Gertrude et Véronique/Madame Véronique/V

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G. Charpentier et Cie, éditeurs (p. 291-306).


V


Véronique n’attendait plus que le retour de son oncle, pour mettre à exécution la promesse qu’elle avait faite à madame La Faucherie. Sans avoir encore choisi le lieu de sa retraite, elle avait tout préparé pour un prochain départ. Avec ses goûts modestes, le revenu de sa dot devait suffire à la faire vivre partout où elle irait ; d’ailleurs, elle était décidée à gagner au besoin sa vie en donnant des leçons de piano. L’essentiel était de choisir une grande ville, où elle serait plus indépendante et plus ignorée. Au moment de prendre cette résolution suprême, elle évoquait pour se donner du courage le souvenir des heures d’épreuve qu’elle avait déjà eu à supporter. Elle revoyait les jours qui avaient précédé son mariage ; la petite ville d’Alsace où, après la mort de son père, elle avait vécu seule avec sa mère, personne inquiète et maladive, dont l’unique souci était de marier sa fille avant de mourir.— Dans cette petite ville venait souvent M. du Tremble, le verrier de Bronnenthal. Avec sa faconde et ses manières câlines, il avait su séduire la mère de Véronique. Influencée par elle, pressée par des amis communs, la jeune fille l’avait accueilli comme fiancé. Ce mariage avait été conclu avec une impatience et une légèreté sans exemple, et Véronique s’était trouvée liée à jamais à M. du Tremble, sans avoir eu le temps de le connaître… Elle n’avait eu que trop le loisir de l’étudier ensuite à Bronnenthal !… Du moins sa mère n’avait rien su de ses souffrances. Elle était morte six mois avant la rupture de ce mariage tant hâté. Devant les yeux de Véronique se dressèrent, un à un, les fantômes des journées qui avaient précédé le jugement de séparation… Quels combats n’avait-elle pas dû livrer pour maintenir ce qu’elle croyait son droit ? Au seul mot de séparation judiciaire, son oncle et sa tante Obligitte avaient jeté les hauts cris. On lui avait répété qu’une femme, en se séparant de son mari, mettait par ce seul fait tous les torts de son côté, que le monde ne lui pardonnerait jamais sa position irrégulière, et que mieux valait se résigner… Mais elle avait persisté énergiquement, son cœur était trop plein de dégoût, et sa patience était épuisée… S’était-elle trompée, et l’opinion du monde avait-elle raison ? Cette liberté laissée par la loi n’était-elle qu’un leurre ou un danger de plus ? Depuis son départ de Bronnenthal, sa vie n’avait-elle pas été un perpétuel combat ?…

C’était dans le salon de sa tante, deux jours après l’entrevue de Gérard et du verrier du Four-aux-Moines, qu’elle se posait ces terribles questions et qu’elle remuait ces douloureux souvenirs. Par moments, elle se sentait horriblement lasse et découragée.— Elle alla s’asseoir près de la fenêtre et regarda la campagne ; les vigoureuses végétations du mois de mai s’élançaient partout en jets hardis, en frondaisons épaisses. Les traces de l’orage qui les avait un moment couchées à terre n’étaient déjà plus visibles ; dans la pleine lumière du printemps, toutes les forces vives de la nature accomplissaient joyeusement leur œuvre féconde et réparatrice…

— Et moi aussi, pensa Véronique en relevant la tête, je lutterai et je triompherai.

Au même moment la servante entra et annonça à la jeune femme qu’un homme d’affaires demandait à lui parler. En effet, à peine la domestique avait-elle achevé, qu’une tête chafouine et pointue se glissa obliquement par l’ouverture de la porte entre-bâillée, puis un corps fluet suivit la tête, et Véronique vit devant elle un personnage à l’air madré, demi-bourgeois, demi-campagnard, qui s’inclinait d’une façon obséquieuse.— Que désirez-vous, monsieur ? demanda-t-elle stupéfaite… Qui êtes-vous ?

