Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Les Navigateurs

La bibliothèque libre.

Pour les autres éditions de ce texte, voir Les Navigateurs.

Traduction par Émile Chambry.
FablesSociété d’édition « Les Belles Lettres » (p. 135r-136r).
308


LES NAVIGATEURS


Des gens, étant montés dans un bateau, prirent la mer. Quand ils furent au large, une violente tempête se déclara,

et le vaisseau fut sur le point de sombrer. L’un des passagers déchirant ses vêtements invoquait les dieux de son pays avec larmes et gémissements et leur promettait des offrandes en actions de grâces, s’ils sauvaient le vaisseau. Mais la tempête ayant cessé et le calme étant revenu, ils se mirent à faire bonne chère, à danser, à sauter, comme des gens qui viennent d`échapper à un danger inattendu. Alors le pilote, esprit solide, leur dit : « Mes amis, réjouissons-nous, mais comme des gens qui reverront peut-être la tempête. »

La fable enseigne qu’il ne faut pas trop s’enorgueillir de ses succès, et qu’il faut songer à l’inconstance de la fortune.