Germain de Montauzan - Les Aqueducs antiques/Chapitre 4 - §3

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§ III. — Constructions en sous-sol.

« Ductus autem aquae fiunt generibus tribus, rivis per canales structiles, aut fistulis plumbeis, seu tubulis fictilibus. Si canalibus, ut structura fiat quam solidissima… eaeque structurae confornicentur ut minime sol aquam tangat… Sin autem medii montes erunt inter mœnia et caput fontis, sic erit faciendum uti specus fodiantur sub terra[1]. »

Ce passage de Vitruve semble ne distinguer dans la canalisation maçonnée que deux espèces de conduites : élevées hors de terre ou percées en souterrain. Mais il est bien évident qu’on ne perce des tunnels que le moins possible et seulement lorsqu’il s’agit d’éviter, ou de trop longs détours, ou certaines constructions encore plus difficiles qu’une galerie souterraine. La plupart du temps on longe les montagnes à flanc de coteau, en enfonçant l’aqueduc de quelques mètres sous le sol, dans une tranchée que l’on recouvre ensuite ; et ce n’est que par exception, à cause des exigences du nivellement, qu’il fait saillie hors de terre. Vitruve fait remarquer justement que l’eau du canal doit être préservée des rayons du soleil : elle conserve mieux ainsi sa fraîcheur, sa pureté et l’intégrité de sa gaine ; mais il aurait pu ajouter que le bon moyen pour cela était non seulement de la recouvrir d’une voûte, mais encore de l’enterrer.

I. — CANAL EN TRANCHÉE COUVERTE

Tranchée, piédroits, revêtements et voûte. — L’axe de l’aqueduc étant déterminé en direction par le jalonnement, on procédait à l’ouverture de la tranchée, profonde de 3 à 4 mètres, et large de 1m, 50 à 2m, 50 environ, ou même davantage, suivant les dimensions que devait avoir le canal. J’ai donné celles-ci pour chacun des quatre aqueducs de Lyon. Nous avons pu constater que l’épaisseur des piédroits, relativement à la largeur du canal, était variable : à l’aqueduc du Gier, il y a sensiblement égalité, à La Brévenne une épaisseur relative moindre en général ; il en était de même de la voûte, dont l’extrados, à l’aqueduc du Gier, continuait en général la surface extérieure des piédroits, tandis qu’à La Brévenne il était un peu en retrait. On commençait — règle vérifiée à tous nos aqueducs — par poser au fond de la tranchée sur toute sa largeur un pavage de moellons debout, hauts de 0m,20 à 0m,30. Par-dessus l’on posait à bain de mortier quatre ou cinq assises de petits matériaux semblables à ceux des blocages, mais plus réguliers, souvent même grossièrement taillés en moellons rectangulaires, serrés les uns contre les autres. Une fois atteinte la hauteur de 0m,50 à 0m,60 au-dessus du fond de la tranchée, on continuait à élever cette même maçonnerie en laissant au milieu le vide nécessaire à l’établissement du canal[2]. Les piédroits ayant atteint la hauteur voulue, c’est-à-dire le niveau fixé pour les naissances de la voûte, on étendait au fond le lit de béton du sous-radier, de la même manière qu’aux massifs apparents, mais avec une épaisseur presque toujours plus grande, variant de 0m,15 à 0m,25 et comprenant souvent deux couches, dont la plus profonde contenait des cailloux mêlés aux fragments de tuileaux. Cette seconde couche de béton le plus souvent ne se bornait pas — du moins à l’aqueduc du Gier — à la partie inférieure du radier ; elle se prolongeait dans l’épaisseur des piédroits jusqu’à la hauteur des naissances (v. fig. 52, p. 131)[3]. Le revêtement en ciment s’étendait par-dessus, et l’on ménageait le solin ou congé aux angles[4].

La voûte, quand elle existait, ce qui était le cas général[5], était formée de voussoirs sans joints de mortier, et surmontée directement d’une chape en ciment de un à deux centimètres d’épaisseur, à moins qu’elle ne fût moins épaisse que les piédroits. Dans ce cas, l’ouvrage se terminait comme il a été dit pour les ouvrages apparents (fig. 11, 52). Le sommet restait toujours à un mètre au moins au-dessous du sol, et l’on remblayait l’espace libre.

En définitive, on ne s’est pas toujours astreint, sur toute la longueur d’un aqueduc, à un type de section et à des dimensions absolument uniformes. De tous, c’est celui du Gier qui, malgré quelques modifications de détail, est resté le plus constamment égal à lui-même. Cela tient, soit à une plus grande unité de direction, soit à un entretien plus continu qui a permis de le conserver tel quel, les autres ayant dû peut-être, par suite d’avaries plus complètes, être reconstruits de fond en comble sur de longs espaces à différentes époques.

