Géographie de l’Isère/11

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XI. Industrie.

Presque tous les métaux connus se rencontrent sur le territoire. L’Isère possède plusieurs mines d’or, mais celle de la Gardette, hameau de la commune de Villard-Eymond est la seule où le précieux métal se rencontre à l’état natif. Le gîte de la Gardette est un filon de quartz renfermant du cuivre sulfuré, de la galène, de la blende et de l’or natif. Les autres mines d’or du département sont celles d’Allevard, où l’or se trouve mêlé en très-faible quantité au cuivre gris argentifère ; celle d’Auris-en-Oisans, qui offre un mélange d’antimoine, de plomb, de cuivre, de zinc, d’or et d’argent ; celles de Bourg-d’Oisans, des Chalanches (commune d’Allemont), de la Cochette, du Molard, dans lesquelles l’or se trouve également mêlé dans des proportions très-minimes à d’autres métaux. Le Rhône roule, dit-on, des sables aurifères.

Les principales mines d’argent sont celles des Chalanches, où l’argent se trouve à l’état natif, mais où l’on aura toujours à lutter contre une foule d’obstacles, dont le plus sérieux est la position de la mine à une hauteur considérable, sur une montagne escarpée, dont les chemins sont encombrés de 1 à 2 mètres de neige, pendant l’hiver. — Il existe d’autres mines d’argent sur le plateau de Brandes, mais elles sont abandonnées.

Les gisements de cuivre sont celui des Allières, qui renferme du cuivre jaune et du cuivre gris argentifère ; ceux de Brandes, de l’Herpie, du Lac-Blanc, d’Ornon ; les filons de cuivre gris d’Oulles, qui ne peuvent donner lieu à aucune exploitation régulière ; ceux d’Oz, qui sont exploités, et surtout les mines de cuivre du vallon de Theys. On a reconnu à diverses époque l’existence du mercure à Prunières, aux Chalanches et à Saint-Arey.

L’Isère renferme un grand nombre de mines de fer, (237,000 quintaux métriques de minerai chaque année), dont les plus importantes sont celles du pays d’Allevard, célèbre par ses richesses métallurgiques : indépendamment de toutes les variétés du fer carbonaté, on y trouve les fers oligiste, micacé, hydraté, sulfaté, etc. Les mines de fer du pays d’Allevard s’étendent sur les communes d’Allevard, de la Ferrière, de Saint-Pierre-d’Allevard et de Pinsot. On rencontre également du minerai dans tout le vallon de Vaulnaveys, dans les vallées de la Romanche et de l’Olle, dans le canton de la Mure, à Saint-Quentin et à la Verpillière, dont les minerais alimentent les forges et les fonderies de Vienne.

On exploite des mines de plomb aux environs de Vienne. Celles du Mont-Pipet sont abandonnées. On trouve aussi du plomb aux environs d’Oulles, à Theys, etc. — Le cobalt ne se rencontre à l’état natif que dans les filons d’argent des Chalanches. Il en est de même du nickel et de l’antimoine. — On a reconnu l’existence de plusieurs gîtes de zinc sulfuré dans le département de l’Isère ; les principaux sont celui de Laffrey et celui de Séchilienne.

On rencontre du cristal de roche à Mizoën et à Mont-de-Lans, et, sur le territoire de Vaujany, l’émeraude blanche et verdâtre.

Les carrières de marbre de l’Isère se trouvent dans l’arrondissement de Grenoble. Ce sont celles de la vallée de la Bonne (blanc, rose et vert), des Chalanches (marbres blanc et gris), de l’Échaillon (teinte rosée), de Laffrey (gris blanchâtre). La carrière du Peychagnard, au-dessus de la Mure, donne un marbre noir mélangé de blanc. Les environs de Theys fournissent des blocs de marbre noir à veines jaunes. Les produits du Valsenestre sont, dit-on, préférables au marbre de Carrare. Citons aussi les carrières de Vaujany (marbre blanc), sur la rive droite du Flumet ; le marbre noir de Corps et d’Angray, la brèche du Fresney, le marbre jaune de Sassenage, le marbre gris noir à veines blanches de la Porte-de-France, à l’entrée de Grenoble, et surtout la serpentine de la Rochette. La serpentine, presque sans veines et sans fissures, se travaille facilement au tour et pourrait servir à faire des mortiers, des vases d’ornement, etc. ; malheureusement la difficulté des transports s’oppose à son exploitation.

