Essence du christianisme/Première partie/chap 11

La bibliothèque libre.
Traduction par Joseph Roy.
A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie, Éditeurs (p. 129-141).

XI

MYSTÈRE DE LA PROVIDENCE ET DE LA CRÉATION

Dieu dit : « Que le monde soit, » et aussitôt le monde fut ; le monde est le discours de Dieu. La parole créa trice identique à la pensée, tant qu’elle est encore dans le sein de la divinité, tant qu’elle n’est pas prononcée, devient, dès qu’elle se fait entendre, l’acte créateur lui-même. La création est la parole divine exprimée. S’exprimer est un acte libre : la création est par conséquent un produit de la volonté. De même que le Verbe divin ne représente que la divinité de la parole, de même la création ne représente que la divinité de la volonté et non pas de la volonté rationnelle, mais de la volonté de la fantaisie subjective, absolue, illimitée. De même que l’éternité du monde ou de la matière n’exprime que la réalité de la matière, de même la création du monde du sein du néant n’exprime que le néant du monde. Avec le commencement d’une chose est posée immédiatement la fin de cette chose, sinon dans le temps, du moins en idée. Le commencement de l’univers est le commencement de sa fin ; tel il est venu, tel il s’en ira. La volonté l’a appelé à l’existence, la volonté le rappellera au néant ; quand ? le temps est indifférent. L’existence du monde est, par conséquent, une existence arbitraire, à laquelle on ne peut se fier, c’est-à-lire nulle.

La création est la plus haute expression de la toute-puissance. Mais la toute-puissance n’est pas autre chose que la puissance par laquelle nous nous délivrons en idée de toutes les bornes de la réalité, que notre faculté de mettre au rang des choses possibles tout ce que nous pouvons concevoir, que la puissance de l’imagination ou de la volonté, qui prend en elle sa source, la puissance de l’arbitraire. Ce qui exprime le mieux l’arbitraire, c’est le bon plaisir. — « Il a plu à Dieu d’appeler à l’existence un monde de corps et d’esprits, — et c’est là la preuve irréfutable que l’homme a fait de sa propre subjectivité, de son propre bon plaisir l’être suprême, le fondement tout-puissant des choses. — La création, comme œuvre de la volonté à qui tout est possible, peut être rangée dans la même catégorie que le miracle ; ou plutôt elle est le premier miracle, non-seulement dans le temps, mais encore par son importance ; elle est le principe d’où tous les miracles dérivent, et l’histoire en est la preuve. Tous les miracles ont été justifiés, expliqués par le pouvoir suprême qui a fait le monde de rien. Comment, en effet, celui qui a fait le monde de rien, ne ferait-il pas du vin avec de l’eau, ne pourrait-il pas faire prononcer par un âne des paroles humaines, faire jaillir du rocher une source d’eau vive ? Le miracle, comme nous le verrons plus tard, n’est qu’une æuvre, qu’un objet de la fantaisie, et il en est de même de la création. Aussi a-t-on déclaré que la doctrine de la création est une doctrine surnaturelle à laquelle la raison ne serait jamais arrivée par elle-même ; aussi en a-t-on appelé aux philosophes païens, d’après lesquels l’intelligence divine n’aurait fait que façonner la matière déjà existante. Mais le principe de cette doctrine n’est pas autre chose que le principe de la subjectivité humaine élevé par le christianisme à la monarchie universelle. — La philosophie ancienne ne pouvait pas faire, de l’être exclusivement subjectif, l’être infini et absolu, parce que pour elle le monde était une vérité, une réalité.

