jambe droite. Ce moyen d’oppofer les épaules aux hanches, en fe ferrant des rênes, eA contraire aux principes que nous avons établis, & ne peut erre regarde que comme une licence permiie feulement dans les cas où les jambes du cavalier ne feroient pas fuffifantes, ou que le cheval s’y défendroir.

Voilà en central à quoi fe bornent les fottlfes 8t dé^énfes des chevaux (^ h ligne droite ; favoir, à s’arrêter, fe jetter de côté, fe cabrer & ruer : par les moyens’que nous venons d’indiquer, & lurtout en prévenant les arrêts fubits, on corrigera’ en peu de temps le cheval ; &, règle générale, moins on aura recoufç aux mains, mieux on opérera.

Il ne fuiEt pas de faire parcourir le manège à mn cheval, en lui faifant toujours fuivre les murs ; il s’accoutumeroit à une routine fans s’indruire : on voit dans les manèges des chevaux tellement accoutumés à la régularité d’une reprife, qu’ils mènenr leurs cavaliers. Avec un cheval ainfi habitué, le cavalier feroit peut être dans le cas de manœuvrer des mains, & de faire connottre les rênes à fon cheval ; d’ailleurs, l’animal en fe mouvant toujours dans la même direftion fe roidiroit, & notre objet eft de raifoupltt ; pour cela, il faut que le cavalier change fouvent de main de droite à gauthe, & dé gauche à droite, & double quelquefois du D au D, en obfervant de faire parcourir au cheval cette ligne D D, comme il parcourt la ligne 1, 2, c’eft-à-âire, le tenir droit & les hanches bien visà-vis des épaules, le tout contenu également par les deux jambes & l’égalité dans les rênes. Parvenu à l’extrémité D, tourner de la même manière que dans les coins, de façon que les hanches pilent bien par où les épaules ont paffé, & fans fe jerrer €fi dehors, ni décrire un cercle phis grand. Il faut en trônant ainfi de jeunes chevaux, commencer fes changements de main indifféremment aux deux extrémités du manège, afin d’éviter qu’ils faiTent rien par habitude.

Quand le cheval fe décidera franchement furies Egnes droites, & obéirs^ aux mains & aux jambes M. A N,

iu cavalier, * c*e<l une preuve’q « *ii aura déjà acqufii une cértairie foupflefle ; pour lors la leçon du cérclo lui fera àvantageufé, ihais donnée avec modération ; ’J.

Dà mouvement iifculaîre »

Ceft avec raifon,.que touts les hommes de che^ val & tolus les écuyers ont fait grand cas de la le* çon du cercle ; elle eft très-propre à aiTouplir le cheval, lorfqu— elle efl’dotmée par un habile mairre J mais toutes les éçole^.en ont abufé, -en faifant commencer leurs écoliers & leurs cKévatix neufs par les cercles : cette méthode eft un obftacle aux prv grès des —premier », & la ruine des feconds-Quand j’aurai expliqué la jufteffe nécefîaire de la leçon du tefcîe » fa difficulté démontrera le ridicule de s’en fervir pour début.

Ne perdons poibt de vufe que Tob^t que nous devons continuellement cherche^ à atteindre, & le fcul de Tart de l’équitation, eft de mettre l’homme & le cheval d*à-plomb, & de les y maintenir le plus longtemps poffible. Le mouvement reâiligne eft celui dans lequel l’aplomb eft le moins difficile à prendre, & le plus aifé à conferver, tant pour Thomme que pour le cheval, puifque fes quatre colonnes le trouvent à leur place naturelle » vis àvis lesunes des autres, & n’ont qu’un mouvement fimple à opérer ; le cavalier n’a donc d’autre attention à avoir que d’empêcher la variation de l’avant’main, ou de l’arrière— main, & de contenir le centre de gravité dans la jiifte balance de fes jambes ; fi le cheval en fort un inftant, le cavalier en eft aveni promptemènt pa ; l’irrégularité des mouvements, « il n’en eft foint qui n’aient aflfe de taél pour s’en appercevoir ; il n’en eft pas de même du mouvement circulaire, * dans lequel le chéva) ; pour être d*à-plomb, doit être pire, & fon corps prendre la direâion d’un arc de cercle, c’eft-à-^ dire, que touts les points de fon côté de dedans » foient également éloignés du centre ; or, dans cette pofture circulaire, le cavalier ne peut fe placer avec la même facilité ; il faut néceffairement qu’il mette Ton cqrps dans la direâion de celui du cheval » c’eft-à-dire, que fi le cheval marche à droite, il faut que la partie gauche du cavalier foir plus en avant que la droite, afin que (es deux hanches fe trouvent dans la direâion d’un rayon du cercle. Cette pofture, quoique plus difficile que la droite, femaintiendroit aifément, fi le cheval ne remuoit pas, mais, fiiôt qu’il chemine fur le cercle, les deux corps font aifTujcttis aux foi ces centrales^ en raifon de leur vhcfle ; le corps de Vhomme par la force centrifuge tend fans ceffe à s’écarter du centre, comme nne pierre dans une fronde ; voilà pourquoi touts les écoliers roulent en dehors, & malgré l’évidence de l’effet des forces centrifuges, qui rendent à fetter le cavalier en dehors, il eft d^s maîtres qui donnent pour principe de faire affeoir le cavalier, ilon au milieu de la felle comme je l’ai indiqué, dans touts les cas poffibles, mûn M A N ^l veuknt au contraire que Taffiette Toit beaucoup frlus en dehors qu*en dedans : heureufement l’écoier, dans rinapoffibilité de prendre cette f ofition > ne fait nul cas du précepte, & conferve la pofition que la nature lui indique. Pour réfifter à cette force qui les y jette, ils fe roidiifent s’ils n’ont pas déjà acquis un certain degré d*à-plomb & de tenue » qui les mette à Tabri de craindre la chute : il eA évident qu’une telle méthode nuit aux progrès d*un commençant, qui ne s’occupe que des moyens de ie racrocher.

S’il ne s agiflfoit que de réfifter à la force centrifuge, & d’empêcher le corps de l’homme de s’éloigner du centre, on y parviendroit en le faifant alfeoir ou pancher en dedans ; mais pour lors le poids de l’homme ne chargeant plus que la partie de dedans, géneroît le mouvement du cheval, & le feroit jiéceiTai rement fortir de fon à-plomb & courir rifque de tomber.

Le feul moyen de confervei : fon à-plomb » dans les mouvemeots ; circultires, eft d’avoir la partie de dehors trés-avaocée, ezaâement dans la direâion d’un rayon du cercle, & de fuivre ie mouvement du cheval 9 de façon que la hanche de dehors chemine centinueJlement & en même-temps que lui ; je m’explique »

Le cavalier voulant promener fon cheval fur les cercles, étant » je fuppofe, k main droite au point D, il doit avec fa rêne droite décacher les épaules du mur » & décidant fon cheval fur la direâion D K, avoir (es deux jambes à ponée de lui fervir h contenir les hanches de fon cheval fur la pifte que les épaules ont fuivie. La jambe de dedans doit fervir d’arc-boutant, 8c empêcher la maffede tomber à droite, & la jambe gauche empêcher les hanches de s’échapper à gauche : les rênes doivem continuellement travailler pour entretenir le cheval fur la ligne circulaire ; car » étant en proie aux deux forces don^ nous avons déjà parlé ; favoir, à la force centrifuge & à la force centripète j dont l’une tend à l’éloigner du centre, fc l’autre à l’y attirer, U cheval obéit avec indécifion & à coup, alternativement à l’une & à l’autre ; il faut donc que les rênes Terveot à le déterminer fur la ligne circulaire, & que 9 conjointement avec elles, les jambes du cavalier Vy contiennent ; cette obligation de fentir davantage la bouche de fon cheval fur les cercles, tft favorable pour apprendre aux chevaux à connoître leurs rênes : nous ferons auffi à cet égard une obfervation, c’eft que les rênes travaillant beaucoup en cercle, leur aâion tend tou-Î’ours à diminuer U vitede de la mafTe, &, pour ’entretenir dans un meuvem< ; nt uniforme, l’avion des jambes du cavalier doit s’augmenter ; je l’ai déjà dit, fans cette componfation des forces aux obftacles, il n’y auroit point duniformité : autre raîfon pour laquelle ks aides doivent s’augment’er fur les cercles, c’cft aue tes chevaux étant dans une pofition gênante, ils font plus fujets à (c laiâer aller, & à fortir de Ui^r aplomb > & que le feul & M A N at$

unique moyen « le les relever, & les empêcher de . s’abandonner fur fes épaules, eft de fe fervir des aides des jambes*

Il eft aifé de comprendre que le mouvementcirculaire eft nlus fatigant pour le cheval qtte le mon^ vement rcçKligne ; cela eft caufé par la néoeftité où font les jambes de^hevaucher oontinuellentent hs unes fur les autres : de cette gêne, plus ou moins grande dans chaque individu, réfulte quelquefois des défenfes qui n’ont d’autre fource que le défaut de foupleffe. U eft même peu de chevaux qui répondent parfaitement aux premières leçons circulaires, c’eft pourquoi il faut les y amener peu— à-peu, & fe contenter les premières fois de mêler la leçon rectiligne de quelques tours en cercle, & n’en jamais i^ire plus de deux du trois de fuite à chaque main. ~ Le cheval fe refufe quelquefois au mouvement de la rêne qui veut le déterminer fur le cercle ; plus on ; ouvre la droite, je fuppofe, plus la mafTe tombe à gauche & s’éloigne du centre : ce refus de la part du cheval eft prefque toujours occafionné par la faute de l’homme, ioit parce que fa partie gau «  che eft trop en arriére, foit parce que fa jambe Îpuche eft fans effet, ou que la droite en a trop, oit enfin parce que le cheval eft trop plié* i*. Si le cavalier laifle fa partie gauche en arrière, & qu’il demande à fon cheval de tourner i droite, il qù phyfiquement impoilible qu’il y réponde ; au contraire, fa mafte fe portera de plus en plus à gauche, pour oppofer fes forces à celles de Thomme ; mais fuôt que le cavalier avancera fa partie gauche, les obftacles cefltront & le cheval obéira ; a**, fi le cavalier, au lieu de fe fervir de fes deux jambes, éloigne abfolument la gauche, pour lors, la droite n’étant plus balancée fera trop d’effet, le cheval la fuira, & ne trouvant rien qui le foutienne à gauche, il y laifie tomber fa mafte, & dès lors, fe pliant trop à droite, il y aura impoftîbihté phyfique de tourner : pour parer à cet inconvénient, il faut donc diminuer l’effet de la jambe droite, & faire opérer la gauche, vis-à-vis le centré de gravité, jufqu’à ce qu’elle l’ait jette à droite. Il faut obferver que les chevaux ont ordînaîrele fait droitier ou gaucher ; je n’en chercherai point la raifon, il fuffit.que le fait ex ? fle, & communément les chevaux fe plient plus difficilement à droite qu’à gauche. Le cavalier doit donc s’attendre à avoir plus de difficultés à vaincre à une main « u’à l’autre ; mais il ne doit pas pour cela borncr’fes leçons à toujours travailler à la main la moins foaple, car il retarderoit les progrès, en croyant les accélérer ; il faut alors, en marchant à gauche, affouplir la main droite, & toujours rapporter fes a<ftioas à fon objet principal. Je fuppofe un cheval fe plaçant avec aifance à’main gauche, & difficilement à main droite ; lorfque le cavalier marchera à gauche, il ne doit prefque point y placer fon che- H4 M AN Ta ! , mais au contraire faire travailler fa jambe droite trés-prés du centre de gravité, a-fin de le, îetter à gauche , & rorfau’il marche à droite , ouvrir beaucoup la rêne droite , en ayant la jambe droite très-en avant , pour empêcher la maiTe de tomber, & lui apprendre à fe redreffer par la rêne ^tfuche, qui doit travailler conjoiotemenl avec la jaofbe oppofée.

Les progrès de ces leçons deviendront fenfibles, & , après les avoir pratiquées quelques jours , le cheval travaillera avec beaucoup plus de libené, de fouplefle & de grâce » fur les lignes droites. C’eft alors qu’il cherchera de lui-même à partir au galop , & qu’en le tenant droit , on peut lui en permettre quelaues temps , fans chercher à le raccourcir par l’opération de main , mais feulement à l’appaifer en fe relâchant » & en ayant des jambes très-moëlleufes.

Si le cheval , en fe prèfentant au galop, part faux, il faut que le cavalier le remette (ur-le-champ an trot , & le fafle recommencer , en obfervant de fe fervir de fes deux jambes & de la rêne de dehors , pour contenir les épaules parfaitement redreflèes , fans quoi il feroit toujours la même faute. Il eft un inftant à prendre pour faire partir un cheval juAe ; ce n*eit que le liant & Image oui donnent ce taâ ; cet inftant eft f i droite J celui où la jambe gauche de devant & la jambe droite de derrière font en Tair, ficvont.pofer à terre :. fi le cavalier rend alors & augmente fes aides , le die val partira néceflairement fur le pied droit. Il faut éviter touts les moyens auxquels Tignorance a recours , & qu*on pratique dans certaines écoles pour faire partir les chevaux , tels que de les mettre de travers» & fur-toutde les enlever d’un temps d*arrêt , ce qui eft contraire à toute efpéce de raifon : je permettrai tout au plus de profiter din coin , ou aun tournant quelconque , « même on c’en doit faire ufage que pour des chevaux très-dif &ciles au partir , ql s’éloigner le moins poffible des moyens Amples & naturels.

Le cavalier, dans le partir au galop , doit avoir Ja plus grande attention a ce que ion corps ne foit Î^oint furpris & laifti en arrière , dans l’inftant oii e cheval s’éjchappe par un mouvement très-prompt, & par lequel les écoliers font fujets à être dérangés. Le mouvement du galop eft très - différent de celui du trot , & étant nne répétition de fauts » le 4levant & le derrière du cheval font alternativement enlevés , félon lenr plus ou moins de vigueur f leur plus ou moins de ibupleftç , ou leur plus ou moins de qualités ; il faut néceftairement que Ip corps de l*homme fuive ces différems mouvements, & que foB corps change à chaque inftant λar rapport à ion cheval , & jamais par rapport ï, ’horifon : ce corps ne peut refter d^aplomb qc perpendiculaire à rhorifon , que par un grand moelleux dans la charnière des reins , qui forme la fectîon de la première partie mobile , avec la partie immobile. Le pU des genoux dpit être très-lâché, M A N

afin que les jambes ne foient point enlevées,& poi«  tées en avant en même temps que le devant du cheval , ce qui arriveroit fi elles ne formoient qu’une feule pièce avec les genoux ; au lieu que cette ièâion étant très-moëlicufe , la ligne verti* cale des jambes refte perpendiculaire à Thorifon^ près du centre de gravité du cheval , fc par conféquent à portée d’accompagner & foi^énir fa mafie.

Le cheval ayant fait un tour ou deux de manège au galop , à une main , on l’en fera changer , ana de lui en laifter faire autant à l’autre. On peut voir par ce terme de Uiffer faire , que je veux qu’on en* tende en eénéral que les jeunes chevaux fe prèfen^^ tent au galop avant de les exercer à cette allure, à moins qu’étant afluré de leurs forces , on ne leur reconnoifie nn caraâère parefieux.

Le changement de main fe fera comme au tVot «  en obfervant d’y fentir un peu plus la rêne de dehors que celle de dedans , afin d’éviter que le che^ val , qui ne fe trou ire plus contenu par le mur , ue change de pied.

Le cheval , jufqu’à rextrémité de la Ikne G G ; fe trouve toujours marcher à droite , & doit par conféquent arriver au point G fur le pied droit ; mais avant aâuellement à parcourir la ligne GC il eft clair qu’il va marcher à gauche, & galoperoit^ faux s’il ne changeoit de pied dans l’inftant de fon paiTage de droite à gauche ; quel eft cet inftant de paftage ? Ceft le demi à gauche qu’opère le cheval pour pafler de la ligne G G fur la liene G C ; ce demi à-gauche eft donc le moment qifil faut pren«  dre Dour lui faire changer de pied. Il faut que dans rinftant qui précède la dernière foulée du pied droit de devant , le cavalier marque un temps d’arrêt , en fenunt un peu plus la rêne droite que la fauche ; par ce moyen il contiendra la partie droite du cheval » il fermera en même temps Ces jambes , & la droite plus que la gauche , parce qu’il s’agit de jetter la maftç furie pied gauche ; le cheval s’y trpuvera forcé , & reprendra immanquablement. Il çft obligé, par fa conftruâion, de partir fur le pied droit , U la mafle eft bnxfquement jettée à droite, & de partir fur le pied gauchç, ûh maflTe eft brufquement fettée à gauche.

S’il arrive qu’au lieu de reprendre net , le che«  val s’arrête au trot, c’eft une preuve que les mains du cavalier auront fait trop d effet , 6l les aides pas aiïez. Il faudra donc fermer la jambe droite jufqu’â l’éperon , & l’appuyer même vi^oureufement , (î le cheval balançoit : ayant été châtié ainfi une fois ou deux , il reprendra après au moindre avertlffet ment du cavalier/

Il eft des chevaux qui , en arrivant au bout du changement de main , fuient tellement la jambe droite du cavalier , qu’ils fe jettent à gauche ^ s’éloignent du mur, fans changer de pied : il faut , fur de tels chevaux , que les deux mains fe portent au mur, afin d y diriger les épaules , & que la jambe gauche ferve de foutien à la mafte , fans Digiti’zed by

M A ^f néanmoins détruire PefFet d& la jambe droite. D’autres chevaux fe fouvenant de la place où ils ont été châtiés, cherchent à éviter la punition, fe liâtent de reprendre avant d*y arriver, & forcent la’.main de leur cavalier ; il faut les corriger par le contraire, c’eft-à-dire > les appaifer, & les laifTer plutèt arrêter au trot que de foudfrir qu*iis s’emportent.. *

Quoique ces différentes opérations foient aflez fimples & aifées à concevoir, il eft néceffaire qu’un mahre les démontre par la pratique i fon écolier ; & il eft indifpenfable, avant que celui-ci puiffe les mettre en ufage, qu*il ait acquis un certain taâ, qui lui enfeigne Te moment des foulées qu’il doit faifir pour opérer avec jufteffe*

Des qualités des chevaux »

La fiicceffion des leçons que je viens de tracer, eft la feule méthode qui foit conforme à l’art, & dont on puiffe attendre de véritables fuccès. Ceft celle qaon doit généralement fuivre pour toute forte de chevaux de monture, à quelqu’ufage qu’ils foient deftinés, & de ces premières leçons, dé* pendent la fageffe & quelquefois la force de ranimai pour fa vie ; mais parvenu au point où je viens de le laiffer, dans la dernière leçon, le cheval n eft encore que ce que nous appelons vulgairement dé^ bourré, C*eft en ce moment que Téciiyer peut porter ua jugement certain fur fes difpofitions, fes forces & les qualités, & qu’il peut décider le genre de (ervice auquel il eft propre, pour lui continuer une éducation relative.

Le cheval de manège, ou cheval de parade, le cheval de guerre, le cheval dechaffe, le cheval de courfe, doivent tous être fains, fouplcs & forrs, mais différents, par les qualités particulières au fervice qu’on exige : je ne m’étendrai point fur la totalité des connoiffances qui doivent fervir à diffé-Tencier ces chevaux, il faudroit faire un thaité des races & des haras. Je n’ai à parler que de l’équitation ; ce ne fera donc que fous ce point de vue que je les envifagerai.

Le cheval deftiné au manège ou à la parade doit avoir les airs relevés ; c’eft-à-dire, une aâîon dans les mouvements de fes jambes « qui rende fes allures trides, cadencées & brillantes ; il doit avoir du feu : fans ces qualités ^ il eft commun & fans diftinâion.

Le cheval de guerre ou d’efcadron doit être plus froid, avoir les allures moins relevées, mais franches & étendues, & être d’une taille & d ui^e force qui lui permettent de réfifler aux longues fatigues ; trop de légèreté & de fineffe font des défauts pour lui.

Le cheval de chaffe doit réunir la légèreté à la violeur ; fa taille ef) de huit à dix pouces ; il faut qu’il ait le rein coun, des difpofitions à fauter, & de rhaleific pour fournir de longues courfes ; lardenr eft un grand défaut dans ces chevaux. Le cheval de courfe enfin doit différer de touts M A N 2IÇ

ceux dont nous venons de parler, par une conftruâion fvche, élancée & particulière, que nous définiffons vulgairement en drfant qu’un cheval a de la race. Les allures de ces chevaux ne font nullement relevé[es, mais au contraire fort rafantes ; ils font & doivent être peu chargés de chairs • d’une encolure mince ; ils n’ont d’apparence qu’aux yeux des vrais connoiffeurs ; mais quelles règles ^ quels principes donner fur la connoifiance de la bonté & des différentes qualités des chevaux ? La théorie feroit bien fautive, fi elle n’étoit fécondée d’une pratique d’équitation, qui donne, par le fentiment, le taâ le plus fur ; puifque les yeux ne peuvent juger que lextérieur, tandis que l’adîette de l’homme de cheval juge de la force & de 1 elaf* ticifé des refforts. Ceft ce que lexpérience prouve touts les jours. Nous avons beaucoup de gens qui connoiffent bien les proportions du beau cheval & les tares auxquelles il eft fujet : il y en a beaucoup plus qui y prétendent, mais très-peu qui jugent lainement de la bonté d’un cheval. Qui n’a pas vu d’excellents chevaux avec des jarrets gras & étroits, & des roffes avec des jarrets larges JSc fecs ? Ici la théorie eft en défaut, & ce n’cft pas en cette feule occafioo que ces anatomiftes de jarrets fe trompent. Concluons de-là que la théorie & la pratique de l’équitation font deux connoiffances également indifpenfablef pour procéder à un-bon choix. Se furtout pour porter un jugement fain fur les qualités & la bonté d’un cheval. Cçft ce dont on le convaincra de plus en plus en s’initiam dans notre art. De r embouchure & de fes effets.

On appelle embouchure, toute machine paffant dans la bouche du cheval » à l’effet de le mener & l’avertir des volontés du cavalier. J^ Si je ne confidérois l’embouchure des chevaux que relativement à l’équitation, à peine ce chapitre trouveroit-il place ici, puifque la plus légère attention fufHt pour donner au cheval un mors qui lui convienne ; c’eft ainfi du moins que Thomme de cheval envifage cette partie ; il ne regarde la bride que comme un moyen fecondaire ; il rapproche. les di^érences qu’on a multipliées à l’infini furies formes & proportions des mors. Ceft l’ignorance des ccuyers qui a fait de l’éperonnerie un art de charlatanifme : tout le monde veut monter, maitrifer & dreffer des chevaux, & peu de gens ont fait un fuffifant apprentiffage de ce métier difficile ; qon— feulement on n’eft pas de bonne foi fur fes ta «  lens, mais encore on fe trompe foi-même, on s’adreffe à un éperonnicr pour trouver les moyens de mener un cheval, qu une mauvaife aflîette & une mauvaife main ont mis de travers & ont fait défendre ; on encourage l’artifte mercenaire, on lui pcrfuade aifément que fon art eft un art effentiel 8c profond, il faut bien que celui ci à fon tour prenne un air fcientifique ; il paffe les doîets dans la bouche du cheval, palpe les lèvres, les barres, la langue ; le voilà magicien, il parle beaucoup, z, 5 M AN vous dît des mot » que vous n entendez pat, «  qu’il ne comprend ccnainement pas lui-même ; n’importe, il ajufte un mors ; il tous répond de foB effet, & tous vous retirez content ; le cheval, intimidé & étonné de la nouvelle inachine qu’on lui a mis dans la bouche, paroît en effet plus obeif£int, mais cette vidoire n’eft pas longue ; comme U cavalier n’a rien acquis, les Éwtes du cheval reviennent bientôt par les mêmes caufes que cilevant ; ona recours à on autre éperonm », qui vous trompe encore, & vit a vos dépens ; & comment ceU n’arriveroit-il pas ? lorfque touts aos livres, touts nos traités de cavalerie font des raifonnements à perte de vue fur la configuration & les proportions des difièrentes parties de la bouche &du mors. A dieu neplaife que, fèdu.t par ce langage, je copie les auteurs contemporains contH me ils ont copiée leurs devanciers, ii on a bien lu mon livre jufqu’ici, on ne me faura certainement Ts mauvaii ^ de paffer légèremem fur un article qui, i’efpire, paroitrade fort peu d importance à ceux qui lîi’aurontbien compris dans ma manière de mener les chevaux.

Mais fi ce n’eft pas relativement à léquitation, à l’écuyer, ni au manège que j’ai à parler des emboucliures, je dois ici donner mes foins pour préferver la cavalerie de l’ufage dangereux qu elle en feit quelquefois, aînfi que les chaffeurs eSclesamaeurs ^de chevaux. J’ai recommandé ailleurs de ne fe fervir que de (impies canons a tranches droites, tevaisendonnerlaraifon : ce n’eft jamais par la force qu’il faut prétendre ma tnfer les chevaux, fes eff « s font infuffifams, s’ils ftjnWent réuffir iSSÏu Sauf ¥q « e V « —^^^^^^

devienne légèrement douloureux fi le cheval ne fécoutoit pas ; toute embouchure produifant cet « effet eft fuffifamment forte.., , t. j u nature n’a point différencié les bouches d « s chevaux amant qu’on a cru le remarquer, & qu on a voulu le faire croire : touts les poulains quelconques font obéiffans au bridon ; ceft avec cet ajuP tement que l’homme de çhe>^l les accoutume au joug, è avec un plus fort & f/ / ? « f » ? « » "5 prelon plus douloureuf., il défefpereroit lamroal. Si le bridon eft oWigé de travaiUer davamage ■fur l’un que fur l’autre, ce n’eft pas quun tel chefû y foit moins fenfible, qu’il fente moins 1 effet dé la main de fon cavalier, mais c’eû que plus ardent moins foople, plus foible dans fon derrière, l’attitude gênée qu’on liii donne Iç contrarie trop, & il cherche à la fuir ; ce n’eft donc pas la preffion fur les lèvres ni far les barres qu’U fout augmenter, mais il faut appalfer le cheval, l’affoupUr, & dans le dernier cas fur-toat, Téduire prefqu a rien l’effet des mains. Ceci fera affez clair pour ceux qui ont tu beaucoup de chevaux, parce qu’ils ont rencontré fouvcoî des homme* uès— vigoureux, M A N

employant toute la focce dont ils étoîent capables ; emportés par des chevaux qu’un homme plus habile cp’eux menoît avec la plus grande facilité, en ne fe fertrant que d*un feul bridon. Dans ce métier* ci la théorie ne fuâit pas, je Tai déjà dit, & il eft néceflaire de le rq>éter, il faut pratiquer & beaucoup voir ; j’engage donc mon leâeiur à fe tranf* porter fouveiu fur ces terreins on on poufle les chevaux à des courfes rapides, oii des efcadrons font des flmulacres de charges qui reffembknt A fouvent à des fimulacres de fuite, par le défordre gui y règne ; c’eA-là où il verra les hommes les phis tortS" emportés par les plus petits chevaux, dont ils mettent pourtant la bouche en fang ; affurémenc on ne peut pas douter que le mors ne faffe affez d*effet y & pourtant il ne fuffit pas. Eft-ce à 1 éperoniiier à remédier à cet inconvénient ? non fans doute:tant que votre cavalerie ne fera pas plus inflruite » des cabeflans ne fuâiroieni pas pour rendre les cavaliers maîtres de leurs chevaux, & donaer de lenfemble aux efcadrons. Que Ton s’occupe donc beaucoup moins de tomes ces infpeâions de bouche, & de toutes ces divifions entre bouches trop fenfîbles,. bouches ardentes, bouches fortes, bouches qui évitent la fujétion du mors » barré fourde, barre tranchante » barre ronde, barbe griffe, barbe maigre, &c. &c. &c., qu’on fe borne à donner à toutes ces bouches, à toutes ces barres & à toutes ces barbes, Tembouchure la plus 1 douce, un fimple canon entier, aju(léà la propor* tion de la bouche, c’eft-à dire, qui ne foit ni tcop large ni trop étroit » & dont l’angle, formé par les deux canons, donne affez de liberté à Ja langue, que le canon pone fur les barres à un pouce aih> deffus des crochets. La brifure du mors ne fert point à l’adoucir, car elle doit ^tre fans mouvement, fi elle en avoir, on fent aifémênt que le* fonceau fe dérangeant de deffous la barre » fon effet feroit fans juftefle. Si les lèvres font rentrantes & couvrent les barres » que les fonceaux foient plus droits, avec liberté de langue, afin de ne pas faire renrrer la lèvre. Ces deux points de contaâ du mors étant bien pris, la manière dont le cheval porte la tète & Tcncolure doit décider de Tefoèce des branches. Ceft en les allongeant ou en les raccourciffant, qu’on peut augmenter ou diminuer la force du mors & fon effet. La branche fuit abfolument ea cela la propriété des|bras dé leviers. Je ne ferai point ici des démonûrations qui demandent des notions de méchanique, que tout le monde peut avoir ou fe procurer aifémênt, voye^ Aides &/Sjfr’i8; mais quoique)e reconnoiffe les différents effets des branches relatifs à leur forme, Je me garderai de conclure, comme prefque touis les auteurs, que la â^ure & les proportions du corps du cheval & de fcs jambes doivent en déterminer le choix : autre charlaranerie préconifée par rignorancc. La pofition naturelle de la tête & de Tencolure du cheval doivent être les feules règles à cet égard, i**. On augmentera la force du mors & on

, ■ M A N è’if fam&nera la tête du cheval en allongeant les branches, celles-là conviennent donc davantage au cheval qui porte an vent.

2**. On relèvera la’tête & Tencolure du cheval qui auroit de la difpofition à s*encapuchonner, en ayant des branches plus courtes, & en faifant opérer la main dans une dlreâion moins perpendiculaire au bras de levier.

On voit que ce principe de conftruâîon de mors a la même bafe que celui qui détermine la direction du travail de la main du cavalier, comme je Paî déjà fait voir. Si le mors n*étoit point ûxè fur la barre, fon effet feroit nul. L’œil du banquet fert ù Tempêcher de defcendre » & la gourmette l’empêche de tourner & faire la bafcule. Les gourmet* tes à la françoife, compofées de gros chaînons bien proportionnés & bien polis, font généralement celles du meilleur ufage, en ce qu*ellcs font moins inciiives, & font un effet plus égal dans .touts les points de contaâ. La gourmette doit être l’errée.à une ligne de la fenfibilité, c’eft-à-dire, qu’elle ne doit être abfolument fans effet que quand la main du cavalier n’en fait aucun : tout Part de 4’éperonnier confifte donc à être bon forgeron & à plai : er les gourmettes avec jufieffe pour eoMcher la baifcule.

Prés du fommet de l’angle des canons, ou fur la —Gbertè de la langue » je voudrois qu’on plaçât quelcrues anneaux mobiles, qui font dans la bouche du cneval l’effet d’un infirument connu /ous le nom de madigadour. Les hongrois fe fervent de cette méthode pour faire goûter le mors à leurs chevaux ; je l’ai effayé fur les miens, & je m’en fuis très-bien trouvé.

Les premiers jours qu’on met une bride au cheval, il eft très-à— propos de lui laiffer dans la hou— ■ che un grand bridon au lieu d’un filet, afin de ne i fe fervir de la bride que lorfque le cheval fera ha— I bitué à l’embarras qu’elle lui caufe ; le temps qu’on perd en employant cette précaution, eft bien regagné oar l’affurance-où on eftde ne point trouver de réfmance de la part dé l’animal, lorfqu’on abandonnera les rênes du bridon pour prendre celles de ht bride, & on commencera toujours par s’en fervir fur les lignes droites ; pour donner au cheval la connoiilance des rênes de la bride, on pourra les employer féjMfément, faifant attention dans le$ commencements de joindre l’avertiffement de la rêne droite du bridon k l’effet de la rêne droite delà bride, car c’ef)f un principe général, dans rinflruftion des chevaux, de fe fervir toujours d’une aide, ou d’un moyen déjà connu, pour donner la connoiffance de celui qui eft ignoré. J’obferveraî encore que, lorfqu’on a pour objet d’arrêter ou diminuer le train de l’animal, il faut eue l’effet de la main gauche fe faffe également lentir fur les deux barres. Le cavalier qui aura une pofition jufte, le bras gauche moelleux & la main feniîble, formera une bouche fenfible à fon cheval, parce qu’il n’abufera pas de la preffipn conti• E^iuitation, Efcrime fi » Dânfe.

M A N

nuelWuihorsfur Ubarre, preffion qullarendrofe lourde & calleufe. ^

L’expérience la plus fuîvie fait voir oue l’homme de cheval donne & entretient la fineffe des aides dans raaimalleJ>lusgroffier, tandis que l’ignorant détruit la fenfibilité du cheval le plus diflineué L’art nous rend donc maître de ces différences & l’homme inftruit, qui eft chargé d’un travail, peur le ^ conduire d une manière relative au fervice qu’on exige des chevaux.

Je ne parlerai ni des bridons à l’italienne, ni des mors à la turque, & de toutes les machines in— " ventées pour foumettre les chevaux à l’obéiffance bien convaincu que ces reffources font abfolument inutiles, lorfqu’on a réuni la théorie & la pratique de notre art. « ^ i

Du Pas de côtL

Un cheval ne feroit ni fuffifamœent affoupli ni fuffifamment obéiffant, s’il n’étoii fufceptible que des mouvements direfts & circulaires pour pouvoir le redreffer, changer la direâion de fa raarche, le gouverner avec facilité, & le mettre à même de fuivre touts les mouvements de l’efcadron ; il faut encore qu’il puiffe faire des pas de côté, c’efl-à-dire, faire chevaucher fes [ambes lune fur l’autre. En effet, foit dans l’alignement des rangs, foit dans Tobfervation des chefs de file, foit dans les converfions, les chevaux font fouvent obligés d’appuyer foit à droite, foit à gauche, nos efcadrons même opèrent ces mouvemens en maffe, & l’ordonnance nous les indique par les commandemens de main à droite ou main âgau* che:c’eft donc mal-à-propos que des préjugés contre rinftruflion du manège ont révoqué cette leçon de Tinfiruâion de la cavalerie ; je la juge néceffaire & indifpenfable, mais je vais l’expoftr d’une manière plusfimple.en rcjeitant les termes fcientifiques de nos anciens auteurs, confervés par nos écuyers modernes. Main à drêite ou main à gaw che(erz la feule exprefEon delà marche oblique quoique fa direftioa puiffe être variée autant qu’il y a de degrés dans le quart de la circonférence mais ces direôions fe trouvent déterminées par les points de vue ou d’alignement qu’on indique toujours. Les chevaux doivent encore connoître des cas décote circulaires, exprimés en termes de manège, par voltes rcnvcrféts ou hanches en dehorsi C’eft Fexpreffion du mouvement des files de fécond rang dans les converfions. Je nommerai donc ces pas de côté, mouvements de con verfion; commençons par les pas de côté en ligne droite. On n’exercera les jeunes chevaux au pas de côté que lorfqu’ils auront été primitivement aflfouplis fur les trois allures direfles du pas, du trot & du galop, & lorfqu’ils feront obéiffants aux aides àQ% rênes & des jambes. Le maître jugeant un cheval à ce point d’inftruflion, choifira le moment où lé cavalier arrivera dans l’un des coins du manège au point A, par exemple, pour lui commander maié à droite,’Le cavalier lalffant entamer la nouvelle Ee

2, 8 M A N direâion. A fi par les épaales de foti cheval » for*^ mera un temps d’anét avec fes deux rênes, & fermera fa jambe gauche pour porter la mafle à droite : ùl jambe droite n*aura d’autre effet, que de fe fer* mer légèrement pour empêcher le cheval de reculer, il continuera à porter la main gauche à droite faifant fentir la rêne droite au cheval, aflfcz pour lui indiquer la détermination de fa marche fur cette nouvelle ligne, & il fentira un peu plus fortement la rêne gauche,. pour contenir fes épaules, pendant que Taâion fuivie & continuelle de fa jambe gauche, entretiendra le mouvement de la mafle à droite, & contiendra les hanches vis-à-vis des épaules. Le cheval, fuyant la jambe gauche, fera obligé de faire chevaucher les jambes gauches fur les droites. Ici le mur eft d’un grand fecours, en ce qu’il aide le cavalier à contraindre le cheval à Tobéiflance ; cette leçon s’exécute toujours avec d’autant plus de fuccès, que le cheval a pritnitlvement acquis plus de fouplefie. Il en eft pourtant qui s’y dérendent, foit en reculant, foit en fe jettant fur la jambe gauche du cavalier au lieu de la fuir ; alors, il faut augmenter les moyens d’y forcer le cheval ; on lui mettra un caveçon, dont un homme à pied tiendra la longe, près du mur & à la gauche du cheval : Tinftructeur fe placera auiTi à gauche & en arrière du cheval, auquel il montrera la chambrière, & dont il Vaitaquera fortement, s’il refufoit l’obéiflànce à la }ambe gauche du cavalier, & il lui en enyelopperoit la croupe, s’il reculoit : l’effet du caveçon eft d’arrêter les épaules par de légères faccades, fi elles cheminoîent trop viveincnt, ou fi, malgré l’effet de la rêne gauche, elles tournoient à droite. Les petites défenfes des chevaux à cette leçon ne doivent point étonner ; les précautions & les tnoyensqueJeVîens d’indiquer, employés deux ou 3 fols, fufEient pour aflurer l’obéifTance du cheval.

! Le cavalier doit avoir la plus grande attention, à 

ce que fon affiette & fon corps ne reftent point à gauche, tandis que le cheval chemine à droite. Il faut dans cette leçon, comme dans toutes les occa. fions poflibies, que fes feffes foient chargées bien également, & que la ligne de fon corps conferve une pofitîon verticale à l’horifon. Arrivé au coin li, ceux qui tiennent la chambrière & la longe du caveçon doivent pafTer du côté droit, & le cavalier doit, pour reveniir à gauche, employer les moyens contraires à ceux que nous venons d’indiquer, pour cheminer à droite.

Il faut attendre que le cheval foit bien obéîffant à cette leçon, pour lui donner celle des pas de côté fur les cercles, c’eft-à-dire, avant de lui faire faire le mouvement du fécond rang dans les con-verfions.

A moins que le cheval ne fo ? t très-afloupli, très-obéiifant, & celui qui le monte très-inf^ruit & très-familiarifé avec ce genre d’exercice, lorfqu’on voudra fîire exécuter au cheval le mouvement de canverfioB, on lui mettra un caveçon, dont un M A N

homme ï pied tiendra la longe au centre du cercte qu’on voudra décrire : marchant à droite, ]e fuppofe, fur le cercle D, le cavalier fera un temps d*arrêt pour arrêter les épaules, & ouvrira la rêne droite pour les amener fur la direâion d’un rayon du cercle ; il/ermerafa jambe drcHte pour faire cheminer la maffe à gauche, ranger les hanches, & donner au corps du cheval la direâion du rayon. L’aide de la rêne gauci » doit alor^détermîner les épaules à parcourir le cercle D, la jambe drom v continuer à fe fermer, pour faire parcourir an centre de gravité le cercle B « & nécefrairement les hancheis du cheval chemineront fur le cercle A. Oa voit que les mains doivent arrêter & diriger les épaules à entamer le cercle D, & les jambes s’accorder avec leur effet, pour que le centre de gra* vite. & les hanches du cheval parcoureat en même temps les cercles B & A ; la jambe gauche du cavalier eft deftinée à balancer l’effet de la jambe droite, fi le cheval la fuyoit avec trop de précipitatioft, ou qu’il voulût reculer. Celui qui tient la chambrière peut aider à ce mouvement, en fe tenant à droite du cheval pour chaffer les hanches, fi leur mouveilTent étoit trop lent. Il eft affez otdinair ^ue les chevaux fe portent par élan fur le cent^du cercle ; c’eft pourquoi, celui qui tient la longe du caveçon, doit s’oppofer à ce délordre,’en donnant de légères faccades de haut en bas fur le nez du cheval : cela^fert auffi à arrêter les épaules, fi elles avoient trop de tendance à s’abandonner à gauche.

Lorsqu’on aura fait deux tours à droite, on chaa «  géra le cheval de main, en lui faifat^t traverfer le diamètre du cercle, & en employant les moyens inverfes pour le plier à gauche ; les leçons ne doivent jamais être pratiquées qu’au pas r données avec intelligence, elles achèvent d’aflbuplir un cheval, & lui donnent une attention &, une obélffance parfaite, dont on s’apperçoit après la marche , direâe, où le cheval fe place avec la plus grande facilité.

Sitôt qu’on a un certain nombre de chevaux, qui ont eu deux on trois fois cette leçon, il faut les y exercer enfemble fans caveçon » & touts les jours finir ainfi kur travail d’école »

Des Sauteurs.’

En ramenant l’art de l’équiratîon, au feul objet de dreffer les chevaux, peur nous rendre’des fervices vraiment utiles ^ nous éloignerons de nos écoles de cavalerie tout ce qui eft connu aujourd’hui, fous le nom d’airs relevés : nos leçons fe borneront à parcourir différentes lignes, tantôt à droite 9 tantôt à gauche, fur les trois allures, & à faire quelques pas de côté ; nous fimplifierons notre langage, en ne nous fervant que d’expreffions connues & familières dans la cavalerie, & notre travail aura, dès fon commencement, une diftribution fimple & utile.

Nous rejetterons entièrement l’ufage des fautsursj M A N Greffes avec tant de lifques & de peines i cMnme n’érant d’aucune utilité, putTqu* !  ! n’eft pas rare de voir que des écoliers^ quoique très-fermes fiur cette efpèce de chevaux, font défarçonnés par un cheval dont les mouvements font irréguliers. L’homme de cheval n’acquiert de la tenue, que par Thabitude de monter des jeunes chevaux, qui s abandonnent ^ à toutes fortes aécarts & de contre-temps. Ceft au maître à proportionner les difficultés aux forces de fes écoliers, & à les conduire d’une manière pro^ portionnée à leurs progré s.

Des Maîtres & de la Pratique,

La lenteur des progrés » dans touts les arts, doit être plus fouvent imputée à la médiocrité des maîtres, . qu*au manqtie de difpofition des écoliers : rien de fi difficile que de bien montrer ; nul n*eft trop favant pour cet emploi : voilà mon avis, d’a-v près lequel on peut juger combien)e blâme Tufage Sènéral, oii eft la cavalerie, d’abandonner le foin e TinftnifKon à des bas-officiers, qui n’ont ordinairement qu’une groffière routine « font fans apti* tude pour juger les défauts de leurs élèves, & iaos talens pour s’énoncer d’une manière juAe & pré— ^ cife 9 communiquer leurs penfées fur un art » dont on n’eft j^gnais en état d’expofer les principes, fi on ne les pofsède à fond.

La manie des ignorants efi de donner leçon ; ils le fervent des mots qu’ils ont retenus de leurs maidres, & débitent au hafard ces ridicules litanies, que nous entendons pfal^odier dans nos manèges. Quelqu’un difoit au fameux Marcel : Pourquoi a avez-vous nas un prévôt pour commencer vos écoliers ? ce Ceft, répondit le danfeur, que je ne I » fuis pas trop favant pour montrer à faire la révércnce n.

MANIER un cheval. Ceft le faire aller, le mener avec art. Manier un cheval de bonne grâce. Il fe dit auffi des chevaux qui ont de l’école. Ce cher val manie bien à courbettes, à croupades, manie bien terre-à-terre, manie bien à toutes fortes d’airs. Faites manier, travailler votre cheval fur les voltes. Ce cheval manie bien, il paiïégera bien de pas & de trot, & galopera bien des deux pîftes. Manier de ferme-a-ferme fe dit du cheval que le cavalier fait manier fans fortir de fa pbce.

MARTINGALE. Large courroie de cuir, qui est attachée par un bout aux (angles, fous le ventre du cheval, & de l’autre au bout de la muferole, pour empêcher qu’il ne pone au vent & ne batte à la main. U y a des gens qui confondent la martingale avec la platte-longe.

MÊLER un cheval, terme de manège : c'est à l'égard du cavalier, le mener de façon, qu'il ne fache ce qu'on lui demande. Un cheval de tirage est mêlé, lorsqu’il embarrasse ses jambes dans les traits qui l’attachent à la voiture.

MÉZAIR. Le mézair, ou moitié aîr, efl une cfpêce de demi-courbette, dont le mouvement eft moins détaché de terre, plus bas, plus coulé & plus


avtncé que la vraie courbette. Cet air qui n’eft, . pour ainfi dire, qu’un terre-à— terre relevé, s’em «  ploie dans les changements de main de deux piftes » & dans les voltes oc demi-vohes.

MIS. Un cheval biy ou mal mis, terme de manè |e, qui fignifie bien ou mal dreflTè au manège. MOLLIR. Cheval qui mollit, fe dit des chevaux qui bronchent. On dit : ce cheval a la jambe folble, il mollit fouvent, il bronche quand il a ua l>eu travaillé.

MONTER à cheval, (l’art de) L’art de monter ik cheval apprend également à dreffer un cavalier & un cheval. Il infiruit le cavalier de la bonne affiette, de la oofture libre & dégagée » & des moyens d’accorder la main & les talons. Il met suffi, autant qu’il eft poftîble, un cheval en état de porter en beau lieu, de prendre finement les aides, de craindre les châtiments, qui le peu* vent affurer au pas, au trot, au galop, & de le faire manier enfuite à toutes fortes d airs, afin qu’il puifle également fervLr dans les périls de la guerre^ .dans toutes les occaftons où chacun peut en avoir befoin, & quelquefois même dans la pompe des fêtes galantes & des foeâacles publics. Il faut que celui nui vent apprenare à monter i cheval, loic naturellement’dtlpos de fa perfonne. La taille la Π» lus avantageufe eft la moyenne. Les grandes per— ^ bnnes, outre qu’elles font fujettes à le défarçon-. ^ ner, donnent au cheval des aides moins fines, elles ne les donnent pas de fi bonne grâce, qu’un d’une taille médiocre ; & les hommes petits, quoi-Îuoique plus fermes k cheval, lui donnent des aies trop foibles, le cheval ne s’emploie que moU lement fous eux ; il ne fent pas alors avec aflèz de force ce qui doit l’animer.

Celui qui apprend oujqui enfeî^ne à monter à che* val, doit être vêtu le plus à la légère qu’il eft poffible. Quand on fait l’exercfce du manège, on le fait ordinairement le chapeau enfoncé & ferme fur la tète, de peur qu’il ne vienne à tomber, ce qui embrouille le cheval. Pour bien monter à cheval, il faut tenir les rênes de la main gauche, le pouce deffiis, & le petit doigt par-deubus & entre deux pour les féparer. U uut lever le bout des rênes en haut, à bras ouverts, afin de bien ajufter la bride dans la main, enforte qu’elle ne fpit ni trop longue, ni trop courte. La placide la main de la bride eft environ trois doigts audeflus du pommeau de la felle. Celui qui fait bien montera cheval, fe tient plac4 droit dans le fond de la felle, de manière qu il ne touche prefque que le milieu, fans rencontrer larçon de derrière, crainte dëtreaflis, pofture qui a très — mauvaife grâce. Il aura* les coudes libres, un peu éloignés du corps & à égales diftances ; les deux épaules juftes, Teftomac avancé, le poing droit proche du gauche d’environ quatre à cinq doigts. Les jambes du cavalier feront portées de bi’dis. La pointe du pied gauche regardera l’oreille du cheval ; le bout fera âppuyc fermement fur rétrier 9 proche Tépaule » les talons feront « a Eeij

peu en dehors, de crainte de piquer’mal-à-propos le cheval. Ceft ce qui, en termes de manège, s*appelie dérober Us éperons.

Pour fe tenir ferme à cheval, il faut ferrer les genoux de toute fa force ; % il faut s’y tenir ferme toujours, quelque chofe que fafle l’animal qii’rl monte ; fi ce n’eft lorfqu’il manie, parce qu’il eft befoin alors de changera propos les aides, tam de la main que de la houffine. Ceft dans le poing droit qu’on doit tenir la houffine par le bout, 1^ I Î jointe élevée en haut, & un peu penchée vers •oreille gauche du cheval > & tombant de travers fur le cou pour l’en frapper dans le befoin fur l’épaule gauche, mais fans hauffer le coude, ni mettre le poing hors de fa fituation. On obfervera de tenir les ongles de la bride levées en {haut ; & le poing de la bride fera toujours droit. En le tirant un peu du même côté, le cavalier préfentera de •> Yautre la houffine au cheval & auprès de l’œil droit, Jour lui apprendre qu’il doit changer de main, ovr lors il le frappe mr l’épaule droite & au ventre fous la botte, d’un coup ou deux feulement, en fe tenant toujours ferme fur les étriers, pour ne quitter jamais le milieu de la fellc, & ne point perdre la bonne contenance.

Avant que de monter à cheval, le cavalier jettera un coup.d’œil fur la bride, pour voir ii elle eft 1 placée dans la bouche au-deffiis des crochets ; fur a gourmette, pour voir fi elle n’eft point —entortillée, ou trop ferrée, ou trop lâche, fur les fangles 8c fur le refte du harnois, pour voir fi tout eft en bon état. Le cavalier s’approche enfuite de Té-, f aule gauche du cheval, prend les deux rênes de la bride & le pommeau de la felle de la main gaulie, met le pied dans l’étrier ; & s’appuyant de la droite fur l’arçon de derrière, il s’élève avec le plus de légèreté qu’il lui ef^ poffible, & fe place enfin dans la felle. Un cavalier léger & qui fe tient ferme, fatigue moins fon cheval que celui qui fe laifle appefantir deiTus. Pour conlerver la bonne grâce, il eft eflentiel d’obferver de tirer un peu le dos en arrière quand on arrête le cheval, d’éviter alors de pencher la tête près du crin, & l’eftomac près du pommeau de la felle ; & de bien ferrer les cuifles & its genoux quand le cheval marche au pas, au trot ou autrement. Il y a auffi quelques autres obfervations à faire, quand on veut monter des chevaux de grand prix, & def3uels il y a quelque chofe de dangereux à crainre. Il faut d’abord que celui qui amène > le cheval, le tienne droit, que le cavalier prenne également garde & de s’approcher pour monter à cheval droit erf vifière, & d’éviter en même temps le derrière qui n’eft pas moins à craindre. Pour prévenir tout inconvénient, il viendra donc au cheval, du c6té gauche, un peu plus vers le devant que vers le derrière, & vis-à-vis de l’épaule.

MONTOIR. Pierre haute ou autre petite élévation qui fert à monter à cheval, & à donner avantage pour y monter plus facilement deffiis » Homme MON

qui ne faurôit fe meure en felte fans montoîr » fans avantage. Ce morvient originairement d Italie, où les montoirs de pierre font dans les manèges plus en ufage qu’ils ne font en France.

MONTOIR fe dit plus fouvent de l’appui qu’on fait fur rétrier pour monter en felle. Il y a des chevaux doux 9u montoir, faciles au montoir, d’autres rudes au montoir. On appelle, en parlant du cheval, le pied du montoir le pied gauche de devait, 6c le pied hors du montoir, le pied droit de devant.

MONTOIR défigne auffi le côté gauche du cheval, parce que c’efi de ce côté qu’on monte à cheval. Ainfi les pieds & jambes du montoir de devant & de derrière du cheval font les gauches, & ceux hors le montoir font les droites. Affurer un cheval au montoir, c’eft l’accoutumer à être tranquille lorfqu^oti monte deflus. Facile au montoir le dit d*un cheval qui fe laifle monter fajis remuer.

MORS. L’équitation, ou l’art de monter 8c de drcfler les chevaux i eft aujourd’hui une fcience d’obfervation ik de connoifTances, dont la partie la plus délicate eft fans doute la manière d’emboucher les chevaux. Le fens du toucher étant le feul nécefiairc pour les conduire, ii faut avoir une connoiflance parfaite de la conformation des parties de la bouche du cheval, , cet organe fi fin & fi délicat, dont la perfeébon eft même un défaut ; des effets méchaniques du mors, belle & fimple machine qui entretient, pour ainfi dire V un commerce de (en" ttment entre la bouche ék llanimal & la main de fon maître. C eft par le moyen du frein que la main du cavalier interroge le cheval, & qu’ils fe communiquent réciproquement leurs penfées ; fi l’éperon rend les mouvements plus vifs, le mors les rend plus précis, avertit l’animal 6c le détermine j c’eft avec ce levier iju’on le maintient dans la crainte Sc dans la foumii]ion, & qu’on le captive fans l’avilir. Ainfi le mors étant l’inftrument principal dans l’art de l’équitation, j’ai penfé qu’il feroit avaniageux de chercher par la théorie.la loi de l’équilibre qui exifte entre la puifl’ance du cavalier & la réfiftance de l’animal fuivant une direâion quelconque ; abftra6tion faite des effets qui dépendent de phifieurs caufes morales & qui feront toujours indéterminées, telles que celles qui proviennent de la volonté & des partions de l’animal. Ces rapports de forces & d’équilibre entre l’animal & fon maître étant fondés fur les lois de la méchanique, pourront s’appliquer aux autres pofitions refpeâives de ces <leux êtres ; mais il feroit bien néceffaire que ceux qui ont un grand ufage de l’équitation, & qui foîît dévoués par état à 1 enfeignement & à la direâion des manèges, fuftènt aitez géomètres pour faire cette application ; alors ils auroient bientôt détruit en eux ce préjugé, que l’art de conduire & de d relier les chevaux n’exige point d’autres connoiiTances que celles que procure un grand exercice ou une fimple pratique. Si on attache peu de mérite à cet objet, quoiqu’il foit plus efientiel qu^on ne penfe ^ on conviendra da moins que j’aS le premier appliqué les mathématiques à un art qui en paroiflbic p<ni fufceptible » & donné une théorie qui tend à perfeâîonner cet art fi utile, fi important, fi n^’ccffaire à l’agrément, à rutiliié, à la confervation de la vie des hommes, puifqu’on le fait entrer en tous lieux 6i de tous les temps dans le plan d’éducation de la jeune noblefle. PROBLÊME.

Trouver la loiqultxiflc entre laIbOKCH produite par la main du cavalier au moyen des rênes qui agijjint Jur le mors ^fiùvant une dircSlion quelconque pour gouverner un cheval, & l’eFFORT qui en réfulte fur la bouche de cet animal, afin qu*ily ait toujours équilibre entre ces deux puijfances, & en confié’ quence, trouver aujft les efforts qui en réfultent fuivant les direBions horifontales & verticales. • Soit C R I ( >î^. lo ♦ 20), la direâion de la branche du mors ou h-ein fiiivant la longueur CT de la fête de l’animal : on peut regarnir cette bran che C I du mors comme un levier de la féconde efpéce, dont le point d*appuî I eft à la pointe de Tœil, où eA attachée la tétiére de la bride, & le Eoint Roîi fe fiait l’effort produit fur les barres de i bouche du cheval à l’endroit du banquet vis-àvis la boffette où eft fixée Tembouchure du mors R D R qui eft reçue dans la bouche de l’animal, cet effort, dis^je, que fait Tanimal pour réfifier i la main du cavalier ; je le nomme P, parce qu’on peut le repréfenter ()Î2. ao) par un poids attaché au bout d’un fil qui paife fur une poulie L*, & dont l’autre extrémité efi attachée en un point R du banquet fuivant une direâion perpendiculaire i la branche du mors ; G F la direâion de la rêne attachée à Tanneau ou bouton C qui efi à l’autre extrémité de la branche : enfin la puiflTance ou la force qu’emploie le cavalier— pour refiler à l’animal, je la nomme F : on fuppofe la main appliquée en un point quelconque F de la rêne.

I^ Je prends une partie C A fur la direflion de h rêne pour repréfenter la force F de la maki du cavalier, que je déconuofe en deux autres ; Fune K A parallèle à la direâion C I du levier ou de la branche du mors*, & qui eft détruite » & l’autre K C perpendiculaire a la direâion de la même branche I C, que je nomme/, & qui eft la feule quifafle effort fur ce levier pour mre équilibre à la réfiftance que la main du cavalier fait fur la bouche du cheval en un point R, que je regarde comme un fardeau P qu’il faut élever. Je —fuppofe (^fi^. I £* 2) le bras de levier R C = a, qui eft le bas des branches ou latplus grande partie de la branche du mors drouis le bouron jufqu’au banquet : celui R I ir 3 qui eft rêell ou la plus petite partie de la branche depuii le banquet jufqu à la pointe de Tocil ; enfin l’angle F C T que fait la rêne avec la branche du mors que je nomme m ; le rayon ou fin us total étant fuppofé r, on aC A : C K :  : fin. : m : lK : éJ^h

211

  • :  : P :

fondre F = Piejq7j., ^^^_

M O R

F : /=Fx5îli^ ; &IC :

b

/ s= P X r ; comparant ces deux valeurs de h

—7 X

a « . Du point c {fig* 1) je mène deux lignes CV, CH, Tunevenicale & l’autre horifontale, & je dccompofe encore la force C A ou F en deux autres, l’une O A verticale que je. nomme V, & l’autre O C horifontale que je nomme H, & j’appelle n l’angle F C H que fait la direâion de la rêne de la bride avec l’horifon ; on a C A : O A :  : r : fin.ji :  : F : V = Fx~*8cCA : C 0 :  : r : cof. r « 

« :  : F : H= F X — ^ ; mettant pour F fa valeur

trouvée cî-deffus, on aura enfin V = P’^ ^J^JJ ^ fin. « ^ __ —^ b cof » n i » r ^

r— — • & H = p X. V— ; en confequence de la première formule on tire l’analogie fuivante, â "^ b

F : P :  : r : — — x fin. iw, c’eft-à-dîre iV que la force du cavalier eft à la réfiftance de l’animal, comme le finus total eft au quotient fait de la longueur total de la branche du mors divrfée par fa plus petite partie, muhtplié par le finus de 1 angle que fait la direâion de la rêne avec la branche du mors. Enfuite des deux autres formules, on tire la proportion fuivante : V : "H :  : fin. n : fin. m, c’eftà-dire, 2^ aue la force verticale qui tend à élever la tête de 1 animal, eft à la force horifontale qui tend à le faire reculer, comme le finus de l’angle que fait la direâion de la rêne avec l’horifon, eft au finus de l’angle que fait la direâion de là rêne avec la branche du mors.’

