Géographie de la Corse/3

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III. — Cours d’eau ; lacs et étangs.


La largeur de la Corse étant très-petite par rapport à l’élévation de ses montagnes, les cours d’eau n’ont à franchir que de faibles distances kilométriques, tandis qu’ils descendent de hauteurs considérables ; ce sont par conséquent des torrents plutôt que des fleuves. Certains géographes ont établi un grand nombre de subdivisions dans l’étude de l’hydrographie corse. Nous nous contenterons d’énumérer les principaux cours d’eau de chaque versant.

Versant Oriental. — Le Golo est le torrent le plus considérable de ce versant et même de l’île entière. Il prend sa source dans les montagnes de la chaîne centrale, à une très-grande hauteur, entre le Monte Vagliorba et le Tafonato. Grossi par quelques petits affluents, il traverse l’aride plateau du Niolo, arrose Calacuccia, et sort du Niolo par un étroit défilé. Il se dirige ensuite vers le nord et longe à une faible distance la grande route d’Ajaccio à Bastia ; il reçoit, à gauche, l’Asco, grossi de la Navaccia et de la Tartagine, qui viennent de l’ouest, et tourne ensuite vers l’est. Sa vallée est bordée de chaque côté par de riantes collines. Il débouche dans la plaine de Mariana, vallée d’alluvions, et va se jeter dans la mer par un estuaire assez large, au sud de l’étang de Biguglia. Il n’est navigable, comme les autres rivières de la Corse, dans aucune partie de son cours ; sa longueur totale est de 84 kilomètres. Le volume moyen de ses eaux est de 110,000 mètres cubes par minute. — L’Asco, le plus grand tributaire du Golo, prend sa source dans les contre-forts nord du Monte Cinto. Il descend le long d’une vallée sauvage dont les pentes sont en partie couvertes de forêts ; il débouche ensuite dans une petite plaine d’alluvions formée par son confluent avec le Golo, après avoir reçu, à gauche, la Tartagine (28 kilomètres de cours) et la Navaccia réunies. La longueur de son cours est de 29 kilomètres.

Le Tavignano (Rhotanus flumen), au sud du Golo, a sa source dans le lac de Nino ou Ino, et se dirige vers l’est. Jusqu’à Corte, il suit une profonde et sauvage vallée. Il passe à Corte, et se grossit, à droite, sous les murs de cette ville, de la Restonica. Il coule alors vers le sud-est, reçoit le Vecchio, le Corsigliese, le Tagnone, et va se jeter dans la mer entre l’étang de Diana, au nord, et les ruines d’Aleria, au sud. La longueur de son cours est de 80 kilomètres ; son débit moyen est évalué à 80,000 mètres cubes d’eau par minute. — La Restonica, principal affluent du Tavignano, prend sa source dans les flancs du Monte Rotondo, et suit une vallée parallèle à celle du Tavignano. Elle coule, étroitement encaissée, entre deux rives dont les pentes sont tantôt abruptes, tantôt couvertes de forêts de conifères. Ses eaux sont très-limpides ; la longueur de son cours est de 17 kilomètres environ.

Le Fiumorbo (Hierus flumen) prend sa source dans les montagnes de la Serra d’Ese, au sud du Monte Renoso. Il se dirige d’abord vers le nord, puis tourne vers l’est et le sud-est. Son cours, très-accidenté et très-sinueux, a 43 kilomètres


Saint-Florent.


de longueur. Le Fiumorbo va se jeter dans la mer au sud de la plaine d’Aleria, au nord de l’étang de Palo. Ses affluents sont insignifiants.

De l’embouchure du Fiumorbo jusqu’à Bonifacio, on trouve un grand nombre de torrents sans importance. Nous mentionnerons, du nord au sud : l’Abatesco (20 kilomètres) ; le Travo (27 kilomètres) ; la Solenzara [(19 kilomètres) ; le torrent de Santa Lucia (18 kilomètres) ; l’Oso (20 kilomètres) ; le Stabiaccio (20 kilomètres).

Versant de l’Ouest. — Ce versant comprend les rivières et torrents qui se jettent dans la Méditerranée, depuis le golfe de Saint-Florent, au sud-ouest du Cap corse, jusqu’à Bonifacio.


Calvi.

Ce sont, à partir du nord : l’Aliso (20 kilomètres), qui prend sa source dans les gorges de Tenda, et va se jeter dans la mer au golfe de Saint-Florent, un peu au sud de la ville du même nom ; — l’Ostriconi (21 kilomètres), qui commence au sud du Monte Asto, et arrose une des plus pittoresques vallées de la Balagna ; — le Regino, qui arrose une contrée fertile, à l’est de l’Île-Rousse ; — la Ficarella (23 kilomètres) et le Secco (15 kilomètres), qui se jettent dans le golfe de Calvi.

Entre Calvi et le golfe de Porto, on trouve le Fango, rivière considérable qui prend sa source sur le revers occidental de la grande chaîne, dans les flancs du Monte Arghiaminuta, non loin du Monte Cinto. Il descend une vallée sauvage et déserte, et, après s’être grossi de nombreux affluents, il traverse une plaine assez fertile, pour se jeter dans le golfe de Galeria ; son parcours est de 25 kilomètres.

De l’embouchure du Fango au golfe de Porto, il n’y a que de petites rivières insignifiantes. Dans le golfe de Porto débouche la Rivière de Porto, qui prend sa source dans le haut de la vallée d’Aitone, passe au-dessous d’Evisa, où elle reçoit le torrent de Cristinacce, et va se jeter dans le golfe de Porto, après un parcours de 25 kilomètres. — Son principal affluent (rive droite) est le torrent de Lonca (16 kilomètres).

