Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/L’Aveugle (bilingue)

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L’AVEUGLE


Un aveugle avait l’habitude de reconnaître au toucher toute bête qu’on lui mettait entre les mains, et de dire de quelle espèce elle était. Or un jour on lui présenta un louveteau ; il le palpa et resta indécis. « Je ne sais pas, dit-il, si c’est le petit d’un loup, d’un renard ou d’un autre animal du même genre ; mais ce que je sais bien, c’est qu’il n’est pas fait pour aller avec un troupeau de moutons. »

C’est ainsi que le naturel des méchants se reconnaît souvent à leur extérieur.

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Ἀνὴρ πηρός.


Ἀνὴρ πηρὸς εἰώθει πᾶν τὸ ἐπιτιθέμενον εἰς τὰς αὐτοῦ χεῖρας ζῷον ἐφαπτόμενος λέγειν ὁποῖόν τί ἐστι. Καὶ δή ποτε λυκιδίον αὐτῷ ἐπιδοθέντος, ψηλαφήσας καὶ ἀμφιγνοῶν εἶπεν· « Οὐκ οἶδα πότερον λύκου ἐστὶν ἢ ἀλώπεκος ἢ τοιούτου τινὸς ζῴου γέννημα· τοῦτο μέντοι σαφῶς ἐπίσταμαι ὅτι οὐκ ἐπιτήδειον τοῦτο τὸ ζῷον προβάτων ποίμνῃ συνιέναι. »

Οὕτω τῶν πονηρῶν ἡ διάθεσις πολλάκις καὶ ἀπὸ τοῦ σώματος καταφαίνεται.