Encyclopédie méthodique/Physique/ANNÉE

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ANNÉE. Nous conſidérerons ici l’année comme une période de temps meſurée par la révolution de quelque corps céleſte dans ſon orbite. Sous ce rapport, nous diſtinguerons des années solaire, lunaire, ſydérale, &c. &c. On trouvera ſucceſſivement dans cet article les principales. Nous obſerverons plutôt dans les articles ſuivans l’ordre méthodique que l’ordre alphabétique, à cauſe de l’enchaînement des idées.

L’année solaire eſt la durée de temps que le ſoleil paraît employer à parcourir dans l’écliptique les douze ſignes du zodiaque. On peut encore la définir, le temps qui s’écoule entre deux équinoxes du printemps ou d’automne, ou bien entre un ſolſtice & le ſolſtice ſuivant ſemblable. La véritable durée de l’année ſolaire eſt de 365 jours 5 heures 48 minutes 48 ſecondes, ſelon M. de la Lande, (l’abbé de la Caille comptoit 49 ſecondes) parce que c’eſt réellement le temps que le ſoleil, ou plutôt la terre, met à faire une révolution entière dans ſon orbite ; car on ſait que le ſoleil eſt immobile, & que c’eſt la terre qui tourne en effet ; de ſorte que ſi on ne conſultoit l’uſage, on devroit dire que l’année dont nous parlons n’eſt point ſolaire, mais terreſtre. (Voyez l’article Durée de l’année ſolaire.)

Le ſoleil étant l’aſtre le plus grand & le plus brillant, on dut d’abord le choiſir pour la meſure du temps, & on compta par les jours ou par ſa révolution diurne. Cette multiplicité trop grande de retours périodiques détermina enſuite à regarder la révolution entière de la lune dans ſon orbite comme une année. Mais le nombre des années étant encore trop grand dans cette manière de ſupputer, & conſéquemment trop incommode, on dût bientôt chercher à le diminuer. L’obſervation qu’on ne tarde pas de faire que, d’un hiver à l’autre, il y avoit douze révolutions de la lune, douze changemens de phaſe ; cette obſervation donna les moyens de former une nouvelle période de temps, c’eſt-à-dire l’année, compoſée de douze parties ou de douze mois, pendant leſquels le ſoleil parcourait tout le ciel.

Chacun de ces douze mois n’ayant été que de 30 jours, l’année ne fut que de 360 jours. Quelque temps après on ſentit la néceſſité d’ajouter cinq jours : auſſi l’année des Égyptiens fut elle enſuite de 365 jours. Mais un long intervalle de temps s’écoula avant qu’on eut penſé à y ajouter 6 heures ou un quart de jour environ, dont le défaut formoit une erreur. En effet, le ſoleil paroiſſant faire environ 365 révolutions diurnes & un quart, tandis qu’il ſemble parcourir ſon orbite entière, on ne pouvoit s’empêcher de compter dans l’année 365 jours & environ 6 heures.

Mais comme il étoit très-incommode de faire commencer une année 6 ou 12 ou 18 heures après la fin du jour, & qu’on s’apperçut que les équinoxes reculoient tous les quatre ans de près d’un jour, on laiſſa les 6 heures de chaque année, & on en forma, au bout de 4 ans un jour de plus. Les années ordinaires furent donc de 365 jours, & on compta à toutes les quatrièmes années 366 jours ; ces dernières années furent nommées Bissextiles.

C’eſt ſous l’empire & par les ordres de Jules-Céſar, que l’aſtronome Soſigènes fit la réforme dont nous venons de parler, dans la manière uſitée juſqu’alors de ſupputer les années. Mais ce moyen avoit encore beſoin lui-même d’une correction, car l’année solaire n’eſt réellement, comme nous l’avons dit, que de 365 jours 5 heures 48 minutes & 48 secondes. Auſſi, tous les cent ans, devoit-il y avoir une anticipation de près d’un jour. Elle fut telle que l’erreur des 11 minutes excédentes, chaque année, fut cauſe que vers l’an 1582, l’équinoxe du printemps, ſe trouva au 11 de mars, c’eſt-à-dire, dix jours plutôt que du temps du concile de Nicée, célébré dans l’année 325.