Profils divers, anciens et modernes. — Aux aqueducs de Rome, outre le profil ordinaire, c’est-à-dire le rectangle surmonté de la voûte à plein cintre, on trouve : la
Fig. 109. — Section de l’aqueduc de Rochetaillée (Saint-Étienne).
section rectangulaire avec couverture de dalles posées à plat (Appia) ; — rectangulaire avec voûte pointue formée de deux dalles s’étayant l’une l’autre (Marcia et Julia sur une fraction de leur parcours) ; — légèrement elliptique (Julia et Tepula, près de la porte San-Lorenzo) ; — rectangulaire avec voûte semi-hexagonale (certaines travées de l’Anio vetus). Ces divers types de sections se retrouvent aux autres aqueducs de l’empire romain, où l’on voit encore: à Fréjus[6] et à Bougie (Saldae), la section trapézoïdale surmontée du plein cintre; à Bougie, sur certains points, la section cylindrique, de 0m,45 de diamètre, avec une épaisseur de parois de 0m,55. Les aqueducs des provinces d’Afrique, extrêmement nombreux, sont, à cause de cette variété, comme à tant d’autres égards, des plus intéressants à étudier. On y trouve même la canalisation à ciel ouvert, par exemple aux aqueducs d’Aïn-Feriana (Thélepte) et de Souk-el-Abiod (Puppa), en Tunisie[7]. Cette dérogation au principe de Vitruve (confornicentur) est à la vérité exceptionnelle, et n’a lieu que pour des conduites d’un très faible parcours (deux à trois kilomètres seulement).

Le cube de maçonnerie dans la tranchée est, aux aqueducs romains en général, considérable pour les dimensions de la cuvette. Nous sommes aujourd’hui plus avares de matière. Voici quelques types de sections modernes :

Aqueduc de Rochetaillée (ou du Furens). pour l’alimentation de la ville de Saint-Etienne (fig. 109). — Section ovoïde,
Fig. 110. — Section de l’aqueduc de Rochefort.
1m,52 × 0m,80, maçonnerie ou mortier de ciment de Vassy, épaisse de 0,20, avec enduit intérieur de 0m,03, en ciment ; garnissage en pierres sèches entre les piédroits et les parois de la tranchée.

Aqueduc de Rochefort (fig. 110). — Section elliptique de 0m,80 × 0m,68 ; béton de ciment moulé dans la tranchée par bouts de 1m,50 à 2 mètres, assemblés par des bourrelets de même matière, épaisseur du béton 0m,12.

Aqueduc de la Dhuis. — Section ovoïde
Fig. 111 . — Section de l’aqueduc de Montpellier.
en maçonnerie de meulière et ciment de Vassy 1m,75 × 1m,40, épaisseur des parois 0m,20.

Aqueduc de la Vanne. — Section circulaire de 2 mètres de diamètre, épaisseur variant de 0m,32 à 0m,20, enduit épais de 0m,02.

Mais ce progrès dans la réduction du volume de maçonnerie est récent. Il y a seulement un siècle, on en était resté à des épaisseurs de maçonnerie égales et même supérieures à celles que donnaient les Romains. Témoin l’aqueduc de Montpellier qui, par rapport au petit volume d’eau charrié dans l’étroite cuvette centrale (fig. 111), offre un massif environnant de dimensions tout à fait excessives. Il est vrai que des deux côtés de la cuvette est un large rebord qui offre une grande commodité pour la visite et les réparations et peut épargner un certain nombre de regards.

II. — REGARDS DE VISITE

Le texte de Vitruve. — Vitruve parle en deux endroits des regards à ménager sur le parcours des aqueducs. C’est d’abord à propos des souterrains. Reprenons le texte, (viii, 6, 207) au point où nous sommes arrêtés tout à l’heure (p. 280) :

« Sin autem medii montes…, fodiantur sub terra librenturque (canales) ad fastigium, quod supra scriptum est ; et si tofus erit aut saxum, in suo sibi canalis excidatur ; sin autem terrenum aut harenosum erit solum, parietes cum camera in specu struantur et ita perducatur, putcique ita sint facti uti inter binos sint actus. »

« S’il y a des montagnes… il faudra creuser une galerie souterraine, en ménageant la pente, comme il a été dit plus haut ; si l’on a affaire à du tuf ou à de la roche compacte, le canal y aura ses parois taillées à même ; si le sol est terreux ou sablonneux, le canal sera muni de piédroits et d’une voûte construite dans l’excavation et se prolongera ainsi jusqu’au bout ; l’on pratiquera des puits séparés par un intervalle de 2 actes[8]. »

L’autre passage où il est question de regards se rapporte aux conduites par tuyaux. Les regards y sont appelés non putei, mais castella. Je me suis expliqué déjà sur le sens précis à donner à ce mot et sur la correction de texte qui me paraît nécessaire à la vraisemblance[9].Il n’y a pas à y revenir ici.

Quant aux quelques lignes qui viennent d’être citées, elles ne nous permettent que de constater une chose : c’est qu’on ne saurait s’autoriser de Vitruve pour parler des puits aux aqueducs en tranchée couverte, et de la distance qui séparait ces puits. Vitruve ne donne sa règle que pour les tunnels, il ne parle que des tunnels : c’est absolument manifeste d’après les expressions in suo sibi canalis excidatur, et parietes in specu struantur. Nous reviendrons sur ce texte quand nous en serons aux souterrains. Pour les tranchées nous n’avons qu’à le considérer provisoirement comme non avenu.