— Eustache-Saturnin Cornefer, répondit le visiteur en continuant ses saluts, huissier à la justice de paix de Vienne-le-Château.

— C’est sans doute à mon oncle que vous avez affaire, dit Véronique, il est absent.

— Faites excuse, madame, c’est à vous-même que je désire parler.

Véronique renvoya la servante, et se retournant vers l’huissier, elle le questionna sur le motif de sa visite.— J’arrive du Four-aux-Moines, reprit le sieur Cornefer, — et comme la jeune femme le regardait toujours sans avoir l’air de comprendre : — J’y ai vu, ajouta-t-il, un de mes clients, M. du Tremble…

Véronique atterrée ne put retenir un cri d’effroi.— Il est ici ! murmura-t-elle.

— Mon Dieu, oui, ne le saviez-vous pas ? — Elle resta silencieuse et comme accablée par cette nouvelle ; il continua d’un ton doucereux : — Je ne vous apprendrai rien, madame, en vous disant que M. du Tremble a fait de mauvaises spéculations… Ce que vous ignorez sans doute, c’est qu’il veut se réhabiliter. Il a loué la verrerie du Four-aux-Moines dans cette généreuse intention, et l’entreprise commence à marcher ; mais dans l’industrie il y a des hauts et des bas, et pour le moment, les frais d’installation ont un peu obéré mon client…

— Je vous entends, répondit Véronique avec un accent amer, M. du Tremble vous a chargé d’une demande d’argent.

— Excusez, madame, vous vous méprenez… M. du Tremble se rend trop compte de sa situation délicate vis-à-vis de vous pour que cette pensée lui soit venue… Non, c’est moi-même qui ai pris la hardiesse de m’adresser à vous et de vous prier d’être généreuse… Mon honorable ami se repent de ses folies, et sauf votre respect, il est toujours amoureux de sa femme…

Véronique lui lança un regard tellement indigné et hautain, qu’il s’arrêta net au milieu de sa phrase, et reprenant d’un ton plus humble :

— Je comprends, madame, dit-il, je comprends qu’entre vous et M. du Tremble l’amour n’est plus de saison ; mais vous êtes, à ce qu’on m’assure, une femme dévouée et charitable ; c’est pourquoi je fais appel à votre humanité…

— Parlez, monsieur, murmura-t-elle, quel service exige-t-on de moi ?

— Vous ne savez pas, madame, ce que c’est que cette verrerie du Four-aux-Moines !… Une vraie bauge de sangliers. Figurez-vous, dans cette fondrière, le pauvre camarade du Tremble, travaillant jour et nuit, harcelé par ses créanciers, mal logé, mal nourri et malade…

Elle ne put se défendre d’un mouvement d’émotion. Cornefer s’en aperçut et se hâta d’en profiter ; il s’appesantit éloquemment sur le piteux état dans lequel il avait laissé le verrier.— En pareil cas, s’écria-t-il en terminant, les rancunes doivent laisser place à la pitié… Je pensais donc que si vous y consentiez, madame, une visite de vous au Four-aux-Moines ferait des miracles…

— N’insistez pas ! interrompit Véronique, je consens à tous les sacrifices d’argent, mais je ne puis pas revoir M. du Tremble.

Cornefer laissa tomber ses longs bras d’un air désespéré, et parcourant avec un sourire mélancolique la pièce où il se trouvait, il murmura en secouant la tête : — Je sais bien que ma demande est outrecuidante. Dès que je suis entré dans ce salon, je n’ai plus guère conservé d’espoir ; Ou ne quitte pas de gaieté de cœur une belle maison comme celle-ci, bien approvisionnée et bien close, un logis commode où l’on a ses aises…

— Vous vous trompez, monsieur, répliqua Véronique avec fierté, car je compte partir d’ici dans peu de jours.

— Pour longtemps ? demanda l’huissier surpris.