Le nombre des carrières de pierre de l’Isère est considérable. Montalieu est renommé pour ses pierres dures, dont s’approvisionne la ville de Lyon. À Claix, on se livre à l’exploitation de belles roches semblables à celles de Sassenage, et employées surtout à la fabrication du ciment. Les belles carrières de Tencin fournissent des pierres schisteuses dont on s’est servi pour bâtir en grande partie les digues de l’Isère. Dans les environs de Trept sont des carrières d’une pierre blanche très-propre à la construction. Au pied des escarpements de la Gardette, on exploite des blocs de pierre écroulés du haut de la montagne. Il existe aussi des carrières de pierre dans les environs d’Amblagneux, de Saint-Alban, de Grenoble, d’Hyères, de Morestel, de Saint-Quentin-sur-Isère, de Voreppe, du Fontanil, de la Sône, etc.

Les sables réfractaires sont exploités principalement à Voreppe. — Le tuf se trouve dans les environs de Vizille, à Saint-Sauveur, à la Buisse, et dans un grand nombre d’autres localités. — Le territoire de Bernin et les environs de Grenoble, renferment de la pierre à ciment d’une qualité supérieure. — Saint-Christophe-en-Oisans possède une mine de graphite inexploitée. — Les carrières de gypse, très-nombreuses, se trouvent toutes dans l’arrondissement de Grenoble.

Les ardoisières de l’Isère se trouvent dans la vallée de la Romanche. Les produits en sont fins et légers, mais ils durent peu. Les ardoisières en exploitation sont celles d’Allemont, de Mizoën, du Mont-de-Lans, d’Oz, d’Ornon, d’Oulles, dont les ardoises sont très-estimées. Les lauzes, ardoises épaisses employées pour le carrelage et pour la couverture des maisons dans quelques villages, s’exploitent principalement à Montchaboud, au-dessus de Vizille, à Fontaine, et sur la montagne de Brame-Farine.

L’Isère renferme deux concessions houillères, sur les communes de Communay et de Ternay, aux environs de Vienne ; elles font partie du bassin de Rive-de-Gier, qui se continue par-dessous le Rhône.

Les principales mines d’anthracite (900,000 quintaux métriques environ de combustible par an) se trouvent dans le canton de la Mure. L’exploitation en est considérable. Sur le plateau de Brandes est une carrière d’anthracite d’où il s’extrait chaque année 1,000 à 1,500 quintaux métriques, puis une autre carrière plus élevée, dont l’exploitation, à cause du froid, ne peut être régulière que pendant trois mois de l’année. Ce gîte, de 2 ou 3 mètres d’épaisseur, forme l’extrémité septentrionale d’une branche de grès à anthracite qui commence au rocher de Ferrarez, près de Venosc, et traverse la vallée de la Romanche en se dirigeant en droite ligne vers le nord. Sa longueur est de 12 kilomètres, sa largeur moyenne de 150 mètres seulement. Des mines d’anthracite bien autrement considérables sont celles de Peychagnard. Les concessions importantes sont situées dans les communes de Surville (Peychagnard), Pierre-Châtel, la Motte-d’Aveillans, la Motte-Saint-Martin, Notre-Dame-de-Vaux et Saint-Jean-de-Vaux. Les couches d’anthracite de Peychagnard ont, en certains endroits, une épaisseur de 10 et même 14 mètres. Le territoire de l’Isère offre un grand nombre de gîtes de lignite (45,000 quintaux métriques environ de combustible par an). L’arrondissement de la Tour-du-Pin est le plus riche sous ce rapport. Le lignite est exploité à Saint-André-le-Gaz, Sainte-Blandine, la Chapelle-de-la-Tour, Saint-Didier-de-la-Tour, Pommier, Saint-Victor-de-Cessieu, etc.

Les principales tourbières sont celles de Bourgoin (6,514 hectares), réparties sur 23 communes. Elles décrivent, de l’E. à l’O., un immense arc de cercle, dont l’Île-d’Abeau occupe la convexité tournée vers le S., et qui se termine dans la vallée du Rhône, vis-à-vis de l’embouchure de l’Ain. La longueur totale de ces marais est de 35 kilomètres environ. À l’E. de cette ligne de marécages s’en étend une autre qui va de Morestel aux Avenières et se réunit au Rhône vis-à-vis de l’embouchure du Guiers. Ces tourbières produisent en moyenne environ 143,000 quintaux métriques, ayant une valeur de 115,000 francs.