Distance très variable des regards suivant les aqueducs. Exemples. — Reste à envisager les faits. D’abord, il y a l’usage immuable pour tous les aqueducs modernes de placer à des distances de 100 à 200 mètres des regards donnant accès dans le canal en tranchée : c’est considéré comme une nécessité pour la visite et l’entretien. Or, ce qui est nécessaire aujourd’hui devait l’être autrefois.

Quand on perce la voûte d’un aqueduc antique, il n’est pas rare qu’on puisse y pénétrer assez avant et le suivre sur un assez long espace entre des parois bien conservées, sous une voûte intacte. Après 50, 100 mètres au plus, on trouve le passage barré par un éboulement[10]. Cet éboulement peut évidemment provenir d’une chute de la voûte ; mais en raison de cette constance du fait, de la distance qu’on ne peut pas dépasser, de l’aspect même des éboulis, l’hypothèse d’un puits comblé paraît dans beaucoup de cas la meilleure.

La trace extérieure de ces regards de tranchées a disparu, ou est fort difficile à retrouver à la plupart des aqueducs de Rome et aux aqueducs de Lyon. S’ils ont existé régulièrement, ils se sont bornés à de simples ouvertures. À d’autres, au contraire, ils étaient surmontés de constructions apparentes qui ont subsisté en partie et les ont jusqu’à un certain point garantis. C’est ainsi que les regards de l’aqueduc Trajana à Rome, restauré par Paul V et devenu l’Acqua Paola, sont encore utilisés aujourd’hui. On les avait trouvés bouchés, de la manière indiquée ci-dessus, par de la terre[11]. Mais quelques-uns étaient restés intacts, grâce à la conservation des tourelles qui les surmontaient. Ces tourelles se voient encore, à droite de la via Cassia ; elles sont en appareil réticulé, et se terminent en forme de cône ou de pyramide.

L’exemple de tous les regards que l’on rencontre ainsi différemment espacés sur le parcours d’un aqueduc en tranchée, montre qu’il n’y avait pas de règle fixe pour cet espacement. À l’Aqua Trajana, il est de 50 à 100 mètres ; à l’aqueduc de Bologne, les regards se suivaient à des intervalles de 200 à 250 mètres, tandis qu’à celui de Bougie ces intervalles se réduisaient à 48 mètres ; ils sont de 50 à 100 mètres à l’aqueduc de Dougga, en Tunisie.

Fig. 112. — Regards à l’aqueduc de Dougga.

Cette ville, l’ancienne Thugga, si remarquable par les monuments qu’ont mis au jour les fouilles de ces dernières années, offre, en ce qui concerne l’approvisionnement d’eau, un intérêt de premier ordre. Indépendamment des nombreuses citernes publiques et privées qui récoltaient les eaux pluviales, elle était alimentée par deux aqueducs, de longueur très inégale, l’un de quelques centaines de mètres seulement, l’autre de quatre ou cinq lieues. Ce dernier a conservé un très grand nombre de puits de descente dont la maçonnerie émerge encore du sol, à des hauteurs variées, jusqu’à plus de deux mètres (fig. 112). Leur section, intérieurement, est circulaire, de 1 mètre de diamètre, et carrée extérieurement jusqu’à une certaine hauteur, probablement jusqu’au niveau du sol antique, au-dessus duquel ils apparaissaient cylindriques, s’élevant jusqu’à 2 ou 3 mètres, on ne peut au juste le savoir, tous étant à présent plus ou moins tronqués. Les parois intérieures en sont très soignées, à joints réguliers et unis, avec de petites cavités ménagées pour le pied, afin de faciliter la descente. À côté de quelques-uns d’entre eux, on a retrouvé l’épaisse dalle qui servait à recouvrir l’orifice.

Pour expliquer cette fréquence de puits maçonnés, il n’est pas nécessaire de supposer, comme on l’a fait, que ces orifices dussent jouer le rôle d’ouvertures de sûreté pour le cas où l’obstruction de la conduite en aval aurait déterminé une accumulation d’eau sous pression. Aucun ingénieur ne songerait à admettre cette explication. Les considérer, ainsi qu’on l’a fait d’autre part, comme des puits creusés pour la construction, serait admissible si la conduite était en tunnel partout. Il est beaucoup plus simple de remarquer que ce rapprochement des regards n’est nullement un fait isolé, et qu’il était corrélatif sans doute du degré de pureté des eaux. Avec des eaux assez limoneuses et laissant beaucoup de dépôts, il était nécessaire d’avoir un grand nombre d’orifices d’accès dans le canal, de manière à en pouvoir opérer le curage vite et souvent.

