Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/L’Âne qui porte une statue de dieu (bilingue)
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L’ÂNE QUI PORTE UNE STATUE DE DIEU
Un homme, ayant mis une statue de dieu sur le dos d’un âne, le conduisait à la ville. Comme les passants se prosternaient devant la statue, l’âne, s’imaginant que c’était lui qu’on adorait, ne se tint plus d’orgueil ; il se mit à braire et il refusa d’avancer. L’ânier, devinant sa pensée, lui dit en le frappant de son gourdin : « Pauvre cervelle ! il ne manquait plus que cela, de voir un âne adoré des hommes. » Cette fable montre que ceux qui font vanité des avantages d’autrui prêtent à rire à ceux qui les connaissent. |
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Ὄνος βαστάζων ἄγαλμα. Ὄνῳ τις ἐπιθεὶς ἄγαλμα ἤλαυνεν εἰς ἄστυ. Τῶν δὲ συναντώντων προσκυνούντων τὸ ἄγαλμα, ὁ ὄνος ὑπολαϐὼν ὅτι αὐτὸν προσκυνοῦσιν, ἀναπτερωθεὶς ὠγκᾶτό τε καὶ οὐκέτι περαιτέρω προϊέναι ἐϐούλετο. Καὶ ὁ ὀνηλάτης αἰσθόμενος τὸ γεγονὸς τῷ ῥοπάλῳ αὐτὸν παίων ἔφη· « Ὦ κακὴ κεφαλή, ἔτι καὶ τοῦτο λοιπὸν ἦν ὄνον ὑπ’ ἀνθρώπων προσκυνεῖσθαι. » Ὁ λόγος δηλοῖ ὅτι οἱ τοῖς ἀλλοτρίοις ἀγαθοῖς ἐπαλαζονευόμενοι παρὰ τοῖς εἰδόσιν αὐτοὺς γέλωτα ὀφλισκάνουσιν.
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