Le pape Grégoire XIII ayant réſolu de remédier à cet inconvénient, conſulta les plus habiles aſtronomes, & on convint qu’il falloit, quant au paſſé, retrancher du calendrier les dix jours excédens. C’eſt ce qu’on exécuta auſſitôt, en comptant dès l’année même 1582, le 5 octobre pour le 15 du même mois. Ainſi on ſupprima dix jours de ce mois, & par ce moyen bien ſimple, l’équinoxe du printemps revint au 21 mars.

Pour

Pour empêcher qu’à l’avenir le même inconvénient n’eût lieu, & que les 11 minutes qu’on comptoit de trop chaque année, ne produiſiſſent une ſemblable anticipation, au bout d’un égal intervalle de temps écoulé, on résolut de retrancher un jour sur 134 ans, & conſéquemment 3 jours ſur 400 ans ; car 134 fois 11 minutes ſont environ un jour, & 3 fois 134 font à-peu-près 400. Il fut donc ordonné que ſur 400 ans les dernières années des trois premiers ſiècles ne seroient pas biſſextiles & qu’il n’y auroit que la dernière du quatrième ſiècle qui le ſeroit. En conſéquence, l’année 1700 n’a point été biſſextile, 1800 ni 1900 ne le seront pas, mais l’année 2000 ſera biſſextile, de même que 2400, 2800, & ainſi de ſuite : d’après cette méthode, on retranche trois biſſextes ſur quatre ſiècles, ou en 36 ſiècles, 27 biſſextiles. On doit cependant convenir qu’à cauſe des fractions qui ont été négligées, il ſeroit plus exact de ſupprimer 28 biſſextiles en 36 ſiècles ; car on s’accorderoit mieux avec la vraie durée de l’année ſolaire qui eſt de 365 jours 5 heures 48 minutes 48 ſecondes ; mais la différence étant inſenſible, on peut n’y avoir aucun égard.

Année lunaire, eſt celle qui eſt réglée ſur le mouvement de la lune ; pluſieurs peuples ont compté la durée des temps par la ſucceſſion des années lunaires. Les grecs, les juifs, les arabes & pluſieurs autres peuples anciens ont ſupputé les tems par le cours de la lune ; quelques peuples modernes, tels que les habitans de Taïti, & d’autres inſulaires des mers du ſud, ne connoiſſent que les années lunaires.

Les années lunaires ſont compoſées de douze ou de treize mois lunaires ; conſéquemment tantôt de 354 jours, tantôt de 384 ; & lorſque le treizième mois ajouté, eſt ſeulement de 29 jours, l’année lunaire n’eſt que de 383 jours. Pour bien entendre ce qui a rapport à cet objet, il faut diſtinguer deux eſpèces de mois ou de révolutions lunaires, ſavoir le mois périodique & le mois ſynodique.

Le mois périodique eſt le temps que la lune emploie à faire ſa révolution autour de la terre, par rapport aux points équinoxiaux ; ſa durée eſt de 27 jours 7 heures 43 minutes 4 ſecondes.

Le mois ſynodique eſt le temps que la lune met à retourner vers le ſoleil à chaque conjonction : ce temps, qui eſt l’intervalle de deux nouvelles lunes, eſt de 29 jours 12 heures 44 minutes 3 secondes. Ce mois ſynodique, marqué par les phases de la lune, eſt le ſeul dont on ſe ſerve pour meſurer les années lunaires. Mais ce mois étant d’environ 29 jours & demi, on a suppoſé les mois lunaires civils, alternativement de 29 jours & de 30. Le mois ſynodique étant de deux eſpèces, aſtronomique & civil, on a été obligé de diſtinguer deux ſortes d’années lunaires, l’une aſtronomique, l’autre civile.

L’année aſtronomique lunaire, comprend douze mois ſynodiques lunaires, & conſéquemment 354 jours 8 heures 48 minutes 35 ſecondes.

L’année lunaire civile, ſe diviſe en commun, ou emboliſmique. La première eſt de douze mois lunaires civils qui ſont 354 jours. La ſeconde qu’on nomme encore intercalaire, eſt de 384 jours que forment 13 mois lunaires civils.

Les peuples qui règlent leur année civile ſur le mouvement de la lune, & qui compoſent en général leur année de douze mois lunaires, leſquels étant alternativement de 29 & de 30 jours, ne font en tout que 354 jours ; ces peuples ont donc leur année lunaire plus courte que l’année ſolaire commune, de 11 jours ; mais ces 11 jours font 33 jours en trois ans, & ces trois années ſolaires contiennent 37 lunaisons & quelques jours de plus.