— Pour toujours… Annoncez-le à M. du Tremble, et, ajouta-t-elle avec un accent amer, si cela peut le consoler, dites-lui que mon avenir est encore plus incertain et plus misérable que le sien.

Cornefer parut un moment décontenancé et désarçonné. Il se gratta la tête en silence, puis tout à coup, saisi d’une nouvelle inspiration :

— Si les choses en sont arrivées à ce point, reprit-il hardiment, il n’y a pas à hésiter.. Ce n’est plus par humanité que vous devez aller au Four-aux-Moines, c’est dans votre propre intérêt…

Et comme Véronique toisait avec hauteur ce singulier donneur de conseils :

— Oui, madame, répéta Cornefer dont la figure prit une benoîte expression de bonhomie, je ne suis qu’un campagnard, mais je n’en ai pas moins là-dessus ma petite façon de penser ; permettez-moi de vous la dire tout franc… Une femme séparée, encore toute jeunette et appétissante, c’est, selon le dicton de chez nous, « le gibier du diable ; » tout chacun la suit de l’œil, et plus d’un serre d’avance dans sa poche la pierre qu’il espère lui jeter un jour… Jusqu’ici la maison de votre oncle a été votre sauvegarde, mais si vous en sortez, eh bien ! dame, on clabaudera, on dira qu’il fallait au moins vous réfugier près de votre mari malade… On oubliera ses torts, à lui, pour vous en donner, à vous ; d’aucuns vous accuseront de n’être partie que pour vous débarrasser d’une charge gênante ; d’autres chercheront la raison de ce départ inattendu, et ne manqueront pas d’inventer des menteries à votre désavantage.

— Peu m’importent les commérages du pays, repartit Véronique, — mais, au ton déjà moins ferme de sa réponse, on sentait qu’elle était ébranlée.— Cornefer pensa que le coup avait porté, et quand elle ajouta : — J’ai ma conscience pour moi ; — il s’enhardit jusqu’à répondre en hochant la tête : — Hé ! hé !… En êtes-vous bien sûre ?

Cette fois il s’aperçut bien vite qu’il avait dépassé le but, au geste impérieux par lequel Véronique lui montra la porte du salon :

— Vous abusez, monsieur ! s’écria-t-elle, je n’ai plus rien à vous dire ; veuillez vous retirer.

Il obéit, mais tout en saluant et en marchant à reculons : — Vous y réfléchirez encore, madame, dit-il d’un ton patelin ; si vous changiez d’avis, ayez l’obligeance de me faire prévenir… Saturnin Cornefer, à l’auberge du Coq-Hardi, en face de votre maison… J’y resterai jusqu’à ce soir…

Il sortit, et tandis que, du fond du corridor, Véronique s’assurait de son départ, la porte-fenêtre qui donnait sur le jardin s’ouvrit brusquement, et Gérard La Faucherie entra dans le salon. Il s’était d’abord présenté à la porte de la place Verte, mais la jeune femme avait donné des ordres à la servante, et on avait refusé de le recevoir : alors il avait imaginé de passer par le jardin et d’arriver ainsi jusqu’à Véronique, qu’il voulait revoir à tout prix.

Quand elle revint sur ses pas et qu’elle l’aperçut, elle poussa un cri, puis blessée et irritée de cette hardiesse du jeune homme : — Vous ici, monsieur ? dit-elle avec colère, qui vous a permis de pénétrer chez moi et que me voulez-vous ?

Elle parlait durement et sèchement, mais Gérard paraissait décidé à ne point se laisser intimider : — Je n’ai pas eu la force de vous obéir, murmura-t-il.

— Vous avez préféré me compromettre, interrompit violemment Véronique.

— J’ai voulu vous revoir et vous parler avant de partir.

La jeune femme tressaillit.— Vous partez ? demanda-t-elle d’une voix plus douce.

— Oui, reprit Gérard, je veux quitter le pays… Je sais que vous ne pouvez pas m’aimer, et je connais l’obstacle qui nous sépare.

— Que voulez-vous dire ? s’écria-t-elle interdite.