L’Isère possède un grand nombre de sources minérales et plusieurs localités du département sont devenues des stations de bains très-fréquentées. Au hameau de l’Abbaye, près de Grenoble, jaillit une source sulfureuse alcaline (10° ; 50 litres par minute), alimentant un établissement de bains. — Viennent ensuite par ordre alphabétique les eaux d’Allevard. La source, nommée dans le pays l’eau noire, débite 5,792 hectolitres par 24 heures, à une température de 16° 7. L’eau d’Allevard, froide, sulfureuse, iodée, gazeuse, est utilisée avec avantage pour la guérison des maladies chroniques de la peau, des rhumatismes, des engorgements des articulations, des maladies des poumons. — En 1834, quelques filets d’eau sulfureuse ont été découverts au Bachet, près de Grenoble. — Les environs du Bourg-d’Oisans offrent plusieurs sources sulfureuses et ferrugineuses utilisées principalement par les pauvres. — Les belles sources sulfureuses de Choranche sont tout à fait semblables à celles d’Uriage. — Cordéac possède aussi des eaux sulfureuses. Celles de Crémieu sont carbonatées ferrugineuses ; celles de l’Échaillon (commune de Veurey), thermales, sulfureuses, calcaires. Près de Mayres jaillit aussi une source minérale inexploitée. — Les eaux acidules froides du Monestier-de-Clermont sont efficaces dans les affections de l’estomac et des reins.

Les eaux thermales de la Motte-Saint-Martin jaillissent dans une gorge profonde sur les bords du Drac. Il y a deux sources (60° au griffon, 37° à l’établissement), dont l’eau est chlorurée sodique forte, tonique et reconstituante, analogue à l’eau de mer et aux sources salées (4,000 hectolitres environ par 24 heures). Cette eau s’emploie en boisson, bains, douches, étuves, etc. Elle est très-efficace pour la guérison des rhumatismes, des luxations et fractures, des caries, du mal de Pott, des scrofules, des inflammations chroniques du foie et de l’estomac, etc. Elle s’administre en boisson dans les maladies de langueur et des organes digestifs, etc.

Les eaux d’Oriol sont des eaux gazeuses. — Les eaux chlorurées sulfureuses du mont Rachais alimentent l’établissement hydro-balsamique de Bouquéron.

Citons enfin les eaux sulfureuses froides de Tréminis et surtout la source chlorurée sodique et sulfureuse d’Uriage. Cette dernière source a une température de 27°3 au griffon. Les eaux d’Uriage s’emploient en bains, en douches et en boisson. Elles agissent surtout sur les muqueuses de la peau, sur l’hématose et le système nerveux. À la fois éminemment salines et sulfureuses, elles réunissent, par un privilége unique en Europe, des propriétés qu’on ne trouve que séparées ailleurs et peuvent remplacer à la fois Baréges et les bains de mer. Elles sont très-efficaces dans les cas de dermatoses et de scrofules, dans les rhumatismes, les laryngites, diverses maladies des femmes, etc. On les emploie enfin pour fortifier les enfants délicats.

L’industrie manufacturière, notamment la métallurgie, est fort développée dans le département. On y trouve un laminage d’or et d’argent à Pont-de-Chéruy, une tréfilerie d’or et d’argent à Coublevie, une tréfilerie d’argent à Chavanoz, des fonderies de cuivre à Vienne, Voiron, Renage et Jallieu ; une fonderie de plomb et de zinc à Reventin-et-Vaugris, des fonderies de fer à Saint-Jean-de-Moirans, Jallieu, Voiron, à Brignoud, où sont fondus des minerais de fer extraits aux environs de Theys, et à Vizille ; des forges à Chasse, à Combe-de-Lancey, Fourvoirie (com. de Saint-Laurent-du-Pont), à Réaumont, aux Hurtières (com. de Renage), à Voiron, Vienne, Vinay et à Pont-Évêque, dont la magnifique forge occupe 400 ouvr. et produit 15,000 kilog. de fer par jour. Parmi les hauts fourneaux, le plus important est celui d’Allevard (300 ouvriers), dont les fers et les aciers sont employés pour la fabrication des canons, des bandages, des roues de wagons, des plaques de blindage, des ressorts de voitures, etc. D’autres hauts fourneaux existent à Pinsot, Saint-Quentin, Villard-Bonnot, Saint-Vincent-de-Mercuze, Beaurepaire. On rencontre des aciéries à Chavanoz (pour chirurgie), à Bonpertuis (100 ouvriers, 800 tonnes d’acier par an), au hameau d’Apprieu ; à Chabons, à Saint-Clair-sur-Galaure, Coublevie, Laval, Saint-Maurice-en-Trièves, Domène, Réaumont, Rives, la Sène, Tullins, Vinay, Voiron et la Chapelle-du-Bard. Charvieu et Tignieu-Jameyzieu possèdent des tréfileries de fer ; Saint-Jean-de-Moirans, une tréfilerie de cuivre.