  • Voilà la loi générale & purement méchanique

qui extfte entre ces différentes forces ou puiflances ; mais il-faur obferver que le cheval étant fubordonué au cavalier, & celui ci devant faire plus on moins d’eiTorts fuivant les circonftances, pour réfifter à la force d un^animal qui, malgré la connoitTance qu’il a du fentiment de fes forces, doit être confidèré comme fans volonté, « puifque c’eft » une créature qui renonce à fon être pour n’exifn ter que pa^^ la volonté d’un autre, qui fent autant qu’on defire & ne rend qu’autant qu’on ly veut n ; c’eft pourquoi il faut confidérer aufii l’effort P de l’animal comme confiant ou donné par l’expérience, & ht force F de l’homme qui lui fait équilibre comme variable ; en confequence, je fuppofe donc cet effort P de l’animal conftamment d’une livre poids, & enfuite de dix livres, par exemple, pour former les deux tables ci-jointes. Je prends ( /^. 19 6 » ao) pour longueur des deux branches du levier, ou les deux parties delà branche du mors, la partie R C depuis le bouton jufqu’au banquet uu bas de branche, de 3 pouces & demi= : a ; & la partie RI depuis le banque^ jiifqu*à la poîiite de l’œil, de 2 pouces rs& ; ea* forte que la longueur tot^e de la branche efl dans ce cas de 5 pouces & demi » ce qui donne a : h :  : 7 : 4 ; mais il faut fçavoir que Texoérience a appris que fi on augmente ou diminue la longueur a du bas de branche d’une quantité f » il faut alors au contraire diminuer ou augmenter la longueur h de l’œil de la moitié de la même quantité, c^eft*à^dire

? ie fi ori fait G R sssa zÈiq^on aura RI = : ^ iq :

^ ^, ce qui donne cette loi générale pour le bras de levier, CR : RI :  : tf± : j : t-rpiq ; ces deux Ipngueurs moyenne de a pouces & 3 1 pouces des deux parties ^ la branche prifes entre beaucoup d’autres, & ce rapport ^général & confiant entre les deux parties dé la branche du mors, m’em été données par M. Lerminier, éperonnier du roi, oui joint a l’invention de beaucoup d’objets relatif a fon état & au principe raifonné de fon art, la plus grande perfeâion dans la pratique. On remarquera que la bfanche da mors eft toujours un levier de la féconde efpéce t dont le poids P eft placé en R entre le point d’appui I & la puifiànce F, & quelle que foit fa forme angulaire, droitç ou courbe, il produit toujours le même dFet. Si on donne enfuite difierientes valeurs à l’angle f C H =r /i, que hit la difeâion de la râne avec l’horifi >n depuis zéro jufqu’à 90 dejré$, » c’eft-Mire, der puis la utuation horiiontale juiqu’à la pofition Ver. ticale, on aura dans ces deux tables des rapports entre les quatre forces P, F, Y, H, fuivant les trois pofitions ou direâîons diflirentes des branches du mors ou dç la longueur djB la tête du chefval avec une ligne horifontale ; fçavoir celle I C en avant {fig. 21) & dont l’obliquité avec l’hor rifon eft de 4f degrés, ce oui donne pour ce cas, m ss 45* — /2 ; enfiiite ccllç I B {fie. aa) ou le nez à terre & la plus naturelle » dont Pobtiquité avec l’horifon eft de 90^ » ce qui donne m = : • 90® —r— « ; enfin celle ID {fig.iji) en arriére, & don ; la dij^âion avec Thorifon eft « u$ de ^ j* ^ ce M o R

qui donne m S5 1 3 j^ —- « ff.

Les deux pofitions où le nez du cheval eft eii avant ou en arriére incliné de 45^, ont été choifics ainfi, comme étant une direâion moyenne entre toutes les autres que}peut affeâerTanimal. En forfe que c’eft pour plus de généralité qu’on a donné ces trois jpofittons différentes à la tête du cheval ; car la foûtipn droite ou perpendiculaire à l’horifon {fie^ 22) eft la plus ordinaire que donne la nature, Se l’angle n que fait la direâion de la rêne avec Thor rifon eft toujours à-peu-près de 45 degrés.. La fig » %£^ qui maraue huit dinérentes inclinaifons delà rêne avec rhoâfon, eft conforme à la table des rapports.

La loi qui exifte entre les 4 forces P, F, V, H ; repréfentées par les nombres de la table ci* jointe » eft fondée » comme on voit, fur les vrais principes de la ftatique ou de l’équilibre, & purement fliathématiques ; par conféqnentla feule chofe que je me fois permiie dans l’examen de cette queftion, a » été feulement la connoififance de la réuftance de, l’animal,.qi ; (f j’ai foppofée équivalente J^ un^idf donné, qu’on peut toujours connoitre par l’expérience y QC par conféquent fervir de bafe ou d’onità de mçfure comme immédiatement donnée pir 1^ nature. Enfin je me propofe encore par la foite de f » orter mes vues fur d* « utrçs objets intéreflkns de ’équîtation.

liota^ Je dois dire qyie j*at été excité à travailler fur cette matière par M. le Baron de BDhan, meftre^ f^e-camp de cavalerie, par M. le chevalier de Vive • ÏPoy, capitaine de cavalerie, 8(. fur-tout^ par M ; le chevalier d’Auvergne, colonel de cayalerie, commandant Téquitation ^ l’école royale militaire » auteur de plufieurs mémoires excellents, & qui joint aux qualités dignes de ff naiftapce, beaucoup de connoiflânces, même en matière abftraite ; ce$ deux deriiiers font de célèbres ècuyers (de ce^ établifiTement roval ^connus de |0p ; ç la f ranp^ ^ & m^mp che^B ràrangerj^ TABLE DES RAPPORTS. Figure 3. Figure 4. Figure 5. Lorfque ladireAiôn de la Lorfque la direâion de Lorfque la direâion de tête eft verticale, c’eft-àla tête eft oblique à rhorila tête eft oblique à Thoridire. > qu’elle fait un angle fon, en faifant un angle fon, en faifant un angle de 90 degrés avec Thoride 45 degrés. de 45 degrés. fon ou la terre. • Le nez à terre. Le nez en avant. Le nez en amefe. Ang.FC Rèfidan Force Force Force 1 1 H que &it ce de Ta du vertihorifonla rèneavec l’hori nimal. Cavalier. cale. taie. • fon, ou le

nomb. n de degrés P F V H F liv. V H F V H deg. L poids. liv. liV. liv. liv. Hv. liv. liv. Kv. N=o 0, 363

0, 363 0, 514 0, 860 0, 0 0, 04 0, 860 O.ÎM

0, 5 M N=20 0.387 0, 13a 0, 363 0, 294 0, 401 0, 137 0, 376 Nrrrio 0, 420 0, 220 0, 363 1.405 0, 702 I, 216 0.377 0, 206 0, 325 N=40 0, 476 0, 305 0, 363 4, ^7^ 2, 681 3 » 19s 0, 365 0, 234 0, 280 N— 45 0, 514 0, 363 0, 363 00 00 00 0, 363 ^•2.57 0, 257g N=éo 0, 7^5 0, 630 0, 363 -1, 403 -X, 216 •1, 206 0, 371 0, 316 o,.i87l N^90 00 00 s. g. 0, 5 M 0, 514

0. ÏM 0, 514

N=, 3S

0, 514 -0, 363 -o, s’63 •0, 363 0, 363 00 00 00 ç » f— vr ^’ilivres liv. onc. liv. onc. liv. onc liv. onc. liv. onc «  lîv.onc. liv. onc. liv. bnc. liv. onc. N=io lO 3 10

3 10 1 ^

{ ; ï a

5 ^ N=ao lO 3 M I 5 3 10 8 9 2 14 4 i I 6 3 12 N=30 lO 4 3 i ^ 3 10 14 i ^-c’ 12 2 3 12 2 I 3 4 N=40 lO 4 121 3 xo 41 11 26 12 ^K’î 3 10 2 6 2 12 ^n^ lO $ * % 10 3 10 Infini. Infini. Infini. 5 10 2 9 2 9 N=6o lO Infini. ^ 5 3 10 14 i • 12 1 •a i 3 11 3 5 i’14 N=oo

! • 

Infini. Indéter -5 2

5 a 5 * 5 a Infini.

N— lîS lO 5 ** •3 10 -3 10 p ■" -3 10 Infini. Infini. Infini. Par la table ci-deflus, on voit par exemple pour le cas le plus naturel, —ou le ne^ à tcru, qv » fi Tangle n que fait la direâion de la rêne avec Thorifon çfi de 30 degrés, qu*on fnppofe l’eflort P de 10 fivrcs poids, on aura F de 4 livres 3 onces, V de a livres 3 onces, & H de 3 livres 10 onces, ou P : F : V : H :  : 50 : 21 : n : 18, c’efl adiré, que Tefiort de ranimai fur fon mors étant repréfenté par 50, celui du cavalier qui lui fait équilibre le fera par ai i la’force verticale qui tend à élever la tête par 1 1, & celle horifontale qui tend à faire reculer Tanimal par 18. Enfin lorfque l’angle que fait la rénc avec rhorîfon eft de 45 degrés, & que Tobliquité de la tête de ranimai fait auffi un angle demi*droît avec Thorifon, mais e ni}^à terre ^ on aura P : F : V ; H : 1 50 : 18 : 13 : 13. environ ; on trouvera delà même manière d’autres rapports pour d’autres cas comme la table l’indique, & fuivant les différentes valeurs quen donnera à celle d^ b^ n ^m^Sc celle que rexpérîcnce aura donnée pour P. ( M. Dez, profeflcur de mathématiques à l’école royale militaire).

MOUVEMENT. Cheval qui a un beau mouvement. Cette expression désigne particulièrement la liberté du mouvement des jambes de devant, lorfqu’en maniant il les plie bien. On fe fert du même terme p « ur défigner la libené de TaSion de la main en avant, lor(que le cheval trottant par le droit, fe foutient le corps droit & la tête h^tc, ~^ & qu’il plie les jairAes de devant. Où dit auffi un mouvement dur.

N.

NUD. Monter un cheval à nud, c’eft le monter fans felle&. fans étriers, & fans couverture.

O.

ONGLES du poing de la bride, c^ft la différente fituatâon des ongles de la main gauche du cavalier, qui donne au cheval la facilité de faire les changements de main, & de former fon partir & fon arrêt, parce que le mouvement de la bride fuit cette pofnion des ongles. Pour biffer échapper un cheval de k main, il faut tourner les ongles en bas. Pour le changera droite, il faut les tourner .en haut, portaiit la main à droite. Pour le changer à gauche, il les faut tourner en bas & à gauche ; & ^* ^ pour arrêter le cheval, il faut tourner les ongles en haut & lever la main.

OREILLARD. Epithète ot^on donne aux chevaux qui ont la naiflance ou le bas de Toreille trop bas, ou qui Tont trop large, ou qui agitent trop les oreiller, qui les branlent à chaque pas, à chaque temps, à chaque mouvement’qu’ils font.

OREILLE. Les oreilles du cheval doivent être petites, délices & bien placées. Les. chevaux qui les ont trop épaiffes, larges & pendantes s’appellent oreillards. Pour être bien placées elles doivent étte au haut de la tête, peu diftantes Tune de Vautre ; &, lorfqu’un cheval marche, U doit porter les pointes des oreilles en avant i ce qu’on appelle oreille hardie.

OUTRÉ. Cheval pouflîf outré, eft celui qu’on rend fi pouffif à force de travadl, qu’il eft impoflîble de le guérir. On dit auffi cheval outré, cheval à bout, cheval épuifé d’haleine, en parlant d’un cheval dont U fî^tigue a épuifé les forces. Koyei Poussif.

OUTRER. Ceft laffer, fatiguer démffnréraent un cheval. Outrer trop lç$ çhevapx, ç’eft rifquer de les rendre pouffifs.

OUVERT, ou bien ouvert du devant ou du derrière, fe dit d’un cheval dont les jambes de devant ou de derrière foat fuffîfammçnt écartées l’une de Tauirç,


P.

PAYS. Cheval de pays, eft un chôVal provenant de père & de mère du pays même ; on die qu’un cheval n’eft bon qn’à aller par pays, quand il n’a pas grande reffource, mais qu’il marche commo* dément.

PALEFROI. Cheval de parade & de pompe fur lequel les princes & les grands feigneurs faifoient leur entrée. On le dit aum des chevaux fur lefquels les femmes étoient montées. Autrefois on diflin* guott lec chevaux en trois manières. Les deftriers étoient les grands chevaiuc de bataille. Les palefrois étoient des chevaux de pas pour voyager à l’aife. Les Rouffins étoient des. chevaux de fomme pour porterie bagage.

PARTAGER les rènes, c’eft prendre une rêne d’une main & l’autre de l’autre main, & conduire ainfi fon cheval.

PARTIR. Faire partir un cheval, ou le (aire échapper de la main, c’eft le pouffer avec impétuofité. On dit faire partir un cheval de bonne grâce. On dit auffi partez, pour dire pouffez & piquez votre cheval. Un beau partir de la main fe dit de la courfe qu’on fait faire au cheval fur une ligne droite, (ans qu’il s’en écarte ou qu’il fe traverfe. Entre le partir & l’arrêt de ce cheval, il Y a bien 400 pas. Cheval qui a le panir prompt, & l’arrêt jufte. Autrefois que les académies étoiem gouvernées par des écuyers italiens, on faifoit un verbe aâif du mot partir, & on difoit partez ce < ; heval, partet-le droit $ aujourd’hui on lui joint le verbe auxiliaire, & on dit faire partir, ou on fe contente de dire partez de la main, partez droit. Pour faire partir un cheval de bonne grâce, il faut baiffer la bride de trois doigts, en tournant les ongles en bas, & appuyer délicatement les talons, ou feulement le gras des jambes. Partir & échapper font deux verbes fynonymes da^îs le manège.

PAS fe dit de l’allure d’un cheva ! Ja moins vite & la moins élevée, quand il lève en ménie temps fes jambes diamétralement oppofées, une devant & l’autre derrière : ce qui eft le mouvement du trot.^On dit : ce cheval a un beau pas. Achever au pas une demi-voke. Commencer une leçon au pas, & la finir de pas. On dit aufti élégamment comimencer une leçon au pas & la finir au pas. Ces ex* preffioft promener ou mener un cheval de pas, de trot, de galop, ont été introduites parles anciens écuyers italiens, au lieu de dire au pas, au trot, au galop. On les trouve néanmoins fréquçm* ment employées dans des traitas modernes de ma*nège. Quand on apprend à un cheval à changer de main ; que ce foit d’abord au pas, puis au trot ^& enfuite au galop. On dit aum un bon cheval de pas, qui obéit au pas, qui a un pas relevé.’On ap* pelle auili un pas averti, ou un pas écouté, un pas d’école régie a foiitenu. M. de Liibrcuse difoit dans Digitizé^ji’by ’le même fens un pas racoU, dérivé apparemment de Titalien raccol’tQ ; mais ce terme n*a point été adopté par Tufage. Un pas écouté ou d’école ou averti, fe dit iorfque le cavalier promène fon cheval dans la main 6c dans les talons » Un pas raccourci eft lorfque le cheval écoute les talons ; demeure balancé entr’eux « fans fe jetter ni fur Tun, ni fur l’autre : ce qui arrive quand il prend finement les aides de la main & des talons. Un pas & un faut, cA un manège par haut d^un cheval, qui entre deux cabrioles marque une courbette » qui t en cette occafloh, efi appellée un pas. Deux pas & un faut, eft un manège çompofe de deux courbettes terminées par une cabriole. A chaque cabriole, ou après deux cabrioles que le cheval a faites, il lève le devant, & les hanches fuivent s’éparant ou ruant à la 6n de chague faut. On achemine le cheval qui a de la dtfpomion à ce manège par les aides de la xhain, du gras des jambes, du poinçon & du talon, qui doivent être employées a propos pour lui faire lever le devant & le derrière » & lut donner un bon appui.

Du Pas. ( la GuiaiNii^RE) ;

Quoique ]e regarde le trot comme le fondement ie la première liberté qu’on doit donner aux chevaux ; je ne prétends pas pour cela exclure le pas, fui a auilî un mérite particulier. Il y a deux fortes de pas : le pas de Campagne & le pas d’école.

Nous avons donné la définition du pas de cam-S’agne dans le chapitre des mouvements naturels, i nous avons dit que c’eft 1 aâion la moins élevée, ic la plus lente de toutes les allures naturelle^, ce Îui rend cette allure douce 6t commode, parce que ans cette aâion, le cheval, étendant fcs jambes en avant *, & près de terre, il ne fecoue pas le cavalier, comme dans les autres allures, où les mouvements étant relevés & détachés de terre, on eft continuellement^occupé de fa pofture, k moins qu’on n’ait une grande pratique.

Le pas d’école eft différent de celui de campagne, en ce que l’aâion du premier eft plus foiuenue, plus raccourcie & plus raftemblée ; ce qui eft d’un grand fecours pour faire la bouche à un cheval, lui fortifier la mémoire, le rapatrier avec le cavalier^ lui rendre fupportable la douleur & la crainte des leçons’violentes qu’on eft obligé de lui donner pour raâbnpUr, & le confirmer à mefure qu’il avance dans l’obéiftance de la main & des jambes. Voilà les avantages qu’on tire du pas d’école ; ils font fi grands, qu’il n’y a point de cheval, quelque bien drefie qu’il foit, auquel cette leçon ne foit très-profitable.

• Mais comme un jeune cheval au fortir du trot, où il a été étendu & allongé, ne peut pas fitôt être raccourci dans une allure raflemblée, comme celle du pas d’école ; je n’entends pas non plus qu’on le tienne dans cette fujettion, avant qu’il y ait été préparé par les arrêts & les demi-arréts dont nous £quua$i9n, Efcrimt & Dâ/fu PAS zaç

parlerons dans le chapitre fuivanr, Ceft donc au pas lent& peu raccourci, qu’il faut mener un cheval qui commence à favoir trotter, afin de lui donner de l’afiurance & de la mémoire ; mais afin au’il conferve au nas la liberté des épaules, il faut le mener fur de fréquentes lignes droites, en le tournant, tantôt à droite, tantôt à gauche, fur une nouvelle ligne, plus ou moins longue, fuivant qu’il fe retient ou s abandonne. Il ne faut pas tourner tout le corps du cheval fur ces diâérentes lignes droites, mais feulement les épaules, en le faifant marcher en avant, après 1 avoir tourné. Cette manière de tourner les épaules au pas fur de fréquentes ligi^es droites aux deux mains indifléremmenr, fans aucune obfervation de terrein, que celle de tourner & aller droit,’fui vans la volonté du cavalier, eft bien meilleure que celle de mener un cheval fur un cercle ; parce que, fuivant cette méthode, on tient toujours les hanphes fut la ligne des épaules ; & fur la ligne du cercle, le cheval eft couché & hors de la ligne droite. Il faut pourtant revenir au cercle, lOrfque le cheval fe roidit, s’endurcit, ou fe défend à une main : cVfi le feul i^emède, auffi le regardai— je comme un châtiment ; & c’eft poar cela que je confeille de remettre à la longe tout cheval qui fe défend dans les comnencemens qu’on le drefte : cette punition fait plus d’effet, & corrige plus un cheval, que touts les châtiments qu’on pourroit lui faire en libené.

Quoique la leçon de mener un cheval fur dd nouvelles & fréquemes lignes droites foit excellente pour former un cheval à tourner avec faci* » lité, il faut, quand il fera obéiffant à cette leçon, & qu’on en voudra faire un cheval de promenade y le mener fur une longue & feule ligne droite, afin de lui donner un pas étendu & allongé, le tournant feulement de temps en temps, pour lui conferver l’obéiftance de la main, & la fouplefii : des épaules. Mais il faut pour cela le mener en pleine campagne ; le terrein d*un manège eft trop borné. Si on s’apperçoit que le pas foit contraire au naturel d’un cheval parefteux & endormi, parce qu’il ne fera point encore aftez aftbupli, il faudra le remettre au trot vigoureux & hardi, & même le châtier des éperons & de la gaule, jufqu’à ce qu’il prenne un pas fenfible & animée ( La Guériiiière).

Du Pas d’école. (Dupaty).

Ce n’eft point à une allure prompte & étendue qu’on peut commencer à placer le cheval : plus il il va vite, plus il eft liifficile de le maintenir dans fon équilibre. Il falloit donc trouver une démar-che dans laquelle le cheval, étant uni, bien d’accord, placé félon les indications, de la belle nature, pût développer fes membres les uns après les autres, & fléchir diaque articulation félonies defirs du cavalier inftruit & adroit*

Le pas d’école eft un pas plusfoutenu, plus rac-J-f .’,. ! •

ii6 PAS courci & plus cadencé qae le pas naturel du th^ vaL.La main du cavalier doit enlever & placer le devant » tandis que iet ïambes aceélèrem les mouvements d€s hanches ; mais il ne âiuc pas employer de forée ni éâD$ l’aide de h aaiflt ni dans oeUe des jambes.

Le cheval n’exécmc bien le pas d’école, quVn (t foutenant comme de lui-Qiéme & fans aevoir hefoin d’être excité par les efforts de Thomme ; car il eft à craindre » û on travaille trop de la main, que ranimai ne fe retienne & ne fe décide pas ; & fi on agit avec trop de force dans les cuiffes & dans les jambes, alors au lieu de tenir le cheval en équilibre, on le jette furies épaules » ce qui arrive toutes les fois qu’on veut chaffer le cheval avec vigueur. En effet, cette force de cuiffes détruit Tenfemble & le liant qui doit exifler dans Taccord dé rhomme & dû cheval » elle donne aux hanches trop d’aâioa : & comme le cheval n’a pas le temps de (e placer, ni d& garder fon équilibre, il s’atterre, & manie fer les épaules.

11 faut donc, pour bien exécuter ce pas, que le cheval foit d’abord bien placé, & que l’aâBon des jambes de l’homme ne (tonne point à Tanimal un degré de mouvement dans lequel il ne fe foutiendroit pas : il faut de plus que le cheval, fe trouvant i l’aile., cVft-à-dire point trop comprimé, puiffe éffayer de lui-même à fe maintenir bien placé. Toutes les fois qu’on fermera les cuiffes avec n>rce, on doit favoir qu’on ôte au cheval la liberté des snufcles, qui, ie trouvant ferrés par des corps étrangers, né peuvent plus agir qu’après une violente contraâion ; & dans prefqne tputs^ies cas, la force que nous mettons dans la preffion violeme des cuiffes, fait roidir le cheval plutôt qu’elfe ne le détermine.

Pour mener un cheval au pas d’école, on commence par s’affeoir en relâchant les aitffes & les fàmbts, & en les plaçam fans aucune force, mais de manière cp’elles foient prêtes à fe refermer, fi le cheval eft indécis : le cheval, fe fentant relâché » prend lui-même del’aifance & du liant. Alors on enlève la tête ; on place le col avec une main lé5 ère, afin que le cheval foit placé fans trouver

  • obftacle qui Tempèche de marcher, & on Tanime

par un appel de langue ou parla preffion des jambes*. Si en fe portant en avant il ne conferve pas fa tète dans la même élévation, & s*il manie fur les épaules, on l’enlèvera par un taâ de la main, qu’on retâchera afin de ne point Tarrêter : infenfiblement il viendra au point de la tenir placée pendant une reprife entière.

L’adreffe confifte donc-ik maintenir le cheval en. équilibre fans le gêner ; mais auiB fiins lui laiffer vne Mberté dont il pourroit àbufen

On doit éviter avec foin deux fautes qu’on commet ordinairement contre ce principe. La première ^ efl de vouloir affeoir le cheval maigre lui en le retenant trop de là main ; par-là on charge beaticoup fes hai|che> » qui demeurent immo : PAS

biles, n’étant plus excitées k fe porter en avane * ; tt on (ent que t’antOMl, fouffrant dans fon dernèrc, fe découd, perd Tunion de la marche, & fe retient au point de ne vouloir plus avancer. Si pour y renvédier on chafiè beaucoup, le cheval s’encapuchonne au lieu de fe grandir, & ne mec aucune harmonie dans foo pas.

L’autre défaut eft de lui donner trop de liberté lorfqu’il a obéi quelque temps, de manière aull fe déplace abfohiment, alonge le col & perd le bon appui. Il faut conduire la tête & le col au degré d’élévation le plus grand, & y tenir le cheval avec la main légère tant que la leçon dure r car û on le place deux minutes, & qu’enfufte on le laiffe aller » on ne viendra jamais à bout de l’accoutumer à la gène inféparabie des premières leçons. S’il ne peut fupporter l’affurance de la main, ayez-la très* légère ; mais ne fouffrez point que l’équilibre fe perde. La main fur les chevaux foibles du très-bien mis, ne doit fervir qu’à avifer le devamaprès l’avoir placé »

Cette allure eft excellente pour tours les cht^ vaux ^ ils y prennent plaifir : elle convient au che* val de manège comme au coureur. Ce dernier par^ ticulièrement eft plus fouple & plus adroit, fi on a foin de l’arrondir à cet^e allure lorCque l’habitude ; du courre & de la chafie l’ont enroidiSc mis^fur les^ épaules*

Du PAS. (Thiroux)^

Le. cheval, dont la maile repofe fiir quatre jam-^ bes, ne peut former un pa » qu*en le « levant tratifverfalement les unes après les autres, c*eft-à-dire que, préalablement raffemblé, après avoir ékvé de terre une jambe de devajit, il en déiache celle de derrière qui eft oppofèe ; quenfuite il met en jeu Tautre jambe de devant. & finit par l’autre jambe de derrière : de forte que pour entamer un pas » & jufqu’à ce qu’il fou confommé, le cheval, porte alternativement fur trois jambes, qui font une de devant <c deux de derrière » ou une de der-. rière & deux de devant.

On ne croit pouvoir éviter la confufionr qu’occaftonneroit infailliblement la trop fréquente répétition, de fsLmbe droite de devant, janibe gauche de devant, jambe droite de derrière, j^mbe gauche de derrière, qu’en fubftitudmt à cette redite faftidieufe un numéro reprèfentatif de chaque jambe y qui réuniffe l’avantage d’abréger les démoni [lrations • & de les rendre plus claires. En confequence, on prie le leâeur de vouloir k reCfouvenir que dorénavant la jambe droite de devant fera défignèe par le numéro i ; la jambe gauche de devarrt par le numéro a ; la jambe droite de der* rière par le mimero ;  ; & la jambe puche de derrière par ie immero 4. D’où il réfube que la jambe I a pour tranfverfale la jambe 4, 6c pour parallèle î » jambe 3 ; comme la. tranfverfale de la jambe a eft la ïambe 3, quia pour parallèle la jambe 4* PAS Càmmcht on met un cheval au pis »

R^ournons aâueilemcct fur la carrière où nous aÎYons laifi£ le nouvel élève régulièrement affis fur le centre du cheval ; ayant devant lui Tavant-main, aiftfi nommé de ce que cette première divifion précède fa main, 4c derrière loi rarrlère^main ^ qui tire également foo nom de fa pofition relative k « elle de l’homme : connoiflant ett outre le pouvoir defpotique i|n*A peut exercer fur ces deux portions du cheval, (jui fuirent aveuglément Timpuliion qu’elles reçoivent du mors » chaque fois que la preffion calculée des jambes égaies du cavalier les tait cheminer entre les rênes comme au milieu de deux barrières mobiles. Il ne faut pas oubtier que, de fon côté, le cheval, les deux colonnes des vertèbres exaâement rapportées fur le point du milieu, si’afpire qu’après le moment de £ure un pas. Dès au’on fe décide à le lui laiâèr entamer, il faut rendre la taaif, ou, ce qui eft fynonyme en équita* tion, il faut baifier la main de la bride, dont la tenue doublée pour le raffembl « r contient la colonne de devant au centre. Il eft très— important, loriba’on rend la main, d » la faire accon^gner par Pavant-bras, autrement, la main baifiée ieule mollkla rêne gauche ; & hitEt la droite toujours tendue. Le vrai moyen d*éviter un inconvénient « uffi dangereux, c’efl de baifler Tavant-bras, en augmentant le creux du defliis du poignet, afin que la main rendue fe foutienne au niveau du coude, & conferve en même temps fa direâion ptrpenditalaire à 1 arçon de la feile & parallèle à Tencolure du cheval. Diaprés cette méthode, les deux rênes détendues en même raifon lâchent également Tondulation de la colonne de devant, qui met en action Les épaules ain(î que les jambes i & a. Alors, libre d’étendre fon avant-main, la colonne de derrière touîours maintenue au centre, conformément an raffembier, par la prefHon des jambes égales du iCavalier, 1e cheval lève une jambe de devant. Cette. Jambe n’eft pas plutôt remife è terre, tpie le reflux de b colonne de derrière le force d’apporter fous lui la jambe’de derrière oppofée. Enfuite le cheval détache fon autre jambe de devant, & c’efl par le jeu de Tautre jambe de derrière qu*il termine la combinaifon du premier pas. Si nous fuppofons qve^ê cheval entame par la jambe i, il la fait fuivre à l’inflant par la jambe 4, à laauelle fuccéJe iounédiatement la jambe a qm précède feulement la jambe 3 ; après quoi le cheval fe retrouve pofé tel qu’il étoit avant que de s’ébranler. Tant que les jambes égales du cavalier amènent au centre l’ondnlarion rétrc^radée de la colonne de derrière, & tant que la main de la bride permet l’ondulation « Tancée de la colonne de devant, 1e cheval, chaflé en avant, ttt obHgé de marcher. Ainfi, non-feuletnent les jambes de l’homme ont la propriété d’affermir, par l’enveloppe, les trois points d’appui •qne leur nouveauté rend fufceptibles d’être déran^

  • IP^s t mait elles ferrant encore à donner au cheval »

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par preffion, le d^ré d’aâion nécefTaiire pour for^ mer un pas & le réitérer.

Il èft donc évident quel’opéradon avec laquelle on détermine un-cheval à fe porter en avant, à rallure du pas, dépend de trois conditions effen* tielles, La première eatge l’affiette la plus fcrupu** leufe, afin que le centre de l’homme qui, de la poitrine du piéton, defcend au ventre du cavalier, en raifon de la poikion qui remonte, chez ce dernier, de la plante des pieds au haut des cuifTes » reûe ftriâemeni fur celui du cheval. Prefque touts les élèves répondent au reproche qu’on leur fait de laiâer aller leur corps en arrière, lorfque le cheval enume l’aôion en avant, & de fe porter tn avant, foit à l’arrêt du cheval, foit pendant qu’il recule i que ce mouvement efl naturel. Une courte réflexion va leur démontrer que ce mouvement n’efl natu «  rel qu’à rhomme mal affis à cheval.. En eiSet, ceux quiiUivent exaâement le confeil de pefer à la-fois fur les deux points d’appui parallèles du haut des cuifTes, 8l fur celui triangulaire du croupion, ne font jamais dérangés par les diverfes aâdons du cheval, fuibnc-elles irréguliéres comme les fauts de côté, pourvu toutefois que, dans ce dernier cas, Tenveloppe des jambes égales vienne à lent fecours. Mais fans fortir de notre thèfe, le cheval marche-t-il, le croupion rend alors l’office d’une jambe de force qui foutient tout le levier du haut du corps, & s’oppofe au balancement vicieux de cette partiedu cavalier. Si au contraire le cheval arrête brufquement ou recule, les deux appuis des cûiffes fourmffent auffit&t le même fuppon, en forte que le centre du cavalier immobile, maigiîê les variations du cercle fur lequel il efl affis, refle conflamment an • def&s du centre du cheval en mourement. Les avantages qui réfultent de cette double combinaifon des deux centres intimement confervés lun fur l’autre, font de faciliter au cheval Teniever du poids de l’homme, fans que le cavalier fouffre des efforts que ^it le cheval pour l’emmener. De plus, le renverfement du haut du corps, que nécefiîte l’affiette obligée du milieu du corps, augmente fenfiblenient rexteniion du bas 4u corps, en forte que les deux jambes égales acquièrent, avec la faculté de former l’enveloppe, hi poflibilité d’aller chercher l’arrière-main, & d’en apporter l’ondulation au centre du cheval. La féconde condition confiAe à rendre la main pour lâcher la colonne de devant ^ & afin que le jeu de l’avant-main, devenu libre, puifTe fe communiquer aux mufcles des épaules, ainfi qu’aux jambes i & 1. La dernière regarde les jambes du cavalier, chargées d*alimenter le centre du cheval, eii y apportant continuellement ta colonne de derrière, dont la marche entraine avec elle les jambes 3 & 4, qui, fuivant la progreffion du pas, doivent remplacer tranfverfalement les jambes i & 1* Le concours de ces trois circonfbnces, venant à l’appui de tout ce qui précède, met le cheval dans l’obligation d’avancer au pas, îufqu’à la rencontre d’un.

2i8 PAS obftacte quelconque qui l’engage à changer de dU reâion. 11 eA incontefiable que le chevaia par lui* tnèmç la puifîance d’éviter un objet donc il redoute rapproche ; mais entièrement fouillis » ux volontés d*un maître, n^eA-il pas dans Tordre que ce foit encore le cavalier qui conferve le pouvoir de déf aurner le cheval ? Arrivé donc a un point oii il ti’tû plus pofiîble d’aller en avant, il faut ( ne voulant pas reculer) porter le cheval « foit à droite, foit à gauche, fans attendre qu*il aille fe heurter contre robftacle prévu. ( V. Trot). Du pas ctécoU,

La première leçon du travail s’exécute au pas d*école. L’origine du nom qu’on donne au manège ^ ce premier des airs, vient de ce que c*eA par fa . cadence foutenue que les élèves commencent à fentir les mouvements écoutés d*un cheval qui tra* vaille, & qu’ils peuvent, en m&me temps, décompofer les différents effets de la combinaifon des rênes » qui créent le travail. On appelle encore cet air le pasraffemblé, parce, que le cheval qui sV prête » lève les jambes un peu plus haut, & les détache d*une manière plus réfléchie qu’au pas ordinaire. Quoique le pas d’école & le pas raiiemblé ne faffent & ne foient effe6Hvement qu’un feul & snéme air » cependant ils exigent une diftinâion ’qui tient à des clrconAances dont je vais rendre coroptOb

Du pas itécole & du pas raJfembU*

Le cheval marche au pas d’école, toutes les fois que fon éducation achevée fert à faire connoître le travail aux élèves. Le cheval eA au pas raffemblé, lorfque l’étuyer lui donne cette première leçoh du travail. Ainfi, le pas d*école a lieu quand le cheval en fait plus que le cavalier, & le même air devient le pas raffemblé, fi le che* val apprend à travailler. Au furplus, que ce foit le pas d’école ou bien le pas raffemblé « le cheval fuit toujours la combinaifon tranfverfale du pas ordinaire, avec cette feule différence que le pas, confidéré comme, air de manège, doit embraffer moins de terrein que le pas re^rdé comme allure afin d’être plus filevé.

’Comment un cheval peu$ marcher au pas i école. Tout ce qui précède engage à croire qu’il feroit abfolument im^oHible au cheval de former, & iur-tout d*entretenir les temps cadencés du pas d’école y fi les deux colonnes venébrales, dont l’exaâe réunion’au centre produit conAamment la prépafation du raffembler, s’écartoient un peu trop du luême point central pendant Taâion : c’eft-à dire, £ rarriere-main, que le raffembler charge du corps & de Tavant-main y lançoit ces deux dernières cfivifions en avant, cename aux allures naturelles, au lieu de travailler à les darder, afin de les élever de terre pendant les allures artificielles. Coipmwt ^ en effet, fuppofer un autre expédient, puif-PAS

qu*il faut que le cheval, tout en chemitïtnt, fe ti lerve la faculté de marquer trèsdininâernent un temps foutenu de chaque jambe, avant que de la pofer à terre ?

Comment on met un cheval au pas ticolt. Lors donc qu’on veut travailler un cheval an pas d’école, on commence par faire reâûer les deux colonnes des vertèbres vers le centre, en fe fervant des procédés enfeignés dans les éléments, à l’article du raffembler. Dés qu’on juge qu’elles 3^ font fuffifamment reportées, ce que la légèreté du cheval indique, on rend la main comme pour ébranler le cheval au pas ordinaire, nuis on a le plus grand foin, & de la reprendre modérément, & d’entretenir l’arrière-main deflous le centre, afin que le bipède de derrière., fournis aux preffions réitérées des Jambes égales du cavalier, fervé dunebafeélaftique, pendant que les ondulations foutenues & mefurées du bipède de devant caractérifent Tair qu’on exécute. L élève efl afiez avancé ; d’ailteu ; -s il s eÛ certainement trop bien trouvé da demi— arrêt, pour ne pas le reconnoître au foutien moûvé de l’avant— main,. & à la marche continuée de larrière-main*

PAS ET LE SAUT, Ceft un air qui fe forme en trois temps : le premier eft un temps de galop raccourci ou de terre-à-terre i le fécond, une coul^• bette ; & le troifième, une cabriole > &. ainfi de fuite. Le cheval fe fert des deux premiers temps % pour mieux s’élfver à celui de la cabriole. Ce fonc les chevaux qui ont ^Ins de légèreté que de force » qui prennent cet air.

PASSADE efl le chemin on ta pifte que le choyai trace en paffant & repaûant plufieurs fois fur une longueur de terrein. Cela ne pouvant fè fiiîre fans changer de main, les paffades font différentes félon la différente manière de changer de majn Se de fermer la paffade ; c’e(l-à-dire, de tourner pour repartir & revenir fur fa pi(te. Paffade d’un temps en pirouette ou demi-pirouette » eft un tour que le cheval fait d’un feul temps, de k% épaules & de fes hanches. Pour faire cette paffade, qui eft lai plus parfaite de toutes » le cheval doit être droit fur la ligne de la paffade. Après l’avoir fait partir de la main, on forme un demi-arrêt, le faifant falquer deux ou, trois temps, en forte anè le cheval loit toujours droit fur la ligne 9 & au dernier temps on fe prépare à tourner la main fubtilement, & à retenir les hanches qui doivent être comme ua centre. D’un feul temps des épaules » le cheval doit faire le demi-tour, & quoique les hanches faffent auffi un temps, elles le font au centre, & de ferme à ferme, ou fur le n^ême endroit. PafÉide ou demi-volte de cinq temps., e(l un demi-tonr que le cheval fait au bout d’upe ligne droite en cinq temps de galop. Au cinquième temps le cheval doit avoicfermé la demi-volte, & être fur la ligne de la paffade, droit & prêt à repartir. Les paffades. de cinq temps font les plus ordinaires diaii* déments de maîn qu)n faffe dans les académies, Paffades furicufeé ou à îa françoife, font celles qui fc font pir une dertiî-volte en trois temps^ en ftiar2uant un demi ; arrêt. On s’en fen dans un combîit ngulier. Pour faire ces paffades, on laiffe partir un cheval droit, & Vers Textrémîté delà ligne oh marque un demiarrit, tenant le cheval droit & fansqu*il fe tfaverfç. On fait enfuite la demi-volte en trois temps, en forte qu’au troifième le cheval fe trouve droit fur la ligne de la paffade, & prêt à repartir aii premier galop. On le tient au petit ga lop environ la moitié de la longûeuf de la-pàtTadè, puis on lé laiffe échapper de furie pour marquer au bout de la paffade le demi arrêt, & faire encore la demi-volte en trois temps. Cela fe coritinue auffi longtemps que la force & Thalcinc du cheval font capables de foutenîr. Cette paffade furieufe fuppofe dans le cheval une boéche excellente, & dans le cheval & le cavalier beaucoup de force & d’adreffe, 11 y a peu de chevaux qui en foient capables. M. de Belleville, un des écuyers du roi, paffe pour avoir donné le nom de paffades à la françoife, i ces paffades furieufes.Daïis’toutes les paffades, il faut que le chevïil en faifant la démi-volte fe raccourciffe, & que les hanches accompagnent les épaules, fans qu’il s’accule ou qu’il aille par le droit, fans fe traverfer, ou fans que la croupe échappe. Les bonnes paffades terre-à-terre font le meilleur & le plus parfait manège qu’un cheval puiffe faire, fur-tout Sfuand ces paffades font relevées à courbettes. Elles ont ordinairement les leçons par où on achève un cheval. Ceft un moyen infaillible d’éprouver fa bonté, parce qu’en partant, on conn’oîi d’abord fe * -^effe, en arrêtant fa bonne ou mauvaîfe bouche, en tournant fon adreffe & fa grâce, & en repartant plnfieurs fois fa force, fa vigueur 8i fa franchife. Paffades relevées font celles dont Ves demivoltes fe font à courbettes.

PASSAGE. Le paffage fait félon les proportions & les diftances ordinaires, eft le feul moyen d’ajufler un cheval àtoutes fortes d’airs, & la meilleure leçon qu’on puiffe lui donner après lui avoir appris à beau-partir de larmain, à former fon arrêt & à tourner. Il faut(g^n fervir à propos félon les diftances & les proportions que le cavalier juge néceffaires, foitenavant, en arrière, décote, peu ou beaucoup, en tournant plus ou moins légère* ment de la main, en éhrpffant, ferrant, avançant d’un ou de deux talons, félon qu’il eft à propos, tantôt à une main, tantôt à l’autre. Le paffage fe faitlorfque le cheval en tournant ou en marchant de côté, croife les jambes, un peu moins celles de derrière que celles de devint ; & pour faire le paffage des voltes bien proportionné, il faut que les Jambes de ^devant f : iffent un cercle àpeu-près de la longueur du cheval, & celles de derrière un autre plus petit des deux tiers. La méthode du paffage eft fi bonne, qu’elle habitue le cheval à obéir /ranchcment à la main, à la bride, aux talons i en PAS %%^

un mot à’exécuter promptet^ent&rans-répiignance, tout ce qu’on lui demande.

Eh ; Passage. ^ La GuiRiNikRE).

Après avoir donné à un cheval la première foupleffe par le moyefi du trot d’une pifte fur la ligne droite & fur le cercle ; après ravpir arrondi, & lui avoir appris à paffer les jambes dans la pofition circulaire de l’épaule en dedans ; l’avoir rendu ohéif-, iant aux talons, la croupe au mur, & raffenablé au piaffer dans les piliers, il faut fonger à Tajufter, ceft —à —dire le régler, gc.le iake manier jufte dans l’air où fa difpofitlon permettra qu’on le mette. •. i •

Le paffage eft la première allure qui regarde la jufleffe. C’eft un trot ou i^p pas raccourci, mefuré & cadencé ; que dans ce mouvement le cheval doît foutenîr les jambes qui font ; en l’air, l’une devant, l’autjre derrière, croifées & oppofées comme au trot, ma^s beaucoup plus raccourci, plus foutenu & plus écouté quçj^trot.ordinaire ; & qu’il ne doit pas avancer ni pofer la jambe qui eft en 1 air, plus d’ui^ pied, an delà de celle qui eft à terre, à chaque pas qu’^1 fait. Cette allure, qui i-end un ch^ val, patient & lui fortifie la Mémoire, eft très-noble i 8f. tait beaucoup paroitre un offici.er un jotir de revue ou de parade. L’àdion du cheval au paffage eff la même qu’au piaffer ; enforte que pour avoir une idée jufté de l’un & de l’autre, il faut regarder le piaffer comme un paffage dan ! ^ une place fans avancer ni reculer, & le paffage eft pour ainfi^ire, un piaffer, daiis lequel le cheval avance environ d*un pied à chaque mouvement. Dans le piaffer, le ge** nou.d^c la)ambe de devant qui eft enlVir, doi( être de niveau avec le coude de la même jambe, laquelle jambe doit être pliée de Qianîèrc que la pince —du pied fe lève à la hauteur du milieu du genou de la jambe qui jpofe à terre : celle de derrière ne doit pas fe lever fi haut, autrement le cheval ne feroit pas fur les hanches, mais feulement là pince du pied qui eft en l’air à la hauteur du milieii du canon de 1 autre jambe. A l’égard du paffage, comme le mouvement eft plus avancé que celu^ du piaffer, la jambe de devant ne doit pas fe lever ù haut ; mais feulement la pince du pied qui e/f en Tair à la hauteur du milieu du canon de la jambe qui pofe à terre ; & celle de derrière un peu audeffus du boulet de l’autre jambe.

Il y a plufieurs chofes à obferver dans le paffaee ; (avoir, la pofture dans laquelle doit être un cneval lorfqu’il paffage, foit d’une pifte, foitdedeux piftes y h cadeqce om la mefure dans laquelle il doit paffager ; & les aides du cavalier pour l’ajufterà cet air.

Les plus habiles écuyers conviennent, qti*une des principales chofes qui met un cheval dans une belle attitude, c’eft le beau pli qu’on lui donne en maniant ; mais ce beau pli eft expliqué différemment par les habiles maîtres de lart. Les uns veulent qu’iia cheval foit fimplemeut plié en arc, qui ±i6 PAS li’eft qu^un deint-pl !, dans lequel le chcTil regarde feulement d*un œil dans la Tolte ; les autres veulent au*il fafle le demi^cercle, c eft-à-dire, qu’il regarae prefque des deux yeux en dedans de la ligne. Il faut convenir que dans l’un & dans l’autre pli y le cheval a de la erace ; mais, félon moi, le |>li en arc, qui n’eft airun demi-pli » ne contraint pas tant un cheval, « . le tient plus relevé du devant que dans celui où il eu plus plié : & dans cette dernière poSure, la plupart des chevaux font en capuchonnés, c’efl-i-dire, baiflent trop le nez& courbent Tencolure.

Ceux qni admettent le demi-pn mènent leurs chevaux droits d’épaules & de hanches, ou tienjtent feulement une demi-hafache dedans, & ceux <|ui veulent un plus grand pli, tiennent les hanches autant en dedans que la tète » ce qui forme un deihi-cercle de la tète à la queue, & c’eft ce qu’on appelle, les deux boutr dedans. Cette attitude fait paroitre le cheval plus fur les hanches » parce | « qu’il eA plus étrécî du derrière.

’On peut admettre ces différentes poftures, en les appliquant diverfement, fuîvant la différente Itrufiufe de chaque cheval. B ife treiiVe peu de « heVaux bien proportionnés de toUt l^ttr (rorps ; tes uns font trop courts dé reins > & les autres trop’ longs de corfage.

Ceux qui font bien proportionnés, c*eft-i>dire » Ht xrop courts ni trop lonrs de reins, doivent être ftienés la demi-hanche dedanls. Pour cela, on tient la hanche de dehors un peu en dedans, enforte u’au lieu que les hanches Ibient tout-à-fair droites ^ur la ligne des épaules » le pied de dehors de derrière doit fe poier fur la place de celui de de » dans, ce qui fait que la moitié des hanches fe trouve en aedans ; 8c c’eft-Ià ce qn*on appelle proprement la demi-hanche dedans. Cette poftiire eft trés-bellè & convient à merveille aux chevaux bien moulés & qui portent beau d’eux-mêmes. On doit tenir les chevaux courts de reins » droits d’épaules & de hanches avec un demi « -p1i feulement, qui les faffe regarder d’un oiil en dedans ; ■ car fi on les mcttoit dans une pofture pins raccourcie » en les pliant trop & leur tenant les hanches dedans » ils feroient trop contraints, & ils n*an-Toient pas un beaa mouvement d’épaule ; parce que hi plupart des chevaux de cette ftruâfure retiennent ordinairement leurs forces, & par conféquentil faut leur donner* un pa(£ige plus libre & pltis avancé qu*à ceux qui diftribuent naturellement leurs forces.

Dans leDaflSige les deux bouts dedans, la tête eft placée fort en dedans, & les hanches font mifes autant en dedans que la tête ; en forte que le cbeyal eft arrondi de tout fon corps ft forme un demicerde. Cette attitude a été inventée Ipoor raccour » cir il faire paroitre fur les hanches les chevaux qui font trop longs de corfage & d’encolure, & qui n’auroient pas tant de grâce » &ne pourroient pas ’fibicA fe raffembler, il on les menoit tout-à-fait 9^

PAS

tfiine pîfte. Cette pofture n’eft autre cbofc qtte II croupe au mur renverfèe, ceft-à-dire, qu’au lien de faire aller un cheval de côté la croupç au mur avec les épaules en dedans du manège, dans les deux bouts dedans, on. met les épaules vis-à-vis du mur & la croupe vers’le centre, en fonc qu’il va prefque de deux piftes. "

^ Après avoir examiné laquelle des trois poftures ci— deffus convient mieux au cheval, fuivant fon naturel & fa ftruâure, il faut enfuite régler la cadence de fon air. On doit entendre par la cadence du paflaçe d’un cheval > un mouvement de trot’ raccourci, foutenu du devant, 8c continué d’une mefure égale fans le retenir ni le prefler trop. Ce mouvement, qu’il eft auffi difficile de donner à un cheval que de l’y entretenir en marchant » dépend de l’accord des aides Au cavalier, & auffi de la fouplefle & de l’obéiffance du cheval ; c’eft pour* quoi il ae faut point paflager un cheval dans une juftefle il recherchée, qu’auparavant il ne foit afibupli dç tout fon corps 8c réglé au piaffer dans les piliers. Cette pratique eft le modèle du beau paflage ; 8c quoiqu’un cheval foit affez avancé, pour lui demander des leçons de jufteffe, il ne faut jamais fe départir des premières leçons, dans lefquelles on ne fauroit trop le confirmer. Il faut donc toutes les fois qu’on monte.un cheval, quelqu’avancé qu’il foit » de trois reprîfes, lui en demander du moins une l’épaule en dedans, fuivie de la croupe au nur, &, quelquefois même fuivant Toccafion 9 le remettre au tror.

Pour entretenir un cheval dans ce beau mouve* ment de paflàge, que produit l’aâion de l’épaule libre » foutenue & également avancée, il faut faire attention à fon naturel âc à fa force. Les chevaux » par exemple y qui retiennent leurs forces, retieq* nent auffi par conféquent l’aâion de Tépaule. Ils doivent être moins affiijettis • 8c même lorfqu’ils fe retiennent trop par malice ou autrement » il faut les chaffer vigoureufement des denx jambes, 8c quelqtiefois des deux éperons, laiffant pour quel’ que temps l’ordre limite de la)ufteffe du paftage, afin de leur rappeller 8c de leur maintenir la crainte 8c l’obéiflance^ qu’ils doivent avoir pour les aides 8c pour les châtiments du ca’^per:ceux au contraire qui, par leur timidité naturelle, « ’abandonnent ftir la main » doivent être plus raccourcis, tenus plus enfemblcy 8c plus foutenus de la main » que déterminés des jambes 8c des jarrets ; avec ces précautions » on maintiendra 6c. les uns Scies an-, très dans leur véritable air.

Lorfqu’on change de main au paffage, il faat que ce foit de deux piftes fur une ligne oblique, 8c Î|ue la moitié des épaules aille avant la croupe ; en orte aue la jambe de devant de dehors foit fur la ligne de celle de dedans de derrière; 8c afin qu’il demeure dans l’équilibre 8c dans la balance entre les deux talons » il ne faut pas qu’il fafle un feul temps pour la peur de la jambe de dehors du cavaliei

  • , qae celle de depuis ne lui permette. Il

faut pour cela sçavoir se servrir à propos de sa main & de ses jambes.

Dans le passage des deux pistes, le cheval doit faire autant de mouvements avec les pieds de derrière qu’avec ceux de devant. Il arrive souvent qu’un cheval arrête les pieds de derrière en une place, pendant que ceux de devant dérobent le terrein, en faisant deux ou trois pas sans que le derrière accompagne : on appelle ce défaut dévuider de l’épaule. Un autre défaut encore plus grand que celui-ci, c’est lorsqu’il arrête les pieds de devant, & que ceux de derrière continuent d’aller, ce qu’on appelle s’acculer, s’entabler. Comme la vue du cavalier est sur la posture de la tête & du col, & sur l’action des épaules, il lui est plus aisé de proportionner les mouvements que le cheval fait avec les pieds de devant, que détenir la croupe & les pieds de derrière dans une juste égalité : il faut pourtant acquérir la facilité de l’un & de l’autre, afin de remédier à temps & promptement à ces désordres ; ce qui dépend de la diligence de la main & de la finesse du talon.

Il faut se ressouvenir encore qu’une des aides les plus subtiles, c’est de faire passer librement l’épaule & le bras de dehors du cheval par-dessus celui de dedans, en passageant de deux pistes. Pour bien prendre ce temps, dit le savant M. de la Broue, il faut sentir quel pied pose à terre & quel pied est en l’air, & tourner la main de la bride dans le temps que le pied de devant du côté qu’il va ou qu’il tourne est en l’air & prêt à retomber, afin qu’en levant ensuite l’autre pied de devant, il soit contraint d’avancer l’épaule & le bras de dehors, en le chevalant par-dessus celui de dedans. Il faut, ajoute-t-il, une grande facilité d’aides pour bien pendre ce temps ; car si on tourne la main dans le temps que le cheval a le pied de dedans trop haut, au lieu d’élargir l’épaule & la jambe de dehors, c’est celle de dedans qui s’élargit, & si on tourne la main lorsqu’il pose le pied de dedans à terre, il n’a point assez de temps pour chevaler librement l’épaule & la jambe de dehors.

Il est bon de remarquer que des trois postures dont nous venons de parler, & dans lesquelles on peut mener un cheval au passage, il y en a deux qui ne peuvent être admises que dans les bornes d’un manège limité, & pour le plaisir de la carrière : ce sont celles de la demi hanche & celle des deux bouts dedans. Mais lorsqu’on tient un cheval dans un pas noble & relevé, soit à la tête d’une troupe, soit en des jours de revue, de fête, ou de parade, il ne faut point lui demander ce manège d’école, mais le tenir droit d’épaulés & de hanches, avec un demi-pli seulement du côté vers lequel il marche y pour lui donner plus de grâce dans son devant. (V. Airs).

PASSAGER, promener, mener un cheval au pas, au trot. Passager un cheval sur les voltes, passager la volte. Quelques-uns disent passéger un cheval, mais passager est en ce sens le mot ordinaire.

PASSÉGER, c’est mener un cheval au pas ou au trot sur deux pistes, le faisant marcher de côté, en sorte que les hanches tracent un chemin parallèle à celui que traceront les épaules. Il n’y a pas longtemps qu’on passège un cheval au trot, & le mot de passéger signifioit promener un cheval au pas de deux pistes, entre deux talons. On dit aussi passéger & promener un cheval. On passège un cheval en droite ligne & sur les voltes. En ce sens il est moins usité que passager. On passège un cheval sur deux lignes droites le long d’une muraille ou d’une baie. On le passège aussi de sa longueur sur les voltes, le faisant marcher de côté dans un rond à l’entour du centre, en sorte qu’il regarde dans la volte, & que la moitié de ses épaules marche avant la croupe. Des deux façons, il faut que le cheval en passégeant chevale extrêmement, c’est-à-dire que la jambe de dehors de devant croise ou enjambe beaucoup sur l’autre jambe de devant à tous les seconds temps. Au passège du pas & du trot le mouvement du cheval est le même, mais l’un est plus vite que l’autre. Passège par le droit est un manège peu usité en France, mais beaucoup en Italie & encore plus en Allemagne. On choisit pour cela un cheval qui soit sans ardeur, mais qui ait beaucoup de mouvement. En le conduisant par le droit au pas ou au trot, on lui apprend à lever deux jambes ensemble, une de celles de devant & une de celles de derrière, en croix de saint André. En mettant à terre les deux qu’il avoit en l’air, il relève alternativement les deux autres ensemble, & les tient longtemps en l’air, en telle sorte qu’à chaque temps il ne gagne pas un pied de terrein en avant. La beauté du passège consiste à tenir longtemps les jambes élevées en l’air. Le mouvement des jambes à ce passège est le même que celui du pas & du trot ; car elles vont dans le même ordre. La seule différence est qu’au passège par le droit, elles sont plus longtemps soutenues en l’air. Les chevaux qui font cette sorte de manège & les piasseurs, sont propres pour un carrousel, ou pour quelque cérémonie publique. La différence entre piasser & faire un passège, consiste en ce que les chevaux piassent naturellement, & ne soutiennent pas si longtemps les jambes en l’air qu’au passège par le droit. Il faut un si grand art pour le passège, qu’on est deux ou trois ans à dresser un cheval à ce manège, & de six chevaux, c’est beaucoup si deux y réussissent.

PEC, en vieux françois, signifioit un mauvais cheval.

PESADE, ou posade, selon Guillet, c’est le premier mouvement du cheval, lorsqu’il lève les pieds de devant sans remuer ceux de derrière. C’est la première leçon qu’on donne aux chevaux pour manier à courbettes & aux autres airs relevés. Le cheval ne fait point de temps avec les hanches avant que de mettre à terre les jambes de devant ; Î32 PIE ^ c eil le moyen de lui afTermir la tété » aflurer les hanches y faire plier les bras « & de rempêcher de trépigner. Quand le cheval a formé (on arrêt, il fait au bout une ou deux pefades ; mais il n*en fait aucune au demi-arrét » c’eft ce qui en fait la différence.

PESANT, pefer, fe dit d un cheval qui s’abandonne trop fur la bride, qui a trop d’ajipui, qui pèfe à la main, fans pourtant la forcer. Un cheval péfe à la main, ou par la laffitude, ou par foibièâe de reins, ou par molefle d’encolure, ou par la pefanteiir du train de devant. Il faut trotter fous lui un cheval qui pèfe à la main, c*eA-à dire, qu’il faut le mettre fur les hanches en le foutenant avec le bridoo. On le rend auffi plus léger en l’arrêtant & en le relevant fouvent. On peut même par ce moyen furmonter ce défaut » en cas qu’il ne lui Vienne que de parefle ou d’engourdiiTement ; mais il n’y a point de remède, s’il lui vient de la foibleiie des reins ou des jambes. Pefer à la main n’eft pas un auifi grand défaut que tirer à la main ; c’e(là-dire bander la tête contré la main du cavalier, la lui incommoder, réfifier aux aides de la main & de la bride par une défobéiiTance caufée ou par la roideur d’encolure, ou par l’ardeur qu’il a de vouloir trop aller en avant.