Les 44 minutes dont une lunaiſon ſurpaſſe 29 jours & demi, font, après les 12 lunaiſons de l’année, 12 fois 44, c’eſt-à-dire, 528 minutes ou 8 heures 48 minutes ; & en 30 ans, 264 heures ou 11 jours : c’eſt la raiſon pour laquelle ceux qui, comme les turcs, emploient l’année lunaire, ajoutent 11 jours tous les 30 ans. Sur ce dernier nombre, il y a 19 années ſimples de 354 jours, & il y a onze années intercalaires ou emboliſmiques, qui ſont chacune de 365 jours. Ces années emboliſmiques, ſont la 2, 5, 7, 10, 13, 16, 18, 21, 24, 26 & 29.

Dans la méthode ordinaire de ſupputer l’année ſolaire, on voit que les mêmes parties de l’année répondent toujours aux mêmes ſaiſons, c’eſt-à-dire, que le commencement de l’année ſe trouve conſtamment dans le temps que le ſoleil eſt au même point de ſon orbite : il en eſt de même des temps des équinoxes & des ſolſtices, relativement à certaines portions de l’année. Mais l’année lunaire des turcs ne peut pas toujours commencer à la même ſaiſon, c’eſt-à-dire, à la même diſtance des ſolſtices & des équinoxes ; parce que l’année ſolaire étant de 365 jours, & l’année lunaire de 354 ; ſi elles ont commencé toutes les deux le même jour, l’année lunaire finira 11 jours plutôt que l’année ſolaire, c’eſt-à-dire, Le 20 décembre. La ſeconde année lunaire commencera donc le 21 du même mois, & finira au 10 décembre ſuivant, parce que cette ſeconde année eſt compoſée de 355 jours. La troiſième année commencera au 11, & ſe terminera au 29 novembre, & ainſi de ſuite, d’où il eſt évident que le commencement de l’année lunaire parcourra les différentes ſaiſons de l’année ſolaire, & reviendra enfin au commencement, en moins de 34 ans lunaires, qui conſéquemment ne font que 33 années solaires.

Année sydérale. C’eſt l’intervalle de temps que le ſoleil met à faire ſa révolution apparente autour de la terre, & à revenir à la même étoile ; dans la réalité, puiſque le ſoleil eſt immobile & que la terre tourne, l’année ſydérale eſt le temps que la terre emploie à revenir au même point du ciel. Ce nom d’année ſydérale vient de ſidus, étoile. La durée de l’année sydérale eſt de 365 jours 6 heures 9 minutes 11 ſecondes & demie, ſelon M. de la Lande ; elle n’eſt que de 365 jours 6 heures 9 minutes 10 ſecondes 30 tierces, ſuivant quelques-uns ; d’autres veulent que le nombre des ſecondes soit de 14. L’année ſolaire étant ſeulement ainſi qu’on l’a vu (voyez année ſolaire), de 365 jours 5 heures 48 minutes 48 ſecondes, il s’enſuit que l’année ſydérale eſt plus longue que l’année ſolaire, par rapport aux équinoxes. La raiſon de cette différence vient de ce que les points équinoxiaux, ou les deux ſections de l’écliptique avec l’équateur, rétrogradent de 50 ſecondes & 15 tierces par an, & que les longitudes des étoiles augmentent de la même quantité. Le ſoleil, après être parti d’un équinoxe, doit donc paraître rencontrer, l’année ſuivante, ce même équinoxe dans un point un peu en deçà de celui où il l’avoit quitté ; & la révolution de cet aſtre ne ſera pas achevée, lorſqu’il ſera revenu aux mêmes points des équinoxes. Si une étoile avoit correſpondu dans un même inſtant avec un point de l’équinoxe, le ſoleil, l’année ſuivante, le rencontrera donc plus tard & au-delà de ce point.

Années de Saturne, de Jupiter, &c. C’eſt le temps dans lequel jupiter, ſaturne, &c. font leurs révolutions, & reviennent enſuite au même point du zodiaque d’où ils étoient partis. On peut abſolument compter les années par les mouvemens de ſaturne & des autres planètes, auſſi bien que par celles de la lune, des étoiles, &c. Mais ces aſtres n’étant ni auſſi grands, ni auſſi brillans, ni auſſi connus que ceux qui ont ſervi à régler l’ordre des temps, il eſt inutile de s’arrêter ſur cet objet, & de terminer ici les années de ſaturne, de jupiter, &c. Voyez Saturne, Jupiter, &c. &c. S’il y a des habitans dans ces planètes, ils doivent compter la ſuite de leurs années, par la ſuite de leurs révolutions reſpectives autour du ſoleil, comme nous le faiſons par le mouvement de la terre ſur l’écliptique.

