Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/L’Enfant voleur et sa Mère (bilingue)
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L’ENFANT VOLEUR ET SA MÈRE
Un enfant déroba à l’école les tablettes de son camarade et
les apporta à sa mère, qui, au lieu de le corriger, le loua.
Une autre fois il vola un manteau et le lui apporta ; elle le
loua encore davantage. Dès lors, croissant en âge et devenu
jeune homme, il se porta à des vols plus importants. Mais
un jour il fut pris sur le fait ; on lui lia les mains derrière le
dos, et on le conduisit au bourreau. Sa mère l’accompagnait
et se frappait la poitrine. Il déclara qu’il voulait lui dire
quelque chose à l’oreille. Aussitôt qu’elle se fut approchée, il
lui saisit le lobe de l’oreille et le trancha d’un coup de dents.
Elle lui reprocha son impiété : non content des crimes qu’il
avait déjà commis, il venait encore de mutiler sa mère ! Il
répondit : « Si au temps ou je t’apportai pour la première
fois la tablette que j’avais volée, tu m’avais battu, je n’en
serais pas venu au point où j’en suis : on ne me conduirait
pas à la mort. » Cette fable montre que ce qu’on ne réprime pas dès le début grandit et s’accroît. |
296 Παῖς κλέπτης καὶ μήτηρ. Παῖς ἐκ διδασκαλείου τὴν τοῦ συμφοιτητοῦ δέλτον ὑφελόμενος τῇ μητρὶ ἐκόμισε. Τῆς δὲ οὐ μόνον αὐτῷ μὴ ἐπιπληξάσης, ἀλλὰ μᾶλλον ἐπαινεσάσης αὐτὸν, ἐκ δευτέρου ἱμάτιον κλέψας ἤνεγκεν αὐτῇ. Ἔτι δὲ μᾶλλον ἐπαινεσάσης αὐτὸν ἐκείνης, προϊὼν τοῖς χρόνοις, ὡς νεανίας ἐγένετο, ἤδη καὶ τὰ μείζονα κλέπτειν ἐπεχείρει. Ληφθεὶς δέ ποτε ἐπ’ αὐτοφώρῳ καὶ περιαγκωνισθεὶς ἐπὶ τὸν δήμιον ἀπήγετο. Τῆς δὲ ἐπακολουθούσης αὐτῷ καὶ στερνοκοπουμένης, εἶπε βούλεσθαί τι αὐτῇ εἰπεῖν πρὸς τὸ οὖς· καὶ ἐπεὶ τάχιστα αὐτῷ προσῆλθε, τοῦ ὠτίου ἐπιλαϐόμενος, κατέδακεν αὐτό. Τῆς δὲ κατηγορούσης αὐτοῦ δυσσέϐειαν, εἴπερ μὴ ἀρκεσθεὶς οἷς ἤδη πεπλημμέληκε, καὶ τὴν μητέρα ἐλωϐήσατο, ἐκεῖνος ὑποτυχὼν εἶπεν· « Ἀλλὰ τότε ὅτε σοι πρῶτον τὴν δέλτον κλέψας ἤνεγκα, εἰ ἐπέπληξάς μοι, οὐκ ἂν μέχρι τούτου ἐχώρησα, ὡς καὶ ἐπὶ θάνατον ἀπάγεσθαι. » Ὁ λόγος δηλοῖ ὅτι τὸ κατ’ ἀρχὰς κολαζόμενον ἐπὶ μεῖζον αὔξεται.
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