Encyclopédie méthodique/Beaux-Arts/Décorer

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Panckoucke (1p. 180).
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DÉCORER. Ce terme embrasse de la manière la plus étendue, dans sa signification, tout ce qui appartient aux ornemens, aux embellissemens de toute espèce, qui peuvent se trouver dans les ouvrages des arts relatifs au dessin, tels que la peinture, la sculpture, l’architecture, &c.

On dit décorer une ville, un temple, un palais, un appartement, un vase, un livre, un meuble ; on dit même au figure décorer un homme. Je ne donnerai ici qu’une explication générale, & je me contenterai d’indiquer quelques principes applicables à un grand nombre d’objets.

Pour bien décorer, il faut avoir spécialement égard aux convenances qui embrassent, non-


seulement les relations les plus naturelles des choses entre-elles, mais leurs rapports particuculiers : il est nécessaire d’avoir encore égard, mais d’une manière subordonnée, aux conventions établies, qui embrassent à leur tour ce qu’on appelle les mœurs & les usages.

Plus la manière dont on décore s’accordera avec les convenances & les conventions, plus les choses seront ornées, décorées enfin conformément à la raison & au bon goût.

De ces principes, résulte le soin de se rapprocher toujours de la simplicité, & d’éviter la complication ou la recherche, c’est-à-dire, le manièré ; la simplicité est plus convenable en tout à la raison, parce qu’elle écarte ce qui est superflu, ainsi que ce qui pourroit nuire ou embarrasser dans l’usage qu’on doit faire des choses.

Ces principes n’excluent pas l’élégance ; car l’élégance elle-même exige qu’on n’ajoute pas aux objets qu’on décore ce qui leur seroit inutile, & les chargeroit mal-à-propos. Ces mêmes principes n’ont rien que de favorable aux Graces qu’on représente demi-nues, & qui, relativement aux objets inanimés, consistent dans un choix de ce qui est plus fin & plus délicat dans les formes & dans le trait.

Enfin la simplicité n’exclud pas la variété, car la nature est à la fois simple & variée. Pour indiquer que les conséquences de ces principes s’étendent à peu-près à tout ce qui est susceptible d’être décoré, je dirai à l’occasion du premier objet de l’énumération que j’ai faite en commençant cet article, que plus la décoration d’une ville concourt à la commodité de ses habitans, plus elle approche de la perfection qu’elle peut avoir ; que plus les titres & les marques de distinction, dont on décore un homme, sont accordés sans prodigalité avec une juste convenance au mérite simple, & sans ostentation, plus cet homme est véritablement bien décoré. (Article de M. Watelet).