Année. (grande) La Grande Année eſt le temps pendant lequel les étoiles fixes font leur révolution. Selon les uns, elle eſt compoſée de 25 920 années ; ſelon d’autres, de 25 748 ans ; M. Delalande, d’après ſes calculs, penſe qu’elle eſt de 25 750 ans ordinaires. Les étoiles fixes ne font pas réellement cette grande révolution, mais elles paroiſſent la faire, & c’eſt d’après cette apparence qu’on évalue cette longue période. Elle réſulte de ce que la ſection de l’écliptique & de l’équateur n’eſt pas fixe dans le ciel, que les étoiles s’en éloignent, en s’avançant peu-à-peu au-delà de cette ſection de 50 ſecondes 20 tierces de degrés par année, & par un mouvement d’occident en orient autour des pôles de l’écliptique. On a donc imaginé que toute la ſphère des étoiles faiſoit une révolution périodique autour des pôles de l’écliptique, & parcouroit en un an 50 ſecondes & 20 tierces. Or, en réduiſant en tierces toute la circonférence du cercle qui eſt de 360 degrés, & en diviſant enſuite ce nombre par le nombre de tierces contenues en 50 ſecondes & 20 tierces, on aura au quotient le nombre des années que comprend la période de la grande année. Afin d’être plus facilement entendu, faiſons le calcul, en ſupposant que la préceſſion des équinoxes ou le changement annuel des étoiles, obſervé dans leur longitude, ſoit ſeulement de 50 ſecondes, ſans avoir égard aux tierces. Nous dirons 50 ſecondes ſont à un an, comme le nombre de ſecondes contenues dans 360 degrés, savoir 1 296 000 ſecondes, font un nombre des années néceſſaires pour parcourir toute la circonférence. Or, en diviſant 1 296 000 par 50, nous trouverons au quotient 25 920 années, ce qui eſt le quatrième terme inconnu : en ajoutant 20 tierces aux 50 ſecondes, le quotient auroit été plus petit, le diviſeur étant alors plus grand. Voyez PRÉCESSION DES ÉQUINOXES. On voit facilement que cette grande année ſurpaſſe quatre à cinq fois l’eſpace de temps écoulé depuis le commencement du monde juſqu’à préſent. (Voyez Âge du monde)

Année platonique. Eſpèce de grande année ou de période qui ramène les aſtres ; ſavoir, le ſoleil, la lune & les autres planètes, dans la même ſituation & dans les mêmes circonſtances.

Année d’Hipparque. C’eſt encore une grande année ou une période de 304 ans ſolaires, à la fin de laquelle les nouvelles & les pleines lunes reviennent exactement aux mêmes jours de l’année ſolaire auxquels elles avoient correſpondu dans la première période Voyez Période d’Hipparque & Cycle lunaire.

Année luni-solaire, C’eſt une période de 600 ans qui ramène la lune & le ſoleil au même point du ciel. M. Caſſini en a fait mention dans son traité de l’origine de l’aſtronomie, & dans ſes règles de l’aſtronomie indienne.

Année civile. C’eſt l’année que chaque peuple a fixée pour meſurer le temps : quoiqu’en général toutes les nations aient eu recours aux mouvemens du ſoleil & à ceux de la lune, pour calculer l’écoulement du temps, à cauſe de la grandeur & de l’éclat de ces aſtres ; néanmoins la manière de compter n’a pas été la même ; & l’hiſtoire nous préſente de grandes & nombreuſes variations. Sans remonter aux premiers âges du monde, à ceux où les peuples étoient paſteurs, il suffira de dire que chez les Égyptiens, l’année fut ſucceſſivement augmentée par pluſieurs rois. Si enſuite on compoſa l’année civile ſolaire de 360 jours, ce ne fut que long-temps après qu’on y ajouta un quart de jour ; Hérodote, & Platon ne paroiſſent pas avoir connu la nécefſité de faire cette addition à l’année. Quelques ſiècles s’écoulèrent enſuite, avant qu’on fût inſtruit de la quantité qu’il falloit ôter de ce quart de jour.