Regards aux aqueducs de Lyon et à l’aqueduc de Sens. — Suivant cette considération, les regards, aux aqueducs du Gier et de La Brévenne, devaient être plus espacés que partout ailleurs. Leurs eaux, en effet, étaient si pures que l’on ne voit même pas la moindre incrustation le long des parois latérales. Issues de roches primitives dont les éléments sont insolubles et qui ne se désagrègent guère en matières boueuses, ces eaux passaient dans le canal sans entraîner autre chose que des sables et un peu de terre végétale provenant des érosions des cours d’eau en temps de crues. À l’aqueduc du Gier, la piscine de départ en éliminait d’ailleurs une bonne partie. Au contraire, les eaux, d’ailleurs excellentes, de l’alimentation romaine, venant des roches calcaires de la vallée de l’Artio, formaient au bout de quelque temps par incrustation des dépôts durs et denses, de texture cristalline, qu’il fallait faire sauter à coups de pic. On reconnaît encore à certains endroits la trace de ces coups[12]. L’épaisseur des dépôts que l’on constate, l’effort même que révèlent ces traces de coups, paraissent bien démontrer que le curage ne se faisait pas très fréquemment à ces aqueducs, et que les regards, sans être démesurément écartés, n’y étaient pas aussi multipliés qu’à l’aqueduc Trajana, à Dougga, ou même à Bologne.

L’aqueduc du Mont-d’Or, dont les eaux étaient un peu calcaires, offre quelques traces d’incrustations. On n’y a pas constaté de regards ; mais la façon dont les dalles qui recouvraient le canal étaient posées, permettait, d’ouvrir celui-ci n’importe où, très facilement : le curage en était donc fort aisé. À La Brévenne, Flacheron paraît avoir vu quelques regards ; du moins, il représente leur dispositif par un dessin, sans indiquer nettement si ce dessin provient d’une hypothèse ou d’une observation réelle. La cheminée de l’orifice telle qu’il l’indique forme à peine une légère saillie au-dessus du niveau de l’extrados et l’ouverture n’est pas plus large que le trou d’homme d’une chaudière. D’après cela, il n’est pas étonnant qu’il soit difficile de la retrouver.

C’est ce qui expliquerait aussi que les seuls regards constatés à l’aqueduc du Gier soient les puits du tunnel de Mornant, dont j’ai parlé en décrivant le tracé de l’aqueduc[13]. Ils sont construits intérieurement comme ceux de Dougga ; peut-être présentaient-ils jadis, eux aussi, au-dessus du sol, quelque relief maçonné qui a favorisé leur conservation[14].

Belgrand a découvert un regard à l’aqueduc de Sens ;un dessin que je reproduis (fig. 113) représente dans son ouvrage la coupe en long de l’aqueduc et la disposition de ce regard. « L’ouverture, dit-il, est de forme carrée, de 0m,66 de côté et de 0m,15 de hauteur ; puis elle devient cylindrique et de 0m,45 de diamètre sur une hauteur de 0m,40. Elle est pratiquée dans un bloc de craie de forme carrée de 1m,20 de côté et de 0m,55 d’épaisseur ; en dessous la cheminée a la dimension ordinaire de nos regards, 0m,80. Mais ce qui est très original et que je n’ai vu dans aucun dessin d’aqueduc, c’est que la fermeture était opérée par un tampon également en craie compacte, taillé en forme de bouchon. La manœuvre de ce tampon devait être fort difficile,
Fig. 113. — Regards à l’aqueduc de Sens.
et il est probable qu’on s’était donné cette gêne intentionnellement, pour empêcher les habitants du voisinage de découvrir les regards pour puiser de l’eau dans l’aqueduc[15]. » C’est évidemment aussi à cette fermeture et à ce bloc de craie superposé à la cheminée que le regard a dû sa conservation si parfaite. Si l’on avait les moyens nécessaires pour sonder aussi sur une longueur importante les aqueducs de Lyon, on pourrait retrouver quelque dispositif analogue.

Conclusion sur les regards de visite. — La conclusion est donc que tout aqueduc était muni de regards de visite, pour nettoyer la conduite, l’entretenir et la réparer; que ces regards étaient plus ou moins apparents : ou dissimulés sous le sol, de manière à n’être accessibles qu’aux agents chargés de l’entretien; ou à fleur de terre, comme beaucoup de nos regards modernes : ou surmontés d’une tourelle, creuse qui les protégeait ; plus ou moins profonds : véritables puits lorsque la tranchée s’enfonçait beaucoup dans le sol ou que l’aqueduc était creusé en souterrain, et d’autres fois réduits à de simples trous dans la voûte, plus ou moins espacés, suivant les exigences de l’entretien ou la convenance de l’ingénieur. La règle de Vitruve[16], que nous avons écartée d’abord pour les tranchées, puisqu’elle, ne les visait pas, paraît n’avoir été strictement suivie nulle part, pas plus aux tunnels qu’ailleurs. Il ne semble même pas qu’on se soit jamais soucié d’observer des distances exactes. Il ne faut donc voir dans cette règle qu’une indication de traité théorique, plus ou moins rapprochée de la moyenne, mais qui ne fut jamais un précepte.