La création, qui ne fait qu’un avec le miracle, ne fait aussi qu’un avec la providence ; car l’idée de la providence, dans l’origine, dans le sens religieux, lorsqu’elle n’a pas encore été faussée par la raison incrédule, ne fait qu’un avec l’idée du miracle. Le miracle est la preuve de la providence. Croire à la providence, c’est croire à une puissance qui fait de toutes choses l’usage qu’il lui plaît d’en faire, devant laquelle s’évanouit comme un rien toute la puissance de la réalité. La providence détruit les lois de la nature, elle brise la marche de la nécessité, le lien de fer qui lie inévitablement l’effet à la cause ; elle est en un mot la même volonté toute-puissante qui a appelé le monde du néant à l’être. Le miracle est une création ex nihilo. Qui fait du vin avec de l’eau, fait en réalité du vin avec rien, car l’eau ne contient pas les éléments qui constituent le vin ; dans le cas contraire, le miracle n’en serait pas un, mais tout simplement une action naturelle. La création ne peut être comprise et expliquée que conjointement avec la providence et le miracle ; car le miracle n’exprime rien de plus que l’identité de son auteur avec celui qui produit les choses par sa simple volonté, avec Dieu le créateur.

La providence ne se rapporte qu’à l’homme. C’est pour l’homme qu’elle dispose des choses selon son bon plaisir, pour lui qu’elle anéantit la valeur de la loi partout ailleurs toute-puissante. Quand on admire la providence dans la nature, on n’admire en vérité que la nature elle-même ; car la nature ne manifeste qu’une providence naturelle et non la providence divine, objet de la religion. La providence religieuse ne se révèle que dans le miracle et surtout dans le miracle du Dieu fait homme. Mais nous ne voyons nulle part que Dieu se soit fait animal pour le salut des animaux, ni qu’en général il ait fait des miracles pour les animaux ou pour les plantes ; — aux yeux de la religion, une telle pensée est déjà entachée de l’impiété la plus grossière. — Tout au contraire, nous lisons qu’un pauvre figuier fut maudit parce qu’il ne portait pas de fruits dans un temps où il lui était impossible d’en porter, simplement pour donner à l’homme un exemple de la puissance de la foi sur la nature, et que les démons chassés du corps de l’homme passaient dans le corps d’un pourceau ou de tout autre animal. L’Évangile dit bien qu’aucun moineau ne tombe du toit sans la volonté du Père ; mais ces moineaux n’ont pas plus de valeur et d’importance que les cheveux sur la tête de l’homme, lesquels sont tous comptés.

L’animal n’a, à part l’instinct, aucun autre génie protecteur, aucune autre providence que ses sens ou en général ses organes. Un oiseau, en perdant la vie, perd tout et périt nécessairement si aucun miracle ne se fait pour lui. Nous savons bien par la Bible qu’un corbeau porta longtemps la nourriture au prophète Élie ; mais jamais, — du moins à ma connaissance, — jamais elle ne nous montre un animal protégé pour lui-même, autrement que d’une manière naturelle. Or, quand un homme croit qu’il n’a pas d’autre protection que les facultés de son espèce, que ses sens ou son intelligence, alors il est pour la religion un homme impie, parce qu’il ne croit qu’à une providence naturelle, et qu’aux yeux de la religion la providence naturelle n’est rien. La providence n’a pour but que l’homme et surtout l’homme religieux ; « Dieu est le sauveur de tous, mais particulièrement de ceux qui croient ; » comme la religion, elle n’appartient qu’à l’homme, elle n’exprime que la différence essentielle qui distingue l’homme de l’animal, elle arrache l’homme à la puissance des forces de la nature. Jonas dans le corps de la baleine, Daniel dans la fosse aux lions sont des exemples qui nous montrent quelle distinction la providence fait entre l’animal et l’homme (religieux). Si donc la providence révélée par les organes qu’ont reçus les animaux pour saisir et dévorer leur proie, et qu’admirent tant les pieux naturalistes chrétiens, si cette providence est une vérité, la providence de la Bible et de la religion est un mensonge et réciproquement. Quelle hypocrisie pitoyable et ridicule à la fois que de vouloir faire la cour en même temps à la Bible et à la nature ! Quelle contradiction entre la nature et la Bible ! Le Dieu de la nature se révèle en donnant au lion la force et les organes nécessaires pour pouvoir égorger un individu humain ; le Dieu de la Bible, au contraire, se révèle en arrachant au lion l’homme tombé entre ses griffes redoutables.