L’élève des vers à soie est très-active dans les plaines de l’Isère. Parmi les communes qui se livrent à ce genre d’industrie, nous citerons Agnin, Saint-André-le-Gua, Anjou, Assieu, Saint-Chef, Auberive, Bernin, Morestel, etc. Les cocons sont filés à Saint-Égrève, Sérézin, Tencin, Saint-Marcellin, Ternay, la Terrasse, la Tour-du-Pin, la Tronche, etc. Il existe dans le département environ cent filatures de soie occupant ensemble 2,280 ouvriers. Pont-en-Royans possède une fabrique d’organsinage pour la soie, qui occupe 120 ouvriers. Beaucoup de localités ont des manufactures d’étoffes de soie ou des tissages répartis dans les maisons : telles sont les communes de Saint-Nicolas-du-Macherin, Saint-Pierre-de-Bressieux, Pont-de-Beauvoisin, Renage, Ruy, de Sérézin (à Nivolas), la Sône, Tèche-et-Beaulieu, Ternay, la Tour-du-Pin, Virieu, Vizille, Saint-Antoine, Saint-Aupre, Charvieu, Sillans, Rives (500 métiers), et surtout Voiron, dont les 15 établissements (2,000 métiers) livrent chaque année au commerce 8 à 9 millions de mètres de soieries. Vaulnaveys-le-Haut compte plus de 300 métiers pour la fabrication des taffetas. Dans le château d’Alivet est établie une fabrique de crêpes et de soieries. Les velours se tissent à Saint-Jean-de-Bournay, Jonage, Corps, Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs, Saint-Pierre-de-Bressieux, etc. La fabrique de foulards et de crêpes de Vizille donne du travail à 600 jeunes filles. À Saint-Ondras on confectionne des cordonnets et des filets en soie. Les rubans viennent principalement de Saint-Jean-de-Bournay, Moirans, Tullins ; la passementerie, de la Tour-du-Pin.

Le hameau de la Grive, dans la commune de Bourgoin, et Vizille ont chacun une filature de coton ; Pont-en-Royans, Roybon, Saint-Symphorien-d’Ozon et Vienne, des filatures de laine. Sérézin-du-Rhône, Saint-Symphorien-d’Ozon, Tullins, fabriquent des couvertures de laine ; Roybon, de la grosse draperie ; Pont-en-Royans, des draps pour l’armée. Beaurepaire, Entraigues, Sassenage et Vienne (50,000 pièces par an), des draps ordinaires. On rencontre des fabriques de toiles à l’Albenc, Anjou, Aoste, Saint-Aupre, Saint-Blaise-de-Buis, Bourg-d’Oisans, Saint-Jean-de-Moirans, Mens, la Mure, la Tour-du-Pin, Rives, etc. Dans cette dernière commune, presque tous les paysans ont un métier à toile : l’hiver venu, ils fabriquent eux-mêmes, avec le chanvre qu’ils ont récolté, ces belles toiles connues dans le commerce sous le nom de toiles de Voiron. Les métiers, mus par la vapeur ou par moteurs hydrauliques, sont réunis à Voiron dans de grandes fabriques dont la principale compte 100 métiers et occupe 160 ouvriers produisant annuellement 9,000 à 10,000 pièces. On trouve à Sérézin-du-Rhône et à Saint-Alban-de-Roche des fabriques d’indiennes.