Enfin, il y a lieu de croire qu’en raison de la pureté des eaux les regards aux aqueducs de Lyon étaient plus espacés qu’ailleurs; mais on ne peut rien affirmer là-dessus, puisque rien n’a été constaté, du moins pour les tranchées.

III. — CANAL EN SOUTERRAIN.

Difficultés plus grandes qu’en tranchée. L’erreur dans le percement de l’aqueduc de Saldae (Bougie). — La construction en souterrain, certainement partout moins fréquente que la construction en tranchée à cause de sa difficulté plus grande, est tout à fait exceptionnelle aux aqueducs de Lyon. On n’avait aucun tunnel au Mont-d’Or ni au réseau de Craponne ; l’aqueduc de La Brévenne apparemment n’en a qu’un seul, très court, entre Montromand et Courzieu, à la Croix-de-Ville[17] ; à l’aqueduc du Gier, trois seulement sont bien reconnus : celui d’Izieux[18], celui de Chagnon[19] (au grand contour indépendant du siphon) et celui de Mornant[20]. Encore celui de Chagnon est-il plutôt une galerie au rocher longeant la surface qu’un tunnel proprement dit : le tracé en était relativement facile.

Les trajets en tunnels proprement dits, c’est-à-dire traversant une montagne ou une colline de part en part, nécessitaient au contraire des opérations délicates et une attention soutenue pour éviter les erreurs de tracé. On connaissait fort bien les moyens techniques pour déterminer ce tracé avec les instruments de géodésie[21], la dioptre en particulier, mais il fallait être très habile pour manier ceux-ci avec précision. C’était là qu’un directeur de travaux donnait la mesure de sa valeur. Une pierre gravée a été découverte au xviie siècle dans la Sabine, au fond de la vallée d’Arcese où elle avait roulé du haut du mont Affliano : sous cette montagne passe l’aqueduc Claudia. On lit sur cette pierre l’inscription suivante :

BONAE • DEAE • SANCTISSIMAE
CAELESTI • L • PAQVEDIVS • FESTVS
REDEMPTOR • OPERVM • CAESAR
ET • PVBLICORVM • AEDEM • DIRITAM
REFECIT • QVOD • ADIVTORIO • EIVS
RIVOM • AQVAE • CLAVDIAE • AVGVST
SVB • MONTE • AFFLIANO • CONSVMMA
VIT • IMP • DOMIT • CAESAR • AVG • GERM ̅X̅I̅I̅I̅I̅ • COS
V • NON • IVL

Cette inscription indique qu’un entrepreneur de travaux publics, nommé Paquedius Festus, chargé par l’empereur Domitien de faire suivre à l’aqueduc Claudia un trajet raccourci en perçant le mont Affliano, réédifia au sommet de cette montagne un temple tombé en ruines, qu’il dédia à la Bonne Déesse, à la Mère des dieux, en reconnaissance de l’heureuse réussite de l’entreprise. L’exécution d’un semblable ouvrage devait donc être considérée comme particulièrement difficile.

Plus significative encore à cet égard est l’histoire du percement de l’aqueduc de Bougie (Colonia Julia Augusta Saldantium), histoire exposée tout au long dans la correspondance entre l’ingénieur chargé du travail et l’administration de la province. Cette correspondance figure sur une inscription trouvée en 1866 aux environs de Lambèse[22], sur un piédestal à six faces, dont trois intactes.

C’est d’abord une lettre de Varius Clemens, procurateur de Maurétanie Césarienne à Valerius Etruscus, gouverneur de Numidie. Dans cette lettre, écrite en l’an 152, sous le règne d’Antonin le Pieux, Clemens demande à Etruscus, au nom des citoyens de Saldae, d’envoyer dans cette ville un vétéran de la 3e légion, Nonius Dalus, qui exerçait la fonction de librator, c’est-à-dire de géomètre, arpenteur spécialement compétent pour les nivellements de routes ou d’aqueducs[23]. Ce Nonius Dalus avait, quelque temps auparavant, sous Petronius Celer, prédécesseur de Varius Clemens, étudié sur place un projet d’aqueduc pour la ville, fait les nivellements et déterminé le tracé sur le terrain. Il avait, en particulier, opéré le jalonnement (depalatio rigoris) pour la percée d’un tunnel qui devait être d’une assez grande longueur, sous la montagne appelée aujourd’hui El-Anaïa. Puis il était retourné à Lambèse, sa résidence, après avoir laissé à l’entrepreneur et à ses ouvriers le soin d’exécuter le travail conformément à ses plans. Mais en son absence, soit maladresse à se servir des instruments et des dessins, soit négligence, on commit une lourde erreur dans le percement du tunnel. Le jalonnement sur la montagne allait de l’est à l’ouest. On entama, selon l’usage, l’excavation par les deux extrémités opposés ; mais, d’un côté, on dévia vers le sud, de l’autre, vers le nord, chacune des deux équipes obliquant trop vers sa droite, si bien que les deux tronçons finirent par dépasser l’un et l’autre la moitié de la longueur totale calculée. Quand on s’aperçut de l’erreur, le procurateur, averti, écrivit à Etruscus la lettre mentionnée. Nonius arriva en toute hâte, non sans quelques mésaventures en route (il fut attaqué par des brigands). Conduit au chantier par le procurateur en personne, il trouva nos gens désolés, se lamentant sur leur aqueduc compromis. Confiant alors le travail aux troupes, à deux détachements, l’un des soldats de la flotte, l’autre d’un corps auxiliaire, les Gœsates, il parvint à opérer le raccord d’après les plans qu’il avait soumis au procurateur Petronius Celer[24].