La providence est un privilège de l’homme ; elle exprime sa supériorité sur les autres êtres naturels ; elle le dégage de ses rapports avec l’ensemble du monde. Elle est pour l’homme la conviction de la valeur infinie de son existence, conviction dans laquelle il perd toute foi en la vérité de la nature, — c’est l’idéalisme de la religion. Aussi la foi en la providence ne fait qu’un avec la croyance à l’immortalité personnelle, et ici la valeur infinie de l’homme s’exprime par l’infinie durée dans le temps. Celui qui n’a pas de prétentions pour lui-même, qui ne se sépare pas de la nature et se voit disparaître comme un détail dans l’ensemble des choses, celui-là ne croit en aucune providence, c’est-à-dire en aucune providence particulière, la seule qu’admette la religion. Croire à la providence c’est croire à sa propre valeur, et de la découlent des conséquences bienfaisantes, mais en même temps la fausse humilité et l’orgueil religieux qui, plein, il est vrai, de méfiance en lui-même, par compensation ne se fie qu’à Dieu et le laisse pourvoir à tout. Dieu s’inquiète de moi : Il a pour but mon salut et ma félicité, il veut que je sois heureux ; mais telle est aussi ma volonté ; mon propre intérêt est donc l’intérêt de Dieu, ma propre volonté la volonté de Dieu, mon propre but le but de Dieu ; — l’amour de Dieu pour moi n’est que l’amour de moi-même divinisé.

Partout où règne la croyance à la providence, là elle est la condition de la croyance en Dieu. Qui nie la providence nie Dieu, car un Dieu qui n’est pas la providence de l’homme est un Dieu ridicule à qui manque l’attribut le plus divin, le plus digne d’adoration. La croyance en Dieu n’est par conséquent que la croyance à la dignité humaine, la croyance à l’importance de l’être de l’homme. Et comme la croyance à la providence ne fait qu’un avec la croyance à la création, il s’ensuit que cette dernière ne peut pas avoir d’autre signification que celle que nous venons de développer pour la providence, et elle n’en a en réalité point d’autre. C’est ce que la religion exprime en termes aussi clairs que possible lorsqu’elle fait de l’homme le but de la création. C’est pour l’homme que toutes choses existent. Celui pour qui cette doctrine, comme pour les pieux naturalistes chrétiens, n’est qu’une expression de l’orgueil humain, déclare par cela même que le christianisme n’est qu’orgueil ; car, dire que le monde matériel n’existe que pour l’homme, c’est dire infiniment moins que si l’on dit qu’un Dieu, ou du moins pour parler comme saint Paul, qu’un être presque dieu s’est fait homme pour le salut de l’homme.

Mais si l’homme est le but de la création, il en est aussi le fondement véritable, car le but est le principe de l’activité. L’homme, il est vrai, ignore qu’il est le fondement de cette création dont il se sait le but, mais c’est tout simplement parce qu’il fait de ce fondement un être personnel différent de son propre être. C’est là une illusion. Cet être personnel, créateur, n’est en réalité rien de plus que la personnalité humaine dégagée de tout rapport avec le monde, et qui, par la création, c’est-à-dire par l’idée que tout ce qui n’est pas elle n’a qu’une existence arbitraire, bornée, et nulle, se donne la certitude de son exclusive réalité. Dans la création il ne s’agit pas de la vérité et de la réalité de la nature, mais de la vérité et de la réalité de l’existence personnelle. De là la sympathie qu’inspire cette doctrine, et l’effroi et la haine qu’inspirent les cosmogonies panthéistes. La création, ainsi que le Dieu personnel en général, n’est pas une affaire de science, mais une affaire de personnalité ; ce n’est pas un objet de l’intelligence, mais un objet du cœur et de la fantaisie qui y est vivement intéressée. Elle est en effet la garantie, le dernier gage de la personnalité conçue comme existant à part, au-dessus et en dehors du monde.