La ganterie et tout ce qui se rapporte à la mégisserie, teinturerie, etc., forme la branche la plus considérable de l’industrie de Grenoble ; Paris seul peut rivaliser avec cette ville pour la fabrication des gants. On fabrique annuellement à Grenoble, dans 115 manufactures, 850,000 douzaines de gants d’une valeur de 30 millions de francs, vendus non-seulement en France, mais dans tout le reste de l’Europe, en Amérique et surtout dans les États-Unis. Cette industrie occupe directement 2,000 ouvriers mégissiers, teinturiers ou découpeurs, pour la préparation des peaux, qui arrivent d’Annonay toutes préparées, et 20,000 femmes de la ville et surtout de la campagne pour la couture des gants. Les gants Jouvin, dont la réputation est européenne, sont pour la plus grande partie fabriqués à Grenoble.

Il existe deux vinaigreries dans le département, celles d’Izeaux et de Saint-Ismier. Mais on y trouve de nombreuses scieries de bois.

Parmi les papeteries, nous citerons celles de Bourgoin, Brignoud, Cessieu, Chabons, Claix, Coublevie, Saint-Didier-de-Bizonnes, des Éparres, d’Estrablin, d’Izeron, de Jallieu, Renage, Rioupéroux, la Tour-du-Pin, Tullins, Moirans, Domène, Saint-Victor-de-Cessieu, Vienne, Vizille et surtout celles de Rives et de Voiron. Celle de Rives possède trois machines à papier sans fin, marchant jour et nuit, et deux cuves à la main : elle consomme chaque année plus de 800,000 kilogrammes de chiffons, et elle livre au commerce 2,200 kilogrammes de papier par jour, soit 610,000 kilogrammes par an. Le nombre de ses ouvriers dépasse 300, sans compter les charpentiers, les forgerons, les mécaniciens. Vingt moteurs hydrauliques sont incessamment occupés à transformer le chiffon en papier. La fabrication du papier est représentée par plusieurs grands établissements. M. Lafuma possède une machine à papier produisant par jour 1,100 kilogrammes de papier, consommant 500,000 kilogrammes de chiffons par an et occupant 120 ouvriers. La papeterie Guérimand (2 machines hydrauliques, 200 ouvriers) livre chaque jour 2,000 kilogrammes de papier fin et de couleur, et emploie annuellement 800,000 kilogrammes de chiffons. MM. Berthollet frères ont une machine produisant 1,100 kilogrammes de papier par jour, et consommant 4,000 à 5,000 kilogrammes de chiffons par an. Outre ces nombreuses papeteries, on trouve une fabrique de pâte à papier à Pontcharra et des cartonneries à Saint-Martin-d’Hères et à Domène.

Seyssins, Vif, le Genevrey et surtout Grenoble possèdent des fabriques considérables de chaux hydraulique et de ciment extraits des terrains jurassiques des environs. Les deux établissements situés près de la porte de France produisent de 40 à 50,000 quintaux métriques par an.

La fabrication des liqueurs forme une branche assez importante de l’industrie de l’Isère. Il faut citer en première ligne les deux espèces de liqueurs de la Grande-Chartreuse, fabriquées par les moines du monastère avec les plantes aromatiques qui croissent en abondance dans les montagnes voisines. L’une est l’élixir, espèce de médicament ; l’autre, la liqueur connue sous le nom de chartreuse. Il entre dans sa composition de petits œillets rouges, de la mélisse, de l’absinthe, et aussi de jeunes bourgeons de sapin et du bois de calycanthus. Il y a trois espèces de chartreuse : la verte, la jaune, la blanche. La verte est la plus forte, la blanche la plus faible ; généralement on préfère la jaune. On fabrique de la liqueur imitation de la chartreuse à Saint-Laurent-du-Pont, et des liqueurs de différentes espèces à Grenoble, Saint-Marcellin, au Grand-Lemps, à Voiron (4 fabriques, dont la plus importante est celle de MM. Brun-Pérod, inventeurs du china-china), la Côte-Saint-André, la Frette, la Chapelle-du-Bard, dont les importantes distilleries fabriquent un kirsch estimé ; de l’absinthe, à Bourgoin.

Saint-Marcellin produit de petits fromages appelés tomes. Les fromages de Sassenage viennent du canton de Villard-de-Lans et non de Sassenage, qui n’en fabrique pas. Izeaux se distingue par une industrie toute locale ; la commune compte 60 maîtres cordonniers, dont les produits s’exportent dans tout le département et dans les départements voisins.