On peut penser que de semblables déconvenues n’étaient pas fréquentes, et l’on voit au reste qu’un homme du métier, expérimenté, était à même de les réparer. Mais il n’en est pas moins vrai que cette partie de l’œuvre en était comme la pierre d’achoppement : l’aqueduc de Bougie comprenait plusieurs ouvrages maçonnés importants et grandioses, encore debout à présent, et qui n’avaient pas suscité de complications[25].

Puits creusés pour la construction. — Lorsque le souterrain ne devait pas avoir une grande longueur, on travaillait seulement dans le sens horizontal. Mais pour les galeries prolongées, où le travail pouvait être gêné par le manque d’air, on creusait de distance en distance des puits, non seulement destinés à faire ultérieurement l’office de regards, mais qui, pendant les travaux, fonctionnaient comme cheminées d’aérage, et servaient à retirer les déblais et à descendre les matériaux[26]. Ces puits étaient forés juste au-dessus de l’axe de la galerie. Un bas-relief trouvé dans l’émissaire de Claude au lac Fucin fournit de précieuses indications sur l’aménagement de ces puits et les manœuvres qu’ils permettaient d’exécuter : il représente le chantier au voisinage du lac.

« Le rivage commence à droite du spectateur par une ligne qui partage le bas-relief en deux moitiés inégales… On a, d’un côté, un triangle allongé où se distinguent trois choses : la côte rocheuse, une série de trois ou quatre arbres, et puis un double appareil très nettement figuré. Deux tambours sont fixés autour d’axes verticaux : sur l’un et l’autre sont adaptés horizontalement, mais enroulés en sens contraire, deux cordages qui vont passer par des poulies, grâce auxquelles, dès que le tambour se meut, l’un monte, l’autre descend. Il n’est pas difficile de reconnaître les mêmes moyens qu’ont employés aux mêmes lieux les ingénieurs modernes, sauf le remplacement du travail des esclaves par celui des chevaux… Claude… dut creuser son canal tout d’abord sous le mont Salviano haut de 300 pieds. Les ouvriers… ne purent. travailler à une telle profondeur qu’en multipliant les puits perpendiculaires que croisaient encore des cuniculi obliques. Ils établissaient ainsi les courants d’air respirable, et par ces issues, à mesure qu’avançait leur galerie, ils enlevaient les décombres ou introduisaient les matériaux utiles.

« Ce double système de puits nombreux et de cuniculi leur était évidemment habituel ; on le retrouve dans le travail de ce grand aqueduc, également attribué à Claude et en partie souterrain, qui amenait jadis les eaux salutaires du Sereno à la flotte de Misène. Chacun des principaux puits, dans la construction du Fucin, était garni de boisages destinés à soutenir les parois, et qui en se croisant, partageaient en quatre la section horizontale. Les cordages mis en mouvement par les tambours parcouraient, en passant par deux de ces ouvertures, le puits tout entier, l’un montant, l’autre descendant ; à ces cordages étaient attachés des bennes ou de grands seaux cylindriques, dans lesquels on chargeait les décombres. Une de ces bennes antiques, sans parler des fragments de plusieurs autres, a été retrouvée et se conserve dans les magnifiques greniers d’Avezzano. »[27]

Le souterrain de Chagnon. Exemples divers. — Tel fut probablement le travail au tunnel de Mornant et peut-être au souterrain en face de Chagnon. À ce dernier, on ne voit plus aucune trace extérieure des puits, qui auraient été du reste peu profonds, puisque le souterrain ne s’écartait guère de la surface[28]. S’ils ont existé[29], ils n’étaient pas très rapprochés les uns des autres, puisqu’on peut suivre ce souterrain sur près de cent mètres sans voir aucune ouverture à la voûte. Il a été dit plus haut que l’éboulement qui obstrue la galerie au bout de ce parcours pouvait faire croire à un puits comblé. D’autre part, pour la construction, on avait pu communiquer avec l’extérieur par de petits couloirs latéraux, chacun étant successivement bouché par la maçonnerie des parois, en même temps qu’on en ouvrait un autre dans le rocher un peu plus loin. Bien que la roche fut très dure et très homogène, et malgré l’indication de Vitruve citée[30] d’après laquelle l’aqueduc peut dans ce cas n’avoir d’autres parois que le rocher, on y avait non seulement établi une cuvette cimentée, mais construit murs et voûte exactement comme dans les tranchées et avec mêmes dimensions. Les murs constituant les massifs des piédroits sont jointifs avec le roc, mais un espace de 0m,50 à peu près a été naturellement laissé entre la voûte du rocher et l’extrados maçonné, pour permettre de construire régulièrement la couverture du canal. Ce vide a été ensuite comblé par une maçonnerie de blocage. Tout cela se distingue d’autant plus nettement au souterrain de la « Cave-du-Curé », que sur une longueur de trois ou quatre mètres à l’entrée, toute la maçonnerie a été peu à peu arrachée par les habitants du pays qui en ont tiré des matériaux pour bâtir quelques murs. On voit ainsi la manière dont le rocher a été attaqué, à coups de pic vigoureux, dont est marquée la trace en stries profondes et régulières. La gaine de l’aqueduc apparaît comme un coin enfoncé dans la masse rocheuse.