— J’ai vu M. du Tremble…

— Vous aussi !… vous savez…, balbutia-t-elle, rougissant de honte.

— Je sais tout, répondit-il, et il lui conta rapidement son aventure du Four-aux-Moines, la conversation du verrier et le message dont il avait voulu le charger.— Elle l’écoutait, appuyée contre un meuble, ses grands yeux sombres s’emplissaient de larmes à mesure qu’il parlait ; à la fin, accablée sous le poids de toutes ces émotions, elle s’assit et plongea sa figure dans ses mains sans proférer un mot.

— Oui, reprit Gérard, c’est de sa bouche que j’ai appris que vous n’étiez plus libre… Et quand tout m’a été révélé, je ne vous ai que plus admirée et plus fortement aimée…

— Puisque vous savez qui je suis, quittez-moi… Je vous en supplie !… Vous le voyez, je n’ai pas même la force de vous répondre…

— Oui, je le vois, répliqua-t-il d’un air navré, je suis maladroit… Ma main appuie douloureusement sur la plaie qu’elle voudrait guérir.

Elle secoua la tête : — Il y a des blessures qu’on ne guérit jamais.

— Pourquoi vous défiez-vous de moi ? s’écria Gérard en se rapprochant d’elle d’un air suppliant ; le hasard, en me rendant le confident involontaire de votre secret, m’a presque donné le droit de m’associer à vos chagrins… Me prenez-vous pour un de ces adorateurs vulgaires, qui ne savent prodiguer à une femme que leurs inutiles soupirs et leurs attentions compromettantes ?

— Je ne vous fais pas cette injure ; je sais que vous avez une âme généreuse, mais…

— Mettez-la à l’épreuve… Mon affection sera dévouée sans être importune. Je serai l’ami inconnu qui ne se montre qu’aux heures difficiles, prend sa part du fardeau et disparaît ensuite. Appuyez-vous sur moi ; ma pensée et mon énergie sont à vous…

Elle se sentait si meurtrie, si abandonnée et si lasse, qu’elle oublia un moment la réalité pour écouter ces paroles sincèrement émues et ce cri d’adoration passionnée. Spontanément elle lui tendit la main, puis revenant brusquement à elle : — Je ne puis accepter, dit-elle d’une voix doucement frémissante, merci…

Leurs regards se rencontrèrent pour la première fois ; il s’agenouilla à ses pieds et baisa pieusement sa main, qu’il avait gardée dans la sienne… Le silence régnait en maître dans le vieux salon. Leurs yeux seuls parlaient. Dans la pénombre, les bruns regards du jeune homme s’enfonçaient dans les sombres prunelles de Véronique, et dans cet échange passionné, dans ces rayonnements d’âme, il y avait un poème plus enivrant que le dialogue du cantique des cantiques. Les paroles humaines sont trop pauvres et trop limitées pour traduire cette poésie des yeux, cette idéale conversation des regards amoureux. L’obscurité commençante, l’odeur des chèvrefeuilles de la terrasse, la moite pression des mains contre les mains achevaient de faire perdre aux deux jeunes gens le sentiment du monde extérieur et de la vie réelle.— Pourquoi ne voulez-vous pas de mon amour ? osa enfin murmurer Gérard.

Véronique tressaillit, et toute frissonnante, recula jusqu’auprès de la fenêtre ; mais déjà Gérard l’y avait suivie…

— Ah ! dit-elle éperdue, partez, je le veux !

— Véronique, s’écria-t-il en lui ressaisissant les mains, vous m’aimez !

Elle essaya de protester et de dégager ses doigts prisonniers.

— Ne niez pas, poursuivit-il, vos mains, vos regards me l’ont dit… Vous m’aimez ?

— Eh bien, oui, répondit-elle d’une voix entrecoupée, mais il eût mieux valu vous le laisser ignorer, car je ne puis vous appartenir… Adieu !