PIAFFER. Cheval piaffeur. Un cheval pîaffeur | eft un cheval plein de feu, inquiet » ardent » & qui ayant beaucoup de mouvement & un deftr tzceibif d’aller eft avant, fe fert d’autant plus de ce mouvement, qu’on fait effort pour le retenir » & qui plie la jambe jufqu’au ventre. Il s*ébroue » fe iraverfe s’il peut » & marque fan inquiétude par fon aflion pleine de feu, nue quelques-uns appellent improprement danicr. tes chevaux qui piaffent, de même que ceux qui (ont inftruits au paffège, foBt les plus propres pour les carroufels & pour les occafions d’éclat.

PIED. Dans le cheval, c’eft la partie de la jambe, depuis la couronne jwfqu’au bas de la corne. On difiingueles quatre pieds par leurs noms différens. Des dçux pieds de devant, l’un eft appelle le pied de l’éirier, le pied du montoir de devant ; le pied de la main de la bride, c’eft le gauche, te droit s’appellç le pied hgrs du montoir de devant. Autrefois on appelloit mains ces deux pieds, mais ce terme a vieilli en ce fens. Des deux pieds de derrière, le dr « it s’appelle le pied hors du montoir de derrière ; on l’appelloit autrefois le pied de la lance, ce terme eâ encore en ufage dans les co€rfcs de bague. Le pied gauche fe nomme le pied du montoir de derrière. On dit qu’un cheval a les pîcds gras, quand il a la corne fi foible & fi mince, qn^ipQpns d’être broché très-bas, il court rifque d’être piqué quand on le ferre. Les chevaux anglois font fiijets à avoir le pied gras. On dit qu’un cheval a le pied ufé, quand il l’a mauvais, quand la corne eft ufée. Avoir peu de pied, c’eft-à-dirç peu de corne) avoir mauvais pied, c’cft-à-dire, qji^ la cprnç ne vwt rieflpQur h ferrure. Qn appelle pîèd dérobé » le pied du cheval rompu, &fi ufé » que faute de corne on peut à peine le ferrer ; ce qui lui arrive pour avoir marché longtemps pied nud, c’eft*à-dire, déferré. Pied comble fe dit d’un cheval qui a la foie arrondie par-deftbus » en fi>ne qu’elle efti plus haute que la corne : ce qui fait boiter le cheval » & empêche de le ferrer, à moins Qu’on ne voûte le fer. Pied encaftelé fe dit du pied Je devant, dont la corne eft devenue fi fèche Se fi étroit », (Qu’elle reflerrc & approche de fort près les deux côtes du talon, & oblige par la douleur qu’elle y caufe » le cheval à boiter. Ces for(e$ de chevaux doivent être ferrés à pantoufte. Pied-neuf fe dit d’un cheval à qui la corne eft revenue après que le fabot lui eft tombé, auquel cas il ne vaut plus rien que pour le labour. Le terme de pied neuf peut auftî s’appliquer.. aux chevaux fujets à muer de coriie, tels que font les chevaux qui viennent de Hollande. Celle qui leur vient dans leur pays natal étant trop humeâée, d’une confiftance trop foible » dès qu^ils ont été quelque temps dans un pays plus fec, ils en muent peu-à-peu » parce que la première corne leur croît, ou qu’il s en forme uric plus ferme & plus folide. Pour prévenir que ce changement ne leur applatifte les pieds, il faut que le maréchal leur doniie une bonne forme par la ferrure. Le petit*pied eft un os fpongieux renfermé dans le milieu du fabot & qui a toute la forme du pied. On dit auftî » remettre un cheval fur le bon pied, galoper fur le bon pied, quand on le fait aller uniment & furies mêmes pieds qu*il a comr mencé à partir.

PILIER fe dit du centre* de la volte autour de laquelle on fait tourner le cheval, foit qu’il y ait un pilier de bois ou non, & cela s’appelle travail* ler autour du pilier. On dit aufii travailler entre deux piliers, quand on monte un cheval emrt deux piliers de bois, & quand on l’y fait fauter «  cabrer & ruer, lever le devant & le derrière. La plupart des erands manèges ont un pilier planté * au milieu de leur terrein » mais ils ont tous fur les côtés d’autres piliers de diftance en diftance, qui font difpofés deux à deux, d’où vient qu’on les appelle les deux piliers* pour les diftinguer du pi «  lier du centre. Le pilier du centre fert à régler l’étendue du terrein, afin de manier fur les vôTtes avec étendue &jufte(re, (k pour travailler avec règle & raefure hirles quatre lignes de la volte, aui doivent être imaginées dans une égale dlftaiice e ce centre. Il fert auffi à commencer les chevaux défobéiiTans & fougueux, fans aucun péril pour le cavalier, parce que le cheval eft attaché à une longe ou longue corde, attachée elle-même aujpî* lier & tenue en état par un homme qu’on y pofte. Cette fujétion empêche le cheval d’échapper. Pour commencer un cheval fougueux & le faire aller en 9f3Lnt, pour le dénouer, lui aflbuplir le corps & lui apprendre à ne pas galoper faux ni défuni, on lui met le caveçon, on attache la longe à l’anneau du milieu, & on Tarrête au pilier, on le trotte alen «  tour.

PI L téur (ans perfoane deiïus » en lui hxCznt penr de la chambrière, afin qu*il la cottnoïffe & la fuie non-feulement au moindre coup » mais encore à la moindre approche. Après cela on peut le monter, & on le fera marcher en avant, lans qu’il puiflb ie cabrer ni s’arrêter pour faire des contre-temps ; Ï>arce que la peur de ta chambrière préviendra tous esdéfordres & Tempêchera de s’arrêter. NewcafUe dit qu*on ne doit fouffrir qu’en cette occafion Tufage du pilier ; en général il ne l’approuve point, & foutient dans fa nouvelle méthode que cet ufage ne fen qu*à gâter les chevaux, parce qu’ils ne travaillent alors que par routine » ont continuellement les yeux occupés à regatder les mêmes objets, ne manient plus quand ils font hors de-Ià » & qu’au lieu d’être dans la main & dans les talons, ils ne font que dans la longe & dans la chambrière. Aux manèges qui h*ont pas de pilier » on confidére la place ou il doit être, âc on fait tous les mouve ments autour de ce centre imaginaire, comme s’il y avoit récllement, un pilier^ ou bien un homme fe met au inilteu du tenein, & tient le bout de la longe. Les deux piliers font plantés à deux ou trois pas fun de Tautre. On y met le cheval avec le c.iyeçon de cuir ou de corde, monté de deux grofTes cordes qui répondent de Tun des piliers à lautre. Il faut que le cheval donne dans les cordes du caveçon, & qu’il fe lève entre deux piliers. Dès qu’on lui a appris à fe lever devant, on Tin Aruit à s eparer & à fe mettre aux airs relevés, par les aides ou par le’châtiment de la chambrière. Dans le befoin on fait venir au fecours la gaule, le poinçon, la main & les talons.

De l’utilité des piliers. ( La GuiRiNifaiE). Les piliers font de l’invention de M. de Pluvinel. M. le duc de Newcaflle ne les approuve pas. Il dit « qu’on y eflrapaffe & qu’on y tourmente maliknpropôs un cheval pour lui faire lever le devant, eipérant par-là le mettre fur les hanches ; oue cette méthode efl contre Tordre & rebute touts les che^ vaux ; que les piliers mettent un cheval fur les jarrets ; parce que, quoiqu’il plie les jarrets, il n avance pas les hanches fous lui pour garder Téquilibre, loutenant fon devant fur les cordes du caireçon » « 

Ce qui a fi fort révolté cet llhiftre auteur centre rufage des piliers, c’eft^ue de fon temps la plupart des écuvers fe fervoient de cette méthode pour nûre lever d abord le devant à un cheval avant qu’il ïut réglé au piafer. Par ce moyen ils mettoient fans doute un cheval fur les jarrets, &lui apprenoient nlutôti faire des pointes &àfe cabrer qu’à lever le devant de bonne grâce. Mais fi dans les commencements au lieu de ibneer i détacher déterre un cheval, on fe fert des piRers pour lui apprendre à pafler dans une place fans avancer, reculer ni fe traverfer, ^ùeû l’aâion du piafer, on verra que cette cadence plus aifèe à donner dans les piliers yn’ep liberté, met le cheval dans ime belle pof-P I L i3î

ture, In ! donne une démarche noble & relevée, & lui rend le mouvement des épaules libre & hardi, & les reflbrts des hanches doux & lians : toutes ces qualités font recherchées pour un cheval de parade & pour former un beau paffage. Mais comme il faut beaucoup d’art » de patience & de temps pour régler un cheval dans cet air de pafTage fier & relevé, que donnent les piliers employés avec intelligence, il n’eft pas étonnant qu’ils caufent tant de défordres à ceux qui s’en fetvent dans une autre vue, que de parvenir d’abord au piafer. Un lavant ècuyer a dit avec raifon, que les piliers donnent de Tefprit aux chevaux ; parce que la crainte du châtiment réveille & tient dans une adion brillante ceux qui font endormis & pareffeux ; mais les piliers ont encore l’avanr^ige d’appaifer ceux qui font d un naturel fougutux & cogère ; parce que la^on du piafer qui e/1 un mouvement écouté, foutenu, relevé & fuivi, les oblige de prêter attention à ce qu’ils font : c’eA pourquoi je regarde les piliers comme un moyen, non-icu «  lementde découvrir la refTource « la vigueur, la genrilleiTe, la légèreté & la difpofition d’un cheval ; mais encore comme un moyen de donner ces der>. niéres qual : tcs â ceux qui en font privés. La première attention qu’on doit avoir dans les commcocemens en mettant un cheval dans les piliers, c’efl d’attacher les cordes du caveçon.égales & courtes, de façon que les épaules du cheval foient de niveau avec les piliers, & qu’il n’y ait que la tête & l’encolure qui foient au-delà, par ce moyen il ne pourra pafler la croupe par-dcilbus les cordes du caveçon, ce qui arrive quelquefois. II faut enfuite fe i^cer avec la chambrière Berrière la croupe, & affez éloigné pour n’être point à portée d’être frappé : le faire enfuite ranger à droite & à gauche en donnant de la chambrière par terre » & quelquefois légèrement fur la fcfle « <^tte ma «  nière de faire nnger un cheval de côté & d’autre ; lui apprend i pafler les jambes, le débrouille & lui donne la crainte du chàdment. Quand il obéira à cette aide, il faudra le chafler en avant, & dans le temps qu’il donne dans les cordes, l’arrêter &le âatter, pour lui fiure connoitre que c’eft*là ce Ju’on lui demande ; & il ne faut point lui demaner autre chofe, jufqu’à ce au’il foit confirmé dans l’obéiflance de fe ranger i droite & à gauche, & d’aller en avant pour la chambrière, fuivant la volonté du cavalier.

Il y a des chevaux d*un naturel fougueux & malin qui, avant que de fe ranger pour la chambrière & d’aller en avant dans les cordes) emploient toutes les défenfes que leur malice peut leur fuggérer. Les uns pleins d’inquiétude, trépignent au lieu de fûafer ; les autres font des poimes oc des élans dans es cordes, d’autres redoublent de fréquentes ruade

  • , & reculent ou fe jettent contre les piliers.

Mais comme la plupart de ces défordres viennent plus fouvent de l’impatience de celui qui les châtie mal-à-propos dans ces commencements, que dtt Gg

Î34 P I L naturel du cheval, il eft aifé tfy remédier, en fe contentant Amplement, comme nous venons de le dire, de le faire ranger & aller en avant pour la chambrière, qui eft la feule obéiflance qu’on doive exiger d un cheval les premières fois qu’on le met dans les piliers.

Une autre attention néceflaire, c’eft de faire ruer dans les piliers les chevaux qui ont la croupe engourdie, & qui n’ont point de mouvement dans les hanches. Cette aâion leur dénoue les jarrets & leur fait déployer les hanches, donne du jeu à la croupe, & met touts les reflbrts de cette partie en mouvchienr. Tout le monde n’eft pas de cet avis, 8c la plupart difent qu’il ne faut jamais apprendre à uti cheval à ruer. Mais Texpérience fait voir qu’un cheval qu’on n’a jamais fait ruer, a les hanches roides & les traîne en maniant : d’ailleurs il eft bien alfé de leur ôter ce défaut, qui en feroit un cfFe « 51ivement, fi on les accoutumoit à ruer par malice ; mais lorfqu’on trouvera les hanches aftez dénouées, il faudra les empêcher de ruer, en les châtiant de la gaule devant, lorfqu’ils feront cette aâion quand on ne l’exigera pas.

"Quand le. cheval cdTera de fe traverfer, qu’il donnera en avant & droit dans les cordes, il faudra alors l’animer de U langue & de la chambrière pour lui tirer quelque cadence de trot en place, droit & dans le milieu des cordes, qui eft ce qu on appelle piaffer ; & auftîtôt le flatter & le détacher, pour ne pas le rebuter. SU continue pendant quelques jours d’obéir à cette leçon, il faudra allonger les longes du caveçon, en forte que les piliers loient vis-à-vis le milieu du corps du cheval, afin qu’il ait la lil^erté de donner mieux dans les cordes, ce ()u’il pui/Te lever les jambes avec plus de grâce & de facilité. Quoiqu’il continue de bien faire, on ne doit pas pour cela faire de longues reprifes, jufqu’à ce au’il foit accoutumé à obéir fans colère ; & alors il ùuira les faire auffi longues que fa difpôfition, fcs forces & fon haleine le permettront ; & cela fans le feeours de la chambrière, le cavalier fc tenant feulement derrière la croupe. Pour l’accoutumer à piaffer ainfi fans l’aide de la chambrière ni de la voix, on lui JaiiTera finir fa cadence de lui-même, en demeurant derrière lui comme immobile, fans faire aucun mouvement, ni appeller de la langue, jufqu’à ce qu’il ait cefTé t « u.t-à-fait ; & juflement quand il ceïîe d’aller, il faut lui appliquer de la chambrière vivement fur la croupe & fur les fc/Tes:<cc châtiment met toute la nature en mouvement, & tient le cheval dans la crainte, de manière que quand il fera accoutumé à cette leçon, on pourra refter derrière lui autant de temps qu’on le jugera à propos, fans l’aider ; &il continuera de piaffv-’r. Quand on voudra l’arrêter, on l’avertira de la voix, en l’accoutumant au terme dt hoLa, & on fe retirera de derrière la croupe ; on ira le fla; ter, & on le renverra:mais cette leçon re doitfe pratiquer que lorfqu’un cheval commence à bien connoiire ce qu on lui de—’ p I L

mandb ; qu^il ne fe traverfe ni ne fe défend plos^^ Lorfque le cheval fera confirmé dans cet air de piaffer que produit le pafTage entre les pihers, il faudra alors & non plutôt, commencer a le déta* cher de terre, lui faifant lever quelque temps de pefades & de courbettes, en touchant légèrement de la gaule par-devant, & l’animant de Ta chambrière par derrière. Non— feulement la courbette eft un bel air, mais elle fait que le cheval eft pins re «  levé dans fon devant, & a une aâion d’épaule plus foutenue au piaffer ; ce qui l’eropéche de trépigner, aâion défagréable, qui fait que le cheval bat la pouffière avec des temps précipités ; au lieu que le piaffer eft une aûion d’épaule foutenue & relevée, avec le bras de la jambe qui eft en l’air, haut & plié au genou ; ce qui donne beaucoup de grâce à un cheval. Afin que le cheval i>e fe lève pas fans attendre la volonté du cavalier, ( ce qui produiroit des fauts défordonnés), fans rè^le ni obéifTance, il faut toujours commencer & finir chaque reprife par le.piaffer, en forte qu il lève quand on veut, & qu’il piaffe de même. Par-là on évitera la routine » qui eft le défaut des écoles mal réglées* Comme il y a du danger k monter un cheval dans les piliers lorfqu’il n’y eft pas encore accou* tumé, il ne faut pas y expofer un cavalier avant que le cheval foit drefte & fait à l’obéiffince qu’on en exige, fuivant les principes que nous venons de décrire. Et même lorfqu en commence à le monter dans les piliers, on continue les mêmes pratiques dont on s’eft fervi avant que le cavalier fût deflus, c’eft-à-dire, quil faut le ranger à droite & à gauche j en le fecourant des jambes pour le faire donner dans les cordes. Infenfiblement il s’accoutumera à piaffer pour la main & les jambes, comme il a fait auparavant pour la chambrière. Les amareurs de cavalerie en Efpagne ont une grande idée du piaffer, & eftiment beaucoup les chevaux qui vont à cet air, 8c qu’ils appellent pif’ /adores ; mais ils donnent à leurs chevaux une allure incommode & dégingandée, parce qiL’ils ne leur afibuplifTent point les épaules, &. ne leur font point connoitre les talons, ce qui eft caufe qu’ils ne manient que du bras, n’ont point l’appui de la bouche ferme & léger ; & qu’ils ne font point dans la balance des talons, & par conféquent dans la parfaite obéîfTance pour la main & les jambes ; ce quieftla perfeâion de l’air du piaffer. De L’USAGE DES PiLlERS. (DuPATT).

Ce n’eft point en liberté, qu’on commencera i exercer les chevaux aux airs du manège; les piliers diminuent les rifques de l’homme, & obligent le cheval d’écouter & d’obéir aux ordres qu’il reçoit.

Je crois qu’en général on fait bien de ne mettnr les chevaux entre les piliers qu’après les avoir affouplis, & lorfque leurs jarrets font formés. Leur tête étant calmée, ils ont moins de contre— temps, & les P I L. jarrets étant plus forts fupportcnt mieux ce trayail. La première foupleâe le leur rend facile. Ces leçons exigent de Thomme la plus grande connoi {Tance de Téquîtation & du méchanirme animal. Un bon écuyer avance fes chevaux eiitre les piliers ; ua autre leur y apprend ï fe défendre. Dans le principe où je fuis de ne mettre le che* val entre les piliers, que lorfqu il eft à moitié dref.^^9 je parriens proraptement à mes ans par la douceur.

Le cheval deftiné à recevoir ces leçons, étant hîen attaché, enforte qu*il ait une forte de liberté, je me mets derrière lui, après Tavoir flatté de la « ain : alors, avec un appel de langue modéré, je Tin vite à aller en avant, & i fe porter fur le caveçon. S’il refufe, je le frappe légèrement de la chambrière. Il eft rare qu il ne cède pas enfin. Quelquefois il s*élance avec férocité, & va donner dans les cordes : mais elles la retiennent ; & la douleur qu’il reflent au nez le rend moins prompt. Je Taccoutume, par la patience, à donner dans les cordes fagement oc fans s’y appuyer ; j’y mets tout le le tentps néceflaire, fans le battre. Cela étant gagné, je me mets un peu plus fur le côté droit, & avec une gaule dont je le touche doucement fur le flanc, je lui range un peu les hanches en Texcitant à aller en avant par un appel de lanfie. Je fais de même de Tautre côté, & je parviens le placer dans le pli, comme fi Thonime étoit defllis. Par mes carefles je lui his comprendre s’il a bien fait.

Lorfqu’il exécute bien ce queje viens de dire, je Tanime alors un peu plus, ann qu’il remue les quatre jambes en piaffant. Je Texcite enfuiiede plus en plus, enforte qu’il enlève le devant à pefade. Q’Jand il en a fait quelqu’une aflez bien, je le ca* reflfe, & le laifle reprendre. De la pefade, je le mets à courbette, en le chaffant un peu pUis. Lorfque le cheval eft bien confirmé h ces différents airs par un longtemps, par des leçons bien douces & un grand ménagement, je le fais ruer, en le touchant un peu ferme fur la croupe : leçon utile pour dénouer les hanches & leur donner de Taâion. Cela étant ainfi obtenu de lui, je faifis rinftant où il enlève à pefade, & je le touche fur la croupe, alors il faute des quatre jambes, & me fait voir l’air dont il eft capable : je 1 y maintiens en Texerçant avec modération » & je tâche de lui faire perdre teute humeur.

Ceu ainfi qu’en travaillant un cheval entre les piliers, on lui donne de la centillefle & de Tagréflient. Mais je recommande uir tout d’apporter à ce travail une patience & une douceur extrêmes, fi on veut conferverfon cheval.

Du SAVT DANS LES PILLIERS. ( ThirOUX). Dans la defcription d’un manège, on parle de deux piliers, hauts de fix pieds efpacés de cinq, & placés à l’un des bouts, ou quelquefois à chaque extrémité de la carrière. Après avoir annoncé oue ces piliers font deftinés à recevoir liri cheval dreffé à (auter, d’où ce cheval tire fon nom de fauteur dans les piliers, on prévient que ce genre de travail s’emploie comme une pierre de touche, Ignorer ;

des particularités relatives à ce nouvel exercicç » puifqu’il eft au moment d’en faire expérience, on va commencer le détail des circonftances analogues au ûiut dans les piliers par les attributs qui diftinguent le fauteur d’avec les autres chevaux de man^e.

On amène » aux piliers, le fauteur fellé & bridé ; mais les battes & le troufle-quin de fa felle font contournés de manière qu’ils emboîtent la cuifle du cavalier. En outre, ce cheval porte fur fa tète un gros licol ferré, d’où pendent deux longues cordes qui fervent aie fixer aux, piliers. D’ailleurs on ne ferre point les pieds de derrière du fauteur, de peur au un fer ne fe détache pendant la ruade, & n’aille blefler les fpeâateurs. Enfin, par attention pour le cavalier en enferme la qyeue du fauteur dans une efpéce d*étui, quefonufàge fait appeller troufle-queue.

Ce que c’cft que le faut dans les pHiers* Uécuyer, qui fe charge ordinairement de dé*’ terminer la longueiir des cordes, ne laifle au fauteur que la diftance néceflaire pour former un pas en avant, ou, ce qui eft fynonyme en équitation, pour donner dans les cordes. Au moyen de cette reftriâion, tout le travail du fauteur entre les piliers confifte dans l’enlever alternatif de ces deux bipèdes, dont le réfultac produit une fecoufle d*au" tant plus rude 9 que. le cheval eft contraint de finir fon faut fur la même place où il l’entame. Avant que Télève monte le fauteur, on croit eflentiel de Tinfiruire, & de la méthode ufitée pour mettre ce cheval en adion, & de la manière donc le cheval s’y prend pour répondre à la leçon du faut dans les piliers.

Comment on fait fâuier vh chtval dans les piliers^ L’écuyer, tenant une gaule dans chaque main ^ s’avance auprès du pilier qui eft à la gauche du fau-* teur. 11 comqience la leçon par faire donner le cheval dans les cordes « afin quelles deux colon* nés des vertèbres fe réunifient également au centre. Lorfque le fauteur eft cxaékment raffemblé, Técuyer touche fur le poitrail avec la gaule tenue dans la main gauche ; & alors le bipède de devant s’enlève. Au{&tôt que Félan du cheval l’a fait ai^ river jufqu’au bout des cordes, il revient â terre ; moment favorable que l’écuyer faifit pour luide^ mander la ruade, en frappant la croupe avec hi gaule dont là main droite eft armée. Comment U Cheval faute dans Us pilUrt. — On a dit plus haut, qu’en déterminant la Ioa| Ggî|

x}6 P î L oucur des cordes, Vècuyer ne laiflbît au fauf^uf eue la poffibilité de former le feul pas que Téquîtation dèfigne par donner dans les cordes. Pour apprécier rutilité de cette contrainte, il faut fuivre, avec une attention fcrupuleufe, touts les mouvements du cheval qui (e prête à la leçon du faut dans les piliers. Chaffé dans les cordes, le cheval étend naturellement fa cplonne de devant, afin .d’entamer le pas unique qu’il ait la liberté de faire, &, dans Tintention de le réitérer, il ramène, de lui-même, au centre Tondulation de fa colonne de derrière. Mais, pendant la marche du bipède dé derrière, la colonne de devant, arrêtée par la puiffance des cordes fixées aux piliers, refluç vers le centre avec la même rapidité qu’elle s’en eft éloignée, &, conféquemment, fait rétrograder avec elle le bipède de devant qui lui eft fubordonné. Alors rarrière*main oui n’a pas eu le temps de •fe retirer, refte prife denous le centre qui porte Tavant-main, enforte que le cheval, exaûemcnt affis, pèfe fur les jambes J & 4 » avancées fous le centre relativement à la combinaifon du marcher, plus que fur les jambes i & a, rapprochées du même point central conformément aux loix du reculer : difpofition évidemment heureufe pour demander l’enlever du bipède de devant, puifaue rcxpjofiôn dés rcfforts du cheval, tendus de 1 a-Tant à Tarrière-main, ne peut avoir fon effijt que ’de Tarrière à Tavant-main. Auffi, lorfque l’ecuyer, habile à pro iter de cette circonftance avantageufe, pince le poitrail avec la ^aule qui remplit fa main gauche, le cheval, excité par ce nouvel avertiflemem, ne balance pas à fe dreffer fur les jambes 5 & 4, afin de darder celles i & a. Il eft certain, qu’en nèeligeant 1 inftant où la colonne de devant, enlevée lur le centre, furcharge cel’e de derrière, le cheval pourroit employer un procédé moins violent pour fe remettre dans fon état naturel. Mais au moyen de la crainte que les deux gaules lui impriment également, il perd l’efpoir, foit de faire gliàer doucement le bipède de devant, foit de faire reculer > en rempant, celui de derrière, &, dans cette extrémité, le cheval prend le feul parti qui lui rèfte, & brufque un élan pour chercher, en l’air, te foulagement qu’il ne peut fe procurer à terre.

Auflîtôt que, d’après l’extenfion des jambes 3 6 4, Tavant-main efi élevé proportionnément à la longueur des cordes, la même puiiTai^ce, qui reC.^ 1 _i I _.. y^.. ! » : i : /r. rJ

vvriAiLKit <v^w.>f M ~…..^.. « ^.,.w w..^..i reprenne fa première fituatton, cependant on doit s’attendre à trouver un changement total dans fa dirpofition intérieure, puifque tout élan produit toujours TefFet d’entraîner le centre après Textrémité lancée. Conféquemment à cet axiome, l’avant-main n’efl pas Elutdt remis à terre que te cheval, emprefle d*aitlurs. de foulager l’arrière— main, apporte borifondeotent fur les jambes 2 Se 2 }a touiité du yolume PIL

quî ftirchatgeoît celles 3 &4— Tandis que le cli »  » val s’occupe de cette dernière répartition, I écuyet attentif à fes moindres mouvements, le trappe fur la croupe avec la gaule qu’il tient dans fa main droite, bien perfuadè, qu’en accélérant le refluK des msffes, dont les reflorts fe tendent aduellementde l’arrière i l’avant-main, il doit réfulter, de cette précipintion calculée, une reathon affea vive, de l’avant à rarrière-main, pour qu elle occafionne l’enlever du bipède de derrière. L expérience juftifie pleinement la conjeanre de 1 écuyer, car pour peu qu’on entretienne la vibration alternative des deux colonnes des vertèbres, on yoK les élans de l’avant-main conftamment fuiv » par les lancers de l’arrière-main. Ces deux mouvements, quoiqu’oppofès. ont même quelquefoi » une fucceflion fi rapide, que le fauteur détache la ruade, fans la fin de l’enlever du devant ; c eft ce quon appelle au manège Muer Cé^tllitu : genre de faut qui donne une preuve non équivoque de la force du rein du cheval qui l’exécute, pmfquil faut que le centre donne le feul point d appui qui permet au cheval de laffer un inflant fes quatre ïambes en l’air ; cclk-s de devant abfolunient p ovées deffous lui, pendant que celtes de derrière font autani étendues quelles peuvent 1 être. Pofinoa à prcnirt pour foiuenir le faut dans lu ■’’Pûitu.

Sans avoir jamais éprouvé la tourmente du faut dans les piliers, l’élève conçoit aifément que la vibration alternative des deux bipèdes doit produire un roulis, qui caufe une violente agitation an point de rencontre fur lequel on eft affis, & qui demande finonune pofition abfolument neuve pour foutemr la rudeffedes fecouffes qui en émanent, au moins une addition confidèrable à celle précédemment, prife fur un cheval mis au pas, & récemment confirmée par l’allure du trot D’après cette remarque, il fiiut chercher, dans les différentes parties des trois divifions du corps de l’homme, celles qui deviennent aôuellement inutiles à ta conduite du cheval, & s’appliquer à les faire tourner au profit de la fermeté du cavalier. Par exemple, dans le haut du corps, la tête, les deux avant bras, « le » mains peuvent recevoir une pofwion particulière » la leçon dont on s’occupe, puifque les cordes, fonement arrêtées aux piliers, forment une barrière i toute épreuve qui difpenfc du foin de dineer k cheval. En confèquence, la tète beaucoup plus haute que de coutame, & portée en arriére, non feulement pèfe davantage fur les épaules attirées par les bras’tombants & affujettis contre le corps. mais même facilite l’ondulatioo defcendante de k colonne offeufe. Quant aux avant bras, li on confeille de les tourner de façon que » mains, arrivées derrière le dos, fe joignent potavement dans le creux que le rein forme * 1 oppofite de la ceinture, c’eft moins pour éviter a 1 élève l’embarras que léw inutilité pourwm lui « anfer. (fU^afin de forcer Touverturc de la poitrine, ainfi Sue le gonflement du ventre, & pour que « nichées ans la concavité de la colonne offeufe, elles s’op’^ pofem au déplacement du bas du rein, en coopé* rant à la faillie des hanches & de la ceinture. Corn* me ni le milieu, ni lé bas du corps ne préfentent pas une feule partie oui concoure à la direâion du cheval, le cavalier, loin de rien changer dans Tar^ rangement primitif de ces deux divifions i doit au contraire apponer touts fes foins^^ les rendre imperturbables. On a la certitude de réuffir, premièment, chaque fois qo’affisfur les trois points d’appui donnés par le haut des deux cuifles & le crou-J }ion, Textenfiondu bas des cuiâes, pofées à plat, poufle les genoux fermés » qu’on garantit de la .moindre roideur, en cherchant à les ployer létté* rement. Secondement, chaque fois, qu*en raik>n de ce pli, Tenveloppe des jambes égales, tom «  banres perpendiculairement au bas des cuifles, peut fe cdtf « r fur la capacité même du cheval y & l^mbraiTer exaâement aù-d « âbus du diamètre de fa circonférence* Troifièmement, & enfin » chaque fois, qu*à la précaution d allonger les talons » compile fi on avoit defTein de les poler 2^ terre, on joint celle de foutenir la pointe des pieds qu’il faut actuellement cambrer, afin d*en former deux efpéces de crochets, qui puiflent fixer la liaifon des jambes étroitement adaptées au corps du cheval. Choqué de la contradiâion apperçue dans la nouvelle tournure de la pointe des pieds, dont on recommande la cambrure, lorfqu*on s’expofe ^la véhémence du faut dans les piliers « après avoir expreiTément ordonné, dans les deux premières leçons s de ne les poner ni en dcdans^ni en dehors, rélève doit confiderer que, fi chaque partie féparée du haut du corps, mife d’aplomb lune fur Tau* tre, donne au total un plan incliné qui, par fa pulfation d’arrière en avant, maintient Vaffiette du milieu du corps, il eft indifpenfable que chaque partie diftinâe du bas du corps produife une tan* gente dont la fuite, adhérée au coffre même du cheval, ait la puifTance d’attirer, & de retenir, d’un cité, ce que k haut du corps pouffe de l’autre.

fléficxion fur la pofithn à prenârt peur foutenir le faut dans Us piliers. *

Plus on emploie de force pour prendre une po* fition, plus on en abrège la durée, k moins que de favoir faifir adroitement certains intervalles qui permettent de fe relâcher, & qui donnent la faculté de reprendre enfuite avec une vigueur nouvelle. Ce (ont ces fortes de temps, imperceptibles lorfqu’îls font pris avec art, qui éblouifTent au point de faire admirer la feule contradton des nerfs. tandis que le véritable hommage appartient ^ la jufiefle de celui qui fait déployer Tes forces à propos. Ainfi, tant que le travail du Uuteur entre les piliers confifle dans les.enlevers du bipède de dejrant, qui o’onc & ne peuvent rien aw^ de rude p P I L 237

le cavalier a fout le temps néceifaire de mettre le haut du corps d’aplomb ; de prendre rafSertc la mieux foignée i enfin d’augmenter l’enveloppe des jambes égales, afin d’attendre, fans inquiétude, le lancer du bipède de derrière, d’où réfulte ce contre-coup, l’effroi de touts ceux qui fc livrent inconfidérément à l’exercice du faut dans lei piliers.

Danger du faut prématuré dans tes piliers^ En effet cette leçon effentielle à touts égards ; auffitôt que la dureté du trot ne caufe aucun dè^ rangement dans l’affiette, devient l’écueil le plus dangereux de la vraie pofition, lorfqu’on a la té^ mérité de s y expofer, avant que aavoir acquis une tenue invariable & conféquente. loin de donner cette confiance, qui fait fupporter defang* troid les défenfes du cheval » chaque faut prématuré fournît au contraire la preuve humiliante de llfifuffifance d’une enveloppe imparfaite. Cependant, quoique dénué de princioes certains, on s’obftineil tenir ; enforie que, viaime d un amour* propre mal entendu, on finit par faire les derniers efforts pour entretenir, en fe racrodiant, une po* fition manqué^, & dès-lors périlleufe. De-là naît Timpoffibihté de foigner les temps de main, puif^ que, toute correfpondance étant interceptée entre le haut, le milieu & le bas du corps, le cavalier g dont rattention fuffit à peine pour le préferver d’une chute toujours prochaine, fe trouve hors d’état de longer k rien de plus.

Des Piliers. ( DeBohan).

Je ne confeille ni à la cavalerie, ni aux chaffeurs, ni aux amateurs de chevaux de courfe, de .foire ufage de piLers dans Téducation de leurs che «  vaux ; ils n’en retireroient que peu d’avantages, & perdroient un temps qu’ils emploieroient beau* coup mieux à allonger leurs chevaux fur de grands cercles, & plus encore fur des lignes droites ; mais cette leçon, donnée par un habile maître, à un jeune cheval defliné au manège, devient très-utile, en donnant une grande juÔefle, & un grand liant aux refforts de Tanimai, en lui faifant plier les articulations avec grâce & agilité, & lui apprenant à repartir proportionnellement le poids de fon corps fur les jambes pefantes à terre, ce que j’appelle fe raffemblcr.

Cette leçon eh excellente pour les chevaux qui ont quelques difpofitions k s’appuyer fur la main, & oui fe fervent peu de leurs hanches, ou qui ont l’habitude de laifler tomber leur maffe à droite ou à gauche : elle doit être donnée au cheval quand il commence à être affoupli, & qu’il a déjà fait quelques temps de galop ; ii on la lui donnoit avant on lui demanderoit linv^offible. *

II faut que le cheval foit attaché dans les piliers > n de manière aue, donnant dans les deux cordes, qui doivent être égales, il dépaffe les piliers en avant de toute rencolure » enfortc que le garosdc i38 P I L raoimal & les deinc piliers foient à-peu*près fur h même ligne.

Après avoir mis le cheval dans le caveçon ( qui ne doit le ferrer de nulle pan) » on le careiiera, &, le prenant par le bridon » on l’attirera en avant » pour le faire donner dans les deux cordes » & voir fi elles font parfaitement égales ; le tout aînfi pré* paré, celui qui tient la chambrière la montrera ^ eif fc tenant un peu fur la droite, & en arriére de Tanjimal ; &, en relevant moèlleufement, il appel* ^ra un petit temps de la langue, afin d’exciter le cheval à avancer & donner dans les cordes. Si le cheval y répond bien, une perfonne, qui fe tien* dra au pilier gauche, & par conféquent à Tépaule du cheval, le flattera. Nombre de chevaux reculent avec colère,’OU épouvantés,.10rfqu*ayant donné cbns les cordes, ils en éprouvetn la réfii^ance ; il xie iaut point les battre 9 mais beaucoup les flatter, & réitérer la montre de la chambrière 9 beaucoup Π» lus moëlleufement, afin que le cheval donne dans es cordes fans à coup : quand il ne reculera plus t celui qui tient la chambrière paflera de Tautre côté du cheval, en le faifant ranger, & en le flattant de la voix fitot qu’il aura obéi ; il lui fera exécuter )a même chofe alternativement » aux deux mains ; obfervant toujours de lui « omrer la chambrière un peu en arrière, & vis-à-vis le centre de gravité. Ces premières leçons doivent être répétées plufieurs fois, fans exiger autre chofe du cheval, que de le faire donner dans les deux cordes, & le faire ranger aux deux mains. Lorfqu’il pratiquera bien ces premières leçons, on commencera à lui demander quelque temps de piaffer. Pour cela, le cheval étant dans les cordes, à main droite, je fuppofe, c’eft-àdire, étant rangé à gauche, & légèrement plié ï droite, celui qui tient la chambrière étant placé un pas en arrière, Se fur la droite de la jambe droite du derrière du cheval, réitérera fes mouve* mènes de chambrière de bas en haut, Ton bras droit étendu, de forte que, dans ce mouvement, la courroie touche le cheval entre l’épaule & le ventre, avec plus ou moins.de force, (elon la len<teur & la fenfibilité de l’animal ; fttôt qu’il a obéi, la chambrière doit ceffer, & on doit le flatter, pour lui faire connoître qu’il a bien fait. Si les mouvements de chambrière font moelleux, lents « bien égaux & bien doux, ils ne feront qu’une aide, ou un avertifTement pour le cheval, il ne s’y défendra p « s, & fes mouvements de piaffer ne feront point forcés, mais naturels, c’eft-àrdhe, que ce feront de fimples flexions dans les articulations des quatre colonnes ; pour lors, la leçon fera inflruâive & non dangereufe ; mais û les mouvements de chambrière font trop lecs, trop rapides, fans fuite, ils deviendront châtiment, le cheval s’y défendra, ruera, fera des pointes (toujours aux dépens des jarrets) ; les temps de piaffer ne s’opéreront que fur larrière-main, & les épaules fe roidiront. Cette leçon efl toujours ou très-bonne ou très-mauvaife j elle ne fauroit être donçcç ^y^c trop PIL

de ch’coBrpeâîon ; elle doit toujours être très-courte, & donnée au cheval lorfqu’il fon de Técurie, avant de le monter, parce qu’un cheval qui feroit fatigué y rèpondroit mal ; on la continue jut qu’à ce qu’ott ea ait retiré le fruit qu*on en attendoit. .

La théorie ii# fuffit pas pour mettre que ! qu*ua en état de donner cette leçon avec avantage, il hiit de la pratique, & avoir longtemps manié la chatobrière, pour pouvoir prétendre s’en fervir fans inconvénient. Les principes que je viens d expofer ne font que généraux, & trés-infuffifants pour la parfaite exécution : il faut néceffairement recourir à la pratique fous un habile mwtre.

PINCER, c’eft approcher délicatement l’éperon du flanc du cheval, fans donner coup ni appuyer. Le pincer cftune aide, & appuyer, un châtiment. Pincer du droit, pincer du gauche, pincer des deux. Approcher les talons. Quand on a pincé le cheval, il ne £iut pas laiffer l’éperon dans le poil, il faut d’abord remettre fes jambes.

PIQUER, A l’égard des chevaux, c’eft les manier avec les éperons ou le poinçon. On dit qu’on pique un cheval, quand on l’effaie au pas, au galop & à toute bride. Piquer des deux, c’eft aller k toute courfe.

PIROUETTE. Il y a des pirouettes d’qne ou de deux piftes. Quand un cheval tourne de la tête à la queue fans changer déplace, cela s’appelle pirouene de la tète à la queue, ou pirouette d’une pifte ; & quand il fait ce tour dans un petit terrein | oc à-peu-près de la longueur du cheval, on l’appelle pirouette de deux pift^. On appelle aufll pirouette, ou demi— pirouette d*un temps ; quand il Élit des paffades ou des demi-voltes, en faifant preftement un tour de f(^ épaules & de fe « jambes. Les pirouettes de la tête à la queue font des tours entiers fort étroits, que le cheval fait d’une pifte & prefque es un feul temps. La tête fe trouve oii étoit la queue fans que les hanches échappent en dehors^ Afin que les chevaux aient plus de facilité à faire la pirouette de la tête ï la queue, on leur en hit faire dans les manège cinq ou fix d’une fuite, fans bouger d’une place. Elles font utiles dans un combat fingulîer pour Sagner la croupe far l’ennemi. Les pironetes de eux piftes, (ont des tours de deux piftes fur un petit terrein, à^peu-près de la longueur du cheval^ Pour bien faire les pirouettes de deux piftes » il faut que le cheval tourne avec beaucoup de prefteffe & d’agilité, fort étroit, extrêmement afus & bas. La pirouette d’un temps ou demi pirouette d’un temps, ou paffade d*un temps, ou paffade en pirouette, c’eft une demi-volte qiie le cheval fait d’un temps, de fes épaules & de fes hanches. C’eft la plus parfaite de routes les paffades. f^oyei paffade d’un temps.

PIROUETTER. Faire dés tours, des pirouettes aux chevaux.

PISTE » Mar^e ^e U cheval trace fur le t^* f O î rein où il paflfc ; & on dit qu a travaillé, qu*il mi-Bie de deux pifles, quand il en marque une par la frain de devant, & une autre par le train de der* rière. Cavalier qui obferve la pifte, qui s*attache k fuivre la pille, c’eftà dire qui fuit régulièrement fon terrein, fans s’élarjir ni Te ferrer » fans fe iraverfer ni s’entabler. Uiefval qui manie bien de deus piftes, qui travaille bien d’une piftc. Pirouette d’une pifte, pirouette de deux piltes. f^^^i P^’ ROUETTE..

PLAT. Un chitval plat eft un cheval dont les côtes font ferrées, les épaules plates— J^. Epaules.

PLIER les jarrets, en terme de manège* fe dit d*nn cheval qui manie fur les hanches. Plier les hanches. Koyei hanche « Plier un cheval à droite ou à gauchq » c’eft Taccoutumer à tourner fans peine à ces deux mains. Plier le col’d*un cheval » c*e^ le rendre fouple aân que le cheval obétSk plus promptemenc quand on veut le tourner, nuds c*eA mie trés-mauvaift maxime fi on ne ait pas fnivre leiépaules.

PLUMES, donner des plumes a un cheval, c’efi vne façon de remède ou d*opération.

POIGNÉE. Voyez Lance.

POINÇON. Petit bout de bois rond » loog^de cinqà fix pouces, pointu par le bout, quelquefois armé & terminé par une pointe de fer, fervant au manège à exciter les chevaux à fautcfr entre les piliers. L’écolier, pour cet effet, prend le poinçon de fa main droite ; & paiTant cette main derrière fon^los, il fait fencir la pointe du poinçon au cheval en Tappayant fur le haut de fa croupe. Appuyer le poinçon. Foyei Appuyer. Poinçon, eft auffi un inflruipent que chaque palfrenjier doit avoir au bout de {oa couteau, pour percer des trous quand le cas le requiert.

POING de la bride. Quelques-uns difent poignet de la bride. Le premier eA le plus en nfage dans le manège. C eA le poignet de la maifl gauche du cavalier. Le poing de la bride doit toujours être fort droit. Le poing & le coude du cavalier doivent être également élevés, le premier doit être deux ou trois doigts ao-defllis du pommeau de la felle. Il faut que le poing droit refte toi^jours environ quatre ou cinq doigts près du gauche ; de celui-ci le cavalier tient la bride, de lautre la houifine. Cheval qui fuit le ^oing delai)ride, qtti ne refufe pas le poing dfe I9 bride, c’eft-à-dite, qui obéit à la main. Pour conduire un cheval de la main 4 la main, c^eA-à-dire, pour changer de main d’une pifte, il n’y a qu’à tourner le poignet du côté qu’on veut porter la tète du cheval fans avancer la main. Si le cheval s arrête, il faut fe fervir des deux jambes.

POINTE. Un cheval fait une pointe, lorfqu’en maniant fur les vohes » il ne fuit pas régulièrement le rond « Qc que forrant un peu de fon terretn ordinaire, il fait une efpèce d’angle ou de pointe k A piAe circulaire. Pour empêcher qu’un cheval faile des pointes, k faire en forte qu’il s’arrondiiTe


bien, : I faut avoir fain de hâter la « faJn.

PONT-LEVIS fe dit du défordre & de la défobéiflance du cheval, quand il fe cabre plufieur » fois & fe dreffe fi haut fur les jambes de derrière ^ qu’il eft en danger de fe renverfer & de rcnverfer le cavalier. Ce cheval eft dangereux à monter à caufe des ponts-levis qu’il fait fourent. Il faut rendre la main au cheval qui fait des ponts-levis. Les chevaux ramingues font fujets à doubler dc$ reins & à faire des. ponts-levis.

PORTER fignific dans le manège poufTer unr cheval, le faire marcher en avant d*uncôré & d’autre, d’un talon fur l’autre. Le porter de côté, c’eft le faire marcher fur deux piftes, dont Tune eft mar-Puée par les épaules & l’autre par les hanches. oner un cheval d’un côté & d’autre fur deux lignes parallèles, le poner d’un talon fur l’aur reporter, chaflcr un cheval en avant. On dit auflî qu’un cheval porte beau, ou en beau lieu, lorfqu’il aune encolure belle, haute, tournée en arc à la façon des.cygnes ; & lorfqu’il tient la tête haute fans contrainte, ferme, bien placée. On dit qu’il porte bas 9 quand il a l’encolure molle » mal tournée > & qu’il baiâe la tête. Tout cheval qui s’arme porte bas, mais il peut porter bas fans s’armer. Lorfqu^ijl s’arme, il a l’encolure trop fouple & vent’ fuir la fujettion de la bride ; & quand il porte bas f il a l’encolure mal placée & mal tournée. La branchç firançoife ou la gigotte relèvent bien quelque peu un chqyal qui porte bas ; mais elles n’y remédient pas entièrement. On dit qu’il porte au vent ^ quand il lève le nez aufti haut que les oreilles, & ne porte pas en beau lien. La différence de porter au vent & de battre à la main, eft que le cheval qui bat à la main, fecoue la tête & réfifte à la bride, & celui qui porte au vent, lève la tête fans la fecouer, & quelquefois il bat à la main. Le contraire de poner au vent eft de s’armer & de poi «  ter bas. La martingale ramène quelquefois des chevaux qui portent au vent. Les chevaux anglois ^ turcs <6c autres font fujets à porter au ycnt.

POSADE, ou pefade^ c’eft le mouvement du cheval lorfqu’il lève les pieds de devant en fe tenant ferme fur ceux de derrière. On le dit au^ de fon arrêt quand il termine fon galop. K Pesade.

Position ut l’homme a cheval.

(La Guériniire).

Lagrace eft un fi grand ornement pour un cavalier, dit la Gttérinière’, &en même temps un (i grand acheminement ^la fcience, que touts ceux qui veulent devenir hommes de cheval, doivent avant toutes chofes, employer le temps néceilaire pour acquérir cette qualité. J’entends par grâce, un aipd’aifaiyce & de^liberté qu’il faut conferver dans une poftnre droite* & libre, foit pour fe tenir & s’affermir à cheval qiiand il le faut, foit pour fe relâcher à. propos, en gardant autant qu^on le peut, ’dans touts les mouvements que fait un cheval, ce jufie équilibre qui dépend du centre-poids du corps 140 P O 5 bien obfervé ; 8e que les mouTements du cavalier ibient fi fubtils » au’ils fervent plus à embellir fon aiSette qu’à paroitre aider (on cheval. Cette belle partie ayant été négligée, & la nonchalance jointe à un certain air de moUefle, ayant Aiccédé à l’at* tention qu^on avoit autrefois pour acquérir & pour conferver cette belle affiette, qui charme les yeux des fpeâateurs, & relève infiniment le mérite d*un beau cheval » il n*efi point étonnant que la cavalerie ait tant perdu de ion ancien luftre* Avant que de monter un cheval » il faut vifiter d^un coup-dœil tout fon équipage : cette attention ^ qui efi l’affaire d*un moment » eft abfolument néceffaire pour éviter les inconvénients qui peuvent arriver k ceux qui négligent ce petit loin. Il faut d*abord voir fi la fougorge n’efi point trop ferrée » ce oui empêcheroit b refpimtîon du cheval ; fi la muterole n*eft point trop lâche ; car il faut, au contraire, qu*elle ibit un peu ferrée, tant pour la propreté que pour empêcher certains chevaux d’ouvrir la bouche, & pour prévenir dans d’autres le défaut au*ils ont de mordre à la botte. Il faut enfuire voir n le mors n*eft point trop haut, ce qui feroit froncer les lèvres, ou trop bas, ce oui le feroit porter fur les crochets ; fi la felle n*eft point trop avant ; car outre le danger d’eftropier un cheval fur le garot, on lui empêcheroit le mouvement des épaules ; fi les fangles ne font point trop lâches, ce qui feroit tourner la felle ; ou fi elles ne font point tendues » d*oii il arrive fouvent de fâcheux accidents. Il y a, par exemple » certains chevaux qui s’enflent tellement le ventre par malice > en retenant leur haleine lorfqu*on veut les fangler » qu’à grande peine les fangles peuvent approcher des contre-fanglots ; il y en a d’autres qui, fi on. les monte dès qu’ils font fangles • ont la dangereufe habitude d*eflayer, en fautant, de caffer leurs fangles % & quelquefois même de fe reaverfer » Peur corriger ces défauts » on les tient fangles dans Técurie quelque temps avant de les monter, & on les &ic trotter en main quelques pas. Il faut « auffi voir fi le poitrail eft au*deflus de la)etature des épaules ; car s’il étoit trop bas, il en empêcheroit le mouvement ; & enfin fi la < ; rou|)ière efl d’une fufte mefure ; ni trop lâche, ce qui feroit tomber la felle en avant ; ni trop courte, ce qui écorcheroit le cheval fous la queue, & lui feroit faire des fauts & des ruades très-incommodes.

Après avoir fait ce petit examen, il faut’s’appro* cher^près de l’épaule gauche du cheval « non-feulement pour être à portée de monter facilement défais, mais pour éviter de recevoir un coup de Sied, foit avec la jambe de devant, fi on étoit visvis de i’encolure, foit avec celle de derrière, fi •n étoit placé vis-à-vis du ventre. Il faut enfuite « rendre le bout des rênes avec la main droite, pour voir fi elles ne font point à Tenven ni dé-Surnées ; & en ce eas, il faudroit les remettre fur leur plat, en tournant le touret du bas de la branche. U faut tenir la gauleb pointe ea^bas dan » POS

lamaingauche^Scdela même fllaln pfendre lel rênes un peu longues de peur d’accident, avec une poignée de crin prèsdu garot, & bien ferrer ces trois chofes. 11 faut enfuite avec la main droite prendre le bas de l’étrivière près de l’étricr, tourner rétrivièrc du côté du plat du cuir, enfuite on met le pied gauche à l’étrier, on porte la main droite fur l’arçon de derrière, on s’élève au-deffus de la felle, en paffant la jambe dtoite étendue jufqu’a la pointe du pied ; & enfin on entre dans la ielle en fe tenant le corps droit. Toute cette fuite d’aâion, qui eft plus longue à décrire qu’à exécuter, doit fe faire avec beaucoup de grâce, de prompritude & de légèreté, afin de ne pas tomber dans le cas de certains cavaliers, qui affeflent un air de fufiifance dans la pratique de cbofes qui, quand on les fait faire une fois, font très-faciles & très-fimples, mais néceffaîres.

Lorfqu’on eft en felle, il faut paffer la gaule dans la main droite/, la pointe en haut ; avec la même main, prendre le bout des rênes pour les tenir égales, enfuite les ajufter dans la main gauche, en les féparant avec le petit doigt de la même main, renfermer le bout des doigts dans le creux de la main, & étendre le pouce par-deffus les rênes, afin de les affurer & de les empêcher de couler de la main.

La main de la bride gouverne rayant-main. Elle doit être placée au-deffus du col du cheval, ni en dedans ni en dehors, à la hauteur du coude, deux doigts au-deffus, & plus avant que le pommeau de la (elle, afin qu’il n’empêche pas Teffet des rênes ; elle doit être par conlequent détachée du corps & éloignée de l’eftomac, avec les ongles un peu tournés en deffus, vis-à-vis du ventre, & le poignet un peu arrondi. Nous parlerons dans Farticle fuivant des effets de la main de la bride, laquelle mérite une explication particulière. La main droite doit être placée à la hauteur & près de la main gauche, quand on mène un cheval les rênes égales ; mais lorfau’on fe fert de la rêne droite pour le plier avec la main droite, il faut qu’elle foit plus baffe que la main gauche, & plus près de la bâte de la felle.

Immédiatement après avoir placé la main de la bride, il faut s’affeoir jufte dans le milieu de la felle, la ceinture & les feffès avancées, afin de n’être point aifis près de l’arçon de derrière ; il faut tenir fes reins plies & fermes, pour réfiftcr au mouvement du chevaL

M. le duc de Nevcaftle dit qu’un cavalier doit avoir deux parties mobiles & une immobile. Les premières font le corps jufqu’au défaut de la ceinture, & les jambes, depuis les genoux jnfqu’aux pieds ; l’autre eft depuis la ceinture jufqu’aux genoux. Suivant ce principe, les parties mobiles d’en-baut font la tête, les épaules oc les bras. La tête doit être placée droite & libre au-deffus des épaules, en regardant entre les oreilles du cheval ; les épaules doivent être aufli fort libres & un peu renverfées

PO s renverfées en arriére ; car fi la tète & les épaules étolent en avant ^ le derrière fottiroit du fond de la fcUe, ce qui, outre la. mauvaife grâce, ferôit aller un cheval fur les épaules, & lui donneroit occafion de ruer par le moindre mouvement. Les kras doivent être plies au coude, & joints au ^rps fans coatrainte, en tombant naturellement fiir les hanches.

A regard des jambes, ifui font les parties mo «  biles d*en-bas, elles fenrent à conduire & à tenir ea refpeâ le corps & rarrière-main du cheval ; leur vraie pofition eft d’être droites & libres du genou en bas, près du cheval fans le toucher, les cuiffiss & les îarrets tournés en dedans, afin que le plat de la cuifie foit pout ainfi dire collé le long ^uquartier de la feUe ; 11 fasir pourtant que les jam^hes foient afltirées, quotqne. libres, car fi elles ètoient iocenaînes, elles toucfaeroienc iace/Tamment le ventre ; ce qui tiendroit le cheval dans un continuel défordre ; fi elles, étoient trop éloignées, on ne feroitplusà temps d’aider ou de. châtier un cheval k propos, c*efl-à-dire, dans lé temps ^ull commet la faute ; fi elles éioient trop avan^ cées, on ne pourroît pas s*en’fervir pour le ventre, dont les aides font les jambes ; ii au contraire elles étoient trop en arriére, les aides viendroient dans les flancs, qui font une partie trop chatouille ufe & trop fenfible pour y appliquer les éperons^ & fi enfin les jambes étoient trop raccourcies, lorfqu’on peferoit fur les érriers, on ftroît hors de la felle. Le talon doit être un peu plus bas que la pointe do pied, mais pas^trop » parce que cela tiendroit la jambe rotde ; il— doit être tourné tant foit peu plus en dedans qu’en dehors, afin de pouvoir conduire l’éperon facilement & fans contrainte à la I partie du ventre, qui eft à quatre doigts derrière es fangles. La pointe du pied doit déborder i’étrier d’un pouce ou deux feulement, fuivant la largeur de la grille ; fi elle étoit trop en dehors, le talon le trouverolt trop près du ventre, & Téperon chalouilleroit cominuellement le poil ; fi au contraire 0ie étoit trop en dedans ^ alors le talon étant’trop M dehors, la jambe feroit eftropiée. A proprement parler, ce ne font point les jambes qu*il faut tourser à cheval, mais le haut de la cuifle ; c’efi-à-dire, la hanche, & alors les jambes ne font point trop tournées, & le font autant qu’elles le doivent être « uffi bien oiie le pied.

Il ne fuffic pas de favoir préciiement comme il faut fe placer à cheval, fuivanr les règles que nous Tenons de donner ; le plus difficile eft de conferver cette pofture lorfque le cheval eft en mouvesneilt ; c*eft pour cela qu*un habile maître a coUlume de faire beaucoup trotter les commençans, afin de Leur faire prendre le fond de la felle. Rien 9* « ftau-deflusdu trot pour donner de la fermeté à lin cavalier. On fe trouve à fon aife après cet’ oxeitice dans les autres allures, qui font moins nides. La méthode de trotter cinq ou fix mois ^ns étriQr& eft encore excellente ^^ par-là aéçeffàrrement les jambes tombent près du cheval, & un cavalier prend de l’afliettc & de l’équilibre. Une erreur dans laquelle on tombe trop ordinairement, c’eft de donner des fauteurs aux commençans, avant qu’ils aient attrappé au trot cet équilibre, qui eft.au-deflus de la force des jarrets, pour febien tenir à cheval. Ceux qui ont l’ambition de monter trop tôt des fauteurs, prennent la mauvaife habitude de fe tenir avec les’tâloiis ; & au fortir de l’académie, ils ne laiflent pas, avec leur prétendue fermeté, de fe trouver très-embarrafles fur de jeunes chevaux. Ceft en allant par degrés ^u’on acquiert cette fermeté, qui doit venir de 1 équilibre, & non de ces jarrets de fer, qu’il faut laiâer aux cafTecous des maquignons. Il faut pourtant dsina de certaines occafions, fe fervir de fes jarrets,’& même vigoureufemem, fur-tout dan$’ des contre-temps qui font fi rudes & fi fubits, qu’on ne peut s’empêcher de perdre fon affiette ; mais il faut fe remettre en felle, & fe relâcher d’abord’ après, la, bourafque, autrement le cheval recom* menceroit à fé défendre de plus belle. Dans lirtc école bien réglée, on devroît, après le trot, mettre, un cavalier au piaffer dans les piliers ; il apprendroit dans cette occafion, qui eft très-aifée, a fe tenir de bonne grâce. Après le piaf* fer, il faudroit un cheval qui allât à demi-courbette ; enfuite un à courbette ; un autreàballotade ou à croupade ; & enfin un à cabriole. Infenfihiement & fans s’en appercevoir, un cavalier prendroit avec le temps l’habitude de fe tenir terme & droit, fans être roide ni gêné ; il deviendroit libre & aifé fans mollefte ni nonchalance ; & fur tout ne feroit jamais penché ; ce qui eft le plus grand de touts les défauts ; parce que les chevaux fenfibles vont bien ou mal, fuivant que le contre-poids du corps eft régulièrement obfervéou non.

