Esprit des lois (1777)/L12/C20

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CHAPITRE XX.

Des lois favorables à la liberté du citoyen dans la république.


Il arrive souvent dans les états populaires, que les accusations sont publiques, & qu’il est permis à tout homme d’accuser qui il veut. Cela a fait établir des lois propres à défendre l’innocence des citoyens. A Athenes, l’accusateur qui n’avoit point pour lui la cinquieme partie des suffrages, payoit une amende de mille dragmes. Eschines, qui avoit accusé Ctésiphon, y fut condamné[1]. À Rome, l’unjuste accusateur étoit noté d’infamie[2], on lui imprimoit la lettre K sur le front. On donnoit des gardes à l’accusateur, pour qu’il fût hors d’état de corrompre les juges ou les témoins[3].

J’ai déjà parlé de cette loi Athénienne & Romaine, qui permettoit à l’accusé de se retirer avant le jugement.


  1. Voyez Philostrate, liv. I. vie des sophistes, vie d’Eschines. Voyez aussi Plutarque & Phocius.
  2. Par la loi Remnia.
  3. Plutarque, au traité, comment on pourroit recevoir de l’utilité de ses ennemis.