Les différences furent encore plus grandes pour les peuples qui ſe réglèrent par les lunaiſons ; & il fallut bien du temps avant que les grecs, les juifs, les arabes & les turcs, parvinſſent à régler leurs années. Voyez ce qui a été dit à l’article ANNÉE LUNAIRE.

Il y a eu également parmi les différentes nations de grandes diverſités, relativement au commencement de l’année. Les Égyptiens commencèrent leur année à l’époque qui répond au 29 août de l’année julienne ; il en fut de même chez les Éthiopiens. Les Grecs commencèrent leur année à la première lune qui ſuivoit le ſolſtice d’été ; les Macédoniens au premier de janvier de l’année julienne ; les Juifs modernes à la nouvelle lune la plus voiſine de l’équinoxe d’automne. L’année ſyrienne fut fixée au commencement du mois d’octobre de l’année julienne. Chez les Mahométans, l’année commence à l’inſtant où le ſoleil entre dans le bélier ; chez les Perſans au moment qui répond à notre mois de juin ; en Chine, à la nouvelle lune qui ſuit l’entrée du ſoleil dans les poiſſons. Parmi la plus grande partie des Indiens, l’année commence avec la première lune de mars ; & chez les Brames avec la nouvelle lune d’avril. Les Mexicains le 23 février, & les Abyſſins au 26 août.

Les Romains fixèrent l’année au commencement de janvier ; le premier & le dernier jour étoient conſacrés à Janus : auſſi étoit-il repréſenté avec deux viſages. La plupart des nations civiliſées, l’ont également déterminée au premier de janvier. En France, ce commencement varia beaucoup dans les premiers temps de la monarchie. Sous les rois de la race Mérovingienne, l’année commençoit le premier de mars, jour de la revue des troupes ; ſous les rois Carlovingiens, le jour de Noël ; & le jour de Pâques, ſous les Capétiens. Mais par une ordonnance de Charles IX, en 1564, l’année commença au premier janvier.

L’année civile ou légale commence, en Angletere, le 25 mars ; mais l’année chronologique commence le premier de janvier.

Année romaine. Romulus ne compoſa d’abord l’année que de dix mois ; qui étoient alternativement de 31 & de 30 jours & contenois ſeulement 304 jours. Cette année romuléenne commençoit au premier de mars. De cette diſtribution vicieuſe, il en réſulta que le commencement de l’année ne correſpondoit à aucune ſaison fixe. Pour remédier à cet inconvénient, on ajoutoit à l’année, autant de jours (non-diviſés en mois) qu’on le croyoit néceſſaire pour que le premier jour de l’an répondit au même état du ciel.

Numa imita enſuite en partie la diſtribution de l’année des peuples de la Grèce, & la compoſa de douze mois. Mais ſon année étant plus grande d’un jour, que l’année aſtronomique, elle ne pouvoit pas reſter long-temps dans un ordre conforme aux révolutions des aſtres & aux ſaiſons. Il n’eſt pas de l’objet de cet ouvrage particulier, de traiter de toutes les réformes que fit ſucceſſivement Numa, à ſon calendrier, ni de tous les changemens que les pontifes romains y introduiſirent. On pourra s’en inſtruire dans le dictionnaire de mathématique, d’après un ſavant mémoire de dom Clément, bénédictin, auteur de la dernière édition de l’art de vérifier les dates.

Année julienne. Ce nom lui vient de Jules-Céſar, empereur romain qui, pour remédier à la confuſion que les pontifes de Rome avoient introduite dans la conſtitution de l’année, réforma l’ancien calendrier de Numa. Pour cet effet, l’empereur fit venir d’Égypte, Soſigènes, fameux mathématicien. Afin d’y remédier, on prolongea la première année juſqu’à quinze mois, ou 445 jours. Les autres années furent compoſées de 365 jours, & de quatre en quatre ans, on en mit une biſſextile qui fut de 366 jours. Voici l’ordre des mois & le nombre des jours de l’année julienne. Janvier 31, février 28, ou 29 si l’année eſt biſſextile ; mars 31, avril 30, mai 31, juin 30, juillet 31, août 31, septembre 30, octobre 31, novembre 30, décembre 31.