T H i O R I K. ( DUPATY).

Le but de réouitation eft l’ufage du cheval. Cet ufaee, qui doit être auffi facile à l’homme que celui de les propres membres, s’ils font fains & bien conformés 9 ne p<ïut exifter fans l’aâion & la réaâioa réciproques des deux individus l’un fur l’autre ; autrement il feroit iiÂpoffible qu’il y cm communica-. tio.n de mouvement.

L’homme, par le moyen de fes membres, com «  me par autant d’inftruments, agit fur le cheval, 1 ebhinle & le dirige. Le cheval, en déployant fes membres pour obéir, réagit fur l’homme, l’ébranlé & le met ep mouvement par l’eflet du tran(port. Le changement dans la pofture de l’homme eft fentt par Je cheval, & les mouvements du cheval font refientis par.l’homme. Cette réciprocité de feofatioo eft le réfultat de ï.zRïon & de la réaflion. , L’aâion de l’homme fur le cheval, & la réac^ tion du cheval fur l’homme, font fubordonnées à cenains principes, à certaines caufes qui fe trou-i . yoAt dans Tun 6c dum l’autre » mais qu’on ne doî ; HU pas laisser développer par le hasard, si on desire exécuter avec justesse. La première loi de cette justesse est l’union intime des deux individus ; union qui exige, de la part du cavalier, une position & des actions convenables, & de la part de l’animal, une subordination sans bornes, une obéissance prompte & aveugle, du moins autant que les loix de sa construction ne sont pas violées.

Comme la construction d’une machine quelconque doit être déterminée sur l’usage qu’on veut en faire, de même la position de l’homme se réglera sur l’emploi de ses membres à cheval. Le corps humain est destiné à donner un mouvement au cheval, en composant les forces de différents membres de manière qu’il s’ensuive, de la part de l’homme, une direction fixe, & de la part du cheval, une vitesse connue ; car l’équitation résulte d’une quantité de puissances composées ensemble. Ce sera donc relativement à ce but, que nous poserons le corps de l’homme sur le cheval.

Principes de la bonne position de l’homme sur le cheval.

En consultant les propriétés des deux individus relativement à leurs mouvements & à leurs facultés méchaniques, nous voyons que l’homme ne peut communiquer au cheval un mouvement dont il soit le principe jusqu’à un certain point, s’il ne se prête à la combinaison naturelle des mouvements du cheval ; car il doit exister dans l’équitation un ordre général qui subordonne toutes les parties de l’homme & du cheval à une détermination commune.

L’action de l’homme sur le cheval passe de la circonférence au centre du cheval.

La réaction du cheval sur l’homme part du centre du cheval, & se communique à l’homme à proportion que ses membres sont plus près du cheval ; car plus on est près, & plus la réaction se fait sentir.

La réaction de l’animal commence aussitôt que le mouvement lui est donné, & dans un degré proportionnel à ce mouvement.

L’animal en réagissant cherche à reprendre sa disposition première, puisqu’il est élastique ; si l’homme n’exerce pas une action continue, l’animai ne lui sera subordonné qu’un instant, & ensuite il se livrera à touts ses caprices.

Il faut donc que le corps humain soit disposé & agisse de telle sorte, que la réaction du cheval ne le dérange pas, & même tende à le disposer à agir dans un sens déterminé, ou du moins ne détruise pas le principe de la position ; & que le mouvement étant une fois donné, se perpétue tant que l’homme le veut, & que les forces de l’animal le permettent ; par là il y aura une quantité de mouvements que l’homme & le cheval se renverront l’un à l’autre tant que subsistera le principe de ce mouvement.

La portion de mouvement que l’homme commihique au cheval, est proportionnelle à la quantité de forces que l’homme emploie : bien entendu que ces forces sont relatives à l’état de l’animal.

La quantité de mouvements rendue par le cheval, est proportionnelle à la cause première & à l’élasticite de l’homme : observant que la roideur de l’homme est plus susceptible de réaction que le liant & la souplesse.

Tout mouvement qui ne rencontre pas Je corps de l’homme n’est point répercuté ; & la répercussion ne se fait que dans la direction de la force motrice.

L’homme & le cheval seroient bientôt séparés, si les deux individus ne se fixoient à un degré commun de mouvement, la quantité & la qualité de leurs actions faisant contre-poids l’une à l’autre.

Si le degré de mouvement ne devenoit pas commun, le corps le plus en mouvement s’écarteroit de l’autre, & le système n’auroit plus lieu.

L’homme agit sur l’appui qu’il a sur le cheval, en raison de sa pesanteur propre ; mais cette sorte d’action peut être augmentée par la direction de cette force.

L’animal doit toujours être en état de recevoir sans peine & sans inconvénient le résultat des forces de l’homme ; & il doit obéir sans être contraint par la violence. C’est ce qu’on doit desirer.

Ce petit nombre de propositions nous fait voir les conditions que doit avoir la position de l’homme à cheval pour être bonne. Elle doit porter le mouvement primitif au point central du cheval ; elle ne doit point être dérangée par la réaction, soit que le cheval rue, soit qu’il se cabre, ou se jette de côté ; elle doit être, pour ainsi dire, le foyer d’une action continue, & capable de fournir le plus grand principe de mouvement ; maintenir sans cesse l’homme en état de résister à l’ébranlement du cheval, & donner à touts les membres de l’homme la plus grande facilité d’agir.

L’homme ne peut porter tout le mouvement possible au point central du cheval, s’il n’est posé sur ce point central ; & il ne peut être dit posé dessus, si la direction de la puissance de son corps n’est un axe d’équilibre du point central de l’animal ; il ne peut résister à la réaction du cheval, si la ligne de direction de son centre de gravité ne rencontre la ligne de direction du centre de gravité du cheval ; enfin ils ne peuvent avoir une direction commune, si leurs forces ne se composent de manière que leur résultante soit dirigée vers le but desiré.

Expliquons ceci, & détaillons nos principes.

Des centres de gravité de l’homme & du cheval, & de leur position l’un sur l’autre.

Le cheval mis en équilibre selon les principes que nous exposerons dans la suite, a un centre de gravité où toute sa pesanteur & toutes ses forces sont supposées réunies. Ce point, invariablement le même, tend à décrire une verticale. C’est sur ce point que l’homme doit se placer ; c’est à ce point que toutes les actions de l’homme doivent aboutir, par la raison bien claire que s’il les appliquoit à un autre point, il ne remueroit qu’une partie du cheval, toutes les forces de l’animal n’étant pas indifféremment dans touts les points de son corps.

Comme touts les corps ont un centre de gravité, l’homme aussi a le sien qui, de même que celui du cheval, décrit ou tend a décrire une ligne perpendiculaire.

Ce sont ces deux lignes qu’il s’agit de poser l’une sur l’autre, mais de manière qu’on ne confonde pas la direction du centre de gravité de l’homme, avec la puissance de son corps ; car le corps humain n’agit pas seulement par son poids bien disposé, mais encore par le travail de les muscles qui excitent des sensations dans le cheval. D’un même point on peut tirer plusieurs rayons ; il n’y a que la seule perpendiculaire à l’horison qui soit la direction du centre de gravité. Cette direction doit être invariable dans touts les mouvements de l’homme tant qu’il est uni au cheval ; mais la puissance du corps de l’homme peut varier.

De la puissance du corps de l’homme sur le cheval & de sa direction.

La puissance de l’homme est cette propriété de son corps par laquelle il détermine le cheval, dont l’action est le résultat des forces de l’homme. Afin de faire connoitre plus particulièrement cette puissance, cherchons à la composer avec la direction du centre de gravité du cheval, pour en former une résultante.

Deux puissances différentes ne peuvent se composer si elles ne forment un angle, en sorte qu’elles soient obliques l’une à l’autre : si elles étoient perpendiculaires l’une sur l’autre, elles ne seroient plus deux puissances ; ce n’en seroit qu’une qui auroit la valeur des deux réunies. Ainsi si l’action de l’homme étoit dirigée perpendiculairement sur le centre dé gravité du cheval, celui-ci en recevroit une pesanteur & une inertie plus grande, & on manqueroit le but, qui est de donner de la mobilité au cheval. Pour cela il faut que la puissance de l’homme décrive une ligne oblique, & forme un angle avec la ligne de direction du centre de gravité du cheval. Quelque oblique que soit cette puissance de l’homme, la partie inférieure doit rencontrer exactement le centre de gravité du cheval, & cette disposition étant bien observée, donne les deux côtés contigus d’un parallélogramme. En construisant la figure, & en tirant la diagonale des deux angles obtus, on aura la direction du cheval, & on verra qu’elle ne sauroit être parallèle à l’horison, si la figure est bien construite : alors l’animal n’est pas sur les épaules.

Quantité de la puissance du corps de l’homme.

La quantité de la puissance du corps de l’homme ne peut être la même sur touts les chevaux, ni sur le même cheval dans toutes les circonstances ; car la pesanteur des parties du cheval à enlever devient moindre, à proportion que son équilibre est bien formé.

Pour avoir une idée précise de la force de notre corps sur le cheval, il est à propos d’approcher le flambeau de la méchanique ; on connoitra par-là les détails de cette composition de forces.

J’ai comparé le corps humain à un levier du second genre. Le haut du corps ou le tronc, forme un des bras de ce levier ; les cuisses & les jambes forment l’autre. Le bras supérieur de ce levier est la puissance qui doit agir ; l’appui se trouve aux trois points qui servent de base ; les cuisses & les genoux, qui sont liés très-intimement au cheval, forment la résistance. J’ai donné ailleurs le détail de ces parties & tout ce qui les concerne.

Plus un bras de levier est long, plus il a de forces ; plus ses points sont éloignés du point d’appui, plus aussi ils ont de force. Nous prouverons bientôt que l’homme peut augmenter la longueur du bras supérieur de son levier : il suffit de dire à présent que plus il l’augmente, plus la ligne oblique dont je viens de parler s’éloigne, à son extrémité supérieure, de la ligne verticale du centre de gravité de l’homme, à laquelle on auroit ajouté une sublimité. Lorsque cela arrive, l’impulsion donnée au cheval est bien plus considérable ; & on doit bien examiner s’il est en état d’y répondre sans déranger son équilibre, & sans forcer les membres dont les ressorts sont le plus comprimés. Moins cet équilibre artificiel coûte a l’animal, moins l’homme a besoin d’augmenter sa puissance. Mais si l’animal éprouve de grands obstacles à combiner son équilibre avec l’homme, il ne faut pas pour cela que le cavalier redouble son action ; car l’animal, trop contraint, réagiroit avec trop de forces, & même les ressorts pourroient se détruire, de quelque manière que ce soit. On voit donc qu’il est essentiel de modérer la puissance du levier & de la proportionner aux forces du cheval ; cependant on ne doit pas cesser de la faire agir. L’expérience apprendra le degré convenable, qu’on ne peut indiquer par écrit, non plus que tout ce qui est soumis au tact.

Du Contre-poids.

Plus le centre de gravité de l’homme sera constamment dirigé sur celui du cheval, plus aussi la puissance du cavalier sera continue, & plus l’action sera suivie. Mais il seroit impossible que cela f&t, si l’homme ne devoit son maintien qu’à l’espèce d’équilibre que son tronc conserve. Je dit espèce d’équilibre, parce qu’il n’existe que sur un cheval si souple & si bien mis, que les plus petits avertissements suffisent pour le déterminer ; car pour faire agir tout autre cheval, l’homme emploie une partie de ses forces plus que l’autre, ce qui détruit l’équilibre ; en outre l’idée d’équilibre annihileroit l’action qu’on donne à l’homme sur le cheval. Cependant je crois qu’à la rigueur on peut

244 P O S admettre le terme d’équilibre quant au poids, mais non quant aux forces » parcq quele poids du tronc doit être toujours lé même « lorfqu^une fois il eft bien placé fur le centre de gravité du cheval ;, mais les forces varient de quantité : ainfi l’équilibre n’efl que momentané, & jtes moments f^nt fixés par la confervation de l’équilibre de l’animal. Cependant comme la réaâion & la direâion du cheval peuvent varier malgré les foins de Thomme, fi le cheval eft encore ignorant, ou s’il a des caprices f il faut chercher un contre-poids qui, comme un balancier, maintienne la fureté de Thomme, & le mette à l’abri des chûtes. Les cuiffes nous offrent ce fecours : elles ont un poids & une force 4)ropre, qu’oa peut augmenter en variant leur preflion. L’habitude donne à Thomme la faculté de les feire agir & de les faire contribuer à fa fureté. Elles fervent donc de contre-poids ; & la liaifon qui provient de l’application de leurs mufcles fur le, che-> val, maintient l’homme contre les fecouffes trop violentes. L’emploi raifonné & bien approprié de f es deux membres, fixe la bafe du corps humain. Etudions aduellement fon méchanifœe ; difpoibns fes membres conformément à ces principes ; Ik n’oublions jamais les différentes lignes que nous avons indiquées y comme les règles qui doivent nous faire^uger dé la bonté & de la valeur de notre pofition à cheval.

De la pofition des parties foUdes de f homme. Cette théorie une fois bien connue » doit être appliquée le plus exaâemeat poffible à la pofition du corps humain.

Tout corps animal eil compofé de parties folides & de parties molles. Les parties folides font les os ; &les parties molles font les mufcles, les ligaments 9 &c. Je fuppofe mon leâeur affez inflruit de l’anatomîe pour n’avoir pas befoin qu’on lui donne ici les premiers détails.

Les os font fans doute la partie la plus effentielle à bien placer, puifque s’ils le font une fois, les parties molles dui les accompagnent ne fau-Toient manquer de l’être. Leurs mouvements naturels doivent certainement être employés dans l’équitation, mais avec choix, & relativement à l’exécution la plus conformt à fa méchanique. JLes tfiufcles qui les font agir » font auffi a/lreints aux loix de la nature atnfi qu’à celles de l’art qui exige un mélange d*aâions convenables à un effet fixe & connu.

Nous divifons le corps exaâement comme les anatomiftes, afin de conferver le plus de rapport poffible avec les fciences dont nous nous aidons^ Le fquelette doit être bien connu de l’écuyer, & plutôt par l’étude de la nature que par les livres » qui fouvent développent mal des idées que l’inf^âion des objets rend três-fenfibles. Pofitîon du Tronc. ( Fig. 8)•

létfiM du i » %f dans fon attitude « atiirçUe^ ne POS

peut être tellement placée, que chaque vertèbre ait pour bafe toute la furface de la venèbre qui x eft unie inférieurcment. Comme le total forme une double S, il eft impoffible que la ligne de gravité, cette verticale dont nous avens parlé, pafte par les mêmes points de chaque vertèbre, & même toutes ne feront pas touchées par cette ligne. Cependant on doit chercher à en approcher les vertèbres lombaires le plus qu’il eft poffible. L’extrémité inférieure de cette ligne doit aboutir au cocclx ; fon extrémité fuperieure doit toucher au ne^ de Thomme. Si on applique une ligne oblique à l’occiput, & qu’on l’amène jufqu’au coccix, on aura la direction

  • de la puiffance. Le poids de la tète eft contre- »

balancé par celui des inteftins & du ventre. La bafe la plus large, eft celle qui rend le plus fixe & le plus fiable le corps qui s’appuie deffus » Trois os dans le fquelene, le coccix oc les deux tubérofités de l’ifchium, font les points d’appui du corps humain. La néceftité de diriger obliquement la puiffance du corps » nous détermine à pefer un peu plus fur le coccix ; mais il fe trouve un obfta* çle » que l’art & l’habitude doivent furmonter : ces trois points d’appui ne font pas dans le même plan ;, le coccix eft plus haut » & pour certains fuiets il feroit trés-dimcile d’appuyer deffus. Cependant la nature nous offre un moyen sûr de remédier à cet inconvénient » & à celui de pofer fur une partie fi délicate : les mufcles feffiers doivent lui fervir de couffm. La vraie place de ces mufcles eft dans l’iti" tervalle vuide qui fe trouveroit entte la felle & le coccix, fi on pofoit fur les tubérofités ; & comme ces parties pourroient varier par le mouvement mufculaire, on eft obligé, pour les affurer, de faire enforte que l’appui porte un peu plus fur les feffes que fur les tubérofités. Cela même foulage les parties inférieures du bas-ventre, fi effentielles à ménager. D’ailleurs, comme la réaâion des han^ ches pourroit porter le poids vers les oreilles du cheval, cette difpefuion favorife le maintien du corps dans l’attitude la plus propre à conftruire les forces qui doivent agir fur le cheval. Par cet ex^ pédientauffi l’épine du dos n’aura qu’une obliquité convenable. La réfuUante de ces trois points d’appui, fera donc elle-même oblique » & le corps hi^ main fera renfermé dans un parallélogramme dont la diagonale fera la verticale du centre de gravité du corps humain. ( V. fig. 9)*

Pofition de la Tête & des Epautéil

La tête ne devroit pas avoir d’autre pofition qner d’être bien droite fur fes deux épaules, portant bien également fur l’atlas, enforte qu’elle f^ en état, ea fe redreffant & en s’enlevant un peu, d’augmenter la puiffance du levier formé par la colonn^19)lstfcbrale. Ceux qui exécutent bien fe permettent quelque négligence là-deftiis. Mais il me femble qu’il vaut mieux obferver la grande règle fans affeâar tion.

h^ épaules font fufpendues derrière la poitrin »

p o s umqiiemeot ^ar des mufcies, enforte ^e leur pofition naturelle eft d’être baffes & bien égales. L^ur poids ne contribue pas peu à déterminer Tobliquité du haut du corps, & à maintenir les îeScs dans leur vérirable pofitiçn. Leur incUnafion même donne i la ceinture la facilité de fe poufler en avant.

Pojition des Cuiffis »

La cuiffe de Thomme efl compofée d*un feul os nommé fémur, fufpendu à la cavité cotiloïde par un ligament court & fort, appelle ligament rond » & par fes capfules. Cet os donne attache à un nombre confidérable de mufcles qui le font agir. Le propre poids de Tos devroit le’placer ; mais cela ne peut s*exécuter qu*aprés un temps confidérable de pratique, lorfque les aâlons convenables à Tart ne coûtent plus aucune peine. La grofleur & la forme de plufieurs mufcles s*oppofent à la pofition des cuiues, ainfi que l’emploi fouvent mal ordonné de ces mufcles.

Les 4leux fémurs font placés obliquement l’un vers Tautre, enforte qu’ils font plus écartés par en haut que par en bas, & forment ainfi une efpéce de trapèze. Ce font ces deux os qui embrafTent le cheval.

Si la natvre feule dirîgeoit la pofition des cuifies, il arriveroit qu’elles tendroient a fe ferrer ou à s’ouvrir exceffivement. Ces deux inconvénients font également à éviter. Dans le premier cas l’extrémité inférieure des cuifies feroit feule unie au cheval, & le mouvement qu’elle en recevroit la feroit remonter Se déplaceroit fans cefie la ceinture : il en réfulteroit l’effet d’un corps rond & gli/Tant, prefle obliquement par deux autres ; le cheval s’échapperoit 9 & les deux individus feroient défunis. Dans le fécond cas, l’ouverture dans laquelle le clieyal doit fe placer, deviendroit trop grande : alors Textrémité inférieure des cuifles ne toucheroit que très-peu ; le cheval ne recevroit plus d’aâion fuivie, parce que le corps de l’homme feroit incertain, & comme fur un pivot. Il faut donc, pour tirer parti de ces membres, augmenter l’efpace qui fe trouve entre les genoux, en les tournant en dedans & en ne forçant pas le mouvement d’adulte des cuifles : par-là, le grand trocanter revienffiRn peu plus eo devant ; le cheval pourra fe loger aifément ; & fï on abandonne à leur propre poids les cuifles ainfi tournées, * on les aura lurement à la pofition la plus convenable à l’art.

Quelquefois les deux cuifles n*ont pas là même facilité à fe tourner ; il faudra quelle travail fupplée à ce que la nature refufe ; & on parviendra enfin à appliquer fur la felle la partie de la cuifle qui préfente le plus de mufcles : c’eft ce qu’on appelle cuijfe tournée fur fon plat. L’habitude bien dirigée procure une forte de diflocation, qui efi nêceflaire, mm ï laquelle 00 sc doit arriver que Jfncement.

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Dtt Œnoux, des Jambes ù des Pieds. • Les genoux feront étendus, enforte que les muf «  des employés à l’articulation aient le moins d’action pomble. Si on étpit fans cefle obligé à les faire agir, cela occafionneroit une variété d’opérations & de forces qui brouilleroient le cheval, & rendroient l’exécution confufe. Le gen6Ù étant trop plié, ôteroit à l’aâion de l’homme la faculté de s’étendre le plus loin pofliblefur le corps du cheval, & de trouver ainfi le plus grand n’ombre de points de con* taâ, ce qui contrediroir un des premiers principes de pofition. De plus, il feroit à craindre que lacontraâlon de ces mufcles ne donnât de la dureté à la cuifle, & ne la rendit plus fufceptible de réaction : car devenant plus élaflique, elle feroit plus portée à fe détacher du corps de Tanimal par le mouvement. On efl au contraire obligé, par le relâchement raifonnable des mufcles, de rompre l’aâion du cheval r oppofez un corps n^ou à l’action d’un corps dur, le mouvement de ce dernier fe perdra pour lui.

La jambe doit fuivre la pofition que lui indique la cuifle, en tournant avec elle & en fe laiflant tomber par fon propre poids. Si la cuifle efl habituée à conferver la meilleure pofition poflible, U fambe le fera aufli ; car fes mufcles formant prefque toute la euiflTe, auront acquis le degré de con< trafUon néceflaire pour cela, *

Les mufcles qui compofent la jambe » font mou » voir les pieds : ils doivent être fort relâchés, enforte que ceux-ci n’aient d’autre pofition que celle que la nature leur donne, en obfervant cependant qu’ils foient aflurés & ne remuent pas fans cefle » Le travail bien dirigé donne une pofition fymctrique aux membres : fi on travaille fans étriers, la pointe du pied baifle un peu ; mais avec des étriers. le talon doit être un peu plus bas, & les doigt^ pofer fur les grilles.

Propriétés de la pofition des Cuijfes : L’homne qui a acquis une pofition telle quç nous venons de la décrire, a fans doute de la te «  nue » de la liaifon, de l’étendue > & de l’enveloppe, car il tient fur l’animal autant qu’il le peut ; & il y eft lié par le plus de peints de contaâ poflibles : fes membres font dans un beau, déploiement ; & il femble qu’il efl maître’de toutes les parties de fon cheval. C’eft-là l’objet qu’on fe pro «  pofe dansja pofition des cuifles.. Lorfque l’homme aura tiré parti de fon corps 8c de fa taille, au point d’avoir acquis ces propriétés ^ fans doute il aura difpofé fes membres d’une ma* nière convenable pour exécuter ; & il fera bien près d’opérer, & de pénétrer dans les finefles d^ cet art : mais c’eft le fruit d’un grand nombre d’années.

Pofition du Bras S^ de la Main ;

La ouin eft defiinée à faire agir les rênes, £t 145 PO S comme le premier effet des rênes eA de donner la pofition à la tête du cheval & de Vy maintenir > on eu obligé de la placer dans l’endroit oii elle éA à portée oe tout contenir.

Lorfqu’on connoirra bien le m^hanîfme du mors & fes opérations, ainti que la bonne attitude du cheval, on choiflra aifément la place qui coaviem à la main. La réfultante des opérations du mors eft formée par les deux rênes, & les deux rênes réunies donnent un angle donc le fommet doit néceflairement partager le cheval. H eft donc vifible que pour difpofer ainfi cet angle, la main doit être placée, dans la direâion’qu*aura le fommet de l’angle des deux rênes. CeA la pofition la plus certaine, parce que l’animal variant d’attitudes, & fon corps s*arrangeant différemment autour de fon centre de gravité » on ne peut fixer toutes les variations que la main doit éprouver. Je conviens que fî le cheval eA bien droit & bien ajuAé, & qu’il travaille fur le droit, je conviens, dis-je, (ju’alors la main doit être bien vis-à-vis du point milieu de l’intervalle des oreilles, du col & des épaules du cheval ; 8c que ce point doit répondre à la ligne blanchie du nombril de l’homme. Sa main ferapl^cée ainfi devant lui ; plus haute, fi ranimai baifle la téic ; & plus baffe, fi l’animal eA relevé dans fon encolure^^

Les doigts de la main feront placés fur une ligne perpendiculaire, par la raifon que, dans cette attitude, moihs de mufcles feront employés, & qu*il y aura moines de forces en aâion.]On ne peut néanmoins donner ceci comme une règle inviolable ; il eA des occafions où on fait agir plus fonement la rêne de dehors ; alors on tourne un peu le poignet, enforte que les ongles foienten haut : dans d’autres inAants on porte un peu^ la main en dehors pour élargir le cheval Si on fe fouvient toujours oue la dire^^ion des épaules & du col du cheval fuit la réf ^ltante des rênes, on pourra ne jamais donner à la main une fauÀe pofition.

L’àvant-bras doit être plié fur le bras, & foiltenir la main de manière que celle-ci ne foit jamais tombante. Le poignet ne doit pas s’arrondir ; car pour cet effet il faut faire agir des mufcles, & cela eA inutile pour la pofition de la main. Le bras, fuf<pendu dans Ip, cavité glenoïde de Tôméplate, tombera de foo propre poids d^os l’endroit où ce poids même le placera.

Tels font les principes les plus vrais de la pof*tion. Plus on connoitra l’utilité, l’ufage, la conftruâîon 8e les mouvements des membres de l’homîtie. plus on fera convaincu que c*eA d’après la nature bien connue, que nous fommes obligés de nous conduire. Le principal but au’on fe propofe, eA de mettre chaque membre oails l’attitude la moins pénible, & d’où il foit facile de le porter te p)us promptemeat où le beCbin lexige. Les membres étant placés, il faut les faire agir. 1 p o s

I Da Mouvtmtnts, tn ^inirJU

Xe mouvement d’un membre fain & bien cbnft ! tué, eA, fans aucun doute » fournis i la volonté de Thomme’: mais ce mouvement ne peut être bien réglé & bien appliqué, s’il n’eA bien connu. Il s enfuit que l’homme a befoin d*étudier la nature de fes aâions, afin de ne pas les confondre. % Dans le corps humain, certainesr parties reçaivent le mouvement, d’autres le donnent : les os font mus par les mufcles. Ce n’eA que par l’union de ces deux parties, que le mouvement exîAe. Dans une machine bien compofée, fi les pièces ne font d’accord, on ne peut s’affurer d’un non effet. Il eA donc important de connoitre les os, relativement à leurs mouvements, & les mufcles relati » vemcnt à leur propriété de mouvoir les os. Du Os, relativement à leurs mouvementSm La forme, la conAruâion & Tattadie de chaque os font telles, qu’ils peuvent aifément & fans aucun inconvénient fe mouvoir dans certains fens, & qu’ils ont une répugnance à fe prêter aus^ aâions contraires, répugnance qu’on nt fauroit vaincre fans détruire leur organifation.

Le changement de pofition des os, cet état par lequel ils lortent du repos, fe fait par flexion ou par révolution. La flexion convient aux panies cornpofées d’un nombre d’os reunis, comme la colonne vertébrale. La révolution eA le mouvement propre d’un os long, obligé pour fe mouvoir ^e prendre un appui fixe^

Les os qui font deAinés à fe mouvoir les uns fur les autres, font unis de deux manières. La première eA telle qu’une extrémité fphérique a fon attache au fond d’une cavité par le moyen d’un fort ligament » Dans la féconde aniculation, les deux os fe collent l’un fur l’autre, de manière qu’ils fe fervent mutuellement de bafe « 

On obfervera avec attention le centre du mouvement de l’oS) & la ligne que décrit ce mouvement. Le centre du mouvement des os de la première aniculation, eA fans doute un point fixe qui permet k l’os mobile toutes fortes de mouvements circulaires ou dejrotation. Dans le fécond genre au contraire, 4HI^ les deux os fe touchent dans une très^-grande quantité de points, il eA difficile de fixer celui qui eA le centre & conune l’appui de la révolution.

Nous devons divifér les révolutions des os ea fimples & compofées, eh particulières & en corn* munes. Les fimples ou les particulières font celles où un os feul, où bien une partie du membre, agit indépendamment de l’autre : les doigts de la main » * le poignet vont des mouvements fimples & parti* culiers. L’avant-bras a un mo^uvement compofé & commun, parce qull entraine avec lui la main. Les os feuls dont l’attache eft au fond d’une cavité, ont tous leurs mouvements propres, tandis Que les autres peuvent avoir un jnouvèmeiit com^ p os mn j’fans qu’ils faiTenc auire chofe que’de fuivre le mouveflienc propre de i’o » iupérieun Dans le premier cas le mouvement peut décrire des cercles dans tonts les fens. Dans le fécond, ce ne font que. des portions de cercles, & cela dans un feul fens. Il eft vrai que par la difpofition du mouvement de Vos fupérieur, les os inférieurs œuvent décrire auffi toutes fones de figures. C’e^ ce mélange & admirable oui produit tous les arts & toutes les aâions qui les compofent.

Plus il y a d*os employés dans le fens du mon-Tement de l’os fupérieur, plus le mouvement eft grand, & plus fa direâion s éloigne du point d’api >ui. La force motrice eft grancfe à proportion de rétendue du mouvement’, te l’os fupérieur, avec un très-petit mouvement, peut décrire ^ne grande figure fi tous les os inférieurs fuivent fon mouvement. Lorfque touts levos » outre leurs mouve-> jaents communs, peuvent en prendre de paniculiers 9 c*eA alors que la révolution eft trés*compofée, & elle eft fouvent nècefiàire pour opérer. Par le mouvement commua on tranfporte lextrémité du membre dans l’endroit où il doit agir, & alors cette eitrémité fait fon aâion particulière. Quoi qu’il en fott » on doit confidérer les os comme de vrais leviers qu’il s’agit de fiiire mouvoir ; ils ont leur appui, leur puiifance & leur réfiftance. Leur appui eft le point fur lequel ils font leur mouvement » la puifiance eft le mufcle qui les fait agir ; & la réfi^lance eft le poids de l’os auquel on a ajouté un autre poids à foulever. . Ceft daprès cette aftertîon qu’il faudra par la fiitte examiner avec foin toutes les forces motrices qui font agir les os « & leur font faire cette^révolu^ tion dont nous parlons ici.

Dfs Mufclts, relativenunt â Imr propriété de mouvoir Us os.

Le mufcle eft l’organe par le moyen duquel Tame communique le mouvement aux différents os à mouvoir. Il n eft que le moyen & non le principe 9 puifque fans les nerfs il leroit înfenfible. Le mufcle eft compoft de fibres charnues qui forment fon milieu, & de fibres tendineufes qui forment les extrémiiés. Il y a des mafçles de toutes fortes de formes & de toutes fortes de longueurs & d’épaîiTturs. Ils font claftiques » parce que y comprimés une fols, ils rendent à reprendre leur place ; fufceptibles de contraâion, parce que le raccour* ciftemenr eft Vaâion volontaire de la parrie charnue ; ils ont auffi l’a^on tonique qui paniclpe aux deux nyu vements, & qui eft produite par des eaufes étrangères aux mufcles.

On confidérera le mufcle comme un levier : il a un appui, une pùiftance & une réfiftance ; & chacun des b’a ; de ce levier eft fort, proportionnellement à la diftance de Ton extrémité au point d’appui. La force du raufcle eft en raifon de lagrofleur & de la quantité de fcsïibres.

La direâion de la puiffance des mufcles dépend • P O S 247

de la pofition du mufcle & de la direâion de fet fibres ; enforte que fi elles fe trouvoient dirigées en fens différents, la réfulunte de leur direâion ftf. foit la fomme totale de leur puiffance. Les mufcles droits ont leurs fibres parallèles, ainfi que leur 1*fultante. Les mufcles rhomboïdaux, dont les fibres font obliquement difpofées, font leur effort obli— " Quempnt. U^ mufcles penniformcs, dont lés fibres font obliques & forment un angle à leur réunion. ont pour réfulcante la diagonale qu’on pourroît conftrnire fur cet angle.

Le mufcle peut fecontraâcr en tout ou en partie avec dIus ou moins de vitefte. Pour faire agir quelque partie, ou la maintenir dans une fituation déterminée, touts les mufcles qui peuvent bt mouvoir font employés ; e’eft ce qui les fait difliogucr en moteurs principaujt modéfateurs ou antagonifles, & direèeurs. Selon que CCS mufcles agiffent plus ou moins, ils contribuent plus ou moins à la qualité de laâion:dans les mouvements compofés, ils agiffent ou dominait les uns après les autres.

Plus il y a de mufcles qui. meuvent une partie-’ 8e plus ces mufcles font-comraôés avec force, plu5 le mouvement eft violent. L’homme peut le varier à l’infini, foit en relâchant ceux qui font bandés foit en bahdant ceux qui font relâchés. ^ Lorfque le membre eft porté à une place, on dans une attitude, il y rcfte, fi les amagoniftes refpeâifs fe maintiennent au même degré de contraction ; il eft déplacé, fi le degré de contraâion varie Le mufcle, avec peu d effort, fait fonvent uiî grand effet; 8c fouvent avec un grand effort il ne produit ricp. En fe contraâanr, le mufcle fe durcit & il eft capable pour lors de communiquer beau’ coup de mouvements.

Si l’attache d’un mufcle étoît au centre du mouvement d’un os, jamais cet os ne sourroit être mu Si la dreâionde la puiffance d’un mufcle étoit parallèle à l’osa mouvoir, jamais los neferoit mu parce qu’il feroit tiré contre fon appui:mais com^ me elle eft oblique for le centre, il y a du mouvement.

Quand les fléchiffenrs agiffent, ils font lâches quoique contraâés,. parce qu’ils font fitués dans li. partie interne de l’angle de la flexion. Les extenfeurs au contraire font étendu ». Les fléchiffeurs tirent l’os contre fon appui ; rtiaîs la puiffance du mufcle eft bien fupérieoreà la réfiftance.

Lorfqu une anicnlatîon eft fléchie, les os ont un poids réel, 8c ce poids à foulever oblige les mufcles fléchiffeurs i un grand emploi de forces. Le mufcle fléchiffeur a moins de force à proportion que l’anele de l’articulation eft obtus. Ceux qui feront jaloux d’opérer en équîtatîon avèt connoiffance de caufe, /cront obligés de fo fouvenir de toutes ces généralités fur les mufcles » pour les apoliquer au befoin; 8c même on fera bien deyiôflruire plus à fond de l’anatomte » 6e 148 P O S d’y joindre la mëchanîque. Sans ces’fecours ; Texpenence efi tardive ; avec eux, on découvre touts les jours de nouvelles applications à faire, & on acquiert une plus grande judefle d’opération. Ves mouvements en particulier, relativement à Féquitation.

Nous appelions mouvements généraux, ceux ioue les membres exécutent pour toutes fortes d’ulages ; & mouvements particuliers à Téc^uîtation, ceux qui conviennent à notre art, & qui doivent ^cre clioîTis & étudiés.

Mouvements de la têtem

La tète fait un mouvement particulier ! En arriére fur la première vertèbre, par le ^oyen des mufcles grands & petits droits poflérieurs, & obliques (upérieurs.

En devant iur la première vertèbre, par les grands & petits droits antérieurs, &les deuxtranfverfaiix antérieurs*

De rotation avec la première venèbre,. par le inoyen des obliques inférieurs.

Le premier, mouvement ^ lieu en.équîtatton, lorfquc le corps étant d’ailleurs bien placé, la tête efl un peu baffe » & qu’on la relève. Le fécond » lorfque par négligence ou inattention on la laifle aller en avant. Enfin le troifième, lorfqu*on fait un petit mouvement pour regarder de droite & de gauche.

Pour que la tête foit bien difpofée & conftamment en place, on doit faire agir toûts les mufcles, mais dans un degré peu confidérable, & feulement pour que la tcte ne vacille point » ce qui eft très-sléfagréable à voir.

Mouvements du cou »

L’attitude naturelle des vertèbres du cou eft fort oblique en devant, & courbée de manière que la convexité efl en devant.

Le cou atnfi difpofé, fe baiffe en devant par le « noyen du fcalène, des longs du cou & des maftoïdiens.

Le cou fe redrefle par les deux épineux, les deux tranfverfaux, le complexus & le fplenius. Obfervez que le fplenius & le complexus font antagonifles avec les maftoïdiens ; qu’ils font congénères pour le foutien de la tète » oc que dans les rotations ils agirent en raifon inverfe. Le cou fe porte de côté par les îoter,.épineux & les demi-épineux.

Obfervez que touts les mufcles fe réunifient pour tenir le cou drpit ; que dans un degré convenable » le cou n’eft pas roide, mais que c eft leur contraction forcée qui le roidit ; fi les mufcles d’un fepl c&té ^giiTent, le cou fe porte de côté. Dans réqMirntion, on doit autant qu’on peut, faire agir touts les mufcles du cou ; mais les extenfeurs agiflent le pluslorfqu’on fe grandit du haut du corps » & qu*oa veut augmcater fa puifl^ncç POS

fur le cheval, & fixer fa pofition. En portant le cou un peu en arrière, on allonge tout le dos, & on enlève toutes les vertèbres inférieures. Ainfi cette aâion eft très-imponante.

On doit, autant qu’il eft poflible, adopter l’attitude du cou & de la tète dans laquelle les mufcles agifTent également, fur-tout fur le droit, parce que la réfultante de leurs efforts peut alors être dans la direâion —du centre de gravité du cheval. Mouvement des vertèbres du dos ^ & de celles de$ lombes »

L’épine du dos peut aifément fe courber en et* vaiit, parce que les venèbres n’ont en dedans aucune apophvfe qui puifle arrêter leur flexion ; les côtes & le fternum modèrent cette flexion dans le haut. L’épine du dos fe fléchit auffi à droite & à gauche parle côté. Elle fe redreflfe & fe norte un peu en arrière, mais ce mouvement eft modéré par les apophyfes épineufes »

Le mouvement de rotation a lieu feulement dans les lombes.

Ces aâions font exécutées par les lombaires & lones dorfaux. S’ils fe relâchent, la colonne vertébrale fe courbe en devant ; s’ils fe bandent, elle fe foutient. Le plus ou le moins d^aSion de ces mufcles occaiionne la roideur d^ns le rein. Les épineux, les tranfverfaux, maintiennent, modèrent, aident les mouvements d’extenfion & d inflexion latérale ; les demi-épineux fortifient, aident l’ac-^ tion àt% autres mufcles. Ce oue nous avons dit du. fplenius, du complexus & ot^ maftoidiens, a lieu ici pour le petit mouvement de rotation des vertèbres lombaires. Le qurré des lombes & le petit, pfoas, ont les mêmes fondions, & de plus ils emr pèchent un trop grand renverfement en arrière. On obfervera que les mufcles droits du ventre facilitent la flexion en devant, & que les obliques facilitent celle de côté.

Si Thomme connoiflbit aflez les propriétés d*" fon corps à cheval, & fi ce corps étoit aflez foupie, on n^auroit pas befoin de la prem ère flexion en devant ; mais on peut s’en iervir avec fruit lorfque Télève a le défaut de trop creufer les reins, ou quHl les a roides. Comme il eft obligé de relâ-^ cher les mufcles qui font faire cette a6^ion, tnfen& blement il perd l’habitude de les mettre dans une forte contraction alors on procède à d’autres opérations.

L*homme au contraire qui a de la mollefte dans les reins, eft obligé d’être dans une extenfion étu «  diée poyr fortifier ces mufcles & leur donner du ton. Ce mouvement même eft nécefli^ah’e torfque rhomme eft obligé de fe grandir:par-là il augmente de beaucoup la loneueur du levier, & il a une puiflTance plus grande iur le cheval. Le renverfement en arrière eft auelquefois utile s’il eft modéré; il facilite le grandiftement. Il eft eiïentiel à ceux dont les feflTes font très-charnues ^ jufqu^à ce qu’ils toiwi parvenus 4 Ici loger à leur (UC9

p o s pl^ce & à les enfoncer. On obfervera que ce rehverfement doit partir du bas des lombes, & que les vertèbres Aipérieures doivent accompagner cet aâe progrefiîvement.

Uinâexion latérale a aufli (on utilité » Lorfque Thomme travaille un cheval de côté, il ne doit pas quitter le centre de gravité du cheval ; & comme ce centre va un peu en dehors, fi Hiomme-fe tenoit droit, il feroit difficile qu’il ne fuivît pas la réaâtop duxheval, qui eftdans une direâion un peu oblique. Pour maintenir l’équilibre dans ce fyftéme de force, Thomme, en jettant fon afTiette fur le point central, c*eft-à-dire, alors ui#peu en dehors, porte le haut du corps en dedans, par le moyen de Tinflexion de côté de la colonne vertçbraîe.

J’ai obfervé que nous avons plus de facilité à faire cette inflexion à droite qu’à gauche. J’ai penfé longtemps que l’éducation en étoit la f</ule caufe : mais l’étude de l’anatomie m’a fait obferver qu’elle pourrait dépendre auffi de l’oreanifation particulière des mufclcs qui font plus forts de ce côté, à raifon de ce que les vaifleaux qui s’y portent ont manifeftement plus de calibre.

La rotation eft également d’une grande utilité, parce que lanimal étant toujours fur de’s portions de cercle, il efl néceiTairement un peu arrondi ; & afifl que l’homme & le cheval foient d’accord, ils doivent éi^rtlifpofés fur le même rayon de cercle. Ce mouvement doit fe faire à partir du bas des reins ; & il fe trouve alors que la réfultante de J’effort des mufcles oui le produifent, eft dans la lîiéme direâion que le centre de gravité du cheval. Objirvations fur Us mouvements des vertèbres. La direôîon du cheval, comme on le fait, étant le réfultat de nos aâions fur lui, on conçoit qu’il doit y. avoir un grand accord entre la direftion de nos forces & la difpofition où l’animal fe trouve alors ; fans cela tout iroit4 contre fens, & la réaction feroit confidérable.

Ce n’eft que par la tendance au même but qu’on réuffira à maintenir l’harmonie. Si le cheval fuit la mênle direâion, la peine fera moins grande ; iiiais i elle change continuellement, on fera dans la néccflîté de varier la réfultante de fa puiflànce, afin d’accorder le cheval, & de ne pas fe féparer de lui. C’eft à quoi fervent ces mouvements obliques » dans lefquels il n’y a que les mufcles d’un côté qui a^iffeoc. ^

Mouvements des cuijfes.

Les mouvements propres des cuîfles, font la flexion, l’extenfion, l’adduâion, Tabduâion & la rotation.

La flexion fe fait par le pfoas, le peâinée, l’iliaque, & quelquefois par le couturier. L’extenfion eft produire par le grand feflîer, la longue portion du biceps, le demi-nerveux & le demi-tendineux.

Equitation, Efîrimt & Danfcn

M9

PO S

L’adduâion s’opère par les trois triceps. L’abduâion fc fait par une pariie du grand feffier, du moyen fclfier & du pttit feflîer. La rotation eft opérée par les jumeaux, les obturateurs interne & externe, le fafcialata & le couturier.

Les mufcles addufleurs & abduâeurs contribuent auflî àla rotation, de manière que ce mouvement eft produit par laâion confécutive de toiits ces mufcles. On remarquera que le fafcialata n’a d’autre fonâion que de tourner la cuifle de devan » en dedans, tandis que les jumeaux, l’obturateur interne & Texterne font Taâlon contraire, & que. le couturier leur eft congénère.

Touis ces mouvements. font d’une grande néceffité dans l’équiiation.

La flexion alieujufqu’à un certain degré, puifque le genou eft plus en avant que dans ia ûtuation de l’homme qui eft debout.

L’extenfion fe fait lorfque Thomme bien aflîs & bien placé étend (es cuifles & fes jambes de manière à donner de la chafle au cheval, ce qui arrive infailliblement (i l’extenfion fe fait par degrél., moëlleufement & fans abforber l’aâion des autre » mufcles des cuifles. Par cette extenfion touts les mufcles longs de la cuifle prennent une dureté un peu plus grande, & font en état de communique^ au cheval un plus grand degré de vitefl ! e. Cette aâion eft très favante ; mais il eft à crain-’ dre qu’en la faifant on ne déplace la cuiiTe : alors elle eft plus nuifible qu’utile les triceps n’agififant plus > la communication du mouvement de Thoaime au cheval eft interrompue.

L’adduâion eft proprement l’afiion des cuifles la plus convenable à l’équitation ; mais elle fera modérée, afin de donner l’intervalle néceflaire àla partie du cheval qui doit être logée entre les cuifles du cavalier. Cet eipace feroit diminué, fi l’aâioa étoit tellement forte, qu’il n’y eût que rexirémiié inférieure des cuîfles qui portât ; ce qui arriveroit infailliblement fi on les laiflbitdans leur direâioanaturelle, puifque, comme on l’a déjà dit, les os des cuifles font placés obliquement l’un vers l’au^ tre, & que leur diflance eft plus petite en bas qu’en haut* Le degré convenable de l’adduâion eft donc celui où toutes les parties poflîbles du périnée &, des cuifles touchent le cheval > S( lui font ften’ unies*

Le mouvement d’abdoâion, néceflaire dans Tinftant où on enfourche le cheval, peut modérer l’âdion précédent^ ; mais il eft vicieux lorf^u’il eft aflez confidérable pour éloigner les deux cuifiês du corps du cheval : on fent aSez touts les inconvénients qui peuvent en réfulter. On l’emploie quelquefois pour faire voir la jufteffe d’un cheval ^ mais cela ne aoit durer que quelques inflants. Le mouvement de rotation de devant en dedans’ eft bien plus cffentiel ; c’eft celui qui tourne Ja cuifle & qui, en termes de manège, la met fur fon plat, en firte que les triceps foient placés & 250

p o s appliqués dans toius leurs points fur le corps de î^animal. Ceft une des aâions les plus propres à bien placer la cu’ifle, mais elle eft fatigante, fi rattache & la dirpofition des cuifTes ne lui lont pas favorables. Ce mouvement doit auffi être fort étudié, & on ne doit jamais faire agir les parties baffes du corps 9 fans faire précéder Talion par cette demi-rotation. Celle de devant en dehors eft au contraire pernicieufe y parce qu^elle éloiene une partie de la en i fie » & qu’elle rétrécit Teipace ou doit fe placer le cheval, en obligeant les deux grands trocanters à fe poner en arrière. Autant la première eft bonne à pratiquer, autant celle-ci doit elle être évitée avec foin. Il s’enfuit que les mufcles qui la forment doivent être relâches : les principaux font les moyens & petits feffiers. La raiîbn d^ la réaâion, qui feroit trop grande & trop fenfible s*ils étoient durs, oblige de les mollir en faifaut cefier leur aâian.

Mouvements des jambes.

La jambe a trois mouvements paniculiers, Textenfioa, la flexion & la rotation. S’il en eft quelaue autre plus pttit & plus caché, comme le penfent de célèbres anatomiftes, ils ne font d*aucune utilité pour nous.

L’extenfion eft produite par leH vafies interne & externe y le crural & le droit antérieur. La flexioii s*opère par le couturier, le grêle interne, le demi-membraneux, le demi-nerveux, le biceps. On doit obferver que ces mufcles, qui font âéchifleurs de la jambe, font extenfeurs de la cuiiTe fur le baftn, excepté le couturier, parce qu’ils embraflent deux articulations » Tune extérieurement & lautre intérieurement. Il n*e(l donc pas contre nature de poner la cuifle en arrière^ Mais cela a àt% bornes » comme nous le prouve* rons par la fuite.

La rotation ne peut fe faire ^*aprés que la jambe eft fléchie, oc point du tout dans ion état d’extenfioa. Le biceps, par fa portion<ourte, produit la rotation de devant en dehors, & le poplitée la tourne de devant en dedans. La flexion de la jambe eft le mouvement le pins ofdtfaîre qu’elle ait dans Téquitation. Mt qu’on en aide le cheval, foit qu’on la laifle tomber naturellement, la jambe a toujours un degré d’inflexion plus ou moins marqué ; mais elle n’a jamais dans un état d’extenfjon.

L’cxtenfion fert cependant quelquefois pCHir s’allonger & fe raffermir ; mais cette aiftion n’eft que momentanée ; elle n’auroit ni grâce ni utilité fi elle éioit habituelle.

La rotation de devant en dehors eft très-con » traire à la grâce 8c à l’exécution, parce qu’elle maintient la jambe dans une flexion qui ôte Penveloppe & retendue des parties baffes du cavalier, & qu’elle laifle touts les mufcles ^mme repliés fur eux-mêmes & fans aucune aâion, C’efi anéanp o s

tir le travail des jambes, que de fe permettre ce mouv’émenr.

La rotation de devant en dedans (eroîr plus pardonnable ; mais comme elle ne peut fe faire tans une véritable flexion de la jambe*, on doir également Téviter. Cependant il eft des conflruc* tions où la rotation de devaiK en dehors eft fi grande & fi habituelle, qu’on eft obligé d’y remédier par l’aâe oppofé. IVlaîs, excepté ce cas, otx doit relâcher les mufcles rotateurs de la jambe £C anéantir leur puiflance.

La jainbe, pour fe bien placer, fuivra les rotations de4ii cuifle 6c y participera. Mouvement^ du pied.

Le pied a un mouvement de flexion fur la jambe, d excenfion & de flexion latérale de dehors en dedans, ainfi que du dedans en dehors. Le jambier antérieur & le péronier, font la flexion fur l’os de la jambe. L’extenfion eft produite par les grands jumeaux, le foléairè, le plan* taire, le jambier poftérieur, & |e péronier poftérieur. Le jambier poftérieur opçre le mouvement oblique du pied étendu en dedans, comme le pe «  ronier poftérieur occafionne par fon aâion la flexion oblique de dedans en dehors.

Pour l’ordinaire on n’a pas befoîn de ces moutc* menrs dans l’équitation ; le pied n’y a que peu d’influence. Cependant il eft. des cas oiUla font. utiles : quelquefois oh donne une tenfiOQ ipfle aux mufcles qui meuvent le pied ; le talon baifle un peu «  & le bout du pied fe relève ; cela facilita la preffion de la jambe & donne de la chafle. Les mouvements de rotation ne font pas en ufage de de* dans en dehors ^ quelquefois de dehors en dedans, pour placer la pointe du pied ; mais ceci n’a lieu Îuepour reâiner la conftxuâion de cette panie «  , e mieux eft, fi la conformation le permet, de laifler le pied dans la pofition qui gêne le « oins* . Nous ne parlons point ici des mouvements fourds des petits os du xzrk & du métatarfe : ils n’ont aucune fonâion à remplir dans l’équitadon. Mouvements dttipauh.

L*épau1e fe meut en devant, en arriére, en haut & en bas. Le trapêfe fait haufler la fommité de répaule, aufli-bien que Tangulaire ; le dentelé Té* lève & la porte en devanr ; le rhomboïde la tire en arrière ; le petit peâoral la baîffe. * Il faut obferver dans tonts ces mouvements ; qu’on ne peut porter l’épaule en devant fans élever l’acromion, ni la porter en arriére fans le baiffer. Ainfkon doit en conclure que le premier de ces mouvements eft comraire aux régies de l’équitation & inutile ; contraire, parce qu il emploie des mufcles mal-à-propos, & qu’il gêne les mouve* ments du bras ; inutile, parce que Taâion de ces mufcles o’a qu’une influence indireâe fur Tanîmal. Les motifs qui me font défapprouver cette aâion » me font admettre celle qui lui eft oppofée, par la jaifon des contraires. U y a cependant des excep- p o s t ! onf ï U’règle : quelqa^ perfonûts ont les bm fi courts, que leur main ne peut parvenir an point oii oile doit être* placée pour opérer jnâe » Dans ce casoo pourra /riolfr la lot générale. Remarquez que Tomoplare donnant Tappui an bra< y le moindre mouvement auquel elle parttcU pera, peut donner bien de retendue à celui de tout ce membre. Il « A quelquefois expédient de remployer.

M9MVfmenis du krs*.

Le bras s^&lève, s’abaiiTe, fe porte en avant, en arrière » fe rapproche du corps, & a un mouvement de circonduâion.

Le bras fe lève par le deltoïde & le fus-épineux, il s’abaîiTe par le^rand dorfal & le grand rond. Il efi porté en avant par le coracobraçhial, b grand peaoral & le fous.-fcapulaire ; & en arriére » par le fous épineux & le petit rond. II fe rapproche par le grand peâoral. L*aâion fucceffive de touts ces mufcles produit la circonduâion. On doit obferver que touts ces mufcles ont des £baâions très-multipliées, & félon que le bras eA placé &dirpofé : car alors ils agiflent de concert, & Tattitude les fait agir avec plus ou moins de liberté.

Le bras s’abaKTe par fon propre poids » ù les mufcles relcveurs iont relâchés. Mais comme le’ levier qu*il forme avec les autres os qui lui font attachés eft très-long, il faut un grand effort pour le lever* Auâi le deuoïde eft-tl très-puiflânt. Nous n’entreprenons pas de détailler toiKes les aâions poflibles de ces mufcles, il fuffit poiu nous de connoitre leur principale fonAion. Touts les mouvements décrits plus haut fe pra* tiquent dans Téquitation. L’élévation du bras efl celui qui eft le plus borné. L’abaiflement a fouvent lieu, par exemple, lorfque le cheval eft bien mis, & que la main e(i placée, le bras tombe de lui-même » Le port en avant s’emploie dans le reporter de maiiu Le port en arrière fe pratique en petit toutes les fois que Tliomme pone les épaules en arrière, & qft*il élargit la rêne de dedans ou celle de dehors »

Ces mouvements font très-bons ; & par la fuirc^ oSt aura lieu de voir combien il eft à propos de s*en ièrvir poBr uaafporter lea forces agiiuntes de la main*

M^uvcmtnt d* VavMU-has,

L’avmt-bm fe ilécfak & s’étend. Le biceps & le brachial pn^oufMt ter premier ttkimvtmetit : les ^ati’e uncoaès pfOdiitlem Taotre. On ne peut pas ignorer que ce » deux afii^ns^ font friquentesdafts Feqnitation. L*avtnt-brai dont 1 » maîtt ttem la bîride efl ! tottfouM #échi ; Tautre e’étdmib pour tfrafvatHer fa féite {lè’dediÉM. — Odtte ces nioûwmefitf comnllfnm^v Tataiitbf^^ étant compta de deux o » dfffèk « eiftAe « rt tÉrtieulè^, il a ehtore la ph)matt(Hi, la fupinadôn, & une atti-’ làde dt aoyemie emre ctr dethr » datas laquelle P O S 2^1

I les doigta foAt {Jaoés bieti perpeadlculi ; rement it$ ’uns fur les autres.*

La pronation efi l’attitude dans laquelle la paume de la main eft tournée en dedans, & regarde la terre. La fupination eft Taâion oppofée : pour l’exécuter f la paume de la main eft tournée vers le ciel & en dehors*.

Le pronateur rond & le pronateur quarré, font congénères pour efTeâuer la pronation* ; comme les fupinateurs longs n& courts font congénères pour la fupination.

On a tres-fonveut befoin de la pronation pour écarter une rêne. Ce mouvement éloigne un peu la rêne du cou du cheval, & donne une direâioa plus oblique à la puifTance de la rêne. La iiupînation ne s’opère guère en toul ; mais on s’en fect en partie pour fentir un peu plus la rêne de dehors & la reporter en dedens. Ce rtt font que des ac «  tions momentanées ; car fi cela étoit habituel, l’avant-bras feroit dans une attitude qui emploieroic des mufcles inutilement.

MQurtmtnis dufoignét »

Le poignet fe fléchit, ^’étedd, s’élève & fe baifle.

Il fe fléchit ou s*arroodit p^ le radial interne & le cubital interne. Il s’étend par le cubital externe & par les radiaux externes, il s’élève par les ra «  diaux externes & par le radial interne ; il s’abaiflè par le cubital interne & par l’externe. Dansfa fituation naturelle » le poignet tient un)ufte milieu en*^ tre tout$ ces mouvements.

Le premier de ces mouvements efl très-inutile en équitatîon, par la ralfon qu’il emploie des muf «  cles.mal-à-propas. Le fécond eft aâez d^fagrèable » Le troifième* s’emprote quelquefois pour enlever un peu les rênes (ans déplacer le bras. Le dernier eft très-fort à éviter ; car il ne fert à rien » & donne un air de nonchalai^ce qui choque la vue.

  • Les mouvements de la’main dépendent prefque

totîjours, en cavalerie, des adions de l’avant-bras : ils en om plus de grâce, & l’exécution en eft plut facile.