L’homme fait une différence entre la nature et lui. Cette différence est son Dieu. La différence qui existe entre la nature et Dieu n’est pas autre chose que différence qui existe entre la nature et l’homme. L’opposition du panthéisme et du personnalisme se résout dans cette simple question : L’être de l’homme est-il dans le monde ou en dehors du monde, naturel ou surnaturel ? Inutiles, vaines, absurdes sont par conséquent toutes les discussions sur la personnalité ou l’impersonnalité de Dieu ; car tous ceux qui discutent, surtout ceux qui défendent la personnalité, ne nomment pas l’enfant par son vrai nom, mettent la lumière sous le boisseau, ne raisonnent en réalité que sur eux-mêmes, que dans l’intérêt de leur propre penchant au bonheur ; et pourtant ils ne veulent pas accorder qu’ils ne se cassent la tête, qu’ils ne spéculent que dans le vain espoir de pénétrer les mystères d’un autre être. Le panthéisme identifie l’homme avec la nature ; le personnalisme l’isole, le sépare de la nature, fait de lui un tout, un être absolu pour et par lui-même. Telle est la différence. Voulez-vous voir clair dans cette question ? eh bien, changez votre anthropologie mystique et à rebours pour l’anthropologie véritable. Vous accordez que l’essence du Dieu des panthéistes n’est que l’essence de la nature ; pourquoi voulez-vous donc voir des pailles dans les yeux de vos adversaires et ne pas voir les poutres si visibles dans les vôtres ? Pourquoi voulez-vous faire seuls exception à une loi universelle ? Avouez donc que votre Dieu personnel n’est pas autre chose que votre propre personnalité, et qu’en cherchant à démontrer son existence en dehors et au-dessus de la nature, vous ne cherchez qu’à vous donner des preuves de l’excellence surnaturelle de votre propre personne.

Ici, comme partout ailleurs, le mélange des idées métaphysiques et panthéistiques cache le fond de la doctrine. Mais il suffit d’un peu d’attention pour se convaincre que ce fond n’est rien de plus que l’affirmation de l’indépendance de l’homme et de sa différence d’avec la nature. Dieu produit le monde en dehors de soi. — Le monde est d’abord pensée, plan, projet ; maintenant il devient acte, et par cela même il sort de Dieu et se place en dehors de lui comme un être à part et différent de lui, du moins relativement. De même l’homme, en se distinguant du monde, en saisissant sa différence d’avec lui par la pensée, fait du monde un être à part, extérieur, indépendant. Par cela même que le monde est placé en dehors de Dieu, Dieu reste seul et existant par lui-même. Et qu’est-il donc alors sinon votre propre personnalité isolée et solitaire dès que le monde en est séparé ? Il est vrai que la réflexion subtile vient alors prétendre que la différence faite entre l’existence extérieure et l’existence intérieure n’est qu’un produit de la pensée humaine ; mais la réflexion ne fait que des méprises lorsqu’elle commente les idées religieuses, et sa voix ne doit pas être écoutée. Cette différence détruite, la conscience religieuse n’a plus de fondement et la création est impossible ou bien perd toute sa majesté, tout son effet sur la fantaisie. Faire, créer, produire, c’est rendre objet des sens ce qui n’était que l’objet de la pensée, c’est rendre l’invisible visible, de manière que d’autres êtres puissent le connaître et en jouir. Le monde est en dehors de Dieu, dans le même sens que l’arbre, l’animal, l’univers en général est en dehors de l’imagination de l’homme. Là seulement où l’existence extérieure est affirmée comme chez les anciens philosophes et théologiens, là seulement la doctrine de la conscience religieuse est restée sans falsification et sans mélange. Les philosophes et les théologiens modernes introduisent partout des idées panthéistiques, bien qu’ils rejettent le principe du panthéisme ; aussi ne produisent-ils rien qui ne soit pitoyable, ridicule et contradictoire.