— Adieu ? reprit-il transporté, non, je ne veux plus vous quitter… Je ne le dois pas. C’est à moi de vous défendre contre ce verrier qui a sur vous je ne sais quels projets sinistres. Je ne partirai d’ici qu’avec vous… Nous nous en irons bien loin, à l’étranger, vivre libres et oubliés.

— Et votre mère ?

— Ma mère nous aimera et nous pardonnera… Si vous le voulez, nous pouvons dès demain être loin d’ici tous deux… Dites oui, ou je meurs à vos pieds.

Il l’entourait de ses bras et elle se sentait plier sous cette étreinte. Elle fit un suprême effort.— Gérard ! s’écria-t-elle d’une voix suppliante, soyez bon, mes idées se confondent, laissez-moi au moins la force de penser… Elle dénoua les deux mains serrées autour de sa taille, charma le jeune homme d’un regard et le conduisit jusqu’à la porte du jardin : — Laissez-moi réfléchir à tout cela jusqu’à demain !

— Soit, répliqua-t-il à demi subjugué par ce long regard, pensez-y ce soir, mais promettez-moi que demain…

— Je vous aime ! dit-elle avec un délicieux élan de tendresse.

— A demain ! répéta-t-il, enivré et cédant à ce dernier mot d’amour.

Il était déjà sur la terrasse et lui tenait encore la main, elle la retira, et fermant sur lui la porte-fenêtre dont elle tourna vivement la clé, elle alla tomber épuisée dans un fauteuil.

De confus sentiments de tendresse, de honte et d’angoisse l’agitaient à la fois.— Ah ! comme sa mère avait raison ! pensait-elle, je l’aime plus que jamais…— Elle se reconnaissait vaincue et entraînée ; elle sentait qu’un jour de plus et elle serait perdue.— Il faut que je parte, se dit-elle en se levant brusquement, non pas demain… Ce soir !… Mais où aller, où tromper un refuge assuré contre lui, contre moi-même ? Misérable situation que la mienne ! Rien ne me protège contre les tentations et les défaillances : ni l’isolement, ni la fuite même… Une femme séparée de son mari !… Le gibier du diable, comme disait cet huissier…— Et tout à coup sa pensée se reporta vers la proposition que lui avait faite Cornefer.— Assurément, il y avait pour elle, là-bas, dans cette verrerie du Four-aux-Moines, un asile devant lequel l’amour le plus passionné s’arrêterait et reculerait… Cette seule idée la faisait frissonner d’horreur et de dégoût.

— Et pourquoi pas là ? reprit-elle avec désespoir, je veux être guérie, et je recule devant les remèdes violents… Je suis lâche. Qu’importe l’endroit, pourvu que Gérard ne puisse m’y rejoindre !

Elle sonna la domestique et lui donna l’ordre de se rendre à l’auberge indiquée par l’huissier, de demander Cornefer et de le ramener. Tandis que la servante s’acquittait de ce message, elle monta dans sa chambre, fit rapidement ses préparatifs de départ, écrivit une courte lettre pour informer M. Obligitte de sa résolution et redescendit au salon où l’huissier l’attendait déjà.

— J’ai réfléchi à notre entretien de tantôt, monsieur, lui dit-elle d’une voix brève… Vous avez raison et je suis prête à vous suivre… Il y a, à l’extrémité du jardin, un sentier qui longe les prés, allez m’y attendre. Dans un quart, d’heure nous partirons pour le Four-aux-Moines.

— Eh quoi ? s’écria Cornefer ébahi du brusque succès de sa mission, ce soir ?… à pied ?… Mais il y a trois lieues d’ici à la verrerie.

— Je suis bonne marcheuse, répliqua Véronique, j’irai au Four-aux-Moines ce soir— ou jamais… Puis-je compter sur vous ?

L’huissier s’inclina et disparut pour régler en toute hâte son compte à l’auberge.— Un quart d’heure après, à la nuit tombante, Véronique et lui prenaient la route forestière qui mène à La Chalade.