Les doigts ée^la main n’ont que l’extenfion & la flexion qui foienf d’ufage en équitation. Le^fléchiffeurS &iesextenfeursfomles mufcles qui y fervent. •

Dis forces mufcuUlrts de thomme, & de tftût oS dûivetu eue les mufiks pour opérer eonvenablt^^ menu

Tours ksfflnfclês du corps humaîn ont unedU reâion & un effet différent, ou au moins qui variç feloii certaines circoinftances. Comment accorder cette tfmltiplîctté d’adîMs différentes avec cette iinpreflioft que chaque meffibr^ doit faire i com-^ tsitm Concilier le i*iôityeffieftt unique & déci* fif d’un « eiVibt^e avec Tadioit combUîée de toutf ces mirfcles, doht c^ efforts font oppofés ? C’eft fans doute uftplroblèflàe pour ceux qui n’ont auenne 1 ii

aji P O S teinture dcméchatllque ni— d’auatomte. Ceux (fiiî font initiés dans ces iciences, voient que touts les mufcles qui meuvent un membre, quoiqu*avec des aâions difFèrentes, ont cependant une réfultante générale à laquelle ils contribuent à proportion de leur effort ; & que le mnfcle qui en emploie le plus, donne la qualification au mouvement. Si touts les mufcles lutioient également les un5 contre les antres", le membre feroit dans un état indécis ficroide, & par conféquent lefiet ne feroit pas net & précis. Rien de C dangereux que la roideur ; lorfqu’elle eft générale, l’homme fe fatigue beaucoup & n’opère rien ; lorfqu’elle n’eft que locale, elle occafionne beaucoup de défordre. On ne peut remédier à ce mal qu’en divii^mt les forces, & en obligeant les parties de fe fléchir beaucoup. Quelques avions font prodHÎtes par la feule pefanteur, f>ar l’abandon d’un membre, fans que les mufcles agilTent ; mais cela ne peut erre de durée, car la cemmunicaiion du mouvement a bientôt déplacé un membre mobile en tout fens’, & qui ne fauroit oppofer nulle réfifiance. D’autres avions font opérées par le tcÇort, par le choc ou impuU fion externe d’une partie mobile : quelle que foit cette aâioa, elle doix toujours avoir une direâion fil terminée.

Lor(qum membre fait un mouvement pour fe porter à un endroit quelconque afin d’y opérer, il ùiit un emploi de forces de la part des mufcles : il ne peut reder dans cet état n la même force ne continue pour Fy maintenir ; & cette force n’eft comptée pour rien dans la puiflanceque le membre ainfi placé emploie fur le cheval. Par exçmple, je porte en avant mon bras droit étendu pour faire agir la rêne droite ; fi j’ai mi& 6 livras de forces pour porter mon bras en avant, & que’fe n*en mette que 2 pour l’appliquer au cheval, de ces 8 Mvres il n’y en a réellement que a pour le cheval. Lorfque plufîeurs articulatiens contribuenr pour faire une opération fur le cheval, la force réfultante eil bien plus confidérable que s’il n’y en a qu’une, parce qu’alors un grand nombre de mufcles entrent en contraâlon, & qu « le cheval dreiïé & fenfible diAingue & obéit à toutes les pulflances , ^ui font deflinées à les déterminer. Le trop grand emploi de^ forces motrices.efi prefaue toujours le défaut de ceux qui travaillent des ciievaux. L’aniifial ©flfett en raifon de U quantité d’adion qui lut cft commufliqiiée. Si elle cfl trop forte, on fe plaint de fon obéifiance gui contredit quelquefois notre idée, , & on fe plaint à tort : on i)at le cheval ; on a foi-n^me commis la faute.

Les mufcles font des cordes d’une force étonnante : mais, malgré l’attention la plus grande pour connoître leur valeur réelle 8c efFe61ive, o# ne peut ; y parvenir. BoreUi a donné ^iies. idées très— boqne& i^r cette matière, mais il n’a pas cave au plus fort dans fes calculs ; car il n’a examiné les mufcles ^’iodépendaniiiien^ lç$)xû^ de » autiçi, 6c o’a pas p o s

calculé Taugmentation de leur force ; oecafionnée par leur réunion.

Cette réunion même n’efi pas fe (eul furcroit de nos forces efTeâives : la fermeté de^l’appui que les os prennent les uns fur les autres > augmente de beaucoifp la force mufculaire. Un homme dont le rein eft mou » n’emploie certainement pas autant de forces que celui dont le rein eA foutenu : cependant fi ce dernier n’eft difpofé méchaniquement fur le cheval, il fera. bien moins en force, & il aura fur l’animal beaucoup moins de puinfacce, que celui dont le rein eft mou, mais dont la pofition feroit parfaite. Ceft ce qui fait dire que l’affietie eft le moyen le plus déterminant qiron emploie à chevaf. Efie^livement, dans la véritable affiette, tout eft en place, & touts les mufcles font difpofés le plus convenablement polfible pour agir à propos. L’affiette même la plus belle, efi bien plus aôive fur un cheval bien drefle, par la raifon que la difpofition de l’animal influe beaucoup fur les forces de l’homme : le cheval bien difpofé eft remué avec des forces moindres. On ne peut donc fixer la quantité des forces mufculaires dont l’homme fait l’emploi : on ne peut que connoitre leur rapport avec la difpofi^ tion aâuelle du cheval.

On connoit cependant l’état confiant oh doivent fe trouver les mufcles pour être à ponée d’opérer & de contenir les parties en fituatron fans donner un ébranlement fenfible à l’animal, & le point oif ils doivent être pour qu’on puifte raifonnablemenc agir. Ce point eft celut oùitouts les mufcles font étendus K fe comrebalancent de manière^ue le membre foit difpofé à touts les mouvements, fans en avoir aucun. Tonts les antagoniftes réciproquement doivent agir fans qu’aucun d’eux l’emporte : ç’eft-là le vrai foutien ; car fi l’un veut déterminer le mouvement malgré les aiures, il y a de la roideur ; s’ils font touts relâchés, les membres font mous & fans fnuation. L’état que j’indique eft donc mitoyen : le peu de force que les mufcles emploient pour fe contrebalancer n’eft pas pénible, & n’a fur le cheval d’autre puiftance que celle que peut avoir la bonne* pofition de Thomme auquel cet état contribue. Les membres & les mufcles » « infi drfpofés, paiTent fucceftîvement & infenfiblement de cet état à cehii de la force cenvenable pour opérer, enforte que l’homme ne^oitavoif aucune vîteffe de mouvement : fans cela iU’cxpo** feroit à une r^aâion à laquelle il ne réfiftçroit peut-être pas. Comme il 1-ui eft aifé d’augmenter progreftivement le degré de fes/forces, îl.reiicoptre celui qui a le plus de rapport avec la vkefte qu’il defire imprimer au cheval.

Une grande attention à avobr fera de n’eisplpyer quejles membres indifpenfablcs— à ropèEation..Sî^ les môùveflients du p9ijpvK fuffife^at, pourquoi,

employer cpiix de l’avant— bras ^ C^ défaut Je réflexion

caufe encore de grands défordres— Comme, . on^ doit partir de ce point d’étendue dès mufcles, pour agir, de même ç^eft a lui qu’oa revient » e|^.

PO s forte ^^il èft une bafe & un principe dont il eft dangereux de s’écarter.

Avec ces obfervations » la pofitlon fera conftaiîte & fixe : fans elles, les vrais moyens d*cpérer )uûc feront difEcilement connus, & on n’y pourra p’arvenir que par une longue étude que la réflexion . abrégeroit. •

Pratique »

Un homme jut’il touts les principes que nous venons d’expofer, eût-il lu touts les livres de cavalerie, & connût-il les penfées des excellents écuyers, il prétendroit envain exécuter, fi on ne lui a montré à le fair^ & fi on ne lui a enfeigné les procédés les plus propres â mettre en pratique les meilleures inAruâions.

Nos corps font tellement conftruîts, que malgré la poffibflité phyfique de touts nos mouvements «  sous ne. les exécutons à propos que par habitude & par des études particulières : nos membres, pour ci ; qQérir.la.roiiple(re convenablement befoio dêtre exercés ; & un bon maître doit nous diriger, même dans des travaux, fur lefquels nous avens des cûnjioi ^Tances. Le coup-d*œil S^l’epcpérience du maître lui foiit choifir le procédé le plus prompt ; il remé* diè à des défauts dont nous ne nous doutons pas : un feul mot de— fa bouche nous abrège des journées de peine. •

• Xies articulations de nos membres font renfer* mées dans les ligaments capfulaires qui bornent leurs mouvements : la répétition fréquente de ces mouvements, qui conilitule vraiemént l’habitude, les rend feuls aifés & libres : Thomme fubit donc une efpéce de diilocatibn avant que de pouvoir être bien placé & opérer convenablement. Lés fibres de nos mufcles fe tiennent ferrés & en fatfceaux c « mipaâs & inhabiles à recevoir les efprits vitaux, fi notre volonté, fouvent agiiTante, ne porte ces efprits.dans nos mufcles » & n’accoutume : ceux-ci a les reôevoir fans peine & dans la quantité qu*il lui plait de les y envoyer. L’homme a donc befoin d’acquérir cette liberté ; &. ce n’eft .que par la piadque même qu’il’peut y parvenir. Kous fommes mal fervis d’abord par nos membres ; 1^ fujétion dans. laquelle nous la tenons » les rend plus fouples & pkis dociles.. :

. l… : Pnmers. Pfîfjsîful

tJn’jeunelhoiniâe b’îei ? fait, d’une bonne conJMtutiôn, d’un âge où les epîphyfes font à peine devenues apophylèi, bien élevé’, ayant de la pénétration, & joignant à cela des idées furies difiérentes fciences qiii peuvent être àvantageufes au Cavalier, feroit apurement l’éfèvè qufe je choîfirois dô "préférèrice. Je me plairoi ? à* HtiAriiire en lui faifant comprendre les raifons des principes qne je lui donnerois, leur ufa^é, leur étendue ; je règle^ois fj^s mouvements ; je lui ferpis connoûre leurs fflets 8c la maniàrç d^ Ui<^xmr ieïi^m<>x {% travaîUeroîs ioti intelligence au moins autant que fon corps.

Cette méthode feroit, ^ ce que je crois, la plus courte. Mais, pour la mettre en ufage, il ne faudroit qu’un petit nombre d’élèves. Elle ne peut donc convenir aux écoles publiques, oii le grand nombre de fiijets empêche qu’on ne les fuive avec cette exaÔiiude. On fe borne à leur faire exécute^ fimplement des principes que le temps leur déve* loppe ; & on attend que le raifoiinement naîfle dei fenfations qu’ils ont éprouvées : on exige d’eux une obéiffance entière. Heureux ceux que le fort fait tomber en bonne main, & qui ne s’égarent pas avant que d’avoir fu marcher.

On trouve dans la Guérinière la manière de s*y prendre pour monter à cheval : elle efl bien décrite. Dans prefque toutes les écoles on donne cette première leçon aux élèves ; on la leur fait répéter affcz pour qu’ils la fâchent bien. Elle n’eA pas à négliger : dan% beaucoup d’occafions la sûreté en dépend. Ceia fait, on les impofe 2fftz ordinairement fur l’animal fans leur rien dire ; puis on les fait trotter à la longe, en les reprenant fur lés fautes qu’ils commetteiit cpntre des prijicipes qu’on ne leur a pas expliqués. Tantôt on les fait trotter fur des chevaux très-durs, tantôt on empU>ie des chevaux bien doux & très-fages.

Je ne faurois blâmer la longe ; c’efl une bonne leçon affurément : mais il y a bien des obfervations à faire. Le travail fur des cercles eft très-difiîcile pour l’homme & pour le cheval ; l’^iccord entre les deux individus n’exifte qu’avec peine : cependant c’efV par-là qu’on commence. Le cheval cherche toujours à fuivre la ligne droite, que fuit tout corps en mouvement ; on veut néanmoins le maintenir fans^efle fur le cercle : l’homme n’efl pas a/Tez habite pour l’y remettre ; le cheval efl donc de travers, & l’homme auflî par conféouent. AinC on donne une leçon faufle, pour parvenir à mettre rhomme de travers. Si le cheval va Vîte, l’homme roide & fans aucune teinture de. l’art, craint de tomber, fe roidit encore pjlus, & querquefois tom » be" réellement, parce ofiie la réàftion cficonfidéra^ ble dans deux corps élaftiques. Lorfque Télève eft roide, il fe roidit davantage ; s’il eft mou il ne fauroii réfifter à la quantité de mouvements qu’il reçoit. On hii crie en vain, relâchez vous. foUtehez-vjus. Ce font des termes inconnus pour lui * il craint^ & il cherche fa fureté comme il peur ! On a « rtême’pouflè cette leçon plus loin ; on a fait trotter des demi-heures entières à toutes jambes ; Quelles douleurs n’occaConne-t-on pas à Hromme ! quelle incommodité t La foiblefle, înféparable de la tatigue, l’oblige i fe roidir ; la dureté du trot le fait fauter continuellement fur la fellc ; les infeflins même font fecoués avec violence ; les poumons font en fouflrance ; l’homme éprouve de grands maux de tête ; il gagne quelquefois des defcetites.

y « xp^rifflçç malbeurçufe i% çe$ accidents ne.

154 POS éoh elle pas feîfc choHîr de préfétei^ce la leçon de lojige donnée.fur un cheval.tré$-fage, tr^-bien dreué, & à une allnre des plus tranquilles. On ne caufe aucune inquiétude à l’élève, i>Q lui parle, on rin(truît ; il comprend. Qn lui fair exécuter les opérations primitives : il peut l’entreprendre avec fuccés. La (aeeiTe & Tobéiflànce du cheval le fatîsfont ; il prend goût ; il voit qu’il réuffit ; il acquiert de rémfUlaiion. On Continueroit cette leçon tréslone-temps fi on vouloit avancer un élève. Après lui avoir appris fur le premier cheval (^ opérations, lorfqu’il commenceroit à les comprendre on lui donneroit un cheval un peu plus difficile, & par degrés on le mettroit en état d’aller fans longe 9 après l’avoir mis furies chevaux « iont le liant & la fagefTe font proportionnés k fa rondeur & à fon inexpérience. On feroit bien encore de lie mettre fur des piaffeurs entre les piliers ^ là on cherclieroit à accorder (^ poCtion^ à le redre^Ter, à l]ui faire femir quand fon cheval M liroit. Infenfiblement on le condniroit à des mouvements un

  • peu plus vifs ; il s’y feroit, Çc s’accoutqmeroit à fe

cenîr d’aifance, & non de force : le corps animal ft^aiToupJit plutdt Sf. plus nifçmpnt $n k moUlfi^nt, qu’en fe roidifTanc.

PlufieurjT écuyers très-habiles pratiquent cette piéthode : elle avance recoller ; &, à temps égal, celui qui a été travaillé ainfi à la longe eft plus Avancé que celui qpi a été fur le droit & en liberté. Les élèves mis ainfi à la long/9 pendant trois mois^ font e|i état de fuivre une reprife au trot fag$ la déranger. r.eB ai vu rcxpérienoe afle^ fouvent pour jiffirmer les bons pS$x% qui en réfultefit. On doit re.atr longtemps l’écolier à la leçon de la pofition avant que de l’indruire fiir les autres parfies de l’art. La pofirion eA bien difficile k acquéyr. Si le plaifir de travailler l’emporte fyix la patience •Déceflaire pour parvenir à bien faire, on fe gâte, & on s’éloigne du vrai travail. Que Télève foit donc patieni, & n’ambitioni ? e pas des progrés incertains 8*ils font ^op rapides. On oiï))lie aîfément ce qu’on apprend aifement : il faut ^e la pej^ & î^ temps pour bien faypir^

Dt la Fofidan^

le tnfi garderois bfen d*attaquer en jnème temps toiacs les défauts de QU>n élève. Qutre que fon attention ne pourroit fufiir^ à tout » fon corps iie fau^ rolt exécuter à U fois tout ce q « *U (êroitâ ^defirer qu’il pût faire.

Après avoir étudié la conArudion Se les ({ualîtéfi au corps, de Fécotier, ]a mè conduirois félon ce" aue j’y appercevrois, ea cherchant ayant tout à l affbuplir & à le iiCfoUx k recevoir une borvne uefuion. 9il efl roide » je Tavertirai de & mollir ; s’il ed mou, je rengagerai àPs ibîitenîr. Pour qu’tf fe mollifTe, je lui tcr^i plier le^ articulations, S/^ pour qu’il fe foutîenne, ce fera le contraire, révi’ terai fur-tout que Tenvie d’avancer ne lui rende fo^me 9b fin des îjp$ leçons pontrad(£toîres qu’il POS

flecèVf^.diaqjDe jour. Un fjijet » bâfeln d’une 1^ çon qui eft dangereufe à ua » unr «:fi la ngoie de l’imitation prend un él^ve » U fe gâte & fe dégoûte.

£n fui vaut chacun deies membres 9 oa fe fervîra de termes convenables » & qui expriment vraimenb l’aâion que l’homme doitjaire. Il eft dangereux ^ de fervir de termes faux > il en réfulte toujours * des doutes & de réqaivoque. I4ous allons indiquer les termes les plus « fnés fr les pliis coaycMbles aux différentes aâionsh »

Termes rtlaiîfs à U fofitiojju

Lat tète des élèves eft ot^intireaunit l » fllè; ils tendent le menton « & penchent Utè(ce de côté ou d’autre. On leur dit donc { Ltvei ^ Uu:U tëu àrviie, Renue^ U memon^ Ne ptndke^ p^ U tite, ^u’çUc foit portât égaUmait fur hs deust ^auUs » tfi premier coounandement s^eaècute par nne fle^ xioo fin arrière ; le fécond, en (è rengorgeant ; le troifième » par 4^ mouvement de U téïe vers le c&|é oppofé à celui qii’elle pendbe-^ Si le çoQ eft roide^ oa dit, rfUehe^vùtn cou ; point d/ roidiur déytsjfi cou.

Si les épaules font hautes, oa dir, hîJfi^Ut épaules^ rdâcli^^ Us épaules, molUflh^ Us épaules. Tout élève cMiprend & peut exécuter ces pré^* ceptes, Aîetitr vos épauUs sn arrière, applatiffe^ Us épauks, ftgniàe qu’elles fopt trop rondes, & vieq* nent trop ea devant, qu ainfi il faut faire le c^n^ traire* Si l’être ne eoocevok pas y il &roit bon de lui placer foi même les épaules. £t on f^ivra cette méthode ayeip fmi pour toutes les antres pofitions*

Souvent Técoitef toiéût fen bras & le ferte con » tre le corps ; m bii dit afors ; Lâchei U bras ; moUiJJer U bras ; ne metu^ poixp do durgté dans h bras ; déiaçj^ U bras du corps; nefarre^ pas Isa brask A t-ilTavant^^ras obliquement par rapport an bras » on lui dk : fouHnssç^ Pavant^bras i la hantoar du sou* de. A-t-U l’ardcHbiion étendue » f ^ / « / bm$ eft le termecaulage.

Si le poignet fe fléehtr, oa kâ dîp » fiarrandifii, pas le poignet : s’il s^iieiié tiop ^ posu fft^s^ U Pagnes j ymuê^ vmto moin far la ligno dm bnu : sjil le batâe » fiuiene^-U ;.sÛ reotàve trep ^ fwsre poi’* gnet efl trop haut.

Rarement la miaîa eoirferve fa pofition. Les doigt$Ls ; eftrxiipleuUi.font à meMéouvorts ; Lepoifce eft r^icroché ;, les rioes gll/Teoides ni^ias ; w dii( alors, plaee^ lambin dsvant vûju. fermc^ iifuts Us, doiffiSr f^tuti voe rfnes ; albngi U POft^e dejfus^ Quand h nuin eft in^cectaiae » « n dit.’ajfurei la main | votre main fn pense : fi elle eft trop dure, ^ "^^L k ppigpft, la nkfin. ; poinP de dore té dans Ijt Le rein eft-il tiop. mou y le ^os coïK&è » U poi^i^ trine courbée, ditjeià Tèléve:foujienf^ votre rtin i SrandiJ^^’VOut du. haut du. cùrps ; foutenti^ vqui, Eft «  . ai^); oatriirp roide^ le re^n prjsux^i les fçflTcsdé- p os boftfant la (elle » pn ravenit par ces mots : Moliiffil vous ; ppaffei vos fiffesfius vous ; poujfti la c$sn* iun en avant ; ne crmfei pas Us reins » Si les fefles s’élèvent, & que le corps s’en aille ^avaot, on hit dit : affiyn^oms ; laijèi’vous porter également fiir iesfeffes ; meste^ le haut du corps en arriïr^^ On le corrige de fou incertlnideen kiidirant : Haffure^^vous ; employé^ plus de nerfi Lorfque la cuiffe eft trop en avant ^ qu’elle n’eft pas étendue le plus qo’il eft pofible, l*ecelier doit être averti par ces mots : Etende : ^ vous » laiffu tom^r* vos cwjfies. Si elles font dans un état de trop grande adduâion, reldchei vos euîjjis y molUffii^les, Ibnt les termes uGtés.

Les genoux trop pUés/trop ouverts j^ta pimbe en avant trop roide ^ tr opjècanèe dn cheval 9 font des défauts dont on fait appercevoir Téléve, en lui Afant : Etende^ vos geuouK ; tourne^ vos cuijes ; lache^ vos famées ^ laifft^’-les tomber nasurelUmeat ^ iie^^les ^firve^’VOUS’Sn,

Les pieds font^îls mal placés, roides, & ta pointe kauce, 00 peut dke, pl^e^ vas pieds, lâche f4es : fent-ils trop mous, on avertit de les raflurer.

; L*affiette n’cft*-elle pas fur le centre » on dif^ 

jfettei votre affiette en dehors ou en dedans. Si le corps eft mal tourné » an dit, avance^ le cM, à partir du bas des reins.

Portez le poids du corps endedans, avertit Féléve qu’il ait à contrebalancer lafiioft qu> le porte en flehors pa A poids de fon corps en-dedans.

Tels font à-peu-prés touts les termes de la leçoir ilonnée confi^uemment » az principes que nous tvons adaptés k la conftru^n du corps humain. Ils foni bientôt expofét ; W eft aifé de les concevoir* Mais rexécntion de touts ces précepte » eft longue » & relève travaille plufieurs sonnées avant que fa pofition foit prife & IMen formée. Lorfqu^nfin il aura* acquis la facilité de fe placer & d accorder fes fliembresiufipi’à un ccnaîn point » on commencera k les faire agir » Si à lui £iire connoitreies opérasioas » toujours fur de% chevaux mis. Des Opérations de Fhomme dans C Equitatïon.^ Prefque toutes les opérations de l’homme dans Féquitation » font compofées ou mélangées do m6u> vement de plufieUr^ membres. Les principales font celles des bras & des cniffc », & de toutes les paf^ lie » qui les compofent*

Opérations des bras & des maîns*

Je fuppofe ici que Ton coonoît les effets du mors & les propriétés de ce doubfe levier. U s’agit ici des mouvements du bras qui é fait agir. La main de dedans plie le cheval » elle s’écarte du cou du ckeval ; s’élève pour enlever le pli ; fe baifle pour le fixer » s’il eft difEcife à conferver. Ce font-tà les aâions les plus ordinaires de la maiiï de dedans. Celle de dehors^s’eillève, fe reporte far le cou du cheval en dedans » élargit la rèiie de dehors dans quelques occafioos. Tel eft Turfage dés mains P O S 15$

lorfque tes rênes font fépat ées. Si elles font réunie^, dans une main » b main qui les tient fe porte ea dedans » quelquefois en dehors, s’enlève : on rené la main » on i’afture, on fent une rêne plus cpm Tantre. Entrons dans je détail.

La main de dedans plie le cheval 8e écarte la rêne du cou. Pour exécuter cette aâion, l’épaule fo baifle parce qu’elle Va un peu en arrière ; le bras i s’écarte du corps > Particulatioix du bras & d.e i’a-^ vant-bfas eft tendh ; ie, ou du^nM>ins dans un état mixte » l’avaat bras » ainfi que la main, dans une act’uude moyenne entre la pronation & la fupination. La main » j^Ortée par ce mouvement de cir-Gonduâîon au peint oii elle eft néceffitée d’agir pour s*éloi^ner du cou du cheval & faire agir la rêne de dedaos » failit cette rêne, 6c par b lenfion & le relâchement alternaxif (|u*eUe lui occafioaoe ^ elle opère & produit le pli..

Quelquefois la main & le poignet fuftfent ; d’au-’ i très fois auffi il y a de petits mouvements de Tavantbras ; ce foiu alors de petits mouvements de ftexien & d’extenfion. L’aâioa eft très-douce fi le poignet feul agit : fi l’avant-bras travaille » elle fera plus forte » de roémte lorfque le bras fe mêle de cette aâion » elle a une puiflance feuvent trop grande. Mais otf doit fe méfier dt9 fecouts qu » l’épaule pourvoie— donner jf fon » uiHaue fonâiôn eft d*appuyer Tos^ du bras : ainfi routesles fois qlie fe » mufcles entrent en contraâion pour les mouve-> ments de ce membre, il y a de la roideur $•& cetttf roideur augmente à proportion de là concmâloa des mufcles qui, tenant i tout le haut du corps ^ lui coflsnminiquent feur force.

L’opération toute (impie que nom venons de dé «  crire » n’eft pas toujours bien conçue par Técoliery Ce qui kii coXite le plus eft de détacher le haut dit bras des côtés* Il fe pkffe chea lui un* débat entro cette aélion^ & celle qui éloigne k main i en forto Iue le haut de fon bras ie tient collé au torps » tan «  is qu’il veut détacher la partie inférieure. Ondoie I veiller avec foin à ce qu’il cMécute ces mouve* ments fans gène » (ant reîdetir^ St en employane le moins de force pcflible La partie du dtembr » qui en exige le plus » eft cdle par laquelle le bra » eft fixé dans fon éloignemem du corps ; la partio fupérieure & Textérieure du deltcMe fuffifenr. Sou* vent l’homme emploie touts les autres mufcles ; éc alors il n’eft pas nre que le cheval défobéifle k une puiffance qui hû occafionnc de la douleur : car il eft utile de n’oublier jamais que plus l’animal fouf* fre, moins il fc prête au defîr de Phemme. U met en ufage » pour éviter îa douleur » le refte de fea forces » dont une partie eft détruite par i’eaceffivo puiflance de l’homme.

La main agit elle pour enlever le pli d*utf cheval qui s’atterre & s’appuie fur le mors » elle donn^ de petites fecouftes légères à hi^ rêne de dedans, en la prenant en deuous « Voici le mélange des mouvensems néceftàires à certe opération. Apres avoir pratiqué ce qui eft dit ci-defliii » le pouce 8( îç6 P O s le doîgt index faififfent la rêne fans forte, & le poignet s’élève & fe baiffe alternativement, fans que le réfte dû bras agiffe. Alors le mouvement eft opéré par une puiffance petite. Sicile ne fuffifoit pas, Thomme feroit agir Tavant-bras en le ilédîiffant & l’étendant alternativement, & répétant plufieurs fois cette aâion avec une vivacité plus ou moins grande. On agit ainfi par une tftâion qui certainement détermine le pli è la lengue. On" obfervera ici que le bras doit fe détacher du corps dans les petites fec^uiTes données à la rêne par Tavant-bras, afin de favorifer la direâion que doit avoir cette puiffance de trafHon ; car on doit fe rappelier un axiome inconteftable en cavalerie, qui e(l que le cheval obéit à une puiffance de traaion félon la direâion de cette puiffance. Le cheval fe plie quelquefois aifément, mais fon nez eft au vent. Alors on fe trouve obligé de baiffer tout le bras étendu, de le fixer en place, & de proportionner fa force & la tenfion de fes mufcles a la réfifiance de Tanimal & à fa difficulté à obéir. Dans cette opération, le bras étant difpofé tronvenablement, Taffurance du poignet fuffira pour vaincre les efforts de Tanîmal.

Dans les occafions où k rêne de dehors eft enlevée, on exécute les mê/nes actions qu’on em «  ploie lorfqu*on enlève le pli ; avec cette différence que le bras ne fera pas détaché du corpsi Après s^etre porté à la hauteur convenable, il s’y maintient ; mais le poignet ou Tavant-bras ^ agit pour retenir & rendre, par de petites flexions & de petites extenfions alternatives. Pour reporter la rêne, il eft néceffaire que Tépaule vienne un peu en avant > &que le btias fe porte vers le milieu du corps ; pour Télargir ^ au corftràire y on exécute lesaâions oppofées.

Lorfque lar même thain Aént les deux rênes, cette main doit conferver fa pofition moyenne, ainfi que Tavambras ; & dans le cas où Taâion des deux rênes eA égale, elle fe tient dans la pofition que nous avons indiquée. Mais s’il faut reporter les rênes en dedans, l’épaula vient en devant, le bras s^ pone auffi —, &’lavait-bras n’a point d’aâion particulière. Le bras n’éprpuvera pas d’oppofition à cette aâion par la contraâîon des mufcles antagoniftes ; car fi cela arrivoit, il y aurott de la gêne, & on doit Téviter fur-tout en ceci. Quelquefois on fait le mouvement contraire, & on pone les deux rênes en dehoré ; on fe contente de détacher le bras du corps & de e porter à lendroit convenable, fans changer rien à la difpofition de ravant^3ras & du poignet. Cette aâion qui, en apparence, paroît contraire aux vrais principes, ne Veft réellement que relativement aux circonfiances. S*il s’agit de fentir un peu plus la rêne de dehors, Tavant-bras ( le bras & la main étant dans leur pofition primitive) (e mettra dans l’attitude de fupination proportionnellement au degré de puiffance qu^on veut employer, fans que le poignet ^i a^cun mouvement propre. On pe refr p o s

fent guère la rêne de dedans lorfque la tnain feule tient les deux rênes. On fuppofe, lorfqu’on en eft venu là, que le cheval fe plie pour l’accord des mains & des^ambes. Si cependant il étoit néceffaire de la fentir, il faudroit fe fervir de la main de dedans. •■

Dans toutes les aâions du bras » une légère flexion dans fon articulation avec Tavant-bras i^ donne du moelleux.& de l’aifance à l’aâion. Dts mouvements & des opérations infenfibles font d’accord avec la fenfation du cheval:des aâions brufques y font oppofées. Souvent le relâchement ^ la contraâion fucceffive des mufcles eft un moyen fufHfant pour opérer fur le cheval, fans déplacer ni faire agir aucune partie du bras. On s’en convaincra aifement lorfqu’on aura monté des. chevaux, bien mis…

Quels que foient les moyens employés pour, riulfir, n’oublions pas que la réfultante des mufcles mis en œuvre, eft la figne dans laquelle le cheval obéit; & que le degré de force que ces mufcles acquièrent, eft celui de l’obéiflànce de l’animal.

Toutes cesaâiojJs fi compofées ne font comprî&s aifement d’un élève que par l’explication claire 6c précife, &fur— : rout par l’exécution que le maîcre en fait devant lui. L*efprlt prévenu s’appliquera, plus aifémenrà difcerner ce que le maître exécute, 6c l’écolier faifira plus promptement. Sans cela on. tâtonne longtemps, & la tardive expl^ôQce fait trouver fous la main ce qui ne s’en étoit jamais écarté, mats qu’on croyoit bien éloigné : tant il eft vrai que les chofes les plus faciles font fouvçnt celles dont on fe. doute îe âloins. Opération des cuîffes & des jambes : Les cuiffes une fois bien placées n’ont,. ou da moins ne doivent avoir, aucun mouvement à clie-. val pour opérer,’puifqu’on exige d’elles une grande, immobilité. Tout leur effet eft produit par la ten— ; fion & la dureté plus ou moini ; grande de leurs mufcles. On ne peut fixer le point convenable à chaque opération ; letaâfeul peut l’apprendre par le moyen d’un long ufage & d’effais réitérés. On doit coufultcr pour cela tout ce qui concerne ley fenfations du cheval, & le rcfultat des effet$ d^ l’attouchement fur les différentes parties de fou corps.

La jambe étant placée, n’a d’autre aâion que celle de fe porter un peu en arrière, pour exciter par ioncootaâles mouvements des mufcles qu elle va toucher, Ceft par une Cmple flexion du jarret i qu’elle agit alors. Opération unique qui n’a toute fa valeur que lorfqu’elle eft employée à propos & dans les jnftants juftes, comme on le verra dans 1% fuite, v^

Le pied ne doit point avoir de mouvement qui,’ par lui « mème & tour fenl, influe fur l’animal : ce ? pendant il concourt avec l$s jambes & les cuiftès à former l’aide fuivante »

p o s De taide formii par P accord des cuïjjes^ du jambes & des pieds.

Il e(l un accord de touts les mouvements des cuifles, des jambes & des pieds, qui produit la ; plus belle, la plus favaote, & la plus aâlve des aides : elle fe donne ainfi.

Après avoir perfeâion né fon afliette & tome fa ’pofition, on lie moëlieuremenr les cuifles en les tournant ; on étend le jarret fans trop éloigner la jambe du corps du cheval ; on baine infenfiblement le talon en pefant fur Tétrier, & on fe grandit un peu du haut du corps. Alors on fent que le cheval redouble de vigueur, & que le poids de fon cavalier lui efi moins pénible. Cette aide favante ne peut être employée que par un homme bien exercé : ceux qui ne le font pas fuffifamment y fe roidifTent très-aifément en voulant la donner ; & par-là ils produifent un effet très-faux.

D’après ce qui vient d’être dit, on concevra fans peine qu’il eft facile de définir les aâions des tnains, & de les faire comprendre, mais que celles des cuifles & des jambes s’apprennent feulement par la pratique.

Des premiers iLiMEKTs de l’équitation. ( Thiroux).

Je vais expofer les proportions & les qualités indifpenfables pour tout homme ambitieux du titre d’écuyer. Mais avant que d’entrer en matière, je’ crois devoir inviter ceux qui trouveront le mot indifpenfable un peu févère, d’obferver que « de touts les exercices du corps, Téquitation exige peut-être le concours le plus abfolu des qualités phyfique) & morales. En effet » la pratique de notre art ayant toujours lieu fur des individus dont la volonté contre-carre quelquefois celle du cavalier, ce feroit inutilement que ce dernier épuiferoit les reflburces de la olus exaûe théorie, fi la nature avare Tavoit fruitré des moyens phyfiques qui feuls donnent la pui/Tance de rcfiAer aux impulfions inattendues d’un cheval rebelle. Or, ces moyens dépendent uniquement dine égalité parfaite entre les deux longueurs du haut & du bas du corps ; c’eft-à-dire que, fans aucun égard pour la taille d’un élève » on a raifon d augurer avantageufement de celui qui fe préfente avec le rein ablolument placé au milieu du corps, pt^faue, d*après cette proportion « chaque extrémité forme un levier, dont les forces, arrivant en ménie raifon au centre commun, fe balancent néceffairement par leur propre poids.

O vous l <]u’un amour effréné tyrannife pour réquitation, jeunes amateurs, réfiflezau penchant malheureux qui vous entraîne » pour peu que votre conformation s’écarte des dimenfions que je viens de vous donner. Soyez d’une taille avantageufe ou non 9 fi la partie fupérieure de votre corps excède £quitdtiQn„ Efcrim 6 » Danfe.

P O S

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en longueur l’étendue de vos cuiflcs & de vos jambes, renoncez au cheval qu’il vous eft alors phyfiquement impofiible d’embrafTer afTez, & poui* affurer laffiette du milieu du corps, & pour s’op* pofer aufouettement involontaire du haut du corps. N’allez pas non plus prendre une confiance aveugle dans" la longueur exceffive du bas de votre >corps ; car jamais Tenveloppe outrée qui réfulte des jambes trop longues » nç peut dédommager de ja perte irréparable d’une main moëlleufe, inévit^blement roidie par cette dernière imperfeâion » & nonobflant touts les efforts du cavalier dont le centre, écrafé plutôt qu’aifis fur celui du cheval,:« a fuit violemment jujfqu’aux moindres vibrationfi4CVi peut donc établir, comme le premier principe ijicontefiable » que la ftriâe proportion du rein.efi le f^age affuré dune entière réuffite en équitatiott*, ur-tout lorfqu’à cette heureufe divifion du corps, on joint une douceur à toute épreuve, une patience inaltérable, une attention férieufe ; qu’on efl doué du plus erand fang-froid ^ qu’on a de Tintelligence, de la mémoire, & qu’on poffède une certaine fineffe de fentiment dans te taâ; fineffe qu’aucun maître ne peu# communiquer, mats que des leçons réitérées & prifes avec fruic confirment ou perfe6Honnent ( A^. B, L’arrêt du maître qui vient de parler n’efl-il pas trop févère ? 11 efl bon de confidérer dans touts les arts le dernier terme de la perfeâion:mais il ne faut pas oublier que ce ternie eft toujours idéal, qu’aucun artifte ne l’atteint, & que le plus parfait efl cellit qui en approche davantage. Les auxres le fuiventà différents intervalles, fuivant le talent & les qualités qu’ils ont reçus de la nature ; on ne peut pas raifonnablement leur dire, renoncez à l’art, parce que vous n’atteindrez jamais l^remier degré de la perfeâion. Faut-il que touts len^anfeurs renoncent à leur art, parce qu’ils ne font pas faits comme Veflris, & n’exécutent pas coonne lui ? Faut-il qu’il n’y ait point de géomètre, parce qu’ils oc peuvent pas être des Euler ? Et ne peut-il pas arriver dans un compofé phyfique & moral td que rhomme, une compenfation de défauts & de qualités ? Celui dont le corps aura la proportion rigoureufe qu’on exige ici, peut manquer de la ftneffe du taâ, & être inférieur à l’homme, qui, proporttonnémoins parfaitement », aura cette fineffe a un degré fupérieur. N’outrons rien ; effayons nos forces; & fi elles ne peuvent nous élever au premier rang, foyons contents de celui oii nous pouvons arriver).

Avant que de permettre aux élèves de monter fur un cheval, il efl, je crois, à propos non-feulement de leur faire examiner avec attention la firu^ure de l’animal qu’ils défirent enfourcher «  mais encore qu’ils jettent un coup-d’œil rapide fur la leur. En conféquence, voilà les détails préKminaires à l’exécution de la pFemière leçon dea élénients.

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P O S Notions an ucmicues dt Vhomnu & du ehex’aU Ultomme offre un corps perpendiculaireRient élevé.

La totalité duxhèval préfente une fnperficie circulaife horiibntaletnent appuyée firr quatre i » fes. Tons deux ie dfvîfent en trois psrrties qoîfont, pour rhoninie, le haut y le milieu » le.’bss du’• tofrps ; pour le cheval, Tavant-inain, lecoi|>s, •yamère-main.

—.Le haut du corps commence à la tête, & finit -fliux banches. Les hanchss, la ceinture, le haut des « ’Wi(&s, le fern, le coccix cofflpofent le milieu tIu le^rps. Le Telle de la cuifle, la jambe « nttére, le ’{ » teU donnent le bas du ccjrps.

A régafrd dti cbcyal, 1 aTant’main comprend •depuis le bout du nez jufqu au g^rot. Xe —corps e(l entièrement couvert par la felie. Le furplus ibrtne rarriére-nïain.

Chacune de ces trois pantes de Thonnne & du ; cheval a bien la faculté de fe mouvoir indépendamment l’une de Tautre ; mais la nature aftreinti •autant Thomnie que le clieval a ne jouir du mou— ; vement avec fufbté, qu’au moyen du fcrupuleux entretien de leurs perpendiculaires. Or, Thomme ; a deifx perpendiculaires qui fe tirent de Ces dayi-* cules aux chevilles du dedans de fes pieds.— Celles ’du cheval, quadruples eii raifon de fes quatre jambes,’partent 9 dans lavant-main, de la pointe • des émules pour arriver au milieu des pieds de ; ’" devant, tandis^.qu’à rarriére-main, elles s’attachent | à l’extrémité des feiTes, & viennent tomber entre les talons des’pieds de derri^. La jui^efle de ces ligrfes fidlives dépend entièrement de la direâion -du centre, d’où réfulte l’aplomb. La poitrine eft le centre de l’hoqyne ; aufli vovons-nous le porre-’faix avancer Jppachinalement le haut du corps, tandis que la femme enceinte recule le fien, tous deux avec rrnrentton de maintenir leurs perpendiculaires eintre le poids qu’ils portent & leur centre -de gravité, ^ vce, dans la vue de conferver leur aplomb. La nanire a placé le centre du cheval, vu fa pofition h^rtfontale, dans la divifion que nous nommons le corps, enforte que cette portion du cheval fert de foyer commun aux forces combi-’ nées de l’avant & de rarrière-main. Cédons aâuellement à f impatience du nonvel • académide : plaçons Thomme perpendiculaire fur le cheval horifontal : donnons enuiite au cavalier les moyens de réfiiler à la vibration fucceffive des mouvements de l’animal fournis aux loixde Péquitatiop ; & traçons là méthode propre à gouverner ces mêmes mouvements.

Façon rfr monter fur un cfrevaL

On aborde le cheval fans s’expofer au danger d*en être frappé, lorfqu’on évite de paffer derrière

Iui pour approcherde fpn épaule gauche, nommée

vulgairement l épaule ou le côté du monioir. Pref— 1 que en face de cette épaule » le pied gauche entre i vos

la troifième & la quatrième pundon > tenant dans la main gauche, la gaule dont la pointe eA en bas, on prend, avec la matn droite ^ le bouton des ré «  nés de la bride. On élève ce bouton perpendiculairement à l’encolure du cheval, afin de rendre égales les rênes qu’on paKTe enfuite de la main droite dans la main gauche « en les féparant avec le petit doigt, mais de telle forte que la rené droite pofe defliis, & que la rêne gauche foit deffous. On n’aifuiettic définitivement les rênes mifes dans la mam gauche, qu’après avoir éprotrvé fi le cheval les fent ; puis on en rejette le bout fur l’épauledroite du cheval.

De kl main droite, devenpe vacante par Ta* bandon du bout.^es rênes, on prend une poignée decrins, ni trop liaut y ni trop bas de l’encolure. On niet ces crins dans la main gauche, & on finit par en entourer le doigt appelle l’index, dont on fe fait un point d’appui. Énfulte, » avec la même main droite, on prend Tétriviêre qui foutient Té’ trier dans* lequel on apporte la pointe du pied gauche, en obfervant de lever la jambe fans baiffer le corps. A la précaution de tenir la poinre du pied perpendiculaire au genou, quoique dtreâc au ven* tre du cheval, il faut ajouter le plus grand foin d’éviter qu’elle ne le touche, de peur que le cheval ne fe porte du Coté oppofé.

Dans cette fituation, on allonge le bras droit fur le derrière de la felle, dont on empoigne l’arçon avec la main droite autant avancée qu’il eft —pofitbte. On s’élance enfuite, foutenant toujours le corps droit ; s’étayant de la main gauche ^ qui a pour appui la poignée de crins ; s’attirant avec ia main droite qui efl cramponnée à l’arçon de derrière de la felle ; & s’enlevant fur le pied gauche, dont la pointe abfolument defibus le genou du ca «  valier, & droite au ventre du cheval, fait refibrt, & conféquemment prête beaucoup à l’élafiicité. Elevé à là hauteur de la felle, après avoir lâché Tarçon de derrière tenu avec la main droite, on étend la jambe droite de façon que, fans être trop haute » elle puifle pafler au-demis delà croupe, & c : pendant ne touche point au cheval. Ce paflage de la jambe droite fe fait avec grâce, aifance & fureté, toutes les fois qu’on a Tattentîon de maintenir Je corps droit, de porter les hanches en avant, de creufer le rein, & de tendre la pointe du pied. Cette dernière précaution regarde ceux 3ui portent des éperons, parce qu*alors, niché ans le creux du talon, Téperon droit ne peut pas inauiéter le cheval. Enfin on s’af&ed en ielle. Pour n^y pas tomber lourdement, on pofe la main droite, qui a quitté l’arçon de derrière, fur la batte droite de l’arçon de devant ; & afin de rendre plus folide le nouveau^ point d’appui qu’elle forme, on réunit tesforces de i’avanr-bras, du poignet » de la main’& des doigts, en fcrrant le coude contre labanche, en bombant le dedans du poiçnet, & en inférant les doigts entre la batte & la cuifie, de manière que te p « uce Ce montre feul en dehors* p o s "’Pojb’wn du haut du XCffs*

Lorfqv’oo eft affis en felle, la main droite re-YTtnà y par-deflbus la gauche, & la gaule qu’elle paâe deflus l’encolure du cheval, & le bout des rênes de la bride qui flotte fur fon épaule droite. Prefque du même temps on remet les rênes dans le plat de la main gauche « qui s’en eft deflaiûe, & qui laifle aller le crin pour les recevoir une féconde fois. Quand elleslfont fëparées par le petit doigt, on appuie le pouce direaemenr defltis » afin d’empêcher qu’elles n’échappent. Il faut obfcrver 5|ue les rênes, fans être flafques ni trop tendues, ont à leur vrai degré lorfque le cheval marque qu’il les fent. Quant à leur excédent, on s’en débarrafle en le laiflant retomber fur i’épaule droite du cheval, ainfi qu’on a fait pendant qu’on fe préparoit à le monter. Le cavalier place enfuite fa nain gauche » faifie des rênes comme il vient d*êrre dit, à la hauteur & vis-à-vis du nombril, éloignée du ventre ainfi que de la felle, d’environ quatre doigts •les jointures » qui lient la troiiîème phalange des doigts à la main, perpendiculaires àiar* çon de la felle, & parallèles à Pencolure du che* vaL Par ce moyen » le pouce » diagonalement pofé (kr la féconde jointure qui partage l’index, fe trouve abfolument au-deilus du petit doigt & au niveau du pli du coude, les quatre ongles regardent le ventre, & chaque rêne » également diftante de Tencoiure, correfpond en ligne direâe à chaque branche du mors, dont les talons repofent imiiiédiatemem fur les barres du cheval ; endroits fenfibies qui fervent à le diriger. Les comii }ençants ont le plus grand iitérét de vérifier fouvent (I leur main garoe la pofition q*.*’dle a reçue: auili confeille-t-on aux éléfces de la rappro< ; her fréquemment de leur ventre, afin des’auurer que tes quatre doigts s’y plaquent à-la-fois. Le pouce arrive « t-il le premier, la main eft dite couchée; & renverfée, û le petit doigt commence à toucher le ventre. Dans l’un ou l’autre cas, la main déplacie entraîne viftblemem Tinégaliré des rênes » fource ordinaire de la réfiftance du cheval inquiet des ienfations inverfes qui lui parviennent. Au lieu que toutes les difficultés s’évanouifilent devant une main dont les doiets, abfolument au-deflus les uns des antres^ enlèvent les jrênes avec la même égalité qu’un fléau de balance auire les plateaux qu il foutient.

Après avoir ftatué fur la. pofition de h main gauche, il eft jufte de fixer celle que doit prendre u droite. On n’a furement pas oublié k^ auffitôt qu’oueftaffisen felle, la main droite s’e A empa* rèe de 1 » gaule qu’elle tiem encore h pointe en bas Os 9 comme oa emploie : ceite main à tenir le bridoa, nosobflaat la gaule nui l’occupe » il faut néceffairemeiMufer d’un peu dadrefle.pour Taider a s’acqmner des deux foiîûions dont elle eft chargée « fans : qu’elles fe nuiient réciproquement. En coiiieqiieiic « , ont élève i’avam-bras droit qu’on P O S *î9

étend’jufqu’à ce que la main droite outre-palfe là gauche, afin que la première puifle prendre le bridon par-deflTus les renés de la bride affujetties dan » la féconde, & feulement avec les premiers doigts les ongles en deflbus, le deflus du poignet haut & bombé, & le coude médiocrement éloigné de la hanche. Il eft propos de faire remarquer que Textenfion de l’avant-bras n’eft régulière qu’au* tant qu’elle ne caufe aucun dérangement dans le haut du corps, ni même dans la fituation de la gaule qui, lorfqu’elle ne fèrt pas, doit conftamment demeurer entre Tépaule au cheval & la cuifle du cavalier. Le confeil que je donne ici, de tenir le bridon avec la main droite, paroitra fans doute au moins inutile à ceux qui favent apprécier foii ufage en équitation. Mais, avant que de me juger, je les prie d’obferver que, fi j’engage mes élères i s’en emparer dès la première leçon, c’èft feulement afin^ que les deux mains occupées entretiennent les épaules du ca valicr égales emr’el les, & para^ lèles à celles du cheval, & aufiî pour avoir la cec* titude que le haut du corps pofe intimement fur lé milieu du corps.

La pofitîoij de l’avant — bras droit met fur I4 voie pour arriver à celle de l’avant-bras gauche • c’ert-à-dire, qu il faut égialemcnt que le coude foità une modique diflance de la hanche, mais le poignet, fcrupuleufement au bout de l’avant-bras doit un peu creufer en deffus, afin de laifl*er la main au niveau du coude. Quant ai refte du hau( du corps, la tête haute Se placée droite invite 1^ cavalier à regarder, fans affeÛation entre lès oreilf les du cheval, lapifte qMi, en terme de manégjsl eft le chemin où oh veut le mener. D ailleurs, il ftui avoir les épaules BafTcs & égales ; que les bra^ tombants foient affujetiis contre le corps depuis i «  pointe de l’épaule jufqu’au coude, & détachés du corps à partir de cette dernière jointure jufqu’au bout des do gts. £nfin la poitrine doit être. ouverte^ le ventre goi ? i2 i, & la ceinture en avant. ^ Pofition du milieu du corps.

’Si on conCdère que les préceptes analogues i la pofition du milieu dit corps doivent indirpen fable ? ment dériver de la forme que le cheval a rtça^ de la nature, on ne regardera pas comme fuperfiuc les réflexions qu’on va lire. La feule infpe£Gon dtt clieval apprend que fon corps eft un cercle fur lequel le cavalier cherche à fe placer. Perfonne n’iV Jnore quun cercle eft compofé d’une continuité e points acrangés de manière que » de qudque côte qii^on les envifage, il s’en trouve toujours un fupérieur aux autres ; vérité. mathématique qui r£ duit à un feul point la bafe que préfente ua cercle quelconque. Comme il eft démomié qu*on ne peut occuper la fuperficie d’un point, à moins quç d’être porté par trots étales demnécs en équerre «  il eft très-eftemiel que la méthode qui conduit à la recherche de ces trois points d’appui précède ccU^ qui focîtite l’ufage qu’oa en doit faire. ^ Kki]

x6o P O S P O S En conféquence, le cavalier trouve les deux i confervateurs àa haut des cuiâes & du croupioai premiers points d’appui parallèles dans le haut de les cuiflcs, & c’eft le croqpion oui lui procure le iroifième avec lequel il achève de tracer Féquerre. Pour établir aifément ce triangle falutaire, il faut avancer la ceinture jufqu’à ce qu’elle touche à Tarpon de devant ; il faut que les hanches, portées en avant, mettent le haut des cuiffcs fi près des barres, qu elles y femblcnt collées ; il faut tourner en dedans les cuifTes étendues y aén que leur plus grande fuperficie s*applique à ta felle > ce qu’on défigne, en équitation, par avoir la cuiffe pofée fur fon plat ; il faut reculer les genoux & les fermer, ou ce qui revient au même, qu*ils foient fixés furies quartiers de la felle ; il faut creufer le has du rein a Toppofite de la ceinture ; enfin il faut couler lesfefles^ deffous le corps pour obliger lé croupion à réellement porter fur la felle. En récapitulant Tordre qu’on a précédemment mis dans les différentes parties dont le haut ducorps eft cpmpofé » on voir clairement que Tarrangement de celles qui forment le milieu du corps en efi une émanation motivée. En effet > depuis la nuque du cou)ufqu*au croupion, nous fommes doués d’une colonne de petits os entrelacés les uns ’dans Içs. autres en forme d « chapelet : colonne que tout le monde connoît fous le nom d’épine du dos. La difpofiiion de ces os eft telle que chacun venant à preïïer celui qui le touche, peut lui communiqjier un mou^ment d’ondulation y foit de haut en bas, foit de bas en haut. C’eft à Taide de cette chaîne élaftique que nous avons la faculté de creuier le rein, ou de le bomber. Dans le premier tas, nous employons machinalement l’ondulation defcendame, afin de donner à ta colonne ofieu^ la tournure concave feule convenable à l’opération projettée. Alors* la nature nous prefcrit d’ouvrir la poitrine, en effaçant & baiflant tes épauies, de gonfler le ventre, & de préfenter la ceinture, pour Pofitlon du bai du Corps*

L’équilibre ne peut jamais avoh* lieu fur un corps mobile, quand même l’aflion prévue de ce corps n’auroit qu’une feule dircâion toujours égale. En vain objeélera-t-on les faifeurs de tours qui, de-, bout fur la fuperficie d’un ou de pluficurs chc* I vaux, femblent braver l^vibration des différentes allures qu’ils exigent. Que leur prétendue magie blanchît bientôt devant des yeux connoiffeurs l Une légère attention fuffit pour les furprendre lut* tants à chaque inftant contre des chutes inévitables, malgré l’uniformité du mouvement qu’ils atten-^ dent, fans le fecours des rênes d’un brîdon qui, d’agens conduâeurs qu’elles font enrre mains du : plus ignorant palefrenier, prennent pour eux 1 » puiffance du balancîei’des danfeurs de corde. Si l’équitation bannît jnfqu’au nom de Féquiîibre, il n’en eft pas ainfi de l’aplomb que tout le monde (Ht être pour les corps agifiants, le réfnltat conféquem d’un équilibre continuellement perdu &recou «  vré par le moyen d’une puiffance, tantôt attirante, tantôt repoufiante. Mais,)*en appelle aux maîtres de notre art, Taplomb qui les rend h moelleux à cheval, n*eft-il pas le fruit d’une tenue tong-temps éprouvée ? Encore, dans ces mouvements irrégulicrs d’un cheval indocile, ne font-ils pas obligés d’en revenir à la tenue > quoique les temps favants d’une main confommîée travaillent plus à contenir l’animal fougueux fous l’écuyer y que cedernierne cherdic à le fuivre dans fes boutades. Comment donc cfpérer de placer les éWres par le feu ! aplomb ? En effet, Tnfqu^aflueHemeirt les difpofitions ccflAtïinées du haut 6c du milieu du corpf tcni^ent bien à mettra l’homme en équilibre fur le cheval, mais elles laiffent le cavalier toujours àlx Teille de perdre le fruit des foins— qu’il a pris pour s’élever & s’affeoir fur le point faillant de pomt

oueriennre s’oppofe à ce que chaque os pouffe, ta ligne circulaire, puifque le moindre mouvc de haut en bas, l’os qui lui feirt de bafe. Lorfqu’au ; ment inattendu du cheval, moteur de ce cercle r • contraire on defire bomber le rein, ce n’eft qu’en rentrant h poitrine & le ventre, & faifant difparoître h ceinture, qu*bn parvient à occafionner un reflux dans hi colonne mouvante qui., de concave qu’elle ètoit, devient coovexe à mefure que cha* que os repouffe ^ de bas en haut • celui qui le domine. Il eft donc anatomiquement prouvé que, fi la tète en arrière eft placée juffe au mifieu des épau, îeSy fi les épaules égales & baffes font effacées, fi Tes bras toimbants accomf^gnenr le corps, fi la poitrine eft ouverte, fi le vemre eft gonflé, enfin fi le rein creufé chaffe la ceinture & les hanches en avant, dès ce moment chaque partie féparèe du haut du coîps fc réunit pour former un plan iiiclthè, d*arrière en avant, dont la direflion pnffa* tive, de concert avec l’ondulation deTcenrfame dé la colonne offeufe, tend à confolider, par preffion, Brpofition du milieu du corps, & affermit le cavalier nouvellemeiu affis fur les trois points d’appui peut l’en faire gliflèr. L’impreflîon ftchcufe qur réfulte d’une remarque aufli décourageante ne doic pas tenir longtemps contre ïobfervation fuivante. Une fois régulièrement affis fur le fommet du cercle, en regardant au-deffons de Fui, réKve appert çoit le corps An cheval, dont la circonférence déborde également de chaque côté. Or, s’il eft dé-’ montré. qu’on ne peut s’affeoir fur un cercle qu’à Taide de trois poihts d’appui triangulaires, il eft autant prouvé qu’on ne peut envelopper ce cercle à moins que de jouir de deux parallèles affez flexibles & plates pour l’emourcr au^deffous de Ton diamètre. D’après cette féconde découvene, & au moyen d’un léger pli dans tes genoux, le cavalier laiffe tomber fes deux fàmbesperpendicŒlairement au bas de fes cuiffes tournées en dedans, ou ponces fur leur plat.* De plus, il fait fuivre à fes pieds la même direftion, en baiffant le ulon tourné en dehors & mis un p<ctt en arrière »

p o s U qil ! dontïe la pointe du pied (butéiivé ; ce qu ! place le dedans du molet Drès du cheval ; ce quiconfollde la cuiiïe pofée fur fon plat ; enfin, ce qui affure les hanches portées en avant : d’où il fuît aiie, de Tefpace qui fe trouve entre le bas des cuiiïes & la partie latérale du dedans des pieds, on voit fortir une muUîtude de tangentes qni, toujours au mo » ment d’embraffer, au-deflous du diamètre, le cer* de fur lequel on eft aHis « mettent relève en état de réfifter aux div^rfes aâions du chevaK Comment, en effet, leur défordre, leur violence, ou leur rapidité pourroit-elle ébranler rafSettcqu on a pris tant de peine à fe procurer, fur-tout ayant foin que le bas du.rein fetme & creufé repoufie fréquemment les hanches & la ceinture en avant » puifqu’alors c efi â la partie inférieure de.la capacité même d » ch<val que lenveloppe du bas du corps du cavalier fe trouve intimement attachée ? Perfonne n’ignore que plus on embrafTe un cercle dans fa portion inférieure » ^plus Taûion de lenveloppe fait reinonter ce cercle dans la puiffance embraffante « Solution qui donne pour produit le chevfli fans cefle remonté dans les cni^cs de Thomme^ ou, pour parler pins vrai, Fhomme immédhitement enfoncé fur le chevaL

Lorfque des principes adaptés i lun des exerci" ces du cor’ps dérangent la perpendiculaire qui protège nos mouvements ordinaires, dés-iors nous fommes en droit de les rejetter comme radicalement faux & dangereux* Initiés, ou non, dans Tart dont nous confultons ia méthode^ nous pof* fédons touts la vraie pierre de touche des con&ils 2ue les prpfeflçurs Gymnaftiquet nous donnent, ar exemple, dans la circonftance préfente, une légère expérience va démontrer qu’il eftimpoflible de garder à cheval l’aplomb que nous avons étant i pied » fans difpofer les trois divifions de notre corps, conformément à ce qui vient d*étre dit.Veut-Qn s’en convaincre ? ( Je fuppofe qu’on fe rappelle que la perpendiculaire de l’homme fe trace de fa clavicule à la. cheville du dedans defon pied, &

? |u*on n’a pas oublié que Taffiette du cavalier exifte 

ur les trois points d’appui triangtilaires du haut des cuiffes & du croupion). Il faut d’abord fe placer abfolument droit fur les deux jambes ; éloigner enfuite également les pieds dont la plante doit toujours entiéremieinr pofer à terre ; enfin, il faut ouvrir les t^unbes, & écarter les cuifies comme pour f ecevôir le cercle du cheval. Dans cette fituation, il eft confii^t qu en laifiant fubfiAer la direâion perpendiculaiiçe do haut & du milieu du corps, il réfulte de l’écartement forcé du bas du corps un état de titubation, d’oii on ne fort qu’à mefure que la ceinture & les hanches avancées creufent le rein & reculent les épaules. Ce léger changement, qni fait bomber le milieu du corps » n’a pas plutôt inis la poÎQte des épaules perpendiculaire aux talons, qu’on voit ^uflîtôc le haut du corps préfenter upe fuperficie inclinée d’arrière en avant, le bas du corps former 41B p.Ian incliné d’avant en arrière, P O S i6i

& la ligne de fureté reparoitre dans toute fon inté’ grité, partant de la clavicule » travcrfant les hanches, tk finiflant aux chevilles:conféquemment l’homme dans la difpofition équeftre eft auffi-bien en force qu’il peut l’être dans l’état pédeftre. Je crains de n’avoir pas fuffifamment démontré que la pofition du bas du corps, dont on vient de prendre connoiftiuice, eft la feule qui puiûe faire parvenir à ce ^4)’on appelle le fond de la felle » Convaincu de cette vérité d’après ma propre expé^ rience, d’après celles que me procurent journellement des élèves de dinérentes conformations, qui touts réunifient par le même procédé, je crois de* voir efiTayer eiKore de fendre palpables les’avanta^ ges émanés de^ l’enveloppe ; avantages réels puif-. f que, feulement préfentée pendant la bonne. vo. lonté du cheval, Tenveloppe entretient raplpmti du haut & di^ milieu du corps. Mais elle fertd’und manière viâorieufe au cavalier qui colle depuis le. haut de fes cnifies jufqu’au dedans de ks pieds, pofitivement comme s’il avoit Tintention de faire joindre fes deux femelles par deflbus l’efiomac du cheval, dans ces inftantscritiaues’où ce dernier ^ n’écoutant que fa fougue, fe livre à des défenfes réitérées » En effet, lorfqu il s*agit de s’oppofer à la violence d’un choc, quel eft Thomme auez ennemi de fa fureté pour fe mettre à la merci d’un feul point d’appui, tandis qu’il eft â portée de s’en pro «  curer une infinité d autres ? Cependant ceux qui dédaignent l’enveloppe de la capacité même du che-’ val avec toute l’ét^due du dedans de leurs jambes, èc qui préfèrent la tenue indifcrette de lenrs feuls genoux, font encore moins excufabJes; car la tan-* gente unique à laquelle ib fe fient inconfidèréf’ ment ne peut avoir fon effet que fur un point fupé-^ rieur au diamètre du cercle* Or^je necefiedele répéter, chaque fois qu’on veut fixer un corps cir^ culaire entre deux parallèles, il eft indîfpenfable que leur point de reunion fe trouve au moins di » reâ au point diamétralda cercle qu’dles embraffenr. Si les parallèles outrepafiTent le diamètre, elle » preflent alors la ponion étroite dy demi-cercle inférieur, & la totalité du cercle leur échappe en remontant : ( produit de Tenveloppe qui garotte l’homme fur le cheval.) Si au contraire les paral «  lèles n*atteignent pas le aiamètre > leur preffion agît fur la partie étroite du demi-cercle fupérieur, &, ’plus elles ferrent, plus le cercle les fuit en defcendant (effet de la, tenue des genoux qui défunit. rhomme d’avec le cheval). Ainfi fans avoir aucut> égard aux vices innombrables qui détruisent tout l’enfemble de la pafition, on fe regarde comme très— fondé à déclarer la tenue raccrochée des ge^ noux datisereufe & perfide, par cela même que chaque enort qu’elle fait pour réfifter aux fecouffe » du cheval tend à éloigner du cercle dont oa a le plus grand intérêt de s^pprocfaer.