Le créateur du monde n’est donc que l’homme, l’homme qui, par la preuve ou par la conscience que le monde a été créé, produit par la volonté, c’est-à-dire n’a qu’une existence sans force et sans réalité, se donne la certitude de sa propre vérité, de son importance et de sa durée infinie. En disant que le monde a été fait de rien, tu penses le monde lui-même comme rien, tu chasses de ta tête toutes les limites imposées à ta fantaisie et à ta volonté, car le monde est la borne de ta volonté et de ta fantaisie : le monde seul met ton âme à l’étroit, est le mur de séparation entre toi et Dieu, entre toi et la félicité. Tu anéantis le monde en idée, tu penses Dieu seul pour lui-même, c’est-à-dire la subjectivité absolue, l’âme qui ne jouit que d’elle-même, qui n’a pas besoin du monde, qui ne connaît rien des liens douloureux de la matière. Dans le fond de ton âme tu veux que le monde n’existe pas, car là où est le monde là est la matière, et là où est la matière tu rencontres obstacle et pression, temps et espace, limitation et nécessité. L’acte de la création n’explique donc pas la formation de l’univers, et ce serait une idée absurde que d’exiger de lui cette explication. Comment, en effet, pourrait-on déduire l’existence des choses dans leur vérité et leur réalité d’un principe qui les nie et qui a lui-même pour fondement la volonté qu’elles n’existent pas, parce qu’elles sont pour l’âme humaine une infranchissable barrière ?

Pour reconnaître comme vraie l’explication que nous venons de donner, qu’on réfléchisse seulement à ceci : c’est que, dans la création, l’affaire principale n’est pas la création des plantes et des animaux, de la terre et de l’eau, mais la création d’êtres personnels ou, comme on a coutume de dire, d’esprits. Dieu est l’idée de la personnalité en tant que personne lui-même ; c’est l’être absolu, sans besoins, le moi sans toi. Mais, comme l’être absolu n’existant que pour lui-même est en contradiction avec l’idée de la vraie vi avec l’idée de l’amour ; comme la conscience de soi est nécessairement liée à la conscience des autres et que l’être solitaire ne pourrait pas se préserver avec le temps de l’uniformité et de l’ennui, alors on se sent poussé à faire un pas, à marcher de l’être absolu vers d’autres êtres conscients, et l’idée de la personnalité, concentrée d’abord dans un être unique, se développe dans une pluralité de personnes[1]. Entend-on par personne l’homme réel, un être physique plein de besoins, soumis aux lois de la nature, dans ce cas, elle paraît à la fin du développement du monde physique, quand les conditions de son existence sont réunies, comme le but final de la création. Fait-on de l’homme au contraire une personne abstraite, comme le fait la spéculation religieuse, alors il n’y a plus de détours possibles, il ne s’agit en ligne droite que de l’affirmation, de la dernière garantie de la personnalité humaine. On a beau faire toute espèce de distinctions entre cette personnalité et celle de Dieu pour dissimuler leur ressemblance, toutes ces distinctions ne sont que des fantaisies ou des sophismes. Spéculez tant que vous voudrez, vous ne ferez jamais sortir de Dieu votre personnalité, si vous ne commencez pas d’abord par l’y mettre.


  1. Ici est le point où la création nous représente non plus seulement la puissance divine, mais encore l’amour divin. « Nous sommes parce que Dieu est bon. » (Saint Augustin.) « Avant toutes choses était Dieu, se tenant à lui-même la place du monde et de tout, et il était seul parce qu’il n’y avait rien en dehors de lui. » (Tertullien.) Mais il n’y a pas de plus grand bonheur que de rendre d’autres êtres heureux ; l’acte par lequel on se communique est une félicité. Il n’y a de communicatif que la joie et l’amour. Aussi l’homme fait-il de l’amour le principe de l’existence. « L’extase de la bonté a mis Dieu hors de lui. » (Dionysius.) Le plus haut sentiment de la vie, la plus grande joie, c’est d’aimer et de rendre heureux l’objet de son amour. Dieu comme être bon est la personnification du bonheur de l’existence.