Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Le Choucas et les Corbeaux (bilingue)

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LE CHOUCAS ET LES CORBEAUX


Un choucas, qui dépassait en grosseur les autres choucas, prit en mépris ceux de sa tribu, se rendit chez les corbeaux et demanda à partager leur vie. Mais les corbeaux, à qui sa forme et sa voix étaient inconnues, le battirent et le chassèrent. Et lui, repoussé par eux, s’en revint chez les choucas ; mais les choucas, sensibles à l’outrage, refusèrent de le recevoir. Il arriva ainsi qu’il fut exclu de la société et des uns et des autres.

Il en est ainsi chez les hommes. Ceux qui abandonnent leur patrie et lui préfèrent un autre pays, sont mal vus dans ce pays, parce qu’ils sont étrangers, et ils sont odieux à leurs propres concitoyens, parce qu’ils les ont méprisés.

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Κολοιὸς καὶ κόρακες.


Κολοιὸς τῷ μεγέθει τῶν ἄλλων κολοιῶν διαφέρων, ὑπερφρονήσας τοὺς ὁμοφύλους, παρεγένετο πρὸς τοὺς κόρακας καὶ τούτοις ἠξίου συνδιαιτᾶσθαι. Οἱ δὲ ἀμφιγνοοῦντες αὐτοῦ τό τε εἶδος καὶ τὴν φωνὴν παίοντες αὐτὸν ἐξέβαλον. Καὶ ὃς ἀπελαθεὶς ὑπ᾿ αὐτῶν ἧκε πάλιν πρὸς τοὺς κολοιούς. Οἱ δὲ ἀγανακτοῦντες ἐπὶ τῇ ὕβρει οὐ προσεδέξαντο αὐτόν. Οὕτω τε συνέβη αὐτῷ τῆς ἐξ ἀμφοτέρων διαίτης στερηθῆναι.

Οὕτω καὶ τῶν ἀνθρώπων οἱ τὰς πατρίδας ἀπολιπόντες καὶ τὰς ἀλλοδαπὰς προκρίνοντες οὔτε ἐν ἐκείναις εὐδοκιμοῦσι διὰ τὸ ξένοι εἶναι καὶ ὑπὸ τῶν πολιτῶν δυσχεραίνονται διὰ τὸ ὑπερπεφρονηκέναι αὐτούς.