Je ne crois pas m’abufer en ofant prétendre à fs confiance de mes élèves, puifqu’à chaque pas ie les mets en état de vérifier > même à pied, la foli »

i6i P O S dite dcnftintàpts que je tear donne poor erre i cheval. Ceux qui n’auront point oublié Tattitude que je confeille plus haut pour s*affurer de la vraie ~ pofirion du cavalier, n*ont qu*à la reprendre un moment, jSc ferrer les cuiffes comme s*il8 voaloient fixer la circonférence du cheval dan » la tenue exdufive dé leurs feuk genou » Auflitdt, ils verront IVnfourchure de l’homme le plus fendu prendre la figure d*un compas ouvert ; conféquemment coûts >es points de contaâ du dedans descuiiTés ne poa^ voir appuyer fur la felle qu’à mefure que le bas des janrbes évafées— abandonne la capacité du che* val : dés— lors touts les mouvements combinés de Fun & de Tautre préparer une féparation prochaine, inévitable & toujours funefte. Farfons plus ; accordons à la feule tenue des cuiffes & des genoux la venu préfervative contre les accidents annoncés ; ^ais, en mi(me temps, demandons s’il eA poffible <féviter que la contraâton indîfpenfable de ces joinnires, forcées tn dedans, ne coupe « par la moitié, le levier du bas du corps j puifqu*il eft retfonnu que plns^on ferre les cuinés & les genouit,. plus on élargir les jambes & les pieds. Or, n*eft-ce pas abufer la juAeâe des proportions, que de conifeilier une pofition dont la iinifleté de « principes* met Ihommele mieux fait autaqtdans Timpombilité de s’oppofer au balancement involontaire du haut eu corps, que s*il avoit à. rejetter les vains cffors qui Tépiiifent fur le défaut de longueur du bas du eorps, iau lieu qu^en aiTurant feulement par degrés é’abori les cui^s, enfeite les genoux, ermn fe haut dii dedans desr jambes, pour reflerrer tfvec plus d’efficacité le bss du molet ainfi que les chevilles, on donne à la totalité du bas du corps la vraie tournure d une tenaille, qui ne fe ferme jamais^pour comprimer la circonférerce qi^elle embrafle ’, fans— en^nce^ l’homme fur U feUe su point d’applatir, po^r aînfi dire, les trois points d’appui rriaiTgulaif es dû liant des cuiflès, & fur-tout celui du croupion ; conféquemment fans faciittet au cavalier Taifance d’entretenir Taccord parfait qui doit régner entre les deuxfleviers du haurâe du bas du corps, fe balançant réduroquement p ; |r leurs propres forces. Je laiffe aôucllement aux leâeurs, comparatfon faite d^s deux manières de tenir » le choix entre les deux méthodes dont je viens de leur tracer les réfulrats, & je le* invite à parcourir dans la feâfoQ fuivante les défauts qui détruifent la poiitipn de ITioflime à pheval^

Défauts à évita’dans la pojîtion^

Le défaut que Téquitation regarde comme le p ! ns mtifible, & qui n’eA malheureufement que trop ordinaire aux commençants, provient de la roideur qu*ils mettent dans le haut ou dans le bas du corps. Il ed difficile de dont^er imé idée bien jnfte du tort que l Inflexibilité de i’une’*de ces deux Îarties peut caufer a Fafflette du milieu du corps, ms reprendre, par entrait, non — feulement Içs pos

tmis « Bvifians de Thomme, mais encore les prlnct-^ fes pofés, & les préceptes traces po, ur établir exaoe correfpondance qui fait leur fureté commune. En con(ëqueDce, il faut fe repré(ènter le corps du cavalier divifé par tiers » dont la premier » divifion comprend U téce, les épaules » les bras » 1 » poitrine, 1 eftomac, le dos, le ventre & la ceinture ; dont la féconde contient les hanches » le haut des cuiiies, le rein & le croupion : enfin dont la troifféme renferme le bas des cuiâes, les genoux, les jarrets, les jambes & les pieds. A Tégard de la pofidon particulière à chacune de ces parties I on fe rappelle fans doute que Tenfemble de chaque claife a pour bue d’accroître la folidité des troiS’points d*appui compris dans la féconde iubdivifion 9 enforte qu’ils pari>iflent comme rivés fur la felle. Or les hanches, le haut des cuiifles » le rein & le croupion, qui compofent le milieu dit ’corps, ne peuvent parvenir t ce degré d*immobi<, licé « qu’autant qu’ils font aidés par le haut & par le bas du corps.

Le haut du corpe oonnibue à rendre ÛMé 1^ milieu du corps, lorfque la tète droite, Inuto & en arrière, porte également fur les. deux épaules ; lorfque les deux épaules, égales 6c hsSn, ptaemt les bi^i prés du corps ; lorfque les bras tombants élargirent 1a poitrine ; lorfque z poitrine, quoi «  qu’ouverte j faille moins que Teilomac qui, lui-même un peu rentré, provoque le gonflement du ventre ; lorfque Tondutation dépendante de Vé* pine dia dos donne i)a colanne ofleufe la tOur « >. nureconeave qui lui convient feorle pour ehsitktf le ventre & la ceinture ; lorfque le gonflement du ventre achève d’ïipporter la oeimure en avaiyr ; fina* lement, l’orf^ie i » ceinture appuie flriâement contre l’arçon de devasft. Alors, depuis le fomineY do la tète ju(qcr*à h ceinture, il a eft pas une fibre qui ne fe relâche, afin qpe les^ mafles du haut dii corps emaflîes les i|nes fur les autres, forat ertr un bloc afler voluminenx popr mainrenir letf hanches portées en avant, poiir afi^ermir h » bas du reincreufè «  & pour comprrmer fur la felle le haut des cniflcs poféesk plat, aînfi que le croupion. Autant la preifion des parties fupérieures fecourf les mo^enne^, autai)t 1 attra&on des parries inférieures leur efl favorable. On n’a pfis oublié qu9 h puidance deces^deroiètes fe manifofle routes les fois, quen raifen du pit des* genoux, les jambes tombantes mlement, & les t^.ons^n d^ors, en arrière, Sç Sir-toat bas, ftmblent demander pouf appui la terre foulée par 1^ cheval. D*oii il réfulto que, fi le poids d u haut éft corps commence à don* ner quelque confiflfihcè au miltett du corps, c’e4 par la grande extenfion du bas du corps qu^M re^ çoit fon dernier degré’die fçrBncté. Tel uo portrait le plus refleitobi)ânft— devient mé «  connoififable au moindre changement, de mémo la plus légère contraâton défigure U pofition dct cavaHer le mieux placé i fiippofant que ce foit le liaut d^ corps qui fe roidîAe, les épaules fiemoatear POS ment, le rein bombe, le croupion s*cnlèvc, & le milieu du corps, privé de fon appui d’équerre ^ roule parallèlement fur la Telle, au point d’entrai- » lier avec lui le bas du corps dont Tenveloppe « raccourcie par rèlévation du haut du corps ^ devient infuffifante pour embraffcr le cercle du cheval, qui s’échappe à chaque pas. Si la contraftion prend fa fource dans le bas du corps, les talons hauts diminuent fenfiblement retendue des jambes, & rapoufTent les genoux qui, flottants pour lors fur les Suarticrs de la felle, ne peuvent plus s’oppofer au éplacementdes cuifles trop ouvertes. De-là naît ^ & le dérangement total des deux points d’appui parallèles, tk Tinftabiiité du haut du corps, qui fuit forcément la deftruâion de l’enveloppe ; deflruction occafionnée par le foulèvement préjudiciable du bas du corps. Ce n’eft donc qu’en relâchant entièrement le naut du corps’, ( qu’on fait devoir être incliné d’arrière en avant) forçant hpofnion avancée des hanches & de la ceinture, qu il eft poifible d’étendre aflez le bas du corps, d’avant en arrière, pour en faire fortir cette foule de tangentes propres à fixer fur la felle les trois points d’appui triangulaires qui foutiennent le milieu du corps. Il ne raut pas imaginer que le manque de foujdcflfe foit l’unique écueil qu’on ait i.redouter. Des négligences ^ qui paroiflent au premier abord n’exiger qu’une médiocre attcntiAi, fuififent pour al térer Je fini de la pofition, & pour faire reparoitre au moins une partie des défordres qu’on vient d’ef*’ quîiTer. Par exemple, lorfque la tttfi fort de fa vraie fituatîon, le cavalier ne peut If poner qu’en avant, ou baflb. Dans Tun U l’autre cas, le poids de la tète, hors de fon aplomb, attire de toute néceffîté, les épaules, & gène évidemment l’ondulation defcendan te delà colonne ofieufe. Qu’on urde à réformer cette irrégularité fi légère en apparence, bientôt la poitrine rétrécie s’affaifle, le’ ventre, la ceinture & les hanches difparoiflent, & onfe trouve en butte aux accidents déjà prévus, puifque Te rein forcément. l)pmbé met dans Timpoflîbilité ^pbyfique de faire porter le croupion fur la felle.,

Les mêmes inconvénients fe renouvellent lorfque, depuis les épaules jufqu’aux coudes » les bras dérangés ne quadrent plus avec la pofitîon totale du haut du corps ; dans cette conjonâure, leur de* placement les éloigne « ou les rapproche trop des côtés ; abfolument collés fur les hanches, les cou^ des contraignent les épaules à remonter, & fi on n^y prend garde, leur contraâion gagne avec ra* pidité toutes les parties du haut du corps dont elle reproduit la pernicieufe élévation* C’eft aflez de réfléchir aux fuites funeftes que peut avoir le défaut contraire pour s’en abftenir avec le plus grand foin ; car, non feulement les bras trop aifiants du corps refierrem la poitrine > écrafenr le ventre. POS 16}

reculent la ceinture, mais leur influence dange* reufe s’étend jufqu’aux mains aui en reçoivent une efpèce de mouvement convuluf, que féquitation a défigné par le moi Jacadt.

Il en efl de même des talons bas & en arrière » qu il faut encore fcrupuleufement garder en dehors, fous peine d*ètre privé des tangentes que foarniffent & leplat de la jambe & le dedans de la cuific f tangentes d’auunt plus effentlelles, qu’on ne peut railonnableanent efpérer de tenir la circouiérence que donne le corps du cheval avec le feul point du molet, par la raifon que deux corps ronds peuvent bien fe toucher, mais ne s’accrochent jamais*

D’après des détails aufC fidellemeitt gradués, on doit être intimement convaincu que la véritable affiette rire fon exiflence du repos abfolu des.trois points d’appui triangulaires formés par le haut des deux cuilics & par le croupion ; mais qu’elle doit fa confervation, ainfi que l’aplomb du haut du corps^ à l’enveloppe des jambes « gales tombantes perpendiculairement au bas des cuifles pofées à plat< Aufli, quoique les défeâuefités du haut ou du bas du corps qui occafionnent, foit l’ébranlement des deux points parallèles, f#it le dérangement du point d’équerre $ faflent toujours courir un danger évident, cependant la conféquence qu’elles entraînent doit plutôt fe calculer fur la pri-^ vation des tangentes, dont la quantité varie fui-^ vant le plus ou le moins d*extcnfion dé^ jambes égales du cavalier, que daprès la juflefle des proportions qui confliiuent ce. qu’on appelle l’a*’ plomb du haut du corps.

Jufqu’ici nous avons laifTé le cheval dans. une inaélion parfaite. Il faut aâuellement eflayer de l’en tirer, afin que le cavalier pulfle unir la prati* que à la théorie. Mais avant que d*enfeigner comment on doit s’y prendre pour mettre le cheval en aâion « on croit eflentiei dé dévoiler la méclu «  niqHejdes reflbrts*qui lui ferventiife mouvoir. Mtààantqui desimomanmts au thevaL

Les notions anntomiques mifes à la tète de cette leçon, démontrent le cheval, divifé par uers,)’avantmain, le corpsi, l’arriére-main. L*équitatIoa emploie le même procédé pour définir le cheval. Nonobflant la place qu’il occupe dans la claffe des quadrupèdes, elle en fait deux bipèdes qui reconnoifTent le corps pour leur centre commun, ou le foyer réciproque de leurs force*. C’efl ce point central qu’on regarde comme le fommet du cqrcle fur lequel l’homme s’aflied.^En adoptant &tte définition, il efl aifé d*appercevoir deux co ionnes de vertèbres, qui fortent du point de réunion en fens contraire. L^une forme l’encolure, & donne le mouvement aux épaules, ainfi qu’aux jambes de devant, tandis que l’autre, qui. traverfe les reins, met en aâion les hanches & les jambes de derrière. Au mcyep de ce que chaque colonne aféparément la faculté de r’etendre en ligne di ?

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P O S recle du point central à fôn extrémité, ou de fi ; reployer de Ton extrémité fur le point central, Tondulation inverfe, quiréfulte dece double mouvement, permet au cheval d’exécuter trois fortes de combinaifons difTérentes qui produifent y ou le repos y ou le marcher, ou le reculer. Le repos a lieu toutes les fois que les deux colonnes, totalement déployées y mettent les quatre jambes à une diilance (i exaâe du centre, que le cheval a plutôt Tair d’être fufpendu au milieu d elles, que de porter deflus. Pour que le marcher puiffe s efFefluer, il faut que la colonne de derrière, arrivée la pre,. miére au point de réunion, place absolument fous le centre les jambes qui la fouriennent y afin que la colonne de devant, forcée de s*en éloigner, emmène avec elle le bipède qu’elle dirige. Aul&tôt aue cette double combinaifon a provoqué le jeu luccefTif des jambes de devant, on voit celles de derrière continuer tranfverfalement leur marche, & fe remettre fous le centre, à mefure ^ue l’ondulation de la colonne, qui les fait mouvoir, vient remplacer le vuide de la colonne de devant « qui à’cn échappe. Comme le reculer çA abfohiment Toppofé du marcher, il eft évident que le cheval ne peut exécuter cette dernière évolution, qu’en reployant la colonne de devant fur le point central, d*où la colonne de derrière s’éloigne à fon Itour : de forte qu’au marcher, les jambes de derrière enlèvenf & pouffent le centre qui chaffe devant lui Içs jambes de dçvant, tandis qu’au reculer, ce font les jambçs dç devant qui reviennent fur ellesmêmçs pour 4taycr Iç centre que les jambes de derrière fe hâtent alors d’abandonner. Dan$ rapprébenfjon que les connoiffances nou* vellement açquifes ne portent gttçînre aux aïKiennés, on ei^ime devoir en retarder l’ufage » encore de quelques infiams, afin de faire une récapitulation générale de la pofition d*un homn^e régulièreinent aflis à cheval

Ricapituléuion de U pofition de t homme i chevaL Pour avoir un modèle d*après lequel on puiffe fe former une pofition furç 8p agréable » il faut examiner attentivement celle du cavalier que nous avons laiffé portant la tète haute » droite > un peu en arrière, & regardant fans affeQatîon, entre les oreilles de fon cheval, la pifiç qu^il defirç lui faire futvre. Ayant les épaules effacées » baÎTes, égales, Ig poitrine ouverte, les bras affurés contre le corps, les coudes médiocrement écartés des hanches, les avant-bras foutenus. Tenant dans la main droits » dont les ongles font en deffous, & dont le dehors du poignet eA bombé » non* feulement le bridon qu’il a pris par-deffus les rênes de la bride > mais encore la gaule logée la pointe en bas entre fa cuiffe & l’épaule du cheval. Ayant la main gauche à la hauteur & vis-à^vis fiu nombril, détachée du ventre, ainfi que delafelle, à diftance de quatre doigts, les ongles tournés WX9 Iç corps ^ le poignet un peu croule en deffus ^ P O S

mais abfolument au bout de l’avant bras ; cette main placée de manière que les dernières jointures qui attachent les doigts foient perpendiculaires à l’arçon de la felle, & parallèles à l’encolure du cheval ; que celles qui partagent les doigts foient à l’oppofé du poignet, Ce que les premières, d’oii forient les ongles, regardent le ventre : empoignant, avec la même main, les rônes féparées par le petit doigt, qui foutient la rêne droite, & commande à la rêne gauche, tandis que le pouce, dûgonalement place fur la féconde jointure de l’index & abfolument au niveau du pli du coude, appuie direâcmeht deffus afin d’empêcher qu’elles ne gliffent. Ayant en outre le ventre gonflé, le bas du rein creufé, la ceinture & les hanches portées en avant, le croupion pofe fur la felle, les cuiffes fur leur plat, étendues 6l fermées, un léger pli dans les genoux feulement apurés contre les quartiers de la (elle ; les jambes tombantes fur la ligce du corps, le dedans du molet près du cheval, fans trop le ferrer, égales, de peur que fentant une preffion plus forte d un côté que de l’autre, il ne cherche à l’éviter encreufant le côté comprimé, ou ce qui n’eftpas moins à craindre, qu’il ne revienne avec fureur fur la jambe qui l’incommode, foutenam la pointe des pieds, parce que les talons en dehors & en arrière defcendent comme s’il avoit intention de les faire toucher à terre. Bref, tous les cercles du devant du corps très ouverts, donner au cavalier la figure d une S, dont la totalité du haut du corps 9 incliné d’arrière en avant, forme la tête, dont la pofition avancée du n)i|iett du corps repréfeiîte le ventre, & dont le bas du corps très-étendu d’ayant en arrière, deffme U queue.

De l’objet de l’art. ( de Bohan),

L’art de monter à cheval eff celui qui nous donno 8c démontre la pofition que nous devons prendre fur un cheval, pour y être avec le plus de fureté & d’aifance ; qui nous fournit en même temps les moyens de mener 6c conduire le cheval avec la plus grande facilité, & obtenir de lui par les moyens les plus fimples, & en le fatiguant le moms poffible, l’obâffance la plus exaâe 8c la plus parfaite en tout ce que fa confiruâion & fes forces peuvent lui permettre.

I^’homme de cheval eft donc celui oui, folide & aifé fur l’animal, a acquis la connoinance de ce qu’il peut lui demander, & la pratique des meilr leurs moyens pour le foumettre à robèiffance. Le cheval drefl^ ou mis, eft celui qui connoit les intentions du cavalier au moindre mouvement, & y répond auffitôt avec jufleffe, légèreté 8c force. Ces deux dernières définitions détaillées donneront un traité complet de l’art, de moptçr à cheval. Pour donnçr à la première partie de ce traité Tordre & la véritable fucceflion des objets i traiter, je fuppoferai un homme à inftruire, & je dé* crirai les leçons qu’il doit recevoir.

p o s ’Dt ia pofition de F homme fur le ckevaU La pofition de riiomme fur le cheval doit être puirée dans la nature, afin que chaque partie de ion corps foit dans une attitude aifée & qu’aucune jie fatigue. Le cavalier fera par conféquent en état é^ètxQ plus longtemps à cheval fans fe lafler, point efifentiel pour, un homme de guerre. L’homme doit être auffi placé d’une manière folide, & la pofition la moins gênante pour lui doit être auflî la moins gênante pour le cheval, afin de lui laifier toutes les facultés de fes forces. La première leçon doit fe donner fur un cheval arrêté, afin qu’aucun mouvement ne s’oppofe à la théorie, & que lattention du cavalier ne foit nullement détournée. Il efl très-inutile de fe fervir de chevaux de bois, comme cela s’eft pratiqué aiTez généralement dans la cavalerie, parce que rarement ces chevaux font conf^ruits à limitation des chevaux naturels » & le cavalier ne peut s y placer <le mcmt ; c’eft d’ailleurs avoir recours à des moyens inutiles.

On pfacera le cavalier fur la felle de manière que le point d’appui de fon corps foit réparti également fur fes deux fefles, que le milieu de la felle doit partager ; on lui fera fentir le plus fort delappui fur les deux os formant la pointe des ït&s, dits ( tubérofités des os Ifchium), & on le mettra afTez en avant fur la.felle, pour que fa ceinture ibit Collée au pommeau.

Son corps fera d*aplomb fur cette bafe, de manière que la ligne verticale dans laquelle eA fon centre de gravité, fe trouve pafTer par le fommet de la tête, & tomber au milieu de fes felTes. I^a pofition de fa tête & de fon cou fe trouve déterminée par le pafTage de cette verticale. Le bas des reins doit être un peu plié en avant, aftn de faire un arc boutant » dont nous expliquerons lutiJLité par la fuite ; ce pli doit être dans les ’derniéres ; yertèbres dites ( Lombaires), & doit s’o*pérer fous l’épaifTeur des épauies, afin de ne pas déraneer la verticale qui » comme nous l’avons dit, doit tomber aii milieu des feffes. Les épaules feront plates par derrière » fans ce qu’on appelle vulgairement les cnufer. Les bras tomberont naturellement par leur propre poids, jufqij a ce qu’on leur donne une occupation au bridon ou à la bride, ce que nous déterminerons.

Les fefTes étant bien au milieu de la felle » les çuifles doivent fe trouver égales ; on les tendra & allongera également de chaque côté du cheval, en le$4l>andonnantà leur pefanteur fans les ferrer, relâchant au contraire les chairs ou mufcles qui les entourent, afin qu’elles pqiflent s’applatir par le poids des cuifTes, & leur permettre de poner dan$ leur partie inférieure.

Les plis des genoux feront abfolument fans force 9 & on abandonnera les jambes à leur propre pefanteur, afin que leur poids leur fafl’p preilc tquitation, Eferime & Danfe^

p G s 16^

dre leur véritable pofition, qui efl entre l’épaule & le ventre du cheval.

Les ligaments de la jaihbe avec le pied feront pareillement lâchés, afin qu ils foient auifi tomba ns, prefque parallèles entre eux » & la pointe fe trouvera un peu plus bafife que le talon. ( Le ca* valier efl ici fans étriers).

Voilà en général la pofiure de l’homme fur le cheval ; nous allons la détailler partie par partie, en faifant fur chacune les obfervations nécefiaires, & nous prendrons pour cet effet l’ordre qui me paroit le plus convenable, qui efl de placer d’abord les panies qui doivent fervir de Jbafe aux autres.

Division du corps de l’homme en trois PARTIES.

De la partie immobîU.

Nous divifons le corps de l’homme ea trois parties, fçavoir » deux parties iriobiles, & une partie immobile, cette dernière fe trouva au milieu des deux autres » & leur fert de poiiu d’appui, c’eft la partie eflentîelle ; elle prend depuis les hanches jufqu’aux genoux inclufivement’, cette partie doit toujours être liée au cheval, c’eA-à-dire, ne former avec lui qu’un feul & même corps, c’eft ce qui la fait nommer partie immobile. Je dis que cette partie immobile doit être parfaitement liée au cheval, puifaue fans cela la machine entière, à laquelle elle (ert de bafe, n’auroic aucune folidité, car il eft efientiel pour qu*un corps foit folide, que fa bafe le foit ; Ù faut donc trouver le moyen de lier cette partie au cheval ; mais nous n’emploierons pas pour cela de force dans les cuififes, comme bien des gens l’enfeignent^ car premièrement la force dans les mufcles les faifant raccourcir 4 fi on ferroitles cuififes, nécefiai^ ; rement elles remonteroicnt.

Secondement » les mufcles du haut des cuifles s^arrondifianc au lieu de s’applatir, empêcheroient la partie inférieure de la cuiile & les genoux de po «  fer fur la felle.

Troifièmement, ileflimpoffible d’employer de la foye dans les cuifles, uns qu’elle fe communiqueaux jambes » parce que les mufcles des jambes ont leurs attaches dans les cuifi ! es ; il s’enfuit aufii que 9 toutes les fois que le cavalier emploie de la force dans fes cuifiTes » il fe lafie bientôt, & oh fenr combien il eft eflentieji que le cavalier ne fe fatigue point à cheval*

Il eft encore bien des raifons qui démontrent la faufleté du principe de ferrer les cuiffes, nous lès verrons parla fuite.

Il ne faut pas non plus chercher à contenir 1er fefles dans la felle, en mettant le corps en arrière, parce qije dès-lors le poids du corps fait lever les genoux, & par confèquent les jambes fe portent en avant, ce que je, démontrerai vicieux à larticle des jambes^

L I

266 P O S Les partifiins du principe dont je vetit iéfXià^ trcr les inconvénients, me diront que ce que j’avance eft faux y qu’ils mettent le corps en arrière fans que les genoux lèvent ; cela peut être, diraije » mais il faut, pour que vos genoux ne lèvent pas, que vous fouteniez votre corps » qui tombe en arrière, par beaucoup de force dans les feins (/g. lo).’Sans cela il fait reflet d’une puiflance A appliquée à un levier, dont le point d*appui D eA fur les fcâes »

Il eft encore un moyen d*empècher les genoux de lever lorfqu’on eft renverfé, c’eft de les ferrer avec beaucoup de force ; jen’ai qu’une feule queftion à faire aux partifans de tels principes ; je leur demanderai s’il eft poffible de reiler long-temps à cheval avec beaucoup de force, foit dans les reins, foit dans les genoux, fans être extraordi-Hairement fatigué.

Je réfute également ces moyens pour en proposer un plus fimple, dont je ferai voir la fumfance au chapitre de la tenue » & dans la démonftratien « échanjque qui le fuivra.

Ce moyen confifte dans une Juftefle de pofitlon & un accord d’équilibre qui, fans avoir les inconvéments des autres méthodes, laiûe le cavalier parfaitement à fon aife.

Récapitulons d’abord la pofitîon exaâe des parties qui composent la partie immobile 9 fçavoir, des fefles, des hanches » des cuifles & genoux. Nous avons dit que les feAes dévoient être bien au milieu de la felle, & féparées par le milieu du fiège y les deux os formant le principal point d’appui ; les mnfcles qui les garniflent étant lâ*chés, formeront une bafe d’autant plus large qu’ils s’applatirent davantage. Les deux cuifles envelopperont & embrafleront le cheval avec égalité ; elles faciliteront d’autant plus la tenue, qu’elles embrafferont davantage » oc elles embrafleront d’autant Jlus qu’elles s approcheront de la perpendiculaire l’horifon.

Il eft impoflîble de fixer le degré jufte d’incKnaifon, ou de déterminer l’angle que doit former la ligne de la cuifle avec la verticale du corps, la tenfion de la cuifl*e dépendant de ùl conformation, de fon poids, & particulièrement de la liberté du fémur dans la cavité cotiloïdc ; il vaut doac mieux laifler les commençants les genoux un peu trop en avant y que de les obliger a employer des xnoyens de force & de contrainte pour jetter leurs cuifles en arrière, ce qui 4eur feroit néccflfàîrement lever les fefles, & diminueroit l’appui que le corps doit prendre defliis ; mais quelle que foit la facilité qu’ait ou qu’acquière l’homme, il ne doit jamais avoir la prétention d’arriver à la perpendiculaire, parce qu’il lui feroit impoflîble dans cetre attitude d’être aiils ^le véritable principe à donner, eft de laifler prendre à la cuifle la tenfion que fa {>ropre pefanteur lui donnera, en relâchant touts es ligaments.

Lesfefte » ppfiiAt bieA fur }gk ielle ^ le » cuiiJes P O S

êtdttt bien lâchées poferent naturellement fur IctR" partie latérale interne, à moins que beaucoup de roideur dans l’attache du fémur ne s’y oppofe, auquel cas il faut attendre que l’exercice dénoue & donne du jeu à ces parties y fans exiger des efiorts delà part des commençants, en Içur donnant le principe mal énoncé de toume^vos cuiffes en dedans, car elles ne doivent être ni en dedans ni en dehors. Il réfulte des efforts que l’élève fait pour les tourner, qu’il roidit les mufcles, qui fe gonflent & empêchent la pointe des genoux de pofer, ce qui ne peut arriver que lorfque le haut des cuiffes, beaucoup plus gros que le bas » s’applatira. Les deux hanches le trouveront établies perpen* diculairement, & ne peuvent varier fans mre varier la panie immobile.

Toutes ces parties, pofées for la felte de la manière la plus conforme à la nature, la plus commode & la moins fatiguante pour l’homme 9 feront contenues dans cette pofitîon par le concours des deux parties mobiles. Il eft clair que le corps, placé d’aplomb fur les feffes » agira iur elles avec tout l’effort de fa pefanteur, les chargera le pluspoi&ble, & par conféquent les rendra plus difficiles i lever, car plus elles feront chareées, plus elles s’é^ craferont & tiendront dans la telle. Les jambes abandonnées à leur pefanteur feront deux poids égaux, qui tirant fur les cuiffes, les feront d’autant plus pofer, & les affermiront davantage fur la (elle » il s’enfuit donc que plus elle^ feront lâchées, plus elles tireront, & plus elles tireront, plus elles coopéreront à la folidité de la partie immobile.

C’eft ainfi que par le moyen des deux parties mobiles » j’affermis l’immobile.

De VaJJiette.

Ne confondons point, comme font fait plis^ fieurs auteurs, l’afliette avec la partie immobile & c’eft prendre la partie pour le tout. L’affiette n’en que les points de cette même partie immobile » t’eft-à-dire, des feffes & des cuifles qui pofent fur la felle.

On ne peut donc pas augmenter ia Partie im* mobile, mais on peut augmenter fon afliette » en multipliant le nombre des points des feffes & de% cuiffes qui pofent fur la felle, & qui font véritablement la bafe des deux parties mobiles. Com-’ ment, dira-t-on, les points des cuiffes qui pofent fur la felle, peuvent-ils fervir de bafe aux parties immobiles, puifque le corps doit paner entièrement fur les feffes }

Mais fi on fait attention que les jambes iStzn% bien lâchées tirent fur les cuiffes avec l’effort de leur pefanteur, on s’appercevra bien que ce poids des jambes tend à faire pofer les cuiffes fur la felle avec beaucoup plus de force, & que par conféauent les points des cuiffes qui pofent fur la felle, le trouvent chargés du poids des jambes ; ainfi il eft bien vrai de dire que les points des cuiffes & p o s iJes fefles qui pofent fur la Telle fervent de bafe à la machine » & forment par conféquent ce qu*on nomme ajjiette.

Plus un corps a de bafe, plus il a de folidité, d*oii je conclus que nous pouvons dire, que plus un homme a d ai&ette, plus il a de fermeté. Ceci confirme encore ce que j’ai dit dans Farcicle précédent fur le lâche de la partie immobile ; car plus les mufcles de cette partie immobile feront lâches, plus le poids de la machine les applatira, & plus il les applatira » plus il en fera pafier de points fur la ielle.

Du corps & ie [a f option.

Après avoir vu en général la pofition de Thomflie, nous allons reprendre chacune de fes parties en particulier, c eft-à-dire, chacune é.^% parties qui fervent à compofer les parties mobiles, car nous jious fommes a/Tez étendus fur 1 Immobile. J’appelle le corps, la partie de l’homme qui forme le tronc, il prend depuis la tête JHfqu’aux hanches.

Nous avons vu dans l’article précédent « qu’en le plaçant vert*calcment, il fervoit à affermir l’affiette 6^ à la contenir dans la felle ; c’efl donc une jrailbn pour l’avoir toujours d^dplomb & perpen-^ diculaire furies fefTes ; ( remarquez que c’eft la verticale du corps qui doit être perpendiculaire ; car le corps de Thomme ne peut jamais être dans une ligne droite). D’ailleurs cette pofture lui eft naturelle. Tout corps, de quelque efpèce qu^il folt, auquel on veut donner de la fermeté, on le mec toujours d’aplomb fur fa bafe, car lorfqu’il en fort, il fa « t des forces étrangères pour le loutenir & l’empêcher de tomber du côté de fon inclinaifbn ( fii^. 1 1)• Si on met le corps C D perpendiculaire lur une bafe horifomale A B, de forte que C D forme avec A fi deux angles droits, il eft clait que le corps C D fera en équilibre. Si au contraire, fur la bafe A B horifontale, on élève obliquement le corps O D, de forte que O D forme avec A B deux angles iaégaux, il eft évident que le corps O D fuivra fon indinaifon, & tombera fur l’extrémité B de la bafe A B, à moins qu on n’y mette un foutien P Q, que je compare & la force que le cavalier fera obligé de mettre dans fes reins > ft fon corps ed dans la direâion OD.

Comme nous avons démontré, & aue nous désnontrerons encore que toute force à cheval ne vaut rien, cela fuffit pour révoquer tout principe qui place le corps autrement que perpendiculaire. Il eft eflentiel pour l’alignement d une troupe d’avoir une pofition de corps égale & uniforme ; ceux qui donnent le principe de mettre le haut du corps en arrière, doivent donc déterminer l’angle qu’ils veulent lui faire former avec la ligne horifontale fans cela » il n’eft point de règle fure, car il y a cent loille obliqvcs & il liy a qu’une perpeodicu* laire.

P O S 1(^7

Des prétendues aides du corps »

On peut voir, par ce que je viens de dire, que je regarde comme mauvais toute aide & mouve* ment de corps ; je ne crois pas avoir befoin de dé «  montrer davantage la faufiTeté des principes qui les ordonnent : mais je renvoie ii la féconde partie, au chapitre des pas de côté, la démonfiration de l’inutilité de ces prérendues aides, quand même elks n^ feroient pas mauvaifes.

De U Titc.

La tête doit être droite, mai^ fans gène, ni affectation ; c’eft un défaut commun à bien des gens, de trop chercher â faire mettre la tête en arrière ; pour lors, le cavalier contrade une roideur dans le col dont il a peine aprésfe à déshabituer ; il a un air fjêné, & par conféquent mauvaife grâce ; on ne auroit trop lui recommander d’avoir de l’aifance dans toutes fes parties, fans laquelle nous démon* trerons qu’il ne peut exifter de juftefle. Des BraSé

Les bras font partie de la machine, lis doivent par conféquent être libres & aifés ; leur pofitioa différente peut concourir ou nuire à l’éuuilibre du corps ; faifant l’effet d’un balancier, celui qui s’é «  cartera trop du. corps le fera néceflairement pan «  cher de l’autre côté ; il ne faut |pas non plus les ferrer, car toutes les fois qu’on a prétendu les coller au corps, on a été contre la nature ; non » feulement ils doivent être libres, aifés & lâches comme dépendans d’un corps don^ toutes les par* ties doivent Tétre, afin de former un équilibre parfait, mais encore, comme ils ont des fondions, il faut qu’ils foient à même de les exécuter avec aifance ; toute aâion ou fonâion qui eft gênée ne peut produire qu’un effet fansjufteue « ni précifion ; c’eft pourquoi je veilx que les bras tombent natu «  rellement, & fe placent d’eux-mêmes. Il eft des maîtres qui ont été jufqu’à faire trotter des commençans avec des gaules fous les bras, pour les accoutumer i avoir les coudes ferrés, prétendant par-là leur donner de la grâce ; tout ce que j’en puis dire, c’eft aue les auteurs de ce principe ne connoiffent pas la fignification du mot de grâce, & ne fe doutent pas, qu’en faifant ferrer les coudes, ils donnent des entraves à une partie qu’ils doivent chercher à faire mouvoir.

D’autres, non moins infenfés, font trotter leurs cavaliers les mains derrière le dos, parce qu’ils prétendent par-là accoutumer le commençant à avoir les épaules effacées, & à ne pas fe tenir à la main ; leur but eft bon, il eft très-eflentiel que le commençant apprenne à être droit, & à ne pas fe tenir à la main, mais en lui mettant les mains derrière le dos, on roidit & renverfe les épaules, ce défaut eft très-grand, il fe contraâe aîfément & ne s’en va pas de mène ; on peut habituer le commençant à avoir lef épaulas plates par derrière, Llij

4^8 P O s en le lui recommandant fouvent, & on peut auffi bien Taccoutumer à ne pas fe tenir à la main, ayant les bras devant lui » que placés derrière le dos ; on peut à la rigueur lui niire abandonner de temps en temps les rênes.

Enfin les bras font faits pour manœuvrer & travailler » ils ne peuvent le Aire avec juftefTe » s’ils ne font entièrement libres ; ils doivent travailler en « ntiar, & prendre leur point d’appui à Tépaule y fans lui communiquer la moindre force > non plus qu*à aucune partie du corps.

Des Mains.

Les mains ont plufieurs fondions difi^rentes à cheval ; fur le cheval neuf « & qui n’eu, pas mis, elles font occupées toutes deux’, mais fur le cheval embouché & drefTè, la gauche eu feule occupée du maniement de la bride, & la droite peut erre employée à tout autre ufage, tel que tenir le {^hTe^ un piAoletj &c. Nous verrons la pofîtion de la main à la bride ; ici, je les fuppofe tenant toutes deux un bridon ; chaque main doit empoigner une rêne, les ongles en-deiTous, & les poufler fur le plat des rênes, fe regardant > les poignets bas & les bras à demi-tendus /s’ils Tétoient tout-àfait ils feroient roidcs, & le cheval pourroh d’un coup de tête un peu fort attirer le corps de Thomme. en avant » & s’ils étoient trop plies au coude, lorf2ue le cavalier auroit befoin de faire des temps ’arrêt y fes bras fe trouveroient eênés dans(leur aâion, & obligés de fe tirer derrière fon corps. De répine du dos & des reins.

Uéplne du dos eft compofée de plufieurs vertêl >res, rangées les unes fur les autres, & artiAement emboîtées, quoique douées de {beaucoup de fouplefle ; cette colonne vertébrale règne tout Je long du dos de Thomme, & fert à foutenir fon corps ; elle peut fe mouvoir en tout fens, & principalement dans fon extrémité inférieure, appellée Teins y formés par les vertèbres dites lombaires. Aéduifons la qualité des mouvements dont elle eft /ufceptible,’& qui font auffi nombreuse que les rayons qu’on peut tirer d’un cercle à une circonférence, réduifons-les, di5-}e, à quatre principaux ’, favoir, en avant » en arrière, à droite & à gauche, ce qui occafionne quatre mouvements du corps ^ favoir y corps en avant, corps eh arrière, ^ corps panché à droite, corps panché à gauche. L’homme à cheval ne doit connoitre que ces tpntre fonâions des reins ; les deux dernières ne doivent être même employées que dans les mouvements circulaires, fi le cheval fe panché. Voici .comment le cavalier peut dvoir beloia des deux prenières fondions des reins.

Le cheval eft fufceprible de plafieurs mouvements, fauts & contre-temps, dans lefquels la pofition de foa corps venant à changer, & ne rei^ tant plus parallèle à l’horifon, fa ligne verticale îe uoftve cbangiée par rapport à foA corps ^ le ca «  p o s

ralîer doit par conféquent changer la fienne, Sc mettre le corps, foit en ayant, foit en arrière, fuivant ia pofition aue prend le cheval y & toujours chercher une poution, dans laquelle la ligne verticale & celle du cheval ne forment qu’une feule & même ligne droite, parce que fans cela y comme je le ferai voir, il n’y auroit point d’union entre les deux corps.

Ces mouvements du corps, foit en avant » foit en arrière, doivent être opérés par le moyen d’une grande fouplefle dans les dernières vertobres lombaires ; ce pli doit roujours un peu exider, afin de tenir la ceinture en avant, & fervir d’arc-boutant contre quelques mouvements irr^uliers du cheval, qui tendroient à jetter le corps en avant » tel par exemple qu’un arrêt fubit ; mais, comme nous l’avons déjà remarqué, ce pU doit être fort Icger, ne s’opèreç que fous l’épaiueur des épaules, & plus il fe fera bas, mieux il remplira fon « bjet » Des Jambes*

Les jambes forment la féconde partie mobile ^ nous avons vu qu’étant lâchées, & tombant natu-rellement, leur poids fervoit à aflurer la partie immobile dans la felle ; je vais démonn-er que la portion qu’elles prennent, étant lâchées, efl encore celle qui eft la plus avantageufe pour leurs fonc* tions.

Les jambes fervent d’aides, comme nous le ver* rons, & c’ed par leur attouchement au ventre du cheval qu’elles lui font connoitre la volonté du cavalier ; plus elles feront près de la partie fur laquelle elles font leurs fonâions, mieux elles fc-^ ront placées, puifqu^il e(t des cas où il faut qu elles foient promptes à fccourir le cheval, & fans à coup r étam lâchées, elles tombent direôement contre le ventre du cheval, & vis-â vis fon centre de gravité. Ceft donc la pofition qui leur ell la plus avantageufe X tant pour l’affermifTement dé la partie immobile, que pour leurs fonâions.

Ainfi logées entre l’épaule & le ventre du che-^ val, elles ie trouveront être dans la pofidon la plus commode pour l’efcadroo^

Il doit y avoir une grande liberté dans le pli du genou, afin que les jambes prennent d’elles-mêmes fa pofition de leur verticale, qu’elles travaillent plus moëlleufement, & qu’elles confervent toujours leurs fonâions par rapport à la partie ïtib mobile »

Des Pieds.

Les’pieds doivent hxe parallèles emrVux, ils fe trouveront naturellement, ainfi placés, fi les cuiffes & les jambes font fur leur plat ; mais fi elles n’y font font pas, il eii inutite & même dangereux de chercher à tourner fes pieds, parce qu’on ne peut le faire alors qu’en eftropiant la chevillé ; c’eft pourquoi. fi votre cavalier a les pieds en dehors » regardez fes cuiffes & fes jambes* fi cftccpciidamdesperloniics quiontlespie^* p os en (dehors à cheval, quoique leurs cuîfles & leurs jambes foient tournées ; je ne dirai pas que c*eft défaut de conformation, car cela eft trés-raré, quoiqu’en dife M. de Jaucourt à l’article MARCHE de Tencyclopédie ; mais je dirai que c’eA une mauvaife habitude contraâée dès Tenfance ; quand on apprend à marcher aux enfans, il arrive fouvem au*on leur fait tourner les pieds en dehors » fans taire attention aux genoux, de-là vient cette mauvaife habitude, fi deifagréable à la vue, & fi pernicieufe à cheval, parce que, dès-lors, pour peu que les jambes fe ferment, l’éperon porte, & un homme les pieds en dehors feroit trés-incommode dans Tefcadron ; il faut tâcher de réformer cette habitude, en recommandant fouvent au cavalier de lâcher le col du pied, afin qu’à force de temps les ligaments & les mufcles reprennent leur attitude naturelle.

Si le pied eft bien lâché, la pointe fe trouvera un peu plus bafle que le talon, ( nous fuppofons le cavalier toujours fans étrier).

De la tenue à cheval.

Le premier objet qu’on doit avoir en vue, en mettant un homme à cheval, ou en donnant des principes pour l’y mettre, c’eft de lui donner une pofition dans laquelle il ait de la tenue & de Ja fermeté, car toute poflure où on ne peut prouver la tenue doit être réputée mauvaife. Je dlAingue deux efpèces de tenue, l’une que îe nomme vraie, & Tautre que je nomme faufie. On a vu dans la pofition qife je viens de décrire, l’équilibre du corps de l’homme ; c’eA cet aplomb & cet équilibre qui forme la vraie tenue, ce n’eft que par la correlpondance & l’union de tontes les parties du corps, que la machine entière fe maintient dans cette pofition ; donc toutes les fois que quelqu’une d’elles n’a plus de fondions, " & ne coopère plus à cet équilibre, il efl bientôt {>erdu, & alors la vraie tenue cefle d’exiAer ; l’équiibre perdu, la machine tomberoit au moindre mouvement, fi on ne fubfiituott de^ forces de preffion, & ce font ces forces que je nomme faufTc tenue. Je dis faude, non parce que je crois qu’avec une telle tenue on ne puifie refter à cheval, mais parce que, dans cette tenue, le cavaUer n’eft plus maître d’agir, toutes fes parties étant en contraction, & c eft pofitivement l’inftant où les opérations de fes bras & de fes jambes lui font le plus néceffaires pour manœuvrer le cheval, & s’oppofer aux dérèglements auxquels ils s’abandonne. Voyons un homme dans cette dernière tenue ; pour peu que le cheval en fautant enlève le devant, cofflAe il a la charnière des reins extrêmement roide, fon corps fe porte en arrière, fitôt que le corps eft en arrière, il fe tient à la main, les cuiffes fe ferrent & les jambes fe roidiflent ^ fi le che* val rue en fautant, comme il a les reins tout d’une pièce, il met le corps en avant, tesfeftes devien|)cm çn Tair, les genoua ; fç fçrreot, ^ le ççrp$ yq: P O S 52^9

hant en àvaiit, îl fout néceffaîrcrtent que les talons fe mettent dam le ventre. Toutes ces chofes font immanquables, & indifpenfables à un hoihmc% qui, pour fa tenue, employé de la force, & il ert aifé de comprendre le mauvais effet que doit produire la tenue de la main & les éperons dans les flancs du cheval, au momment où il faute ; c’eft ce qui fait que, loin de s’appaifer, le cheval, qui n’auroit fait qu’une pointe ou une ruade, fe dé «  fend pendant une heure ; on bat l’animal, on lui impute la faute, & on ne s’apperçoit pas de foq ignorance. /

Revenons à la première tenue, que je nomma vraie. N’étant qu’équilibre, les bras & les jambes confervent leur liberté, travaillent le cheval, & s’oppofent à fes dérèglements; pour lors, l’animal trouvant toujours des obftacles à fes fottifes^W n’ayant rien de la part du cavalier qui l’y excite, " il n’eft pas douteux* que, fous un tel homme, it ne peut que fe corriger, au Keu que fous l’autre v tout l’excitant à fe déharraffer d’un fardeau qui le gêne par fa fauffe attitude, il ne feUl fage que lorfque les forces lui manqueront.

Je fuis bien loin de dire que la vraie tenue eft aifée à avoir, & qu’il s’y a qu’à fe lâcher pour être ferme, ce n’eft point ce que j’entends ; il faut de l’ufage en toute chofe, & l’art de monter à che* val a toujours été reconnu pour en demander beau «  coup. Il faut, pour avoir la vraie tenue, qu’un homme foit parfaitement placé, que toute crainte foit bannie. C’eft pourquoi on nefauroit avoir trop d’attention dans les écoles, à mener les commen* çants peu-à-peu ; car fi vous don nez à votre cava-^ lier, les premiers jours, un cheval qui faute, vous l’obligerez malgré lui à. avoir recours à la faufie tenue, & il eft même certain que s’il vouloir fe lâcher il tomberoit. Il faut attendre qu’il foit biea placé, avant de lui demander de la tenue. Perfonne ne peut fe flatter de la perfeâion, c’eft pourquoi il peut très-bien arriver qu’un excelletx homme de cheval foit dérangé par un faut inatten* du ; une fois Téquilibre de la machine perdue, il faut néceflairement qu’il emploie de la force, mais alors je lui recommande de n’en employer que dans les parties où elle eft néceflàire, & que la quantité fufiîfante pour fe tenir, fe relâche auflîtôs que la bourrafque eft finie, & qu’il fe fent d’aplomb. Le degré de tenue eft plus ou moins erand ; ce** lui qui en a le plus eft celui qui peut fe paffer le plus long-temps de la fauffe ; au refte, cette tenue de force eft bien fautive, puifque touts les gens qui tombent de cheval s’en fervent.

Quand on eft une fois en état de monter des chevaux qui fautent, il faut en monter beaucoup, cela donne de la tenue, de la badieffe & de l’ai » fance.

De la Jufiefe & de V Ai fance.

On nomme Jufteffe ce parfait équilibre qui hit ^ue rt^AQiç %i%^ (ra ^hçya) par teifoidi ^1 Digitized

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a70 P O S contre-pojds de toutes ces parties, fans avoir récours à des forces étrangères qui le fatigueroient trop, & dont il lui feroic impoffible de faire ufage » un certain temps »

Ceft dans cette juftcffe feule que peut fe trouver Vaifance » ceft-à « direi cette liberté dans chaque Krtie du corps, qui permet au cavalier d*en faire fage qa*il defire. Il y a un principe bien vrai & connu de touts les favants maîtres d’exercice de corps 9 c’eft que la plus grande îufleflTe produit la plus grande aifance ; & réciprocjuement, la plus grande aifance produit la plus grande iufieile. De la Grâce.

Ces deuxanicles fe fui vent, par le grand rapport qu’ils ont enfemble ; on nomme fp^ace^ une certaine aifance qui, fe trouvant dans toutes les parties du corps, fait qu’elles agiflent avec un concert Î[ui flatte Tœil ; je ne crois pas qu on puifle définir bus un autre point de vue ce qu’on nomme grâce.

Tout le moi^e ne peut y prétendre ; on voit touts les jours des gens biens taits, & auxquels on ne fauroit trouver des déiauts, qui cependant ne flattent pas l’œil autant que d’autres ; cette qualité eft naturelle à de certaines perfonnes, & je dis qu on ne peut que Taider par l’art. Cet art conf](te à donner de l’aifance à toutes.les parties qui compofent la machine, car toute pof ture gênée eft défagréable à la vue. M. d’Auvergne, lieutenant-colonel de cavalerie, commandant Téquitation de Técole royale militaire, s’eft rendu célèbre par la folidité cfe fes principes, 6i par l’intelligence fupérieure avec laquelle il les enfeigne & les met efi exécution. Voici la déjiionflration qu’il donne de la meilleure pofition de l’homme fur le cheval.

Le centre de gravité de l’homme efl dans une verticale, qui prend du fommet de la tête & fe termine à l’os pubis.

Le centre de gravité du, cheval efl dans une 11, ne verticale, qui prend au milieu du dos de ’*animal & fe termine à la pointe du flernum. Il faut que l’homme foit placé à cheval de manière que la ligne verticale, dans laquelle fe rencontre fon centre de gravité, fe trouve direflement oppofée à la ligne verticale du cheval, dans laquelle fe rencontre auffi fon centre de gravité, & qu’elles ne forment plus qu’une feule & même ligne droite ; les deux corps feront par conféquent .en équilibre.

Dans touts les mouvements de l’animal, fa ligne verticale changeant, celle de l’homme doit changer auffi, & ne former qu’une feule & même ligne droite ; fi elles formoient un angle, les deux corps fe choqueroient à chaque inftant, & par conféquent perdroient de leur force & de leur vitefTe, j[ axiome

Ce que nous venons de dire efl pour la pofition •du corps feulement ; il ce corps n*avoit rien qui le %

p o s

contint en équilibre, il tomberoît au moindre mou^ mouvement de l’animal j les cuiffes& les jambes, qui embraffeni le cheval, lui fervent de contrepoids, & ces parties unies avec le corps du cheval forment l’équilibre de toute la machine. Les jambes & les cuifTes ne peuvent former l’équiliT )re avec le corps, qu’au moyen de leur poids, ces parties doivent donc être abfolument fans force ni roideur, pour en obtenir toute la pefanteur. Planche 4 {fig, 4), nous confidérons le corps comme une puiffance P, qui tire verticalement & avec l’effort de la pefanteur du corps. Nous confidérons les cuifles comme une autre puiffance Q, qui tire fuivant une verticale prife du centre de gravité de la cuiffe, & qui fait ïtSon de la pefanteur de la cuiffe.

Nous confidérons de même les jambes comme une puiffance R, qui tire verticalement & avee l’effort de leur pefanteur.

Ces trois puiffances font parallèles, étant toutes verticales ; il fera aifé de leur trouver une réfuir tante.

On en trouvera d’abord une de la puiffance du corps avec celle de la cuiffe, enfuite une autre compofée de cette réfultante avec la puiffance de la jambe ; cette dernière réfultante attirera tout le corps de Ihomme en avant, ce qui doit être pour l’empêcher de tomber en arrière, quand le cheval fe porte en avant.

La maffe de la machine animale étant portée en avant, & foutenue par le moyen de ces quatre co* lonnes, le corps de Thomme tomberoit en arriére i s’il n*étoit attiré en avant par le contre-poids des cuiffes & des jambes ; mais ce contre-poids, ou les puiffances des cuiffes & des jambes, dont nous ve^ nons de parler, font portées en avant avec la maffe de ranimai.

La réfultante qui attire le corps de l’homme en avant « l’y attirera dans le moment où l’animal fe porte en avant, & empêchera le corps de tomber en arrière ; donc c’ef^ la pefanteur des cuiffes & des jambes qui contient le corps, & Teropêche de faire des mouvements irréguliers qui contrarieroient l’animal.

La ligne verticale du corps de Ihomme le partageant en deux parties égales, il fuit de-là que la cuiffe & la jambe droite font équilibre avec la partie droite du corps, & que la cuiffe & la jambe gauche font équilibre avec la partie gauche ; c*efl pourquoi il eft effentiel pour conferver ces équilibres, d’embraffer également fon cheval avec les deux cuiffes. Si on ne l’embraffe pas également, il n’y a plus d’équilibre, cela fe fent aifément, parce qit plus de pefanteur dans l’un des deux poids attire l’autre & fait pencher la machine. Par ce que nous venons de dire, on voit que l’homme efl divifé en trois parties, en corps, cuiffes & jambes. Le corps & les jambes font deux panies qui doivent être mobiles, les cuiffçf dPi : p o s rem être unmobîles, & ne former qu’un feul 8c même corps avec le cheval.’

Le corps de rhomitie doit être mobile, pour « [ue fa ligne verticale puiiTe toujours fc démontrer en ligne droite avec celle de l’animal, & changer ainii que la fienne à chaque mouvement qu’il fait.

La partie mobile des jambes efl faite pour porter le cheval en avant, éc lui faire exécuter touts les mouvements dont il efl fufceptible. Dans leurs opérations, il faut qu elles gardent leur pefantcur, pour cohferver leur fonction d’équilibre ; aiofi elles doivent fe fermer fans roideur : fi on en empîoyoit, le corps fe porteroit néceflairement en arriére quand on fermeroit les jambes.

Les bras, qui ont TefTet des deux extrémités d*un balancier, doivent tomber également, pour ne pas déranger l’équilibre du corps. Si dans leurs difierems mouvements, en cft obligé d*en éloiener un plus que l’autre, ou d*eim>loyer plus de force dans l’un que dans Tautre, il faut que le corps n’ait point de part à leurs mouvements : fans quoi Téquilibre fe perdroit.

Si toutes les parties du corp « font dans la pofitton indiquée, la machine entière reftera en équilibre, dans rétat de repos & dans l’état de mouvement du cheval.