Cette année julienne avoit un rapport aſſez ſenſible avec l’ordre de la viciſſitude des ſaiſons qui a été le but de l’inſtitution du calendrier ou de la diſtribution de l’année, ſi utile pour fixer les divers usages, ſoit civils, ſoit agricoles des hommes en ſociété : auſſi fut-elle adoptée par toutes les nations chrétiennes, plus inſtruites que les autres. Cependant cette année julienne, dont la grandeur aſtronomique étoit de 365 jours 6 heures, ainſi que nous l’avons dit à l’article année solaire, ſurpaſſoit d’environ 11 minutes l’année ſolaire, ce qui en 131 ans produiſoit un jour d’erreur ; car 131 multipliés par 11, donnent 1 441 minutes, leſquelles diviſées par 60, nombre qui exprime la quantité de minutes contenues dans une heure, on aura au quotient 24 heures une minute, ou un jour environ. C’eſt pourquoi il étoit néceſſaire de corriger encore l’année julienne. Grégoire XIII entreprit cette réforme, & l’année ainſi rectifiée, prit le nom d’année grégorienne.

Année grégorienne, C’eſt l’année julienne diminuée de 11 minutes environ. Jules-Céſar & le mathématicien Soſigènes, avoient ſupposé l’année de 365 jours 6 heures, tandis que ſa durée n’eſt que de 365 jours 5 heures 48 minutes 48 ſecondes ; d’où résultoit une erreur d’environ 11 minutes, qui avoient produit en 1582 un excédent de 10 jours ; de ſorte que, cette année, le ſoleil entroit dans l’équateur dès le 11 mars, c’eſt-à-dire, 10 jours plutôt que du temps du concile de Nicée : on ſait que c’eſt à l’époque de ce concile en l’année 325, que l’on fixa les termes du temps auquel on devoit célébrer la pâque.

La réforme propoſée par les plus habiles aſtronomes de son temps, que Grégoire XIII aſſembla, & dont il prit l’avis, fut, 1o. de retrancher les 10 jours de trop, de l’année 1582, dans laquelle on fit cette réformation, & de compter 15 au 5 octobre ; 2o. de ſupprimer à l’avenir trois biſſextes dans le cours de 400 ans, parce que les 11 minutes, excédentes chaque année, produiſoient un jour entier au bout de 134 ans. (11 minutes multipliées par 134, font 1 474 qui diviſées par 60 minutes, donnent 24 heures ou un jour ; plus, une fraction). Voyez année solaire ; car ces différens objets ſont liés entr’eux, & l’eſpèce de tableau ou précis dans le premier article que nous venons d’indiquer, préſentant un enſemble, facilitera au lecteur le moyen de claſſer par ordre les différentes ſubdiviſions relatives à cette matière.

Tous les pays catholiques reçurent cette réforme auſſitôt qu’elle fut propoſée ; on en ſentoit le beſoin depuis long-temps. Mais les proteſtans ne l’ont admiſe que dans ce ſiècle. Ceux d’Allemagne, ainſi que les Danois & les Hollandois l’ont adoptée au commencement de ce ſiècle, voyant qu’à cette époque l’erreur des 10 jours étoit devenue de 11 jours. L’Angleterre ne s’eſt conformée à cet uſage, qu’au mois de ſeptembre 1752. Les Ruſſes ſont à préſent les ſeuls qui continuent à rejeter la réforme du calendrier Julien. Auſſi, en ſuivant le vieux ſtyle, ils comptent maintenant 11 jours de plus que nous ; ce qui eſt ſouvent embarraſſant, & force les hiſtoriens à mettre les deux dates qu’ils diſtinguent par vieux ſtyle & nouveau ſtyle.

La réforme du calendrier Grégorien n’eſt pas faite ; car les 11 minutes excédentes chaque année produiſent en 400 ans 4 400 minutes, ou 3 jours 1 heure 20 minutes, comme on ne retranche dans cet eſpace de temps que trois biſſextes, & qu’on néglige 1 heure 20 minutes, il s’enſuit que ce reſte répété pendant un certain nombre d’années, produira une erreur. Elle eſt bien petite, cette erreur, car on ne trouvera qu’un jour en 7 200 ans ou 72 ſiècles 1 heure 20 minutes ou 80 minutes, ſont à 400 ans, comme un jour ou 1 449 minutes (produit de 24 heures par 60 minutes) ſont à 7 200 ans ; ainſi 72 ſiècles, environ, après la réformation du calendrier grégorien, on ne ſera obligé que de retrancher un jour. L’erreur du calendrier étant preſqu’inſenſible, & d’ailleurs étant connue, ainſi que le remède, il n’y a aucune raiſon de ne pas l’adopter.

