Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/La Chauve-souris et les Belettes (bilingue)

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LA CHAUVE-SOURIS ET LES BELETTES


Une chauve-souris, étant tombée à terre, fut prise par une belette. Se voyant sur le point d’être tuée, elle demanda la vie. La belette lui dit qu’elle ne pouvait la relâcher ; car elle était de son naturel ennemie de tous les oiseaux. La chauve-souris répliqua qu’elle-même n’était pas un oiseau, mais une souris, et elle s’en tira par ce moyen. Dans la suite, étant tombée une seconde fois, elle fut prise par une autre belette, et la pria de ne point la manger. Celle-ci ayant répondu qu’elle détestait toutes les souris, la chauve-souris affirma qu’elle-même n’était pas une souris, mais une chauve-souris, et elle fut relâchée encore cette fois. Il arriva ainsi qu’à deux reprises, en changeant de nom, elle se sauva de la mort.

Cette fable montre qu’il ne faut pas s’en tenir toujours aux mêmes moyens, mais songer qu’en s’accommodant aux circonstances, on échappe souvent au danger.

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Νυκτερὶς καὶ γαλαῖ.

Νυκτερὶς ἐπὶ γῆς πεσοῦσα ὑπὸ γαλῆς συνελήφθη, καὶ μέλλουσα ἀναιρεῖσθαι περὶ σωτηρίας ἐδεῖτο. Τῆς δὲ φαμένης μὴ δύνασθαι αὐτὴν ἀπολῦσαι, φύσει γὰρ πᾶσι τοῖς πτηνοῖς πολεμεῖν, αὐτὴ ἔλεγεν οὐκ ὄρνις, ἀλλὰ μῦς εἶναι, καὶ οὕτως ἀφείθη. Ὕστερον δὲ πάλιν πεσοῦσα καὶ ὑφ᾿ ἑτέρας συλληφθεῖσα γαλῆς μὴ βρωθῆναι ἐδεῖτο. Τῆς δὲ εἰπούσης ἅπασιν ἐχθραίνειν μυσίν, αὐτὴ μὴ μῦς, ἀλλὰ νυκτερὶς ἔλεγεν εἶναι, καὶ πάλιν ἀπελύθη. Καὶ οὕτω συνέβη δὶς αὐτὴν ἀλλαξαμένην τὸ ὄνομα σωτηρίας τυχεῖν.

Ὁ μῦθος δηλοῖ ὅτι δεῖ καὶ ἡμᾶς μὴ τοῖς αὐτοῖς ἀεὶ ἐπιμένειν, λογιζομένους ὡς οἱ τοῖς καιροῖς συμμετασχηματιζόμενοι πολλάκις τοὺς κινδύνους ἐκφεύγουσιν.