POTENCE. Régie de fix pieds de haut, divifée 8c marquée par pieds & pouces. Une autre ré§le qui fait Téquerre avec celle-là, & qui y tient e manière qu*elle coule tout du long, détermine la mefure de la hauteur des chevaux. On pofe la règle de fix pieds droite le long de Tépaule, pofant à terre près le fabot ; on fait defcendre enfuite Tautre règle jufqu’à ce qu’elle pofe fur le garrot, puis regardant à l’endroit où ces deux règles fe joignent, & comptant les pieds & pouces de la grande règle jufqu’à cet endroit, on connoit préciiement la hauteur du cheval.

POTENCE c& auffi un bâtis de charpente en forme de potence, au bout de laquelle on laifTe pendre la bague quand on veut courre la bague. Brider la potence, c’eft toucher en courant la baue avec la lance, le bras de la potence auquel pend a baeue.

POUDRE ou pouffièfe. Battre la poudre ou la pouflîère, c’eft lorfque le cheval ne tait pas à chaque temps ou à chaque mouvement, aflez— de chemin avec fes jambes de devant ; c*eft lorfqu’il pofe fes pieds de devant tout près de l’endroit d’où il les a levés. Un cheval bat la poudre au terre-àterre, lorfqu’il n’embrafle pas aflfez de terrein avec les épaules, & qu’il fait touts fes temps trop courts, tromme s’il les faifolt en une place. Il bat la poudre aux courbettes, lorfqu’il les hâte trop & qu’il les fait trop baffes. Il bat la poudre au pas, lorfqu il va un pas court &quM avance peu, (oit qu’il aille au pas parle droit ou fur un rond, ou qu’il pafiège » £attre U poudrç 9u la poufiiére 9 « ft k coi} ; i

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traire d’embrafler beaucoup de terrein. On ditaufli cheval qui trépigne, qui bat la poudre avec les pieds de devant, en maniant fans embraffer la volte.

PRÉSENTER la gaule efl un honneur qu’on rend aux perfonnes de confidération, lorfqu’ils en* trent dans une ccurie pour y voir les chevaux. L’é «  cuyer pu « n des principaux officiers lui présentent une gaule.

PROMENER un cheval fur ou par le droit, pour dire le faire marcher fur une ligne droite, le pro* mener au pas, au trot, fur les voltes entre deux talons, la tête & les hanches dedans, pour dire le faire marcher de côté entre deux lignes ou piiles. On dit auffi fe promener, prendre l’air à cheval, ^, en carroiFe. Voye^ Passég£R, Voltjes, Talon.

Q.

QUARRÊ. Volte quarrée & large, de manière que le cavalier faffe marcher fon cheval de côté lur une des lignes du quarré. Quelquefois les écuyers imaginent ce quarré parfait, d’autres fois ils font un quarré long, & c’eft fur ks angles de ces quarrés qu’ils inûruifent le cheval à tourner en faifani ea forte que les pieds de devant faffent un quart de rond pour gagner l’autre face du quarré fans que les pieds de derrière fortent de leur place, Ck qu’ils faffent un angle prefque droit. On du travailler en quarré, quand au lieu de conduire le cheval en rond & fur une pifte circulaire autour du pilier, on le mène par les quatre lignes droites & égales qui forment le quarré, tournant la main à chacun des angles, qu’on fuppofe qu’elles forment à une égale diftance du centre, ou du pilier qui le repréfente.

QUART-EN-QUART. TravaUler de quar^e^^ quart, c’eft conduire un cheval trois fois de fuite fur chaque ligne du quarré qu on fe figure autour du pilier, le changer enfuite de main. le faire partir, le conduire trois fois fur la féconde ligne, 3 ; en faire autant fur les autres angles & lignes.

QUART de volte ou de rond. Pour apprendre au cheval à tourner & à plier fur les voltes, on partage la volte en quatre ; on arrête le cheval droit & jufte iur quatre parties. Lorfqu’il eft inftruit dans cet ufage, il faut chaque fois que le cavalier l’arrêtera, qu’il le lève en une place, quatre courbettes feulement fans tourner ; puis continuer tournant de pas, arrêtant & levant quatre courbettes en une place, jufqu’à ce qu’il fâche parfaitement bien cette leçon. Lorfque le cheval eft arrivé à ce point, au lieu de faire ts quarré courbettes en une place, il faut que le cavalier tourne doucement la main, & s’il aide bien à propos, il obligera le cheval à tourner & à faire le quart de volte fans difcontiauer les courbettes. Voyez .

QUATRE-COINS. Travailler fur Us quatre coio* OH f^e les quatre-coius, c’eft divifer la voltç en quatre quarts, & faite faire au cheval un rond ou deux, au trot ou au galop, fur les quatre quarts, ou fur les quatre angles du quarré qu on fe figure autour du pilier, au lieu de la volte circulaire.

QUINTAINE. Poteau fimple, ou repréfentant un homme armé d’un bouclier, auquel on jette des dards ou fur lequel on va rompre des lances k cheval ; on appelle audi cette figure faquin. Courre la quintaine ou le faquin, c’eft un exercice d’académie.

QUINTE. Efpèce de fantaifie qui tient du cheval rétif ; car le cheval pendant quelques inflans fe défend & ne veut pas avancer. Les mules font fujettes à ce défaut.

QUINTEUX. Cheval qui a des quintes.

QUITTER les étriers, c’efl ôter fes pieds de dedans de gré ou de force. Lorfqu un cheval emporte fon homme, il doit quitter les étriers, ou pour fe jetter à terre, « u afin que fi le cheVal tombe, il n’ait pas les pieds engagés dans les étriers, ce qui efl très-dangereux. Le peu de fermeté du cavalier lui fait fou vent quitter les étriers jguand fon cheval trotte ou galope.

R.

RABAISSER fe dit en f% fens dans le manège : fi le cheval n’a pas afiez de force pour continuer à faire des courbettes » il fe rabaifiera aifément de lui-même.

RABATTRE fe dit d’un cheval qui manie à courbettes ; & on dit qu’il les rabat bien y lorfqu’il porte à terre les deux jambes de derrière à-la— fois, lorfque ces deux jambes touchent terre ehfemble, & que le cheval fuit touts les temps avec la même juftefie. Un cheval qui harpe des deux jarrets, & qui a les jambes bafles en maniant, rabat bien fes courbettes, les rabat avec beaucoup de grâce. On dit aufit qu’un cavalier dompte & rabat T’impétuo* fité d’un cheval fougueux.

RACCOLT, un pas raccolt. Vieille expreffion dont quelques écuyers fe font fervis pour dire un pas d’école, un pas raccourci. Ce terme eA formé du mot Italien raccolto, & a le même fens.

RACCOURCIR un cheval, c’efl rallentir fon allure en le tenant dans la main.

RAGOT fe dit des chevaux qui ont les jambes courtes, la taille renforcée & large du côté de la croupe. Il diffère du goufTaut, en ce que le gouffaut a r^ncolure plus épaifie > & qu’il a plus d’é-^ paules.

RAMASSÉ. Un cheval ramafle, c’eft la même chofe que ragot. Voyei Ragot ; excepté qu’il fe éÀi des chevaux de toute forte de taille.

RAMENER, c’eft faire baifler le nez à un cheval qui porte au vent, qui lève le nez auiS haut que les oreilles, qui ne porte pas en beau lieu. On inet des branches hardies » ou ^ martingale ; ^ux çhçvaux pour Içs ran^eaçrt


RAMINGUE. C’eft un cheval rétif qui réfifte aux éperons & s’y attache, qui rue, qui recule, qui faute plufieurs fois de fuite en lair pour jetter en bas le cavalier ; en quoi il diffère du chatouilleux qui, après y avoir réfiflé quelque temps, obéit enfuite » & va beaucoup mieux par la peur d’un jarret vigoureux, lorfqu’il fent le cavalier étendre la jambe, qu’il ne va par le coup même. Les ramingues font dangereux, en ce qu’ils font très*fujets à doubler des reins & à faire des pontlevis.

RAMPIN eft un cheval bouleté des boulets de derrière, & qui ne marche par conféquent que fur la pince ; c’eft ordinairement un défaut que le cheval a apporté en naiffant.

RASSEMBLER, c’eft tenir le cheval dans la main & dans les jarrets, de façon que fes mouvements foient plus vifs & moins allongés ; efiediveoient, le cheval alors paroît plus court qu^auparavant. Se raffembler eft Taâion an cheval dans cette occafion, Raffembler tes quatre jambes enfemble, mouvement que fait un cheval pour fauter un îoffè, une haie, &c.

Ce que c’est qu’un cheval rassemblé. (Thiroux).

J’ai dit plus haut que l’homme & le cheval ne pouvoient jouir du mouvement avec ſureté, qu*au moyen du ſcrupuleux entretien de leurs perpendiculaires. Je dois ajouter actuellement que tout être agiſſant ne parvient au mouvement, qu’autant qu’une ſage préparation le met en force. Telles font les loix de la nature. Les bipèdes s’y ſoumettent en rapprochant aſſez leurs baſes pour qu’une ſeule, chargée de toute la maſſe étale le centre, pendant que l’autre s’en éloigne » afin de le recevoir. Le quadrupède uſe de la même précaution ; mais obligé de ſoigner à-la-fois les quatre jambes qui le ſoutiennent, on le voit doubler cette opération qui caractériſe le raſſembler. On juge donc le cheval raſſemblé, lorſque les deux colonnes vertébrales, également reployées ſur le centre, amènent les quatre jambes abſolu- ment ſous le corps, en forte que le point de réunion, autant reſſerré qu’il peut l’être, s’élève de lui-même comme pour contenir l'abondance des forces qui y refluent de toutes parts. Pour apprécier toute l’utilité qu’on retire de cette dernière combinaiſon, lorſque de l'état du repos on veut faire paſſer le cheval à celui du mouvement, il ſuffit de comparer la diſpoſition apparente du cheval qui, dans une inaction parfaite, attend patiemment que le cavalier ſoit monté & placé, avec celle qui dérive du raſſembler. Alors on ne doit avoir d’autre deſir que de connoitre la méthode qui montre à raſſembler un cheval.

Comment on rajfemhlt un cheval.

AuffTuôt qu’on a quelques idées de la flruAurc ^u chçva} f il çft aif<^ de prévoir comment on réuflit

RAS

rèuflît à le raflembUr, fur-tout en obrervant que i d un côté, les rênes de la bride, & de l’autre, la puilTance des jambes égales maitrifent l’ondulation de chaque colonne foumife dés-lors à la difcrétion du cavalier. Cette remarque faite, fi on fe retrace la pofition du cheval au moment où Thomme achève de prendre la fienne, on le trouve dans la double impuiflance de faire un pas en avant ou en arrière. La première caufe d’inaâion vient du dé-Êloiement abfolu des deux colonnes vertébrales, n fécond lieu, les rênes, ifans être dures, font cependant aflez fermes pour s’oppofer au moindre effort de la colonne de devant, tandis qu’avec la preffion des jambes égales on a la faculté de forinerune barrière impénétrableà la colonne deder-* rière. Or, partant de ce point, on voii qu’une légère augmentation^ &dans la valeur pulfative des jambes égales, & dans la retenue de la main, fuf.iît pour obliger le cheval à reptôyer, en même temps, fes deux colonnes fur le centre, & confécpdemmentpour l’exciter, non-feulement à reculer les jambes de devant, mais à lui faire avancer celles de derrière. Ainfi, pour rafiembler un cheval, il faut que la nuin rapprochée du corps ajoute à la teitfion égale des rênes, & que la predîon des jambes du cavalier amène & foutienne rarriére-main du cheval au centre. Dés cet indant, le choc qu’éprouve mutuellement chaque colonne, rebroufîèe vers le point central, produit TefFet d’un reflbrt tendu qui n’attend qu’un très*petit moyen pour opérer fa plus grande force.

N’eu-ce pas ici le moment favorable pour faire appercevoir aux élèves le double fecours qu’ils font en droit d’attendre de la preffion motivée de leursjambes ? Ona vu précédemment le cavalier les employer, au moyen de l’enveloppe, à la confervation de l’affiette, lorfque, tombant fur la ligne du corps, H leur fait embraffer exaâement la capacité du cheval, pofitivement à l’endroit où les fanglesaffiirentlafelle. Il n’eu pas douteux que, dans cet état, les jambes les plus étroitement collées, ne peuvent ni donner, ni doubler l’aftion du cheval. Premièrement, les jambes agiflent fur une panie oiTeufe, accoutumée de iS^^ue-maîn k foufîambes enveloppantes, comprimant le centre même du cheval ^ leqradion, dès-lors ambiguë, ne doit pas avoir plus d’effet pour le chaffer en avant, que pour le porter en arrière. Maisauffitôt qu’il s’agit d’exciter, par preffion, l’ondulation de la colonne de derrière, que ce foità deffein de raffemWer le cheval, o^i bien avec l’intention de le porter en cher rarrière-main, dont la colonne vertébrale ar< rive ^u centre à mefure que les jambes du cavalier viennent, en glifTant le long du ventre du cheval Mqu’uation, Ejcrimc & Danfs.

REM 27J

reprendre fur la ligne du corps la place ordinaire & favotablc à leur enveloppe. Je m’arrête encore, afin d*obferver qu’il faut affez foigner les diverfes prcffions que peuvent produire la main ou les jambes égales, pour être afTuré que leurs puiffances ne parviennent au cheval qu’autant qu’on veu^lui donner ou lui ôtcr de Taâion. Dans le premier cas, les jambes égales doivent agir fur rarrière-main du cheval, de manière à lui faire fentir diflinâemenc dans leur preffion un commencement qui l’invite à fe porter en avant, un milieu qui le détermine, & une fin qui l’y force ; comme dans la féconde circonflance, la retenue de la main fuit ponâuel* lement la réfiftance ou l’obéiffance du cheval, eh paffiint de la main légère à la main douce, & de la main douce à la main ferme ; qualités de la main qui confident à ne lui donner que le degré de fermeté nécefTaire pour qu’elle prime toujours le point de réfifiance de l’appui du cheval. Cette double précaution évite au cheval la furprife de l’acoup qu’il reçoit immanquablement des jambes fnbitement approchées, ou empêche qu*il ne foit douloureufement affeâè delà faccade émanée d une main brufquement retenue. RECHERCHER un cheval, c’efi lui donner toute k gentillefle & les agréments dont il eft ca «  pable.

REINS. Les reins du cheval— commencent vers le milieu du dos jufqu’à la croupe. Les reins bien. faits font ceux qui s’élèvent un peu en dos d’âne ; quand ils s’élèvent trop, on dit que le cheval eft boiTu. Autre bonne qualité du cheval, c’eft d’avoir les reins larges ; ce qu’on appelle le rein double ; les reins courts, marquent la force. Les mauvaifes qualités des reins font d’être longs & d’être bas, ce qui s’appelle un cheval enfellê. On entend en difant qu’un cheval a du rein, que la force de fes reins fe fait fentir au trot & au galop, aux reins du cavalier.

RELAIS, RELAYER. Les chevaux de’relais font ceux qu’un grand feigneur qui voyage envoie de* vant, ou qu’il ordonne de tenir prêts, pour pouvoir en changer quand il veut faire plu » de dili-* gence. Bêlais fe dit auffi du lieu où on envoie, ou : * bien où on tient prêts à partir des chevaux frais, deftinés à foubger ceux.qui font fatigués.

RELAYER, c’eft monter ou faire atteler à fa voiture des chevaux frais, qu’on appelle chevaux, de relais.

RELEVER. C’eft obliger le cheval à porter en beau lieu & lui faire bien placer fa tête, lorfqu’il porte bas ou qu’il s’arme pour avoir l’encolure trop «  molle. Il y a de certains mords propres k relever ûo cheval. On appelle auffi les airs relevés, les. mouvements d’un cheval qui s’élève plus haut que le terre-à*terre, quand il manie à courbettes, à ba-Iptades, à croupades & à cabrioles. On dit auffi un. pas relevé, des paftades relevées.

REMIS. Un cheval bien remis, terme de ma-, nèee, qui veut dire qu^ l’écuyer a appris l’exercice. Mm du manège à un cheval à qui on Tavoit la’ifTi ou «  blier ou par négligence, ou pour avoir été mené par des cavaliers ignorans.

RENDRE la main, c’eft faire enfortc que les rênes pour le cavalier 8c les guides pour le cocher deviennent moins tendues, afin de foulager la bouche des chevaux. Il y a deux façons de rendre la main pour le cavalier, & il n*y en a qu une pour le cocher. La première, qui çû la même pour le cocher, eft d’avancer fa main qui tient les rênes ou les guides. La féconde, qui ne peut regarder que le cavalier, eft de prendre le bout des rênes de la main droite, puis la main gauche les quitte pour un moment. Rendre tonte la bride, c*eft prendre le bout des rênes, comme je viens de dire, & après les avoir quittées de la main gauche, avancer la main droite jufques fur le cou du chevaL Tout cela fait à propos, donne une grande aifance à la bouche du cheval ; & par conféquent le cavalier $*en trouve auffi p ! us à fon aife.

RÊNES. Deux longes de cuir qui font attachées d’un côté à la branche de la bride, & qui font de Tautre dans la main du cavalier, font agir Tembouchure, & tiennent la tête du cheval affujettie. Ajufterles rênes, pre : idre, tenir les rênes en main. Un cavalier doit tenir les rênes égales, enforte que le pouce (oi : appuyé fur toures les deux, & que le petit doigt les tienne fêparées. Ncwcaftle donne le nom de rênes aux deux longes du cave^on qu il faifoit attacher aux fangles ou au pommeau de la Telle, & que le cavalier tiroit avec la main pour plier & aiTouplir le cou du cheval— Fau^e rêne eft une longe de cuir qu’on palTe quelquefois dans Tare du banquet, pour faire donner un cheval dans la main, ou pour lui faire plier Tcncolure. Newcaftle en condamne Tufage, & prétend, qu une fauffe rêne n’eft plus que comme un bridon qui n’a point de gourmette.

D£ LA MAIN DE LA BrIDE, ET DE SES EFFETS. ( La GuiRiNiERE).

Les mouvements de la main de la bride, fervent’ à avertir le cheval de la volonté du cavalier ; & Taôion que produit la bride dans la bouche du cheval, eft l’effet des différents mouvements de la main. Comme nous avons-donné dans la première partie de cet ouvrage, l’explication des parties qui compofent la bride, & la manière de lordonner, fuivant la différence des bouches, nous n’en parlerons point ici.

M. de la Broue, 8e après lui M, de Newcaftle, dîfentque pour avoir la main bonne, il faut qu’elle foît légère, douce & ferme. Cette perfeâion ne vient pas feulement de rdâion de la main, mais encore de Tafliette du cavalier ; lorfque le corps eft ébranlé, ou en dèfordre, la main fort de la fittiatioii où elle doit être, & le cavalier n*eft plus pccupé qu’à fe tenir ; il faut encore que les jambes s’accordent avec la main, autrement Peflet de la main ne fer oit jamais jufte « î pela s’appelle, ea tQf-R EN

mes de Tart, accorder la main & les talons, et qui eft la perfeâion de toutes les aides. La main doit toujours commencer le)>remter effet, & les jambes doivent accompagner ce mouvement ; car c’eft un principe gétiéral, que dans toutes les allures, tant naturelles qu’artificielles, la tête & les épaules du cheval doivent marcher les premières ; & comme le cheval a quatre principales -^allures, qui font, aller en avant, aller en arriére ^ aller à droite & aller à gauche ; la main de la bride doit auflî produire quatre effets, qui font, rendre la main, foutenir la main, tourner la main à droite ; &’tourner la main à gauche.

Le premier effet, qui eft de rendre la main, pour aller en avant, eft un mouvement qui fe fait en baiflant la main, & en la tournant un peu les ongles en defTous : la féconde aâion, qHÎ eft de foutenir la main, fe fait en approchant la main de Teftomac, & en la levant les ongles un peu enhaur** Cette dernière aide eft pour arrêter un cheval, ou marquer un demi-arrêt, ou bien pour le reculer ; il ne faut pas dans cette aâion, pefertrop fur les étriers, & il faut en marquant le temps de la main, mettre les épaules un peu en arrière, afin qu^ le cheval arrête ou recule fur ks hanches. Le t roifjême effet de la main, efl de tourner à droite, en portant la main de ce côté, ayant les ongles un peu en haut, afin que la rêne de dehors, qui eft la rêne gauche, laquelle doit faire a£lion, puiffe agir plus promptement. Le quatrième effet, eft de tourner à gauche, en y portant la main, tournant un peu les ongles en deflbus, afin de faire agir la rêne de dehors, qui eft la rêne droite à cette main.

Suivant ce que nous venons de dire, îî eft aifé de remarquer qu*un cheval obéiflànt à la main » eft celui qui la fuit dans touts fes mouvements, & que fur l’effet de la main, eft fondé celui des rênes, qui font agir l’embouchure. Il y a trois manières de tenir les rêiïes ; fêparées dans les deux mains ; égales dans la main gauche ; oîi lune plus courte que l’autre, fuivant la main où on travaille un cheval*

On appelle rênes fêparées, iorfqu’on tient la rêne droite dans la main droite, & la rêne gauche dans la main gauche. *

On fe (en des rênes fêparées pour les chevaux, qui ne font poim encore accoutumés à obéir à la main de la bride ; on s’en fert aufli pour les che-* vaux qui fe défeiident, & qui refufent dei tourner à une main.

Pour bien fe fervir des rênes fêparées, il faut baiffer la main gauche, lorfqu’on tire la f^ne droite, pour tourner à droite ; & de même en tirant la rêne gauche 9 pour faire tournef on cheval à gauche, il faut baiiter la rêne droite : autrement le cheval ne faurôtt à quelle rêne obéir : fi on ne baiftbit pas celle qui eft opposée à la main où oa le veut tourner.

R E N Les rênes égales dans la main gauche, fervent k mener un cheval obéiiTanc à la main de U bride, tant pour les chevaux de campagne, que pour ceux de chafle & de guerre ; mais lorfqu’on travaille un cheval dans un manège, pour le dreffer & lui donner leçon, il faut que la rêne dededans foit un peu raccourcie dans la main de la bride y afin de lui placer la tête du côté où il va : car un cheval qui nciï point plié y na point dt grâce dans un manège ; mais la rêne de dedans ne doit point être trop raccourcie ; cela donneroit un faux appui, & il faut toujours fentlr dans la main de la bride, Tefiet des deux rênes. Le plu « difficile eft de plier un cheval à droite > non-feulement parce que la plupart des chevaux font naturellement plus roides à cette main qu’à gauche, mais cette difficulté vient encore de la fituation des rênes dans la main gauche : comme elles doivent être féparées par le petit doigt, il fc trouve que la rêne gauche, qui eft pardeflous le petit doigr, agit pliis que la rêne droite, qui eft par-deiTus ; enforte que lorfqu on travaille un cheval k droite, i* ne fuffitpas d’accourcir la rêne droite pour le plier, on eft fouvent oblige de fe fervir de la rêne droite, en la tirant avec le petit doigt de la main droite, qui fait la fonâion du petit doigt de la main (gauche, lorfqu on travaille à gauche. Il y a três-peu de perfonnes qui fâchent bien fe fervir de la rêne droite : la plupart balÂent la main gauche en la tirant, 6c alors ils ne tirent que le bout du nez du cheval, parce que la rêne de dehors n’en fondent pas Taâton : il faut donc lorfqu’on tire la rêne droite pour plier un cheval à droite, que le fen ? iment de la rêne de dehors refte dans la main gauche, afin que le pli vienne du garot & non du bout du gez, qui eft une vilaine aâlon.

Il n*en eft pas. de même pour la main gauche* La fituation de la rêne de dedans, qui eft au de/Tous du petit dorgt, donne beaucoup de facilité à plier un cheval à cette main, joint à ce que prefque tous les chevaux y ont plus de difpofition. 11 faut remarquer que lorfqu un cheval eft bien dreffé, il ne faut raccourcir que très-peu la rêne de dedans, ni fe fervir que rarement de la main droite pour le plier à droite ; parce ^u il doit alors fe plier par l’accord de la main & des jambes ; mais avant qu’il foit parvenu à ce degré de perfeâion, il faut néceftàirement fe fervir (tes rênes de la manière que nous venons de l’expliquer*.

La hauteur d<e la main règle ordinairement celle de la tête du Cheval ; c’pft pourquoi il faut la tenir plus haute que dan » la fituation ordinaire pour les chevaux qui portent bay, aftn de les relever ; Ôc elle doit être plus bafle & plus près de leftomac, pour ceux qui portent le nez aa’Vfenr, afin de les ramener & deleiir fair^ baiflar la tète. Lorfqu’oh porte la main en avant, cette aâion laChe la goiirmett* & di^Mniie pctr conféquent Tefiet du mors. On fe fert de cette aide pour chaffcx en avant u » cheval qui fe raient : Iprfqa aa R E N 27c

contraire, on retient la main prés de l’eftomac, alors la gourmette fait plus d’effet, &le mors appuie plus ferme fur les barres, ce qui eft bon pour les chevaux qui tirent à la main*

Nous avons dit ci deffus, que la main bonne renfermoit trois qualités, qui font d’être légère, douce & ferme,

La main légère, eft celle qui ne fent point l’apput du mors iur les barres.

La main douce, eft celle qui fént un peu l’effet du mors fans donner trop d’appui.

Et la main ferme, eft celle qui tient le cheval dans un appui à pleine main.

C’eft un grand art que de favoir accorder ces trois différents mouvements dé la main, fnivani la nature de la bouche de chaque chevil, fans contraindre trop & fans abandonnera coup le véritable appui de la bouche, c’eft-à-dire, qu’après avoir rendu la main, ce qui eft l’adion de la main légère, il faut la retenir doucement, pour chercher & fentir peu à peu dans la main l’appui du mors, c’eft ce qu’on appelle avoir la main douce ; on réfifte cnfuite de plus en plus en tenant le cheval dans un appui plus fort, ce qui provient de la main ferme ; & alors on adoucit à on diminue dans la main le fentiment du mors, avant de paffer à la main légère ; |car il faut que la main douce, précède & fuive toujours l’effet de la main ferme » 6i on ne doit jamais rendre la main à coup ni U tenir ferme d’un feul temps, on offenferoit la bouche du cheval, & on lui teroit donner des coups de tête. *^

Il y a deux manières de rendre la main. La première, qui eft la plus ordinaire & la plus en ufage eft de baiffer la main de la bride, comme nous l’avons dit ; la deuxième manière eft de prendre les rênes avec la main droite au-deffus de la msin gauche, & en lâchant un peu les rênes dans la main gauche, on fait paffer le fentiment du mors dans la main droite, & enfin en quittant tout-à-fait les rênes qui étoient dans la main gauche, on baiffe la main droite fur le cou du cheval, & alors le cheval fe trouve tout-à— ! ait libre, fans bride. Cette. dernière façon de rendre la main s’appelle dejccntt de main ; on la fait auffi en prenant le bout des rè «  nés avec la main droite, la main à la hauteur de la tête du cavalier « & le bras droit en avant & hbre mais il faut être bien ftir de la bouche d’un cheval Ôc de fon obéiffance, pour entreprendre de le mener de cette dernière fiiçoq. U faut bien fe donner de garde de rendre la main, ni de faire la defcente de maÎB, lorfque le cheval eft fur les épaules ; le vrai temps de faire ce mouvement à propos, c’eft après avoir marqué un demi arrêt, & lorfqu’oti fent que le cheval plie les hanches, de lui rendre fubtilement la bride, ou bien oh fait la defcente de main Ce temps, qu’il faut prendre bien jufte v & —^ qu’il eft difficile de faifir à propos, eft une aide des plus fubtile « & des plus utiles de la cavalerie » Mmij . parce que le cheval pliant les hanches dans te temps qu’on abandonne Tappui » îl faut néce/Tairement qu’il demeure léger à la main, n*ayant point de quoi appuyer fa tête.

Il y a encore une autre manière de fe fervir des .rênes, mais elle eA peu ufitêe ; c’eft d’attacher •chaque rêne à lare du banquet » & alors la gourmette ne fait aucun effet. Cette façon de fe ieryir des rênes s’appelle travaUUr avec de fauffet rênes ; on s’en fert encore quelquefois pour accoutumer les jeunes chevaux à l’appui du mors lorfqu’on com-X mence à leur mettre une bride.

M. le duc de NewcafUe fait une diflertation fur les rênes de la bride /où il paroit quelque vraifemblance dans la fpêculation —, mais qui, félon moi, le détruit dans Texécmion. « 11 dit que de quelque « y c6té que les rênes foient tirées, l’embouchure j » va toujours du côté oppofé à la branche ; que •r lorfque la branche vient en dedaos, l’emboutr chure va en dehors, enforte, continue-t-il, que m les rênes étant fèparées, lorsqu’on tire la rêne f » droite, l’embouchure fort dehors de l’autre coté, s » & oblige le cheval de regarder hors de la volte, f » & on prefle auffi la gourmette du côté de de* w horsiy*

Ce principe eft détrait par Tufage » qui nous prouve que le cheval efl déterminé à obéir au mouvement de la main du côté qu*on tire la rêne. En tirant, par exemple » la rêne droite, le cheval e(l obligé de céder à ce mouvement > & de porter la fête de ce côté. Je conviens qu’en tirant fimpleitient la rêne, fans ramener en même temps la main près de foi, comme on le doit, l’appui fera plus fort du côté oppo(<& ; mais cela n’empêchera pas le cheval d’obéir à la main & de porter la tête de ce côté, parce qu’il eA obligé deluivre la plus forte impreffion, laquelle ne vient pas feulement ée l’appui qui fe fait du côté de dehors, mais de h rêne qui fait agir toute Tembouchure, la tire, & par conséquent h tête du cheval anffi, du côté où on veut aller. D’ailleurs en fe fervant de ùt main à propos, on Siccourcit un peu la rêne de dedan », & alors le mors appuie fur la partie qu’on veut dé* terminer.

Il faut encore remarquer que lorfqu’oo fe fert de ja rêne de dehors en portant la main en de^ dans,. cette aâioo détermine l’épaule de dehors en àcdêBS, & fait paffer la jambe de dehors par-deffus celle de dedans | & lorfqu’oi » fe fert de la rêne dt dedans en pertam la main en dehors, ce mouvement élargit l’épaule de dedans, ceA-à-dire, fait croifer la jambe de dedans par-cîeffus celle de dehors. On voit par ces différents effets de la rêne de dehors & de celle de dedans, que c^eA le port de la main qui fait aller les parties de l’avant-main du cheval » & que tont cavafier qui ne connoit pas l’ufage des rêneside la bride, tMvaiUe fans règles & ians princif es » R E N

PremiIre connoissakce des rênes ( DuPATt) ; Jufqu’icî j’ai tourné mon cheval comme il pouvoit & fans le contraindre, parce qu’il ne diAin-* euoit pas affez bien les deux rênes ; mais il faut enfin les lui faire connoître fuffifamment pour qu’on puiffe s’en fervir.

Je commence par lui faire fentir la rêne de dedans un peu plus que celle de dehors, que je re^ lâche même s’il faut, afin que l’animal comprenne mieux. Averti par lafenfation fur une feule barre, il donne la tête & plie un peu le cou. Cette opé «  ration fe fait en trottant toujours fur le droit. Les deux jambes de Ihomme le portent toujours ca avant dans le même train. Loriqu’il a fait quelques pas ainii à une main > je le mets à l’autre de la même manière, & je tâche qu’il réponde également des deux côtés^ ce qui eA difiicile & rare^ ; AuAi il eA à propos de travailler davantage le côté qui fe pr^te le nM>ins à cette leçon »,’ Parvenu a fe plier volontiers pour la rêne de dedans qui, dans ce travail doit primer ^ on corn* mencera à fentir un peu la rêne de dehors, aAi » (jue le cheval puiffe être enfemble ; il n’y feroit jamais, fi une feule rêne agtffoit. A mefure qu’il obéit aux deux rênes » félon leur valeur, je le te-* dreffe, & je tâche de lui fixer la tête fans force, en l’alignant autant qu’il fe peut avec le bridon, ’& en lui demandant un petit pli. On pourroit à la rigueur tourner le cheval avec une feule rênt ; mais ce feroit un travail ians goût, (ans juAeffe, & qui fatigueroit le cheval Air la partie de dedans. En eflet cette partie auroit bien des efforts à faire pour fourenir la maAe qui fe porter roit toute fur les jambes de dedans ; il eA donc i propos que nos jambes viennent au fecours. Première (oanoijfance de î jambes

Après avoir plîé le cheval delà rêne de dedans* ; avoir arrêté le degré de pli qu’on veut lui laiffer, il faut ranger un peu les hanches en dehors, e » lui faiiant fentir la jambe de dedans un peu plu » que celle de dehors.

Quand il commencera à répondre facilement à ce trataU, on pourra penfer a le tourner, & oi » n’aura autre chofe â faire qu’à fentir ia jambe de dehors & la rêne àt dedans ; mais on ne lâchera pas les opérations oppofies qui doivent contenir le cheval ; la jambe de dedans empêche le cheval de trop céder à l’aâion de celle de dehors, & le porte en avant ; & la rêne de dehors l*empèche de ie Jetter fur Tépaiile de dedans.

Lorfque le cheval a plusd’inftruâion, on tourne d’une manière plus analogue au vrai droit ; maisdans les commencements oo ne peur pas exiger tant de juAeffe.

Il y a des chevaux qur ont une grande difficulté pour tourner, & qui même refufent de tourner it ttoe main > c’eft quIU ne font pas encore aflea f^ui ; ples. Il faut les remettre aux leçons précédentes > & les y tenir longtemps.

Quelquefois auffi on veut les tourner pdtir la rêne de dedans & la jambe du même côté ; alors il leur en coûte trop d’obéir y parce qu*ils ne peuvent couferver de force après avoir dérangé la direction naturelle des vertèbres des reins & du dos. U e{ à propos de leur faire fentir beaucoup la jambe de dehors qui fixe les hanches, & donne par-là les moyens au cheval de fe mettre en force. U y a d’autres chevaux qui, au lieu de fe plier du coté où il s’agit de tourner, fe plient de l’autre y & tournent en fe jettant fur la jambe de dedans. A ceux-là il faut éviter de leur faire fentir cette jambe ; mais on doit leur bien faire eonnoitrc 6(j craindre la jambe oppofée, & ne les tourner que lorfqulils fe plient & rangent les hanches convenablement »

Si on s’appercevoit que le cheval refusât de tourner par malice, comme cela arrive quelquefois, & qu’il reculât pour éviter la fujétioii qu*exiee cette aâlon » il faudroit alors le pincer vertement & le jetter en avant ; par ce moyen, on le corrigera de (es caprices » & on le décidera à faire do* cilement ce au’on exige de lui.

En général, c’ed une excellente méthode, lorsqu’un cheval refufe à une leçon, de reprendre la précédente ; car c*eft une preuve que l’animal n’y eA pas encore bien confirmé > & qu’il a befoia qu’on l’y remette.

Du TOURNER (ThiROUX).

Loriqu*un cheval trouve dans fa courfe quelque obdade qui le force à fc détourner, il y parvient en prenant la tournure d’un demi-cercle ouvert, foit de gauche à droite ( ce qui conftitue le tourner à droite),’foit de droite à gauche ( cç qui calaâérife le tourner à gauche).

Le tourner de gauche à droite,

Suppofons pour un moment l’obAacIe d*un angle à gauche » il efl évident, qu’à moins de reculer, le cheval ne peut Téviter qu’en fe portant à droite. Or, la première opération naturelle au cheval en libené, opération qui nous eft commune^ à tout être mouvant, lorfque nous croyons devoir nous détourner d’un objet que nous appercevons à gauche, c*eft de regardera droite, pour reconnottre la nouvelle carrière dans Liquelle nous allons chercher un abri. En réfléchiflant for les fuites de ce premier mouvement, on trouve qu’il produit le double cflèt, & d affurer à l’animal qu’il ne court aucun rifque de s’engager dans la nouvelle route Jiu’il veut fuivre, & de laiffer fous le centre la jambe fur laouelle il va tourner ; conféquemment qu’il facilite révolution du tourner dan^ toute la fécurité phyfique & morale. Quant au dernier effet du port de la tète, rien de plus aifé que d’en vérifier le réfuhat, puifque touts les individus qui fompofei(it le règne animal ^ reatrçnt forcépçm ]a R E N l^^

partie du corps qu’ils regardent. Le cfteval corn— / mence donc par tourne^, fa tête à droite. Ce port de tête, qui attire la jambe i abfolumcm fous le bipède de devant, entame d’abord l’ouverture du demi— cercle figuré de gauche à droite, & la pente, que lavant-main en reçoit, difpofe enfutte tout le refte du corps à prendre fucceffivement la méma • forme. La colonne de devant,. ainfi balancée ds gauche à droite, alourdit vifiblement la jambe x plus que la jambe % ; enforte que cette jambe i, fixée à terre, fert de pivot indiipenfable à fa compagne la jambe 2, jufqu’àceque les épaules du cheval foient direâes à la nouvelle pifle qu’il cil à la veille de parcourir. Auffitôt après le paflaga de la jambe % fur la jambe x » le cheval avance tranfyerfalement fous le centre la jambe 3’, muni d’un fecours auflî nécefTaire, il retire la jambe i da defibus la jambe %, & après avoir pofé fes dçux jambes de devant à côté Tune de Tautre, il finit Té*-’

  • volution du tourner à droite par le jeu de la jambe

4 qui achève d’effacer la figure dcmi-cintrée de gauche à droite, en plaçant le cheval dans la nou* velle pifte droit d’épaules & de hanches, tel qu’il étoit avant que de quitter celle donc il eft forti par le tourner de gauche à droite.

Le tourner de droite â gauche.

Les mojrens que le cheval emploie pour le tour* • ner de droite à gauche, font cxaâemeht pareils ^ ceux dont on vient de donner les déf ails, fj ce n’eft qu’ils font inverfement combinés ; c’eft-à-dire, que le cheval commence par regarder à gauche. La colonne de devant chargée fur la jambe 1 que le cheval approche en la regardant, aide au paiTige de la jambe 1, qui fait prendre au Cheval la tournure du demi-cerclé ouvert de droite à gauche ; enfuite la jambe 4 s’avance tranfverfalemcntpour étayer le poids du corps, & afin que la jambe 1, retirée de deflbus la jambe i, permette à la jambe 3 de terminer l’évolution du tourner de droite à gauche.

Calquons afluellement les temps des mains, créateurs des preffions du mors, fur les combinaifons naturelles au cheval pour tourner % droite fie à gauche, & enfeignons au cavalier lart de tendre à ion gré les refibrts dont il vient de prendre connoifiance, de manière que l’exécution é cheval femble moins tenir de l’obéiflance, qu’être le ré* fuUat d’une volonté déterminée de fa part. Comment on tourm un cheval de gauche à drohe* Pour fe conformer en tout point aux loix diâéc » par la nature., lorfqu’on veut tourner un cheval de gauche à droii ; e, , il faut, d’après le principe cidevant pofé, que les deux rênes font deux barrière » mobiles dans lefquelles la prefii^n des jambes égales du cavalier fait continuellement paiïer te che* val, il faut, dis-jé, s’occuper du foin de rétrécir la barrière droite, & d’augmenter Tefpace que peut donner la barrière gauche. On n’a donc rîeo de mieux à faire, en pareille circonftance, ( le demi-arrêt préalablement marqué ^ que d*arrondir la main, en bombant le dehors cfu poignet, juf* qu*à ce que les jointures qui partagent les doigts aient pris la place de celles d où ^rtent les ongles. Les rênes, qu’on entretenoit dans la plus grande égalité, reçoivent à la minute une valeur différente, vu que Tarrondiflement de la main raccourcit la rêne droite, & lâche la rêne gauche. Il faudroi : avoir entièrement oublié que lef rênes correfpondeht en ligne direâe aux branches da mt)rs, dont les talons pofent à-plomb fur les barres du cheval, pour ne pas s’appercevoir que la rêne droite tendue prefle la barre droite, &conféquemment produit TefTet d attirer à elle la tête du cheval, tandis que le relâchement de la rens gauche permet le port de la tête à droite, & forme un vuide propre à recevoir la convexité de Tencolure. Le cheval confomme de lui — même cette double REN

de— placer la jambe i deiTous le bipède de devant/ & la jambe 4 deflbus celui de derrière, confisquerament Tavant-main incliné à gauche, pendant que rarriére-mam penche à droite, de même quc4*exé’ cution de cette évolution exige qu*il co^ùre— balance inverl’ement Ces deux bipèdes, portés alors fur les jambes i & 4, contre— pofîtton qui lui donne la facuhé de faire agir les jambes o^ôc 3 principales aârices dans révolution du tourner de gauche à droite.

Comment on tourne un cheval Je droite à gauche* Comme on ne peut pas raifonnablement efpérer de ne jamais rencontrer que des angles ouverts à gauche « il eA auunt de Tintérèt du cavalier d’apprendre à tourner un cheval de droite à gauche, que de fçavoir le détourner de gauche adroite. Puifque le cheval, abfolument libre de fesmouvements, emploie au tourner à gauche les mêmes combinaifon de I avant-main, en retenant prés de procédés qui le font tourner à droite, excepté que lui la jambe i, pour qu’elle ferve de pivot au bi— leur combinaifon eA tnverfe, de inéme la mé* ^éde de devant, pendant le tourner de gauche à droite. Auffirôt que le cheval regarde à droite, on porte la main & Tadiette du milieu du corps du niêfne côté, en obfervant de conferver le dehors du poignet bombé. Par ce moyen la rêne gauche, qui recouvre toute la tenfioi » dont rarrondifTcmcnt ile la main l’avoit fruArée, mais fans que ce foit au détriment de la rêne droite, contraâe une puiffance pulfative qu’elle exerce d’abord fur lencolure & çnfuite fur Tépaule gauche du cheval. La nouvelle preiHon de la rêne gauche, aeifTant fur CCS deux parties avant que de fe faire ^ntir à la barre gauche 9 redreflc l’encolure, pouiTe la colonne de devant attirée par la rêne droite, & détermine enfin le cheval à paffer la jambe 2 fur la }jmbe I reAée fous l’avant-main. C’eA à cepaflage d une jambe fur l’autre, que l’équitation rapporte le mot chevaler. La jambe 2, étendue fur la jambe I, n*(eA pas plutôt re ; iiife à terre, qu’on rend la main. Alors le cheval aflujetti à la combinaifon tranfverfale ci-deAus démontrée, cédant en outre à 1.1 preAîon des jambes égales du cavalier, avance la jambe 3 qui vient naturellement étayer le poids des deux corps inclinés à droite. Puis on le voit retirer la jambe i pour la placer à côté de la jambe 2, & enâii il étend la jambe 4 qu’il pofe auprès de la jambe 3. On ne doit pas être étonné de voir les <)&mbes de derrière travaillera l’inAar de celles de devant, quoique le cheval fe meuve obliquement, & ce parla puiAance de la main, aidée de la preffîon des jambes égales, du moment qu’on fait que la loi tranfverfale dirige autant les deux bipèdes du cheval, qu’elle préfioe au jeu de fus quatre bafa^ ; c’eAà-dire, que fi la jambe gauche de derrière fuit conAamment la jambe droite de devant, les épaules déterminées, par fuppofîtion, à droite, donnent toujours les hanches balancées à gauche. C’eA ainfi que le cheval qui fe prépare au touraer à thode relative à cette première opération, quoique conforme pour les refuliats à celle qui vient de produire b dernière, doit cependant être inverlenient combinée. En partant de ceue remarque, & dans la vue de mettre les élsiwts en état de trouver, par comparaison, les moyens propres à tourner le cheval de droite à gauche, on eil me devoir reprendre encore le détail des préceptes qui viennent d’être donnés pour déterminer te cheval à fe porter de gauche à droite.

D, Lorf^u on veut exécuter la leçon du tourner à drôitç, quelles font les fenfations que le cheval doit éprouver ?

R, Preflion fur la barre droite ; prefKon fur l’épaule droite ; preAion fur la partie de l’encolure bombée à gauche ; preAion fur Tépaulç gauche » aidée de l’attraâion de l’épaule droite ; enAn liberté dans la colonne de devant, & preAion fur la colonne de derrière.

D. Quels font aâuellemem les moyens créateurs de ces diverfes prefiîons ^

. R. L’arrondiflement de la main ; le port de la main à droite ; la defcente de la main, 6c la pref* fion det jambes égales.

D, Comment enfuite les diAérentes combinai* fons de la main & des jambes du cavalier opérenc-elles fur le cheval i

R. Premièrement, larrondlAerneiU de la main » qiiî raccourcit la rêne droite & allonge la rêne gau* che, fait appuyer le mors plus fur la barre droite que fur la barre fauche. Secondement, la main portée à droite éloigne du chev »  » ! la rêne droite, qui ramène avec elle la colonne de devam, pendant que la rêne gauche » rapprochée du dievalpac^ le même poit de la main : à dfoîce, prefie l’encolure qu’elle redrefle » &’pbufle 1 épaule sanche fur laquelle fa nouvelle renfion a lieu « Ainfa le feni temps de lamain portée i droite attire d’uti côté la codroite, porte un temps fur les jambes 2 Se 3, afin 1 lonne de devant, la pouAc de Tauue & redreAe l’encolure. Troîfièmement & enfin » Va maiû ^^ T due détend alTez les deux rênes pour que k cheV^* puifle fe porter en avant, lorfque la preffion d^ jambes égales du < : avalier fait rétrograder au centre l’ondulation c|p la colonne de derrière > à œe* fure que les jambes 3 & 4, qu’elle dirige, fe dé^ tachent dé terre pourfulvre tranfverfaiement celles 2 & 1.

D. Enfin quelle cA la figure que prend le cheval à cha.que nouvelle opération du cavalier ? R. Conféquemment à larrondiirement de la fliain, moteur de la première fenfation que le cheval éprouve fur la barre droite, après avoir tourné la tête à droite » en donnant à fon encolure la forme d’un arc tendu à gauche, il rentre Tépaule droite, & aufTnôt la jambe i arrive fous Tavantjnain incliné à gauche, pendant que la jambe 4 s’avance fous rarrière-main portée à droite ; ainfi la condition prefcrite pour le tourner à’droice fe trouve exaélemenr reniplie, putfque le cheval préfente la figure d’un demi*cercle ouvert de gauche à droite. Enfulte, d’après le port de la main à droite, qui produit l’aitraélion de la rêne droite & la preffion de la rêne gauche, le cheval pafTe la jambe a fur la jambe i, & du même temps, la fê : e & l’encolure fe trouvent direâes aux épaules, Quoique l’épaule gauche domine encore la droite, infin, chafié dans les jambes égales du cavalier, dont la main baifiee permet lextenfion de la colonne de devant, le cheval avance la jambe 3, il retire enfuite la jambe i de defTous la jambe 2, ce qui met les deux épaules de niveau, & termine le tourner à droite par le jeu de la jambe 4, qui rend le cheval droit de tète, d’encolure, d épaules & de hanches comme il étoit pendant la préparation du demi-arrêt.

Diaprés touts ces éckîrciflements, on ne doit être embarraffé ni fur la nature des fenfations qui excitent le cheval à fe porter à.gauche, ni fur la valeur des moyens qui les occahonnent, ni fur la manière dont les difiérentes combinaifons de la main & des jambes parviennent an cheval, ni fur la forme qu’il en reçoit > ni même fur la fournure quM convient de donner à la main pour que les rênes puifient opérer relativement à la nouvelle combinai fon du cheval. En effet, lorfqu’on annonce que le tourner à droite & le tourner à gauche font redevables de letir exigence k des procédés femblables, mais inverfement calculés, n’eft-ce pas <îire qu’à cette dernière évolution, il faut donner à la main une tournure abfolument contraire à celle qui commence la première ? Or, VoppoCé de la main arrondie efl fans contredit la main cambrée. Il faut donc aâuellement, au lieu de chercher à remplacer les jointures d’où fortent les ongles par celles qui partagent les doigts 9 en bombant le dehors du poignet 9 s’attacher à fubffituer ces dernières jointures à celles qui tiennent les doigts à la main, & qui font parallèles à l’encolure du cheval, pour lors le dehors du poignet creufé^ R E N i79

comme fi on vouloir faire toucher le deiTu^ de la main à l’avant-bras. Ainfi, quand il eô queftipn d(* tourner un cfeeval de droite à gauche, on cambre la main, afin que la tenfion de la feule rêne gauche avertiffe le cheval, préparé par le demi-arrêt, qu’il eA temps de lai/Ter aller fa tête à gauche, & de mettre près rde lui les jambes 2 & 3 déclinées au foutien de la mafi ! e pendant que le jeu tranfverfal des jambes « ^ 4 eâeâue révolution projetiée. A l’égard : d<îs autres combinaifons émanées du port de la main 6l de laffiette, de la defccote de la main & deiapreilion des jambes égales, leurs t : Sets offrant, pour le tourner à gauche, des rê «  fultats en tout pareils à ceux du tourner à droite, on laiiTe aux élèves la fatisfaâion de fuivre feuls le cheval, pour ainfi dire à la pide, pendant qu’il répond à la le^pn du tourner à gauche. On fc contente d ajouter qu auffit^t que l’une ou l’autre de ces évolutions ell confommée, il faut fur-le-champ replacer la mai » telle qu elle doit être en dirigeant le cheval fur le droit, & ne plus afiujettir les jam* bes égales fur la circonférence de fon corps, qu’autant qu’on eilime leur puiifance nécefiaire pour alimenter, par prefiîon, le centre de gravité du cheval, & leur enveloppe utile à l’entretien de l’alliette du cavalier. J infime feulement d’autanc plus fur la néceiiué de faire précéder le port de la main par l’arrondifiiemenc ou le cambrer, afin d’a<> voir le bout du nez du cheval préliminairemenc amené fur le cô é où on veut qu’il tourne, qu’il eft d’expérience journalière que fa réfi/lance au tourner s’entame toujours par le port de la tête fur le côté oppofé. Lorfqu’on vient à décomporer le réfultatdece procédé, commun à touts les che-vaux, on trouve que la tête, par fuppofition, por-. Itée à gauche, en déterminam les, épaules du même côté, poufife les hanches à droite, conféquemment

  • facilite la défenfe du cheval, puifque^ diagonale*

ment campé de gauche à droite, fa jambe droite de derrière, qui dépafie le centre, lui fert d’un arcboutant contre lequel échouent toutes les tentati* ves du cavalier qui defire le tourner à droite. C’eft à cette remarque, puifée dans les éléments, qu’eft due la précaution prtfe dans le travail d’exiger le pli fur le dedans, afin d’avoir la certitude phyfique de faire chevaler à fon gré les deux jambes du dehors fur celles du dedans.

RENFERMER un cheval entre les coi/Tes, c’eft la mèrttc chofe qu’aflujettir.

REPARTIR. Faire repartir un cheval, c’eft le laifTer échapper de la main une féconde ou troi’-. fiême fois, le faire revenir fur fa pifte. Ce terme eft uiîté dans ces phrafes : après avoir arrêté ui| cheval, le faire repartir droit. Quand il ferme la demivolte^e cinq temps, il doit fe trouver fur la ligne de la paffade, droit & prêt à repartir. Il faut, après avoir marqué un demi-arrêt aux paffades furieufes, qu’il fafle la demi-volte en trois temps, & qu’au troifième, il fe trouve droit fur la ligne prêt à repartir au petit galop. Repartir à la paflâde ea pirouette, après avoir, d’un seul temps des épaules, fait le demi-tour.

REPLIER, fe replier foi même, fe dit du che-Tal qui tourne fubitement de la tôce à. la queue dans le moment qu’il a peur, ou par fantaifie.

REPRENDRE. On appelle reprendre, lorsqu'aporès avoir fait un demi-arrêt, on fait repartir le cheval.

REPRISE fe dit quand on recommence une leçon, un manège, & qu’on le fait d’une haleine. 11 a fait manier fon cheval fur les quatre coins de la volte tout d’une reprife, fans s’arrêter ni reprendre haleine ; finir une reprife, commencer une reprife, donner haleine à un cheval entre les reprifes.

RETENU. Cheval retenu ^ pour dire cheval ècouteux. Cheval qui faute au Heu d’aller en avant, qui ne part pas franchement de la main, qui eft trop retenu, & fe fait trop foUîciter pour aller en avant.

RÉTIF, qui s’arrête ou recule au lieu d’avancer. Il fe dit proprement des chevaux & des mulets. Un cheval rétif, une mule rétive. On appelle au ma* nège un cheval rétif, celui qui eft malicieux, re* belle, qui veut aller oii il lut plaît & quand il lui plair. Le cheval rétif approche fort du ramingue. RISPOSTE fe dit de Taâion du cheval qui rue quand il fent l’éperon, qui répond à l’éperon d’un ou de pliifieurs coups de pieds.

ROND. C’cft la pifte circulaire qu’on appelle autrement la volte. (Jouper le rond ou la volte, c’c faire un changement de main lorfqu’un cheval travaille fur les voltes d’une pifte, enforte que divifant 1 ? volté en deux, on change de main, & le cheval part fur une ligne droite, pour recommencer une autre volte. Dans cette forte de ma* nège, les écuyers ont açcoutiimé|de dire : coupez, ou coupez le rond, ypye^ Volte.

ROUSSIN. Cheval épais & entier, comme ceux qui viennent d’Allemagne & d’Hollande.

S.

SACCADE eft une fecouffe violente (jue le ca* valier donne au cheval en tirant tout-à-coup les rênes de la bride quand le cheval pèfe à la main ; ce qui efl Mse efpéce 4e châtiment qui l’oblige à , porter en beau lieu, mais dont il faut ufer rareinent, de peur de gâter la bouchç du cheval.

SACCADER, c’est mener son cheval en lui donnant perpétuellement des saccades.

SAUT. Vn pas & un faut fe dit d’un aîr relevé du cheval qui manie par haut, qui marque une courbette entre deux fauis ou cabrioles, en telle forte qu’il lève le devant & rue des pieds de der » ricre. Deux pas & un faut eft un manège compofé de deux courbettes terminées par une cabriole. On dit aufli qu’un cheval va par bonds & par fauts, quand il va à courbettes & à cabrioles. Il faut avoir rendu Us.épaules du cheval fprt fpuplçs, avant


que de raccbntuner aux fauts. Le galop, le terres à-terre, les courbettes ne font pas mi(es au nom* bre des fauts, parce que le cheval ne s’y élève pas extraordinairement. Chaque faut d’un cheval ne doit jamais gagner plus d un pied & demi de terrein en avant.

SAUT de mouton. Dans cette efpèce’de faut le cheval s*élance & s enlève des quatre jambes prefque en même temps en arrondiftant le dos, & fans détacher de ruade.

SAUTER, c’eâ iàire des fai/ts. Aller par bonds & par fauts, en terme de manège > c*eft aller à courbettes & à cabrioles. Sauter entre les piliers, terme de manège, fe dit du cheval qu’on a accoutumé à faire des fauts, étant attaché aux deux piliers du manège fans avancer ni reculer* Sauter de ferme à ferme fe dit au manège quand on fait fauter un cheval fans qu’il bouge de fa place. Sauter en felle* c’eft fauter ou fe jetter fur un cheval ^(ellé fans mettre le pied à Tétrier.

SAUTEUR. C’eft un cheval qui manie aux airs relevés, qui fait des fauts avec ordre & obéiiTance entre deux piliers, oui va à cabrioles, à croupades. On dit, ce fauteur fait des fauts bien hauts & bien foutenus avec juftefle &de même cadence. On met des troufle-queues aux fauteurs pour leur tenir la queue en état & lempècher de jouer, & de faire paroître le fautçur large &de croupe.

SENTIR un cheval dans la main, c’eft remar** quer qu’on tient la volonté du cheval dans la main, qu’il goûte la bride, qu’il a un bon appui pour obéir au mor.

SENTIR un cheval sur les hanches, c’eft remarquer qu il les plie ; ce nui eft le contraire de s’a^ bandonner fur les épaules.

SÉPARER les rênes, Voyez Partager.

SERPEGER. C’eft conduire un cheval en ferpentatit, & tracer une pifte tournée ea ondes, comme les replis d’un ferpent. Ce mot a vieilli.

SERRER ie dit d’un cheval qui fc rétrécit & ne s’étend pas aftez à une main ou à Tautre » qui ne prend pas aflez de terrein. Quelquefois un cheval marche trop large, & quelquefois trop ferré. Lor{^ qu’un cheval fe ferre trop, pour l’élargir il faut l’aider de la rêne de dedans ; c eft à-dire, porter en dehors, 6c le chafter en avant fur des lignes drbi* tes avec le gras des jambes. Il faut auftl nonfeulement ferrer en tournant un cheval qui marche trop laree » mais encore le tenir fujet ; & s’il fe ferre trop, il faut l’aider du gras des jambes » lé pincer même s’il ne répond pas, & appuyer enfuite le talon du dehors. Serrer la demirvolte, c*eft faire revenir le cheval fur le même terrein où il a commencé la demi-voke.

SIGUETTE. C’eft un çaveçon, une efpèce de demi’cerde de fer creux & voûté, & avec des dents de fer comme celles d’une fcie.Jl eft tourné en demi-cercle, & quelquefois compofé de plu** fleurs pièces qui fe joignent par des charnières. 11 eft monté d’uoe têtière & de denx longes, & fert â dempter les chevaux fougueux. Il y annc’^^tt*© forte de figuette, qui eft un fer rond & d’une *^^*® pièce, & qui eft coufue fous la muferoUe de la bride » afin qu’elle ne paroUTe pas. On fait agir cette figuette par une martingale » quand le cheval bat à la main.

SOUFFRIR l’éperon fe dit d’un cheval qui n’y eft point fenfible. Souffrir Tétalon fe dit de la jument quand elle eft bien en chaleur.

SOULAGER. Se fpulager fur une jambe fe dit du cheval qui 9 ayant les jambes de devant fati-* guées & douloureufes, avance tantôt Tune & tantôt Tautre, quand il eft arrêté pour les rcpofer.

SOUPÇONNEUX. Cheval médiocrement peureux.

SOUS-LUI. Cheval qui « ft bien fous-lui, qui eft bien enfemble y qui fe met bien fur les hanches, c’eftlorfqu’en cheminant, il approche les pieds de derrière ne ceux de devant « & dont les hanches foutiennent en quelque manière les épaules.