À l’aqueduc de Sens, Belgrand[31] a reconnu un souterrain où le canal est maçonné exactement de cette même façon, sauf l’absence de blocage au vide et une réduction notable de la section ainsi que de l’épaisseur de la gaine. Tandis que cette section est
Fig. 114. — Aqueduc de Sens. Section de l'aqueduc en tranchée couverte.
Fig. 115. — Aqueduc de Sens. Section de l’aqueduc en tunnel.
ailleurs de 0m,60 de large sur 1m,50 de haut, elle est ici réduite à 0m,40 × 1m,20, les parois n’ayant plus que 0m,20 d’un côté et 0m,30 de l’autre (fig. 114 et n5).

La suppression totale de la maçonnerie paraît avoir été chose rare, en dépit de la règle de Vitruve : « Si tofus erit aut saxum, in suo sibi canalis excidalur[32]. » Il y a cependant un intéressant exemple de cette règle observée à la lettre. En déblayant jusqu’à 23 mètres de profondeur un des puits échelonnés sur le passage en souterrain d’un aqueduc situé près de Nasseur-Allah, entre Kairouan et Gafsa[33], on déboucha dans une galerie de 3 mètres de hauteur sur 0m,80 de largeur, taillée dans le calcaire tendre, maçonnée aux endroits ébouleux et friables, avec couverture de larges dalles et parois de grosses pierres « taillées, piquées, bouchardées, à joints ciselés, avec des lits de pose s’entrecroisant et parfaitement réguliers et appareillés » ; mais, dans la roche plus dure, l’aqueduc passait en section voûtée sans aucun revêtement de maçonnerie (fig. 116).

Fig. 116. — Aqueduc de Nasseur-Allah (Tunisie). Sections dans un tunnel.
Fig. 117. — Aqueduc de l’Aïn-Zerissa (Tunisie). Section d’un tunnel.

Quelquefois, eu égard à la nature particulièrement ébouleuse du terrain, on a dû renforcer dans des proportions considérables le cube de maçonnerie. Ainsi à l’Aïn-Zerissa, toujours en Tunisie, à 40 kilomètres au sud du Kef, dans un terrain marneux, s’ouvre près de la source dont l’aqueduc recueille les eaux un tunnel (fig. 117) haut d’un mètre, large actuellement de 0m,60, et maçonné sur une hauteur de 2 mètres au-dessus de l’extrados de la voûte[34].