Année bissextile. C’eſt une année qui contient un jour de plus que l’année commune, & conſéquemment elle eſt compoſée de 366 jours. L’année ſolaire ou aſtronomique étant d’environ 365 jours 6 heures, Jules-Céſar & Soſigènes établirent que les 6 heures négligées pendant trois années conſécutives, formaſſent un jour de plus, étant réunies aux 6 heures de la quatrième année. Ce jour additionnel ou intercalaire, fut nommé biſſextile parce qu’on le mit avant le 24 février qui, chez les Romains, étoit le ſixième des calendes de mars. Il y eut donc dans le mois de février, deux jours de ſuite, dont chacun étoit nommé le VI avant les calendes, le premier étoit le 24 du mois, & le ſecond (additionnel ou biſſextile) répondoit au 25. On diſoit donc, bis ſexto ante calendas, bis ſexto calendas ; & l’année dans laquelle on intercaloit ce jour, fut appelée annus bis ſextus, ou année biſſextile. Maintenant le jour intercalaire eſt le vingt-neuvième de février.

D’après ce qu’on a vu précédemment, il eſt inutile d’ajouter que l’addition du jour biſſextile a été faite tous les quatre ans, afin que les ſaiſons revinſſent conſtamment dans les mêmes temps de l’année ; ce qui n’auroit pas eu lieu ſans cet expédient ; parce que le ſoleil, ou plutôt la terre, ne faiſant ſa révolution annuelle qu’en 365 jours & environ 6 heures, il y auroit eu une anticipation continuelle d’un jour en quatre ans, de deux en huit ans, & ainſi de ſuite.

Pour connoître quelles ſont les années biſſextiles, rien n’eſt plus aiſé. Dans le cours d’un ſiècle, il n’y a que les années divisibles par 4 ſans reſte, qui ſoient biſſextiles ; ainſi 1788 étoit biſſextile 1792, le ſera ; de même que 1796, 1800, &c. Quant aux années ſéculaires biſſextiles, ce ſont celles dont le nombre du ſiècle eſt également diviſible par 4. Les années 2000, 2400, 2800, 3200, & ainſi de ſuite, en ajoutant toujours 400, ſeront biſſextiles ſéculaires.

Année anomalistique. C’eſt le temps que le ſoleil paroît mettre à retourner à ſon apogée après une révolution entière. L’apogée du ſoleil avançant chaque année de 65 ſecondes & demie, par rapport aux équinoxes, & le ſoleil employant 26 minutes 34 ſecondes, pour parcourir ces 65 ſecondes & demie, c’eſt-à-dire, pour atteindre ſon apogée qui s’eſt avancé de cette quantité, il s’enſuit que l’année Anomaliſtique eſt plus grande que l’année ſolaire de 26 minutes 34 ſecondes. L’année Anomaliſtique eſt donc de 365 jours, 5 heures. 48 minutes 48 ſecondes, plus 26 minutes 34 ſecondes, ou de 365 jours 6 heures 15 minutes 22 ſecondes. L’année ſydérale ou le retour aux étoiles eſt, comme on l’a vu plus haut, de 365 jours 6 heures 9 minutes 10 ſecondes, & 30 tierces. (Voyez Anomalie).

Année embolismique, eſt de 13 mois lunaires civils, & conſéquemment de 384 jours. (Voyez Année lunaire).

Année tropique. C’eſt la même choſe que l’année ſolaire, c’eſt le temps entre deux équinoxes de printemps ou d’automne, de telle ſorte que l’ordre des ſaiſons ſera à la ſeconde révolution le même que dans la première. La durée de cette année eſt de 365 jours 5 heures 48 minutes 48 ſecondes. Elle eſt plus courte que celle de l’année ſydérale qui eſt de 365 jours 6 heures 9 minutes 10 ſecondes & demie. Voyez-en la raiſon à l’article Année solaire.

Annuel. Épithète qu’on donne à tout ce qui revient chaque année ou à ce qui dure pendant une année : ainſi le mouvement annuel de la terre, eſt celui par lequel elle parcourt ſon orbite autour du ſoleil.