Encyclopédie méthodique/Physique/ANNEAU SOLAIRE

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ANNEAU SOLAIRE ou horaire ; anneau aſtronomique. Il y a différentes eſpèces d’anneaux ſolaires ; les uns n’ont qu’un cercle, d’autres deux ; mais les plus parfaits en ont trois. Le premier, qui n’a qu’un anneau, ſert à prendre en mer la hauteur du ſoleil. Bion, dans son ouvrage de la conſtruction & de l’uſage des inſtrumens de mathématique, en a donné la deſcription : en voici un précis. Suppoſons qu’on ait fait fabriquer un anneau Α H E I C Α, figure 50, d’un diamètre Α B d’environ dix pouces, d’une peſanteur ſuffiſante, & avec un ſuſpenſoir D Α, tel qu’il puiſſe prendre aiſément ſon à-plomb. À 45 degrés du point de ſuſpenſion eſt un trou C qu’on doit regarder comme un centre par lequel on concevra décrit un quart de cercle F G, dont le rayon C G (parallèle au diamètre vertical Α B) fera conſéquemment un angle droit ou de 90 degrés avec le rayon C F. Enſuite on diviſera en 90 degrés la circonférence du quart de cercle, en commençant par le point F ; &, par le point C, comme centre, on tirera des rayons ſur chaque degré depuis 0 juſqu’à 90. Les points correſpondans de la ſurface concave de l’anneau, ſur leſquels tomberont les 90 rayons, depuis H juſqu’en I, marqueront ſur cet anneau les 90 degrés, & l’inſtrument ſera achevé.

Afin d’opérer cette diviſion avec plus de facilité dans la pratique, on trace ſur un plan quelconque un cercle d’un diamètre égal au diamètre intérieur de l’anneau ; on procède comme on l’a expliqué ; & enſuite on tranſporte les diviſions dans l’intérieur de l’anneau ; en allant d’H en I.

L’uſage de cet inſtrument conſiſte à le ſuſpendre par la boucle D, en tournant le trou C vers le ſoleil S. Le rayon ſolaire paſſant par ce trou, & ſe propagant en ligne droite, marquera ſur la ſurface concave oppoſée, la hauteur du ſoleil qui ſera indiquée par les diviſions des degrés. Ainſi le ſoleil, peu après son lever, éclairera des points un peu au-deſſous de H ; étant à 45 degrés d’élévation, le rayon C E tombera ſur la diviſion 45 en E, & ainſi de ſuite.

Cet anneau n’étant point diviſé en minutes ni ſecondes, ne peut donner la hauteur du ſoleil avec préciſion, & ne peut diſpenſer d’un quart de cercle aſtronomique.

On a fait des anneaux à peu près ſemblables au précédent, mais ſeulement de deux pouces de diamètre, & d’un tiers de pouce de largeur, qui marquent l’heure du jour par le point de lumière qui paſſe par le trou C. Si celui-ci eſt immobile, il n’eſt bon que pour le temps des équinoxes ; s’il eſt mobile, & que les jours du mois ſoient marqués ſur la convexité de l’anneau, il peut être utile, univerſel preſque pour tous les jours.

L’anneau aſtronomique, à trois cercles, eſt préférable à tous les autres anneaux. On le voit repréſenté en la figure 51. Cet inſtrument fait de métal, peut avoir depuis deux pouces juſqu’à douze de diamètre ; il eſt compoſé de trois cercles. Le cercle extérieur Α, qui repréſente le méridien du lieu, porte deux diviſions de 90 degrés, diamétralement oppoſées, qui ſervent pour les deux hémiſphères ; le ſeptentrional & le méridional. Le ſecond cercle B, contenu dans le premier, tourne entre les deux pivots P, placés aux points oppoſés de XII heures. Le troiſième cercle C D C eſt renfermé dans le ſecond, & tourne ſur deux pivots attachés au méridien par le moyen des deux ſupports S S. On a retranché de ce troiſième cercle tout ce qui eſt inutile, & ſur la partie qui reſte, les ſignes du zodiaque ont été tracés, la moitié d’un côté, & l’autre moitié de ces ſignes, ſur le côté oppoſé ; au milieu de ce cercle, on a marqué l’alidade E, armée à ſes deux bouts de deux pinules percées chacune de trois petits trous pour recevoir les rayons du ſoleil. Le ſecond cercle représente l’équateur, & doit être mis perpendiculairement au premier qui fait fonction de méridien ; pour cet effet, on a mis une pièce P aux deux pôles de ce ſecond cercle, nommé l’équinoxial.

L’équinoxial eſt diviſé en 24 parties égales ; ce ſont les points horaires ; auſſi y marque-t-on les heures. Pour former la diviſion des ſignes du zodiaque, ſur les deux arcs oppoſés du troiſième cercle, on tire une ligne qui paſſe par le centre de ce cercle ; & à ſes deux extrémités, on marque les ſignes du bélier & de la balance. Aux deux côtés de cette ligne, on en tire un autre diamètre qui faſſe un angle égal à la déclinaiſon du ſoleil aux ſignes ſuivans, qui ſont le taureau & la vierge avec les poiſſons & le ſcorpion. Or, la déclinaiſon du ſoleil, à ces ſignes, eſt de 11 degrés 29 minutes, qui eſt l’angle que ces deux lignes, ſe croiſant au centre, doivent faire avec la première du bélier & de la balance. On tirera encore deux autres diamètres & qui feront avec la ligne du bélier & de la balance, l’angle de 20 degrés 11 minutes ; ce qui fera pour les quatre autres ſignes ſuivant, savoir : le verſeau & le ſagittaire, les gemeaux & le lion. Enfin, on tirera deux autres lignes qui paſſent également par le centre, & feront avec celle du bélier & de la balance, l’angle de 23 degrés 28 minutes ; ce qui repréſente le cancer & le capricorne. On poſera donc d’un côté le capricorne, le ſagittaire, le ſcorpion, la balance, la vierge & le lion ; & de l’autre côté oppoſé, le verſeau, les poiſſons, le bélier, le taureau, les gemeaux & le cancer.

Le pendant F, qui porte un anneau, peut, par le moyen d’une rainure, couler ſur le bord du cercle meridien ; de telle ſorte qu’il puiſſe être fixé à volonté ſur tous les degrés de la diviſion.

L’uſage de cet inſtrument conſiſte à placer la petite ligne du milieu du curſeur du pendant F, sur le degré de l’élévation du pôle du lieu où l’on eſt, & à mettre la ligne de foi de l’alidade ſur le jour du mois, ou ſur le degré du ſigne du jour où l’on eſt. Enſuite, après avoir ouvert à angles droits le cercle équinoxial avec le méridien, on avance ou on recule le troiſième cercle, en le faiſant tourner juſqu’à ce que le rayon du ſoleil paſſe par les trous des deux pinules. Alors la ligne qui eſt tracée au milieu de l’épaiſſeur convexe du troiſième cercle, déſigne l’heure ſur la ſurface de l’équinoxial, à toutes les heures du jour, en quelque temps que ce ſoit. (Voyez Gnom. prat. de D. Bedos.