  1. Vitruve, iii, 6, 207. « Les conduites d’eau sont de trois genres : canaux maçonnés à ruissellement, tuyaux de plomb, tubes en poterie. Les canaux exigent une maçonnerie des plus solides, et qui doit être voûtée pour que l’eau ne soit pas exposée aux rayons du soleil. S’il y a des montagnes interposées entre la source et la ville, il faudra creuser une galerie souterraine. »
  2. Je fais ici une description d’ensemble. Pour les variantes, on peut se reporter aux détails donnés pour chacun des aqueducs aux pages 52, 53, 54, 68, 69, 82, 83, 86, 113 et aux figures correspondantes.
  3. Quelquefois seulement jusqu’à la moitié ou les trois quarts de cette hauteur, par exemple, pour l’aqueduc de La Brévenne, à Chevinay, aux Thus (fig. 11, p. 87).
  4. Au Mont-d’Or, en certains endroits, le bourrelet en quart de cercle était remplacé par un pan coupé (V. ci-dessus, p. 54).
  5. On a vu qu’au Mont-d’Or la couverture était formée d’une dalle à plat, ou de plusieurs superposées en encorbellement.
  6. V. ci-dessus pour les ouvrages apparents de cet aqueduc, fig 101 et 103.
  7. V. Enquête sur les ouvrages hydrauliques romains en Tunisie, fasc. iii et iv.
  8. 240 pieds ou 70m,968.
  9. V. ci-dessus, p. 191.
  10. J’en ai fait l’expérience, soit aux aqueducs de Rome, soit à ceux de Lyon. Il serait intéressant d’essayer de retrouver l’aqueduc à quelques mètres plus loin que l’éboulement : on verrait si celui-ci provient d’une destruction ou n’est qu’une simple obstruction.
  11. « Tulle chinse da terrapieno » (Fabrelli, i, 16.)
  12. « Ho notato che la superficie degli strati più vicini alle sponde si mostra scalpellata a furia di piccone. »(Lanciani, ouvr. cité, p. 142 )
  13. Je n’en ai vu qu’un. Il en existe, dit-on, deux autres, dans des caves du village, où je n’ai pu entrer ; ils sont semblables, paraît-il, à celui que j’ai vu, mais plus profonds. Ils seraient distants d’environ 300 mètres, mais on ne peut rien en conclure, car il pouvait y en avoir d’autres.
  14. Leur ouverture est maintenant au ras du sol ou un peu au-dessous ; ils sont bouchés par des dalles, mais qui ne sont pas anciennes, ils pouvaient donc être surélevés autrefois. Frontin (De Aquis, 89) montre sa préférence pour les puits surélevés par une construction au-dessus du sol. De cette façon les pluies ne peuvent faire pénétrer dans la conduite des limons et des impuretés variées. « Quae capiuntur ex fontibus, in primis Marcia et Claudia, quarum splendor a capite integer nihil aut minimum pluvia inquinatur, si putea exstrueta et obtecta sint. »
  15. Belgrand, ouvr. cité, p. 218. — M. Lanciani signale un trou central aux couvercles de quelques-uns des puits de regard qu’il a vus. À l’un de ceux de l’Anio vetus ce trou était usé par le frottement des cordes de seaux. Peut-être le public avait-il le droit de puiser quelquefois de l’eau par ces orifices, ou cette pratique n’a-t-elle commencé que plus tard, quand les aqueducs n’ont plus fonctionné régulièrement, ou n’ont plus été strictement surveillés.
  16. « Inter binos sint actus » peut être interprété de deux façons : 1o Que les regards se trouvent entre deux actes, c’est-à-dire à chaque acte, entre deux longueurs d’un acte. 2o De deux en deux actes . Cette dernière interprétation est meilleure et au point de vue de l’usage latin, et pour la vraisemblance : 35 mètres d’intervalle seraient vraiment trop peu.
  17. V. ci-dessus, p. 84.
  18. P. 99.
  19. P. 110.
  20. P. 110.
  21. On peut se reporter, pour le détail de ces opérations, à notre étude publiée en même temps que celle-ci : Essai sur la science et l’art de l’ingénieur aux premiers siècles de l’Empire romain.
  22. Rénier, I. A 3509. — C. I. L., viii, 2728.
  23. Cf. Pline le J., Lettres, x, 69, 70.
  24. C’est Nonius lui-même qui, dans l’inscription, raconte l’histoire : « Profectus sum, et inter vias latrones sum passus : nudus saucius evasi cum meis ; Saldas veni ; Clementem procuratorem conveni ; ad montem me perduxit, ubi cuniculum dubii operis flebant : quasi relinquendus habebatur, ideo quod perforatio operis cuniculi longior erat effecta quam montis spatium. Apparuit formae rigorem errasse, adeo ut superior fossura dextram petit (sic) ad meridiem versus : inferior simili ter dextram suam petit ad septentrionem. Duae ergo partes, relicto rigore, errabant. Rigor antem depalatus erat supra montem ab oriente in occidentem. Ne quis tamen legentierror fiat de formis quo est scriptum superior et inferior, sic intelligamus. Superior est pars qua cuniculus aquam recipit, inferior qua emittit. Cum opus adsignavi ut scirent quis quem modum suum perforationis haberet, certamen operis inter classicos milites et gaesates dedi, ut sie ad compertusionem montis convenirent. »
    « Ergo ego, qui primus libram feceram, ductus alsignaveram, fieri institueram, secundum formam quam Petronio Celeri prodideram, opus (effeci). Effectum aqua missa dedicavit Varius Clemens prot(ucator) modios V. »
  25. Le pont des Arcs, non loin de ce tunnel, à El-Anaïa, a gardé debout dix-huit piliers, d’une hauteur moyenne de 15 mètres sur une épaisseur moyenne de 1m,80.
  26. Quelquefois, les simples puits étaient remplacés par des escaliers, comme en certains points de l’émissaire du lac Fucin, et à l’aqueduc de Bologne. Mais c’était là un dispositif de luxe très exceptionnel.
  27. Geffroy, Revue Archéologique, 1878, p. 3 et suiv.
  28. V. ci-dessus, p. 110-111.
  29. On a des exemples de tunnels assez longs sans aucun puits. Tel est, en Tunisie, l’aqueduc d’Aïn-Taïba, qui alimentait jadis la ville romaine de Sua (Chaouach) à 9 kilomètres de Medjez-el-Bab ; aqueduc entièrement souterrain, long de 665 mètres. (Enquête sous la direction de P. Gaukler, fascic. III, rapport de M. Drappier, p 134.)
  30. V. ci-dessus, p. 284.
  31. Ouvr. cité, p. 216.
  32. V. ci-dessus, p. 284.
  33. Enquête Gauckler, V, p. 313.
  34. Enquête Gauckler, II, p. 34