SOUTENIR la main oh foutenir un cheval » ç’eft tenir la bride ferme & haute. Arrêter nn cheyal pour peu qu’on foutienne la main, avec le moindre foutien de la main. On dit auftî foutenir un cheval de la jambe de dedans » ou du talon de dedans 9 lorfqu^il s’entable, lorfqu’en maniant fur les voltes, ia croupe va avant fes épaules. On dit encore foutenir un cheval, quand on Tempéche de fetraverfer, quand on le conduit également, le tenant toujours fujet fans que la croupe puifte échapper, fans qu*il perde ni fa cadence » ni fon terrein, en lui faifant marquer fes temps égaux.

SUJET, cheval fujet. Tenir un cheval fujet, q^cft le foutenir quand il fe traverfe. Cette expreffion eft confacrée aux voltes ; & fignifie tenir la croupe d’un cheval dans le rond ; enforte qu*elle n’échappe pas, qu’il ne fe traverfe point, & qu’en marquant tous (es temps éeaux (ans perdre fon terrein ^il manie la croupe dedans.

SURMENER, Faioe travailler un cheval ou une bête de fomme au-delà de fes forces, foit en lui faifant faire de trop grandes journées, foit en le pouiTam trop à la courfe. Un loueur de chevaux a aâion pour fe faire payer un cheval quand on l’a furmené. Surmener un cheval, c’eft l’expofer à devenir courbattu* Il bat alors des flancs, oc fait des mouvements pareils à ceux que caufe la fièvre. La différence entre un cheval furmené & un cheval cftrapaffè, eft qu’on a fait travailler le premier à perte d’haleine & au-dèlâ de fes forces dans un voyage, & qu’on a excefllvement fatigué l’autre à force de lui faire faire nn manège violent & dé* réglé.

SURPRENDRE un cheval, cVftfe fervir des aides trop hrufquement : c’eft auffi approcher de lui quand il eft à fa place dans Técurie fans lui parler avant, ce qui lui fait peur, & alors un coup de pied de fa part èft fort à craindre.


T.

TALON fe dit, en parlant du cavalier, de Té » peron dont il arme les talons ; & on dit en ce fens qu’un cheval entend les talons, obéit, répond aux talons, qu’il eft bien dans les talons, pour dire qu*il eft fenfible à Téperon, qu’il y obéit, qu’il I9 craint « qu’il le fuit. Donner à propo’s les aides du talon, lourenir du talon. Donner du talon à un cheval ; appuyer, approcher, pincer du droit, c’eft-àndire, dU talon droit ; pincer du gauche, c eft-à dire du talon gauche. Pincer ou appuyer des deux, on fous-entend toujours talons ou éperons* Un cheval qui eft bien dans les talons à courbet* tes 9 bien dans les talons à cabrioles. Lui faire fuir le talon droit, le talon gauche. Réfifter attx talons comme le ramingue ; répondre aux talons par des ruades. On dit promener un cheval dans la main & dans, les talons, pour dire le gouverner avec la bride & Téperon, lui faire prendre finement les aides de la main & des talons. On dit auftî porter un cheval d*un talon fur l’autre, pour dire lui faire fuir tantôt le talon droit, & tantôt le gauche dans le même manège ; le faire aller de coté » tantôt d’un talon » tantôt de l’autre, Par exemple, ayant fait dix pas de côté en fuyant le talon droit » le faire aller, fans s’arrêter encore de côté, en fuyant le talon gauche, & ainfi alternativement. Talon du dedans, talon du dehors ; ces expref—’ fions font relatives à la manière dont le cheval ma* nie. Le long d’une muraille, le talon de dehors fera celui qui eft du côté de^la muraille ; & l’autre le talon de dedans. Sur les voltes., fi le cheval manie à droite, le talon droit fera le talon de dedans, & le talon gauche celui de dehors. Tout le con* traire arrive lorfque le cheval manie à gauche. On dit aujourd’hui pour plus de facilité » aidez votre cheval du talon droit, du talon eauche » fuivant la fituation des taloiisau refpeâ de la volte. Talon dans le cheval » eft la partie du derrière du bas du pied oppofé à la pince. Dans ce fens on dit, ce cheval a les talons ferrés ; il eft hgs de talon, haut de talon, relevé de talon ; marche fur la pince, & lève le talon comme un cheval rampin. On appelle encaftelés, les chevaux qui ont les talons étroits & ferrés, il faut les ferrer à pantoufle.

TAPIS. Rafer le tapis » c’eft galoper près de terre » comme font les chevaux anglois qui n*ont pas le galop élevé. Lorfqu’un cheval ne lève pas aftezle devant, qu’il a les allures froides & les. mouvements trop près de terre, il rafe le tapis.

TATER le pavé » tâter le terrein. Un cheval tâte le pavé ou le terrein, lorfqu’ayant la jambe fatiguée ou quelque douleur au pied, il n’appuie pas fur le pavé ni fur le terrein, & craint de fe faire mal en marchant.

TEMPS. Ce mot signifie quelquefois les mouvements d’un cheval qui manie avec mesure & avec justesse ; quelquefois rinicrvalle qiiî cft entre deux de fes mouvements. Un bon homme de cheval doit être attentif à touts les temps du cheval, & les fe* conder à point nommé. Il ne doit laifler perdre auxun temps, autrement il laiffe interrompre, faute d’aide, la cadence du cheval. Au manège d’un pas & un faut 9 où le cheval fait alternativement une courbette entre deux cabrioles, la courbette eA un temps qui prépare le cheval à U cabriole. Quand on dît qu’il faut que le cheval marque deux ou trois temps à fon arrêt, on entend par ces deux ou trois temps, deux ou trois falcades. Si on veut obliger un cheval retenu à donner quelques courbettes, H faut le mettre au petit galop, tous lui, & laider des jambes pour lut faire marquer les temps des courbettes. En ce dernier exemple, le mot de temps eft pris pour mouvement. Aux pafTades ou demi volres de cinq temps, le cheval fait au bout d’une ligne droite, une hanche en dedans, un demi tour en cinq temps de galop fur les hanches, & au cinquième t ; mp> le cheval doit avoir fermé la dcmi-volte, & fe trouver fur la ligne de lapaffade, droit & prêt à repartir. Alix paflTades furiçufes, après avoir marqué un demi-arrêt à rexircmité de la ligne, on fait la deml-vohe en trois temps, enforte qu’au troifième temps, le cheval fe trouve fur la ligne, droit & prêt à repartir au petit galop, 3ii’il celFe vers le milieu de la pa(rade, échappa ut e vîre/Te, marquant au bout de la paflade le même demi arrêt, & taifant encore la deijni-volte en trois temps. La pafTade ou la pirouette d’un temps cft une demi-volte que le cheval fait d’un feu ! temps, d.’S épaules & des hanches à-Ia-fois, après avoir falqué deux on troÎ5 temps à l’extrémité de la ligne de la paffade. Enfin le mot de temps s’apphque auffi à quelques-unes des aides que donne le cavalier, & on dît en ce fens, cet écuyer prépare, difpofe fon cheval aux effets du talon, en commençant par un temps des jambes’, jamais il ne précipite Tes temps.

TENIR son cheval dans la maîn, c*eft faire enforte par la façon de tenir fa bride, que le cheval mainrienne fa tète & fon cou en belle fituation, & le tenir en même temps dans les talons, c’eft le relever encore davantage, & empêcher qu’il ne s’échappe & qu’il ne fe (raverfe. Tenir fon cheval bri Je en main, c’eft l’empêcher d’avancer autant qu’il en auroit envie. Tenir {on cheval dans la fujétinn des aides, c’eft la même chofe que l’afTujettir.

TERRAIGNOL. Cheval temignol, c’cftàdire, extrêmement attaché à terre, quon ne ^eutallégerir, qui a peine à lever le devant & a fe mettre fous lui, en un mot q : î aies mouvements trop retenus & trop près de terre.

TERREIN. On dit qu’un cheval garde bien fon terrein, embrafle bien (on terrein, p, our dire qu’il marque bien fa pîfte, fans fe ferrer ni s’élargir. Tàter le terrein, c’eft lorfque le cheval par fatigue •u par maladie^ o’appuie pas fi^r le terrein, &


& ciittiit de fis faire mal en marchant. Pour faire regagner à un cheval le terrein qu’il a qtii : té, il faut l’aider du gras des jambes ou du talon de de* hors • c’eft-à-dire, oppofé au terrein qu’il a perdu.

TERRE-A-TERRE eft uae fuite de fauts fort bas que le cheval fait en avant, étant porté de côté & maniant fur deux piftes. Le mouvement du terreà-terre fe fait en levant à-la-fois les deux jam* bes de devant, & comme elles font prêtes à def* cendre, celles de derrière les accompapient par une cadence tride, c eft* à-dire, toujours loutenue t enforte que les temps ou les mouvements du train de derrière font couns Si vîtes ; ainfi le cheval étant toujourfbien enfemble & bien affis, les jambes de devant fe lèvent médiocrement fur le terrein, & celles de derrière font fort baffes près de terre, & ne font quecouler ; ce qtii a donné le nom à cette fortede manège, parce qu’en effet le chevaf s’y lève moins haut qu’à courbettes. Le terre à » terre eft le premier manège auquel on dreHe ua cheval. Les fix voltes fe font terre à-terre, deux à droite, deux à gauche, & deux encore à droite, le tout d’une haleine, obfervant le terrein de même cadence, maniant tride & avec prefteffe, le devant en l’air, le cul à terre, la tète & la queue fermes.

TÊTE dedans. On dit aux voltes qu’un chc* val a la tête dedans, lorfqu’on le mène de biais fur la volte, & qu’on lui fait plier un peu la tête ea dedans de la volte.

TIRER. On dit qu’un cheval tire à la maîn, quand il réfirteà la bride, lorfcrfil eft trop ardent, qu’il eft roide d’encolure, qu’il bande la icte contre la main du cavalier, la lui incommode, (k s obftine à retufer les aides de la main. Un cheval trop chargé d encolure pèfe ordinairement à la main ; mais le défaut de tirer à la main vient de trop d’ardeur ; ce qui eft pire que s’il pefoit Amplement i la main* Pour appaifer un cheval trop ardent & ftijet i tirer à la main, il faut le faire aller doucement & le tirer fouvent en arrière ; mais û c’eft par engourdiffement d’épaules ou par roideur de cou, il faut tâcher del’affouplif avec le caveçnn à la Newcaftle^ On dit aufti quelquefois qu’un cheval tire lorfqu’il rue, qu il donne quelques coups de pieds. Cette expreffion s’applique proprement au bœuf, qu’on dit tirer, lorfqu’en levant une jambe il donne un coup de pied ; & on dit d’un cheval qu’il rue en vache, lorfqu’il fait la même chofe.

TOURNER fignifie changer de main. On dit » ce cheval eft bien dreffé, il tourne’^ toutes mains. On affoupht avec le eaveçon à la Newcaftle, ui^ cheval entier, c’eft-àdire, qui refufe de tourner au gré du cavalier. Les écuyers font tourner la pointe du pied en dedans. L’aâton de tourner avec jufteffe, au bout d’une |Kiffade, ou de queh^ue au* tre^ manège, eft de tours les mouvements celui qu. coûte le plus à apprendre à la plupart des chevanx. En parlant des aides, le mot de tourner eft auffi d’ufage dans ces phrafes : tourner les cuiffes, tour* ner les jambes 9 eouraér les talons. On ne raurôit avoir les aides délicates » ni bien fentir les mOHv « meots d’un cheval, fi on ne tourne les cuîiTes enibrtequele dedans du genou touche la felle. V.

TOUX. Tout cheval qui touffe n’efî pas toujours ponAif ottcourbattu : quoique cet accident foit « n fymptéme deces’tteux niafadies, il n’eft quelquefois que Tavant-cotireur, & n’eiT eft pas •toujours fttivi. Si on nègligeott moins la toux, il y aurott moins de pouffes 8c’de courbatures. La toux peut venir d*avoir mangé du foin poudreux, une plume, ou d’avoir avalé de la pouffiére en été ; c’eftauffi quelquefois le commencement d’un morfondement.

TRAIN fe dit des chevaux & autres bêtes de ïbmme. C/eft l’allure ou la démarche du cheval. On dit, ce cheval a le train rompu, ri va de train, bon train, grand train. Un ba^ue, un bon coureur fuit aifément le train d*nn cheval. Le train ou la partie de devant du cheval font les épaules & les jambes de devant. Le train de derrière font les hanches & les— jambes— de derrière. Ce cheval rt’eft beau que par le train de devant. Un conp de canon a emporté à ce cheval, à ce mulet le train de derrière.

TRAQUENARD. Eritre-pas qui eft un train ou amble rompu, qui ne tient ni du pas, ni du trot, mais qui approche de Tamble. Traquenard fe dit auffi du cheval qui a cette forte d’allure.

TRAVAILLÉ. Cheval trop travaillé, qu’on a trop fatigué, furmené. Jambes travaillées, c eftà-dire, jambes fatiguées, ruinées.

TRAVAILLER un cheval, c’eft le manier, vionter deffus, l’exercer au pas, au galop. On dit «  on ne travaille pas aujourd’hui au manège. Ce cavalier travaille bien un cheval » il le travaille à courbettes, en rond, en quarré, fur les voltes. Il faut toujours travailler un cheval avec jugement, le carefier lorfqu’il obéit, ne le point rebuter en le travaillant avec excès & trop longtemps.

TRAVERSÉ. Cheval bien traverîé, c’eft quind il eft large & du poitrail & de la croupe.

TRAVERSER fe dit d’un cheval qui coupe la pifte de travers » qui jette fa croupe d’un autre côté que fa tète. Oj dit qu’un cheval fe traverfe en reculant, quand il ne recule pas auffi droit qu’il a avancé.

TRÉPIGNER. Un cheval qui trépigne eft celui qui bat la poudre avec les piedis de devant » en maniant fans embraffet’la volte, & qui fait fes mouvements courts, prés de terre, fans être aftîs fur les hanches. Les che^uz qui n’ont pas les ^files fouples & libres » âp qui avec cela n’ont guère de mouvement, ne f<>nt que trépigner. Un cheval peut trépigner même en allant droit.

TRICOTER fe dit d’un cheval qui remue vite les jambes en marchant, Sc oui n’avance pas.

TRIDE fe dit d’un pas, d’un galop, d’un mouvement de cheval qnt eft court & vire. Cheval qui T R Ô 283

a la « f Hère trîde, c’eft-à-dire, fort vite. Le pas tride eft un pas dont les mouvements font courts & prompts y quoiqu’nnis & aifés. Cheval qui ma* nie furies voltes fort trides y c’eft— à-dire, que les temps qu’il fait des hanches font fort courts & avec preftefle. Le mot de tride eft, félon quelques-uns, de M. de Labroue, & il ne Fa employé que pour exprimer lie mouvement des hanches.

TROMPER un cheval à la demi-verite d’une pifte ou de deux piftes. Cela arrive, par exemple, fi le cheval maniant à droite, & n’ayant encore fourni que la moitié de la demi— volte » on le porte un temps en avan^ avec la j^mbe de dedans^, & on repreaa à main gauche dans la même cadence qu’on avoir commencé ; pr-là on regagne Icndroit où la demi-volte avoit été commeticée i droite, & on fe trouve à gauche. On peut tromper un cheval à quelque main qu’il manie.

TROT. Pas plus vite que le pas ordinaire. Le trot eft une allure du cheval entre le pas & le galop. II eft l’allure naturelle de^ chevaux. Ils fe mettent aifénlent au trot quand on les preffe. hts chevaux des meffagerics vont prefqne toujours le trot. Le trot fe fait par les deux jambes qui font en croix ou diamétralement oppofées. Elles fe lèvent à*la-fois 9 tandis oue les deux autres font i terre : ce qui continue alternativement dans le même or* dre. Par exemple » le pied droit de devant & le pied gauche de derrière fe lèvent à-la-fois, tandis 3ue le pied gauche de devant & le pied droit de erriére font encore à terre prêts à fe lever quand les autres defcendront : ce qui eft aufti Tordre du mouvement du pas. Le cheval fe met de lui-même au trot » lorfque, cheminant de pas, il fe diligente & fe hâte ; 8c s’il eft un peu aidé de la gaule & du talon, il s’y achemine encore mieux. Cheval affuré & ferme au pas, au trot » au galop. Mettre un cho «  val au trot, le trotter. Ce cheval a le trot libre, il trouffe les jambes, il plie les bras eatrotant. Ua cheval entrouvert fauche en trottant. «  Db la nécessité du Trot pour assouplir lu JEUNES CHEVAUX, ET DE L’uflUTÉ DUPas. (LaGuériniére).

M. de la Broue ne pouvôit définir plus exaâe* ment un cheval bien dreffé, qu’en difant^ que c’eft celui qui a la foupleffe, Tobéiffance & la jufteffe ; car fi un cheval n’a le corps entièrement libre & fouple, il ne peut obéir aux volontés de l’homme avec facilité & avec grâce, & la foupleffe produit néceffairemcnt la docilité, parce que le cheval alors n’a aucune peine à exécuter ce qu’on lui demande : ce font donc ces trois qualités effentielles qui font ce qu’on appelle, un chtval ajufié. La première de ces qualités ne s*acquiert que par le trot. C*eft le fentiment général de toutslet favants écuvers, tant anciens que modernes, & ff parmi ces derniers, quelauês-uns ont vpulu, fans aucun fondement rejetter le trot, en cherchant daat uA petit pas raccourci, cette preitiière foupleffe & Nnij s

J84 T R O cette liberté^. Hs fe font trompés , car en ne peut les donner à un cheval , qu*en mettant dans un grand mouvement touts les refforcs de fa machine ; par cerafinement on endort la nature» & Tobèiffance devient molle , languiflante & tardive , qualités bien éloignée ; du vrai brillant qui fait Tornexpent d*un cheval bien drefle.

CeA par le trot , qui efi Tallure la plus naturelle, ^u*on rend un cheval léger à la main fans lui gâter a bouche , & qu*on lui <)égourdit les membres , fans les oâenfer ; parce que dans cette aâion, qui €i la plus relevée de toutes les allures naturelles , le corps du cheval cft également foutenu fur deux jambes , Tune devant oc Tautre derrière : ce qui donne aux deux ancres , qui font en IVir , la facilité de fe relever, de fe foutenir , de s^étendre en avant ^ & par conféquent un premier degré xle ioupleife dians toutes les parties du corps.

Le trot eftdonc fans contredit , la bafe de toutes les leçons pour parvenir à rendre un cheval adroit & obéifTanc : mais ^quoiqu’une chofe foit excellente dans fon principe , il ne faut pas en abufer , en trottant un cheval des années entières ^ comme on faifoit autrefois en Italie , & comme on fait en* core a61uellement dans quelques pays , où la cavalerie t(ï d’ailleurs en grande réputation.. La raifon en eA bien fimple , la perfeâion du trot provenant de la force des membres, cette force «cette vigueur naturelle, c|u*il faut abfolument conferver ; Sans un cheval , fe perd & s’éteint dan^ Taccable-Bient & la laffitude , qui font la fuite d’une leçon trop violente» &^trop longtemps continuée. Ce défordre arrive encore à ceux qui font trotter de jeunes chevaux dans des lieux raboteux & dans des terres labourées ’, ce qui efl la fource des vefligons, des courbes , des éparvins » & des autres maladies des jarrets, accidents qui arrivent à de très-braves chevaux , en leur foulant tes nerfs & les rendons , par l’imprudence de ceux qui fe piauent de dompter uii cheval en peu de temps ; c efi bien plutôt le ruiner que le dompter.

La longe attachée au caveçon fur le ne2 du cheval , & la chambrière , font les premiers 6c les feuls infiruments dont on doit fe fervir dans un terrein uni , pour apprendre à trotter aux jeunes chevaux , qui n’ont point encore été montés , ou à ceux qui Tont déjà été , & qui pèchent par igno- / rance , par malice , ou par roideur. Lorfqu’on fait trotter un jeune cheval à la longe , il ne faut point dans tes commencements lui mettre de bride , mais uiî bridon ; car un mors , quel- 2 ne doux qu*ï foit , lut offenferoit la bouche » ans les faux mouvements & les contre-temps que font ordinairement les jeunes chevaux , avant qu’ils aient acquis la première obéiflance qu’on leur deinande.

Je fuppofe donc qu^nn cheval foit en âge d*étre monté, & qu’on Tatt rendu aflez familier & aflez docile pour fbuffi-ir Tapproche de Thomnie, la felle fie l’embiRiclmre : il faudra alors lui mettre un ca-T R o

veçon fur le nez, le placer s^0ez<haut p^ur ne luipoint ôter la respiration en trottant, & la muferole du caveçon aflez ferrée pour ne point varier fur le nez. Il faut encore que le caveçon foie armé d’un cuir , afin de confervcr la peau du nez qui eA très-tendre dans les jeunes chevaux. Deux perfonnes à pied doivent conduire cette leçon : lune tiendra ijiloçge >& l’autre la cham* brière. Celui qui tient la longe, doit occuper le centre autour duquel on fait trotter le cheval ; & celui qui tient la chambrière , fuit le cheval par derrière & le chafTe en avant avec cet înArument 9 en lui donnant légèrement fur la croupe &.plus fouvent par terre ; car il faut bien ménager ce châtiment dans les commencements , à^ peur de rebuter un cheval qpi r^’y eA point accoutumé* Quand.il a obéi trois pu quatre tours à une maia, ou l’arrête , & on le flatte ; ce ^i fe fait en accourcifTant peu-à peu la longe , jufqu’à ce que le cheval foit arrivé au centre , où eA placé celui qui le conduit ; & alors celui qui tient la chambrière la cache derrière lui pour l’ôter de la vue du cheval» & vient le Aatter conjointement avec, celui qui tient lii’loage.

Après lui avoir laifle reprendre haleine , il faudra le faire trotter à l’autre main & obferver la ’même pratique. Comme il arrive fouvent qu’un cheval , foit par trop de gaieté, f<^t par la crainte de là chambrière, galope au lieu de trotter, ce qui ne vaut rien ^ il faudra tâcher de lui rompre le galop en fecouant légèrement le caveçon fur le nçz avec la longe , & en lui ôtant en même temps la crainte de la chambrière : mais û au contraire , il s’arrête de lui-même , & refufe d’aller au trot , il faut lui appliquer de la chambrière fur la croupe & fur les feAes , jufqu’à ce qu’il aille en avant , fans pourtant le battre trop ; car les grands coups fouvent réitérés défefpèrent un cheval, le rendent vicieux, ennemi de l’homme & de l’école, lut ôtent cette gentillefle, qui ne revient jamais, quand une fois elle eA perdue. Il ne fant pas non plus , pour la même raifon , faire de longues reprifes ; elles fatiguent & ennuient un cheval ; mais il faut le renvoyer à l’écurie avec la même gaieté qu’il en efl forti.

Quand le cheval commencera k trotter librement à chaque main , & qu on l’aura accoutumé i venir finir au centre , il faudra alors lui apprendre à changer de main : & pour cela , celui qui tient la longe , dans le temps ^ue le cheval trotte à une main , doit reculer deux eu trois pas en tirant à lui la tête du cheval,. en même temps celui qui tient la dtambrière, déit gagner l’épaule de dehors du cheval pour le faire tourner à 1 autre main en lui montrant la chambrière » & même l’en frappnt, s’il refufe d’obéir , enfuite le finir au centre, l’arrêter » le flatter & le renvoyer.

Afin que la leçon du trot à la longe foit plus profitable, il faudra avoir l’attention de tirer fa tête du cheval en dedans avec la looge , & de lui élargir en T R O mèine temps la croupe avec la chambrière » cVft’àdire , la jetter dehors , en lui faifant faire un cercle plus grand que celui des épaules , ce qui donne la facilité à celui qui tient la longe , d’attirer Tèpaule de dehors du cheval en dedans , dont le mouvement circulaire qu’elle eft obligée de faire dans cette pofture, afiouplit un chevaL

Après avoir accoutumé le cheval à Tobéiflance de cette première leçog , ce qu’il exécutera en peu de jours, fi on s’y prend de la manière que nous venons de l’expliquer ; il faudra enfuite le monter » en prenant toutes les précautions néceflaires pour le rendre doux au montoir. Le cav^fier étant en Telle , tâchera de donner au cheval les premiers principes de la connoiâance de la main & des jambes ; ce qui fe fait de cette manière. Il tiendra les rênes du bridon féparées dans les deux mains , & quand il voudra faire marcher fon cheval » il baiiiera les deux mains & en même temps , il approchera doucement près du ventre les deux eras de jambes, fans avoir d’éperons» (car il n’en faut pcMnt dans ces commencements ). Si le cheval ne répond point à ces premières aides , ce qui ne manquera pas d’arriver , ne les connoifTant point , il faudra alors lui faire .peur de la chambrière, pour laquelle il eft accoutumé de fuir ; enforte qu’elle fervira de châtiment , lorfque le cheval ne voudra pas aller en avant pour les jambes du cavalier ; mais il ne faudra s’en fervir que dans le temps que le cheval refufera d’obéir aux mouvements des )arrets & des eras de jambes.

De même , Torqu’on veut apprendre au cheval à tourner pour la main , il faut, dans le temps que le cavalier tire la rêne de dedans du bridon , & que le cheval refufe de tourner , que celui qui tient la longe , tire la tète , & Toblige de tourner ; enforte qu’elle ferve de moyen pour Taocoutumer à tourner pour la main , comme la chambrière à fuir pour • les jambes , jufqu’à ce qu’enfin le cheval foit accoutumé à fuivre la main , & à fuir les jambes du cavalier ; ce qui fe fera en peu de temps , û on em* ploie les premières aides avec le jugement & la dif«. crétion qu’il faut avoir en commençant les jeunes chevaux : car le manque de précautioti dans ces commencements , eft la fource de la plupart des vices & des défordres , dans lefquels tombent les .chevaux par b fuite.

Lorfque le cheval commencera à obéir facilement , oc fe déterminera fans héfiter , foit à tourner pour la main , foit à aller en avant pour les jambes , & à changer de main , comme nous venons de l’enfeigner ’, il faudra alors examiner de quelle nature il eft , pour proportionner fon trot à la difpofition & à fon courage.

)1 y a en général deux fortes de natures de chevaux. Les uns retiennent leurs forces , & font ordinairement légers à la main : les autres s’abandonnent , & font pour la plupart pefants , ou tirent à la main.

Quant à ceux qui fe retiennent natmrellement » T R o î8$

SI faut les mener dans un trot étendu & hardi , pour leur dénouer les épaules & les hanches. A Tégard des autres , qui font naturellement pefants , ou qui tirent à la main en tendant le nez, il faut que leur trot foit plus relevé & plus raccourci , afin de les préparer â fe tenir enfemble. Mais les uns & lesautres doivent être entretenus dans un trot égal 8c ferme , fans trsuner les hanches , il faut que la le^. çon foit foutenue avec la même vigueur du commencement jufqu’à la fin , fans pourtant que la reprife foit trop longue.

Ces premières leçons de trot ne dcnvent avoir pour but , ni de faire la bouche , ni d’afTurer la tête du cheval : il faut attendre qu’il foit dégourdi , & qu’il ait acquis la facilité de tourner aifément aux deux mains ; par ce moyen on lui confervera la fenfibilité de la bouche , & c’eft pour cela que le bridon eft excellent dans ces commencements , parce qu’il appuie très-peu fur les barres , & point du tout fur la barbe, qui eft une partie très-délicate » & oii réfide, comme le dit fort bien M. le Duc de Newcafile , le vrai fentiment de la bouche du cheval.

Lorfqu’il commencera à obéir à la main & aux jambes , fans le fecours de la longe y ni de la cham* brière ; il faudra alors , & pas plutôt , le mener en liberté , c’eft-à-dire fans longe , & au pas fur une ligne droite , en le fortant du cercle , pour l’aligner, c’eft-à-dire» lui apprendre à marcher droit, &à connoitre le terrein. Sitôt qu’il ira bien au pas fur les quatre lignes & dans les quatre coins du quarré , fur lequel on l’aura mené, il faudra enfuite fur ces quatre mêmes lignes , le mener au trot , toujours les rênes du bridon féparées dans les deux mains ; enforte que de quatre petites repriprifes , qui font fuffifantes chaque jour , & chaque fois qu’on monte un cheval , il faut en faire deux au pas , & les deux autres au trot alternativement » en finifiant par le trot, parce qu’il n’y a que cette allure qui donne la première foupleftb. Si le cheval continue d*obéir facilement au pas & au trot avec le bridon , il faudra commencer à lui mettre une bride avec un mors à fimple canon & une branche droite, qui eft la première cmbou* chure qu’on donne aux jeunes chevaux , comme nous l’avons expliqué dans la première partie* . Ds L’Instruction du chival. (Dupaty ). La fouplefte du cheval e(^ttne faite de (on obéiffance ’, & cette obéiffance dépend beaucoup des bons on des mauvais traitements qu’il a éprouvés dans fa jeunefie & dans le temps où les hommes commencent à l’approcher. On ne fauroit alors agir avec trop de douceur pour Taccoutumer à fe laiifer toucher oc manier de toutes façons , & pour l’empêcher de s’effrayer de ce qui l’environne» Comme on a beaucoup écrit fur les préparatifs qui conduifent le cheval à fe familiarifer avec l’homme , je n’en parlerai point icij je fuppoferai qu’oa a à faire a85 T R O à un cheval doux , d une bonne nature » & difpafi à recevoir les înAruâions de Tart. Quoique l’équilibre du cbeval foie la première des leçons dont il aie befoin , cependant on ne peut parvenir à former cet équilibre « qu’après des opérations préliminaires ^ parce que cet équilibre , qui confifie , comme on Ta déjavu» dans la juAe répanition de la mafle du devant du cheval fur les refTons des jarrets aue cette mafle doit comprimer, cft fubordonné à la fouplefle que fes reins acquièrent par rage à la force de fes raufcles ang^ liUntée par Texercice, & à (a bonne volonté qu’on excite par la douceur & par des leçons peu fatiguantes & qui Te fuccèdent dans Tordre b plus naturel.

Le cheval en liberté, & à tmitâge, prend de lui-même , il eA vrai , Téquilibre qui lui convient ; fie cela ne lui occafionne aucune peine. Mais il ne làuroit en être de même lorfqu’il porte l’homme » doi^t le poids augmente la charge fur fes ^arrêts : pour qu’il puifle parvenir à cet équilibre, il faut’ que les mufcies acquièrent plus de force & d’adrefTe.

On eA zffcz dans Tufage de commencer dans Tenceince de quatre murs les poulains qu*on projette de former pour Técole. Cependant ;e crois qu’il feroit plus avantageux de leur donner dehors les premières inArùâions. On doit demander d’abord au jeune cheval qu’il fupporte patiemment les harnois de toute efpéce , & le poids de l’homme : parvenu là , qu’il marche en avant fans fe défendre ^ fans trop de gaieté. Je donnerai les moyens convenables pour rengager à aller en avant Le premier inArument eA le bridon , dont il eft bon de fc fervir tr^s longtemps pour le jeune cheval. Comme fon effet eA doux , il n’occàfionne point de vives douleurs à l’animal, & ne le contraint pas trop, ce qui eA bien eâeatiel : car dans les coipmencements , le cheval dépourvu d’adreffe ^ d’intelligence , emploie beaucoup plus de force qu’il ne faudroit } & fi on lui oppofe de grandes réfiAances, il agit avec le nlus de ; vigueur qu’il peut, il s’exténue, fe roidit oc fe défend. Néanmoins comme il eft à propos de le conte* pir, enfoite qu’il commence de bonne henre à fe placer ^ à fe contraindre , on fe fert de la maningale. Son effet eA celui d’un caveflbn tr^s-doux , qui enapéche le cheval de porter la tète trop au vent On la tient ai(ée«dans les commencements ^ afin de ne pas forcer les mufcies du cou ni les ligaments. A mefure aue le cheval prend de l’adme , on la raccourcit, oc on lui baiAê ainfi le nez peu-il peu , au point qu^on le defire* Il ne’faut pas que la maningale foit trop courte , car la tête feroit obligée de baifler»& le cou ne pourroit s’enlever fc fe placer.

L’adreflb du cheval eft une qualité quMI a reçue de la nature, ou qu’il acquiert parla louplefle ; & h fouptçflè eft remploi des forces mufcuUires re^ i T R O

lativement anx mouvements qulls doivent exécnter , joint à la liberté des articulatient : car un jeune cheval fe roidit dans les commencements, parce que k$ mufcies aeiflent avec trop de force ; & cet emploi de force eA néceftté en lui pour prévenir les clintes qui pourraient être occafîonnées par le défaut d^équiiibre , l’ufage n’ayam point encore donné à fes articulations toute l’étendue de mouvement que la nature leur a accordée félon leur conformation»

J>M trot À la longe.

Le dieval, équipé convenablement , je crois qu’il faudroit d’abord le trotter à la lonee pour abattre une partie de fa gaieté & pour c dégourdir. Mais cette leçon, que tout le monde fe mêle de donner & croit bien connoître , n’eft pas fi facile à eitécutor qu’on fe rimagioe.

Api es avoir |nis lecaVeA>n comme il convient, on ajufie les rênes dU bridon , enforte qu’elle» foient aA’urées des deux côtés , mais fans énre trop tendues. La rêne de dehors fera un peu plus fentte que celle de dedans , a4in de comrebalancer l’effi» de la longe , & d empêcher le cheval de porter trop le cou dans la volte , comme cela arrive fouvent » Lorfquele cheval fe place de lui-même , on peut tenir les rênes fort égales, enforte qu’il foit droit, & que la longe feule lui donne le pli : il me femble que cette manière eft préférable ; le cheval eft mieux aligné.

Le cheval auquel on a donné un peu de liberté, pmnd de la gaieté , ûute , galope , & veut fornr de la volte ; c’eft ce qu’il faut éviter^ non par de giands coups de caveflbn , & moins encore en tirant la longe , car plus on la tireroit , plus le cheval réfifteroit & tendroit à s’échapper. Voici comme on s’y prendra.

Commencez par faire cotmoitre le terrein à l’ani- • mal , en le promenant à la main fur le cercle qu’il doit parcourir en libené. Pour cet dÉet, prenez la longe à un pied environ de fon attache au caveffon , & étendez le bras , éloignez^vous de la lon-Eeur du cheval que vous conduirez , marchez à la Hteur do fon épaule, enfone ou’il aille un peu avant vous ; faites lui faire ainfi le tour du cercle ; peu-à-peu allongez la corde ; enfin vous arriverez au bout , & alors votre cheval pourra trotter fur le^ cercle fi vous le vouIqe.

Si le cheval va à droite , ou s’il eft ï droite , c’eft votre main gauche qui tiendra la longe , afin que Tos yeux ment tournés du même côté que ceux du cheval : par^là votre regard ne l’effraiera point , & vous ne vous trouvereiï point devant lui. Si le cheval veut fortir de fon terrein , iiecouez légèrement la longe ; le coup de caveflbn an*il recevra lui caufena qiielque douleur ; Çl dès qu il aura compris que ces coups augmentent lorfqu’il s’enfuit , il ceflera de réfiAer & il fuivra fa pifle* Si le cheval veut galoper , laîflez-le faire ; lafl% du galop , il prcm&a te trot de lui-même. S’il s’arrête , ou s’il T R O Tent retourner , aidezle avec la chambrlfctc , & «ilerminez-le en avant en le frappant fur la croupe. Si on defire arrêter k cheval & le fatre changer de main , on raecourcit Infenfiblemeiu la longe , & le cheval fe rapproche de l’homme^ Là on le carcffe , on le laiûe reprendre. Oo le met enfuitc k Fautrc ntain , & on travaille comme je viens de ^ire. A mefure ,que le cheval s’aflbnplit & prend de la iorce , tenez les rênes du bridon plus courtes ,’d fe placera alors & fe fowicndra bien miei^x. Lorfque je m’apperçois que Fanimal commence à fe bien décider dans fon trot» je lui fais faire tout prés de mroi quelques tours au pas , ayam attention à ce qu’il range un peu les hanches, tnfuite teifant la longe d une ma :n , je la lecoue un peu » & en même temps je le touche légèrement de la gaule au défaut de l épaule » atlii quM aille de c6té en chevalant. Dès qu’il a compris ce que je demande, il le fait. Je tiens la main légère > & je h fuis. De cette manière il va fur une ligne oblique, en paffant la jambe de dedans fur celle de dehors. LorfquM a fait cinq ou iîx pas , je m’arrête & l’appelle de la langue : Tanimal fe pone en avant, & je recommence fl je le juge à propos.

Quand il exécute bien cette leç^n , je lui g2gne, des temps de* côté en le menant fur le cercle par les mêmes procédas , avec cetre difiérence que |e range uq peu les^ hanches , & que je le maintiens plus en avant. Enrn je le ramène à moi, & je me fais iu’.vre par le cheval , afin quHl s’accoutume à f homme. Enfin je 6ms parle faire reculer, en fecouant le caveçon , Si en baiflant la corde de manière au’il )a fente entre les deux narines. Puis je )e tire à moi 8c le conduis en avant. Ainfi finit ma kcoQ de longe.

Par cette leçon donnée avec une grande douceur , on parvient aifément à procurer aux jeunes chevaux une première fou plene , &on les difpofe ainfi plutôt & plus faciiement à obéir en liberté. Je ne fuis pas d*a vis de faire monter les jeunes chevaux k la longe ; il leur en coûte beaucoup lorfqu’ils font fous 1 homme. Quelle fatigue ne doivent-ils pas éprouves , fi on les oblige de fe captiver à fon poids Si à fes opérations ? Pourquoi d- ailleurs commencer par ce qu’il y a de plus pénible ?

Du TROT ( ThIROUX ).

Le premier axiome de rérfuttatian , celui qui fert de bafe à la foule des autres vérités dont elle brille , pr^^fente la main & les jambes du cavalier comme les feuls agcRS de la correipondance établie entre Ihomme 6c le cheval. Dans la précédente eçon , qui fixe les fondions particulières à chacune do ces puiâances » on croit avoir fuffifamntent prouvé que Tut Jité des jambes ( abftraâion faite dufecoursque le cavalier tire de leur enveloppe ) fe borne uniquement à porter le cheval en avant , au moyen de l’aliment que leurs preffions motivées fur les diStrem^s combinaifons de T R o 187

h nwîti foornîffent au centre par l’apport réitéré de la colonne de derrière , tandis que la main , en difpofant la colonne de devant, dirige lesdiverfes évolutions qu’il exéaite. Cette phrafe a pu choquer touts ceux qui prétendent que les jambes du cavalier doivent agir féparément fur l’arrière-main du chevaU Mats pour peu qu’ils veuillent m’entendrc, j’efpere letir démontrer que nos principes fo«t très-analo^iies. En effet , lorfqu’un écuyer dit à fon élève, après avoir approché vos dfeux jambes également, faites dominer celle qui doit pouffer /e^ hanches de votre cheval , que vous recevrez enfuiie dans la jambe que vous avez mollie ; n*eA-ce pas exaâement articuler le précepte que je donne dans la première leçon à Tarticte du tourner , oit je dispolitivemeot > porter la main , foi* arrondie » loit cambrée, & lalfiette dir milieu du corps du côté ou vous defiree tourner votre cheval , puifque l aiiictte forcée , par fuppofition , à droite nèceffitff la jambe droite du cavalier plus étendue fur le corps du cheval , coniéquemment plus fentie que la jambe gauche , qui ne reçoit la croupe à fôn tour «qu’après que la fin de révolution du tourner a remis lé cheval droit d’épaules & de hanches ? Au fur^ plus on a vu ces évolutions au nombre de fcpt , émaner d’un pareil nombre de temps de main ; quiiont^la mam placée, pour tenir le cheval dans linafljoni la main retenue , qui produit le raffembler y la nviin rendue , afin de laiffer former le premier pas ; la raam reprife , d oîi naît Ijs demi^ arrer ; la main arrondie , qui porte le cheval k droite ; la main cambrée , qni le porte à gauche ; I» main rapprochée du corps , afin de l’arrêter ; enfiw le reculer qui fuit la main remontée le long du» corps. L’expofiiion & le développement de ces» principes tout naître le defir de quitter les ondulations aouces Hc uniformes de la première allure du cheval , ^jour chercher , dans une démarche plus agïtîc , les fréquentes occafions d’exercer la tenue, & conféquem ment les moyens d’aflferrr.ir de plus en plus la folidité de railîette. Or , des trois procédas dont le cheval fe fert pour fe mouvoir ^ il fcmble ;<ju>'il nejouiiTe de Tîntcrmédiaire , connu fous la denominarton du rror, qu’afin de coopérer à l’exécwion d un projet auflî fagemenr conçu. En ’ effet, la grande habitude de cette alîure , plus accélérée 6c plus vibrée que celle du pas , familisrife avec les ditférents mouvements du cheval à tel point qu^ , loin de redouter la fucceffion rapide de ceux qui lui font ordinaires, la rudefle des feconf-’ fv’S , même les moins attendues , ne canfent plus^ aucun dérangement , ni dans la puifiance des jam-^ bes qui continuent d’agir , tantôt par preffion , tantôt par enveloppe , ni dans l’affiette du cavalier qu’une tenue fouvent éprouvée rend maître de calculer les temps de fa main , fans quVtle en re^ çoive la moindre altération. On ne regarde pas. comme indifférent de rappeller encore que , par le mot tenue , on entend toujours parier de cette multitude dé tangentes quUortent de l’étendue de«^ cuisses & des jambes égales, & dont on forme une enveloppe que le cavalier adapte au-deflbus du diamètre de la circonférence du cheval qu il veut embrafTer. A Tégard de Taffiette, on fait y à n’en pouvoir douter, qu’elle n*exifle qu’autant que le haut des deux cuifles & le croupion pofent abfolument fur la felle. Malgré les avantages émanés de la tenue, puifqne fans elle on ne peut entretenir la juAefle de TaiGette, cependant lorfque Tenveloppe captive feule l’attention du cavalier, elle occafionne dans le bas du corps une roideur iné* vitable » qui prive bientôt le milieu du corps de fon point d’appui d’équerre, & nuit indifpenfablement à Taplomb du haut du corps. Âinfi quiconque facrifie l’af&ette à la tenue doit renoncer aux fioef* fes de Tart, en perdant i*e(poir d’acquérir les qualités inefiimables qui conitituent la bonté de la jnain ; qualités précieufes à cheval » dépendantes, à la vérité, de l>ccord parfait entre les proportions du haut, du milieu & du bas du corps, mais dont’ le cavalier ne s’afTure la pofleiTion que par l’exercice ralfonné des pofuions qu’il vient de prendre. Après avoir démontré combien il eft eilentlel de fçavoir allier l’affiette avec la tenue, on a rendu compte des raifons qui font donner la préférence au trot, lorfqu’on a l’ambition de parvenir au dernier degré de fermeté ; aâuellement nous allons pafTer kh définition de cette allure. Ci que cfl que le trot.

Dans la première leçon où on décrit les procédés naturels au cheval pour marcher, il eft dit qu’il ne réuflît à former un pas en avant que par la combinaifon tranfverfale de fes quatre jambes, enlevées & rapportées les unes après les autres ; enforte qu*à l’alhire tardive du pas, le cheval pèfe alternativement fur trois jambes, une de devant & deux de derrière, ou une de derrière & deux de devant. Mais lallure plus diligentée du (rot exige que le cheval qui veut la prendre, s’appuie feulement fur deux jambes tranfvcrfalçs, afin de pouvoir détacher de terre les deux autres enfemble :. de façon que pour trotter, le cheval enlève en même tqmps une jambe de devant & la jambe de derrière oppofée 9 qui font à peine remifes ai terre qu’il leur fait fuccèder, aufli du même temps, les deux aurres obliques, & toujours ainfi. On conçoit aifément que fans le repos du corps fur les deux ïambes eppofées qui reftent à (erre, il ferojt impoflible au cheval de lancer en l’air les deux jambçs tranfverfales qui lui font emb/aâer le terrein relatif à la viceiTç dç fon trot.

Commeai on met un cheval au trot.

Ceft affçz de jetter les yeux fur la pofition différemment prjfe par un cheval au pas que par un cheval au trot, pour appcrccvoir que nonobft^nt la combinaifon uniforme qu’il obferve à ces deux allures dans le jeu tranfverlal de fes quatre jambes, cependant la dernière fa^on d^ i^ mouyoir l’oblige T R O

à s’enlever un peu plus que la première. En effet. le cheval qui marche n’eft aftreint à lever fes jam* hes tranfverfalement que les unes après les autres > au lieu que le cheval qui trotte, détache, dans le même ordre, toujours deux jambes à-la-fois. Une différence aulfi marquée n’indique*t-elle pas que pour déterminer un cheval à fe lancer au trot, il faut néceffairement employer une méthode didinâe de celle qui l’engage à s’ébranler au pas ? En conféquence, d’après la.préparation du raffembler, préparation qui doit être commune à toutes les aU lures du cheval, on rend la main. Alors le relâchement des rênes produit l’effet qu’il a coutume de rapporter, fur-tout lorfqu’on a foin de le faire accompagner par la preffîon des jambes égales, & le cheval, qui étend fa colonne de devant avec l’intention de marcher, fe difpofe à mouvoir ^ ou la jambe i ou la jambe 2. Voilà i’inflant à faifir pour marquer un demi-arrêt, non-feulement afin de reftituer à la colonne de devant le degré d’élailicité qu’elle perd en s’étendant, mais encore afin que la puiffance des jambes, doublement imprimée fur la colonne de derrière, pouffe le reffort de cette partie jufqu’à fon dernier période. Lorfque le demiarrét a réuni, pour la féconde fois, le cheval au centré, le cavalier rend définitivement la main, fans rien diminuer de la preffion de fes jambes égales. Auffitôt le cheval, dont les deux colonnes font refferrées plus que de coutume, profite de la liberté qui lui eft offerte une féconde fois dans fon avant-main, & fe hâte de lever une de fes jambes de devant. Mais comme l’apport forcé de la colonne de derrière ne lui permet pas d’attendre que cette jambe en l’air foit remife a terre avant que d’en détacher une de celles de derrière, cherchant d’ailleurs à s’affranchir le plutôt qu’il lui eft poffible de la contrainte que le demi-arrêt lui fait éprouver, le cheval élève enfemble une jambe de devant & celle de derrière oppofée. Après avoir rapporté en même temps à terre les deux jâinbes tranfverfales qui s’cii font détachées à-la-fois, il renouvelle la même opération avec les deux autres, & par ce jeu fucceffif de deux jambes toujours obliques, il entretient l’allure du trot.

Si rélève eft curieui( de connoitre le point qui fépare la méthode du trot d’avec celle du pas, il faut l’aider à les comparer. Pour mettre un cheval au pas, on commence par le raffembler, enfuite on rend la main & on rapproche les jambes. Lorfqu’on a raffemblé le cheval qu’on deftine au trot, on rend dç même la main, mais on la reprend furlechamp en doublant l’approche dçs jambes, & on finit par redefcendre la main. Ainfi le demi-arrêt, ajouté à la première defcente de main, eflface le produit du pas qu’il remplace par le réfultat du trot. Au moyen de ce qu’à cette dernière leçon il ne faut rien innover à la fuite des temps de main précédemment adaptés, foit au raffembler, foit au demi-arrêt, foit au tourner, foit à l’arrêt total, foit a)} reculer | le cavalier eft àmèmc de urer Iç meiK

leur
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leur parti des nouvelles sensations qu’il essaie, puisque rien ne le distrait du soin important de veiller au fini de sa position.

Défaut à éviter dans le trot.

Plus on exige de vitefle de la part du cheval » & t^lus il faut fe rappeller que le poids de rhomme ui eft abfolumeot étranger. Convaincu de c^tte Téricé » le cavalier doit fentir qu’il ne fuifit pas de fe conformer aux loix de la naturepour embarquer avec préctfion un cheval à ks différentes allures, mais qu*il devient indifpenfable de l’aider à les entretenir avec la même jufieÀ^e, en tâchant de réparer à propos les forces dont il auroit abufé. Par exemple, pendant que le trot fobfifle 9 fi on omet de remonter de temps en temps le reflbrt de la colonne dé devant » riné^alité dans la progreffion des deux jambes tranfverfales enlevées à-la-fois, qui xéûilte évidemment de ce manque d’attention, i)eut avoir des fuîtes trés-danj^ereufes. En effet, orfqne la main abandonne le bipède de devant «  tandis que la prcffion des jambes égales chaiTe toujours vivement le bipède de derrière, rarrièreanam du cheval fait fupponer à 1 avant-main la totalité du volume qui devroit leur eue commun ; -difpofitioa vicieuie qu’on défigne par la périphrafe être fur les épaules. Alors la charge combinée de l’homme & du cheval, inconfidérément portée fur l’avant-main, alourdit vifiblement la jambe de deirant . dont le ]u raccourci, en raifon de fon peu d’élévation » ne quadre plus avec l’élan de la jambe , ^e derrière. Or, cette dernière jambe trop allégée » f uoique diligentée fuivant les régies du trot, vient heurter la Jambe de devant appe/âatie, à rinftaat oii les efforts du cheval réuiEnent enfin ï Farracher déferre. C’eflce bruit défagréaUe, occafionné par la pincé du pied de derrière » qui frapjpe fur le talon du pied de devant, qu’on nomxnp torger. Comme on n’cft pas toujours affez heureux pour que Taâion du forcer incommode feulement l’oreille, puifqu’un cheval trottant furies ipaules efi toujours au moment de s’abattre, foit farce que le bipède de devant furcbargé n’a plus aifance de franchir les inégalités qu’il rencontre, foit parce que les atteintes répétées^ du bipède de derrière deviennent par trop douloureufes » il faijt cpfeigner le moyen d’éviter un défaut auffi préjudiciable. On dit le moyen, car dans Timmenfe combinaifon des temps de main fimples & compo<fés qui fervent à l’équitation y le feul deml-arrèt I^eut s’oppofer aux défordres émanés du trot fur es épaules. Ainfi, chaque fois que le cliquetis menaçant des pieds du cheval avertie le cavalier du danger éminent « l’il court, ce dernier doit chercher à faire oublier fa négligence en marquant promptement un demî-arrét, afin que le cheval recouvre • avec rélafiicité de l’avant-main, la faculté de lancer (ts jambes de devant en raifon proporftonnelle i ia vélocité de celles de derrière. Exultation, Efcrïme £* Dunft.

V.

VAIN. Cheval vain, c’eft celui quî eft foible par trop de chaleur, ou pour avoir pris quelques remèdes, ou pour avoir été mis à l’herbe, en forte qu’il ne peut guère travailler.

VAISSELLE. Prix qu*on donne en Angleterre pour de certaines courtes de chevaux.

VENT se dit d’un cheval qui commence i être pouffif. Ce cheval a du vent. On dit aufll qu’il porte le nez au vent, ou qu’il porte au vent, quand il ne porte pas en beau lieu, quand il tient la tète haute comme font (es chevaux croates ou cravates, & la plupart des chevaux anglois. La différence entre porter au vent & battre àMa main, confiée en ce que le cheval quî bat à la main, fecoue la tète & nHifte à la bride ; 6e celui qui porte au vent, lève h tété fans la fecouer, & quelquefois il bat à la main. Le contraire de porter au veiit eâ de s-armer & de porter bas ; & ces deux défauts diffèrent encore entre eux. La martingale ramène quelquefois un cheval qui porte au vent.

UNIR fe dit d’un cheval quand on le fait ga^ loper fi jufte> que fon train de devant ne fafie qu’une même aâion avec celui de derrière, fans Îue le cheval change de pied, ou galope à faux. )e’cheval s’unit. Unir un cheval. Cheval qui marche uniment.

VOLTE. C’efi un rond ou une piffe circulaire fur laquelle on manie un cheval. Il y a de ; voltes de deux pifies ; & cTefl quand un cheval, en maniant » marque un cercle plus grand des pieds de devant, & un autre plus petit ne ceux de derrière* D’autres font d’une piAe ; & c eft quand un cheval-manie à courbettes & à cabrioles, enforie que les hanches fuivent les épaules, ^ ne font qu’un rond ou un ovale de côté ou de biais, autour d ua pilier ou d’un centre réel ou imaginaire.

VOLTE RENVERSÉE. Ceft celle où le cheval maniant de côté, a la tète tournée vers le centre ^ & la croupe vers la circonférence, e^iforte que le peut cercle fe forme par les pieds de devant, & le I ; rand par ceux de derrière. La fituation des épau* es & oe la croupe au re(péâ du centre direâement oppofée à leur fituation dans la vplte ordinaire, lui a fait donner le nom de volte renverfée. Les voltes renveriees faites avec méthode & pratiquée avec jugement, appaifent les chevaux inquiets. On dit faire les fix voltes, n^anier un cheval fiir les quatre coins de la volte, le mettre fur les voltes » & coucher fur les vohes, embrafler toute la volte, pafléger fur les voltes, ferrer la volte, en parlant de divers exercices qu’on fait au manège. Les fix voltes fe font terre à-terre, deux à droite, deux à [ ; auche, deux antres à droite, & toutes d’une haeine » obfervant le terrein de même cadence, maniant tride 8c avec preffe, le devant en l’aîV, le cul ï terre, la tète & la queue fermes. Pour faire les Oo six voltes, il faut un cheval bien dressé, très-obéissant & très-vigoureux. Manier un cheval sur les quatre coins de la volte, c’est le conduire avec tant de justesse, qu’à chaque coin, à chaque angle de la volte, il fasse une volte étroite, qui n’occupe que le quart de la grande volte, la tête & la queue gaiement fermes, sans perdre un seul temps & tout d’une reprise. Mettre un cheval sur les voltes ; le faire manier, travailler sur les voltes & aux airs, suppose un cheval dressé. Embrasser toute la volte, c’est faire ensorte que les épaules du cheval maniant sur les voltes, aillent avec les hanches, qu’il prenne bien tout le terrein, qu’il fasse à chaque temps un grand chemin avec ses jambes de devant, en un mot qu’il ne batte pas la poudre. Le cheval se couche sur les voltes, lorsqu’il a le cou pliè en dehors, & qu’il porte la tête & la croupe hors la volte ; si en maniant à main droite, il a le corps plié & courbé comme s’il alloit à gauche, on dit qu’il est alors couché sur les voltes. Passéger ou promener un cheval sur les voltes, c’est le mener sur deux pistes, & le faire marcher de côté, ensorte que la croupe & la tête tracent un chemin parallèle. On passège un cheval de sa longueur sur les voltes, lorsqu’on le fait marcher de côté, alentour d’un centre, ensorte qu’il regarde dans la volte, & que la moitié de ses épaules marche avant la croupe. On passège un cheval sur les voltes au pas & au trot, le mouvement dans les deux cas est le même, la différence ne consiste que dans le différent degré de lenteur ou de vitesse. On dit élargir un cheval, lorsque maniant sur les voltes, & après qu’il les a trop serrées, on lui fait regagner le terrein qu’il a perdu. Volte se dit aussi des manèges qu’on fait sur le cheval de bois pour apprendre à monter à cheval & à en descendre légèrement. La demi-volte est un demi-rond que le cheval fait d’une ou de deux pistes, au bout duquel il change de main & revient sur la même ligne. Serrer la demi-volte, terminer ou fermer une passade par une demi volte dans l’ordre, bien serrée, bien arrondie, c’est lorsque le cheval la finit précisément sur la même ligne où il l’avoit commencée, & se trouve en état de repartir justement au dernier temps de la demi-volte qu’il vient de faire. Les demi-voltes de la longueur du cheval sont des demi-ronds de deux pistes que le cheval fait en maniant ou en travaillant de côté, les hanches basses & la tête haute, tournant fort étroit, ensorte


qu’ayant fait un demi-rond, il change de main pour en faire un autre suivi d’un autre changement de main & d’un autre demi rond qui se croise avec le premier en figure d’un 8 de chiffre. Cette demi-volte de la longueur du cheval est un manège très-difficile. La demi-volte ou passade à cinq temps est un demi-tour qui se fait au bout d’une ligne droite, une hanche en dedans, en cinq temps de galop sur les hanches, & au cinquième temps le cheval doit avoir fermé la demi-volte pour être à repartir. Dans les passades furieuses la demi-volte se fait en trois temps ; dans la passade en pirouette, le cheval fait la demi-volte d’un seul temps des épaules & des hanches ; mais lorsque les demi-voltes se font à courbettes, on les appelle passades relevées. On dit aussi en parlant des voltes ou des demi-voltes, cheval qui s’accule en maniant sur les voltes, cheval qui s’accule en faisant des demi-voltes, ce qui arrive quand les épaules n’embrassant pas assez de terrein, la croupe s’approche trop près du centre de la volte. Quand en maniant sur les voltes, la croupe du cheval va avant les épaules, on dit qu’il s’entable ; & on appelle faire une pointe, lorsqu’en maniant sur les mêmes voltes, il ne fuit pas exactement le rond. En travaillant sur les voltes, on ne doit jamais changer de main, si ce n’est en portant le cheval en avant & en l’arrondissant. Une demi-volte la croupe en dedans & fermée en cinq temps, s’appelle répolon. Il y a plusieurs autres expressions consacrées aux voltes, par exemple, sans que la croupe échappe, c’est-à-dire sans que la croupe sorte de la volte. Ce cheval se dévuide en montant sur les voltes, c’est-à-dire, que ses épaules vont trop vite, & que la croupe ne suit pas. Manier également bien sur les voltes & par le droit. Galoper sur les voltes. Tromper un cheval à la demi-volte un temps en avant avec la jambe de dedans, & reprendre à main gauche dans la même cadence qu’on avoit commencé, de sorte qu’on regagne en se trouvant à gauche, l’endroit où la demi volte avoit été commencée à droite.

VOLTIGER. Faire les exercices sur le cheval de bois pour apprendre à monter à cheval & à descendre légèrement, ou à faire divers tours fui montrent l’agilité & la dextérité d’un cavalier.

VOLTIGEUR. Maître qui enseigne à voltiger sur le cheval de bois. Le roi a des officiers voltigeurs dans la grande & dans la petite écurie » pour enseigner aux pages à voltiger.