La Sagona, qui débouche dans le golfe du même nom, a son origine au pied des montagnes qui sont à l’ouest du Col de Seva. Elle reçoit, sur sa rive droite, un petit affluent, la Balogna, et va se jeter dans la mer après un parcours de 20 kilomètres.

Le Liamone est la rivière la plus importante du versant ouest. Il se forme sur le versant ouest du Monte Retto, qui sépare les sources du Liamone de celles du Tavignano. D’un cours d’abord très-rapide et très-tortueux, il franchit plusieurs étroits défilés, passe au pied du village important de Vico, et débouche dans la mer après avoir traversé une plaine fertile de 4 kilomètres de largeur, appelée la plaine du Liamone. — Ses affluents sont, sur la rive gauche : le Grosso (16 kilomètres) et le Cruzzini (24 kilomètres).

La Gravona prend sa source sur les flancs du Monte Renoso. Elle passe à Bocognano et côtoie à une faible distance la grande route d’Ajaccio à Bastia, le long d’une vallée assez fertile. Elle débouche dans la riante plaine du Campo di Loro et va se jeter dans le golfe d’Ajaccio, après un parcours de 42 kilomètres. Ses eaux, dérivées au-dessus du hameau de Mezzavia, sont conduites par un canal à Ajaccio, dont elles alimentent les fontaines.

Le Prunelli prend aussi naissance sur les flancs du Monte Renoso et n’est séparé que par un contre-fort rocheux des sources de la Gravona. Il passe près de Bastelica, reçoit plusieurs petits affluents, et va se jeter dans le golfe d’Ajaccio, après avoir traversé aussi la plaine du Campo di Loro. Cours, 38 kilomètres.

Le Taravo, qui a son origine près du col de la Foce di Verde, descend presque en ligne droite du nord-est au sud-ouest. Il coule étroitement encaissé dans la plus grande partie de son parcours, passe au pied de Zicavo, au-dessous de la route d’Ajaccio à Sartène, et va se jeter dans la mer au golfe de Porto Polio. Cours, 53 kilomètres.

Entre le Taravo et le Rizzanese, on ne trouve que le Boraci, torrent sans importance.

Le Rizzanese, appelé aussi Tavaria, prend sa source sur les flancs du Monte Incudine. Il coule en décrivant de nombreux zigzags, et, grossi de plusieurs petits affluents, se jette dans le golfe de Valinco, au sud de Propriano. Cours, 53 kilomètres.

Du golfe de Valinco à Bonifacio, un grand nombre de petits torrents descendent à la mer. Le plus notable est l’Ortolo, qui naît au pic de la Vacca Morta, et se perd dans la mer au golfe de Roccapina.

Outre ces cours d’eau, la Corse compte un certain nombre de lacs, de marais et d’étangs.

Les lacs sont situés dans la région élevée des montagnes, et la plupart dans les environs du Monte Rotondo. Ils se distinguent par la limpidité de leurs eaux, qui reflètent les parois de granit dans lesquelles elles sont enchâssées. Les lacs du Monte Rotondo, au nombre de sept, sont : le Rotondo, l’Oriente, le Melo, le Goria, le Pozzolo, le Rinoso, le Nielluccio. Le plus vaste de tous, le Rotondo, a la forme d’un immense entonnoir bordé de magnifiques rochers grisâtres ; il est très-profond et recouvert par la neige pendant huit mois de l’année ; sa superficie est de 7 hectares environ.

Le lac le plus important après le Rotondo, comme étendue, est le lac de Nino, sur le versant oriental du Monte Retto ; son émissaire se jette dans le Tavignano, dont il est le principal affluent ; sa superficie est de 6 hectares et demi.

Le lac de Creno, dans le Campotile, envoie le produit de ses eaux dans le Liamone.

Il y a aussi, dans le pourtour du Monte Renoso, un certain nombre de petits lacs qui alimentent le Fiumorbo et le Prunelli. Ce sont : le Bastani, le Rino supérieur, le Rino inférieur, le Bracco, le Vatelaca ; ces lacs, dans lesquels vivent d’excellentes truites, sont gelés pendant une grande partie de l’année.

Les étangs et les marais abondent, surtout le long de la côte orientale, où ils forment de vastes étendues d’eau. Nous citerons sur cette côte, en allant du nord au sud, les étangs suivants. L’étang de Biguglia, le plus vaste de la Corse, a une superficie de 1,500 hectares et des bords très-insalubres ; mais il nourrit d’excellentes anguilles. L’étang de Diana, l’antique port d’Aleria, au nord de l’embouchure du Tavignano, a 570 hectares de superficie ; il communique avec la mer par un goulet. Au milieu de l’étang est un petit îlot de 400 mètres de circuit, qu’on appelle l’îlot des Pécheurs. L’étang d’Urbino, entre l’embouchure du Tavignano et celle du Fiumorbo, a une superficie de 750 hectares. Citons ensuite les petits étangs de Palo (72 hectares) et de Balistro (30 hectares), et les immenses marais qui s’étendent entre l’embouchure du Tavignano et Porto-Vecchio.

Sur la rive occidentale, les étangs ne sont plus que des marais ; on rencontre, en allant du sud au nord : — les marais du Taravo (20 hectares), sur la rive droite de l’embouchure de cette rivière ; — les marais de Pero (50 hectares) et de Chioni (55 hectares), sur le bord des petits golfes du même nom, entre Cargèse et Piana ; — les marais de Calvi (23 hectares), entre cette ville et l’embouchure de la Ficarella ; — les marais de Saint-Florent (50 hectares), entre cette ville et l’embouchure de l’Aliso.